PREMIERE212 (Page 1) - Europa Star · The H1837 movement, at the heart of the watch strategy of...

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The Europa Star Special BASELWORLD issue is available in Hall 1.1- Stand A17 Sur iPad www.europastar.com ou www.europastar.com/premiere EN FRANÇAIS PREMIERE VOL. 14, NO 2 – GENÈVE, LE 7 MARS 2012 ´

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The Europa Star Special BASELWORLD issue is available in Hall 1.1- Stand A17

Sur iPad www.europastar.com ou www.europastar.com/premiere

EN FRANÇAISPREMIERE

VOL. 14, NO 2 – GENÈVE, LE 7 MARS 2012

´

BASELWORLDTHE WATCH AND JEWELLERY SHOW

MARCH 8�–�15, 2012

BASELWORLD.COM

Available on the

App Store

EUROPA STAR PREMIÈRE

AAA. C'est le mot de l'année. Ou, du moins, lestrois lettres magiques les plus convoitées dumoment. Désormais, il y a les AAA et les autres.Déjà, ceux qui ne sont "que" AA+ semblentun peu suspects. Sans même parler des infâ-mants B, C ou du définitif D, pour "en défaut".En ce moment, il n'y a que douze pays aumonde notés AAA: l'Allemagne, l'Australie, leCanada, le Danemark, la Finlande, la Grande-Bretagne, le Luxembourg, la Norvège, lesPays-Bas, Singapour, la Suède et la Suisse.Et à l'intérieur de la Suisse, gageons quel'horlogerie a aussi conservé son triple A.Les chiffres parlent d'eux-mêmes (mais atten-tion, les chiffres ne disent pas toujours toutela vérité): 19.3 milliards de CHF d'exportationshorlogères suisses en 2011! Soit 19.2% de

plus que l'année précédente, 2010, qui avaitcertes connu une augmentation de + 22,2%mais qui n'était qu'une forme de "retour à zéro"après les – 22.3% de la fatale année 2009.Bien entendu, le tropisme chinois joue un rôlemajeur dans cet emballement. A elle seule,

l'Asie du sud-est, soit dans l'ordre Hong Kong,la Chine, Singapour, le Japon, la Corée duSud, Taïwan et la Thailande pèse 8,810 mil-liards, soit plus de 50% du total des exporta-tions suisses. Plus que jamais, le moteur decroissance de l'horlogerie reste le monde chi-nois, la Chine continentale enregistrant leplus fort taux de croissance, + 48,7%.L'Europe, comme en miroir de sa crise latente,ne représente plus qu'environ 29%, tandisque les USA se maintiennent étonnammentbien, conservant leur deuxième place avecune augmentation de 18,4% pour un totalde près de 2 milliards d'importations – loincependant derrière le numéro 1, Hong Kong,qui a importé à lui seul pour un peu plus de 4milliards de CHF.

Domination écrasante des groupesDans ce paysage, les grands groupes sont deplus en plus dominants. Le Swatch Groupfranchit pour la première fois la barre des 7milliards de chiffre d'affaires – CHF 7,143

millions pour être précis – soit une progres-sion de 21,7% à taux de change constants,mais "seulement" 10,9% en tenant comptedu renchérissement du franc suisse. Les béné-fices du groupe sont à la hauteur: 1.276 mil-liards de francs qui viennent alimenter un tré-

R Pierre M. MaillardEditor-in-Chief Europa Star

RETROPERSPECTIVE

AAAEUROPA STAR

SPECIAL BASELWORLDIssue available at Europa Star HBM

Stand 1.1, A17

SPLIT-SECONDS PERPETUAL CALENDARCHRONOGRAPH REF. 5204 by Patek Philippe

950 platinum, 40mm timepiece equipped with PatekPhilippe’s Calibre CH-29-535 PS Q with 65-hour powerreserve. Manually-wound mechanical movement, split-seconds chronograph, subsidiary seconds, day, month,date and moon phase. Patek Philippe Seal. www.patek.com

FULL CONTENT ONLINE

EDITORIALWatch shows, the big transition

RETROPERSPECTIVEAAA

COVER STORYRef. 5204, The latest in Patek Philippe’s stable of “house” chronographs

HIGH-END WATCHMAKINGExploring the world with Rolex Breguet continues its “Tradition” Chanel, haute horlogerie for the ladiesHarry Winston and the tourbillons, what a story!Bovet – a rising star in fine watchmakingDe Grisogono’s first tourbillon for ladies Chopard – Revisiting the classics

GALLERYTourbillons

COMPLICATED WATCHESTechnotime’s tourbillon on the podium HYT – Liquid Display Devon – one year under its belts Eva Leube brings high horology to Australia Speake-Marin – Watchmaking renaissance

GALLERYComplicated watchesClassic watches

STRATEGIESThe H1837 movement, at the heart of the watch strategy of HermèsTAG Heuer, going beyond HuygensJean-Claude Biver – passing on the knowledge at HublotBell & Ross 2012 – Keeping an eye on the horizonEterna’s new Chinese bloodA first glance at Seiko’s 2012 collections RRR

“L'horlogerie a aussi conservé son triple A.”

sor de guerre dépassant les CHF 8 milliardsde fonds propres.Richemont (dont l'exercice se termine enmars) a connu une même spectaculaire pro-gression. A elle seule, l'horlogerie pèse prèsde 1,8 milliard d'euros (soit 2.18 milliards deFS) mais c'est sans compter sur Cartier et VanCleef, classés sous la rubrique joaillerie quipèse 3,480 euros (soit près de 4,2 milliards defrancs suisses). Au total, Richemont, avec sesautres activités (Montblanc, Lancel, etc...)atteint un CA de 6,9 milliards d'euros, soitplus que le Swatch Group. C'est une premièrecar en 2010, le CA de Richemont était encoresous cette barre, à 5,17 milliards d'euros. LVMH, qui reste le premier groupe de luxe aumonde toutes activités confondues, a annoncéavoir réalisé environ 1.2 milliards d’euros(CHF 1.4 milliards) de chiffre d'affaires danssa seule branche horlogère.A ces mastodontes, ajoutons le king Rolexqui devrait se situer aux environs des 3 mil-liards de francs suisses de chiffre d'affaires.Que reste-t-il aux autres?

Investir est plus nécessaire que jamaisOn imagine aisément qu'assis sur ce trésorde guerre considérable, avec en horizon de

confortables perspectives (toutes ces éco-nomies "émergentes" qui graduellementsupplantent les anciens bastions, commel'Europe), les groupes font tout pour conso-lider et renforcer leur prééminence en inves-tissant au maximum dans les outils de pro-duction du futur. Un futur proche ou du moinsqui se rapproche à grands pas avec l'arrêtprogrammé et progressif des livraisons decomposants et de mouvements du groupeSwatch et de ses bras armés industriels, ETAet Nivarox. Investir est devenu plus néces-saire que jamais.

Car mi-juillet une décision attendue est tom-bée. La Commission de la Concurrence suisse(Comco) a autorisé, le temps d'une enquête,le Swatch Group à procéder dès 2012 à desbaisses de livraisons aux entreprises tierces,baisse qui peut varier de 5% à 30% par rapportau niveau des commandes passées en 2010.Cette restriction touche les points-clé: mouve-ments et organes réglants. Mathématiquement,il va s'ensuivre des difficultés, tout spéciale-ment dans le moyen de gamme, dont l'offreva s'en ressentir. Car les alternatives ne sontpas encore toutes là, malgré les annonces deréduction du Swatch Group qui datent dudébut des années 2000 déjà et qui avaientété officiellement réitérées en 2009.Pour un TAG Heuer qui a d'ores et déjà annoncéavoir signé un accord avec Atokalpa (Fonda-tion de Famillle Sandoz, qui détient égalementParmigiani et Vaucher Manufacture) pour sepasser totalement des spiraux Nivarox, combiende maisons seront-elles peu ou prou étran-glées par la difficulté d'approvisionnement?Les alternatives sont comptées. Le groupeFestina annonce vouloir passer au stade vérita-blement industriel dans la production d'échap-pements de qualité et a pour objectif d'at-teindre le million d'unités par an. Une offrecruciale parce qu'à ce jour, aucun marque ne

maîtrise l'intégralité de ses échappements.Les autres alternatives s'appellent Sellita,Technotime (qui maîtrise également sa proprefabrication de spiraux, lire à ce sujet notre articledans Europa Star 2/12), Soprod, Lajoux-Perret,Vaucher Manufacture (détenue pour partiepar Hermès) ou Dubois-Dépraz. Mais mêmemises bout à bout, elles ne sauraient encoreêtre en mesure de pallier l'arrêt des livraisonsdu surpuissant Swatch Group. Inutile de direqu'en ce moment le Swatch Group a de nom-breux amis proches qui répètent partout être"en très bons termes" avec lui.

EUROPA STAR PREMIÈREThe Omega Seamaster celebrates 50 years of James Bond filmsLongines: 180 years youngTissot’s 2012 watchmaking medleyHamilton in buoyant mood for anniversary

MECHANICAL WATCHESCarl F. Bucherer – staying strongEpos – a family affairFrédérique Constant – and the heart beat goes onErnest Borel – Classic, romantic, timelessVulcain – The Cricket conquersGraham London – Oversize and on the right trackKeeping time the Chinese way

LADIES’ WATCHESCentury’s sparkling balletDavid Yurman – Classic, ceramic and red gold

GALLERYMechanical watchesLadies’ watchesDiamond watches

SPORTS WATCHESBremont – taking on the worldAlpina – Retelling the pilot storyLinde Werdelin – Skeletonised spidosVictorinox Swiss Army – Light in the darkHanhart – 130 years of real history

GALLERYSports watches

DESIGN WATCHESThe rise and rise of Ice-WatchGc – Swiss automatics, high water resistance and new matte finishes

GALLERYDesign watchesWatches with colour

RETAIL WORLDRetailers have their say

WORLDWATCHWEB® WorldWatchReport 2012: China overtakes, Omega closes in on Rolexand other key findings

Brands use digital to make an impact at the big watch fairs

LAKIN@LARGESeeing is believing

ADVERTORIAL: ORIENT WATCH

“Les alternatives ne sont pas encore toutes là.”

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Ouvertures de gros chantiersLes investissements industriels ont doncpris un essor considérable et l'année quivient est riche en nouvelles ouvertures de

chantier. Dans une enquête fouillée, lemagazine Bilan, sous la plume de MichelJeannot et Serge Guertchakoff, estime à685 millions de francs le montant quidevrait être investi en 2012 seulement –car tout ne sera pas achevé à cette date -par une vingtaine d'acteurs.Rolex a pris les devants il y a une dizained'années déjà et a investi "plus d'un mil-liard" de francs au cours de cette décen-nie. Mais 100 millions devraient êtreencore mis cette année dans l'achèvementd'un bâtiment de 230 000 m3 regroupantassemblage, usinages, traitements ther-miques ainsi qu'un système de stockageautomatique digne de James Bond. Richemont investit tous azimuts. Cartierannonce ainsi vouloir investir 100 millionsau cours du prochain exercice dans unnouveau site de production destiné à aug-menter la part de mouvements méca-niques maison. Vacheron Constantin n'estpas en reste et a planifié un investisse-ment de 130 millions de francs au coursdes années qui viennent. A la clé, un dou-blement de la production de montres pouratteindre 30 000 montres par an. Paneraiquant à elle engage 25 millions dans sanouvelle manufacture en construction àNeuchâtel, tandis que Piaget, toujoursdans le même objectif de doublement desa production met 15 millions sur la table.Mais le gros du morceau est investi dans

le nerf de la guerre: le pôle mouvement dugroupe, ValFleurier, va mettre 100 millionsdans la construction d'un quatrième bâti-ment de production de 10 000 m2.

Au Swatch Group, c'est aussi le pôle indus-triel et manufacturier qui devrait recevoirl'essentiel des 200 à 250 millions qui,selon Bilan, devraient être investis cetteannée par le groupe. Au menu l'agrandis-sement d'Omega, un nouveau siège pourSwatch, 66 millions pour l'agrandissementdes ateliers de Breguet mais l'essentiel iraà ETA, avec deux usines à la clé, fabrica-tion de cadrans et assemblage de mouve-ments mécaniques. Et le groupe continueà peaufiner sa verticalisation en n'oubliantpas d'investir dans l'indispensable maismodeste composant qu'est l'aiguille, avecune nouvelle implantation pour Universo.Chez LVMH, on accumule les "25 millions":25 millions pour Louis Vuitton qui s'engagedans la construction d'un nouveau bâti-ment industriel à Genève, destiné à regrou-per l'ensemble de ses activités; 25 millionsaussi pour Zenith, qui restaure la partiehistorique de sa manufacture, dont lesnormes n'étaient plus adéquates, pour yregrouper une dizaine d'ateliers de diffé-rents métiers; 25 millions encore pour unnouveau site de production de TAG Heuer;et enfin 30 millions chez Hublot, qui veutdoubler sa manufacture.Ce sont donc près de 700 millions de francsd'investissements pour ce que nous pour-rions nommer le "back office". En ce quiconcerne le "front office", la vitrine, il nefaut pas oublier de mettre dans la balance

les 430 millions investis conjointementpar les contribuables bâlois et l'organisa-teur MCH Group dans l'agrandissementet la rénovation complète des bâtimentsqui accueillent Baselworld. Certes, ce n'estpas la seule horlogerie qui est concernée,mais il est évident que son poids écono-mique a joué un grand rôle dans la déci-sion publique – suite à une votation popu-laire - de cet investissement colossal.

Les enjeux de la formationCar avec les investissements viennent aussiles emplois. L'embellie horlogère, qui toutescatégories confondues touche essentiel-lement l'horlogerie de luxe (ce sont lesmontres les plus chères, soit au-dessus de3'000.- francs ex-usine qui ont le plus pro-gressé, avec un +20,5% en unités et un +27,1% en valeur au cours du seul mois dedécembre 2011) et la soif d'investisse-ments qui l'accompagne se traduit aussien termes d'emplois générés.L'horlogerie suisse embauche à grandeéchelle. Le seul Swatch Group a créé 2800emplois l'an dernier. Et ce n'est pas fini.Environ 2000 nouveaux postes devraientêtre créés cette année par les groupes etdiverses marques indépendantes, commeAudemars Piguet, par exemple, qui construitégalement, à Genève (25 millions d'inves-tissements pour Centror).

Avec l'embauche massive, la formation estdevenue la clé de voûte de l'édifice. Dans cedomaine, on ne compte pas non plus les ini-tiatives. Chaque grande marque ou presquea désormais son "Académie", son école, sescentres d'apprentissage. Les métiers d'artfont un grand retour. Email, gravure, sertis-sage... les techniques et les métiers les plusrares sont recherchés, comme tout récem-ment cette étonnante "marqueterie de

paille" qu'on retrouve chez au moins deuxmarques. Mais le gros des troupes reste àpourvoir au niveau industriel, dans le décol-letage, l'usinage, le polissage, l'assemblage. Et c'est sans compter avec l'internationali-sation des opérations des groupes.Impossible de le savoir avec précision, maisles investissements dans les réseaux deboutiques en nom propre et autres flagshipsde plus en plus monumentaux ont ellesaussi explosé au cours de l'année dernière.La course aux meilleurs emplacements estdevenue un enjeu stratégique. Vendre unemontre chère coûte de plus en plus cher.Et là aussi il faut compter avec un effortde formation continue car en face, le clientn'est plus un gogo facile. Il est surinforméet, souvent, en sait beaucoup plus sur lestourbillons inclinés à 30º que votre ven-deuse du Sichuan.

L'effacement des rôles secondairesLe principal revers de cette brillantemédaille est l'effacement progressif maisde plus en plus marqué de tous les acteurssecondaires qui voient leurs parts de mar-ché mécaniquement diminuer face à lapuissance de frappe inégalée des groupesque ce soit en termes de distribution, d'em-placements, de recrutement, de formationmais aussi – surtout - de communication.

En-dehors des grandes maisons bien éta-blies, aux réseaux construits dans la duréecomme Patek Philippe, Audemars Piguet,Chopard ou, dans le moyen de gamme, unRaymond Weil, (on ne parle même pas deRolex que tous les détaillants du mondeaimeraient avoir), on entend de plus enplus les indépendants se plaindre amère-ment des difficultés grandissantes qu'ilsrencontrent pour tout simplement entrou-

EUROPA STAR PREMIÈRE

“685 millions de francs le montant qui devrait être investien 2012 seulement par une vingtaine d'acteurs.”

“Vendre une montre chèrecoûte de plus en plus cher.”

vrir la porte des détaillants. L'impressiondomine que les marchés se cadenassentles uns après les autres à grande vitesseet que toutes les niches sont occupées.

Dans un récent article nommé Killing theCompetition, paru dans le magazine améri-cain Harper's en février 2012, Barry C. Lynn,directeur de la Markets, Enterprise andResiliency Initiative de la New AmericaFoundation, analyse en détail les straté-gies d'étouffement de la compétition. Il sepenche tour à tour sur le cas de la SiliconValley, de l'élevage intensif des pouletset du monde de l'édition. Dans ces troisdomaines si divers il constate que les mêmesstratégies sont rigoureusement mises enplace pour tenter d'étouffer toute concur-rence. "A la place de la joyeuse mêlée de lafin des années 1990, avec sa grande diver-sité de joueurs et d'acteurs, la tendancelargement dominante aujourd'hui va à laconsolidation du pouvoir de ceux qui ledétiennent déjà", explique-t-il à propos dela façon dont les grands acteurs de l'infor-matique, Apple en tête, ont verrouillé le mar-ché des produits et gelé le parc des cerveauxqu'ils emploient. L'horlogerie suisse ne souf-frirait-elle pas du même syndrome?

En pleine concentrationTout comme les acteurs majeurs de laSilicon Valley ne se penchent, en businessangels, que sur les petites entreprises lesplus prometteuses uniquement dans le butde les racheter aussitôt leurs recherchesparvenues aux résultats espérés, les grandesmarques horlogères récupèrent les meil-

leurs idées des indépendants. Quand ils nerécupèrent pas directement les personnes.L'idée est d'occuper toutes les places, ycompris les niches les plus inattendues.

La course à l'acquisition des savoir-faire estdevenue un élément central de la vaste réor-ganisation en cours et les acquisitions desous-traitants se sont poursuivies de plusbelle, accélérant encore la concentrationde la branche. Maîtriser sa supply chain estdevenu l'enjeu central. LVMH a ainsi rachetéle concepteur de mouvements La Fabriquedu Temps, qui va désormais travailler enpriorité pour Louis Vuitton, et le fabricant decadrans Arcad. Hublot a racheté Profusion,spécialiste du carbone, tandis qu'Hermèsa investi chez le boîtier Joseph Erard ou quele Swatch Group a notamment repris Novi,un spécialiste du montage de mouvements.La liste ne s'arrête pas là, tant s'en faut.

Douloureuse distributionMais là où cette stratégie d'occupationtotale du terrain se ressent le plus doulou-reusement pour les indépendants est bel etbien la distribution, qui elle aussi se concen-tre à grande vitesse. Récemment, un horlo-ger, rompant avec la langue de bois usuelle,le déclarait sans ambages à notre confrèreBastien Buss, du quotidien Le Temps. " Lesdétaillants sont asphyxiés par les grandsgroupes. Ceux-ci imposent les marques, lesquantités, et quand vous arrivez comme"petit", vous n’avez presque aucune chance,ou tout au plus une place dans le troisièmetiroir à gauche si vous acceptez de consi-gner vos produits…", expliquait ainsi

Pierre Dubois, patron de la marque Pierrede Roche. Cette lamentation, on l'a enten-due de plus en plus fréquemment cetteannée. D'autant plus que, comme nous leconfiait un autre petit indépendant, distri-buer ses pièces devient de plus en pluscoûteux car les détaillants, pressés d'uncôté par les grandes marques de réduireleurs marges sous peine de les perdre, exi-gent de l'autre côté des marges énormespour accepter une marque moins connue. Cette situation de plus en plus difficilepeut-elle être contournée?On entend souvent dire qu'un des effetscollatéraux de l'ouverture de boutiques ennom propre et donc de requalification desréseaux de distribution indépendants, ouvredes opportunités là où tout était aupara-vant verrouillé. Mais le nombre très élevéde prétendants qui tentent d'en profiterentraîne là aussi une féroce concurrence.Et il convient de distinguer entre deux hor-logeries car, à l'image de l'évolution socialed'un monde devenant de plus en plus "àdeux vitesses" (ou à une vitesse d'un côtéet sur sur-place de l'autre, lire à ce proposdans notre numéro précédent Europa Star1/12 notre article sur l'Accélération vue

par le philosophe allemand Hartmut Rosa)l'horlogerie elle aussi n'avance pas d'unseul bloc mais à des vitesses fort différentes.Et tandis que certains accélèrent, d'autressont englués sur les bas-côtés de la route. L'horlogerie indépendante qui bénéficiede la plus grande couverture médiatiqueest essentiellement celle dont les modèlessont les plus formellement extravagants,

en rupture stylistique ou de très haute fac-ture horlogère. Si ce véritable laboratoirede l'horlogerie du futur est essentiel pourtoute l'industrie, ces toys pour milliardairesne représentent au total que quelques mil-liers de pièces vendues par année. Ces"brioches" ne sont pas le pain quotidiende l'horlogerie. Les grandes marques l'ontbien compris. Si elles s'ingénient elles aussià présenter des talking pieces et des mon-tres-concept qui attirent tous les feux dela rampe, c'est essentiellement pour mieuxvendre les modèles plus simples, les mon-tres plus classiques, les "folies" plus sages.

A l'image des tabatièresMais même dans ce domaine de l'horloge-rie conceptuelle, on sent comme une lassi-tude poindre: trop de mécanismes exhibéscomme des trophées, trop de complexitésstylistiques, trop de jeux de matériauxbaroques. Une époque semble toucher àsa fin. Il est à parier que, d'ici une ou deuxdécennies, on admirera certes l'explosioncréative des débuts du XXIème siècle, maisce sera aussi pour s'en étonner: commentosaient-ils porter ça? Un éditorialiste dujournal Le Monde, l'évoquait dernièrement,

non pas à propos de l'horlogerie mais àpropos de la vogue des tabatières au XVIIIesiècle. Il cite à ce propos un historien quiécrit: " Sous Louis XIV on avait une taba-tière pour prendre du tabac, tandis que,sous Louis XV, on prenait du tabac pouravoir le plaisir de posséder une jolie taba-tière et la faire admirer en compagnie."

(Suite page 12)

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EUROPA STAR PREMIÈRE

“La tendance largement dominante aujourd'hui va à laconsolidation du pouvoir deceux qui le détiennent déjà.”

“Et tandis que certains accélèrent, d'autres sont

englués sur les bas-côtés de la route.”

TIMECRAFTERSA NEW YORK EXHIBITION OF THE WORLD’SFINEST WATCHES

www.timecrafters.com

PARK AVENUE ARMORYSEPTEMBER 13-15 2012

643 Park Avenue New York City

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EUROPA STAR PREMIÈRE – EN COUVERTURE

D epuis 2005, Patek Philippecreuse avec constance unnouveau sillon de la chrono-

graphie. Jusqu'à cette date, le seul mouve-ment de base dont l'ébauche était externeà la manufacture familiale genevoise restaitle calibre chronographe 27-70 que NouvelleLemania (Swatch Group) produisait en ex-clusivité pour Patek Philippe, selon destrictes prescriptions, et dont les finitionset l'assemblage s'effectuaient à Genève.Bien que ce chronographe fût considérécomme un des plus beaux et des plus per-formants mouvements chronographe aumonde, la manufacture était décidée de lesurpasser en produisant ses propres cali-bres chronographe. Une décision qui a prisla forme d'une véritable offensive. En effet,en un peu plus de 6 ans, la manufacturegenevoise a ainsi développé pas moins dequatre nouveaux calibres chronographesde base.

2005, premier chronographe "maison"En 2005 Patek Philippe a ainsi introduitson premier calibre chronographe intégra-lement manufacture. Inspiré d'un mouve-ment historique datant de 1903, ce calibreCHR 27-525 PS est tout simplement lemouvement à remontage manuel, à rattra-pante et roues à colonnes, le plus plat ja-mais réalisé (hauteur de 5,25mm). Avecses deux roues à colonnes, ses deux seulspoussoirs, la possibilité qu'il offre de garderen mémoire un temps de référence et sesnombreuses autres caractéristiques tech-niques et esthétiques, ce calibre est venuéquiper une pièce de grand prestige, la ré-férence 5959P, sortie en 10 exemplairesdans un boîtier en platine de style Officier. L'année suivante, en 2006, Patek Philippea dévoilé un nouveau calibre, le CH 28-520IRM QA 24H premier mouvement chro-nographe, automatique cette fois, intégra-lement conçu, développé et réalisé par la

manufacture. Complété par le fameux mé-canisme de Quantième Annuel breveté, cenouveau chronographe automatique à roueà colonnes est doté par ailleurs d'une fonc-tion flyback, d'un affichage de la réservede marche et d'un indicateur jour/nuit. D'uneconstruction tout à fait inédite, ce calibreautomatique vient équiper la référence5960P, à laquelle il offre un visage à la foisélégant, dynamique et équilibré avec sontrès caractéristique mono compteur qui re-groupe les totalisateurs des heures et desminutes du chronographe.Ce même mouvement équipe aussi, avecson monocompteur mais sans calendrier an-nuel, le chronographe Nautilus Réf 5980/1.En 2009, c'est au tour du premier mouve-ment chronographe classique à remontagemanuel, le Calibre CH 29-535 PS d'être in-troduit. Pour sa première sortie, ce mouve-ment à remontage manuel réalisé à 100%dans les ateliers Patek Philippe et destinéà remplacer et à surpasser le Calibre CH27-70 de base Nouvelle Lemania utiliséjusqu'alors par Patek Philippe, vient animerle fameux Ladies First Chronograph, avantd'être introduit, l'année suivante, dans uneversion Homme, la référence 5170. Sansentrer dans les détails de ce mouvementde 269 composants de conception super-lativement classique, avec roue à colonnesdotée d'un chapeau poli, système d'em-brayage à roues dentées avec bascule enforme de S, spiral Breguet, grand balancierGyromax à quatre bras et quatre masse-lottes battant à une fréquence de 4 Hz,soit 28 800 alternances/heure, rappelonsque pas moins de 6 brevets ont été dépo-sés à cette occasion par la manufacture.Ces brevets non seulement portent sur desaméliorations en termes de meilleuretransmission de l'énergie, de réduction desfrottements, d'augmentation de la préci-sion ou encore de réduction des vibrationsou des flottements des aiguilles, mais tou-chent aussi directement au travail de l'hor-

loger qu'ils cherchent directement à faciliter.En permettant ainsi de parvenir à un ré-glage optimal, ces innovations offrent augarde-temps une plus grande fiabilité opé-rationnelle tout en contribuant à une maî-trise approfondie de l'art du chronographe.L'année suivante, 2011, marque non seu-lement le remplacement définitif du calibre27-70 Q dans toutes ses versions (après 25ans de très bons et très loyaux services)mais surtout l'avènement de la Patek Phi-lippe Triple Complication Référence 5208P.Quintessence du style Patek Philippe, ellearbore un cadran tout en retenue, presquedépouillé, sous lequel se cache un mouve-ment à remontage automatique de hautecomplication, le Calibre R CH 27 PS QI, in-tégrant une répétition minutes, un chro-nographe monopoussoir, et un quantièmeperpétuel instantané à guichets et phasesde lune. Soit l'addition et la fusion de troiscomplications majeures nécessitant pasmoins de 701 composants rassemblés dansun espace de 32mm de diamètre pour

10,35mm de hauteur. Par ailleurs, pour lapremière fois dans la famille des GrandesComplications Patek Philippe, ce calibre batau rythme d'un échappement et d'un spi-ral en Silinvar®, un dérivé du silicium.

5204: parfaire la maîtrisechronographiqueEn cette année 2012, Patek Philippe parfaitencore sa maîtrise du chronographe avecla sortie du quantième perpétuel chrono-graphe à rattrapante Référence 5204.Conçu sur la base du calibre CH 29-535sorti en 2009, ce mouvement qui comportenombre de nouveaux développements –dont un nouveau mécanisme de rattrapanteainsi qu'un quantième perpétuel nouvelle-ment développé - se place d'emblée aupinacle de la nouvelle génération des chro-nographes Patek Philippe développée de-puis 2005.Un développement tout à fait concerté etplanifié car, dès le départ, la base CH 29-535 a été conçue de façon à pouvoir inté-

RÉF. 5204, DERNIER-NÉ DES CHRONOGRAPHES"MAISON" DE PATEK PHILIPPE

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grer les futurs développements tels que larattrapante et le quantième perpétuel.Depuis 2005, c'est graduellement et defaçon continue que toute une série d'amé-liorations ont ainsi été apportées pourmener le produit "au top", comme le disentmodestement – trop modestement - leconstructeur Marc Lemonnier et le direc-teur du développement Philip Barat.En apparence, ces améliorations prises uneà une peuvent sembler uniquement ponc-tuelles et ne porter que sur des détails dela construction ou du fonctionnement mé-canique. Mais c'est la patiente addition deces menus progrès qui, accumulés, amè-nent à de véritables et décisives percées,et qui font de la nouvelle génération deschronographes Patek Philippe des piècesd'exception.

Un isolateur novateurPrenons l'exemple de l'évolution apportéeau mouvement chronographe de base CH29-535 de 2009 pour y adjoindre la com-plication rattrapante.

La principale originalité de cette rattra-pante est l'utilisation d'un système d'iso-lateur tout à fait novateur. Classiquement,lorsqu'on enclenche un chronographe laperte d'amplitude se monte à environ 30°auxquels il faut rajouter à nouveau uneperte d'amplitude de 30° lorsque la rat-trapante est mise en fonction. Le systèmed'isolateur mis au point pour ce nouveaucalibre permet d'éviter le frottement sur lecoeur au moment du déclenchement de larattrapante, d'où un gain d'amplitude mé-canique de 30°. En lieu et place de la"pieuvre" traditionnelle munie de ses bras,qui, montée sur la roue à colonnes de larattrapante tourne toujours dans le mêmesens et doit être équipée d'un ressort luipermettant de revenir à zéro, le nouveausystème mis au point par Patek Philippeest constitué d'un bras en forme de pattede cygne commandé directement par laroue à colonnes et empêchant ainsi queles deux aiguilles se désolidarisent.Pour effectuer le retour à zéro, les horlo-gers ont remplacé le galet par un plat, di-

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minuant ainsi la friction et apportant unemeilleure stabilité des deux aiguilles. Lecoeur a été fendu pour accueillir ce galetavec plat qui ne touche ainsi plus les épau-lements du coeur. Enfin, le ressort ne frotteplus car il est désormais placé au bout d'unbras. C'est le chapeau poli de la roue à co-lonnes de la rattrapante qui est devenu leressort excentrique du bras de la rattrapante.Une architecture mécanique brevetée quis'ajoute aux six brevets déjà déposés pourle mouvement de base sur lequel ces in-novations ont pris place.Par ailleurs, les deux ponts de chronographeauparavant séparés ont été réunis en unseul pont, offrant ainsi une solide et uniqueassise au pont de rattrapante. Le pont demarteau a été étendu et la roue de la rat-trapante a été rééquilibrée de telle façonqu'in fine le déphasage mécanique entre lesdeux aiguilles de décompte des secondesdu chronographe a été réduit de 75%.

Un QP ultra-minceLe module de Quantième Perpétuel intégrédans ce calibre est identique à celui de laprécédente référence 5270, la première tri-ple complication chronographe braceletprésentée l'année dernière. Avec son éton-nante minceur (1.65 mm) ce mécanisme de182 pièces marie "grandes bascules, étoilesde la date, du jour et du mois, cames del'année, cames amovibles des années bis-sextiles, ressorts-sautoirs", soit en tout 182pièces usinées au micron et finies à la main– flancs étirés, surfaces adoucies, arêtes an-glées et polies – jusqu'aux dents des roueset pignons "polies une à une à la main sur

une meule de bois dur." Dans un souci debeauté esthétique, certes, mais aussi avecl'objectif permanent d'optimiser toute lachaîne de la transmission de l'énergie.

Elégance et lisibilitéAvec ses 496 composants, dont 60 pour laseule rattrapante, ce mouvement chrono-graphe tournant à 4 Hz et disposant de 65heures de réserve de marche prend placedans un superbe boîtier en platine de 40 mmde diamètre pour une épaisseur de 14,25mm(sans tenir compte du bombage très mar-qué de la glace saphir qui le protège). Cetterelative minceur démontre non seule-ment combien ce mouvement complexeest contenu dans un espace tout à fait li-mité, mais surtout lui confère une élé-gance véritablement intemporelle.Cette intemporalité est encore soulignéepar une série de petits détails très mar-quants, qui vont du bombage de la glaceà la forme affirmée des poussoirs rappe-lant la grande époque historique des chro-nographes, en passant par la très belleforme concave de la lunette – forme qui,soit dit en passant, est particulièrementdifficile à polir – ou encore les fines cornesallongées qui mettent en valeur les har-

monieuses proportions de ce garde-tempset lui donnent son allure pérenne.Ce classicisme formel est relevé de petitestouches très contemporaines, à l'image desaiguilles à trois faces des heures et des mi-nutes, taillées de façon acérée dans de l'oroxydé noir et dont le centre est recouvert deSuperluminova. Quatre compteurs se répar-tissent sur le cadran traité dans l'optique dela plus grande lisibilité. Douze affichagesvoisinent sur un fond opalin argenté.Encerclés par douze index d'or gris en ap-pliques, jour et mois s'affichent classique-ment dans deux guichets placés en ligne à12h, le quantième à aiguille s'intègre auguichet des phases de lune, à 6h, petite se-conde et compteur 30 minutes s'affichentdans des cadrans excentrés avec motif azuréà 9h et 3h. L'annnée bissextile et l'indica-tion jour/nuit apparaissent dans deux pe-tits guichets ronds à 4h30 et 7h30.Montée sur bracelet alligator écailles car-rées noir mat et boucle déployante en pla-tine, la Réf. 5204 est bien entendu signéedu Poinçon Patek Philippe et, comme tousles boîtiers platine de la très sophistiquéemaison genevoise, porte discrètement unpetit diamant Top Wesselton logé sur lacarrure, à 6h. Noblesse oblige.

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(Suite)Ne pourrait-on pas en dire aujourd'hui demême de la montre? Ou du moins de cer-taines montres? Les tabatières ont disparu

depuis longtemps, tel ne sera pas le casdes montres, qui possèdent une autre uti-lité. Mais l'explosion de la téléphonie dite"intelligente" et les changements d'habi-tude qu'ils entraînent font courir le risqued'une obsolescence progressive de l'ob-jet-montre traditionnel, relégué aux seulscollectionneurs de curiosités. On n'en estpas là, heureusement, loin s'en faut. Ceci dit, certaines évolutions de la distribu-tion ouvrent des pistes intéressantes pourles horlogers indépendants. La récenteinauguration de la boutique Maverick auKempinski de Genève en est un bon exem-ple. En dehors de "produits d'appel"comme Zenith ou Piaget, on y trouve unmix de marques fort différentes, tellesqu'Alpina, Ateliers DeMonaco, Badollet,Borgeaud, Ellicott, Frédéric Jouvenot,Frédérique Constant, Hautlence, Ladoire,Maîtres du Temps, MCT, Milus, RaymondWeil, Roberto Coin, RJ-Romain Jerome,Rudis Sylva, Snyper... Des montres àquelques milliers ou à quelques dizainesde milliers voire centaines de milliers defrancs, démocratiquement mélangées. Dequoi trouver pour le consommateur desproduits qui sortent de l'ordinaire horlo-ger. Une piste à suivre, donc, en espérantqu'elle puisse susciter de semblables ini-tiatives un peu partout.

Swiss Made: 100% ou rienParmi les grands thèmes horlogers de l'an-née 2011, il en est un qui a quelque peu

disparu de la circulation: le débat sur leSwiss Made. Presque plus personne nel'évoque ouvertement car beaucoup sesont rendus compte que le débat était

piégé, que le Swiss Made n'était qu'uncache-sexe et qu'une hausse du taux de"suissitude" d'une montre à 60%, voiremême à 80% ne signifiait pas grand chose.Soit la décision est radicale – 100% ourien – soit toute mesure ressemblerait àun emplâtre sur une jambe de bois. En ins-taurant son propre sceau de qualité, PatekPhilippe a montré la voie. Ce n'est pas tantl'indication Swiss Made qui compte etqui fera la vraie différence aux yeux desconsommateurs, car la loi laisse toute lati-tude pour faire d'une montre officiellementsuisse un concentré de composants venantd'un peu partout. Mais c'est la marquequi doit être la véritable caution qualita-tive, comme pour une berline allemande.Et du point de vue industriel, l'exemple del'automobile allemande est riche en ensei-gnements. Car si l'Allemagne a non seule-ment conforté mais aussi renforcé sa pré-éminence, c'est bel et bien qu'elle assureun haut niveau de qualité pour tous sesmodèles, qu'ils soient d'entrée de gammeou de très haut de gamme (et ceci que lescomposants proviennent de Roumanie oudu Portugal...).Les investissements industriels considéra-bles qui sont planifiés dans les années quiviennent sont donc essentiels pour que laSuisse conserve sa prééminence qualitative.A condition, bien-sûr, que ceux-ci soientconsacrés aussi bien aux montres les pluschères qu'aux montres les plus aborda-bles. Car le vent peut toujours tourner et il

ne faudrait pas que les horlogers suisses,comme les fabricants d'automobiles amé-ricains il y a quelques années, ne conti-nuent à ne proposer que d'énormes 4x4au moment où la demande est en train derevenir à de plus discrets modèles.

A la merci des vents contrairesMais pourquoi le vent tournerait-il? Parceque rien n'est impossible. L'horlogerie – onne cesse de le dire ici année après année –a la mémoire courte et a déjà oublié unpourtant fameux 14 septembre 2008 quandla chute symbolique – et réelle – deLehman Brothers signa l'aggravation dra-matique de la crise bancaire et financière,dont certains continuent à payer l'amerprix aujourd'hui. L'année suivante, 2009,vit un recul de plus de 20% des exporta-tions horlogères suisses et remodela unebonne partie de son tissu industriel. Oublié,tout ça...

Mais aujourd'hui, le monde n'est pas dutout à l'abri d'un tel cataclysme et la dépen-dance à la Chine en effraie certains qui yont mis toutes leurs billes.Tout comme il est impératif que lesmarques diversifient leurs débouchés, ilest tout aussi important de pouvoir offrirune palette de produits bien diversifiée

(nous en avons nous-mêmes, à EuropaStar, fait la modeste expérience en nereculant que de très peu en 2009 grâceau fait que, contrairement à de nombreuxtitres consacrés au seul haut de gamme,nous nous efforçons de couvrir toute l'in-dustrie horlogère, du plus modeste auplus médiatique).Mais quoi qu'il advienne, l'Histoire courtet l'horlogerie avec. Elle court même deplus en plus vite, l'horlogerie, comme lemontre l'engouement technique pour leshautes fréquences qui s'est littéralementemparé des horlogers en 2011. 50Hz,500Hz, 1000Hz, 2000Hz... les "organesréglants" s'emballent, avec ou sans balan-cier, grâce à des effets de résonance voirepar le biais de "poutres vibrantes". Tour àtour TAG Heuer, de Bethune, Montblanc,Zenith montent en fréquences. TAG Heuera mis au point un prototype qui indiquemécaniquement le 2 000e de seconde.Chez de Bethune, on pose les bases d'une

nouvelle science, la "résonique" qui pour-rait théoriquement atteindre le 10 000e ...Et pendant ce temps-là, chez Hermès, onsuspend mécaniquement le temps pourne plus avoir à le compter...

Horlogerie, miroir de notre temps et denos contradictions.

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“ il ne faudrait pas que leshorlogers suisses, comme les

fabricants d'automobilesaméricains il y a quelques an-nées, ne continuent à ne pro-

poser que d'énormes 4x4.”

“100% ou rien – toute autremesure ressemblerait à un em-plâtre sur une jambe de bois.”

EUROPA STAR PREMIÈRE / Editeur : Europa Star HBM SA, 25 route de Acacias, CH 1227 Carouge-GenèvePour plus d’information, cliquez sur www.europastar.com ABOUT US et CONTACT US / Imprimé en Suisse

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ContexteDepuis 2004, le WorldWatchReport™ four-nit au secteur horloger une analyse exclusivedes intérêts et des préférences des consom-mateurs de montres de luxe à travers lemonde. S'appuyant sur une méthodologierigoureuse soutenue par des technologiesbrevetées par le Digital Luxury Group, lerapport identifie et analyse plus de 1 mil-liard de recherches sur les montres de luxeeffectuées sur les principaux moteurs derecherche à travers le monde (Google,Bing, Yandex et Baidu). Afin de structurerces volumes importants d’information, lesrecherches des clients sont ensuite catégo-risées en intentions vis-à-vis des marques,qu’il s’agisse de recherches concernant lesmodèles, les points de vente, les contrefa-

media partner

LES DIX MODÈLES LES PLUS RECHERCHÉS / MONDE

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çons, les listes de prix ou encore la recherchede points de vente. L'étude examine 40 des marques de mon-tres de luxe les plus renommées dans 20des principaux marchés d’exportation. Lesmarques analysées comprennent notam-ment les deux leaders du secteur (Rolex etOmega) ou encore des acteurs de niche dela haute horlogerie (A. Lange & Söhne,Jaquet Droz, Richard Mille, etc.).

Liste des marques examinéesA.Lange & Söhne, Audemars Piguet,Baume & Mercier, Blancpain, Breguet,Breitling, Bulgari, Cartier, Chanel,Chopard, Dior Watches, Ebel, RogerDubuis, Jaquet Droz, Harry Winston,Hermès, Richard Mille, Franck Muller,Frédérique Constant, Girard Perregaux,Hublot, IWC, Jaeger-LeCoultre, Longines,Louis Vuitton, Maurice Lacroix, Montblanc,Omega, Panerai, Patek Philippe, Piaget,Rado, Raymond Weil, Rolex, TAG Heuer,Tudor, Ulysse Nardin, VacheronConstantin, Van Cleef & Arpels, Zenith

Dynamique du marché horloger Avec une visibilité couvrant 20 pays, l'ana-lyse détermine quels sont les marchés lesplus porteurs pour les montres de luxe, ainsique leur évolution dans le temps. Pour lapremière fois depuis le lancement de cetteétude en 2004, la Chine a dépassé lesÉtats-Unis en tant que pays présentant laplus forte demande, totalisant 23 % detoutes les recherches mondiales sur l’hor-logerie de luxe. Cette année, il apparaît que l'essentiel dela demande horlogère a été alimentée parl'Est du globe. Outre la Chine, le Japon,l'Inde et la Russie ont vu des augmentationspar rapport à l'an dernier, tandis que laplupart des marchés occidentaux connais-saient une diminution significative de partsde marché, en particulier aux États-Unis,en Allemagne et en Italie. Le Brésil, souvent décrit comme un marchéémergeant à forte croissance dans ledomaine du luxe a néanmoins stagné cetteannée; n'enregistrant ni gain ni perte departs de marché.

Demande croissante de l’Empire du MilieuLa forte demande chinoise stimule lademande globale, ce qui ne surprendra pasles spécialistes de l’industrie horlogère.Constituée de trois grandes régions et de56 groupes ethniques, la Chine présenteune diversité qui nécessite une connais-sance détaillée de la culture locale et despréférences de la clientèle, et l'analyse del'intérêt pour les montres de luxe ne consti-tue pas une exception à ce principe. (...)

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WORLDWATCHREPORT 2012: LES GRANDES TENDANCES DEL’INDUSTRIE DÉCRYPTÉES PAR L’ÉTUDE DE RÉFÉRENCE

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