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Table des matières The Recorder Mars 2019 Volume XXXVII, N o 1 ISSN 1022-6303 ICAC Comité Consultatif International du Coton Éditorial ..........................................................................................................................................................3 Gestion des insecticides dans le domaine du coton : Progrès et perspectives ..........................................4 Méthodes de vulgarisation pertinentes pour l’Afrique ..............................................................................14 Le potentiel d’emplois dans l’industrie du textile et de l’habillement en Afrique subsaharienne ..........24

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Table des matières

The

Recorder

Mars 2019 Volume XXXVII, No 1

ISSN 1022-6303

ICACComité Consultatif International du Coton

• Éditorial ..........................................................................................................................................................3• Gestion des insecticides dans le domaine du coton : Progrès et perspectives ..........................................4• Méthodes de vulgarisation pertinentes pour l’Afrique ..............................................................................14• Le potentiel d’emplois dans l’industrie du textile et de l’habillement en Afrique subsaharienne ..........24

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Éditorial

The ICAC Recorder (ISSN 1022-6303) est publié quatre fois par an par le Secrétariat du Comité consultatif international du coton, 1629 K Street, N.W., Suite 702, Washington, DC 20006, Etats-Unis. Rédacteur en chef : Dr Kashav Kranthi <[email protected]>. Prix d’abonnement : 220 USD (version papier). Copyright © CCIC 2019. Aucune reproduction n’est autorisée en totalité ou en partie sans le consentement exprès du Secrétariat.

Table des matières• Éditorial ..........................................................................................................................................................3• Pratiques de production cotonnière – Extraits des données globales, 2017 ..............................................4• Compte rendu et recommandations de la 13e réunion du réseau de l’ICAC sur le coton pour

les régionsde la Méditerranée et du Moyen-Orient .................................................................................15• Annonces ......................................................................................................................................................27

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Le coton africain a d’énormes possibilités de produire des rendements élevés de manière durable avec de faibles coûts en intrants, moins d’eau et de produits agrochimiques. Des politiques efficaces en matière de bien-être agricole, une bonne recherche agricole, un transfert efficace des technologies vers les exploitations agricoles, des pratiques de marché équi-tables et l’établissement de chaînes de valeur textiles détermineront à terme l’avenir du coton africain. A la suite de la réunion du réseau qui s’est tenue en juillet 2018 à Harare, Zimbabwe, trois volumes spéciaux consécutifs de l’ICAC RECOR-DER sur le thème « Cette fois pour l’Afrique » ont été conçus. Ce volume est le troisième de la série spéciale sur l’Afrique. Je me rends compte qu’il reste encore beaucoup à dire sur les efforts accomplis jusqu’à présent et sur certains nouveaux efforts qui doivent être entrepris. Par conséquent, l’ICAC RECORDER de juin 2019 inclura la dernière série d’articles pour compléter la série spéciale en quatre volumes sur « Cette fois pour l’Afrique ». Le présent volume contient trois articles qui traitent de certaines questions fondamentales. Lors de la réunion plénière de l’ICAC tenue à Abidjan, en Côte d’Ivoire, en décembre 2018, le Dr Joe Kabissa a fait une présentation impressionnante et percutante sur « la gestion des insecticides : Progrès et perspectives en Afrique ». Son article dans ce volume documente son point de vue. Le Dr Kabissa examine les questions liées à la gestion des insecticides en Afrique et souligne la nécessité pour les parties prenantes de bien comprendre les implications liées aux externalités associées à l’utilisation des insecti-cides et la manière de les minimiser dans l’intérêt d’une production cotonnière durable. Dans leur article très bien rédigé, intitulé « Les méthodes de vulgarisation en Afrique », Usha Rani et Prakash décrivent les technologies de vulgarisation de pointe qui pourraient convenir aux systèmes de production à petite échelle dans les régions isolées d’Afrique. Le troisième article, rédigé par l’économiste de l’ICAC, Mme Lorena Ruiz et moi-même, explore le potentiel d’emploi dans l’industrie du textile et de l’habillement en Afrique subsaharienne, ce qui pourrait changer la donne pour le continent.Les articles des trois volumes du ICAC RECORDER consacrés à l’Afrique donnent à penser que l’Afrique pourrait faci-lement doubler ses rendements cotonniers au cours des prochaines années. Inutile de dire : « Là où il y a une volonté, il y aura un moyen ». Avec de grandes ressources naturelles que sont le soleil, une chaleur adéquate, de bons sols et de bonnes pluies, le coton africain possède tous les facteurs nécessaires à une bonne croissance et à des rendements élevés. Des recherches scientifiques mondiales ont montré que pour obtenir des rendements élevés, les ressources na-turelles – la lumière du soleil, l’eau, la chaleur et les nutriments – doivent être utilisées davantage pour la production d’éléments fruitiers économiquement importants que pour la production de biomasse végétale de faible valeur. Ces principes de « source à puits » pour un « indice de récolte » plus élevé ont été appliqués en Australie, au Brésil, en Chine, au Mexique, en Turquie et aux États-Unis, et ces pays ont récolté de 1 000 à 2 500 kg de fibre par hectare (kg/ha), contre 160-450 kg/ha dans les pays africains. L’un des arguments a été que le coton est cultivé en Afrique dans des conditions pluviales et que par conséquent, les ren-dements n’augmenteront donc pas. Mais les rendements cotonniers au Brésil sont élevés – plus de 1 500 kg/ha, bien que la production soit complètement pluviale. Les enseignements tirés des six pays mentionnés ci-dessus montrent que les rendements élevés ne sont pas nécessairement dus à l’irrigation, aux intrants agrochimiques élevés et aux pratiques de gestion complexes. La combinaison de l’architecture des plantes, de la géométrie de la plantation, de la gestion du couvert végétal et de la synchronisation des besoins en eau, en nutriments et en lumière de la culture a aidé de nombreux pays à obtenir des rendements élevés avec ou sans coton biotech et des intrants coûteux. Ces technologies simples pourraient aider l’Afrique à atteindre des rendements élevés et à améliorer sa rentabilité. L’Afrique a besoin de confiance en elle-même. Elle a besoin de bons scientifiques locaux dans le domaine cotonnier qui comprennent le terrain et les défis nationaux - et dont les recherches peuvent élaborer des stratégies simples et adaptées au contexte local africain et à la dynamique socio-économique agricole locale des petits producteurs. Avec le vaste réseau existant de téléphones mobiles et d’applications, le transfert de technologie n’est plus le cauchemar qu’il était - comme c’était le cas les années précédentes. Grâce à la combinaison d’une bonne recherche, de bons services de vulgarisation agricole et d’une bonne chaîne de valeur, l’Afrique sera prête pour une croissance rapide des rendements, de la rentabilité et de la durabilité. Pour résumer, il ne serait pas faux d’affirmer que l’Afrique possède toutes les ressources naturelles et tous les talents ; mais l’Afrique est un géant en sommeil. Il est grand temps de se lever, de se réveiller et de montrer au monde ce que peut faire l’Afrique.

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RésuméLes insecticides chimiques demeurent un intrant néces-saire pour une production de coton rentable. Récemment, la part du coton sur le marché mondial des insecticides est passée de 24 % en 1994 à 14,8 % en 2010. Cette baisse correspond à l’adoption accrue du coton transgénique au cours de cette période. Avant l’introduction du coton Bt en 1996, les vers de la capsule mobilisaient au moins 50 % de tous les insecticides chimiques utilisés sur la culture chaque année. Le coton Bt est toxique pour les vers de la capsule et ne justifie généralement pas une utilisation supplémentaire d’insecticide, sauf lorsque les vers de la capsule développent une résistance au coton Bt. Les es-timations montrent que la culture extensive du coton Bt a entraîné une réduction de l’utilisation des insecticides de 268,6 millions de kilogrammes (kg) entre 1996 et 2015 (Brookes et Barfoot, 2017). Toutefois, la tendance récente à la hausse de l’utilisation des insecticides a été rendue nécessaire par la nécessité de supprimer une résurgence mondiale des insectes suceurs, ainsi que par le ver de la capsule rose, qui a récemment développé une résistance au coton Bt en Chine, en Inde et au Pakistan. En ce qui concerne le coton conventionnel, l’augmentation de l’uti-lisation des insecticides répond à la nécessité croissante de faire face à la propagation accrue de certains grands ra-vageurs du coton sur les continents et à l’apparition d’une résistance aux insecticides. Dans les pays à faible revenu, l’utilisation accrue d’insecticides est également alimentée par l’intensification du commerce informel de pesticides en raison des défaillances généralisées du marché. Dans cet article, je discute de ces développements ainsi que de certaines des mesures qui sont nécessaires pour une utili-sation plus durable des insecticides dans le coton. Mots clés  : coton, insecticides, lutte intégrée contre la résistance (LIR), externalités, durabilité, défaillances du marché

IntroductionLe coton est la fibre naturelle la plus importante au monde. Il est cultivé sur jusqu’à 3 % des terres arables du monde dans de nombreux pays situés entre 37 degrés nord et 32 degrés sud de l’équateur (ITC, 2011). Le coton est donc

Gestion des insecticides dans le domaine du coton : Progrès et perspectives

Joe C. B. Kabissa, Ancien directeur général de la Commission de coton de Tanzanie. Boîte postale 9161 Dar es Salaam, Tanzanie. Adresse actuelle : Soko Maziwa, Kigamboni;

Boîte postale 36518 Kigamboni, Dar es Salaam, Tanzanie ; [email protected].

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l’une des rares cultures d’importance économique majeure dans le monde qui est produite à la fois dans les économies développées et en développement. Dans ces pays, le coton est souvent considéré comme la solution à la réduction de la pauvreté et à la génération de revenus d’exportation. À ce jour, jusqu’à 80 % de la production mondiale annuelle de coton est produite par de petits exploitants vivant en Asie, en Chine et en Afrique subsaharienne. Le reste est produit par les grands agriculteurs des pays développés (Kranthi, 2018). Sur le marché mondial des fibres, la part du coton dans la production textile est passée de 68 % en 1960 à seulement 26,5 % en 2018 (ICAC, 2019). En raison de la hausse des coûts de production, le coton a perdu des parts de marché au profit des fibres synthétiques, dont la part s’élève ac-tuellement à 66,1 %. Le principal moteur de la hausse du coût de production du coton a été la recrudescence mon-diale de l’utilisation des produits agrochimiques, prin-cipalement des insecticides. En 2006, la protection des cultures représentait jusqu’à 45 % des coûts variables de la production cotonnière dans les pays à faible revenu (Rus-sell et Kranthi, 2006). En raison des problèmes causés par l’émergence de ravageurs, l’utilisation d’insecticides dans le monde a augmenté, faisant passer la part de marché du coton de 14,8 % à 16,1 % entre 2010 et 2014 (Ferrigno et al 2017 ; Kranthi, 2018). Paradoxalement, cela se pro-duit au moment où les rendements moyens dans les pays à faible revenu sont encore bien inférieurs au rendement moyen mondial de 772 kg de fibres/ha (Kranthi, 2018). Étant donné que la majeure partie du coton est cultivée dans les zones tropicales et subtropicales — où la pression exercée par les ravageurs a tendance à être forte — une utili-sation accrue d’insecticides dans ces pays en est peut-être la conséquence. Toutefois, l’utilisation d’insecticides dans les pays à faible a souvent tendance à être inappropriée et ne repose pas sur des critères rationnels et soigneuse-ment étudiés (Russell et Kranthi, 2006). George Santayana avait déjà averti dans sa prophétie que « ceux qui ne se souviennent pas du passé sont condamnés à le répéter «. A la lumière de ce qui s’est passé pour le coton au siècle dernier (voir Smith, 1969) et de son influence sur ce qui se passe aujourd’hui, nous nous dirigeons peut-être déjà vers

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un précipice, à moins que les acteurs du coton ne revoient d’urgence leurs stratégies actuelles de production et de protection. Nous devons réduire et optimiser l’utilisation des insecticides et rendre ainsi le coton productif, rentable et durable à long terme.

Les petits exploitants face aux grands producteurs Les petits exploitants sont mieux décrits comme des agri-culteurs pratiquant une combinaison de production com-merciale et de production de subsistance, dans laquelle la famille fournit la majorité de la main-d’œuvre et l’exploi-tation constitue la principale source de revenus (Narayan et Gulati, 2002). Ils ont tendance à donner la priorité à la production de cultures vivrières et attribuent souvent des terres au coton et aux autres cultures sur la base de consi-dérations telles que la main-d’œuvre disponible, la terre, les besoins en intrants et les prix de vente. En outre, le coton étant souvent semé après les cultures vivrières, sa culture est peu soignée d’un point de vue agronomique. Ces considérations, entre autres, ont tendance à avoir une forte incidence sur les types de rendement que les petits exploitants obtiennent pour leur coton.Dans les économies développées, les producteurs de co-ton adoptent souvent une approche à forte utilisation d’intrants et haut rendements sur de grandes parcelles de terre. Toutefois, en raison de l’adoption et de l’utilisation accrues de pratiques de lutte intégrée contre les parasites (LIR) et d’autres outils, leurs schémas généraux d’utilisa-tion des insecticides ont tendance à être beaucoup plus organisés que ceux des petits exploitants des pays à faible revenu. En outre, en raison de fortes inquiétudes liées à la résistance, à la pollution de l’environnement et aux autres problèmes sanitaires, l’utilisation d’insecticides dans les économies développées est souvent soumise à des contrôles juridiques et réglementaires plus stricts (Matteson, 1995) que dans les pays à faible revenu, où des contrôles ré-glementaires appropriés font défaut et où de nombreux gouvernements n’ont pu soutenir de recherches indépen-dantes sur les pesticides.

Tendances de l’utilisation des insec-ticides dans le coton Il y aurait 1 326 espèces d’insectes et autres arthropo-des associés au coton cultivé dans le monde (Hargreaves, 1948). Bon nombre des insectes signalés dans un champ de coton se trouvaient là au moment de la récolte, mais n’étaient pas des ravageurs. Néanmoins, un complexe de lépidoptères comprenant Helicoverpa armigera, Helicover-pa zea, Helicoverpa punctigera, Heliothis virescens, Earias spp, Diparopsis spp et Pectinophora gossypiella est souvent le plus nuisible au coton. Elles ont tendance à être collecti-vement appelées « ver de la capsule » car leurs larves ont

tendance à se nourrir préférentiellement des capsules du cotonnier ainsi que d’autres points de fructification, ce qui affecte directement le rendement. Pour prévenir de tels dommages, les vers de la capsule, en tant que groupe, re-présentent bien plus de 50% de tous les insecticides utili-sés sur le coton dans le monde (Fitt, 1989 ; Shelton et al., 2002). Jusqu’à présent, la plupart des ravageurs suceurs, qui étaient auparavant classés comme ravageurs secon-daires, ont maintenant atteint leur plein statut écono-mique sur le coton transgénique et sont ciblés pour la lutte insecticide (Ferrigno et al., 2017 ; Kranthi, 2018). C’est ac-tuellement un gros problème car ceux qui soutiennent le coton Bt n’ont pas clairement souligner que les toxines Bt ne tuent que les larves de lépidoptères. Avant 1960, la majeure partie du coton en Afrique subsaha-rienne était cultivée sans insecticide (Matthews, 2014). L’utilisation de pratiques culturales, telles que les semis précoces, a été encouragée afin de permettre à la culture de parvenir à maturité et d’être cueillie avant que des orga-nismes nuisibles tardifs tels que Dysdercus spp, Oxycare-nus spp et autres ne s’introduisent sur la culture. Bien que le semis précoce permette au coton de mieux se rétablir ou même d’échapper à l’attaque de H. armigera comparative-ment au coton semé tardivement, la tendance des agricul-teurs à semer d’abord des cultures vivrières rend souvent cette recommandation peu pratique. Pour contourner ce problème, il est préconisé d’utiliser des variétés qui fleu-rissent rapidement sur une période relativement longue et, par conséquent, capables d’une floraison compensa-toire en cas d’attaque du ver de la capsule en début de campagne (Reed, 1965). Pour lutter contre P. gossypiella, les agriculteurs sont contraints de détruire les résidus de récolte après la récolte et de respecter une période de fer-meture obligatoire de trois mois par la suite. La période de fermeture est devenue obligatoire après 1938 (Matthews, communication personnelle). En Afrique subsaharienne, les cicadelles communément appelées jassides, Jacobiasca lybica — qui avaient tendance à tuer le coton au stade vé-gétatif — ont, au fil du temps, été contrôlées par une simple sélection pour une pilosité accrue des feuilles dans les gé-notypes de coton, un trait morphologique qui confère aux variétés de coton une résistance. Bien que les travaux sur ce ravageur aient commencé au début des années 1920, ils n’ont pas été publiés avant 1949 (Parnell et al., 1949). Depuis l’avènement des insecticides chimiques, les agri-culteurs ont eu tendance à les préférer aux méthodes non chimiques et cette attitude a tendance à être encouragée par les entreprises agrochimiques. Dans la plupart des pays, les données sur l’utilisation des insecticides sur le coton sont très rares. Les informations disponibles in-diquent que la part du coton sur le marché mondial des insecticides est passée de 24 % en 1994 (Myers & Stolton, 1999) à 19 % en 2000 et 14,8 % en 2010 (Ferrigno et al., 2017). Toutefois, en 2014, la part de marché du coton a

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atteint 16,1 % (Ferrigno et al., 2017). La baisse de l’utili-sation des insecticides entre 1994 et 2010 correspond à une période d’adoption accrue du coton transgénique et d’utilisation des pratiques de la LIR. L’utilisation d’insec-ticides s’est accrue dans le monde entier à partir de 2014, tant pour le coton transgénique que pour le coton conven-tionnel.

Facteurs favorisant l’utilisation accrue d’insecticides sur le coton H. armigera et les mouches blanches sont devenues résistantes aux insecticides chimiques : Le cas de l’ASS En Afrique de l’Ouest et du Centre (AOC), le dispositif ins-titutionnel a favorisé pendant de nombreuses années une production de coton à haute utilisation d'intrants (Tschir-ley et al., 2009). Par conséquent, les agriculteurs dans ces régions ont obtenu des rendements moyens par hectare plus élevés que les cotonculteurs d’Afrique orientale et méridionale (AOM). Toutefois, les statistiques de l’AOC ont montré une baisse des rendements cotonniers et un accroissement de l’utilisation des pesticides (Zepeda et al., 2007). Étant donné que le coton en l’Afrique de l’ouest et centrale a généralement été pulvérisé plus fréquemment que le coton en Afrique orientale et méridionale (jusqu’à 15 fois pour les premiers, contre seulement 6 à 8 pour les derniers), H. armigera et Bemisia tabaci ont acquis une résistance aux insecticides à base de pyréthroïde en AOC, mais pas en AOM, bien qu’il ait été introduit pour le coton à peu près au même moment au début des années 80 (Ka-bissa, 1997 ; Martin et al., 2005). De plus, comme les para-sites suceurs en AOC se déplacent du coton aux cultures légumières et inversement, pulvériser les deux plantes hôtes avec des insecticides ayant le même mode d’action accélère inévitablement la résistance.

Les réponses technologiques aux problèmes de ravageurs ne durent pas éternellement : Le cas du coton Bt C’est un truisme que là où le coton transgénique a été commercialisé, la plupart des vers de la capsule ont ra-pidement été relégués au statut non économique. Dans ces pays, la fréquence des pulvérisations d’insecticides ainsi que les quantités globales d’insecticides utilisées pour le coton ont considérablement diminué (Shelton et al., 2002). Cependant, d’autres insectes — notamment les mouches blanches, les mirides, les punaises puantes et les cochenilles, qui étaient auparavant considérés comme des ravageurs secondaires avant l’introduction du coton trans-génique — sont désormais devenus de facto des ravageurs économiques dans la plupart des pays où le coton transgé-nique est cultivé (Ferrigno et al., 2017 ; Kranthi, 2018). Le changement de statut des parasites suceurs à la suite de l’adoption à grande échelle du coton transgénique a néces-sité l’utilisation accrue d’insecticides afin de lutter contre eux. Dans certains pays, notamment en Inde, les dégâts causés par les insectes ravageurs ont continué d’être importants, même sur le coton Bt, ce qui a nécessité une reprise des pulvérisations d’insecticides pour les combattre. De telles situations sont imputées à la faiblesse des contrôles régle-mentaires et juridiques sur les systèmes de production, de multiplication, de distribution et de vente des semences Bt, ce qui se traduit par des marchés parallèles florissants pour la vente de semences recyclées ainsi que de se-mences Bt bon marché mais fausses (Ferrigno et al., 2017 ; Kranthi, 2018). En Inde, faute de contrôles agronomiques appropriés sur la libération des variétés de coton en Inde, plus de 800 nouveaux hybrides du coton Bt ont été ap-prouvés, dont la plupart étaient sensibles aux insectes suceurs de sève, ce qui a entraîné un doublement de l’uti-lisation des insecticides sur coton pendant cette période

Figure 1. Ver africain de la capsule, Helicoverpa armigera – dommages causés aux bottons floraux

Figure 2. Ver tacheté, Earias vittella – dommages aux bottons floraux

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(Kranthi, 2013). L’utilisation d’Insecticides a encore aug-menté après 2011 en Inde en raison du développement de la résistance des aleurodes (mouches blanches) et des jassides aux insecticides, et de la résistance des vers roses à Cry1Ac en 2009 et à Cry1Ac + Cry2Ab en 2014. En Chine et au Pakistan, l’utilisation continue de variétés contenant le gène unique  Cry1Ac a rendu les populations du vers rose de la capsule, Pectinophora gossypiella, résistantes aux toxines du Bt, obligeant les agriculteurs de ces pays à uti-liser des insecticides sur le coton Bt (Kranthi, 2018). Ces développements servent à confirmer davantage le fait que les réponses technologiques aux problèmes d’insectes nuisibles ne durent pas éternellement.

Accroissement de mondialisation des parasites du coton Le coton a connu récemment une expansion accrue de l’éventail de certains parasites bien établis dans de nou-velles régions du monde. Afin de minimiser les pertes de récoltes dues à ces « nouveaux parasites », les agriculteurs ont dû pulvériser leurs cultures plus souvent que d’habi-tude. Parmi les parasites récemment introduits, figure An-thonomus grandis grandis dans plusieurs pays d’Amérique du Sud, notamment l’Argentine, le Brésil, la Colombie et le Paraguay (Showler, 2009). En Afrique, Spodoptera frugi-perda a été observé pour la première fois au Bénin, puis au Nigeria en 2016. Il s’est maintenant disséminé en l’In-de et dans 44 pays d’Afrique subsaharienne, où il a causé d’importants dégâts à plusieurs cultures, notamment le maïs (Rwomushana et al, 2018). En 2018, la légionnaire d’automne a gravement endommagé le maïs et le coton en Tanzanie. Pour le coton, aucun des pyréthroïdes synthé-tiques normalement utilisés pour lutter contre H. armige-ra n’a été capable de le supprimer. Au Brésil, l’entrée de H. armigera après 2012 a nécessité une utilisation accrue d’insecticides sur le coton et sur ses plantes hôtes non transgéniques. L’introduction du charançon de la capsule a également compliqué l’utilisation des refuges dans les programmes de gestion de la résistance aux insecticides pour le coton Bt (Barbosa, 2016). Un nouveau méga-rava-geur, dû à l’hybridation de Helicoverpa armigera et de He-licoverpa zea, a été découvert au Brésil en 2017 (Liete et al., 2017 ; Anderson et al., 2018). Ces ravageurs hybrides re-présentent une menace énorme pour le coton et de nom-breuses autres cultures au Brésil et en Amérique du Sud. En raison du manque de capacités institutionnelles pour faire face à la propagation d’espèces de parasites envahis-santes, les pays à faible revenu continueront à dépendre de l’utilisation d’approches de type « extincteurs d’incen-die » pour faire face aux nouveaux nuisibles.

Défaillances du marché dans les pays à faible revenu La tendance vers une utilisation accrue d’insecticides sur le coton dans de nombreux pays à faible revenu est en par-

tie le résultat des réformes des politiques de marché qui ont débuté au début des années 1990. Auparavant, les pro-ducteurs de coton de l’Afrique subsaharienne dépendaient des coopératives de commercialisation, des offices de commercialisation ou des sociétés d’État pour la fourniture d’intrants saisonniers. Les administrations coloniales et post-indépendance ont choisi de recourir à de telles insti-tutions car elles ont compris depuis longtemps que, pour des raisons géographiques et de pauvreté, les petits exploi-tants constituent le groupe le plus difficile à atteindre pour les commerçants privés ou même pour le gouvernement (Dorward et al., 1998). En outre, la présence d’un nombre relativement restreint d’acteurs clés sur le marché coton-nier a permis de faciliter la réglementation et le contrôle de certains intrants relativement sensibles, notamment les insecticides. Après la libéralisation, la prolifération des échanges in-formels a permis aux agriculteurs d’avoir accès à toutes sortes d’insecticides, et progressivement, ils ont pris de plus en plus leurs propres décisions sur les insecticides à acheter et à utiliser. Cette situation a également été favo-risée par la diminution des prix de détail des insecticides à mesure qu’expirait la protection par brevet de la plupart des insecticides et que leur vente en tant que génériques prenait effet (Shepard et Farolfi, 1999). En Tanzanie, par exemple, le nombre de points de vente de pesticides entre 1995 et 2001 a augmenté de 30  % (Williamson, 2003). Plus récemment, Kabissa (2016) a découvert que bien que les producteurs de coton aient obtenu jusqu’à 30  % de leurs besoins en insecticides auprès des détaillants et des marchés ouverts, 40 % de ces insecticides avaient une date limite d’utilisation. Suite au commerce informel, les produits agrochimiques contrefaits au Kenya ont repré-senté 15 % du marché des pesticides et ont entraîné des pertes de rendement de 40 % à 60 % là où ils ont été utilisés (Williamson, 2003). En raison de la faible application de la législation sur les pesticides dans les pays à faible revenu, le commerce informel associé à la commercialisation agressive d’insecticides a permis à certains pesticides extrêmement dangereux de continuer à être largement disponibles pour les communautés paysannes principalement analphabètes. En 2017, l’utilisation de monocrotophos et autres insecticides extrêmement dangereux sur le coton tardif en Inde a causé la mort de 63 agriculteurs dans l’État de Maharashtra, au centre de l’Inde (Matthews, communication personnelle). Dans de nombreux pays de l’ESA, on a tenté de résoudre les problèmes saisonniers d’approvisionnement en in-trants dans une ère de post-libéralisation en introduisant une certaine forme d’arrangements contractuels agricoles (Minot & Sawyer, 2014). Jusqu’à présent, ces tentatives ont donné des résultats mitigés. La capacité et la volon-té des égreneurs de fournir des services tels que le crédit d’intrants, les services de vulgarisation et les débouchés commerciaux pour le coton-graine des agriculteurs sont fragilisées lorsqu’un grand nombre d’égreneurs opérent

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dans le pays et que les contrats dans le cadre de l’agricul-ture contractuelle deviennent de plus en plus menaçants par des pratiques abusives généralisées impliquant, d’une part, la vente parallèle par les agriculteurs et, d’autre part, les achats parallèles par les égreneurs. De telles tendances ont assez souvent perturbé le caractère sacré des contrats et il ne fait aucun doute que les accords pris dans le cadre de l’agriculture contractuelle ne sont pas aussi répandus qu’ils le devraient (Tschirley et al, 2009 ; Minot et Sawy-er, 2014). En Afrique de l’ouest et centrale, où un modèle alternatif implique l’utilisation de sociétés cotonnières semi-privatisées telles que la SONAPRA, la SOFITEX, la SODECOTTON, la CMDT et la SODEFITEX pour la fourni-ture de crédit en intrants et d’autres services essentiels aux producteurs de coton, il semble également qu’elle soit susceptible de plusieurs malversations, notamment le détournement d’insecticides destinés au coton vers des cultures vivrières, ainsi que leur vente à travers les fron-tières nationales (Ferrigno et al., 2017).

Impacts de l’utilisation accrue d’insecticides sur le coton Il est communément reconnu que les insecticides chimiques ne résolvent pas de façon permanente les pro-blèmes de parasites auxquels la société est confrontée. Toutefois, la plupart des petits exploitants ne réalisent pas que les insecticides chimiques, qui peuvent être re-lativement bon marché pour les utilisateurs individuels, ont tendance à imposer des conséquences négatives sur l’ensemble de la communauté des agriculteurs en raison de leurs effets secondaires. On sait que les insecticides ont un coût supérieur à leur prix d’achat lorsqu’ils sont utili-sés de manière abusive, mal manipulés et mal appliqués, si bien que leur prix d’achat initial est souvent plus que dou-blé par les coûts cachés pour la société liés au traitement de la résistance induite par l’insecticide, à la suppression des ennemis naturels et de la pollution environnementale (Knipling 1979 ; Regev, 1984 ; Wilson et Tisdell, 2001).L’histoire de la production du coton se caractérise souvent par des récits largement liés aux effets négatifs de la surex-ploitation des insecticides chimiques. L’histoire du coton dans la vallée de Canete au Pérou dans les années 1960, Rio Grande Texas dans les années 1970, Ord River Valley en Australie dans les années 1980 et le programme Gezi-ra au Soudan dans les années 1960 (parmi tant d’autres) confirment de manière frappante que l’utilisation des in-secticides chimiques dans les systèmes de culture est ana-logue à l’utilisation d’une épée à double tranchant (Wilson & Tisdell, 2001). Ce qui s’est passé au Soudan – où l’uti-lisation d’insecticides contre les jassides, principal rava-geur économique du Soudan au début des années 1960, a contribué à élever H. armigera de son statut de ravageur secondaire au statut de ravageur économique – a une forte incidence sur la situation actuelle du coton Bt. L’élévation

de H. armigera d’un ravageur mineur à un ravageur ma-jeur du coton après 1981 à la suite de l’introduction de pyréthroïdes synthétiques en Inde est un autre indicateur de la nature à double tranchant des insecticides. La re-crudescence actuelle des ravageurs suceurs du coton dans le monde entier est un témoignage significatif de la façon dont la perturbation des agro-écosystèmes, soit par l’intro-duction de nouvelles variétés ou d’insecticides chimiques ou encore de toxines Bt, peut provoquer la réapparition de ravageurs auparavant inoffensifs sur les cultures.Outre la résistance et la résurgence, l’utilisation aveugle d’insecticides chimiques a eu d’autres impacts sur l’envi-ronnement en général et la santé humaine en particulier. En Inde, les utilisateurs de pulvérisateur à dos tiennent souvent la buse sur la lance devant leur corps, ce qui en-traîne une mauvaise répartition des pesticides dans la culture, une exposition plus importante de l’opérateur, causant davantage de décès lorsque des insecticides ex-trêmement dangereux sont utilisés (Matthews, commu-nication personnelle). Malgré le peu de données publiées sur les cas d’empoisonnement, de décès et de maladies chroniques liés aux insecticides, il est évident que les pays à faible revenu ont tendance à supporter des coûts de san-té élevés liés aux pesticides (Wilson et Tisdell, 2001 ; Fer-rigno et al 2017).

Nécessité de la gestion des insecticides Les insectes et leurs alliés continueront d’être nos prin-cipaux concurrents pour un approvisionnement limité en aliments et en fibres (Winston, 1998). Afin de minimiser leurs impacts, nous devons adopter des programmes de gestion des insecticides qui cherchent à utiliser les insec-ticides de manière plus rationnelle que par le passé. Étant donné que l’utilisation d’insecticides chimiques peut poser des risques pour la santé humaine, les espèces non ciblées et l’environnement, et parce que les insecticides ont ten-dance à être librement disséminés dans l’environnement et à devenir inefficaces en cas de surutilisation, notre ap-proche de leur utilisation devrait tenir compte rigoureuse-ment de ces aspects ((NAS, 2000).

1ère étape : Changer les mentalités L’humanité a tendance à considérer les insectes nuisibles comme un problème à contrôler plutôt qu’une partie inté-grante de la nature qui devrait être gérée de manière effi-cace et respectueuse de l’environnement (Winston, 1998). Cette mentalité doit changer car, pour chaque action en-visagée contre eux, les insectes ont toujours trouvé des moyens de la contrer ou de la contourner. L’idée que les insectes ont aussi le droit de vivre a peut-être été mieux illustrée par ce qui est arrivé à l’apôtre chrétien Paul en Turquie. Au cours d’une des nuits qu’il passa en voyage missionnaire, il se rendit compte que la maison d’hôtes

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où il devait passer la nuit était fortement infestée de punaises de lit. Plutôt que d’ap-peler le pouvoir divin pour les tuer, il leur ordonna simplement de sortir de la maison et de rester à l’extérieur. Le lendemain ma-tin, il les a simplement autorisés à revenir (Cimok, 2012). La nécessité de faire preuve de retenue avant de s’attaquer aux insectes nuisibles aux cultures est l’un des principes sous-jacents de la lutte intégrée. Cette der-nière préconise clairement et catégorique-ment la tolérance à l’égard des dommages causés aux insectes jusqu’à un certain seuil au-delà duquel des mesures correctives doivent être prises à leur encontre. En d’autres termes, la lutte intégrée appelle à notre coexistence qualifiée avec des arthropodes. Plus important encore, la mise en place et la conservation d’une faune bénéfique dans les écosystèmes cotonniers par le biais d’interventions humaines soigneusement étudiées contribueraient dans une large mesure à assurer une gestion durable et écologique des ravageurs. Ces interventions concernent principalement l’introduction de nouvelles variétés, les pesticides et les pratiques culturales.

2ème étape : Passage des pro-grammes de pulvérisation pré-ventifs aux programmes de pul-vérisation « nécessaires » Jusqu’à récemment, l’utilisation d’insecti-cides sur le coton reposait généralement sur la norme séculaire des pulvérisations hebdomadaires ou bihebdomadaires d’in-secticides désignés, commençant soit au début de la floraison, soit un nombre déter-miné de jours après le semis. Il est mainte-nant nécessaire de changer de paradigme et de passer de régimes de « pluie de la mort » basés sur un calendrier prophylactique ou préventif, aux programmes de pulvérisa-tion « au besoin », car les insectes nuisibles ne surviennent pas régulièrement sur le coton et qu’ils ne causent pas toujours des dommages économiques quand ils sont présents. Toutefois, pour réussir ce changement, les agriculteurs doivent être formés à l’utilisation de seuils d’action pratiques et fondés sur la recherche, en fonction du niveau d’infestation ou de dégâts causés aux cultures, et sur la manière d’identifier correctement l’espèce para-site en question, ainsi que les ennemis naturels qui appa-raissent de temps en temps sur le coton. Idéalement, les agriculteurs baseront leur décision de pulvériser ou non sur une combinaison de ces paramètres (Matthews, 2014).

En outre, le respect de technologies appropriées d’appli-cation de pesticides renforce également les approches de lutte intégrée.Depuis le début des années 1970, les agriculteurs du Zim-babwe ont été formés à la rationalisation de l’utilisation d’insecticides sur le coton contre H. armigera et D. castanea par le biais de l’institutionnalisation du dépistage et de la pulvérisation en fonction des seuils à l’aide du tableau de correspondance (peg board) (Matthews, 2014). De même, les agriculteurs égyptiens utilisent depuis longtemps des fenêtres de pulvérisation afin d’optimiser le contrôle de P.

Figure 3. Surveillance des champs pour détecter les dégâts causés par les organismes nuisibles et seuils économiques

Figure 4. Formation sur le terrain des dépisteurs pour la surveillance des insectes nuisibles et des maladies

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gossypiella et de Spodoptera littoralis par des insecticides (Sawicki et al., 1989). Suite aux échecs massifs du contrôle des pesticides au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et au Bé-nin dans les années  90, les agriculteurs dans la plupart des pays de l’AOC ont adopté, de plus en plus, une pratique appelée « pulvérisation ciblée », qui les oblige à inspecter leurs champs de coton chaque semaine pour détecter des parasites sur 40 plants de coton, et utiliser des seuils fixe désignés pour les principaux ravageurs de coton, et de pul-vériser uniquement si ces seuils sont atteints. Le déploie-ment de cette approche a été facilité par l’adoption de l’ap-proche Farmer Field School (école agricole sur le terrain) pour former les agriculteurs : des réductions significatives des applications de pesticides ont été obtenues (Martin et al., 2005 ; Settle et a.,l 2014).

3ème étape : Passer de la généralité à la sélec-tivité Jusqu’à présent, les pressions exercées par les progrès scientifiques, les préoccupations de la société et les exi-gences de la réglementation ont entraîné le retrait de cer-tains insecticides connus, mais anciens et dangereux, ce qui a conduit à la mise au point de nouveaux insecticides moins nocifs pour la santé humaine et les organismes non ciblés ; de nouveaux modes d’action (donc moins sus-ceptibles de résister aux ravageurs), et une grande com-patibilité avec les programmes actuels de lutte intégrée contre les ravageurs (NAS, 2000). En résumé, l’utilisation des insecticides neuroactifs de première génération - effi-caces, peu coûteux et persistants - s’est progressivement déplacée vers des produits plus récents, sélectifs et rela-tivement plus sûrs, tels que les avermectines, les néoni-cotinoïdes et les diamides anthraniliques, entre autres. En ce qui concerne le coton, les insecticides chimiques les plus utilisés appartiennent à seulement trois grandes ca-tégories d’insecticides  : pyréthroïdes synthétiques, orga-nophosphates et néonicotinoïdes (Kranthi, 2018). Afin de faire face à certains des problèmes nouveaux et émergents de ravageurs du coton, il conviendrait d’étudier la possi-bilité d’adopter une nouvelle chimie et d’autres tactiques, telles que le traitement des semences avec des insecticides systémiques. De telles approches peuvent fournir des ré-ponses à la résurgence des ravageurs suceurs en début de campagne.

4ème étape : Promouvoir l’utilisation accrue de tactiques multiples (lutte intégrée contre les ravageurs) En Afrique subsaharienne, l’utilisation combinée de pra-tiques de gestion des cultures et de variétés désignées pour lutter contre des organismes nuisibles spécifiques tels que les jassides a permis de commercialiser le coton avec succès avant l’introduction d’insecticides chimiques. Même après l’introduction des insecticides, l’utilisation de ces dernières est restée largement limitée, en grande

partie parce que la plupart des agriculteurs n’ont pas les moyens de les utiliser aussi souvent que le recommandent les institutions de R&D pour des raisons purement finan-cières. Le dépistage a donc été introduit pour les aider à économiser l’utilisation des insecticides et à optimiser les coûts de production. Toutefois, à mesure que leur utilisa-tion sur le coton s’est intensifiée, en particulier dans l’AOC, la résistance est finalement apparue. La résistance aux in-secticides est inconnue ailleurs en Afrique subsaharienne, où l’approche de la production de coton à faibles intrants/faibles rendements est toujours valable (Matthews, 2014). Dans d’autres pays producteurs de coton en dehors de l’Afrique subsaharienne, la LIR est devenue la réponse logique aux problèmes résultant de la surexploitation des insecticides chimiques (Smith, 1969). L’Australie est peut-être l’un des pays où la lutte intégrée a été d’une aide précieuse. Entre 1960 et 1990, les producteurs de coton australiens ont tellement misé sur l’utilisation unilatérale d’insecticides chimiques que H. armigera est finalement devenu résistant à presque tous les insecticides recom-mandés. Toutefois, après l’adoption à l’échelle nationale de coton transgénique, de nouvelles pratiques de production et l’adoption de la LIR, le pays a réussi à réduire considéra-blement l’utilisation d’insecticides sur le coton de 1  000 tonnes d’ingrédient actif entre 1998 et 2003 à seulement 50 tonnes entre 2008 et 2013, tout en augmentant les ren-dements moyens du coton irrigué de 1 200 kg/ha dans les années 1970 à 2 270 kg/ha actuellement (Rapport sur le développement durable, 2014). Traditionnellement, la LIR a toujours fait appel à une com-binaison de quatre tactiques pour lutter contre les rava-geurs : • Méthodes culturales, • Résistance de la plante hôte, • Agents de biocontrôle, et • Insecticides chimiques. Cette « boîte à outils de la LIR » connaît actuellement une évolution rapide, parallèlement au besoin croissant de nouvelles options offrant une gestion efficace, économique et respectueuse de l’environnement, comme le requiert le réenregistrement des insecticides existants ; l’avènement de nouveaux insecticides à modes d’action novateurs ; l’émergence de nouvelles espèces de ravageurs sur le coton ; le développement et l’émergence de nouvelles technologies basées sur le génie génétique et de nouveaux outils tels que les drones et les systèmes d’information géographique, qui peuvent aider les agriculteurs à lutter plus efficacement contre les ravageurs (NAS, 2000). On pourrait faire beau-coup plus avec les technologies et les phéromones « géné-tiques mâles-stériles », mais cela ne pourrait être faisable qu’à l’échelle d’une région, et non sur de petites exploita-tions agricoles individuelles.

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Passer de la parole aux actes en ce qui concerne la lutte intégrée contre les ravageurs (LIR) Les tentatives visant à remplacer le paradigme de la lutte insecticide par d’autres méthodes permettant une utili-sation plus durable des insecticides ont jusqu’à présent eu un succès limité, en particulier dans les pays à faible revenu. Parsa et al. (2014) ont identifié 51 raisons potentielles pour expliquer ce phénomène. Parmi les principales rai-sons, on peut citer la nécessité pour les agriculteurs de trouver des solutions simples à des problèmes apparem-ment complexes, alors que les institutions de R&D n’en ont pas encore fait assez pour les rendre pratiques et ef-ficaces. D’autres facteurs incluent les besoins plus impor-tants de la LIR en termes de temps et de connaissances comparativement au contrôle conventionnel, et le manque de collaboration adéquate entre les gouvernements et les autres institutions, notamment la R&D, les services de vulgarisation et les ONG pour la promotion des pra-tiques de LIR. Les entreprises agrochimiques n’ont natu-rellement pas été en mesure de soutenir la lutte intégrée contre les ravageurs, qui cherche à minimiser l’utilisation des insecticides. En dépit des nombreux défis, la LIR a au moins contribué à promouvoir une approche plus éclairée de la lutte antiparasitaire en encourageant la surveillance systématique des parasites sur les cultures, ainsi qu’une prise en compte accrue de facteurs multiples tels que les niveaux de dommages, d’infestation parasitaire et la pré-sence ou l’absence d’ennemis naturels avant de prendre la décision de pulvériser.

Les politiques gouvernementales se concentrent de plus en plus sur la réduction de l’utilisation d’insecti-cides sur le coton Dans la pratique de la lutte antiparasitaire, les agriculteurs continueront à surutiliser les insecticides sur le coton car il existe un écart fondamental entre leur point de vue et ce-lui de la société. Alors que les agriculteurs ont tendance à ne considérer que les coûts monétaires directs des insecti-cides, la société a tendance à ajouter à ce coût l’impact des dommages futurs résultant de la résistance et de la sup-pression des ennemis naturels, ainsi que le coût de la pol-lution environnementale. La différence des coûts a conduit à une surexploitation des insecticides, car les utilisateurs d’insecticides perçoivent souvent le coût des insecticides comme étant beaucoup plus faible que ce qu’il devrait être, en termes de dommages à long terme et de pollution (Re-gev, 1984 ; Wilson & Tisdell, 2001). Comme il est pratiquement impossible de contrôler les effets nocifs des insecticides une fois qu’ils ont été appli-qués, l’objectif des politiques gouvernementales devrait

être de réduire considérablement l’utilisation des insecti-cides. À cette fin, les gouvernements doivent user de leur influence, de leurs pouvoirs législatifs et autres pour sen-sibiliser le public en général et les agriculteurs en parti-culier aux effets négatifs de l’utilisation non éclairée d’in-secticides. On ne saurait trop insister sur la nécessité pour les gouvernements de réglementer à nouveau les marchés des pesticides après le gâchis de la libéralisation, compte tenu de l’inefficacité de l’application des lois antérieures qui n’ont pas permis de restreidre suffisamment l’utilisa-tion des pesticides, conduisant à une utilisation accrue de pratiques antiparasitaires dangereuses, inefficaces et non viables.L’une des options préconisées pour garantir une utilisa-tion sûre et efficace des insecticides sur le coton consiste à déployer des systèmes qui mettent l’accent sur « l’uti-lisation d’insecticides exclusivement sur ordonnance ». Aux États-Unis, où quelques États ont adopté de tels pro-grammes, il est obligatoire que les insecticides ne soient appliqués qu’après qu’un prescripteur ou un responsable professionnel agréé de la lutte antiparasitaire ait évalué le problème et établi qu’une application d’insecticide soit effectivement justifiée (Whitaker, 1998). Ces pratiques, qui, dans le cas des produits pharmaceutiques à usage humain, exigent que les médicaments désignés soient dé-livrés sur ordonnance, ont contribué à réduire l’abus de médicaments dans les pays à faible revenu. L’adoption sur ordonnance d’insecticides peut, espérons-le, contribuer à limiter certaines des pratiques abusives généralement as-sociées à l’utilisation d’insecticides. Toutefois, si l’on sou-haite que ces systèmes soient mis en place et finalement adoptés dans les pays en développement, il faudra procé-der à une refonte institutionnelle des systèmes actuels de fourniture de services de soutien aux agriculteurs, par le biais d’organisations non gouvernementales et d’institu-tions de R&D. L’autre option de gestion de l’utilisation des insecticides implique que les gouvernements utilisent des instruments économiques pour réduire délibérément l’utilisation des insecticides, favorisant ainsi le développement et l’adop-tion de méthodes de lutte antiparasitaire alternatives. Par exemple, en 1995, la Suède, le Danemark et les Pays-Bas ont adopté collectivement une législation prévoyant une réduction de 50  % ou plus de l’utilisation de pesticides agricoles dans leur pays d’ici l’an  2000. Ces réductions, qui répondaient aux protestations du public face à la pol-lution de l’environnement et à la nécessité de maintenir la compétitivité de l’agriculture, ont été réalisées sans af-fecter de manière significative le rendement des cultures (Matteson, 1995). Récemment, des chercheurs français (Lechenet et al., 2017) ont démontré que la faible utili-sation de pesticides diminue rarement la productivité et la rentabilité des exploitations agricoles. Ils n’ont déce-lé aucun conflit entre une faible utilisation de pesticides

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et une productivité élevée et une rentabilité élevée dans 77 % des 946 exploitations examinées. Dans de nombreux pays producteurs de coton à faible revenu, où l’abus d’in-secticides est généralisé, les gouvernements peuvent éga-lement adopter des réductions obligatoires de l’utilisation de pesticides en imposant des taxes sur les importations de pesticides. De telles interventions augmenteraient les prix de détail des insecticides chimiques et encoura-geraient par conséquent un recours accru aux méthodes alternatives non chimiques de lutte contre les parasites. Les subventions gouvernementales sur les intrants bio-logiques pour la lutte antiparasitaire renforceraient éga-lement les approches non chimiques. Les producteurs de coton, en particulier, se sentiraient obligés de pulvériser leurs champs selon les besoins, exploitant ainsi la capaci-té du coton à produire une récolte optimale même après avoir perdu une partie de ses points de fructification, soit à cause des vers de la capsule, soit à cause d’une perte na-turelle par croissance compensatoire (Reed, 1965). L’utili-sation d’instruments de réglementation comme les taxes environnementales ou les remboursements d’impôt à titre d’incitatifs peut donner des résultats semblables (Whita-ker, 1998).

Conclusion Compte tenu de l’importance cruciale du coton pour les économies agricoles de la plupart des pays à faible reve-nu, on ne saurait trop insister sur la nécessité de rendre la production de coton durable et rentable. Parce que la lutte antiparasitaire est cruciale pour l’optimisation des rende-ments cotonniers, les parties prenantes du coton doivent avoir une compréhension claire des implications des ex-ternalités associées à l’utilisation des insecticides, et de la manière de les minimiser dans l’intérêt de la durabilité de la production cotonnière. A cette fin, les parties prenantes du coton en général, et les agriculteurs en particulier, devraient comprendre le fonc-tionnement des agro-écosystèmes cotonniers, ainsi que la manière dont des interventions telles que l’utilisation d’insecticides peuvent entraîner une résistance, une ré-surgence et d’autres effets secondaires tant pour l’huma-nité que pour l’environnement. Les institutions de R-D sur le coton devront jouer un rôle de plus en plus important dans la formation des producteurs de coton afin de s’assu-rer qu’ils utilisent les méthodes non chimiques, la lutte in-tégrée contre les ravageurs et les insecticides de manière plus éclairée. A ce jour, les rôles de formation et de conseil assumés par les institutions de vulgarisation sont terri-blement insuffisants pour permettre aux agriculteurs de sortir de la crise croissante des pesticides.Parce que l’industrie agrochimique a eu tendance à don-ner la priorité à la vente de leurs produits plutôt qu’aux moyens d’appliquer leurs produits en toute sécurité, les agriculteurs ont toujours fini par être indûment expo-

sés aux pesticides. En raison du manque d’installations nécessaires pour traiter spécifiquement de l’empoison-nement par les pesticides, de nombreux effets néfastes liés à l’exposition aux insecticides hautement toxiques et dangereux ont tendance à être attribués à tort à d’autres causes. Ce fait, associé aux taux d’analphabétisme élevés, aux asymétries d’information prévalentes et à la faiblesse des institutions de réglementation, tend à aggraver la si-tuation. On ne saurait donc trop insister sur la nécessité de disposer de services de soins de santé primaires pour lutter contre la prévention, la reconnaissance et le traite-ment de l’intoxication par les pesticides. Remerciements

Je suis très reconnaissant au Comité Consultatif Interna-tional du Coton et l’Office tanzanien du coton pour leur soutien financier. Je remercie tout particulièrement le pro-fesseur G. A. Matthews, non seulement pour ses précieux commentaires sur mon exposé, mais aussi pour avoir par-tagé avec moi certaines de ses expériences sur les para-sites du coton et sur l’utilisation et l’application de pesti-cides en Afrique subsaharienne et dans d’autres pays. Ouvrages cités

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Le coton est cultivé commercialement dans plus de 70 pays, principalement dans des environnements arides et semi-arides. Il est cultivé soit en culture pluviale, soit par irrigation dans la bande longitudinale comprise entre 37º N et 32º S (CII, 2011). Il s’agit d’une culture agricole et industrielle majeure qui fournit des emplois et des reve-nus à environ 250 millions de personnes impliquées dans sa production, sa transformation et sa commercialisation dans le monde entier (Kranthi, 2017). Il est cultivé sur 30 à 36 millions d’hectares dans le monde par 26 millions de producteurs de coton, principalement des pays asia-tiques (85,0 %) et des pays africains (13,8 %). En Afrique seulement, 3,61 millions d’agriculteurs cultivent le coton sur 4,2 millions d’hectares dans 19 pays (Kranthi, 2018). Les producteurs de coton africains sont principalement confrontés à des difficultés d’accès aux intrants et aux technologies agricoles, à de faibles rendements cotonniers et à des prix rémunérateurs bas. Pour accroître le rende-ment du coton en Afrique, de nombreuses réformes ont été mises en œuvre dans les années 90, tant par le secteur public que par le secteur privé. Indépendamment de ces réformes et de l’approbation du coton biotech dans six pays d’Afrique, les rendements sont faibles et stagnants (Sabesh et Prakash, 2018). Parmi les diverses causes des faibles rendements, la lente diffusion des technologies co-tonnières développées localement et du savoir-faire adap-té d’autres pays aux utilisateurs finaux semble être la plus critique. Plusieurs chercheurs soutiennent que sans accès aux intrants technologiques, les rendements cotonniers en Afrique ne peuvent augmenter (ICAC, 2018). Cet article explore la pertinence des outils modernes de transfert de technologie qui pourraient améliorer la diffusion des tech-nologies en vue d’un changement souhaitable du compor-tement de la culture des producteurs de coton en Afrique et ainsi améliorer la productivité du coton.

Principaux problèmes liés au coton en Afrique L’agriculture est généralement considérée comme le pi-lier de l’économie africaine — le véritable moteur de la croissance économique — car elle contribue de manière significative au produit intérieur brut (PIB) et aux re-cettes d’exportation de nombreux pays africains (Msuya et al., 2017). L’agriculture africaine est dominée par une

Méthodes de vulgarisation pertinentes pour l’Afrique

Usha Rani Joshua et A. H. Prakash, ICAR-Institut central de recherche sur le coton, Station régionale, Coimbatore, Tamil Nadu, Inde, [email protected]

Table des matières• Éditorial ..........................................................................................................................................................3• Pratiques de production cotonnière – Extraits des données globales, 2017 ..............................................4• Compte rendu et recommandations de la 13e réunion du réseau de l’ICAC sur le coton pour

les régionsde la Méditerranée et du Moyen-Orient .................................................................................15• Annonces ......................................................................................................................................................27

The

Recorder

Mars 2018 Volume XXXVI, No 1

ICACComité Consultatif International du Coton

variété de cultures vivrières et quelques cultures de rente traditionnelles, notamment le coton (Sabesh et Prakash, 2018). La majeure partie du coton cultivé dans les pays africains — notamment le Burkina Faso, le Cameroun, le Tchad, la Côte d’Ivoire, le Kenya (ouest), le Mali, le Malawi, le Mozambique, la Tanzanie, le Togo, l’Ouganda, la Zam-bie et le Zimbabwe — est presque complètement dépen-dante (95 - 100 %) des précipitations (Kranthi, 2018). De 2000 à 2017, la production cotonnière dans différents pays africains a varié de 15 000 tonnes en Afrique du Sud à 215 000 tonnes au Burkina Faso ; les exportations ont fluctué de 4 000 tonnes en Éthiopie à 205 000 tonnes au Burkina Faso et la consommation cotonnière de 1 000 tonnes au Tchad et au Sénégal à 162 000 tonnes en Égypte (ICAC, 2018 ; Sabesh et Prakash, 2018). Les rendements cotonniers en Afrique sont les plus bas du monde. Les rendements moyens sur 10 ans de 2008 à 2017 sont les suivants :• 162 à 202 kg/ha au Kenya, en République centrafri-

caine, au Tchad, au Mozambique, au Nigéria et en Tan-zanie ;

• 246 à 300 kg/ha au Zimbabwe, au Malawi, en Zambie, en Ouganda et au Togo ; et

• 343 à 424 kg/ha au Ghana, au Sénégal, en Éthiopie, au Bénin, au Mali, au Burkina et en Côte d’Ivoire.

Les rendements sont relativement plus élevés au Soudan, en Afrique du Sud et en Égypte, où le coton est principa-lement irrigué. Le défi des faibles rendements en Afrique est historique. Cela semble refléter une combinaison de négligence dans la recherche agricole et le transfert de technologie. L’investissement dans la recherche agri-cole et l’engagement dans l’agriculture étaient tellement faibles, qu’il y a eu peu d’inventions ou de découvertes qui auraient permis une percée dans l’agriculture, et peu de possibilité pour que l’une des rares innovations sorte des murs des instituts de recherche. Les investissements dans la recherche en Afrique ont stagné pendant plu-sieurs années (Poulton, 2009). Certains systèmes natio-naux de recherche agricole en Afrique subsaharienne ne disposent que de budgets « théoriques » (moins de 20 millions USD par an) et beaucoup emploient moins de 50 chercheurs (Evenson et Gollin, 2007). Plus de la moi-tié des pays d’Afrique subsaharienne emploient moins de

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100 personnes dans la recherche agricole, le secteur privé ne représentant que 2 % de l’investissement total dans la recherche agricole (Beintema et Stads, 2004). Au total, 292 études publiées de 1953 à 2000 ont été examinées et rapportent un total de 1 886 estimations de rendement montrant des taux de rendement moyens de 100 % pour la recherche agricole, 85 % pour la vulgarisation et 48 % pour les investissements combinés dans la recherche et la vulgarisation (Alston et al., 2000). Ces études soulignent la nécessité d’investir davantage dans la recherche agricole et les services de vulgarisation en Afrique. Les petits agriculteurs reçoivent en moyenne 0,21 USD par kg de coton-graine au Zimbabwe et environ 0,33 USD par kg au Burkina Faso. Les recettes brutes par hectare étaient de 103,91 USD au Mozambique et de 345,53 USD au Ca-meroun, mais les bénéfices nets étaient de 2,37 USD au Mozambique (Poulton et al., 2009) et une perte nette de 72,34 USD en Zambie. Le coton produit en Afrique est prin-cipalement exporté en Asie pour être transformé en filé. La valeur ajoutée nationale de la fibre en Afrique est générale-ment faible. Environ 2 % du coton produit est utilisé dans les usines textile locales dans les principaux pays produc-teurs de coton d’Afrique de l’Ouest, comme le Burkina Faso, le Mali, le Bénin, le Tchad, la Côte d’Ivoire, le Cameroun et le Togo. De même, seulement 7,7 % du coton produit en Zambie, au Zimbabwe, au Mozambique et en Ouganda est utilisé par les usines nationales dans les pays d’Afrique méridionale et orientale. En Afrique, les usines textiles de taille raisonnable n’existent qu’au Nigéria, en Égypte, en Éthiopie, au Soudan, en Afrique du Sud et en Tanzanie. Les faibles rendements en Afrique sont fonction de fac-teurs biotiques, abiotiques et de gestion. Les insectes nui-sibles et les maladies constituent les principaux facteurs biotiques ayant un impact significatif sur la production co-tonnière en Afrique. Les conditions climatiques tropicales chaudes et semi-arides des principaux pays producteurs de coton en Afrique favorisent chaque année de multiples générations de ravageurs et de fortes densités de rava-geurs (Oerke, 2006). Bien que l’utilisation généralisée de pesticides chimiques pour la lutte antiparasitaire dans le monde ait aidé les agriculteurs à surmonter les pertes de rendement, elle est également la source de nombreux pro-blèmes en Afrique. En moyenne, les producteurs de coton africains effectuent environ six pulvérisations par an, bien qu’une dizaine de pulvérisations ne soient pas rares. En-viron 14-15 % de l’utilisation mondiale des insecticides est destinée au coton et près de la moitié des insecticides en Afrique et une proportion significative pour les autres pays en développement sont utilisés sur le coton. Plu-sieurs de ces insecticides sont classés par l’Organisation mondiale de la santé dans la catégorie « très dangereux » (Kooistra et al., 2006). De plus, la disponibilité et la pro-motion d’insecticides bon marché et de qualité médiocre, associées à des pratiques agricoles sous-optimales, ont conduit à l’émergence d’une résistance aux insecticides

chez un certain nombre d’organismes nuisibles, associée au déclin ou à la disparition des ennemis naturels du coton qui, auparavant, contribuaient à maintenir un équilibre écologique (Tabashnik et al., 2013). La question la plus vi-sible, liée à la culture cotonnière, en particulier dans les pays africains, a été la relation entre les bas prix interna-tionaux et le soutien interne à la production de coton (VIB, 2018). Une étude réalisée au Bénin a estimé qu’une baisse de 40 % des prix du coton entraînait une augmentation de 8 % de la pauvreté rurale, le coton représentant 22 % de la valeur brute de la production agricole au Bénin (Minot et Daniels, 2005).

Système de vulgarisation africain et système africain de vulgarisation du coton Différents types d’approches de vulgarisation agricole sont pratiqués dans diverses parties du monde pour fa-ciliter le transfert de technologies depuis les laboratoires jusqu’aux champs afin de rendre les systèmes agricoles économiquement rentables et durables sur le plan en-vironnemental. Chaque approche reflète un ensemble particulier d’objectifs, de buts, de clients et de contextes socioculturels. Au fil des ans, l’Afrique a pratiqué une combinaison d’approches de vulgarisation, à commencer par l’approche coloniale pour les produits de bases qui a marqué la connexion entre l’agriculture scientifique en Afrique et le système de Formation et de Visites (F&V) (Akinola et al., 2011). Dans le cadre de l’approche basée sur les produits de base, la Compagnie française pour le développement des textiles a fourni des services de vulga-risation aux producteurs de coton dans un certain nombre de pays francophones d’Afrique de l’Ouest. De même, les organisations paraétatiques du coton en Côte d’Ivoire, au Mali et au Togo ont étendu leur couverture de cultures pendant la période de l’approche sur les produits de base (Roberts, 1989). L’« approche de développement commu-nautaire et de la vulgarisation », qui a succédé à l’approche mondiale fondée sur les produits de base, n’a eu qu’une portée limitée en Afrique. Cette dernière approche centrée sur l’innovation n’a pas pu réussir en Afrique en raison de l’insuffisance de la diffusion de l’information technique. Entre les années 1940 et 1980, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a été le chef de file mondial en matière de vulgarisation en tirant parti de son expérience internationale et en conseillant les États membres sur divers modèles de vulgarisation. Les approches de la FAO axées sur les agriculteurs ont été contestées par le système de formation et de visites (F&V) de la Banque mondiale à la fin des années 1970 et 1980 en Afrique (Eicher, 2007). Certains pays africains tels que le Mali utilisent actuellement une version modifiée de F&V appelée « Extension de bloc » (Dembele, 2007). Simulta-nément, dans de nombreux pays africains producteurs de

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coton, le mouvement coopératif s’est développé rapide-ment et plusieurs centaines de sociétés primaires ont été créées. En 1990, de nombreuses organisations non gou-vernementales (ONG) sont apparues comme des « agents du développement » en Afrique. Dans les années 1990 et 2000, les gouvernements et leurs partenaires de dé-veloppement ont commencé à réformer les services de vulgarisation traditionnels afin de remédier à leurs prin-cipales faiblesses (Roling, 2006 ; Rivera et Alex, 2004). En 2000, un important dispositif institutionnel appelé réseau « d’Écoles sur le Terrain pour les Agriculteurs (ETA) » est apparu comme la méthode de vulgarisation la plus privi-légiée pour autonomiser les agriculteurs. Actuellement, de nombreuses réformes ont eu lieu dans le système de vulgarisation africain. Par exemple, l’approche de vulgari-sation (diffusion) d’agriculteur à agriculteur développée par des innovateurs agricoles au Burkina Faso comprend le « Jour du marché », l’approche « Enseignant-étudiant » et l’« École de terrain Zaï » (Akinola et al., 2011). Parmi les pays d’Afrique subsaharienne qui mettent en œuvre une forme de modèle de vulgarisation axée sur la demande (pluraliste, participatif, ETA, SG-2000, T&V modifié, etc.) on peut citer : le Bénin, l’Éthiopie, le Ghana, le Mali, le Mo-zambique, le Nigéria, le Rwanda, le Sénégal, l’Ouganda et la Zambie (Davis, 2008). L’évolution d’un système de vulgarisation exclusivement consacré au coton en Afrique a suivi les étapes suivantes : l’introduction du coton en Afrique, l’intégration de la vul-garisation du coton avec d’autres activités, le développe-ment de systèmes de vulgarisation dérivés de la Compa-gnie Française pour le Développement du Coton (CFDT), la vulgarisation du coton par le développement communau-taire, la F&V, la F&V modifiées, les ETA et les interventions de vulgarisation du coton fondées sur les technologies de l’information et de la communication (TIC). Pendant la phase d’introduction, les sociétés ont eu recours à un personnel de vulgarisation hautement qualifié pour trans-mettre aux agriculteurs les techniques permettant d’obte-nir des rendements élevés au moment où la culture coton-nière venait d’être introduite. Au stade de l’intégration, la fourniture d’intrants, la fourniture d’équipement ainsi que la gestion du crédit saisonnier et de l’investissement ont été ajoutées aux tâches de vulgarisation et de commercia-lisation de l’agent. De plus, les agents de vulgarisation ont été chargés de la distribution des semences et de la dif-fusion de techniques améliorées pour toutes les activités agricoles. Actuellement, de nombreux pays africains béné-ficient des approches ETA et des services de vulgarisation basés sur les TIC.

Contraintes dans le système africain de vulgarisation du coton Le système actuel de vulgarisation en Afrique se heurte à de nombreuses contraintes pour diffuser les technologies

agricoles aux producteurs. Le coût élevé pour atteindre de larges fractions de petits exploitants dispersés géographi-quement dans des zones reculées constitue une contrainte majeure. Le problème est aggravé par les niveaux élevés d’analphabétisme, l’accès limité aux médias et les coûts élevés de transport. De même, le résultat des efforts de vulgarisation dépend des politiques liées aux prix des intrants et des produits, des politiques de crédit, des ap-provisionnements en intrants, du système de commercia-lisation et des infrastructures, etc., sur lesquels le système de vulgarisation a peu d’influence. Les autres contraintes majeures incluent : • Faible engagement politique et soutien insuffisant au

budget et aux dépenses de la vulgarisation agricole ; • Responsabilité faible qui se traduit par des conseils de

faible qualité et répétitifs donnés aux agriculteurs ; et • Les maigres efforts des agences de vulgarisation pour

interagir avec les agriculteurs et apprendre de leurs expériences.

Les systèmes de vulgarisation agricole s’affaiblissent éga-lement en raison des tâches non pertinentes assignées au personnel de vulgarisation du gouvernement. Ces tâches supplémentaires, autres que le transfert de connaissances, comprennent la collecte de statistiques, la distribution d’intrants subventionnés, l’assistance et la collecte de de-mandes de prêts et le travail de campagne électorale pour les partis locaux ou nationaux au pouvoir (Feder, Willett et Zijp (2001). De plus, les approches traditionnelles de la vulgarisation en Afrique étaient rarement inclusives. Elles n’ont pas profité des connaissances autochtones des agri-culteurs et ont limité les possibilités de participation des agricultrices. De nombreux programmes de vulgarisation en Afrique n’ont pas permis d’atteindre les agriculteurs dans les régions reculées. Les efforts de vulgarisation privés déployés dans de nombreux pays africains sont mal réglementés et risquent donc d’induire les agricul-teurs en erreur, principalement en faveur de la promo-tion des produits agrochimiques. Très peu de femmes ont été employées comme responsables de la vulgarisation et agents de vulgarisation de première ligne en Afrique. Ces facteurs ont entraîné un retard du coton par rapport à d’autres cultures, puisque l’augmentation des rendements du coton a été plus lente que celles des cultures vivrières comme le riz et le blé, ce qui explique également pourquoi le coton est moins attractif pour les systèmes publics de vulgarisation en Afrique. Les méthodes modernes de vul-garisation en Afrique sont confrontées à plusieurs autres problèmes, tels que la faible mise en œuvre des droits de propriété intellectuelle, la capacité limitée de réglemen-ter et de coordonner de multiples prestataires de services de conseil qui conduisent à des messages multiples et contradictoires ciblant les mêmes utilisateurs finaux et le manque d’extension axée sur le marché.

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Méthodes de vulgarisation perti-nentes pour l’AfriqueLes services de vulgarisation comptent parmi les services ruraux les plus importants dans les pays en développe-ment. Les données de nombreux pays montrent que la vulgarisation agricole est un investissement public en fa-veur des pauvres qui est le plus pertinent pour les pays africains. Des études indiquent qu’une visite de vulgari-sation agricole a réduit la pauvreté de 9,8 % et augmen-té la croissance de la consommation de 7,1 % en Ethio-pie (Dercon et al., 2008). Par conséquent, il est important d’introduire de nouvelles méthodes de vulgarisation telles que les démonstrations sur le terrain, les écoles de coton, les services consultatifs en ligne et mobiles sur le coton, les outils de diffusion de la technologie « d’agriculteur à agriculteur », l’autonomisation et le renforcement des capacités des agriculteurs, les méthodes d’intégration du genre, les partenariats public-privé et les technologies de l’information et des communications (TIC) en matière de transfert technologique en Afrique (Kranthi, 2018).

Démonstrations sur le terrain « Montrez-moi comment » est le mantra du concept de dé-monstration. Elle a commencé lors de la naissance de la Cooperative Extension (1896-1905) de la Commission des concessions de terres des États-Unis d’Amérique (1896-1905). Le père du « concept de démonstration », Seaman A. Knapp, agent spécial du ministère de l’Agriculture des États-Unis, a établi la première ferme de démonstration en 1903 dans la propriété Walter C. Porter, près de Terrell, dans le comté de Kaufman, au Texas. Il est intéressant de noter que la toute première ferme de démonstration sur le terrain contenait une culture de coton (Martin, 1921).

Le format de démonstration de première ligne (FLD, pour son sigle en anglais) adapté du « concept de démonstra-tion » a connu un grand succès en Inde. L’approche FLD est plus susceptible de convenir à l’Afrique en raison de la nature identique des défis rencontrés dans les sys-tèmes de production agricole à petite échelle en Afrique et en Inde (Kranthi, 2018). Depuis 1996, l’Inde mène des démonstrations sur le terrain sur le coton sous la super-vision étroite de scientifiques du coton. Dans le format FLD, les centres de mise en œuvre doivent relever le défi d’améliorer la production dans les zones à faible produc-tivité dans leurs États respectifs. Une enquête de base uti-lisant des méthodes d’évaluation rurale participative est menée pour comprendre les ressources des agriculteurs et le niveau de productivité du coton dans la région. Avant de commencer les démonstrations, des enquêtes de réfé-rence sont effectuées. Elles comprennent des informations sur les cultures et le système de culture de la région, les cultures intercalaires, les rendements moyens du coton, les pratiques locales adoptées et des informations sur le coût de la culture. Pour la sélection des bénéficiaires et l’identification des domaines prioritaires, les agences ru-rales sont activement utilisées. Une liste des bénéficiaires et leur numéro de parcelle sont notifiés au bureau local de développement des blocs. Les agriculteurs sont choisis en consultation avec les dirigeants locaux et les agents agri-coles. Ces responsables font partie de l’équipe FLD. Des in-terventions technologiques sont planifiées et démontrées par les scientifiques dans les champs des agriculteurs sélectionnés en fonction des problèmes identifiés. Les intrants essentiels pour les interventions technologiques sont fournis et des visites fréquentes de surveillance sur le terrain sont effectuées. Les résultats des FLD sont com-

parés aux rendements des pratiques régu-lières des agriculteurs. Une analyse d’impact est effectuée après la récolte pour évaluer l’ampleur de la réduction de l’utilisation des insecticides, l’amélioration des rendements, la réduction du coût des cultures, la sensibili-sation aux technologies modernes, etc.Jusqu’en 2017, 19 500 démonstrations au to-tal ont été organisées dans onze États indiens producteurs de coton, avec une dépense bud-gétaire de 102,8 millions de roupies (environ 1,45 million de dollars US) par seize centres participants. L’analyse des paramètres de rendement sur vingt ans a révélé une aug-mentation de 18 % du rendement en FLD par rapport aux pratiques habituelles des agriculteurs. Compte tenu des similitudes entre les profils des producteurs de coton en Inde et en Afrique, le format FLD semble être une pratique privilégiée de transfert de technologie (TDT) pour améliorer le statut socio-économique des producteurs de coton en Afrique (ICAC, 2018).

Figure 1. Des scientifiques indiens montrent une parcelle de dé-monstration de Première Ligne (FLD) au Pendjab, en Inde, en 2016

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L’École de terrain pour les agriculteurs (ETA) L’approche de l’École de terrain pour les agriculteurs (ETA) est une autre méthode de vulgarisation efficace qui pourrait être utilisée pour la diffusion des technologies co-tonnières en Afrique. L’approche ETA a été mise au point par la FAO et ses partenaires il y a environ 25 ans en Asie du Sud-Est en tant qu’alternative à la méthode de vulgari-sation descendante de la révolution verte. Dans une ETA typique, un groupe de 20 à 25 agriculteurs se réunit une fois par semaine sur le terrain et sous la supervision d’un animateur qualifié. Par groupes de cinq, les agriculteurs observent et comparent deux parcelles au cours d’une campagne agricole. Une parcelle suit les méthodes conven-tionnelles locales tandis que l’autre est utilisée pour ex-périmenter ce que l’on considère comme les « meilleures pratiques ». Les agriculteurs effectuent des expériences simples en observant les éléments clés de l’agroécosys-tème en mesurant le développement des plantes, en pré-levant des échantillons d’insectes, de mauvaises herbes et de plantes malades, en effectuant des expériences simples en cage ou en comparant les caractéristiques de différents sols. À la fin de la réunion hebdomadaire, ils présentent leurs conclusions en séance plénière, suivies d’une discus-sion et d’une planification pour les prochaines semaines. (FAO, 2018). Des études ont montré que l’adoption de la lutte intégrée contre les ravageurs par les ETA ont considé-rablement réduit la surutilisation de pesticides et devrait atténuer les conséquences graves que l’utilisation inten-sive de pesticides a eu sur la santé humaine, la biodiversité et la qualité de l’eau en Inde, en Afrique et dans d’autres pays en développement. La forte corrélation entre les ni-veaux de connaissances et la réduction de l’utilisation de pesticides a prouvé qu’une approche éducative axée sur

les compétences à forte intensité de connaissances et avec des exercices pratiques — telle qu’elle était utilisée dans le cadre de la ETA — constituait un système efficace pour transmettre les principes complexes de la gestion intégrée des pesticides aux agriculteurs. L’approche de la ETA met l’accent sur l’importance de juger la nécessité d’interven-tions phytosanitaires sur la base de l’agroécologie et des besoins réels sur le terrain, ce qui fournit une bonne feuille de route pour une agriculture durable. Il est peu probable que la substitution de pesticides par des agents de lutte biologique ou d’autres technologies telles que le coton biotech constitue une solution définitive pour maintenir la productivité agricole si ces nouvelles technologies ne sont pas associées à des programmes éducatifs appropriés (Usharani, 2007).

Services de vulgarisation basés sur les TICLes récents progrès des TIC ont modifié la manière dont les connaissances sont produites, traitées, stockées, récu-pérées et diffusées aux différents acteurs de l’agriculture (Ansari et al., 2013). L’Afrique dispose d’un fort potentiel pour exploiter les TIC au service du développement du coton. Les systèmes d’experts — Système d’information, Spécialiste des cultures – Système d’aide à la décision, Vi-sioconférence, Multimédia interactif, Outils de recherche sur le Web, Médias sociaux, Pedia, Streaming vidéo et Bases de données sont les principaux outils qu’utilisent les TIC pour diffuser l’information sur le coton à travers le monde (Usharani, 2014). Les initiatives TIC dans le sys-tème indien de vulgarisation du coton étaient des portails Web : des services de consultation et de commercialisation en ligne fondés sur des référentiels de connaissances, des centres de connaissances villageois, des centres de res-

sources villageoises, des services de conseil mobiles et initiatives hybrides.

Services-conseils en ligne et par téléphone mobile La majorité des agriculteurs africains pos-sèdent un téléphone portable, facilitant ainsi la connexion avec les agriculteurs des régions éloignées. La disponibilité et l’accessibilité des téléphones mobiles chez les agriculteurs sont plus élevées que tout autre outil TIC en Afrique. Les téléphones mobiles présentent l’avantage de disposer de nombreux services auxiliaires en plus de la fonction vocale stan-dard, tels que les SMS pour la messagerie texte, les e-mails, la commutation de paquets par l’accès Internet, les jeux, Bluetooth, in-frarouge, appareil photo avec enregistreur vidéo et les services de messages multimédia (MMS) pour envoyer et recevoir des photos et des vidéos. Vu les progrès modernes des TIC et des avantages de la technologie de télé-

Figure 2. Formation sur le terrain en Inde de scientifiques africains spécialisés dans le coton

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phonie mobile, l’Institut central de recherche sur le coton (CICR, pour son sigle en anglais) en Inde a mis en place, depuis 2012, un nou-veau mécanisme d’extension appelé « réseau e-Kapas » (« e » représente électroniquement et « Kapas » signifie coton). « e-Kapas » est un nouveau service de conseil hebdomadaire basé exclusivement sur le coton. Il utilise efficace-ment les téléphones mobiles pour transmettre les technologies cotonnières aux agriculteurs, aux vulgarisateurs et aux autres agents de développement travaillant dans le secteur co-tonnier. Les agriculteurs intéressés par le ré-seau e-Kapas enregistrent leurs numéros de téléphone portable auprès des centres d’état locaux. Les centres envoient régulièrement aux producteurs enregistrés des SMS vocaux sur les génotypes du coton, les technologies de production et de protection dans leur langue locale (Usharani, 2014). Les avis vocaux enre-gistrés automatisés sont transmis aux agricul-teurs inscrits un jour précis de la semaine. Les avis vocaux disent « ce qu’il faut faire » et « ce qu’il ne faut pas faire » dans la culture du coton sur une base hebdomadaire dans neuf langues vernaculaires indiennes. Le projet « e-Kapas » est actuellement financé par le gouvernement indien dans le cadre de la mission technolo-gique sur le coton afin d’accroître la producti-vité du coton dans le pays. Le projet a été mis en œuvre dans 17 centres universitaires des 10 États producteurs de coton du pays sous la direction de CICR, Nagpur. Le service est de-venu très populaire, avec une forte demande d’enregistrement d’agriculteurs. e-kapas a eu un impact important sur les agriculteurs et les vulgarisateurs, principalement parce qu’il permet le transfert de technologie même aux agriculteurs illettrés. L’initiative a eu un im-pact important sur la surveillance intensive des organismes nuisibles, en surmontant la situation d’épidémie des parasites grâce à une sensibilisation et des alertes rapides fournies directement aux agriculteurs dans les langues vernaculaires (Wasnik et Kranthi, 2014). L’im-pact créé par ce service de conseil a été très visible lorsque l’Inde a dû lutter contre la me-nace des aleurodes en 2015 et le ver rose de la capsule durant ces dernières années. Re-produire le succès de ce nouveau modèle de vulgarisation du coton basé sur la téléphonie mobile en Afrique pourrait ouvrir la voie à une culture rentable et durable du coton dans les années à venir. De même, les applications mo-biles jouent un rôle majeur dans les services

Figure 3. Formation en laboratoire en Inde de scientifiques africains spécialisés dans le coton

Figure 4. Réunions d’interaction au niveau des villages en Inde

Figure 5. Réunions d’interaction au niveau des villages en Afrique

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de conseil. Le CICR a également développé des applica-tions mobiles de lutte contre les ravageurs du coton en langues vernaculaires. L’exploitation des réseaux sociaux pour le développement du coton peut également être ex-plorée en Afrique.

Programmes de renforcement des capacités dans le secteur cotonnier Les programmes de formation des agriculteurs peuvent améliorer les rendements du coton-graine. Il est néces-saire de mettre en place des programmes adéquats d’édu-cation et de sensibilisation aux technologies à l’intention des agriculteurs. Les programmes doivent également in-clure les négociants privés d’intrants puisque la majorité des agriculteurs en Afrique cherchent à obtenir des ser-vices de vulgarisation auprès d’eux. En Inde, les instituts de recherche et de développement sur le coton organisent régulièrement des « programmes de formation dans les exploitations agricoles et en dehors des exploitations » pour toutes les parties prenantes du coton. Il existe éga-lement des programmes de formation exclusifs pour les femmes et les producteurs de coton tribaux qui disposent des ressources les plus rares. En Inde et en Afrique, les distributeurs d’intrants agricoles sont la principale source d’informations pour la commu-nauté agricole, en plus de la fourniture d’intrants et de crédit. Il existe environ 282 000 négociants en intrants agricoles en activité en Inde. Toutefois, la majorité de ces concessionnaires n’ont pas d’éducation agricole formelle. L’Institut national de gestion de la vulgarisation agricole (MANAGE, pour son sigle en anglais) en Inde offre un di-plôme d’un an dans le cadre du programme de vulgarisa-tion agricole pour les dépositaires d’intrants (DAESI, pour son sigle en anglais) qui vise à développer leurs compé-tences en agriculture, leur permettant ainsi de mieux ser-vir les agriculteurs et d’agir en tant que professionnels de la vulgarisation (www.manage.gov.in). Une telle formation menant à un diplôme, si elle est utilisée par les négociants en pesticides d’Afrique ou si elle est reproduite en Afrique, a le potentiel de créer un impact majeur dans l’agriculture.

Système d’information sur les marchés Les systèmes de vulgarisation publics et privés en Afrique ont traditionnellement concentré leur attention sur la dif-fusion des technologies et des intrants agricoles. La ma-jorité des producteurs de coton cherchent désespérément des informations sur les marchés du coton et les prix en vigueur, mais en Afrique et dans de nombreux autres pays moins développés, les informations sur les marchés du co-ton sont souvent imparfaites, incomplètes et inaccessibles. L’Inde a mis en place quelques services d’information sur les marchés agricoles tels qu’AGMARKNET, Krishi Mara-ta Vahini, Reuters Market Light, IFFCO Kisan Sanchar Li-mited, etc., qui couvrent également des informations sur les marchés du coton. Ces approches de diffusion d’infor-

mations sur les marchés à l’aide d’outils TIC peuvent être reproduites en Afrique.

Développement inclusif dans les programmes de vulgarisation La littérature publiée sur le rôle de la vulgarisation agri-cole pour aider les femmes à prendre des décisions sur l’adoption de meilleures pratiques agricoles est plutôt mince, même si les femmes, surtout en Afrique, sont d’im-portants producteurs de cultures vivrières et des commer-çantes actives et avisées sur les marchés locaux (Eicher, 2007). De nombreux décideurs politiques continuent de rester terriblement ignorants et négligent généralement le rôle des femmes dans les systèmes agricoles africains. Ils doivent reconnaître qu’une très grande proportion de la main-d’œuvre agricole familiale est composée de femmes et que, dans de nombreux cas, les femmes jouent un rôle essentiel dans le succès du développement agricole (Ro-berts 1989). Il est donc urgent d’inclure les femmes et les jeunes des régions rurales dans les programmes de vulga-risation en Afrique. Les programmes de vulgarisation qui visent à populariser les nouvelles technologies et les outils agricoles doivent mettre l’accent sur les « démonstrations de méthodes » de technologies favorables aux femmes - et sur les outils permettant la réduction du travail fastidieux autant que possible !

Responsabilité sociale des entreprises Les défis auxquels est confronté le système de vulgarisa-tion publique offrent un espace de vulgarisation pluraliste permettant d’impliquer divers acteurs et prestataires de services tels que les « entreprises agro-alimentaires pri-vées », les ONG et les « organisations de producteurs » dans la diffusion des technologies agricoles. Ces orga-nismes disposent d’une main-d’œuvre, de connaissances, de compétences et d’une expertise supplémentaire, et la plupart d’entre eux utilisent les fonds de la responsabilité sociale des entreprises (RSE) pour le développement glo-bal de l’agriculture. La RSE est une approche commerciale qui contribue au développement durable en procurant des avantages économiques, sociaux et environnementaux à toutes les parties prenantes. Il existe de nombreux pro-jets RSE réussis dans le domaine de l’agriculture en Inde. Par exemple, la banque indienne Housing Development Finance Corporation (HDFC) a fourni une assistance aux agriculteurs pour la conservation des sols et de l’eau, la gestion de l’eau, la construction, la rénovation et l’entre-tien des structures de collecte de l’eau pour améliorer la disponibilité des eaux de surface et souterraines, en par-tenariat avec les comités de développement des villages. Elle a dépensé environ 930 millions de roupies indiennes (12,9 millions de dollars) à cette fin. De même, M/s Ma-hindra and Mahindra limited gère un projet de RSE, à sa-

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Tableau1.TypologiesdestechnologiesdevulgarisationpratiquéesenAfriquesubsaharienneTypologies TellesquecompiléparRivera(1988) TellesquecompiléparAxinn(1998) Tellesquecompilépar

Gemoetal.,(2005)

Dehautenbas 1. Conventionnel2. Formationetvisite(F&V)3. Université4. Innovationtechnique5. Programmeintégréde

développementagricole

1. Agriculturegénérale2. Marchandises3. F&V4. Approcheparticipativeagricole5. Approcheprojet6. Rechercheetvulgarisationsurles

systèmesd’exploitationagricole(FSR/E)

7. Partagedescoûts8. Approchedel’Institutpédagogique

1. Public2. Marchandises3. F&V4. ONG5. Secteurprivé6. Écolessurleterrain

pourlesagriculteurs(ETA)

Participatif 1. Systèmedediffusiond’informationssurlesagriculteurs

2. Recherchesurlessystèmesd’exploitationagricole—vulgarisation

Agriculturecontractuelle

1. Développementdesproduitsdebase2. Axésurlesproduitsdebase

Développementrural

1. Développementcommunautaire2. Programmesdedéveloppementrural

intégré3. Animation

Compilépar:Davis(2008)

Tableau2.InitiativesdeméthodesmodernesdevulgarisationagricoleenAfrique

Méthodesdevulgarisation

InitiativesenAfrique Références

Servicesdeconseilpartéléphonemobile

Servicenationald’informationsurlesagriculteurs(NationalFarmersInformationService,NAFIS):unservicevocalauKenyawww.nafis.go.ke

TuckeretGakuru(2009)

ServicesconsultatifssurleWeb

INFONET:unserviceWebquipromeutl’agriculturebiologique

Forumafricainpourlesservicesdeconseilagricole(AfricanForumforAgriculturalAdvisoryServices,AFAAS):uneplate-formecontinentaled’apprentissagemutueletd’innovationentrelesfournisseursdeservicesdeconseiletdevulgarisationagricolesàtraversl’Afrique

www.infonetbiovision.org

www.afaas-africa.org

Systèmed’informationdemarchés

-Serviced’informationsurlacommercialisationagricole(AgriculturalMarketingInformationService,AMIS)auCameroun-Systèmed’informationetdetransparencedumarchédesintrantsagricoles(AgriculturalInputMarketInformationandTransparencySystem,AMITSA)(Afriquedel’Est)-Esoko(nombreuxpaysd’Afrique)-Servicesd’informationdemarchésInfotrade(Ouganda)-LimaLinks(Zambia)-Systèmed’informationsurlemarchédubétail:LivestockMarketInformationSystem,LMIS(Éthiopie)-MFarm(Kenya)-NokiaLifeTools(Nigéria)-Réseaurégionalderenseignementspourlecommerceagricole(RegionalAgricultureTradeIntelligenceNetwork,RATIN):(Afriquedel’Est)-UnionnationaledesagriculteursdeZambie:ZNFU(Zambie)

USAID(2013)

Responsabilitésocialedesentreprises

Fournituredeservicesdevulgarisation,approvisionnementenintrantsetrenforcementdescapacitésauNigériapardesactivitésdeRSEdessociétéspétrolièresetgazières,FBO,ONGetdesfabricants

Mafimisebi(2011)

Compiléparlesauteurs

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voir « Krishi Mitra », dans lequel il dépense environ 60 millions de roupies indiennes (US$0,83 million) pour for-mer des petits agriculteurs et des agriculteurs marginaux aux pratiques agricoles efficaces, notamment la santé des sols, la planification des cultures, et la création de fermes modèles aux pratiques biodynamiques pour augmenter la productivité des cultures. De même, la Cotton Corporation of India organise des démonstrations et adopte des vil-lages producteurs de coton en utilisant ses fonds de RSE. Les pays africains pourraient également explorer des pro-jets de RSE pour le développement du coton.

ConclusionCe document souligne la négligence et l’apathie à l’égard de la recherche agricole et de la diffusion de la technolo-gie en Afrique. Il faut que les agronomes s’intéressent à l’introduction de quelques-unes des nouvelles méthodes de vulgarisation énumérées dans le présent document afin de susciter les changements souhaités dans les connais-sances, l’attitude et le comportement des cultivateurs de coton africains, ce qui pourrait catalyser une augmen-tation de la productivité du coton. Ce document recom-mande des technologies de vulgarisation telles que la démonstration sur le terrain à grande échelle pour amé-liorer la production dans les zones à faible productivité ; les ETA pour transmettre les connaissances ; les services consultatifs pour transférer rapidement les informations techniques, commerciales et météorologiques requises ; les programmes de formation pour enseigner les com-pétences ; le sytème d'information de marché (SIM) pour fournir des informations commerciales ; les programmes ciblés sur les femmes et les jeunes des zones rurales pour un développement solidaire ; la RSE pour encourager le partenariat public-privé dans le transfert technologique pour la production durable et rentable du coton en Afrique. Références

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24 The ICAC Recorder, Mars 2019

L’industrie du textile et de l’habillement est une source importante de revenus et d’emplois dans de nombreux pays, en particulier en Asie. Au cours de la dernière dé-cennie, des pays d’Asie du Sud-Est comme le Bangladesh et le Vietnam sont devenus de puissants pays producteurs et exportateurs de textiles et de vêtements. Toutefois, ces

Le potentiel d’emplois dans l’industrie du textile et de l’habillement en

Afrique subsaharienne

Par Lorena Ruiz et Keshav Kranthi, Comité Consultatif International du Coton, Washington DC. États-Unis 20006.

Table des matières• Éditorial ..........................................................................................................................................................3• Pratiques de production cotonnière – Extraits des données globales, 2017 ..............................................4• Compte rendu et recommandations de la 13e réunion du réseau de l’ICAC sur le coton pour

les régionsde la Méditerranée et du Moyen-Orient .................................................................................15• Annonces ......................................................................................................................................................27

The

Recorder

Mars 2018 Volume XXXVI, No 1

ICACComité Consultatif International du Coton

pays sont fortement dépendants des matières premières importées, comme le coton, car la production nationale ne couvre que 1% des besoins de leur industrie textile.En Afrique subsaharienne, les pays producteurs de coton exportent environ 90 % de leurs fibres. Le coton est pro-duit par de petits agriculteurs, dont la taille moyenne des

parcelles est d’environ 2,4 hectares. Selon les dernières données du rapport de l’ICAC sur les pratiques de production publié en 2017, un to-tal de 3,6 millions d’agriculteurs ont cultivé du coton durant la campagne 2016/17. D’autre part, la consommation de coton en Afrique subsaharienne est restée stable au cours des deux dernières décennies, avec une consom-mation annuelle moyenne de 240 000 tonnes entre 1999 et 2018. Actuellement, l’Éthiopie, la Tanzanie, le Nigeria et l’Afrique du Sud sont les principaux pays consommateurs de coton en Afrique subsaharienne. Selon les chiffres de la Banque mondiale, entre 2008 et 2017, les exportations de textiles et de vêtements de l’Afrique subsaharienne n’ont re-présenté que 2 % des recettes totales d’expor-tation, qui ont atteint 212 milliards de dollars US en 2017. Toutefois, ces dernières années, les gouvernements de pays comme l’Éthiopie - le deuxième pays le plus peuplé de la région - ont encouragé la diversification de leurs re-cettes d’exportation en stimulant des secteurs clés, tels que le textile et le vêtement. En 2012, l’Éthiopie a exporté 71,2 millions de dollars de textiles et de vêtements, un chiffre qui a grim-pé à 94,1 millions de dollars en 2016 (+ 32 %). De même, les exportations de textiles et de vêtements ont vu leur part les exportations totales passer de 2,46 % à 5,46 % pendant la même période.Le secteur cotonnier éthiopien couvre actuelle-ment 70% des besoins en matières premières de l’industrie nationale. La consommation de coton en Éthiopie devrait augmenter dans les années à venir en raison de l’expansion de l’in-

20012002200320042005200620072008200920102011201220132014201520162017

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Textile et habillement Part en %

Figure 1. Exportations de textiles et d'habillement de l’Afrique subsaharienne

Figure 2. Exportations de textiles et d'habillement de l’Éthiopie

Source : WITS, Banque mondiale

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Milliards USDExportations de l'Éthiopie

Textile & habillement Part en %

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The ICAC Recorder, Mars 2019 25

dustrie textile due aux investissements étrangers prove-nant de pays tels que la Chine, l’Inde et la Turquie, entre autres.Selon l’Ethiopian Investment Commission (EIC), plusieurs entreprises étrangères se sont engagées à investir environ 2 milliards de dollars américains dans des parcs indus-triels pour accélérer la production textile et la fabrication de vêtements.

Selon le rapport de l’ICEX de 2016, les produits textiles éthiopiens ont libre accès au marché de l’Union euro-péenne et des États-Unis grâce à divers accords mondiaux. Le secteur textile fait partie du Plan de croissance et de transformation (PTC) du gouvernement, qui a été établi en 2010 et élargi dans une deuxième version, le PTC II, avec tous les objectifs fixés pour 2020. L’objectif de ce plan

` Fig 3

Figure 3. Nouvelles usines textiles en Éthiopie

Figure 4. Vêtements en Afrique

Figure 5. Usine de vêtements au Bangladesh

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est de faire passer l’Éthiopie d’une économie fondée sur l’agriculture à une économie de transition.

Le potentiel d’emploiL’industrie du textile et de l’habillement est un élément important de l’économie, tant sur le plan financier que so-cial, car elle constitue une source importante d’emplois et de devises. Les données des principaux pays producteurs de textiles montrent que l’industrie du textile et de l’ha-billement offre d’énormes possibilités de création d’em-plois. L’Inde possède une industrie textile forte. Selon le ministère indien du Textile, le secteur du textile et de l’ha-billement est le deuxième pourvoyeur d’emplois du pays. Dans son dernier rapport, le ministère du Textile a déclaré que l’industrie textile fournit des emplois directs à 45 mil-lions de personnes, et des emplois indirects à 60 millions de personnes supplémentaires. Étant donné que le coton représente 60 % de la matière première utilisée par l’in-dustrie textile, on estime que la production de textiles et de vêtements en coton a généré environ 27 millions d’em-plois et soutenu 36 millions de personnes avec des em-plois indirects, probablement dans les secteurs du trans-port, du commerce et du commerce de détail. Étant donné que l’Inde produit environ 5,3 millions de tonnes de coton, on peut en déduire qu’une tonne de fibre de coton fournit un emploi direct à plein temps à environ cinq personnes.

En outre, le secteur tex-tile-habillement du Bangla-desh a fourni 4,5 millions d’emplois directs et 1,5 mil-lion d’emplois indirects. En 2016, la consommation de fibres de coton au Bangla-desh a atteint 1,4 million de tonnes. On peut donc en dé-duire qu’une tonne de fibre de coton emploie environ quatre personnes.Plus près de chez nous, en Afrique du Sud, le secteur textile-habillement a généré environ 120 000 emplois. La consommation de coton est d’environ 22 000 tonnes, ce qui signifie qu’une tonne de coton emploie au moins cinq personnes. Si tous les pays producteurs de coton de la région dé-veloppent pleinement leur industrie du textile et de l’habillement, cela pourrait accroître d’un peu plus de six fois le nombre d’emplois.

Figure 6. Filature manuelle en Afrique

Production Utilisation industrielle Exportations Existant Supplémentaire

Soudan 109 16 82 0,06 0,33Zambie 44 1 49 0 0,2Zimbabwe 50 7 38 0,03 0,15Tanzanie 93 38 27 0,15 0,11Mozambique 24 1 22 0 0,09Afrique du Sud 39 23 22 0,09 0,09Ouganda 27 3 20 0,01 0,08Ethiopie 38 52 NA 0,21 NATOTAL 444 142 271 0,57 1,08

Milliers de tonnes Emplois (Millions)

Tableau 1. Emplois potentiels dans le secteur du textile et de l'habillement en Afrique méridionale et orientale

Pays

Production Utilisation industrielle Exportations Existant Supplémentaire

Burkina Faso 305 5 294 0,02 1,18Mali 305 5 283 0,02 1,13Bénin 278 3 256 0,01 1,02Côte d’Ivoire 185 5 174 0,02 0,7Cameroun 109 4 93 0,02 0,37Togo 50 3 44 0,01 0,18Tchad 26 2 27 0,01 0,11Nigéria 51 65 7 0,26 0,03TOTAL 1 309 92 1 178 0,37 4,71

Milliers de tonnes Emplois (Millions)

Tableau 2. Emplois potentiels dans le secteur du textile et de l'habillement en Afrique de l'Ouest

Pays

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Les pays d’Afrique de l’Ouest – où 75 % du coton est ac-tuellement produit et où presque tout le coton est expor-té – auraient l’impact le plus significatif sur l’économie du continent africain. La consommation de coton en Afrique du Sud-Est étant d’environ 32 %, la création d’emplois pourrait passer de 570 000 à 1,8 million de personnes.Une analyse critique met en évidence un potentiel d’em-ploi élevé dans le secteur du textile et de l'habillement, comparativement à l’égrenage, à la filature et au tissage. Alors que le potentiel d’emploi d’une possible utilisation totale du coton produit dans le pays pourrait être supé-rieur à 4,7 millions de personnes en Afrique de l’Ouest, au moins 1 million de personnes pourraient bénéficier d’emplois directs en Afrique méridionale et orientale. En-semble, des pays comme le Burkina Faso, le Mali, le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Cameroun et le Soudan exportent plus d’un million de tonnes de coton brut par an. La production totale de coton au Burkina Faso, au Mali et au Bénin a le potentiel de générer 3,3 millions d’emplois, chaque pays bénéficiant d’au moins 1 million d’emplois à plein temps si la totalité de la production de coton est consommée lo-calement.

Défis à releverL’Afrique a suscité l’intérêt de l’industrie internationale du textile et de l’habillement. Le continent dispose d’une main-d’œuvre bon marché abondante, la plupart des pays ont des accords de libre-échange et l’industrie tex-tile peut intégrer la fibre de coton depuis sa production jusqu’à la fabrication des vêtements finis. Au cours de la dernière décennie, la population de l’Afrique subsaha-rienne a augmenté de 228 millions de personnes, et elle dépasse actuellement le milliard d’habitants. Les Nations Unies prévoient que la population mondiale passera de 7,9 milliards en 2019 à 9,8 milliards en 2050, l’Afrique sub-saharienne représentant plus de la moitié de la croissance démographique mondiale. En outre, selon le Fonds moné-

taire international (FMI), le PIB de la région a augmenté en moyenne de 4,1 % au cours de la dernière décennie et il devrait croître à un taux moyen de 3,9 % au cours des cinq prochaines années.Toutefois, la région est confrontée à de nombreux défis avant de devenir le nouveau pôle mondial de l’approvi-sionnement en textiles et vêtements. Les pays de la région devraient travailler à l’élaboration de politiques favorisant de nouveaux investissements dans les infrastructures, la formation, la mise en œuvre de politiques environnemen-tales, les programmes de financement et la promotion des exportations par la signature de nouveaux accords com-merciaux.Un autre défi majeur pour l’industrie du textile et de l’ha-billement en Afrique est l’importation de vêtements d’oc-casion et autres articles usagés (code du système harmo-nisé 6309). De 2013 à 2017, la valeur des exportations de ces produits a totalisé 3,95 milliards de dollars américains. La valeur moyenne sur cinq ans (2013-2017) des exporta-tions des principaux pays exportateurs était de 724 mil-lions USD pour les États-Unis, 415 millions USD en Alle-magne, 389 millions USD au Royaume-Uni, 260 millions USD en Corée du Sud et 216 millions USD en Chine. D’autre part, la valeur des principales importations de vêtements d’occasion et autres articles usagés dans les pays africains était de 137,3 millions USD au Kenya, 133,4 millions USD au Ghana, 92,3 millions USD au Cameroun, 74 millions USD en Angola et 71,9 millions USD au Bénin.Les restrictions portant sur l’importation de vêtements d’occasion – associées à la promotion du secteur tex-tile-habillement – permettraient une augmentation signi-ficative de la création d’emplois et de ressources dans la région. Toutefois, selon le Programme alimentaire mon-dial (PAM), 75 % environ de la population africaine vit avec moins de 2 dollars par jour, et la moitié avec moins de 1,25 dollar par jour (http://www.wfp.org/fais/quan-

FFigure 7. Évaluation de la qualité par instruments HVI en Afrique

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tity-reporting). Si le secteur des vêtements d’occasion pose un problème aux producteurs nationaux de textiles et de vêtements, les prix abordables des vêtements bon marché pour les consommateurs des pays à faible revenu est beaucoup plus importante que la qualité du produit. En outre, le commerce de vêtements d’occasion génère des emplois dans les pays importateurs, car il nécessite du personnel pour transporter, classer, nettoyer, réparer, res-taurer et distribuer les vêtements.

Le travail indépendant, l’entrepre-neuriat et la génération de revenusLa valeur des sous-produits du coton – tels que les tiges, les fibres courtes et la farine de graines – est largement optimisée en Afrique. Dans le monde entier, il existe des technologies avérées qui peuvent accroître la valeur des sous-produits, permettant non seulement de générer des revenus supplémentaires, mais d’offrir également des possibilités d’emploi et d’entrepreneuriat. Des études (Patil et al., ICAC RECORDER, juin 2018) ont montré que :

Figure 8. Usine d’égrenage moderne en Afrique

Figure 9. Commerce du coton en Afrique

Figure 10. Démonstration d’un métier à tisser manuel en Afrique

Figure 11. Commerce de vêtements d’occasion en Afrique

Imágenes: Ley de Crecimiento y Oportunidades para África (AGOA, por sus siglas en inglés)

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Pays Millions USD Part en % Pays Millions USD Part en % Etats-Unis 724.2 18.33 Kenya 137.3 11.69Allemagne 414.7 10.5 Ghana 133.4 11.35Royaume-Uni 389.3 9.86 Cameroun 92.3 7.85Corée du Sud 260.2 6.59 Angola 74 6.3Chine 215.9 5.47 Bénin 71.9 6.12Pays-Bas 169.6 4.29 Tanzanie 67.9 5.78Autres 1,776.30 44.97 Autres 598.1 50.91Total 3,950.20 Total 1,174.90

Source : Nations Unies Comtrade. Valeur moyenne sur cinq ans (2013-2017)

PAYS EXPORTATEURS PAYS IMPORTATEURS

Tableau 3. Commerce de vêtements d'occasion et autres articles usagés

Farine de graines Fibres courtes

Milliers de tonnes Milliers de MW

Burkina Faso 549 18 16 13 29 0,57 38Mali 549 18 16 13 29 0,57 38Bénin 500,4 17 15 12 26 0,52 35Côte d’Ivoire 333 11 10 8 17 0,35 23Cameroun 196 6 6 5 10 0,2 14Togo 90 3 3 2 5 0,09 6Tchad 47 2 1 1 2 0,05 3Nigeria 92 3 3 2 5 0,1 6TOTAL 2 356 78 71 57 123 2,45 164

Millions USD

Tableau 4. Valeur ajoutée pour la farine de graines, les fibres courtes et les tiges de coton en Afrique de l'ouest

Production de graine

Suppression du gossypol

Tiges de coton

Pays Coton absorbant Briquettes Pellets Production d'électricité Electricité

Farine de graine Fibres courtes

Milliers de tonnes Milliers de MW

Soudan 196 6 6 5 10 0,2 14Zambie 79 3 2 2 4 0,08 6Zimbabwe 90 3 3 2 5 0,09 6Tanzanie 167 6 5 4 9 0,17 12Mozambique 43 1 1 1 2 0,05 3Afrique du Sud 70 2 2 2 4 0,07 5Ouganda 49 2 1 1 3 0,05 3Ethiopie 68 2 2 2 4 0,07 5TOTAL 799 26 24 19 42 0,83 56

Millions USD

Tableau 5. Valeur ajoutée pour la farine de graines, les fibres courtes et les tiges de coton en Afrique méridionale et orientale

Production de graine

Suppression du gossypol

Tiges de coton

Pays Coton absorbant Briquettes Pellets Production d'électricité Electricité

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• L’élimination du gossypol à l’aide d’une technologie microbienne permet d’obtenir un revenu net (béné-fice) de 33 USD par tonne de farine de graines.

• La transformation de fibres courtes en coton absor-bant permet d’obtenir un revenu net de 770 USD par tonne.

• La création de briquettes à partir de tiges de coton procure un revenu net de 7,0 USD la tonne.

• La création de pellets à partir de tiges de coton pro-cure un revenu net de 15,0 USD par tonne, et l’élec-tricité produite à partir de tiges de coton donne un revenu net de 15,0 USD le mégawatt (MW) par heure.

L’étude a également montré qu’un mégawatt (MW) d’élec-tricité pouvait être produit à partir de 50 tonnes de tiges de coton. Ces calculs sont extrapolés du potentiel de la valeur ajoutée commerciale des sous-produits du coton en Afrique pour montrer que les pays d’Afrique de l’Ouest pourraient générer un revenu supplémentaire de 78 millions de dollars en retirant le gossypol des farines de graines, 71 millions de dollars en produisant du coton ab-sorbant à partir de fibres courtes, 57 millions de dollars en produisant des briquettes combustibles, et 123 millions en produisant des pellets combustibles. De même, entre 80 et 100 millions de dollars US pour-raient être générés par l’utilisation des produits en coton en Afrique méridionale et orientale grâce à la production de coton absorbant, de briquettes de combustible, de pel-lets de combustible, de production d’électricité et d’élimi-

nation du gossypol dans la farine de graines.Cette note conceptuelle souligne que la culture du coton représente une formidable opportunité pour le commerce et l’emploi. Malheureusement, l’Afrique n’a pas exploi-té la fibre de coton et les sous-produits du coton ni pour créer de la valeur ajoutée ni pour générer des emplois. L’Afrique produit des fibres pour une valeur 2,5 milliards de dollars environ. Si les fibres sont transformées pour produire des vêtements et des articles de l’habillement, les recettes d’exportation pourraient atteindre entre 30 et 90 milliards de dollars, selon le type de produits fabri-qués. Il est intéressant de noter que la valeur ajoutée des graines de coton et des tiges de coton pourrait générer des revenus d’environ 400 millions USD, en plus de produire plus de 200 000 MW d’énergie électrique écologique sur le continent. Même des estimations prudentes montrent que les 1,5 million de tonnes de fibres de coton produites en Afrique peuvent fournir des emplois directs à environ 6,5 millions de personnes et des emplois indirects à un nombre presque égal, voire supérieur. Les technologies textiles ne sont pas nouvelles, pas plus que les technolo-gies à valeur ajoutée. Ces technologies sont utilisées dans le monde entier pour générer des revenus et des emplois au niveau mondial. Ce dont l’Afrique a besoin, c’est d’une volonté politique et d’un environnement propice à la transformation du secteur, qui pourrait à terme transfor-mer le paysage socio-économique des pays producteurs de coton du continent.

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