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Notes du mont Royal Cette œuvre est hébergée sur « No- tes du mont Royal » dans le cadre d’un exposé gratuit sur la littérature. SOURCE DES IMAGES Google Livres www.notesdumontroyal.com

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Notes du mont Royal

Cette œuvre est hébergée sur « No­tes du mont Royal » dans le cadre d’un

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ANNALE SæoÉIIQUES,

OU

ALMANACHDES MUSES,

Dan": rouan DE A; Pot":FRANÇOISE.

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vif

î

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ANNALESJPOJÉÎIIQUÆS,

ALMANACHDES MUSES,

V DEPUIS L’ORIGINE DE LA POÉSIE

FRANÇOISE.

bi* àTOME VIL

’25Françoife , Hôtel de la Fautrîere. il -’ Il,

me à»M. DCC. Lxxan4a

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(Il . (.

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’ÉTIENNE

DE LA BOETIELI

TIENNE DE LA Bonn: naquît à Sarlat;

en Périgord, d’une famille noble. Scevole

de Sainte -Marthe , de Thon , 8L Montagne ,

en font le plus grand éloge. Dès l’âge où i

l’on n’a encore rien vu, il avoit déjà tout

obfervé. Grand Moralîf’te , 8c profond P0111

tique , il eutidans (a jeunefl’e, cette prudence .

ure, , dont la nature donne le germe, 8L quine fe développe que. par l’expérience. Il fut

Confeiller au Parlement de Bordeaux , où il

jouit de l’eflime la plus profonde 8c la mieux

. méritée. Il s’y dialogua dans plufieursoccag

. A 3

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6. l ÉTIENNE DE LA BÔETIE.

fions importantes , notamment par des Mémoîw

res fur un fameux Edit , publié fous Charles

1X , encore mineur, au mois-de Janvier?:1561.

la mort qui lefurprît, ne lui permit pas

de nous laitier beaucoup d’OuVrages. Il mou-

rurd’nne dilTenterie, le. 18 du mois d’Août

.1563, fur les trois heures du’matin , âgé de

trente-deux jans ,t neuf mois dix5 repicinvars. On trouve des détails fur (a. mon:

philOCOphique 8c chrétienne dans hunelon-

gue lettre de Montagne, qui hérita de (es

manufcrits 8c de la bibliOtheque. I V

On ade la BOetie [la Ménagerie de Xénoî"

pilon , le: Règle: de Mariage de Plutarque; lm,

tu de confèlation Je Plutarque à [a] fimme’, .

le tout traduit du grec ,- à le Traité au se».

. vinai: volontàirc. Ce dernier Ouvrage, qui -

à

ll

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LA BOEUF? 9imite deël’amour..de; la liberté a. qui 9911:

cela , trans diorite , ’ fut fumommê’par plufienze

le Contr’un , devint dangereux par les circonfz

tances. On affefia de le répandre-en 1’573 a

pendant les troubles duL Languedoc), pour.exciter-le Peuple à la rébellion; ce qixi’étoît

(annuaire aux intentions de J’Auteur; S’ilftzît

tu d’choifir , dit Montagne , il eût mieux aimé

in: né à Venifè qu’à Salut , 6’. avec raifort:

mais il avoit unanime maxime [baverainemenz

empreinte’e’n fin nm: ,, d’obéir 6’ de [à fouineur:

très-religiéujèment aux. loix fini: lejiquellçsjii

étoit né.

I La Boetîe (avoit (on bien le grec , 8c il

avoit fait des vers danS’cette langue: (es vers

latins empaillé pour être excellens. Ses Poëfies

françoifes (e réduifent à la traduflion d’une

partie du vingt-troifieme chant de l’Ariofle,

A 4

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8 ÉTIENNE DE LA Bonne.-

à une longue ’cbanfon, 8L à quelques Sonâ

nets , dont Montagne a recueilli une partie. ,

Il a prouvé beaucoup d’érudirion parfes Ou;

vrages en profe, 84 notamment par la finitude

yolontaire , produâionlde (a premiere jeunefl’eà

Ses Poéfies françoifes, aufli bien que l’es

vers latins, eurent beaucoup de réputation dans

fou temps. Ses premiers vingt»cinq Sonnets

furent faits dans le temps que l’Auteur s’oc:

cupoit de (on mariage , 8c [émeut déjà, dit

Montagne , je ne fiai: quelle froideur mari.

tale. Ce dernier fait beaucoup plus cas des

vingt- neuf autres que le Poète compofa dans

[on adolefcence. Sans être bien efiimables, ils

nous ont paru, comme à. lui, fupérieurs

aux premiers; on y trouve au moins del’amour, ce qui ne fe trouve pas toujours

dans les Poèfies amoureufes.

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ÊTIENNE DE LA BOETlE. 9

61;: Boetîe eut pour Éditeur Montagnes

comme il l’avoir .eu pour ami. Cetteintime liaifon’a fourni a ce dernier un arti-

cle de l’es cirais , où il définit l’amitié

comme ils la (entoient tous deux; c’en:

a - dire , comme. on ne la (ont plus;C’efl de la Boetîe ,’ que ce même Mon-

tagne a dît avec une grace fi touchante:Si on me prmIe de dire pourquoi je l’aimais ,

je fins que cela ne je peut exprimer qu’en

répondant : par" que c’était lui a, parte que.

c’était moi; Depuis le jour que je le perdis ,

ajoute-t-il à’ la fin du même chapitre , je

ne foi: que traîner langwflànt ,- à les plaijir:

même qui s’ofient à moi , au lieu de me con-

fêler , me redoublent le regret de fa perte. Nous

étions à moitié de tout 5 il me femble que je

lui dérobe fa par) : j’étais déjà fi fait 6’ accou-

A î

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Io ÉTIENNE DE LA BOETIEa

tume’ à être deuxieme par-tout , qu’il. me

Me n’être plus qu’à demi. r ’ i

On ne peut lire ce que Montagne a ditde la Boetie, fans délirer de pareils amis ,

84 fans gémir de n’en pas trouver.

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...... w.-...........5112.3; fi me æ-æ’Ïî-ÎÏ-FÎL 1:13:33. ça a"’ t”’"’v-v-v-v-m-v«me a

îeuunrtnnmmuuuunnnu; 3lq .,&.A.o’sh.o’s.œ&oa’mclw-fl.fl.d’r ”

[girl-tritium tiiiiïzbîîi” «1221::

maÉTlHENNIE DE tu. nom.

-SONNE,T..

Quo: ê qu’en-ce? O vents, ô nues, ô 110-"

l rage! ,Quand vers mîAmie Amour me fait aller,Les bois , les monts, vous (embler. ébranler .Et contre moi vous pouffez votre rage l

, æ0res mon cœur s’embrafc davantage.Allez , allez faire peut au Marchand ,Qui dans la mer les tréfors va cherchant :ICe n’efl ainfi qu’on m’abat le courage. I t Î

Quand fois les vents ,Ilcu: tempefle 8K leurs cris ,De leur malice en mon coeur je me ris.Me penfent-ils pour cela faire rendre?

Faire le ciel du pire; 8: l’air auditJe veux, je veux , 8C le déclare ainfi,S’il faut mourir , mourir comme Léandrc.

W-â’

A 6

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u ÉTIENNE ou LA 30mm.

SONNET.CE n’efi "pas moi que l’on abufe ainfi : l

Qu’à quelque enfant ces rufes on employe ,Qui n’a nul goût , qui n’entend rien qu’il oye :

Je fçais aimer , je fiais haïr aufli.

* Contente-toi de m’avoir iufqu’ici

Fermé les yeux; il cit temps que j’y voye ,a Et que mesbui, las 8: honteux je foye,

D’avoir mal mis mon temps 8: mon fond.

Oferois-tug m’ayant ainfi traité ,

Parler à moi jamais de fermeté?Tu prends plaifir à ma douleur extrefme;

Tu me défends de fentir mon tourment;Pourtant tu veux que je meure en t’aimant!

[Si je ne fens , comment veux-tu que j’aime?

e «se

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ÉTŒNNE DE LA BOETIE. r3.

SONNET. ’O cucu léger! ô langage-trompeur!

t Puis-je endurer encor tant d’artifice?0 bonté creufe . ô couverte malice,Trame beauté , vénirneufe douceur !

Ton doux fouris ne cachoit que rigueur!Et moi , trop fimple , il falloit que j’en une lL’eŒai fur moy , 8: que tard je comprifi’e

Ton parler double , 8: tes chants de Chafi’eur!

Depuis le jour que j’ai pris à t’aimer,

J’eufl’e .vaincu les vagues de la mer:

Qu’en-ce meshui que je pourrois attendre?

Comment de toi pourrois-je eût-e content ?Qui apprendra ton coeur d’efire confiant ,Puifque le mien ne le lui peut apprendreè

M

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14’ amusa DE LA BOETIE.

&ONNEzSur les Jeux Sonnets précédcns.’

O vous , maudits Sonnets , vous , qui prîtesl’audace

De toucher à ma Dame! ô malins 8: pervers ,Des Mufes le reproche , 8c honte de mes vers!Si je vous fais jamais , s’il faut que je me faire

Ce tort,.de confefïer vous tenir de ma race , ALers, pourvous, les ruilTeaux ne furent pas ouvertsD’Apollon le doré , des Mures aux yeux verts g

Mais vous reçut mamans Tyfiphone en leur place.

Si jËai onc quelque part à la poiler-hé , ’

Je veux que l’un 8.: l’autre en foit déshérité;

Et fi au feu vengeur dès or je ne vous dorme ,

C’eft pour vous difi’amer. Vivez, chétifs , vivez;

Vivez aux yeux de tous , de tout honneur privés ;Car c’efl pour vous punir , qu’ores je vous par

donne.

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ÈTIENNE DE LA BOETIE. r;

SONNET».

HÉLAS l combien de jours! hélas! combiende nuits

Ai-je vécu banni d’où mon cœur fait demeure!

C’efi le vingtieme jour que banni je demeure!, Mais je pafi’e , en vingt jours , plus d’un fiocled’em

. Bills.

Je n’en veux mal qu’à moi, fortuné que je fuis!

Si je foupire 8K plains , fi je lamente 8: pleure ,Cet! que je m’éloignai , lainant à la malheure

La Beauté qu’oublier nullement je ne puis.

. V . l ’ , .Ma face , qui déjà de rides labourée ,

Par lbs ennuis foufïerts , le voit décolorée ,

Me fait rougir de honte. O douleurs inhumaines !

Vous faites grifonner mon poil devant le temps!Combien que je fois jeune , au compte de mes ans,Las! je fuis déjà vieil , au compte de mes peines!

aux

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’16 flrmnn DE LA’BOETÏE.

SONNETZENFANT aveugle né , c’en: bien grande proucfïe.

Venir en trahifon des fleches nous tirer !N’as-tu d’autre plaifir que venir déchirer

Les cœurs mal murés de la fimple jeuneHe ?

Ta mere , qui rom-nu fans vergogne te laide,Montre bien qu’on fe doit loin de toi retirer.

O que for efi celui quife [aima attirerA ton enfance , vieille, a double, 8: rromperefle!

Meurtrier , larron. pipeur, fui-moi . fai hardiment,Fais du pis que pourras -, redouble mon tourment: ’

Je veux te défier , 8: ne veux plus me plaindre.

Quel mal peux-ru me faire , ô cruel fans mercièQueie n’aie enduré? Je fuis tant endurci,J’ai déjà tant fouKer: , que rien je ne dois craindre.

Ë?A

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Il?

«aï a;ROBERT ETIENNE.

L E nom d’É’erNNE et! fameuxdans l’Impri-i

merie,& même dans lesLetrres.Robert Étienne,

dont il efi ici queflion , étoit fils d’un Imprio

’meur , homme airez (avant , qui (e nommoit

aufli Robert Étienne. Il fut deshérité , pour n’a;

voir pas voulu fuivre l’exemple de (on pere ,

qui renonça à la Religion Catholique , & f:

refugia à Geneve. Charles 1X crut devoir

l’en récompenfer; il le fit voyager en Italie,

8L dans d’autres pays , pour y chercher des

Manufcrits 8: des Livres rares.

En 1556, il rétablit à Paris l’Imprimerie

de fon pere; 8L en 1563 , il fut fait Imprimeur

du Roi. Les éditions qu’il donna (ont eflimées.

Il poi’fédoit le grec 8c le latin, 8L il a écrit

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’18 ROBERT ÉTIENNE;dans l’une -8cedans l’autre langue; Il a latin?

quelques Poéfies Françoifes qui ont de la

facilité, du fentiment , 8L "une efpece de

cornélien. l

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nm’E* ï.- â NÈÎc-Î-ïk-Exîi;

l 6M- qmfi- lLî-lxfifi rëfl x a: fg:Œlætætælîfifiiæi

ROBERT ÉTEIENNIE;

PR 1ERE A DIEU,Pour la nouvelle Année.

ODIEU , nous te prions , au retour de l’année.Que tu veuilles en grace avec nous retourner ,. IEt faire en ce pays le bonheur féiourner , IPar uneheureufe paix qui nous (oit tofi donnée!

Appointe des François la que:elle intefline ,Et fais cefïer la guerre avecques l’an paiïél

Garde-nous de famine , 8l bien loin [oit chafléLeqrnal contagieux , don; la mort cil voifine l

Ce jour , que le foleil (on chemin renouvelle,Viens rajeunir nos cœurs envieillis au’péché;

Ne laide rien en nous-de [ale 8C de taché .Et purge n03 efprits par à flamme immortelle!

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2° ROBERT ÉTIENNE.Donne que les [airons , d’unefuite réglée;

Marchent l’une après l’autre en leur temps limité .

Que le printemps maille au retour de l’été ,

Et que l’automne celle au temps de la gelée!

Donne au printemps des fleurs, Gales fruits àl’automne!

Ne permets que l’hiver fait plus froid qu’il ne

faut l »De trois mois de l’été modere aufli le chaud! h

Bref, que toute l’année en fa courfe fait bonne!

Oeil ores que tu dois , pauvre France affligée .Une telle priere à ton Dieu préfenter,Et toute larmoyante à fes pieds te îetter ,Si des maux que tu feus tu veux être allégée.

l’an n’aura pas encor (à carriere accomplie,

Que tu verras de Dieu tes defirs exaucés :Tes malheurs finiront avec les ans palïés , .

Et la paix te rendra de tout honheur remplie.

De mes ans, ô grand Dieu, prolonge la cart

riere , AItifqu’au iour que la paix je verrai de retour!Après, fi tu le veux, quand j’aurai vu ce jour ,Quel’extrefmc fomeil me ferme la paupiere l.

-Ir--1:-4

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ROB-ERT ÉTIENNE. siNous defirons allez d’amender notre vie;

Mais , fans ta volonté , notre defir efi vain:Et n’étant foutenus de ta puifi’ante main ,

Nous perdons aufli-tofl: de bien faire l’envie.

Comme un petit enfant , que fa nourrice laifi’e;Ne fçauroit faire un pas qu’il ne tombe toujours ,

Nous en fommes ainfi , bon Dieu! fi ton fecoursNe renforce au befoin de nos feus la foiblefle!

Mais une fois munis de ta faveur propice ;Lorfque ta fainte grace aura place en nos cœurs ,Du monde 8: de la chair triomphans 8: vainqueurs,Nous pourrons fûtement faire la guerre au vice.

Enfin , par ton fecours remportant la viâoire ,D’une paix éternelle au ciel nous iouirons; I

Et rendus bienheureux , fans fin nous bénironsTon amour , ta bonté , ta puilïance 6: ta gloire.

p .æ?

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ne. ROBERT ÉTIENNE.

a.L’HYMNE-D”ES INNÔ’CENS.

il

ENFANÇONS innocens, que l’ire immodérée

Du tyran des Hébreux en maillot fait meurtrir ,Vous refiemblez aux fleurs que Zéphire St DoréeFont ,’d’haleine contraire , épanir 8: flétrir!

’ Quel crime avoit commis votre jeunefi’e tendre,

i Pour vous voir en naiifant au meurtre condamnés ?ce liai vous fait mourir , vous dut plutofi défi-:111

dre , vEt Yo"? real forfait , hélas! c’efi d’ef’tre nés.

t Ah! barbare affama, li quelque amour te toué

che ,Avant que de vouloir ces enfans affoler 9Vois le ris anomaux de leur petite bouche ,E: leurs bras tremblottans qui viennent t’accoller.

.51 Paf-nom. ntadoucit ta poitrine meurtrier: ,u n°1118 ne fois contre eux ému d’inimitié :

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ROBERT ÉTIENNE. a;Mais je te prie en vain 3 car jamais-la priere sNe pénetre une oreille indocile à pitié. t

Pour rendre un jour fur eux tacolere afouvie,Laill’e croifire leurs corps , 8c leur voulant ofler,Par trop de cruauté , l’ufage de la vie ,

Donne-leur , pour le moins , loifir de la gonfler.

Entends les piteux cris de leurs meres, qui viens

rient -Leur mamelle 8c leur flanc pour leur défenfe olfrir:Si c’eli d’elles , fans plus , que leur naiflance ils

tiennent ,PourJeur vie , à bon droit , elles doivent fouinât.

Je plains votre portée , ô brebis langoureufes!Qui voyez égorger vos agneaux tendrelets:Mais plutôt par leur fang , vous êtes bienheua

reufes;Car pour l’agneau de Dieu, meurent vos agnelets.

Meres , celiez vos cris , ô: foyez confolées:(Voyant vos nourriçons de vos mains enlevés:Car de votre giron leurs antes (ont voléesDans le fein d’Ahraham , le pere des fauve’s.

Vos fils ne furent nés pour en ce monde vivre;Le ciel qui les aimoit les en tira fondain.

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a4 ROBERT ÉTIENNE.O meres. déformais, defirez de les fuivre ,Et voyez que des cieux ils vous tendent la main. I

v I Celui qui les immole , aime tant le carnage ,-Que de fa propre race , au meurtre il s’efi baigné :Si [es enfans meurtris n’ont évité fa rage ,

Comment eufi-il le fang des voûtes épargné P

" Mais ce troupeau timide», ô tyran l’anguinaire,

Son fang , au dernier jour , demander te viendra ;Et l’enfant dont en vain tu te rends adverfaire, ’

Des enfans contre toi la querelle prendra.

. Leur bouche ore muette, alors fera diferte -,.Leur corps foible 8: petit , deviendra grand a: fort :

h Ils verront en profit fe conéertir leur perte .Et en heur permanent leur pall’agere mort.v

MADELEINE

l

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. MMJDÂLEINEDES ROCHES.» 2

Maintenu pas ROCHES; 8c fa tillé,

dont nous parlerons bientôt , eurent de leurl temps , la plus brillante réputation. L’une 8c ’

, . . v i . , ’ . xl’autre naquit , vécut 8c mourut a: Pontets.

r Lamere , nommée originairement Marie-J

leine Neveu , à qui plufieurs ont donnépour,

mari le lieur F redonnoit , Seigneur des Roches,

avoit époufé en eEet le lieur Eboill’ard, Sei-,

gneur de la Villée , comme on le voit par une

épitaphe qu’elle en a faite. Elle poflédoit le

latin, (avoit du grec, .8: un peu d’italien:

Pendant la tenue des grands jours de Poi-

tiers, fa maifon fut le rendez-vous de tousles beaux efprits qui le trouverent dans cette

Tom VIL l

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’26 MADELEINE DES ROCHES;

ville, oh ellefe fit autant refpeéier par l’or!

honnêteté, qu’eflimer par [on talent. Elle

mourut pendant la pelle qui ravagée Poitiers,

,.en 158i- ÎÎ. :7. 2 .. 213 -

gloire) ne donne lev bonheur. ’Cettq;femme; c’élebre en fit lais-raie expérience.

Elle vécut ornalheureufe ,, .n’yeut d’autre

confqlationilque: tille , rein”.drement. Ses vers ont uneteinie de mélan-

colie Mmes: anagrammois monotones amais ioujoursîintérell’ansa ’ t ’ ’ i

(if:- . -”v V m. l L. .lA°lj).i’li w: » 5".” 4 l’y) Δ. .v 1:11);

2:1me in: v. tu: là). Ç. " ’.Î) a" v;-

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E1l. .I .1--- .r: 3.7 ..

0422.0155; unau? ("ïtarit-m «nul 155.1111151 in;

mânes: qué”Îi’liirËieré”’ 3’ ":4

Dompte .l’obl’guriçé, . A

La fciencehelf premiers," nMais tout’e’ili’vani’té’.’ I” l” W

l cOl’JL: il L 11L! 1721C .il

ce qui fut vraii’éniblàbl’e ,3 -1 Un "1

Selon l’antiquité ,

Se contera pour fableA la pofiérité. il”

tu!

ulv- r.’

4 lNm": PfÎnCîpe cil longe ,

Noue naifire , malheur ,Notre vie, un menfonge ,

’ Il n°3: fin, douleur. p

A B a

l

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2.8 MADELEINE DES ROCHES;Qui dreli’e l’édifice;

Qui le rend plus tortu ;Qui emballe le vice 5Qui aime la vertu.

;’.Yî ï .7; ’ . ÇQui chemine en ténebre;

.Quiaime la’clarté"; Q A fQui joint lan jour-luncheA l’a nativité.

Les fleuves ,Îpar leurs courtes,ne grands (e (ont petits;En reprenant leur: [ourses ,Dans le fein de jutât Î ï,

L’inconhnce cil plus ferriteQu’on ne fçllll’oit penfer a A

Toute choie a [on «me; " 4 lEt ne le peutpafi’er... H p

Q

, .» a n.,- r ,; 4. 122, - :. .1

:- )-M

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MADELEINE DES ROCHES. I a;

SONNET.Sun LA MORT DE SON Azur. «A

Las! ou cil maintenant ta jeune bonne grace .Et ton gentil efprit, plus beau que la beauté (1R,Où cil ton deux maintien , ta douce privauté à V

Tu les avois du ciel, ifs y ont’repris place l

O mifénble , hélas! toute l’humaine race .Qui n’a rien de certain que l’idélicité l

0 trille que je fuis! ô grande adverfité!Je n’ai qu’un (cul appui en cette terre balle l

O ma chere compagne , 8K douceur de ma vie;Puifque les cieux ont eu fur mon bonheur enNie jEt que tel a été des Parques le décret .

Si , après notre amour , le vrai amour demeure ,AbaiEe un peu tes yeux de leur claire demeure ,’Pour voir quel et! mon pleur , ma plainte 5: mon

regret 1*

(1) L’Ediuur du Parnafl’e des Dames alfa-n avecgiflait pas ce un rappelle sa me un fi fameux de k

0mm: :Et la grace plus belle encor que la beauté.

surla

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se MADELEINEDES ROCHES;

a fifi...-SONNET..QÛELQU’UN mieux fortuné dira , de ma corne

plainte , lMes douloureux foupirs a: mon gémilïement :telle-ci n’eut jamais que mal ’COntcntement 5’ ’

Dune voit que rigueur en les écrits dépeinte;

fifi-ce une hifloirevnie ., .otrune fable feinte PSe veut-elle exercer fur un trille argument? . .Ah! croyezeque mes maux me font- plus de tourie

Ï. MÈRELU. Il...- A.Cent 8: cent mille fois que je ne fais de plainte.

Par le repos perdu , j’ai la raifort blefl’ée s

J’ai le difcours rompu , la mémoire offenfée t .

La crainte mevpourfuit , éclair mes pleurs couler,

feu de mon efprit perd fa douce lumiere 5Et ne me relie plus de ma forme premiere ,Sinon que j’aime mieux écrireque filer.

z

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t MADELEINEDESLKOCHES, .3;

’ 4’ « .. je,

o DE.J. os parens ont de louable coutume, gPour nous citer Parage de raifort ,De nous. tenir clofes dans la maifon, ,E: nous donner le fufeau pour la plume.

Træant nos pas felon la damnée .

On nous promet liberté a: plaifir :- ,On nous promet; 8: c’en lede’plaifir

Qui nous remet fous les loix d’Hyméne’e.

Il faut foudain que nous changions l’office

Qui nous pouvoit quelque peu façonner,Ou le? maris ne nous feront formerQue l’obéir , le foin , ô: l’avarice.

Quelqu’un d’entr’eux , ayant fermé la porte

A la vertu , nourrice du Ifçavoit ,’ v IEn nous "voyant , déifie de hi Ireèèvôîr ,

Dès qu’il lui voit habits de notre forte.

Mon Dieu! mon Dieu! combien de tolérance ,Que je ne veux ici râmentevoir!Il me (11th aux hommes faire voir

i Combien leurs loix nous font de violence!B 4

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3: MADELEINE DES ROCHES.

Les plus beaux iours de nos verres annéesSemblent les fleurs d’un printemps gracieux . iPrelïé d’orage à! de vent pluvieux ,

Par qui foudain leurs couleurs font fanées.

Au temps heureux de ma faifon pafl’ée ,

Pavois bien Paille unie à mon coflé;Mais , en perdant me jeune liberté ,

l Avant le vol, ma plume fut calice.

Je voudrois bien aux Mures faire hommage ,Et , par écrit: , mes peines foupirer: oMais quelque foin m’en vient touiours tirer ,Difant qu’il faut ne fouger qulau ménage.

L’Agrigentin du fang de Stéfychore

A dignement honoré le ravoir; IQui envers nous feroit mefme devoir ,Pareil miracle il reverroit encore.

Dames, faifons ainfi que l’immortelle,Dont en hiver la fleur ne dépérit : -

Quand la nature enfante un bon efprit,L’étude encor l’enrichir de plus belle.

fin?

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33

fimav. CATHERJNE’DES R OCIHES. .3

C ATHERINE mas- Rocnrs , fille unique de-

Madeleine des Rochesvdont on vient de lire

les Poèfies , reçut le jour , aînfi que fa mere ,

dans la ville de Poitiers :’ elle cultiva , comme

elle , la Poéfie , eut autant de réputation, 8: I

plus de talent. Elle nous paroit fur-tout l’avoir

furpall’èe par la clarté 8: la correêiibn; 8e nous

avouerons que de ce côté-là , elle nous rem."

b1: bien étonnante, pour. le. fiecle ou elle a

vécut 1Dans le Recueil. de l’es ŒnVres , impriinê’es

:Vec les Ouvrages de tu mere ,t on trouve’nuai de l’une 8c de l’autre quelques Ouvrages

en proie , qui annoncent de l’érudition , des

B; y.

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34 CATHERINE DES ROCHES;

l’efprit , 8L du jugement; mais Catherine

des Roches y montre plus de naturel’SC

de facilité.’NousIavonsïvu noràmrnent (106k.

ques dialogues philofophiques en profe, dont

lileâure eli trèsÀ’nttachante. Ils font pleins

d’efptit , de bon fans 8c d’invention!

C’efl: à cette Demoifèlle des Roches qu’efi

airivée l’hifloire’ (le la Puce qu’on trouva fur;

fou (en) , 8c qui échauffa verve de tous les

Poètes du temps. Elle fit imprimer, avec les

Ouvrages , toutes les Poèfies qui furent faites

à cette occafion, , . I 3"L’Editeur au amigne-de: 12mg; une

Goujet 8L autres , prétendent que le Raye:

ment de Profirpine ,qqui-fe trouve eufiidens

leur; gaves: uppartient égalementà la niera,8g à laîf’illleq Nous ignorons iuriquoi cil fondée

cette opinion. Dans’lfédition que nous avons -

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.*,V CATHERINE DES ROCHES. I a;

fous les yeux, cette traduéiion efi rangée;

parmi les. ouvrageq de la Demoii’eller des

Roches; &nous trouvons une lettre Ioù elledit;

en parlant de ce Poème : La maladieÎde ma

mere m’a fiât imaginer en telle crainte le regne

ténébreux? que n’ai fçu le décrirai...

tranfirit les Jeux premiers livres 4,..efpe’rqnt (et

cimier bientôt le. troêfieme tout. d’un. fil; sur

Cela nous fait croire-que è’eà’àiènei feule

qu’on doit attribuer cette rraduEiion ,. qui efi

digne de fon talent. k. l Ü ; .

-Unet efpece de petit Romæ-en vêts fiois;

Catherine des Roches merdera Amansrëni

correfpondance fous les nomside Chari): 8e -

de Sincero , a fait calomnier inconduite z on-

la fit l’héroïne de (on-Roman.,(1eci Mustap-

pelleique des contemporains’du fameux. Cré- -

billon le croyoient prefque capable des noir-J ceurs qu’il mettoit dans fes Tragédies , 8c que

86

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m3.;-

tavv-r-eiruæâî? a». ma.

36 CATHERINE DES ROCHES.

jugeant de fou cœur par les produétions de".

[on efprit , on étoit prêthd’accufier d’atrocité.’

ce même homme; qui pouffoit, dit-on , labonté jufqu’à la facilité 8c la bonhommie. A

Il paroit évident que Catherine des Roches

eut des mœhrs irréprochables. Jules de Guet-i

fan , prétendoit à fa main , fit une mau-v’atrc Tragédie de Panthe’e, fous le nom de

Catherine des Roches; mais cette Demoi-’

fèlle refufa conflamment le préfent de fa

Tragédie, comme celui de (on coeur. Elle

préféra le célibat aux partis les plus brillans

8L les plus evnntageux. Pleine de tendrelïe»

pour fa refpeaable mere , elle avoit juré que

la mort pourroit feule l’en (épater; elle délira .

mourir avec elle , .81 (es vœux furent exaucés ; î

car la pelle les emporta toutes (leur le même -

jour , en 1587.

rie-ils

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mmme

mm-CATHnn1NEDES ROCHES.

mL’A GNOIDI CE,

OUl’IGNORANCE 34mm: DE CHEZ.

LES Femmes.

Il. n’y a. pallioit qui tourmente la vieAvec plus de fureur que l’impiteut’e envie r

De.tous les autres maux on tire quelque bien;L’avare enchaifne’ d’or le plait. en fou lien -,

Le fuperbe fe fond d’une douce allégrefi’e ,

S’il voit un grand Seigneur qui l’honore 6: carafe g.

Le voleur , épiant fa proie par les champs ,Souris à ton efpoir , attendant les marchands ;.

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38 CATHERINE DES ROCHES;Le gourmand. prend plailir au manger qu’il dévore,

Et femble , par les yeux . le dévorer encore ;Le jeune homme , furpris de lafcives amours ,Compofe en fou efprit mille plaifans difcours;Le menteur fe plain fort , s’il fe peut faire croire;

Le jureur , en bravant , croit augmenter fa gloire.Mais , ô cruelle envie , on ne reçoit par toiSinon le déplaifir . la douleur 8: l’émoi !

A celui qui te loge , ingrate ë: fiere holiefl’e ,Tu laifi’es , pour payement , le deuiliôt la trifiefi’e.

C’eli par toi que tombé fousle bras fraternel, .Le paume Abel mourut , invoquant l’Eternel. jj

’ Depuis , en te coulant aux autres parts du monde ,Tu femas fur la terre une race fécondeEn ires 8: forfaits , fureurs cruautés ,Par qui les vertueux vivent perfc’cute’s.

Mais fur tous autres lieux -, c’ei’t la contrée au

tique IQui témoigne le plus de ta puiKance inique ,Non point pour Théfe’us , de fes parens trahi; Ï

Pour le jufie Ariliide , injuflement haï; 1Ni pour ce Thémiflocle ; allant chercher la terreD’un Roi que tant de fois il pourfuivit en guerre ;Ni pour voir Miltiade à tort emprifonne’ -, ’Pour Socrate. mon plus , qui meurt empoifonné fMais pour toi ;Phocion , qui n’eus pas fépultute-I, r 4Au passent aimé,- au in pris nouitititi’eà - ’ 4’

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germains. DES ROCHES. 3,Une Dame étrangere , ayant la larme à l’œil ,

Reçut ta chere cendre , 8: la mit au cercueil:Honorant tes vertus de louanges fuprefmes .Elle cacha tes os dedans (on Soyer mélittes ;Difant d’un trille cœur , humble à dévotieux:Je vous appelle tous , ô domef’tiques Dieux ,Puifque de Phocion l’amé ses retirée ,

Pour allai-prendre au ciel fa place préparée .Et que fes citoyens , auteurs de fou trépas; VL’ayant empoifonnék, ores ne veulent pas

Qu’il fait enlevai dedans (a serre aimée ,

Se montrant envieux deltas fa renommée; rPuifque [mort il éprouve encor leur trahifon .Aimons ce qui nous relie , honorons fa pril’on.

L’Envie . regardant cette Dame piteufe,Dans foi-inerme (émir une ire venimeufe ,Renan: les deuxgrands yeux .. pleins d’horreur 8:

’ d’effi-oih l - »Ah l je me vengeraikce dit-elle, de toi; .. r. ’Hé! tu veux donc aide; ,v forte, tuyaux défendrePhocibn . dont je hais encor la morte cendre r ’Saches. qu’en peu de temps je te ferai l’émir

De ton haflif feeçurs un tardif repentir;Car, en dépit de toi , j’animerai lemmes ’ . ..

ne; , qui feront les tyrans de leurs femmes), .Et qui. desliumirer leur cumule pouvoir V aLeiu défendront toujoursl’e’utde &le,f9æroih.-. a ’ ’7’

fi

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4o CATHERINE DES ROCHESAufli-toli qu’elle eut dit , aux hommes elle infi-

pire tLe defir d’empefcher leurs femmes d’e s’infiruire.

tu. Ils veulent effacer de leur entendementLes Lettres; des Beautés le plus digne orne;

ment gEt ne voulant laifl’er chofe qui leur agrée ,.

Leur client le plaifir, où l’aine fe recrée.

Que ce fut à Envie une grand’cruauté ,De martirer ainli cette douce Beauté !’

Les Dames embrun fe trouveront fuivies;De fleuris , de langueurs , a: d’autres maladies rMais fur-tout la douleur-de leurs enfantemens ,.Leur huoit nippones d’incroyables tourment ,Aimant trop mieux mourir que d’élire peu hon-A

teufes , i ICoth aux Médecins leurs peines langoureufes g-Les femmes , ô pitié l n’ofoient plus fe niellerne s’aider l’une l’autre ; on les mon filer.

ce temps , ily eut une Dame gentille.,i Que le ciel avoit fait belle, (age a: fubtile’,

Qui piteufe de voir ces vifa’ges li beaux ,

Promptement engloutis des avares tombeaux ,Sous lesbabits d’un homme apprit la Médecine";

En! appritln vertu des fleurs, feuille , &racine :’Mais les Dames , penfant que ce fut un garçon.[chioient fou feeours d’une étrange façon;

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V CATHERINE DES ROCHES. 4!L’on connoifl’oit allez , à leurs faces craintives, ’

Qu’elles craignoient l’es mains comme des mains

lafcives. n ’Agnodice . voyant leur grande chafiete’,Les efiima beaucoup pour cette honnelleté rLors, découvrant du fein l’es blanches pommes

rondes , .Et de [on chef doré les belles trefl’es blondes , -Montre qu’elle étoit fille , se que l’on gentil cœur 4

Les vouloit délivrer de leur trille langueur.Les Dames admirant cette bonté naïve ,

Et de fou teint douillet la blanche couleur vive;Et de l’on rein poupin le petit mont jumeau ,Et de ton chef facré l’or crefpelu tant beau ,Et de Ces yeux divins les flammes ravilfantes .’

Et de res doux propos les graees attirantes ,Baiferent mille fois 6: fa bouche et (on fein ,Recevant le recours de [on heureul’e main.On voit en peu de temps les femmes 8: pucelles .Reprendre leur teint frais , 8: devenir plus belles sMais l’Envie en frémit; un furieux ferpent, vQu’elle tient en fa main , [on noir venin répand :

Son autre main permit une branche épineufe; . .Son corps étoit plombé , fa face dépiteufe,

Sa relie âne cheveux , ou W011: plufienrstouts

Des viperes hideux , qui la mordoienttoujount -

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a: .CATHERINE DES ROCHES;Traifnantîautour de foi l’es furicufes rages, ,Elle s’en va troubler les challes’mariages -,

Car le repos d’autrui lui cil propre malheur.Elle dit qu’Aguodice une aux maris l’honneur.

Les maris furieux , faifirent Agnodicc ,Pour en faire à l’envi un piteux vfacrifice. lHélas! fans la trouver coupable d’aucun tort,Ils l’ont injuliement condamnée à la mort! i

La pauvrette , voyant le] malheur qui s’apprcfie,Découvrit promptement l’or de fa blonde telle;Et montrant (on foin beau , agréable féjourDes Mures, des Vertus , des Graces , de l’Amour,Elle bailla les yeux , pleins d’honneur. 8: de

honte 5 lUne vierge rougeur en la face lui monte ,Difant que le defir qui la fait déguifer,N’en point pour les tromper , mais pour autoriferLes Lettres , qu’elle apprit, voulant fervir leur:

Dames ;Montrant à les guérir, non à les rendre infames.Les hommes tous ravis , Cans’parleri, ni mou-

voir ,Attentifs feulement à l’oüir à: la voir,

Comme l’on voit, par fois , après un long orage .

Merener les vents, 8: calmer le rivage ,Se trouvant tout ainli vaincus par la pitié ,Rapaifent la fureur de leur inimitié:

71-42-13.

Il

a La.

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i .CATHEKINE DES. ROCHES 459 Faifant à la pucelle une humble .réilérence ,

Ils lui vont demander pardon de. leur olîenfe.’

Elle , ui ralentit un plaifir fingulier.Les fupplia bien fort de faire étudie!Les Dames du pays , 6: leur lamer la gloireQue l’on trouve à (mir les filles de Mémoire;

L’ErÏvie connoilïant fes efforts abattus ’

Pat les faitsid’Agnodice , ô: fes rares vertus.A pourfuivi depuis . d’une haine immortelle,Les Dames qui étoient vertueufes comme elle;

EPITAPHE DE MÉDÉE.

F U Y 1-: z , Dames , fuyez l’amoureufe pointure 3.

Tirez un doux falut de ma peine tant dure :Beautés , grandeurs , tiéfors , herbes . enchante.

mens , ll Ne fçurent alléger mes envieux tourmens.Je fus Reine , ô: forçai les étoiles hautaines :

Mais le tyran Amoui triompha de mes peines ,Et voulant m’affranêhir (le liron cruel émoi,

Je tuai pere , frere , époux] enfin: , 6: moi.

’M’

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44 CATHERINE mas ROCHES.

IMITATION.A rot. Vénus, le myrthe en au grA Cloris , les fleurs de la prée aA Phœbus , le laurier agrée;

I A Pallas doit efire rendu’ Le chef de l’es panes olives .

Croilïant auprès des chahs rives:Mais les plains a: le pleur amerAppartiennent au Dieu chimez;

Il

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f CATHERINE DES ROCHES: 4’;

à:i SINCERO A CHARITÈ...

4,114 ÇRo s ((1).-J E ne vois fleur qui une figée;Connue fait la Rote pourprée .La Rofe, fille d’Apollon ,

Honnçur (les vend’Ana ,Qui. de la Rofecmnoifie, . .A décoré fa pallie l, I ’Pour ce que! fa fraîche couleurLe garantit de la douleurDe remix! la fureurtbaeehiqueAvec la fureurpoétiqup I ..Mais, pour remuable «flânai t L-rv xJe ne luipanaafefiioni; la a; w. .Car. «hmm-mnéveawdaîn; 2’ 1. x

d’un celai: a’emniqnefaite. I.) à! J ’J’aime (on hennin! ivèrdifi’ntigl v » *

J’aime foulai: Mjm.; ,.

"A64

a) eau Piaé’fv 10mn 12min! ,; têtu: [oula un a Sinaï!» sa (lutineront I lam nm a WMWÊI-ç’h- au. a afait ambla: le ivoire. qu la Muthul’M’Ç’l *’”””i

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œmms pas; 30cm;J’aime fa feuille cinabrine ,

*’Teinte du fang de la Cyprine ,,QuLcolora? clans ce beaupmoisr in . . .

nichant: ivoire et». réé doigts: 11 «1’ - -’ e

Elle s’efforgoit de la prengre;Mais, fion; voïfloîr tropientreprevùdre, i

Elle fourbit punition .1»De fa’finnüe priémption", i 2’ et 7 Ï.

Gafiant fa pehwrlonilletre’âdhlaüchæ’; Î)

Voulant piller la note amuse: H;- Lï " 7Vraiment loufe; moucher-fout (1

Je t’aime, d’avoir’lpmainfiih-J’è ab .519

Te défendre d’une Dédl’eay; z? à7.:èb A

Que je chérisœa gérüllëfæk m sa ruoq

Mais je veux direzencorxpœirqhoigsm :ÇÎPourquoi je: t’aime. alitantqûaJ’aime ta cime iamü’ànqepn il 5’ au . L

1’ aime t3 levé verdüïahtégzn’! en: q . 2111C

Pour ce que celleajieîs fuma En: en 0*.A le poil atome: lbszyçuxrweui en . 7L3J’aime tes (une: agames pi sl-n met! -Comme les .iouerrde’liaigsmt. d n51 crûtDe ma Maülneiïegeôèm me] aurifia

....Qu’e11euflîemhleen MW- ..... . .

Q

î ’.?-îuîwêâ;gîmlufilnâfîficî au?) (i) 3. .Pnuguai’qïaùnew Ï" WIÈ aï. mu ni l

hWIIQ.fltcbêkæîænfl Il 9.. Watu Ë .,. un nimà m H , a 5h IEV x .À i,Plut! à and que mon Mn galba-"ÇA: me k

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CATHERI’NE DES ROCHES: 41-»

Te pull eût-e autant honorable ,i i -. 17Que ta beauté miel! agréable l: A «A

Je ne craindrois point quéSaphonK 1’): L

Me reprifi dedans ûëchanfon ,’ i. ’ l 3" ’15

Pour ne mon»; Rofe fleurie . L!Prife fur le m’ontïPiériél c 4l- .’- il Un

Vraiment ,i Rofe ,1 îe chanterois a " » ’

Tonne-tes Beautés, si. dirois ’ a m

Combien ton odeur câlfubtile, .Combien ta liqueur et! utile, ’13Comment tu fui; chez Agathon. et i

r Servie au banquet de Platon ,l ’- ’Ï’ -3-- a

W 1Et comment ta fleur vemeillerteCouronnoit l’enfance douilleft’e l L - T I-i Î

De leur amourrcomment un; ,i . «4COmment Raie; moucher (and; - v)Tu fis un chapeau à Plutarque ,Et un beau bouquet à Pétrarque.Rote, res boutgngpdpxengflSont les grattes des Amoureux :Rare , tes belles fleurs nouvellesSont les faveurs dît méroifelles :

Rofe , ton lufire gracieuxCharme l’odorat ê: les yeux.

Rofe , mon cœur, Rofe. ma vie;Rofe, fi tu as quelque envie

(1) Sapin»: , pour Sapin.

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a. CATHERINE- DES ROCHES.

De guérir enfin mon ennui 5Ma Rote , via-t’en aujourd’hui

Saluer ma belle Charité,Et lui dis queie t’ai écrire

En la faveur de (on printemps.Écoute . Rofe , ne prétends

De loger au fein de la belle; .J’en fuis jaloux. Viens , je t’appelle;Écoute. Rofe. n’y vas pas.

O comme elle s’en va grand pas ,Voir cetçe face nonpareille .Des Dieux l’agréable merveille!

Rofe f tu pourras bien fend:Que vaut un tardif repentir.Si tu Confites farniente flamme .Qui fort des beaux yeux de ma Darne.

Vrai?

4 mimai.

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CATHERINE DES ROCHES. 49

WS O N N E T.SINGERO A CHARITE.

BELLE , plutofi les eaux enflammeront la terre;Et le feu glacera les fruits , herbes ê: fleurs -,Les aveugles plutofl jugeront des couleurs ,Et plutofi fans verdeur on verra le lierre:

La paix fera plutofl moins bonne que la guerre ;Vénus ira fans grace , 6c l’Amour fans douceurs g

Les Princes feront ferfs , 8c les ferfs Empereurs ,Qui frapperont les Dieux avecque le tonnerre :

Plurofi feront les cieux à la terre pareils g

Plutofi apparoiflront mille a mille foleils ,Dans le centre profond de cette lourde maire z

Plutofl feront toujours les hommes fans cour:

roux; -Tous les penfers plutof’t fe liront en la face ,

Que je puilïe jamais aimer autre que vous.

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go CATHERINE DES ROCHES;

Ms o N N E T3CHARITE A SINGERO.

SI je veux m’acquitter , on ne me doit reprendrè’ De ce dont cil repris le prodigue donneur ,

Qui dépend follement 8L richeiïe 8c honneur ,

Sans efpérer le bien qu’il en pourroit attendre.

Recevant un amour , un amour je veux rendreA vous, mon Sincero , â: confefi’e mon heur,D’avoir fçu rencontrer un fi rare formeur ,Pour notre affeélion dignement faire entendre.

Or je dois vous aimer pour trois occafions ,Pour ce que vous mlaimez , pour vos perfeâions ,Pour ce que je vous fuis liée de promeffe:

Et vous payant ainfi , je ne vous donne rien :Que pourrois-je donner? vous elles tout mon bien,,Vous elles mon honneur, mon plaifir , ma richeiïe.

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CATHERINE DES ROCHES. ’ si

C H A N S O NDE CHARITE A SINGERO.

UAND je fuis de vous abfente ,Sincero , mon beau foleil ,Je nYai rien qui me contente ,La nuit je perds le fommeil!Le jour , je fuis la lumiere ;Et mes trilles yeux enclos,Prifonniers de la paupiere ,Ne font jamais en repos!

Je n’aime de la prairieLe bel émail précieux ;

Ni la campagne fleurie ,Ne fçauroit plaire à mes yeux!Je fuis tant mélancolique,

Que les plus gracieux fous,Et la plus douce mufique ,M’ennuyent de leurs chanfons!

Je ne veux ouïr performe ,Pour difcourir ou parler;Je n’entends rien qui reforme.Que ma plainte dedans l’air!

C 2

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CATHERIN E DES ROCHES;- Mes compagnes, qui s’ennuyent

De mon amoureux émoi ,Toutes dépites s’enfuient ,

Et fe retirent de moi!

Jamais on ne me voit rire , ’ pJamais on ne m’ait chanter;Incelïamment je foupire ,Et ne fais que lamenter ;Je n’ai bien , plaifir, ni joye 3

- Sintcero. mon cher fouci,Jufqu’à ce que je vous voye ,

Je ferai toujours ainfi.

ÉËÎÏM Ivre-1:71:-

pins r1

m w- .-,.«-a

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CATHERlNE DES ROCHES. ,5

a: [à,IMITATION’. .DAM o N étoit auprès de fa chere Philis ,A l’ombre d’un laurier , defi’us l’herbe fleurie:

Philis pile les fleurs de fcs beaux doigts polis .Et de [es doux regards renfle-ure la prairie.

Cependant ils contoient d’agréables difcours.

Témoignant la douceur du feu qui les enflamme:A l’entour volletoient mille petits Amours :L’amour e11: dans leurs yeux , ainfi que dans leur

ame.

Alcîdas tout auprès , contre un orme caché ,

Épiant leurs propos . à grand peine refpire :Il fcmbloit dire un arbre . à un arbre attaché,En écoutant Philis , qui lors commence à dire :

Douce ame de mon ame , il y a fi long-tempsQue je n’ai vu tes yeux , qui me tiennent ravie!Eh! fans te voir , un jour me dure plufieurs ans :En t’éloignant de moi , tu emportes ma vie.

Que veut dire Ergafio, de t’envoyer ainfiErrant deçà , delà , pour le fait du ménage PHa !’pere trop cruel, qui des tiens n’as fouci ,Et quine crains jamais que l’on leur faire outrage l a

.C 3

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S4 CATHERINE DES ROCHES;Damon répond ainfi : Je jure par tes yeux ,Et par les doux propos de ta bouche tant belle , iQui me touchent l’efprit de leurs Ions gracieux,

Que, loin de toi , je fens une peine cruelle.

Quand mon pere vieillard m’envoye en quelque

lieu , -Ceux qui font près de moi craignent tous que

je meure g. lEt je ne puis , hélas! mefine te dire adieu ,En délaiflant mon cœur, qui dans ton fein demeure!

Philis lui dit encor : te vis-je pas un jour ,Parlant avec Nifa d’une façon privée?

Je crois que tu tenois certain propos d’amour,Qui fut interrompu , me voyant arrivée.

Nifa ef’t bien aimable , 8: tu as autrefois

Senti, pour fa beauté , une amoureufe playe :J’ai peut que te voyant feule: dedans le bois ,Damon , de te reprendre encor elle n’effaye.

Bon Dieu! ce dit Damon, comment as-tu penfé-Que j’aime autre que toy , ô ma chere ennemie PTe laifi’ant pour Nifa , je ferois infenfé ,

N on vaincu de l’Amour , mais bien de la folie.

Elle vint , l’autre jour , ayant l’aceoufirement

D’une Nymphe des bois , pour décevoir ma vue a

in r-

m

(fr-va.

LT ne!

P. D.

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CATHERINE DES ROCHES. jeD’elle je m’approchai, mais fort innocemment,

Et m’en allai fi-tofi: que je l’eus reconnue.

Dis-moi la vérité , ce lui répond Philis ;

Auflîvbien de ce fait je fuis allez certaine :Qui lui donna ce vafe , 8: ces traits fi jolis ,Et ce bel arc bruni, dont elle ell fi hautaine à

Tu as fait ce préfent , c’efl: toi qui l’as donné ;

D’un autre que de toi ne vient un tel ouvrage.Ah! parjure Damon , je te vois étonné lLa rougeur , la pafleut te couvrent le vifagel

Damon nia cecy, affirmant que PythonAvoir donné le tout , avecque fa promciïeDe l’éponfcr bientofl : les noces , ce dit-on,

Se font au premier mois , avec grande allégreffe.

En les voyant d’accord , Alcidas fut content :

Il les vit , d un ruiffcau chercher le frais rivage;Au pere de Philis il courut à l’inflant ,

Et les fit airembler par un doux mariage.

C4

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’56 CATHERINE DES ROCHES:

ÉPITAPHE DE LUCRECE.

LE pauvre Colatin , voyant fa trille femme ,Difoit : Chere Lucrece , appaife ta douleur;La faute ne tient point à cette gentille ame :Si ton corps cil pollu , tu as un chafie cœur.Refufant fes raifons , la courageufe DameLui dit , perdant la vie : il faut fauver l’honneur :Tu m’abfous , je me juge à la tranchante lame.

Ne pleure point ma mort, mais pleure ton malheur.

QUATRAIMAmant fit tort à fes mains;Quittant le fufeau pour l’épée:

L’un file la vie aux humains ;.De l’autre la vie cil coupée.

M

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CATHERINE DES ROCHES. 52

[MITA mon ’ ’

OU es-tu maintenant, Myrtille , mon eljnoir?lis-tu avec ta fœur , ou bien feul à toi-mefme?lis-tu point près d’un fleuve, y cherchant unmiroir,’

qui repréfente bien cette beauté que j’aime ?

lis-ru dans un vallon , ou courant par les champs.Ou fautant par les prés , ou chantant au bocage , lOù les Nymphes , fuivant la douceur de tes chants,Viennent pour admirer ta grace 8c ton vifage?

Myrtille , es-tu aflife , en rêvant à part toi,Parmi les belles fleurs , ornement de la terre ,Si quelque autre pafieur , t’aimant ainfi que moi,Reflent, pour tes beaux yeux, 8c la paix à: la guerre?

Tu entends les oifeaux , leurs foucis appaifantAux fredons redoublés de leurs voix doucereufes;En voyant les pigeons en ferveur fe baifant ,Hé! dieu! penfes-tu point aux douceurs amoureufes?

O mifere d’amans l ô fallaces d’amour!

Qui nous fait appuyer fur le fer qui nous blefïe! .O jours trilles 8c longs , bornez mon dernier jour,FinilTant tout d’un coup ma vie 8c ma triiiefl’e.

seW

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58 CATHERINE DES ROCHES;

LE SOMMEIL ET LA MORT.

R un n’efl plus différent que le femme St la mon; jCombien qu’ils (oient ilïus de mefme parentage 3L’un profite beaucoup, l’autre fait grand dommage;

De l’un on veut l’effet , de l’autre on craint l’effort.

Le fommeil , refpirant mille petits zéphirs ,

Careffe doucement le dormant en fa couche ;Et la mort , terniffant une vermeille bouche ,Etoufïe pour jamais les gracieux foupirs.

Ne m’abandonne point , ô bienheureux fommeil!Mais viens toutes les nuits abaifïer la paupiere

’ De ma mere 8c de moi; fais que lanuit derniere

Ne ferme de long-temps nos yeux au clair foleil!

Ainfi fait pour jamais le filence facréFidele avant-coureur de ta douce préfencelAinfi l’ombreufe nuit révere ta puiflance!

Ainli les beaux pavots fleurifl’ent à ton gré!

rien?

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sa: fiez.JACQUES DE ROMIEU.

LA date de la naifl’ance 8L de la mort de

Jacques de Romieu , Gentilhomme du Vivaq

rais , nous efl inconnue; 8: l’es ouvrages font

aufli peu connus que fa performe. Il futfecré-L

taire ordinaire de la Chambre du Roi, 8: fit

imprimer un Recueil de Poéfies contenant des

Odes, des Chanfons, des E1égies , des Son-,’

nets , &c. ’

Si l’on prend à la lettre un de (es Sonnets ,

ou il promet à une Dame de ne plus jouer,

il faut croire qu’il avoit du goût pour le jeu.

Il paroit qu’il eut. auflÎr du goût pour l’argent.

Dans un long 8c mauvais difcours en vers,

il en demande fans façon au Duc de Joyeufe,

C 6

44--

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69 JACQUES DE EOMI EU.en cas que ce dernier veuille être chanté par

lui , 8L il lui dit:

Commandez feulement , d’une main linge 6c pleine,

Que j’aille flageolant, de ma petite aveine ,

Votre nom, &c.

Il ne paroit point que le Duc de Joyeule ait

rien envoyé; car nous ne voyons pas que le

Poëre ait flageolé (on nom.

un. s

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ÎŒWË 1’;-n "î Jeux. le1;, de mais

Wæ :2:JACQUES DE ROMllEU.

g;-CHANSONIMITÉE DE CAIULLn-(r).

rW tv o N s , ma Maiflrefl’e , vivons,Et l’Amour jufqu’au bout fuivons ;

Rayons des vieillards trop féveresLes rumeurs 3 aimons palle-temps ,Et cueillons de notre printempsLe fruit, loyer de nos miferes.

Aux faifons autant en advient :’ Mais quand notre brieye lumicre

A fait l’on cours foudainement,

(l) On a déjà vu, dans ce Recueil, des imitation:de la même Plus. Nous en inférerons d’autres encore ,pour la fatisfaêlion des Leêîeurs qui aiment ce: 13m4

l

l

g Le foleil toujours va 8: vient;

l

j de coqaraifimr.l

i

l

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la JACQUES DE ROMIEU. ëNous ne pouvons aucunementLa raplkller en la carriere.

Sus donc! mignonne, accolle-moi,Et foulage mon long émoi,D’un baifer, qui mille en attire

1 Cent 8: cent , mil à: mil après,Qui s’entrefuivent de bien près,

Cependant que vif je terpine.

Puis , quand nous aurons fait amas’ De tant de gracieux appas,

Que le ciel henin nous afïemble,Afin que Pou ne fçache pointLe nombre de ce qui m’époint ,

Nous confondrons le tout enfemble.

mW

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-------A

JACQUES DE ROMIEU. a,

SO’NNET.

UN mieux appris en l’art de l’Aonide bande ,Qui aura vu les Sœurs . 81 le Dieu Delien ,Sur le tertre iumeau du mont Pégafien ,S’ombragera le front de la verte guirlande.

.Moî , à qui feulement une Dame commandé,

Indigne de toucher un rameau cynthien,Je me contenterai du myrrhe paphien,Craintif à m’approcher d’une gloire fi grande.

à

L’une p outroit tromper mon honnefle defir,Mais l’autre affinement me vient jeune faifir ,Pour honorer le front de ma tendre ieuneiïe.

N’allons donc pas chercher l’honneur des monta

cornus ,-Puifque tommes guidés æune belle Vénus z ’Aire: cit honoré , qui l’efi d’une Déeiïe.

aïe

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54 JACQUES DE ROMIEUI i

SONNEII LE Courtifan aime la Cour;Le Laboureur, le labourage ;Le furieux aime la rage ,Et l’Amant , à faire l’amour:

Le clair-voyant aime le jour I,.Le chaman: aime l’ombrage;Le Bon cœur aime le courage -,Le cafanier aime féjour:

Le Doâeur aime la (barine;Le Médecin, la médecine ;

Le preneur aime le donneur:

Le vieillard aime la vieillefïe ;Le jeune encore, la jeunciïe;

Et moi, de mon pays l’honneur. J

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6-3: fieMARIE DE ROMIEU.

MARIE DE Roman , (eau: de Jacques de

Romieu , dont on vient de parler, naquitauliî dans le Vivarais. Elle fut mariée; 8c

elle vivoit encore en 1584, felon la Croix-j

dit-Maine.

En réponfe à une fatyre que (on frere’

avoit compofée contre les femmes , elle écrivit

un brief Difiour: en vers, dont le but cf:de démontrer que l’excellence de la fimme

fizrpqflè celle de l’homme. Elle adrefl’a ce Poème

à (on frere même , avec une petite épître en

profe, pour lui prouver qu’ils n’étaient divi-

fés que d’opinions; &lfon frere, pour lui

faire voir qu’il ne fe trouvoit pas offenfé par

la réponfe , s’en fit lui-même l’Editeur. Ce

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66 MARIE DE ROMIEU.procès là efl; encore indécis; nous nous garé

derons bien de prononcer fur le fonds; maisnous aurions defirè plus d’éloquence à l’A-

vocat du beau (axe. On lui adrefl’a pourtant

ce quatrain , à propos de cet ouvrage:

Dames , votre honneur déchiré

Par mainte langue medifante ,Vous cil: maintenant réparé

Par de Romicu la bien-difante.

Marie de Romieu a faitaufii quelques autres

Poéfies; mais , en. général, (on talent ef’c faible;

quoiqu’il nous femble fupérieur à celui de lac:

ques de Romieu.

&

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Ère-3 newzaezweot-araac-æ à

4 a? E] lMARNE DE RÛMIIEU.

E .1 AHYMNE DE LA ROSE.A MARIE-FRANçOISE DE LA ROSE.

3. E veux chanter ici la beauté de la Rote ,Qui , de Qutes les fleurs , la beauté tient enclore ;Puis , la Rofe je veux à la Rofe donner .A toi , Rofe , qui peux tout un monde étonner,Et ravir les efprits d’un fingulier bien dire ,Qui , à ta volonté , doctement les attire !

’ Au-dedans d’un iardin , s’il y a rien de beau,"

C’efl la Rofe cueillie au temps du renouveau tL’Aube a les doigts rofins; de Rofes efi la coucheDe la belle Vénus , 5K teinte en efi fa bouche -,

En Paphos , fa maifon efl remplie toujoursDe la fuave odeur des Rofes , fleur d’Amour.

La Rofe efl l’ornement du chef des Damoifellesç

La Rofe efi le joyau des plus fimples pucelles :

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Ë-uma.

68 MARIE DE ROMIEUQ.De Rofes efi femé des Charites le fein:De fou parfait parfum , le ciel même en efl plein.Et Bacchus , deux fois né , ce Balïar vénérable ,

De Refes 81 de vin garnit toujours fa table.

A Quand le iour aviendra de mon dernier vouloir,le veux , par teflament , exprefle’ment avoirMille rofiers plantés près de ma fépulture ,

Afin que grandil’fans , ils (oient ma couverture:Puis , l’on mettra ces vers , engravés du pinceau ,En grolles lettres d’oi- . par demis mon tombeau :

Celle qui gift ici, fous cette froide cendre ,Toute fa vie aima la Rofe fraifche 81 tendre;Et l’aima tellement , qu’après que le trépas

L’eufi pouffée à (on gré aux ondes de laine.

Voulut que (on cercueil full entouré de Rofes ,Comme ce qu’elle aimoit par defius toutes chofes.

m»- -’

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MARIE DE ROMIEU. 69’

fiA. il

ÈPITAPHEo Il

ÉLÉGIE FUNEBREDe fia Meflîre JEAN CHASTELIER,

Chevalier, Seigneur de Milieu, Con-fiiller du Roi en [on Confiil d’Emt l6’ Intendant 21e [es Finances.

PLEUREZ , mes yeux , pleurez , pour plaindrel mes douleurs ,

Et que de vous forte un ruilieau de pleurs lEt toi, mon cœur , fends-toi d’une douleur pro-g

fonde ;Las! je voudrois le fuivre en l’autre monde!

Trop cruelle Atropos l ha ! je fuis hors de moi ,Tant [on trépas me caufe un grand émoi!

Mais quoi! mes yeux , mon cœur , toute chofçi naifi’ante ,

Rit ici-bas mortelle 6: périfi’ante!

Le temps amene tout; le Pape . 8: l’Empereur . ’

Meurt aufli bien que le lourd Laboureur :.

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7o MARIE DE ROMIEU.C’en un arreft donné , que toute chofe née

Hi, à la fin , à la mort deflinée.

Après que le printemps plaifant 8: amoureuxA fait fou cours , vient l’été chaleureux;

Après le chaud été , l’automne; après arrive

Le froid hiver , qui nous met à la rive

Du Nautonnier Caron. Rien ne peut feeourirNos frefles corps . condamnée à mourir.»

ÀAinfi ce bon Seigneur a paiïé fa jeunefïe

Et fon Avril, automne 8: fa vieillelie.

."Au fervice de Dieu , 6: de fou chrétien Roi ,

Virilement il efi mort pour la Foi.Cependant qu’il étoit en fou âge plus tendre,

On le faifoit aux écoles apprendre ,i

Apprendre la vertu qui nous conduit aux cieux;D’humains mortels , nous faifant demi-Dieux.

Fallait-il difcourir d’une biliaire payenne,D’un fait tiré d’une page chrétienne,

De l’art de bien parler , 8: de l’art curieux

De bien ranger le Soldat vicieux ,Du mouvement des cieux , de la Philofophie,

Des feintes Loir. de la Théologie à

Û

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MARIE DE ROMIEU. 7:,Falloit-il difcourir des alites 8: des cieux ,

Où il efl ore affis au rang des Dieux?De tout il raifonnoit , 8c furrtout de la guerre;. Témoin fera la Piémontoife terre.

Hélas! faut-il qu’il ait , en l’âge jà grifon,

LaiiTé Thurin , 8K toute fa maifon ,Pour venir aborder à la rive de Sône ,

Qui fe marie au large flot du Rhône?

Rhône , qui quelquefois fera bruire mes versDans quelque coin de ce grand univers ,

Et poffible la mer, où arrive (on onde,Les répandra , puis après par le monde!

Dieu! quel mal imprévu vient lui ferrer le cœur,Qui ne vit plus qu’en travail 8l langueur?

Pour fe faire guérir , ce perfonnage nobleSe fait en vain apporter a Grenoble.

Comme (on dernier jour et! déjà près d’éclore,

On lui vient dire au matin , fur l’aurore:Monfieur , ores le fort de la Meure fe rend.l

Loué fait dieu! dit-il en foupiranr.

Ainfi rendit content , 8c l’ame 8: la parole;Son corps demeure , 8c l’ame au ciel s’envole.

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72 MARIE DE ROMIEU.L’homme en ne pour mourir; mais c’en un grand

honneur ,En bien vivant , de montir au Seigneur.

Voilà fa belle fin: car une belle vie ,D’un beau mourir , d’ordinaire efl fuivie.

Dame. au coeur généreux, c’efl trop jetter de pleurs;

Il faut cefi’er ces larmes à: douleurs 5

Il faut vous fouvenir , que le ciel nous ameine ,Quand il lui Plnlfl , 11an de in vip humaine;

Et que le ciel enfin, qui les Rois fait momir ,Ainfi que nous , doit lui-même périr.

Ame , qui maintenant jouis d’un fi beau lieu g

Etant affile auprès de ton grand Dieu ,Reçois ce mien foupir , jufqu’à tant que je meure g

Et faille voir là-haut en ta demeure.

’ 311551

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73

au flaBUSSY D’AMBOISE.

LA Chanfon qu’on va lire fe trouve fous

le ’nom de BulTy dans l’Anthologie de

M. Monet , avec la note fuivante: a C’efl:

n le célebre BulTy d’Amboife, dont Mar-

n guerire de Valois, premiere femme den Henri IV, fait cet éloge dans (es Mémoi-

n res si. Il étoit né , dit-elle , pour être la terreur

le fer ennemis , la gloire de fim maître , 6’ l’ejl.

pe’rance de je: amis. Ce .Maître étoit le Duc

d’Anjou, dont il étoit le favori. lefe mon-

tra fort jaloux de la gloire de ce Prince; 8cil pouffa le zele jufqu’à braver , pour lui, les

favoris du Roi Henri IlI, 8e le Roi lui-même;

On fait que le Duc d’Anjou avoit. l’exréà

rieur très-peu impofant ,8: que Henri il!

Tome VIL D

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74 BUSSY D’AMBOISE.le traitoit avec allez de légèreté , 8: même

avec mépris.

BulTy d’Amboife étoit vaillant, mais fier

&audacieux. Il fe vantoit publiquement d’être

maître des volontés du Duc d’ÀnjOu. A force

de bravades 8c d’indifcrétion , il parvint à fe

faire haïr du Prince lui-même; St il fe vit

abandonné au relientiment du Roi 8c de toute

fa Cour, qui le détefioîr. Non content de

l’avoir accufé d’être aimé de la Reine Mar-

guerite, on apofla douze Cavaliers pour le

tuer. Il eut le ,bonheurde leur échapper;

mais ce bonheur ne fut pas de longue durée;

Bufly ayant écrit au Duc d’Anjou qu’il étoit .

bien avec la femme du Comte de Monfo-reau , le Duc d’Anjou , pour amufer le Roi g

lui montra fa lettre ;48L le Roi en fit part au

Comte de Monlbreau lui-même. Ce dernier,

---»--......* .-

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BUSSY D’AMBOISE. 75furieux contre BuEy, alla trouverfafemme,

8c la força , le poignard à la main , de lui

donner un rendez-vous dans quelque Château.

Bull’y ayant en l’imprudence ou le malheur

d’y aller , fe vit brufquement attaqué par dix

ou douze hommes , à la tête defquels étoit le

Comte. Il fe défendit avec le courage le plus

intrépide; (on épée fut brifée dans fa main;

8c tant qu’il lui en relia un tronçon, il s’en

fervit contre les allâmes. Le fer lui ayant man:

qué , il s’armer des tables , des chaifes , de tout

ce qu’il trouva fous (a Îmain: il bleITa trois ou

quatre de les adverfair’es; mais , à la fin , épuifé

d’armes 8c de forces, il fuccomba fous le

nombre, 8e il fut anmmé, comme il s’élançoit

pour fe jetter par une fenêtre voifine. Il étoit

alors environ dans (a trentieme année.

BuG’y d’Amboife aimoit les Lettres ; il lifoit

r D a.

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76 BUSSY D’AMBOISE. l

(cuvent l’hifloire , 8L notamment les vies de’

Plutarque. Les plus beaux traits ne l’étonnoient

pas; il fe (entoit , diroit-il, capable d’en faire

autant. Il mourut en 1579.

«à

W...1 W1; 2- ê.,flirïz

M4?

,

.9 Fsalifié:If N?

-3..-

----5.4-. .-0.--

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rSEMA a m. 7m, mmmær

’ f’V’M’M’ërf’Sfl’MÎ’vË’MPM’Œ

*nl*bofloflnfloflomnflnflnd"bod’l mwœmmwwwmwml BUSSY D’AMBOIISJE.

ElCHANSOMQ)

n . OH! qu’heureufe efl ma fortune!,’ Oh! combien et! grand men heur .

D’efire feu] retenu (Tune ,

Pour fidele fewiteur l IlPar fus toutes elle efi vuePleine de grace 8l beauté ,Et fuis sûr qu’elle efi pourvue

Beaucoup plus de loyauté.

0 vous , qui ne l’avez vue;-Voyez-la pour yotre bien;

i « (1) Bufiy d’Amboife n’a fait vraijèmblaËlement que

. une Chanfon , qui nous a par" agrëable 5 du main!il n’efl’fiu’t mention de lui dans aucun de ne: Bi-

bliographa.D3

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78 BUSSY D’AMBOISE;Puis jugez, l’ayant connue,L’heur que ce m’efl d’efire lien!

Mais la voyant fi parfaite ,Gardez-vous bien un chacun ;Car pour bleflbr elle efi faire ,Et de tous n’en guérir qu’un. -.,A

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a- r.----ur

79 ,

se g A si.JEAN-ANTOINE DE un".

LORSQU’UN Auteur aèté mis, par (es con?

temporains , au-defTus de fou mérite , la pofà

térité le met d’ordinaire au-delïous. Sa mémoire

fouErevun temps de cette nouvelle injuflice;

un autre âge fuccede; le procès efi rapporté

de nouveau ,, 8c l’Auteur cil mis à fa place;

Cette obfervation n’efl pas neuve; mais on

peut ajouter qu’il n’arrive prefque jamais

qu’un Auteur ait fait l’admiration de (on

fiecle, fans l’avoir mérité à quelques égards;

8c qu’on ne doit pas juger un Poète , exalté

je (on vivant, d’après le mépris qui s’attache

à lui, après (a mon. i I

Tel a été le fort de Jean-Antoine de Baïf,

infcrit dans la Plcînde Françoife , qui ne fus

D4x

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8° JEAN -ANTOINE DE BAYF.

pas comparé à Ronfard, parce qu’alors Ron:

fard n’était comparé à performe, mais qui

occupa, de (on vivant, une des premieresplaces après lui. A peine eut-il fermé la pau-

piere , qu’on vit cette admiration changée en

mépris. Ce rimmr, a dit auflî-tôt de lui le

Cardinal du Perron , étoit un fort bonhomme ,

mais un fi)" meulai: Poêle.

Il cf! certain que la le&ure de Baïf efl labo-

Vrieufe: on pourroit prefque dire qu’on a plus

de peine à lire (es vers , qu’il n’en eut lui-

mème à les comparer; car il paroit que , de (on

temps, on l’accufoit déjà de négligence , 8c

il femble , par plufieurs endroits de les Poéfies,

Tqu’il paffoit lui-même condamnation fur ce

reproche. Son fiyle , qui cil de la plus excefà

’ five prolixité , cil , en général, dur, martelé,

8c (cuvent barbare. Des inverfions conti-nuelles , 8c l’impropriété des termes, ameueut

-...A

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JEAN-ANTOlNE DE BAYE. 81louvent chez lui l’obfcurité 8L l’amphibologie;

8L pour les enjambemens , il ne nous a pas paru

moins fobre que fes contemporains , qui l’é-

toient bien peu. Obfervons ici que la langue

n’ayant point alors de cara&ere propre , 8c

nos Auteurs n’ayant point de modele dans l

* leur pays, le françois n’étoit qu’un pur dérivé

du grec 8c du latin , 8c nos Poètes n’étaient

que de ferviles imitateurs z (le-là les inver-

fions 8: les enjambemens dont la Poéfie étoit

toujours hériffée; mais lorfque , dans des

temps meilleurs, le caraétere de la langue

fut connu; quand on (e fut apperçu que cet

idiôme, naturellement ami de la clarté , avoit

néanmoins plus de peine à être clair que

les autres langues , dès -1ors le goût nelaifi’a que très-peu d’inverfions a la Poéfie ,

8L en bannit tout ’- à - fait les enjambemens:

Et le vers fur le vers n’ofa plus enjamber.

D s

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82 JEAN-ANTOINE DE BAYE

Peut-être , par l’obfervatien trop ferapuleufe

de cette regle, nos grands Poètes ont trcpnégligé de couper leurs vers heureufement ;

mais nous croyons, 1°. que le vers ne doit

jamais enjamber , fait; produire une beauté;

3°. que cette liberté , prife trop (auvent , peut

enfanter la monotonie qu’en veut éviter par

la; 81 qu’enfin deux vers de fuite , qui enjamd-

ben: , font muta-fait contraires à la Poéfie;

par la raifon qu’ils font difparoître la rime

pour, l’oreille, 8C que dès-lors qu’il n’y a plus

de rime , il n’y a plus de vers français.

L’abus des inverfions (e fait fentir à chaque

inflant dans les Poéfies de Baif ; St la fureur

d’innover , de créer de nouveaux tours 8c de

nouveaux mats , le rend fouvent inintelligi-ble. Les nouvelles expreflîons (ont quelque-f

’fois entatTées chez lui dans le même vers. En

voici uniqui nous a paru original.

Oranger: foleille’s fleurifl’ans y fruitilïent.

p m-nQ-A

a

n...-

*----.

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I JEAN-ANTÔINE DE BAYF. a;

Avec bien moins de talent que Ronfard ,’

il eut beaucoup plus d’audace que lui. ’11

efl’aya d’introduire dansnorre langue les com! ’

paratifs 8L les .fuperlatifs latins : dulie, dac-

rieur, doflime, &c. Il en certain que c’étoit

enrichir la langue; mais (a pauvreté étoit

encore préférable à une pareille richefl’e; 8c

c’efi bien ici qu’on peut appliquer ce’mOt fi

fameux; il l’a fiait: ricin , ne pouvant la faire

belle. A ’Baïf ne borna pas (on zele au projet d’enà

richir la langue; il voulut étendre aufli (es

bienfaits fur none Poéfie. Il imagina le preè

mier d’écrire des vers blancs , qu’il appelloit

vers Baifins, mefurés comme les vers latins

8L grecs. Il en a fait imprimer un volume,que nous n’avons pas lu , 8c ou nous n’avons

pas été tentés de pnifer , parce que ce recueil

n’efl’del’tiné qu’a la Poélie Françoife , 84 que

D 6

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84 JEAN-ANTOINE DE BAYE

de pareils vers ne feront jamais des versfiançois.

Baîf paroit fier de cette découverte. Nico-

las Rapin s’en attribue l’honneur; Pafquier le

donne à Jodelle. En vérité , ce n’était pas la

peine de difputer.

Une gloire qu’on lui coutelle moins, 8cqui mérite bien plus d’être briguée , c’ei’t d’a.

voir été le plus (avant Poète de (on temps.

Le goût des Lettres lui fut infpiré de bonne

heure par (on pere Lazare de Baif , Gentil-

homme Angevin , 81 homme l’avant , qui,

ayant pris le parti de la retraite, pour ycultiver les Mures , fut mandé à la Cour par

François ler- Lazare étant à Venifc, en qua-

lité d’Ambafi’adeur du Roi (1) , eut une intri-

(1) Il fut aufli Confeiller au Parlement de Paris ,Ambafl’adeur en Allemagne , Maître des Requêtes .

a: Abbé de Grenetiere ô: de Charroux.

i

I

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t -.....-4

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. v

JEAN-ANTOINE DE BAYE 85

gue avec une Demoifelle, dont on ignorele nom; 81 c’el’t de ces amours (en 1532.)

quenaquit Jean-Antoine de Baif, qui futenfaîte légitimé.

On donna à Baïf les meilleurs Maîtres de

(on temps. Il les nomme tous dans (esPoéfies , en parle en Eleve reconnoill’ant.

Il apprit le latin fous Charles-Étienne 8C

Bon-Àmy; 8:, le grec , fous Nicolas Ver-

gece , Grec de nation; il eut enfuite pourMaître Tufl’anus , pendant que fou pere étoit

Ambafl’adeur en Allemagne , l’an 1539; 8c

enfin Jean Dorat , qui le forma dans la Poéfie

grecque 8L latine. Sous Dorat, il fut con-difciple de Ronfard , 8c ils eurent l’un 8c

l’autre une ardeur infatigable pour l’étude.

On raconte que Ronfard étudioit-jufqu’à deux

heures après minuit; en fe couchant, il réveil-

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86 JEAN-ANTOINE DE BAYE ,

i loir Baïf qui alloit prendre (a place, 8c paf-

foit le relie de la nuit à travailler. Ainfi ils

offroient aux Mufes un hommage continuel;

8L s’il cil permis de comparer le prophane

au facré , ils faifoient de l’étude , ce que l’E-

glife a fait de la priere, qui, par les diverfes

heures ou elle efl ordonnée en divers lieux,

forme , pour l’Être Suprême , une adoration

éternelle 8c nonintetrompue.

Baif n’avait encore que quinze ans; il pet;

dit (on pere , St il le vit dans un état de page

vreté qu’on n’aurait pas (oupçonné , d’après

l’éducation qu’il avoit reçue. On voit, par

[es Ouvrages, qu’il fut dès-lors obligé d’a-

voir recours à la générofité de (es amis. Il .

fe plaint de la fortune dans plufieurs endroitsde l’es Poéfies , tantôt en philofophe , tantôt

en homme faible; il en parle quelquefois.

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DT

JEAN-ANTOINE DE BAYE 87

avec mépris , 8c quelquefois aVec. envie. ’

Voici une piece , où il s’en plaint au mains

V allez gaîment.

Quand mal-content, refveur, je penfeQue vingtJôt-cinq ans . par la France ,J’ai fait ce malheureux métier,

Sans recevoir aucun [alaireDe tant d’ouvrages qu’ai fçu faire ,

Oh! que j’eulïe été coquetierl, I

Deux fois me trouvant la fer-naineAu marché, j’eulïe de ma peine

Le loyer , par un gain préfent :La ou ,- la nuit à! la journée ,Travaillant du long de l’année ,

Je n’ai pas un chétif préfent.

Et ma telle, à demi-pelée .Grifonne; 8c ma barbe menéeMontre des touffets de poil blanc gDe dents ma bouche cil dégarnie ;La goutte déjà me manie ,Et n’ai de rente un rouge-blanc.

Mon defiin maudit ne fe laerDe me montrer toute difgrace tBien que des Grands je fois connuEt bien que ma Mnfe facre’e ,

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88 JEAN-ANTOINE DE BAYEPar fois , leurs oreilles récrée ,

Tu me vois encore tout nu.

Et quatre dixaines d’années

En vain déjà font retournées ,

Depuis qu’au monde je naquis;Je crîrai , s’il faut que je meure

Sans avoir fortune meilleure:’ Je meurs , qui jamais ne véquisl

C’en au fâcheux état de (a fortune qu’on

doit attribuer cette foule de vers qu’il a adref-

fés aux Grands 8c aux gens en place. Il paroit

néanmoins qu’après ces vingt - cinq ans panés,

comme il dit , fans aucun (alaire , il fe récon-

cilia avec la fortune; il reçut plufieurs bien-

faits, 8t fut fait Secrétaire de la chambre du

Roi. On voit qu’il fut penfionné par dhar-

les 1X , Henri Il, 8: Henri 111; car noustrouvons ces deux. vers ,

Et fi je fus penfionnaireDes trois freres 8: de leur mares .

qui le dirent évidemment.

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I

ww-

me -.--«- -4.-4

JEAN-ANTGINE DE BAYF. 89

Il eut peu de goût pour les voyages :’ il

en fit deux en Italie: mais, fi l’on en juge

par une piece , ou il parle du dernier qu’il

entreprit pour aller vifiter le lieu de fa naif-fance , il s’y étoit guéri tout-à- fait de l’envie

de voyager.

Il montra beaucoup plus de penchant pour

l’amour. On lui connaît deux principales Mai:

.tretl’es , qu’il a célébrées fort longuement (ou:

les noms de Méline 8L de Francine. Il aima la

premiere avant vingt-8mm ans; un an après ,l’ayant quittée, pour Francine, qui étoit une

fille fçavante , il aima celle-ci pendant trois

ans , 8L fit pour elle une foule prodigieufe de

Sonnets.

Au goût de la Poéfie, Baïf joignoit aufli

celui de la Mufique; ce qui lui fit concevoirle projet d’une Académie , où l’on pût culti-

ver à la fois la mufique 8c les vers mefurés;

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sa JEAN-ANTOINE DE BAYF.

S’étant affociépdur cela un Muficien , nommé

l Joachim Thibaut de Courville , le Roi Charles

1X leur accorda des Lettres- Patentes; 8c,pour honorer la nouvelle Académie , il s’en

fit le [manilleur 6! premier Auditeur.

Le Parlement, ayant fait quelques difficultés

pour enregiflter ces Lettresl’atentes , dans la

crainte que cet établifl’ement ne devint dangeo

reux pour les mœurs, en remit la décifion

à l’Univerfité de Paris; mais le Roi trancha

I toutes les difficultés , en ordonnant , l de fa

pleine autorité , l’éteélion de l’Académie , qui

fubfifla encore fous Henri IlI. Elle le relientit

du trouble des guerres civiles , 8c fut enfin

détruite par la mort de Baïf, en 1591.

On fera moins étonné de trouver dans notre

Recueil de nombreufes Poéfies de Baîf , fi *

l’on fange qu’il litt le Poète le plus fécond de

fan temps ; car fi c’efl: un malheur d’écrire

....-.;««-æ,

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A-

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JEAN-ANTOINE DE BAYE. 91’

trop , il n’en efi pas moins vrai qu’à force d’é-,

crire , il faut nécefl’airement qu’il échappe un

certain nombre de bons vers , même auxPoëtes médiocres. Le Recueil de fes Poélies

et! immenfe.

On reproche avec raifon aux Poètes modéré

nés de n’être pas allez difficiles dans le choix

de leurs Poéfies ; il paroit que nos anciens

l’étaient encore moins : on pourroit croire

qu’ils imprimoient tout ce qu’ils compo-

foient. Cette indulgence paternelle doit être

attribuée au défaut de goût, qui accompagne

toujours la inaifl’ance de la Poéfie. Le talent

alors trouvoit bien plus d’admirateurs que de

cenfeurs.

Voici la divifion des principaux Ouvrages

de B aîf: les Poèmes, lcsAmaurchs Jeux à Paf:H

temps, 8c le: Minier, Enfiignemcns 0 Proverbes.

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92 JEAN-ANTOINE DE BAYF.

Le volume des Poèmes efl en général obr-

cut St fatiguant; le premier poëme , 81 le plus

confidérable de tous , cil intitulé: le premier

des Météore: : on y trouve du talent , 8c beau-

coup d’ennui.

Le recueil de les Amour: cil fade 8c mono-

tone; quoiqu’on paille dire qu’alorsmême les

mauvais Poètes exprimoient mieux la volupté

qu’on ne l’exprime aujourd’hui. Les Sonnets

font la principale partie des Amours. Ce genre

de Poème avoit alors inondé la France; 8c

il nous ne craignions de foulever les nom-

breux adorateurs de Pétrarque, qui fut le

modelé de tous nos Poètes, nous oferions

dire que cet Auteur , avec un talent diflingué,

n’étoit guere propre à épurer le goût fran-

çais , 8c qu’il introduifit dans les poéfies

amoureufes plus de bel efprit 8c de jargon ,

que de véritable fentiment. Les Amours nous

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JEAN-ANTOINE DE BAYF. 93

ont fourni pourtant nombre de pieces agréa-

’bles , fur-tout quelques Baifer: dans lefquels

l’Auteur nous paroit avoir bien faifi le ton qui.

convient à ce genre de poéfie.

Seslleux 6c Pafl’c-temps , quelquefois un

peu trop libres , ont (cuvent de la facilité ,

de la gaîté , des graces. Le volume qui.les renferme contient aufii l’es Pieces de Théâ-j

tre , c’efl-a-dire , Antigone, Tragédie traduite

de Sophocle; le Brave , Comédie imitée, en

,partie de Plante; 8c l’Eunuque , imité en partie

v aufii de Térence. Le dialogue de l’es Comédies

cil quelquefois allez facile 8: allez attachant

pour le temps ou il écrivoit. Ces. pieces font

fuivies des Devis des Dieux , c’ell-à-dire , des

dialogues imités de Lucien. Les Poètes de ce

temps -u font remplis d’imitatioqs; 8c fi l’on

n’avoit pas bien préfens les ouvrages des Grecs

8l des Latins , on croiroit que les Roufard .

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94 JEAN-ANTOINE DE BAYF.

les Baif, les Belleau , &c. fe pillent les une 4les autres , tandis qu’ils ne font qu’imiter les ”

Anciens.

Les Mime: font un Ouvrage fait à plufieurs

reptiles dans cinq ou fix ans , au commence-

ment d’une indifpofition qui venoit , dit Bai’f,

s’emparer de lui pour le reflue de (es jours.

Nous n’avons pu favoir quelle étoit cette

indifpofition. Quant à l’ouvrage, c’ell un

amas de fentences 86 de proverbes , dit lepoète , dru 6’ menu enlignés en difcours entre-

rompu: à coupés. Ce précis de l’ouvrage 5

fait par l’Auteur lui-même , n’en donne pas

une idée bien avantageufe; 8c la. leélure

répond airez bien à l’idée qu’il en donne.

Tous les proverbes qui exilloient alors, 8cmême plufieurs de fa façon, s’y trouvent

enfilés d’ordinaire vers par vers, formant

chacun un feus épart , 8: n’ayant d’autre liais

l

«.JJk..."

’-

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WVM fic -H

JEAN-ANTOINE DE BAYF. 95

l’on que la rime qui les enchaîne régulière-

ment dans umSixain. Ces Sixains-l’a ponte

roient fort bien s’appeller des coqs-ànl’âne

moraux; 8c s’ils étoient nés dans ce ficelé;

où tout cil moral , nous n’aurions pas été fut-

pris de les voir paraître fous cette dénomina-

tion. Il y en a pourtant qui forment un tout;8c même ceux qui n’en font pas un , font fou-

vent allez agréables par le tout 8c le laco-i

nifme. Nous en avons recueilli quelques - uns

dans les deux .manieres , qui ont duffens 8:de la précifion , 84 qui difperfés parmi d’autres

Poéfies , ne donneront plus l’ennui qu’on

éprouve à les lite enfemble.

Baïf n’avait compofé (es Mime: que pour

tromper l’ennui defa maladie; 8c ce fut par

le confeil de Defportes, (on ami, qu’il les

publia. Il a fait encore. d’autres ouvrages , 8c

ceux que nous nous recueillis prouvent qu’il

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96 JEAN-ANTOINE. DE BAYE:

méritoit une partie de (a réputation. Les vers

que lui ont admiré les meilleurs Poètes de

(on tems , 8L le David d’argent qu’il reçut

de l’Acadérnie des Jeux Floraux , annoncent

le cas qu’on faifoit de (on raient ooétique.

Il faut convenir suffi que ce Poëie, quoi-n qu’il ait le défaut de s’abandonner à toute

la fécondité , quoiqu’il dife prefque tou-

jours beaucoup plus de choies qu’il n’en

doit dire, exprimé quelquefois chaque choie

avec airez de précifion : nous lui avons trouvé t

un genre de raillerie airez piquant: il a del’efpriz 8c de la gaîté; 81 il poflede airez bien

le tout de l’Epigramme.

Baïf a tant loué, qu’on peut bien , en faveur

de l’habitude , lui pardonner de s’être loué foi-

mème. Quelquefois néanmoinszil parle de (on

talent avec modeflie; mais s’il étoit bien

,fincere dans l’un des deux cas , il efi Vrai-

’ femblable

a

l

f:

1

il

1

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JEAN-ANTOINE DE BAYF. 97,

femblable que c’eft pour l’article Ides louan-;

ges. 4Nous avons fait un peu au long le portrait

v de (on efprit: Baïf va faire lui- même celui de

fa performe.

Tous les membres grolles , alegres ,Forts airez , bien qu’ils fuirent maigres .

Pour gaillard 8: fain me porter;’De hauteur moyenne , a: non balle :Dieu m’a fait (cuvent, de fa grace ,Malheureux le mal fupporter.

J’eus large front . chauve le faille ,L’œil tané, creufé dans la tefie ,

Alfa vif, non guet-e fendu -,Le nez de longueur mefurée ,La face vive 8: colorée ,Le poil chafiain, droit étendu.

Baif ajoute qu’il étoit taciturne , quelque-

fois colere, mais naturellement bon. Il cilcertain qu’il a palle pour un bonhomme. Il a

Tom VIL , E

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98 JEAN-ANTOINE DEIBAYF.

pourtant pris quelquefois contre (es ennemis

l’arme de la fatyre , 8c une fois fur-tout de

la fatyre envenimée 8c même orduriere ; mais

on faittque La Fontaine étoit aufli un bon-homme, 8: qu’il a écrit la fatyre du Florentin.

7

4-5-4

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JEAN-ANTOINIE DE BAÏIF.

A SON LIVRE;B. 1M ES , fartez de la pouffiere ,Et vous découvrez en lumiere ,En beau papier bien imprimé :Vous qui naguere mal tracées ,Giziez dans la’poudre laifl’ées ,

Faites un gros Livre efiixné.

Les un; diront que tu es rude;D’autres, que tu fens plus l’étude

Que la Cour , tant tu es divers!Laure-toi blafmer 8c redire ,A qui ne voudra point s’inflruirePar la leâure de tes vers.

Tel louera ce que moins je prife.Et tel, ce que plus j’autotife ,En fe moquant , méprifera.Jupiter ou pleuve , ou ne pleuve ,

E a

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zoo , JEAN-ANTOINE DE BAYF.Toujours quelque fafcheux fe neuve ,Qui du temps préteur fe plaindra.

’ Dis que je fuis du bon LazareFils naturel, qui ne m’égare

De la trace de fa vertu ,Afin qu’autant qu’on me retranche

D’une part , à mon ame francheOu rende l’honneur qui efi dû.

Dis que pauvreté . ni l’envie ,

N’ont Ççu tant abattre ma vie.

Que mon los ne foi; apparu,Et que volant d’aifez haute aille ,

Pont trouver la gloire immortelle ,Devant les grands j’ai comparu.

Pour un qui, mené d’ignorance,Ou d’une maligne méchance (x) r

Voulu: amoindrir mon renom,Dix Sçavans, 8c francs de rancune,Ont dite ingrate ma fortune ,Qui ne répondoit à mon nom.»

t (1) Médiane, méchanceté.

.W

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a

ŒAN-ANTOINE’DE BAYF. rot

m1 M. DE MAURU.,àmx , fi quelque Promethée;Avec la puiiïanCe arrefiée

Par le confeil de tous les Dieux .De tels mots venoit me pourfuivre :Quand feras mort , te faut revivre aTelle efl la volonté des cieux:

Et quandftu viendras à renaiflre,’

Tu feras lequel voudras el’tre ,Bouc , ou bélier , ou chat, ou.chien ,Homme , ou cheval , ou autre befie zChoifis-la fans plus , 8c l’arreiie;

Et tel que tu voudras, revien.

Tu n’en pourras eflre délivre ;

Car de rechef il te faut vivre :C’efi du dei’tin la dure loi:

Choifis donc ce que tu veux étire;Ma foi , je lui dirois : mon Maifire .Tout , pourvu qu’homme je ne foi.

W

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m JEAN-ANTOINE DE BAYF.

SIXAIN TIRE DES MIMES.

LE fol , à [on Maiflre fe joue:Du chai- la plus méchante roue,E1! celle qui crie toujours.Morte la fille, mort le gendre:Grand’ privauté mépris engendre:

Mauvaife garde paifi (I) les ours.

son L’AMOUR ENCHgiISNÉ.

FELON, tu as beau pleurer,Eflreint de ces cordes dures:Il faut bien que tu enduresCe que tu fais endurer.

(1) hm. fait vivre.

[eue

.f-vmm-A’NN:

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JEAN-ANTŒNE DE BAYF. 105

n.-DIVERS AVIS AUX DAMES.

m’en s faites refus de votre nife ,Et pourchafi’ez voue malheur:Gardez qu’un jour ne vous déplaife ,

Ce qui plaif’t tant à votre cœur.

Vous faites bien fort de la fine zVous éprouvez , vous refufez ,Et mille Amans vans abufez.Gardez-vous qu’un ne vous affine.

Les fleurs de votre primevere (1)Vous n’avez pas laiiïé fleurir ,

Ni vos fruits en été mûrir:L’hiver, vous ne fçaurez que faire.

Que vous efles bien déplorable ,De ne (cavoit le bien choifir!Fuyez le plaiiir miférable ,Qui n’apporte que déplaifir.

Toutes vos rufes, iufqu’ici ,Ont bien fçu les hommes furprendre;

(1) Primevm, primeras.E 4 -

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in jEAN-ANTOINE DE sur,Mais gardez-vous qu’en voulant prendre, ’

Vous ne vous tronviez prife aufii.

Tel tient la bride G: la courroye ,Qui vuidera bientoil l’arçon t

Tel rit , gaudit, a: n’a que ioye;Qui dira piteufe chanfon.

Où fuyez-vous , pauvre étrangere .ICherchant à votre arne repos?Penfez-vous efire airez légere,Pour un qui porte ailles au des?

Faifant les fautes . apprendrez;Vous couvrant , ferez découverte :vVous prendrez ceux que vous perdrez 5’

De ceux que prendrez, ferez perte.

Vous vous plaignez des inconnus ,Dont la flamme , toi! allumée ,Ne dure que bien peu de temps:Aimez, fi voulez efire aimée.

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JEAN-MOINE DE BAYF. irog’

l

BAISER.MÆ petite Cythérée .La feule image facréeA moi devoit idolaiire ,Affis-toi fur mes genoux:Au jeu des baifers , folaflre ,Comme hier , remettons-nous.

Vois , vois; du temps la carriereJamais ne tourne en arriere:Vois, après l’enfance, comme

La ieuneiïe ores nous tient :De près la fuit l’âge d’homme ,

Et puis la vieilleife vient. IUfons de cette verdure ,

Cependant qu’elle nous dure :Trop, hélas! l’hiver cil proche!

Employons ce beau printemps,Et gardons-nous du reprocheD’avoir fait perte du temps.

Çà donc! cent baifers , mignarde:J’en veux autant qu’Amour darde

De traits en mon coeur , Meline aAutantxqu’il y a de fleurs

Sur ta bouche neétarine,Et de vermeilles couleurs.

Es

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106 JEANvANTOlNE DE BAYF.Ah! qu’on me baife de forte

Que, pafmée à demi-morte ,

Penchant fur la face mienne,Tes yeux flotter tu feras:Lors, dis que je te foutienneÈvanouie en mes bras.

Lors , te tenant embrafl’ée ,D’un tiede efiomac prefi’ée ,

De froid ta poitrine pleine,Peu-à- peu réchaufferai,

Et revivre par l’haleineD’un long baifer te ferai.

Jufques à tant que mon ame ,En ces baiferets de bafme ,Me laifi’era tout en glace .Et que dirai, plein d’émoi’,

Me patinant defi’us ta face ,En tes bras ramafi’e-moi.

O Méline. que tant j’aime ,

Sur ton efiomac toi-mefme ,De froid ma poitrine pleine ,Peu-à-peu réchaufferas ,Et revivre par l’haleine

D’un long baifer me feras.

vue l

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a

IEAN-ANTOINELDE BAYF." me"

A LUÇ.CHACUN efiir’ne , pour ton bien,Que tu es riche à l’avantage: iMais tu es pauvre , 8: le foutien :Qu’ainfi fait, de ton bien l’ufageM’en ef’t fuflifanr témoignage.

Qui a des biens en fa puiiïance, lS’il s’en.donne la jouiiïance , ’

Vraiment, Luc, l’es biens font à lui :.- E

Mais à toi. n’efi pas la chevance ,Que tu épargnes pour autrui..

srxszCurseur: fou heurvforge à (a mode; .Pas un de tous ne s’accommode ,Faute de-borner l’on defir:Quand l’un finit , l’autre commence :

Nous cherchons, en la jouifi’ance

D’un plaifir, un’ autre plaifir.. ,

a.

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; ff.Wmv-w*

.108 JEAN-ANTOINE DE BAYF.

’ V Œ U.

MARTINE la ribandiere (i)rVoue à Pallas [on métier , ’Lequel, d’une main ouvriere ,

Elle fouloit manier.

Et de fixivre délibere,Quittant le jeu de Pallas ,.Le jeu mignard de Cythere,Vivant des cyprins ébas.

Et quelle grand’ merveille cil-ce

Si, pour la belle Cypris ,Elle te quitte, Déefi’e ,

Te jugeant comme Pâris 2

(r) Ribandim , rubaniere.à

du -- .We,se»;

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(

’ , IEAN-ANTOINE DE BAYF. 1091p p

l

l .l DEVIS.’ MERCURE ET LESOLElLé

Mnncvnz;0 SOLEIL, Jupiter l’enjoi’nt,

Ne roule 8: ne charrie point,W Ni aujourd’hui, ni tout demain;

Demeure, 8c ne fais nul chemin :Heures , débridez les chevaux.Éteins ta flamme , 8: prends repos;Car long-temps a qu’à ton défit

Tu n’as pris autans de loifir.

j La 80:21:;Mercure, tu viens m’annoncer

r I. Cas étrange; 8: ne puis penferPourquoi c’efi. Aivje fourvoyé 2

En courant, ai-je charrié.Dehors des limites 3 parquai

4- Se foi: dépité contre moi ,’ Et foi: délibéré de faire

Au triple la nuit ordinaire a

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no JEAN-AWOÏNE DE BAYF..De la longueur que le jour- a!

M 1-; n c U n E.Ce n’ef’t pour rien tel que cela,Ni ce n’en pas pour à jamais

Que ce fait il ordonne: maisMaintenant un fait il conduit ,.Qui requiert une longue nuit,Plus que n’efl la nuit ordinaires

Le SOLEIL.Mais , je te pri’, pour quelle affaire POù cil-ce qu’il cil? ô: d’où cil-ce

Qu’il t’envoye en fi grande prefi’e,

Meflager de telle nouvelle?

Mnncunm.Il cil près d’Alemene la belle ,

Femme du bon Amphitrion-

Le Socnrn-Donc il lui porte aifeâion?Une nuit devoit bien fufiire ,Pour faire tout ce-qu’il defire..

MERCURE.Non faifoit : car de cet amour»Doit dire enfanté , quelque jour.

A.....------.-«. A... --------is.L--s-. J ....,

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4 -v’

IEAN-ANTOINE DE BAYF. m:Un grand Dieu , par’qui feront mifes.

A chef de grandes entreprifes;Et n’efl pofiible , en une nuit,Qui ef’t trop courte 8: ne fufiit ,:De le parfaire tout-à fait.

La SOLEIL.En bonne heure fait-il parfait !’Mais, ô Mercure, du bon âgeQue régnoit Saturne le Sage ,On ne faifoit point tout cela :-Car nous étions de ce temps-là.Lui ne découchoit d’avec Rhée ,,

Ni, laifi’ant la voufie éthérée ,

A Thebes il ne dévaloit ,Ni coucher ailleurs il n’alloit.Mais le jour étoit jour ; la nuit,En fa mefure , étoit la nuit .Ainfi qu’elle étoit ordonnée

Pour chaque faifon de l’année.

On ne voyoit point nouveau change ,,Et rien ne fe faifoit d’étrange ;

Et lui n’eufi pris une mortelle ,,Pour avoir alfaire avec elle.Et maintenant , tout au rebours;Il faut renverfer tout le coursDe toutes chofes , qu’on remuePour une femme malotrue.

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in JEAN-ANTOINE DE me.Mes chevaux , qui féjourneront ,Durs à: revefches fe feront:Le chemin, non frayé trois jours,Deviendra fafcheux 8: rebours :Les chétifs humains languiront,Que les ténebres couvriront.

MERCURE.

Tais-toi; que de ton fou langageNe t’advienne quelque dommage.Moi, je m’en vas trouver la LuneEt le Sommeil, Dieux de la brune,Pour les infiruire tous les deux,De ce que Jupiter veut d’eux.D’elle , de lentement marcher:

Du Sommeil, de point ne lâcherLes humains, qui ne fçauront pointQue la nuit foit longue à ce point,

--.JL-.-r fi

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JEAN-llNTOINE DE BAYF. n;

mSIXAIN TIRE DES MIMES (i)..r

if a N T n a gras, feus fubtil n’engendre:Aux loups ne faut la rage apprendre aFaifons comme font nos voifins:On fe trompe de trop fe plaire:En dormant, font pris les plus fins:Affaires naiifent de rien faire.

Q 0.4 TR A IN.A MONSIEUR,

En lui envoyant des Pommes d’or.

MONSIEUR , cueillez des pommes d’or:Jadis une s’y laiiïa prendre.

Quelqu’une pourroit bien encor,Au’mefme prix, à vous fe rendre.

(I) Toute: les Pires: qu’on trouvera avec le titrele Sixains, font tirées du Livre des Mimes.

39

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[,0"4 JEAN-ANTOINE DE’BAYP’.

a SA DAME.Da M a ,, d’Hébé tout l’enjouement tu as ,

Les mains ouvrieres de Pallas ,Et la Heaute’ qui fit ravir Europe ;.

Darne , tu as de Vénus la beauté ,Et de Thémis tu as la chafieté;

Tu as le chant de Calliope i ’ l’ De qui tiens-tu cette grand’ cruauté? q

9

.-.-.-.-cJ----&»

A MARMOT.NON, je ne t’aime point , Marmot:Pourquoi c’efl, je n’en dirai mot 3

Mais je te dirai bien un point :Non , Mariner, je ne t’aime point.

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[ JEAN-ANTOINE DE BAYF. n;

12:: - Ej BAISER. MA vie , mon cœur , mon ame ,

Mon miel, ma rofe , mon bafme ,Toit mon cou foit enlacé;Que mes defirs on appaife ;Que tant de fois on me haire ,

i Qu’enfin j’en tombe lafl’é!

Mille baifers je demande ,Et mille 8c mille, friande!Quoi! friande , il ne t’en chaut (I) ?

Sus! doucette! fus! mignonne!Que deux cens mille on m’en donne :

Cent mille encore il m’en faut.

Trois mille, fix cens, quarante:t Pentes-tu que ce fait tout?

Quoi! dédaigneufe, il t’ennuye?

la ta languette n’eiiuye ?Tu n’es pas encore au bout!

r J’en veux mille , j’en veux trente ,

f (1) Il ne t’en chaut , tu ne t’en foucies.

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i16 JEAN-MOINE DE BAYF.Veux-tu [cavoir quelle bande

De baifers Baïf demande ,Qui te leprendra content ëDe cent milliers, fan envieNe feroit pas afi’ouvie ,

Non d’un million comptant.

Autant que l’humide plaine,Sous la zéphyrine haleine ,Jette d’ondes à (es bords z

Autant qu’au printemps la terre ,

De fou grand ventre defferreDe fleurs ô: d’herbes dehors r

Autant de baifers , mignonne ,Je veux, je veux qu’on me donne:Adoncq’ en aurai-je allez ,

Quand l’envie à nuire prompte,Ne fçaura trouver le compteDe nos baifers entafl’e’s. ’

fît

--fi-.n

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--vh-,

a Hfi.ü .-.-.,

JEAN-ÀNTOINE DE BAYF.6’

SIXAIMTAN r va le pot à l’eau, qu’il brife:Tel ei’t loué , qui peu le priiez

Tant vente , qu’il pleut à 1a fin:Qui venge fa honte, l’augmente:Tel foudre airez , qui ne s’en vante :Qui rit au foir , pleure au matin.

t DE JEAN.JEAN , fous cette biere clofe,Repofe, fi l’on peut bien ,

Sans faillir, dire , il repofe,D’un qui ne fit jamais rien.

se,

117

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t18 JEAN-ANTOINE DE BAYF.

LA STATUE DE BACCHUS,

Pofi’e près de celle de PALLAS.

.DI s , qu’as-tu de commun , Bacchus , avecPallas ê

A toi font les banquets , à elle les combats.Etranger , qui t’enquiers du fait des Dieux li fort,Apprends en quoi je fuis avec elle d’accord. ’J’aime la guerre aufii : un chacun connoil’t bienComme j’ai ’conquef’té le pays Indien.

Les hommes , de nous deux ont eu préfens divins :D’elle , l’olive huileufe -, à: de moi , les bons vins :

Outre , nous femmes nés fans travail de la mere -,Elle , du chef, 8: moi, de la ouille d’un pere.

2*Ln M

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l

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JEAN-ANTOINE DE-BAYF. i u

:. fig. SUR L’AIMO me.

LE feul Auteur a fait que Lesbie , immortelle,Vit encor aujourd’hui aux vers du Véronois -,

Que l’on ellime encor Corine comme bellePour s’eflre fait aimer au Poëte Sulmonois;

Que de Lydie on oit la louange éternelle ,’Aux chants que fur ton lut, Horace , tu formois;Et qu’on fait que Tibulle a chanté la Délie ;

Gallus , fa Lycoris ; Properce , fa Cynthie.C’efi par I’Amour aufii que depuis pour fa Rofe,

Guillaume à Clopinel firent le beau Roman ,Où la gloire d’Amour , ou fa force cil enclofe ,Pour inflruire à aimer ê: l’Amie-ôt l’Amant:

C’efi par lui que les chants que Pétrarque compofe,

Font que fa Laure vit belle éternellement.Cette Laure , cachée en éternel filence ,

Comme une l’eche fleur , feroit mife à mépris,

Si autant lui eut! plu cruauté que clémence,Vers celui qui fut tant de l’on amour épris.

Dieu ne vous a pas mife en la vie mortelle ,.Afin qu’y vefquiliiez , fans amour en ennui;Et ne vous a donné une beauté li belle ,Afin que vous renfliez pour la peine d’autrui.

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l

ne JEAN-ANTOINE DE BAYF.Voyez , quand le foleil fur nos telles remonte;

Et que tout le pays de verdure cil couvert :Si la vigne n’a rien ou l’on pampre elle monte,

Pour delïus appuyer fou beau feuillage verd ,Ni du jardin , ni d’elle , on ne fait point de compte,Et fou ombre ôt fort fruit toute fa grace perd.Que f ert d’avoir à foi beaucoup de grands domaines,

Et lever des chafieaux au ciel pour fe loger .3Que fert d’or monnoyé tenir des chambres pleines,

Et les tapis velus par la place ranger?Braver 8c s’orgueillir en richeffes mondaines?S’habiller de drap d’or , en or boire 8c manger 2

Eflre autant en beauté que le foleil parfaite ,Pour dedans l’on lit froid fe morfondre feulette à

Mais combien plus il fer: avoir amis fidelles ,Et leur communiquer ce qu’on a fur lecœur ,Et délits St courroux , limplelfes on cautelles ,La douleur , le plaifir , l’efpérance si la peut -,

Et , par mille moyens de blandices nouvelles ,Convertir tout l’amer de la vie en douceur !

Ni vous, ni nous aulli ne fommes chofe entiere ,Mais chacun , à part foi . d’un tout cit le demi.

ces Amour qui nous rend notre forme premier: ,Quand il lie 8c rejoint l’Amie avec Mini. .

fief

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L 4 . jLE CHUCAS (i),FABLL

4&1: temps jadis , les oifeaux demanderentD’avoir un Roi; puis entre eux accorderentDe décerner la couronne à l’oifeau

Que Jupiter jugeroit le plus beau.Ains que venir (a) au lieu de l’affemble’e,Tous les oifeaux vont à l’eau non troublée

Des.ruill"elets fe mirer 8c baigner ,Et leur pennage agenfer ô: peigner.Le noir Chucas , qui n’a point d’efpérance,

Sans quelque dol (3) , d’avoir la préférence ,

Va cauteleux loin à val des miffeaux ,Sur qui flottoient maintes plumes d’oifeaux ,’

Qui au-delfus voguoient, 8: par malice,Il s’embellit d’un nouvel artifice.

En lieu fecrer , dans un vallon omlàreux,Dans le courant qui n’étoit guere creux ,Sur un caillou s’allied , 8c’, au palfage ,

Guerre ô: retient le plus beau du pennage

l r .-......m!2r.:f-r

i Le Chucas , le Geai.2 ’Ain: que venir, avant de venir.

(3) Dol, rufe. .

Tome V H. F v l

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sa: JEAN-ANTOINE DE BAYF."De tous oifeaux , qui plus hautfe lavoient,Près de l’endroit d’où les eaux dérivoient;

Prendle plus beau , plume a plume le trie,Avec le bec ouvrier s’en approprie ,Le joint , l’ordonne , St l’accoufire li bien ,

Que d’arrivée illfemble du tout lien.

, Ainfi venu des plumes empruntées ,4S’orgueillilïant des pennes rejettées

D’autres oifeaux . il court impudemmeîtOù s’attendoir le facre’ jugement.

Il y paroit ; lors toute l’all’emblée ,

Deïgrand merveille efi ravie 8: troublée ,

Voyant briller fou pennage éclatantDe cent couleurs ç ô; lui vont fonhaitantDedans leur cœur , de rencontre premiere ,La Royauté. Jupiter n’eul’t plus guere

Tenu fa voix , 8: l’alloit déclarer

Roi des oifeaux, fans pouvoir réparerCe qu’il eufl dit s fonarrel]: ferme 8: fiable ,A tout jamais étant irrévocable.

Dont le Chucas pour jamais s’en alloit

Roi des oifâux. Jupiter y penchoit , . .Sans la Chevoclie (a). Elle qui ne le lieEn l’es bons yeux, «ne fe glorifieEn fa beauté ’, s’approche du Chucas ,

L’éplucbe bien. O le merveilleux cas!

(1) Charme, chouette.

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JÈAN-ANTOINE DE BAYF. u;

:IÀle apperçoit la plume qui efi tienne,Crie , a: la prend: chacun de vous s’en vienne -

A ce larron , chacun reconnoifira lCe qui el’t fieu -, le beau Roi deveflra.

De fa beauté. La Cheveche écoutée

Il grand rifée à ce peuple appreflée.

Chacun-y vient , fa plume reconnoiR .IDu bec la tire; 8: le Chucas devefl.Lefin larron dépouillé du plumageQu’il a d’autrui , par la Cheveche rage;

De tout honneur demeura dénué,Et (on orgueil en mépris fut mué.

SIXAIN.Horn de (mon car-elfe ouverte ,Accufe la haine couverte :Entre aveugles , borgnes font Rois:Au foleil , lumiere ne porte:Dedans la’mer , de l’eau n’apporte:

En la forcit, ne porte bois.

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:24 JEAN-ANTOINE DE BAYF.’

m .S O N N E T.ÉPITAPIIE DE FRANÇOIS OLIVIER,

CHANCELIER DE FRANCE.

3:01 gifl Olivier; honneur de la Juliice .De qui le grave front , ceint de févérité ,F ut l’appui de vertu , de riroitiI de vérité ; -

La ruine du faux , de l’injure 8c du vice.Que nul vivant n’a vu corrompu d’avarice ,

Dont faveur n’a jamais ébranlé l’équité,

Ni crainte d’un plus grand n’a fait qu’il ait quitté g

Pour lui complaire en rien , le dû de fon oflice.Son corps , qui fut ici, tant qu’il vit ce beau-jour;

D’une ame très-divinehonorable féjour ,

Efi demeuré dans terre; au ciel l’ame efi allée.

Dites . ô nomes cœurs , qui fa mort foupirez;Qu’Olivier fe mourant , (8: vous ne mentirez) ,Jufiice , avec foname , au ciel el’t revolée.

e44

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z

IEAN-ANTOINE DE BAYF. a;

a Ï :5 LaBAISER.ET: v o N s , mignarde , vivons ,

Et fuivonsLes ébats qu’Amour nous donne ,

Sans que , des vieux rechignésRenfrogne’s ,

Le rot babil nous étonne.

Les jours , qui viennent ô: vont aSe refont;

Le foleil mort fe releve :Mais une trop longue nuit,

v Las! nous fuit ,Après une clarté breve.

Tandis que nous la voyons ,Employons

Ce doux vivre. ô ma Méline!Çà donc . mignonne , viens-t’en,

Et me tenTa bouchette coraline.

Mais que] nectar efl ceci,Qui ainfi

F 3

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12.6 JEANr-ANTOINE DE BAYE,De plus en plus me convie?Plus la foif perdre j’en doi: .

Plus j’en bois .

Moins j’en page mon envie.

Çà, fans plus me recourir ,r

Fais mourir iTous mes feus . ô douce folle!laite-moi, viens appaifer ,

D’un baifer ,

La chaude amour qui m’alïolle.

Ha l tu meurs , à ce que voi,Comme moi! ’

Donc tu meurs , mon amourette !Pour me laifïer en douleurs,

*Ha! tu meurs!Hé! tu meurs fans moi, pauvrettel,

Tu me fais mourir auΠ,[Tout tranfi ,

De ses grandes douceurs ivre; 1Puis . arum-toit que ie meurs.

V Tes douceursTout-à-coup me font revivre.

Ah! quand ton aine j’aurai.

renverrai

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JEAN-ANTOINE DE BAYF. 1:7Toi! dans tes levres la mienne;Que toutes deux , volant hors

De nos corps ,INe palliait l’eau Stygienne!

ÉIXÀIM

LE Sage’dit: En ce bas monde ,Le mal demis le bien abonde . .Et le pis fui-monte le mieux :.Des fots la badine croyance , »Fait des habiles l’abondance :Les ignorans forgent nos Dieux.»

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at"au"

F4

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.--.a..-.--«...--

12.8 JEANl-ANTOINE DE BAYE

DE MARIE..Làvzc l’archet de la. viole .Marie a l’arc de Cupidon:De l’un, elle dit fa chanfon;De l’autre, les cœurs elle affole.

Celui-layaient les oreilles ,, Et celui-ci flatte les yeux,

D’un jeu fur tous mélodieux .

Et d’un regard doux à merveilles.

Malheureux qui, l’ayant rebelle ,Ne peut à merci l’émouvoir:

Mais très-heureux qui peut l’avoir

Autant douce comme elle cil belle:

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C

JEAN-ANTOINÈ DE BAYF. :29

DAMET(m

ÉGL.OGUE.ïL faut donc, c’en efi fait. qu’un autre, de ma peine

Recueille tout le fruit! il faut donc que ma plaineNourrifl’e un inconnu! il faut qu’un étranger ,

Le clos que i’ai planté s’en vienne vendanger!

Que toutdevienne en friche; 8: que rien ne rapporte!Périffe par les champs toute femence morte !

Sans feuilles foient les bois, les fontaines fans eaux,Les vignes fans raifins, fans fruit les arbrifïeaux !

Damet redit encor: filions (chargez vos rayes ,En lieu de bon froment , d’avoiues 8: d’ivrayes:

Les prés , (e iaunifl’ant , meurent brunes du chaud î

Devant que d’cfire meurs , les fruits tombent d’un

haut !Pour qui aurai-ie donc tant de vignes plantées?Pour qui aurai-ie donc tant de greffes entées PUn autre , fans travail, mon clos vendangera .5Un autre , fans travail, tous mes fruits mangera?

(1) Damct , pour Damctas. tF s

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130 JEAN-ANTŒNE DE BAYE

Après il redoubla : Viens m’exaucer , Zéphire;D’homicides vapeurs remplis l’air qu’on refpire -,

Vents, infeùez les airs, envenimez les eaux ,Empoifonnez les fruits . empeftez les trOupeaux:Rien ne (oit, par les champs,ni plaifant aux oreilles,Ni agréable aux yeux; plus les rotes vermeillesNe milieu: au printemps -, plus des doucettes voixDes mignots oifillons ne réforment les bois ’, V

Çorbeaux a: chats-huans y tiennent leurs parties -,Champs 8: prés foient couverts de ronces à: d’orties!

Tout fait en feu par-tout! ô forcit, tes rameauxNe s’agiteront plus , oyant mes chalumeaux!

Ta belle ombre cherra; 8: toi, encor plus belle .Foret! que j’aimois tant , tu cherras avec elle!Que les feux, par les vents , à la ronde épandus. ,

Saccagent tous les bleds dans les champs étendus! vAvienne encore pis: ô me: grande ô: profonde ,

Qu’i tes rivages hauts , viens battre de ton onde -,

Rivages , qui le bruit de la. mer épandez

I quques dans nos guerets , ma priere entendez!Neptune vienne aux champs 5 que nos fertiles

plainesSoient couvertes de flots 8l d’épaules arenes!Que la mer englouti-lie , en fes goufi’res talés ,

La cendre chaude encor de nos pays brunes!Tous mes champs (oient la mer ! ou le bétail cham-

peflresoldoit parciîdevan t les herbes tendres paifire ,

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JEAN (ANTOINE DE. BAYE. unLà nagent les Dauphins -,. là , ou le laboureur

Les mottes renverroit , la vienne le pefcheur PSourdenr foudain par-tout dans nos champs des

p l rivières ; i i "Et fervent aux paillons des connils (z) les unifies,Aux grenouilles , les creux où le grillon crioit (2) t.Là fe ramée le jonc, ou le me l’on fcioit 2

Adieu , petit troupeau , adieu , mes brebiettes!Troupeau jadis heureux! chantant mes amourettes,Je ne vous verrai phis les herbages Moutier ,Et vous ne pourrez-plus mes chan-fons écouter.

0 pauvres champs maudits! pauvre terre m4111dite !

Banni , nécelliteux , pour jamais je vous quitte! ’ A

Champs jadis tant aimés , bois , fontaines, adieu -, *

Vous ne me verrez plus demeurer en ce" lieu :Car je m’en vas bien loin alu-delà d’Eridane ,

Ou fur les bords du Tybre, ou bien jufqu’à la Tane;

Chercher mon aventure; ê: la je demourrai .Je vivrai là bien loin , là bien loin je mourrai.

(t) Connç’ls , lapins.

(a) Ce vers (Il. mutile, par l’harmonie me. -

Wsa:

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1-3; JEAN-ANTOINE DE BAYE;

MH U I T A I N.

TU demandes fi je foupçonneQu’Alain jouit de toi, mignonne PMa foi non , te répons-je! Et puis gTu me demandes fi je fuisDe ceux qui en ont défiance t?

,Ma foi non! Après, fi je penfe. Qu’il en fait rien? Non, par ma foi!

Je ne le penfe; je le croi.

SIXAIN.TEL le Peuple , quel efi le Prince -.Son autorité devient mince ,Quand i1 ne fait compte de lui.

’ Nous tomberons en mal extrefme :Qui ne commande fur lui-mefme,fîtes-mal commande fur autrui.

son!»

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JEAN - ANTOINE DE BAYE :3;

: AU PORTRAITDE 5A, MAITRE-SSE.

0 DOUCE peinture amiablerPeinture toute pitoyable ,Qui me ris , promettant le bien,Vers qui tout autre ne m’en rien!0 feul confort à ma détreffe!Mais pourquoi, ma fiera Maillrefl’e,Las! douce 8E fiere , mais pourquoiNe me rit-elle comme toi?0 plul’t à Dieu que , devant elle,Je fille ma harangue telle ,Comme à toi je la fais ici,Pour gagner le don de merci!Quoique tu fois peinture morte ,Toutefois ma plainte cil fi forte,Que tu me fembles t’en douloir (t) ,Et confentir à mon vouloir.Mais devant elle faut (a) ma langue,Au premier mot de fa harangue: "

(1) Douloir, aurifier.(a) Faut, cl! en défaut.

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n34 JEAN-MOINE DE BAYE.Tel cl! [on œil éhlouifi’ant ..

Qui, hors de moi me ravilïant ,Fait que plus me langue sldfaye .Plus engourdie elle bégaye.

En vain , par fa trille couleur ,- p Mon virage peint me douleur;

Las! plus mon teint change pour elle ilElle devient d’autant plus belle ,.Et plus , avecque [a beauté ,-Contre moi croit! fa cruauté»

Toi feule , amiable peintute ,Tu plains la peine que i’endure..O pitoyable allégement!’O feu! confort à mon tourment!

- Soit qu’en.toi fiché . je contempleTon front, 8: l’unelôz l’autre temple.

Sur qui maints cheveux blondeletsiSe crefpent en tors annelets zSoit que ce doux œil je regarde ..Qui piteux m’œillade à: me darde ,3Delïous l’arc d’un bénin fourci ,

Mille plaifirs . pour un fouci :Ou’ foi: qu’aux rofes i’appareille

Le teint de ta joue vermeille -,Ou bien tes levres au cota] ,Qui, dans la met, nla [on égal;.Con! qui ma bouche convieAperdreentesbaii’ershvie.

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IEAN-ANTOINE DE sur. tu:Heureux (ois-tu , 8c (oit heureufe

La doae main indufirieufeQui te peignit de ces couleurs!O doux confort de mes douleurs !Faire Amour , qu’à jamais tu vives ,

Portrait. 6: les-couleurs naïves,De qui mon, Denifot t’a peint,Sans que l’âge t’ofie le .teint!

Vous vivrez; 8: Bali fe vanteQue cette chanfon , qu’il vous chante

Ni (a Méline ne mourra , ’Tant qu’Amour armé demourra.

m. . nA N4RKET."SI bien chante , qui chante haut ,.Narket, tu chantes comme un Ange-Si chanter de façon Étrange ,

Ne gardant rien de ce qu’il faut,Hors de ton , hors toute harmonie ,,Forçant toute ancienne loi,Clefl très-mal chanter . je te nieQu’il fait pire Chantre que toi.

à;

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135 JEAN-ANTOINE DE ÈAYF.

.SIXAIMLE Sage , doit (age paroiflre ,Haut 8: bas : Grand , le Grand doit el’tre ,Full-il au fond d’un fouterrain!Bellievre , qu’honneur accompagne ,

Le nain , full-il fur la montagne ,Ne fera pas autre que nain.

AUX ENVIEUX.PUISQUE fur l’heur de la vie ,De foi la bourelle envieSe tourmente, j’aime mieuxEfire envié I, qu’envieux.

mûrira

c) ri

,17143 «à

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JEAN-ANTOINE DE BAYF. r37

wSONNET.A M. DE SAUVE,

SECRÉTAIRE D’ETA r.

FIZES , en qui l’honneur a pris fa demeurance,La vertu , fa retraite , ô que je voudrois bienVoir les bons , honorés par ce nouveau moyen ,Recueillir le doux fruit de fi belle ordonnance!

N agueres . tous les biens, fans nulle pourvoyance.On fouloit élargir: fouvent les gens de bien .Et qui plus méritoient, malheureux n’avaient rien;

Et qui moins le valoit , en avoit abondance.

La mere de mon Roi, qui, en tout , fe propofe .D’élever le vrai bien fur le vice abattu ,

A fait qu’avecque choix des bienfaits on difpofe.

0 fagelTe admirable 8c mode non commune ,’ Qui ruine le mal , rétablit la vertu,l Et fait que la iraifon commande à la fortune!

.53!

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1’38 IEAN-ANTOINE DE BAYF.

S O N N E T.DU COM TE DE BRISSAIC’.

B . I ."mssœ , le vaillant fils d’un fage vaillant pere .

Pouvoir bien , cafinant (i) , du labeur paternelCueillir l’elfe 8c le fruit : mais n’aimant rien de tel Z

Huit le mol repos , comme dure mifere :

Et tenant de vertu le rentier non vulgaire ,Brave , fe couronna d’un laurier éternel,

Qui le vend pour la mort, quand , ieune colonel ,.Ouvroit aux vieux foldats le chemin de bien faire:

Quand devant Mufidan ( Mulidan l’execré ) ,.

Après mille hafards encourus de fan gré,Gagna û beau loyer , en perdant fa jeunelTe.

fleurons notre dommage , 8: louons l’on bonheur;Car jeune, en bien mourant. feu] il a plus d’honneur.Que mille bien vaillant: , quifont morts envieillefië.

L(1) Cajiment, demeurant chez foi.

est

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JEAN-ANTOINE DE BAYF. 13,

E k S:- a:A.MÉLINE. p»

Tu o I s a: quatre fois heureux,Méline, les amoureux ,Qu’Amour d’une chaifnp lie,

Qui ne fe lafchera pas,Non à l’heure du trépas ,

Quand tout autre bien s’oublie.

Dans les champs élifiens ,Sont les Amans anciens,A mefme mille amourettes :Parmi les prés verdelets ,Les Dames , des chapeletsLeur vont riflant de fleurettes.

De tortis environnés ,Et de chapeaux couronnés ,Avec elles. couronnées ,Main en main s’entretenans,Et deux à deux Te menans ,Sans foin paltent les intimées.

Les uns danfent aux chanfons ,Les autres aux plaifans (on;

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i4o JEAN-ANTOINE DE BAYEDes luths, joints aux épinettes;Les autres , laffés du bal,s’écartent dedans un val,

Avecque leurs mignonettes." i

Sous les myrrhes ombrageux,Ils font démenans leurs ieux,En toute ioye afl’ouvie :

La, morts , nous ferons ainfi ,Puifqu’à ce"! icux . des ici,

Nous employons notre vie.

DEhGORMIER.GORMIER s’en fié , pour guérir,

A un Médecin qui fe vanteD’avoir (on oflice vacante -.

Gormier ne doit-il pas mourir P

se

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kl

JEAN-ANTOINE DE BAYF. t4!

Æ

ODE.TE découvrir je defireCe qu’Amour m’a fait penfer,

Sans jamais te l’ofer dire, .Tant j’ai craint de t’orienter!

Je fçais bien , douce ennemie.Que jamais, de tout ton cœur,Tu ne m’as été amie; -Témoin ta longue rigueur.

S’il arrive que te plaife

Me fourire de tes yeux ,’

Pour unjour tu me fais aife ,Autant ou plus que les Dieux,

S’il avient que te déplaife, »

De cent jours ô: de cent nuitsJe ne recouvre mon aire,Tant tu me donnes d’ennuis,

Mais fi tu voulois enfuivreL’avis d’un plus ancien ,

De plus heurcufement vivre ,Je t’apprendrois le moyen.

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un JEAN-AMOINE DE BAYF.’Aujourd’hui , trop libre a: franche ,Si demis l’une tu es ,

Demain , fur une autre branche,Ta nouvelle aire tu fais a

Et d’une jamais contente ,i

De l’une en l’autre tu vas.

Ainfi, légere, inconfiante,Au changement tu t’ébas.

Qui verra ton excellenceDe beauté , t’eflimera:

Mais qui fçaura l’inconfilnce

De ton cœur. te blafmera.

Tel aujourd’hui tu méprifes ,

Que demain tu aimeras :Et tel aujourd’hui tu prifes.Que demain tu laineras.

Elbe le premier en date ,Envers toi ne fert de rien.Puifque tu es plus ingrate,A qui te veut plus de bien.

Mais quoi! d’Amour la fagetteTellement vient m’embrafer,Qu’à ta "Bouche je me jette ,

Pour tendrement la baifer.

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ŒANeANTOINE DE BAYF. tuComme cette grande envieDe te baifer vient du coeur .Jufques au cœur , ô ma vie .Fais-m’en gonfler la faveur.

eî-æ rDE VIS.

Dieu te gard, fille! - Et à vous-Quicil celle

,Qu’ainfitufuis? -Qu’en avez-vousquefaireë.- Si ai vraiment. - C’efi ma Maiflrelïe qu’elle.

- Auraije bien ce que d’elle j’efpere?

-- Poilible oui : mais quelle cit votre affaite 9- Je veux entrer. -- Portez - vous quelque

chofe ë . .-I.e bel écu, - C’efl afl’ez : biffez faire a

la ne craigneznrouver (a porte une.

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144 IEAN-ANTOINE DE BAYF.

1 I A;SIXAIMLE Roi, il cil Roi qui el’l (age;Le Sage rogne en fou courage:Qui bien y regne, en: digne Roi:Il cil Roi, qui bien fe commande:Autre empire je ne demande,Que de bien commander-chez moi. V

I: à.afiwmmzpzkwums-. O P r. U -r o N , Rabelais reçoi,Afin que toi, qui es le Roi ’De ceux qui ne rient jamais jTu ais un rieur déformais. ’.

"aà

tu,k.

ÈGLOGUE

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Il

,JEAN-ANTOINE DE BAYF. r4;

h rÊGLOGUE.BRINON.

Puantes , qui aimez les verdoyans rivages ,Et , près du bruit des eaux , la fraifcheur des am.

brages , ’Vous qui ne dedaignez , ô Nymphes aux beaux

Nos chani’jîîlïr’es chantons , par ces champel’tres

V lieux, h *Aidez ma faible voix. A Brinon je veux direUn chant , que fa Sidere une fois daigne lire ,Un chant de mon Brinon , que fa Sidere , un jour,Ne life fans jetter quelque foupir d’amour. ’Tandis , par ces halliers , mes chevres camufettesBroutteront les jettons (1) des branches nouvel-

lettes. IJe ne chante à des fautds : ce vallon sa" ces boisDéjà fe tiennent prells pour répondre à ma voix.

Nymphes , quel mont lointain , quelle forcfl orin

i Meule, IQuel fleuve , quelrocher , quelle caverne creufe -l

(1) Imam, rejettons.

Tome V11, G-

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n46 .JE’AN-ANTOINE DE’BAYFLF.

. Vous détint, quand Brinon, d’amour tout éperdu A

Son ame lànglottoit delfus l’herbe étendu?

litoient-ce les lauriers dans Helicon-verdoye ,Ou l’eau qui doucement au beau ’Perinell’c’ondoye,

Ou l’antre defiré.du.roc. Lanier»,

Ou le l’ommet cornu du mont Parnaliien?Car vous n’étiez alors fur les rives de Seine ,Qù Brinon , languill’ant de l’amoureufe peine,Piteul’cment couché , toute chofe allumoit

De pitié , fors le cœur de celle qu’il aimoit.

Mefme les genévriers , 8c mefme les épines ,

Riemann-fan malheur : les ondes argentines,Qui nettes paravant couloient par les ruilïeaux ,S’accrurent de leurspleurs 81 troubleront leurseaux.Tout y accourt des champs: le bétail , qui s’étonne

Dg le vair fans palieur , tout trille l’environne.Bergers &Palloureaux 1ans faillirent pas ;Ceux-ci d’un train pelant , ceux-là d’un ville pas,

Venant des environs; 5: chacun lui demande ,Mais d’où te vienr,Brinon, cette langueurfivgrande?

La , couvert de laurier , Apollon palloral ,Le bon Dieu Médecin , qui eul’t guéri fan mal ,

Si le mal qu’il avoit euli reçu médecine .

Ou par enchantemens , ou par jus de racine,Mais lui-même jadis, qui ne s’enputguérir ,

Près d’Amphrife , lui , Dieu , fouhaita de mourir.Pan , de Ménale y vint : de pin une couronne iAffuble l’es cheveux , a: fouiront environne -,

.1

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il

JEAN-MOINE DE BAYE 147La peau d’un loup-cervier fur (on. dos s’étendait; ’

Sa’flulie à [cpt tuyaux de fan col lui pendoit.t QI!i te poulie, Btinon , dit-il, en telle rage ?

Où foutrons tes troupeaux? où en leur pallurage P".. Sçacbnnt que tu en as du tout quitté le foin ,

Sans guide . la plupr font écartés au loin.A tenaient: 6c (anglets ne veuxbtu mettre pol’e ?’

Et quoi! ne ferasotu déformais autre chole 3Que de plaindreâc languir? Amour, de tout ceci, -Amour, le lier Amour ne prend aucun fouci. ri À

I On ne voit point fouler ni les chevres de feuilles .N i de thym odorant les avares abeilles , v

I Nidedouce rofée au mais de Mai Relieurs, INi le cruel Amour ne le foule de pleurs. ’ "-

Las! que ferai-je?hélas! (dit Brinon, àgrand peine,-Ï »

Parmi triliesl’anglots ,’recouvrant l’on haleine)

Las! quelferai-je donc ? Bien loin outrela mer; l-Je veux aller’bien loin mon âge confunfer; ’Je veux aller bien loin , en un pays barbare ,- - r ïOùjamais n’aborda nul Mercure:En ce pays défert , pour le moinsécarte’ .1

Je plaindrai mon malheur en plus grand’liberté,Sous la bil’e gelée , en ce pays irai-je ,

Où la terre cil toujours blanchilïante de neige?Où l’océan glacé dell’us l’on large dos ,

Sans fléchir fous le faix , faufilent les chariots?M’en irai-je aux fablons , ou les plaines brullées .Loinlfous le chaud midi , s’étendent reculées?

h G a

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’148 IEAN-ANTOINE DE BAYF.

Où du Soleil voifin les Ethiopes noirsSe défendent , creufans de fouterreins manoirs PQue dis-je , malheureux? pour chemin que je faire,Amour ne me laina : par-tout, 8: dans la glaceDu nord , ô: du midi . dans l’extrefme chaleur ,

Pardon: où je fuirai, me fuivra mon malheur.On fuit bien la chaleur , on fui: bien la froidure ,On change de pais ; mais Amour toujours dure. IAh Léa moins fur ces pins retraçons mes amours -,

Mes amours . avec lui , vous croiflrez tous les. . ionrs” l I I A .

Déeffes , ilfuflit : ici votre Poète -Seul a chantée ces vers , tandisque , fur l’herbette.

Sous ce chefne feuillu de vergettes d’ofier ,Pour donner à s’Amie , il laçoit un pannier.

Mufes , faites ma rime à Francine agréable ,Autant que fes«be,autés me la rendent- aimable.

Levonsanous kil efi nuit. Petit troupeau-refit,Le foleil en couché , fus! retournez au ce: (1).

(1) du m yau toit, à la bergerie.

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JEAN ANTOINE DE BAYF.» 14g

Km.O D E.B a x. r. E en qui mon efpoir fe fonde,Je me vois bien aimé de toi: ’ -Mais tu crains le babil du monde 5Je te iure, auffi fais-ie moi :cEt pour ce regardons commentNous aimerons dilcretementt i c ’

Quant à toi, tu es coufiumiere, ’De ietter foupirs 8: [anglets :Ouvre ton amour en arriere ,Mais devant les gens tiensJe clos : r ï "Il

En autour, plus il efl feu-et ,Oh gonfle un plaifir plus parfait;

Si ton gentil cœur me defire ,Quelque amoureux (caret ouvrir .iQue ton œÎl un feu! clin me tireIJe le fçaurai bien découvrir : . . AEt tout ainfi que l’entendrai.La réponfe fie te rendrai.

Tu pourras bien . à la panade;D’un pié laflif , le mien prefl’er :

Tu pourras d’une prompte œillade,

De loin me rire à: carefïer :Mais gardons-nous , pour faire mieux ,De plus de témoins que quatre yeux.

G 3

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ne TEAN-ANTOINE DE BAYEMignonne , n’entre en défiance ,

Si tu mervois baifer l’ouvent ,L’une a puis l’autre en aye’fence.

Autant en emporte le vent: f» .Ce fera pour difflmuler "Notre amour que voulons celer.

Ma mouche fera fur leur bouche 3Mais j’aurai bien le cœur ailleurs :

Ce baifer au cœur point ne touche -,Je t’en garde d’autres meilleurs:

La bouche. à la bouche fera ,Le cœur , au cœur, s’adreifera.

Mcnant ainfi l’amour . ma vie ,

Des méditâmes nons rirons : .Et francs de foupçon 8: d’envie;

Du bien-d’aimer nous iouirous: ’ 2’

Nous mocquant des fottes , qui fontIaloufes du bien qu’elles n’ont.

Elles ne l’ont , les mal-apâlies ,

Et fi , enragent de l’avoir:Et d’un defir brûlant efprifes ,

N’ont ce qui et! en leur pouvoir :Et tirant plaifir de l’ennui ,.Souffrent mal pour le bien d’autrui.

à

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&mN-ANITOINE DE sur, «se

wMI’GNA’RDISEAS;

A vous , Madame la pucelle;Pucelle. vous dis-je, fi cellePucelle fe peut bien nommer ,Qui ne (çait que c’efi que d’aimer.

Quoi! d’un Amant . de bonne graveurVous fuçotez fi bien la luce 5.Ses oreilles vous lui morde; -,Sa barbe vous lui recorder,Et , fans tu)!» faire la farouche ,Vous’laifi’ez bailler fur la bouches; » Il

Et pour plus meor l’embrafer ; i "Son fein vous lui venez baifer ,. aDifant que votre cœur s’adonneA lui, plus qu’à nulle pet-fennec

Et qui ne fepiperoit bien ,Par un fi aimable entretien 2 V

Mais quoiêmu’s ceux qui vous muguettent ,

Par vous, Madame , aiufi (e traitent: iAu premier qui après viendra v,Le mefme propos on tiendra. *vous pipez, de telle carrelle ,Ceux de qui vous eflcs.Maiflrefi’e; v)

G 4

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:52 IEAN-ANTOINE DE sur.Mais s’on vous parle du doux point :0 mon Dieu! ne m’en parlez point!Vos propos me rompent la tefie :Je vous elfimois plus honnefie:N’avez-vous honte de venir

Ces fafcheux propos me tenir?Mais fi , par raifon très-certaine,

Votre ferviteur vous pourmeine ,ququ’à confeii’er que ce bien

Sa grande amour mérite bien,Et que. pour votre amour fi glanda,Vous ne pouvez de fa demandeLe refufer honnelkment,Si vous l’aimez parfaitement :

Lors . demeurant toute confufe,Vous ufez d’une belle r’ufe ,

Le rendant luivmefme confusvDe ce plus honnefie refus. lQuel avantage me ferai-je ,Si votre mal aînfi j’allege?

Ce fera vous tout feulementDe qui ceiïera le tontinent:

î Quant aimai , je n’eus de me vie

De-ce dont vous parlez envie rsi j’en avois quelque defir .J’en goûterois bien le plaifir.

Mais, mais .»croyez-la, je vous prie.Croyez; elle n’eut oncq envie ,

At

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JEAN-ANTOINE DE BAYE 1,3Elle n’eut oncque , croyez-lia ,

Envie de faire cela.Et comment, mon Dieu l, la pauvrette A.

’ El! trop délicate 8c douillette ,1. J

Pour avoir faim de ce doux point :. La pauvrette ef’c trop en bon point.

En. auroit-elle le courage ,Auv dix-huitieme an de (on âge?La grand’ pitié! fes jeunes ans

Ne font à ce ieu bien duifans: v tLa mignarde a trop parque faire, IPour penfer à fi douce affaire;

,Elle a trop 5c trop de loifir , .Pour fouhaiter ce doux plaifir. v iEt puis , tandis qu’elle efi: oifive ,Son étude récréative ,

Des livres de larciveté AEntretient trop fa chafleté. il ,- n . .2Elle où aufli trop bien nourrie, ’Pour avoir de ces jeux envie; I n in .Brief, la friande , trop elle a.Cequi affriande à cela. .vMais quoi! elle n’eut, de fa vie,De ce dont lui parlez envie :S’elle en avoit quelque defir ,v

me en gonfleroit le plaifir.

97cm?l

si

A-;.. alu

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154 JEAN-ANI’OlNE DE BAYF:

LEMAITRE DEVENU ÉCOUER.

LA grand’ Dame Cyptis . comme dormois un

jour , ’Tenant avec faîmain [on jeune enfant Amour ,

Qui en terre clinoit, me dit cette parole:Enfeigne . ami Pafleur, l’ayant en ton école,Mon Amour. à chanter : ainfi elle parla ,Me le laide , ô: s’en part: mais moi ,.fot . tout celaQu’en Pafleur je chantois , je lui voulus apprendre.Comme s’il eufl.voulu mon apprentif fe rendre.

Je chantois comme Pan trouvale chalumeau .Minerve le flageol , comme Apollon le beauSçut inventer la lyre , 8: le doux luth, Mercure.C’efl ce que j’enfeignois : mais il n’en avoit cure,

Lui-mcfme me chantant de à mere les tours ,De fa mere ô: des Dieux m’enfeignoitles amours:

Lors des chants amoureux il me fait entreprendre ;Et j’oublie avec lui ce que lui veux apprendre.

ses»

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JEAN-ANTOINE DE nm: in:

I Car j’avoisjfi bonne envie

l.EMBLÊME’;

.Làîuovn’ en moi renouvelle- ’ j

Un doux defir;Une aiïeâlon nouvelle i

Me vient Tanit. jFais , ô Dieu des amoureux ,Que je fois aunant heureux

A fervir cette,Mailireilie, . . . ’ .Comme, fous-une traiflrelïe. - IJerme fuis’vu langoureux.

n

Quelqu’un, à tort, d’inconfiancel i j

Me blafmera, p - .2 j JQui, fçachant moulinnocence; ’ ’ 4 fM’eflmjl’efiaz’ h ’ i. i Ê

à

«auD’eflre. Relie ,

Quo je n’avouoic ma vieD’autre que d’elles

4.-»n.»-uuv44-

in: aux; m’afl’urôitj’

Eideïfapart me juroitf”

a J ceL. f...

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156 Indium-MINE DE; sur;Ami. en ma bonne grinceJ’aimais autre n’aura place z

Mais elle fe parjuroit.

Cependant que TefpéranceMe décevoit ,

Un autre , la récompenfeEn recevoit:

Et durant mon entreprit’e

D’amour bourrelle ,

Un autre étoit, àpla prife y t

Moy à la quelle. - " 1Elle a reçu l’étrangerr ’ j j 7’

Ne m’en dois-je pas venger PQuand on voit qu’on ne peut faire

Ce qu’en amour on efpere,(refile meilleur de changer. ’

S I X A I’ N;

îCHACUN veut emplirfii’a belace:

Qui fait bien, n’a ni gy, ni grace r’Adieu l’Etat . les, lpix, adieu. v

Les aines s’ai’fublent de chappes r

Dieu fçait continent fe gourdes, Papes!»Rois naifïent tels qu”ilpplaifËJà plein. h;

Hun! i

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IEANèANTOINE DE. BAYF. :57 .

FAB,LE..LE LOUP ET L’ENFANT.

v1: loup , ayant fait une quefieDe toutesparts, enfin s’arrefieA l’huis d’une cabane aux champs,

Auæri d’un enfant que ’fa mere, ,4,Mènaçoit , pour le faire taire,

De ietterzaux loups rufians. 4

Le Loup , qui lfoüit , en en: ioye-,Efpéran; d’y trouver (a proye.

E; tout 1o jour il iattendit-Que la mere (on enfant iette. . 7*

Mais le ÎOÎY venu ; comme Vil guette ,.

Un autre langage entendit:

Car la mare , qui’ , d’amour tendre,

En Ces bras fon fils prendre ,Le baifan: amoureufément,Avecques lui la paix và faire ,Et. le dorlotant pour l’attrait: gLui parle ainfi flatteufement.

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:58 JEAN-ANTOINEJDE BAYE

Neuni, nenni, non , non , ne pleure:Si le Loup vient , il faut qu’il meure :.Nous tuons le Loup ,. s’il y vient.Quand ce propos il oüit dire;Le Loup grommelant (e retire:

; Céans l’on dit l’un , l’autre on tient. h

S I X A. I N;

U1 quiet-t la mon", la vie accufe z;Celui volontiers mal en ure,Qui (e promet fine toujours :.LYheureuxmeut-t, ains que,(1) mon fouhaitetMenu bien .,. qui bien ufe [es iours:.Ce que l’homme vit, Dieu le prefle.

(Il). Ain: que , avant que.

aÂ.L5

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IEAN-ANTOINE DE BAYE: 149:

WA MONSEIGNEURL’EIDUC D’A’NIOU,

En’ .lui dédiant le Livre de» fis t.

c Amours.Panzer , grand Duc , ô de Rois sa; arme;Qui ,lieune d’arts , portes un front rêvera

De quel vifage ofé-ie préfenter ’Ce que l’Amour m’a fait jeune chanter

En vers rimés , à toi qui , d’avant l’âge ,

Preux , courageux , vaillant ., confiant 8: (age ,’ Viaorieux, éprouvant ta vertu-,. l

Plus d’une fois en guerres combattu?Quelque beau chant de plus d’une vidoir:Te fieroit mieux , qui célébrait ta gloire ,Qu’indignement ceci te dédier ,v

Où l’on me voit mes fautes publier.

Mais quant à par: a: je prife 8! je pente-Queyaut l’Amour , 8c quelle en fa pnilïanee;

Jill! qui pourroit choifir à: mettre au jourUn argument plus digne que l’amour?

Amour lui feu! cit rame du grand mondeQu’il entretient; par lui . la pataude-a -

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JEANeANTOINE DE BAYF.’11 cit par-tout; il remplit les bas lieux ,La terre 8: l’eau , voire emplit les hauts cieux.C’efi par l’amour , que l’ame généreufe

Exercera la vertu valeur-euro;Oeil par l’Amoucque , d’un brave renom ,

L’homme de prix honorera l’on nom.L’un, en fuivant l’inflinét de (a nature;

comme il efl: né , manîra la peinture z

L’autre , un autre art; l’un. tranche les guerets a

L’autre , chalïeur , trotte par les forefls:

Tout par amour. Divers amours regentent.Les cœurs humains, qui a par-die contentent:C’efi par amour que les arts fe parfont,Que les vaillans ô: les favans fe font.

Qui mit à chef l’emprife mm chantée ,

Que fit la nefpar Argus charpentée ,Suivant l’avis de la fage Pallas ,

Sinon amour? Primaire, tu bruflas çTu vis Jafon : 8; la toifon duréeAu Roi. ton pere encor fut demeurée;Mais la beauté du Grégeois te navra : »

Mais l’Amopr fit que par toi recouvraLa laine d’or. Qui a fait devantITroye(buns. qu’elle full des ennemis la proye) ITantfle beaux faits? qui fit connoiflre Heâor,Preux &vaillant , pour bien difant Nefior , »Aiaxjhardi , Ulylïe mut 5c (age, .PauquhonsAchü; «le grand courage r « ï. 9

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JEANoANTOINE DE BAYF. x61.Sinon l’AmOur? d’Helene la valeur ,

Des combattans aiguillonnoit le cœur.Vous faiûez bien , Troyens , de la défendre,Et vous. Grégeois , de vous la faire rendre:Tu n’avais tort, Pais . de la garder,Ni Ménélas de la redemander.

Orphée , épris de pointure amoureufe .Aime, Euridice ’,hélas! bien malheureufe l-Qui d’Arifie’ les rages échappant,

N’évite, pas le venin du ferpent.Elle cil déjà dans l’obfcure contrée ’ ’

VDu noir Pluton; Orphée a l’ame outrée;

D’un nouveau chant (il flatta les enfers .Non coututnierïd’ouir de fi beaux vers.

Il rencontra cent fantofmes terribles. ISe préfentant en cent formes horribles ,Qui contre lui ne devoient attenterTant les fçavoit doucementeuchanter! sIl tira pleurs des yeux des Euménides .Donna repos aux cruches des Bélides;Les Maries durs emplit de pallion,Et arrefia la roue d’lxion. p ’

Ainfi qu’il veut , il obtient fa demande;Et des Enfers la Princefïe commandeQu’Eurydice’ repaire le trépas ,

Pourvu qu’Orphe’ ne la regarde pas.

. Ils étoient jà , tout contre la lumiere,Hors des dangers: Eurydice derriere V

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,2 .. et... réarmes

tkW.

zr62 IE-AN-ANTOINE’ DE BAYESuivoit l’Amant , qui . d’amour tranfporté ,*

Se retourna. La, lui fur emportéSon Eurydice, hélas! évanouie .

21;: tout fondait) une voix fut ouïe:Quelle fureur ! quelle nûment trop apert (1);Et rois: moi, miférables. nous perd?O pauvre Orphe’ l las! la Parque cruelle ,14s l derechef en arriere m’appelle : lUn dur [clunieil couvre mes yeux florins:Envain à moi tes deus bras tu étuis -, * IEnvain à toi , moi qui ne l’un plus tienne ,retends mes bras! N’attends que je revients.Amant, adieu, adieu, pourronsadieux: INia-t’en au jour; je demeuneen ces lieux. ï

Héliodès. aprèsdui, d’une Belle . -

Fut apeurent me, quittant par elle "Son doux page a dans More habité , ’Séjourfal’ehenx , a: l’hiver a: me. ’

Homere aufli , cette ame valeureufe ,Jeunelfentit la fureur amoureufe tEt ne fe put de fa flamme exempter,Qui lui donna matiere de chanter.Deçlà , prenant la belle couvertureDe Calypfo, découvre fa pointure ASous un nom feint. ô: de Circé parlant, ’Un autrement il alloit révélant.

il) 41”". manifefle..évidènt".. V - - 5

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i JEAN-ANTŒNE DE sur; la;ne] fin Homere. O beauté l’humeur-ée ,

Qui devtel Poëte a l’aine enamourà ,

Qui lui apprit a chanterles charronsDont aujourd’hui l’on adore les tous! »

Divin efprit , ta feinte Mark donneCe qui avint à ta propre performe ,A ton Ulyfl’e, son tu fais jouer

Ce que n’ofois toi vivant avouer. à.Les bons fruitiers, en la faifon nouvelle,Poufïent dehors une fieurifon belle:La fleur ïfe palle ; ô: le verdoyant fruit-Groflit l’été; l’automne le produit

Mur a: parfait. ces tout ainfi de PageDe nous humains , qui changeons de courage,Divers en mœurs , par nos quatre laitons; iEn. la primeur des ans , nous produironsLes fleurs d’amours ; 8: qui lors ne les porteEn fon automne aucun fruit ne rapporte -,.Faute d’amour; fiérile , fans porter,L’on voit l’auvent tel efprit avorter,

Et necfaut pas rejetter la paroleDes anciens, comme vaine 8: frivole,Quand ils ont dit: Qui icune abhorreraLe icu d’amours , vieil en rafollera.

c "Bellay chanta , fait ou feinte ou naïve,Sagprime ardeur , fous le doux nom d’Olive,Le choifiiïant de Pétrarque a l’envi ,

Qui du bel œil de Laure fut ravi. N 4 1 "

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’164 JEAN-MOINE DE BAYF.Ronfard depuis , des fa ieunefl’e tendre, ’

Portant gravé le-beau nom de CaflandreDans fa mémoire. en beau flyle divers ,Hauts 8: bruyans en a formé des vers.

Belleau gentil . qui, d’exquife peinture,Soigneufement imites la nature,Tu confacras de tes vers la plufpart,De Cythérée au petit fils mignard.

Tout maintenant, d’une chanfon d’élite;

Defportes dit les graces d’Hyppolite.Après avoir en la fleur de fes jours,D’une Diane honoré les amours.

Et moi , qui fus nourrilfon de la France y.Quand a peine ie ferrois de l’enfance ,

Et ne portois nulle barbeau menton .Aux premiers traits , [que l’enfant Cupidon .A décochés dans ma chaude poitrine ,

Je découvris, fousle nom de Méline ,Mes premiers feux . or dedans Orléans.Or dans Paris , coulant mes jeunes ans.Fuyant , depuis , les afïauts de l’envie,

Qui de tout temps a guerroyé ma vie.Quittai ma Seine , avec mon Tahureau .(Toujours le miel coule fur le tombeauDu jeune Amant! que les vermeilles tores,Au d0ux printemps ’, y fleuriflent éclofes Z)

Il m’attira, fur les rives du Clain , VPour compagnon : la , je fus pris (andain

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j JEAN-’ANTOINE DE BAYF. 16gPar les attraits d’une fille fçavante ,

Que fous le nom de Francine je diantre.Nom qui n’efi’feint , 8: fous qui le fouci,

Que j’ai chanté . n’étoir pas feint aufli.

L’éloignement , avec la méd fance, j

A dans (on coeur détruit la con :ance,

Et les penfers de nos communs plailirs ,Doux nourrifliers des amoureux dents.Quand je cannois que l’amour que je porteEli déplaifant . je lux ouvre la porte: ’ lL’amour s’envole ; à je n’en fois blafiné 3

Aimer ne puis, fi je ne fuis aimé.

Sortant ainli de telle fervitude ,Libre je vis, fuyant l’ingratitude,Tant que je puis. Sans délit mutuel,Quel amour peut être perpétuel?Voila pourquoi les Poètes du vieil ageFeignoieut qu’Amour, le petit Dieu volage,Tant qu’il fut foui , fans frere en ces bas lieux ,Ne ’grandifi’oit comme les autres Dieux :

Sur quoi Vénus , allarme’e. alla prendreL’avis certain de Thémis , pour apprendre

A quoi tenoit que (on fils ne crouloit ,Et que toujours enfant il parodioit.

Donne à ton fils Amour (répond l’oracle)

Un frere Amour, 8l tu verras miracle -,Lui, que tu vois feul demeurer enfant,Tu le verras , Vénus , devenir grand.

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r66 JEAN-ANTOINE DE. BAYF."

A inti , qui veut qu’un bon amour profpere

De mieux en mieux , lui faut donner un ftere.Son qonu’amour. Qui me confultera ,S’il n’efl.airné, d’aimer (e gardera.

A vous . Henri , mon Prince . ce mien LivreJe viens offrir. Ainfi puifl’e-t-il vivre

Plus de mille ans . portant de votre nomL’honneur au chef g & votre haut renomPvifléuje ainfi , (liage en age répandre ,

Et vos vertus toutspar-tout faire entendre!Laifiea venir , ô grand chef des guerriers,Mon petit myrrhe , aupied de vos lauriers.

N’A AGNÈS.

TU as au front un peu de cicatrice.Ïequel, Agnès , tu tiens toujours couvert:

Ne cache tien; on penfe plus de viceAu caché , qu’au mal qui efi ouvert.

fin)?

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xu

JEAN-ANTOINE DE BAYE; x69

g E L J. h:BAISERBarman-nous , mignarde.Dehors de la chaleurQue le (chinons darde.

v Jaloux de notre ardeur:Cherchons coffrais ombrage, ’

Et lamons ce jalouxFaire eflai dette rage ,Autre part que fur nous;

Laifl’onsdoaeque , mignonne ,Ce traifire décodeur; "Quiqons la place où donneSa jaloufe chaleur :.Amas-en à l’ombre .Hors du rayon du jour, ïamati: des fleurs (au; nombre,De notre douce amour.

Çà donc! la récompenfe

Des trois bâter; promis.Quoi! Examine! je paie.Enoublimnunis! V v -Tu fais donc la farouche ,Mempècham d’approcher .3

Tu recules ta bouche ,De peur de ne toucher?

,

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168 IEAN-ANTOINE DE BAYF.Si faut-il bien , mauvaife k

Payer ce que tu dois:Il faut bien que je baîfeTa bouche par trois fois.Je te tiens à cette heure.Outre ce vif coxal: "Plus tu fais de demeure,Plus s’augmente mon mal.

Plus tu fais la rétive. -Plus long je te ferai ,Quand cette rofe vivePlus long je prelîeraî.

Eh bien, tes levres moles -Tu ouvres , mon fond!Mais , mon coeur , tu m’afoles,

De delayer ainfi.Dieux ! en ton» rein . ma Dame,

Mon ame tu reçois-l h iRends-moi, rends-moi tuteure. ilA la faconde fous:Si, au ballet deuxierne,"Dans moi tu la remets.Je VFllX bien, au nomme,Laycxdreponr-jmai’s. .r i Lf.’

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JEAN-ANTOINE DE BAYF. 169r

DE SILE.SIL! me veut pour l’on mari,

Et n’y a rien qu’elle ne faire:

Mais moi, j’en ferois bien marri,Quelque contrat qu’elle me paire.

Ainfi qu’elle m’en preHe tant :

Tu me donneras , celui dis-je ,Cinquante mille écus comptant;Sans qu’à les rendre je m’oblige.

Et , pour la premiere nuitée ,Ne gonfleras point le déduit;Mais tu t’en pafl’eras , couchée

Seule à part dans un autre lit.

A ton nez, fi je le demande,J’aurai ma mie entre mes bras :Sans gronder , fi je le commande.Ta fervante m’envoyeras.

Et le plus fouvent , à ta vue .Sans te dire un feul mot . j’irai

Prendre la premiere venue,Que haut ô: bas ensilerai.

Tome VIL H

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r70 ’JEAN-ANTOINEDE BAYF.

Quand nous irons de compagnie,Si loin l’un de l’autre ferons.

Tant fois tu parée ô: jolie ,

Que ne nous toucherons,

De me baifer. point de nouvelle -,Garde-toi de t’y préfenter:Si d’aventure je t’appelle ,

Ta leçon je te veux chanter.

Garde-toi d’être fi ofe’e ,

Si ma femme une fois tu es,Me haire: en femme épeurée ;

Car je le trouverois mauvais.

Ne me haire comme ton filera ,Il y auroit trop d’apetix:

Mais comme quelque bonne mer:Baiferoit (on fils tout peut.

Si tu peux accorder en fommeTout ceci, fans mien refufer ,Touche là , tu as trouvé l’homme v

Qui cil content de t’époufer.

mufti

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4.4

P

l

JEAN-ANTOINE DE BAYF. r71

a: àSONNEIMA Dame, en un jardin, amaiIoit des fleurettes,Pour en faire un bouquet , 8: tapi fous les fleurs ,Amour elle trouva , qui . verfant tiedes pleurs .Seulet contrevenus pouffoit plaintes aigrettes;

Ma mere tu te dis , mere des amourettes;Mais la more plural! tu es de tous malheurs ,Quand , chagrine, toujours tu remets tes douleursSur moi, qui n’en puis mais , à quefi mal tu traites,

Ainfi diroit Amour , de Vénus fe plaignant,Quand de l’es belles mains Francine l’empoignant ,

Le nicha dans fon fein. Amour dedans fe joue ,

Et s’écrie en ces mots: Ma mere tu n’es plus;

C’efi Francine qui l’en: cherche , belle Vénus ,

Cherche un autre que moi. qui ton enfant s’avoue.

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en JEAN-ANTOINE DE BAYF.

’S"O NN’E T.

LE Dieu Momus, chagrin, admiroit de Francine.Or les yeux azurins , deux aîtres amoureux ;Or de fou teint vermeil le naïf vigoureux;Or de fou iront benin la majefié divine;

Or de (es beaux fourcils la courbure ébénine 3

Or fan ris , qui me fait heureux de malheureux;- .Malheureux , s’elle rit de me voir langoureux;, Heureux , s’elle me rit d’une faveur bénine.

Tantoü fa douce bouche 8: fon divin parler,Du (on corfage beau; tantofi (on bel aller ,Ses bras, fes belles mains, fou loin, fa gorge tendre;

Quand, fe tournant vers moi, fi à ta loyauté .Elle ne répondoit par fi grand’cruaute’;

En elle , je n’aurois , dit-il , rien à reprendre.

È

l.

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JEAN-ANTOINE DE BAYF. 17;.

e i - -r lA UNE DEMOISELLE.L’àmnv , Madame la-fucre’e ;.

Adieu , Madame l’affertée -,

Adieu celle qui peufoit bien;Me tenir pris en (on lien :Adieu celle-là qui carefl’e

Chacun qui à elle s’adreffe ;

Adieu celle qui n’aime qu’un ,

Et qui aime autant un chacun:Adieu la gloire des pucelles;Qui aime les chofes nouvelles :’

Adieu celle qui, tous les jours ,.Change de nouvelles amours :.Adieu fa contrefaite mine -,.Adieu fa parole enfantine;Adieu mille gentils ébats ,Qu’elle ne me, refufoit pas.Pourquoi m’en refuferoit-elle?

Chacun les a de la pucelle: -Vraiment je puis bien avoir partA ce qui a tous fe départ.Adieu , Madame la pucelle ,Pucelle , vous dis-je , fi cellePucelle fe peut bien nommer ,Qui ne fçait que c’efl que d’aimer..

H 3

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174 JEANnANTOlNE DE BAYF.

Adieu , celle qui, de fa vie ,S’il le faut Croire , n’eufi envie,

Qui n’eufl , je vous pri’ , croyez-ln,

Envie de faire cela.Adieu celle nuit tant heureufe jAdieu belle nuit amoureufe;Adieu la chaire , adieu le coin ,De nos jeux le meilleur témoin:Adieu nos belles amourettes ,Adieu nos joyes plus feeretees ,Adieu foupirs , adieu plaifirs,Adieu regrets , adieu defirs.Adieu la bien parlante Dame ,Qui aunieux aimé le vrai blâme ,Qu’à bon droit je lui donnerois , ’

Que l’honneur qu’à tort lui ferois a

Adieu celle qui fut ma Mie .Mais qui en ma grande ennemie ,De qui je fuis vrai ennemi .Comme j’en étok feint ami.Adieu de Saphon l’écoliere ;

Ce qui fait que tu n’aimes guets tMais fi (cavante, qu’à Sophen

Tu en ferois bien la leçon.Adieu , Madame la rufée ,Qui s’ell grandement abufée,

De penfer avoir abufe’

Un bien autant qu’elle nife.

se

Il

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JEAN-ANTOINE DE BAYF. in

1 7IMITATION D’ANACRÉON.

AMOUR DÉROBANT LE MIEL.

L E larron AmourDéroboit un jour

Le miel aux ruchette:Des blondes avettes ,Qui, leurs piquans (t) droits. »En l’es tendres doigts, iAigrement ficherent.Ses doigts s’en enfleront :A l’es mains , l’enfant

Grande douleur (en: zDépit (a) s’en courrouce 3

La terre repoufl’e,

Et, d’un léger faut,

11 s’élance en haut ,

Et vole à (a more vLa belle Cythere :Avec trille pleur ;Montre fa douleur,Et faire l’a plainte;

Vois, dit-il, l’atteinte

(t) Pigment , aiguillons.(a) Dlpit , dépité.

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176 JEAN-ANTOINE DE BAYF..Qu’une mouche fait;

Vois combien méfait

Une befieletteQui, fi mingrelette ,Fait un mal fi grand!

De mefme il t’en prend:(Vénus lui vint dire ,

A Se prenant à rire)Bien qu’enfantelet

Tu fois mingrelet ,Tu ne vaux pas mieux :Vois quelle bleii’ure

Tu fais qu’on endure

En terre 8c aux cieux!

SIXAIN.-Tao r de miel mangé s’amertume:Qui trop a jouir s’accourume ,Gaule du plaifir le plaifir :Ce que l’on cherche , on ne rencontre 3Qu’on n’y penfe plus, il fe montre:

Haflif fe repent à loifir.

si"?

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u

JEAN-ANTOlNE DE BAYF. .77 i

,LES ROSES.

AU SIEUR GUIBERT.DIEU l je m’emerveille en peni’ant

Que du temps la main larronnelïeRavir la fuitive jeuneerDes rofes vieilles en naifi’ant z.Quand voici l’incarnate fleur,Ainfi que j’en parle s’éfeuille;

Et. couverte de fa rougeur ,-Déjà la terre en si! vermeille.-

De toutes ces formes l’effet,Et tant de foudaines nuances,Et telles diverfes naifi’ances ,

Un jour les fait 8c les défait.O nature! Nous nous plaignons ,iQue des fleurs la grace cit-fi breve ,-Et qu’auffi-tofi que les voyons ,

Un malheur tes dons nous enleve..Autant’ qu’un jour efl long, autant:

L’age des tores a durée:Quand leur jeunefi’e s’eflzlmontrée ,-

Leur vieillefl’e accourt à l’inflant..

lies;

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378 IEAN- ANTOINE DE -B AYF.Celle que l’étoile du jour,

Ce matin , avoit vu naiil’ante ,

Elle-mefme au foir . de retour,A vu la mefme vieilliffante.

Un feu] bien ces fleurettes ont ,Combien qu’en peu de temps périfi’ent,

Par fuccès elles refleurifl’ent,

Et leur faifon plus longue font.Fille , viens la rofe cueillir,Tandis que fa fleur et! nouvelle :Souviens-toi qu’il te faut vieillir ,Et que tu flétrit-as comme elle.

SIXAIN.0 QUE d’heur auroit notre vie,Si nous n’avions de rien envie ,Sinon des chofes d’ici-bas!

Trop cherchant, perdons l’avantageDes humains : l’humain le plus (age,A toutevheure fage n’en pas.

rififi

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JEAN - ANTOINE DE i BAYF.? 179*

A SOI-MÊME.

IMITATI 01v DE szrtzL,

BAÏF , fi tu veux fçavoîr

Quel avoirPourroi: bienheureux te rendre ,.En ce douteux vivre-ci,

Ois ceci ,Et tu le pourras apprendre.

.0 chétif! ce: heur, hélas!Tu n’as pas!

Hé! ta fortune efi trop dure!Mais ce qu’on ne peut changer.-

Efi léger ,

Si confiai-nuent on l’enduro.

Un bien tout acquis trouver ;».N’éprouver ,

Pour l’gvoir , aucune peine:Un champ ne trompant ton «un:

D’un bon feu ,

Ta maifon toujours farcin: :H 6.

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180 JEAN-ANTOINE DE BAYF.N’avoir que faire au Palais ,

Ni aux plaids:Loin de Cour; l’efprit tranquille;Les membres gaillards 8: forts ,

En un corpsBien tain , difpos 8: agile :

Cette fimpleffe entre gens ,Se rangeans

Sous une amitié foi-table :Un vivre paKable a: coi

A requoi ,Sans trop furcharger la table:

Palier gayement les nuits ,Hors d’ennuis;

Toutefois n’efire pas ivre :Un lit qui ne te déçoit,

Mais qui (oitChafie, à: de noil’es délivre:

Efire content de ton bien,Et plus rien

Ne defirer, ni prétendre;Sans fwhaits, fans crainte auŒ ,

Hors fouci ,Ton heure derniere attendre.

in?

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JEAN-ANTOINE DE BAYF. 181i

DE BAVIN.BAVIN.. qui ne voit guere clair ,N’a point de la clarté de l’air , l

Lorfqu’il fait beau , la jouifihnce.Du verd gai la réjouilïanceN’efi pour lui z les prés fleurifl’ans

Des herbes s’épanouiffans ,

Au renouveau ne lui agréent :Les champs dorés neile recréent,Alors que , plus blonde Cérès ,.Fait hérifl’onner - fes forefls.

Il a belles npifieries;Il a fort rares pierreries,Riches meubles en fa maifon ,.Des pieces d’or à grand’foifon ,

Des plus exquifes pourtraituresEn images ô: en peintures;Sa femme cf! laide , autant que beauxSont , à les voir , tous ces joyaux :Or malheureux en mille.chofes ,D’avoir (es prunelles fOrclofes.

Ravin cil heureux en un point:Oeil que fa femme il ne voit point.

in].

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r82 JEAN-MOINE DE BAYF..

-r A C’OQUIER.F

SI je te fais quelque requefle;- Et que la chofe te fait prefie ,

Le premier’efi de la fournir 5-

011, fi tu ne la peux tenir,Le fecond efl , fans que m’amufer ,.

Que tout à plat tu la refufes.

J’aime bien celui-là . Coquier,

Qui fait cela que je requin -,Et ne hais pas celui qui nie ,Coquier , ce de quoi je le prie:Mais je hais celui, qui promet ,.Et remet, promet ô: rem

gigs.

x

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JEAN- ANTOINE’ DE BAYF. x83

ÉPITAPHEDE GILLES BOURDIN,

PROCUREUR-GÊNËRAL.

Douceurs. ô toi, qui fus ami de vérité ,Compagnon de vertu , minifire d’équité;

Et loyal a: févere ,Dès le l’air te couchant, adieu tu dis au jour,Pour , devant le matin , dire à l’autre féjour

Où toujours il éclaire 2’

France , il te faut pleurer! Paris foit plein de cris aQu’on oye tout gémir -, qu’on ne voye qu’écrit. ,

Par les trifies murailles , -Qui, narrant l’es vertus , tirent foupirs à: pleursDes pafl’ans aurifiés , a: de jules douleurs

Ornent l’es funérailles!

Mais cefl’ons nos regrets; carBourdin bien heureux.

Je crois , ne prend plaifir à ce cri douloureux ,Qui les larmes convie.

Heureux il a vécu : bienheureux il efl mort ,Qui s’efl , à (on réveil, trouvé dans l’autre port

De l’éternelle vie.

v in?

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184 JEANoANTOINE DE BAYF.!

rSON’NETQ.

S eus ce verd chafiaigner-, deces drus rejettons ,.Michon , dreflons un lit, en ployant leur ramée :Chacun, couché dallas , chante fa mieux aimée , .Q u’ardernment l’un 8: l’autre ici nous fouhaitons..

Toi, tu diras ta Jeanne aux fourcis noiretons 5Et de Francine, moi, l’ardeur frais allumée ,,

Q ui , d’autant plus cruelle en mon arne enflammée, .

Ma liberté ravit , qu’en vain nous regrettent!

T u es ferf librement , ayant vraie afi’uranceD ’el’tre aimé de ta Jeanne. O l’heureufe alliance !

Tu l’aimes , elle t’aime , elle cit tienne , ô: toi fien..

O rebelle Francine! en doute je fuis d’elle.Hélas! trop affuré de lui efire fidelle ,Si elle m’aime, on non . hélas ! je n’en fçais rien!

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JEAN-ANTO’lNE DE BAYF. le;

BAISER.HA! que tu m’es cruelle!Que tu reconnois mal.Pour t’eflre trop fidelle,Tout ce que j’ai de mal l.

O rebelle endurcie!Quand , dévoii, je te prieMe donner un baifer .Pour rafraifchir la fleure ,Qui brune dans mon ame ,Tu la viens r’ernbrafer l

Tu trouves mille rufes ,.Pour ne venir au point; ’Tu trouves mille excul’es,

Pour ne me baifer point:Ou quelqu’un nous aguigne .’

Ou ta fœur te fait figne ,Ou tu ois quelque bruit,Ou tu me contrains direMon amoureux martyre :ITandis le temps s’enfuit. ’

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186 JEAN-ANTOINE DE BAYF.Tandis s’envole l’heure,

Emportant le plaifir tMais l’ennui me demeure ,

En mon bruilant defir.Pendant que tu délayes,De mille à: mille playes ,Amour navre mon cœur.Ha! tandis. ha! Francine !Dans ma chaude poitrine .S’empire ma langueur!

Francine , tu t’abufes ,

Si . craillant le defir ,Tu cuides . par tes rufesCroiflre aufli le plaifir.Inti-ce une malvoifre ,Full-ce de l’ambrofie

Le neûar favoureux ,Plus une foif cit gloutte;Moins le breuvage on gonfle ,.Tant fait-il doucereux.

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JEAN -ANTOlNE DE BAYF. 187

DE CHALÀNT.

Cu A LA in el’t un mainte galant -,C’efl un allant que mon Chalant:

Et vraiment j’aurais fort flaire .De t’écrire ce qu’il fçait faire.

Chalant et! friant cuifinier;Chalant cil: allai jardinier;Chalant fait vendre les offices,Et fait acheter bénéfices :

Chalant efl un adroit flatteur;Chalant cil un fort bon pipeur -,Chalant fait allez bonne mine aMais il aime autant fa voifine

.Que fa femme; et fi je (cals bienQu’un bon nombre de gens de bien

(Tant la mignonne et! belle ô: gente)Sans courir ailleurs , s’en contente ,S’en contente : mais nonobfiantLe Chalant n’en el’t pas content:

Car , s’il en conte à fa commet:Et s’il fait cocu fon compare ,

Cependant qu’il va chez autrui,

Chacun en fait autant chez lui.

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183 JEAN-ANTOINE DE BAYF. I

L’

DE. GÙ’ILLAUME,

CHIRURGIEN.CLAU DE avoit la jambe blefïée ,.Guillaume l’a li bien panfée,

Que le patient en cfi mort:Sur le Chirurgien chacun crie ,.Chacun l’accufe de (a mort :.Lui, pour en efire dépefché,.

Dit z: ami-bien, toute fa vie,Le miférable , il cuit cloché.

SIXAIN.FORTUNE cil de verre 8c cafl’ante ,

Tant plus elle efi refplendiifante :Le bien attire le danger.Il efi fol , qui penfe élire fage :Bien dépenfer , cil bon ménage :On perd ce qu’on n’ofe mangez.

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IEAN-ANTOINE DE BAYE. 139

L’HYMNE DE LA PAIX.

A LA REINE DE NAVARRE.

3 E veuxlouer la Paix : c’en la Paix que je chante,La fille d’Amitié , defl’us tout excellente.

Amitié nourrit tout : tout vit par amitié;Et rien ne peut mourir que par inimitié.La Concorde 8: l’Amour font l’appui de la vie ,

Et l’effroyable Mort vient de haine 8: d’envie.

Paix , fille d’Amitié, tout par toi refleurit”;

Les Arts font en honneur : la vertu fe nourrit 3Le vice efi: exilé; alors fans nul dommage,Sansmeurtrefitfansdangerlemarchandfaitvoyage;Alors le laboureur , au labeur prend plaifir ,

,Quand le champ non ingrat répond à fou defir;L’ennemi fourageur , fon bellail ne ramone ,

Et pillant ne ravit le doux fruit de fa peine :Le vin en: à qui fait des vignes la façon 5Et qui fait la femaille . enleve la maillon ;

i Et Cérès ô: Bacchus, 8c Pales à: Pomone ,

Font que parmi les champs grande planté (t)foil’onne

(i) Pleuré, abondance.

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t 90 JEAN - ANTOlNE DE BAYF.De fruits 8: de beliail : par-tout regne le jeu aEt le gentil amour chaulfe tout de l’on feu.Par tout épand l’es fruits la corne d’abondance :Sous l’ombrage l’on voit s’égayer à la danl’e ,

Trépignant pelle-nielle, 8c filles 5: garçons ,Tantôt au flageolet . à: tantôt aux chanfons.Quand Saturne fut Roi , fous une faifon telle ,La Paix avoit l’on régné , à: le monde querelle ,Pour lors n’elboit connu : ni l’homicide ferN’avoir été me des abyme: d’Enfer.

Mais Erynnis commode , on obéit au vice ;L’ambition des Grands , a: la glaner. Avance ,

Font qu’il tente les Rois , de rancueur animés ..

Pour Ce trouver aux champs , camp contre camparmés.

O la pitié de voir la Banane qui factage ,; Dévorant fans merci les unifions d’un village!

De voir dans le faubourg ,.le pauvre citoyen .Qui ne pardonne pas au logis qui elbfien!O la pitié de voir labourer une Ville!O-la pitié de voir la campagne fertile,Faite un hideux deferr! voir. hommes. a: che-

vaux,Pelle-mené ensellés! voir. de (rang: les-Meaux!

Et quel plailirprends-tu , race (relie 8: chétive ,De te hâter la mort , qui jamais n’ait tardive ,

Sinon, quand se donnant mille maux envieux ,Tu fais le vivre tel ,’que le mourir vaut miel-1x .’

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IEAN-ANTOINE DE BAYF. 191Ta lotte outrecuidance , 8: ta folle avarice ,Redoublent ton malheur , faifant de vertu vice.O de la bonne terre ,.inutile fardeau,Qui dois en peu de jours t’engloutir au tombeau!

O Rois, penfez a vous : 8c puifque Dieu vousdonne

Le beau don de la Paix , chacun de vous s’adonneA l’aimer ô: garder ; qui premier l’enfreindra ,Qu’il tombe à la merci du Roi qu’il afi’audra (1).

Que de l’on ennemi l’on pays fait la proye:Qu’en l’on Trône royal jamais ne le revoye:Jamais ceux de l’on l’ang n’y puili’ent revenir ,

Puil’que la bonne Paix il n’a fçu maintenir.

L rSIXAIN.V1 N vieux , chanfon nouvelle donne :A un fou ton doigt n’abandonne:

Haine des Princes ell la mort;AProu nous promettent, peu nous baillent:Le pain vient à qui les dents faillent :Qui plaide fou feigneur , a tort.

(t) Amanda , attaquera.

. r54.

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i9: JEAN-ANTOINE DE BAYF.

1DE CHAUSSEBRAYE.

CHAUSSE2BRAYE , jeune , épeuraUne vieille 8t &érile femme z

La perdant, lui, vieil, abufaUne jeune 8K gentille Dame,Ni devant, n’après n’ayant joint

lamais l’es amours bien à point :

Car jeune . il cultivoit en vainLe champ d’une terre liérile;

Et vieil, il n’avoit plus de grain,Pour enfemencer la fertile.

FABLE.LE Lion a: l’Ours le liguerent :Une proye enfemble quelierent ,La prennent, en font en débat:Le Renard , qui leur guerre avife .A l’emblée emportant leur prife,

La mange durant leur combat.

Q

ln

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JEAN-ANTOINE DE BAYF. 19,

. t aA-M. RAOUlr MOREAU,TRÉSORIER DE L’ÉPARGNE.

L.

MONSIEUR , vous promettez.D’un parler-tant:huna.in.

Et toujours remettezDe demain en demain :Par cela j’apperçoi

Que travaillant en vain ,D’oreille je reçoi ,

Pas maille de la main.

fifi:’ D E P Riz-T1. En.P RAT l en; pour un [double perdu],Par défel’poir , le full pendu . ’ ” ’

Ayant arrelié de l’e pendre ,

Ne fût qu’un blanc on lui veut vendreLe cordeau: mais voyant que tarit- ’ V

On le lui fait , tout" mal conteni: ’ t

Mieux vaut, dit-il , vivre en mifcre.Que mourir d’une mort li chére.

’ Hui?Tome 7H. ’ l

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194 JEAN-ANTOINE DE BAYF..

. V ΠU,A BACCHUS.

TANDIS que Boivin eut à foiLe vaillant d’un liard d’alloi,

Pour avoir du vin de quoi boire,Il a toujours gagné la gloire

Sur tous les meilleurs biberons .Qu’on vit onques aux environs :

Auquel il a fait telle guerre ,Que rien , linon ce [telle verre.Aujourd’hui relier ne fe voit,De tous les grands biens qu’il avoit.

Boivin ce verre te dédie;0 Dieu Bacchus, a: fi te prieLe recevoir autant à gré ,Qu’il t’el! de bon cœur confacré.

Si rien dedans il ne te donne , -o Dieu Bacchus , ne t’en. étonne :

Il ne te donne que cela ,Et te donne tout ce qu’il a.

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in

JEAN-ANTOINE DE BAYF. 19;

BAISER.FRANC un: , en gaye mignardife .Çà !,banquetons dîme cerife ,

Dont le banquet ne cede pasA nul des anciens repas.Qu’il leur cede en magnificence.En richefl’c . en grolle dépenfe 3

Mais. ma Francine , il ne faut pointDe plaifir leur .céder un point.Çà donc! en gay: mignardife ,Banquerons de notre cerife, ’Meflant maint amoureux caquetParmi notre plaifant banquer.11 ne faut point, pour la confire;Ailleurs mille douceurs élire si .Le baifer , la fauce fera,A laquelle’on la mangera.Baife-moi donc , ma route belle ,Baife-moi, mais en colombelle :Çà baille-moi, mais moitement;Tennis-moi ta langue viflemenr ,Et viens V, fur ana langue mollette. iPrendre , avec ta langue follette.

- v F ’ l a

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:95 JEAN-ANTOINE DE BAYF.

La cerife. Il te fait beau voir:Quoi! tu voudrois déjà l’avoir?

Il faut bien plus de peine prendre .Devant qu’on me la faire rendre :11 me faut bien rebaifoter ,Il me faut bien refuçoter; .Il faut bien, devant que tu Payer,Que mille doux mots tu hégayesEntre mes levres grafi’ement .D’un enfantin mignardement.

Dis donc en parole enfantine ,Dis-moi mignardement , Francine.Main: doux propos, ë: jure-moi,En amour, éternelle foi. ’Tandis , ni nos langues lafcives .Ni nos dents, ne feront oifives .Ou fait pour s’entredardiller,Ou fait pour s’entremordiller.Enfin, las de ta mignardife’,

Je te quitterai la cerife.Afin que tu puiffes, m’amour,En faire tes ieux à ton tour.Ha! dedans ta bouche rofine,Tu l’as donc? Approche, 4.Francine lQuoi! tu ne veux pas t’approcher,.Tu ne veux te laitier toucherè,Ha! marpetitemoute belle. . pNe me fais tant de la rebelle!

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JEAN-ANTOINE DE BAYF. r97

Ha! belle , ie meurs de defirDe jouir du perdu plaifir!

vSi i’eufl’e fçu ton entreprife ,

Tu n’eufl’es encor la cerife.

Je n’el’çimois, moi, trop haflif,

Ton coeur .fi fort vindicatif:La douceur de ta face belleNe te diroit pas fi cruelle.Qui, voyant fi douce beauté ,Se défieroit de cruauté?

Quoi! tu te feus donc outragée?Quoi! tu veux eflre revangée?Distu , que, d’un trop long defir ,Je t’ai fait payer ce plaifir ë

Mais , mais -, durant ta courte attente ,Mon baifer te tairoit contente :Mais, mais, tu ne veux pas airerMa longue attente d’un baifer.C’efl airez fait de la farouche:Mon œil , mon cœur , tends-moi abouche:Tu me tiens en trop long émoi -,’

Mon tout, mon ame , haïe-moi.Hélas! plus que trop tu te venges!

A la raifon fi ne te ranges,Farouche tu ne feras plus.Mais cruelle par ton refus. IBaife , baife-moi donc, cruelle;Laine-toi baifer, fiere belle:

1 3

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198 JEAN-ANTOINE DE BAYF.La guigne lame-moi chercher , -Où tu l’aurois bien pu cacher.Mauvaife, où me l’as-tu celée?

Friande , tu l’as avalée!

Non as , méchante; je la voi:Mais las! elle n’ef’t pas à moi!

Ha! ie la tiens. ma mignonnette!Je l’ai, je l’ai, ma Francinette!

Mais vois , de trop grand appetit,Je l’ai écrafe’e un petit.

Gardons-nous bien , friandelette ,Qu’en perdions une gouttelette :De la cerife elle n’a rien;C’efl un vrai fus neâarien,

Qui en rien au nectar ne cede,Que fert l’échanfon Ganimede.

Mais tairons-nous en , que les DieuxNe rayent de notre aife envieux.

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JEAN-ANTOINE DE BAYF. 199

AU SEIGNEUR SIMON NICOLAS,

SECRÉTAIRE DU R01.

Nrcotns, fi tu veux fçavoirQuelle amie ie veux avoir :Je ne veux qu’elle fait trop prompte ,Ni qu’elle ait sium trop de honte t

Ni trop enfant je ne la veux,Ni trop femme , mais entre deux.Simon , entre deux mers je nage :Sur-tout me plaifi le moyen âge.Enramour , ie ne cherche enfinLa fadété. ni la faim..

SIXAIN.Pumonunn aumal, c’efimalfaire.Qui à propos ne fe peut taire ,Parler à propos il ne fait,N’a point d’ami, qui par trop s’aime :

Qui (en autrui, fe fort foi-mefme:Plaifir reçoit, qui plaifir fait.

9j- à?

Il 4..

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zoo JEAN-ANTOINE DE BAYF.

m:01ng T.S’ns revenoient les jours de cette âge dprée .

Quandles ruifleaux de vin par les prés. fe rouloient,Quand des flôtsnde lait doux hors des roches cou-

. ..loient; V ,La terre portoit tout , fans eflre labourée.

Quand l’Amant 5: l’Amie , en franchife affurée ,

Par les bocages frais , fans [oupçon s’en alloient ,0u,cachés fous l’ombrage,à l’heure qu’ils vouloient,

Ils flattoient de plaifir leur ame enamourée 5(

Souvent, Dieux de cesbois, avecques ma Francine,Vous me verriez ici -, ô Nymphe Joberrine ,Souvent tu nous verrois nous laver de tes eaux.

r . 4 . , a . - hMais , ô fiecle de fer , qui l’amour défaffemble ,Ta rigoureufe loi, nous défend Àd’efire enfemble ,

Et feul méfait parmi ces arbrilïeaux. l

, ..’-. In.

être ;

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IEAN-ANTOINE DE BAYF. ne:

il

DU PRINTEMPS.L A froidure parelïeufeDe l’hiver a fait fort tempsVoici la faifon joyeufeDu délicieux Printemps.

La terre cil d’herbes ornée;L’herbe, de fleurettes l’en:

La feuillure retournéeFait ombre dans la forcit.

De grand matin , la pucelleVa devancer la chaleur,Pour, de la rofe nouvelle.Cueillir l’odorante fleur.

Pour avoir meüleure grace ,Soit qu’elle en pare Ion fein ,Soit que préfets: elle en falïcA fou ami de fa main;w

Qui de fa main l’ayant eue,Pour fouvenance d’amour ,

Ne la perdra point de vue,La baifant cent fois le iour.

I a

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ne: JEAN-AMOINE DE BAYF.Mais oyez , dans le bocage,Le flageolet du Berger,Qui agace le ramageDu roflignol bocager:

Voyez l’onde claire 8: pureSe crefper dans les ruilïeaux;Dedans , voyez la verdureDe ces voifins arbrilïeaux.

La mer dl calme 8: bonnafi’e;Le ciel en ferein a: clair; iLa nef jufqu’aux Indes pane 5

Un bon vent la fait voler.

Les ménageas avettes (1)Çà 8: la font un doux bruit,Voletant par les fleurettes ,Pour cueillir ce qui’leur duit (a).

En la ruche elles muaientDes meilleures fleurs la fleur 5C’el’t afin qu’elles en faKent

Du miel la douce liqueur.

(t) Aune: , abeilles.(a) Dm, convient.

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JEAN-ANTOINEDE BAYE; me

Tout reforme des voix nettesDe toutes races d’oifeaux ;

Par les champs des mouettes ,iDes cygnes defl’us les eaux :

Aux maifons les byrondelles ,Les rollignols dans les bois ,En gayes chanfons nouvellesExercent leurs, belles voix.

Doncque la douleur 8: l’aileDe l’amour je chanterai,Comme fa flamme , ou mauvaif: ..Ou bonne , je Îentirai.

Puifqu’ainfi tout te récrée ,

N’elt-ce pas avec raîfon

Que le gai éhanter m’agrée-

Avec la gaye raifort?

de

16

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la; JÉÀN-ANTOINE DE BAYF.-

.SIXÀIMAD U bonheur vient la nonchalance;De nonchalance , l’ignorance ç

D’ignorance part le mépris -,

Du mépris, fourd la félonie; HDe félonie, tyrannie;Du tyran la mon cil le

. .. a: z. ...-..’.I.; .DE DEMOCRIPE.’ i

(un) le bon rieur DémocritToute choie eut. bienpméprifée

De fou ris, laptot-t, qui tout rit,De lui-mefine fit-faîrife’e.

Q .

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r

’"izÀN-ANTOINE DE un: 2°,.

il

EIPITHALAME»A M. DApSSER’A’Ç,

.. SEIGNEUR. D1131 ,FEUILLÉE.

. * i ,un! ! Ivoici la’fainte’ionrnée’,’

g Que defiriez de fi long-tempsiA voir votre grace étonnée, ’

Encor méfies-vous pas contiens:Vous voyez leiiour defiré ,Mais non cette nuit «delà-ée: .Ce jour fera’tôt expiré),

Voici la nuit tant efpérée :

Soyez prefls , amans bienheureux;Aimez-vous au choc .amoureux..

: . ;v ..:-;zi”,n ..Pucelle-,31 tremblesîcr’aititivëàï :: r .

l Et cette nuit que:tu foulois: l. : z ’ Q IfDire trop lente , efi trop baillive? .

Tu crains le bien que tu’voulois :d i r ’

Ollé cette honteufe peut,Ofie la honte dommageable

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306 JEAN-ANTOINE DE BAYF.Qui te fait prendre à contre-cœurCe qui t’étoit plus agréable.

Vierge , en horreur le bien tu as .Qu’étant femme tu aimeras.

Vivez en concorde amiable ;Au jeu d’amour exercez-vous :D’un baifer longuement durable

Commencez un combat fi doux t,La proueEe de tes ayeux ,.Epoux , en ce combat oublie,Pour , d’un courage gracieux ,Débeller ta douce ennemie :Tu l’auras , la priant bien fort;Tu la vaincras d’un doux efiort.

Toi aulii , la belle époufée ,Ne fois trop rude à ton époux 3.SouEre , fi tu es avifée ,Qu’il te gagne en ce combat doux ç,Et n’ufant de toute rigueur ,

En fon endroit fois gracieufe:Crois-moi, quand il fera vainqueur;Tu feras la viâorieufe :Votre plus grand débat feraFaire à qui plus s’entraimera.

Piqué: de li louable envie,Menez ce débat bienheureui

ml

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IEAN-ANTOINE DE BAYF. 207Au dernier foupir de la vie ,Tous deux aimés comme amoureux :Cueillez les vigoureufes fleursDe votre gaillarde jeunell’e;Joignez l’amitié de vos cœurs ,

Jufques - à l’extrefme vieilleife 5

Et plus vos âges vieilliront,Plus vos amours rajeuniront.

ma D’UN MIROIR,-’11 VÉN’vs.

Mo: qui , pour mon folaùte ris,’En ma floriifante jeunefl’e ,

Avois à ma porte une prefl’e

De jeunes amoureux épris,A la Princefle de PaphieCe miroir voué je dédie -,Car telle qu’aujourd’hui je fuis,

Me mirer je ne voudrois onques,Et telle que j’étois adonques .

Aujourd’hui me voir je ne puis.

W

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me JEAN-ANTOINÈ DE sur; «j

SONNET.QUELQU’UN (airant parler le fiançois échauf-

fant . iPrétende le chapeàùdu’tragiqu’e lierre -,

Un autre, afin qu’un Roi fon’front de laurier ferre ,

Chante les faits deMars d’un vers bravement haut.

Le peuple, hiles Rois, contenter ne me chaut (1):Par mes vers, je ne veux autre couronne acquerre,Que , plaifant à Francine . avoir fin de la guerre,Que fait fa chafleté contre mon défit chaud.

Si je fuis aimé d’elle; &ïfi , lifant ma tinte, - n g -

De [on jugementdoâeglle en fait, quelque’efiime ,

Des Poètes amans je fuis le plus heureux. z ,.

Maisfi elle daignoit, de (à bellemainïblaiich’e;

Me mettre fur le front du doux myrrhe la branche ,Je toucherois le ciel de mon front amoureux.

(1) Ne me un)" , ne me foucie.

ces?

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.4

lEAN-ANTOINE DE BAYF. 209

LA CHAUVE-SOURIS.Un: Chau-fouris chut en terre:La Belette en t’es dents la ferre,Qui ne pardonne à nul oifeau.Oifeau je ne fuis, ce dit-elle tSouris je ranz-15e difantïtèlleïf M A "

Elle fe fauve bien;& Ibeaua- 5.1.7 J)Une autre" Écris; rechut’eit-I’teri-e.1 " I

Le Chat-huant , qui fait la guerreAux Souris, la Chau-Souris prend.Souris je ne fuis , ce dit-elle,Mais oifeau. Pat telle camelle,L’oifeau faine 8: fauve la rend.

La tierce fois, recltut en terre.Le Chat la prend , qui fait la guerre

V Autant aux.0ifeaux qu’aux Souris.La Chair-Souris ’n’ajplus d’excufe

Qui perd fa finefïe 8L. fa rufe

Entre les pattes du Chat gris.

w ’

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ne JEAN-ANTOINE DE BAYF.

A UNE DAME NOTABLE..,.

w OTRE langue fans fin claquetteComme un claquet; on le fçait bien:Si c’efl parler ne dire rien,

Il a tort qui v0us dit muette.

On vous dit volage en amours ,Pour ce qu’un feu! ne vous contente :C’efl confiance d’aimer toujours;

Et pour ce , je vous dis confiante.

DE GILO-N.GILON fe vante qu’à crédit

Ne le fit onques à performe:Je crois bien; nul n’y contredit:Fait-on à crédit , quand on donne?

sur

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JEAN- ANTOINE DE BAYF. au

lLAU SIÈUR SABATIER,

COMMIS a L’ÉPARGNE.

SABATIER , adieu liberté:L’an revient 3 reviens à ta Charge:Il faut réfider arreflé,

Sans courir au loin , ni au large.

Tu t’es airez repatrié ;

’ Viens le cou tous le joug remettre,Pour tout un an eflre lié ,A contre-payer 8K promettre. ’

Quiconque l’Epargne nommas .Tu ne fçavois nommer les choies :Car, fous tel nom , caché tu asTout le rebours que ne propofes.

En l’Èpargne , on n’épargne rien :

,Toute fomme , avant qu’on l’apporte ;

A déjà tout prefl: le moyen,Par ou vient qui foudain l’emporte,

Qu’efl-ce de l’or 8c de l’argent?

Qui les théfaurife en efi palle.

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i

in JEAN-ANTOINE DE RAYÉ;

Du Prince à donner diligent , ’

Vive la grace libérale!

Vive mon Roi! qui, libéral ,Ses’beaux préfens ne me refufe:

Vivez, ô noble fang royal ,Qui daignez honorer ma Mure!

Vos .noms loués on bénira j ,Mille 8: mille ans (dedanszmon’ livre :

l Votre .fiecle heureux on dira ,Quand vivoient qui (1) vous faifoient vivre.

si»! Kif-(fifi;R 1 a N violent long-temps ne dure fCoutume cil une autre nature:Beauconp dei-1 rien . ou peu fait tout:Qui bien commence , bien avance:Qui par’petite erreur commence .

En grande erreur fe trouve au bout.

tu) Qui, ceux

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JEAN-ANTOINE DE BAYF. 2:3

AUCHEVALIER’BONET.

BIEN que plufieurs larges campagnes .Bien que maintes hautes montagnes ,Et longues traverfes de mer,Bonet, aujourd’hui nous réparent.Mon cœur entier elles n’égarent

Du vrai devoir de bien aimer.

Épris d’une louable. envie ,"M’avint’un’e foisîen ma vie .

Les monts des jA’l’pels .Ëepaiïer ,

Pour voir ’ Venifeifma :riaiiïance :

Une fois déjà, dès l’enfance, i

On me’les avoit fait palier.

Doncque voilà que je, repalï’e

Les dans. l’éternelle glacea: la neige’couvrent l’été.

PalTé . de lai je ’confidere

Tout ce que j’y vois fait ou faire ,

Par bonne curiofité.

r ’ . . ’Je n’y vox: rien que des campagnes,Torrents, rivieres a: montagnes;

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2.14 JEAN-ANTOINE DE BAYE.

Cofieaux , rochers , bois , vignes , eaux;Prés , friches , pafiis . patinages;Bourgades , villes a: villages;Chateaux , bordes , ô: des hameaux.

J’y vois qu’on laboure la terre;

On fente bleds : puis on les ferre;On met la vendange au prelïoir;On joue , on plaide , on politique:L’un perd , l’autre gagne ; on trafique.

Le matin y eh; 8L le foit.

Le foleil , de jour y éclaire :De nuit , pourvu qu’ellelfoit claire , i

La lune avec les alites luit.Il y pleut a: grefle; il y tonne ,Il y neige : l’été , l’automne ,

L’hiver, le printemps , s’entrefuit. I

J’y vois les humains enfans naiftre ,

Et puis garçons je les vois croiflre:Et d’autres , hommes devenus ,Qui à divers métiers s’adonnent :

J’en vois de barbus qui grifonnent,Et d’autres déjà tout chenus.

Eh bien l .nevverrai-je autre chofe? aCe dis-je ; 6c lors je me propofe.

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JEAN-ANTOINE DE BAYF. si;La plus long-temps ne féjourner.Mes délits contents je tamile;Et foudain les monts je repafi’e,

Pour en ma France retourner.

Puifque fans bouger de ma terre ,sans que dans mille périls j’etre,

J’y vois tout ce qu’on voit ailleurs; A rQu’ailleurs ne font fources plus faines,

Ni des vents plus faines haleinesNi chair , ni pain , ni vin meilleurs z

Que me fert changer de contrée?Que me fer: d’avoir l’ame outrée

De mille vains 8: fors defirs ?Pour fe perdre loin à la quelleDe la chofe qui près a: prefleNous offre à l’aire des plaifirs?

i Sûr

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216 JEAN-ANTOINE DE BAYF.

A P E R R E T T E.TU teins , Perrette, tes cheveux;Mais c’en bien en vain que tu veuxTafcher ainfi de faire prendreA ta vieillerie un autre teint:Jamais , de ton vifage peint,Tes rides tu ne feras tendre:Tu as beau d’eau de lis ufer .Et de faire , à ,t’encerufer ,

De ton virage faux vifage;Tu ne fais rien que fabuler,N’en recevani’nult avantage :

Tu perds a: ton fard 8: ta peine.Perrette , pentes-ru , par l’artDe fçavoir détremper le fard ,Faire d’une Hécube une Hélene ?

fiât

VŒU.

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JEAN-ANTOINE DE BAYF., .17

. a: .22: a;V Œ U.fiïm, Biton, j’apan,En l’honneur de Pan ,

Cette peau molletteD’une brebiette;

Ces laiteux épis ,A Cérès; ces lis ,

Aux Nymphes des ondes;Ces grappettes blondesDe nouveaux raifins ,Au beau Dieu des vins.

x

Pour ce peu d’affrande ,Dieux , je vous demande ,O Pan, force agneaux;Nymphes , foifon d’eaux ;Cérès , bonne année;

Bacchus, grand’ vinée.

WTome VIL V K

J

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218 JEAN-ANTOINE DE BAYF.

DE PITHAGORE.

B1 au Pithagore a défendu , jQue chofe animée on ne mange; jMais qui l’aura bien entendu ,

Ne le trouvera pas étrange.Et vraiment, comme lui , je blafmeQui mange d’une belle en vie:Mais, s’elle efi bouillie ou rofiie ,C’efi tout un . il n’y a plus d’une. (a

DE MARQUET. EN LE bon Marquer commence tout :

Qui l’a jamais vu rien parfaire?Parquet, je crois, ne vient à boutDe ce qu’à fa femme il veut faire.

AÔA

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JEAN-ANTOINE DE BAYF. 219

e ’ -SIXAIMHj L’HOMME bien né fçavoir defire:

Bien fçavoir celui fe peut dire ,Qui peut enfeigner bienà point :Quelques-uns aiment mieux paroifireD’efire fçavans , 8: ne point l’élite ,

Que l’élite , 8: ne paroifire point.

QUATRAIMDt quelques, Nymphes métamorphtfies

en arbres.

. Êo U a avoir dédaigné ceux qui nous ont’aimées.’ l

. Dames , en orangers nous fumes transformées;’ Les champs ne fontingrats à ceux-là qui les fement:

Amour mérite amour; aimez ceux qui vous aiment.

l ’ s- tr

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220 JEAN-ANTOINE DE BAYF.

am :LA REINE,ava LA MORT DU ROI HENRI.

S I j’eulTe eu le pouvoir , ainli que le cou-rage ,

De laifi’er ici-bas ce terreflre fardeau , . .Et faire avecque vous ou pour vous le voyage ,Qu’un chacun trouve laid , qui me femble fi

beau , aQue mon heur feroit grand! Mais , puifque Dieu .tout fage ,

Reflifant mon defir , me défend le tombeau ,Autant qu’il m’en permis, [oit que je vive, ou

meure ,Je vous honorerai des larmes que je pleure.

Veladlà»,

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il

v

JEAN-ANTOINE DE BAYF. m

LE CAL-CUL DE LA VIE.

TU as cent ans 8: davantage zMais calcule de tout ton âge ,Gombien en eut ton créancier,Combien tes folles amourettes ,Combien tes affaires fecrettes,Combien ton pauvre tenancier (l) ,

Combien tes procès ordinaires ,Combien tes valets mercenaires ,Combien ton aller à: venir :Ajoute aufii tes maladies ,Ajoute encore tes folies ,Si tu pouvois t’en fouvenir :

Et tout cela qui, fans ufage ,S’en et! allé pour ton dommage :

Si tout cela tu en rabas .Te verras avoir moins d’annéesQue tu ne t’en étois données,

Et que tout jeune tu t’en vas.

m---

Lr) Tennncîer, fermier.

e , v;me a;

K3

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au JEAN-ANTOINE DE BAYF.

ha MASTIN.DE m’aboyer , Maltin, ne cefi’e’,

Pour avoir par mes vers renom;Quoiqu’il foit tel quel: maisfilefl-ceQu’on n’y lira jamais ton nom.

Qu’efi-il befoin que l’on connoifi’e ,

Malheureux, fi tu vis ou non? ve

SIXAIN.PRO!) défens en peu de langage:Le fouie perd là ou le fage ,En peu de mots, le vrai déduit.D’un petit gland fout-d un .grand chefne :Petits chaifnons font la grand’ chaifne:Petit labour porte grand fruit.

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j ,f JEAN - ANTOINE DE BAYF. 1223

DIXAIN.’TA a o l s que j’étais en jeunette ,Je fus pauvre , 5c je n’avais tien;Et maintenant , fur me vieillefl’e ,Je fuis riche, 6: j’ai trop de bien.O vrai Dieu! en tous temps combien’Suis malheureux! Quand je pouvoisJouir des biens . je n’en avois ; iEt quand je n’ai plus la puifl’ance,’

Ni l’âge pour la jouifl’ance,

Riche, mais en vain, je me vois.

mmA PEERRETTE.’TU au , Perrette , un faux miroirsCar fi de ton miroir la glaceRepréfentoit au vrai ta face ,Tu ne voudrois jamais t’y voir.

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224 JEAN-ANTOINE DE BAYF.

------pIl

STANpES(mS us! fus! amis, l’an recommence;Et ma fortune autant s’avance ,Comme elle s’avançoi: antan (2.);

Autant comme un an , vaut une heure:Qui peut rire , il ef’: fol qui pleure :As-tu nom Pierre .3 j’ai nom Jean.

Entre les badins, je badine;Entre les devins, je devine :A chacun je rive (on clou :Je remets vieux mots en ufage:Les rages me tiennent pour (age :Entre fous , je palle pour fou.

(1) Cc: Stance-9 jan: tirles du Livre de: Mimes.(2.) Arum , autrefois.

flfl’

-... .Æ-MJs-u

-J-

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JEAN-ANTOINÈ DE BAYF. n,

le: Q i1MinR VENGEUR,

Pointe. AA M. DE Povclvy.

D AM z s , oyez un colite lamentable,D’un pauvre Amant 8c d’une impitoyable .

Qui , pour n’avoir voulu le fecourir ,Senti: combien on doit craindre encourirL’ire des Dieux , en fe montrant cruelles

Contre la foi des ferviteurs fidelles.Par cet exemple , ô Dames , apprenezA faire grace aux cœurs que vous prenez ; IEt n’irritez la divine vengeance ,lQui , de bien près , accompagne l’offenfe.Écoutez-moi : bienheureux e11 celui

Qui fe fait [age , à la perte-dlautrui!Au temps jadis, en un pays de Grece ,

Un jeune Amant fervit une Maiflrefie,Bien accomplie en parfaite beauté ,

Mais endurcie en tolite cruauté l .En doux parler. ni douce contenance , .Ne lui donnant d’amour nulle allégeance :

K s

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126 JEAN-ANTOINE DE BAYF.Non un clin diœil . non un mot feulement ,Non de fa levre un petit mouvement;Non le laiETant tant approcher qu’il touche ,

Tant fait petit , à (a main de (a bouche ,Non lui lamant prendre un petit baifer ,Qui pull d’amour le tourment appairer:Mais , tout ainfi que la belle fauvageFuir le chafi’eur , (e cachant au bocage ,

Elle fuyoit en la mefme façon ,Toujours faroucbek pleine de foupçon.En moins de rien , l’Amant fes levres bellesA vu féchcr: il rouoit fcs prunellesDedans deux yeux enfoncés , comme atteintJufqu’à la mort : il perdit fou beau teint ,Tant Qu’à la fin , ayant (on ame outrée

De défefpoir , il s’en vint. où l’entrée

On lui avoit refufé tant de; fois .Ne lui (airant qu’un virage de bois;Et devant l’huis maudit de fa meurtriereIl fanglotta fa complainte derniere,Et larmoyant , donne un baifer dernierA l’huis ingrat; puis fe met à crier:Ingrate! ingrate! ô inhumaine! 5 dure!D’une lionne ô fiera nourriture ,Toute de fer , indigne l’amitié ,

Puis que tu as en horreur la pitié !Je fuis venu devers toi, pour te faireLe dernier don d’un cordeau , dont j’efpcre

1

l

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JEAN- ANTOINE’ DE. BAYF.. 27»

Plus de confort que de toi: car l’ennuiQue j’ai par toi fe guérira par lui.

Dorénavant je ne prétends plus efircTant importun , parlant à ra fenefire ;Mais je m’en vas où tu m’as condamné ,

Au lieu d’exil , que tu m’as ordonné;

Je vas mourir: par la mort defirée ,Ma bouche ira bientofi efire ferrée:Mais cependant qu’encor je puis parler ,pJe te dirai, devant que m’en aller: -La rofe cil belle , 8c foudain elle paire ;Le lis en blanc , 8: dure peu d’efpace;

La violette ci! bien belle au printemps ,Et fe vieillit toujours en peu de temps;La neige efi blanche , & , d’une douce pluie ,En un moment s’écoule évanouie 3

Et ta beauté , belle parfaitement ,Ne pourra pas te durer longuement.Le temps viendra , fi le defiin te laifl’cJouir un temps de ta belle jeunefle,Le temps viendra que , fenfible à ton tout,Tu languiras comme moi par l’amour.Je vas mourir ,’& de ma mort , cruelle ,Tu n’entendras par autre la nouvelle:Mort à ton huis ici tu me verras ,Et fur moi mort tes yeux tu fouleras.

K 6

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2.2.8 JEAN- ANTOINE DE BAYF.. Puis qu’en vivant je n’ai pu fi bien faire ,

Qu’en un feul point je t’aye pu complaire ,

Quelque plaifir , je crois , je te ferai ,Quand , par amour pour toi , je me tuerai.Au moins , au moins , fi mon trépas t’apporte

Quelque plaifir , fi , en ouvrant ta porte ,Pour ton amour fi tu m’avifes mon,Que de toi j’aye un dernier récenfort:

De ce cordeau , dont tu me verras pendre ,Défie-moi; viens m’aider à defcendre.

Au moins des yeux répands-moi quelque pleur :

Quelque f9upir tire moi de ton cœur.Si ta rigueur fe peut faire tant molle,Perds a moi fourd quelque douce parolle .Et donne-moi , pour ton deuil appairer ,

’ Et le premier 8: le dernier baifer:Va , ne crains point qu’il me rende la vie;

Ne lailfe pas d’en palier ton envie ;

Etfi tu as de moi quelque fouci.Sur mon tombeau fais écrire ceci:Amour,tua celui qui fe repofeIci defi’ous: une belle en fut caufe ,Déméfurée en grande cruauté,

Comme l’Amant le fufi’en loyauté.

Quand il eut dit , une pierre il ameineAu feuil de l’huis , ô: la dreli’e à grand’peiue ;

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t .

JEAN-ANTOINE DE BAYF. 2.2.9Monta defl’us , 5K la corde attacha

A un Crampon , que bien haut il ficha :D’un nœud coulant (on gofier il enferre.Puis de l’es pieds il rejette la pierre ,

Et fe débat . demeurant la pendu ,Tant qu’à la fin l’efprit il a rendu.

Au bruit qu’il fit , frappant contre la porte ,, Comme la mort a fa jeunefl’e forte

Se débattoit, un fervant (1) qui fortit.Vit ce mechef , 8: la Dame avertit 3Qui , venant la , fans dire en rien émue,Eut bien le cœur de repaiflre fa vueDu pauvre Amant, qui pour elle étoit mort,Et ne montroit en avoir nul remord :Nulle douleur fa dure ame ne perce;De l’es yeux fiers une larme ne verfe ;Un feul foupir ne tire de l’on cœur. e ’Tant la meurtriere cil pleine de rancoeur!Ce incline jour . celle femme inhumaine ,Qui ne devoit bien loin traifner la peineDe fon forfait , afin qu’il full vengé ,

Vint droit au Dieu qu’elle avoit outragé t

tCar en pafl’ant auprès d’une colonne,

Delius laquelle , en beau marbre, Diane

(r) Un [mon . un domellique.

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X

23° JEAN-Amours DE BAYF.Tenoit la main de fa fille Vénus,Qu’accompagnoient Plaifir 8: defir nus;Une colonne , hélas! tombe fur elle,Et de l’on poids , pour punir la cruelle ,

La retraira! la pauvre , fous le coup,j Perdit la vie 8: la voix toutLà-coup.

Riez, Amans , puifque cette ennemie -De tout amour , el’t juflement punie.Filles , aimez , puifque pour n’aimer point .Une cruelle eû traitée en ce point.

SIXAIN.L’HEUR efi chofe mal affurée:Contre’la vertu n’a durée :

La patrie efivoù l’on efl bien:

11 iéli’pauvre , qui le penfe élire:

L’efpoir, un autre efpoir fait naiflre:Il n’efl aimé , qui n’aime rien. a

fière?

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JEAN-AMOINE DE BAYE. 23t

LE HÉRISSON-ET LA MARMOTTE,

FA B ’L E.

LE Hétifi’on étoit en peine

Où fe coucher: la Marmotteine-Il pria le vouloir loger,(Ce fut au .mois de la froidure , )L’hiver, quand la faifon efi dure :Elle confent’ à l’héberger.

Ainfi le mene en fa taniere,Où l’holle nouveau ne fut guere ,Que (on hoflefi’e ne farcirait ,

’ Avecque (on efcarde (1) droite: .Car la place fut fi étroite,Qu’il. falloit que l’on fe touchafl. .

La Marmotte pria fou hofle ,Le lendemain matin , qu’il s’ofle

De fan logis. Le Hérilîon ,

Qui trouve la maifon fournieDe ce qu’il faut , très-bien lui nie,

Et lui chante une autre chanfon.

(1) Efcarde , pointes dont le Héritier: efi couvert.

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:32 JEAN-MOINE DE BAYF.Si quelqu’un en ce lieu s’ofi’enfe ,

Qu’il s’en aille, je l’en difpenfe (1) ;

Quant à moi, je n’en bougerai ;Si loger en ce lieu t’efl peine ,Tu peux déloger ., Marmotteine: vDe l’hiver n’en délogerai.

DE GOURMIER.

TU ne donnesde ton vivant,Mais après ta mort, bien fouvent,Mainte prou-relie tu as faire:

* Tu dois , Gourmier, fi tu n’es fot ,Sans que pas un t’en die un mor ,Deviner ce qu’on te fouhaite.

(l) Je l’en ùfienfi , je le lui permets.

b

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lEAN-AN’I’OINE DE BAYF. 23.,

ENVOI .D’UNE POMME D’OR ,’

A 3.4 MAITRESSE.

0 Vénus! des Amours la mere,Qui. Dame des loyaux Amans ,Mefles , or’ douce , ores aînere,

Les plaifirs parmi les tourmens.

S’il et! vrai que , fur Hyppomene ,Ta glace, au befoin, étendis ,Alors qu’en [on extrefme peine ,Pitoyable tu. l’entendis :

Dans cette pomme mets la forceDes trois pommes que lui donnas,Et de mille attraits la renforce,Par le talifman que tu as;

Afin qu’elle rende fi lente ,Dedans la carriere d’amour ,

Ma ville 8: légere Atalante,Que je la gagne quelque jour.

07e.

W

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:34 iJEAN-ANTOINE DE BAYF.

’ . rSIXAIN.SANS avoir fa fuite penfée , -Nous fentons que vie en pallée,

Et cependant que la tenons ,Nous la prodiguons en l’ufage,

Et la rendons , par grand outrage,Plus courte que ne la prenons.

DE POL.Po r. , tu voudrois acheter l’héritage

De ton voifin , a: vraiment tu es rage;Mais ton voifin ne veut le vendre ainfi:Pol, ton voifin vraiment et! (age nuai.

W

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-LIEAN-ANTOINE DE BAYF. 23;

: : :L 4STANQE&Sous le foleil, rien n’a durée;Nulle chofe n’efl affurée;

Tout (e change , tout s’entrefuit zFaut mourir , qui a pris naiffance:Celui finira , qui commence:L’un achevé, l’autre on pourfuit.

L’un montre ce que l’autre cache :L’un l’a planté , l’autre l’arrache:

Ce qu’avons de grand foin drefl’é ,

Nous renverfons par un caprice :Nous levons un neuf édifice ,Abattons le vieil délailïe’.

Maintenant nous ferrons à peineCe qu’un jour la dépenfe vaine ,

En le perdant, nous vient aller.S’il faut pleurer , faut foudain rire tQui de deuil les cheveux fe tire,De joye après ira fauter.

W

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:36 JEAN-ANTOINE DE mir.

FABLE.T n o 1 s Boeufs , dedans un pâturage.biffoient d’accord , a: nul outrageDe belle qui fufi n’enduroient ,

i Tant qu’ils vécurent en concorde.

Entre eux fe fourre la difcorde :Loups 6c lions les dévoroient.

Hi

--..M Av

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ÉTIENNE JODÉLLE.

CE fut en 1532 que naquit Étienne Jodelle; ’

d’une famille noble: il étoit Seigneur de la

terre de Limodin.

iodelle cil ellimable , fans doute,’comine

Auteur dramatique ; mais nous avouons, qu’en

qualité de Poète, il doit plutôt a fa réputai

tion qu’à fou mérite la place qu’il occupe

dans ce Recueil. Rien n’efi plus mauvais que

fes Poéfies fugitives; 8c c’ell à l’es Poélies

fugitives qu’il a dû (a premiere réputation.

A dix-(cpt ans , il étoit déjà mis au rang Ide

nos meilleurs Poètes. Nous avons pris chez

lui deux Sonnets, nonvpourle’s donner comme

deux bons Sonnets, mais pour nous jufiifier

de n’en avoir pas pris davantage. Ce (ont

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2.38 ÉTIENNE JODELLE.

pourtant les moins mauvais que nous ayonstrouvés.

Jodelle faifoit le plus grand cas de fou talent;

il.s’égaloit à Ronfard; c’efl-à-dirc qu’il s’ad-

jugeoit la premiere place en Poéfie. Le

Cardinal du Perron fut plus jufle que lui,w” en lui adjugeant la demiere., Colletet n’en

fait pas plus de cas que le Cardinal du Per-ron. ,u Peut-être , ajoute-nil, n’avons i nous

arque ce.qu’ilza’fait de plus mal; 8c ce

n’qui me le fait croire d’autant plus , .c’efl i

n que l’auteur dela préface appelle ce pre- -

vlmier volume, (le feu! que nous ayonsn-l’adolefcence de Jodelle ,. promettant de

il nous faire voir cnfuite ce qu’il fit à fou âge

i n viril n. ’

Le véritable monument de fa gloire, c’eût

fon Théâtre, qui eh à-peu-près. ce qu’il

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L ÉTIENNE JODELLE. 239

pouvoit être de (on temps. Slil n’a point appris

aux François à faire de bons Ouvrages Dra-

matiques , illleur a appris à choifir de bons

modeles ; il n’a point enfeignè l’art :il a

montré comme4 il falloit l’étudier ; il a

indiqué , d’un peu loin , à la vérité , la carrier:

qu’il faut parcourir.

La connoilïance qu’il avoit des Auteurs

Grecs 8c Latins , lui infpira le projet de réfor-

mer, ou plutôt de créer notre Théâtre. Il

débuta par Cléopatre captive , fuiet qu’il prit

dans l’Hifloire , St qu’il traita dans la forme

du Théâtre grec. Cette picce , faute de Comév I

diens , fut repréfentée en partie par (a; amis:

Rami Belleaufiôt la Perufe iouerent les prin-

V cipauxArôlçs en préfence, de Henri Il. Elle

eut le plus brillant (accès; 8L le Roi gratifia

l’Auteur wde:ci,nq cons écus do fan épargne.

CctteTragédiç 8; la. Comédie d’Eugene , ou

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240 ÉTIENNE JODELLE.la Rencontre , qui fut jouée à la fuite , lui firent

la plus grande réputation , 8c il fut célébré

par tous les Poètes de (on temps.

Ces deux Pieces furent fuivies de Bidon fi

facrifipnt , dont on ignore le fuccès. t

Sa facilité étoit étonnante. La piece qu’il

a le plus travaillée , fi l’on en croit fou Edi-

teu’r, ne lui a pas coûté plus de dix matinées:

il ef’t vrai que l’on s’apperçoit qu’il perdoit

peu de temps à châtier (on flyle.

Il cil bien étonnant qu’avec (on extrême

facilité, 8: le (accès qu’il avoit en , il n’ait

donné que les Pieces que nous venons de

nommer: il nous apprend qu’il en avoit fait

encore ou commencé plufieurs autres ; mais

toujours quelques circonfiances ’fâcheufes

l’ont empêché de les donner. Il fit feule-

ment, pour Henri Il, à l’Hôtel-de-Ville, un

divertifi’ement

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ÉTIENNE IODELLE. 24:divertifl’ement qu’il intitula Mafcarade , 8c

qui ne renaît point, parce qu’il fut , dit -on ,

mal exécuté. IC’efl à Jodelle que , dans le village d’Arv

cueil, on facrifia un bouc, fuivant l’ufage

des Anciens; plaifanterie qui fut prife fortférieufem eut , 8c qui fit des ennemis àIodelle 8L à Ronfard , qu’on accula d’impiété.

Nous avons parlé de cette anecdore dans la

vie de Ronfard.

Jodelle fut peut-être autant dominé par

l’amour des plaifirs que par celui de la gloire.

Trop orgueilleux, ou trop mal-adroit , il ne

fut point faire fa cour ; 84 il mourut pau-vre , âgé de 41 ans,.au mais de Juillet :5731

L’Epitaphe qu’on va lire, prouve l’état

malheureux dans lequel il mourut.

Jodelle et’t mort de pauvreté;

La pauvreté a eu puilïance

Tome VIL Il

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au. ÉTIENNE JODELLE.Sur la richefle de la France.O Dieu! quel trait de cruauté!Le ciel avoit mis en JodelleUn efprit tout autre qu’humain :

La France lui nia le pain ,Tant elle fut mere cruelle!

-.-’- -’

On dit qu’il fut aufli bon Orateur ; il étoit i

(avant dans l’Efcrime , l’Architeâure , la

Sculpture 8c la Peinture. Ce que ce Poëteentendoit peut-être le moins ,- c’efi la Poéfie. i

il E2.fiois«à; v; and”

a?fifi

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T

I

IËE en en tiare? me aérât-3*.la

Je;I

lË’lflllENNlE lûDIELLE.

SONNET.ï L faut qu’uncours du ciel étrangement contraire

Au climat de la Gaule , 8! qui oncques , je croi ,Autre part ne s’efl vu tel qu’au vrai je le voi ,

Vienne en nos faits , ainii qu’en un jouer , fe plaire.

Tout ce que chaque état veut 8: doit 8c croit faire ,Se fait mefme au rebours z quand on penfe du RoiRetrancher la dépcnfe , on voit venir de quoiRengager, rembrouiller, déplorer [on affaire.

Plus la Noblefïe veut ménager , plus Te croifi , vPar pompe , (on fardeau : mainte grandeur décroifl’,

Voire , à: [e fait vilaine , en penfant faire gloire

D’avarice 5c d’acquet: plus fe croift la foironD’Ofi-iciers ôt d’Édits , moins fe fait de raifort :

Plus de Dieu l’on dif pute , &moinsl’on en fait croire.

’Rfi’

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244" ÉTIENNE JODELLE.

S O N N E T.’ ’AU ROI CHARLES 1X.

MARS , en guerre effroyable , en fes combatstempefie :

Vénus, plus douce, tire en l’amour notre cœur .Forcé deiïous les loix de fou enfant vainqueur 5

Et Diane , fes ferfs en la chaule conquefie.

Mars te vit en naifi’ant , a: fouina dans ta tetteJe ne fçais quoi, qui doit du monde dire la peut;Et Vénus t’infpira le meilleur de ton heur :

Diane , par les bois , t’accoutume à la quelle.

Sous Mars , tout ce grand monde au iong afl’erviras;Sous ’Vénus , tous les cœurs du peuple raviras -,

Et pour d’ici chafïer le mal qui nous menace ,

Tout ce rond fpacieux te fervira de bois;Voire! &pourras en tout ce que peuvent les trois ,Mars , Vénus 8: Diane , en guerre amour 8: chalïe.

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24:

’84: ê?CLAUDE DE PONTOUX.

Bourgogne , France , 5: l’Amour , 8: la Mufe ,

Me fit , me tint, me ravit , m’amufa , &c.

C ES deux vers , d’un laconifme obfcur, mais

fort à la mode dans ce temps-là , forment pier-

que un abrégé dela vie de leur Auteur, Claude

de Pontoux , Gentilhomme de Châlons. Ils

nous apprennent qu’il naquit en Bourgogne,

qu’il vécut en France (1) , qulil fut amonts

reux , 8c qu’il fit des vers. Ajoutons à cela

qu’il étudia lajMédecîne , 8L fut reçu Doéleur 3

(1) diflinguant la France de la Bourgogne,Pontoux parle ici comme le Peuple Parifien ,qui prétend que les Bourguignons ne faut pasFrançois.

1-3

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246- CLAUDE DE l’ONTOUX.

mais ou ne croit pas qu’il ait exercé fa proi

feffion.

S’étant retiré à Dôle en Franche- Comté ,

à caufe des guerres civiles , il y eut une Maî-

trell’e, qu’il nomme Idée , 8c pour laquelle

il a comparé une foule de Sonnets 8c autres

poèfies. En général, Claude de Pontomt n’a

guet: chanté que l’amour.

Ayant fait un voyage en Italie , il eutïquelques amourettes, afin de (e difiraire de

l’amour qu’il conferva toujours pour’fa cher:

Idée. Il vifita prefque toute l’Italie ; il y a

compofè une partie de (es Poéfiesç81ilapprit

me: bien l’Italien, pour faire des vers dans

cet idiome.

De retour à Paris , en 1571 , il célébra ilfort

longuement 8L fort ennuyeufement l’entrée

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O

CLAUDE DE PONTOUX. 247

de Charles 1X , qui fut chantée alors par tant

de Poêtes.- - ’ eClaude de Pontoux alla mourir; airez

jeune, à Châlons, en 1579. Il avoit pris

pour devife: Ami de tous ; ce qu’il exprimoit

par un mat grec. On prétend qu’il étoit (avant

dans cette langue.

Etant dans (on lit de mort , il (e fit apport

ter [on Idée, c’en-adire environ trois cens

Sonnets qu’il avoit faits pourfa Maîtrefl’e; 8c

il mourut prefque en les recommandant à.

l’un de fes amis , qui, fuivant (on intention ,.

les publia après fa mort. On voit que ce:

Auteur. aima la Poéfie ou fa maurelle,"peut-être l’une 8L-l’autre’, jufqu’à (on der-

nier moment. On prétend qu’il avoit fait

aufli deux Tragédies 8c deux Comédies , qui;

apparemment (ont reflées .manufcrites.. 2

L 4.

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F l-v-nr-Ç-tétr

2.48 CLAUDE DE PONTOUX.

Claude de Pontoux faifoit , dit-on , facile-ment des vers. Sa Poéfie n’a ni l’afeâation

du (ler . ni la recherche de l’efprit. Sonpremier 8L peut- être (on feul mérite , c’efl le

naturel: il paroit cependant avoir en quel-quefois, pour les Métaphores, un goût qui

le faifoit tomber dans le ridicule.

Ton cœur , Ide’e (1) , et! la dure galere

Où l’Amour fait ma pauvre ame ramer;

pneuil efi la rame , 8c mes pleurs font la mer;

Soin cil la chaifne , 8c mon cœur le forfaire (a) :

.T a rigueur et! ce cruel Commifi’aire

Qui, à grands coups de nerfs , vient l’entamer;

Et l’eau qu’il boit cil ce feu tant amer,

Chaud 8: bouillant , qui fort de fa colere z

’ Le pain, bifcuit, duquel tu le repais ,

Sont les tourmens que fans cefi’e lui fais , &c.’

(r) Idée , c’en le nom qu’il donne à fa Maitrefl’e.

(a) Parfaire , forçat.

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l

CLAUDE DE peureux. 249

Ailleurs il dit en parlant de l’amour :

Mon pauvre cœur , hélas! lui fer: d’enclume;

Mes foupirs , de (ourlien; mon foye , de four-

neau 2 lPour arrofer fou feu , mes pleurs lui ferventd’eau , 81:.

A quelques vers près , Œmblables à ceux

que nous venons de citer , Claude de Pon-toux avoit une fimplicité quelquefois intérefq

faute. Il paroit que dans la Chanfon , il avoir

le tour facile qui convient à ce Lgenre de

poéfie. ILa maladie contagieufe qui infectoit alors

le Parnafl’e , l’efprit d’innovation n’avoir point

gagné ce Poète. Content de la langue que

l’es peres lui avoient tranfmife , il ne chercha

point à y ajouter; le (en! tribut qu’il ait payé

Li

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au CLAUDE DE PONTOUX.au goût innovateur de fon’fiecle-, (e réduit à

quelques fiances en vers blancs. On doit luil’avoir gré de cette réferve , quand on fait

qu’il étoit lié avec les meilleurs Poètes de

fou tems; qui (e faifoient un mérite de bou-

leverfer tout en Poéfie.

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wwwwwmym imas-arm’fl- ’ "VTT?

W inmmwmmfimfiCLAUDE DE PONTOUX.

C H A N S- OIMITÉE DE PÉTRJIÇQUE;

Brun [oit l’œil noir de ma Dame ,Par qui j’eus l’amoureufe flamme!

Béni fait qui l’amour trouvaiBénis foienr l’amorce la meche ,i,Le carquois , 8: l’arc 8: la’fleche ,

Et qui premier les éprouva! -

Ce petit Dieu, qui fait la guerre-vAux cœurs, cil ores (1) fur la terre,,Dedans tes yeux-(e promenant... ’Et de là fon trait il décoche ,A celui-là qui s’en approche , .Comme j’éprouve maintenant. V

(x) 0m, maintenant. iL 6

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2.52 CLAUDE DE PONTOUX.Tu es toute ma confiance ,Tu es toute mon alliance ,Tout mon efpoir ô: tout mon bien :Sans toi, je ne puis l’amour fuivre 5 *

Sans toi, hélas! je ne puis vivre;Sans toi, hélas! je ne puis rien.

En toi, j’ai mis mon affurance;En toi, ”ai mis mon cf érance;1

En toi, j’ai mis tout mon confort;En toi, j’ai mis ma douce envie aEn toi, j’ai mis toute ma vie ;En toi, j’ai mis toute ma. mort.

Tu es feule ma renommée ;Tu es feule ma bien-aimée;Tu es feule mon doux émoi ;Tu es feule qui me, récrée ç

Tu es feule ma Cythérée,Que j’aime beaucoup.plus.que moi.

Plutofl l’hiver n’aura froidure .’

Pluton l’été n’aura verdure,

Plutofl n’éclnirera le jour . A

Plutofl la mer fera fans onde.Pluton abifmera le monde, rQue je délaifl’e ton amour. A

fli-r mjb

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CLAUDE DE PONTOUX. 253Celui qui n’aime en fa jeunefl’e .

Il faut qu’il aime en fa vieillefl’e:

Mais hélas! vieillefi’e ne peut;Et la jeunefi’e fui’n’fante

Ne lçait , quand le temps fe préfente.Jouir de ce point qu’elle veut.

Et puis , l’occafion pafi’ée ,

Nous ne pouvons notre penféeDe [deuil ô: regret garantir aMais quand ne peut efire rendueLa joie d’une heure perdue ,Il n’ell: temps de s’en repentir.

L’occafion toute pelée

El! parderriere, a: cheveléePardevant , où fes poils font tous rIl nous la faut doneques attendrePardevanr, pour foudain la prendre ,Quand elle fe préfente à nous.

âme

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254 CLAUDE DE PONTOUX.

Ë

SONNET.’ IL étoit nuit , 8c la brune courriereJà l’es chevaux au timon attenoit;Phoebus déjà doucement fommeilloit

Dans le giron de Thétis mariniere g

Quand un defir d’aller voir ma guerrier:Saifit mon coeur: mais voyant qu’elle alloitAccompagnée au lieu ou l’on balloit (1) ,Tacofie une autre, 8: la laifl’e derriere.

La fiere alors s’enjaloufa bien fort ..si que depuis n’ai (ou. , par nul effort ,D’elle arracher un hrin’ de courtoifie.

Maudit» Amour , n’avois-tu lat-beauté .’ v

Me: déjà muniçde cruauté , . .Sans l’accoupler encor de jaloufie P -

(l) Balloit , danfoit.

........n....

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u

CLAUDE DE PONTOUX. 2,;

xw

CHANSON.O QUE je fuis courroucée!O que j’endure d’émoi!

Mon ami m’a délaifi’ée ,

Ne faifant compte de moi!Ma rudefl’e

A fans cellePayé l’es tendres chanfons;

Malheureufe VL’amoureufe

Par trop rebelle aux garçons,Et qui perd (on amoureuxPar un dédain rigoureux!

Ne devois-je pas connoifire,A voir l’es yeux douloureux.Que je lui devois permettre!Quelque plaifir amoureux,

Sans cruelle .Et rebelle

Le traiter fi rudement;Quand Cyprine. HLa’doucine

L’encourageoit ardemment?

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Il

ne CLAUDE DE romovx.Si je l’eufl’e fait ainfi ,

Encor feroit-il ici.

Mon Dieu! que j’étois joyeufe ,Quand je l’oyois deviferD’une façon gracieufe ,

En me venant courûfer :La harangueDe fa langue

Couloir plus douce que miel.Je m’affure .

.Si MercureFull pour lors venu du ciel .Qu’il n’auroit feu parler mieux,

Bien qu’il full appris des Dieux.

Mon Dieu !. que i’e’tois heureufe,

Alors que parlementant ,De chofe facétieufeNous nous allions ébattant

Sur la prée .Diapre’e

De mille belles couleurs".Quand, de grace , ASur la place , à

Il cueilloit de toutes fleurs h)Pour un bouquet façonner, ’

Et après me le donner.

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CLAUDE DE PONTOUX. 157Mon Dieu! que j’étais heureufe,

Quand il me venoit faifirD’une main dévotieufe ,

Et fur les autres choifir,En la fefleTant honnefle,

Pour exercer les amoursDes pucellesDamôil’elles ,

Me faifant faire deux tours ,D’une gente gravité

Montrant fou agilité.

Mais maintenant , malheureufe,Je ne vis qu’en déplaifir ,

En me voyant douloureufe ,Ayant perdu tout plaiftr

Que doit prendreEt apprendre ,

Des amoureux courtifans .La pucelleJeune 81 belle

En la fleur de fes beaux ans,Rendant t’es efprirs conteur,

Car toute choie a fou temps.

Apprenez donc , pucellettes.En oyant mes trines fous .

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258 CLAUDE DE PONTOUX.A efire plus que vous n’efles

Amoureufes des garçons.Quand jeunefl’e

Les adrcfi’e

Devant vos attrayans yeux,Qu’une honte

Ne vous dompte:Ne refufezjvotre mieux;Car enfin pourriez fentirUn trop tardif repentir.

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CLAUDE DE PONTOUX. 259

SONNET.SI j’ai du bien . hélas! c’efl par menionge,

Et mon tourment et! pure vérité;Car en veillant je n’ai qu’aul’térite’ ,

Et n’ai douceur qu’en dormant 8c en fange.

Je feus , le jour, un fouci qui me ronge;Je feus, la nuit, une félicité;Le jour m’efl mal, ô: bien l’obfcurité,

Où fommeillant , en joie je me plonge.

La lune m’aide , 8: me nuit le foleil;Entre mes bras j’ai ma Dame au fommeil ,Et le réveil la fait trouver abfente.

O pauvres yeux! ou elles-vous réduits .3Clos , vous voyez tout ce qui vous contente ;Étant ouverts , ne voyez rien qu’ennuis!

fibvfir

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260 CLAUDE DE PONTOUX.

SONNET.DEVA N r un huis mignarder une lyre;Efire au hafard de fe faire étriller ,Et bien [cuvent jufqu’aux os fe mouiller;Crainclre , efpérer , pleurer quand il faut rire :

Vivre 8: mourir en foulas 8: martyre 3D’un coup de bec fe l’ailier engeoler ;

Eflre béant, lorfqu’il convient parler-r,Laifl’er le bon , pour le mauvais élire :

Soufi’rir le froid , le chaud , la foif, la faim;Perdre l’es pas ô: fa jeuneffe en vain ,Son bien , l’on temps, or’ en deuil, or’ en joye:

Veiller la nuit , 8c tout le jour courir;Bref . pour tout bien , rien que mal n’enconrir,’

v Sont les plaifirs que l’Amour nous erOye.

sic

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CLAUDE DE PONTOUX. 261

SONNET.PLU-r osr ardra (t) cette machine ronde.Plutofl au ciel repaiflront les chevreaux ,Plutofl les chiens feront pris des levreaux ,Plutofl fans eau fera la mer profonde ,

Plutofl les cieux n’envoulieront le monde .Plutoli en l’air voleront les taureaux ,

Plutofl les loups deviendront pafioureaux .Plutol’t le plomb nagera deffus l’onde ,

Plutoll le Nil la France arrol’era ,Plutofl le Doux l’Europe abîmera .

Plutofl: la Sône abbreuvera le Parthe ,

Plutofi iront les eaux encontre mont .Plutofl choira d’Olympe le grand mont .Que votre amour de mon cœur fe départe.

(t) Anita, brûlera.

M

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2.62 CLAUDE DE PONTOUX.

C H A N S O 1V.

:RÆLA petite JeannetonMe permet bien que je talle.Son beau col 81 fou menton,Et veut bien que je m’ébatte t

Mais fi-tofi que je me halleDe ravir le beau bouton ,Qui fleurit fur fou téton,Et les fraifettes jumelles ,Elle me dit en riant :Ne touchez pas là, friand;C’efl le joyau des pucelles.

Ë

l

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LCLAUDE DE PONTOUX. 263

1 xCHANSONLuc-nu, veux-tu fçavoir commeJe vis étant amoureux .3

Je ne crois point qu’il (oit hommeVivant plus que moi heureux.

J’ai acquis une Maiflrefl’e , ,

Belle trop plus que le jour,Qui me tient en allégrelfe ,Et perpétuelle amour.

Bien qu’un autre la courtife ,Je n’en deviens point jaloux ,Connoifi’ant que fans feintife

Elle m’aime parfis-tous.

Je l’embrafi’e , je l’accolle,

Je la baife quand je veux, -Et d’une main gaye 8: folle ,Je tortille l’es cheveux.

Puis de rechef je l’embrafi’e ,

La contemplant ocieux ,En me mirant dans fa face,Et dans l’es yeux-gracieux.

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264 CLAUDE DE PONToUX.

Si elle fe veut ébattreAvec moi , je lui permetsDe me battre , pour la battre ;Puis après je fais la paix.

Mais ce battre ne l’attife

A courroux de fe venger:Ce n’efi qu’une mignardife,

Que je fais pour la ranger;

Car après je l’amadoue ,

Pour promptement l’appaifer,

Lui difant que je me joue;Et puis je la «viens baifer.

Elle le contient, pour l’heure,De plus tant me tracaa’er,Pour , d’une grace meilleure, ’

Ses beaux jeux recommencer.

Pour chofe que je lui faffe .Elle n’en prend point d’émoi;

Et je fçais bien , de fa grace ,Qu’elle n’aime autre que moi.

Nous nous baifottons enfemble ,- Et mon fecret je lui dis ;Et la baifant, il me fcmbleQue je vole en paradis.

Mon

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CLAUDE DE PONTOUX. V 26;

Mon Dieu! que j’ai de liefl’e ,

D’ouïr les divers accords

Que prononce ma Déefi’e,

Quand fur l’on giron je dors!

Jamais voix d’une Syrene

Ne fut fi douce à ouïr , IQue la fienne fouveraine ,Qui tant me faitréjouir.

Et fuis certain que la blonde cDe (on chant mélodieux ,

"Et de fa douce faconde,Endormiroit tous les Dieux.

Étant panché delTus elle ,

Comme Vénus fur Adon,Tout en plaifir je fomeille,Comme Afcane fur Didon.

Ainfi fommeilloit Lucine ,En éternelle union ,Sur la bouchette doucineDe (on doux Endymion g

Ainfi prend ma Demoifelle,Sur ma face fou repos ;Puis , quand elle fe réveille ,

Elle me tient ces propos:Tome VU.

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266 CLAUDE DE PONTOUX.

Ma barbelette dorée,Mon miel, 8: mon lucre doux ,Ma douce manne éthérée ,

Serez-vous pas mon époux?

Vous fçavez que mariageNous eli ordonné de Dieu ,Pour croilitre l’humain lignageDefl’us ce terrellre lieu.

Je n’ai eu jamais envie

D’autre.mari me, pourvoir

Que vous , mon bien 8: ma vie;S’il vous plaill me recevoir.

Venez donc , mon Titon; oreVenez donc toutes les nuitsDormir avec votre Aurore ,Pour endormir l’es ennuis,

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NOTÏCE. DES PRINCIPAUX A UTE me s

dont on n’a point recueilli de,

Poefies.

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Ëæ-M-V°V-v-nv°v-vev-mî A

.- tmmmnm .1p&.fl.h.fl.oo-.maæs.m.yæ.yz

WæNOTICE’DEs PRINCIPAUX .AUTEURS

don; on n’a point recueilli de Poe’fics.

MICHELNOSTRADAMUS, né àSaînté

Rémi en Provence , le 14 Décembre 15032

C’elY le fameux Auteur des Prophéties. Il

étoit Juif d’origine , 8c il prétendoit dtfcen-

dt: de la Tribu d’Iflàckcr, fondé tu. ce paf-

l’age des Paralipomerm : De filiir q’uoque M’a

char viri emditi qui noverant ornais rempara,-

et des fils d’Ili’achar étoient nés plulieurs

si favans qui connoifl’oient tous les temps n.

Il fut d’abord reçu Doéleur en Médecine ,a

Montpellier , le maria deux fois; 8c n’ayant

pas grande occupation , il s’adonna à l’allro-.

M 3.

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en NOTICE.logie judiciaire. Plus heureux prophete quemédecin, il renferma les prédiéiionsdans

des quatrains rimés , 8L ces quatrains divifés

en centuries , eurent d’autant plus de vogue,

qu’ils étoient plus obfcurs , plus l’ulceptibles

’de diverfes interprétationsl,l’&. même plus

dénués de fens. En voici uneitemple : ’

Feu , flamme , taun . furt , farouche ,’fumée,Fera faillir froill’ant fort foi faucher ,

Fils de vérité, toute Provence humée,Chali’ée de regne, enragé fans cracher. ’ ’ *

«Tell dans de tels galîmmlilae" épie mon crin

Noir clairement l’avenir. Henri Il 8c Cathe-

rine de Médicis en furent enchantés; ils vou-

tlurent voir le fublime Auteur , l’appellerent

.à la Cour, lui donnèrentzdeux cens écus.’d’or , 8c l’envoyerent à Blois , pour tirer l’ho-

..rol’cope de leurs-enfans. Charles IX n’en lit

. pas moins d’eliime’: il le nommafon Médée

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N o T I cl E. 27g’cîn ordinaire; Ce Michel gré-N012". berne,

dit La Croix du Maine , allait aime, 6’ à bon

droit. Tous [tannins 47061:: n’en flmt pas peu

’e ime. Il appelle fias-prophete un favant

célebre de ce temps, qui fe mêloit de l’ex-I

pliquer, Quelle finguliere révolutiondans

l’hifloire de l’efprit humain depuis deux cens

,ansl Dans le feizieme ficela, les Roisl 8:les Savans (l) refëefloîem Noflradamus 8c

croyoient en lui: à préfen: , la populace

même commence à (e moquer de (es prédicfi

fions. l1 mourut à Salon en Provence , le a.

Juillet 1556. Il paroit qu’il aimoit beaucoup

(1) Tous cependant n’avaient pas pour lui la"même vénération. On cannoit le calembour latinattribué à Jodelle.

Noflm damu: , cura verlan dama: , nain full": noflmme11 :

- Et mm valu; 44mn: , nil nêfi nofira damas.

M 4

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17: NOTICE.la gent moutonniere ;* Ca devife émît: Feux

ovin: prior me: l Outre (es centuries -, il alailTé quelques Ouvrages de Médecine peu

effimés , aînfi que des recettes de pommades

8c de confitures.

Érasme: DOLE! , né à Orléans , en

1508. Imprimeur , Poète , orateur 8c Gram-

mairien , homme d’un efprit inquiet 8c turbu-

lent. En 1533 , il eft banni de Touloufe pour

avoir fait un difcours contre le Parlement de

«me ville. En 1536, il tu: un homme , qui,felon lui , avoit voulu l’arïafiîner , 8c enfuît:

il obtient (à grace. En 1539 , (ce liaifons

avec les Calvinilles lui mirent de nouvellesaffaires, En 1544 ,îl efi encore arrêté à Lyon;

mais le trolfieme jour de la prîfon , ayant fait

confemîr le (Écolier à le conduire chez lui

pendant la mm , pour y confommer uneaffaire qui exigeoit, difoit-il , (a préfenœ.

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N c.--....

NOTICE. unil trouve le moyen de (e fauver, 8c i1 lerefugie dans le Piémont , ou il écrit les-neuf

Epîrres qui campoient (on fécond Enfin Enfin;

en 1546 , il cil arrêté à Paris, 8c brûlé comme

Athée, le 15 Août, à la place Maubetr.

Le [nanti Enfer efi à-peu-près le (cul

ouvrage qui punie faire mettre Étienne Bolet

au nombre des Poètes François. Il efl com-

pofè de neuf Epîtres, dans lefquelles il f:

défend allez bien d’avoir envoyé à Paris un

ballot de livres hérétiques , comme l’en 366111

(oient (es ennemis:

Eufl’xê-ie bien été fi étourdi,

Si les fardeaux qu’or en droit ie te di ,renfle envoyé à Paris, ce grand lieu ,Que n’eulïe fçu trop mieux jouer mon jeu .

t Que de marquer au defïus mon fumom çEn greffe 1eme à A mon avis, que non :Trop fin: je fuis , 8c trop fin on me tient.Pour mon nom mettre en cela contientQuelque reproche; &c.

M s

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a74 NOTICESCes Epîtres font adrefl’ées au Roi, au Due

,d’Orléans , au Cardinal de Lorraine , au Par-

lement, 8re. &C. Il avoit fait-un premier Enfer

fur (on emprifonnement à la Conciergerie:

mais on ne lui donna pas le temps de lepublier, comme il (e le propofoit. On a ditque lorfqu’on le menoit au fupplice , voyant

0 les affiflans touchés de fon fort, il adrefl’a

Ce vers au Do&eur ui l’accom a noir:

. q PNon doler ipf: Dole: , fini pin rut-ba de!" ,’

8c que le Doâcur répliqua :

Non pin turba doler , fit! doler ipfc Bolet. v -

Cette anecdote paraîtra peu vraifemblable -, fi

l’on fait réflexion qu’en pareil cas , lec patiens

8c leurs Confefleurs ne s’amufeut guere à

faire Ides jeux de mots enfemble. Quoiqu’il en fait, avant de [obit fou arrêt , cet

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NOTICE. 27e..Athée , vrai ou prétendu , adrefla une courte

priere à Dieu , à la Vierge 8c aux Saints,

8c il pr0tcfia que fes livres contenoient beau-

coup de choies que lui-même n’avoir jamais’

entendues.

.LAZARE DE BAÏF , Abbé de Charroux

8C de Grenetiere, Confeiller au Parlementde Paris, 84 Maître des Requêtes, né dans.

la Terre des Pins, proche de la Fleche , de

parens nobles. Il étoit Jurifconfulte, Poète, l

Orateur, 8Ce. François I" le nomma (onAmbafl’adeur à Venife. Il a laifl’é un ouvrage

latin fur les hooillemen: des anciens, 8c finl’art de la Navigarion. Il a traduit aufii en vers’

français mon: d’Euripide, 8L mon de

Sophocle. Cette derniere traduition a cela de

fingulier qu’elle fuit l’original, (lit La Croix

du Maine , ligne pour ligne 6’ vers pour verr.’

La plus grande illuflration poétique de cet

M 6 ’

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276AN0TICE.Abbé , confine à avoir donné le jour à Jun-

Antoine Beïf, dont on a recueilli les meil-

leurs vers dans ce volume. Lazare Baïf efl

mon en 1545.

Punan-Vlcron PALMA Cure-r,né en 1525 , à Montrichard, petite ville de

Touraine. Calvinifie , Minifire de cette Reli-

gion , fous-Précepteur du Prince de Béarn,

depuis Henri IV. Le Cardinal du Perron leconvertit : alors on lui donna les ordres facrés,

le bonnet de Doâeur dans la maifon deNavarre, 8c une Chaire de Profelïeut au

College Royal. Il mourut le 1° Mats 1616.

Outre plufieurs ouvrages fur la Théologie

8c l’Hifloire de (on temps , il. a traduit de

l’Efpagnol en vers de dix fyllabes, l’Hepmr

mérou de la Novarride , ou Hymne entier: du

Royaume de Navarre depuis le commencement

d’amande. Ilen avoit fait suffi, une traduâion

en vers latins, qui n’a jamais été imprimée.

A 4M...

5-- Ab-

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NOTICE. 17;.GÉRARD - MARIE Imam , né à Condom ,

le 4 Décembre :530 , eut, des les premieres

années de fa vie , un catharre qui lui fit per-

dre un œil: ainfi il étoit borgne 8L gafcon.

Les hérétiques lui pillerent (es biens, mais ne

a purent jamais porter la moindre atteinte a (afoi. Il paiTa quelque temps à Paris , ou il le lia

aVec Boif, Scoliger, Ronjàrd , &c. On a dû

s’appercevoir que la fureur des Sonnets étoit

alors fort à. la mode : Gérard-Marie Imbert en

a fait cent pour (a part ; encore n’ètoit - ce

que la premiere partie de ceux qu’il devoir

donner, 8c qui, heureufement, n’ont point

paru.

GUXLLAUME un Canaux on LATAISSONNIERE , né dans la Principauté

de Dombes ,’ 8c Seigneur de la Tour des

Moles dans le Mâconnois. Sa profelfion

"étoit celle des armes. Il a une un grand

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e78 NOTICE.nombre d’Onvrages imprimés 8L manufcrits

tant en proie qu’en vers. Les vers confif-

tent dans (es Amoiereufir Occupations de:Fragment Poétiques , la Sourdine Royale, (les

avis pour l’éducation d’une fille de condi;

tion , fous le titre fingnlier d’Aeifi’èt de:

Demoifelle: , 8re. &c. La Taifl’onniere n’étoit

pas trop bon Poète , mais il étoit inflruitt

il ahtravaillé fur l’Arithmétique, le Calen-

drier, l’Aflronomie , la Géomancie , 8c

l’Hifloire naturelle. Il vivoit encore en x578.

Sa devife étoit : Rien fieu: râle.

GUILLAUME ou SABLE , Gentilhomme

de la Venerie du Roi, Poëte qui ne paroit

pas avoir eu grande réputation , quoiqu’il

eût vécu à la Cour , oyant , comme il le dit

lui-même ,ffifvi domefliqnement fzx Rois, 6’

12 trouvant à cette lieur: au fervice du feptieme.

Le premier de ces fept Rois , étoit François I.

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N o 4T .1 ”c a. 2798c le dernier LouitXIlI. Ses poéfies confira y

tent en un petit difwurs ou Eyailome de l’illufi

Ire êge’ne’reufe lignée de Hue Capet , 81 autres

difcours en vers héroïques , en Sonnets, Élé-

gies, Stances, Paraphrafes des commandée

mens de Dieu, Épigrammes , Épitaphes,’

Anagrammes 8L Coqr-à l’afne.

Amusez ou HECQUET , né à crépi en

Artois, Carme St Doéleur en Théologie,auteur d’un Recueil de vers . intitulé Orphe’îde,

imprimé en 1561. Ce Carme imitoit beau-

coup Molinet 8c Cretirz : il afait, comme eux,

des Ballades 84 Chant: Royaux. On propofoit

a Aire un prix pour celui qui réuflii’l’oit le

mieux dans ce dernier genre de Poéfie: Du

Hecquet ne l’a remporté qu’une fois. Il a

donné en outre une liile rimée des mémorable:

journées 6’ batnilles advenue: depuis l’incarna-

tion de Chrifl , jufqu’àrl’a’n 1,58 , 8: une féconde

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.280 N O T I C E.lifte des origine: 6’ invention! deplufimr: câofi:

très- utile: au monde. On trouve dans (onRecueil de l’OrpIu’îde beaucoup de petits fer-

mons eu vers , fondés fur quelques paillages

de l’Ecrirure-Sainre. Cet Auteur qui avoit

plus de piété que de nient, fe rend à lui-même

le témoignage qu’on ne le vit jamais dans les

poéfies ,

- Mouvoir propos qui homme vivant fafche ,Encore moins mucher l’art de Vénus.

l ALEXANDRE 5&1.qu , l’un desOfficiers de Charles 1X 81 de Henri III. On

ne fait point la date Ide (a naifl’ance: culait

feulement qu’il étoit Flamand ; 8c Valère-

Andre’, dans fa Bibliotheque Belgique, dit que

fan nom étoit Van dm Boflèhe. Sylvain. cil la

tradué’tion de ce mot en français. On a de lui

Quelques ouvrages en proie , gels que les

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N 0 T. .I C E. 381Epitome: de cent hyloires tragique: , l’AritIxmé-

tique militaire , &c. Pour (es Poéfies , ce (ont

des Odes , des Sonnets , différens Poèmes ,

des Anagrammes, des Énigmes 8L deuil adieux

aux Mufis. Il y paroit airez mécontent de

leur fervice ; car il finit ainfi le feeond adieu:

Moi, cependant, fans remarquer la fuiteDu temps foudain, étant à votre fuite,N’ai rien gagné qu’une longue prifon,

Des yeux obfcurs 8c du poil tout grifon.

GUY DE LA GARDE , Ecuyer de Chnmà

bonas , Lieutenant du Sénéchal de Provence

au fiege d’Arles , Auteur de l’Hifloire à» de]:

eription du Phoenix, imprimée en 1550, 8L

compofée à l’honneur 6e louange de Madame

Marguerite de France , fæur unique du Roi;

Guy de La Garde , à l’exemple de Claudien;

dans (on Poème fur le même fuie: , adopte

toutes les Fables qu’on a débitées fur cet oifeau

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"2.8; N 0 T I C E;imaginaire ; puis dans l’explication 6:12:13 myf-

tique, il trouve des phœnix partout: tantôt

c’efl le Roi, 81 madame Marguerite; tantôt la

France elleomême, qu’il appelle le phœnix de:

royaumes; tantôt la Religion, la réfurrefiion

81 l’immortalité de l’ame. Ce Poème cil en

vers de dix fyllabes; il efl précédé d’une

adreflë ou dédicace à la fœur du Roi, 84 fuivi

d’une inveflive de Ï auteur du phœnix cantre l’u-

fitrpateur d’icelui. Le fuiet de cette inveflive,

,c’efl que comme il étoit prêt d’offrir (on

nenni-Cri: fuperbement relié à la PrinceEe,

un inconnu le lui déroba St le préfenta comme

en étant l’Auteur. Guy de la Garde fit faire

une faconde copie, 8L demanda la punition

du voleur: mais on ne le trouva pas.

PIERRE BOTON, Mâconnois. a com-paré la Camille, St les Rêverie: 6» dî cours

d’un Amant défèfpe’re’; le tout imprimé en

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.pN 01"] C E.( 283un; La Camille efl le récit d’un long rêve

’ en vers 8l en profe. L’Auteur y voit des

beautés St des Amans de toute efpece; 8c il

a avec eux de prolixes converfations , en flylc

obfcur 8c figuré, fur leurs pallions 8c furia

tienne: à la fin, les puifi’ances infernales,

interrogées à (on fuie: , rendent une réponiè

favorable. Cinq Élégies , cinquante Sonnets

8l trois Odes comparent les Rêveries 6! Dijï

court, 81 ne (ont pas moins infipides. Cemauvais Poète . livré à un ridicule qui depuis

s’efi renouvellé , dit dans (a préface beauc0up

d’injures à ceux qui ne l’admirent pas.

JEAN RUYR , Chanoine 8c Chantre duVlChapitreIde Saint-Diey, Poète dévot 84 plat,

adrelTe à tous (es confreres ,. les Chanoines

de Saint- Diey, beaucoup de petites pieces

fur différentes vertus , 81. il tâche d’y

faire connoître ces Mefiieurs, qui, cepeng

dam, (ont reliés inconnus. Deux pieces tu:

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:84 NOTICE.duites , l’une de Pétrarque , 8L l’autre d’0vide,

quelqu es Sonnets , quelques Dialogues , voilà

ce qui compofe les (Euvres de ce bon Cha-

noine , qui étoit du parti de la Ligue. Il avoit,

dans (a icunefle , rimé quelques fuiets pro-

fanes. Il chante la palinodie dans une Odeoù , après avoir invoqué toutes les Divinités

du Pafianifme , il finit pieufement par cesfix

vers:

Jefus foit mon art findiçux;Le clou de fa dextre , ma plume;Mon encre , fou fang précieux;Et fa fainre Croix, mon volume!

Le Parnaîïe où ie veux défigner mon repos,

C’efi le cahier de t’es divins propos.

c Les (Euvres de Jean Ruyr ont été imprl-,

mées en 1588.

PIERRE ne. JAVERCY , Parifien , Amen; des

Récréation: puérile: en vers françoî5.publiéesen

15-37. Ce Line a été mis long-temps entre les

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,1. n n...

NOTICE. 2.8;mains de la jeunefi’e. Il efi compofé d’un

Poème des Civilité: de la table , traduit d’un

Auteur Latin dont on ne fait pas le nom;de 6x Dialogues imités d’Erafme, 8c de huit

autres Dialogues traduits de Lucien. Joyau-y

étoit ami de Jacques-Augufle de Thon.

ADRIEN on Guasnou , ou commevoit parloit alors , de GAD ou , Gentil-homme , Seigneur du Saufl"ay , près de

Châteauneuf en Thimerais, fit imprimer , en

1573 , les Payfage: , contenant dix-neufOdes , avec d’autres Poéfies; 8c l’année

fuivante, un nouveau Recueil intitulé : La

Marguerite, autrement. la jeuneflê de l’Auteur,

contenant trente- neuf Sonnets ,- l’hermitage ,

compris en dix-neuf autre: Sonnets ; re’pre’lzen-

fion notable pour ce tempe de Venurie , Dame

Romaine, à [on fil: Coriolan, tenant Romea ze’ge’e ; autres Sonnets de l’Auteur fait-s à

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236 NOTICE.Rome, &c. il paroit n’avoir pas été trop

fatisfait de cette Capitale du monde Chré-

tien; car il s’exprime ainfi à ce (nier:

Rome , qui fus fans Rome 8: fans fes habitans ,En lieu d’avoir mes yeux fatisfaits 8K contens ,Qui tant ont defil’é de vous voir . cette grace ,

Ne voyant plus de vous qu’un peu d’ombre 8: de

trace ,Qui futes autrefois terre 8c mer furmontans ,En lieu de rafraif’chir mon corps de tant de peines ,Que, pour venir ici, j’ai eu par monts 8c plaines:Mon cœur , pour votre état, efi faifi de douleur,Doutant , ainfi qu’à vous , que civrle difcorde

File , pour mon pays , une fecrere corde,Dont elle attache un jour notre nife à nos malheurs.

Ce fragment ne donnera pas une haute idée

du talent poétique du Seigneur de (indou.

Fur ou anaux: 701.an

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287

Il. Jîtîd:

TABLE;ETIENNE DE LA BOETIE, pag.Sonnet. Quoi .7 qu’efi-ce P A

Sonnet. Ce n’efl pas moi ,

Sonnet. 0 cœur léger!

Sonnet. Sur les. deux Sonnets précédens ,

Sonnet; Hélas! combien de ioule!

Sonnet. Enfant aveugle ne’ ,

ROBERT ÉTlENNE,Priere à Dieu , pour la nouvelle Année ,

L’Hymne des Innocens ,

MADELEINE DES ROCHES,Ode ,

Sonnet fur la mort de fou Amie ,Sonnet. Quelqu’un mieux fortuné dira ,

Ode .

CATHERINE DES ROCHES,

î

un13

14

a; A

16

I719

a:35

27

2-9

au

3:

33 v

L’Agnodice , ou l’ignorance bannie de chez les

Femmes , 37

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288 TABLE.Èpitaphe de Médée . 43

Imitation , 44Sincero à Charité. La Rote , 4,Sonnet. Sincero à Charité , 49Sonnet. Charite à Sincero, goChanfon de Charite à Sincem, si

Imitation , 13Épitaphe de Lucrece , seQuatrain , ibidem.Imitation , t f7Le Sommeil 8: la Mort, 58JACQUES DE ROMIEU, 59Chanfon imitée de Canine; 61Sonnet. Un mieux appris, 63Sonnet. Le Cota-tifin , - ’ 64MARIE DE ROMIEU, siHymne de la Rofe. A Marie-Françoife de la

Rofe , - 67Êpitaphe ou Élégie funebre de feu MeŒre Jean

’Chaflelier ’, Chevalier , Seigneur de Milieu ,

Confeiller du Roi en fou Contenants: , et

Intendant de t’es Finances . tB U S S Y

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.ggr

ra a L z.BUSSY D’AMBOiS-E,

ChanfonJEAN-ANTOINE DE BAYF,

A fon Livre , ’’A M. de Mauru ,

Sixain tiré des Mimes ,

Sur l’Amour enchaîné ,

Divers avis aux Dames ,

I Baifer ,

A Luc ,.Sixain. Chacun jan lieur ,

Vœu ,V

Devis. Mercure 8: le Soleil,Sixain tiré des Mimes ,

«a8,

73

77 V

7999 l

[on

tu:ibidem;

log

losm7

ibidem;

108

109

’ Il;

Quatrain. A Monfieur , en lui envoyant des. Pommes d’or,

A fa Dame,

A Marmot ,

Iaifer ,8ixain. Tan: va le pot à l’eau;

De Jean ,

,Tome VIL I

ibidem.

I 1 4.

ibidem.

1 1 g

1 t1

ibidem. ’

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290 B L E.La Statue de Bacchus , poilée près de celle de

Pallas , i 1 18Sur l’Amour , 119Le Chucas’, Fable , "inSixain. ’Hors defaifon , la;Sonnet. Épitaphe de François Olivier , Chance-

lier de France , 114..Baifer , 12.;Sixain. Le Sage dit, 127De Marie , 12.8Damet. Églogue , . . 129

Huitain , 131.Sixain , ’ ibidem.Au portrait de fa Maîtrefl’e; ’ 133

A Narket , 13;Sixain. Le Sage, i 136 .Aux Envieux . ibidem.Sonnet. A M. de Sauve , Secrétaire d’Ètat , 137

Sonnet. Du Comte de Brifi’ac, "138

a Méline . , v . . . - ,33ne Garnier , i r49Ode , ’ ’ 141

A 4.-..- a

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7v-

TABLE.Devis ,’

Sixain. Le Roi ,Èpitaphe de Rabelais,

Èglogue. Brinon ,

Ode ,Mignardil’es .

Le Maître devenu Écolier .

Emblème ,

Sixain. Chacun veut emplir,

Fable. Le Laup 8: l’Enfant,

Sixain. Qui quiert la mort ,

291?

143

144

ibidem;

145

149

151

154

15s156

157

1:8A. Moufeigneur le Duc d’Aniou, en lui dédiant le

Livre de l’es Amours ,

A Agnès,

Baifer ,

De Sile , ’ . NSonnet. Ma Dame, en un jardin ,

Sonnet. Le Dieu Momus,

A une Demoifelle ,

159

166

167

169

Il]:172

173

Imitation d’Anacréon.Amour dérobantle miel, 17s

Sixain. Trop de miel ,

Les Rates. Au lieur Guibert,

N a.

176

177

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392. T A B L E.Sixain. 0 que d’heur. 178-A foi-même. imitation de Martial, 179

De Baviu , 181l A Coquier. 18: vÉpitaphe de Gilles Bourdin,’ Procureur-Gène»

- rai , . 183Sonnet. Sous ce vert! Chaflaîgncr, 184

Baifer , g 185De Chalant , 187De Guillaume, Chirurgien. 188Sixain. Fortune e12 de verre , . ibidem.L’Hyrnne de la Paix. A la Reine de Navarre , 189

Sixain. Vin vieux, 191De Chauffebraye , I L 191Fable , ibidem.A M; Raoul Moreau , Tréforier de l’Èpargne, 19,

De Pratier , v ibidem.Vœu , à Bacchus, - 194

Baifer , 195Au Seigneur Simon Nicolas , Secrétaire dallai. 199

Sinin. Pardonner au mal , I ibidem.Sonnet. S’il: revenoient , ’ and

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4*TA -B L E. 293

I , .Du: Printemps , v 201Sîxain’. Du bonheur z i 204,De Démocrite , . ibidem;Épithalame à M. Dalferac , Seigneur de la Feuil-

lée , .. 20;.Veau d’un miroir , à Vénus , ’ ao7.

Sonnet. Quelqu’un flaifant parler. 208

La ChauvevSouris , 2.09A une Darne notable, neDe Gilon , ’ ibidem:Au Sieur Sabatier, Commis à l’Épargne , au.

Sixain. Rien violent, 112Au Chevalie! Boue: , I . 2.13A Perrette , " , 2.16Voeu, . ’ 217DeaPithagore , i 218De- Marquet , ibidem.Sixain. L’homme bien nl , 219Quatrain. De quelques Nymphes métamorphofées

,- en arbres , ’ , ibidem;La Reine , fur la mort du Roi Henri, no

[exaltai de la vie. , - l auN3

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r l ’-294 TABLE.A Malin! ,

Shah. Prou- defene;

Dinin .A Perrette.Stances ,

mibidem.

neibidem.

auAmour vengeur , Poëme. A M.,dePougny , auSixain. L’heur e]! chef: mal afl’urele ,

Le Hérilfon 8: la Marmotte, diable ,

De Gourmier ,Envoi d’une pomme d’or , à fa Maîtrefl’e,

alain. San: mirfit fiait: pouffe,ne Pol ,

Sauces , I .Fable q

ÉTIENNE JODELLE,Sonnet. Il faut qu’un cour: du ciel.

Sonnet. Au Roi Charles 1X,

CLAUDE DE PONTOUX’,Chaufon imitée de Pétrarque .

Sonnet. Il étoit nuit , ’Chanfon ,

Sonnet. Si j’ai du bien , . l

aga.

231

231.

9-33

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TABLE.Sonnet. Devant un hui:-,

Sonner. Plutofl ardre ,

Chanfon ,

Aune Chanfon ,

19?

1:60261

262

163

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396

a ETABLE .DE LA NOTICE.

MICHEL NOSTRADAMUS , pag. 269

Étienne Dolet , 272Lazare de Baîf , 27sPierre-Viaor Palma Cayet , . 276Gérard - Marie Imbert. , I 277Guillalxme de Chanein de la Tefl’onniere , ibidem.

Guillaume du Sable , 278Adrien du Hecquet , I - 279Alexandre Sylvain , 2.80Guy de la Garde , 281Pierre Boton , I L 28:Jean Ruyr , 2.83Pierre de Javercy , 2.84Adrien de Guefdou , 2.85

F11! un La TABLE.

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APPËOBATI ON.

3.11 lu , par ordre de Monfeigneur le Garde-des-Sceaux, cette Colleôtion curieufe de nosanciens Poètes. On ne peut que favoir gré auxRédaüeurs de cet Ouvrage des recherches qu’ils

ont faites pour mettre le Public en état d’enjouir. A Paris, le n. Oâobre 1778.

PIDANSAT DE MAIROBERT.

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FAUTES A CORRIGERDANS LE SIXIÈME VOLUME.

PAGE 24, ver: z, je ’veux te dire, mefme:lifez , je veux te dire, Mefme : I

P. 4; , ver: dernier, qui le agent , lifq, qui [alogent.

P. 47 , un la , on chante , lifiz, ou chante.P. s7 , ver: dernier, fi doux ombrage , lifta , fi

doux ombrages.P. 156 , ligne 7 , il leve la voix , lifq, kil éleva

la voix. "P. 241 . un y , laifl’e - là ces graves loi: , 11’121.

lailïe , ami , tes graves loix.

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«fifi-e; .-....’.4.A V 1 s.

I L paroit un Volume de cette Col-le&i0n tous les mois 3 ce qui fait douze

Volumes par an. rOn foufcrit pour tout l’Ouvrage,

à raifon de a. liv. par Volume. Onpaie , en foMcrivant , 24 liv. 8c 2.4 liV.à mefure qu’on reCevra douze Vo-lumes. En Province , à raifon de 2 liv.10 f. par Volume , franc deport, c’eû-

à-dire 3o liv. en foufcrivant , 8C 30 liv.de douze en douze Volumes , toujours

d’avance. ”On foufcrit à Paris , chez DELALAIN,

Libraire , me de la Comédie Françoife,

86 en Province , chez les principauxLibraires de chaque Ville. Les Volu-

mes [épatés le vendront 48W. chacun,

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au lieu de 401, que le paient les Souf-cripïeurs. l On recevra des foufcriptions pour

des Exemplaires en papier d’H’ollande,

à raifon de 4 ne par Volume.

Les Amateurs quipolTedent de [jolies V

Pieces fugitives peu connues font in-vités. à les envoyer à l’admire deDELALAIN ; ’ on les placera à l’époque 4

i ou elles paroîtront avoir étévfaites.

Del’lmprhncrie «Statut, medclalhrpe.