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REVUE BELGE DE NUMISMATIQUE ET DE SIGILLOGRAPHIE BELGISCH TIJDSCHRIFT VOOR NlTMISMATIEK EN ZEGELKUNDE PUBLIÉE SOUS LE HAUT PATRONAGE DE S. M. LE ROI PAR LA socIÊTÉ ROYALE DE NUMISMATIQUE DE BELGIQUE AVEC L'AIDE DE LA DIRECTION GÉNÉRALE DE L'ENSEIGNEMENT, DE LA FORMATION ET DE LA RECHERCHE DU MINISTÈRE DE LA COMMUNAUTÉ FRANÇAISE ET OU MINISTERIE VAN DE VLAAMSE GEMEENSCHAP U1TGEGEVEN ONDER DE HOGE BESCHERM ING VAN Z. M. DE KONING DOOR HET KONINKLIJK BELGISCH GENOOTSCHAP VOOR NUMISMA TIEK MET DE FINANCIËLE HULP VAN RET MINISTERIE VAN DE VLAAMSE GEMEENSCHAP EN VAN DE DIRECTION GÉNÉRALE DE L'ENSEIGNEMENT, DE LA FORMATION ET DE LA RECHERCHE DU MINISTÈRE DE LA COMMUNAUTÉ FRANÇAISE DIRECTEURS: PAUL NASTER. MAURICE COLAERT, TONY HACKENS. Luc SMüLDEREN CXXXVII "1991 BRUXELLES BRUSSEL

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REVUE BELGE

DE

NUMISMATIQUEET DE SIGILLOGRAPHIE

BELGISCH TIJDSCHRIFT

VOOR NlTMISMATIEK EN ZEGELKUNDE

PUBLIÉE

SOUS LE HAUT PATRONAGEDE S. M. LE ROI

PAR LA

socIÊTÉ ROYALEDE NUMISMATIQUE DE BELGIQUE

AVEC L'AIDE DE LA DIRECTION GÉNÉRALE DE

L'ENSEIGNEMENT, DE LA FORMATION ET DE

LA RECHERCHE DU MINISTÈRE DE LA

COMMUNAUTÉ FRANÇAISE ET OU

MINISTERIE

VAN DE VLAAMSE GEMEENSCHAP

U1TGEGEVEN

ONDER DE HOGE BESCHERM INGVAN Z. M. DE KONING

DOOR HET

KONINKLIJK BELGISCHGENOOTSCHAP VOOR NUMISMA TIEK

MET DE FINANCIËLE HULP VAN RET

MINISTERIE VAN DE VLAAMSE GEMEENSCHAP

EN VAN DE DIRECTION GÉNÉRALE DE

L'ENSEIGNEMENT, DE LA FORMATION ET

DE LA RECHERCHE DU MINISTÈRE

DE LA COMMUNAUTÉ FRANÇAISE

DIRECTEURS:

PAUL NASTER. MAURICE COLAERT,TONY HACKENS. Luc SMüLDEREN

CXXXVII "1991

BRUXELLES BRUSSEL

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THIERRY VERMEEREN (*)

LE TYPE LEGIO DANS LE MONNAYAGE

DE SEPTIME SÉVÈRE

(Pl. IV)

INTRODUCTION

En tant que premier utilisateur du support monétaire, quel quesoit son type, l'armée est étroitement liée à la conception et à lasignification du message monétaire ainsi qu'à son iconographie quin'est qu'une autre forme d'expression d'une même réalité. A cetégard, il est intéressant de souligner que des études récentes mon­trent clairement que l'armée romaine n'était pas composée d'anal­phabètes. Cette hypothèse est bâtie notamment sur la présence,dans certains cantonnements, d'un nombre impressionnant d'os­traka, dont l'analyse graphique révèle qu'ils appartenaient à ungrand nombre d'individus (1).

Le type purement militaire que nous avons choisi d'analyser ici,malgré son caractère exceptionnel et par-là même intéressant, a trèspeu retenu l'attention des savants. En effet, l'historiographiemoderne qui a rarement abordé la quête du sens, s'est désintéresséedes ensembles les moins représentatifs du point de vue quantitatif.C'est pourquoi, exception faite d'un court article sous la plume de C.Oman (2), consacré aux monnaies légionnaires de Septime Sévère etde Gallien, personne n'a réalisé l'importance de cette partie du mon­nayage sévérien. Notre but n'est donc pas de faire l'étude quantita-

(*) Assistant à l'Université Catholique de Louvain.(1) B. GALSTERER, Die Graffite auf der rômischen Geîësskeromik aus Haliem,

Münster, 1983; Y. LE 'BOHEC, L'armée romaine, Paris, 1989, p.248.(2) C. OMAN, On the Coins of Seuerus and Gallienus Commemorating the Roman

Legions, dans Ne, 4th series, 18, 1918, p.80-96.

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66 TH. VERMEEREN

tive et charactéroscopique de ce type (3), mais plutôt de nous atta­

cher à le décrire, à analyser ses composantes épigraphiques et ico­nographiques. afin de mettre en lumière son intérêt de source histo­rique et lui rendre sa place véritable au sein de la numismatique

impériale.C'est avec la fin mouvementée de la République et l'apparition de

conflits causés par l'intérêt personnel qu'apparaissent pour la pre­mière fois les types légionnaires (4). Ils se répéteront tout au long del'Empire au cours de circonstances historiques tragiques où l'arméejoue un rôle prépondérant. On ne dénombre toutefois que sept occa­sions pour lesquelles on a eu recours au type LEG10 (5), ce sont par

ordre d'importance:

Les aurei et les deniers frappés par Marc Antoine pour 30

légions.Les antoniniens frappés par Gallien pour 17 légions.Les aurei, les deniers et les sesterces frappés par SeptimeSévère pour 15 légions.

- Les monnaies d'or frappées par Victorinus pour 14 légions.Les monnaies de bronze frappées par Carausius pour 9légions.Les deniers frappés par Clodius Macer pour 2 légions.La monnaie de bronze frappée par Allectus pour une légionseulement (6).

(3) Nous réalisons par ailleurs cette partie du travail dans une thèse consacrée

au monnayage de Septime Sévère. sous la direction du professeur Hackens, àl'Université Catholique de Louvain.

(4) Le type Legio n'est qu'un des types militaires parmi d'autres: Fides mili­

ium, Concordia mililum, Victoria, ....(5) Pour être complet, il est nécessaire d'ajouter à ces séries une monnaie

d'argent de la X'V I" légion, faussement attribuée à Auguste et qui date en réalitéde 68-69, ainsi qu'un exemplaire en argent d'Antoine vraisemblablement restituépar Marc Aurèle et frappé pour la Vl" légion; BMC, l, p.56, note et BMC, IV,p. 456, n° 500-501.

(6) J .-M. DOYEN, L'atelier de Milan, recherche sur la chronologie el la politique

monétaire des empereurs Valérien et Gallien, Thèse de doctorat inédite, Louvain­la-Neuve, 1989, p. 150-204; C. OMAN, The Legionnary Coins of Viclorinus, Carau­

sius and Allecius, dans NC, 5lh series, 4, 1924, p. 53-68; A. BURNETT, The Coi­nage of Allectus, Chronology and Interpretation, Londres, 1985, p.37.

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LE TYPE LEGIO

LE TYPE LEGIO AVANT SEPTIME SÉVÈRE

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1. Marc Antoine

A la veille de la bataille d'Actium, qui eut lieu le 2 septembre 31av. J.-C., Marc Antoine émit une importante série de monnaieslégionnaires (7). Pressé par le temps et par la nécessité, le général fitfrapper monnaie afin de payer son immense armée. On nedénombre pas moins de trente légions dans ce monnayage, ce quireprésente une force d'environ 150.000 hommes. Comparée auxchiffres avancés par Plutarque (8), cette estimation semble tout à

fait raisonnable. Cet auteur prête à Antoine une armée de 100.000fantassins et de 12.000 cavaliers, ainsi qu'une flotte de quelque 500vaisseaux.

Nous sommes en mesure, grâce aux monnaies, de passer en revuecette armée dans le détail. Nous pouvons confronter leur enseigne­ment aux autres sources, ce qui se révèle très intéressant du point devue de la critique historique, surtout lorsque l'on sait que certainsauteurs antiques sont suspects d'exagérer systématiquement leschiffres qu'ils nous transmettent. Voir tableau 1.

TABLEAU 1

Composition de l'armée de Marc Antoine d'après son monnayage

N° + NOM + CORPS SP. N° N°

LEG IONIS PRI(mae) LEG II LEG XIVLEG III LEG XVLEG IV LEG XVI

LEG XII ANTIQVAE LEG V LEG XVII

LEG XVII CLASSICAE LEG VI LEG XVIIILEG VII LEG XIX

LEG XVIII LIBYCAE LEG VIII LEG XX

CHORTIVM LEG IX LEG XXIPRAETORIARVM LEG X LEG XXII

LEG XI LEG XXIIILEG XII LEG XXIV

CHORTISSPECVLATORVM LEG XIII LEG XXV

LEG XXX

(7) M. CRAWFORD, Roman Republican Goinage, I, Cambridge, 1974, n"544, 1-39.(8) Plutarque, Antoine, 61.

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Les numismates ont âprement discuté de la datation des mon­naies d'Antoine. Dans un premier temps, ils ont échelonné cettesérie sur une période allant de 39 à 31 av. J.-C. (9) et, dans un secondtemps, après avoir mis en exergue l'argument de l'unité stylistique,ils ont opté pour une émission unique qui aurait constitué la soldedes troupes avant l'affrontement final entre Marc Antoine etOctave. Le lieu de frappe, qui n'est pas encore connu avec certi­tude, pose également problème. En effet, bien que le style soit pure­ment oriental et que l'unité du monnayage semble indiquer uneorigine unique, la localisation à Éphèse, dans ce qui semble être unatelier de fortune, est encore sujette à caution.

Les trente légions attribuées par l'historiographie traditionnelle àAntoine se retrouvent dans le monnayage de façon quelque peumitigée. En effet, comme on peut le constater dans le tableau l , leslégions II à XXV/XXX sont mentionnées par leur numéro seul; àcôté de cela, la 1ère légion voit son numéro indiqué en lettres et leslégions XII ANTIQVAE, XVII CLASSICAE et XVIII LIBYCAEvoient apparaître leur nom et leur numéro.

Partant de là, deux hypothèses peuvent être envisagées. La pre­mière, émise par Babelon (10), qui affirme avoir vu des monnaies deslégions XXVI, XXVII, XXVII 1 et XXIX, porterait à croire queles numéros 1 à XXX sont représentés et que les trois légions dont lenom est mentionné sont une redite visant à un honneur supplémen­taire. La seconde, qui a vu le jour sous la plume de Lenormant (11),propose que les quatre numéros absents ne sont tout simplement pasattribués, comme c'était le cas pour les numéros ayant été portéspar des corps décimés au combat, et que les trois noms sont indiquésin extenso pour éviter une confusion entre différents corps portant lemême numéro mais un nom différent. Ce qui reviendrait à dire que29 légions seulement sont représentées. Il ne nous importe pas detrancher le problème ici.

Deux corps particuliers sont également mentionnés sur ce typemonétaire, il s'agit des cohortes prétoriennes (choriium praeioria­rum) et des cohortes spéculatoriennes (chortis speculaiorum). Lespremières citées, à la différence du corps impérial du même nom,

(9) A. DE SALIS, Notice, Zürich, 1947.(10) E. BABELON, Monnaies de la république romaine, I, Paris, 1885, p.204.(11) F. LENORMANT, La monnaie dans l'Antiquité, II, Paris, 1887, p.355.

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forment la garde personnelle du général (12). Elles sont composéesde vétérans et d'equites extraordinarii qui accompagnent le généraldans tous ses déplacements. Le second corps a un rôle essentielle­ment logistique: il se compose de messagers rapides, d'éclaireurs etd'unités de liaison.

Le droit, qui se place dans la plus pure tradition républicaine,présente une galère à droite avec des rames; un étendard légion­naire est placé à la proue du navire. La légende ne varie pas aucours de l'émission:

ANT AVG(ur)IIIVIR R(ei)P(ublicae) C(onsUtuendae)

Il est intéressant de souligner la volonté explicite du général d'af­ficher à l'avers une caractéristique propre à son armée: la valeur desa flotte, alors qu'on aurait été en droit de s'attendre à sa propreeffigie. Ce qui témoigne d'une volonté nette de faire référence à unepériode antérieure où le droit des monnaies n'était pas considérécomme le véhicule de l'ambition personnelle.

Le revers est décoré de trois enseignes, l'aigle de la légion (aqui/a),est entouré de deux enseignes légionnaires (signa). L'aigle qui esttourné vers la droite est posé sur une hampe, il a les ailes déployéeset tient un foudre dans ses serres. Il est représenté de façon inva­riable dans tout le monnayage. Les signa répondent au même sté­réotype ; le gauche et le droit ne présentent aucune différence. Ils secomposent, en partant du bas, d'une ou de deux barres horizontales,d'un croissant de lune et de trois phalères de taille de moins enmoins importante. Le croissant de lune, dont les extrémités sontdirigées vers le haut, fait corps avec la phalère inférieure. Cettedisposition n'a rien d'exceptionnel dans l'iconographie militaire: ilsemble bien qu'il soit en rapport avec le caractère magique conférédepuis son origine à ce symbole (13). Il devait représenter le soleil etla lune auquel se substitua avec le temps la représentation de l'orbisromana. La médiocrité de l'iconographie et le manque de variétédans la représentation des enseignes témoignent sans aucun douted'une volonté délibérée d'unité. Seules les cohortes spéculatoriennessont gratifiées d'une iconographie légèrement différente. En effet,

(12) Pour plus de détails: M. DURRY, Les cohortes prétoriennes (BEFAR, 146),Paris, 1938.

(13) A. N. ZADOKS et A. WI'ITEVEEN, Roman Bronze Lunulae, dans OMRO,58, 1977. p.167-196.

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leur revers est décoré de trois enseignes légionnaires ornées chacunede trois proues de navires et de deux couronnes. Il est impossible dedonner une explication à ce qui semble correspondre à des donamilitaria, du fait de notre ignorance quasi totale de cette unité logis­tique. A cet égard, nous sommes en droit de nous interroger surl'absence d'une iconographie différente pour les prétoriens, qui onttoujours été un corps de grande importance. La légende varie pourchaque pièce. dans la mesure où nous l'avons souligné plus haut.

LEG (numéro + nom)Seuls six légions et un corps spécial reçoivent l'honneur d'un

monnayage en or, ce sont les Prétoriens et les légionsIVjVljX1IjX II IjX IV jX IX.

Il nous est impossible de comprendre la raison de cette discrimi­nation car nous manquons de données techniques concernant lestroupes de Marc Antoine. Toutefois nous avons de bonnes raisonsde croire que cette réalité n'était pas le fruit du hasard mais aucontraire qu'elle était en rapport étroit avec la qualité de la légion.En cette période économique difficile, il est impensable qu'unefrappe en or ne soit pas une récompense de très haut niveau.

Du point de vue du métal, ces monnaies appellent plus d'uneremarque. En effet, il n'est pas rare de rencontrer des exemplairesfourrés, et dans la majeure partie de cas, le niveau de fin de ce typeest inférieur à la normale. Ce qui tend bien à montrer que cetteémission a été frappée à la hâte et n'était pas destinée à circuler trèslonguement, bien que dans la réalité, force est de constater qu'il en aété autrement. Il faut souligner qu'un certain nombre de monnaieséchappent à cette règle. Ce sont celles qui représentent les cohortesprétoriennes, les cohortes spéculatoriennes et les trois légions quiont leur nom mentionné en entier (14).

Il semble donc bien, que ce soit par la nature du métal, par lepourcentage de fin ou par la présence du nom complet de la légion,que l'imperator ait voulu établir une gradation dans l'honneur renduaux troupes.

Nous retiendrons comme caractéristiques intrinsèques de ce mon­nayage, la mauvaise qualité de son alliage et la rareté des espèces enmétal précieux, la connotation d'urgence qui accompagne sa frappe,le caractère paradoxal de la propagande qu'il véhicule et, pour ter-

(14) H. MA1ïlNGLY, Coins of the Roman Republic in the British Museum, II,Londres, 1970 (Édition revue), p.527 note 3.

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miner, la possibilité d'une gradation dans les honneurs marquée parle choix du métal, le pourcentage de fin, l'iconographie et la naturede la légende du revers.

2. Clodius Macer (15)

En 68 ap. J .-C., Clodius Macer, Legatus Augusti Pro PraetoreAfricae, profite du climat politique tendu pour se révolter ouverte­ment contre Néron. A la tête de la LEG10 III AVGVSTA, seuleforce militaire digne de ce nom présente en terre africaine, à laquelleil ajoute la LEGIO 1 MACRIANA, levée sur place en cours de cam­pagne, ainsi qu'un certain nombre de cohortes auxiliaires, le dissi­dent s'empare de Carthage où il s'établit et frappe monnaie. D'au­cuns lui prêtent même l'intention de s'emparer de la Sicile, ce quisemble confirmé par les monnaies. Toutefois. après quelques moisd'intrigues locales, Clodius Macer refusant de prêter serment d'allé­geance à Galba et faisant peser une menace sur l'approvisonnementen céréales de Rome, sera fait prisonnier et exécuté (l6). La LEG101 MACRIANA sera dissoute alors que la LEGIO III AVGVSTAsera maintenue, bien qu'ayant sans doute été sévèrement punie.

Les deniers qui composent exclusivement cette série portent audroit une légende qui varie dans trois registres. L'iconographie dudroit est consacrée à quatre types d'allégories qui sont soit en rap­port avec l'origine africaine de l'émission, soit en rapport avec sonstatut non officiel (voir tableau 2) (1'). Ces registres sont:

- L C(LOD1) MACR1 SC- L C(LODI) MACRI CARTHAGO SC- L CLODI MACRI LIBERA(TRIX) SC

À l'instar d'Antoine, Clodius Macer en revient à la tradition répu­blicaine de mettre une allégorie au droit. Par ce biais. il afficheclairement une propagande qui n'a rien de personnel. Bien aucontraire, par la présence de l'allégorie de l'Afrique d'une part etpar celle de la victoire et de la liberté d'autre part, le légat témoignede son désir de rompre avec un empereur corrompu qui mène l'Em-

(15) H. MA'ITINGLY, E. SYDENHAM, The Roman Imperial Coinaqe, I, Londres,1984, éd. révisée par C.H.V. SUTHERLAND, p.188-189; K. V. HEWITT, The Caî­nage of Clodius Macer (AD 68), dans NC, 143, 1983, p.64-80.

(16) Tacite, tu«. r, 73 et 1, 97; Plutarque, Galba, 13.(17) MATTINGLY, op. cii., p.189.

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pire au désastre. Il fait abstraction de sa propre personne en affi­chant les doléances d'une province ô combien grugée par l'Étatromain.

TABLEAU 2

Allégories dans le monnayage de Clodius Macer

DROIT REVERS

AFRICA LEG 1LEG III

LION LEG 1LEG III

VICTOIRE LEG IIILIBERTÉ LEG 1

Le revers est beaucoup plus caractéristique: il reprend la théma­tique employée pour la première fois par Marc Antoine un siècleauparavant et qui présente l'aigle de la légion entre deux étendardsmilitaires. Les piètres représentations des enseignes qui décorent sesmonnaies témoignent de la rapidité de leur exécution. Elles repren­nent les mêmes distinctions que les monnaies d'Antoine et il n'estpas faux de penser, malgré la distance qui les sépare dans le temps,que celles-ci s'inspirent directement du monnayage républicain. Lalégende MACRIANA LIB LEGI 1 ou LIB AVG LEG III ne variepas.

Le monnayage de Macer, qui a eu cours essentiellement enAfrique (1B), n'a pas eu un an d'existence, à l'image du pouvoir deson inspirateur. Il comprend pourtant quatre séries qui nous inté­ressent directement. Il s'agit d'un monnayage honorifique frappé àl'intention de la première et de la trois~ème légion. L'étude récenteréalisée par K. V. Hewitt (19) sur ce monnayage, dont seulementquelques exemplaires ont survécu jusqu'à nous, nous a inspiré quel­ques réflexions:

- La présence au droit de l'allégorie de l'Afrique et de la tête delion, symboles bien connus de la province, apparaît clairementcomme un élément de propagande régionale, visant à galvaniser lemoral des troupes. D'autre part, l'association de la 1ère légion levéepar Clodius Macer avec l'allégorie de la liberté et le titre LIBERA-

(18) On trouve des exemplaires de ces deniers notamment en Espagne, M.CRAWFORD, op. cil., n° Il, 23, 24, 40.

(19) K. V. HEWITT, op. cil., dans Ne, 143, 1983.

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TR IX fait clairement référence à la révolte contre Néron alors quecelle de la victoire et de la Ille légion fait référence à son esprit decorps et à son passé militaire.- La faible qualité des monnaies, paradoxale pour cette époque,apparaît dans le mauvais ajustage des coins, le caractère fruste del'iconographie, le nombre considérable d'erreurs et la variation inex­plica~,~e et importante du poids. Ces éléments font penser à uneémission réalisée par un atelier provincial peu habitué à une frappeaussi intensive dans une situation de nécessité profonde.- La proportion élevée de monnaies militaires au sein de cet en­semble tend à montrer que celle-ci était destinée, pour une partieimportante, à la paie des légionnaires, alors que les types civilsdevaient servir de [acto à payer le salaire des fonctionnaires.- Il est intéressant de souligner que le rapport 5/2 qui existe entreles monnaies frappées pour la 1ère et pour la IIr légion témoignepeut-être de l'importance de leurs effectifs respectifs, car il est clairqu'un contingent levé en cours de campagne ne devait pas appro­cher, loin s'en faut, le nombre d'hommes d'une légion de ligne (20).

LE TYPE LEGIO sous SEPTIME SÉVÈRE

A. Historique(21)

La mort violente de Commode au crépuscule de l'année 192 ap.J.-C., relayée par les règnes désastreux de Pertinax et de DidiusJulianus, semblait entériner pour l'Empire romain une décadencerapide et complète due pour une bonne part à l'incapacité des diri­geants et à la cupidité des militaires. Suite à sa nomination auPrincipat par les troupes de Pannonie aux ides d'avril 193, dans descirconstances qui ne sont pas sans rappeler la crise de 69, SeptimeSévère redresse la barre en quelques années et ouvre aux Romainsde nouvelles perspectives de conquêtes et d'assainissement interne.

(20) HEWI'TT, p.66.(21) E. BIRLEY, Septimius Seuerus, Londres, 1971; A. DE CEULENEER, Essai

sur la vie et le règne de Septime Sévère, Bruxelles, 1880; G. J. MURPHY, The Reignof the Emperor L. Septitnius Seoetus from the Evidence of the Inscriptions, Phila­delphie, 1955; M. PLATNAUER, The Lire and Reîgn of Septimius Seuerus, Oxford,1918; Th. VERMEEREN, Monnaies et rémunérations à l'époque de Septime Sévère,Mémoire inédit, licence en archéologie et histoire de l'art antique, Louvain-la­Neuve, 1988, Cff Revue des archéologues et historiens d'art de Louvain, 21, 1988,p.223.

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74 TH. VERMEEREN

Dans un premier temps, il faut souligner l'extrême minutie ducoup d'état organisé par l'ex-légat de Pannonie. Les historiensmodernes ne sont plus dupes du silence des sources et s'accordent àpenser que ce projet était mûri de longue date. Il semble même queSévère ait déjà joué un rôle dans l'assassinat de Commode qu'il ahabilement dissimulé en réhabilitant à titre posthume la mémoirede son prédécesseur. Mais Sévère attend le moment propice pour serévéler à ses ennemis. Il laisse d'abord Pertinax, un compétiteurgênant, car populaire au sein de l'armée, se fatiguer au pouvoir, afinde prendre les mesures des changements à apporter et des périls àsurmonter. A peine se sent-il prêt qu'il se dresse à l'avant de l'échi­quier politique, sur des positions fortes qui le mettent à l'abri deserreurs qui ont coûté la vie à ses prédécesseurs. Une fois proclaméempereur, il marche sur Rome pour en déloger Julianus, afin quecelui-ci ne puisse pas disposer du temps nécessaire pour préparerune contre-offensive dont il semble, somme toute, bien incapable.Les légions de l'Est sont prêtes au combat, aguerries par de nom­breuses échauffourées frontalières, le ravitaillement est disponible etun grand nombre de complicités sont achetées. En un mot, despréparatifs longs et minutieux ont précédé l'entrée en campagne deSeptime Sévère qui n'a rien laissé au hasard. En homme rusé etintelligent et surtout en militaire au fait des tactiques les plus avan­cées, il est conscient qu'il doit frapper vite et fort s'il veut évincerses concurrents. C'est ce qu'il fait.

Dès son entrée à Rome en juin de la même année, il entreprend unnettoyage en profondeur du Sénat. Ses adversaires sont passés au filde l'épée sans aucune forme de procès. En fait, il pose les jalons desa future politique qui le mettra sur la voie du despotisme militaire.Cependant, il est conscient que l'indéniable efficacité d'un tel sys­tème cache un caractère extrêmement dangereux. En effet, seuleune armée digne de confiance peut lui permettre de réaliser à termeses objectifs. Et avec l'armée romaine, pourrie par ses prédéces­seurs, on est vraiment loin du compte.

L'éviction des Prétoriens et leur bannissement pur et simpled'Italie centrale est une mesure qui a fait couler beaucoup d'encre etqui a été très mal reçue par les auteurs anciens, car ils lui attribuentla dépravation de la jeunesse italique ·et la barbarisation du plusprestigieux des corps de l'armée romaine. En fait, il s'agit d'unpréalable nécessaire à toute réforme de fond, car les Prétoriensreprésentaient une sorte de majorité de blocage qu'il fallait sans

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cesse se concilier par des pots-de-vin toujours plus exorbitants. Sé­vère a choisi l'unique alternative, le remplacement net et sans ba­vure de ces troupes d'élite corrompues et irrécupérables par dessoldats issus du rang dont il a pu éprouver l'ardeur au combat etsurtout dont la fidélité lui était acquise d'avance.

Le donalivum de 250 deniers concédé aux légionnaires à l'occasionde l'entrée de Sévère à Rome illustre parfaitement la situation.

Dans un premier temps, les soldats réclament 2500 deniers, selonl'usage établi. Dans un second temps, l'empereur, peu enclin à tom­ber dans le même engrenage que ses prédécesseurs, met un frein enversant 10% de la somme exigée. Cependant. pour faire acceptercette décision que sa popularité seule ne pouvait soutenir, Sévèreadopte un certain nombre de mesures qui modifient profondémentle statut social des militaires (22). Nous retiendrons parmi celles-ci:une augmentation de 33% de la solde qui sera à nouveau réévaluéesous Caracalla en 212 (23) ; la création de l'annona militaris qui prendplace au début du Ille siècle et qui entérine la fin des retenues invictum (24) j le droit au mariage légal, qui modifie le statut juridiquedes militaires et de leur famille; la création de collèges militaires auplus bas de la hiérarchie militaire; et enfin, la permission de porterl'anneau d'or. Cette dernière mesure qui ne doit pas être prise à lalégère ouvre à elle seule de nouvelles perspectives à la carrière desarmes. En effet, par cette marque les soldats peuvent accéder àl'ordre équestre et espérer, après leur service, atteindre des magis­tratures civiles, ce qui est entièrement neuf pour les militaires quiétaient dans un secteur d'activité bien défini et ne souffrant aucundébordement. L'ensemble de ces mesures apportent des change­ments sans précédent dans la façon d'envisager la carrière desarmes. Elles la rendent non seulement plus attrayante par un biaispurement économique, mais surtout elles l'intègrent d'une façon

(22) E. BIRLEY, Septitnius Seuerus and the Roman Army, dans EpigraphischeSiudien, 8, 1969, p. 68-82; R. E. SMITH, The Army Reforms of Septimius Seuetus,dans Historia, 21, 1976, p.481-500.

(23) P. A. BRUNT, Pay and Superannuaiion in the Roman Army, dans PBSR,XVIII, 1950, p.50-71; R. DEVELIN, The Army Pay Rises under Benerus andCaracalla, dans Laiomus, XXX, 1971, p. 687-695; J. GUEY, Inscriptions du Il'siècle reLatives à l'annone militaire (CEFR, 55), Rome. 1983, p.56-77.

(24) J .-M. CARRIE, Les finances militaires et Le {ait monétaire dans L'Empireromain tardif. dans Les dévaluations à Rome (CEFR, 37), Rome, 1978, p. 227-248 ;D. VAN BERCHEM, L'annone militaire dans l'Empire romain au Il I' siècle(MSAF), Paris, 1937, p.117-202.

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76 TH. VERMEEREN

entièrement nouvelle à la société romaine par un rapprochementnet, en forçant un respect oublié depuis longtemps. C'est dans cettemouvance nouvelle et dans cette renaissance de l'armée que se placele monnayage qui nous intéresse.

En diplomate avisé, Sévère se ménage une alliance capitale avecClodius Albinus, qui deviendra césar puis auguste.. Disposant desdeux tiers des légions romaines, il ne lui faudra pas longtemps pourvaincre Pescennius Niger, ex-légat de Syrie qui s'était proclaméempereur en Orient dans les mêmes circonstances. Celui-ci, peupressé de rallier Rome et n'étant pas de taille pour lutter avec Sep­time Sévère, sera prestement éliminé. Défait successivement à Cy­zique et à Nicée en 194, il rencontrera son destin à la bataille d'Issosen janvier 195, là-même où quelques siècles auparavant Alexandrele Grand avait écrasé le roi des Perses...

Dans le même temps, Sévère, soucieux d'asseoir la dynastie qu'ilcompte bien installer au pouvoir, proclame son fils Caracalla césaret décide d'évincer Clodius Albinus, seul frein potentiel à son abso­lutisme. Sentant le vent tourner, celui-ci rejoint les légions de Bre­tagne qui le proclament empereur. Malgré ses qualités de soldat, ilne pourra que différer l'issue du conflit. La confrontation finaleaura lieu devant Lyon en février 197 où Albinus et ses légions serontmassacrées sans merci.

Débarrassé de tous ses ennemis, l'empereur achève l'installationde son pouvoir totalitaire et procède à un réaménagement écono­mique et politique qui lui permet de redonner au pouvoir impérial,en l'espace de quelques années, une bonne partie de la crédibilitéqu'il avait perdue au cours des dernières décennies. Les change­ments économiques, bien que mal connus, semblent aller dans le sensd'une remise en ordre des folies débridées des règnes inconscients deCommode et de Julianus. L'évolution des prix, à peine plus rapidequ'au r" siècle et les taux d'intérêts qui s'affichent à la baisse, por­tent à croire qu'il faille reculer de près d'un demi-siècle le début dela crise économique (25).

(25) S. MROZEK, Prix el rénuméraiions dans J'occident romain, Gdansk, 1975;M. CORBIER, Dévaluations el fiscalités, dans Les dévaluations à Rome (CEFR, 37),Rome, 1978, p. 272-309 ; R. DUNCAN-JONES, The Economy of the Roman Empire,Cambridge, 1974.

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LE TYPE LEG10 77

B. Élude du monnayage

1. Catalogue

ND TYPE ATELIER RIC COH LÉGENDE Droit/Revers NOTES

1 AR Rome 2 256 D IMP CAE L SEP SEV PERT AVGR LEG 1 AD IVT TR P COS

2 AR Rome 3 257 D IMP CAE L SEP SEV PERT AVGR LEG 1 ITAL TR P COS

3 AR Rome * 255 D IMP CAE L SEP SEV PERT AVGR LEG 1 ITALICA TR P COS

4 AV Rome 4 258 D IMP CAE L SEP SEV PERT AVGR LEG 1 MIN TR P COS

5 AR Rome 4 259 D IMP CAE L SEP SEV PERT AVGR LEG 1 MIN TR P COS

6 AR Rome 5 260 D IMP CAE L SEP SEV PERT AVGR LEG IT AD IVT TR P COS

7 AR Rome e 261 D IMP CAE L SEP SEV PERT AVGR LEG II ITAL TR P COS

8 AR Rome 7 262 D IMP CAE L SEP SEV PERT AVGR LEG III ITAL TH P COS

9 AR Alex. 174 * D IVLIA DaMNA AVG BudapestR LEG II 1 ITALI TR P COS

10 AV Rome * * D IMP CAE L SEP SEV PERT AVG Cat : PeusR LEG IIII FL TR P COS 1974/12

N" 99011 AR Rome 8 264 D IMP CAE L SEP SEV PERT AVG

R LEG Il II FL TR P COS12 AR Rome 9 265 D IMP CAE L SEP SEV PERT AVG

R LEG V MAC TR P COS13 AR Rome 10 266 D IMP CAE L SEP SEV PERT AVG

R LEG VII CL TR P COS14 AV Rome 11 267 D IMP CAE L SEP SEV PERT AVG

R LEG VIII AVG TR P COS15 AR Rome 11 li> D IMP CAE L SEP SEV PERT AVG

R LEG VIII AVG TR P COS16 AR Émèse 357 ... D IMP CAE L SEP SEV PERT AVG

R LEG VIII AVG TR P COS17 AR Rome 12 268 0 IMP CAE L SEP SEV PERT AVG

R LEG XI CL TR P COS18 AR Rome 13 269 D IMP CAE L SEP SEV PERT AVG (MV)

R LEG XIII GEM MV TR P COS19 AV Rome 14 271 D IMP CAE L SEP SEV PERT AVG

R LEG XlIII GEM MV TR P COS20 AR Rome 14 272 D IMP CAE L SEP SEV PERT AVG

R LEG X II Il GEM MV TR P COS21 AV Émèse 358 ... D [MP CAE L SEP SEV PERT AVG

R LEG X Il II GEM MV TR P COS22 AE Rome 652 275 D IMP CAES L SEPT SEV PERT AVG

R LEG XlIII GEM MV TR P COS SC23 AR Rome 15 277 D IMP CAE L SEP SEV PERT AVG (PRI)

R LEG XXII PRI TR P COS24 AR Rome 17 278 D IMP CAE L SEP SEV PERT AVG VLP ou VL

R LEG XXX VLP TR P COS25 AV Émèse 397 273 D IMP CAE L SEP SEV

PERT AVG COS Il 194 ADR LEG XlIII GEM MV TR P COS

26 AR Émèse 397 274 D IMP CAE L SEP SEV PERT AVGCOS II 194 AD

R LEG X III 1 GEM MV TR P COS

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78 TH. VERMEEREN

2. Légende

- 193 ap. J.-C. Le droit reflète la titulature traditionnelle de l'en­semble du monnayage de cette année.

- IMP CAE(S) L SEP SEV PERT AVG

L'abréviaton IMP correspond au titre d'imperalor qui désigne engénéral le chef de l'armée qui a revêtu l'imperium. Cependant, saposition au début de la titulature lui confère une signification légè­rement différente. En effet, de par la nature même de son pouvoir,l'empereur se voit conférer d'office la plupart des titres tradition­nels, dont certains, comme c'est le cas ici, lui servent de prénom (26).

La seconde partie du titre ne présente rien de remarquable, si cen'est une petite variation du titre CAE(S) sur l'unique monnaie debronze; elle présente le gentilice de la gens Iulia et les noms propresà l'empereur. Bien plus intéressant à nos yeux est le titre PERT(i­nax) qui rappelle que Septime Sévère était le vengeur de Pertînax,candidat malheureux du Sénat, et par là même du peuple romain,injustement assassiné par les Prétoriens, licenciés dans l'intervalle.Et au-delà de la personne de Pertinax, ce titre vise à donner à

l'empereur une base de référence suffisante vis-à-vis de la dynastiedes Antonins. De plus, en se présentant comme le vengeur du candi­dat du Sénat, Sévère efface du même coup toute trace" d'ingérencequ'il aurait pu laisser dans un complot éventuel contre ses prédéces­seurs.

Le denier émis par l'atelier d'Alexandrie, présente la titulature deJulia Damna. C'est le seul cas où une impératrice est liée si étroite­ment à un~ légion et même à l'armée en général. Toutefois, il fautgarder en mémoire que cette impératrice avait le titre de mater

castrorum, mère des camps, qui témoigne d'un lien étroit avec lesmilitaires. Notre connaissance assez lacunaire de la Ille légion ITA­LICA ne nous permet pas d'affirmer qu'il existait un rapport privi­légié entre la seconde épouse de Septime Sévère et cette légion enparticulier. La titulature de l'impératrice est tout à fait tradition­nelle et ne comporte aucun élément perturbateur.

(26) M. R. CAGNAT, Cours élémentaire d'épigraphie latine, Paris, 1886, p.98­108.

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TABLEAU 3

Table chronologique des années 192-193 ap. J.-C.

DATE EMPEREUR AUGUSTE CÉSAR ÉVÉNEMENTS SOURCES

192 COMMODE - Déc. Mort de Commode SHA, Corn.• XVII, 1-2.(180-193) DION, LXXIII, 22. 4-6.

HER., I, 16-17.193 PERTINAX A Mars. Assassinat de Pertlnax à la suite du non paie- SHA, Pert.• XI, 1-13.

Janv-mars ment d'un don DION. LXXIV, 10, 2-3.

Juttanus achète l'empire aux Prétoriens SHA, Did. II, 6-7.DION, LXXIV, 11. 5-6.

DIDIVS PESCENNIVS Niger, légat de Syrie est proclame empereur par SHA. Pesc., II, 1.JVLlANVS NIGER les légions de SyrieMars-Juin

SEPTIME - Avril Sévère, légat de Pannonie est proclamé cmpe- SHA, Sév., V, 1-2.SÉVÉRE reur par les légions danubiennes HER.• 11, 10, 9.

Marche de Sévère sur Rome SHA, Sév .• V, 2.-) }O don aux troupes HER., II, 11, 1.

SEPTIME CLODIVS - Juin Assassinat de Julianus par les Prétoriens SHA, Did., VIII, 6, 9.SÉVÈRE ALBINVS DION, LXXIV, 17,5.(193-211) HER., Il, 12, 7.

Entrée de Sévère â Rome SHA, Sév., t, 6.--) 2~ don aux troupes DION, XLVI, 45, 6-7.

10 congiaire au peuple HER., II, 5.Eviction des Prétoriens SHA. Sév., VI, 11.Exécution des assassins de Pcrtinax DION, LXXV, 1-2.

HER., II, 13, 1/2-9.

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80 TH. VERMEEREN

- IVLIA DOMNA AVG

Le revers se présente sous une forme différente de celle de sesprédécesseurs:

- LEG (numéro + nom) TR P COS

Le numéro et le nom de la légion sont mentionnés dans tous lescas; ils ne comportent que quelques légères variantes. On trouve un

1

exemplaire de denier de la XIIIe légion GEM (27) sans la mentionMV. La même observation est à faire pour le PRI de la XXIrlégion et pour le VLP de la XXXc qui existe également sous laforme VL. Quant au denier de Julia Domna, il porte dans un seulcas la mention ITALI (28).

Toutefois, à l'exception de quelques variations lexicales que l'onpeut mettre en évidence, c'est surtout l'intérêt historique qu'il estimportant de souligner ici. En effet, alors que les auteurs nousapprennent que Sévère disposait de 16 légions, que son césar, Clo­dius Albinus, en commandait 3 ou 4 et que son opposant dumoment, Pescennius Niger, disposait de 9 légions, le monnayagenous cite de façon indiscutable le numéro et le nom de ses légions.

Comme nous pouvons le remarquer dans le tableau, les légions quidéfendaient le limes de Germanie, la Mésie, le Noricum, la Dacie, laRétie sont présentes dans leur ensemble (29). A l'inverse, l'une deslégions du limes danubien est portée manquante. Il s'agit de la xelégion Gemina qui était stationnée en Pannonie supérieure. Sonabsence est difficile à justifier car elle se trouvait, à l'instar de laXIIIe GEM, au centre du dispositif militaire de Sévère, ce qui nousest par ailleurs confirmé par les textes (30). On ne peut toutefoisexclure une éventuelle erreur de manœuvre, ou une trop grandetiédeur au combat. Il semble plus probable que ce type de monnaien'ait pas survécu, ou plus vraisemblablement, qu'il soit encore iné­dit.

Les légions d'Orient, inféodées à Pescennius Niger, sont excluesde ce monnayage, et a fortiori, il en va de même des cohortes préto-

(27) La mention GEM est attestée seulement par N. A. MOUCHMOV, Le trésorde Réka-Devnia. Sofia. 1934.

(28) Cat. N° 9. Pièce unique conservée au Magyar Nemzeii Mûzeutn de Buda­pest.

(29) Une inscription de l'époque sévérienne nous cite l'ensemble des légions etnous donne également leur lieu de casernement: CIL, VI. 3492.

(30) E. RI'ITERLING, Leqio, dans RE, X II II-II], col. 59.

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LE TYPE LEG10

TABLEAU 4

Allégeance des légions au début de la guerre civile

- SEPTIME SÉVÈRE

81

Germania inf.

Pannonia inf.

Moesia inf.

DaciaNoricvm.Raetia

1 MINERVIAXXX VLPIAII ADIVTRIX

1 ITALICAV MACEDONICAXI CLAVDIAXIII GEMINA MVII ITALICAIII ITALICA

Germania svp. VIII AVGVSTAXXII PRIMIGENIA

Pannonia svp. 1 ADIVTRIXXlIII GEMINA MVIIII FLAVIA

Moesia svp. VII CLAVD lA

- CLODIVS ALBINVS

Britannia inf.

Hispania (1)

VI VICTRIXXX VICTRIXVII GEMINA

Britannia svp. II AVGVSTA

- PESCENNIVS NIGER

Cappadocia

PhoeniciaSyria

Ivdea

ArabiaAegypto

XII FVLMINATAXV APOLLINA­RISIII GALLICA1111 SCYTHICAXVI FLAVIAVI FERRATAX FRETENSISIII CYRENAICAII TRAIANA

riennes, renvoyées à leur foyer... Le cas des légions d'Albinus, suc­cesseur désigné de l'empereur, est plus difficile à cerner. Si elles nesont pas reprises ici malgré qu'elles soient alliées, c'est vraisembla­blement pour éviter de mentionner Albinus au droit. En effet, ceslégions avaient juré fidélité d'abord au césar et puis à l'empereur.

La légende présente également à l'exergue, lieu commun des qua­lités qu'on se plaît à souligner, deux titres à caractère républicain.La puissance tribunicienne, tribunicia potestas, et le titre de consulqui témoignent du caractère très conservateur des Romains.

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82 TH. VERMEEREN

La mention SC, Senatus Consulio, qui témoigne de la ratificationdu Sénat, n'est citée qu'à une occasion dans cette émission, sur lesesterce. Un peu comme si Septime Sévère n'avait pas désiré donnerune place importante à la référence au Sénat sur une monnaie àcaractère uniquement militaire. Cette mention n'apparaît plusl'année suivante.

- 194 ap. J.-C. Comme nous le signalons ci-dessous, le typeLEGla n'a eu qu'une très faible récurrence limitée à l'année 194, Ilnous est impossible de dater plus précisément cette seconde série quise compose d'un aureus et d'un denier. Toutefois, la présence deSévère ou d'une partie de ses troupes à Émèse nous fait plutôt pen­cher pour le début de l'année (31). Car à ce moment déjà, Niger aessuyé un certain nombre de revers cuisants et se retire vers Anti­oche, laissant à Sévère une bonne partie de la côte et les contrefortsde l'Anti-Liban.

La légende ne varie que dans une infime mesure: alors que lerevers reste inchangé, le droit porte la mention du second consulat à

la fin de la titulature.

- IMP CAE L SEP SEV PERT AVG COS II

Ces monnaies portent au droit la mention COS II et au reverscelle de COS: cela peut paraître quelque peu curieux, mais s'ex­plique parce que la titulature du droit privilégie l'aspect chronolo­gique de la monnaie, alors que le revers rend compte de l'impor­tance de la magistrature. De plus, si l'on est conscient de l'urgencede cette frappe qui a pris place au sein d'une campagne militairedifficile, il est clair que le droit, dont l'iconographie était beaucoupplus simple que celle du revers, a permis une regravure plus rapidesans que cela nuise à la qualité de la monnaie.

3, Iconographie (32)

Si le droit se place dans la continuité stylistique de la dynastieprécédente et ne présente aucun élément d'intérêt majeur, le reversmérite toute notre attention. Alors que les deux monnayages précé­demment cités n'avaient aucune prétention iconographique, ilsemble bien que la situation ait fortement évolué. Comme nouspouvons le voir dans le tableau 5, les enseignes de chaque légion

(31) M. PLAl'NAUER, op. cii., p.74-98.(32) Nous n'avons pas été en mesure de tenir compte de l'aureus inédit paru

dans NFA, XXV, Nov. 1990.

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LE TYPE LEGIO 83

TABLEAU 5Iconographie du type Legio dans le monnayage de Septime Sévère

1 ADIVTVdd GI

1 ITAL 1 MIN

2 5 7II ITAL

Vdd GI

II ADIVT6 Vin

III IT8

IIU FL10 Peus

V MAC12

XI CL17 GI

VIIIAVG14 15 16

XIIIGEM18 Vdd

XXX VLP24 Vdd Les

VII CL13 19

XlIII GEM MV20 21 22 Vin Vdd

XXII PRI23 GL

f-----+--------------- ...------------f---------\

Gl: GLENDINNING & Co, The Arnold Collection of Silvers COÎns of the Severan Dynasty,Londres, 1984, lot. 68-75. Les: R. Lssans-collection privée. Vin: J. VINCHON, Paris, juin1983, N°352-353. Peus: Auction 284,Francfort, déc. 1974, W 990. Vdd: VAN DER DUSSEN,Maastricht. mars 1988, N°2-7.

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présentent des caractéristiques propres que nous allons tenter dedécrire et d'analyser.

Il est important, pour la suite de l'exposé, de garder en mémoirela composition exacte d'une enseigne militaire. De haut en bas, ellese compose de trois parties:

- La figure supérieure et le vexillum qui, s'il n'est pas repré­senté, est matérialisé par une barre transversale (33).- Les dona militaria (34) occupent la partie centrale et principalede l'enseigne. Ces décorations obtenues par la légion au coursdes campagnes peuvent être de différente nature: les couronnesenfilées ou fixées sur la hampe, les phalères, les croissants delune, les boucliers (carrés, ovales, serni-lunaires).- La partie inférieure, dont une petite partie est représentée,porte un ou deux crochets qui permettaient de planter et deretirer l'enseigne du sol.

Comme indiqué dans le tableau 5, nous avons concentré notreintérêt sur l'ensemble des 15 légions dont nous avons passé en revue33 revers. Deux facteurs ont cependant limité notre champ d'inves­tigation. La quantité restreinte de la documentation photographi­que ne nous a pas permis de disposer de plusieurs exemplaires pourchaque légion, ensuite l'usure avancée d'un nombre importantd'exemplaires rend l'interprétation souvent difficile. Les légionspour lesquelles nous avons pu obtenir un matériel plus abondantsont par ordre croissant des légions: 1 AD IVT, II ITAL, VIII AVGet XXX VLP pour lesquelles nous disposons de 3 exemplaires et laXlIII GEM MV représentée par 6 exemplaires.

La figure supérieure nous a posé le plus de difficultés car elle setrouve à un endroit d'usure intense. Dans 16 cas, nous voyons sansdiscussion possible une couronne symbolisée par un cercle d'oùs'échappent de petits ressauts. Dans 17 cas, seul un cercle est repré­senté à la partie supérieure de l'enseigne. Ce cercle soit se trouve au­dessus du vexillum (9 exemples), soit est séparé en deux par celui-

(33) Pour confirmation, voir l'enseigne très bien conservée aux Musées royauxd'A rt et d' Histoi re à Bruxelles.

(34) V. E. MAXFIELD, The Military Decorations of the Roman Army, Londres,1981. Pour une information générale relative aux signa militaria, voir cetteentrée dans: A. J. REINACH, Signa miliiaria, dans C. DAREMBERG et alii, Dic­tionnaire des Antiquités grecques el romaines, Paris, 1877, p. 1307-1325.

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LE TYPE LEGIO 85

ci (4 exemples). Enfin, à quatre reprises, le cercle est représentésans qu'il y ait de trace du oexillum.

Le vexillum est présent dans la majeure partie des cas (29 exem­ples). Sur Il exemplaires, il présente à ses deux extrémités latéralesune petite tige qui symbolisait les décorations en tissu pourpre aux­quelles on substituait très souvent des barres de bronze pour desraisons évidentes de solidité et de conservation.

Les dona militaria sont reproduits sur chaque enseigne sous laforme d'un à trois éléments. Les mieux représentés sont les cerclesdont 74 exemples ont été répertoriés. Parmi ceux-ci, on dénombre31 phalères et 43 cercles. Il n'est pas possible de déterminer avecexactitude la nature de la décoration, mais il est évident que lescouronnes devaient occuper une place prépondérante.

A côté de ces éléments circulaires, prennent place des éléments deforme rectangulaire, mais en moindres proportions. Ce sont des cou­ronnes enfilées sur la hampe de l'enseigne; on en dénombre huitexemples. Les croissants de lune qui jouaient un rôle religieuximportant se trouvent représentés à quatre reprises. Enfin, un élé­ment rare et qui ne doit pas être interprété comme un croissant delune à l'envers, est représenté à deux reprises. Il s'agit d'un boucliersemi-lunaire ou pelta.

Un élément zodiacal est également représenté à la partie médianedes enseignes de la X II Ile GEM MV, il apparaît sur les six monnaiesque nous avons examinées. Il s'agit d'un capricorne, qui est le signede cette légion (35). Nous ne savons si l'animal placé à cet endroitavait une signification particulière, ou s'il se trouvait réellement surl'enseigne de cette légion.

La partie inférieure porte toujours un crochet recourbé tantôtvers le bas, tantôt vers le haut qui indique la volonté du graveur dene point omettre un élément de décor qu'il a néanmoins pris laliberté de styliser (36).

L'aigle légionnaire en tant qu'élément ancestral de l'arméeromaine gardait une valeur très importante sous l'Empire malgrél'adoration d'autres animaux qui sont devenus peu à peu le symbole

(35) Les monnaies de Gallien la représentent avec le même signe zodiacal(RIe, V. J, n°361).

(36) Le fait de planter et d'enlever l'enseigne du sol ne doit pas être priscomme un élément de la vie quotidienne. En effet, ce geste revêt un caractèrereligieux très important; Tite-Live, XXII, 3.

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de chaque légion par opposition à l'aquila qui restait celui de toutel'armée. Cela explique sa position centrale sur la monnaie. L'aigle àgauche, les ailes déployées, tient dans ses serres un foudre et prendson envol. Dans 13 cas nous avons relevé une différence intéres­sante; il porte autour du cou un torque. Cette récompense militaire,qui, dans certains cas, était attribuée à une unité entière, avaitégalement une grande importance pour les soldats et il n'y a pas dedoute que sa présence sur certaines des enseignes n'était pas unefantaisie du graveur. Nous voudrions toutefois indiquer qu'un cer­tain nombre d'aigles étaient trop abîmés pour qu'on puisse en tenircompte.

La première constatation que nous avons faite lors du dépouille­ment du matériel est la disparition du caractère stéréotypé de l'ico­nographie que nous avions remarqué sur les monnaies de MarcAntoine et de Clodius Macer. En effet, comme on peut le voir dansle tableau, ce monnayage présente une volonté délibérée de souli­gner les distinctions existantes sur les enseignes, plus au niveau desdona miliiaria qu'au niveau de la figure supérieure.

Il serait illusoire d'affirmer, dans l'état actuel de nos recherches,la volonté du graveur de différencier l'ensemble des légions. Onpeut toutefois penser qu'au-delà d'une représentation rigoureuse dechaque étendard et de ses éléments décoratifs, le graveur se soitcontenté de choisir un certain nombre d'éléments iconographiquesqui lui paraissaient essentiels. À cet égard, il faut souligner le rôleessentiel des signa dans l'exécution des ordres et des manœuvres dela légion. En effet, alors que les autres types d'étendards avaientsurtout un usage religieux, celui-ci avait en plus un rôle stratégique.A tel point que le nom même de signa est utilisé pour des manœu­vres. C'est notamment le cas de l'expression signa expedire quisignifie se préparer au combat et de signa ducere que l'on traduit parmarcher en ordre de bataille, enseignes déployées (37). Lors ducombat, les enseignes étaient groupées pour une part dans les unitéset pour une autre part auprès du général dont les ordres étaientrelayés par les cornicines au plus fort du tumulte de la bataille. Celarevient à dire que les soldats devaient pouvoir reconnaître leur éten­dard au milieu du combat ou dans des circonstances de mauvaisevisibilité. Pour ce faire, soit ils les connaissaient parfaitement dans

(37) Tite-Live, XXV, 13. 11 et VI, 7, 1.

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tous leurs détails, soit ils en connaissaient les éléments caractéristi­ques qui pourraient se retrouver sur les monnaies.

Ce constat de diversité doit cependant être tempéré d'une restric­tion capitale. En effet, dans trois, cas, nous avons remarqué desdifférences dans la représentation d'enseigne d'une même légion.

Si la variation mineure de la II AD IVT peut être assimilée à uneerreur de gravure ou de lecture, celle de la II ITAL témoigne d'unevolonté nette de diversifier la représentation. En effet, nous avonssur un exemplaire trois couronnes enfilées et sur l'autre une phalère,un croissant et un cercle.

Seule une chose est certaine: nous sommes en présence d'ensei­gnes légionnaires car celles-ci portent des phalères en nombre impor­tant ce qui les différencie aisément de celles des Prétoriens qui, àl'inverse, portaient des couronnes en nombre plus important.

LE TYPE LEGIO 87

4. Répartition des métaux (Or/Argent/Bronze) (38)

La variété qualitative la plus importante que nous avons notée ausein de cette émission est sans conteste la présence d'un certainnombre d'aurei. Ceux-ci sont traditionnellement attribués à troislégions de Septime Sévère. Toutefois, lors du dépouillement dumatériel que nous réalisons pour dresser le corpus de notre thèsedoctorale, nous avons découvert un aureus inédit dont la qualité etl'authenticité ne doivent pas être mises en doute. Il semble doncqu'il faille revoir en détailles études existantes et que quatre légionsaient reçu l'honneur d'un monnayage en or.

- LEG 1 MIN(ervia) - LEG VIII AVG(usta)- LEG IIII FL(avia)- LEG XlIII GEM(ina) M(artia) V(icirix)

Le caractère prestigieux qui entoure la frappe d'or au sein dumonnayage romain devait probablement destiner ces rares exem­plaires à un public de haut vol ce qui implique par là même unecirculation assez restreinte. A cet égard, seuls les officiers supérieursdes légions dont les rémunérations n'avaient aucune communemesure avec celles de la troupe devaient recevoir de telles pièces,tout au moins en quantité perceptible.

(38) Les analyses de Walker montrent qu'il n'y a pas de différence d'alliageentre les monnaies du type LEGIO et celles à caractère civil. Le poids et lepourcentage de fin varient dans les mêmes proportions: R. WALKER, The Metro­Jogy of the Roman Siluet Coinaqe, Part III (BAR, suppl. 40), Oxford, 1978. p.3-4.

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Le choix de ces quatre légions, parmi les troupes fidèles à Sévère,reste partiellement une énigme car les sources quelles qu'elles soientrestent évasives quant à la valeur véritable des légions et quant àleur participation aux différentes batailles qui se sont déroulées pen­dant la guerre civile. En effet, s'il est clair que la réputation d'ex­trême vaillance de la XIIIIe légion Gemina Mattia Victrix, quireprésentait l'axe central du dispositif militaire de l'ancien Légat dePannonie depuis la prise de pouvoir de Carnuntum lui octroyaitd'office l'honneur suprême du monnayage, le cas des autres légionsest parfois plus difficile à juger. La VIlle légion Augusta, qui étaitcasernée en Germanie supérieure, joua également un rôle importantdans la guerre contre Pescennius Niger. La BIr légion Flavia,casernée pour sa part en Mésie inférieure, apparaît aussi comme uneunité d'élite. Toutefois, une très mauvaise connaissance de ce corpsrend tangente toute certitude. Enfin, la 1ère légion M ineroia dont lacaserne en Germanie inférieure nous est bien connue, prit une partactive dans les luttes du début de la guerre civile; les sources ne lamentionnent plus par la suite. Il semble donc clair qu'il faille cher­cher dans l'excellence des troupes tout au long de la guerre civilel'explication de la plus prestigieuse des récompenses. En tous cas, lechoix de ces trois et peut-être quatre corps n'était certainement pasle fruit d'un quelconque hasard.

5. Ateliers

Dans un cadre géopolitique clairement défini pour l'année 193 ap.J.-C., on est en droit de s'attendre à ce que chaque prétendantfrappe monnaie dans ses sphères d'activité propres: à savoir Nigeren Orient et Sévère à Rome. Le premier qui frappe uniquement àAntioche semble confirmer cette thèse, mais le second, dont le mon­nayage principal est issu de l'atelier de Rome, frappe plusieurs sériesen Orient mais pas en Pannonie (39) 1 De fait plusieurs séries moné­taires sont issues d'ateliers syriens. probablement Émèse et Lao­dicée, dont une série LEG 10 frappée dans la première officine. Sé­vère va même jusqu'à frapper un nombre restreint de pièces àAlexandrie. La présence dans la région de la LEG II TRAIANA,inféodée à Niger, rend cette émission tout aussi étonnante et diffi-

(39) H. MATTINGLV, The Coins of Seuerus and his Time, dans Ne, 5th S., 12,1932, p. 177-198.

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cile à expliquer. Le cas de l'Égypte est cependant moins tangentque celui de la Syrie, car celle-ci passera rapidement sous le contrôlede Sévère, vraisemblablement au début de l'année 194(40), ce quipourrait expliquer une volonté de certaines villes de prendre leursdistances vis-à-vis de Niger.

Le monnayage d'Émèse honore deux légions du limes rhéno­danubien, alors que celui d'Alexandrie est frappé pour une légionoriginaire de Rétie.

- LEG VIII AVG- LEG XIIn GEM MV

- LEG III ITALI

Il paraît difficile de déterminer la raison pour laquelle un préten­dant à la pourpre, ne disposant d'aucune force militaire en Afrique,a le loisir d'émettre des séries monétaires complètes comprenant desdeniers et même des aurei, tant la frappe en territoire ennemi paraitaléatoire. S'il est vrai que certaines villes syriennes ne cachaient pasleur sympathie au pouvoir de Rome et que les moyens de communi­cations ne permettaient pas à Niger de contrôler le territoire dansson ensemble, on peut quand même se demander dans quelle mesurel'absence de troupes fidèles à Sévère rendait une telle opérationréalisable.

Une seule explication nous vient à l'esprit pour tenter d'éclaircirce phénomène. Nous savons par des sources secondaires qu'un cer­tain nombre de cohortes avaient été détachées du corps principal etdestinées à des missions spécifiques. Ainsi, plusieurs détachementsde la XIIIIll légion GEM MV ont été envoyés en Orient et en portenttémoignage dans leur nom qui nous est connu par des inscriptionspostérieures à la guerre civile (41). Il semble qu'il en était de mêmepour la VIlle légion AVG. Cette présence, hypothétique s'il en est,d'un certain nombre de troupes de l'Est sur le sol levantin, pourraitêtre une amorce d'éclaircissement, mais nous préférons ne pas tran­cher devant la faiblesse de l'argumentation.

Du point de vue du style, il est intéressant de noter un certainnombre de variantes:

- Le droit des pièces d'Émèse (42) donne un aspect plus sévèreau visage de l'empereur. La barbe est pointue, l'œil est plus

(40) M. PLATNAUER, op. cii., p.74-98.(41) Pour ces titres voir: Not. Dîgn., Or., VIII, 39.(42) Pour des considérations stylistiques voir: RIC, VI, 1. p.81-82.

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apparent et la lèvre plus charnue que sur les pièces frappées à

Rome.- Le revers des pièces d'Émèse est traité avec plus de finesse, cequi se remarque essentiellement dans la plastique de l'aigle. Soncorps a plus de galbe et ses ailes déployées sont moins rigides.Le traitement des enseignes est également plus soigné à Émèse,les couronnes et les phalères sont plus détaillées et plus faciles à

identifier.

6. Datation

Comme nous l'avons déjà laissé entendre ci-dessus, le type LEG10a eu une période de vie relativement courte, puisqu'une seule légion,la X II 1I" bien évidemment, voit l'honneur qui lui est décerné, pro­rogé l'année suivante par une frappe qui doit dater du début 194.

Le fait que cette série monétaire ne soit pas récurrente s'expliquetrès facilement par la nature même de la monnaie. Son but initialétait de remercier les 'militants' de la première heure qui accompa­gnent l'empereur depuis Carnuntum et qui l'ont suivi dans samarche victorieuse vers la pourpre impériale.

Dès le ralliement de Clodius Albinus et de l'ensemble de ses forces,il s'avère nécessaire de montrer aux soldats qu'ils ne seront pasoubliés et de leur témoigner la reconnaissance et les égards qu'ilsméritent, non seulement par des donatîva mais surtout par quelquechose de concret qui resterait gravé dans les mémoires. Par la suite,la distinction entre les différents corps d'armée ne sera plus souhai­table, et ce pour éviter que naisse une dissension entre des légionsd'obédience différente. Enfin lorsqu'il s'avère évident que les joursde Niger sont comptés et que la victoire ne peut échapper à Sévère,cette thématique perd toute son importance et cède la place à l'allé­gorie de la concorde et de la victoire.

Il n'est pas aisé d'affiner la datation car nous manquons pour celade critère précis dans la titulature impériale. C'est pourquoi, noussommes contraint de chercher des précisions ailleurs. Ainsi, les tex­tes nous apprennent que Sévère a pris le pouvoir en avril 193 (43) etqu'il est entré à Rome en juin de la même année (44). On peut endéduire qu'il a revêtu à ce moment le titre d'Auguste et qu'il a

(43) SHA, Séu., V, 1-2; HER., II, 10, 9.(44) SHA, ss«. 7, 6; DION, XLVI, 46, 6-7; HER., II, 14, 5.

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frappé monnaie. Ce qui veut dire que les séries portant le titre IMPCAE L SEP SEV PERT AVG datent de la seconde moitié de 193.Pour l'année 194, le constat est plus faible encore. En effet, seul letitre COS II qui était donné au début de l'année nous fournit unélément de datation qui ne précise pas la fourchette davantage quel'année.

CONCLUSION

La phrase célèbre attribuée par l'historiographie traditionnelle àSeptime Sévère dans ses derniers moments résume bien, à notresens, la façon dont il faut comprendre le règne de cet empereur (45).Le monnayage que nous venons d'analyser dans ces lignes n'estqu'une expression de cette réalité. Le pouvoir totalitaire et extrê­mement répressif. mis au point par ce redoutable stratège qui vise à

rendre son crédit à la dignité impériale, nécessite, comme nousl'avons souligné. l'appui d'une armée déterminée et digne deconfiance. C'est le nouvel esprit que l'empereur veut louer par lebiais de cette émission honorifique. Celle-ci vise non seulement àrassurer ses propres troupes quant aux promesses faites à Carnun­tum le jour même du coup d'État, mais surtout elle exhorte ceuxqui n'ont pas encore choisi leur camp à embrasser sa cause, face à lapuissance de son armée qu'il fait défiler au complet tout en insis­tant, semble-t-il. sur les unités les plus prestigieuses. Au-delà de laharangue politicienne. ne trouve-t-on pas l'expression même deschangements qui sont en maturation et qui vont profondémentmodifier les institutions civiles et militaires? C'est donc en candidatà la pourpre impériale que nous devons prendre Sévère et c'est envéritable programme électoral qu'il faut appréhender le messagemonétaire. Dans ce contexte, le type LEG ID doit être mis en rela­tion avec d'autres types dont la thématique est complémentaire.

En effet, en mettant l'accent sur la fidélité, Fides militum, sur lavertu civile et militaire, V irius qui sont des préalables obligés à laconcorde, Concordia, et à la victoire, Victoria. Sévère présente leprogramme d'une véritable réforme de l'État échaffaudée sur laforce du pouvoir militaire (46).

(45) ~ Vis en harmonie, enrichis les troupes et méprise les autres s : DION,LXXVII, 15, 2.

(46) Nous avons déjà étudié ces types dans notre mémoire de licence: Th.VERMEEREN, op. cii., p.72-114.

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La diversité du support, réalité que nous connaissons assez mal,nous autorise à penser que les monnaies s'adressaient aux niveauxles plus divers de la société romaine. Principalement à la troupedont stipendium et donativum étaient payés en deniers, mais aussiaux officiers supérieurs dont les rémunérations étaient acquittées aumoins partiellement en or, et enfin aux civils qui entretenaient desrelations commerciales étroites avec l'armée.

A côté d'une propagande purement guerrière, se trouvent en fili­grane un certain nombre d'éléments à caractère plus politique.Ceux-ci, en présentant Septime Sévère comme le vengeur de Perti­nax et par assimilation celui du peuple romain, lui fournissent unebase de référence au candidat désigné par le Sénat et par extension à

la dynastie des Antonins.L'interprétation de la sémantique du message monétaire semble

se dérouler sur deux niveaux complémentaires. Le premier, quis'adresse aux gens cultivés et ayant des lettres, présente à la fois parla légende et par le texte le programme électoral complet. Le second,qui s'adresse en des termes plus simples à un public moins cultivé,présente en image les enseignes de 15 légions différentes, symboleclair d'une force militaire très importante. Il est difficile de se pro­noncer sur la signification réelle de ces enseignes. En effet, il seraitdangereux d'affirmer, sans avoir fait une étude iconographiquecomplète d'un grand nombre d'exemplaires, que la diversificationdes signa rendait compte de la réalité. Deux possibilités s'offrent eneffet à nous: soit les monétaires chargés de la frappe avaient reçucomme consigne de varier l'iconographie suivant des modèles pré­établis et sans relation avec la réalité. Soit, il leur avait été signifiéd'attacher une réelle importance à l'iconographie des enseignes et àson traitement. On ne peut toutefois exclure que des impératifstechniques aient modifié, dans une certaine mesure, le programmeoriginal. Nous pensons notamment aux variantes constatées pourune seule et même légion. De plus, nous pensions qu'il n'était pasnécessaire de s'attarder sur chaque détail, mais plutôt sur des pointsde repères significatifs. Car il est évident que les soldats n'avaientpas le temps, au cours des mouvements, de contempler leur signumet de compter ses décorations, mais bien qu'un seul coup d'œil leurétait nécessaire pour le localiser et le reconnaître.

Il ne nous est pas possible. dans l'état actuel de nos recherches, detrancher ce problème. Tout au plus nous permettons-nous d'affir­mer que le capricorne de la XIIne légion est un reflet direct de

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l'iconographie de ce corps et une nouvelle manière de la démarquerdu reste de l'armée. Au-delà, nous préférons souligner la différencede préoccupation qui anime cette série monétaire par rapport auxprécédentes. Le stéréotype que nous avions constaté chez MarcAntoine et chez Clodius Macer a fait long feu et est remplacé parune iconographie riche et variée, ce qui est paradoxal pour une mon­naie émise pendant un conflit civil.

Le problème des frappes orientales (Émèse et Laodicée) de 193ap. J .-C. ne peut pas non plus trouver de solution dans ces lignes.Nous espérons pourtant qu'une étude philologique plus complète,tenant compte de l'ensemble des sources, permettra de mieuxcomprendre ce phénomène abondamment documenté par la numis­matique. A l'inverse, la situation de l'année suivante trouve uneréponse satisfaisante dans l'évolution du contexte géopolitique quivoit une avancée foudroyante de Septime Sévère et un recul nonmoins impressionnant de son compétiteur oriental (41).

Du point de vue historique, nous voudrions insister à nouveau surl'importance des études numismatiques pour les travaux d'histoireéconomique. En effet, le caractère pluridisciplinaire de l'histoireéconomique nous apparaît chaque jour un peu plus clairement. Laquête du sens qui a motivé en partie notre recherche témoigne decet état de fait. En effet, la sémantique du message monétaire quenous appréhendons encore avec difficulté apparaît comme étroite­ment liée à la vie sociale, politique, économique et militaire de l'An­tiquité, alors que la nature même du support sur lequel elle estprésentée la met en relation avec l'ensemble des castes de la civilisa­tion romaine des plus humbles aux plus nobles (48).

PLANCHE IV

Fig. 1. - Paris, Bibliothèque Nationale, N° Inv. 1096A,ureus. Émèse, LEG XlIII GEM MV TR P COS

Fig. 2. - Paris, Bibliothèque Nationale, N° Inv. 1097Aureus, Rome, LEG XlIII GEM MV TR P COS

Fig. 3. - Paris, Bibliothèque Nationale, N° Inv. 6362Denier, Rome, LEG III FL TR P COS

(47) SHA, Sév., VIII, 11-17; DION, LXXV, 6, 8.(48) C. PEREZ, Monnaie du pouvoir, Pouvoir de la monnaie, Besançon. 1986.

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Fig. 4. - Paris, Bibliothèque Nationale, N° Inv. 6369Denier, Rome, LEG XX II TR P COS

Fig. 5. - Budapest, Nemzeti Museum, N° Inv. Wesz 191Denier, Rome, LEG V MAC TR P COS

Fig. 6. - Budapest, Nemzeti Museum, N° Inv. Hank 5980Denier, Rome, LEG VIII AVG TR P COS

Fig. 7. - Budapest, Nemzeti Museum, N° Inv. Hank 5980Denier, Rome, LEG XlIII GEM MV TR P COS

Fig. 8. - Budapest, Netnzeti Museum, N° Inv. 107/1942Denier, Rome, LEG XXII TR P COS

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