Master Professionnel Education et Formation Année Année ... · 2ème Année Année Universitaire...
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Mémoire Master
U.F.R Psychologie,
Sciences de l’Education
Département des Sciences de
l’Education
Université Paul Valéry
Le SUFCO
En partenariat avec
IFCEES de Montpellier
Domaine : Sciences Humaines et Sociales.
Mention : Sciences de l’Education
Spécialité : Responsable d’Evaluation, de Formation et d’Encadrement (REFE)
Formation continue professionnelle en partenariat entre l’IFCEES et l’Université Paul Valéry. Montpellier 3
Master Professionnel Education et Formation
2ème
Année
Année Universitaire 2011-2012
L’apport des modèles en Sciences Humaines et Sociales pour la
valorisation des savoirs de l’expérience et des compétences des
infirmiers exerçant en Centre Spécialisé d’Accompagnement de
Prévention et de Soins en Addictologie
Soutenu par : Fadila Dehas
Sous la co direction professionnelle de :
Sophie CROUZET-VINCENT, Cadre de santé, Consultant-Formateur à l’IFCEES
et Franck Gatto Maître de Conférences en sciences de l’éducation, HDR, Université
Montpellier 3
SOMMAIRE
1 Contexte 5
1.1 Parcours professionnel 5
1.2 Projet de formation professionnel 6
1.3 Thème de recherche et utilité sociale de la recherche 6
1.3.1 Thème de recherche 6
1.3.2 Utilité sociale de la recherche 6
2 Etat des lieux de la recherche et problématisation 7
2.1 Histoire de la formation infirmière 7
2.1.1 Histoire 7
2.1.2 Cadre réglementaire actuel d’exercice de la profession 15
2.1.3 Les dispositifs actuels de la formation initiale 19
2.2 Les compétences infirmières 23
2.2.1 Définition 23
2.2.2 Loi du 4 mars 2002 25
2.2.3 Les pratiques de l’infirmière dans un CSAPA (de la relation
thérapeutique à la relation éducative) 27
2.3 L’éducation 36
2.3.1 Définition 36
2.3.2 Les théories de l’apprentissage et les modèles de l’évaluation 37
2.3.3 Les pratiques éducatives au regard des théories et des modèles en
Sciences de l’Education 45
3.1 La mise en œuvre d’une communication adaptée 50
3.1.1 Historique des modèles de la communication 50
3.1.2 Les modèles de la communication linéaire et les modèles de la
communication systémique 50
3.1.3 La mise en œuvre d’une communication adaptée 52
3 Les matrices théoriques 56
4 Question de recherche 64
5 Dispositif de recherche 64
5.1 Méthode de recherche 64
5.2 Population 64
5.3 L’outil d’enquête 65
5.4 Le recueil de donnés 66
5.5 Le traitement des données 67
6 Résultats 84
7 Synthèse des résultats et réponse à la question de recherche 91
8 Intérêt de l’étude et critique du dispositif de recherche 95
9 Références bibliographiques 97
10 Annexes 100
REMERCIEMENTS
Je remercie en premier lieu Sophie Vincent pour sa disponibilité, la pertinence de ses
régulations, et son aide précieuse qui m’ont permis d’avancer de façon sereine dans mon
travail.
Merci à Franck Gatto, pour la richesse et la qualité de la formation et qui nous a offert la
possibilité de changer.
Merci à Eric Pastor, Directeur de l’IFCEES, pour l’accueil et le soutien logistique.
Merci à Dominique, secrétaire de l’IFCEES, pour l’attention qu’elle nous a porté.
Merci aux intervenants universitaires pour la très grande qualité de leurs enseignements.
Je remercie aussi, particulièrement l’association Arc-en-ciel qui m’a soutenu financièrement
en premier lieu et qui m’a donné la chance d’obtenir un Master 2 en Sciences de l’Education.
A mes collègues de l’association Arc-en-ciel qui m’ont soutenue dans ma démarche de
formation.
A Pauline sans qui je n’aurais pas eu l’occasion de m’inscrire.
A Françoise, Caroline, Anne- Marie, Michèle qui m’ont énormément soutenue et encouragée.
Je remercie mes collègues de promotion 2011-2012, avec qui j’ai partagé de très bons
moments, et qui m’ont encouragé.
5
1 Contexte
1.1 Parcours professionnel
J’ai entamé des études d’infirmières à Reims, après une année de faculté des Sciences. C’est
au cours des trois années passées dans cet institut de formation en soins infirmier, que s’est
forgé une évidence pour moi, celle d’être dans un accompagnement éducatif plutôt que dans
du soin dit « technique ».
A l’occasion d’un stage de six semaines, passé dans un centre de moyen séjour pour des
personnes toxicodépendantes en sevrage, j’ai pu apprécier, mesurer la richesse du travail
éducatif, relationnel, du personnel soignant envers les usagers. Une relation thérapeutique qui
se tisse au fur et à mesure des rencontres grâce à une disponibilité, du temps et des échanges.
Des espaces de paroles étaient formalisées par un groupe de parole et d’autres informels
établis dans le quotidien des personnes.
C’est tout naturellement que je me suis orientée professionnellement vers les milieux
médico-sociaux éducatifs.
Diplômée en 1996, j’exerce depuis dans le centre d'addictologie Arc-en-ciel à Montpellier.
Parallèlement j’ai travaillé à mi-temps au Samu-social de Montpellier pendant deux ans de
1998 à 2000. Nous allions à la rencontre des personnes le soir, dans des cages d’escaliers, des
parcs. Autant de lieux, de rencontres, de visages, et d’échanges qui m’ont marqués. Durand
cette période là, ce qui m’avait le plus frappé, et questionné, était le refus de soins des
personnes dans des états de détresse physique, psychique, sociale importante.
L'élaboration de projets, la promotion à la santé, l'accompagnement médico-socio-éducatif, le
partenariat, la réduction des risques faisaient partis alors de mon quotidien de travail. Cela
reste encore le cas dans mon travail au centre Arc-en-ciel.
M'inscrire au Master 2 Professionnel en Sciences de l'Education, c'est l'occasion pour moi de
valider des compétences acquises au décours de mon parcours professionnel, de m'appuyer
sur les modèles et théories de l'apprentissage pour accompagner les patients à construire leurs
projets de soins.
6
1.2 Projet de formation professionnel
Ce Master 2 est la possibilité pour moi de réinvestir les savoirs en Sciences de l'Education
pour valoriser la profession infirmière, et gagner en autonomie grâce aux outils, modèles et
théories enseignés par la formation.
C'est aussi me permettre de valoriser mes compétences et me permettre grâce aux outils et
modèles de la formation de conceptualiser, d'innover.
La formation m’a permis d’avoir une posture différente, réfléchit, en m’appuyant sur les
modèles théoriques enseignés.
Elle me permet d’envisager de participer à une meilleure reconnaissance de la profession et de
construire avec ce recul, les projets que j’ai en cours comme celui de développer le volet de
la prévention, d’élargir les moyens de faciliter le dépistage.
1.3 Thème de recherche et utilité sociale de la recherche
1.3.1 Thème de recherche
Il s’agit d’améliorer la représentation des pratiques infirmières auprès de la profession elle
même et auprès des autres.
C’est faire exister les pratiques réelles des infirmières, en les nommant et en identifiant la
pratique au niveau de la dimension éducative.
C’est repérer les pratiques éducatives au décours des actes de leur exercice au quotidien.
1.3.2 Utilité sociale de la recherche
L’infirmière est toujours représentée à travers d’une activité de soins dite technique, et on ne
lui reconnaît pas ou difficilement la dimension des actes éducatifs. Pourtant, elle les pratique
7
au quotidien dans son travail, au décours d’entretiens et cela à un impact mesurable sur le
patient et dans la prise en compte de ses soins.
Travaillant à l’Arc-en-ciel, mes collègues issus de champs professionnels différents, sont
amenés à s’intéresser de plus près à notre travail du fait du suivi commun des patients. Il fut
un temps où nous étions perçues comme des « dé-livreuses » de « produits », au travers du
traitement de substitution opiacés. Il me semble bien que ce ne soit plus le cas, et les échanges
avec mes collègues me confortent dans ce sens.
Nous sommes une profession où la plus grande partie de nos appuis théoriques appartient aux
médecins. Il n’y a pas de références scientifiques sur les actes éducatifs, et sur les entretiens
infirmiers.
Ce travail, est l’occasion de rendre visible ce qui ne l’est pas, et d’en mesurer les incidences.
Obtenir une représentation plus réelle de la pratique infirmière, c’est permettre d’améliorer les
pratiques, la sécurité, et la qualité des soins aux patients.
2 Etat des lieux de la recherche et problématisation
2.1 Histoire de la formation infirmière
2.1.1 Histoire
L’apparition du mot « infirmier » en 1398, dérive du mot « infirme », lui même étant une
traduction d’ «infirmus » (en latin signifie l’invalide).
« Enfermerie » ou « infirmière » désignait la moniale qui soignait ses consoeurs malades. Au
XVe et au début du XVIe siècle, il sera souvent employé pour désigner la sœur infirmière et
le moine infirmier.
La profession infirmière a évolué avec les connaissances médicales, avec la société, lui
donnant un statut et une place réglementée dans les dispositifs de soins. Elle s’est affranchit
des tutelles religieuses mais pas médicales.
8
Aujourd’hui en France, le nombre d’infirmières en activité est passé de 150 000 en 1971 à
près de 500 000 en 2009, c’est une profession qui reste fortement féminisée.
La place des femmes dans nos sociétés est certainement un facteur qui pourrait expliquer la
difficulté de créer une identité professionnelle qui soit reconnue et respectée.
Cette quête identitaire se retrouve dans l’histoire de la profession durant tout le XXème siècle,
dans une volonté d’émancipation et d’autonomie.
Naissance de la profession :
Depuis les temps anciens, la femme est associée aux soins. Son rôle étant le maintien et la
continuité de la vie. A l’homme, on lui octroie le rôle de protéger et de lutter contre la mort.
La femme soignante est celle qui délivre des soins autour de la vie (accouchement, soins aux
malades, aux mourants..). Son savoir empirique s’est transmis oralement de générations en
générations de femmes. Mais de ce savoir, il ne reste rien, les femmes n’ayant pas eu accès à
l’écriture.
Tantôt sages-femmes qui donnent la vie, tantôt guérisseuses qui créent des remèdes qui
soulagent, qui guérissent, elles détiennent un immense pouvoir de vie et de mort sur les
hommes
Elles deviennent alors une menace pour l’Eglise qui commencera à les chasser comme
sorcières.
Les ordres religieux organisent la profession en lien avec la charité et l’amour de Dieu. Entre
le Vème et le XIXe siècle, des maisons de malades, de vieillards et d’orphelinats se créent
sous l’impulsion d’évêques.
Les religieuses prendront la place de soignantes, pratiquant bénévolement auprès des malades.
Elles occuperont la place dans les hôpitaux et les hospices jusqu’au XIXème siècle dans la
souveraineté de l’exercice des soins, dans l’abnégation, l’obéissance, la disponibilité, le
dévouement.
9
Le tournant de la profession infirmière :
C’est l’avènement de la République qui va participer à la reconnaissance du statut de
l’infirmière. Un grand nombre de représentants politiques n’acceptent pas l’obscurantisme
religieux.
Sous l’impulsion du docteur Bourneville, défenseur de la laïcisation des hôpitaux français,
l’auxiliaire médicale apparaît, et de nombreuses écoles d’infirmières ouvrent leurs portes.
La circulaire du 17 juillet 1899 enjoint la création au moins dans chacune des villes où siège
de faculté ou une école secondaire, d'une école d'infirmières.
La formation se détache du dévouement et du sacrifice de soi au profit des connaissances
scientifiques et techniques. Le contenu pédagogique de la formation est principalement
médical, enseigné par des médecins à partir de cours magistraux.
Dans la circulaire, dite Combes, du 28 octobre 1902 « l’infirmière, telle qu’on doit la
concevoir, est absolument différente de la servante employée aux gros ouvrages de cuisine, de
nettoyage, etc.; Elle est réservée aux soins directes des malades ; c’est la collaboratrice
disciplinée, mais intelligente du médecin et du chirurgien : en dehors de sa dignité
personnelle, qu’il est essentiel de sauvegarder, elle doit éprouver une légitime fierté d’un état
très scientifique. ».
Emile Combes, élu Président du Conseil en 1902, est un anticlérical. Au travers de cette
circulaire, il est question de laïciser les hôpitaux en formant un personnel laïc pour remplacer
les religieuses.
La laïcisation de la société française se parachève avec la loi du 9 décembre 1905 relative à la
séparation des Eglises et de l’Etat.
Le XIXe siècle, avec les progrès de la médecine, de la chirurgie et les découvertes
scientifiques de Pasteur, vont nécessiter des savoirs faires et des connaissances techniques
spécifiques. Les religieuses ne sont plus en mesure de répondre aux exigences des hôpitaux.
10
La formation devient nécessaire et va officialiser la place des auxiliaires médicaux formés. La
profession infirmière est reconnue de façon officielle par une circulaire.
Les médecins ont besoin des infirmières avec l’avancée des progrès. Elle est alors au service
du médecin.
« On ne soulignera jamais assez combien la révolution pasteurienne a stimulé les ambitions
des médecins. Ils se sentent capables d’arrêter les contagions, de faire reculer les microbes,
…. Ils ressentent le besoin d’auxiliaires dociles pour imposer les grands principes plus
rapidement et plus sûrement. Les bonnes sœurs ne font plus leur affaire : elles sont trop
ignorantes et trop prisonnières d’habitudes surannées. » Knibiehler Y., Leroux-Hugon, V.,
Dupont-Hess, O., & Tastayre, Y. (1984).
Les premières écoles d’infirmières orientent résolument leur formation vers le médicale et la
technique : « faire du soin » au détriment du « prendre soin ».
Cette hyper technicité va amener les infirmières à déléguer certaines de leurs fonctions qui
relèvent de soins du corps à un personnel peu qualifié qui constituera par la suite le métier
d’aide soignante.
Deux figures du XIXe siècle vont marquer la profession infirmière ; en Angleterre, Florence
Nightingale issue d'une famille riche et influente. Elle décide de s'occuper des plus démunis et
est convaincue que pour savoir soigner, il faut avoir appris. Elle milite pour l’émancipation de
la femme, l’amélioration de la formation des soignantes et amélioration de l'état des hôpitaux.
En France, Léonie Chaptal, diplômée en 1903 de l’assistance publique, fonde en 1905 son
école. Elle imprègnera la profession infirmière, par une reconnaissance de l’identité
professionnelle dans l’accompagnement du malade au travers de l’éducation et la prévention,
laissant la maladie aux compétences du médecin.
La profession entre les deux guerres
Cette période est marquée par la création de services d’hygiène, de la protection sociale.
On s’accorde à penser que soigner les malades est alors une profession qui doit être garantie
dans son exercice.
« Léonie Chaptal écrit : Lorsqu’une profession comporte dans son exercice un danger
quelconque, elle doit être réglementée. Lorsque, d’autre part elle est d’utilité publique, il est
11
nécessaire que l’Etat intervienne et la prenne sous sa surveillance. (…)Soigner les malades est
donc une profession classée qui doit être comme tout autre, garantie dans son exercice. »
Magnon R (1991).
Prévenir les maladies est également dans les attributions modernes.
Le 27 juin 1922 : un décret uniformise le programme de formation, qui se déroule sur deux
ans, dans les différentes écoles et crée le brevet de capacité professionnelle qui permet de
porter le titre d’infirmière Diplômée de l’Etat français. C’est le début de la
professionnalisation. Mais ce brevet n’est pas obligatoire.
En 1923: apparition du numéro 1 de l'infirmière française (revue professionnelle) et création
de l'association nationale des infirmières françaises que Mme Chaptal dirige.
Après la seconde guerre mondiale, avec l’explosion de nouvelles techniques, le
développement des antibiothérapies, l’hôpital va se doter de nouveaux professionnels comme
des manipulateurs de radiologie, diététiciens etc.
Quant à l’infirmière, c’est l’apprentissage de nouvelles compétences médicales qui vont lui
permettre de s’affranchir un peu des médecins.
En 1946, le Diplôme d’Etat est rendu obligatoire par une loi, pour exercer la profession
d’infirmière.
La loi du 8 avril 1946 du Code de la Santé Publique, livre IV, titre II, article L 473 la définit
ainsi :
"Est considéré comme exerçant la profession d'infirmier ou d'infirmière toute personne qui
donne habituellement soit à domicile, soit dans les services publics ou privés d'hospitalisation
ou de consultation, des soins prescrits ou conseillés par le médecin".
L’enseignement délivré dans les écoles est principalement centré sur la maladie et les
techniques.
"Les connaissances centrées sur la maladie constituent la base de la culture générale des
infirmières". M.F. Colliere (1982).
12
Mais cette hyper technicité cheville l’infirmière au corps médical et aux soins curatifs.
Les années soixante vont être le tournant de la profession, en même temps que celui des
femmes.
« Entre 1945 et 1960, les soins du malade vont passer du « maternage » à la « technique ». »
Knibiehler Y., Leroux-Hugon, V., Dupont-Hess, O., & Tastayre, Y. (1984).
En 1961 un arrêté va inclure dans les programmes de formation l’étude de l’homme sain.
L’infirmière est une « technicienne qualifiée »
Parallèlement elle va acquérir une certaine autonomie (soins d’hygiène et de confort, soins
d’urgences avant l’arrivé du médecin) et un rôle d’éducation, d’écoute.
A partir des années 1970-1990
On voit une évolution dans les textes de l'exercice professionnel.
On ne parle pas encore de soins infirmiers, mais de soins donnés par des infirmiers; la
profession requiert alors comme critères l’obéissance et la soumission aux médecins.
En 1972, une réforme du programme des études d’infirmières présente un enseignement, non
pus basé sur la maladie mais sur la personne humaine au travers de « soins infirmiers ». Avec
cette réforme, c’est la reconnaissance des «soins infirmiers » en tant que discipline spécifique.
La loi du 31 mai 1978, n° 78-615(JO du 1er
juin 1978) reprend la définition de l’infirmière
datant de 1946 et lui adjoint des fonctions de formation, d’encadrement, d’éducation et de
prévention.
Le nouveau programme de formation de 1978 se déroule sur trois ans avec une
reconnaissance du rôle propre infirmier l’autorisant à pratiquer des actes de façon autonome.
L’exercice de la profession va être alors réglementé par des décrets, dits de « compétences »,
listant des actes que l’infirmière peut dispenser de son propre chef « rôle propre » et ceux du
« rôle prescrit ».
L’arrêté du 23 mars 1992 réunit le diplôme en soins généraux et le diplôme en soins
13
psychiatriques, en un diplôme d’Etat Infirmier unique. Apparaît la notion de diagnostic
infirmier. Les écoles deviennent des instituts de formation, les monitrices des formatrices
Les règles professionnelles et les actes professionnels et l'exercice infirmier sont codifiés par
deux décrets
Le décret n ° 93-221 du 16 février 1993 établit une sorte de "code de déontologie infirmière"
citant des règles de respect de la dignité, du secret professionnel, confidentialité, les devoirs
envers les patients, respect du patient, principe de non discrimination, continuité des soins
entre autre et les règles de confraternité entre professionnels.
Le décret n ° 93-345 du 15 mars 1993 est, quant à lui, le décret dit de "compétence".
L'application de ce décret est précisée par la circulaire GGS/PS n ° 97-412 du 30 mai 1997.
Le décret du 11 février 2002 est relatif aux actes professionnels. Le décret énumérait la liste
des actes relevant de la compétence des infirmiers en distinguant les trois cas d’intervention
de l’infirmier : rôle propre de l’infirmier, intervention sur prescription médicale et
intervention en collaboration avec le médecin.
Désormais, depuis le nouveau décret, l’ensemble des dispositions relatives à l’exercice de la
profession est regroupé dans un seul texte. On ne distingue plus d’un côté l’aspect technique
de la profession et de l’autre les devoirs envers le patient. La relation d’infirmier ne se limite
pas à un geste technique mais va bien au-delà, c’est une prise en charge globale du patient. On
tient compte de la santé physique du patient mais aussi de la dimension psychologique.
L’exercice de la profession d’infirmier comporte l’analyse, l’organisation, la réalisation des
soins infirmiers et leur évaluation.
Les soins préventifs, curatifs, palliatifs intègrent la qualité technique et la qualité de la relation
avec le malade.
Ils ont pour objet le respect des droits de la personne, dans le souci de l’éducation à la santé.
Ceci, tenant compte de la personnalité, de la psychologie, de la dimension économique,
sociale et culturelle de la personne.
14
En quête de reconnaissance
L’accès à l’université est une étape essentielle à la reconnaissance d’une discipline infirmière
en tant que tel et par delà l’obtention d’une autonomie de la profession.
Le métier d’infirmier, largement féminisé, peut expliquer les réticences des universités à
ouvrir leurs portes, quand on sait qu’il aura fallu le XIXème siècle pour que des femmes
puissent y accéder. L’université reste le symbole du savoir et donc du pouvoir.
Les professionnels de santé voient enfin une officialisation d’un accès à l’enseignement
supérieur universitaire, par les accords de Bologne que la France, comme d’autres pays
européens, a signé le 19 Juin 1999 avec accords définitifs en avril 2002. Elle prévoit que
toutes les formations universitaires doivent intégrer le système universitaire Licence Master
Doctorat (L.M.D), faute de quoi, des pénalités devront être versées pour non respect de ces
accords. Cet accord concerne les formations aux professions médicales et certaines formations
paramédicales (comme par exemple les orthophonistes).
L’intérêt ; que l’on peut en attendre, est d’améliorer la qualité des soins, la sécurité des
patients, mais aussi d’acquérir la compétence d’« expertise » infirmière.
Jusqu’en 2009, en France, la formation d’infirmière est restée une formation professionnelle
supérieure non universitaire, sanctionnée par un diplôme d'Etat délivré par le Ministère de la
Santé.
Malheureusement, l’arrêté du 31 juillet 2009 va stipuler qu’à la fin de la formation sera
délivrée « aux étudiants en soins infirmiers (…) conjointement au Diplôme d’Etat, le grade de
licence ». Les étudiants devront compléter leurs parcours pour obtenir une licence complète.
La création et l'organisation de l'Ordre national des infirmiers prévus par le texte de loi du 21
décembre 2006 a pour but la reconnaissance, l’autonomie de la profession, et de veiller au
maintien de l’éthique et de la déontologie.
Art. L. 4312-1. - Il est institué un ordre national des infirmiers groupant obligatoirement tous
les infirmiers habilités à exercer leur profession en France, à l'exception de ceux régis par le
statut général des militaires.
15
Depuis l’Ordre s’est doté d’un site internet, dans lequel elle énonce ses missions prévues par
la loi dont l’une d’elles est le « maintient les principes éthiques nécessaires à l’exercice de
l’art infirmier, énoncés dans le code de déontologie préparé par son Conseil national. A ce
titre, il conseille et soutient les infirmiers en cas de problème déontologique dans leur
exercice. Ses chambres disciplinaires jugent et sanctionnent les éventuels manquements à la
déontologie. »
Après trois années d’existence de l’ordre infirmier, le bilan reste mitigé. Il ne fait pas
l’unanimité auprès des infirmiers (tous n’y souscrivent pas,) soit par manque de
communication, d’informations claires sur son rôle et ses missions. Les rappels de paiement
des cotisations aux professionnels, les informant des risques pénaux encourus, ont davantage
participé à une communication délétère sur fond de menace.
L’ordre a tenté de revenir sur ses exigences, faisant passer le montant de 75 euros à 30 euros,
espérant une plus grande adhésion des professionnels. On peut se poser la question du sens de
cette mesure. Sur le site de la coordination infirmière un communiqué énonçait « Didier
Borniche a rappelé que l'ONI a échappé de justesse à la mort clinique, à deux doigts de la
cessation de paiement à l'été 2011 ».
L’étape suivante étant de faire entrer la profession infirmière dans le répertoire partagé des
professions de santé (RPPS), en remplacement du répertoire ADELI. Elle recensera de façon
plus fiable les professionnels, et l’ONI sera l’interlocuteur pour les démarches que les
infirmiers faisaient alors auprès de l’ARS.
2.1.2 Cadre réglementaire actuel d’exercice de la profession
La définition
La définition de l’infirmière constitue la base juridique de la profession.
Selon le Code de la santé publique Article L4311_1 « Est considérée comme exerçant la
profession d’infirmière ou d’infirmier toute personne qui donne habituellement des soins
infirmiers sur prescription ou conseil médical, ou en application du rôle propre qui lu est
16
dévolu. L’infirmière ou l’infirmier participe à différentes actions, notamment en matière de
prévention, d’éducation de la santé et de formation ou d’encadrement».
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) :
"La mission des soins infirmiers dans la société est d’aider les individus, les familles et les
groupes à déterminer et réaliser leur plein potentiel physique, mental et social et à y parvenir
dans le contexte de l’environnement dans lequel ils vivent et travaillent. Ceci exige que les
infirmières apprennent et assurent des fonctions ayant trait au maintien et à la promotion de la
santé aussi bien qu’à la prévention de la maladie. Les soins infirmiers englobent également la
planification et la mise en œuvre des soins curatifs et de réadaptation, et concernent les
aspects physiques, mentaux et sociaux de la vie en ce qu’ils affectent la santé, la maladie, le
handicap et la mort. Les infirmières permettent la participation active de l’individu, de sa
famille et de ses amis, du groupe social et de la communauté, de façon appropriée dans tous
les aspects des soins de santé, et encouragent ainsi l ‘indépendance et l’autodétermination.
Les infirmières travaillent aussi comme partenaires des membres des autres professions
impliquées dans la prestation des services de santé."
Le cadre législatif
L’évolution des techniques, et des champs de compétences de l’infirmière a vu un
changement significatif dans les textes pour légiférer l’exercice de la profession.
Selon le Dictionnaire des soins infirmiers (1996), la définition des soins infirmiers :
Les soins infirmiers sont un ensemble de connaissances, de compétences et de techniques
relatives à la conception et à la mise en œuvre d’actes infirmiers.
Ils ont pour but de répondre aux besoins de santé d’une personne et ou d’une collectivité et
font l’objet de la discipline enseignée au personnel infirmier.
Cette discipline fait appel aux sciences humaines et biologiques.
On distingue généralement les soins infirmiers : liés aux fonctions d’entretien et de continuité
de la vie, curatifs ou de réparation
Selon M. F. COLLIERE (1984)
17
« Les soins infirmiers sont l’ensemble d’un processus de discernement des besoins sanitaires
d’une personne ou d’un groupe et l’action qu’il faut mettre en œuvre pour y répondre. »
Selon V. HENDERSON
(Principes fondamentaux des soins infirmiers 1960):
« … Aider l’individu malade ou en santé au maintient ou au recouvrement de la santé (ou à
l’assister dans ses derniers moments) par l’accomplissement de taches dont il s’acquitterait
lui-même s’il en avait la force, la volonté ou possédait les connaissances voulues, et
d’accomplir ces fonctions de façon à l’aider à reconquérir son indépendance le plus
rapidement possible. »
Différentes dimensions de soin : prévention curative, éducative, maintenance, réhabilitation et
palliative
Décret du 29 juillet 2004 relatif aux parties IV et V du code de la santé Publique
Art. R. 4311-2 : les soins infirmiers préventifs, curatifs ou palliatifs intègrent qualité
technique et qualité des relations avec la malade…
Art. R. 4311-3 : relève du rôle propre de l’infirmier les soins liés aux fonctions
d’entretien et de continuité de la vie…
Art. R. 4311-5 : dans le cadre de son rôle propre; l’infirmier accomplit les actes ou
dispense les soins suivant visant à identifier les risques et à assurer le confort et la sécurité de
la personne et de son environnement et comprenant son information et celle de son entourage
Art. R. 4311-7 : l’infirmier est habilité à pratiquer les actes suivants soit en application
d’une prescription médicale ; soit en application d’un protocole écrit,…, daté et signé par un
médecin...
La notion de compétences est citée à travers le rôle propre.
Le rôle propre de l'infirmier est précisé aux articles R 4311-1 à R 4311-5 du code de la santé
publique :
18
, depuis le décret n°
2004-802 du 29 juillet 2004 Article R. 4311-1 (Cf. Annexe III) :
« L'exercice
, de
, du secteur social et médico-social et du secteur éducatif ».
Deux décrets déterminent les responsabilités infirmières, l'un définit les règles
professionnelles, l'autre concerne les actes professionnels et l'exercice infirmier. Le décret n °
93-221 du 16 février 1993 établit une sorte de "code de déontologie infirmière". Le décret n °
93-345 du 15 mars 1993 est, quant à lui, le décret dit de "compétence". L'application de ce
décret est précisée par la circulaire GGS/PS n ° 97-412 du 30 mai 1997.
Le décret du 15 mars 1993 définit le rôle propre : "relèvent du rôle propre de l'infirmière les
soins infirmiers liés aux fonctions d'entretien et de continuité de la vie et visent à compenser
partiellement ou totalement un manque ou une diminution d'autonomie d'une personne ou
d'un groupe de personnes."
Le rôle propre « est la fonction de l’infirmier (ère) qui se voit reconnaître l'autonomie, la
capacité de jugement et l'initiative. Il (elle) en assume la responsabilité ». Magnon R,
Dechanoz G (1995).
Le rôle propre infirmier est « une expression employée pour désigner le domaine spécifique
de la fonction infirmière dans lequel lui sont reconnues une autonomie et la capacité de
jugement et d'initiative (...) Dans ce domaine l'infirmière est responsable des décisions qu'elle
prend et de leur réalisation ». Terminologie des soins infirmiers.
Ce rôle inclut des actes de nursing, de surveillance mais aussi d'éducation relevant de la seule
initiative de l'infirmière.
19
Les soins infirmiers relevant du rôle propre de l'infirmier sont définis aux articles 4311-3 à
4311-5 du code de santé publique (CSP) :
Article R. 4311-3 : « Relèvent du rôle propre de l'infirmier ou de l'infirmière les soins liés
aux fonctions d'entretien et de continuité de la vie et visant à compenser partiellement ou
totalement un manque ou une diminution d'autonomie d'une personne ou d'un groupe de
personnes. Dans ce cadre, l'infirmier ou l'infirmière a compétence pour prendre les initiatives
et accomplir les soins qu'il juge nécessaires conformément aux dispositions des articles R.
4311-5 et R. 4311-6. Il identifie les besoins de la personne, pose un diagnostic infirmier,
formule des objectifs de soins, met en œuvre les actions appropriées et les évalue. Il peut
élaborer, avec la participation des membres de l'équipe soignante, des protocoles de soins
infirmiers relevant de son initiative. Il est chargé de la conception, de l'utilisation et de la
gestion du dossier de soins infirmiers. »
2.1.3 Les dispositifs actuels de la formation initiale
L’histoire a vu évoluer la profession infirmière en lien avec les nouvelles technologies, les
avancées médicales, le manque de professionnels à l’hôpital qui pousse aussi à compter sur
les compétences de l’infirmière. Ses pratiques sur le terrain lui on permit d’acquérir des
compétences spécifiques, qui sont transmises dans les écoles et légiférer par des textes, qui
eux aussi s’adaptent aux réalités de terrains.
Dans le même temps que l’évolution des pratiques, s’est opérée une évolution dans le système
de pédagogie de la formation infirmière.
« Depuis les années soixante-dix, les médecins ne sont plus les seuls à dispenser un
enseignement aux infirmières; ils continuent à enseigner les pathologies, mais ce sont des
infirmières enseignantes qui prennent en charge le reste de la formation » Amouroux (1998).
La réforme de 1972 ouvre « une nouvelle ère pour les infirmières et les infirmiers. Celle
d’une rupture avec les formations préparées, guidées, orientées par les médecins depuis 1923
et basées essentiellement sur une discipline, la médecine » Magnon R (2001).
20
La formation infirmière jusqu’alors était une formation professionnelle supérieure, non
universitaire qui comprenait cinquante pour cent de cours et de stage sur une durée de 3 ans et
demi et reconnu bac + 2.
Poussé par des évolutions technologiques en santé d’un côté et d’une volonté
d’harmonisation du système de formation de l’autre, les pouvoirs publics se sont engagés
alors dans la réforme du Diplôme d’Etat infirmier.
Un arrêté en 2009 a été publié, concernant la réforme du Diplôme d’Etat infirmier. Cette
nouvelle réforme du référentiel de formation a pour objectif de l’accorder avec le système de
Licence-Master-Doctorat.
Des conventions de partenariat, avec les Région, les Universités et les regroupements d’IFSI,
sont signées, ceci au travers d’une circulaire datée de juillet 2009.
Cette convention spécifie et reconnait le grade de licence du Diplôme d’Etat infirmier, par le
Ministère chargé de l’enseignement supérieur. Elle enjoint la participation de l’Université à
l’enseignement délivré à la participation aux jurys d’examens. L’intégration de la formation
au niveau universitaire a amené de facto à modifier le programme de formation
L’enseignement pédagogique ne sera plus uniquement prodigué par des formateurs et des
médecins, mais aussi par des universitaires.
La durée de la formation est de 3 ans, elle équivaut à 4200 heures réparties sur 2100 heures de
formation théorique et 2100 heures de formation clinique.
Arrêté du 31 juillet 2009 art 1 « le diplôme d’Etat infirmier atteste des compétences
professionnelles pour exercer les activités du métier d’infirmier selon
-les référentiels d’activités et de compétences définis en annexes I et II ;
-les articles R. 4311-1 à R.4311-15 du code de la santé publique. »
Le référentiel amène à l’attribution de crédits, conformément au système européen de
transferts de crédits « European Transfert System » (ECT).
21
L’obtention du Diplôme d’Etat infirmier sera acquise au décours de 180 ECT obtenus.
-120 CE unité d’enseignement (cours magistraux, travaux dirigés, travail personnel
guidé)
-60 CE formation clinique en stage (7 stages)
Art 59 de l’arrêté du 31 juillet 2009 « Les crédits de formation sont attribués par une
commission d'attribution des crédits. Elle est mise en place dans les instituts de formation en
soins infirmiers, sous la responsabilité du directeur de l'institut, qui la préside.
Elle est composée des formateurs référents des étudiants infirmiers, d'un ou plusieurs
représentants de l'enseignement universitaire, et d'un ou plusieurs représentants des tuteurs de
stage.
Chaque semestre, excepté le dernier, le formateur responsable du suivi pédagogique présente
à la commission d'attribution des crédits les résultats des étudiants afin que celle-ci se
prononce sur l'attribution des crédits européens et sur la poursuite du parcours de l'étudiant.
Lors du dernier semestre, les résultats sont présentés devant le jury d'attribution du diplôme. »
Les unités d’enseignement se composent :
De savoirs contributifs :
-sciences humaines, sociales et du droit et des sciences biologiques et médicales
-sciences biologiques et médicales
De sciences et techniques infirmières :
-démarche de soins
-technique de soins,
-intégration,
-option
Des enseignements transversaux :
-organisation TIC
-anglais
Le référentiel de compétences selon l’arrêté du 31 juillet 2009 relatif d’Etat infirmier :
22
« Les référentiels d’activités et de compétence du métier d’infirmier diplômé d’Etat ne se
substituent pas au cadre réglementaire. En effet, un référentiel n’a pas vocation à déterminer
des responsabilités. Il s’agit de décrire les activités du métier, puis des compétences. Celles-ci
son rédigées en termes de capacités devant êtres maîtrisées par les professionnels et attestées
par l’obtention du diplôme d’Etat. Cette description s’inscrit dans la réglementation figurant
au code de la santé publique (CSP). »
Les compétences :
1. Evaluer une situation clinique et établir un diagnostic dans le domaine infirmier
2. Concevoir et conduire un projet de soins infirmiers
3. Accompagner une personne dans la réalisation de ses soins quotidiens
4. Mettre en œuvre des actions à visée diagnostique et thérapeutique
5. Initier et mettre en œuvre des soins éducatifs et préventifs
6. Communiquer et conduire une relation dans un contexte de soins
7. Analyser la qualité des soins et améliorer sa pratique professionnelle
8. Rechercher et traiter des données professionnelles et scientifiques
9. Organiser et coordonner des interventions soignantes
10. Informer et former des professionnels et des personnes en formation
Les responsables d’encadrement sont définis comme suit :
-Le maître de stage (cadre de santé, chef de service), il a des fonctions de
management, et est garant de la qualité d’encadrement. Il est en lien avec l’institut de
formation concernant l’accueil des étudiants, l’organisation des stages dont il est responsable.
-Le tuteur de stage a des fonctions pédagogiques. Il est qualifié et connait les
référentiels d’activités pour accompagner au mieux l’étudiant vers la professionnalisation. Il
est volontaire dans cette fonction.
-les professionnels de proximité. Ils ont une fonction pédagogique au quotidien. Ils
peuvent consulter le portfolio de l’étudiant, être en lien avec le tuteur.
-Les formateurs de l’IFSI référent de stage. C’est un formateur désigné par l’IFSI pour
être référent de chacun des stages, et que l’étudiant connait. Il est en lien avec le maître de
stage, et le tuteur. Il peut encadrer un étudiant sur son lieu de stage s’il le souhaite, ou à la
demande de l’étudiant ou du tuteur de stage.
23
La durée des stages varie entre 5 à 10 semaines en 1ère
année, de 10 semaines en 2nde
année,
et de 10 à 15 semaines en 3è année.
L’objectif est de professionnaliser le parcours de formation, de rendre autonome, responsable
et réflexif l’étudiant au travers de situations rencontrés dans les stages.
Le référentiel est organisé de sorte à mobiliser et à développer des savoirs faires et des
savoirs êtres de l’étudiant. De suivre son évolution au travers du portfolio, qui est un outil
mesurant la progression des acquis des compétences, tout en développant son autonomie
quant à son cheminement vers la professionnalisation.
Le référentiel indique qu’au terme de sa formation ; l’étudiant sera un « praticien autonome,
responsable et réflexif ».
Nous abandonnons la compétence décrite au travers des actes de soins infirmiers au profit du
développement de celles ci plus larges, dans une reconnaissance de notre individualité et de
notre subjectivité.
2.2 Les compétences infirmières
2.2.1 Définition
Le concept de compétence est une notion qui a évolué au cours du temps en fonction des
exigences du marché. La compétitivité et la productivité ont façonné le monde du travail.
La compétence nait de l’évolution technologique nécessitant d’autres savoirs. C’est une
notion qui a envahit le milieu de la formation d’adultes et qui est passé dans le milieu scolaire,
et maintenant que l’on retrouve partout.
Historiquement on parlait encore de qualification.
Il existe plusieurs sources de définitions de la compétence.
Dans une conférence, Michel Vial (2004), concernant la formation des salariés « Compétence
est donc une notion fonctionnelle, auto-proclamée, dans le monde de la gestion, dans le
modèle de pensée cybernétique : le milieu dicte les impératifs auxquels l’agent doit se
24
soumettre, l’homme est un instrument qui doit s’adapter; il doit acquérir les compétences
utiles pour que le système dure ».
On renvoie les compétences à un guide de bonnes pratiques, le salarié est alors assujetti aux
exigences de l’entreprise au détriment de ses propres choix et valeurs.
Pour De Montmollin M (1984) « la compétence est un ensemble stabilisé de savoirs et de
savoir-faire, de conduites types, de procédures standards, de types de raisonnement que l'on
peut mettre en œuvre sans apprentissage nouveau et qui sédimentent et structurent les acquis
de l'histoire professionnelle : elles permettent l'anticipation des phénomènes, l'implicite dans
les instructions, la variabilité dans la tâche. ».
Pour Le Boterf (2000) « La compétence est la mise en ouvre d’une combinatoire de
ressources appropriées dans une situation donnée. »
Les compétences, pour cet auteur, font parties intégrantes de l’individu, elles lui sont
singulières dans la pratique (schèmes opératoires, ressources propres, « savoir agir») et
subjectives (cognitions, émotions). Elles ne sont pas l’addition de savoirs, savoir être et
savoir faire. La compétence est présentée comme une « disposition à agir dans une famille de
situations».
La compétence peut être un ressors, entendu comme une dynamique dans son travail. L’ère du
temps ne nous permet plus d’occuper des emplois à vie. Le monde du travail devient alors une
opportunité, pour un salarié, de développer des compétences, par la formation, par le
changement de poste ou d’emploi.
L’apprentissage, à partir de situations variées rencontrées dans des stages, le travail réflexif,
l’auto évaluation, la prise d’initiative, la mise à disposition des ressources sont autant
d’opportunités pour développer des compétences.
Les compétences citées ci-dessus dans le référentiel d’activité infirmier de 5-10 formalisent
les compétences au travers des pratiques d’éducation, de collaboration et de communication.
On attend des futurs infirmiers à partir de ces champs de compétences à plus d’autonomie.
25
C’est en comprenant ce qui nous fait «agir avec compétences» que l’on peut envisager de
conceptualiser, de rendre compte de nos pratiques, de les transposer dans d’autres situations,
de les faire partager.
L’universitarisation est la possibilité d’accéder à la recherche, la formation, le management,
de faire évoluer la profession vers une autonomie d’exercice.
Expertise infirmière au travers d’une discipline :
Ce qui différencie un novice d’un l’expert c’est «Le professionnel confirmé et expert possède
en mémoire une « bibliothèque »de schèmes qu’il utilise pour anticiper et aller vite». Le
Boterf (2000).
« Le pari de la formation dans l’enseignement supérieur est, en effet, que la distance ou le
détour (trop souvent appelé « théorique ») est plus pertinent que la simple transmission de
bonnes pratiques. En somme, l’enseignement supérieur pense que, pour que l’acteur social
invente ses bonnes pratiques en pertinence avec le contexte professionnel, il lui faut avoir une
solide culture, un système de références, des modèles et des théories, des formalisations, des
abstractions matérielles. C’est pourquoi le référentiel de formation est aussi un référentiel
d’éducation. Education du citoyen, éducation pour le développement des qualités humaines,
lutte contre la barbarie ». Vial M (2004).
2.2.2 Loi du 4 mars 2002
La médecine n’est plus toute puissante, l’arrivée du sida et des maladies chroniques a montrée
les limites du médical.
De plus, l’accès au savoir, au travers d’internet entre autre, a modifié le rapport que pouvait
alors entretenir un patient avec son médecin.
Le médecin n’est plus seul détenteur du savoir, il doit le partager et mieux le communiquer au
malade.
Dans l’article L.1111-4 la loi du 4 mars 2002 ordonne: «Toute personne prend avec le
professionnel de santé et compte tenu des informations et des préconisations qu’il lui fournit,
26
les décisions concernant sa santé. Le médecin doit respecter la volonté de la personne après
l’avoir informé des conséquences de ses choix.».
«Cette loi conduit à l’obligation de l’éducation à la santé au cours des actes de soins. » F.
Gatto, A. Garnier, E. Viel (2007).
Cela signifie que le patient détient un pouvoir de décision, qu’il est co auteur du programme
thérapeutique, conjointement avec le médecin. Il est libre de ses choix sans être placé dans
une culpabilité.
Le patient acquiert un pouvoir de décision concernant le programme de soins, est « éclairé »
dans ses choix et entendu et accompagné dans ses projets. L’éducation à la santé, au décours
des soins, aide à améliorer, ou réduire les comportements nuisibles au rétablissement.
Le patient apprend à gérer sa maladie, à développer et s’enrichir de connaissances, à acquérir
des savoirs -faires. Il est en mesure d’évaluer son état de santé, d’agir sur son environnement
pour l’améliorer et devenir plus autonome. Il passe alors du statut d’agent à celui d’auteur.
Cette loi implique que les professionnels doivent aussi acquérir de nouvelles compétences
pour mieux y répondre.
En effet, en lien avec la loi du 4 Mars 2002, le professionnel doit être en mesure avec le
patient d’élaborer des projets de soins, d’être dans la créativité d‘actions. Les protocoles, dans
ce cadre là, ne sont pas fonctionnels et sont antinomiques avec la prise d’initiative, et
l’innovation. C’est pour ces raisons, que le professionnel, doit lui aussi être en posture
d’auteur, pour adapter de façon singulière les programmes de soins au patient, dans les limites
du cadre législatif.
On considère le patient comme étant la première personne ressource qui aura un impact sur sa
maladie, si elle comprend l’intérêt du traitement ou d’un changement de comportement qui lui
est nuisible. Les conditions de son libre choix, sans culpabilité et sans sanctions sont
nécessaires à son engagement.
Pour l’accompagner au mieux, le professionnel doit être en mesure de l’aider à acquérir une
autonomie d’action en assurant une formation au cours des soins.
27
L’éducation à la santé a fait ses preuves, des patients autonomes et responsables, améliorent
plus rapidement leur état de santé, et cela à un impact sur le coût des soins. Ce sont des
malades qui guérissent plus vite, qui retrouve une activité professionnelle plus rapidement,
qui vont nécessiter moins de thérapeutique.
Cette manière d’accompagner le patient, modifie la posture des professionnels ; ils ne
peuvent être, dans ce cas là, dans du prescrit et du soumis.
La posture d’expert n’est pas non plus celle qui conviendrait. Elle écrase le patient, dans la
transmission d’un savoir, entre celui qui sait et celui qui ne sait pas (modèle transmitif) sans
prendre en compte les savoirs préexistants de la personne, de ses désirs et de ses valeurs.
Le professionnel devrait occuper la place de médiateur, de consultant, respectant ainsi les
choix et valeurs du patient. Il serait à même d’accepter de modifier ses représentations,
enrichis par la relation avec le patient. La relation intersubjective permet au thérapeute aussi
d’apprendre du patient. C’est une relation horizontale et non plus hiérarchique qui va aider à
favoriser les échanges dans l’écoute et la compréhension de l’autre, et dans le non jugement.
L’éducation à la santé aide au changement de comportement et au changement d’idées reçues
concernant la pathologie, et de facto, change aussi la personne.
Les modèles et théories en Sciences de l’éducation sont des outils qui permettent
d’appréhender au mieux l’accompagnement éducatif. Ils permettent à partir de ceux ci de
comprendre les actes de soins et de les mobiliser de façon conforme aux situations
rencontrées. On est ainsi en mesure d’expliquer et de comprendre ce qui fonctionne au cours
des actes de soins et de les améliorer. Dans ce sens, la formation des professionnels est
nécessaire pour développer une méta compétence au décours des soins. On n’attend plus du
professionnel d’appliquer des protocoles stricto sensu, mais d’être à même de s’engager, pour
accompagner le patient à l’autonomie.
2.2.3 Les pratiques de l’infirmière dans un CSAPA (de la relation
thérapeutique à la relation éducative)
Je travaille au centre de soins Arc-en-ciel, depuis maintenant 14 ans, dans une équipe
pluridisciplinaire.
28
En prenant du recul sur ces années de travail, je constate le chemin parcouru dans la prise en
charge des patients. Cette évolution de l’intervention médico-sociale s’est en quelque sorte
alignée avec celle du public accueilli au centre et de la politique de santé menée jusqu’ici.
La toxicomanie est un phénomène complexe en constante évolution. A l’image de la société,
il s’inscrit différemment selon les époques. Phénomène social qui émerge au début du
XIXème siècle de manière marginale, il prendra l’ampleur qu’on lui connaît aujourd’hui. On
remarque une évolution tant au niveau des produits, des pratiques que des usagers ; le
toxicomane d’hier n’a rien à voir avec celui d’aujourd’hui.
La législation
La prise en charge des patients toxicomanes a une histoire récente ; elle est légiférée par une
loi de 1970, qui leur assure la garantie de soins gratuits et anonymes, et qui parallèlement
sanctionne le trafic de drogues.
Les dispositions sanitaires se retrouvent dans le code de la santé publique (Art L355-14 à
L355-21 CSP sous l’appellation de « lutte contre la toxicomanie ».
Article 1er de la loi n°70-1320 loi du 31 décembre 1970 :
"Toute personne usant d'une façon illicite des substances ou plantes classées comme
stupéfiants est placée sous la surveillance de l'autorité sanitaire."
Cette loi accorde des alternatives de soins, parallèlement aux sanctions pénales.
Elle exempt de poursuites pénales l’usager simple qui acceptent les soins, en lui reconnaissant
un statut de malade. Elle le différencie de celui du « trafiquant » pour lequel les sanctions
pénales s’appliquent.
Cette loi, concernant l’usager, ne sera pas remaniée, mais sera complétée dans le sens d’une
répression plus accrue concernant le trafic.
C’est la Mission Interministérielle de lutte contre la Drogue et la Toxicomanie (MILDT) qui
est chargé de coordonner les actions et décisions de l’Etat, concernant les drogues.
A la suite de la loi de 1970 s’ouvrent des structures de soins pour les toxicomanes.
29
Des centres spécialisés CSST (Centre de Soins Spécialisé en Toxicomanie) composés de
professionnels du champ médical et social se créent sous l’autorité de la DDASS (Direction
Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales), légiféré par cette loi. Il y est garantit
l’anonymat et la gratuité des soins.
C’est ainsi que l’Arc-en-ciel, association loi 1901, se crée en 1978 à l'initiative de Michel
Ribstein, médecin psychiatre et de son équipe d'infirmiers psychiatriques issus de l'hôpital La
Colombière de Montpellier.
Ils étaient alors les premiers intervenants en toxicomanie, comme la plupart des praticiens
hospitaliers partout en France.
L'arrivée des traitements de substitution a amené l'Arc en ciel à s'enrichir de nouveaux
professionnels tenant compte de nouvelles compétences spécifiques.
La pluridisciplinarité est devenue un atout de la prise en charge globale de la toxicomanie. La
structure est devenue sous l’appellation de CSAPA, un Centre de soins d’Accompagnement
de Prévention et de Soins en Addictologie, répondant aux missions de prise en charge des
addictions sans produit (jeux pathologiques..).
L'Arc-en-ciel, c'est aujourd'hui une équipe pluridisciplinaire de 25 salariés, comprenant des
éducateurs en majorité, d’un médecin généraliste, d’un médecin psychiatre, d’assistantes
sociales, de psychologues, de collègues administratifs (secrétaires, comptable), de deux
directeurs et d’infirmiers.
Evolution des concepts
On voit, un peu partout, apparaître le mot addiction. Galvaudé dans la publicité, et les médias,
utilisé à tord et à travers, il perd de son sens auprès de la population générale. « to be addict »
est une notion anglaise, qui fait son apparition en France dans les années 90. Par choix
politique, ou fait de société, ou les deux à la fois, il vient remplacer celui de toxicomanie.
L’étymologie du mot addiction « Cet addicere s’employait en droit, à propos d’un
engagement (d’abord verbal, dicere, “dire”) à donner, à fournir une somme d’argent, en
30
rémunération d’un prêt. Au Moyen Âge, en latin, l’addictus était tenu de rembourser, et
l’addictio un genre de contrainte par corps. » Rey A (2011).
Cette notion de contrainte par corps, fait écho à celui du produit qui emprisonne, qui rend
esclave le toxicomane. En Angleterre, il prendra le sens que l’on connait, plus récent, celui de
dépendance.
Claude Olivenstein, médecin psychiatre, précurseur en France de la prise en charge des
patients toxicomanes, utilisait cette formule pour définir la toxicomanie : c’est la rencontre
d’un sujet, d’un produit donné, à un moment donné. Cette définition avait pour intérêt de
parler de la complexité des prises en charges, de la variabilité des situations, des individus et
des produits. Cette complexité amène à prendre en compte les aspects de la personne dans sa
globalité dépassant la biologie et la prescription de traitements. Ce sujet vaste, phénomène
social a d’ailleurs été traité dans les sciences sociales, l’économie, l’ethnologie.
Pour Valleur M (1998) « Le passage de la toxicomanie aux addictions, pour les auteurs
Anglos Saxons, l’intérêt de dépasser une vision étroite de « maladie », simplement basée sur
l’interaction entre une substance et un individu (sinon entre une molécule et une synapse…).
(1997) « D’aucun craignent cependant d’y voir disparaître la spécificité du discours sur la
toxicomanie, ainsi banalisée au rang de simple habitude gênante ou socialement « non
correcte ». D’autres au contraire soupçonnent cette extension du concept d’addiction de
promouvoir, au rang de « maladie », des pans entiers de l’existence ou des habitudes
anodines, aboutissant ainsi à la médicalisation de l’ensemble des conduites humaines ».
Depuis 2009, devenus CSAPA, nous sommes encore aux balbutiements de pratiques
nouvelles, de réflexion, de formation pour accueillir un nouveau public qui est celui de
prendre en compte les patients souffrant d’addictions dites sans produits.
Pour changer les représentations
Dans les années 60, les drogues étaient associées aux produits stupéfiants et illicites et le
toxicomane véhiculait une image péjorative.
31
L’OMS en 1964 proposera alors une définition de la toxicomanie permettant de sortir d’une
connotation juridique et moralisatrice. Le terme de « dépendance » apparaît, avec la
désignation de produits psychoactifs sans connotations juridiques des produits qui sont licites,
vont alors y inclure le tabac et l’alcool.
Les représentations négatives (faits divers dans les journaux) dont ils pâtissent, et de
comportements antisociaux, peuvent aussi être liées aussi, au fait que de plus en plus de
jeunes, sont touchés par la toxicomanie et sont encore dans des comportements adolescents en
conflit avec l’autorité.
L’historique des traitements
Certains traitements d’hier sont devenus de nos jours des drogues. L’histoire de l’héroïne
découverte par Dresser en 1898, est le traitement utilisé comme antitussif et antalgique dans
la tuberculose, appelée alors traitement « héroïque » d’où il tire son nom héroïne.
La méthadone a été créée par les allemands pour servir d’antalgique. Il sera utilisé comme
substitution aux opiacés en 1965 aux Etats Unis.
En France, l’arrivée des traitements de substitution s’est organisée dans un contexte de
réduction des risques.
La mise en place des traitements de substitution de façon généralisés avec la méthadone et la
buprénorphine haut dosage en 1996 avaient pour but d’enrayer les problèmes des
contaminations virales que représentaient le SIDA et les hépatites B et C.
En 1996, la mise en place de ces traitements de substitution, au sein de l'institution Arc-en-
ciel, a créé des débats et aussi des désaccords car, pour certains professionnels, cela allait à
l'encontre de ce qui était alors proposé, la mise à distance avec les produits.
L'embauche d'une infirmière, s'est faite dans le cadre de la mise en place de la substitution
méthadone. Une place nouvelle a été créée en même temps qu'il a fallu aussi créer une place
pour ce nouvel outil qu'était ce traitement méthadone.
32
Le travail sur le terrain
Nous recevons une population qui vit pour certains dans une grande précarité sociale (sans
toit, sans revenus, sans couverture médicale), fragilisé physiquement et psychiquement,
présentant pour certains des troubles d’ordre psychiatriques. Cette même population se
présente dans notre centre pour soigner leurs dépendances, souvent multiples (opiacés, alcool,
benzodiazépines).
Les « sans projets » comme les nomme Boutinet (2010), des marginaux qui vivent dans l’ici
et maintenant. Pourtant, le projet est en ébauche, une intention dès le moment où la personne
pousse la porte du centre de soins. Désir de soins, plus que projet de soins, elle est une étape
importante. L’intentionnalité est ce prémisse à la construction, au changement. Pour Brentano
« l’intentionnalité est le caractère descriptif fondamental des phénomènes psychiques. Ce
caractère traduit la propriété de la conscience d’être, c’est à dire la propriété de nouer avec les
objets de son environnement un rapport intentionnel. »
Le projet traduit la capacité d’engagement de la personne et d’une certaine autonomie.
Dans le mouvement existentialiste, on reconnaît à l’homme le pouvoir de devenir ce qu’il a
choisit d’être ; Sartre JP (1946) « "[...] l'homme sera d'abord ce qu'il aura projeté d'être." »
Dans la pratique, prendre en compte là où en est le patient, c’est le prendre en compte comme
sujet, qui évolue dans un environnement, avec son histoire, ses désirs, ses envies et ses
projets. Le projet est la concrétisation du désir.
Prendre soin, reviens pour nous à prendre en compte la souffrance du corps et aussi celle du
psychisme.
Le traitement de substitution méthadone que je délivre (sur prescription médicale) au patient
n’est qu’un outil pour entamer une relation thérapeutique, dans l’écoute, le non jugement, le
respect de la différence.
L’entretien infirmier est un moment d’échange qui permet un accompagnement éducatif. Le
travail thérapeutique repose sur la relation de confiance que nous établissons dans la
33
rencontre. Cela repose sur notre savoir faire et être dans une posture de bienveillance, de
revalorisation de la personne, de prendre soin et de compréhension.
Le patient oscille entre le plaisir au produit et la « galère ». Il nous confie sa dépendance
quand il n'est plus en mesure de la gérer seul.
Quand le patient choisit le traitement de substitution, il quitte une dépendance pour une autre.
Traitement au long cours voir à vie pour certains, nous parlons de plus en plus de traitement
de « maintenance ». Certains professionnels de soins en addictologie n’hésitent pas à
comparer les traitements de substitution avec celui de l’insulinothérapie.
L’enjeu majeur de la rencontre avec le soignant, est d’apporter un regard différent sur les
traitements, le soin et la place alors qu’occupe le sujet, différencié du produit
Ce changement d’image s’opère par l’acceptation d’une aide thérapeutique : le toxicomane
devient patient et le produit traitement.
L’accompagnement infirmier s’élabore dans les rencontres régulières et les échanges.
Avec le temps et l’expérience, nous avons perdu la prétention de « guérir » ; c’est dans une
posture d’humilité que nous accompagnons les patients vers des objectifs conjointement
élaborés.
Reconnaître l’autre dans ce qu’il est, et non pas au travers de notre désir de soignant, c‘est lui
permettre d’exister en tant que sujet et acteur de ses soins.
Accepter la différence de l’autre, nous permet aussi de changer nos représentations, et nos
actions. Cela permet au patient d’avancer à son rythme en toute confiance et sans culpabilité.
Ces multiples variables que représente une personne avec son histoire, son vécu, ses
représentations, ne nous permettent pas d’envisager des soins standardisés.
Nous sommes amenées à faire des évaluations cliniques, à prendre des décisions, à opter pour
des stratégies de soins, à mobiliser les compétences en interne d’un collègue ou en externe.
L’accompagnement fait partie des actes éducatifs. Il est le pivot central de l’activité de soins
proposé au centre, c’est pourquoi il est reconnu et valorisé dans notre travail en addictologie.
34
Les actes éducatifs
L’accompagnement est une notion large qui peut sembler flou mais elle reste chargé de
signifiants dans mon travail. En effet, nous sommes des acteurs de terrains auprès de
populations marginalisées, désorientées, l’accompagnement est vécu comme la
préoccupation de ce public en difficulté. De l’autre côté, nous sommes tenus de répondre aux
exigences des financeurs et de l’Etat avec un attendu d’efficacité :concernant
l’accompagnement dans des démarches administratives comme le RSA (revenu de solidarité
active), les attendus sont des objectifs ciblés et des données chiffrées.
L’accompagnement, au centre d’addictologie, est centré sur la personne. Elle suggère la
présence de celui qui accompagne et de l’accompagné qui établit dans cette dualité une
relation.
» Fischer G-N (1999).
Cette notion d’accompagnement, d’accompagnant ne relève pas que d’un seul corps de
métiers mais elle est établit aussi bien par l’assistante sociale, le médecin, l’éducateur,
l’infirmière.
L’accompagnement professionnel suggère une posture. Mais cela reste compliquer malgré
tout expliquer ce que l’on fait à partir de ce mot. Michel Vial s’est proposé de théoriser cette
notion à partir d’un groupe de travail constitué à l’université de Provence dans le domaine
des Sciences de l’Education.
L’intérêt de cette démarche est d’« avoir des mots, être précis, c’est se donner des possibles
pour agir. Il n’y a pas d’un côté le travail sur les mots et de l’autre côté l’action : on travaille
dans l’action avec les mots ».
Il s’agit dans un premier temps de se pencher sur la sémantique du mot.
Dans le dictionnaire Larousse il y est définit ainsi : « servir de guide, d’accompagnateur à
quelqu’un, à un groupe ».
A partir de son étymologie : « Accompagner
- âge, ce sont deux graphies ont eu les
35
mêmes sonorités. Accompagner est donc de la famille de «co- pain » : partager le même pain,
être copain. »
« « Ac » qui peut avoir plusieurs graphies, plusieurs prononciations ab, ad etc. c’est le fait de
devenir, d’aller vers, autrement dit ce qu’on appelle aujourd’hui un processus.
Donc l’accompagnement est le processus pendant lequel deux personnes, partenaires
temporairement, deviennent compagnons. Elles ne sont pas compagnons d’emblée sinon on
aurait le verbe « compagner ». Le préfixe « ac » dit que c’est le fait d’être
, ils seront compagnons. Autrement dit, on est
compagnon quand on se quitte dans l’accompagnement, pas quand on démarre.
Donc accompagner c’est « être avec » quelqu’un. L’accompagnateur, c’est celui
rejoindre un groupe, qu’il se -
.» Vial M (2007).
Le référentiel Théorique
L’accompagnement est rapproché de l’étayage: «Il y a deux façons de faire étayage : le
guidage d’un côté et l’accompagnement de l’autre et ces deux façons sont antinomiques,
contradictoires, antagonistes » Vial M (2007).
L’accompagnement est fait d’imprévus, de surprises. Il n’y a pas de but fixé au départ. Et si il
y a but, celui appartient à l’accompagné.
L’accompagnateur «stimule sans jamais précéder et, ce faisant, suscite, favorise ou éprouve la
réflexion du sujet »Forestier G (2002).
On parle ici de trajet, ce qui est différent de la trajectoire qui sous entend dans ce cas
l’atteinte d’un objectif. Le trajet n’est pas linéaire, il est fait d’allers retours, et on ne pas
s’attendre à un résultat autrement que celui qu’aura choisit la personne accompagnée.
C’est faire que « l’accompagné puisse se relier ». Relier veut dire faire autrement, se situer
dans son histoire, dans sa vie de manière différente, se questionner pour avancer, il ouvre à
des possibles.
36
L’objectif est l’émancipation de la personne. C’est la personne elle même qui trouvera les
ressources pour dépasser la difficulté.
Dans le « guidage » on est « d’emblée dans une rationalisation de l’acte, une pensée
fonctionnaliste ». Vial M (2007).
Le guidage amène la personne vers des objectifs fixés à l’avance, on est alors sur une
trajectoire. La personne est liée à l’autre dans une relation verticale. Le guidage facilite le
dépassement de l’obstacle et laisse sous entendre que l’autre ne peut le découvrir par lui
même. Dans ce cadre là, on est dans une logique de contrôle, qui ne laisse pas de place à
l’imprévu.
Dan le travail que je mène au centre, je me retrouve parfois dans ces deux postures, celle
d’accompagnant et celle du guidant ; d’une part par le fait de délivrer un traitement prescrit et
de l’autre d’accompagner le patient dans son questionnement, à cheminer pour trouver du
sens dans ce qu’il vit, à retrouver une certaine liberté.
2.3 L’éducation
2.3.1 Définition
L’éducation ne sert pas qu’à transmettre des savoirs, elle a d’essentiel la transmission des
valeurs parce que « L’éducation étant le seul rempart efficace que l’on connaisse contre la
barbarie. » Vial M (2007)
L’éducation dans le domaine de la santé « a pour fonction essentielle d’aider à la socialisation
des personnes, se poursuit toute la vie et ses effets sont mesurables par un gain d’autonomie
des individus dans un contexte, dans une société. L’éducation à la santé consiste à aider le
patient à augmenter son pouvoir de connaissance, de décision et d’action sur sa santé pour
pouvoir continuer à s’engager dans le contexte dans lequel il vit et améliorer ou maintenir sa
qualité de vie ». F. Gatto, A. Garnier, E. Viel (2007).
37
La posture du soignant est déterminante pour la qualité des soins. L’accompagnement
éducatif est un accompagnement au projet de vie du patient ; il s’agit pour le soignant de
pouvoir transférer ses compétences au soigné pour que celui-ci devienne autonome.
« L’autonomie consiste à se faire soi-même sa loi et à disposer de soi dans les diverses
situations pour une conduite en harmonie avec sa propre échelle de valeurs » Dictionnaire
(1973)
L’éducation ne se réduit pas à la transmission de savoirs ou de savoir-faire, mais aide à
l’appropriation de connaissances et par là même, à transformer la personne.
Connaître la personne, ses valeurs, ses croyances, ses savoirs expérientiels vont permettre au
patient de s’approprier de nouvelles connaissances. Parce que l’autonomie ne se prescrit pas,
ni ne s’ordonne, l’appui des modèles en sciences de l’éducation devient nécessaire à la
compréhension de ce qui fonctionnera ou non pour aider au changement, « que, en fin de
compte, l’autonomie, étant inscrite au cœur même de l’éducation, c’est l’autre qui évaluera le
bien être dont il est porteur. Sinon, on est dans l’instruction ». Vial M (2007).
2.3.2 Les théories de l’apprentissage et les modèles de l’évaluation
L’intérêt porté à la manière dont un individu peut apprendre et retenir ce qu’il apprend, a
amené des psychologues à se pencher sur cette question. Ils ont alors créer et élaborés des
théories.
Plusieurs courants de pensée vont se confrontés et vont modifier l’approche que l’on a de
l’apprentissage.
L’idée étant à partir des modèles et des outils enseignés, permettre un apprentissage du
patient.
« Apprendre suppose une reconstruction mentale, une mise en relation des connaissances
acquises antérieurement et des connaissances nouvelles présentées » (Gatto, 1999).
38
L’apprentissage peut être définit comme « un processus qui engendre, par des transferts et
partages de savoirs, une certaine modification, relativement permanente de penser, de
ressentir ou d’agir de l’apprenant » (OMS).
Il existe 2 modalités d’apprentissage :
L’apprentissage par immersion :
Il s’effectue dès le début dans la sphère familiale, comme apprendre à marcher.
L’apprentissage par l’étude :
C’est la société qui propose l’étude pour inculquer un savoir. Mais quand l’individu n’a pas
réussi à s’approprier un savoir ou parce que son environnement ne le lui permet pas, l’étude
va lui permettre de faciliter cette acquisition.
L’enseignement peut se distinguer par deux biais celui de la pédagogie qui est relative aux
méthodes de l’enseignant et celui de la didactique qui s’intéressera plus à l’élève, au contenu
et à l’appropriation du savoir par celui-ci.
La transmission des connaissances en fonction des courants de pensées
Le béhaviorisme apparaît au début du XXe siècle dont le précurseur, John B Watson,
psychologue américain, considère que l’on peut mesurer un apprentissage par un changement
de comportement qui aura été conditionné, on parle alors de « modelage ».
Ivan Pavlov (1849-1936) a permis d’appuyer les travaux de Watson. IL démontre par ses
expériences que l’on peut obtenir un apprentissage par un conditionnement externe. Le
« réflexe de Pavlov » associe un stimulus externe identique à une réponse identique :
conditionnement répondant. Dans une des expériences, Pavlov fait retentir un signal sonore
(clochette) à chaque repas du chien. Au bout d’un certain temps, il est parvenu à faire saliver
le chien par le seul fait d’actionner le signal. Cette découverte, qu’il associera bientôt au
fonctionnement humain, jouera un grand rôle dans la psychologie moderne. Pavlov obtiendra
le prix Nobel de médecine en 1904.
39
B.F Skinner (1904-1990) psychologue américain, viendra compléter leurs travaux en se
basant sur sa théorie du contrôle du comportement, par le biais de renforcement positifs
(récompenses) et de renforcements négatifs (punitions, reproches..) : conditionnement
opérant.
Les limites de ces théories c’est qu’elles ne prennent pas en compte la « Boîte noire » (le
psychisme) de la personne. C’est une transmission du savoir qui conduit à des pratiques
pédagogiques appelées Pédagogie Frontale : c’est faire passer de celui qui sait à celui qui
ignore ; la personne est considérée comme vierge de connaissances.
« L’apprentissage est envisagé du point de vue des comportements humains, sans tenir
compte du fonctionnement psychique de la réflexion et de l’abstraction du sujet, (existence de
la boîte noire ») ». Donnadieu, Genthon, Vial (1998).
Dans ce modèle d’apprentissage situé dans un paradigme positiviste, l’erreur est une faute,
elle conduit à la sanction. Les savoirs préexistants de la personne ainsi que sa culture ne sont
pas pris en compte, et l’on considère que les connaissances du sujet ne seront pas en
contradiction avec les nouvelles (apprentissage accumulatif).
C’est suite aux nombreux échecs d’apprentissage que les chercheurs se sont intéressés à la
« boîte noire » de la personne.
Dans les années 60, la psychologie cognitive a détrôné le béhaviorisme en montrant que « la
personne ne se contente pas d’assimiler des données brutes, mais les sélectionne, les met en
forme » Gatto F, Al (2007).
Jean Piaget (1896-1980), psychologue, biologiste, épistémologue suisse, élabore des travaux
sur la construction des connaissances au cours du développement biologique de l’homme. Ses
théories transposent les modèles du développement biologique à la construction de la
connaissance.
La construction de la connaissance se fait par palier, à chaque palier, selon l’état de
maturation biologique de l’apprenant, celui-ci peut acquérir certaines connaissances.
40
Piaget distingue plusieurs paliers de la période sensori-motrice (0 à 2ans), antérieur au
langage, c’est une intelligence où se constitue les premiers schèmes d’action, au stade des
opérations formelles (16 ans) où la pensée atteint sa maturité.
A chaque palier, de nouveaux éléments vont êtres assimilés et intégrés aux schèmes
précédents qui eux mêmes ont été conservés et peuvent être réutilisés.
Sa théorie suppose que le sujet construit sa connaissance par l’interaction d’objets, de
concepts… S’ensuit une régulation par le phénomène d’adaptation.
Pour Jean Piaget, c’est la capacité d’adaptation de l’homme qui lui permet d’assurer sa survie
et d’évoluer. L’adaptation est un processus, une transformation qui va permettre à l’individu
de s’enrichir de connaissances en tenant compte des ses connaissances antérieurs. C’est ce qui
lui permet d’appréhender de nouvelles situations à partir de ce qu’il sait déjà.
Deux actions contribuent à l’apprentissage « Assimilation-Accommodation ».
Sa théorie restera une référence majeure jusque dans les années 70, où d’autres expériences
viendront la remettre en cause.
Vygotsky L (1896-1936) psychologue russe, a contribué au courant socioconstructiviste.
Les interactions sociales sont primordiales au développement de l’enfant.
Pour lui, " la vraie direction du développement ne va pas de l'individuel au social, mais du
social à l'individuel ".Vygotsky (1997)
Il développe la théorie de la « ZPD » (zone proximale de développement), c’est la distance
entre ce que l’enfant peut apprendre seul et ce qu’il peut apprendre d’une personne qui a plus
de connaissances que lui.
« Ce que l’enfant est en mesure de faire aujourd’hui en collaboration, il saura le faire tout seul
demain »Vygotsky L (1997).
Comment transmettre des connaissances, à cette question, la didactique est une notion qui se
centre sur l’apprenant, le contenu et la transformation du contenu.
41
Joshua & Dupin (1989) « La didactique d’une discipline est la science qui étudie, pour un
domaine particulier, les phénomènes d’enseignements, les conditions de la transmiss
apprenant »
Pour optimiser un apprentissage il est donc nécessaire d’évaluer les acquis, les savoirs
préexistants de la personne, de tenir compte de ses conceptions autrement dit de ses
représentations.
Pour faire front aux obstacles d’apprentissage, il est nécessaire de connaitre les savoirs
préexistants du patient parce que l’apprenant n’est pas un récepteur passif du savoir.
L’obstacle est lié à un apprentissage d’un savoir constitué de façon autonome par immersion
en opposition à un savoir scientifique. Il relève plus de l’ordre du dogme et des croyances.
« De nombreux patients ne partagent pas souvent les mêmes valeurs, les mêmes normes ni la
même vision que celles des thérapeutes. Leurs représentations de la santé, de la maladie et de
la vie divergent du modèle biomédical et se constitue en obstacle d’apprentissage ». Gatto F
(2007).
Les obstacles pour Astolfi JP (2009) « ils ne sont pas ce « ce contre quoi viendrait buter la
pensée », mais ils résident dans la pensée elle même, dans les mots, l’expérience quotidienne,
l’inconscient ».
Ce nouvel apprentissage peut prendre du temps car il est parfois nécessaire de déconstruire
des certitudes, des croyances que le patient s’est forgé concernant sa maladie.
Les croyances ne reposent sur rien d’objectif, elles sont liées à notre histoire, aux affects, elles
s’inscrivent dans les « habitus » (Boudieu). L’habitus primaire est issu de l’éducation familial
et scolaire. Il porte les codes, les règles du groupe social d ‘appartenance. Et l’habitus
secondaire qui vient compléter le premier et se construit à la suite de nouveaux
apprentissages, dans son milieu professionnel. Il conforte son appartenance au groupe
d‘origine.
42
Ils sont d’autant plus ancrés car intimement lié à la personne, dans sa construction mentale,
que pour le défaire il lui faut passer par un conflit. Le conflit est une confrontation entre deux
points de vues différents.
« dans une situation de conflit socio-cognitif, le conflit cognitif comporte un enjeu social »
Bourgeois & Nizet, (1997).
Cette recherche d’équilibre se situe avec soi-même et avec l’autre. L’intérêt porté à
l’accompagnant est majeur, car il participe à cette nouvelle construction. Cette interaction
entre l’accompagnant et l’accompagné est moteur de l’apprentissage.
La confrontation d’idées, de points de vue différents va créer une dissonance.
La dissonance cognitive étant l’écart majeur entre ce qui est proposé par le thérapeute et ce
qu’est la personne, ses valeurs, son histoire.
Festinger définit la dissonance cognitive comme "un état de tension désagréable du à la
présence simultanée de deux cognitions (idées, opinions, comportements) psychologiquement
inconsistantes".
L’idée est que la personne essaie d’éliminer des pensées ou comportements présents en elle,
et qui sont contradictoires.
Pour faire tomber ces certitudes, le professionnel doit pouvoir les repérer pour réduire la
« dissonance cognitive » et ainsi l’amener à modifier son opinion, son comportement.
Comment faire adhérer une personne à des idées, ou à changer le comportement qui est à
l’opposé de ses convictions, de ses habitudes ?
Des travaux de recherches ont été menés sur la théorie de l’engagement. Elle relève de
techniques de manipulation amenant une personne à faire ce que l’on attend d’elle. La notion
de liberté est centrale. La personne qui a pris sa décision sous la contrainte se sentira moins
engagé par son acte que celui qui l'a prise "librement".
«Seuls les actes nous engagent. Nous ne sommes donc pas engagés par nos idées, ou par nos
sentiments, mais par nos conduites effectives». Beauvois JL , Joule RV (2002).
43
Kiesler : « L'engagement est le lien qui existe entre l'individu et ses actes. L'individu
accomplit un acte, lorsque cet individu est engagé, cela signifie qu'il s'assimile à cet acte, qu'il
le fait sien ».
Ces travaux de recherches seront repris plus tard par Beauvois et Joule.
On a l'idée que seuls nos actes nous engagent. Cet engagement peut être plus ou moins fort et
l'on peut être engagé à différents degrés.
Dans chaque action opérée par le professionnel auprès du patient, il est nécessaire d’en
mesurer la pertinence.
L’évaluation est un outil essentiel et un soutien à l’apprentissage, car il permet d’apprécier
l’évolution des acquis de la personne en fonction des objectifs donnés.
Les modèles de l’évaluation
L’évaluation se réfère à des valeurs, « évaluer c’est donner de la valeur ». Les critères
d’évaluation doivent être pensées en amont, et doivent être évolutifs en fonction de la
dynamique des individus. S’ils restent figés, ils ne permettent pas de revenir en arrière pour
les rectifier et les améliorer.
Dans l’évaluation contrôle, notion produite par le béhaviorisme, le critère est une norme qui
tend à la prescription qui doit être respectée. Issu du modèle industriel, elle conduit au
management directif, à une posture d’agent.
Appliqué à la santé, dans cette instance de contrôle, on place alors le patient dans une posture
d’agent, passif et soumis, et dans la culpabilité ; dans ce cadre là, le patient ne peut pas
s’approprier les changements demandés pour améliorer sa santé. Dans un climat de suspicion,
on amène le patient à mentir pour ne pas être sanctionné.
Le patient est relégué à ce qu’il fait ou non, en dehors même de ce qu’il est. Ce modèle ne
prend pas en compte la richesse de la personne et de ce qu’elle pourrait déployer de
ressources pour dépasser ses difficultés. L’évaluation contrôle s’aligne sur des critères qui
sont extérieurs au patient. Le patient déjà vulnérabilisé par la maladie se retrouve stigmatisé et
jugé par une évaluation qui ne le prend pas en compte.
44
Dans l’évaluation questionnement, notion produite par le constructivisme, le critère est une
balise, une proposition, un déclencheur qui permet la discussion, la négociation. On aide les
personnes à se questionner sur leurs pratiques à partir de référentiels et donc à se transformer.
Appliqué à la santé, l’erreur est ici un écart qui permet le questionnement et laisse la place à
un nouveau repositionnement du patient.
L’évaluation questionnement permet de travailler en toute confiance avec le patient. Il est ici
pris en compte dans ses difficultés, dans ses affects, dans son environnement et avec ses
compétences. Il devient acteur de soins, au même titre que le soignant, et décide
conjointement avec le thérapeute, du parcours de soins le plus adapté à sa situation. Le
pouvoir est partagé avec le patient. Sa singularité amène alors à construire des programmes de
soins différents, qui lui correspondent et dans lesquels, il est en mesure de s’engager.
L’évaluation prend en compte les obstacles d’apprentissage pour mieux les déstabiliser. Le
patient est valorisé sans être jugé, sans culpabilité.
« L’évaluation, lorsqu’elle est positive, constitue un facteur évident d’encouragement. Mais
pour que toute évaluation puisse être positive, il lui faudrait renversé ses principes
d’évaluation. Autrement dit il s’agirait de ne plus mesurer l’écart entre l’excellence et le
résultat obtenu ». Philippe Barrier (2012)
Dan ce principe on ne mesure que le processus d’acquisition et de développement des
connaissances du patient, évitant ainsi de porter un jugement de valeurs par comparaison au
groupe.
L’objectif de l’évaluation et de l’auto évaluation au cours des programmes d’éducation
thérapeutique est d’amener le patient à prendre conscience, pour lui permettre d’accéder plus
facilement à l’autonomie dans la gestion de sa santé.
L’évaluation peut s’appliquer à toutes les étapes du programme de soins de l’accueil à la mise
en place du programme.
Le patient est ici un élément important pour réfléchir et construire des critères qui soient
corrélés avec ce que le patient pense d’important pour lui et le médical.
Cette pratique d’auto évaluation doit favoriser la réflexivité du patient, et doit lui permettre
d’apprécier l’écart entre l’avant et l’après. L’écart n’est pas considéré comme une faute mais
45
devient l’opportunité de comprendre, de questionner et réfléchir à la mise en place de
nouvelles actions et d’ajuster à la situation.
Selon les situations, on peut être amené à utiliser l’un ou l’autre des modèles. C’est la
situation qui prescrit le modèle adéquat pour obtenir les résultats attendus.
« La pensée et la régulation
logiques contradictoires : la logique de contrôle dont le but est de vérifier, d’attester, de
prouver et la logique de l’évaluation dont le but est d’aider au développement des capacités et
de la démarche
développer une interaction productrice d’apprentissage » (Gatto, 2005).
2.3.3 Les pratiques éducatives au regard des théories et des modèles en
Sciences de l’Education
Les pratiques éducatives s’intègrent dans notre quotidien de travail au décours des actes de
soins prodigués à la personne. Elles font parties intégrantes de notre fonction en tant
qu’infirmières et pourtant on nous les reconnaît difficilement.
La loi de 2002, a permis de mettre en avant l’individu et de le placer acteur de son parcours de
soins. Nous sommes passés d’un paradigme positiviste à un paradigme phénoménologique et
ceci avec la prise en compte de l’être humain dans sa globalité.
Différents termes sont venus sur le devant du champ médico social, on parle de promotion à
la santé, d’éducation à la santé et d’éducation thérapeutique.
En 1946 l’OMS définit la santé comme « un état de complet bien-être physique, mental et
social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité »
Elle se « débarrasse » de l’opposition santé-maladie pour privilégier une notion de bien-être
global et repose sur les besoins fondamentaux de la personne : affectifs, sociologiques,
alimentaires, environnementaux…
Les succès de la médecine durant tout le courant du XIXe siècle jusqu’à nos jours, grâce aux
découvertes Pasteurienne, a hissé le corps médicale dans la toute puissance.
Les questions de santé publique étaient alors portées par le mouvement hygiéniste , né en
Angleterre, qui avait la préoccupation d’améliorer l’état sanitaire des populations entassées
46
dans les villes en luttant contre l’insalubrité des logements et la lutte contre les fléaux de
l’époque (la tuberculose entre autre).
Ce mouvement avait une orientation sécuritaire car il s’agissait d’enrayer la contamination
portée par les plus pauvres.
Le développement des progrès de la médecine scientifique se mesure avec des découvertes
majeures comme la pénicilline, l’insuline.
Il oriente alors une médecine dans des pratiques essentiellement curatives, centrée sur
l’organe malade. C’est l’époque de la médecine triomphante.
Les modèles de santé
Situé dans un paradigme positiviste, le modèle de santé biomédicale curatif est
essentiellement centré une approche curative.
Le système de protection sociale et d’assurance maladie pour tous les citoyens se développe.
Les soins curatifs sont reconnus comme étant le moyen de maintenir la santé et de ce fait
pratiquement les seuls remboursés par la sécurité sociale, au détriment des soins de
prévention, d’éducation à la santé...
Le médecin, est alors seul détenteur du savoir devant l’image d’un patient ignorant. Cette
dissymétrie des savoirs a longtemps perduré jusqu’à nos jours. C’est la maladie qui est cœur
du dispositif de soins. Le malade est oublié, évincé, écarté de sa maladie. Les soins sont
standardisés, mécanisés, protocolisés. Le professionnel exécute les tâches à accomplir en
suivant des protocoles.
« Le modèle bio-médicale infère que la maladie provient principalement d’un problème
organique. Il véhicule l’idée selon laquelle toute maladie a une cause biologique qui peut-être
guérie. Le modèle médical est essentiellement centré sur une approche curative comportant
des investigations diagnostiques et des actions thérapeutiques. Le médecin est le seul référent
dans cette approche » D’Ivernois, Gagnayre (1995).
Un extrait de la charte d’Ottawa, rédigée en 1986, considérée comme le document posant les
bases de la promotion de la santé :
« La promotion de la santé est le processus qui confère aux populations les moyens d’assurer
un plus grand contrôle sur leur propre santé, et d’améliorer celle-ci »
47
« La santé est perçue comme une ressource de la vie quotidienne et non comme un but dans la
vie. »
Les déterminants de la santé deviennent des facteurs pouvant influer sur la santé des
personnes et de ce fait, sont à prendre en compte.
Un changement s’opère, aidé par la politique de santé mené par Kouchner en 2001 et Raffarin
en 2002. Il s’agit d’opter vers une approche du sujet et non plus uniquement de la maladie.
Les comportements et les modes de vies constituent des déterminants majeurs de la santé.
Pouvoir agir dessus, par des actions éducatives, devient le moyen approprié pour obtenir des
résultats positifs d’amélioration de vie et de réinsertion professionnelle plus rapide.
La difficulté réside dans un système de santé qui a longtemps privilégié les actes curatifs. Les
professionnels de santé se sont formés dans cet axe, privilégiant l’organe malade à traiter. Il
est encore difficile de modifier des pratiques professionnelles, d’autant qu’ils ne semblent pas
posséder d’outils, de moyens, de temps pour opérer une transformation. Il faut aussi une
volonté au changement ; la tâche se complique quant on sait que la sécurité sociale ne
rembourse, en majorité, que les soins curatifs. Repenser un autre système de soins, en
démontrant que les actions portées sur les déterminants de la santé améliorent les indicateurs
de santé, serait une solution.
Le modèle global de la santé positive porte l’accent sur la nécessité d’un équilibre ente le
physique, le mental et le social. Il est marqué par l’influence des travaux de Dubos
(1955,1964), Cotton (1982), Berthet (1983) et Bury (19888)
La maladie n’est plus centré sur l’organe malade mais tient compte de différents facteurs
psychosociaux, environnementaux.
Mais ce modèle reste dans une approche positiviste.
Le modèle global de santé non positiviste reconnaît au sujet ses savoirs, ses affects, son vécu.
Il est alors à même de décider, de choisir ; il est un citoyen à part entière.
La loi du 4 mars 2002, redonne le pouvoir au patient, ce qui va orienter les soins en prenant
en compte ses valeurs, ses choix. « L’éducation à la santé ne se réduit pas à la délivrance
d’une bonne information mais vise à problématiser les comportements individuels et
collectifs, tout en garantissant le respect de la personne et son libre choix », (Gatto F ,2005).
48
Le modèle de santé complexe englobe les deux modèles par la mise en œuvre de l’interaction
dialogique de la logique positiviste et de la logique phénoménologique du soin et de
l’éducation.
Ce modèle est axé sur l’équilibre dynamique et évolutif de l’individu.
L'idéal étant d’utiliser les différents modèles à bon escient et de passer d’un modèle à l’autre
en fonction de la situation.
Les actions d’éducation
L’éducation thérapeutique du patient, selon l’OMS, vise à aider les patients à acquérir ou
maintenir les compétences dont il a besoin pour gérer au mieux leur vie avec une maladie
chronique. L’éducation thérapeutique est complémentaire de la prise en charge thérapeutique
et se propose au décours de l’annonce du diagnostic.
Il est devenu un enjeu majeur de la politique de santé lié à l’accroissement des pathologies
chroniques.
Bernard Kouchner en 2001 présentera le premier plan qui aborde l’éducation thérapeutique
dans le « Plan national d’éducation pour la santé ».
En 2008, dans un Bachelot-Narquin
, de la jeunesse, des sports et de la vie associative en 2008 :
« L’éducation thérapeutique du patient devra être reconnue dans la loi pour toute personne
atteinte d’une maladie chronique et dont l’état le nécessite. Cette éducation thérapeutique du
patient devra être intégrée dans un plan de soins coordonnés. ». Parmi les autres
recommandations, il est aussi questions des compétences des professionnels :
« La pratique de l’éducation thérapeutique du patient devra s’appuyer sur des compétences
nouvelles (incluant la validation des acquis de l’expérience)
. »
49
La loi du 21 juillet 2009 portant réforme de l'hôpital et relative aux patients, à la santé et aux
territoires HPST a inséré au code de la santé publique des dispositions transposant pour partie
les conclusions de ce rapport.
Elle précise : «Art. L. 1161-1. − L’éducation thérapeutique s’inscrit dans le parcours de
. Elle n’est pas opposable au malade
et ne peut conditionner le taux de remboursement de ses a
sa maladie. Les compétences nécessaires pour dispenser l’éducation thérapeutique du patient
sont déterminées par décret [...]».
« Les actions d’accompagnement font partie de l’éducation thérapeutique. Elles ont pour obj
, dans la prise en
charge de la maladie. »
Il est demandé aux professionnels d’être formés à l’éducation thérapeutique pour acquérir
entre autres les compétences citées- ci dessous (recommandations HAS 2007) :
-
active, choisir des mots adaptés, reconnaître les ressources et les difficultés d’apprentissage,
permettre au patient de prendre une pl
, ses soins personnels et ses apprentissages. Soutenir la motivation du patient, tout au
long de la prise en charge de la maladie chronique.
- Compétences pédagogiques et d’animation: Choisir
patients lors des séances d’ETP.
- Compétences méthodologiques et organisationnelles :
, de manière continue et dans la durée.
50
- Compétences biomédicales et de soins : Avoir une connaissance de la maladie chronique et
de la stratégie de prise en charge thérapeutique concernées par le pro
sociale. » .
L’éducation thérapeutique est en quelque sorte une reconnaissance établie de l’impact des
actes éducatifs sur la santé du patient. La formation des professionnels est nécessaire pour
apprendre à sortir du dogmatisme et du curatif et comprendre l’intérêt d’utiliser d’autres
modèles pour engager, et rendre autonome le patient.
3.1 La mise en œuvre d’une communication adaptée
3.1.1 Historique des modèles de la communication
La communication est aussi ancienne que l’humanité. Elle est un besoin fondamental de
l’être humain.
La communication est un « passage ou échange de messages entre un sujet émetteur et un
sujet récepteur au moyens de signes, de signaux » (Larousse 2010)
L’étymologie du mot communiquer apparait au XIVe siècle et est issu du latin
« communicare » : mettre en commun dans une notion de partage . Rey A (2004).
Communication et communion était interchangeable. On parlait de communier pour parler des
fermiers qui mettaient leurs terres en commun.
C’est au XVIIe siècle qu’un autre sens se fait jour avec la notion de transmettre et de faire
part.
3.1.2 Les modèles de la communication positiviste linéaire et les modèles
de la communication systémique
Créés dans les années 50, les modèles de communication positivistes linéaires veulent
s’adresser au plus grand nombre de personnes pour avoir un impact efficace. Ils sont
51
reproductibles, généralisables sans préoccupation de celui qui reçoit le message. Son but est
de convaincre la majorité des personnes. L’importance est donnée au message transmis et non
à la personne qui ici subit. Elle occupe alors la place d’agent.
Dans ce cadre là, la communication se limite au transfert d'une information entre une source
et un récepteur qui le reçoit.
Le modèle de la théorie de l’information (modèle Emetteur-Récepteur) crée par C. Shannon
ingénieur et W. Weaver, philosophe. Ils s’intéressaient alors aux problèmes de transmission
télégraphique afin d’optimiser la transmission des messages. Ce signal peut être parasité par
du bruit.
SOURCE - MESSAGE -(bruit)- CODAGE - DÉCODAGE - MESSAGE - DESTINATAIRE
Figure 1
C’est un schéma linéaire, simpliste et réducteur qui ne s’intéresse pas au sens mais à
l’efficacité des fils et ondes radio. Il ne prend pas en compte l’aspect humain.
La communication est réduite à la transmission d'une information.
N. Wiener, à la même époque propose un schéma circulaire avec le feed-back ou rétroaction ;
L’émetteur ajuste alors son message en fonction des réactions du récepteur. Ici, le récepteur
réagit au message et le renvoie à l’émetteur.
Le modèle de la communication à deux niveaux utilise un leader d’opinion pour convaincre
un grand nombre de personnes ; l’importance est ici de faire passer le message en utilisant une
personnalité connue qui aura un impact majeur. Ce modèle est utilisé dans la publicité.
Le modèle markéting est utilisé pour résoudre un problème comme dans des campagnes de
plans sécuritaires par exemple. Convaincre les récepteurs est le but principal de cette forme de
communication qui est directive et dans l’injonction.
L’école de Pao Alto en Californie est le siège des chercheurs et des théoriciens de la
communication. On leur doit les modèles de la communication systémique élaborés dans les
années 60-70 s’inscrivant ainsi dans le paradigme phénoménologique.
Ces modèles tiennent compte des échanges, des émotions, de la diversité, de l’individualité.
52
On s’intéresse aux contenus du message qui fait sens et aux interactions entre les personnes.
« Les interactions sont des actions réciproques modifiant le comportement ou la nature des
éléments, corps, objets, phénomènes en présence ou en influence » (Morin, 1977).
Le modèle sociométrique (1954) de Jacob Moreno. L’information s’enrichie de tous les
échanges. On parle de « relation ». C’est un modèle utilisé dans les thérapies familiales.
Le modèle transactionnel (1970) d’Eric Berne, psychiatre, psychothérapeute, père de
l’analyse transactionnelle. On se préoccupe plus des réactions manifestées par la personne
(agressivité..) et moins du contenu du message. Chaque échange est considéré comme une
transaction.
Le modèle interactionniste et systémique (1952) de P. Watzlawick, psychologue,
psychanalyste, sociologue et G. Bateson, anthropologue, psychologue et épistémologue. Ce
modèle considère que tout comportement à valeur de message.
Paul Watzlawick « on ne peut pas ne pas communiquer », nous sommes de façon
intentionnelle ou non en communication avec l’autre par la parole, le silence, les gestes.
Le modèle de l’orchestre de Y. Winkin, professeur des Universités en Sciences de
l’information et la communication. Dans ce modèle, la communication aboutit à une
production collective sous la conduite d’un leader.
Les modèles constructivistes :
- l’hypertexte : on tient compte de l’implicite dans un texte, on interprète les non-dits.
- situationnelle : pour faire apparaître la motivation, le sens, on fait apparaître le
contexte,
C’est à dire les intentions, le temps, le lieu, les contraintes..
3.1.3 La mise en œuvre d’une communication adaptée
La place de l’infirmier dans un service en centre addictologie a ceci de particulier qu’elle
privilégie volontiers les actes éducatifs, au travers de l’accompagnement et des entretiens
qu’elle peut faire.
53
Les entretiens infirmiers permettent de rassurer le patient, de créer une confiance pour
construire avec lui son projet de soin. C’est pour ces raisons, qu’on ne peut pas être dans du
dogmatisme. L’approche systémique prend en compte la personne et facilite cet
accompagnement.
Accompagner c’est être à côté, c’est être en relation avec l’autre. La relation est l’interaction
entre deux personnes. Cela suppose qu’il y a un émetteur et un récepteur.
Il existe de nombreux modèles de communication, Watzlawick résume en 5 axiomes les
principes de la communication :
-1 On ne peut pas ne pas communiquer :
Nous sommes traversés tous les jours par des émotions que l’on ne verbalise pas
systématiquement. Ils transparaissent dans nos gestes, notre regard. De l’agacement, un
froncement de sourcil, des sourires sont autant de témoignages de nos émotions. Ces nuances
qui transparaissent physiquement vont être interprétées par la personne que l’on a face,
entendue alors que le comportement à valeur de message.
-2 Toute communication présente deux aspects : le contenu et la relation, tels que le second
englobe le premier et est par suite une méta communication :
Le contenu, c’est l’information que l’on souhaite faire passer, soit verbalement soit par écrit.
La relation est la manière dont on entend le contenu. La relation duale, intersubjective induit
un comportement. Méta communiquer revient à communiquer sur la communication.
-3 La nature d’une relation dépend de la ponctuation des séquences de communication entre
les partenaires :
Dans les échanges verbaux, les deux acteurs vont influer sur l’autre, en interprétant une
intonation, un geste, une ponctuation. De l’extérieur, on ne verra qu’un échange entre deux
interlocuteurs.
54
-4 La communication humaine utilise simultanément deux modes de communication : digital
et analogique :
Le langage digital est de nature symbolique ; il relève de la sémantique et porte sur le
contenu. Il n’est utilisé que dans la communication verbale.
A contrario le langage analogique porte sur la relation et relève d’une communication non
verbale ; l’intonation de la voix, la gestuelle, l’expression des sentiments.
Il est parfois nécessaire de passer de l’analogique au digital pour lever l’ambiguïté émise par
la communication analogique.
-5 La communication est soit symétrique, soit complémentaire :
L’interaction symétrique est fondée sur l’égalité entre les deux interlocuteurs, à l’inverse de la
communication complémentaire. Celle-ci est fondée sur la différence de statut ex : médecin-
malade.
L’entretien infirmier est traversé par cette complexité dans la communication. L’infirmier a
développé la compétence de mener un entretien en étant conscient de ces implicites dans les
échanges. Il est en mesure de les utiliser pour les verbaliser et rassurer la personne. Les
compétences relationnelles, d’écoute, d’analyse et d’interprétations sont primordiales pour
assurer un entretien de qualité. Il sera d’autant plus riche si l’interviewer a lui aussi ces
compétences.
L’entretien est utilisé comme un outil de l’accompagnement.
Il existe plusieurs formes d’entretien, il n’y pas de technique précise, mais des principes
communs, des règles pour le mener. Tout repose sur l’interlocuteur, le résultat est parfois
mesurable sur l’instant : si la personne décide de partir, au décours de l’entretien, sans en
attendre la fin, on peut envisager que quelque chose n’a pas fonctionné.
Les temps d’entretiens sont institués au centre Arc-en-ciel, parce que la démarche est d’ordre
qualitative. Selon les corps de métiers qui les utilisent on obtient une approche différente, car
les attentes sont différentes.
55
On peut voir deux niveaux de la communication : le niveau fonctionnel où on transmet une
information et le niveau relationnel qui s’établit à travers des techniques et des appuis
théoriques non dogmatiques.
Pour nous, les infirmiers, les entretiens nous aident à évaluer des actions mises en place par le
biais du traitement et des accompagnements divers qui sont établis au centre.
L’entretien permet de donner la parole à l’autre, et de mieux comprendre la manière dont il
entreprend cette démarche de soins et ses attentes.
C’est une spécificité de l’infirmier d’avoir développé, avec l’expérience, des entretiens
qualitatifs, qui accompagnent et soutiennent des personnes dans leurs parcours de soins.
Les centres médicaux sociaux offrent l’opportunité de développer et de créer de nouvelles
compétences, car nous travaillons très souvent avec de l’imprévu. Nous nous sommes adaptés
au public reçu, qui lui aussi à changer (il est plus jeune, et souvent poly consommateur). La
richesse des individus, la diversité des problématiques nous a amené à modifier nos pratiques.
Nous sommes toujours dans le questionnement de ce que nous faisons et cela reste à mon avis
un gage de santé professionnelle.
56
3 Les matrices théoriques
PARADIGME POSITIVISTE
LES MODÈLES DE LA SANTÉ
MODÈLES CRITERES INDICATEURS AUTEURS
-Centré sur l'organe
malade
- L’objet principal est
la maladie, l’organe
perturbé
- La maladie est celle
du corps sans l’esprit
-Le soin est curatif
- Le patient a une
posture d’agent
- le patient est passif,
accepte les soins mis
en place sans les
commenter
- Le thérapeute a une
posture d’agent, il est
prescrit
-maladie Médecin seul
référent
- Paternalisme de
l’autorité est médicale
- Objectivité,
rationalité et certitude
-Renforcement
positif/négatif
-L’erreur est une faute
Evaluation contrôle
- La santé c’est l’absence de maladie
- Le traitement a priorité sur la prévention
- Approche curative prescrite
- Le patient subit des pratiques de soins
protocolisés et systématisé.
- Ses demandes, ses ressources ou ses
savoirs préexistants et expérientiels ne
sont pas pris en compte
- Fondée sur la peur, la culpabilité, la
faute.
- La conscience et la subjectivité du sujet
sont écartées.
- Le thérapeute assène les savoirs
scientifiques actuels des chercheurs et des
scientifiques
- Il doit être dans la norme des pensées. -
Il sait à l’avance les procédures, ce qui est
bon pour le malade
- Discours dogmatiques
-Le patient doit agir selon les consignes
pour limiter les risques de récidive
-Le professionnel de santé détient la vérité et
les solutions aux problèmes rencontrés
Le soignant impose le traitement, le
programme
Bury
Deccache
D’Ivernois
Gagnayre
Gatto
Leriche
OMS
BIO
MÉ
DIC
AL
E C
UR
AT
IF
57
PARADIGME PHÉNOMÉNOLOGIQUE
LES MODÈLES DE LA SANTÉ
MODÈLES CRITERES INDICATEURS AUTEURS
Patient et thérapeute
sont co-auteurs,
codécideurs, co-
conceptualisateurs
Autorité et pouvoir
partagés
Subjectivité du patient
et du thérapeute prise
en compte
Ecoute, acceptation de la
différence
Respect de la vérité du
patient
Patient et paramédicaux
sont co- auteurs
Co-construction du
programme de soins Co-
conceptualisation de
l’action dans l’action de
soin
Le soin curatif n’est
qu’un déterminant parmi
d’autres
Utilisation des théories
et modèles de
l’éducation dans la
pratique de soins
L’erreur est un écart
Evaluation
questionnement
Non dogmatique
Non culpabilisant, pas
de sanction
Notion de prévention de la maladie et
promotion de la santé.
Basé sur l'écoute, l'acceptation de la
différence.
On respecte la vérité du patient, la non-
conformité des programmes préétablis à
l'avance.
Le soignant construit et conceptualise
avec le patient les objectifs du programme
de santé ainsi que l'évaluation.
Prise en compte du contexte, des savoirs,
de l’histoire du patient. Notion cognitive.
Le projet, les demandes, les émotions, les
savoirs du patient sont interrogés et pris en
compte
Les notions de prévention et d’éducation sont
intégrées au soin
Le patient est partenaire, il peut modifier le
cours du traitement
Le professionnel construit le soin en
cheminant avec le patient Il accompagne le
patient et son entourage dans la gestion de la
maladie Le patient devient autoréflexif
Bury
Deccache
D’Ivernois
Gagnayre
Gatto
Leriche
OMS
BIO
MÉ
DIC
AL
E N
ON
PO
SITIV
ISTE
58
PARADIGME POSITIVISTE
LES THÉORIES DE L’APPRENTISSAGE
MODÈLES CRITERES INDICATEURS AUTEURS
Conditionnement
opérant
Appropriation par
répétition
But = restitution
Renforcements positif et
négatif
Erreur = faute
Pédagogie traditionnelle
Elève en posture d’agent
Savoirs au centre du
dispositif
Savoirs cumulatifs,
hiérarchisés
Savoirs préexistants non
pris en compte
Non prise en compte des
émotions
Evaluation contrôle,
mesure
Les savoirs s'accumulent
Stimulus-Réponse
Pédagogie frontale
Pas d'interaction
Pas d'obstacles à
l'apprentissage
Culpabilisation
Culpabilité, frustration, faute
Elève exécutant
Pédagogie par objectifs
Programme préétabli
Instruction
Affirmation des connaissances
Idées reçues, toujours, jamais... il faut, on
doit.
Le formateur fait un cours magistral
Évaluation contrôle des acquis de l'apprenant
(notation)
Guides délivrés de bonnes pratiques
Respect des protocoles d'accueil
Respect du règlement intérieur
(délivrance du livret d'accueil)
Posture d’expert
Pavlov
Watson
Skinner
Taylor
Bruner
Ardoino
Gatto
Giordan
BE
HA
VIO
RIS
ME
(Fo
rmatio
n in
structio
n)
59
PARADIGME PHÉNOMÉNOLOGIQUE
LES THÉORIES DE L’APPRENTISSAGE
MODÈLES CRITERES INDICATEURS AUTEURS
Apprentissage par conflit
cognitif
Environnement pris en
compte
Apprentissage seul avec
l’objet
Assimilation /accommodation
Pédagogie active
Pédagogie par construction
Elève en posture d’auteur
Savoirs préexistants pris en
compte
Elève au centre
Erreur formative
Evaluation questionnement
Apprentissage par le groupe
par conflit sociocognitif
Sollicitation de
l’environnement
Apprentissage par
confrontation
Du social vers l’individuel
Pédagogie active, par
construction
Elève en posture d’auteur
Savoirs préexistants pris en
compte
Evaluation questionnement
Relation horizontale
Valorisation
Apprenant au centre
Besoins et possibilités de l’élève pris en
compte Jeux, étude de cas
Erreur = outil
Analyse des pratiques
Pas de généralisation
Explicitation plutôt qu’affirmation
Développement personnel
Usage du contre-exemple je, il se peut,
il semble...
Tâches selon niveau de développement
Interactions entre pairs, groupes de
travail, jeux de rôle ensemble, groupes
de parole, ateliers
Programme selon les besoins
Négociation
Analyse des pratiques
Pas de généralisation
Explicitation plutôt qu’affirmation
Prise de conscience par le groupe
Autorégulation par le groupe
Evaluation en questionnant la personne,
et réajustement des actions en fonction
des dires
Accompagnement à l'élaboration du
projet du patient en lui donnant les
moyens de l'accomplir (co auteur)
Posture d’accompagnant de
consultant
Piaget
Bruner
Ardoino
Gatto
Giordan .
Vygotski
CO
NST
RU
CT
IVIS
ME
ET
SOC
IO C
ON
STR
UC
TIV
ISM
E
(Fo
rmatio
n ém
ancip
ation
)
60
PARADIGME POSITIVISTE
LES MODÈLES DE L’ÉVALUATION
MODÈLES CRITERES INDICATEURS AUTEURS
L’évaluation est une
mesure des savoirs et
des acquis
La subjectivité n’est pas
prise en compte
Evaluation discontinue,
hiérarchisée, triée
L’écart, l’erreur doivent
être régularisés.
Patient et soignants sont
agents
Les émotions ne sont
pas prises en compte L’erreur est considérée
comme une faute, elle
est sanctionnée et
régularisée
Evaluation obtenue par la mesure, les tests
Evaluation correction, régulation
Recherche de conformité et de norme
Programme prédéterminé
Ne se situe pas dans la relation humaine
L’émotion n’est pas prise en compte
S’appuie sur des référentiels pour évaluer
L’élève apprend par cœur les programmes
et les restitue
Ardoino
Berger
Deccache,
D’Ivernois
Deketele
Gatto
Gagnayre
Hadji
ÉV
AL
UA
TIO
N C
ON
TR
ÔL
E
61
PARADIGME PHÉNOMÉNOLOGIQUE
LES MODÈLES DE L’ÉVALUATION
MODÈLES CRITERES INDICATEURS AUTEURS
Evaluation est un
questionnement, une
quête de sens
L’écart est questionné, il
réoriente, permet la
régulation, le feed- back
Qualitatif
Patient et soignant co
auteurs
Recherche de sens dans
une relation subjective.
Prise en compte de
l’émotivité
Erreur formative
Régulation
Centré sur les processus
Apprentissage de l’auto
évaluation.
Questionnement sur son environnement,
Imprévus : à chaque intervention le
programme peut être réorienté, Créativité,
Patient co- auteur du programme de soins
Construction en cheminant,
Ecoute, dialogue, échange
Intersubjectivité
Auto questionnement pour le thérapeute
Auto- évaluation de ses actions, de son
discours, de ses attitudes,
Autonomisation.
Ardoino
Bonniol
D’Ivernois
Gatto
Gagnayre
Ravestein
Vial
ÉV
AL
UA
TIO
N Q
UE
STIO
NN
EM
EN
T
62
PARADIGME POSITIVISTE
LES MODÈLES DE LA COMMUNICATION
MODÈLES CRITERES INDICATEURS AUTEURS
Linéarité
Transmission d
l’information
Le message est directif
Il s’adresse à grand
nombre de personnes
Efficacité
Rétroaction
Ce qui est important
c'est le message
Le récepteur est agent
Récepteur-Emetteur
But : faire passer le
message
Dogmatique
Campagne d'affichage pour la prévention (ex:
hépatite virales)
Directives données à l'attention du patient
concernant les pathologies
Non prise en compte du sujet
Enquête de satisfaction
Rapport d’activité
Transmissions écrites dans le dossier patient
Non prise en compte du feed-back
SHANON
WEAVER
WIENER
CO
MM
UN
ICA
TIO
N L
INÉ
AIR
E
63
PARADIGME PHÉNOMÉNOLOGIQUE
LES MODÈLES DE LA COMMUNICATION
MODÈLES CRITERES INDICATEURS AUTEURS
Interaction dans la
relation
Écoute
Participatif
Pas d'idées préconçues
Prise en compte des
émotions, des
relations informelles
dans un groupe.
Permet d’aboutir à un
compromis où les
minorités sont
écoutées.
Interaction, échange
questionnement.
Prise en compte du
comportement qui a
valeur de message
Prise en compte de
l’implicite
Communication de
groupe avec prise en
compte des avis de
chacun pour aboutir à
un consensus final
Non dogmatique
Prise en compte de
l’intention, qualité de
relation.
Animation d'un groupe de parole
Réunion clinique avec l'équipe
pluridisciplinaire et concertation
Attention portée sur le discours du patient
Prise en compte des émotions
Actions mises en œuvre en fonctions des
demandes du patient
Prise en compte du comportement du
patient (si absent, agressif…)
(communication non verbale)
Communication adaptée en fonction de la
personne
Empathie
Entretien infirmier (l’accueil, la sortie,
de fin vie, patients, familles)
Communication lors de l’éducation
thérapeutique du patient
Bilan de stage pour les étudiants en
soins
MORENO
BERNE
BATESON
WINKIN
MUCCHIELLI
WATZLAWICK
4 Question de recherche
CO
MM
UN
ICA
TIO
N S
YS
TÉ
MIQ
UE
64
Une volonté est affichée, par le nouveau décret de compétence infirmier, de permettre aux
futurs infirmiers de devenir des professionnels réflexifs. En ce sens, qu’ils auront au niveau
cognitif, développé des compétences d’analyse des pratiques professionnelles.
On peut y voir l’opportunité de faire reconnaître des actes infirmiers, qui jusqu’alors n’étaient
pas considérés et reconnus par les autres corps de métiers et par la profession elle même.
Il existe bien une différence entre le travail prescrit et le travail réel, et c’est grâce aux
compétences infirmières qui permet de le réaliser, en s’appuyant sur un protocole, et en le
modifiant pour ainsi garantir la sécurité et la qualité des soins prodigués au patient. « Ce
travail d’auto confrontation croisée avec les infirmières a permis une prise de conscience des
implicites de leur activité. Il rend visible des savoirs totalement intégrés, mobilisés dans le
cœur même de leur activité. » Prieu M
Les actes éducatifs font parties intégrantes du travail infirmier. Les rendre visible c’est leurs
redonner une dimension, en les faisant émerger de l’implicite. C’est les faire exister en les
nommant.
5 Dispositif de recherche
5.1 Méthode de recherche
Cette recherche se situe dans un paradigme phénoménologique; c’est pourquoi j’ai opté pour
une méthode clinique dans une logique qualitative.
5.2 Population
J’ai mené deux entretiens enregistrés, l’un auprès d’une infirmière qui travaille dans un
Centre Spécialisé d’Accompagnement de Prévention et de Soins en Addictologie (CSAPA), et
l’autre auprès d’un infirmier qui travaille dans un service de médecine général.
J’ai choisi de réaliser un des entretiens avec une infirmière d’un service d’addictologie de
Nîmes que je connais professionnellement. Cette infirmière a, pour moi, assez d’ancienneté
65
dans le service d’addictologie pour parler de sa pratique professionnelle et avoir un certain
regard de son activité avec le recul nécessaire.
Concernant le deuxième entretien, je me suis orienté vers un infirmier d’un service de
médecine général. Comme je n’en connais pas, je suis passé par un la cadre de santé du
service.
Ce sont deux secteurs d’activités différents qui l’un nécessite une certaine spécialisation et
l’autre qu’on peut considérer plus généraliste.
5.3 L’outil d’enquête
J’ai choisi de mener deux entretiens semi directif à l’aide d’un guide d’entretien de sept
questions.
Je les ai enregistrés, et ceci en accord préalable avec les personnes concernées.
Le guide d’entretien :
-Modèles de communication
-Modèles de santé
-Modèles de l’évaluation et théories de l’apprentissage
Profil du professionnel
La question inaugurale :
1) Pouvez-vous me parler de votre parcours professionnel ?
Fiche de poste, les missions
2) Pouvez vous me décrire une matinée de travail ?
Place du patient dans le dispositif de soins pour l’infirmière
3) Le patient s’implique-t-il, avec vous, dans le programme de soins ?
Relation avec l’équipe
66
5) Comment collaborez vous avec vos collègues ?
6) En quoi, consiste pour vous, l’accompagnement d’un étudiant dans votre service?
Impressions générales du professionnel : son ressenti
7) Quelles difficultés rencontrez-vous dans votre travail ?
5.4 Le recueil de donnés
L’entretien enregistré auprès de l’infirmière du CSAPA est approximativement de 45 minutes et
celui auprès de l’infirmier du service de médecine d’environ 30 minutes.
J’ai retranscrit sur Word la totalité des deux entretiens.
Pour l’analyse de contenu j’ai choisi l’indexation notionnelle pour référencer les entretiens en lien
avec les modèles convoqués.
J’ai utilisé le logiciel TROPES pour l’analyse quantitative et qualitative des entretiens.
Contexte des entretiens
Pour le premier entretien, c’est l’infirmière du CSAPA de Nîmes qui m’a proposé d’entreprendre
l’entretien en dehors de son temps de travail et sur les lieux de son activité professionnelle. Ce
choix m’a paru judicieux pour, d’une part ne pas être déranger et pour d’autre part rester dans le
contexte du travail.
Pour le second entretien, j’ai eu des difficultés à l’obtenir. Après deux refus de deux services
différents, les raisons invoqués ont été principalement le manque de temps du personnel lié à une
charge de travail importante, j’ai eu finalement, un accord d’une cadre de santé d’un service de
médecine général à Montpellier. Elle m’a alors proposé de me présenter à partir d’une certaine
heure dans le service. Je suis arrivée à la fin de leur réunion médicale et par chance un infirmier du
service était alors disponible ; il m’a spécifié que l’entretien pouvait être écourté si on le demandait
dans le service. On a pu réaliser l’entretien dans un petit bureau.
67
L’enregistrement
J’ai eu quelques désagréments au cours de l’enregistrement des deux entretiens.
A deux reprises, lors du premier entretien (celui effectué auprès de l’infirmière du CSAPA de
Nîmes) il y a eu deux coupures, la première suite à une mauvaise manipulation de ma part car le
portable de l’infirmière s’est allumé a proximité de l’enregistreur. Quant à la deuxième coupure,
c’est suite au manque d’alimentation. J’ai très rapidement pu reprendre l’entretien sans que celui-ci
n’ai été altéré par ces deux événements.
Quant au second entretien (celui effectué auprès de l’infirmier du service de soins généraux), nous
avons été interrompus deux fois par des membres du service qui sont entrés et il y a eu aussi au
cours de l’entretien une interférence avec un portable ; mais là non plus, il n’y a pas eu d’altération
du rendu de l’entretien.
Les entretiens réalisés
Cf. annexes
5.5 Le traitement des données
J’ai utilisé l’indexation notionnelle à partir des deux discours, en fonction des critères des modèles
convoqués en science de l’éducation.
68
Modèles de santé
Biomédical curatif
CRITÈRES
Indicateurs de l’entretien n°1
Indicateurs de l’entretien n°2
Centré sur l'organe
malade
Le soin est curatif
L101 la distribution des
traitements de substitution
L115 des suivis de traitements
L 362 les traitements de um de
substitution, les traitements
psychotropes les traitements
d’hépatites
L 108 on a tous le soin qui
concerne les pathologies virales
hépatite C hépatite B VIH donc il
y a tout tout toute la part de
dépistage, pathologies virales
L 92 à s’occuper de des questions
de substitution
L 111 les prélèvement, euh euh,
sanguins euh que ce soit euh
actuellement on a aussi, euh on a
aussi des buvards
L 17 vous avez, euh bon, le côté
technique, bon parc’ qu’bon ce sont des
perfusés ça c’est, ça se fait couramment,
après les pathologies sont multiples
L 19 la personnes âgée qui arrive, euh
elle arrive ici avec son diabète avec son
insuffisance rénal, des AVC, on voit de
tout en fait.
L 36 les compétences, euh ff , c’est mon
côté infirmier, vous savez piquer
L 39 il faut pouvoir être multi tâches
L 51 les cachets, les soins du matin,
donc tout c’qui est IV
L 53 on utilise beaucoup de bilans, sur
12 patients en moyenne vous aurez 7, 8
bilans à faire par jour
L 53 des recherches génétiques pour les
patients vasculaires
L 55 les maladies particulières
Takayasu, maladie de Buerger
L 66 embolies pulmonaires aussi
L 95 c’est beaucoup de soin euh côté
administratif
L 111 sur 7H30 y’a au moins 3h de
paperasse, 2h pour les patients ‘
L 377 c’est des perfusions en pagaille
c’est des changements de traitements
réguliers
L 380 on sort pas la tête de l’eau
69
L 539 c’est le côté euh répétitif des
tâches
L 543 c’est d’être dans le soin au long
court et pas pouvoir sortir la tête du
guidon
L 171 bon après c’sont des personnes
âgées la moyenne d’âge c’est 80 ans,
pas mal de dément, démence euh
vasculaire
565 on n’a pas l’temps ici de prendre la
démarche de soins global
le patient est passif,
accepte les soins mis
en place sans les
commenter
L 152 des patients qui viennent
pour une hépati pour leur
injection de manière hépatique
pour un prélèvement de suivi de
traitement pour une exploration
biologique de de leur pathologie
virale
L145 on a 110 patients qui rentrent et
qui sortent par mois
L147 ils remettent une prescription
parfois faut repiquer un bilan
L158 on est là que pour l’piquer le
matin rapidement, faut l’perfuser pour
l’examen
Objectivité
rationalité
certitude
L 177 (les patients) ils restent pas assez
longtemps pour qu’ils participent au
projet de soins
L 260 faut être rentable
L 596 formation…, qu’ça n’me disais
pas grand chose parfois c’est la gestion
du conflit avec le patient euh
L 603 bout de 5 ans j’ai besoin de voir
autre chose avant de commencer à me
former parce que j’ai un très bon
relationnel avec les patients ça c’est
mon point fort euh et les conflits avec
les patients et tout ça euh bon
L 646 parc’ que quand on devient des
vieux croutons dans le service après, j’ai
j’ai vu après 5 ans on râle
L 437 bon maintenant on est de la vielle
70
école maintenant, c’est bizarre de dire ça
mais c’est pas c’est pas la même
mouture mais bon, bon après
L 450 (la MSP) ça avait un côté ou ça
vous obligeait à prendre des conseils
d’hygiène
Médecin seul référent
Le patient a une
posture d’agent
Le thérapeute a une
posture d’agent, il est
prescrit
L 184 nous avons une fiche de
prescription à la fois des d des
TSO aux traitements de
substitution
L 462 de fait les médecins, on
fonctionne à partir de leur
prescription
L 78j’applique les prescriptions qui sont
qui sont indiquées sur le dossier du
matin
L 153 on perd un peu le sens comme on
perd le patient dans sa globalité
L 186 un ‘fin on est obligé de faire des
comment on appelle ça ,‘fin des chimio
histoire de diminuer un peu l’état de sa
maladie
Global non positiviste
CRITÈRES
Indicateurs de l’entretien n°1
Indicateurs de l’entretien n°2
Subjectivité du
patient et du
thérapeute prise en
compte
L 162 est là pour euh euh répondre en
tous cas entendre une demande euh
évaluer une situation avant d’en faire
part euh au médecin
L 181 mais régulièrement on fonctionne
beaucoup avec de l’imprévu
L 24 une référence qui était euh la
psychanalyse
L 40 ces compétences en psychiatrie
L37 vous savez .. écouter un
patient
L 170 qu’il nous explique un peu
comment est venue sa pathologie
L169 qu’il nous décrive un peu sa
douleur
Utilisation des théories
et modèles de
l’éducation dans la
pratique de soins
Co-construction du
L 283 d’établir avec le patient un p’tit
peu entre guillemet un programme et de
voir avec lui quels sont les ses ressources
euh quelles sont ses impossibilités
L 204 c’est vrai cette euh cette
adaptabilité, cette adaptation
71
programme de soins
Co-conceptualisation
de l’action dans
l’action de soin
L 271 c’te projet individuel en accord
avec ce patient il sera bon euh discuté
signé
L 252 élaborer les outils
L 252 rassembler cet outil là sur les
questions d’éducation thérapeutique
L 244 écrire un projet
Le soin curatif n’est
qu’un déterminant
parmi d’autres
L 301 reprendre un pt’it peu euh la
qualité de vie euhmm bon y a un certains
nombres de points dans différents champs
L 304 amélioration du sommeil une
amélioration euh euh psychique un
meilleur appétit
Ecoute, acceptation de
la différence
Non culpabilisant, pas
de sanction
L’erreur est un écart
L 700 un plaisir à à rencontrer l’autre
L 293 on est quand même amené, nous, à
remettre en question soignants notre euh
ben oui notre pratique
L 294 et à considérer un peu plus l’usager
L 290 se de se détacher de cette idée que
euh ma foi on on sait ce qu’il faut pour
l’autre
L 47 d’un soutien psy
L 268 le patient sera en accord dans les
différents champs
L 178 ce temps là, heu, est consacré au
patient à la relation
Autorité et pouvoir
partagés
Patient et thérapeute
sont co-auteurs, co
décideurs, co-
conceptualisateurs
L 273 ce projet peut être revu euh revu à
la baisse revu mais en tous les cas partant
des euh j’allais dire des compétences du
patient
L 429 la question d’éducation
thérapeutique puisque c’est un un terme
qui qui est employé en ce moment euh
ne revient pas qu’au soignant
72
L 267 on va ensemble essayer d’établir
un certains nombres d’objectifs
Théories de l’apprentissage
Béhavioriste- formation instruction
CRITÈRES
Indicateurs de l’entretien n°1
Indicateurs de l’entretien n°2
Renforcements
positif et négatif
Erreur = faute
Culpabilisation
L169 qu’il lève sa jambe si il faut
Savoirs
préexistants non
pris en compte
Elève en posture
d’agent
Non prise en
compte des
émotions
L 167 participer aux soins c’est assez
limité puisqu’en général quand on a
des pansements d’ulcère
L188 il est en opposition, il
comprend pas pourquoi il a ça, et le
temps de lui expliquer de façon à
intégrer le projet pourquoi on lui fait
des cures de chimio
Savoirs au centre
du dispositif
L 247 d’acquisition des des compétences du
savoir faire
L10 acquérir pleins d’expériences
parce que la médecine c’est le service
ou vous voyez le plus de choses, de
pathologies
L 401 (l’étudiant) t’en as déjà fait,
« non » , bon sachant que le nursing
pour eux la première année à valider
c’est le plus important
L 404 (l’étudiant) tourner avec l’aide
soignante histoire qu’il acquiert
quelques techniques
L 406 (l’étudiant) il va nous suivre il
va comment on fait il va voir nos
protocoles
73
L 442 alors MSP ….. quand y avait
besoin de soins particulier ou
d’acquérir une compétence, il fallait
absolument le maitriser
L 596 on a une formation le 23 mai je
crois sur la les les pansements aux,
‘fin les différentes plaies et
pansements
L 553 moi j’ai appris à faire la
démarche de soins avec patient entré
le pour tel motif, antécédents ceci
dans les antécédents
Les savoirs
s'accumulent
Pas d'obstacles à
l'apprentissage
L189 bon sssi on lui explique pas
donc il va se braquer il va partir
L207 voilà lui expliquer déjà ce qui se
fait même quitte à traduire ce que le
médecin dit , parc’ qu’il va trouver
des termes spécialement pour qu’on
ne comprenne pas
L247 pour les bas de contention leur
expliquer déjà l’importance qu’ils ne
se lèvent pas (.)j’leur explique qu’il
doit rester au lit
L294 on leur explique un peu c’que
c’est un traitement sous AVK oui sous
AVK on leur explique le carnet
Pas d'interaction
L 648 il s’agit aussi de de poser des règles
L232 on explique comment on fait le
pansements, pourquoi on fait ça,
pourquoi on met bandes de contention
L295 on fait venir le diététicien qui
vient pour leur expliquer le régime
spécifique
L 484 on les envoie même vers le
médecin pour histoire d’les orienter
Evaluation
contrôle, mesure
L 639 acquiert des compétences sur les sur
les traitements aspect qui est universel
L 549 on intervient sur les écoles
d’infirmières auprès des des étudiants sur un
L210 quand il comprend un peu
c’qu’il lui dit c’qu’il lui fait en
général ça s’passe plutôt bien
L250 si il est observant, ‘fin
74
module sur les questions d’addiction
l’observance par rapport à c’qu’on lui
a dit, c’est tout
L269 l’aide soignante nous fait un
rapport genre elle (le patient)nous a
exprimé ce désir là ou elle a exprimé
c’te inquiétude là, on va recadrer
L 476(l’évaluation) milieu de stage
c’est vrai que c’est très protoc
protocolisé euh ça dépend des élèves
en fait
L 478 (l’évaluation) nous on le fait au
fur et à mesure, tiens t’aurais pu faire
ceci t’aurais pu faire cela
L 502 la fin du stage ils nous r’
mettent une feuille avec …. les
compétences acquises donc bon on
coche en fonction
L 509 et à nous de valider ces soins
ou pas
L 518 Attentes d’apprentissage déjà
qu’il arrive à prendre son secteur en
charge
Constructivisme-socio constructivisme- formation émancipation
CRITÈRES
Indicateurs de l’entretien n°1
Indicateurs de l’entretien n°2
Apprentissage par le
groupe
par conflit sociocognitif
Assimilation /accommo
dation
Pédagogie active
Pédagogie par
construction
L 23 à la fois le travail en équipe euh,
travail par l’analyse euh des pratiques
L 644 si les élèves ont pu euh faire
tomber un certains nombres de
représentations
L 649 ils repartent avec ces
compétences dans leur métier dans un
autre service voilà
L 263 nous établissons euh avec euh
L264 leur explique on réexplique voir
même on utilise la famille
L 459 bon après on apprend sur le tas
L 526 c’est qu’elle tilt quelque chose
L 533 bon après sur le tas il se
complètera
L 556 au bout d’5ans bon j’ai voilà
j’ai appris à me débrouiller
L 562 c’était d’l’éducation au patient
75
chaque patient un projet individuel
L 520 d’aller au devant de ces
personnes avec moins de craintes
mais en fait j’ai essayé au début d’le
faire mais ça prenait 1h30 avec un
patient
Environnement pris en
compte
Elève en posture
d’auteur
Elève au centre
Relation horizontale
Valorisation
Savoirs préexistants
pris en compte
L 261 que le patient s’impl s’implique
ou en tout cas qui lui est demandé de
s’impliquer euh ben d’une part au
travers euh la loi 2002
L 696 d’éducation à la santé
l’accompagnement
L 698 la prévention
L 289 de faire avec les possibilités du
patient
L 538 chacun en fonction de notre…
spécificité
L190 notre rôle c’est de le mettre
progressivement à à accepter déjà ce
qu’on lui fait et sa maladie
L266 La personne âgée dès qu’elle
sort de son milieu bon 3, 4 jours déjà
elle perd un peu les pédales parc’ que
justement elle est désorientée
L 398 l’accompagnement déjà c’est de
voir avec lui ce dont il (l’étudiant) a
besoin parc’ qu’il arrive selon son
niveau 1ere année 2ème
année 3è année
avec pas les mêmes objectifs
L 474 notre élève au fur et à mesure
bon on apprend à le connaître
Du social vers
l’individuel Pédagogie
active, par construction
Sollicitation de
l’environnement
L 636 aille réveiller chez eux euh un
p’tit peu cette euh oui cette attention
là et ces connaissances
L 737 qu’on a des collègues
ressources
L 194 nous permet justement euh de
faire d’autres choses par exemple un
atelier cuisine, un atelier écriture
L 530 un de nos collègues a fait une
formation de tutorat
L 529 on va être référent euh . de son
stage
L 413 aura bientôt 2 référents, on dit
tuteurs, 2 tuteurs
76
L 238 puis le travail qui est un peu
plus de réflexion d ‘élaboration
L 472 des moments de tiraillement
d’incompréhension ou ou de conflit
j’crois qu’ça fait partie euuh du travail
d’équipe
L692 on est à la fois dans le soin dans
la formation d’autres personnes
L 47 pour mes compétences dans le
travail en équipe euh savoir faire au
niveau de l’analyse des pratiques
L 619 un niveau licence de pouvoir
poursuivre Master 1 Master 2 et avec
la masterisation
Erreur formative
Pas de sanctions
Evaluation
questionnement
L 715 j’ai fait pas mal de formation
euh euh dans différents champs
d’éducation thérapeutique
L 514 cette euh population qui au
départ et et qu’ils (les étudiants)
appréhendent souvent de rencontrer
parc’que ben euh comment dirais je
ça a trait certainement aux idées
préconçues sur c’qui est c’que sont les
patients addicts
L 328 j’pense qu’il avait compris telle
ou telle chose ben non ben on reprend
L 295 toujours à re questionner
L249 si le lendemain j’vois qu’il (le
patient) n’est pas, qu’il est quand
même levé bon on réévalue, on leur
réexplique
L 492 on le prend à part (l’étudiant) et
voilà mais pas en, toi t’as fais ça, on
l’met pas en difficulté et voilà
L 504 on valorise..
77
Modèles de l’évaluation
Évaluation contrôle
CRITÈRES
Indicateurs de l’entretien n°1
Indicateurs de l’entretien n°2
L’écart, l’erreur
doivent être
régularisés.
Patient et soignants
sont agents
Evaluation des
objectifs avec
régularisation (agent)
Evaluation
discontinue,
hiérarchisée, triée.
L 638 la question de la comment dirais je
des compétences requises
L 143 les rencontrer quotidiennement
avec une évaluation de leur état une prise
des constantes
L 365 quitte à écrire un p’tit peu et à voir
euh comment dire euh si telle ou telle
information a été comprise
L 371 des dossiers de références qui vont
euh évaluer tel ou tel effet secondaire
L 545 l’évaluation sur les sur les stages
pratiques donc notre étudiants prépare
euh à la fois avec quelque chose qu’il va
présenter euh un p’tit peu l’institution et
puis euh va présenter un cas d’un patient
L 573 évaluation mi parcours en équipe
effectivement évaluation notation fin de
parcours qui est rendu à l’étudiant
L 570 les points sur lesquelles ben on
trouve que c’est bien pis p’t’être sur sur
les quelles il (l’étudiant) va devoir il
devrait essayer de faire un effort
L40 si le bilan qu’il a demandé
avait bien été piqué
L41 si les résultats étaient
bons, favorables parc‘ qu’on
fait cet examen là
L85 y’a une diurèse à à
surveiller
L101 faut mettre à jour donc
les patients un par un pour les
rentrer dans l’ordinateur
L107 on remplit, on coche
L288 pour les traitements on
met sur le carnet tout c’qui les
traitements anti thrombotique
L 586 l’évaluation est faite à partir de
leur grille à eux hein d’acquisitions de
euh de différentes compétences
L 587 ce classeur à remplir avec acquis,
pas acquis
L 613 où les professionnels du terrain
vont euh pointer c’qui a été acquis, c’qui
doit être renforcé, euh ce qui est acquis
L 137 la gestion euh du stock méthadone
et la distribution
78
Évaluation questionnement
CRITÈRES Indicateurs de l’entretien n°1 Indicateurs de l’entretien n°2
Evaluation en
continue
L’écart est
questionné, il
réoriente, permet la
régulation, le feed-
back
Qualitatif
Patient et soignant
co auteurs
Recherche de sens
dans une relation
subjective.
Prise en compte de
l’émotivité
Erreur formative
Régulation
Centré sur les
processus
L 300 l’évaluation se fait à la fois dans
les rencontres
L 311 on est là dans un accueil une
écoute et euh ou on ou on engage les
personnes à dire là ou ils en sont
L 312 pas d’exigence d’abstinence ou
d’être de marcher droit
L 314 on va mesurer ensemble cette
évolution c’qui va c’qui va pas aussi
L 316 travail de voir ou en est la
motivation
L 317 d’mander aux patients euh ou ils
en sont dans leur consommation, dans
leur mode de vie
L 320 qu’on va dans différents champs
mesurer une amélioration de de la
qualité de vie
L 332 j’vais leur demander
heuu ben, qu’est ce qu’ils en pensent ou
qu’est ce qu’ils ont compris, qu’est
qu’ils, qu’est ce qu’ils en savent
L 561 l’évaluation se fait est fait est fait
par l’ensemble de l’équipe
L 568 voir où en est l’étudiant l’entendre
surtout sur euh ses questions ses
difficultés c’qui va c’qui va pas
L 572 assez bienveillant et dans le soucis
que les jeunes puissent venir nous dire là
ou ils ‘fin comment ça s’passe pour eux
L 364 que moi j’l’évalue plus dans des
L 414 la cadre qui chapote un peu tout
ça et qui prend l’étudiant à part
régulièrement et qui voit avec eux leur
démarche de soins euh leur besoin
également si ils ont besoin de quelque
chose en particulier
L317 on fait l’évaluation avec eux
79
Apprentissage de
l’auto évaluation.
entretiens
L 547 on va être avec le formateur nous
associer à la présentation de notre
institution à notre façon de travailler
Modèles de la communication
Communication linéaire
CRITÈRES
Indicateurs de l’entretien n°1
Indicateurs de l’entretien n°2
Linéarité
Transmission d
l’information
Le message est directif
S’adresse à grand nombre
de personnes
L 647 des fois de poser un certains
nombres de règles hein parc ‘que il
s’agit aussi de de poser des règles
c’qui est possible c’qui pas possible
L 80 je fais les relèves au médecin
euh les bilans
L 99 nous avons pas mal de
paperasse à remplir
L 311 l’aide soignante on lui
délègue on lui délègue bien sûr une
partie de notre rôle propre
L 412 y en a déjà 2 qui commencent
à faire le livret d’accueil pour
l’étudiant
Non prise en compte
des demandes, des
contextes
Efficacité
Rétroaction
Ce qui est important c'est
le message
L 434 on va parler des effets des
traitements
L507 remettre de la documentation
concernant les traitements de
substitution
L 231 la coordination de l’action
hépatite euh de l’action des buvards
L 419 les réunions, institutio, pas
institutionnelle mais cliniques donc
L 84 on s’voit un peu le matin pour
voir les grandes lignes pour les
patients
L 184 Bon ‘fin on leur explique
quand même pourquoi on leur fait et
pourquoi
L323 on leur montre les pansements
(aux médecins) à chaque fois, il
nous dit, on leur demande aussi
80
Le récepteur est agent tout ça ce sont des choses organisés
savoir c’qu’on mettrait pour tel type
de pansement
L 332 staff médical euh et
paramédical le mardi après midi de
14 h à 15h on fait un peu le tour
rapide un peu de tous les patients
L 545 le médecin dans le dossier ils
mettent l’observation clinique et
l’observation est évolutive ça nous
on a pas, on a toujours le nez dans
le guidon quoi
L 615 on verbalise tout le temps on
râle on râle
L378 ça a créé un peu des tensions
bon puisque il faut , on finit le soir
très tard
L136 ouais parc’ qu’c’ c’est
difficile, parc’ qu’on part à des
horaires euh
Récepteur-Emetteur
But : faire passer le
message
L 533 au niveau informatique y a
un dossier euh qui va permettre à
l’élève d’avoir accès au au projet
d’établissement sur un rapport
d’activité
L507 remettre de la documentation
concernant les traitements de
substitution
L357 c’que le médecin demande
comme examen ou autre bon étant
donné que j’ suis ancien je sais où est
ce que ça se commande
L365 l’aide soignante nous fait le
rapport
L 430 les formateurs j’les voit plus
Dogmatique
Directif, non prise en
compte de l’histoire,
des contextes, des
valeurs
Relation verticale, non
prise en compte du feed
back, des savoirs pré
existants
L 680 la hiérarchie ne s’rend pas
forcément compte de c’que c’est
qu’ce métier
L 723 la direction a p’t’être péché
par euh un défaut de ……avoir une
pensée à la fois sur les besoins de
l’institution et sur ……. du coup
des propositions.. aux salariés
L 400 qui n’est pas toujours bien
entendu bien comprise ou bien
L 105 les médecins prennent nos
cahiers de so de soins infirmiers pour
prescrire suivant les bilans du matin
L 220 on a parfois quelques patients
logorrhéiques ou autre ou qui nous
monopolisent beaucoup ou des
familles qui sont un peu pathogènes
L 281 on leur explique (aux bénévoles
visiteurs) les grandes lignes c’ qu’on
voudrait qu’il (le patient) verbalise ou
81
Communication non ré
orientable, non prise en
compte du feed back,
distanciation
Relation verticale,
directif, posture
d’expert, bio médical
curatif
évaluer par les collègues éducateurs
et psychologues
L 660 une impression de beaucoup
demandes, une charge d’exigences
L 664 avoir là avoir un sentiment de
d’écrasement de pression
L 674 des fois y a, des y a des
couacs, des fois y a des difficultés,
des fois y a des désaccords
L 716 dès qu’il s’agit d’aller en
formation, d’être validé pour un
Master, euh qualifiante je dirais,
c’est plus difficile
autre
L315 si elles (les aident soignantes)
ont qu’que chose à nous signaler de
particulier,
L 621 on on maitrise toujours nos
difficultés pour ça qu’généralement
les gens tardent pas à partir
L 643 j’en avais un peu marre
L 644 j’ai sentit qu’y avait plus le
j’avais plus l’envie,
Communication systémique
CRITÈRES
Indicateurs de l’entretien n°1
Indicateurs de l’entretien n°2
Prise en compte des
émotions
Qualité de relation
Écoute
Participatif
Interaction dans la
relation
Feed back
L 471 j’me sens assez en confiance et
tranquille même
L 76 capacité relationnelle, d’accueil de
euh comment dire de tolérance
L 476 on est quand même dans un travail
de confiance je dirais
L 388 à venir se parler euh de façon
informelle
L 758 en affinité sur une façon de
travailler
L36 bon aimer les gens
L200 quand j’lui explique c’ qu’fais
c’ que vais lui faire bon on enlève
une bonne dose de stress
L201 la confiance qui se crée
quelques jours avec le patient
L365 fait le lien avec le patient, le le
médecin
L350 on a une bonne ambiance
82
Pas d'idées
préconçues
Communication de
groupe avec prise en
compte des avis de
chacun pour aboutir
à un consensus final
Prise en compte du
comportement qui a
valeur de message
Prise en compte de
l’implicite
Posture
d’accompagnant
Empathie
Relation
transversale
Non dogmatique
L 757 je discute volontiers du travail
mon collègue éducateur
L 485 ceci étant y a des liens très très
proches
L 488 on des relations parfois au niveau
affectif très fortes très vivantes
L 503 aux usagers, leur demander si sont
d’accord
L 508 en rediscuter avec eux parc ‘qu’on
a on a euh on a des temps possible de
discussion avec eux hein de formation
L 115 qu’on travaille en équipe
pluridisciplinaire
L 360 j’fonctionne quand même pas mal
avec des entretiens je peut faire aussi des
desseins
L 361 aller sur internet faire des
recherches avec la patients
L 363 des vidéos donc y a y a tous ces
outils là
L 370 regarder un p’tit film c’est c’est
ponctuel
L 396 tous ces temps de rencontres et
d’échanges autours des patients
L 427 les questions d’éducation
thérapeutique les questions
d’accompagnement dans le traitement
c’est quelque chose qui nous revient
souvent et qui me semble qu’on pourrait
partager un p’tit mieux
L 535 ce collègue (tuteur de stage) est
chargé plus spécifiquement de euuh dire
aux élèves ou ils vont devoirs trouver
certaines ressources
L 719 j’ai soumis en réunion
institutionnelle
L 392 c’est des jeunes relativement
donc c’est, non ça s’passe bien
L 571 le contact avec les gens
L 572 beaucoup de chroniques, bon,
les revoie, on crée de bons contacts
83
L 735 c’est de pouvoir en faire part en
réunion
L 760 ramener la question en réunion
L 744 recours aux déléguées du
personnel
L 309 toujours bienveillants
L 313 un dialogue et une confiance qui
s’instaure
L 331 les informations seront reprises
reformuler
L 288 des questions qui sont beaucoup
euh parlées
L 391 nous permettent de faire le point
sur le projet euh de tel ou tel patient……
rediscuter avec le patient d’un
accompagnement
L 742 désaccord avec les collègues ça
doit soit se régler ensemble
L 469 on a des réunions institutionnelles
où on peut dire, en tout cas, c’qu’on a a
dire
L 318 nous ramener un p’tit peu euh
quelques écrits de leur euh de leur vie
quotidienne,
L 335 dans le lien qui est dans la
régularité
L 474 j’essaye de maintenir euh ces
possibilités de paroles
L 646 plus en capacité d’accueillir leurs
paroles, leurs personnalités
L 702 un réel intérêt le travail en équipe
pluridisciplinaire, les les partenaires,
enfin vraiment y a une grande une
grande diversité, une richesse
84
6 Résultats
Analyse des entretiens
A partir du logiciel Tropes
Il place les deux entretiens dans un style plutôt argumentatif : le sujet s’engage, argumente,
explique ou critique pour essayer de persuader l’interlocuteur, une
(« je », « moi », « me », ...) permet de dire
que les personnes interviewées se sont impliquées dans l’entretien.
Pour les deux entretiens, l’univers de référence 1 fait ressortir en premier « la santé » comme
représentative majoritaire des deux textes. J’ai été surprise de ces résultats. Mais en effet, les
occurrences sont quasi équivalentes. Elles ne donnent pas d’indications qualitatives sur ce point là.
A partir de là, je me suis plus orientée vers l’analyse quantitative des indicateurs des modèles
convoqués.
Les indicateurs des modèles
Figure 2
85
Les résultats montrent que le travail infirmier en centre d’addictologie, place le sujet au centre de
ses préoccupations. L’accueil, l’écoute, l’accompagnement et le temps sont les bases pour aider le
patient à s’engager et à construire son propre projet « j’ai été recruté justement pour ces
compétences en psychiatrie ».
Quant au travail infirmier en service de soins généraux, il n’y a pas de place « pas le temps »pour
prendre en compte le devenir du patient. Les soins restent essentiellement curatifs « il faut que ça
tourne » entendu qu’il faut faire du chiffre, « on a 110 patients qui rentrent et qui sortent par
mois ».
Figure 3
L’infirmière du CSAPA (centre d’addictologie), rencontre beaucoup de patients infectés par des
virus, en particulier celui de l’hépatite C. Dans ce contexte là, l’éducation thérapeutique fait partie
intégrante des missions de l’institution, et les moyens sont donnés dans ce sens. Les attentes
d’apprentissage pour les étudiants sont tournées vers cette rencontre avec le public addict et la prise
en compte des représentations des étudiants.
L’infirmier du service de soins généraux a tenté de le mettre en place « l’éducation au patient »,
mais il explique ne pas avoir la possibilité de le mettre en place, du fait d’une nécessité de temps.
C’est une action isolée, une initiative prise mais non coordonnée avec le service pour l’instituer.
Cela ne semble pas faire partie des choix du service.
86
Les indicateurs des modèles de l’évaluation
Figure 4
Contre toute attente, les résultats montrent que c’est l’infirmière du CSAPA qui évoque le plus du
contrôle dans les actions. Le discours de l’infirmière du CSAPA est resté centré sur les outils des
étudiants pour l’évaluation. Elle a beaucoup évoqué les grilles des compétences, mais
parallèlement, elle se base majoritairement sur l’évaluation questionnement. La construction de
projet, l’accompagnement infirmier n’est efficient qu’en tenant compte du sujet.
Figure 5
Concernant l’infirmier de service général, étant majoritairement dans du biomédical curatif, la
maladie reste le centre des préoccupations.
87
Figure 6
La communication systémique représente près de 80 % dans le centre d’addictologie.
Le travail pluridisciplinaire est le pivot du travail en addictologie. Ces multiples champs
professionnels différents, et de cultures différentes se rencontrent régulièrement soit lors des
réunions multiples soit de façon informel, pour aborder le suivi des patients.
Le discours infirmier est important dans ce domaine, car il importe de tenir compte des désidératas
des personnes rencontrées pour construire le soin.
D’un côté, en addictologie, l’ancienneté, l’expérience et la stabilité des postes est une richesse
institutionnelle et est certainement l’une des bases pour faciliter le partage de savoirs et favoriser la
construction de projets communs et de la prise en compte du patient dans sa globalité. C’est le
« temps devenir », centré sur la qualité.
De l’autre, en service de médecine général, l’ancienneté est vue comme un frein « vieux
croutons ». Le turn-over des équipes semble être la norme, sans prise en compte de la richesse du
personnel. La communication est réduite à des messages de prescriptions et l’infirmier est placé
dans des tâches itératives sans possibilité de réflexions du fait de l’importance du travail « perte de
sens ». Le temps à une valeur ici, plus économique « spatialisé », « Il faut être rentable ».
88
A partir du logiciel TROPES, j’avais pu faire ressortir à partir des entretiens des occurrences sur la
« santé » de façon équivalente. J’ai alors utilisé le graphe à partir duquel on visualise des
occurrences associées à d’autres, et permet d’avoir d’autres données.
Figure 7 concernant l’entretien infirmier de service en médecine général
« Sur ce graphe chaque Référence est représentée par une sphère dont la surface est proportionnelle
au nombre de mots qu’elle contient.
La distance entre la classe et les autres Références est proportionnelle au nombre de relations qui
les lient : autrement dit, lorsque deux Références sont proches elles ont beaucoup de relations en
commun, et lorsqu’elles sont éloignées elles n’ont que peu de relations en commun
Ce type de graphe permet d’analyser l’environnement d’une Référence ou d’une catégorie. Ils sont
orientés : Les Références affichées à gauche de la classe centrale sont les prédécesseurs, celles qui
sont affichées à sa droite sont ses successeurs. »
Dans l’entretien infirmier du service de médecine générale, on voit que la « santé » est rapprochée
des occurrences liées au « temps ».
On peut dire que les relations des occurrences « santé » sont ici en lien avec le « temps ».
On est dans une rationalisation des actes en fonction du temps, dans l’économie des moyens : « sur
7H30 y’a au moins 3h de paperasse, 2h pour les patients »
Au vu des difficultés rencontrés, pour tenir les horaires de son poste de travail sur le temps imparti,
«deux fois j’ai terminé à minuit, donc, quand même, sachant qu’c’était jusqu’à 21h », le service a
décidé de créer un poste pour soulager le service de ces contraintes : « c’est le poste que fais, que
j’occupe actuellement, c’est un poste de coupé, pour aider la journée ».
89
Concernant l’entretien de l’infirmière en service d’addictologie, on voit que ce qui ressort c’est
l’ « éducation » qui est proche de la « santé ».
Figure 8 concernant l’entretien infirmier en CSAPA
On peut dire que les relations des occurrences « santé » sont ici en lien avec l’ « éducation ».
Pour être plus précis, j’ai repris les occurrences dans les deux discours, de ce qui relève des actes
éducatifs.
Figure 9
L’accompagnement, l’éducation (à la santé, thérapeutique, préventif), sont des actes éducatifs
majoritaires dans le discours de l’infirmière en addictologie. On peut mettre en lien ces actes
éducatifs avec l’émergence et l’élaboration de projets de soins.
90
Cela implique d’avoir du temps, du temps pour réfléchir aux actions menées, du temps pour
accompagner, du temps pour se coordonner et être en adéquation avec les principes éthiques de
notre métier.
L’accompagnement est par principe, du fait de la relation entre deux personnes, de l’inattendu, de
l’imprévisible, c’est pourquoi le temps ne peut pas être prescrit par l’institution. Cette
imprévisibilité dans la rencontre nous place sans cesse dans un questionnement.
L’accompagnement est une posture qui n’appartient pas qu’à un seul corps de métiers ;
l’infirmière, l’éducateur, l’assistante sociale, le médecin, sont aussi amenés à le pratiquer. Parce
qu’on travaille en lien avec des personnes, l’intérêt de travailler en pluridisciplinarité est avant tout
d’échanger sur les pratiques et le rapport que l’on entretien individuellement avec le patient, dans
le choix de posture, et dans la prise d’initiative.
La collaboration avec l’équipe, les temps d’échanges formels et informels, et la réflexion reste au
centre de ce travail, et si on le mesure au niveau des deux entretiens :
Figure 10
Ce graphique montre les pourcentages impartis à la collaboration, à la réflexion, aux temps de
rencontres, qui sont privilégiés dans le service concerné.
Parce que le travail en addictologie n’est pas centré que sur la question des thérapeutiques, elle
privilégie avant tout la rencontre au travers de l’accueil. Si on reprend la formule de Claude
Olivenstein, la toxicomanie « c’est la rencontre d’un sujet, d’un produit donné, à un moment
91
donné ». C’est cette complexité et variabilités des sujets font que le travail interdisciplinaire est
important. Il aide à donner des clefs pour avancer dans les questionnements du patient et du
soignant.
Dans le service de médecine générale, la rencontre interprofessionnel est un « staff » qui repose en
grande partie sur une communication linéaire (tâches prescrites, bilans..). La maladie est au centre
des préoccupations et les soins sont curatifs.
Dans le service d’addictologie, il existe plusieurs types de réunions « y a des réunions cliniques » ;
« les temps d’analyse de pratiques, donc, y a tous ces temps », « y a tous ces temps de rencontres
et d’échanges, autours des patients ». Le patient est au centre des préoccupations et la
communication est en grande partie systémique.
7 Synthèse des résultats
Réponse à la question de recherche
L’analyse de synthèse des deux entretiens met en évidence qu’en fonction de leurs secteurs
d’intervention (ici un service de médecine et un service d’addictologie) et donc en fonction des
situations de soins, de communication, d’éducation… imposées par ces différents secteurs, les
infirmiers développent par l’expérience et l’adaptation aux besoins des patients des compétences
différentes.
En service de médecine, la technicité la précision et la rapidité des soins est la compétence majeure
développée par les besoins du service car « il faut qu’ça tourne ».
Les compétences développées par l’infirmier en service de soins généraux sont essentiellement en
lien avec les soins curatifs, centrés sur l’organe malade : la maladie est au premier plan : « les
maladies particulières Takayasu, maladie de Buerger» « les maladies vasculaires », « phlébites ».
Les actes sont essentiellement médicaux techniques et souvent répétitifs : bilans, perfusions, « une
diurèse à surveiller », « préparer les cachets ». L’objectif est guérir l’organe malade au plus vite.
L’infirmier est peu dans l’échange et dans l’écoute avec le patient parce qu’ « il faut aller vite ». Il
est débordé par l’administratif « sur 7H30 y’a au moins 3h de paperasse, 2h pour les patients ».
L’infirmier est ici, en posture d’agent, il est prescrit et soumis « j’applique les prescriptions ».
92
Il doit répondre aux exigences d’efficacité du service, c’est pourquoi la communication est linéaire
« c’que le médecin demande comme examen ou autre bon étant donné que j’ suis ancien, je sais où
est ce que ça se commande ».
Il ne peut pas prendre des initiatives dans le temps imparti, ses actions sont réalisées pour optimiser
la rentabilité du service et pour soigner rapidement les patients. C’est pourquoi il répond en
majorité aux protocoles et aux prescriptions.
Il ne peut pas mettre en place des temps d’éducation avec le patient hospitalisé, parce que les temps
d’hospitalisations sont courts, les pathologies lourdes, et le personnel débordé. Les actions
d’éducation nécessitent, par principe du temps, temps qui fait défaut. De plus, lorsqu’ils sont
hospitalisés en service de médecine, les patients ne sont généralement pas à un stade d’évolution de
la maladie au cours duquel il est possible et pertinent de les éduquer (phase précoce, apparition de
la maladie…).
L’infirmier qui travaille en service de médecine possède donc des compétences en lien avec les
besoins et les situations de soins du service : compétences techniques, gestes précis, rapidité
d’intervention pour être efficace. Dans ce service, les compétences communicationnelles ou
éducatives existent mais ne sont pas développées en priorité par l’équipe soignante car leurs actions
auprès des patients qu’elle accueille s’inscrivent essentiellement dans un modèle de santé
biomédical curatif. Ici le temps d’hospitalisation dans le service est très court et l’objectif premier
est de stabiliser ou de soigner le patient sur le plan médical. Les pratiques décrites par l’infirmier
du service de médecine interviewé dans cette étude, sont donc conformes et pertinentes par rapport
aux situations rencontrées dans le service.
L’infirmière qui exerce en service d ‘addictologie, a développé des compétences spécifiques,
adaptées aux situations qu’elle rencontre. Les patients qu’elle accueille sont bien différents des
patients accueillis en service de médecine. Dans ce service les soins curatifs sont présents (par
exemple : contrôle de certaines constantes pour la sécurité du patient) mais c’est essentiellement
l’implication et l’éducation du patient de manière durable qui sont recherchées.
En centre d’addictologie, l’orientation des soins est centrée sur la posture de co-auteur du patient.
Les compétences développées par l’infirmière sont donc ici, tournées vers l’accompagnement et
l’écoute du sujet.
93
L’infirmière en service d ‘addictologie, a développé des compétences spécifiques, du fait de la
complexité et de la variabilité du sujet, et qui sont différentes de celles de l’infirmier qui travaille
en service de médecine centré sur le curatif.
En centre d’addictologie, l’orientation des soins est centrée sur la personne.
Les compétences développées par l’infirmière sont ici, tournés vers l’accompagnement du sujet.
La compétence d’écoute et d’accompagnement est mise en avant avec ce public où rien n’est
décidé à l’avance, de ce fait, la communication est systémique.
Les entretiens infirmiers sont importants « j’fonctionne quand même pas mal avec des entretiens »,
permettent de créer un climat de confiance et facilite l’alliance thérapeutique ; ils sont le pivot des
actions d’éducation.
L’éducation thérapeutique, l’éducation à la santé, la prévention sont les actions privilégiées dans le
service parce que, les problématiques de santé rencontrées en addictologie, au delà des problèmes
d’addiction, sont des pathologies virales qui touchent souvent un public précaire. L’infirmière a été
formée à l’éducation thérapeutique « ces questions d’éducation thérapeutique là, pour lesquelles on
a obtenu une autorisation ». Ce travail d’éducation permet d’accompagner le patient vers une
autonomie.
L’étayage proposé permet de travailler dans la confiance avec le patient. Il peut ainsi construire
son projet de soins « projet individuel en accord avec ce patient il sera bon euh discuté signé », et
trouver des ressources qui lui sont propres pour lui permettre de retrouver un équilibre dans son
quotidien de vie. L’étayage proposé doit tenir compte des possibilités, et choix de la personne pour
qu’elle s’engage et soit acteur de ses soins.
L’orientation des soins est déterminée par le patient lui même. Il faut être en mesure de réorienter
les objectifs de soins pour rester en concordance avec le projet de soins du patient c’est pourquoi
l’infirmière doit aussi s’adapter et innover dans ses actions ; l’infirmier est ici en posture d’auteur.
Pour évaluer la pertinence des actions menées, le questionnement est le modèle utilisé pour garantir
l’implication du patient sans culpabilité et sans jugement.
Ici, la prise d’initiatives est importante, car chaque sujet est singulier. Ses compétences en
psychiatrie, les entretiens infirmiers, le travail en équipe et la collaboration sont souhaitées par les
besoins du service « j’ai été recruté justement pour ces compétences en psychiatrie » et pour « une
capacité de relationnelle ».
94
Les situations de soins et les besoins du patient accueilli en centre d’addictologie obligent les
professionnels à développer une réflexivité par l’analyse des pratiques, par le travail de
collaboration avec une équipe pluridisciplinaire.
L’infirmière interviewée dans cette étude a développé, par l’expérience et par la nécessité de
s’adapter aux attentes des patients, une compétence nouvelle et propre au service d’addictologie,
qui n’était pas encore développée dans les programmes de formation initiale lorsqu’elle a été
diplômée (dans les années 1980). Elle est constamment dans la réflexion, dans l’inventivité
d’actions et la création d’outils spécifiques et adaptés à la population de patients qu’elle côtoie :
« élaborer des outils ». Elle s’est adaptée aux besoins des patients et a ainsi développé des
compétences conformes et spécifiques par rapports aux situations et aux attentes du service
d’addictologie.
Au regard des deux discours, si on compare les actes éducatifs et les soins curatifs des services
concernés, on s’aperçoit clairement que les compétences développées par chacun des infirmiers
correspondent à l’attente des objectifs du service.
Figure 11
95
On a la proportion dévolue aux actes éducatifs et aux soins curatifs. L’infirmier de service
d’addictologie est plus dans les actes éducatifs et moins dans le curatif que l’infirmier de service de
soins généraux et ceci répond aux besoins des services concernés.
L’un comme l’autre ont développés des compétences qui sont conformes aux besoins du service.
8 Intérêt de l’étude et critique du dispositif de recherche
Intérêt de l’étude
Les actes éducatifs sont exprimés majoritairement par l’infirmière de service d’addictologie. Cela
ne signifie pas pour autant, qu’ils n’existent pas pour l’infirmier de service général. Mais cela
montre, que le fait d’en parler, les fait exister et reconnaître. Ils font parties des missions de
l’infirmière promulguées par le centre d’addictologie.
Le contexte de travail est le déterminant du développement des compétences des infirmiers. Il
devient l’opportunité de les développer et d’en créer de nouvelles. On est compétent dans un
contexte de travail, et par rapport à notre métier qui nous permet de construire une identité
professionnelle.
En fonction des situations de soins qu'ils rencontrent, les professionnels peuvent utiliser
volontairement et consciemment, lorsqu'ils les connaissent, des modèles pertinents, pour que leurs
pratiques soient conformes à la situation. Quelquefois, sans connaitre les modèles et sans le
vouloir, les situations qu'ils rencontrent régulièrement les obligent à adapter leurs pratiques pour les
rendre conformes. Ce sont les savoirs de l'expérience, acquis par immersion. Cette étude met donc
particulièrement en avant, que par l'expérience, les professionnels acquièrent des compétences
conformes aux besoins des services dans lesquels ils interviennent. Ces compétences pourraient
être encore être améliorées s'ils étaient formés aux théories et aux modèles qu'ils utilisent de
manière empirique.
Critique du dispositif de recherche
Après avoir interrogé les acteurs de terrain, je pense qu’il aurait été intéressant d’avoir aussi le
regard des patients. Cela aurait permis d’avoir des données, en lien avec les actions infirmières des
services concernés, et d’en évaluer la pertinence.
96
Mais, mener les actions d’éducation, relèvent aussi d’une impulsion souhaitées ou non par la
hiérarchie, en l’occurrence par le médecin du service, par l’institution. J’ai pu le vérifier quand j’ai
cherché à obtenir un entretien de médecine général. Dans l’un des services de médecine, le
médecin responsable du service a fait le choix en février 2012, de scinder le service en deux : la
partie somatique et la partie réservée à l’éducation du patient par le biais d’ateliers entre autre.
C’est pourquoi, là aussi, on aurait pu avoir un autre regard concernant le projet visé, la politique de
santé menée et les priorités privilégiées par le service, en interrogeant ces protagonistes.
Perspectives
A l’occasion de ce travail, je me suis posées des questions concernant les pratiques infirmières en
addictologie.
Il serait intéressant d’évaluer la pertinence des pratiques infirmières dans les services
d’addictologie, et de les comparer à celles qui ont été formés en sciences de l’éducation.
En effet, beaucoup d’infirmiers ont été recrutés dans des centres d’addictologie, avec la mise en
place des traitements de substitution, il y a environ 15 ans. De nombreuses formations ont été
proposées majoritairement sur les aspects théoriques des pathologies mais pas en ce qui concerne
les pratiques sur le terrain.
97
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N°5
RECHERCHE et FORMATION • N° 62 – 2009 AUTOUR DU MOT ACCOMPAGNEMENT
Trésor de la langue française, volume XII, p. 999. (pariage)
10 ANNEXES
ANNEXE I
CODE DE LA SANTE PUBLIQUE : CHAPITRE 1er : REGLES LIEES A L’EXERCICE DE LA
PROFESSION (source légifrance)
ARRETE DU 31 JUILLET 2009 RELATIF AU DIPLOME D’ETAT D’INFIRMIER (source
Légifrance)
LOI N° 2009-879 DU 21 JUILLET 2009 ARTICLES L 1161-1 A L 1161-5 RELATIFS A
L’EDUCATION THERAPEUTIQUE (source Légifrance)
101
Contexte : À l’heure où les instances gouvernementales financent des programmes d’éducation thérapeutiques, et la formation des professionnels, elles reconnaissent par là même les apports et les intérêts en termes d’autonomie du patient et d’économie de santé. L’Art. L. 1161-1. L’éducation thérapeutique s’inscrit dans le parcours de soins du patient. Elle a pour objectif de rendre le patient
plus autonome en facilitant son adhésion aux . La loi du 4 mars 2002, plaçant le patient co auteur du programme de soins, impact celles des professionnels qui accompagnent le patient ; «Cette loi conduit à l’obligation de l’éducation à la santé au cours des actes de soins. ». Gatto.F, Garnier.A & Viel.E (2007)
Les infirmiers jouent un rôle dans ces accompagnements pour que « l’accompagné puisse se relier » dans un objectif d’émancipation de la personne. Vial, M. (2007). Au plus près des patients, ils établissent des actions d’éducation qu’on leurs reconnaît difficilement. Ils développent des compétences conformes de manière empirique. Ce travail est l’occasion de mieux les identifier et les faire reconnaître par les autres corps de métiers et par la profession elle même. Question de recherche : Il est recherché à identifier les actions d’éducation au cours des soins infirmiers pour les faire exister. Outils d’enquête et population : Deux entretiens semi directifs ont été menés, d’environ trente minutes (méthode quasi clinique), auprès d’un infirmier de service général à l’hôpital et auprès d’une infirmière dans un centre d’addictologie. Traitement des données : Analyse de contenu des entretiens par indexation notionnelle et par le logiciel TROPES. Résultats qui répondent à la question de recherche : Les résultats montrent que les actions d’éducation sont majoritaires dans le centre d’addictologie car elles répondent aux besoins du service et au public reçu. Les infirmiers ont développés différemment des compétences en lien avec leur service et sont restés conformes aux attentes et au besoin du service. Le service d’addictologie a une approche de santé Global non positiviste, centré sur le patient. Elle place celui-ci co auteur de son projet de soin, ainsi que le soignant. L’éducation thérapeutique, l’accompagnement et les entretiens infirmiers sont des actions d’éducations menés par les infirmiers qui ont développé ces compétences spécifiques dans ce service. L’infirmier du service de médecine a une approche de santé curative, centrée sur la maladie, la technicité des soins et la rapidité d’action. Placé dans un modèle de santé biomédical curatif, le sujet est en posture d’agent, de même que le soignant. Limites du dispositif de recherche : On peut s’interroger sur les raisons qui empêchent un service de ne pas laisser de place aux actions d’éducations. Cependant, un service de médecine à Montpellier a fait le choix de scinder le service en deux, avec une partie pour les actions d’éducation. Interroger les protagonistes sur les raisons de ce choix permettrait de comprendre ce qui a motivé cette démarche. Et interroger les patients du service au travers d’un questionnaire de satisfaction pourrait ouvrir de nouvelles pistes. Apports des résultats à la pratique et perspectives : Une mise en lumière des actions, des compétences développées et créées par les infirmiers dans les services où ils travaillent, permet de mieux comprendre les processus d’apprentissage et d’envisager des choix éclairés de poste. Il serait intéressant d’évaluer la pertinence des pratiques infirmières dans les services d’addictologie, et de les comparer à celles qui ont été formés en sciences de l’éducation. En effet, beaucoup d’infirmiers ont été recrutés dans des centres d’addictologie, avec la mise en place des traitements de substitution, il y a environ 15 ans. De nombreuses formations ont été proposées majoritairement sur les aspects théoriques des pathologies mais pas en ce qui concerne les pratiques sur le terrain. Références bibliographiques : GATTO.F, GARNIER.A & VIEL.E (2007) Education du patient en kinésithérapie. Montpellier, Sauramps médical.
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La loi HPST du 21 juillet 2009 portant réforme de l'hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires
Résumé de mémoire de Master 2 professionnel. Domaine : Sciences Humaines et Sociales. Mention: Sciences de l’Education. Spécialité : Responsable d’Evaluation, de Formation et d’Encadrement (REFE). Université Paul Valéry, Montpellier 3. Mémoire dirigé par Franck Gatto (Maître de conférences à l’Université, HDR) et Sophie Vincent (ergothérapeute-Ostéopathe, cadre de santé, chargée de cours à l’Université), soutenu publiquement devant un jury d’universitaires et de professionnels le 7 juillet 2012 par Fadila Dehas, infirmière Diplômée d’Etat, professionnelle de santé en addictologie à Montpellier (CSAPA Arc-en-ciel) et animatrice du groupe régional de la Fédération Addiction depuis 2005.