Mythes Fondateurs Et Lieux de Memoire de L'Armenie Pre-chretienne

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BRILL is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Iran & the Caucasus. http://www.jstor.org Mythes fondateurs et lieux de memoire de L'Armenie pre-chretienne (I) Author(s): Giusto Traina Source: Iran & the Caucasus, Vol. 8, No. 2 (2004), pp. 169-181 Published by: BRILL Stable URL: http://www.jstor.org/stable/4030990 Accessed: 14-08-2015 08:17 UTC Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at http://www.jstor.org/page/ info/about/policies/terms.jsp JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. This content downloaded from 83.137.211.198 on Fri, 14 Aug 2015 08:17:43 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions

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Mythes fondateurs et lieux de memoire de L'Armenie pre-chretienne (I) Author(s): Giusto Traina Source: Iran & the Caucasus, Vol. 8, No. 2 (2004), pp. 169-181Published by: BRILLStable URL: http://www.jstor.org/stable/4030990Accessed: 14-08-2015 08:17 UTC

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MYTHES FONDATEURS ET LIEUX DE MEMOIRE DE L'ARMENIE PRE-CHRETIENNE (I)

GIUSTO TRAINA

Universite de Lecce

1. Introduction

Une crise de croissance

Les recents evenements politiques en Armenie ont entraine une re- consideration radicale de l'histoire armenienne, liberee des contraintes ideologiques.' Parmi les aspects les plus interessants de ces change- ments, on peut remarquer un fort interet pour la philosophie de l'histoire, et notamment en ce qui concerne les rapports entre histoire et identite'2 Le dialogue avec les voix les plus interessantes de la dias- pora est en train de produire ses fruits. Lors du recent congres inter- national d'Etudes armeniennes (Erevan, septembre 2003), plusieurs themes historiques ont ete developpes dans cette perspective.

Cela semblerait dementir le pessimisme de Nina G. Garsoian qui, dans son recent bilan de l'historiographie de l'Armenie medievale, souligne une veritable decadence dans les etudes d'histoire ancienne et medievale.3 Selon cette specialiste, l'historiographie armenienne se- rait doublement menacee. En Occident, les pressions d'une " impor- tante diaspora" auraient encourage la recherche sur les evenements contemporains, au detriment des autres periodes historiques.4 En Ar- menie post-sovietique, la situation serait encore plus alarmante:

1 J. R. Libaridian, Armenia at the Crossroads. Democracy and Nationhood in the Post-Soviet Era (Wa-

tertown, 1991). 2 Voir, par exemple, Ink'nutjyun (Erevan, 1995); A. Stepanyan dir., Ink'nutjvan hader 1 (Ere-

van, 2002). 3 N. G. Garsoian, " Evolution et crise dans l'historiographie recente de l'Armenie medi&

vale ", Revue du monde armenien moderne et contemporain 6 (2001): 7-27. 4 Garsoian (n. 3): 26: " une obsession sur les evenements de 1915-1922, leurs causes et leurs

effets, entraine simultanement un manque d'inter& regrettable qui aboutit presque a la negation de quelque deux millenaires qui les ont precedes et, par consequent, a une concentration exclu- sive sur l'histoire moderne et contemporaine de l'Armenie au detriment des autres periodes his- toriques. A c6te de cette fixation se manifeste parfois un manque de differenciation entre diverses

? Brill, Leiden, 2004 Iran and the Caucasus, 8.2

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" Mais le triste resultat de cette explosion de patriotisme a ete l'affir- mation par des savants formes selon les methodes sovietiques de l'existence, a travers les siecles, d'une unique Armenie unifiee et cen- tralisee, sa culture distinctive elaboree sans necessite de recours a des influences etrangeres. [...] La persistance des methodes sovietiques, selon lesquelles une seule interpretation souvent politisee etait admissi- ble, a deplorablement fait baisser le niveau des travaux historiques emanant d'Armenie et a produit une vague d'attaques contre les spe- cialistes etrangers qui, non seulement, excluent toute possibilite de collaboration mais se manifestent dans des termes inadmissibles pour des publications scientifiques. "5

On conviendra avec Nina Garsoian que les etudes historiques ar- meniennes n'arrivent pas vraiment 'a sortir de leur dimension natio- nale, ni 'a se liberer des vieux cliches, d'autant que le passage 'a l'independance a bouleverse le systeme des etudes, en permettant, il est vrai, 'a quelques historiens improvises de beneficier d'une certaine audience. Tout cela n'a fait bien evidemment qu'encourager un na- tionalisme de mauvais aloi.6 Cependant, pour en sortir, on ne peut se limiter a envisager " de nouvelles possibilites de recherches armenolo- giques 'a travers l'ouverture des dialogues et de collaboration mutuel- lement profitables entre les specialistes occidentaux et les savants ar- meniens plus proches des documents encore inedits et des decouvertes archeologiques ".7

En realite, la remarquable e'rudition elaboree par les armenisants occidentaux dont Nina Garsoian constitue l'un des chefs de file, ne suffit pas a donner une nouvelle dimension historiographique. Le re- m'de 'a la crise des etudes historiques ne peut se limiter a renforcer la tradition savante,tradition qui d'ailleurs, en Armenie, n'a jamais vrai- ment cesse d'exister car le fonds methodologique des etudes histori- ques consiste en une erudition solide, bien que vieillotte et generale- ment plutot positiviste. N'oublions pas que la periode sovietique avait encourage des disciplines plus techniques comme l'archeologie, l'epigraphie et la philologie qui entrainaient moins de risques pour les

disciplines ayant des criteres differents, au risque de susciter le retour d'un vague 'Orientalisme' qui n'est plus de mise dans d'autres domaines ".

5 Garsoian (n. 3): 27. Voir aussi L. Avdoyan, "Afro-Centrism, Armeno-Centrism and the Uses of History ", J.-P. Mahe, R. W. Thomson eds., From Byzantium to Iran: in Hounour of Nina Gar- soian (Atlanta, 1996): 81-96.

6 Garsoian (n. 3): 17: "Plus importante que tout autre aspect pour l'evolution de l'histori- ographie armenienne au XX' siecle a et la capacite des specialistes d'echapper enfm a l'etau des etudes traditionnelles fixees uniquement sur leur pays au detriment de toute consideration de ses voisins ".

7 Garsoian (n. 3): 26.

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chercheurs sur le plan ideologique. C'est surtout cette tradition aca- demique, plutot que le " sursaut de nationalisme a outrance ", qui peut comprendre une ouverture aux tendances de l'histoire issues de la modernite.8

En outre, il faut eviter de mettre sur le meme plan la litterature sa- vante et les publications d'amateur, aussi populaires soient-elles, comme on l'a fait dans une synthese assez rapide sur l'arche'ologie dans le Caucase post-sovietique.9 Meme si certains propos nationalis- tes ont ete accueillis avec sympathie meme dans certains milieux sa- vants.'0 II convient de reconsiderer l'importance de ce genre de publi- cations (assez tolere, meme 'a l'epoque sovietique), qui connut un ve- ritable essor a partir de la perestroika, quand plusieurs auteurs s'improvi- serent comme specialistes des origines du peuple armenien ou de Moise de Khorene. Ces livres ou articles sont destines assez tot a l'oubli. Qui se souvient aujourd'hui de l'engouement pour l'identifica- tion des Hyksos avec les proto-Armeniens?" L'important est de savoir distinguer le bon grain de l'ivraie. Certes, des travaux d'eminents spe- cialistes d'histoire ancienne et medievale, ou d'archeologie et d'histoire de l'art, ont ete utilises pour avaliser des positions politiques bien plus recentes, liees 'a des problemes politiques brulants dans la geopolitique du Caucase.'2 Pour autant leur usage n'enleve rien 'a leurs qualites in- trinseques.

8 Dans d'autres domaines scientifiques, les nouvelles approches semblent s'afflrmer avec moins de problemes: voir notamment les etudes anthropologiques de L. Abrahamian, N. Sweezy dirs., Armenian Folk Arts, Culture and Identity (Bloomington et Indianapolis, 2001).

9 Ph. L. Kohl, G. R. Tsekhladze, "Nationalism, Politics and the Practice of Archaeology in the Caucasus", in Ph. L. Kohl, C. Fawcett eds., Nationalism, Politics and the Practice of Archaeologv (Cambridge, 1995): 149-153.

10 L'allusion de Nina Garsoian a la "vague d'attaques contre les specialistes etrangers " con- cerne surtout le pamphlet d'A. Ayvazyan, Hayastani patmutyan lusabanuma amerikyan patmagrutyan mef(Erevan, 1998), qu'on ne peut pas considerer comme "travail historique ". Voir maintenant les considerations equilibrees de V. Mat'eosean, 'Hayagitut'iwna Miac'eal Nahangneru m-', Baz- mavep 158 (2000): 247-294.

" Selon les theories du geologue et mineralogiste S. Ayvazyan, Hnagoyn Hayastani ms'akoyt' i patmut_yunic' (Erevan, 1986), promptement dementies par les specialistes.

12 S. Astourian, "In Search of Their Forefathers: National Identity and the Historiography and Politics of Armenian and Azerbaijani Ethnogenesis ", D. V. Schwartz, R. Panossian eds., Na- tionalism and History: 7The Politics of Nation Building in Post-Soviet Armenia, Azerbaijan and Georgia (To- ronto, 1994): 41-94; B. L. Zekiyan, " Lo studio delle interazioni politiche e culturali tra le popo- lazioni della Subcaucasia: alcuni problemi di metodologia e di fondo in prospettiva sincronica e diacronica", R Caucaso: cerniera tra culture dal Mediterraneo alla Persia (secoli IV-XI) (Spoleto, 1996): 427-481; L. Avdoyan, "The Past as Future : Armenian History and Present Politics", Armenian Forum (Printemps 1998), 1-17; G. Traina, "Due note sull'identita politica nel Caucaso antico C. Bearzot, F. Landucci, G. Zecchini eds. Gli stati teriitoriali nel mondo antico (Milan, 2003): 317-26.

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A mon avis, s'il faut parler de crise, ce n'est pas dans le sens d'une decadence par rapport aux fastes de l' erudition des XIXe et XXe sie- cles. I1 s'agit plutot d'une crise de croissance. Devant les changements historiques on se pose de nouvelles questions, sans pourtant avoir de- veloppe les instruments pour les resoudre. D'ailleurs, ce probleme ne concerne pas uniquement les etudes historiques en Armenie ou dans certains milieux de la diaspora qui preferent l'argument psychologique 'a la dimension historique."3 Cela regarde les etudes armeniennes dans leur ensemble, et concerne toutes les periodes historiques. En fait, l'etude de la modernite ne se fait pas au detriment des autres epoques. Au contraire, c'est une meilleure connaissance de la modernite qui permet d'explorer les origines des paradigmes de l'histoire arme- nienne, et en l'occurrence de les corriger en eliminant certains cliches.

Communaute et memoire

Le grand historien marxiste EricJ. Hobsbawm, fin interprete des na- tionalismes modernes, s'est attache 'a demasquer leurs mythes de fon- dation. I1 a ainsi montre que des traditions pretendument anciennes ont ete fabriquees sinon inventees 'a des epoques bien plus modernes.'4 Dans son essai de 1990, Hobsbawm evoque le passe armenien a pro- pos de 1"' appel potentiel " que la tradition nationale peut exercer sur un peuple, et qui constitue l'un des points de force des nationalistes:

" Cela a amene plusieurs mouvements nationaux a remonter vers des temps tres lointains, au-dela de ce qu'on pouvait considerer comme la memoire effective de leurs peuples. On allait dans un passe recuk, a la recherche d'un Etat national qui pouvait ere utile a la besogne, c'est- a-dire qu'on puisse utiliser d'une maniere fort etmotive. Ce fut le cas des Armeniens: pour trouver l'exemple d'un royaume assez important id fallut allerjusqu'au Ie siecle av.J.-C. ,.15

13 Pour un exemple de ces approches en quelque sorte metaphysiques, voir G. Minassian, Guerre et terrorisme armeniens 1972-1998 (Paris, 2002): 264: "Avec F'entree des Armeniens dans la modernite au XIXV siecle, leur regard sur le reel change; et comme celui-ci a perdu sa charge d'etrangete, l'homme peut, sinon changer le reel, du moins le maitriser. D'oiu le sentiment large- ment repandu parmi les Armeniens que le passage du divin au scientifique sonne comme celui de la strategie de la soumission au reel, hostile mais connu, a la strategie de la confrontation avec le reel, rival mais inconnu. Par necessite, l'Armenien ne peut pas vivre dans son passe, mais ne rompt pas avec sa memoire ".

14 E.J. Hobsbawm, T. Ranger dir., The Invention of Tradition (Cambridge, 1983). 15 E.J. Hobsbawm, Nations and Nationalism since 1780 (Cambridge, 1990) = ed. italienne, Tu-

rin 1991: 85.

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La demarche historiographique d'Hobsbawm, bien que fort utile dans 1'essentiel, revele pourtant plusieurs defauts. Certes, il admet d'emblee qu'on ne peut pas nier l'existence d'un fonds anterieur " d'identite proto-nationale ", sur laquelle on aurait pu construire le nationalisme posterieur.'6 I1 s'agit pourtant d'une vision reductive et superficielle, influencee par l'approche modernisante de Ronald Suny.'7

Ce qui nous interesse ici, c'est l'allusion au " royaume important" du jer siecle av. J.-C., mentionne hativement et sans aucune ref6rence bibliographique. Sans aucun doute, l'historien britannique songeait a 1'exaltation moderne du royaume de Tigrane le Grand (95-55 av.J.-C. environ), qui, fort de son alliance avec Mithridate VI du Pont, annexa a son royaume plusieurs re%gions dont la Syrie et la Palestine. La carte de son empire ephemere se retrouve dans tous les manuels scolaires, en Armenie comme en diaspora, et conditionne la memoire historique de I'Armenie pre-chretienne, en evoquant un passe' de gloire et de grandeur perdues.'8 On comprend que cette image, telle qu'elle a ete elaborete par les historiens armeniens (pas necessairement nationalis- tes), puisse frapper negativement l'imagination d'un historien voue a la critique des nationalismes.'9 On conviendra aussi que Tigrane le Grand (comme d'ailleurs David de Sassoun) a joue un role important dans l'imaginaire des fedayi.20 Mais n'oublions pas que cette carte re- pond a une logique particuliere du discours historiographique voire de la memoire collective armenienne.2' Toutefois il ne faut pas mettre sur le meme plan la carte du grand empire de Tigrane avec les cartes de certains groupes de juifs radicaux qui, en s'appuyant sur une lecture

16 Ibid.: 86. 17 La seule reference evoquee par Hobsbawm est le recueil de R. G. Suny dir., Transcaucasia:

Nationalism and Social Change (Ann Arbor, 1983). 18 Voir C. Mutafian, E. Van Lauwe, Atlas histor7ique de l'Arnnnie (Paris, 2001): 28-29. 19 Voir R. H. Hewsen, The Geography of Ananias of Sirak (Asxarhac'oyc') (Wiesbaden, 1992): 294,

et les precisations de Zekiyan (n. 12): 443. 20 Voir R. 0. Krikorian, " From swords to Plowshares... Back to Swords: the Reconstruction

of Armenian Martial Identity", Annual of the Socie_ofor the study of Caucasia 6-7 (1994-1996): 23-37 (28): " By invoking his name, the Armenian volunteer fighters were attempting to associate them- selves with a glorious page in ancient Armenian history, prior to the migrations of the Turkic peoples, when various Armenian kingdoms were militarily and politically strong. This redisco- very of history also had a political motive as well. For by associating themselves with this Arme- nian military figure, the Armenians also emphasized the continuity of the Armenian homeland, which at the time of Tigran the Great also included the area which is now known als Nagorno- Karabakh ".

21 Le meme parallele se retrouve dans les cartes de l'empire romain, elaborees dans l'Italie fasciste: voir L. Polverini, " L'impero romano - antico e moderno ", B. Naf dir., Antike und Alter- tumswissenschaft in der Zeit von Faschismus und Nationalsozialismus (Mandelbachtal et Cambridge, 2001): 145-163.

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outranciere de la Bible, font coincider Eretz Isral avec le Proche-Ori- ent entier.

La memoire de la " tres grande Armenie " de Tigrane est d'autant plus frappante que les sources greco-latines nous donnent une image bien plus terne de ce roi.22 L'exaltation de son royaume est une verita- ble reaction contre cette image. Dans sa these sur les relations entre Rome et l'Armenie, soutenue a l'Universite de Fribourg au debut du XXe siecle, Pascal Asdourian ecrivait:

" II ne faut pas se faire influencer par les critiques d'un Plutarque, qui derivaient de la plume d'un homme de part. On ne peut pas conside- rer comme insignifiant un prince a qui appartenaient, en tant que provinces armeniennes, la Phenicie, la Syrie, la Mesopotamie, la Me- die, les regions du Caucase, la Cappadoce, la Cilicie (Plaine). Ces conquetes sont un fait, pas une invention; elles relevent de la force de volonte du prince ainsi que de la force de son armee, et montrent aussi ses hautes qualites, aussi politiques que militaires ". 23

Ces considerations font partie d'un long processus d'elaboration, voire d'emancipation de l'histoire de l'Armenie pre-chretienne qui connut son essor au XiXe siecle. I1 est necessaire de recuperer tous les elements de l'imaginaire historiographique du peuple armenien et de ses mythes fondateurs. Evidemment une telle approche sera critique ou ne sera pas. C'est notamment en decelant les elements mythologi- ques de l'histoire armenienne que l'on pourra mieux interpreter l'delaboration de sa memoire culturelle et si possible definir les elements de sa memoire historique.24 L'empreinte culturelle du peuple armenien, sa me'moire collective, a influence le developpement de la pensee historique armenienne et contribue 'a sa continuite spirituelle. Dans l'essentiel, c'est ce que Ronald Suny avait defini comme la tendance " essentia- liste" des Armeniens face 'a leur histoire, conside'ree comme un en- semble continu et homogene.25 Mais on conviendra avec Aldo Ferrari

22 Contre la partialite des sources classiques voir aussi la preface de H. Manandian, Tigrane I et Rome (1946 = ed. fr. Lisbonne, 1963): 1-7; pour une histoire du debat historiographique voir k. Manaseryan, Tgran Mec9 Hayastani Payk'ara Htomi ev Part'evstani dem (Erevan, 1987).

23 P. Asdourian, Die politischen Beziehungen zwischen Annenien und Rom von 190 v. Chr. Bis 428 n. Chr. (Venise, 1911): 51.

24 VoirJ. Assmann, D. Harth (dirs.), Mnemosyne. Formen und Funktionen der kulturellen Erinnerung (Francfort, 1988). DeJan Assmann voir aussi Das kulturelle Gedachtnis. Schnft, Erinnerung undpolitische Identitat infriihen Hochkulturen (Munich, 1992); Assmann s'inspire notamment des travaux de Mau- rice Halbwachs sur la memoire collective: ce dernier tend pourtant a separer la Memoire collec- tive de la memoire historique. En general, voir P. Riccour, La memoire, l'histoire, l'oubli (Paris, 2000)

512-517. 25 R. G. Suny, Looking toward Ararat: Armnenia in Modern Histoy (Bloomington and Indianapolis,

1993).

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que, si toutes les considerations de Suny sur les nationalismes au Cau- case ne sont pas depourvues d'interet, elles necessitent pour le moins d'une revision historique bien plus solide.26

Paradoxalement, il sera aussi utile de recuperer la cate gorie de "communaute imaginee" introduite par Benedict Anderson, et meme l'idee d' " invention de la tradition " chere 'a Hobsbawm.27 Ceci pourra paraltre etonnant car on a critique, et a juste titre, le fonds ideologique de ces etudes, qui visent 'a nier l'historicite de toutes les traditions na- tionales, comme si on pouvait considerer tous les nationalismes sur le meme plan.28 Cependant ces categories se revelent fort utiles pour comprendre le developpement et la diffusion des fondateurs. Pour re- prendre les paroles de Ferrari, "dans le cas armenien plus que dans d'autres, une approche 'modernisante' de la nation semble se heurter avec une tradition et une auto-perception continues. I1 convient evi- demment de les etudier de facon critique, ou en revelant les limites et eventuellement les falsifications, mais sans prejuges denoncant dans leur exasperation une attitude ideologique non moins trompeuse de celle nationaliste 5. 29

Bien entendu, pour une telle etude il convient de distinguer les ele- ments anciens des catetgories modernes. Meme si, pour l'Armenie on ne peut parler d' " invention de la tradition", il ne faut pas pour au- tant negliger le role de la modernite dans la nouvelle interpretation des traditions, 'a partir de la recuperation laique, au debut du xixe siecle, des categories de patrie et de nation.30 C'est dans le cadre de cette re- cuperation systematique que se sont formes les paradigmes de l'his- toire armenienne, meme s'ils sont fondes sur des concepts plus an- ciens, sans perdre de vue que tous les concepts ont une histoire, et qu'aucune tradition n'est immuable.3"

On rencontre ces paradigmes dans les traites d'histoire aussi bien que dans les manuels scolaires, comme on voit dans l'enquete de Marc Ferro, Comment on raconte l'histoire aux enfants, dont le chapitre consacre 'a

26 A. Ferrari, Allafrontiera dell'impero. Gli armeni in Russia (1801-1917) (Milan, 2000): (15). 27 B. Anderson, Imagined communities: Reflections on the Orngins and Spread of Nationalism, 2e edi-

tion (Londres, 1991); Hobsbawm et Ranger (n. 14). 28 B. L. Zekiyan, The Armenian Way to Moderniy. Armenian Identi_y Betveen Tradition and Imagina-

tion, Speciflci!y and Universaliy (Venise, 1997): 25; Ferrari (n. 26): 11-19. 29 Ferrari (n. 26): 17. 30 VoirJ. G. Libaridian, "Nation and Fatherland in Nineteenth Century Armenian Political

Thought", Annenian Review 1983.3: 71-90. 31 Par exemple, les idees de patrie et nation se retrouvent in nuce deja chez Moise de Kho-

rene: B. L. Zekiyan, " L'ideologie nationale de Movses Xorenac'i et sa conception de l'histoire HandesAmsoreay 100 (1987): 471-485.

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l'Armenie a un titre revelateur: " L'histoire, sauvegarde de l'identite nationale "32 Malheureusement cette etude, datee du debut des an- nees 80, s'appuie sur une analyse incomplete et marquee par des a pri- ori. D'ailleurs Ferro (qui lit le russe, mais ne connait pas l'armenien) n'a utilise qu'un seul manuel scolaire sovie'tique (1967) et un seul ma- nuel de la diaspora, l'Histoire de mes ancetres editee par les Peres Mekhi- taristes.33 Pour le reste, il s'agit de materiaux assembles pele-mele, dans l'effort de recuperer aussi " la vulgate des historiens ".34 Malgre les li- mites objectives de cette recherche pionniere, il s'agit toutefois d'un bon point de depart pour l'etude d'une tradition historique basee es- sentiellement sur l'exception nationale qui montre plus d'analogies que de diversites, entre les pedagogues sovietiques et les pedagogues de la diaspora, dans l'interpretation de la " vulgate ". Cette perspective unitaire, "essentialiste ", semblerait depasser les divisions politiques grace au patriotisme des Armeniens. Ainsi, malgre la regression de l'enseignement en langue armenienne a l'epoque sovietique, " le foyer familial demeure le sanctuaire de cette metmoire collective que connaissent, aussi bien dans la diaspora, tous les enfants armeniens, et que perpetuent les ashoughs, ou menestrels, familiers a toutes les com- munautes d'Armeniens ".35

Lieux de me'moire

Par consetquent, l'delaboration d'une memoire culturelle armenienne necessite une historiographie de la " vulgate ", une ve'ritable histoire des histoires des Armeniens avec une analyse de ses paradigmes. Mais pour ecrire une telle histoire, il faudra d'abord entreprendre une etude de l'imaginaire historique et des mythes fondateurs de l'histoire, voire de la memoire de la societe armenienne.36 Cela implique aussi une e'tude de la vision historique armenienne, au dela de la litterature savante a proprement parler. En fait, la conception armenienne de la memoire n'est pas un pur produit de la modernite. Dans la tradition medievale, la memoire a toujours joue un role primordial, et a elabore des verita- bles indicateurs de metmoire, tels les colophons/memoriaux des manu-

32 M. Ferro, Comment on raconte 1'histoire aux enfants, nouvelle edition (Paris, 1992): 183-209. Voir a ce propos Mat'eosean (n. 10): 250-251.

33 V. A. Parsamyan, S. P. Pogosyan, S. R. Arutyunyan, Istorzya armyanskogo naroda. UNebnik dlya 9-10 klassov (Erevan, 1967); Anon., Histoire de mes ancetres (Venise, 1979).

34 Ferro (n. 12): 186. 35 Ferro (n. 12): 185. 36 A. Assmann, Erinnerungsrdume. Formen und Wandlungen des kulturellen Geddchtnisses (1999), 6d.

italienne (Bologne, 2002): 90.

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scrits (yi`atakaran), ou le xac'k'ar.37 Une telle perspective ne peut que s'inspirer du grand ouvrage collectif Les lieux de memoire, dirige par Pi- erre Nora, qui a revolutionne l'historiographie franSaise et qui com- mence at inspirer aussi les chercheurs 'trangers.38 Dans cet ouvrage, la memoire nationale franWaise est recuperee 'a travers un " inventaire des lieux ofu elle s'est electivement incarnee et qui, par la volonte des hommes ou le travail des siecles, en sont restes comme les plus ecla- tants symboles ".39 Comme Nora a remarque,

" Les lieux de memoire naissent et vivent du sentiment qu'il n'y a pas de memoire spontanee, qu'il faut cre'er des archives, qu'il faut mainte- nir des anniversaires, organiser des celebrations.. .parce que ces opera- tions ne sont pas naturelles. C'est pourquoi la defense par les minorites d'une memoire refugiee sur des foyers privilegies et jalousement gardes ne fait que porter a l'incandescence la ve'rite de tous les lieux de me- moire. Sans vigilance commemorative, l'histoire les balaierait vite ).40

On pourrait appliquer les memes principes aux lieux de memoire de l'Armenie.4' Loin de se limiter aux hauts lieux historiques ou mo- numents (Khor Virap, Etchmiadzine, Sardarabad, Tsitsernakaberd etc.), il conviendra d'y adjoindre des sites symboliques tels le Ma- sis/Ararat. On peut egalement considerer comme lieu de memoire une date charniere, comme l'annee 301 (date de la christianisation pour la " vulgate ") ou le 24 avril 1915.

Une telle approche historiographique pourrait se reveler fructueuse surtout en Armenie oiu les gouvernements sovietiques ont developpe une veritable de politique de mise en valeur de certains lieux de me- moire. Dans 1'URSS, chaque operation concernant la memoire et la culture avait son importance ideologique, et on en garde encore le souvenir. C'est ainsi qu'en 1945, une ordonnance donna 'a Vaghar- chapat le nom d'Etchmiadzine, probablement pour celebrer la reou- verture du sanctuaire et des eglises, bien entendu sous la stricte sur- veillance du regime. Lorsqu'en 1992, plusieurs villes d'Armenie repri-

37 Dans cette perspective, on peut etudier la destruction barbare du cimetiere de la Vieille Djoulfa. Ce crime contre le patrimoine ne doit pas ere considere comme un simple acte de fu- reur iconoclaste, a l'instar de la destruction des Buddhas de Bamiyan par les talibans afghans. Au contraire. I1 s'agit d'une operation de destruction de la memoire, dont la logique, bien que malade, peut etre interpretee a la lumiere de la situation caucasienne.

31 P. Nora dir., Les lieux de mnmoire I-VII, (Paris, 1984-1992) = reedition " Quarto ", I-III (Pa- ris, 1997). Ce modele a et repris par une equipe italienne: M. Isnenghi dir., I luoghi della memoria I-III (Rome-Bari, 1996-1997).

39 Nora(n. 18):I,.15. 40 Nora (n. 18): I, 29. 41 Dans cet esprit j'ai consacre h quelques lieux de memoire armeniens une serie d'articles

de vulgarisation parus en 2003, dans le mensuel francais NAouvelles d'Arminie Magazine.

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rent leur ancien nom, Etchmiadzine aussi fut reconvertie en Vaghar- chapat. C'etait une maniere de recuperer le nom de l'ancienne capi- tale du iie siecle, en separant le profane du sacre, mais aussi de pren- dre des distances par un acte perpetre par les Soviets.

L'exemple le plus celebre de cette politique est sans doute le Mate- nadaran. La facade est decoree par les statues des peres de la culture armenienne (oeuvres du celebre sculpteur Ghukas Chubarian) (Fig. 1). On n'arrive pas vraiment 'a detester ces figures imposantes et musclees, bien qu'on imagine que des erudits tels que Mesrop Mashots ou Moise de Khorene devaient avoir un physique plus chetif. Peu importe. I1 fallait representer ces heros de la culture armenienne comme des He- ros du Travail socialiste. C'est dans le meme esprit, le peintre Hov- hannes Khachatryan crea le tryptique des fresques de l'escalier du Matenadaran representant les etapes du developpement de l'ecriture en Armenie, d'Ourartou jusqu'a l'invention de l'alphabet par Mesrop Maschtots. Ici le kitsch atteint des sommets. Les intellectuels du passe sont devenus des body builders, dont il faut admirer les efforts titani- ques pour donner une ecriture au peuple armenien (Fg. 2, 3).

Un autre exemple est le temple de Garni qui faisait partie de la re- sidence d'ete des rois d'Armenie. Jusqu'a present les archeologues qui ont commence a explorer le site des le debut du XXe siecle (et syste- matiquement depuis 1949), ont mis en valeur, outre le temple ionien, plusieurs elements de la citadelle (Fig. 4). Un premier amenagement du site est dfu au roi Tiridate ler qui regna 'a partir de 63 ap. J_C.42 Les evenements historiques qui amenerent Tiridate Ier au pouvoir expli- quent pourquoi le temple de Garni, sans doute consacre 'a un culte lo- cal, se caracterise par des proportions aussi classiques.43 Quoi qu'il en soit, la construction resista aux hommes jusqu'en 1679, lorsqu'un tremblement de terre en eCut raison et la condamna 'a plus de trois sie- cles d'oubli. C'est seulement grace aux travaux de reconstruction des

42 Sur la fonction du temple voir Z. Xac'atryan, " Gatnii ta6arQ heroon, vkayaran? ", Hayoc' srbera ev srbavayrera (Erevan, 2001): 244-254, avec bibliographie. Pour une autre interpretation voir F. I. Ter-Martirossov, " Le temple de la forteresse de Garni ", Armenie. Trisors de 'Ar7mnnie ancienne des orwines au IVe seicle (Paris, 1996): 190-191.

43 Voir M.-L. Chaumont, " L'Armenie entre Rome et l'Iran I. De l'avenement d'Auguste a l'avenement de Diocletien ", Aufstieg und Niedergang der romischen Welt 9.1 (Berlin-New York, 1976):71-194. I1 reste a comprendre les raisons qui ont evite a Garni de subir le meme sort que les autres temples paiens. Probablement, la christianisation l'epargna parce qu'il ne s'agissait pas d'un de ces sanctuaires qui attiraient les pelerins, mais d'un lieu de culte d'une residence royale, relevant de l'autorite du souverain. C'est pourquoi il n'etait pas necessaire de recourir a une des- truction exemplaire. I1 fut plus simple de l'utiliser comme espace public, sinon religieux. Apres tout, dans l'Anatolie voisine, l'ajout d'un autel et de quelques croix transformait des temples grecs en eglises.

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annees '70 que le temple de Garni recupera, sinon son ancienne splendeur, au moins la hauteur de ses colonnes. En effet, quand on s'approche du temple, on remarque une restauration effectuee "a la hussarde.4

Mais cette reconstruction hative n'etait pas depourvue de raisons pratiques. Situe 'a une demi-heure de route de la capitale, et a proxi- mite du monastere medieval de Gheghard, le site de Garni constituait une 'tape ideale pour les programmes des circuits touristiques sovieti- ques. En meme temps il y avait un enjeu ideologique, et c'est ce qui a donne a Garni son statut de lieu de memoire. En restaurant un edifice aussi imposant, les archeologues de l'Armenie sovietique soulignaient que la grandeur de l'Armenie n'etait pas nee avec le christianisme. Une lecon 'a donner aux visiteurs etrangers, mais surtout aux petits ecoliers en balade. En meme temps, l'architecture imposante du tem- ple greco-romain donne l'impression de se trouver dans un avant- poste de la civilisation occidentale. C'est ainsi que l'image de Garni a alimente l'orgueil national armenien bien plus que n'importe quelle narration ecrite sur les fastes de Tigrane le Grand. Et c'est tout cela qui a amene les archeologues armeniens 'a souligner, et dans certains cas a exagerer, la presence de la culture grecque en Armenie.4s

(a suivre)

44A. A. Sahinyan, Arxitektura anticnyx sooruzen#j Gamni (Erevan, 1988). 45 Ce point de vue leur a valu plusieurs critiques de la part de specialistes occidentaux. Voir,

par exemple, N. G. Garsoian, "Les e1lments iraniens dans I'Armenie paleochretienne ", Ead., J.- P. Mahe, Des Parthes au Califat. Quatre lefons sur laformation de l'identiti arnmnienne (Paris, 1997): 9-37.

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Fig. 1. Erevan, Matenadaran. La fa~ade.

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Fig. 2. Erevan, Matenadaran. Fresque de 1'escalier.

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Fig. 4. Garni. Le temple.

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