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mgversion2>datura mgv2_59 | 09_07 P. Viktor Aurora Antonovic Jan Oskar Hansen

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mgversion2>datura mgv2_59 | 09_09 September 2009 issue

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P. ViktorAurora AntonovicJan Oskar Hansen

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Contents | Sommaire

P. Viktor (Paul Hammond Davies)

The House of Ilfracombe

Two Americans in Yorkshire

Coffin

Death Came

Five Hours

Pandora

Aurora Antonovic

Pressed Over

Poet's Time

Bouquet

Blackbird

Closet Cleaning

I'm Going to Paris on Monday

Jan Oskar Hansen

The Big Secret

The Swimming Pool

The Great Betrayal

The Persian Carpet

A Name

Shipwrecked

Translated by/Traduits par:Walter Ruhlmann

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P. Viktor(Paul Hammond Davies)

United-KingdomThe House of Ilfracombe

This house, in its glittering frost, not seenPerhaps for ten years. As expected withRecollection, its imposition comes with addedWeight. A provincial house into a mansion made.

The slight incline of its lawn and drive offersHeight, its façade lost so many years agoIn hazy childhood. But the house has a secret,Self-contained as it is by a shawl of snow.

By the old dam I wait for him. I knowThat he will come, to quicken my silence.The water is frozen, like a course throughLife, or a tongue held in formaldehyde.

When he finds me he is an adult, the widenessOf the gap of years having been kind to him.I say so, though he seals both lips by theVerticality of a finger, to lock them by a kiss.

We re-enact the past. Two naked bodiesLike mirror-images. We touch each otherTentatively, like trying to catch fish in silveryWater. We test each other’s solidity.

Two young boys once had a secret, the sortThat gets buried, but then works its way outIn slips of the tongue, too vivid dreams,The love found in another’s arms.

Whether it was the primary school toilet,Or the circle made in the wheat fields,Or his tongue in my throat and handBetween legs, it was excitement we sought.

He chose not to remember. Had himselfA wife and two children, a perfect rebuttal.But his is a long battle to keep me shut-up,Two lips covering a mouth-hole in hot breath.

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All this snow is salt, the salt spilt between usOver the years, covering a house, and the faultOf our bodies. The secret retreats like an animalWounded, leaving us with our two separate lives.

La maison d'Ilfracombe

Cette maison dans le gel scintillant que je n'ai pas visitéeDepuis dix ans peut-être. Pleine de souvenirsComme je m'y attendais, sa largesse complétée de sonPoids. Une maison de campagne transformée en vaste demeure.

La pente douce de la pelouse et de l'entrée offreUn promontoire, la façade perdue depuis des annéesDans les nimbes de l'enfance. Mais la maison a un secret,Qu'elle renferme enveloppé sous un châle de neige.

Près de la vieille écluse je l'attends. Je saisQu'il viendra pour aviver mon silence.L'eau est gelée comme un passage au traversDe l'existence, ou une langue conservée dans le formole.

Lorsqu'il me rejoint, c'est un adulte, l'amplitudeDu vide des années fut douce envers luiJe le lui fais savoir, bien qu'il scelle ses lèvres d'unDoigt à la verticale, pour les verrouiller d'un baiser.

Nous rejouons le passé. Deux corps nusComme des images en miroir. Nous nous touchonsPoussés par la tentation, comme pour essayer d'attraper du poisson dansL'eau d'argent. Nous testons notre solidité mutuelle.

Deux jeunes garçons avaient un secret autrefois, le genreQu'on enterre, mais qui retrouve le chemin du jourDans le déliement des langues, les rêves trop vivaces,L'amour trouvé dans les bras de quelqu'un d'autre.

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Que ce soit les toilettes de l'école primaireOu l'aire circulaire faite dans le champ de blé,Ou sa langue dans ma gorge ou sa main,Entre mes jambes, nous quêtions l'excitation.

Il choisit de ne pas se souvenir. Eut-il étéMarié et père de deux enfants, c’eut été un parfait alibiMais le sien n'était qu'une longue bataille pour me garder silencieuxDeux lèvres recouvrant l'orifice buccale dans un souffle chaud.

Toute cette neige c'est du sel, le sel répandu entre nousAu fil des années, recouvrant une maison et le péchéDe nos corps. Le secret bat en retraite comme un animalBlessé, nous laissant avec nos deux vie séparées.

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Two Americans in Yorkshire

Two of them, in tandem, greeted us on the street,Scene of redbrick, iron tarmac and tin sky. Two aliensWith their blonde hair, Brylcreem-parted to the side,Blue eyed, corn-skinned like two ghastly twins.

Stood in front of us – in their ashen polyester suitsAnd their matching myrtle mackintoshes – glazed likeRoasted lambs with religion. They dashed us with theirBaking soda smiles like billboard ads from the fifties.

When they made their way towards us you shuddered,Sensed something in their gait, this twosome withTheir parallel steps as though they shared a brain.It was too late despite the whisper under your breath.

One of them spoke; his mouth full of molasses as hisSouthern drawl made amber his words. He asked usTo think of Jesus this Easter. Nervous smile mirroredNervous smile, as we realised he was selling faith to us.

His voice was like a relic, a fossil spat out of his twenty-Something lips, so innocent as though they wished to beKissed. “Can I ask your names so we can be friendlyTonight?” Again a confusion of voices, of yeses and nos.

Up went the wall of atheism against God’s Aryan soldiers.We battled against their wide courtesy and politeness, theirAll-American, Mormon smiles and bland attractivenessDesigned to beguile us, though in their mouths was treacle –

Or something like it. We made excuses, wanting to runFrom this pavement spectacle. He pulled out his card,Embossed with the crucifixion, and insinuated it intoMy hand, told us ‘goodnight, take care’ and winked

Like a Hollywood professional. Then they were gone.The card I placed into a forgetful pocket, and wonderedAt their strange presence in the hinterland of Yorkshire,Reminded of the wider world, forgetting the universe.

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Deux américains dans le Yorkshire

Deux d'entre eux, en tandem, nous interpellèrent dans la rue,Sur une scène de briques rouges, de bitume couleur acier et de ciel d'étain. Deux étrangersAux cheveux blonds couverts de Brillantine, la raie au milieu,Des yeux bleus, la peau pâle tels des jumeaux blêmes.

Ils se tenaient devant nous, vêtus de leur costume cendré en polyesterEt d’imperméables semblables de couleur myrte; enflammés commeDeux agneaux rôtis par leur religion. Ils nous éblouirent deLeur sourire Ultrabrite comme deux mannequins publicitaires des années cinquante.

Lorsqu'ils se dirigèrent vers nous, tu frissonnas,On sentait quelque chose dans leur démarche, ce duo et sesPas parallèles comme s'ils partageaient le même cerveau.Il était trop tard malgré ce murmure dans ton soupir.

L'un d'eux parla; la bouche pleine de caramel car sonAccent du sud colorait ses mots d'ambre. Il nous demandaDe penser à Jésus ce week-end de Pâques. Nos sourires nerveux répondirentAux leurs, nous nous rendîmes compte qu'il nous vendait la foi.

Sa voix était une relique, un fossile craché de ses lèvresDe vingt et quelques années, si innocentes qu'elles semblaient attendreUn baiser. "Puis-je vous demander vos noms et ce soirNous pourrions devenir amis?" Et encore cette confusion des voix, des oui, des non.

Le mur de l'athéisme s'élevait contre celui des soldats aryens de Dieu.Nous luttions contre leur grande courtoisie et leur large politesse, leursPurs sourires de mormons américains et leur charme sans charmeConçu pour nous séduire, alors qu'ils avaient du caramel mou dans la bouche

Ou quelque chose comme ça. Nous nous excusâmes, voulant fuirCe spectacle de rue. Il sortit sa carte,Imprimée de la croix et la glissa dansMa main, nous souhaita bonne nuit, nous remercia et fit un clin d'oeil

Comme une star hollywoodienne. Puis ils s'en allèrent.Je plaçai la carte au fond de ma poche, mon oubliette, et m'interrogeaiSur leur présence au beau milieu du Yorkshire,Me souvint de ce vaste monde, oubliant l'univers.

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Coffin

As I thumb open the box, pull backThe thin cardboard lid, the narrownessOf it mocks the life once lived.

I sift through the sediment of her life,Bundles of photographsIn an unintentional biography.

Daughter. Wife. Mother.It is all here – stained with memory,Like nicotine on an Artexed ceiling.

From the little girl in sepia,The stiffness of her pose with ourAnonymous ancestors –

To the Technicolor of the seventiesAnd eighties, the woman framed inPolaroids too bright for history –

To the gloss of recent nostalgia,From a disposable camera that depictsThe old woman becoming frailer.

These are the last pictures she took,The film developed post-mortem.The eye-glint gone, the eddy of spirit

Having left the stretched face,The thin limbs, all transferredTo the infant grandson she is holding.

All of her, stacked neatly like a will,The paper stench like bluish skin,Like dust, all laid to rest.

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Le cercueil

J'ouvre du pouce la boîte, relevantLe fin couvercle de carton dont le manque d'épaisseurRidiculise la vie alors vécue.

Je fouille les sédiments de sa vie,Des paquets de photographiesRéunies en une involontaire biographie.

Fille. Epouse. Mère.Tout y est, entaché de la mémoireComme la nicotine s'imprègne dans les plafonds blancs.

De cette petite fille de couleur sépia,Cette pose rigide avec nosAncêtres anonymes,

Aux images en Technicolor des années soixante-dixEt quatre-vingt, la femme encadrée dansDes Polaroïds trop lumineux pour entrer dans l'histoire,

A la nostalgie récente et brillante,Sortie d'un appareil jetable qui montreUne vieille femme devenue plus frêle.

Ces sont les dernières photos qu'elle prit,La pellicule fut développée post-mortem.L'étincelle dans l'oeil s'en est allée après que le flux de son esprit

Ait quitté ce visage tendu,Ses membres fragiles tous mobilisésPour tenir ce petit fils encore nourrisson.

Tout ce qu'elle fut, empilé et rangé comme sur un testament,Le papier pue comme de la peau bleutée,Comme la poussière, déposé pour l'éternité.

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Death Came

Death came, on the corner of Catte and Broad Street.Death, unseen by the naked eye, where the frameOf a bicycle gave out an unnatural scream of metalUnder wheel, and the moments of a life were celluloidOn pupil. Death, that sucked at the mouth’s eddy.

Death, while there was cheap laughter and chatterIn the corridors, and paper carried from one deskTo another. While the percolator made coffee,And morning tea was served. Death, in amongstThe mundanity and the white daffodils.

Death, not seen in the bathroom mirror when heChecked his morning appearance, or when he thoughtOn the days doings, or the smoke of his twenty-somethingYears that Death blew away in a whisper. Not seenWhen the red light was a real full stop.

Death came, when two hapless lives collided.It sneaked in through the collision, provided oneWith a life guilt-wracked, another with a decimalPoint. Death, as silent as a library, outside whichThe maroon stain on tarmac was a legacy.

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La mort surgit

La Mort surgit au coin de Catte et Broad Street.La Mort, invisible à l’œil nu, où le cadreD'une bicyclette poussa un cri de métal surnaturelSous une roue et les instants d'une vie furent figésSur la pupille. La Mort qui suça en un remous de la bouche.

La Mort, alors qu'on bavardait et riait pour rienDans les couloirs et faisait passer des dossiers d'un bureauA l'autre. Pendant que le percolateur faisait du caféEt qu'on servait ce matin le thé. La Mort, ici parmiLa mondanité et les jonquilles blanches.

La Mort, invisible dans le miroir de la salle de bain quand ilVérifiait son apparence ce matin, ou quand il pensaitAux obligations du jour, ou au rêve de ses vingt ansEt des poussières que la Mort balaya d'un souffle. InvisibleQuand le feu rouge devint un vrai point final.

La Mort surgit quand deux pauvres vies se percutèrent.Elle s'immisça dans la collision, offrit à l'unUne bonne dose de culpabilité à vie et à l'autre un pointDécimal. La Mort, silencieuse comme une bibliothèque en dehors de laquelleLa tâche brune sur le bitume était un testament.

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Five Hours

You are there, in that place of steel,Of glass, that shimmers as thoughFire-ridden, in the late afternoon sun.

Here it is darkness. Not a tree stirs,Not a single thing moves, as all preparesFor sleep, for the palm that closes over us.

And here my bed, full of the colour ofThe sky you are under, in which I shallLie on the cool hard mattress,

Huddling up to your absence. The lightMust be glittering on each pane on everySkyscraper, like crystal, like the Atlantic,

Only I hope you do think of me, whateverThe distractions. I can only wait for you,Ten days full of white and black and grey.

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Cinq heures

Tu es là-bas, dans cet endroit d'acier,De verre, qui miroite comme s'ilEtait chevauché par le feu, dans le soleil de la fin de l'après-midi..

Ici c'est la nuit. Pas un arbre ne remue,Pas la moindre chose ne bouge, alors que tous s’apprêtentA dormir, pour la paume qui se referme sur nous.

Et ici mon lit, plein de la couleur duCiel sous lequel tu te trouves, dans lequel je meReposerai sur le matelas doux et ferme,

Me blottissant jusqu'à ton absence. La lumièreDoit être éclatante sur chaque carreau sur chaqueGratte-ciel, comme le cristal, comme l'Océan atlantique,

Seulement j'espère que tu penses à moi, quelles que soientLes distractions que tu aies. Je peux seulement t'attendre,Dix jours remplis de blanc et de noir et gris.

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Pandora

This leaden box, of Irish Oak wood made,Burnished so that it gave reflections, stoodOn the bureau before me, given as a dowry,The legacy of the man I chose. On its lid,A brass plaque said ‘do not open me’.

But I had been born for secrets – I sniffedThem out, tasted them on avaricious lips.In my wish to know all I had decidedUpon a life strife-full, being unable to turnAway from the cold concrete of knowledge.

Thus I had been given the brass key, its barRiddled with ornate lattices. The weight of itIn my hand made me suspicious, so that keyMet lock in a lover’s embrace, the click, the notGoing back. I lifted the lid on its steady hinge.

The forest scent met my prickled nose, fullOf shaded wood and summer salt. CurledWithin, like burnt offerings, leaves of oldPhotographs – one after another, after another,Pictures of the same man, the same visage –

Each image different only by a change inScenery – here the Irish sea, here Italy,Here a girl, a boy, here a family. But him,Again and again, a zoetrope of the sameMan, who smiled and posed for the lens.

What a past this box held, one all butForgotten except for the opened lid. All heHad hid – past, present, future, lay in here.And I a fool, had now seen my lover’sPast, wrought for evermore with jealousy.

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Pandore

Cette boîte faite de plomb, de bois de chêne irlandais,Polie de sorte qu'elle donnait des reflets, étaitSur le bureau devant moi, offerte comme une dot,Le legs de l'homme que j'ai choisi. Sur son couvercle,Une plaque en laiton disait `ne m'ouvre pas'.

Mais je suis né pour les secrets - je les ai reniflés,Goûtés de mes lèvres avares.Dans mon désir de tout connaître j'avais optéPour une vie pleine de différends, ne pouvant pas me détournerDu béton froid de la connaissance.

Ainsi il m'avait donné la clef en laiton, sa tigeOrnée de treillis fleuris. Son poidsDans ma main me rendit soupçonneux, alors la clefRencontra la serrure en une étreinte amoureuse, le clic, l'impossibilitéDe faire machine arrière. J'ai soulevé le couvercle posé sur sa charnière régulière.

Le parfum de la forêt a rencontré mon nez piqué, pleindu bois ombragé et du sel d'été. Enlacés,A l'intérieur comme des offrandes brûlées, des pages de vieillesPhotographies - l'une après l'autre, après l'autre,Des images du même homme, le même visage -

Chaque image différente seulement par un changementDe paysage - ici la mer d'Irlande, ici l'Italie,Ici une fille, un garçon, ici une famille. Mais lui,Encore et encore, un zoetrope du mêmeHomme, qui a souri et a posé pour l'objectif.

Quel passé cette boîte contenait, un toutOublié sauf de ce couvercle ouvert. Tout ce qu'ilAvait caché - passé,présent, futur, reposait là.Et moi, l'imbécile, avait maintenant vu le passéDe mon amoureux,et suis travaillé par la jalousie pour toujours.

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Aurora AntonovicOntario, Canada

Pressed Over

Years of being on auto-pilotNever eating when hungryNever sleeping when tiredWorking against a deadlineWith weights on my limbsAnd sawdust in my weary lungs

Who travels hundred of milesWith sympathy in his pocketsAnd well wishes in his hands?

I try to joke away the relief of having cool handsOn a fevered foreheadI try to keep hot tears at bay with banterBut a gentle kiss on top of my hair,And rocking murmurs of”Aurora Borealis, I am so proud of you”Open the floodgates untilI find myself weeping all over a new suitWiping my eyes on a starched shirt collarBlowing my nose on his favourite tieWhile he promises help mingled with kindness –Just the right kind of medicine –

To be heard without speakingTo be understood without beseechingIs too muchAnd I lean closer against his warmthPressing my heart against my handsTo keep it from bursting.

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Pressée

Des années passées en pilote automatiqueSans jamais manger quand j'avais faimSans jamais dormir quand j'étais fatiguéeTravaillant contre la montreDes poids sur les membresEt de la poussière dans mes poumons usés

Qui voyage sur des centaines de kilomètresAvec de la bonne humeur dans les pochesEt de bons vœux dans les mains?

Je tente de rire du salut d'avoir des mains froidesSur mon front fiévreuxJ'essaie de retenir mes larmes chaudes en plaisantantMais un baiser tendre sur le dessus de ma têteEt les murmures apaisants"Aurora Boréalis, je suis si fier de toi."Ouvrent les vannes jusqu'àCe que je me retrouve à pleurnicher sur un nouveau costumeJ'essuie mes yeux sur un col de chemise amidonnéJe me mouche dans sa cravate préféréePendant qu'il promet de m'aider avec douceurLa juste cure.

Etre entendue sans parlerEtre comprise sans quémanderC'est trop agréableEt je m'étends plus près de sa chaleurJe colle mon cœur contre ses mainsPour l'empêcher d'exploser.

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Poet’s Time

She likes to think she is so much older and wiserthan I:she sighs about her creaky jointsand aching bonesshe tells me that life isbut a heavy cloakto be borne across weary shoulders

I smile my secret:what is ten years between poetswhat is ten years in a world thatmeasures not in timebut in verse?

L'heure du poète

Elle aime penser qu'elle est tellement plus âgée et plus mûreque moi:elle se plaint de ses articulationsde ses os douloureuxelle me dit que la vie n'est riend'autre qu'un manteau lourdque l'on porte sur des épaules lasses

Je souris mon secretqu'est-ce que dix ans d'un poète à l'autrequ'est-ce que dix ans dans un monde quine mesure pas en tempsmais en vers?

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Bouquet

you,who speak in symbols and not words,send me a bouquet of bleeding heartsand an unsigned cardmarked simply with an x,your unspoken way of sending me a kiss

what does it say to youwhen I,who make my living off of words,choose to say nothingin return?

Bouquet

toi,qui parles avec des symboles et non avec des mots,tu m'as envoyé un bouquet de cœurs rouge sanget une carte anonymeoù seul figure un x,c'est ta façon muette de m'envoyer un baiser

qu'est-ce que cela te faitlorsque moiqui gagne ma vie grâce aux mots,je choisis de ne rienrépondre?

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Blackbird

Canary, robincardinalmy father used toname me after birdsby the colour of the dresses I worethe day he died,I was a bluebird

Le merle

Canari, rouge-gorgecardinalmon père avait l'habitudede me donner toute sorte de noms d'oiseauxla couleur des vêtements que je portaisle jour de sa mortfaisait de moi un merle bleu.

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Closet Cleaning

Racks hang with skirtsranging from floor-length Indian silksto houndstooth micro minis with coordinated chain belts,sheath suits in every imaginable rainbow huefor whoever I felt like being that day

What do you give to the woman who has everything?Mauve slinky dresses that cling in all the right places,pink pearls that fall to the waist,a dozen lace blouses and hand-beaded mules!

Price tags linger on half the items,all useless and representative of a time gone by;no longer must I hear my high heelspound on the pavement as I run for the train,nor carry an attaché case perfectly coordinated with the latest ensemble.

Watercolour scarves will be thrownover someone else’s shoulders,handbags will dangle from others’ arms

My to-do list at present consists of nothing more thanpulling his softest T-shirt over my headsauntering barefoot into the denand savouring a cup of hot teawhile I look over whatever projects manageto catch my eye that day

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Ménage dans l'armoire

Les jupes accrochées aux cintresvont de celles qui, les plus longues, en soie indienne, traînent au solaux plus courtes des micro mini jupes avec des ceintures de chaînes assorties,des ensembles cintrés de toutes les couleurs possiblespour celle que je voulais être ce jour-là.

Que donnes-tu à la femme qui a déjà tout?Des robes mauves provocantes qui éclatent dans tous les endroits chics,des perles roses qui tombent jusqu'à la taille,une douzaine de chemisiers lacés et de chaussures décorées de perles à la main!

Les étiquettes sont restées accrochées à la moitié de ces vêtements,tous inutiles et représentatifs d'une époque révolue;je n'entendrai plus mes hauts talonsmarteler le sol lorsque je cours pour attraper mon trainni porterai un attaché case coordonné à mon tout dernier ensemble.

Les écharpes peintes seront jetéessur les épaules d'une autre,les sacs seront tenus par d'autres mains.

Ma liste de choses à faire aujourd'hui ne comporte rien d'autre qued'enfiler son t-shirt le plus douxde me balader pieds nus dans l'antreet d'apprécier ma tasse de thé brûlanten me concentrant sur le projet qui réussiraà captiver mon attention ce jour-ci.

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I’m Going To Paris On Monday

And we’ll find the hidden restaurant atLe Parc Buttes-Chaumontor maybe feed each other chocolate drenched crepesacross from the Eiffel Towerdirectly over the sun-sparkling Seine

At Hotel des Invalides,I will pretend it is the first timeI have seen Napoleon’s tomb,and with the right amount of enthusiasmI will gush at the Louvre and Musée D’Orsay,as we walk around Monmartre

Musée Picasso will help to pass the timeuntil we make our way to Les Halles,right down the little back alley to the caféwith the dentist’s chairs and more quirkthan you can imagineand when we charmingly garble our thank you’s in Frenchwe will be given sweet smiles and free tea

L'Arc d'Triomphe at rush hour will be funand I will respond to you with happy banter,carefully arranged mannersand the zeal you find so invigorating

but come nightfallI’m haunting the catacombs

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Je vais à Paris lundi

Nous trouverons le restaurant cachéau Parc des Buttes-Chaumontpeut-être nous nous gorgerons de crêpes débordant de chocolattraversant la ville de la Tour Eiffeljusqu’au delà de la Seine scintillante de soleil.

À l’Hôtel des Invalides,je prétendrai que c’est la première fois queje visite la tombe de Napoléonet ainsi comblée par l’enthousiasmeje jaillirai au Louvre et au Musée D’Orsay,tout en nous baladant à Montmartre le Musée Picasso nous occupera quelques tempsjusqu'à ce que nous faisions chemin vers les Halles,jusqu’au bas de la ruelle où se trouve le caféavec ses chaises de dentiste et tous les détours que vous pouvez imagineret quand avec charme nous ânonnerons des remerciements en françaison nous tendra quelques sourires et servira du thé gratuitL’Arc de Triomphe aux heures tumultueuses sera plaisantet je vous répondrai avec de gentilles moqueries,de manière soigneusement préparéeet l'ardeur que vous trouvez si fortifiante.

mais la nuit tombeet je hante les catacombes.

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Jan Oskar HansenA Norwegian Sailor in Portugal

The Big Secret

Strange to think how this big elephant cameto live in Antarctica, perhaps it’s the lastof herd when clime was mild. It’s attracted tothe pole and had over years made a track thatmade it easy for adventurers to get there andplant flags and take pictures of themselves.Roald Amundsen, the explorer, first man toreach the pole, had a roman nose, lookedgreatly heroic, ladies swooned, but he likedthe company of men. So different from Scott,another lover of adventure on snow, cheatedby his wife, never found his way back home.Why doesn’t anyone mention the elephant?could it be because it’s white?

Le grand secret

C'est étrange d'imaginer comment ce gros éléphant est venu vivre en Antarctique, peut-être est-il le dernier de son troupeau lorsque le climat était plus doux. Il fut attiré au pôle et à travers le temps il a tracé une route qui a rendu la tâche plus facile aux aventuriers pour s'y rendre et planter des drapeaux et prendre des photos d'eux-mêmes. Roald Amundsen, l'explorateur, le premeir homme à atteindre le pôle, avait le nez grec, un air vraiment héroïque, faisait craquer les femmes mais préférait la compagnie des hommes. Il était si différent de Scott, un autre amoureux des aventures sur la neige, trompé par sa femme et qui n'a jamais trouvé le chemin du retour. Pourquoi personne ne mentionne cet éléphant? Est-ce par ce qu'il est blanc?

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The Swimming Pool

The illness of the mind had wasted his body, no longer the man who had been her husband for forty years, lately he had gone violent struck her a few times and crying in fits of impotent rages.

She couldn’t cope anymore had contacted the nursing home they were sending a car to fetch him later in the day. She looked out, he was unsteady on his feet, like a drunk, and near the swimming pool.

As he fell into it she looked away from the window, turned the TV sound up high, she was hard of hearing, watched a gardening program.

She found him floating face down about the same time as the people from the nursing home came. Best that way, they said, his suffering was over, but now, she wasn’t sure whether he had fallen into the pool, or thrown himself into it in a moment of clarity.

La piscine

La maladie mentale avait pourri son corps, cet homme n'était plus le mari qu'elle avait eu pendant quarante ans, récemment il était devenu violent et l'avait frappée quelque fois en hurlant les poings levés dans un accès de rage impuissante.

Elle n'en pouvait plus et avait contacté le foyer de personnes âgées qui envoyait une voiture pour venir le chercher plus tard dans la journée. Elle regarda par la fenêtre, il ne tenait plus sur ses jambes, comme un homme soûl, près de la piscine.

Lorsqu'il tomba dedans elle détourna ses yeux de la fenêtre, augmenta le son de la télévision, elle était un peu sourde, elle regarda l'émission de jardinage.

Elle le trouva, il flottait la tête dans l'eau, au même moment où les employés du foyer arrivaient. C'est bien mieux ainsi, dirent-ils, il a fini de souffrir, mais alors elle n'était plus très sûre qu'il fût tombé dans la piscine ou bien s'il s'y était jeté dans un moment de lucidité.

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The Great Betrayal Sat on his left side for years, I, a man of peace. Yet I sat in a war cabinet four times; loyalty, there isn’t much of it anymore. People near him, write diaries, skewed to make themselves look grand; and they will tell the world, they disagreed, did their best, but alas,…failed. Nice middleclass words, soothing, oh yes, we do understand, it has been a lovely time sniffing the aphrodisiac of power; dizzying height, forget that you are going to fall one day. Thick and thin I stood firm, he needed me, trusted me, knew I would never let him down. When I knew he had betrayed the working class I did not cry but joked; great time, they have pills of every kind, me I settle for a bottle of red wine.

La grande trahison

Assis à sa gauche pendant des années, moi, un homme de paix. Cependant, je me suis assis dans un bureau de la Défense quatre fois; la loyauté n'est plus très répandue ces temps-ci.

Les gens autour de lui écrivent dans des agendas, se tordent pour paraître importants; et ils diront qu'ils n'étaient pas d'accord, mais hélas! ...ont failli.

Des mots doux pour la classe moyenne, apaisant, oh oui, nous comprenons, c'était bien agréable de renifler l'aphrodisiaque du pouvoir, cette hauteur étourdissante, d'oublier qu'on allait tomber un jour.

Je suis resté ferme contre vents et marées, il avait besoin de moi, avait confiance en moi, savait que je ne le laisserai jamais tomber.

Quand j'ai appris qu'il avait trahi la classe ouvrière, je n'ai pas pleuré mais j'ai plaisanté; un bon moment, ils ont toutes sortes de pilules, moi je me suis installé avec ma bouteille de vin rouge.

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The Persian Carpet I bought a small carpetfrom a man at the market,I wasn’t going to,but when I asked himto reduce the price,he shouted at me and the world,said it was Persian,so I hastily took it. Rolled it out it in the hall,switched the light on,nothing and rememberedI had gone to townto buy a light bulb Later, when my wifecame home from workshe slipped on the carpetand broke a leg.

Le tapis persan

J'ai acheté un petit tapisà un homme sur le marché,je ne voulais pas,mais lorsque je lui ai demandéde me le faire moins cher,il s'est mis à me hurler dessus et à la face du monde,dit que c'était persan,alors je me suis dépêché de le prendre.

Je l'ai déroulé dans le couloir,j'ai allumé la lumière,rien et je me suis souvenuque j'étais allé en villepour acheter une ampoule.

Plus tard, quand mon épouseest revenue du travailelle a glissé sur le tapiset s'est cassé la jambe.

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A Name

How abstract time is,yet it ages me…and her.Wonder what she lookslike now.

Her name,my dearest love,is the only oneI remember now.Loves since wereonly an attemptto recapturethe lost.

When the moonis fullI wonderwhy this,your hold onmy affection,never eases.

Today I wroteyour nameon a moundof sandwhen it struckmy feeble mindthat you mustbe dead,since I wroteyour name ona mound thatlooked likea filled in grave.

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Un nom

Comme le temps est abstrait,pourtant il me vieillit...et elle aussi.Je me demande à quoi elle ressemblemaintenant.

Son nom,mon amour le plus cher,est le seuldont je me souvienne à présent.Mes amours depuis ne furentqu'une tentativede ressaisirla perte.

Quand la luneest pleineje me demandepourquoi ça,ta captivationmon affection,ne s'apaise jamais.

Aujourd'hui j'ai écritton nomsur un tasde sablepuis ça m'a frappémoi esprit simpleque tu devais êtremorte,puisque j'ai écritton nomsur un tas de sablequi ressemblaità une tombe fraîche.

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Shipwrecked

Sat on a raft in the Bay of Bengal, my ship had sunk I was the only survivor. Had a carton of cigarettes,But no matches; to pass the time I threw the ciggies,One by one, into the sea, kept sharks away, thoughtOf the poor Bengal tiger hunted to almost extinction.

Next day there was another raft slowly drifting near,The man onboard, a lone survivor of a sunken ship,Asked if I had cigarettes, because he had a lighterBut nothing to smoke; a screech flayed the skin ofThe sea, luckily monsoon rain fell and eased the pain.

Le naufragé

Assis sur un radeau dans la baie du Bengal, mon bâteau a couléJ'étais le seul survivant. J'avais une cartouche de cigarettes,Mais pas d'allumettes; pour m'occuper je jetais les clopes,Une à une, dans la mer, tenais les requins éloignés, pensaisAu pauvre tigre du Bengal chassé jusqu'à l'extinction proche.

Le jour suivant il y eut un autre radeau glissant lentement à proximité du mien,L'homme à bord, le seul survivant d'un navire coulé,Me demanda si j'avais des cigarettes, il avait un briquetMais rien à fumer; un cri strident fouetta la surfaceDe l'eau, heureusement la pluie de la mousson tomba et apaisa ma souffrance.

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mgversion2>daturaISSN: 1365 5418

mgv2_59 | 09_09edited by: Walter Ruhlmann

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