Mercredi 21 mai 2014 Visions de la Russie · 2014-05-20 · sion d’informations en ligne. Les...

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Mercredi 21 mai 2014 fr.rbth.com Distribué avec Parmi les autres partenaires de distribution : The Daily Telegraph, The New York Times, The Washington Post, La Repubblica, etc. Visions de la Russie «Russia Beyond the Headlines» est le nouveau nom de , distribué en français avec Le Figaro Liées à leur naissance en URSS et toujours très interdépendantes, les industries militaires d’Ukraine et de Russie partagent la même clientèle. Comment divorcer calmement ? PAGE 2 Maureen Demidoff, une Fran- çaise vivant à Moscou, a tiré de son expérience un livre et des conseils qu’elle partage. PAGE 8 Le nom de Gjel, petit village près de Moscou, n’est guère connu que des amateurs de porcelaine. Les ateliers de céramique valent le détour, sans parler des églises ancestrales de la région. PAGE 5 FRÈRES ENNEMIS SUR LE MARCHÉ DE L’ARMEMENT COMPRENDRE LA RUSSIE : LE FRUIT D’UNE EXPÉRIENCE GJEL : LE CREUSET RUSSE MÉCONNU DE LA PORCELAINE SUITE EN PAGE 3 CE CAHIER DE HUIT PAGES EST ÉDITÉ ET PUBLIÉ PAR ROSSIYSKAYA GAZETA (RUSSIE), QUI ASSUME L’ENTIÈRE RESPONSABILITÉ DE SON CONTENU À lire sur notre site Web Coupe du Monde 2018 : on n’en finit pas de bâtir ! Le meilleur de la Russie : entre ville et campagne fr.rbth.com/28991 fr.rbth.com/28863 Dans Passeport rouge, un spectacle proposé sur une scène parisienne, une Française suit son mari, un artiste russe, en Union soviétique à la veille de la Seconde Guerre mondiale. La pièce présentée par Aurélie Valetoux est inspirée du livre de Lucile Gubler, la petite-fille d’Annette, l’héroïne réelle et toujours en vie : « Parlez-moi d’amour. Une Française dans la terreur stalinienne ». Au-delà de 3000 lécteurs par jour, le blogueur doit révéler sa véritable identité. MARINA OBRAZKOVA RBTH Une nouvelle loi signée par Vladimir Poutine début mai contraint les blogueurs à vérifier l’authenticité des informations qu’ils publient, et à révéler leur véritable identité. MÉDIAS Les autorités russes veulent mettre de l’ordre dans la publication et la diffusion sur Internet S’agit-il d’une tentative de prise de contrôle d’Internet de la part des auto- rités ruses, comme l’affirment certains experts ? Ou, selon le pouvoir, de renfor- cer la fiabilité des informations publiées par les blogueurs sur les pages les plus visitées de la Toile ? Une nouvelle loi oblige les personnes phy- siques et morales à notifier l’autorité de supervision des communications et des médias (Roskomnadzor), de tout projet de lancement d’informations sur Inter- net, ainsi qu’à stocker pendant un se- mestre les données touchant à la diffu- sion d’informations en ligne. Les personnes utilisant des sites pour leur usage personnel, domestique ou familial ne seront pas concernées par ces nou- velles règles. Ce faisant, un nouveau concept fait son apparition dans la législation : celui de Les blogs soumis aux règles du journalisme LIRE EN PAGE 7 « blogueur ». Les députés suggèrent d’in- clure dans cette catégorie toutes les per- sonnes recueillant sur leur site person- nel, ou sur leur page d’un réseau social, un minimum de trois mille visites par jour. Roskomnadzor entend mettre au point un programme spécial visant à contrôler le nombre de visiteurs. Les personnes figurant dans la catégo- rie « blogueur » seront enregistrées à part et en mesure de générer des recettes pu- blicitaires. L’un des auteurs du projet de loi et président du Comité de la politique d’information de la Douma d’État, Alexeï Mitrofanov, a indiqué qu’à l’avenir, les blogueurs pourraient être répertoriés dans trois catégories différentes en fonction de leur nombre de visiteurs, sous les ru- briques « blogueur », « super-blogueur » et « blogueur-star ». En termes concrets, la loi fait obligation aux éditeurs de « journaux » Internet de vérifier l’authenticité des informations publiées, de respecter les règles concer- nant les campagnes préélectorales, de veiller à ne pas propager d’informations concernant la vie privée des personnes, à ne pas diffuser de documents extré- mistes et à spécifier des restrictions d’âge s’appliquant éventuellement aux usa- gers. Dès qu’un blog totalisera trois mille lecteurs, son auteur sera tenu de dévoi- ler ses véritables nom et prénom. Le blog ne diffèrera donc pas des mé- dias traditionnels. Des amendes sont pré- vues en cas de violation de la réglemen- tation : de 100 à 200 euros pour les personnes physiques, et de 200 à 1 000 euros pour les personnes morales. Les contrevenants ignorant de façon répé- tée les injonctions du Roskomnadzor s’exposeront à une pénalité de 10 000 euros assortie d’une fermeture de leur blog pendant 30 jours. ÉCONOMIE Effet des sanctions sur le climat d’investissement La situation en Ukraine ne remet pas en cause les investissements français en Russie, mais elle n’est pas sans conséquences commerciales à court terme. Pour l’instant, seul le tourisme, très dé- pendant de l’image du pays, semble pâtir de la crise. Tourisme : chute des commandes « Les conséquences sont très visibles. Nous consta- tons une chute des commandes d’environ 30% sur le tourisme de groupe et de 20% sur le tou- risme individuel par rapport à l’année dernière. Seuls les voyages d’affaires restent au même ni- veau », témoigne Gilles Chenesseau, conseiller du président de Tsarvoyages, un tour-opérateur basé à Moscou. La baisse est d’autant plus nette que la Russie s’était transformée en destination culturelle re- fuge pour les Européens après les troubles dans le monde arabe. « Aujourd’hui nos clients nous questionnent sur la situation, expriment des peurs. Il est difficile pour nous d’expliquer qu’il ne se passe rien en Russie, d’autant que le trai- tement du dossier ukrainien dans les médias peut vite mener à un amalgame entre les pro-Russes en Ukraine et la Russie », remarque Gilles Che- nesseau. Les projets d’infrastructure épargnés À Samara, dans la région de la Volga, la crise politique ukrainienne n’a pas de conséquences économiques directes pour la société Samara Electroshield, détenue à 100% par le groupe fran- çais Schneider Electric depuis mars 2013. « Pour nous, la situation en Ukraine ne change rien : la stratégie que nous avons définie est basée sur le long terme. Nous savons que l’environne- ment peut évoluer mais nous croyons surtout au développement du marché russe », affirme Éric Brisset, président de la société. En 2014, Samara Electroshield lancera la construction d’une usine de transformateurs élec- triques à Samara. « La Russie a besoin de mo- derniser ses infrastructures, notamment ses ré- seaux électriques, et cette nécessité ne dépend pas de critères géopolitiques. Les sociétés pétro- lières ont des plans d’investissement et nous comptons les accompagner, indépendamment du contexte. Même chose pour les transports, avec la modernisation du réseau ferroviaire ou celle des aéroports d’Ekaterinebourg et de Samara sur lesquels nous travaillons. Ces projets seront menés à leur terme », assure Éric Brisset. Pourtant, l’histoire a déjà montré, dans le do- maine militaire par exemple, que les autorités russes choisissaient parfois de rompre un contrat avec une société étrangère pour en conclure un nouveau avec une entreprise russe. « Notre ac- tionnaire est français mais 99% de nos salariés, sur les 7 000 que nous employons, sont russes. Et nous payons nos impôts ici. Samara Elec- troshield est donc un partenaire local et à ce titre, ne se sent pas menacé par un tel retourne- ment de situation », analyse Éric Brisset. La crainte d’un durcissement sous la pression des États-Unis La crise ukrainienne pourrait toutefois avoir des conséquences plus graves si l’Union européenne cédait à la pression des États-Unis et adoptait des sanctions économiques contre la Russie, en- traînant un engrenage de contre-sanctions qui pourraient avoir un réel impact sur les entre- prises françaises. Les milieux d’affaires français attendent la fin de l’orage BENJAMIN HUTTER POUR RBTH La crise ukrainienne touche directement les secteurs économiques très dépendants de la conjoncture, comme le tourisme, mais reste pour l’instant sans incidence sur la stratégie à long terme des entreprises françaises en Russie. Le destin d’une Française en URSS SUITE EN PAGE 4 PHOTOXPRESS RIA NOVOSTI

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Mercredi 21 mai 2014fr.rbth.com

Distribué avec

Parmi les autres partenaires de distribution : The Daily Telegraph, The New York Times, The Washington Post, La Repubblica, etc.

Visions de la Russie

«Russia Beyond the Headlines» est le nouveau nom de , distribué en français avec Le Figaro

Liées à leur naissance en URSS et toujours très interdépendantes, les industries militaires d’Ukraine et de Russie partagent la même clientèle. Comment divorcer calmement ?PAGE 2

Maureen Demidoff, une Fran-çaise vivant à Moscou, a tiré de son expérience un livre et des conseils qu’elle partage.PAGE 8

Le nom de Gjel, petit village près de Moscou, n’est guère connu que des amateurs de porcelaine. Les ateliers de céramique valent le détour, sans parler des églises ancestrales de la région.PAGE 5

FRÈRES ENNEMIS SUR LE MARCHÉ DE L’ARMEMENT

COMPRENDRE LA RUSSIE : LE FRUIT D’UNE EXPÉRIENCE

GJEL : LE CREUSET RUSSE MÉCONNU DE LA PORCELAINE

SUITE EN PAGE 3

C E C A H I E R D E H U I T PAG E S E S T É D I T É E T P U B L I É PA R R O S S I Y S K AYA G A Z E TA ( R U S S I E ) , Q U I A S S U M E L ’ E N T I È R E R E S P O N S A B I L I T É D E S O N C O N T E N U

À lire sur notre site Web

Coupe du Monde 2018 : on n’en finit pas de bâtir !

Le meilleur de la Russie : entre ville et campagne

fr.rbth.com/28991

fr.rbth.com/28863

Dans Passeport rouge, un spectacle proposé sur une scène parisienne, une Française suit son mari, un artiste russe, en Union soviétique à la veille de la Seconde Guerre mondiale. La pièce présentée par Aurélie Valetoux est inspirée du livre de Lucile Gubler, la petite-fille d’Annette, l’héroïne réelle et toujours en vie : « Parlez-moi d’amour. Une Française dans la terreur stalinienne ».

Au-delà de 3000 lécteurs par jour, le blogueur doit révéler sa véritable identité.

MARINA OBRAZKOVARBTH

Une nouvelle loi signée par Vladimir

Poutine début mai contraint les

blogueurs à vérifier l’authenticité des

informations qu’ils publient, et à

révéler leur véritable identité.

MÉDIAS Les autorités russes veulent mettre de l’ordre dans la publication et la diffusion sur Internet

S’agit-il d’une tentative de prise de contrôle d’Internet de la part des auto-rités ruses, comme l’affirment certains experts ? Ou, selon le pouvoir, de renfor-cer la fi abilité des informations publiées par les blogueurs sur les pages les plus visitées de la Toile ? Une nouvelle loi oblige les personnes phy-siques et morales à notifi er l’autorité de supervision des communications et des médias (Roskomnadzor), de tout projet de lancement d’informations sur Inter-net, ainsi qu’à stocker pendant un se-mestre les données touchant à la diffu-sion d’informations en ligne. Les personnes utilisant des sites pour leur usage personnel, domestique ou familial ne seront pas concernées par ces nou-velles règles. Ce faisant, un nouveau concept fait son apparition dans la législation : celui de

Les blogs soumis aux règles du journalisme

LIRE EN PAGE 7

« blogueur ». Les députés suggèrent d’in-clure dans cette catégorie toutes les per-sonnes recueillant sur leur site person-nel, ou sur leur page d’un réseau social, un minimum de trois mille visites par jour. Roskomnadzor entend mettre au point un programme spécial visant à contrôler le nombre de visiteurs.

Les personnes fi gurant dans la catégo-rie « blogueur » seront enregistrées à part et en mesure de générer des recettes pu-blicitaires. L’un des auteurs du projet de loi et président du Comité de la politique d’information de la Douma d’État, Alexeï Mitrofanov, a indiqué qu’à l’avenir, les blogueurs pourraient être répertoriés dans

trois catégories différentes en fonction de leur nombre de visiteurs, sous les ru-briques « blogueur », « super-blogueur » et « blogueur-star ». En termes concrets, la loi fait obligation aux éditeurs de « journaux » Internet de vérifi er l’authenticité des informations publiées, de respecter les règles concer-nant les campagnes préélectorales, de veiller à ne pas propager d’informations concernant la vie privée des personnes, à ne pas diffuser de documents extré-mistes et à spécifi er des restrictions d’âge s’appliquant éventuellement aux usa-gers. Dès qu’un blog totalisera trois mille lecteurs, son auteur sera tenu de dévoi-ler ses véritables nom et prénom.Le blog ne diffèrera donc pas des mé-dias traditionnels. Des amendes sont pré-vues en cas de violation de la réglemen-tation : de 100 à 200 euros pour les personnes physiques, et de 200 à 1 000 euros pour les personnes morales. Les contrevenants ignorant de façon répé-tée les injonctions du Roskomnadzor s’exposeront à une pénalité de 10 000 euros assortie d’une fermeture de leur blog pendant 30 jours.

ÉCONOMIE Effet des sanctions sur le climat d’investissement

La situation en Ukraine ne remet pas en cause les investissements français en Russie, mais elle n’est pas sans conséquences commerciales à court terme. Pour l’instant, seul le tourisme, très dé-pendant de l’image du pays, semble pâtir de la crise.

Tourisme : chute des commandes« Les conséquences sont très visibles. Nous consta-tons une chute des commandes d’environ 30% sur le tourisme de groupe et de 20% sur le tou-risme individuel par rapport à l’année dernière. Seuls les voyages d’affaires restent au même ni-veau », témoigne Gilles Chenesseau, conseiller du président de Tsarvoyages, un tour-opérateur basé à Moscou. La baisse est d’autant plus nette que la Russie s’était transformée en destination culturelle re-fuge pour les Européens après les troubles dans le monde arabe. « Aujourd’hui nos clients nous questionnent sur la situation, expriment des peurs. Il est difficile pour nous d’expliquer qu’il ne se passe rien en Russie, d’autant que le trai-tement du dossier ukrainien dans les médias peut vite mener à un amalgame entre les pro-Russes en Ukraine et la Russie », remarque Gilles Che-nesseau.

Les projets d’infrastructure épargnésÀ Samara, dans la région de la Volga, la crise politique ukrainienne n’a pas de conséquences économiques directes pour la société Samara Electroshield, détenue à 100% par le groupe fran-çais Schneider Electric depuis mars 2013.

« Pour nous, la situation en Ukraine ne change rien : la stratégie que nous avons défi nie est basée sur le long terme. Nous savons que l’environne-ment peut évoluer mais nous croyons surtout au développement du marché russe », affirme Éric Brisset, président de la société.En 2014, Samara Electroshield lancera la construction d’une usine de transformateurs élec-triques à Samara. « La Russie a besoin de mo-derniser ses infrastructures, notamment ses ré-seaux électriques, et cette nécessité ne dépend pas de critères géopolitiques. Les sociétés pétro-lières ont des plans d’investissement et nous comptons les accompagner, indépendamment du contexte. Même chose pour les transports, avec la modernisation du réseau ferroviaire ou celle des aéroports d’Ekaterinebourg et de Samara sur lesquels nous travaillons. Ces projets seront menés à leur terme », assure Éric Brisset.Pourtant, l’histoire a déjà montré, dans le do-maine militaire par exemple, que les autorités russes choisissaient parfois de rompre un contrat avec une société étrangère pour en conclure un nouveau avec une entreprise russe. « Notre ac-tionnaire est français mais 99% de nos salariés, sur les 7 000 que nous employons, sont russes. Et nous payons nos impôts ici. Samara Elec-troshield est donc un partenaire local et à ce titre, ne se sent pas menacé par un tel retourne-ment de situation », analyse Éric Brisset.

La crainte d’un durcissement sous la pression des États-UnisLa crise ukrainienne pourrait toutefois avoir des conséquences plus graves si l’Union européenne cédait à la pression des États-Unis et adoptait des sanctions économiques contre la Russie, en-traînant un engrenage de contre-sanctions qui pourraient avoir un réel impact sur les entre-prises françaises.

Les milieux d’affaires français attendent la fin de l’orage

BENJAMIN HUTTERPOUR RBTH

La crise ukrainienne touche directement les

secteurs économiques très dépendants de la

conjoncture, comme le tourisme, mais reste pour

l’instant sans incidence sur la stratégie à long

terme des entreprises françaises en Russie.

Le destin d’une Française en URSS

SUITE EN PAGE 4

PHOTOXPRESS

RIA

NO

VO

STI

2Supplément de Rossiyskaya Gazeta distribué avec Le FigaroMercredi 21 mai 2014

INTERNATIONAL

RUSSIA BEYOND THE HEADLINES (RBTH) PUBLIE 26 SUPPLÉMENTES DANS 23 PAYS POUR UN AUDITOIRE TOTAL DE 33 MILLIONS DE PERSONNES ET GÈRE 19 SITES INTERNET EN 16 LANGUES. LES SUPPLÉMENTS ET CAHIERS SPÉCIAUX SUR LA RUSSIE SONT PRODUITS ET PUBLIÉS PAR RBTH, UNE FILLIALE DE ROSSIYSKAYA GAZETA (RUSSIE), ET DIFFUSÉS DANS LES QUOTIDIENS INTERNATIONAUX SUIVANTS : • LE FIGARO, FRANCE • LE SOIR, BELGIQUE• THE DAILY TELEGRAPH, GRANDE BRETAGNE • SÜDDEUTSCHE ZEITUNG, ALLEMAGNE • EL PAÍS, ESPAGNE • LA REPUBBLICA, ITALIE • DUMA, BULGARIE • POLITIKA, GEOPOLITIKA, SERBIE • THE WASHINGTON POST, THE NEW YORK TIMES ET THE WALL STREET JOURNAL, ÉTATS-UNIS • THE ECONOMIC TIMES, INDE • MAINICHI SHIMBUN, JAPON •

HUANQIU SHIBAO, CHINE • LA NACION, ARGENTINE • FOLHA DE S.PAULO, BRÉSIL • EL OBSERVADOR, URUGUAY • SYDNEY MORNING HERALD, THE AGE, AUSTRALIE • ELEUTHEROS TYPOS, GRÈCE • JOONGANG ILBO, CORÉE DU SUD • GULF NEWS, AL KHALEEJ, ÉMIRATS ARABES UNIS • NOVA MAKEDONIJA, MACÉDOINE • NATION, PHUKET GAZETTE, THAÏLANDE • THE INTERNATIONAL NEW YORK TIMES.  COURRIEL : [email protected]. POUR DE PLUS AMPLES INFORMATIONS, CONSULTER FR.RBTH.COM. LE FIGARO EST PUBLIÉ PAR DASSAULT MÉDIAS, 14 BOULEVARD HAUSSMANN 75009 PARIS. TÉL: 01 57 08 50 00. IMPRESSION : L’IMPRIMERIE, 79, RUE DE ROISSY 93290 TREMBLAY-EN-FRANCE. MIDI PRINT 30600 GALLARGUES-LE-MONTUEUX. DIFFUSION : 321 101 EXEMPLAIRES (OJD PV DFP 2011)

REVUE DE PRESSE

GAZETA.RU / 16.05 On ne sait toujours pas si l’élection pré-sidentielle ukrainienne aura lieu à Do-netsk et dans d’autres villes de l’est de l’Ukraine, dimanche 25 mai. L’Occident est prêt à en reconnaître les résultats dans tous les cas, si toutefois le scru-tin se tient. La Russie, à en juger par les déclarations de son président Vladimir Poutine et de Sergueï Narychkine, pré-sident de la Douma, serait également prête à fermer les yeux sur l’étran-geté de cette élection. Si l’on en croit les sondages, le milliardaire Petro Po-rochenko est favori du scrutin et les di-rigeants du parti « Patrie », associés à « l’opération antiterroriste » dans l’est du pays, devraient être remplacés.

Le principal problème de la crise ukrai-nienne aujourd’hui est que le processus socio-politique en Ukraine est sous la pression de forces internes et externes, tant en Russie qu’en Occident, et qu’il n’a encore vu émerger aucun leader. Dans l’idéal, ce devrait être une person-nalité rassembleuse et possédant de l’autorité dans tout le pays. Or, l’Ukraine ne possède pas un tel héros natio-nal. Aujourd’hui, n’agissent sur l’avant-scène que des figures politiques dépas-sées, dont la réputation est loin d’être irréprochable et qui s’apparentent plu-tôt à des personnages d’opérette.

THE MOSCOW TIMES / 14.05 Vladimir Poutine attend son heure, es-pérant que les deux parties en conflit, avec l’aide des médiateurs américains, russes et européens, pourront résoudre la crise ukrainienne sans intervention militaire. À l’opposé, Ioulia Timochen-ko, ex-Premier ministre du pays, a déjà menacé l’Ukraine d’une troisième révo-lution si son opposant, Petro Porochen-ko, remporte l’élection présidentielle du 25 mai. Par ses déclarations, elle ren-force la possibilité d’un effondrement de la junte à Kiev.

L’Occident menace la Russie de passer au « niveau trois » des sanctions si le scrutin est émaillé par des perturbations, qui pour-raient intervenir aussi bien à Kiev que dans l’est ukrainien.

UKRAINE : LA PRÉSIDENTIELLE VUE DE MOSCOU

LA TENUE DU SCRUTIN À

TOUT PRIX

FEDOR LOUKIANOV

TOUJOURS PAS DE VRAI

LEADER EN UKRAINE

ÉDITORIAL

NEZAVISSIMAÏA GAZETA / 15.05  

TIMOCHENKO MENACE LE

PAYS D’UNE TROISIÈME

RÉVOLUTION

SERGUEÏ MARKOV

PRÉPARÉ PARBENJAMIN HUTTER

ALEXANDRE KOROLKOVPOUR RBTH

Les deux pays sont en concurrence sur

le marché international de l’armement,

mais leurs entreprises spécialisées dans

l’industrie de la défense sont vouées à

maintenir un minimum de coopération.

ANALYSE La concurrence entre la Russie et l’Ukraine prend racines dans le passé soviétique

Après le démembrement de l’URSS, un de ses principaux fragments, l’Ukraine, a reçu, en plus de son territoire assorti de son potentiel humain et économique, une part disproportionnée de l’héritage militaire soviétique, composé notam-ment des usines du complexe militaro-industriel (CMI), d’entrepôts d’armes et de techniques liées aux fusées et aux ogives nucléaires. Cet héritage a per-mis au jeune État de s’ancrer sur les marchés mondiaux traditionnellement orientés vers l’armement soviétique. L’ancien CMI d’URSS s’est mué en deux pôles, l’un russe, l’autre ukrainien, qui ne sont pas de simples frères : on pour-rait en fait les comparer à des frères siamois qui souhaiteraient vivre de façon autonome, alors que la séparation du corps commun créé à l’époque sovié-tique leur serait fatale à tous les deux.Sur le territoire ukrainien, il reste 3 594 entreprises du CMI où travaillent envi-ron trois millions de personnes. Elles sont presque toutes en coopération avec des entreprises restées en Russie, dont le CMI a survécu au chaos après un ef-fondrement dans les années 1990.Il était plus simple et plus rentable, pour le nouveau pouvoir à Kiev, d’organiser le commerce d’armes à partir des en-trepôts soviétiques, ce qui a été fait tout au long des années 90 en livrant des équipements militaires à des prix déri-soires dans les zones de confl its comme

Industrie de la défense : rivalité et partie liée

maintenir une production annexe de dispositifs et d’agrégats dont n’auraient pu se passer les sociétés russes visant les marchés mondiaux. Vers le milieu des années 90, les entreprises ukrai-niennes ayant survécu ont commencé à chercher à travailler avec l’étranger.La désagrégation du CMI ukrainien a été stoppée grâce à d’importants contrats d’exportation avec les pays d’Afrique, le Pakistan, l’Irak, l’Inde, la Thaïlande, la Chine ou les pays d’Amé-rique latine, et le jeune exportateur d’armes concurrence la Russie sur ces marchés très importants pour Moscou, ayant notamment réussi à s’introduire dans « le saint des saints » de l’export militaire russe : la Chine, qui est très intéressée par le CMI ukrainien, notam-ment par son potentiel technologique.

Un moyen de pression mutuellement préjudiciableSi la Russie et l’Ukraine rivalisent sur les marchés de l’armement avec des ca-pacités de production comparables, les deux pays n’en continuent pas moins de collaborer étroitement. Plus de 70% des fournisseurs de systèmes et de com-posants pour les entreprises d’armement ukrainiennes se trouvent en Russie. Sans elle, l’Ukraine ne pourrait produire que des chars et des modèles obsolètes de véhicules de transport de troupes. Mais la Russie est de son côté fortement dé-pendante du CMI ukrainien, dont les exportations représentent une part ma-jeure (60%) du marché russe.Il n’empêche que compte tenu des évé-nements en Ukraine, l’avenir de la col-laboration paraît incertain. Aujourd’hui, « Oukroboronprom » (le groupe ukrai-nien d’entreprises de l’industrie de dé-fense) a cessé les livraisons d’armes et d’équipements militaires à la Fédéra-tion de Russie. Les relations entre les deux pays sur ce terrain risquent de rester gelées jusqu’au règlement du confl it.Ces dernières années, la Russie a fait des efforts pour réduire la dépendance de son CMI. Les livraisons de moteurs ukrainiens pour hélicoptères ont com-mencé à être remplacées par la produc-tion nationale. Mais pour une substi-tution complète, selon le ministère du Commerce et de l’Industrie, il faudrait entre deux et deux ans et demi. La Rus-sie a lancé une production de moteurs pour l’avion d’entraînement militaire Yak-130 qui était auparavant produit en Ukraine. Elle assure la conception et la production des missiles balistiques Topol-M, Yars et Boulava sans la par-ticipation du concepteur ukrainien en matière aérospatiale, le bureau d’étude « Youjnoe ». Lors de la création du nou-vel hélicoptère Ka-60, la Russie a refu-sé d’utiliser des moteurs de production venant de la société ukrainienne « Mo-tor-Sitch » basée à Zaporijia. Et elle a obtenu de l’Ukraine les droits pour la réalisation de la version « transport mi-litaire » de l’avion An-140, prévue à Sa-mara dans l’usine « Aviakor ».En situation confl ictuelle, les deux pays pourraient menacer de mettre fi n à leur collaboration militaro-technique comme moyen de pression mutuelle, mais une scission défi nitive du corps des frères siamois blesserait profondément l’in-dustrie russe et aurait des conséquences mortelles pour une grande quantité d’entreprises ukrainiennes.

Êtes-vous favo-rable à l’indé-pendance des régions du sud-est de l’Ukraine ?

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Un char d’assaut « Oplot » sur sa chaîne de fabrication à Kharkov (Ukraine).

140 millions de dollarsC’est le montant du contrat remporté par l’Ukraine pour la livraison à la Thaï-lande de 121 VTT-3E1 et de 49 chars T-84U « Oplot ». La Russie était l’autre candidat (malheu-reux) pour l’appel d’offres qui portait en tout sur 231 mil-lions de dollars.

En chiffres

D’après les chiff res de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, l’Ukraine s’est classée au 8ème rang mon-dial des pays exportateurs

d’armement entre 2009 et 2013, période où la Russie a été le 4ème acheteur de produits ukrainiens liés à la défense, après la Chine, l’Éthiopie et le Pakistan.

Bien classée

Avion Antonov 70 au salon MAKS-2009 à Moscou.

le Yémen, le Soudan, la République Cen-trafricaine et la Somalie.En 1997, suite à l’absence de commandes d’ État, le nombre d’entreprises d’arme-ment ukrainiennes a été divisé par 5. De 350 avions par an, la production en Ukraine est tombée à zéro, tout comme celle des chars dont le pays produisait encore 800 exemplaires en 1994. La construction navale, représentant 40% des commandes de navires en URSS, s’est retrouvée complètement anéantie.Cependant, l’Ukraine a conservé une industrie aérienne compétitive. Elle construit des chars, des fusées et a su

PHO

TOX

PRESS

ITAR

-TASS

3Supplément de Rossiyskaya Gazeta distribué avec Le Figaro Mercredi 21 mai 2014

SOCIÉTÉ

EMILIE POUZATPOUR RBTH

Ambiance conviviale, musique,

produits et accent français : le « VJ

Café » est un petit paradis hexagonal

au Jardin de l’Ermitage, en plein centre

de la capitale russe.

SOCIÉTÉ La recette commerciale de deux Français en Russie

C’est une vraie « success story » fran-çaise en Russie. Il y a un peu plus d’un an, Jonathan Belpeer et Vincent De-miaux débarquaient à Moscou, un peu au hasard, sans parler un mot de russe. Les deux Français, aventuriers dans l’âme, avaient chacun tenté des expé-riences professionnelles à l’étranger, no-tamment au Brésil et aux États-Unis (ils s’étaient rencontrés à Miami). Un jour, Vincent accompagne un ami à Mos-cou. Jonathan décide de le rejoindre. Le premier excelle à la fabrication de crêpes et galettes, même s’il a grandi loin de la Bretagne (à Évian, alors que Jonathan est originaire de Belfort). Les deux compères ont alors l’idée de mon-ter un stand de spécialités bien fran-çaises. « Au début, on distribuait sim-plement des crêpes aux passants, rue 1905 goda, pour essayer d’apprendre le russe et de créer des contacts  (...). L’argent n’était pas le but premier, les gens nous donnaient ce qu’ils voulaient s’ils avaient apprécié. Mais les autori-tés ne voyaient pas ça du même œil, et au bout du troisième jour, nous avons été arrêtés », raconte Vincent Demiaux. Une aubaine pour les deux jeunes Fran-çais, car la presse s’intéresse à l’affaire, et le département de la Culture du gou-vernement de Moscou et son directeur Sergueï Kapkov en personne, vient à leur aide en leur attribuant un empla-

Crêpes bretonnes et addition au bon cœur des Moscovites

Jonathan (ci-dessus) et Vincent

(ci-contre) proposent les

crêpes aux Moscovites selon

la formule « payez la somme qui vous

paraît justifiée ». Et ça marche !

cement au Jardin de l’Ermitage. « Notre arrestation a fi nalement été bénéfi que puisqu’elle nous a permis de nous faire connaître et de travailler en toute léga-lité », ajoute Vincent.Les deux expatriés rentrent régulière-ment dans leur pays d’origine pour mettre à jour leur visa, et en profi tent pour ramener les produits français tant appréciés des Russes. Et l’aventure continue, enrichie de nouveautés : en plus des crêpes, Jonathan et Vincent pro-posent maintenant des galettes de sar-rasin, des gaufres, du caramel au beurre salé et diverses boissons, le tout « Made in France » ! Le concept reste le même : « payez ce que vous voulez », une méthode à la-quelle les Russes sont peu habitués, mais qui fait ses preuves. « Certains clients donnent beaucoup plus que ce qu’ils paieraient dans un restaurant. Cela per-met aux personnes les plus défavori-sées et aux enfants de manger presque gratuitement et tout le monde y trouve son compte », explique Jonathan Belpeer. Les deux « associés » ne regrettent en rien leur expérience, apprécient la vie en Russie et la compagnie des Mosco-vites. « Moscou, c’est fou ! Les gens sont très sympathiques, pas forcément au premier abord mais quand on creuse, on trouve une vraie générosité », s’ex-clame Vincent. C’est pourquoi le duo met un point d’honneur à bien servir le client et lui faire apprécier les tradi-tions françaises. Et ça marche ! Tous les week-ends, fa-milles, amis, amoureux ou encore pro-meneurs solitaires dégustent les crêpes françaises devant le mini-chalet des deux compères. « Notre accent les

DMITRI ROMENDIKRBTH

De nombreux expatriés enseignent la

langue de leur pays en Russie tout en

apprenant parfois le russe en parallèle.

Mais un locuteur natif n’a pas toujours

la formation d’un professionnel.

ENSEIGNEMENT Les professionnels et le « troc linguisitique »

Le Mexicain Jorge étudie à l’Académie de musique Gnessine et travaille en pa-rallèle comme enseignant locuteur natif au centre culturel espagnol. La Chinoise Zhen étudie le russe au sein de l’une des universités moscovites. Elle a trouvé une amie russe et les deux jeunes fi lles s’ap-prennent à tour de rôle le chinois et le russe. Ce « troc linguistique » est gratuit et mutuellement avantageux. Mais le plus souvent, l’apprentissage lin-guistique est assuré de façon lucrative par des professionnels. C’est le cas de Hugh Kieran McEnaney, un Irlandais de 44 ans, qui enseigne l’anglais à Moscou depuis plus de six ans : « J’ai décidé de me lancer après avoir dirigé une société de formation chez moi en Irlande pen-dant cinq ans ». Grâce aux cours qu’il dispense chaque jour à huit étudiants, M. McEnaney a acheté une voiture et une maison dans la région d’Orel, d’où sa femme est originaire, et loue égale-ment un appartement à Moscou. Les cours de langue auprès d’un locu-teur natif étranger ne sont cependant pas toujours la panacée. Ils sont plus oné-reux et parfois moins efficaces que ceux dispensés par des professionnels russes. Dans bien des cas, les enseignants étran-gers ne possèdent aucune formation pé-dagogique ; un professeur russe chevron-né connaît souvent mieux la grammaire qu’un natif et sait mieux l’expliquer.

Des gens du pays pour les langues étrangères

« Nous pratiquons souvent ce que l’on appelle l’apprentissage combiné, explique Valérie, enseignante de français. Des pro-fesseurs de l’université pédagogique tra-vaillent tout d’abord avec les étudiants, qui pratiquent ensuite avec moi. Je peux leur donner une prononciation plus pré-cise, les aider en ce qui concerne les ex-pressions du langage de tous les jours ».Il s’agit d’un marché libre. En général, les enseignants et les étudiants se re-cherchent mutuellement sur les forums et les réseaux sociaux ou bien par le bouche à oreille. Les rencontres, à domi-cile, dans un café, parfois même sur Skype, se déroulent en privé. Les écoles de langue officielles ne couvrent qu’une petite partie du véritable marché des ser-vices linguistiques. C’est pourquoi il est très difficile d’estimer le nombre d’heures de travail sur ce marché. Il en va de même en ce qui concerne la qualité de l’ensei-gnement. Des étudiants donnent des cours pour gagner leur vie, tout comme le font les linguistes professionnels.

Comment vérifier l’authenticité des informationsLe célèbre journaliste de télévision Ni-kolaï Svanidze estime que cette loi s’apparente à une tentative de prise de contrôle de la sphère Internet par les autorités : « Il s’agit d’une restric-tion fl agrante de la liberté d’expres-sion. N’importe quelle personne connue regroupe facilement 3 000 lecteurs et devrait donc de fait se comporter comme un média. Cependant, je ne comprends pas de quelle façon un jour-naliste non-professionnel pourrait vé-rifi er ses informations », explique l’ex-pert. Et de poursuivre : « Il pourrait dire qu’il a lu quelque chose dans un jour-nal ou entendu parler un voisin. On ne peut pas contraindre une personne,

Les blogueurs traités comme des journalistes

un journaliste non professionnel, qui ne dispose pas des compétences né-cessaires pour vérifi er l’information, de se porter garant de celle-ci sous peine de sanction ». Nikolaï Svanidze est convaincu qu’une telle loi sera extrêmement difficile à appliquer, en conséquence de quoi elle sera mise en œuvre de façon sélective. « Les lois difficiles à appliquer repré-sentent un danger, parce que l’on ne sait pas à quel moment elles seront soudainement mises en œuvre, c’est comme une « épée de Damoclès » constamment suspendue au-dessus des têtes de chaque utilisateur de blog ».

Élever le statut des blogueursLe photographe Ivan Dementievski tient un blog lu par plus de 6 000 per-sonnes. Il est convaincu que ce texte devrait rehausser le statut des blogueurs. « Assimiler officiellement les blogs à des médias aura un impact sur l’opi-nion publique, il y aura davantage de confi ance », estime-t-il. Le photographe est convaincu qu’il faut dès à présent vérifi er les infor-mations publiées. « En ligne, on voit souvent des posts et des publications d’informations com-plètement fausses et les gens écrivent parfois des choses stupides, explique le blogueur. Certaines personnes ver-ront cette nouveauté sous un jour né-gatif et je les comprends, mais si cette loi peut aider à faire baisser la désin-formation sur Internet, c’est une bonne chose. À titre personnel, je serai moins affecté, parce que je n’écris pas sur des thèmes politiques, mais une véritable guerre de l’information fait rage ac-tuellement ».En ce qui concerne l’enregistrement auprès de la structure d’État, Ivan De-mentievski a pu constater à quel point la procédure en question sera difficile. « Malheureusement, dans notre pays nous sommes tous habitués aux len-teurs administratives, c’est un fait. Mais si l’enregistrement ne prend pas beaucoup de temps et d’énergie, pour-quoi ne pas s’enregistrer ? »

Pour certains, la loi sera diffi cile à appliquer, en conséquence de quoi elle sera mise en œuvre de façon sélective

En ligne

Suivez la recette des blinis russes surfr.rbth.com/11908

amuse, ils adorent la France, sa culture et sa gastronomie. Il y a beaucoup d’avantages à être français à Moscou, on s’est vite fait un nom. Les clients nous voient un peu comme des origi-naux, des aventuriers », précise Vincent.Selon Jonathan, « la principale diffé-rence culturelle entre les Russes et les Français, c’est le rapport à l’argent. Les Russes sont beaucoup plus généreux, et sont de gros consommateurs ! »Jusque là, Vincent et Jonathan avaient cumulé les emplois dans l’hôtellerie, la restauration ou encore le mannequi-nat. Mais aujourd’hui, les deux Fran-çais semblent avoir trouvé leur créneau et comptent ouvrir d’autres stands aux quatre coins de Moscou. Vincent, 26 ans, vit en colocation avec son frère, qui l’a suivi à Moscou où il est professeur de langues étrangères, et un ami. Quant à Jonathan, 29 ans et plein d’ambition, il partage sa vie avec une jeune Moscovite qui donne un coup de main aux garçons à l’occasion. Il explique son choix de vie : « J’aime la France, et j’aimerais pouvoir y vivre, mais là-bas, il y a trop peu de possibi-lités de travail, on n’a même pas tou-jours la chance de faire nos preuves. J’ai le sentiment d’avoir une revanche à prendre et je veux faire partie des gens qui réussissent à l’étranger ! »

En effet, le « rêve russe » se réalise. Dans les semaines qui viennent, nos deux aventuriers français ouvriront une crê-perie bretonne dans un club aux allures d’hôtel particulier parisien, en plein cœur de Moscou, à quelques pas de la station de métro Loubianka.

En ligne

« Tous au russe ». Apprenez la langue en ligne surfr.rbth.com/12021

SUITE DE LA PREMIÈRE PAGE

Ilya Varlamov, un blogueur disposant d’une très large audience.

ELENA POCHETOVA

EMILIE POUZAT

ALAMY/LEGION MEDIA

RIA

NO

VO

STI

4Supplément de Rossiyskaya Gazeta distribué avec Le FigaroMercredi 21 mai 2014

ÉCONOMIE

La société d’ingénierie française Technip, en partenariat avec les japonais JGC et Chiyodaeïou, a rem-porté un appel d’off res d’une valeur de 4,5 milliards d’euros auprès de Yamal LNG pour la construction d’une usine de liquéfaction de gaz naturel d’une capacité de 16,5 mil-lions de tonnes par an. Selon Thierry Pilenko, le PDG de Technip : « La situation en Ukraine n’a aucunement aff ecté le projet. Je présume que le secteur de l’énergie ne souff re pas de ces événements, étant donné son importance pour la Russie et l’Europe ». Le complexe de GNL sera composé de trois usines d’une capacité de 5,5 millions de tonnes par an. La livraison de la première phase de l’usine est prévue en 2017. Le contrat prévoit que la Russie fournira l’équipement nécessaire et assurera le montage d’agrégation de modules, diverses ingénieries et le support technique.Les actionnaires de Yamal LNG sont Novatek (60%), le chinois CNPC (20%) et Total (20%). Le montant global des investissements s’élève à 19,7 milliards d’euros.

La chaîne hôtelière française prévoit un investissement de plus de 5 millions d’euros pour la construc-tion d’un hôtel Ibis dans la région d’Oulianovsk Zavolzhsi. Les travaux débuteront au troisième trimestre de cette année, l’ouverture devant intervenir au deuxième trimestre de 2017. Le contrat a été co-signé début mai par le gouverneur de la région d’Oulianovsk et le sous-directeur du développement d’Accor, Alexis Feya. Le projet porte sur un hôtel de classe mondiale comprenant 117 chambres et les infrastructures nécessaires à un établissement de cette catégorie. La construction sera réalisée selon les normes du groupe Accor. « Après avoir décidé de construire notre nouvel hôtel en Russie, nous avons opté pour la région d’Oulianovsk. Il y règne un climat d’investissement favorable, de bonnes conditions pour les entre-prises internationales et le potentiel touristique nécessaire », a déclaré la directrice adjointe du groupe.

EN BREF

TECHNIP DÉCROCHE UN GROS CONTRAT DANS L’ARCTIQUE

LE GROUPE ACCOR VA CONSTRUIRE UN HÔTEL À OULIANOVSK

Yandex à la recherche de jeunes pousses

QUESTIONS & RÉPONSES

À l’occasion d’Axis Paris 2014, le ren-dez-vous de l’innovation (17-18 juin), RBTH a interrogé Ksenia Elkina, di-rectrice des relations internationales chez Yandex, sur la stratégie en Eu-rope de cette société qui gère le pre-mier moteur de recherche en Russie.

Dans le passé, Yandex a déjà participé

au programme Startup Weekend visant

à déceler des jeunes pousses étrangères.

Que cherchez vous désormais ?

Nous travaillons constamment avec des start-ups étrangères, participons à de nombreuses manifestations qui leur sont consacrées dans le monde

entier, et maintenant, nous voulons, à Axis Paris, voir de quoi est riche le marché français des start-ups. Nous savons tout des équipes, nouvelles ou pas, qui fondent leur société sur la tech-nologie. Par exemple, Yandex a tout récemment acheté une start-up israé-lienne, KitLocale. Auparavant, nous avions investi dans Face.com, autre so-ciété israélienne ; maintenant, nous sommes en négociations avec plusieurs équipes de différents pays.L’industrie des start-ups ne connaît pas les frontières ni la géographie. Si quelqu’un conçoit une vraie techno-logie et pas seulement un service qui ne diffère que légèrement de milliers d’autres, si cette innovation peut être utile aux utilisateurs de Yandex, dans notre service ou en dehors, alors la si-tuation géographique de cette équipe n’est réellement pas importante.

Quels critères vous guident vers les

jeunes pousses dans lesquelles vous in-

vestissez et dont vous recrutez l’équipe ?

Généralement, nous achetons des start-ups sur la base de la technologie, non de l’équipe qui doit être dans « l’es-prit » de Yandex, ce qui signifi e par-tager nos valeurs. L’équipe, en géné-ral, rejoint Yandex après l’achat et est responsable de l’intégration de son projet dans nos services en collabora-tion avec ses nouveaux collègues. Et il est très facile de nous plaire : pour cela, il suffit de créer une innovation

qui soit bonne et intelligente. Par exemple, nous sommes pour le mo-ment plus intéressés par les start-ups qui savent travailler avec de grands volumes de données et la formation en ligne. Cela ne signifi e toutefois pas que nous ne nous intéressons pas à autre chose.

Selon vous, y -a-t-il de vraies différences

entre le marché des jeunes pousses en Rus-

sie et en Europe, notamment en France ?

Ou bien marchons-nous en cadence ?

Ces dernières années, le marché russe des start-ups a progressé à grands pas. Alors qu’il y a trois ou quatre ans, une start-up moyenne russe ne pouvait s’imaginer évoluer au niveau interna-tional, maintenant on crée des services qui n’ont rien à envier aux équipes eu-ropéennes au niveau de l’idée, de la tech-nologie et de la conduite des affaires. La différence que nous avons connue dans le passé est aujourd’hui pratique-ment inexistante. C’est ce que dé-montrent admirablement les équipes qui sont au Tolstoy Startup Camp.

Un atelier de Yandex pour tous les candidats au lancement de leur start-up. Le programme concerne les jeu-nes pousses pré-vues à Moscou, mais aussi dans autres régions.

Tolstoy

Startup

Camp

En ligne

Toutes les nouveautés surfr.rbth.com/

startups

« On peut se faire une idée de l’am-pleur du phénomène avec le cas du Canada. En raison de sa position très ferme sur le dossier ukrainien, le pays s’est fermé des portes en Russie : on sait déjà que le groupe Bombardier, constructeur d’avions et de trains, n’a plus d’avenir ici », remarque Arnaud Dubien, directeur de l’Observatoire franco-russe.Une problématique d’autant plus sen-sible que le chiffre d’affaires généré par les entreprises françaises en Rus-sie se répercute directement dans les résultats de leur siège en France, et donc sur l’emploi dans l’Hexagone.

Une crise de confiance Même si des mesures plus sévères ne sont pas adoptées, le simple fait d’en agiter la menace a déjà semé un doute dans les milieux économiques. « Les entreprises nous posent une seule et même question : va-t-il y avoir des sanc-tions ? », témoigne Emmanuel Quidet, président de la Chambre de commerce et d’industrie franco-russe (CCIFR). « Un climat d’incertitude règne au-jourd’hui parmi les entrepreneurs fran-çais – et l’incertitude, les entreprises n’aiment pas ça », souligne-t-il.Conséquence : un certain nombre de décisions importantes en matière d’in-vestissement sont repoussées. « Notam-ment de très grands groupes qui vou-laient investir au printemps et qui ont décidé de retarder leur décision. Ce n’est pas encore visible mais on sait que ça existe », relève Arnaud Dubien.Pavel Chinsky, directeur de la CCIFR, précise : « La Russie est extrêmement attractive pour les entreprises qui y sont déjà. Par contre, celles qui n’y sont pas encore implantées sont ex-trêmement sensibles à l’image très ca-tastrophique qu’ils en ont. Ce n’est pas nouveau. Mais le climat de défi ance vis-à-vis du marché russe s’est encore aggravé ».Du côté des partenaires russes, le doute commence également à s’installer. « Ils veulent être rassurés. À Samara, nous comptons aider un établissement qui s’occupe d’enfants handicapés et les médecins s’inquiètent, nous demandent

Un climat d’affaires refroidi SUITE DE LA PREMIÈRE PAGE

si nous n’allons pas prendre de sanc-tions contre eux. Il y a beaucoup d’amalgames et nos partenaires nous demandent si, en raison du contexte, nous allons bien respecter nos contrats », constate Éric Brisset.Face à cette crise de confi ance, toutes les Chambres de commerce interna-tionales installées à Moscou ont lancé des opérations de lobbying auprès de leurs gouvernements respectifs pour

les appeler « à ne pas mélanger tem-poralité économique et temporalité po-litique », note Pavel Chinsky. Et de conclure : « Aux entreprises qui nous font part de leurs inquiétudes, nous envoyons un message d’apaisement : nous rappelons que François Hollande a toujours plaidé pour la poursuite du dialogue et œuvré pour repousser les sanctions ». En attendant que l’orage passe.

Ils l’ont dit

GILLES CHENESSEAUCONSEILLER DU PRÉSIDENT DE L’AGENCE TSARVOYAGES À MOSCOU

EMMANUEL QUIDETPRÉSIDENT DELA CCIFR

Au regard des crises précédentes on sait que la capacité du pays à rebondir est forte. Il faut attendre que ça passe »

Toutes les chambres de commerce internatio-nales en Rus-sie sont unies contre les sanctions »

«

«

17milliards d’euros :ce sont

les stocks d’inves-tissements directs français en Russie en 2013.

En chiffres

PROPOS RECUEILLIS PARDAN POTOSKY

Les rencontres organisées dans le cadre du Tolstoy Startup Camp réunissent de nombreux jeunes entrepreneurs, comme ici.

Structure des échanges bilatéraux entre la Russie et la France

Du 9 au 11 juin, Moscou accueillera la sixième édition du Forum international ATOMEXPO, organisée par l’Agence fédérale de l’énergie atomique russe, Rosatom. La séance plénière aura pour thème « L’énergie nucléaire - garante de la stabilité énergétique ». Les participants analyseront les principaux défi s et obstacles rencontrés par l’in-dustrie en matière d’énergie nucléaire et examineront le développement futur du marché mondial de l’énergie. Parmi les principaux sujets : le fi nan-cement des projets de construction de centrales nucléaires, la compétitivité du nucléaire par rapport à d’autres types de production, la planifi cation et l’optimisation des coûts de l’énergie produite, la phase fi nale du cycle de combustion, etc. On note la parti-cipation de représentants de l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique), de l’OCDE, du ministère de l’Énergie des États-Unis, du ministère de l’Énergie de l’Afrique du Sud, de la Commission européenne, ainsi que des dirigeants des principales entreprises dans le domaine, dont Areva et EDF Energy.› www.2014.atomexpo.ru/en

AFFAIRES À

SUIVRE

ATOMEXPO 2014 LES 9-11 JUIN,

GOSTINY DVOR,

RUE ILIANKA, 4, MOSCOU SERVICE DE PRESSE

SERV

ICE D

E PRESSE

NATALIA MIKHAYLENKO

5Supplément de Rossiyskaya Gazeta distribué avec Le Figaro Mercredi 21 mai 2014

RÉGIONS

TATIANA KHOROCHILOVAROSSIYSKAYA GAZETA

Le nom de Gjel est familier aux ama-

teurs de porcelaine. C’est dans la petite

localité de ce nom, proche de Moscou,

que sont fabriquées les célèbres céra-

miques aux motifs bleus distinctifs.

ARTISANAT Éternelle céramique russe traditionnelle

Les villages se succèdent les uns après les autres, constituant un ensemble ter-ritorial unique où l’on produit poteries et créramiques depuis des lustres. Au centre : l’Institut d’État artistique et in-dustriel de Gjel, créé il y a plus d’une centaine d’années, regroupe un musée et des échoppes de vendeurs chargées de vaisselles bleues, ainsi que des bâti-ments consacrés à la production.Le village portant le nom de Gjel n’a que très peu changé depuis un siècle et la naissance de cette localité au bord du barrage installé sur la rivière Gjelka. Seules 700 âmes y vivent, mais ce sont plus de 1 500 personnes qui travaillent dans les établissements spécialisés dans la production de porcelaine blanche aux motifs bleus, disséminés dans tous les villages des alentours. Celui de Gjel est pour la première fois mentionné en 1339, dans le testament du Grand-Prince de Moscovie Ivan Ka-lita. C’est à cette époque que les artisans locaux ont commencé à produire de la vaisselle à partir de glaise blanche. Il avait d’abord fallu faire la distinction entre différents types d’argile, la meil-leure étant la délicate glaise blanche « mi-lovka », utilisée pour la production de porcelaine et de faïence. Les paysans de Gjel n’ont jamais été des serfs : l’ensemble du village et de ses paysans était rattaché au service de la pharmacie, spécialement en vue de la production de poterie. Vers 1800, dans le village de Volodino, le mélange de pâte blanche permettant d’obtenir de la faïence a été invernté. La première fabrique de porcelaine y a éga-lement été créée. Son fondateur, Pavel Koulikov, y a exploré les différentes tech-niques de coulage.À la fi n des années 1780, Gjel comptait déjà 25 fabriques de céramique. L’argile était extraite des fondrières locales. Lorsque le maître-artisan avait achevé son travail, il faisait alors appel aux fi ls-apprentis et aux fi lles-décoratrices. Ces dernières étaient chargées de peindre la vaisselle, qui était ensuite placée dans le grand fourneau utilisé pour la cuisson. Hormis la vaisselle, on fabrique au-jourd’hui des jouets en forme d’oiseaux et d’animaux, ainsi que des fi gurines sur le thème de la vie rurale russe. D’écla-tants chevaux blancs, des cavaliers, des poupées ou des ustensiles de cuisine mi-niatures sont peints en violet, bleu et marron, dans un style inspiré du folk-lore local.

Gjel : le creuset méconnu d’une porcelaine mondialement reconnue

De nos jours, plusieurs importantes fa-briques produisent de la porcelaine portant le label « Gjel ». La « Fabrique de porcelaine de Gjel » a été fondée dans le village de Novokharitonovo, et son atelier dédié à la production d’œuvres d’art est situé dans le village de Retchitsa, depuis longtemps spécia-lisé dans la fabrication de porcelaine de Gjel. Aux étages inférieurs se situe l’atelier de modelage, et aux étages supérieurs, l’atelier consacré à la peinture. L’odeur de celle-ci y est très forte. Les tables de travail des artistes sont encombrées de leurs instruments : pinceaux, spa-tules, récipients remplis d’un mélange noir d’oxyde de cobalt. C’est ce dernier qui permet d’obtenir la couleur bleue, une fois l’article passé par la fournaise. « Nous avons fêté l’an dernier le 195ème anniversaire de notre établissement, bien que l’histoire de notre fabrique re-monte à l’année 1818, lorsqu’une petite manufacture dédiée à la fabrication de vaisselle en porcelaine s’est établie dans le village de Novokharitonovo, raconte le directeur de la « Fabrique de porce-laine de Gjel », Piotr Sivov. Notre fa-brique est la plus importante, ainsi que la plus prospère de toute la région ». Elle n’est pas sans concurrence. Une autre grande manufacture a démarré ses activités dans les années 1990 : « La guilde de Gjel ». Aujourd’hui, artisans et artistes y ont presque entièrement relancé la tradition de la peinture bleue au cobalt, qui était malheureusement tombée en quasi désuétude avant la Ré-volution. Dans les parages se trouve La Fondation du design industriel, qui ras-semble d’importantes archives sur l’his-toire de la porcelaine, en particulier sur celle de la porcelaine de Gjel.À la différence des autres manufactures de Gjel, la fabrique expérimentale de céramique du même nom produit des céramiques multicolores traditionnelles. Car la peinture au cobalt n’est pas la seule méthode utilisée par les maîtres-artisans : « Gjel » compte aussi des pro-ducteurs d’argile peintes de couleurs vives. On n’y voit pas que du bleu !

Où se restaurer

Le restaurant « Na beregou ozera » (Kraskovo, 1 rue Novaïa), se situe à 10 km de

l’autoroute de Yegorievsk, près d’un quai duquel vous pouvez plonger et pêcher : l’été, des tentes et des pavillons sont installés sur les bords du lac. Au menu, des recettes tradi-tionnelles russes, diff érentes bières et un large choix de vodkas.

Pour s’y rendre

Transports en commun : à Moscou, prendre le bus N°325 à la station de métro Vykhino

ou le train, de la gare de Kazan jusqu’à celle de Gjel. En voiture : de Moscou à Gjel par l’autoroute de Yegorievsk, 62 km, soit une heure de route.

Il est aujourd’hui possible d’admirer les exemples les plus précieux de la porcelaine de Gjel traditionnelle en se rendant au musée situé sur le territoire de la « Guilde de Gjel » (district de Ramenskiy, village de Tourigino). Au sein du musée, de nombreux visiteurs s’intéressent au processus de fabrication de la faïence et de la porcelaine, se familiarisent avec les diff érentes techniques de peinture et créent leur propres œuvres dans le cadre de « master-classes » de poterie. Les fonds du musée contient plus de 2 000 articles, dont les plus anciens datent du XVème siècle.

Visiteurs-créateurs au Musée de Gjel

1. La peinture sur objets en porcelaine : un travail fait main tout en finesse. 2. L’ocarina, un instrument de musique ancestral et très populaire pami les enfants. 3. Les célèbres motifs bleus ornent des cruches en argile traditionnelle de Gjel.

La technique moderne de peinture au cobalt est semblable aux motifs de faïence du XIXème siècle. La peinture ainsi appliquée reste sous la couche vitrée de la glaçure, n’est jamais effacée et ne ternit pas avec le temps, contrairement aux décorations effectuées sur la glaçure.

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NATALIA MIKHAYLENKO

6Supplément de Rossiyskaya Gazeta distribué avec Le FigaroMercredi 21 mai 2014

OPINIONS

RUSSIA BEYOND THE HEADLINES EST PUBLIÉ PAR LE QUOTIDIEN RUSSE ROSSIYSKAYA GAZETA. LA RÉDACTION DU FIGARO N’EST PAS IMPLIQUÉE DANS SA PRODUCTION. LE FINANCEMENT DE RBTH PROVIENT DE LA PUBLICITÉ ET DU PARRAINAGE, AINSI QUE DES SUBVENTIONS DES AGENCES GOUVERNEMENTALES RUSSES. RBTH A UNE LIGNE ÉDITORIALE INDÉPENDANTE. SON OBJECTIF EST DE PRÉSENTER LES DIFFÉRENTS POINTS DE VUE SUR RUSSIE ET SA PLACE DANS LE MONDE À TRAVERS UN CONTENU DE QUALITÉ. PUBLIÉ DEPUIS 2007, RBTH S’ENGAGE À MAINTENIR LE PLUS HAUT NIVEAU RÉDACTIONNEL POSSIBLE ET À PRÉSENTER LE MEILLEUR DE LA PRODUCTION JOURNALISTIQUE RUSSE AINSI QUE LES MEILLEURS TEXTES SUR LA RUSSIE. CE FAISANT, NOUS ESPÉRONS COMBLER UNE LACUNE IMPORTANTE DANS LA COUVERTURE MÉDIATIQUE INTERNATIONALE. POUR TOUTE QUESTION OU COMMENTAIRE SUR NOTRE STRUCTURE ACTIONNARIALE OU ÉDITORIALE, NOUS VOUS PRIONS DE NOUS CONTACTER PAR COURRIER ÉLECTRONIQUE À L’ADRESSE

[email protected]. SITE INTERNET FR.RBTH.COM. TÉL. +7 (495) 7753114 FAX +7 (495) 9889213 ADRESSE 24 / 4 RUE PRAVDY, ÉTAGE 7, MOSCOU 125993, RUSSIE. EVGENY ABOV : DIRECTEUR DE LA PUBLICATION RUSSIA BEYOND THE HEADLINES (RBTH), PAVEL GOLUB : RÉDACTEUR EN CHEF DES RÉDACTIONS INTERNATIONALES, MARIA AFONINA : RÉDACTRICE EN CHEF DE LA RÉDACTION FRANCOPHONNE, JEAN-LOUIS TURLIN : DIRECTEUR DÉLÉGUÉ, DIMITRI DE KOCHKO : CONSEILLER DE LA RÉDACTION, ANDREÏ CHIMARSKI : DIRECTEUR ARTISTIQUE, MILLA DOMOGATSKAÏA : DIRECTRICE DE LA MAQUETTE, MARIA OSHEPKOVA : MAQUETTISTE, ANDREÏ ZAITSEV, SLAVA PETRAKINA : SERVICE PHOTO. JULIA GOLIKOVA : DIRECTRICE DE LA PUBLICITE & RP ([email protected]) OU EILEEN LE MUET ([email protected]). © COPYRIGHT 2014, AFBE "ROSSIYSKAYA GAZETA". TOUS DROITS RÉSERVÉS. ALEXANDRE GORBENKO : PRÉSIDENT DU CONSEIL DE DIRECTION, PAVEL NEGOITSA : DIRECTEUR GÉNÉRAL, VLADISLAV FRONIN : DIRECTEUR DES RÉDACTIONS. TOUTE REPRODUCTION OU DISTRIBUTION DES PASSAGES DE L’OEUVRE, SAUF À USAGE PERSONNEL, EST INTERDITE SANS CONSENTEMENT PAR ÉCRIT DE ROSSIYSKAYA GAZETA. ADRESSEZ VOS REQUÉTES À [email protected] OU PAR TÉLÉPHONE AU +7 (495) 7753114. LE COURRIER DES LECTEURS, LES TEXTES OU DESSINS DE LA RUBRIQUE “OPINIONS” RELÈVENT DE LA RESPONSABILITÉ DES AUTEURS OU DES ILLUSTRATEURS. LES LETTRES DE LECTEURS SONT À ADRESSER PAR COURRIEL À [email protected] OU PAR FAX (+7 (495) 775 3114). RUSSIA BEYOND THE HEADLINES N’EST PAS RESPONSABLE DES TEXTES ET DES PHOTOS ENVOYÉS. RBTH ENTEND OFFRIR DES INFORMATIONS NEUTRES ET FIABLES POUR UNE MEILLEURE CONNAISSANCE DE LA RUSSIE.

LE COURRIER DES LECTEURS, L E S O P I N I O N S O U D E S S I N S DE LA RUBRIQUE “OPINIONS” PUBLIÉS DANS CE SUPPLÉMENT REPRÉSENTENT DIVERS POINTS DE VUE ET NE REFLÈTENT PAS NÉCESSAIREMENT LA POSITION DE LA RÉDACTION DE RUSSIA BEYOND THE HEADLINES OU D E R O S S I Y S K AYA G A Z E TA . M E R C I D ’ E N V O Y E R V O S COMMENTAIRES PAR COURRIEL  : [email protected]

LES SANCTIONS DANS LE CONTEXTE D’UN NOUVEL ORDRE MONDIAL

CE SUPPLÉMENT A ÉTÉ ACHEVÉ LE 19 MAI

FEDOR LOUKIANOVPOLITOLOGUE

Président du Conseil pour la politique étrangère et la poli-tique de défense

La crise ukrainienne a provoqué, entre les intérêts des principaux acteurs mondiaux, un confl it tou-chant aux principes de base qui

régissent la géopolitique depuis deux décennies. On n’en voit pas la fi n et la phase la plus dangereuse nous attend sans doute avec l’élection présidentielle prévue le 25 mai.En Ukraine, c’est l’impasse. Le gouver-nement intérimaire est incapable de gérer les troubles et de s’attaquer aux problèmes économiques du pays. « Les républiques du peuple » à l’est ne peuvent prétendre agir de façon res-ponsable ni représenter la majorité de la population locale. Sur la place Maïdan, on répond par l’an-timaïdan. Les groupuscules nationa-listes engendrent des formations se di-sant « antifascistes ». Une tentative de monopolisation du pouvoir central par un groupe mène à l’aliénation des autres. Le droit à l’autodétermination du peuple pro-russe est invoqué pour justifi er les actions en Crimée. Les procédures démocratiques (les élec-tions), appelées à faire revenir le pro-cessus dans un cadre légitime, sont or-ganisées en dehors de celui-ci. Mais sans élections, l’Ukraine sombrera dans un vide juridique. Selon un principe géné-ralement admis, une élection dans ces conditions doit être précédée d’un pro-cessus de réconciliation nationale, comme la « table ronde » polonaise en 1989, ou une assemblée constituante. Or, une forte hostilité mutuelle oppose les dirigeants des différentes factions, qui n’ont pu s’entendre sur un cadre commun pour résoudre les problèmes du pays. Les normes législatives n’ont pas résisté aux pressions révolution-naires et ont été remplacées par le prin-cipe du tac au tac : « si tu peux faire ça, moi aussi ». Dans un pays multieth-nique déchiré par des différences cultu-relles et historiques, une telle situation a provoqué une rapide polarisation de la société. L’effondrement du système politique a créé un vide où s’enfoncent les puissances étrangères en agissant selon leurs propres intérêts.Pour la Russie, le rattachement de la Crimée avait une motivation historique et culturelle. L’objectif de Moscou n’est pas, désormais, d’annexer des territoires mais d’empêcher l’Ukraine de devenir un État anti-russe.Le durcissement de la confrontation en Ukraine place la Russie dans une rela-tion avec l’Occident semblable psycho-logiquement à celle de la guerre froide. Au règne de l’inertie actuelle succéde-ront bientôt une restructuration des re-lations internationales et un ajustement du modèle économique tournant le dos à l’intégration aux marchés mondiaux. Difficile de dire si le Kremlin en a bien calculé l’impact économique, mais ce qui est clair, c’est que la riposte occi-dentale a bien été prise en compte et

D’autres points de vue sur l’actualité dans la rubrique Opinions sur FR.RBTH.COM/OPINIONS

E X P R I M E Z - V O U S E N A L L A N T S U R N O T R E S I T E , F A C E B O O K / L A R U S S I E D A U J O U R D H U I O U T W I T T E R . C O M / R B T H _ F R

MOSCOU PROPOSE UN SCÉNARIO OPTIMISTE À KIEV fr.rbth.com/29099

UNE NOUVELLE « CRISE DE CUBA » S’ESQUISSE EN

EUROPEfr.rbth.com/29157

QUI SONTLES BANDERISTES ?fr.rbth.com/28935

que les dommages ont été jugés sup-portables. Moscou a pour objectif de fi ger la « ligne rouge » qui a été tracée pendant la période post-soviétique, ainsi que de renforcer radicalement sa posi-tion dans le monde à la veille de la for-mation d’un nouvel ordre mondial. La Russie ne baissera pas pavillon sur la question ukrainienne. La résolution dont le Kremlin a fait preuve en Crimée a non seulement démontré sa disposition d’esprit mais également écarté toute possibilité de battre en retraite. Il n’est plus possible de rabaisser les enjeux.L’Union européenne est déboussolée, incapable de trouver sa position natu-relle dans le confl it ukrainien. La poli-tique de la force n’est pas dans sa na-ture et elle semble incapable d’agir en toute indépendance. Alors que selon sa propre logique, elle devrait tout faire pour résoudre la crise, elle n’a pas su garder l’initiative. L’Europe n’est pas prête pour le changement radical qu’elle devrait assumer. Dans les années d’après-guerre froide, le Vieux Monde s’était habitué à une position confor-table où il ne craignait pas particuliè-rement la Russie tout en profi tant des bienfaits de la coopération avec elle. Les actions du Kremlin ont été un choc pour l’Europe, réveillant la crainte d’une reprise des cauchemars de l’histoire eu-ropéenne du XXème siècle.Les États-Unis sont aujourd’hui contraints de s’engager à fond dans la question ukrainienne. La raison n’en

est bien sûr pas l’Ukraine elle-même, mais le fait que pour la première fois depuis de nombreuses années, leur vo-lonté rencontre une résistance forte et irrévocable. Washington ne s’attendait pas à une attitude aussi ferme de la part de Moscou. La donne a donc chan-gé. Avant les événements ukrainiens, les États-Unis considéraient la Russie comme un casse-tête, non un problème fondamental. Désormais, s’ils ne la considèrent pas comme une rivale, ils doivent au moins la voir comme can-didate à ce rôle.Washington ne s’aventurera pas dans les eaux politiques intérieures troubles de l’Ukraine, son souhait à Kiev se li-mitant à l’instauration d’un gouverne-ment peut-être imparfait mais attaché à la démocratie, porté au pouvoir par une vague de résistance à la tyrannie. En adoptant des sanctions contre Mos-cou, Washington espère infl échir le com-portement de la Russie. Une telle issue est peu probable, et il faudra faire sé-rieusement monter la pression pour pro-duire de l’effet, ce qui ne fera qu’élar-gir le confi nement. L’Ukraine n’étant qu’une partie de la question plus vaste de la création d’un nouvel ordre mon-dial, le défi ne peut que grandir entre les États-Unis et la Russie.Les sanctions contre la Russie peuvent avoir des effets qui n’apparaissaient pas nettement jusqu’alors. Pour la première fois, les États-Unis ont clairement dé-montré qu’ils contrôlaient le système

économique mondial. Les systèmes de paiement Visa et Mastercard sont en mesure de bloquer les institutions fi -nancières visées par les sanctions amé-ricaines, et les sociétés informatiques internationales n’hésitent pas à mettre fi n à leurs relations avec des clients de-venus « indésirables ».De telles mesures ont été prises aupa-ravant, mais contre des pays bien des fois plus petits que la Russie pour ce qui est de leur poids politique et éco-nomique, et moins intégrés à l’écono-mie mondiale. Le recours à cette mé-thode avec la Russie obligerait d’autres grandes puissances mondiales à faire des choix difficiles : jusqu’où peuvent-elles se fi er aux systèmes économiques et aux dispositifs de communications mondiaux s’il est si facile, pour les puis-sances dominantes, d’en couper l’accès dès que cela sert leurs intérêts ? Les sanctions contre la Russie pourraient donc provoquer une fragmentation des systèmes fi nanciers et des communica-tions qui ne ferait que donner un nou-vel élan à la restructuration multipo-laire du monde, tant aux niveaux politique qu’économique.Devant l’ampleur de ces questions, l’étroitesse des circonstances de leur naissance ferait presque sourire. Viktor Ianoukovitch était-il seulement capable d’imaginer la boîte de Pandore qu’il al-lait ouvrir en repoussant la signature d’un accord d’association avec l’Union européenne ?

Les sanctions (...) pourraient donner un nouvel élan à la restructura-tion multipo-laire du monde »

Si les États-Unis ne considèrent pas la Russie comme une rivale, ils doivent (...) la voir comme candidate à ce rôle »

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ALEXEY IORSH

7Supplément de Rossiyskaya Gazeta distribué avec Le Figaro Mercredi 21 mai 2014

CULTURE

Léna Moukhina, lycéenne de Leningrad, avait seize ans lorsqu’elle fut piégée avec quelque deux millions de Léningradois par un blocus dont la rudesse fut sans précédent. Dès septembre 1941, la ville est assiégée par l’armée allemande. Com-mence une lutte quotidienne pour la vie que Léna va décrire pas à pas , pourrait-on dire, avec son regard d’adolescente dans un journal qui ne vit le jour dans sa version russe qu’en 2011.Il est difficile de ne pas évoquer Anne Franck. Comme elle, Léna décrit son quo-tidien et celui de sa famille. Orpheline, elle vit avec une tante et Aka, une vieille nounou. Comme elle, Léna a le goût de l’introspection, des rêves, des préoccu-pations adolescentes – la vie à l’école, les garçons, l’amour ou le désir d’amour.Durant cet hiver 1941-1942 particuliè-rement rigoureux, la nourriture est rare, les transports sont quasi inexistants et les coupures d’électricité fréquentes. Dans l’attente des alertes quotidiennes, on par-tage une soupe à la colle de bois ; on se serre autour d’un poêle qui ne fonctionne que quelques heures par jour ; et on meurt, en masse : 54 000 décès en décembre, 127 000 en janvier, rapporte Nicolas Werth dans sa préface. Léna a une obsession permanente : manger. Le Journal com-porte le compte ou le décompte des pro-visions reçues, consommées, partagées.Léna s’étonne elle-même de la dureté de ses propos lorsqu’elle en vient à souhai-ter la mort de la vieille nounou, « bouche inutile » avec laquelle il faut partager sa ration… De même elle s’indigne « qu’ici on crève de faim [et que] Staline ait de nouveau organisé un dîner au Kremlin ».Mais Léna a aussi les aspirations d’une adolescente russe, qui se veut une « So-viétique exemplaire » et souhaite que son professeur « parle … afi n que nous de-venions des lycéens soviétiques, des com-munistes dans l’âme… des parents sus-ceptibles d’élever nos enfants pour qu’ils soient encore meilleurs que nous ». Elle travaille un temps comme aide-soignante, côtoie la mort d’étrangers puis celle de ses proches qui s’éteignent à ses côtés. À dix-sept ans, elle se retrouve seule avec cette volonté farouche d’en sortir et de quitter la ville et de vivre !Le Journal s’arrête en 1942, mais le siège de Léningrad durera encore deux ans, faisant presque un million de victimes. Les derniers mois, le récit est conduit à la troisième personne ; ainsi, dit Léna, il pourra « être lu comme un livre ». Léna Moukhina survivra. Elle sera éva-cuée et mourra en 1991, sans savoir que le Journal perdu deviendrait un livre, té-moignage essentiel sur cette période tra-gique de l’histoire soviétique.

CHRISTINE MESTRE

CHRONIQUE LITTÉRAIRE

RÉCIT D’UNE SURVIVANTE DU SIÈGE DE LENINGRAD

Titre Le Journal de Lé-na : Leningrad, 1941-1942

Auteur Léna Moukhina

Traduit par Bernard Kreis, préface de Nico-las Werth

Éditions Robert Laffont

CHLOÉ VALETTEPOUR RBTH

Au théâtre de la Comédie Tour Eiffel,

Katia Ogorodnikova met en scène le

destin peu ordinaire d’une Française

qui a suivi son mari, un artiste russe, en

URSS à la veille de la guerre.

THÉÂTRE Un spectacle qui lie le présent et le passé, la France et la Russie

Cette histoire, c’est avant tout celle que raconte une grand-mère à ses petits-enfants. Ou plutôt racontée par ses pe-tits-enfants. Un lien fi lial entre deux pays, la France et la Russie. Passeport rouge, adapté et mis en scène par Katia Ogorodnikova, c’est un scé-nario bien fi celé, et une actrice qui s’im-pose avec prestance. Tous les soirs, Au-rélie Valetoux arpente seule la minuscule scène du théâtre de la Comédie Tour Eiffel. Aussi authentique que singulière, elle embarque le public dans ses tribu-lations.

Un conte de fée dans la terreur stalinienneAnne-Marie, dite Annette, fraîchement débarquée de Bretagne dans le Paris des années folles, fait la connaissance de Rabi, artiste russe d’origine juive. À l’aube de la Seconde Guerre mondiale, elle décide de le suivre, pour le meil-leur et pour le pire, jusqu’en URSS. Commence alors une vie nouvelle, pleine d’espoirs et de désillusions.

« Passeport rouge » ou la vie d’une Française en URSS

Avec un charme français et une rigu-eur russe, Katia Ogorodnikova a su créer sur rythme endiablé un univers fantai-siste ponctué d’instants de poésie. Par sa mise en espace, son choix des mu-siques, son travail du jeu et du texte, elle arrache le spectateur à son quoti-dien, le temps d’un récit.

L’art de la dé-dramatisationDéjà en mouvement, toujours en déam-bulation, comme le fi l de la vie qui se déroule, le « jeu » est commencé lorsque les spectateurs s’installent sur les gra-dins du théâtre. Le décor est minima-liste : quatre valises, imbriquées les unes sur les autres pour former une table d’écriture, vont changer d’utilité au fur et à mesure des différents tableaux de la fresque. « La valise, qui symbolise au départ la route, avec cette idée de tem-poralité et d’inconstance, devient par-tie prenante de l’imaginaire du person-nage qui écrit un livre, et devient par là-même symbole de création », explique la metteur en scène.L’idée est ingénieuse. Au fond de ces valises, c’est un tour de magie à la Mary Poppins qui s’opère, où chaque objet qui apparaît est en permanence détour-né : un costume qui prend vie, un fou-lard russe qui vient personnifi er l’hô-tesse soviétique d’un magasin (fous rires garantis), des valenki (bottes de feutre

russes) se transforment en bébés em-maillotés, et un moulin à café embaume la salle d’une amertume aux saveurs soviétiques. « La représentation de l’ob-jet est primordiale pour moi. Elle doit être capable de réunir une idée, une structure émotionnelle, dramatique, etc., que je puisse travailler jusqu’à l’ab-surde », souligne Katia.Ligne conductrice de la pièce, le co-mique se hume au rythme du jeu. Mal-gré les événements sombres qui se pro-fi lent, Katia Ogorodnikova distille son talent avec malice, au service de la théâ-tralité. On oscille entre rire et tendresse, entre terreur et nostalgie.

Une histoire bien vivante« Aujourd’hui, Annette a 101 ans. Et elle aime encore rire. Elle a toujours aimé l’humour », raconte Lucile Gu-bler, la petite-fi lle de l’héroïne et auteur du livre Parlez-moi d’amour. Une Fran-çaise dans la terreur stalinienne, dont s’inspire l’œuvre théâtrale.Pour elle, cette pièce est un bel hom-mage à sa grand-mère. Elle s’en est ex-pliquée à notre journal : « Je suis très touchée par le spectacle. Dans la pièce comme dans mon livre, on retrouve ce même détachement par rapport aux événements. Mais c’est d’abord ma re-lation avec ma grand-mère que j’ai aimé voir mise en scène ».

Le spectacle Pas-seport rouge sera donné les 22, 29 mai, et 5, 12, 19 et 26 juin, à 20h30, au théâtre de la Comédie Tour Eiff el (Paris 15ème).

À l’affi che

Cet été, les plus grands clubs d’histoire du monde dresseront leurs stands sur les bords de la Moskova. On compte parmi ces entités férues de reconstitution historique du début du XXème siècle des associations telles que The Victorian Military Society 1837-1914, The Great War Society (Angleterre), l’Association du Poilu de la Marne (France), la 33rd Division (États-Unis), Deutsches Rotes Kreuz (Allemagne) et Front-Line Eesti (Estonie).

LE QUATRIÈME FESTIVAL INTERNATIONAL D’HISTOIRE « TIMES AND EPOCHS » (AGES), CONSACRÉ AU CENTENAIRE DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE, SE DÉROULERA AU DOMAINE DE KOLOMENSKOYE À MOSCOU, LES 7 ET 8 JUIN

En cette année centenaire de la Première Guerre mondiale, le festival 2014 aura pour thème les prémices du XXème siècle, époque qui vit se succéder la Grande Guerre et les révolutions. Vous découvrirez le cinéma russe naissant, prendrez part au travail de typographie clandestine, essaierez les costumes des ateliers de mode de la fi n du XIXème et du début du XXème siècles ou aff ronter des athlètes dans un tournoi de lutte russe. Vous pourrez vous procurer des articles de la vie quotidienne d’autrefois au magasin d’antiquités, et vous promener dans les camps militaires européens, témoins des grandes batailles de 14-18.

Cette manifestation est organisée avec le soutien du Comité de tourisme et de l’hôtellerie de la ville de Moscou et l’Offi ce municipal de tourisme, que l’on peut consulter à l’adresse : www.travel2moscow.com

LA GUERRE

Les amateurs d’histoire militaire pourront assister à un combat d’anciens véhicules blindés, voir de près des modèles d’avions de combat et des canons de campagne qui seront présentés par des experts de l’artillerie. L’attraction phare du festival sera la reconstitution de l’off ensive « Broussilov », un des aff rontements centraux de la Première Guerre mondiale.

FOLKLORE RUSSE

Ceux qui viennent à Moscou en quête d’expériences russes traditionnelles pourront assister à une représentation de cirque de rue tzigane avec un ours dressé, des acrobates et des jongleurs.

L’entrée au festival est gratuite.

COULEURS RUSSES

RECONSTITUTION DE L’ARRIVÉE

DE LA FAMILLE ROMANOV, MUSICIENS TZIGANES,

CIRQUE DE RUE ET THÉÂTRE, VENTE

DE VACHES ET D’OIES, CHANTS TCHASTOUCHKI.

LA PAIX 

DÉFILÉ DE MODE AVEC COSTUMES DU

DÉBUT DU VINGTIÈME SIÈCLE, EXPOSITION DE VOITURES DE

COLLECTION, CINÉMA EN PLEIN AIR, PIQUE-NIQUE RUSSE ET CONCERTS DE GROUPES DE

MUSIQUE ANCIENNE.

LA GUERRE

CHAMP DE TIR, RECONSTITUTION

D’OPÉRATIONS MILITAIRES D’ENVERGURE, INITIATION AU

TRAVAIL DES INFIRMIÈRES DE GUERRE ET GRANDE EXPOSITION DE PIÈCES

D’ARTILLERIE.

LA PAIX

Les participants pourront assister aux merveilles de l’énergie électrique d’un des savants les plus mystérieux du XXème siècle, Nikola Tesla. D’ailleurs, nombreux sont ceux qui attribuent l’explosion de la Toungouska survenue en Sibérie, plus connue sous le nom de « météorite de la Toungouska », à ses expériences.

FRANÇOIS HERVIEU

8Supplément de Rossiyskaya Gazeta distribué avec Le FigaroMercredi 21 mai 2014

MAGAZINE

TOUTES LES ANNONCES SUR FR.RBTH.COM

L’artiste moscovite de naissance, Masha Schmidt, met la musique en images dans « Partitas » : une grande série d’encres de Chine sur partitions anciennes de 40x30 cm. Grâce à un travail rigoureux, elle parvient à faire de partitions, non pas une simple toile mais un réel support artistique original inspirant « des variations, un recommence-ment et une renaissance ».› www.i-gallery.fr

L’écrivain Vladimir Fedorovski invite à un voyage musical et littéraire. Mélange de genres artistiques représentant l’art total, typique de la fi n XIXème et du début du XXème siècle, Les Mystères de Saint-Pé-tersbourg, vous feront connaître les plus grands artistes russes par les mots de Vladimir Fedorovski et la musique de Mikhaïl Rudy, assu-rée par Mikhaïl Rudy lui-même au piano, et l’Orchestre symphonique Confl uences, dirigé par Philippe Fournier.› www.infos-russes.com

L’association « Maxime and Co : le monde russophone en France » et la « Librairie du Globe » (librairie russe de Paris) célèbrent la fête de la musique à la russe.Un concert gratuit aura lieu devant la librairie de 19h à 23h. Divers genres musicaux russes seront présentés à travers rock, jazz, chants folkloriques, romances, chansons d’auteur, musiques de fi lms, etc.› www.infos-russes.com

MUSIQUE EN PEINTURE DANS « PARTITAS : AU FIL DU TEMPS »EXPOSITION JUSQU’AU 15 JUIN,

I-GALLERY « INSTANT »,

12 RUE DURANTIN, PARIS

VOYAGE MUSICAL ET LITTÉRAIRELES 21 (À OPÉRA DE VICHY), 23

(SALLE GAVEAU À PARIS) ET 27 MAI

2014 (GARE DU MIDI À BIARRITZ)

FÊTE DE LA MUSIQUE, À LA RUSSE !LE 21 JUIN,

LIBRAIRIE DU GLOBE,

67 BOULEVARD BEAUMARCHAIS,

PARIS

À L’AFFICHE

Prochain numéro

Le 18juin

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OPINION SUR

/larussie

Comprendre la Russie : affaire de patience et de curiosité

ENTRETIEN

AVEC MAUREEN DEMIDOFF

LE PAYS NE SE LIMITE PAS À LA POLITIQUE, RAPPELLE UNE FRANÇAISE INSTALLÉE À MOSCOU.

Russia Beyond the Headlines a rencon-tré Maureen Demidoff, auteur du livre Vivre la Russie, récemment publié. Voici quelques conseils de la part d’une Fran-çaise habitant Moscou depuis 2007.

Qu’est-ce qui vous a ie plus impressionnée

quand vous êtes arrivée en Russie pour la

première fois ?

Ce pays a l’étrange particularité d’être à la fois en Europe et en Asie. D’ail-leurs, comme je l’écris dans mon livre, il suffit de regarder une carte pour s’en rendre compte. L’impression d’être en Asie est donnée par son côté multicul-turel – on côtoie les populations d’Asie centrale à travers la présence massive de l’immigration kirghize, ouzbek, ta-djik, et même chinoise – mais aussi par les façons de faire, qui ne sont pas stan-dardisées comme en Europe.Le pays est aussi particulièrement contrasté. Dans la rue, des babouchkas vivent encore en URSS et côtoient des femmes sophistiquées qui parcourent le monde ; les vieilles Jigoulis sovié-tiques se mélangent aux Bentley, Ca-yenne et Rolls Royce ; les buildings ul-tra-modernes se dressent auprès d’anciennes demeures impériales, ou autres bâtiments soviétiques et petites datchas bringuebalantes….Quand je suis arrivée à Moscou en 2007, j’ai aussi été frappée par l’environne-ment urbain qui avait un aspect com-plètement déglingué et chaotique, et qui contredisait l’image de grande puissance de la Russie. Cela est de moins en moins vrai. Depuis l’arrivée du nouveau maire [Sergueï Sobianine, ndlr], l’urbanisme se normalise et la capitale tend à se structurer et à s’organiser de plus en plus. Même les règles de la circulation se standardisent. On ne peut plus se garer en vrac sur les trottoirs et les pié-tons ne sont plus la cible des chauffeurs.

Quelles réflexions vous inspire l’observa-

tion des Russes et des Français dans la vie

quotidienne ?

Je dirais qu’il n’y a pas de si grandes différences dans la vie quotidienne entre les Russes et les Français. Mais il y a des aspects qui se révèlent en effet sin-guliers à la Russie. Par exemple, les ba-vardages dans la cuisine, lieu de confi -dences, ou la vie à la datcha. La famille est aussi souvent monopa-rentale, composée de la mère et de son enfant, et laisse une place essentielle à la grand-mère. Le rôle de la femme et de la babouchka est très important et l’on sent leur pouvoir au sein de la cel-lule familiale, beaucoup plus que dans une famille française.Concernant l’état d’esprit des Russes, il se différencie des Français dans la vie quotidienne, par leur soif de consom-mation et leur absence de projection dans l’avenir. La famille est en quête de bonheur.Les femmes cherchent à faire carrière pour leur épanouissement personnel et pour soutenir fi nancièrement leur fa-mille et profi ter de la vie. Ne dit-on pas

d’ailleurs en Russie que la femme porte le pays dans ses bras ?

Quelles sont les particularités russes à

connaître pour une expatriation profes-

sionnelle réussie en Russie ?

Travailler en Russie est une aventure peu commune et excitante. Et comme le livre l’indique, c’est une authentique plongée dans l’interculturel. Les Russes sont déroutants car beaucoup d’étran-gers les considèrent proches de la culture européenne, alors que cela s’avère sou-vent faux. Dans leurs attitudes et leurs comportements professionnels, ils sont plus spontanés que les Européens. Ces derniers ont tendance à « lisser » leurs comportements pour avoir une attitude neutre considérée comme profession-nelle alors que les Russes sont beaucoup plus émotionnels et ne cherchent pas à cacher leurs sentiments. Le cœur s’exprime souvent avant la rai-son. Aussi, l’importance donnée aux re-lations personnelles est grande ; c’est pourquoi une affaire ne peut se conclure sans investissement relationnel.Ensuite, les stéréotypes ont la vie dure en Russie, mais l’alcool tient réellement une place importante dans la négocia-

tion de contrats ou simplement dans les relations professionnelles. Le but du jeu pour les Russes est de « faire tom-ber les masques », de découvrir la vraie personnalité de leurs interlocuteurs.Enfi n, la notion de hiérarchie est éga-lement très forte. Elle génère des diffi-cultés lorsque l’on souhaite mettre en place un management participatif où les cadres vont s’impliquer pour recher-cher les dysfonctionnements et parti-ciper à leur élimination. Les Russes ont l’habitude d’avoir une hiérarchie forte qui leur donne des directives et qui as-sume la responsabilité de leurs actes. Trois recommandations à l’intention des

Français qui veulent vivre en Russie ?

D’abord, je pense que le maître mot pour réussir son installation et sa vie en Rus-sie est l’adaptation. Cela est d’autant plus vrai pour un pays comme la Rus-sie qui est, pour reprendre l’expression d’un Français interrogé pour le livre, « le pays où l’imprévisible se vit au quo-tidien ». Ensuite, comprendre la Russie demande du temps. Mais également de la patience et de la curiosité. Un voyage de recon-naissance ne suffit pas à faire com-prendre où vous allez mettre les pieds. La Russie ne se livre pas en un clin d’œil : il faut la mériter.Enfi n, il ne faut pas avoir peur. La Rus-sie n’a pas bonne presse en France, c’est le moins que l’on puisse dire, et traîne une réputation sulfureuse. Heureuse-ment, le pays ne se résume pas à ce qui est écrit dans les médias ! Car si l’opi-nion des Français se fonde essentielle-ment sur le système politique et sur les dirigeants russes, ils oublient que la Russie ne se résume pas qu’aux activi-tés du Kremlin.

Quels films ou livres conseilleriez-vous

pour mieux comprendre les Russes ?

Le mien, forcément ! En fait, avec les livres, on peut être boulimique. J’ai particulièrement aimé le livre de Svetlana Alexievitch La fi n de l’homme rouge, qui offre une série de témoignages bouleversants sur la chute de l’URSS. Mais aussi La vie d’un homme incon-nu d’Andreï Makine, ou dans un autre style, La saga moscovite de Vassili Axio-nov et Le Don paisible de Mikhaïl Cho-lokhov. Des auteurs comme Andreï Gue-lassimov et Andreï Kourkov ont beaucoup d’humour. Bien sûr, il faut aussi lire les grands écrivains russes et les classiques pour leurs descriptions de la société russe à différentes périodes de l’histoire. Côté films, je suis bouleversée par Quand passent les cigognes de Mikhaïl Kalatozov, Bouge pas, meurs et ressus-cite de Vitali Kanevski, qui est un fi lm très dur mais très révélateur de la Rus-sie. Et puis les fi lms de Nikita Mikhal-kov. En fait, il y a tant à lire et à voir…

Éditeur : Hikari ÉditionsCollection : Vivre le Monde

En librairie

Maureen Demi-doff est égale-ment l’auteur du livre Portraits de Moscou. Elle est responsable éditoriale du site Russieinfo.com et correspon-dante freelance du journal belge L’Écho.

Biographie

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russie PROPOS RECUEILLIS PARMARIA AFONINA

MARIA AFONINA