Nicolas Vivant - OBE, Expériences de sortie hors du corps

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  • 8/14/2019 Nicolas Vivant - OBE, Expriences de sortie hors du corps

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    [1] Blackmore S. J.,Beyond the Body: an

    Investigation of Out-of-Body

    Experiences, Heinemann,Londres, 1982

    Lesdossie

    rsdelOZ

    OBE, Out of Body ExperiencesExpriences de sortie hors du corps

    Nicolas Vivant

    Jtais endormi depuis quelques minutes seule-ment quand cela sest produit. Adolescent dj,javais vcu une exprience troublante : en dbutde nuit, jeu la sensation de me redresser dans monlit jusqu me retrouver en position assise, sans aidede mes bras et sans effort et puis, prenant cons-cience que quelque chose dinhabituel se produisait,je mveillais soudainement et me rendais comptequ aucun moment mon corps de ne stait dplac.Mon rveil avait t prcd dune sensation de froid

    intense, comme si un liquide glac mavait envahi dela tte aux pieds. trange.Cette fois-ci, ctait diffrent. Dautant plus que,

    dans les mois prcdents, javais eu loccasion de merenseigner sur le phnomne et que je pouvais donc,en toute conscience, vivre ma premire OBE. Jtaisallong sur le dos, repos, quand jeu la sensation trsnette de mlever lentement au dessus de mon lit. Jerestais quelques secondes ainsi, ottant vingt centi-mtres environ, puis me laissais glisser sur la gauche,les pieds en avant. Je me rapprochais du sol et mestabilisais une trentaine de centimtre de celui-ci.Par laction de ma seule volont jentreprenais, lespieds ouvrant toujours la marche, de faire le tour du lit,avec lintention de sortir de la chambre. Jy parvenaiset me trouvais dans le couloir aprs un lger virage

    sur la gauche. Je distinguais, dans une ambiancelumineuse trange, le corps de mon pouse immobilesous les draps. Je dcidais de me redresser, an de

    Quest-ce quune OBE (Out of Body Experience)

    ou Exprience de Sortie hors du Corps ?

    T rouver une dnition de lOBE qui prend encompte lensemble des composantes de ce phnomne - sans tomber dans le pigede linterprtation de celui-ci - nest pas chose aise.En 1982, Susan Blackmore dcrit une exprience

    pendant laquelle une personne semble percevoir le

    monde depuis une situation extrieure son corps

    physique[1] ; une sensation curieuse, souventbrve, pendant laquelle on a limpression de quitterson corps et dobserver le monde depuis une sorted manation de ce dernier. Lenvironnement, lui,semble tout ce quil y a de rel.

    La notion de voyage astral est courante pourdcrire les Expriences de Sortie hors du Corps.Elle emprunte sa terminologie aux adeptes de laThosophie de Helena Petrovna Blavatsky et lasonorit occulte des mots employs explique pro-bablement la prfrence des pro-paranormal etautres animistes pour ce terme. Nous lui prfrerons

    OBE ou Exprience de Sortie hors du Corps .Les adeptes du voyage astral le pratiquent seuls ou engroupe et rapportent des dplacements pouvantaller du plafond de leur chambre jusquaux conns dusystme solaire (sic). Lors dune rcente mission deradio, un des intervenants afrmait mme avoir pu,

    pouvoir proter du spectacle en position verticale.Conscient de vivre quelque chose dexceptionnel,une envie soudaine de partager avec ma femme cettejoyeuse exprience me saisit. Je lappelais. Une fois.Mais je lappelais vraiment. Et cest son Quoi ? qui, en une fraction de seconde, me rveilla soudain.Jarticulais un Non, rien. tonnamment clair. Jtaisparfaitement veill, allong ses cots, en grandeforme et trs heureux.

    Dans les jours qui suivirent, je consultais diffrents

    articles et ouvrages, pour nalement me rendrecompte que non seulement il sagissait bien duneOBE, mais quen plus elle tait typique.

    lors dun voyage astral de groupe, conrmer la pr-sence deau sous forme glace au niveau des pleslunaires [2]. Par ailleurs, la pratique est frquemment

    justie par son universalit et intemporalit suppo-ses : rfrence au chamanisme sud-amricain, au vol de laigle amrindien ou la lvitation chreaux tibtains, par exemple. linstar de ces socitsdites traditionnelles , une mystique de lOBE estentretenue dans les milieux sotriques. On note

    [2] Propos tenus par SergeBoutboule dans lmissionde France Inter Histoirespossibles et impossiblesdu dimanche 24 juin 2001intitule Le voyage astral.

    Les OBE sontparfois associes

    aux NDE, NearDeath Exprience,

    ou EMI, Exprience

    de mort imminente

    dans lesquelles un

    tunnel est souvent

    voqu. Ci-contre,

    La Fontaine

    deau vive , un

    tableau de

    Franois Schlesser. Peinture

    FranoisSchlesser,http://francois.s

    chlesser.free.fr

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    Quel intrt une Exprience hors du corps peut-elle

    reprsenter ?

    On trouve des traces de rcits pouvant sappa-renter aux OBE ds lantiquit. Nanmoins,les premires tentatives dune explicationglobale du phnomne ne datent que de la n du XIXe

    sicle. Elles sont souvent luvre de chercheurs quiprivilgient lhypothse animiste : lors de lOBE, lme(ou, une projection astrale du corps selon la termi-nologie thosophique) se spare temporairement ducorps et se dplace dans le monde physique. Lenjeu,dans ce cadre prcis, est norme. Il sagit ni plus nimoins que de dcouvrir dans quelle mesure les OBEseraient rvlatrices de lexistence dune forme deconscience indpendante de lenveloppe physique.

    Il faudra attendre la deuxime moiti du XXesiclepour que, lvolution des outils de mesure aidant, desscientiques dhorizons divers (psychologues, psy-chiatres, neurobiologistes) sintressent aux OBEau niveau exprimental.

    Lutilisation de llectro-encphalogramme (EEG) et

    surtout du polygraphe - qui permet denregistrer plu-sieurs paramtres simultanment (rythme cardiaque,rythme respiratoire, EEG, mouvements oculaires, etc.)- dans les Laboratoires du Sommeil permet des avan-ces considrables dans des domaines qui touchentde prs ou de loin aux OBE. Celles-ci deviennentalors partie intgrante dtudes lies au sommeil (M.Jouvet, Lyon, France) ou la conscience (S. Laberge,Standford, Californie), voire des sujets dtude partentire (Susan Blackmore, Bristol, Royaume-Uni).Les notions de lucidit, de conscience, de mmoire,d input sensoriels (toute information transmise aucerveau par lun des cinq sens) et de subconscientsont lobjet de recherches toujours plus pousses etnotre comprhension de celles-ci volue rapidement.

    Les Expriences de Sortie hors du Corps participent

    ainsi de ces avances scientiques, au mme titreque de nombreux autres phnomnes (REM,rves lucides, faux veils, somnambulisme, rectionsnocturnes).

    Un simple coup dil sur les publications touchant

    aux OBE permet den prendre conscience : lesniveaux dattente diffrent incroyablement entre par-tisans de lhypothse paranormale et communautscientique.

    Une exprience aussi inhabituelle que lOBE, quandelle est sous-tendue par la croyance en une survie de quelque chose aprs la mort, revt une importanceprimordiale pour celui qui la vit. Cest cette croyance,nourrie despoir, qui est certainement lorigine debien des passions. linverse, quand lOBE est tudie comme un tat

    de conscience (Blackmore), ou comme un simple rvede type particulier (Laberge, Jouvet), elle nest quunlment parmi une masse dobjets dtude.

    Cette diffrence de niveau dattente explique cer-tainement la frustration de nombre de pro-para-

    normal vis--vis de la communaut scientique. Ilsrvent dmes et hritent de polygraphes.

    lextraordinaire profusion (pour ne pas dire diversit)des tmoignages, on sextasie devant la puissantespiritualit forcment lie au phnomne. On tmoi-gne. Beaucoup.

    On a frquemment tendance rapprocher lOBE dunautre phnomne : la NDE (Near Death Experienceou Exprience de Mort Imminente). Un certain nombrede personnes vont mme jusqu confondre les deux.Cest le cas, par exemple, de Rmy Chauvin qui, dans

    un rcent ouvrage (Le retour des magiciensaux di-tions JMG) mlange allgrement les genres [3].

    Pourtant, plusieurs points diffrent radicalement :lOBE se produit pendant une priode de dtente etde relaxation (sommeil, mditation) alors que laNDE est souvent lie un traumatisme grave (coma,perte de conscience lie un choc, anesthsie gn-rale lors dune opration, etc.). Limagerie de la NDEest inhabituelle (tunnel, lumire douce et aveuglante la fois, sensation de bien-tre intense, etc.), cellede lOBE plus conventionnelle (reprsentation plusou moins dle dun environnement proche de laralit).

    On peut vivre un grand nombre dOBE dans une vie,et on trouve ici ou l des mthodes visant favoriser le

    dclenchement de celles-ci. La NDE est trs souventune exprience unique, involontaire, et qui induit pres-

    que systmatiquement un changement notable dansla psychologie de celui ou celle qui la vit. Par contre,et cest probablement ce qui explique la confusion desphnomnes, une NDE est souvent prcde duneOBE. Dans la grande majorit des cas, l exprien-ceur sent quil quitte son corps puis se retrouve parexemple au plafond de la salle dopration, observantles mdecins qui saffairent sur celui-ci.

    La distinction entre NDE et OBE est pourtant im-

    portante et elle simpose quand on souhaite aborderces dernires au niveau exprimental. Un protocoledtude des OBE est relativement simple mettre enplace, autant pour les aspects psychologiques queneurophysiologiques, dans la mesure o le phnom-ne est reproductible sans trop de difcult. Il semblemme pouvoir tre induit comme le rapporte un articledOlaf Blanke et ses collaborateurs [4]. linverse, lesconditions extrmes qui entourent la plupart des NDErendent lapproche scientique de celles-ci beaucoupplus malaise.

    Le risque majeur du rapprochement OBE-NDEest donc que la confusion semblant prdomineraujourdhui dans ltude des NDE occulte les avan-ces notables de ces derniers temps pour ce qui

    concerne les OBE.

    [4] Blanke O., Ortigue, S.,Landis, T. and Seeck, M.Stimulating illusory own-

    body perceptions. Nature,419, p.269-270, 2002.

    [3] Rmy Chauvin, Leretour des magiciens, Ed.JMG, 2002

    La psychologue

    Susan Blackmore

    a beaucoup tudi

    les OBE et apport

    des explications

    psychologiques

    et sensitives

    intressantes.

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    Hypothses et thories

    La notion de monde astral mental mais objectif nest

    pas facile apprhender. Ces thories soutiennentlhypothse de lexistence dun monde qui, bien quilne soit que mental, nen est pas moins unique etobjectif. Cest en quelque sort un monde parallle, su-perpos notre monde physique. Il est indpendantde celui qui lobserve, ses caractristiques tant par-tages par tous, un tat de conscience particulier per-mettant alors dy accder. Ces thories prcisent quetoute personne prsente dans ce monde astral peut, par laction de sa seule pense, le faire varierselon sa propre volont, la modication est alors ac-cessible tout autre visiteur. La question qui se pose lexprimentateur est donc celle-ci : dans le cadrede cette thorie, la reprsentation du monde visitest-elle unique et accessible tous ou dpend-elle delindividu qui vit lexprience hors du corps ? .

    Dans larticle de 1982 auquel nous nous sommesdj rfrs, Susan Blackmore place le problme auniveau du fonctionnement de la pense : elle expliqueque les souvenirs sont stocks dune faon ou duneautre dans notre cerveau, selon un codage qui nousest propre. En effet, on slectionne et retient plus ou

    moins bien les choses en fonction de notre vcu, denos centres dintrt, etc. Si on part du principe quunepense peut-tre stocke dans le monde astral, celasignie que quelquun peut ly dposer et quelquundautre y accder. Mais comme le systme de stoc-kage et de rappel des souvenirs est unique pour une

    personne donne, comment ces penses du mondeastral peuvent-elles faire sens pour une tierce person-ne ? Pour prouver ces thories, il faudrait donc quequelquun arrive rcuprer tout ou partie des pen-ses dune autre voyageur travers le monde astral.

    Dans sa FAQ (Foire aux questions) sur les OBEparue en 1994, Jouni A. Smed prsente les dif-frentes thories sous cinq grandes sections,elles-mmes groupes selon deux postulats princi-

    paux : Quelque chose quitte le corps , ou Rien nequitte le corps . Lintrt de cette reprsentation estquelle est en adquation avec les diffrentes appro-ches exprimentales possibles.

    Quelque chose quitte le corps

    3Les thories physiques : Un double physique voyage dans le monde physique

    Elles partent du principe que chacun dentre nousaurait un second corps physique pouvant se sparerdu corps habituel pour se dplacer dans le monderel.

    Les diffrentes thories physiques butent toutdabord sur le problme de la constitution et de las-pect de ce second corps. Carrington [5] et Tart [6] fonttat de tmoignages o les reprsentations vont duglobe lentit lumineuse diffuse, en passant par descopies plus ou moins denses du corps usuel.

    Ensuite, ces thories nexpliquent pas les petitesdiffrences avec le monde ltat veill que lestmoins rapportent quasi systmatiquement. En effet,au cours dune OBE, les lieux visits ne sont pasexactement identiques ce quils sont usuellement

    (motif des rideaux inhabituel, habitations nouvellesdans une rue pourtant bien connue, etc.).Enn, et surtout, aucun exemple dinteraction rus-

    sie entre lmanation corporelle et lenvironnementrel nest venu conrmer ces thories.

    [6] Tart, C. T., Out-of-the-Body Experiences, inMitchell, E. ed. PsychicExploration, New York: G.P. Putnams Sons, 1974, pp.349-373

    [5] Muldoon S. andCarrington H., TheProjection of the Astral

    Body, Rider & Co., Londres,1929

    3Thorie du monde astral physique : Un double non physique voyage dans le monde physique

    Nombreux sont les tenants de lhypothse selonlaquelle l me (la dnition de ce terme tantvariable dune thorie lautre) peut quitter tempo-rairement le sige physique de la conscience et doncse dplacer facilement, au gr de la volont de celuiqui exprimente une OBE. Cest ainsi quon entend

    certains exprienceurs prtendre se dplacer lavitesse de la pense et visiter des lieux trs loigns.

    Mais ds 1982, Susan Blackmore explique dansson article Beyond the Body : an Investigation ofOut of Body Experiences [7] que cette thorie nepeut tre valide car elle se trouve confronte auxmmes cueils que pour les thories physiques .Par ailleurs, aucune exprience, quand elle est menedans un cadre strictement contrl, na permis de vali-

    [7] Blackmore S. J., op. cit.

    3Thorie du monde astral mental : Un double non physique voyage dans un monde astral non physique, mais objectif

    der le dplacement dans notre monde physique duneconscience dcorpore sensible son environnement(i.e : capable au moins de recueillir de linformation).

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    La recherche psychologique et neurologique

    Les tenants des diffrentes thories paranor-males se plaignent rgulirement du manquedintrt tmoign par la communaut scien-tique pour les phnomnes extraordinaires. Nousavons vu, dans un paragraphe prcdent, quune

    diffrence de perception des enjeux expliqueen grande partie cette quasi indiffrence du milieuscientique. Par leur nature mme, les OBE ont dansun premier temps attir des chercheurs passionnsde mystre, aux convictions souvent spiritualistes.Depuis le dbut des annes 80, il semble au contraireque la plupart des tudes ralises sont luvre descientiques sans a priori. Des avances consid-rables ont dcoul de ces travaux et linterprtationsurnaturelle du phnomne est devenue largementminoritaire.

    Michel Jouvet, clbre neurobiologiste (il est,entre autres, lorigine de la notion de sommeilparadoxal ), crit en 1992 : Je dois confesser que

    pendant longtemps je nai pas cru lexistence de ces

    rves lucides. Cependant, depuis 3 ans, 4 reprises,jai pu constater lextraordinaire exprience subjective

    que reprsentent le droulement de limagerie onirique

    que lon ne peut inuencer, et laquelle on assiste en

    tant parfaitement conscient quil sagit dun rve.[10]. Ce scientique reconnu valide dans plusieursde ses publications lhypothse psychologique deStephen Laberge : elle nentre pas en conit avec sespropres observations exprimentales.

    Stephen Laberge, psychologue charg de recherche luniversit de Stanford (Californie), a pu tablir queles OBE ne sont probablement quun type particulierde rve lucide.

    Laberge dcrit deux types de rves lucides : le DILD (Dream Initiated Lucid Dream) au coursduquel le sujet prend conscience de son tat onirique

    au beau milieu dun rve (plus de deux minutes aprslentre dans la phase de sommeil paradoxal). Si leDILD reprsente 80% des rves lucides observs,cest lors de WILD (Wake Initiated Lucid Dream)que se produisent la majorit des OBE. On considrequil y a WILD quand le sujet passe directement dune

    phase dveil une phase de sommeil paradoxalassortie dun rve lucide. Une tude clbre deLaberge portant sur 572 personnes a permisdanalyser 107 rves lucides. 28% des WILD ont treports comme tant des OBE, pour seulement 6%

    des DILD. Laberge a par ailleurs mis en videnceles nombreux points communs liant les OBE auxphnomnes de paralysie du sommeil . PourLaberge, comme pour Blackmore, la perte d inputsensoriels est lorigine de ceux-ci |11].

    Susan Blackmore, psychologue de Oxford, a con-sacr une grande partie de ses recherches aux OBEet aux NDE. Ayant elle-mme (lors dune sance deOuija !) vcue une OBE en 1970, elle dcide den faireson sujet dtude de prdilection an de prouver tous [les scientiques] quils ont tort. Dans son es-prit, seule la parapsychologie peut laider expliquerses phnomnes.

    Dix ans de travaux scientiques plus tard (en 1987),elle crit un article intitul The Elusive Open Mind :

    Ten Years of Negative Research in Parapsychology(Linsaisissable ouverture desprit : dix ans de re-cherches infructueuses en parapsychologie), constatdchec amus dune chercheuse faisant pourtantrfrence dans le domaine. Elle y tablit limpossibilitde la parapsychologie fournir des interprtationspertinentes permettant de progresser dans la con-naissance des OBE et NDE : () nous avons assezde rsultats pour rpondre quil ny a pas de preuve de

    lorigine surnaturelle des OBE, il ny a pas de preuve

    de quoi que ce soit quittant le corps, et il ny a pas

    de preuves deffets causs par des personnes hors

    de leur corps. () Jai suggr que les OBE se pro-

    duisaient tout simplement quand le systme perd le

    contrle sensoriel et remplace le modle de ralit

    habituel par une construction issue de la mmoire.

    Celle-ci semble relle parce quelle est le meilleurmodle la disposition du systme ce moment-l,

    et cest pour cela quelle est choisie pour reprsenter

    cet ailleurs . [12]La contribution de Laberge et Blackmore est

    unanimement reconnue, autant dans le milieu

    3La thorie parapsychologique : Imagination plus Perception Extra-Sensorielle

    Rien ne quitte le corps

    Selon cette thorie, une OBE est la concomitance dedeux phnomnes. Le premier, de type hallucinatoire,est la reconstitution par le subconscient dun mondeimaginaire proche du monde rel. Le second seraitlobtention de donnes et paramtres objectifs par

    Perception Extra-Sensorielle (ESP en anglais).Ltude exprimentale de cette thorie ne va pas

    sans poser un certain nombre de problmes : daprsSusan Blackmore, dire de ce phnomne quil reposesur une hallucination napporte rien la recherche.

    Y ajouter une dimension de perception extra-senso-rielle naide pas plus la comprhension, lexistencemme de lESP ntant ce jour taye par aucunetude scientique srieuse. Les expriences (toutesanciennes) qui ont tent de mettre en vidence des

    interactions de ce type se sont pour la grande majoritsoldes par des rsultats ngatifs (voir par exempleMorris, et all. 1978, Studies of communication duringout-of-body experiences , Journal of the Society forPsychical Research, 72, 1-22)

    3Les thories psychologiques actuelles

    [8] Blackmore S.,A theoryof lucid dreams and

    OBEs(In Gackenbach, J.and LaBerge, S., (Eds.),Conscious Mind, SleepingBrain, p. 373-387, Plenum,New-York, 1988

    [9] Levitan L., LaBerge S.,Other Worlds: Out-Of-Body

    Experiences And Lucid

    Dreams (in NIGHTLIGHT3(2-3), 1991)

    [10] Jouvet M., Le sommeil,lautre versant de lesprit,Revue de Mtaphysiqueet de Morale, n 2, p.185,1992

    [11] Levitan L., LaBergeS., op. cit.

    Plusieurs chercheurs en psychologie se sont sp-cialiss dans ltude des rves, des phnomnesde paralysie du sommeil et ont abord les notionsde conscience, dveil, etc. Parmi ceux-ci, SusanBlackmore et Stephen Laberge ont consacr unegrande partie de leur travail lanalyse dOBE etautres NDE. Sils sont partis de postulat diffrents,

    leurs conclusions sont peu ou prou les mmes. UneOBE se produit lorsque dans un tat de conscience, laperception sensorielle du sujet est inhibe. Le cerveauntant plus renseign sur son environnement par le

    biais des cinq sens, il aura tendance recrer de m-moire un modle de reprsentation connu : un corpset un lieu. [8] [9]

    Ce modle a permis dexpliquer la plupart des sen-sations lies aux OBE. On sait, par exemple, que laperception de lattraction terrestre est un des lmentspermettant de se situer dans lespace, notamment

    pendant le sommeil. La perte de cette information est lorigine des sensations de ottement et de sor-tie hors du corps typiques dun dbut dOBE.

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    scientique que parapsychologique, mais elle resteune interprtation exclusivement psychologique duphnomne.

    En 1992, Michel Jouvet crit : linterprtation entermes neurobiologiques de ces phnomnes nous

    chappe . Dix ans plus tard, un article de Naturepermet enn den savoir plus sur les aspects neuro-physiologiques de lexprience. Olaf Blanke et sescollaborateurs du dpartement de neurologie de lH-

    pital de Genve (Suisse) montrent en effet, dans une

    publication datant de 2002, quil est possible dinduireune OBE par stimulation lectrique de la zone appelegyrus angulaire situe cheval entre le lobe temporalet le lobe parital. Lexprience portait lorigine surlpilepsie, et cest par hasard que ce lien est mis envidence. Nul doute que ce premier pas permettra, silest suivi de recherches plus prcises, une meilleurecomprhension des mcanismes neurologiques enjeu. [13]

    [12] Blackmore S. TheElusive Open Mind: Ten

    Years of Negative Research

    in Parapsychologyin TheSkeptical Inquirer 11, pp.244-255, 19872002.

    [13] Ajout dat dumois davril 2003 : OlafBlanke, entour de PhilippeMaeder, spcialiste en

    techniques dimagerie fonc-tionnelle, et de ChristineMohr, neuropsychologuegenevoise est en trainde mettre au point uneexprience qui associelectroencphalogramme(EEG) et imagerie parrsonance magntiquefonctionnelle (IRMF) pourtraquer lendroit prcis ducerveau qui provoque cedysfonctionnement tran-sitoire de la reprsentationspatiale du corps. Le butest didentier les zoneseffectivement actives parles stimuli lors dune OBE.

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    LObservatoire zttiqueest une association loi 1901 cre en 2004 Grenoble et qui a pour objectif dedvelopperlesprit critique grce, entre autres, la diffusion dinformations sceptiques et la vulgarisation de la mthodologiescientique par ltude de phnomnes rputs extraordinaires .

    3Blackmore S. J., Beyond the Body: an Investigation of Out-of-Body Experiences, Heinemann, Londres,1982

    3Blackmore S. The Elusive Open Mind: Ten Years of Negative Research in Parapsychologyin The SkepticalInquirer 11, pp. 244-255, 1987

    3Blackmore S.,A theory of lucid dreams and OBEs(In Gackenbach, J. and LaBerge, S., (Eds.), Conscious

    Mind, Sleeping Brain, p. 373-387, Plenum, New-York, 1988

    3Blanke O., Ortigue S., Landis T. and Seeck M. Stimulating illusory own-body perceptions. Nature, 419,p.269-270, 2002.

    3Chauvin R., Le retour des magiciens, Ed. JMG, 2002

    3Jouvet M., Le sommeil, lautre versant de lesprit, Revue de Mtaphysique et de Morale, n 2, p.185, 1992

    3Levitan L., Laberge S., Other Worlds: Out-Of-Body Experiences And Lucid Dreams (in NIGHTLIGHT 3(2-3), 1991)

    3Muldoon S. and Carrington H., The Projection of the Astral Body, Rider & Co., Londres, 1929

    3Tart C. T., Out-of-the-Body Experiences, in Mitchell, E. ed. Psychic Exploration, New York: G. P. PutnamsSons, 1974, pp. 349-373

    Sources