N°17 – Mai 2013 Le Prince de Percy...

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Le Prince de Percy Kemp Journal lycéen de l'établissement Jean-Baptiste Dumas à Alès N°17 – Mai 2013 Les 2IP, une grande fierté pour JBD Critique musicale : Arts Martiens IAM De l'éducation de nos enfants Dessin de Mix & Remix

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Le Prince de Percy Kemp

Journal lycéen de l'établissement Jean-Baptiste Dumas à Alès

N°17 – Mai 2013

Les 2IP, une grande fierté

pour JBD

Critique musicale :Arts Martiens

IAM De l'éducation de nos enfants

Dessin de Mix & Remix

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Editorial – par Vincent CaillaudPage 3

En Bref... – par La Rédaction, Laura Bastide et Rita Lenoir

Page 4

Exposition de photos par le groupe de première d'option anglais renforcé – par Pablo Barnier-Khawam

Page 5

Les 2IP (industrie des procédés), une grande fierté pour JBD ! – par Alexia Spiquel-Belkaïd

Page 6

Les dernières nouvelles aux USA : « That power ! » – par Alexia Spiquel-Belkaïd

Page 8

De l'éducation de nos enfants – par Anna FriedliPage 10

Le prince – par Pablo Barnier-KhawamPage 14

Arts Martiens (IAM) – par Tom RousselPage 16

Courrier des lecteurs : La voix est libre – rubrique gérée par La Rédaction

Page 18

Bande dessinée : La surprise du chef – par Frédéric MullemanPage 20

Citations Peuplières et This is the End – par La RédactionPages 22 à 24

Sommaire

LA RÉDACTION remercie Mme Meklat pour sa précieuse aide dans la correction orthographique et sans laquelle Le Peuplier aurait été bourré de fôtes.

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AU JOUR OÙ j'écris ces mots, les paellas et les fûts de bière sont de sortie dans Alès. Toute la jeunesse et toute la vieillesse des alentours se retrouvent pour se démonter la gueule ensemble en chantant du Patrick Sébastien. 5 jours de gueule de bois qui semblent en amuser plus d'un.

Mais pendant ce temps, on en trouve d'autres, d'autres qu' on ne voit jamais par ici. Des Italiens, des Belges, des Anglais, des Espagnols, et des Français de tous horizons qui viennent se perdre à Ales pour cramer au soleil, attraper les pires acouphènes, prendre du gaz dans les yeux et subir toute la journée de pathétiques provocations. Ces autres qui viennent briser l'insouciance, ces autres qui ne tolèrent plus, ces autres qui ont décidé d'en finir, ces autres qui s'indignent de la cruauté humaine et qui sont là par milliers pour gueuler leur rage.

Maintenant repartons 3 ans en arrière. Octobre 2010. La jeunesse jbdienne se balade dans les rues d'Ales, fait la grasse matinée, se divertit devant Internet, ou pratique tout autre activité extra-scolaire.

Mais pendant ce temps, on en trouve d'autres, d'autres qu'on ne remarque jamais d'habitude. Des secondes, des premières, des terminales, des pros, des anciens, et toutes sortes de sympathisants qui viennent se geler à 5 heures du matin, entasser des poubelles, se faire matraquer et gazer, passer des heures en garde à vue, et descendre dans les rues quotidiennement dans la plus grande improvisation. Ces autres qui viennent briser l'indifférence, ces autres qui ne tolèrent plus, ces autres qui ont décidé d'en finir, ces autres qui s'indignent de l'avenir qu'on leur impose et qui s'unissent par centaines pour gueuler leur rage.

Ceux qui l'ont vécue vont probablement esquisser un sourire en se souvenant de cette époque. Car, en effet, ce journal que vous lisez chaque mois est issu de ce mois d'Octobre 2010, tout comme notre MDL, et tout comme tout ce que les lycéens ont mis en place d’eux-mêmes ces 3 dernières années.

4 semaines où les lycéens ont décidé de s'unir, de créer, et de se prendre en main.. 4 semaines qui ont tout déterminé... 4 semaines qui ont tout bâti, et notamment l'esprit de motivation et d'unité qui nous a possédés pendant plus d'un an, qui nous a amenés à nous organiser – s'organiser pour créer -

Nous sommes les derniers à avoir vécu ces 4 semaines ; il est temps pour moi et tous mes camarades ayant connu cette époque de faire des adieux.

Mais que dire en adieu ? J'ai qu'une chose à dire au final. Créez votre propre Octobre 2010 !Un simple rush de création et de communion entre les êtres de quelques semaines peut

avoir une influence incroyable sur l'unité lycéenne et sur chaque être qui y met son cœur. Je n'en dirais pas plus de peur de répéter ce qui a été dit lors des éditos précédents, mais je peux juste vous inviter à vous organiser pour prendre le lycée en main et prouver que ce lieu est bâti par ceux qui le fréquentent et non ceux qui le dirigent

Sur ce, cet éternel insatisfait que je suis vous dit adieu et bonne chance pour la suite !

Vincent CAILLAUD

Edito

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En bref...Le Peuplier a reçu son second prix depuis sa création. L'académie de Montpellier le récompense par un prix d'écriture particulièrement pour sa « plume engagée ». Merci à vous lectrices et lecteurs car sans vous nous n'existerions pas, merci !

Nous informons nos lecteurs que du 22 au 24 mai se tiendra la fête de fin d'année du lycée avec au programme un spectacle de cirque vers le B1 le jeudi et le vendredi de 12h30 à 13h, des concerts dans la cour entre midi et 14h auxquels chaque élève pourra participer, des expositions de productions personnelles d'élèves au CDI (les élèves souhaitant participer doivent aller s’inscrire au CDI), des représentations théâtrales en salle polyvalente le jeudi et vendredi matin (les professeurs doivent y inscrire leur classe pour participer), des projections de films de l'option audiovisuelle le jeudi et vendredi après-midi (également sur inscription des professeurs), et des découvertes des réalisations en ateliers (sur inscription des professeurs). Pour les terminales qui ne sont pas encore au courant, le 24 mai sera une journée déguisée pour tous ceux qui passent leur bac. Bonne fête à tous !

Pour la troisième année consécutive, l'équipe de badminton du lycée a représenté la région aux championnats de France qui avaient lieu du 8 au 10 avril à Rennes. L'équipe était composée de 7 joueurs, trois filles et quatre garçons dont un jeune officiel. Toulemonde Victor, Lattard Dorian, Mazloum Blaise, Laroche Lucas, Lisa Rasasombat, Lenoir Rita et Bastide Laura ont fini 14° sur les 27 équipes présentes. Ils ont terminé deuxièmes de leur poule, ce qui a permis de les qualifier pour les huitièmes de finale qu'ils ont malheureusement perdus. La deuxième journée, ils ont gagné leur première rencontre mais perdu la seconde, ce qui les a fait terminer à la 14°place. Ces deux journées ont été éprouvantes tant au niveau physique que mental, mais ce que retiendra l'équipe, c'est plutôt l'aventure formidable qu'ils ont partagée.

Il faut aussi remercier Lisa Rasasombat, qui pour la troisième année consécutive a permis à son équipe d'être qualifiée pour les championnats de France, et même si l'année prochaine elle n'est plus au lycée, les générations futures continueront d'essayer de représenter le lycée au niveau national.

Laura Bastide et Rita Lenoir

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Exposition de photos par le groupe de première d’option anglais renforcé

LES ÉLÈVES de première d’anglais renforcé ont exposé au CDI des photos

prises à l’intérieur du lycée et dans Alès et ses environs. Une trentaine de photos de styles différents composent l’exposition mise en place par leur professeure Mme Krausz. Les visiteurs sont accueillis par des élèves très enthousiastes de pouvoir approfondir leur anglais face à un public pas toujours très initié aux tournures anglo-saxonnes. Et si certains visiteurs ont besoin d’une traduction afin de comprendre le contexte dans lequel les photos ont été réalisées, ils peuvent déguster avec délectation un buffet dont la composition est accessible à n’importe quel étranger à la civilisation anglaise.

La trentaine de photos qui sont présentées va de la présentation des différents recoins du lycée aux diverses manières de montrer la ville et les environs d’Alès. Alors que certains clichés jouent plutôt sur une mise en scène d’objets ou de personnes, d’autres capturent l’instant qui se présente à eux. Des textes en anglais viennent informer le spectateur sur le contexte de la photo ainsi que sur ses choix de cadrage et de lumière. Ainsi, le public peut deviner les mots anglais utilisés pour les divers choix du cadrage de la photo. Chaque photo est numérotée afin de procéder à la fin de l’exposition à un vote dont le gagnant sera récompensé par un prix. Des jeux organisés par les élèves offrent au visiteur une autre façon de profiter de cette exposition.

Donc, si le cœur vous en dit, vous pouvez vous rendre au CDI pour admirer l’exposition photo et ainsi récompenser les participants en leur faisant le plaisir d’admirer leurs clichés.

Pablo Barnier-Khawam

Watch the birdie !

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Les 2IP (industrie des procédés) une grande fierté pour Jean Baptiste Dumas !

« TOUS DIFFÉRENTS, TOUS UNIQUES AVEC TOI, DANS LA MÊME

DIRECTION ». Voilà un beau slogan que les 2IP et leur professeur d'art appliqué, Madame Lacordaire, on sélectionné pour leur projet. Un projet dont ils sont particulièrement fiers ; en effet, ils ont participé à un concours Départemental. Le concept était le suivant, il s'agissait de réaliser une affiche dont le thème était la Discrimination, à partir d'une célèbre citation d'Antoine de Saint Saint-Exupéry « Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m'enrichis ». Avec seulement une heure de cour par semaine d'art appliqué, ils ont réalisé cette affiche tous ensemble, main dans la main en 2 à 3 mois. Madame Lacordaire qualifie sa classe de « très enthousiaste et toujours partante » pour les projets proposés. Pour celui ci, ils ont voulu travailler particulièrement sur le thème du Racisme. Pour aboutir à leur affiche, ils ont eu l'idée de recycler des canettes. Des canettes soigneusement découpées en différentes formes d'animaux, et de différentes couleurs ; c'est de cette manière que l'appel à la tolérance et le rejet du racisme prennent forme : les différentes couleurs d'animaux exposent les différentes origines et couleurs de peau qui peuvent exister, et les différents animaux montrent que nous sommes effectivement différents physiquement, mais finalement nous sommes tous pareils, au sein de la même planète. Un beau projet qui dénonce très bien le Racisme, et de façon originale. N'oublions pas, que pour ce travail, les 2IP on été récompensés ! Face à 60 établissements, ils sont arrivés PREMIERS ! Comme on dit, les efforts payent toujours. Mais malheureusement ces efforts, et ce beau projet ne changent pas les a priori sur les classes professionnelles. C'est bien dommage, mais comme on dit : il n'y a que les Cons qui ne changent pas d'avis.

En tout cas, les élèves sont très contents, car leur parcours scolaire et leur niveau sont souvent remis en cause, et ce projet a pu en faire taire certains.

Léa, élève de 2IP témoigne aujourd'hui : « La classe s'est investie à fond. Je suis très fière de ma classe autant pour notre complicité, que pour notre investissement. En conclusion nous nous sommes tous mis d'accord, pour affirmer que le Racisme ne devrait pas exister , qu'importe la couleur de nos cheveux , ou la forme de nos yeux , ont est tous les mêmes , on est tous pareils. Je pense que si nous avons gagné ce concours , c'est grâce à notre investissement , et à Madame Lacordaire , qui s'est autant que nous investie dans ce projet »

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Nous Félicitons chaleureusement cette classe dynamique pour son investissement, et son dévouement, et nous félicitions évidemment, Madame Lacordaire ! BRAVO à vous !

Avec la participation de Naimy Akroun, Sofian Ouakli, Yanis Ameur, Dylan Bellet, Boublik Rémi, Léa Diehl, Gauthier Nil, Alexan Gera, Amina Harmiche, Hugo Jac, Amine Kablari, Aymen Labhassi, Salvador Lafont, Tommy Yang, Adnan Yausfi et Adeline Lacordaire, qui m'ont accordé du temps.

(Et je remercie aussi Madame Jacques de m'avoir permis de faire intrusion dans sa classe ! )

Alexia Spiquel-Belkaïd

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Les Dernières nouvelles aux USA :

« That Power ! »

La classe pour Amy !

Moins de deux ans après la mort d’Amy Winehouse, les élus locaux du nord de Londres ne seraient pas contre l’idée de baptiser une rue du nom de la défunte artiste. C’est dans le quartier de King’s Cross que les habitants ont été priés de proposer des noms dans le cadre du réaménagement du quartier. Signe qu’Amy Winehouse compte encore beaucoup de fans !

Doublement GAGA, yes please :

Elton John n’est pas allé chercher bien loin pour trouver la marraine de son deuxième enfant. Il a repris la même que pour le premier : Lady Gaga ! Et oui, comme quoi ! Le chanteur Britannique annonce : "Elle est un merveilleux modèle, elle est jeune et est une super marraine pour Zachary. Nous sommes tous fous dans ce business, mais nous sommes malgré tous des êtres humains. » Ah... Et bien non, Lady ne vient pas d'une autre planète ! (à re vérifier tout de même)

Rihanna se marie !

Et oui, cette nouvelle en a surpris plus d'un ! Rihanna aurait en effet dit "Oui" au chanteur Chris Brown. Pour son enterrement de vie de jeune fille, Riri fait les choses en grand : la fête durera 2 semaines, dans un yacht dans le Sud de la France, qui naviguera entre Monaco et la Corse. Alors avant de dire Oui, tout est permis! Ca promet !

C'est reparti pour JB !

Signe que c’est bel et bien reparti, Justin Bieber a posté une nouvelle photo de lui et Selena Gomez très proches sur son compte Instagram. Seul problème, Selena

Gomez a l'air d'un vampire. Mais sinon, tout va bien. Il y a quelques jours, pour montrer son amour au monde entier, le chanteur a récidivé avec une photo en noir et blanc sans équivoque. On y voit Justin Bieber, les yeux rivés sur son ordinateur portable pendant que derrière, Selena regarde l’appareil photo avec une expression sortie tout droit de Paranormal Activity 9. En tout cas bon courage.

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Une Idylle assez spéciale

La mannequin Amber Rose, s’est fait tatouer sur tout l’avant-bras une représentation très réaliste du visage souriant de son fiancé, Wiz Khalifa.

En effet, elle a sauté le pas pour un dessin grand format, symbole de son affection sans limites pour le rappeur. Elle vient d’accoucher d’un petit Sebastian Taylor Thomaz. Il faut croire que la star a vraiment son homme dans la peau ! Espérons pour elle, qu'elle ne le regrettera pas !

Rihanna et Katy Perry, on ne s'en lasse pas

Un soir où elles avaient probablement fini toutes les saisons de Dexter, Rihanna et Katy Perry se sont livrées à ce qu'elles savent faire de mieux : le buzz. Katy Perry a attaqué la première, visiblement touchée que Rihanna l'ai oubliée pour sa soirée.

« J'étais à Los Angeles samedi dernier... Est-ce que je dois être fière ou vexée de ne pas avoir été invitée ? » Immédiatement Rihanna rétorque « Je n'y étais pas mais... Je te laisse me donner la fessée ! » Sur sa lancée, Katy Perry répond « Ne t'inquiète pas, je te la donnerai à Barclays ! » (On saura tout !). Evidemment on ne s'en lasse pas, leur petit jeu dure depuis bien longtemps !

Et voici le dernier classement de la semaine, des chansons qui font un grand carton aux Etats Unis en ce moment :

En première place ; « Can't Hold Us » de Macklemore et Ryan LewisEn seconde position nous retrouvons « Just give me a reason » de PinkEn troisième place : « Mirrors » de Justin TimberlakeEn quatrième : « I love it », Icona PopCinquième place : « Radioactive » d'Imagine DragonsEn sixième place nous retrouvons : « That Power » Justin Bieber et W.illi.amPuis en septième : « Wagon whell » de Darius RuckerEnsuite en huitième position nous retrouvons : « Come & get it » de Selena GomezEn neuvième place : « When I was your man » de monsieur Bruno MarsEt nous retrouvons en Dixième place : « My songs know what you did In the dark » des Fall out boy

J'espère que vous aurez pris goût à ces derniers potins, et bien évidemment à cette rubrique du Peuplier !

Alexia Spiquel-Belkaid

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De l'éducation de nos enfants

Pauline Ducare Casa coloncia BarbaraDi Butera 93011

Sicily ItaliaSophie Ducare

14 rue Championnet75000 Paris

France

A la casa coloncia Barbara, le Lundi 6 mai 2063

MA CHÈRE SOPHIE,

Suite à ta demande je vais fouiller dans ma mémoire fatiguée pour te raconter l'histoire de ma scolarité. J’espère que tu pourras en tirer profit et que tu ne feras pas les mêmes erreurs que ta grand-mère.

Comme tu le sais peut-être déjà, je suis née en 1996. Petite j’habitais à la campagne. Mon école se situait dans un petit village et mes frères et moi nous nous y rendions à pied. Dans cet établissement, il n'y avait que trois enseignants et une trentaine d’élèves, si je me rappelle bien. Chaque professeur était responsable de plusieurs niveaux et c'est avec ma maîtresse que j'appris à lire, à écrire et à calculer mais surtout à dessiner, à souffler dans une flûte, à courir, à jouer, à faire de l’origami, à nager, à modeler... Il n'y avait pas un programme strict qu'il fallait absolument finir à temps, les professeurs faisaient donc leur emploi du temps à leur manière. J'avais du mal avec l'orthographe, mais ma maîtresse était toujours là pour m'encourager et grâce à elle je fis quelques progrès. J'ai passé de merveilleuses années d'enfance et je suis sûre que ce fut en grande partie grâce à cette école ; ça me faisait plaisir de m'y rendre chaque matin pour y retrouver mes amis et apprendre de nouvelles choses.

Puis vint le temps du collège. Le changement fut brutal. L'atmosphère du collège était plutôt tendu et chaque élève était étiqueté, il y avait la « populaire », « l'intello », la « coincée », le « BG sportif », la « salope »... et ce n'étaient pas que les élèves qui collaient ainsi ces étiquettes.

Malgré cela je me fis quelques bonnes amies qui m'aidèrent à « tenir le coup ». Une de mes amies avait du mal au collège, elle ne travaillait pas car elle n'y trouvait aucun intérêt. Pourtant ce n'était pas une adolescente flemmarde ; elle prenait des cours de guitare, chantait à merveille et faisait aussi partie d'un club d'escalade, je crois.

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Les professeurs s'acharnaient sur elle, car ils voyaient qu'elle n'exploitait pas suffisamment ses capacités. Plusieurs d'entre eux vinrent me voir à la fin du cours pour me dire : « il faut que tu motives Kaïa, il faut qu'elle se mette au travail, elle gâche ses capacités, on sait qu'elle peut mieux faire, c'est une fille intelligente... ». Je leur répondais toujours « oui », mais en vérité je savais très bien que Kaïa voulait devenir une musicienne et que même si ce n'était « qu'un rêve », comme on le lui répétait à longueur de journée, il fallait respecter ce rêve et surtout l'aider pour qu'il se réalise. Et pour cela Kaïa n'avait pas besoin d'être « bonne » à l'école, elle avait juste besoin de savoir jouer d'instruments et de chanter, ainsi que de faire tout autre chose qui lui donnerait le sourire.

Pour ma part j'avais une moyenne de 14, j'écoutais en cours et faisais mes devoirs. Ma mère m’emmenait voir un orthophoniste et grâce à cela mes fautes d'orthographe se dissipèrent petit à petit.

A la fin de la troisième, nos chemins à Kaïa et à moi bifurquèrent légèrement. J'ai eu mon brevet avec mention bien, elle ne vint même pas aux épreuves. Puis elle commença un bac pro cuisine parce qu'elle voulait faire de la pâtisserie en attendant de monter sur scène et moi je partis en seconde générale comme un mouton, parce que mon niveau me l'imposait.

Le lycée. Bouffée d'oxygène après le collège. On avait enfin plus de libertés ; je pus enfin me teindre les cheveux en rouge et mettre un short au-dessus des genoux. Ce fut le temps des nouvelles rencontres. Je fis la connaissance de Marie-Jeanne et de plein d'autres personnes dont je n'ai plus que de vague souvenirs aujourd'hui. Je me rendis vite compte que le système restait le même, les professeurs te jugeaient encore et toujours avec des notes et des appréciations qu'ils écrivaient sur le bulletin et qui étaient copiées-collées de celles des professeurs de collège « bon trimestre, continuez ainsi », « bon travail », ou seulement « bien ». Le discours restait le même, à la seule différence que ce n'était plus le brevet qui était l'ultime but de notre vie, mais le bac. C'était aussi l'ultime menace : « révisez ceci ou cela parce que ça vous servira pour votre bac » ou bien « mais dis donc, si tu continues ainsi t'auras pas ton bac toi. Au boulot ! » . Et bien sûr, je tombais encore dans « la pire classe de la section », « la pire classe de l'école » , « la pire classe qu'il n'y a jamais eu »... J'étais maintenant au lycée et je commençais à réfléchir. Je me suis dis :

Soit la nouvelle génération est vraiment flemmarde, insupportable, odieuse, égoïste, irrespectueuse. Mais alors je trouve qu'il faut se demander pourquoi nous sommes devenus comme ça, trouver l'origine de nos maux pour pouvoir nous « soigner ».

Soit, deuxième solution, c'est la nouvelle méthode psychologique de l'éducation nationale pour pousser les élèves de plus en plus loin dans leurs résultats.

Dans les deux cas, cela ne servait à rien de nous rabaisser constamment. De plus, je ne pense pas que ce soit le rôle de nos éducateurs de nous dire sans cesse : « tu n'y arriveras pas », « résultats catastrophiques », « orientation mise en question », « tu finiras sous un pont ». Je croyais que l’éducation nationale avait pour but de donner la chance à tout le monde de devenir heureux, en tout cas c'est comme ça que j’interprétais « réussir sa vie ». Mais ce sont les notes qui décident de notre filière, de notre formation, de notre avenir, et non pas nos capacités, car tout le monde a des capacités.

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Pendant ces années de lycée, je commençais à rêver à une carrière de peintre mais je n'avais pas la force de Kaïa pour y croire vraiment. Celle-ci était trop loin de moi et je ne trouvais personne pour croire en moi. Quand j'osais affirmer ce que je voulais faire, mes parents, mes amis et mes professeurs me disaient : « tu sais ce n'est pas un métier dont on peut vivre, si ça te fait plaisir de peindre fais le comme hobby mais n'en fais pas ton gagne pain ». Du coup, découragée, je coupais court avec mon rêve et laissais tomber mes toiles. Après un bon bac ES, je m'inscrivis à la fac de droit, pour me donner la chance de « réussir ma vie ».

La fac n'était vraiment pas un endroit fait pour moi, une fille de la campagne. J'aimais faire du sport et j'avais un besoin constant d'occuper mes mains. Ici mes mains faisaient toujours la même chose : écrire, écrire, écrire... Mais au lieu d’arrêter mes études et faire autre chose, je continuais, persuadée qu'il fallait surmonter ces épreuves pour parvenir au bonheur. A la fac je me fis plein d'amis mais je me rendis vite compte que je ne pourrais jamais réellement compter sur eux. Beaucoup d'entre eux fumaient à longueur de journée et se saoulaient tous les soirs. J'étais donc seule, ma famille était loin, la campagne me manquait et je pensais souvent à Kaïa à qui je n'avais pas parlé depuis trois ans.

Un jour, alors que j'étais en troisième année, je m'en souviens comme si c'était hier, mon ange gardien, mon âme-sœur, ma Kaïa revint à moi. Elle était toute bronzée, toute souriante, toute pleine de lumière.

Elle avait passé ces deux dernières années au Pérou où elle avait rencontré un groupe de musiciens folk avec lequel elle était partie en tournée. Elle me dit qu'elle avait retrouvé mon adresse grâce à mes parents et qu'elle était venue pour m’emmener avec elle parce que « mes blagues de merde » lui avaient trop manqué. Je lui dis que je ne pouvais pas, que j'avais ma licence à passer, que je voulais devenir avocate. Elle me demanda alors si c'était vraiment ce que je voulais devenir « une femme toute grise, les poches pleine de sous et le cœur tout vide » ?

Je lui répondis qu'il fallait bien gagner sa vie. « La gagner ? Il faut surtout pas la perdre en restant assise sur une chaise à taper sur les touches d'un ordi ». Elle me fit réfléchir... C'est vrai que j'avais pas envie de m'ennuyer toute ma vie. C'est vrai que j'avais aucune envie de devenir avocate. C'est vrai que j'avais autre chose à foutre de ma vie, que je voulais faire le tour de l'Afrique à cheval, traverser l'Himalaya à pied, manger des criquets grillés, nager avec les dauphins, sauter en parachute... C'est vrai que je songeais souvent à tout cela mais que mon projet d'avenir s’interposait toujours entre mes rêves et leur réalisation. Kaïa me fit réfléchir et je me rendis compte que finalement je n'avais rien à perdre. Je partis avec elle et je ne lui serai jamais assez reconnaissante d'être venue me sauver.

J'ai découvert sa vie plein d'aventures et de couleurs comme un petit enfant tout émerveillé. Je partis sur les routes avec Kaïa et son groupe de musique, je leur faisais la cuisine et les aidais pour les choses administratives. Lors de l'une de leurs tournées en Sicile, je tombai amoureuse de cette île et décidai de rester là-bas. Je me suis remise à peindre et le plaisir que cela me procurait suffisait à me combler. Bien sûr, ce n'était pas facile tous les jours, mes toiles se vendaient à un prix dérisoire et il m'est arrivé de travailler à mi-temps dans un café comme serveuse. J'ai eu faim, j'ai eu froid et un jourj'ai même dormi sous un pont. Mais j'ai rencontré d'autres artistes avec qui une forte

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amitié naquit, de plus, Kaïa venait souvent me rendre visite. J'étais heureuse. Comme un poisson qui retourne à la source, j'ai finalement épousé un fermier

sicilien et je suis retournée vivre à la campagne. Comme tu le sais, j'ai eu des enfants, dont ton père, mais cela ne m'a pas empêchée de voyager, de faire de nouvelles rencontres, de rester en contact avec Kaïa et surtout de peindre.

Voilà mon histoire. De mon temps l’éducation consistait à remplir les têtes des élèves comme des pots de confiture. On faisait sans cesse des classements sans prendre en considération l'être que nous étions, mais seulement les notes qui nous évaluaient. Je suis heureuse que cela ait changé et que tu puisses aujourd'hui bénéficier d'une éducation plus juste. Mais il faut que tu saches que, malgré l'éducation défaillante que j'ai reçue, je n'ai jamais accusé mes professeurs car c'étaient des personnes qui voulaient seulement nous transmettre leur savoir dans un système mal fait. Et il faut aussi que tu remarques que contrairement à toutes ces personnes qui nous indiquent la voie du bonheur sans même pouvoir l'atteindre car elles sont aveuglées par la promesse d'une vie prospère, j'ai pu moi accéder à un vrai bonheur.

En pensant très fort à toi,

Ta mamie qui t'aime.

Anna Friedli

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Photo de Robert Doisneau

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Le Prince« CONSEILS ADRESSÉS à nos gouvernants, aujourd’hui malmenés par les

événements, sur les nouvelles façons d’exercer le pouvoir et le meilleur moyen de le conserver », sous-titre Percy Kemp dans son œuvre en hommage à Nicolas Machiavel. L’ancien agent du renseignement, auteur de nombreux ouvrages d’espionnage et analyste politique livre une observation qui vient se substituer aux conseils, à présent inadaptés au monde contemporain, de celui qui devait guider Laurent de Médicis dans sa gestion de Florence. Alors que le monde occidental se remet en question dans la politique qu’il doit adopter face à une crise économique persistante et que la merveilleuse santé du modèle autoritaire chinois fait pâlir les dirigeants des pôles de la Triade, Percy Kemp tisse avec une grande finesse sa propre vision du monde face auquel les gouvernants occidentaux sont désemparés au point de se lancer dans une course à la plus courageuse des politiques d’austérité ; celui qui coupe le plus dans les dépenses publiques se voit décerner la médaille de l’honneur méritant d’avoir mis son peuple à genou. Nos dirigeants courent seuls et nus dans l’aire de la mondialisation sans trouver d’indication qui puisse leur permettre de choisir une politique avec laquelle ils réussissent à gérer leur pays et à satisfaire leur population ; celle ci voit chaque jour diminuer son pouvoir d’achat et l’espoir d’acquérir un nouveau crédit pour le meilleur des biens que peut offrir l’économie libérale. Ainsi, anéanti par la succession des événements dont les imprévus quotidiens confirment son manque de génie dans l’art de la gouvernance, le prince perd de jour en jour son pouvoir, rattrapé par celui des grandes entreprises et de la volonté populaire qui le destituera aux prochaines élections. Quel est donc le moyen qui puisse conforter, voire éterniser, le pouvoir du prince dans notre monde où les événements surgissent sans prévenir ?

Percy Kemp remarque que c’est aujourd’hui l’événement qui oriente les décisions du prince. Il agit en considération de l’événement, qu’il l’ait voulu ou non, et ce sont ses actes qui sont jugés par le peuple. Or, si le prince réagit à un événement comme la majorité triomphante de la démocratie ne l’a pas souhaité, il sera écarté du pouvoir par la terrible arme du suffrage universel. Lorsque Nicolas Sarkozy se présenta comme le président du pouvoir d’achat, la majorité française jugea bon de lui faire quitter l’Elysée parce qu'il n'a pas pu fournir aux Français les revenus qui auraient pu leur permettre de consommer. La crise financière de 2008, événement imprévisible, a mis un terme à la possibilité de retrouver la stabilité d’un fort pouvoir d’achat et bien que l’événement ne soit pas pas du ressort de l’ancien président français, la population a choisi de lui en imputer la responsabilité. Il ne s'agit pas de plaindre Nicolas Sarkozy pour sa défaite ; cet exemple prouve simplement que l’événement régit aujourd’hui la gouvernance mondiale et que le prince qui saura maîtriser l’événement pourra prétendre à une gouvernance éternelle de son entreprise, sa région, son État, son continent…

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Pour ce faire, Percy Kemp met à l’honneur le renseignement comme moyen pour faire face aux soubresauts incontrôlables du flot événementiel. Le renseignement offre la possibilité de juger de l’arrivée prochaine d’un événement et ainsi de neutraliser son effet de surprise et de le transformer en non-événement, autrement dit en banalité quotidienne. La mystification d’un événement qui est établie avant la réalisation de celui-ci conforte également le pouvoir du prince. Quand la guerre en Irak fut justifiée par la possession d’armes de destruction massive par Saddam Hussein, une partie influente de l’opinion publique approuva l’intervention américaine sur le territoire irakien, mais comme le remarque très justement Percy Kemp, la mystification perd aujourd’hui sa grande valeur avec le développement considérable des moyens de communication et d’investigation qui permettent très rapidement de démolir une mystification princière et de prouver qu’il y avait de tout en Irak excepté des armes de destruction massive. La diversion de l’événement est une autre arme que le prince peut utiliser afin de parer à un imprévu. En juillet 2011, deux TGV se percutèrent dans la province Zeijiang en Chine faisant une cinquantaine de morts et plus de deux cents blessés. En moins de vingt-quatre heures, le prince chinois avait identifié les responsables de la catastrophe — trois hauts fonctionnaires des chemins de fer — et les avait limogés, avant même toute enquête sur les causes du sinistre. Le peuple satisfait d’avoir ses coupables n’a pas soupçonné la supercherie orchestrée par l’autorité princière et s’est laissé prendre à cette diversion. Mais, les techniques que le prince peut utiliser contre les événements seront toujours incertaines car les événements le sont eux-mêmes. Il faut donc croire que le prince contemporain est voué à tenter de plus ou moins agilement valser avec les événements en espérant qu’aucun d’entre eux ne causera sa perte.

Si l’événement gouverne et qu’il est l’ennemi redoutable du prince contemporain, Percy Kemp conclut par un conseil moins machiavélique que les précédents. Il exhorte tout d’abord le prince à la connaissance de soi afin de bien gouverner car, selon un adage courant, la bonne gouvernance d’autrui passe d’abord par la gouvernance de soi. C’est ensuite, dans la connaissance de ceux qu’il gouverne, que le prince pourra trouver les sources d’une bonne politique. Si Percy Kemp donne une vision extrêmement lucide du monde contemporain avec l’analyse qu’il fait de

l’événement et de son pouvoir grandissant, il rappelle un principe universel qui semble bien ignoré aujourd’hui : on ne gouverne bien qu’en ayant la connaissance de soi et de ceux qui sont gouvernés. Nos dirigeants se connaissent eux-mêmes peut-être assez, mais il est clair qu’ils sont loin de connaître ceux qu’ils gouvernent et que la tour d’argent depuis laquelle ils aperçoivent le peuple se mouvoir est bien trop perchée pour qu’ils puissent entendre les protestations que les gens modestes s’efforcent de leur adresser.

Pablo Barnier-Khawam

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Critique musicale : Arts Martiens (IAM)

et autres divergences culturelles.« Fiers, passionnés, prêts à tout sauf plier les genoux » - extrait de Spartiate Spirit.

IAM, groupe majeur de la scène rap/hip-hop, et en particulier de Marseille, a sorti un nouvel album, après 6 ans de silence radio. Celui-ci s'appelant Arts Martiens, les aficionados reconnaîtront d'office la référence à Mars, c'est à dire le surnom de la cité phocéenne. Le groupe de Marseille considèrent que cette ville est une bulle à part dans la sphère qu'est la terre. Il est vrai que par son ambiance, son architecture voire par sa configuration spatiale, elle est une ville unique en son genre. Cet album représente alors le rap plus comme un art martial plutôt qu'un art tout court. Encore une fois, il est vrai que c'est un enchaînement de mots rimant sur un beat, il faut énormément de dextérité de sa bouche et du contrôle de soi pour pratiquer le rap. Un peu comme les arts martiaux. De la souplesse pour la Capoeira ou le Yoga et beaucoup de puissance pour la boxe ou le karaté.

Ce contexte étant posé, je peux affirmer que cet album est un des meilleurs du groupe phocéen par sa maturité autant dans les lyrics que dans la musicalité. Passons maintenant à la critique en elle-même. Pour continuer dans la lignée de ce que je disais au dessus, cet album fait énormément référence à leurs souvenirs d'enfance, comme dans beaucoup de leurs autres albums. C'est à dire qu'ils font des références culturelles comme Marvel Comics. D'ailleurs, une track (Marvel) correspond à un monde imaginé à partir d'un gène modifié, entraînant la disparition de l'humain. Les humains seraient remplacés par des Super-héros, c'est à dire que tout le monde aurait des pouvoirs mais qu'il existerait des super-héros de la rime pour changer le monde. De quoi donc défendre une certaine humanité que l'on a pu perdre au fur et à mesure du dit « progrès »... comme l'explique Shurik'n (MC de groupe), ils veulent « laisser les

leurs dans un monde pas trop pourri ». D'une autre part, le caractère

moralisateur des papys du rap qui prônaient jusqu’ici une rébellion par l’art a pris du plomb dans l’aile. Même si le disque est bien nourri de sons venus du Japon et qui renvoient à l’idéal chevaleresque, comme avec "L'empire du côté obscur", sorti en 97, les occasions d’espérer sont rares et toutes les espérances se sont envolées. La référence de Sparte (« Spartiate Spirit ») qui ouvre de magistrale manière le disque caractérise bien l'idée que tout est plié d’avance.

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Tout ça donne beaucoup de déprime, c'est la « fin de leur monde », comme le dit Akhenaton. D'un côté combatif et de l'autre pessimiste et perdant d'avance. Il est également beaucoup question du groupe en lui-même. La genèse, que reste-t-il du groupe, que laisseront ils, et surtout que vont-ils devenir ? Notamment dans « Benkei & Minamoto ». Autant de questions légitimes pour un groupe ayant survécu plus de vingt ans dans le business qu'est devenu le rap, et surtout le hip-hop.

Le contexte est ainsi très noir. Entre un gangsta rap qui les a largement dépassés commercialement parlant, et qui est peu fourni de qualité, et de l'autre un pays en mal de vivre demandant chaque jour de l'aide alors qu'il n'y a rien à faire.

Finalement, c'est un album très intéressant de par sa forme et son fond. Les beats sont fluides, épurés et travaillés grâce à l'aide de DJ Khéops qui, nostalgique du bon vieux temps, a repris le scratch si cher au old-school. Les flows sont posés, calmes mais envoûtants et inspirent de l'admiration. Une maturité musicale arrivée bien haute, le groupe a grandi et n'est pas tombé dans le jeu commercial, il reste une valeur sûre dans le milieu hip-hop.

Tom Roussel

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Courrier des lecteursRubrique gérée par La Rédaction

ACTUELLEMENT, l’Espagne connait une crise économique de grande

ampleur avec 25% de chômage, et beaucoup de pauvreté. Mais Marinaleda, un petit village de trois mille habitants au cœur de l'Andalousie échappe à cette crise grâce à son fonctionnement unique au monde.

Au départ, le village n'était pas autonome en eau, des camions remplis d'eau venaient ravitailler les habitants en temps de sécheresse, alors que des propriétés agricoles privées alentour avaient suffisamment d'eau. Les habitants se sont insurgés et ont mené des actions pour obtenir l'eau nécessaire. Se fut leur première victoire. Le second problème était dû aux propriétés agricoles que les habitants ne pouvaient pas exploiter. Ils occupèrent des fermes pendant plusieurs années, les propriétaires leur laissèrent les terres et les marinalediens obtinrent leur seconde victoire. En 1978, Juan Manuel Sánchez Gordillo fut élu avec son parti anticapitaliste, c'est alors le plus jeune maire d’Espagne (18 ans). Cette année les noms des rues et places changent : La rue principale devient la rue Che Guevara, la « plaza de España » devient « la plaza del pueblo », etc...

Juan Manuel est toujours maire de Marinaleda (il a été réélu 8 fois depuis 33 ans), et le village connait les impôts les plus bas d'Andalousie. Avec les terres, une coopérative agricole s'est mise en place et produit des poivrons, artichauts et haricots. Tout le monde dans le village gagne le même salaire de 47€ par jour pour 6 heures de travail. Tous les bénéfices sont réinvestis dans la collectivité. Les logement sont loués pour 15€ par mois. Les activités sportives, comme la piscine, sont gratuites. Il n'y a pas de police. Des assemblées sont organisées 5 à 6 fois par mois ou tous les habitants viennent prendre les décisions de la commune par vote à l’unanimité (et non a la majorité).

On peut se demander comment quelqu'un peut accepter le même salaire qu'un autre pour un travail plus dur ou avec plus de responsabilités ? Les habitants expliquent qu'ils ont bien compris qu'ils avaient avant tout besoin de manger, et ont accepté de prendre certaines responsabilités pour venir en aide a la collectivité.

Marinaleda

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Pour en arriver là, le conseil municipal a fourni un travail considérable, et le maire a subi plusieurs attentats de l'extrême droite. Pour prouver leur engagement, les membres du conseil ont signé un acte devant notaire stipulant qu'ils seront les premiers à prendre les problèmes mais les derniers à prendre les bénéfices.

A l'entrée du village, de nombreuses fresques murales évoquent la non-violence, la paix et la tolérance ainsi que des messages et des citations. Les marinalediens sont fièrs de leur village, et veulent que ce modèle s'étende dans le reste du monde, ils appellent les jeunes à prendre la relève. Marinaleda « Une utopie vers la paix » comme l'indique son blason, prouve qu'un autre système est possible, et qu'à force de mettre en avant nos revendications, nous pouvons arriver à nos fins.

Nino

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Bande Dessinée

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Frédéric Mulleman

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Citations Peuplières

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DinosauresParmi la variété des dinosaures qui peuplaient la Terre il y a soixante-cinq

millions d’années, il existait des dinosaures de toutes les tailles et de toutes les formes. Or une espèce particulière avait notre taille, marchait sur deux pattes et possédait un cerveau occupant pratiquement autant de place que le nôtre: les sténonychosaures.

Alors que notre ancêtre ne ressemblait qu’à une musaraigne, les sténonychosaures étaient vraiment des animaux très évolués. Ces bipèdes aux allures de kangourou à peau de lézard avaient des yeux en forme de soucoupe capables de voir devant et derrière (avouons que ce gadget nous manque). Grâce à une sensibilité oculaire extraordinaire, ils pouvaient chasser même à la tombée de la nuit.

Ils possédaient des griffes rétractables comme les chats, de longs doigts et de longs orteils aux capacités de préhension étonnantes. Ils pouvaient par exemple prendre un caillou et le jeter. Les professeurs canadiens Dale Russel et R. Seguin (Ottawa), qui ont bien étudié les sténonychosaures, pensent qu’ils disposaient d’une capacité d’analyse de l’environnement exceptionnelle, surpassant celle de toutes les autres espèces de l’époque et leur permettant d’être une espèce dominante malgré leur taille réduite.

Un squelette de sténonychosaure, trouvé dans l’Alberta (Canada) en 1967, confirme que ces reptiles avaient des zones d’activité cérébrale très différentes des autres dinosaures.

Comme nous, ils avaient le cervelet et le bulbe rachidien anormalement développés. Ils pouvaient comprendre, réfléchir, mettre au point une stratégie de chasse, même en groupe.

Bien sûr, d’allure générale, le sténonychosaure ressemblait davantage à un kangourou qu’à un concierge du 19e arrondissement de Paris mais, selon Russel et Seguin, si les dinosaures n’avaient pas disparu, ce serait probablement cet animal qui aurait développé la vie sociale et la technologie.

A un petit accident écologique près, ce reptile aurait très bien pu conduire des voitures, bâtir des gratte-ciel et inventer la télévision. Et nous, malheureux primates retardataires, n’aurions plus eu de place que dans les zoos, les laboratoires et les cirques.Bernard Werber, L'Encyclopédie du savoir relatif et absolu.

« La musique est comme un feu qui nous dévore les tripes et qui sort par la bouche, alors on a intérêt à mette un instrument devant. » Lisa Simpson

« Un créateur ne saurait avoir d'autre biographie que son œuvre. » B.Traven

« Quand le peuple aura tout mis en commun au sujet de l’Etat, on aura vraiment réalisé l’objectif du “bien-être du peuple” ; on aura réalisé ce monde de datong (« grande unité ») souhaité par Confucius. »Sun Yat-sen

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« Arrête-toi, mon ami, et causons un peu. Non d'une vérité que je détiendrais, non de l'essence cachée du monde ; mais de ce que tu allais faire quand je t'ai rencontré. Tu croyais cela juste, ou beau, ou bon, puisque tu allais le faire ; explique-moi donc ce que c'est que justice, beauté, bonté... »Socrate

« A part la droite, il n'y a rien au monde que je méprise autant que la gauche. »« Si c'est les meilleurs qui partent les premiers, que penser alors des éjaculateurs précoces ? »« L'ennemi se déguise parfois en géranium, mais on ne peut s'y tromper, car tandis que le géranium est à nos fenêtres, l'ennemi est à nos portes. »« On reconnaît le rouquin aux cheveux du père et le requin aux dents de la mère. »« Toute la vie est une affaire de choix. Cela commence par : "la tétine ou le téton ?" Et cela s'achève par : "Le chêne ou le sapin ?" »« Et puis quoi, qu'importe la culture ? Quand il a écrit Hamlet, Molière avait-il lu Rostand ? Non. »« Plus je connais les hommes, plus j'aime mon chien. Plus je connais les femmes, moins j'aime ma chienne. »« L'homme de science le sait bien, lui, que seule la science, a pu, au fil des siècles, lui apporter l'horloge pointeuse et le parcmètre automatique sans lesquels il n'est pas de bonheur terrestre possible. »« L'intelligence, c'est le seul outil qui permet à l'homme de mesurer l'étendue de son malheur. »Pierre Desproges

« Une fille qui fait 95 de tour de poitrine et 32 de tour de tête ne peut pas vraiment être mauvaise. Elle peut seulement être légèrement sotte. » « [En pleurs devant un tas de lingots d’or] J’sais que j’devrais pas... Mais j’peux pas m’en empêcher. C’est beau comme une crèche ! »Michel Audiard, Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages.

« Pour bannir l’orgueil, l’envie, la malfaisance, la débauche et des maux plus invétérés encore et plus grands pour la cité, la pauvreté et la richesse, Lycurgue décida ses concitoyens à mettre toutes les terres en commun et à en opérer la redistribution. Ils vivaient ainsi désormais les uns avec les autres, sans exception, sur un pied d’égalité, chacun ayant le même lot de terre, et par conséquent les mêmes moyens d’existence. Ils ne chercheraient la supériorité que dans la vertu, puisqu’il n’y aurait pas d’autres différences ni d’autres inégalités que celles que déterminent le blâme du vice et l’éloge du bien. »Plutarque, Vie de Lycurgue. Lycurgue, personnage dont la réalité historique est discutée, est le nom générique donné par les historiens au législateur de Sparte à la fin du IXe siècle avant Jésus-Christ.

Jacques-Louis David, La mort de Socrate

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This is the End

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