Photo : Sandra Rumolino © Cyril Mahey, J. Rodriguez ...Susana Rinaldi, Horacio Salgan. Mosalini's...

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Photo : Sandra Rumolino © Cyril Mahey, J. Rodriguez © Yassine Hamrouni, J.J. Mosalini © Hervé Le Gall

Transcript of Photo : Sandra Rumolino © Cyril Mahey, J. Rodriguez ...Susana Rinaldi, Horacio Salgan. Mosalini's...

  • Photo : Sandra Rumolino © Cyril Mahey, J. Rodriguez © Yassine Hamrouni, J.J. Mosalini © Hervé Le Gall

  • It is in the beautiful red and gold theatre of the Alhambra in Paris that Frank Cassenti filmed in semi-darkness “Alma de Tango”. This deep “soul” of tango, originating out of a previous project “Noche de Tango”, is an intimate look at the tango, revealing in delicate touches the secret of a complex and sprawling musical-choreographic art more than a century old. The decor is reduced to the minimum: a darkness pierced by lanterns, two dancers, a singer and an instrumental quartet... Nothing more was needed to bring back to life other nights just as intimate and unforgettable: those of Trottoirs de Buenos-Aires. That all too ephemeral cabaret in the Les Halles district which was in the 1980s the only tangueria in Paris.

  • C’est dans le beau théâtre rouge et or de l’Alhambra à Paris que Frank Cassenti a filmé en clair-obscur « Alma de Tango ». Cette « âme » profonde du tango, issue du projet précédent « Noche de Tango », sculpte le tango par l’intime, révélant par touches le secret d’un art musico-chorégraphique plus que centenaire, complexe et tentaculaire. Le décor est réduit au minimum : une nuit trouée de lampions, deux danseurs, une chanteuse et un quatuor instrumental... Il n’en fallait pas plus pour faire revivre d’autres nuits aussi intimistes qu’inoubliables : celles des Trottoirs de Buenos-Aires. Ce cabaret des Halles trop éphémère fut dans les années 1980 l’unique tangueria de Paname.

    Photo © Yassine Hamrouni

  • It's there, in that shady little paradise, named after a poem by Julio Cortázar, and whose sign was a neon bandoneon, that the main protagonists of “Alma de Tango”, newly arrived from their native Buenos Aires, came to know each other. The singer Sandra Rumolino started at Trottoirs de Buenos-Aires and bandoneon player Juan Mosalini often went there too. Modest, the latter did not fall back on his already prestigious career in Argentina, but he was already well known here by tango aficionados through his collaborations with, among others, Osvaldo Pugliese, Susana Rinaldi, Horacio Salgan.

    Mosalini's talent as a composer remained to be discovered. The Trottoirs de Buenos-Aires helped... but also that of the other side, the jazz side of the “rue des longs

    bars”, where curiosity brought the likes of virtuoso stand-up bassist Patrice Caratini, who would become part of the magnificent trio with Mosalini, and the latter's fellow countryman, pianist Gustavo Beytelmann. It is again at Trottoirs de Buenos-Aires that the young dancer Jorge Rodriguez launches in 1984 a company named Gomina. This “tango-man”, according to the title of the feature film dedicated to him, dates the singer Sandra Rumolino ... and it's at Trottoirs de Buenos-Aires they will celebrate their marriage. Thirty years later, in “Alma de Tango”, Jorge seems attentive to every word his wife sings while he leads his partner, a dancer of scholarly and feline elegance: Maria Filali. Jorge Rodriguez's dance partner since 2000, Filali is one of the racier tango dancers in this polyglot Paris, from

  • C’est là, dans ce petit paradis interlope nommé d’après un poème de Cortázar et dont l’enseigne était un bandonéon en néon, que se connurent, fraîchement débarqués de leur Buenos Aires natal, les maîtres d’œuvre d’ « Alma de Tango ». La chanteuse Sandra Rumolino y débuta, et le bandonéoniste Juan José Mosalini y fut souvent. Modeste, ce dernier ne la ramenait pas sur sa carrière argentine très prestigieuse, mais il était déjà bien connu ici des aficionados, à travers sa collaboration avec, entre autres, Osvaldo Pugliese, Susana Rinaldi ou Horacio Salgan.

    Son talent de compositeur restait à découvrir. Les Trottoirs de Buenos-Aires y contribuèrent... mais aussi celui de l’autre rive, la rive jazz de la « rue des longs bars »,

    où venaient en curieux des virtuoses comme le contrebassiste Patrice Caratini, qui allait faire partie du magnifique trio, avec Mosalini et son concitoyen pianiste Gustavo Beytelmann. C’est encore aux Trottoirs de Buenos-Aires que le jeune danseur Jorge Rodriguez lança en 1984 une troupe nommée Gomina, cet homme–tango selon le titre du long métrage qui lui est consacré, y engagea la chanteuse Sandra Rumolino... et ils y fêtèrent leur mariage. Trente ans plus tard, dans « Alma de Tango », Jorge semble attentif à chaque mot que chante son épouse tandis qu’il entraîne dans la danse, avec une savante et féline élégance Maria Filali, sa partenaire depuis 2000, une des danseuses de tango les plus racée de ce Paris polyglotte dont le pas de tango infernal embarque jusqu’à la pointe du

  • which the fiery tango step reaches out as far as the shores of north Africa. There's no need to be initiated in the codes to be grabbed by it. As is Cassenti's camera by the vertigo of two bodies and two eyes that write the history of this wayfaring gesture that is the tango: sometimes duelling dagger, sometimes sensual tussle of compadrito, sometimes dark ritual of lust. This syncretic art created, as any blues, in a port area, evolved into a way to walk and even breathe in Buenos Aires as it spread through the entire city during the so-called “Golden Age” of the 1940s.

    The album opens with one of those majestic Borges “poems-tangos” co-written in the 1960s with Astor Piazzolla, and is also one of the most sprightly: “Tango that I saw danced / In a yellow sunset / By some guys also capable of / Another dance, that

  • Maghreb. Inutile d’être initié aux codes pour être saisi, comme l’est la caméra de Cassenti, par le vertige de deux corps et deux regards qui écrivent l’histoire de ce geste voyageur qu’est le tango, tantôt duel à la dague, tantôt sensuelle empoignade de compadrito, tantôt rituel de sombre luxure. Cet art syncrétique forgé comme tout blues dans une zone portuaire, s’est mué en une façon de marcher et même de respirer, lorsqu’il imprégnait toute la ville de Buenos Aires, à l’époque de l’Age d’or, dans les années 40.

    L’opus s’ouvre sur l’un de ces majestueux « poèmes-tangos » que Jorge Luis Borges co-écrit avec Astor Piazzolla, et aussi l’un des plus allègres : « Tango que j’ai vu danser / Sur un crépuscule jaune /Par des gars capables aussi / D’une autre danse, celle du couteau (...) /Tango provocateur et

    Photo © Yassine Hamrouni

  • of the knife (...) / Tango provocateur and bohemian / You always looked straight ahead / I'll die and you'll continue...”. The following track, “Michelangelo 70”, is one of those frenzied instrumental cavalcades of which Piazzolla had the secret. It's a nod and a wink to a former customs post of the colonial era. Mosalini then revisits the rich repertoire of the orchestra of Osvaldo Pugliese and its famous milonga “Bordoneo y 900”... Remember Lorenzo, Walt Disney's hilarious big cat dancing the tango with its own tail!

    It's impossible in such an anthology to not present Carlos Gardel and his “Volver”, which singer Sandra Rumolino approaches in total sincerity and without pomposity. Like “Milonga para Dos”, the padded gravity of “Regreso al Amor” by

    Astor Piazzolla showcases the violinist Sebastian Couranjou, who's played for over twenty years with Mosalini. For there's an art to being "as one" when you're a tango musician. An art and a rooted culture, starting with those earlier big bands that seemed to breathe in unison, reactivated later for a smaller formation by the one who literally put tango on the world map: Astor Piazzolla. With pianist Diego Aubia and bassist Leonardo Teruggi, the group also offers “Decarisimo” a cheeky homage to the maestro Julio De Caro. Another work of renewal, in a format unique for the era and testimony to the fruitful collaboration of Piazzolla and Horace Ferrer, is the dark poem “Balada para mi muerte”. After “Los del retorno tambores”, an optimistic candomblé by the brilliant Gerardo Jerez Le Cam,

  • bohème / Tu regardais toujours en face / Je serai mort et tu continueras...». Le « Michelangelo 70 », qui suit, une de ces cavalcades instrumentales frénétiques dont Piazzolla avait le secret, est un clin d’œil à un ancien poste de douane de l’époque coloniale. Mosalini revisite ensuite le riche répertoire de l’orchestre d’Osvaldo Pugliese, dont la fameuse milonga « Bordoneo y 900 »... Souvenez-vous de Lorenzo, le gros matou hilarant de Walt Disney qui danse le tango avec sa propre queue !

    Impossible dans une telle anthologie d’éluder Carlos Gardel, et le « Volver » que Sandra Rumolino attaque sans emphase et en totale sincérité. Comme la « Milonga para Dos », la pesanteur ouatée du « Regreso al Amor » d’Astor Piazzolla,

    met en valeur le violoniste Sébastien Couranjou, qui joue depuis plus de vingt ans avec Mosalini. Car c’est tout un art de « faire corps » quand on est musicien de tango. Un art et une culture ancrée, issue des grands orchestres qui semblaient respirer à l’unisson, et réactivée pour une formation plus restreinte par celui qui a littéralement mis le tango debout : Astor Piazzolla. Avec le pianiste Diego Aubia et le contrebassiste Leonardo Teruggi, ils offrent aussi « Decarisimo », un hommage déluré du maestro à Julio De Caro, grand rénovateur du tango de la fin des années 20. Le sombre poème « Balada para mi muerte », format inédit pour l’époque, est un témoignage de la fructueuse collaboration Piazzolla/ Ferrer. Après « Los tambores del retorno », un candomblé optimiste du brillant

  • dedicated to the African-American return trip, and “Apretonados”, a quasi-bartokian composition by Mosalini, the CD (and DVD) closes with the jewel “Oblivion”. “Forgetting” but rather a neologism, a kind of “forgetfulness”.

    The dance steps and the warm, deep voice of Sandra Rumolino: in the course of this series of songs, the magic happens. And always, in this anthology of tango's most beautiful works, the bellows of the bandoneon open and close.

    Emmanuelle Honorin

  • compositeur Gerardo Jerez Le Cam dédié à l’aller-retour afro-américain et « Apretonados », une composition quasi-bartokienne de Mosalini, le cd (et le dvd) se concluent ensemble par le pur joyau d’« Oblivion ». Geste musical suspendu. Sublime « oubli » dirions-nous. Ou dans un néologisme... Ce pourrait être une sorte d’« oubliance ». La magie opère au fil des titres: la voix chaude et grave de Sandra Rumolino, la danse. Et toujours, le soufflet du bandonéon qui s’ouvre et se referme sur les plus belles pièces d’anthologie du tango.

    Emmanuelle Honorin

    Photo © Yassine Hamrouni

  • 2 . M ichel angelo 70Musique : Astor Piazzolla

    Tango that I saw dancedin a yellow sunsetby some guys also capable of another dance, that of the knife.Tango of that Maldonadowith less water than mud,Tango whistled passing bywhile seated in a car.

    Nonchalant and brazenyou always looked straight aheadTango who had the good fortuneto be a man and be valiant.Tango who was happy,as I was happy too,as the memory is telling me;the memory was forgetting.

    After this yesterday, how manythings have happened to us both!The departures and the sorrowof loving and not being loved.I will be dead and tango will continueaccompanying our life.Buenos Aires does not forget,Tango you were and tango you'll be.

    Tango que j’ai vu danserdans un crépuscule jaunepar des gars capables aussid’une autre danse, celle du couteau.Tango de ce Maldonadoavec moins d’eau que de boue,Tango sifflé au passagedepuis le siège d’un char.

    Insouciant et effrontétu regardais toujours en faceTango qui eut le bonheurd’être un homme et d’être vaillant.Tango qui fut heureux,comme je le fus aussi,comme me le dit le souvenir ;le souvenir fut l’oubli.

    Depuis cet hier, combien de chosesà nous deux sont arrivées !Les départs et le chagrind’aimer et ne pas être aimé.Je serai mort et tu continuerasaccompagnant notre vie.Buenos Aires n’oublie pas,que tango tu fus et tu seras.

    1. a lgu ien le d ice al tangoMusique : Astor Piazzolla / Texte : Jorge Luis Borges

  • You won't know... you'll never knowwhat it is to die a thousand times of anxietyYou can never... never understandWhat it is to love and go crazyYour lips that burn... your kisses that intoxicateand torture my reason.The burning thirst, that sets fire to the passion in my heart.

    You are rooted in me... I feel you in the burning pounding of my temples.I adore you when you're there... and love you even moreWhen you're far from me.

    I love you thus, sweet love of my lifeI feel you like this... mine only... always mine.

    I'm afraid of losing youOf thinking I'll never see you againWhy this sudden doubt?Why should I bleedif at every kiss I sense you falter?Still, I torment myselfbecause I have you in the bloodAnd at every instant... feverish and loving...I want to kiss your lips.

    You are rooted in me... I feel you in the burning pounding of my temples.And ardent, mad with love... trembling with anxietyIn your arms, I want to die.

    Tu ne sauras... Jamais tu ne saurasce qu’est mille fois mourir d’anxiétéTu ne pourras... jamais comprendreCe qu’est aimer et devenir fouTes lèvres qui brûlent... tes baisers qui enivrentet qui torturent ma raison.Soif ardente, qui incendie ma poitrine de passion.

    Tu es ancrée en moi... Je te sens dans le palpitementbrûlant de mes tempes.je t’adore quand tu es là... et t’aime encore plusQuand tu es loin de moi.

    Je t’aime ainsi douce vie de ma vie,Je te sens comme ça... à moi seulement... toujours à moi.

    J’ai peur de te perdre,De penser que je ne te verrai plusPourquoi ce doute brutal ?Pourquoi devrais-je saignersi à chaque baiser je te sens défaillir ?Pourtant je me tourmenteparce que je t’ai dans le sangEt à chaque instant... fébrile et aimantJe veux baiser tes lèvres.

    Tu es ancrée en moi... Je te sens dans le palpitementbrûlant de mes tempes.Et ardent et fou d’amour... tremblant d’anxiétéDans tes bras, je veux mourir.

    3 . Pas ion alMusique : Jorge Caldara / Texte : Mario Soto / Arrangements : Edelmiro « Toto » Damario

  • 4 . nos talg icoMusique : Julian Plaza

    Full of hopes, someone seeksthe path that the dreamspromised his desiresHe knows the combat is crueland long, but he struggles and bleedsby the faith that inspires him...Someone will crawl among thornsAnd in his desire to give his lovehe suffers and breaks until understandingthat he remained without heart ...The price of punishment one receivesfor a kiss that does not happento a love that's been deceived ...The emptiness of loving and cryingeach betrayal!

    If I had the heart(The heart that I gave up!)If I could, like yesterday,love without having fear...

    Quelqu’un cherche plein d’espérancesle chemin que les rêvesont promis à ses envies Il sait que la lutte est cruelleet qu’elle est longue, mais il lutte et il saignepar la foi qui l’anime...Quelqu’un va se traînant entre les épinesEt dans son désir de donner son amouril souffre et se brise jusqu’à comprendrequ’il est resté sans cœur...Prix du châtiment que l’on reçoitpour un baiser qui n’arrive pasà un amour qui l’a trompé...Vide d’aimer et de pleurerautant de trahison !

    Si j’avais le cœur(Le cœur que j’ai abandonné !)Si je pouvais comme hieraimer sans avoir peur...

    5 . unoMusique : Mariano Mores / Texte : Enrique Santos Discépolo / Arrangements : Gerardo Jerez Le Cam

  • It's possible that your eyesthat cry out to me their tendernessI close them with my kisses...Without thinking that they were like the depraved, those other eyesthat have swallowed up my lifeIf I had the heart...(the same that I lost)If I forgot that yesterdayit broke in pieces... and if I could love you...your illusion, I would wrap it around myselfto cry over your love...

    But God brought you to my destinywithout thinking it's already very lateand that I wouldn't know how to love you...Let me cryas one who suffers, alive,the torture of crying over their own death...Pure as you are, you'd have savedmy hope with your love...One's so alone in its pain...One's so blind in its griefBut a cruel chillwhich is worse than hatredhorrible tomb of my love- the dead centre of souls -cursed and stole from me for forever...all illusion!

    Il est possible que tes yeuxqui me crient leur tendresseje les ferme avec mes baisers...Sans penser qui étaient comme cesautres yeux, les perversceux qui ont noyé ma vieSi j’avais le cœur...(le même que j’ai perdu)Si j’oubliais celle qui hierl’a mis en pièces... et si je pouvais t’aimer...je m’enlacerais à ton illusionpour pleurer ton amour...

    Mais Dieu t’as apportée à mon destin sans penser qu’il est déjà très tardet que je ne saurais comment t’aimer...Laisse-moi pleurercomme celui qui subit, vivant,la torture de pleurer sa propre mort...Pure comme tu es, tu aurais sauvémon espérance avec ton amour...On est si seul dans sa douleur...On est tellement aveugle dans sa peineMais un froid cruelqui est pire que la haine– point mort des âmes –horrible tombe de mon amourm’a maudit pour toujours et m’a volé...toute illusion !

  • I make out the flickeringlights that in the distancemark my returnthey are the same ones that illuminate,by their pale reflections,intense hours of anguish.And even if I didn't want the journey back,one always returns to one's first love.The tranquil street where the echo said:Your life is yours, their love is yoursunder the mocking gaze of the starswhich, with indifference, today see me return.

    Je devine le scintillementdes lumières qui au loinmarquent mon retource sont les mêmes qui illuminèrent,de leur pâles reflets,des heures profondes de douleur.Et même si je n’ai pas voulu le retour,on revient toujours à son premier amour.La rue tranquille où l’écho a dit :Ta vie est à toi, son amour est à toisous le regard moqueur des étoilesqui, avec indifférence, aujourd’hui me voient revenir.

    7. VolVerMusique : Carlos Gardel / Texte : Alfredo Le Pera / Arrangements : Juan José Mosalini

    6 . Bordoneo y 900Musique : Osvaldo Pugliese

    Photo © Olivier Normandin

  • Come backwith faded foreheadthe blizzards of timehave whitened my temples.Sense, that life is a breath,that twenty years is nothing,that the feverish glancewandering in the shadowsseeks you and names you.Live,with the soul hanging onto a sweet memorythat I mourn once again

    I'm afraid of the encounterwith the past which returnsto confront my life.I'm afraid of nightswhich, populated by memories,enchain my dream.But the traveller who fleessooner or later halts their progress.And although the past that destroys everythinghas killed my long-lasting delusionI keep hidden a modest hopewhich is the treasure of my heart.

    Reveniravec le front fanéles neiges du tempsont argenté mes tempes.Sentir, que la vie est un souffle,que vingt ans ce n’est rien,que le regard fébrileerrant dans les ombreste cherche et te nomme.Vivre,avec l’âme accrochéeà un doux souvenirque je pleure de nouveau

    J’ai peur de la rencontreavec le passé qui revient se confronter à ma vie.J’ai peur des nuitsqui, peuplées de souvenirs,enchaînent mon rêve.Mais le voyageur qui fuittôt ou tard arrête sa marche.Et bien que le passé qui détruit toutait tué ma vieille illusionJe garde cachée une humble espérancequi est toute la richesse de mon cœur.

  • 8 . regreso al aMorMusique : Astor Piazzolla

    Photo © Yassine Hamrouni

  • 10 . dec ar is iMoMusique : Astor Piazzolla

    ...The blood starts to gushIts bubbling is its bedrockIt leaves life and flowsAnd arises once moreThe voice of liberty!

    In the pond where face downfell a woman of the peoplemowed down by bulletswhile putting out her washing to dryThe voice of liberty!

    Excerpt from an unpublished poem by Miguel Angel Asturias, given by Madame Asturias to CRICCAL, Sorbonne Nouvelle - Paris 3. It appeared In CRICCAL'S academic journal published in 1986: “Les poètes latino-américains et la guerre d’Espagne“ (“The Latin American poets and the Spanish Civil War”).

    ... Le sang se met à jaillirSon bouillonnement est son socleIl sort de la vie et courtEt se lève de nouveauLa voix de la liberté !

    Dans la mare où à plat ventreest tombée une femme du peuple que des balles ont fauchéealors qu’elle étendait son linge au solLa voix de la liberté !

    Extrait d’un poème inédit de Miguel Angel Asturias donné par Madame Asturias pour l’ouvrage « Les poètes latino-américains et la guerre d’Espagne », édité au Criccal, Service des publications de la Sorbonne Nouvelle. Paris 3

    9 . l a Voz de l a l iBer tadMusique : Juan José Mosalini / Texte : Miguel Angel Asturias / Arrangements : Leonardo Teruggi

    Photo © Yassine Hamrouni

  • I'll die in Buenos Aires at break of day.I'll peacefully arrange the things in my life;My humble poetry of combats and farewells,My tobacco, my tango, my fistful of melancholy,I'll put on my shoulders the mantle of dawnAll of it;I'll not drink my last-but-one whisky;My death, drunk with love, will arrive like a tango, I'll die, just as six o'clock strikes.

    Since God today no longer thinks about me,I'll walk to oblivion rue de Santa Fé,Until the corner where you already await me,Completely enveloped in sadness down to your toes!Hold me very tight, I hear deep in meSome deaths, ancient deaths,Assaulting what I loveLet's leave, my loveThe day is breaking... Don't cry.

    Je mourrai à Buenos Aires au lever du jour.Je rangerai tranquillement les choses de ma vie ;Mon humble poésie d’adieux et de combats,Mon tabac, mon tango, ma poignée de spleen,Je poserai sur mes épaules le manteau de l’aubeToute entièreJe ne boirai pas mon avant-dernier whisky ;Ma mort, ivre d’amour, arrivera comme un tango,Je mourrai, juste quand sonneront six heures.

    Puisque Dieu aujourd’hui ne songe plus à moi,Je marcherai vers l’oubli rue de Santa Fé,Jusqu’à l’angle où tu m’attends déjà,Tout enveloppé de tristesse jusqu’aux pieds !Serre-moi fort, j’entends au fond de moiDes trépas, des trépas anciens,Agressant ce que j’aimePartons mon amour...Le jour va naître... Ne pleure pas !

    11. Bal ada Para M i Muer teMusique : Astor Piazzolla / Texte : Horacio Ferrer / Arrangements : Gustavo Gancedo

  • 12 . M i longa Para dosMusique : Juan José Mosalini

    Je mourrai à Buenos Aires au lever du jour,A l’heure où meurent ceux qui savent mourir ;Dans mon silence flottera le spleen parfuméDe ce vers que je n’ai jamais pu te dire.Par les rues, je marcherai longtemps...Et là-bas, place de France,Comme les ombres échappées d’un ballet fatigué,Répétant ton nom dans une blanche rue Les souvenirs me quitteront sur la pointe des pieds.

    Je mourrai à Buenos Aires au lever du jour.Je rangerai tranquillement les choses de ma vie ;Mon humble poésie d’adieux et de combats,Mon tabac, mon tango, ma poignée de spleen,Je poserai sur mes épaules le manteau de l’aubeToute entièreJe ne boirai pas mon avant-dernier whisky ;Ma mort, ivre d’amour, arrivera comme un tango,Je mourrai, juste quand sonneront six heures.Quand sonneront six heures.Quand sonneront six heures.

    I'll die in Buenos Aires at break of day,At the hour when those die who know how to die;In my silence will float the fragrant melancholyOf this verse I was never able to recite to you.By the streets, I'll walk a long while...And there, place de France,Like the escaped shadows of a tired ballet,Repeating your name in a white streetThe memories will leave me on the tips of their toes.

    I'll die in Buenos Aires at break of day.I'll peacefully arrange the things in my life;My humble poetry of combats and farewells,My tobacco, my tango, my fistful of melancholy.I'll put on my shoulders the mantle of dawnAll of it;I'll not drink my last-but-one whisky;My death, drunk with love, will arrive like a tango, I'll die, just as six o'clock strikes.When six o'clock strikes.When six o'clock strikes.

  • 14 . aPret on adosMusique : Juan José Mosalini

    These are the drums of fire that come from the high seasTheir hearts blazing to the rhythm of the districtEh, oh, eh... I return to Laferré *

    Like the pulse of a childLike love for the lightA bird in exile dreams of returning to the SouthEh, oh, eh... I return to Laferré

    It seems the immense miseryof Latin America is going to increaseThe drums of the north are going to gobble upwhat little remains of the grassEh, oh, eh...

    With the look of a child who went out to begThe heart of this world started to staggerEh, oh, eh... started to stagger

    The drums of return start to roll outThe unknown rhythms of the other side of the seaEh, oh, eh... of the other side of the sea

    13 . los taMBores del ret ornoMusique & texte : Gerardo Jerez Le Cam

    Ce sont les tambours de feu qui viennent de la haute merLeurs cœurs s’enflamment au rythme du faubourgEh oh eh... je reviens à Laferré *

    Comme le pouls d’un enfantComme l’amour pour la lumièreUn oiseau en exil rêve de revenir au SudEh oh eh... je reviens à Laferré

    Il semble que l’immense misèrede l’Amérique latine va s’étendreLes tambours du nord vont boufferle peu d’herbe qu’il va resterEh oh eh...

    Par le regard d’un enfant qui sortit pour mendierLe cœur de ce monde s’est mis à bégayerEh oh eh... s’est mis à bégayer

    Les tambours du retour se mettent à roulerLes rythmes inconnus de l’autre côté de la merEh oh eh... de l’autre côté de la mer

    *Quartier de Buenos-Aires / A district in Buenos-Aires

    Remerciements à Francia Garcia Ficheux, pour sonaide sur les traductions de l’espagnol au français.Thanks to Francia Garcia Ficheux, for her helpin the translations from Spanish to French.

  • Heavy, suddenly they feel heavyThe velvet sheets of your bedI forget all, even our love

    Heavy, suddenly they feel heavyYour arms which embrace meAnd I await the night.

    A ship departsIt's going somewhereSome people separateAnd I forget, I forget...

    Later, somewhere else, in a mahogany barSome violins play again for usOur melody, I forget...

    Later, in this bar, cheek to cheekYou become hazy and I forget, I forget...Short, the time seems shortThe clock counting down on our nightsWhen I forget to go to our love

    Short, the time seems shortWhen your fingers roam all overThe line of my life...

    Without a glanceSome lovers lose their wayOn a railway platformAnd I forget, I forget...

    Lourds, soudain semblent lourdsLes draps de velours de ton litQuand j’oublie jusqu'à notre amour...

    Lourds, soudain semblent lourdsTes bras qui m’entourentEt j'attends la nuit

    Un bateau partS’en va quelque partDes gens se séparentEt j’oublie, j’oublie...

    Tard, autre part dans un bar d’acajouDes violons nous rejouentNotre mélodie, j’oublie...

    Tard, dans ce bar dans un joue contre joueTout devient flou et j’oublie, j’oublie...Court, le temps semble courtLe compte à rebours de nos nuitsQuand j’oublie jusqu’à notre amour...

    Court, le temps semble courtQuand tes doigts parcourentMa ligne de vie...

    Sans un regardDes amants s’égarentSur un quai de gareEt j’oublie, j’oublie...

    15 . oBl i V ionMusique : Astor Piazzolla / Texte : Angela Tarenzi

  • dern

    ières

    paru

    tions

    • Sirventés AC.158Manu Théron, Youssef Hbeisch et Grégory Dargent s’emparent avec fougue de la poésie contestataire du XIIIe siècle. Ce trio énergique et passionné a choisi de respecter, en les développant ou en s’en inspirant, les mélodies originales et les poésies occitanes, consignées par les derniers troubadours. Voyage en terre occitane rebelle.

    • SirventésManu Théron, Youssef Hbeisch et Grégory Dargent are totally passionate about the protest poetry of the thirteenth century. In developing or being inspired by such original melodies and Occitan poetry, this energetic and passio-nate trio chose to keep within the bounds of what had been committed to paper by those last troubadours. Travel to the rebel land of Occitan.

    • Barbara - Fairouz AC.159Dorsaf Hamdani explore l’héritage de la chanteuse libanaise Fairouz, rossignol de l’Orient, et de Barbara,la dame brune française. Mélodies nées au Liban ou en bord de Seine semblent être du même matériau.Une création inédite sous la direction musicale de Daniel Mille.

    • Barbara - FairouzDorsaf Hamdani explores the legacy of Lebanese singer Fairouz, nightingale of the East, and Barbara,the French chanteuse. Melodies and texts originating in Lebanon and the banks of the Seine that seemto have so much in common. An original creation under the musical direction of Daniel Mille.

    • Éperdument... AC.160Alireza Ghorbani puise aux racines de la musique classique persane tout en renouvelant le genre.Il reprend les textes des grands poètes persans classiques tels Rumi, et des auteurs contemporains(Mohammad Reza Shafie Kadkani, Fereydun Moshiri) sur les compositions originales de Saman Samimi.

    • Lost in loveAlireza Ghorbani draws on the roots of Persian classical music while renewing the genre.Texts of great classical Persian poets like Rumi and contemporary authors (Mohammad RezaShafie Kadkani, Fereydun Moshiri) set to music with original compositions by Saman Samimi.

    • Souffles du monde AC.154Avec souffles du monde, les flûtes d’henri tournier dialoguent avec les grandes voix du monde.Dorsaf Hamdani, Alireza Ghorbani, Pronab Biswas, Ustad Farida Mahwash, Abida Parveen, EnkhjargalDandarvaanchig alias Epi, Etsuko Chida, Anne-Marie Lablaude, Dominique Vellard, Carole Hémard.

    • Breath of the World With souffles du monde, the flutes of henri tournier dialogue with great voices of the world.Dorsaf Hamdani, Alireza Ghorbani, Pronab Biswas, Ustad Farida Mahwash, Abida Parveen,Enkhjargal Dandarvaanchig, Etsuko Chida, Anne-Marie Lablaude, Dominique Vellard, Carole Hémard.

  • • Publications Accords Croisés

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    • Aguaenlaboca AC.155Maria Berasarte a ouvert une voie inédite en chantant le fado en espagnol, sa langue natale.Une musique résolument ibérique, au-delà du fado.

    • AguaenlabocaMaria Berasarte made a breakthrough by chosing to sing fado in Spanish, her mother tongue.This is a journey beyond fado, through a truly Iberian music.

    • Tangos Pendientes AC.145Debora RussUne belle sélection de tangos classiques, interprétés par la voix envoûtante de Débora Russ, accompagnéede Victor Villena au bandonéon, Alejandro Schwartz à la guitare et Mauricio Angarita à la contrebasse.

    • Tangos PendientesInspired by the three legacies of classical Arabic song: the virtuosity of Oum Kalsoum,the high-pitched notes of Fairouz, the sentimental depth of Asmahan, Dorsaf Hamdani affirmsherself as one of the great voices of the Arab world today.

    • Qawwali flamenco AC.152.53 Faiz Ali Faiz, Duquende et Miguel PovedaUne création exceptionnelle, fruit de la rencontre entre deux grandes expressions vocales :le Flamenco de Duquende, Miguel Poveda et Chicuelo et le Qawwali de Faiz Ali Faiz.

    • Qawwali flamencoFaiz Ali Faiz, Duquende and Miguel Poveda.An exceptional creation, fruit of the meeting between two great vocal expressions:the Flamenco of Duquende, Miguel Poveda and Chicuelo and the Qawwali of Faiz Ali Faiz

  • • Trio Chemirani invite AC.143Le trio familial met en évidence l’esprit d’ouverture qui le caractérise en invitantles artistes avec qui il a partagé la scène pendant toutes ces années : Ballaké Sissoko,Omar Sosa, Renaud Garcia-fons, Ross Daly, Sylvain Luc, Titi Robin.

    • Trio Chemirani inviteThe family trio highlights the openness that characterizes them by inviting artists they have met and played with over the years : Ballake Sissoko, Omar Sosa, Renaud Garcia-fons, Ross Daly, Sylvain Luc, Titi Robin.

    • Ivresses - Le Sacre de Khayyam AC.142Un bel hommage au poète perse Omar Khayyam et à ses fameux quatrains,les « Rubayiat » en musique, avec Alireza Ghorbani au chant persan et Dorsaf Hamdaniau chant Arabe sur des compositions d’Ali Ghamsary.

    • Rapture - The Rite of KhayyamA great tribute to the Persian poet Omar Khayyam and to his famous quatrains,"Rubayiat" in music, with Alireza Ghorbani in the Persian singing and Dorsaf Hamdaniin the Arabic singing, composed by Ali Ghamsary.

    • TZITZIKIA - Les CIGALES AC.151Katerina Fotinaki - A travers 13 pistes, les chansons que Katerina Fotinaki nous livre danssa langue natale possèdent toutes une grande portée poétique, qu’elle les ait écrites ou empruntées.Avec TZITZIKIA, elle s’impose comme une évidence dans le patrimoine national grec.

    • TZITZIKIA - The CICADASAcross thirteen tracks, the songs Katerina Fotinaki offers us in her native language - whether composedby herself or others - all possess great poetic scope. With TZITZIKIA, she has established herselfas a significant presence and part of Greece’s cultural patrimony.

    • Moliendo café aux Portales AC.105Graciana, surnommée la Negra, perpétue le « son jarocho » du port de Veracruzou se mêlent sons cristallins et poésie populaire. La Negra Graciana joue droit au cœur,et nous invite à la danse.

    • Moliendo café aux PortalesPopularly known as La Negra, the singer and harpist Graciana keeps alive the son jarocho traditional music style of the port of Veracruz which combines a crystalline sound and folk poetry.La Negra Graciana plays to the heart, and invites us to dance.

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  • • La Route musicalede la Soie AC 102.03Un double album nous entraîne sur les multiples chemins de la route de la soie, comme un film d’aventure, de la Méditerranée à l’extrême Orient.

    • The musical Silk RoadA double album takes us along the multiple tracks of the Silk Road like a film of adventure, from the Medi-terranean to the Extreme Orient.

    • Le Mississippi AC 156.57Le Mississippi, second volume de la collection Le chant des fleuves, retrace l’histoire des musiques américaines qui se sont enracinées le long du fleuve : blues, cajun, zydeco, jazz, rock, soul, rap...

    • The MississippiThe Mississippi, the second volume of the collection The song of the rivers, traces the history of the American musics which took root alongside the river: blues, cajun, zydeco, jazz, rock, soul, rap...

    • Le Nil AC 139.40Le chant des fleuves vous propose d’explorer le cours des musiques qui s’épanouissent au bord de ces eaux ancestrales. Le Nil en est le premier volume.

    • The NilThe song of the rivers offers an exploration of the musics that arose by these ancestral waters. The Nile is the first volume.

    Nos coffrets

    • Buenos Aires,une nuit de Tango AC 134.35C’est une sélection de « Buenos Aires, Dias y Noches de Tango ». Donnant l’illusion d’une tournée nocturne, le coffret regroupe ce qu’il y a de plus représentatif du tango actuel.

    • Buenos Aires,the night of TangoThis is a selection from “Buenos Aires, Dias y Noches de Tango”. Organised like a night on the town, the box-set gathers together what is most representative of current tango.