MANAGERS-N°7

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EDITORIAL

Pour la deuxième année consécutive, votre magazine préféré a été déclaré magazine N°1 des cadres et dirigeants africains -meilleur lancement d’un journal panafricain- par un panel signi-ficatif de lecteurs. Pourtant, Managers a été lancé dans un contexte difficile. Car, par un effet de ciseaux, plus d’adeptes des journaux gratuits et moins de lecteurs de journaux payants, l’édition de la presse payante se porte mal. C’est que le tout numérique, la télévision, les jeux vidéo et l’Internet tendent aujourd’hui à se substituer à la version papier des livres et des journaux. Alors que rien ne vaut la lecture sur un support papier. Elle fortifie votre inspiration, déchrysalide votre potentiel et met en liberté votre imagination. Achetez des livres, ache-tez chez votre marchand de journaux Le Figaro, Le Monde, Times magazine, Jeune Afrique, Continental, Managers, et plongez-vous-y. Vous en tirerez bien d’enseignements renforçant votre culture générale. Pour accéder à l’élite, sachez régler votre montre sur l’enrichissement de l’esprit par la lecture et moquez-vous des inconditionnels de ces supports dits modernes. La lecture transcende tous les plaisirs factices. Si vous vous destinez à une grande carrière, fortifiez votre culture générale, par le biais des livres et des journaux. Comme le dit si bien Edwyn Plenel, ancien directeur de la rédaction du Monde : «les secrets se trouvent à portée de main, dans les livres». Gardez-vous donc de suivre le troupeau, privilégiez l’excellence, optez pour le must en toute chose. C’est ma conviction profonde, que je voudrais vous insuffler. Pour mieux vous édifier, laissez-moi vous retranscrire cette histoire contée par Franck Wenger, écrivain et coach suisse :Un célèbre conférencier commence son séminaire en tendant un billet de 50 euros vers les participants. Il demande alors aux gens : «Qui aimerait avoir ce billet ?» Des mains se lèvent. Il dit alors : Je vais donner ce billet de 50 euros à quelqu’un parmi vous. Mais avant, laissez-moi d’abord faire quelque chose. Il chiffonne alors le billet avec force et il demande : Est-ce que vous voulez toujours de ce billet? Les mains continuent à se lever. Bon, d’accord. Mais en voudrez-vous toujours si je fais cela ? Il jette alors le billet froissé par terre et il saute à pieds joints dessus, l’écrasant et le salissant autant que possible. De nouveau, il demande: Qui veut encore ce billet ?Evidemment, les mains continuent de se lever. Mes amis, vous venez d’apprendre une le-çon dit le conférencier... Peu importe ce que je fais avec ce billet, vous le voulez toujours. Pourquoi?Parce que sa vraie valeur n’a pas changé. Il vaut toujours 50 euros. Dans la vie, il arrive pres-que à tout le monde, d’être un jour froissé, rejeté, souillé par les gens ou par les événements. Si cela vous arrive, vous aurez peut-être l’impression désagréable de perdre pied, l’impression

que vous ne valez plus rien. Rien n’est plus faux ! Vous avez de la valeur et en réalité votre valeur n’aura pas changé aux yeux des gens qui vous aiment. Votre vraie valeur, demeure intacte.Votre vraie valeur, c’est tout ce qui fait que vous ne ressemblez à personne d’autre sur cette terre.Votre valeur personnelle ne varie pas selon ce qu’on fait ou que l’on dit de vous. Quoi qu’il vous arrive, vous pourrez toujours re-prendre confiance, recommencer, et atteindre vos objectifs.L’intérêt de cette histoire ? Restez vous-même, comme Obama soyez l’ami des livres. Lisez toujours et toujours.Merci à nos fidèles lecteurs, merci aux nouveaux qui consacrent un peu de leur temps à lire Managers. A tous merci pour vos nom-breuses lettres d’encouragements.

Mouftaou BadarouDirecteur de la Publication

1 Passage Savart 75020 Paris

Tel 06 78 21 10 67 Fax 01 43 48 01 30

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DIRECTEUR DE LA PUBLICATION ET DE LA REDACTION

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LP Médias

Il faut avoir réglé sa montre et se moquer de ceux dont l’heure varie !

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Les recettes anticrise de Viviane EtienneFreddy Dominique Zanga

Me Afoussy Bamba

Guadeloupe : L’hégémonie des Békés contestée

Analyse : La crise financière mon-diale, un piège sans fin ?

Tarik KrimHakim El Karoui

Ghana : Kufuor, le lais-sé-pour-compte de la fêteCentrafrique/Interview : Gaston-King MahoutouGuinée Conakry : Un tournant décisifAngola : Le peuple ango-lais, parent pauvre de la croissance

Chine-Afrique : Un ma-riage d’intérêtOpinion : Pour une relation sino-africaine «gagnant-gagnant»Togo : Des travailleurs en quête de protectionCrise financière : Le marché obligataire ouest-africain à l’épreuve

Mali : Des sociétés minières au banc des accusésSénégal : Cherté du riz, cherté de la vie

Bénin-Micro Finance : Réduire la pauvreté grâce aux micro-créditsCongo-Brazzaville : De jeunes entrepreneurs accrocheurs

CarrièresVos DroitsComment vendre sur internetAssociations

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S O M M A I R En° 7COACHING

Les clés pour s’enrichir

ETATS-UNIS/AFRIQUE

FRANCE/DIVERSITE

Les promesses de Barack Obama aux Africains

Quelles repercussions en France ?

ObamaniaL’

A L’AFFICHE

POINT FINAL

MENTION BIEN

FOCUS

MANAGER D’EXCEPTION

ENJEUXPOLITIQUES

çA VOUS INTERESSE

INDICATEURS

L’AFRIQUE QUI GAGNE

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Pouvez –vous nous retracer votre par-cours jusqu’à la création de votre en-treprise ?Installée en France depuis décembre 1999, j’ai commencé en tant que com-merciale, ensuite je suis passée direc-trice commerciale, un peu plus tard. Je suis donc cadre gestionnaire dans un groupe pilotant plusieurs sociétés. J’ai décidé pour mon évolution de passer mon Masters en management et stratégie des entreprises, et je gère depuis 2007, parallèlement à mon statut de salariée, une micro entreprise appelée IMC, qui

commerce avec des hôtels, des châteaux et une agence immobilière. Une amie m’ayant initié à l’e-commerce, j’ai pris le temps de comprendre, de faire une étude de marché et en fin de compte, j’ai décidé de monter ma micro société d’e-commerce en 2008. Je me fournis chez des grossistes et je revends les articles sur des sites de vente en ligne. Cela me de-mande beaucoup de travail. Car la jour-née je remplis mes obligations de salariée, puis entre midi et deux heures, j’expédie mes colis préparés la veille. Ensuite, je re-tourne au bureau, pour m’occuper le soir

de ma société ( vérification des ventes en cours ainsi que des enchères, les vali-dations des paiements, la préparation des colis, la passation des commandes auprès des fournisseurs). Ce n’est pas toujours évident mais j’en suis fière.

Quelles difficultés avez-vous surmon-tées à la création de votre entreprise ?D’abord la principale difficulté consiste à trouver la structure juridique en adéqua-tion avec l’activité envisagée. J’insiste sur ce point car l’avenir de l’entreprise dépend en grande partie des options initiales. Il

Jeune chef d’entreprise camerounaise installée en France, Viviane Etienne également musicienne, est une figure symbolique de la diaspora africaine qui réussit. Elle se montre aussi attentive à la crise financière internationale qu’à l’émergence en France d’une diaspora africaine économiquement dynamique.

est bien évident qu’une structure adaptée à la création d’un salon de coiffure n’est pas com-patible à une société d’import-export ou de production musicale. En d’autres termes une structure trop lourde est coûteuse et inadap-tée, tant sur le plan de la fiscalité mais égale-ment de la charge de travail comptable. A l’in-verse, une entreprise individuelle comme la mienne (micro-entreprise) est d’une grande simplicité. Mais son champ d’action atteint

très vite ses limites notamment dans les achats à l’im-portation. Le chif-fre d’affaires auto-risé peut également être très vite atteint (80 000 euros par an). Il n’en reste pas

moins que cela permet un démarrage peu coûteux et une gestion simplifiée. Il faut sur-tout savoir effectuer le changement de struc-ture au bon moment.

Au vu de votre expérience, quelles erreurs devront éviter les futurs créateurs ?Primo, il faut éviter de se tromper sur l’acti-vité envisagée et ne lancer son affaire qu’une fois la certitude de lancement acquise. Ensui-te, il ne faut pas surestimer le chiffre d’affai-res prévisionnel, ni sous-estimé la réalité des frais généraux qui se révèle souvent fatale aux entreprises. Autre point important : ne pas se tromper sur la qualité du conseil comptable

«Il faut éviter de se tromper sur l’activité envisagée et ne lancer son affaire qu’une fois la certitude de

lancement acquise.»

Managers N°7Mars-Avril-Mai 2009

Managers N°7Mars-Avril-Mai 2009

Les recettes anticrise de Viviane Etienne, entrepreneure

«En ces temps d’incertitude économique, il ne faut pas céder à la panique...»

ou juridique qui va accompagner l’entreprise. Pour cela, il est important de se faire recom-mander un comptable avisé par un chef d’en-treprise. Il vaut mieux éviter de s’engager par hasard avec un comptable sans référence.

Dans un contexte d’incertitude pour l’éco-nomie mondiale, quelles mesures avez-vous prévues pour néanmoins faire pros-pérer vos affaires ?Je répondrai en toute humilité que je n’ai pas la prétention d’avoir toutes les connaissances sur l’économie mondiale. En tant que femme de terrain, je conseille aux chefs d’entreprise de pas céder à la panique. Et de ne surtout pas gérer ses affaires par le prisme des infor-mations télévisées. Il faut au contraire rester lucide, calme et se préparer à rebondir au bon moment. Les périodes de crise sont propices aux bonnes affaires, à condition de regarder autour de soi et de saisir la bonne opportu-nité.

Pour finir, une note personnelle, que faî-tes-vous le soir ou le week end pour dé-compresser ?Quand j’ai du temps le weekend-end, tant il est vrai que je suis toujours entre deux avi-ons ou TGV pour des spectacles, j’entre dans mon studio d’enregistrement et je m’éclate. Ou je vais au cinéma ou au restaurant. Parfois, je vais marcher sur la plage pour me changer les idées.

Propos recueillis par Moussa Kaffo

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A L’AFFICHE

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A L’AFFICHE

Freddy Dominique Zanga

Le 3ème forum du commerce international se tient à Paris les 29 et 30 mai prochains. Dominique Zanga l’un des organisateurs nous en parle.

«Créer des synergies entre entrepreneurs...»

En quoi consiste le forum que vous or-ganisez fin mai prochain ?C’est une rencontre entre des acteurs du commerce international, les responsables d’entreprises, les réseaux d’entreprises et chambres de commerce. L’objectif est de réunir tous ces opérateurs économiques afin de susciter des partenariats d’affaires.

Mais encore ?Le but de la Chambre internationale pour le conseil et la promotion est surtout de créer des synergies entre entrepreneurs. Nous sommes partis d’un exemple sim-ple : dans la vie de tous les jours, les gens ne se rencontrent pas. Vous avez par exemple des habitants d’un même immeuble qui ne se parlent pas. Et pourtant, si l’on sus-cite leur rencontre, cela peut déboucher sur des mariages. De même, nous créons des passerelles entre les entrepreneurs afin qu’ils continuent d’être des pour-voyeurs d’emplois. Nous accompagnons également les sociétés européennes ou asiatiques qui veulent s’implanter en Afrique. La Chambre internationale est une structure internationale qui respecte

les lois des pays de ses succursales. En France, nous nous sommes organisés en associations, mais au Gabon ainsi qu’en Italie par exemple, ce sont des entreprises qui nous représentent. Nos partenaires fiables sont l’Ambassade du Gabon en France, la société Dea Prestige, le Réseau Italie-France. Nous bénéficions également de l’appui des Chambres de commerce de Paris et de Lyon.Après notre participation à l’investiture du président Obama, nos actions futures sont : - L’accompagnement des entreprises à

Londres du 29 et 30 Juin 09 au colloque sur «L’investissement sur les infrastructu-res en Afrique»,

- la participation à la Foire internatio-nal de Milan (ITALIE) du 7 au 10 Mai 2009

- l’animation du déjeuner d’affaires des responsables d’entreprises du Val d’Oise le 8 Avril 2009 au Comité d’Expansion à Cergy Pontoise.

- L’accompagnement d’une délégation d’entreprises européennes au Salon in-ternational de l’Agriculture, de l’élevage

et de la pêche au Palais de Congrès de Yaoundé au Cameroun, du 8 au 14 dé-cembre 2009.

Ainsi donc, la Chambre internationale pour le conseil et la promotion (CICP) accompagne les entreprises et les so-ciétés dans leur développement à l’in-ternational, ou les représente à moindre coût lors des grands rendez-vous inter-nationaux (foires, salons, conférences, forums,etc.). La CICP leur permet donc d’être présents à travers leurs plaquettes, prospectus, cartes de visites et leur évite de gros frais de déplacement. Enfin, la CICP organise des déjeuners d’affaires mensuels tous les derniers sa-medis du mois.

Propos recueillis par soulia Tidjani

Renseignements :La Chambre Internationale pour le Conseil et la

Promotion Freddy Dominique Zanga Directeur Développement

InternationalTél 00 33 6 65 06 77 67 00 33 1 48 24 95 80

[email protected]

Managers N°7Mars-Avril-Mai 2009

11FOCUS

MAnAgER In

Aliko Dangote Le flamboyant milliardaire nigérian a obtenu de l’État sénégalais la concession de 40 000 hectares situés à Dagana, le long du fleuve Sénégal, pour la culture de la canne à sucre. Il a également en projet la construc-tion d’une raffinerie de sucre dans le pays. Il compte ainsi y investir 250 milliards de F CFA (380 millions d’euros) en 2009. Sucre, ciment, immobilier, textile, énergie...l’homme le plus riche d’Afrique règne sur un conglomérat estimé à 3,3 milliards de dollars.

> Forum Elit 2009 : le 23 avril 2009 a ESCP EAP, 79 Avenue de la République Paris 11eme. Site: http://www.africanbusinessclub.org/accueil.html > AfricTalents à Paris les 12, 13 juin 2009 au Palais des Congrès Site : http://www.africtalents.com/ et à Dakar le 25 Juin 2009 à l’hôtel Méridien Président > 3ème Forum du Commerce International le 26 mai 2009 à La Chambre Internationale pour le Conseil et la Promotion8, Rue du Faubourg Poissonnière 75010 Paris (prévente : en fonction de la formule choisie) Contact : +33665067767 E-mail : [email protected] Site : http://www.cicp.biz > Barcamp Abidjan 2009 le 24 Juillet 2009 en Cote d’Ivoire

MAnAgERs OUT

Yves Michel FotsoEn exil à Singapour d’où il pilote ses activités commerciales, l’ex administrateur directeur général de la CAMAIR entre 2000 et 2003, est toujours soupçonné d’abus de biens sociaux et de corruption passive dans l’achat de l’avion présidentiel Albatros. Le fils du milliardaire Victor Fotso, qui s’est vu retirer son passeport en avril 2008, se fait rare au Cameroun, craignant une arrestation.

sidi Mohamed Kagnassi Après avoir fait pérécliter le groupe l’Aiglon en Côte d’Ivoire par sa mauvaise gestion et précipité le chômage de 2600 personnes, l’homme d’affaires a tenté de rebondir en devenant lobbyste auprès des autorités ivoiriennes pour le compte de Sagem. Mais Sidi Mohamed Kagnassi n’est plus que l’ombre de lui-même. Les populations du nord de la Côte d’Ivoire le voue toujours aux gémonies, et l’entourage du président Laurent Ggagbo reste méfiant à son égard.

Philibert AndzembeMauvaise passe pour ce proche du président Bongo Ondimba. Le gouverneur de la BEAC est très criti-qué pour la perte par son institution de 65 milliards de FCFA résultant de placements hasardeux auprès d’institutions financières comme la Société Générale.

Karimou Assouma Alors que la qualité de l’eau du robinet laisse parfois à désirer, le directeur de la Société nationale des eaux du Bénin, Karimou Assouma, envisage d’augmenter le tarif de l’eau. C’est peut-être sa manière de lutter contre la vie chère au Bénin.

> ELearning Africa 2009 Du 27 mai 2009 au 29 mai 2009 Lieu : Le Méridien Président, Dakar, Sénégal Les organisateurs : ICWE GmbH, www.icwe.net, Hoffmann & Reif, www.hoffmann-reif.com Contact : Katharina Goetze, [email protected], Tél : +49 (0)30 31018180, www.elearning-africa.com Contact pour la France et les pays francophones : Dr Philippe Royer, [email protected] E-mail : [email protected] : http://www.elearning-africa.com/fra/index.php

> Le 3ème Congrès d’Africa Femmes Performantes se tiendra en août 2009 à Kinshasa. Malgré les conflits à l’est du pays, les femmes congolaises ont plus que jamais besoin du soutient de leurs soeurs des diasporas. Nous y reviendrons.

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Après son Bac en France, elle a entamé avec succès des études de droit sanctionnées par un doctorat en droit privé et droit international. Avocate inscrite au Barreau de Paris depuis dix ans, elle débuta sa carrière dans un cabinet pa-risien en tant que collaboratrice dans les domaines du contentieux et du droit du travail, l’arbitrage et le droit des sociétés françaises. Affoussy Bamba s’installera à son compte afin de se diversifier, en touchant au droit de l’immigration et au droit de l’OHADA (Organisa-tion pour l’harmonisation du droit en Afrique), en conseillant des en-treprises françaises désireuses de s’implanter en Afrique francophone et celles africaines qui ambition-nent de s’implanter en Europe.

Me Afoussy Bamba, avocate au Barreau de Paris

«Même les Africains ne font pas assez confiance aux avocats issus de la diversité...»

Comment s’est effectuée votre instal-lation à votre compte ?L’indépendance est quelque chose de profondément voulue. Je suis venue au droit parce que cela m’intéressait. J’étais d’abord juriste d’entreprise, mais je ne m’imaginais pas autrement qu’en avo-cate indépendante. Parce que j’estime qu’un avocat doit avoir l’indépendance de pouvoir travailler pour son compte, de prendre des risques et de les assumer, bref d’être responsabilisé. Car, un juriste d’entreprise travaille sous couvert d’un employeur, alors qu’un avocat indépen-dant est confronté à la réalité de la ges-tion de son cabinet. Il doit faire face aux

charges financières et autres contraintes d’une entreprise. L’avocat indépendant doit donc se battre pour avoir les dos-siers, au risque de mettre la clé sous le paillasson.

En parlant des entreprises africaines, quelles sont ls difficultés d’application du droit de l’Ohada ?Bien que l’Ohada soit en vigueur depuis 1998 et est appliqué dans des pays fran-cophones et anglophones, il s’avère que les principes de l’Ohada sont parfois in-compatibles avec le droit national de cer-tains pays africains. Par exemple, en Côte d’Ivoire, certains articles du droit com-mercial, du droit des sociétés et du droit du travail ont dû être harmonisés avec le droit de l’Ohada. Au Congo Kinshasa, par exemple, un appel d’offres à été lancé en 2007 à l’intention de juristes en vue de l’harmonisation du droit congolais avec celui de l’Ohada. Idem au Cameroun. Egalement, il a été demandé aux juristes africains de se mettre à niveau par rapport au droit de l’Ohada qui est désormais leur outil de travail. En dépit de la len-teur dans certains pays, la normalisation juridique progresse partout en Afrique.

Que conseillez-vous à un étudiant de droit qui veut embrasser la profession d’avocat ?D’abord, il faut qu’il travaille. Un étu-diant en droit, s’il n’a pas les diplômes requis, ne peut pas être avocat. C’est clair. En dehors du travail, il y a la persévéran-ce, mais également la capacité d’écoute. Il faut être à l’écoute du client, ce qui re-quiert une qualité de psychologue. Par-fois, le client n’arrive pas à cerner toutes

ses prétentions en droit. C’est à vous de le guider, de l’aiguillonner, en fonction de sa relation des faits. Tout ceci est bien évidemment sous-tendu par une grande connaissance du droit pratique. Il y a la théorie certes, mais la pratique est très importante. Autre conseil : abandonner tout idéalisme. Surtout quand on est Noir ou Arabe, dans une société comme la société française. C’est qu’on ne fait pas assez confiance aux avocats issus de la diversité ! Même les frères et soeurs afri-cains réagissent pareillement. Pourtout, il y a des avocats issus dela diversité qui ont des compétences extraordinaires ! Non pas qu’il y a du racisme dans la pro-fession, c’est qu’il faut se battre, montrer que l’on mérite les dossiers à défendre.

ProPos recueillis Par Mouftaou BADAROu

Me Afoussy Bamba

MENTION BIEN

Managers N°7Mars-Avril-Mai 2009

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Hakim El KarouITariq Krim

Ancien Normalien, Hakim El Karoui est un banquier fran-çais d’origine tunisienne. Né en août 1971 en France

d’un père tunisien professeur d’anthro-pologie de l’islam et d’une mère française professeur de mathématiques financiè-res, lui-même est agrégé de géographie et diplômé d’un DEA de géopolitique sur la Palestine. De 1993 à 2000 il a été professeur de géopolitique à l’Université de Tunis, et de français au Collège jésuite du Caire. Neveu de l’ancien Premier mi-nistre tunisien Hamed El Karoui, il a tou-jours été attaché à l’Afrique.De 2000 à 2002, il a préparé une thèse sur la politique des frontières de l’Union euro-péenne à l’Université de Lyon II puis est devenu conseiller technique, chargé des discours du Premier ministre français Jean-Pierre Raffarin. Il a rencontré le couple Raffarin en 2000 lors d’une mission pour le compte de l’Institut pour la démocratie

MANAgErS d’ExCEpTION

en Europe fondé par Valéry Giscard d’Es-taing. Et depuis, leurs relations ont tou-jours été empreintes d’estime réciproque. Les Raffarin apprécient particulièrement la sérénité et la méticulosité d’El Karoui. «Remettez-lui un dossier et il vous le traite au delà de vos attentes» confie souvent l’ancien premier français à ses interlocu-teurs qui le questionnent sur Hakim. Mais il serait hasardeux de croire que HEK est converti aux idées de la droite française. Même si l’Elysée lui a commandé un rapport sur la mondialisation, il a plutôt soutenu Ségolène Royal à la dernière élec-tion présidentielle. Certains le taxent de nomade politique, lui n’en a cure. Ce sont les programmes des gouvernants qui le séduisent, et non l’idéologie véhiculée par les états majors des partis politiques.De mai 2005, date de la démission de Raf-farin, à août 2006, le banquier d’affaires sera chargé des « études et prospectives » du ministre des Finances Thierry Breton.

Actuellement directeur adjoint à la Banque Rothschild, où il pilote une équipe chargée des marchés émergents, Hakim El Karoui préside également le Club XXIe Siècle où de grandes personnalités françaises débat-tent de la problématique de la diversité. Ce club qu’il a créé avec Rachida Dati, la Garde des Sceaux, et Béchir Mana, ancien conseiller de Jacques Chirac, regroupe 280 personnes triés sur le volet, au sein de l’élite française d’origine immigrée. Ce sont des hauts fonctionnaires, des ban-quiers, des entepreneurs, etc. Même s’il a été peu confronté au racisme, l’accès des minorités visibles aux postes prestigieux lui tient à coeur. «L’égalité des chances» demeure son leitmotiv. Maître de confé-rences à l’Institut d’études politiques de Paris et membre du Conseil scientifique de la Cité nationale de l’histoire de l’im-migration, Hakim El Karoui est assuré-ment une figure symbolique de la dias-pora africaine qui gagne. Béchir Dahhak

Le surdoué du Net

Co fondateur de Netvibes* (une société basée à Paris et employant dix nationalités), surdoué français du web très

connu aux États-Unis, Tariq Krim est né de parents algériens-père professeur d’économie, mère professeur de sports. Son père ayant eu la bonne idée de lui offrir un ordinateur lorsqu’il avait 9 ans, il conçoit son premier serveur personnel à 10 ans, puis à 12 ans pirate le système informatique du Minitel pour créer une application de messagerie. Sa vocation était née. Après des études de physique

à l’université Jussieu, à Paris, il entre à l’Ecole nationale supérieure des télécommunications. Mais c’est aux États-Unis qu’il ira se passionner pour Internet. Lauréat du presti-gieux prix scientifique américain TR 35 récompensant les innovateurs de moins de 35 ans, Tariq Krim a été également récompensé en avril 2008 du prix des technologies de l’infor-mation pour la création d’entreprise, décerné par Telecom ParisTech et son association d’ingénieurs.Tariq Krim est également la figure de proue des Young Global Leaders. Ces petits génies ont constitué un réseau international de jeunes mana-gers d’exception sur le plan mondial dans divers domaines d’activité (40 ans maximum). Rencontrés en 2008 pour la première fois à Tianjin, en Chine, en marge d’une réunion du World Economic Forum, ils s’échan-gent depuis des points de vue sur divers thèmes dont le leadership et le management. Ils ont ainsi l’op-portunité de rencontrer les grands

de ce monde (chefs d’État, financiers de renom, artistes célèbres, etc.) qu’ils in-forment sur les innovations dans leur do-maine d’activité ainsi que sur les nouvel-les technologies. Retiré de la direction de Netvibes dont il demeure l’un des princi-paux actionnaires, également actionnaire du fonds d’investissement français Isai, Tariq Krim qui a 36 ans, parle un anglais sans accent. Pour lui, « même si les entre-prises du secteur des nouvelles technologies subissent la crise économique de plein fouet, l’ambitieux plan de relance de l’Administra-tion Obama permettra de renforcer durable-

ment l’économie high-tech américaine. Mais il faut également trouver rapidement des solutions au niveau européen. Les start-up européennes ne bénéficient déjà pas en temps normal de l’attention qu’elles méritent, hors ce sont elles qui construisent l’avenir. Il faut absolument les aider ». Aujourd’hui, le génie informaticien tra-vaille sur un projet de système d’exploita-tion gratuit pour une nouvelle génération de téléphones portables moins chers. «C’est un système qui va révolutionner les modèles économiques traditionnels de l’in-formatique et du logiciel», prédit-il.

aïcha Mezouar

1972 Naissance à Paris.1984 Lance son premier serveur personnel sur le Minitel.1996 Journaliste à «La Tribune», à Paris, puis à San Francisco.1999 Lance mptrois.com, l’un des premiers blogs en France.2005 Crée Netvibes, portail indivi- duel convivial.2007 100 médias internationaux utilisent Netvibes pour leur diffusion.

PARCOURS

Sur Internet, Netvibes est un agré-gateur de contenus. Il permet à l’in-ternaute de rassembler sur une seule page web, personnalisable, l’ensem-ble des flux d’informations venant de ses sites favoris. L’internaute dispose ainsi d’un aperçu rapide des nouvelles informations disponible sur ces sites, sans avoir à les visiter un par un.

Managers N°7Mars-Avril-Mai 2009

Managers N°7Mars-Avril-Mai 2009

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l’ex-plume de Jean Pierre Raffarin

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1ère résolusionTravaillez auTremenT On constate souvent dans le cas cou-rant où 2 personnes ont exactement la même activité, que l’une gagne 30 000 euros par an et l’autre 300.000 euros. Pourquoi ? Est ce dû à la quantité de travail ? Absolument pas.Quand deux personnes ont la même activité et que l’une gagne 10 fois plus que l’autre,

il est absolument impossible que ce soit dû au fait que l’une travaille 10 fois plus que l’autre. Si l’une travaille 8 heures l’autre ne peut travailler 80 heures par jour. Quel est le secret ?Si cette personne plus riche ne travaille pas plus fort, c’est donc qu’elle est beaucoup plus efficace. Plus exactement, elle connaît les Lois de L’Enrichisse-ment et fait les choses d’une « Certaine Façon Précise» et l’autre pas. C’est la preuve que le secret de la richesse est ailleurs que dans la quantité de travail. Et ceci impli-que, que pour s’enrichir, il y abel et bien «AUTRE CHOSE»

qui intervient.Quelle chose ?Le secret de la richesse, c’est de faire les choses d’une « Certaine Façon »... Il est établi et prouvé que les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets. Tous ceux qui se sont enrichis plus que les autres ont fait les choses d’une façon efficace.Il ne tient qu’à vous, de découvrir quelle est votre façon efficace de mener vos activités.

2è résolutionun seul leiTmo-Tiv, posiTiver!Est-il possible de nous programmer nous-même pour la réus-site ? La réponse est : OUI,ABSOLUMENT.Et il y a désormais une explication scientifique à cette affirmation. On a

longtemps cru que le cerveau était un organe figé, incapable de régénération ou de réorganisation.Or, des chercheurs de l’université de Toronto, se sont aperçus que c’est complètement faux. Ils ont découvert ceci : En stimulant régulièrement certaines zones du cerveau, de nou-velles connexions se forment entre les fibres nerveuses. Si on cesse de les utiliser, certaines autres connexions au contraire, disparaissent. Qu’est-ce que cela veut dire ?Cela ouvre beaucoup de possibilités et notamment dans le domaine de la chance et de la réussite. La plupart des gens ont reçu une éducation négative,qui les a marqués et qui est souvent à l’origine de leurs difficultés. Or, cette découverte est la preuve qu’il est possible d’inverser le processus. De quelle façon ?

En changeant vos pensées, afin de créer des connexions nouvelles et positives qui transformeront votre vie. Vous avez probablement encore des connexions neuronales négatives qui déclenchent des réactions négatives face aux diffi-cultés.Cessez de stimuler votre cerveau, avec des pensées négatives et vos réflexes négatifs disparaîtront. Si ce n’est pas déjà fait, éliminez définitivement ce genre de phrases de votre vocabulaire :Maintenant, fini les :« Je suis né sous une mauvaise étoile », « Je n’ai jamais de chance », « Ce genre de pépin n’arrive qu’à moi »« jamais 2 sans 3 » etc...etc.. Créez au contraire de nouvelles connexion positives qui déclencheront des réflexes positifs face aux difficul-tés. Remodelez votre cerveau pour la chance, pour la réussite et pour de meilleures relations avec l’argent. Uti-lisez par exemple, la célèbre formule d’Emile Coué :« Tous les jours et à tous points de vue, tout va de mieux en mieux... »De cette façon, vous ferez Jouer la Loi d’Attraction POUR VOUS et non pas

CONTRE VOUS.Vous et vous seulement pouvez le faire.

3è résolutionvous pouvez vous enri-chir, même en commen-çanT avec un salaire modesTe Vous dites-vous des choses qui ressem-blent à ceci :Je ne suis qu’un simple employé, ou je n’ai qu’un salaire modeste, puis-je vraiment m’enrichir ?Permettez à Napoléon Hill et William Stone - qui tous deux ont fait fortune en partant de strictement rien- de vous répondre en vous raconter une histoire...« Vous aussi, vous pouvez devenir suf-fisamment riche, pour vivre en toute sécurité. Malgré ce que vous pensez, vous pourriez même devenir très riche.Voici l’histoire de M. Osborne qui n’était qu’un simple salarié et devint finalement très riche...Le principe qu’il utilisa est à la fois simple et efficace à condition de l’ap-pliquer VRAIMENT.Il tient en quelques mots. C’est en lisant une ancienne légende,

celle d’un homme modeste qui devint l’Homme le plus riche de Babylone, que M. Osborne découvrit qu’on pou-vait devenir riche en trois étapes :1)Economiser 50 centimes sur chaque billet de 5 euros.2) Investir judicieusement ces éco-nomies tous les 6 mois, ce qui vous rapporte année après année un intérêt composé.3) Prendre l’avis d’un expert pour faire des placements sûrs, afin de ne pas risquer de perdre capital et intérêts.C’est exactement ainsi que procéda M. Osborne. Pensez-y ! Vous pouvez connaître la sécurité financière et vous enrichir en économi-sant simplement 50 centimes sur cha-que billet de 5 euros, et en les plaçant judicieusement.La deuxième façon de vous enrichir est complémentaire à celle-ci, car elle consiste à chercher à gagner plus.Mais si vous gagnez plus et que vous dépensez tout ce que vous gagnez, vous ne pourrez JAMAIS vous enri-chir...Alors, quand commencerez-vous à fairecomme Monsieur Osborne ?

4è résolutionpensez TouT le Temps a voTre reussiTe« L’être humain vit bien en deçà de ses limites.Il possède des pouvoirs de toutes sortes, dont il ne tire généralement aucun parti» William James, (célèbre psychologue)Ci-dessous, un mode d’emploi simpli-fié de préparation à la méditation : La préparation d’une bonne séance est un peu la même que pour la relaxation. Débranchez votre téléphone et veillez à avoir au moins 10 minutes devant vous, sans dérangement. Essayez de vous isoler le plus possible dans une pièce au calme que vous aurez d’abord bien aérée. Selon votre préférence, vous pouvez méditer en position assise ou allongée. L’essentiel est que

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Pour réussir, pensez à surtout travailler

efficacement.

Les ondes positives appellent le succès. Vous gagnerez à positiver en toutes circonstances.

Si vous dépensez tout ce que vous gagnez, vous ne pourriez

jamais vous enrichir !

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vous vous trouviez dans une position confortable, favorisant la détente musculaire et la détente mentale. Une bonne détente mentale commence par la détente physique :Si vous en éprou-vez l’envie, commencez par vous étirer, bâiller jusqu’à ressentir une envie profonde de bien être.Maintenant que vous êtes dans de bon-nes dispositions parlez à votre corps en pensant: «je... suis... calme... je... me... dé...tends..., la réussite m’attend».Répétez vous cette phrase doucement et en prenant bien conscience que tous les muscles de votre corps se détendent petit à petit.Pensez : «je... suis... calme... je... me... dé...tends.., la réussite m’attend.».

Pensez : «je... suis... calme... je... me... dé...tends...».Pensez : «tout mon corps est chaud... mon corps est lourd...».

Puis, sans faire d’effort, laissez aller vos pensées sur la citation ci-dessus indiquée...

5è résolutionFaiTes de l’argenT grâ-ce à voTre passe-Temps préFéré Chaque personne possède un talent particulier pour telle ou telle activité.Et vous ?Si vous aimez peindre, pourquoi ne pas vendre vos tableaux ? Vous aimez travailler le bois, les jouets en bois sont à la mode, vous pouvez sans doute en créer. Vous êtes doué en informatique ? Proposez de donner des cours.

Vous aimez cuisiner ? Vous pouvez faire progresser celles et ceux qui n’y connaissent pas grand chose.Cherchez un peu et vous trouverez comment tirer un revenu de ce que vous aimez faire...

6è résolution« la réussiTe esT la réa-lisaTion progressive d’un idéal valable.» Cela veut dire que, lorsque notre but va dans le sens du respect et de la dignité humaine, et que nous attei-gnons ce but, nous connaissons déjà la réussite. Cette réussite ne dépend pas d’une intelligence hors du commun, de nos études, de notre âge, de nos origi-nes sociales, de nos finances ou encore

du pouvoir. Réussir, ça ne veut pas forcément dire être « arrivé au som-met », connaître la gloire, la fortune et appartenir à une sorte d’élite. Pas for-cément à voir non plus avec les biens matériels : les voitures de luxe qui sont dans le garage, le yacht ou les résiden-ces de rêve.Peu de gens connaissent ou connaîtront ce genre de vie, qui ne rend pas obligatoirement heureux.Non, la réussite, LA VRAIE réussite, ne se mesure pas seulement aux signes extérieurs de richesse. Elle dépend uniquement de ce que nous bâtissons avec notre esprit et avec notre coeur. La vraie réussite s’appuie sur des bases solides qui s’appellent: l’équité, une vraie relation, le partage gagnant/gagnant. C’est-à-dire que si vous obtenez un avantage, l’autre aura éga-

lement un avantage. Si vous donnez, vous recevrez en retour. Voilà ce qui donne un sens à l’existence. En résumé, la définition de la réussite absolue, c’est donc de vouloir par-dessus tout : «at-teindre un idéal élevé, qui, s’il vous enrichit VOUS, soit aussi profi-table à tous et ne nuise à personne» Ensuite, c’est d’apprendre à partager son savoir et grandir encore. Pour y parvenir, nous devons continuel-lement semer, des graines d’espoir. Non seulement dans notre esprit, mais aussi dans celui des personnes avec qui nous sommes en contact.Réussir, c’est entrete-nir et cultiver chaque jour notre « jardin in-

térieur » pour que nos rêves puissent germer, grandir et s’épanouir...

7è résolutionFixez-vous des buTs réalisTes Trop de gens souhaitent atteindre le succès quasi instantanément.Malheureusement, cela ne se passe que très rarement ainsi. Ayez une analyse réaliste du temps qui vous sera nécessaire pour atteindre vos objectifs.Même si vous faites de votre mieux, votre plan d’action ne correspondra pas forcément exactement à ce qui se passera en réalité. Trop de gens abandonnent la course en ayant l’impression qu’elle est trop dure, alors qu’ils se sont simplement fixés des objectifs irréalistes.Donc, ne vous emballez pas trop, si-non, le moindre retard pourrait engen-drer de la frustration et se transformer en découragement...

8è résolutionmurissez bien vos décisions Lorsque quelque chose dans votre plan doit changer, à moins qu’il y ait vraiment urgence, ne prenez pas de décision trop rapide. Lorsque vous faites des changements,assurez-vous que vous prenez les meilleures décisions. Préparez vos changements avec la même attention ou plus encore que vous l’avez fait lors de votre première planification.Ensuite laissez passer au moins une nuit pour laisser travailler votre subconscient et enfin faites des choix réfléchis...

9è résolutionFaiTes gamberger voTre imaginaTionAlbert Einstein a parfaitement défini

cet outil fabuleux qu’est notre IMAGI-NATION. Il a dit ceci: « L’imagina-tion est plus puissante que la connais-sance. » Cela vous étonne peut être mais, il est prouvé scientifiquement ceci : notre cerveau ne sait pas faire la différence entre un évènement qui ar-rive réellement et...Un évènement que nous imaginons avec autant de préci-sion que s’il se passait vraiment. Voici d’ailleurs une étonnante expérience réalisée dans le domaine sportif. On a rassemblé deux groupes de basketteurs de même niveau. Pendant trois semaines, le premier groupe s’est entraîné réellement de façon intensive. Pendant ce même temps, l’autre groupe, s’est entrainé « dans sa tête », c’est à dire que les joueurs se voyaient, s’imaginaient en train de faire les mêmesexercices que le premier groupe. A la fin de l’expérience, les deux groupes avaient progressé exactement de la même manière. L’équipe qui avait joué « dans sa tête » a fait aussi bien que celle qui s’était entrainée sur le terrain. C’est l’une des nombreuses preuves qui ont été réunies, montrant que notre esprit ne fait pas la différence entre un acte réel et un acte imaginé avec une grande précision.Il peut en être de même pour vous et votre avenir. Lorsque vous aurez parfaitement compris ce principe et que vous l’appliquerez, votre vie pourra se transformer et vous pourrez atteindre plus facilement vos buts. Ceux qui réussissent bien, ceux qui atteignent leur but, ne se découragent pas. Même si ça ne marche pas du premier coup, ils se voient toujours réussir et obtenir le résultat souhaité. C’est encore un aspect de la LOI d’ATTRACTIONVisualisez clairement, les buts positifs que vous voulez atteindre, et vous les atteindrez.

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A l’instar de Tiger Woods, votre passe-temps favori

peut constituer une source d’enrichissement.

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10è résolutionla Technique de repro-grammaTion menTale de 7 joursElle a permis à des milliers de gens de transformer leur vie. Elle peut donc faire la même chose pour vous. En quoi consiste-t-elle ? C’est très simple :Pen-dant les 7 prochains jours, remplacez immédiatement vos pensées négatives par des pensées positives. Vous pourrez ainsi contrôler votre esprit, et l’habi-tuer à fonctionner en mode positif. En procédant ainsi, vous allez donc créer de nouveaux circuits neuronaux posi-tifs. Voici ce que vous allez faire :1°) Durant les 7 prochains jours, sur-

veillez toute pensée, parole, et senti-ments négatifs. 2°) Lorsque vous vous surprendrez à penser ou parler négativement, ce qui arrivera et c’est normal, réagissez très vite, en vous demandant comment réagir positivement. Par exemple, face à une difficulté dites :« Comment puis-je tirer parti de ce problème ? »Cette question vous amènera à chercher régulièrement des solutions positives.Et vous en trouverez...3°) Au cours des 7 prochains jours, concentrez-vous non pas sur vos problèmes mais uniquement sur les so-lutions possibles. Pour tout problème il y a toujours une solution. Ne vous découragez pas lorsque vous aurez une pensée ou une parole négative ! Si au début, vous n’y arrivez pas immédiate-ment, ça n’est pas grave. Laissez passer quelques minutes et puis surtout,

recommencez. Votre objectif est d’arriver à remplacer réguliè-rement au bout de 7 jours, vos pensées négatives, par des pensées positives .Au fil des jours cela de-viendra automatique, un véritable réflexe de votre esprit.Cette re-programmation men-tale, est un «remède» extrêmement efficace dont les résultats vont vous surprendre.

11È résolutionoFFrez une garanTie en orPour attirer et conser-ver vos clients, ils doi-vent savoir que vous offrez un bon service après vente. Pour que

vos clients aient confiance en vous et en vos services, ils doivent savoir que vous serez toujours là pour répondre à leurs attentes. Pour vous, c’est d’abord le meilleur moyen de les fidéliser et de vous faire une bonne réputation.Et il y a mieux encore :Fournir une « garantie en or » vous amènera à fournir le meilleur service possible afin que vos clients n’aient pas besoin de votre garantie. Vous cultiverez ainsi une qualité de service qui vous aidera à atteindre le plus haut niveau du succès.

12è résolutionsoyez à la poinTe de l’inFoIl est important de savoir anticiper les événements. Informez-vous des nou-veautés dans votre domaine d’activité.Informez-vous toujours sur les nou-velles tendances. Surtout sur celles qui pourraient exiger des adaptations ou des modification plus profondes, de votre plan d’action. Sans recherches sur les nouveautés, vous ne sauriez pas quand un changement de plan sera nécessaire afin d’adapter votre activité.Par exemple : Regardez le nombre d’imprimeurs qui ont fait faillite, depuis que chacun peut imprimer ce qu’il veut chez soi avec un ordinateur et une imprimante.Regardez le nombre de photographes qui ont dû cesser leurs activités, pour des raisons identiques. Alors, afin de vous éviter un chemin difficile ou de risquer un échec, informez-vous régu-lièrement sur les nouvelles tendances. Cela vous permettra d’éviter les pro-blèmes et au contraire, de profiter au mieux des tendances intéressantes.

13è résolutiondevenez spécialisTe de la résoluTion des pro-blèmes Face aux difficultés, réagissez le plus

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vite possible. Ne laissez pas le pro-blème s’aggraver. Sinon, le stress risque de vous envahir et d’influencer votre raisonnement dans un sens malheu-reusement négatif.Réfléchissez vite à plusieurs solutions. cela vous laissera le temps de choisir la meilleure. Il y a longtemps, quelqu’un a dit: « Cherchez et vous trouverez... »Cette maxime est toujours valable.Cherchez et vous trouverez des moyens de résoudre les diverses situa-tions difficiles que vous rencontrez.André Gide à dit :Il n’y a pas de problèmes, il n’y a que des SOLUTIONS ! Faites-en votre de-vise, ami lecteur. Ceci est valable dans la vie comme dans les affaires, quel que soit votre domaine d’activité.

14è résolutionapprenez à déléguer Lorsque votre activité prendra de l’ampleur, vous constaterez qu’il y a beaucoup plus de choses à faire dans votre journée que vous n’avez de temps disponible. Si tel est votre cas, envisagez la possibi-lité d’embaucher quelqu’un (même à temps partiel) ou de confier certaines taches répétitives a des personnes extérieures. Cela vous aidera à réduire votre charge de travail. Vous constaterez avec sou-lagement à quel point votre situation vous semblera moins lourde. Cela vous permettra surtout d’accorder le temps approprié à chaque chose afin de vous concentrer sur celles qui nécessitent toute votre attention.

15è résolutionchoisissez le bon emplacemenT Que vous vouliez acheter une maison ou ouvrir un commerce, ayez une chose en tête : l’emplacement. Dans la mesure du possible, acceptez de

payer un peu plus cher pour un bon emplacement.L’emplacement est primordial pour la valorisation et pour la revente plus facile d’une maison. Il l’est aussi dans le cas d’un commerce, ceci afin de vous offrir les meilleures chances de succès.Ne vous précipitez pas sur le pre-mier emplacement venu. Mieux vaut retarder un peu votre projet mais vous lancer après avoir réuni les meilleurs atouts...

16è résolution documenTez-vous eT apprenez Prenez des cours, apprenez ce qui vous a toujours intéressé. Par correspondan-ce ou grâce à Internet ou encore dans une université. Trouvez le moyen qui vous convient le mieux et allez-y, c’est le résultat qui compte. Vos compéten-ces seront reconnues et vous aug-menterez vos revenus.On recherchera vos conseils, votre avis et les autres reconnaîtront votre valeur à juste titre. Vous aurez une bonne image de vous même, vous vous sentirez bien dans votre vie.Ce sentiment de plénitude, d’accomplissement sera aussi ressenti par votre entourage qui vous enviera et vous admirera.

17è résolutionparlez de vos objecTiFs

à une personne de conFiance Parler du but que vous vous êtes fixé est une bonne façon de garder votre passion à l’esprit et d’entretenir votre enthousiasme.Cette attitude vous rappellera régulièrement vos responsa-bilités. Pensez-y : si vous parlez à cette personne digne de confiance, celle-ci vous soutiendra lors de vos progrès et sera heureuse de partager vos réussites. En parlant de votre but, vous créez un climat motivant et encourageant, vous soutenant chaque jour sur le chemin de la réussite.

18è résolutionappliquez la règle d’orLa Règle d’Or signifie :«Faites à autrui, ce que vous voudriez qu’on vous fasse, si la situation était renversée et que vous étiez à la place de l’autre personne».Ou encore :« Ne faites pas à autrui, ce que vous vou-driez pas qu’on vous fasse, si la situation était renversée et que vous étiez à la place de l’autre personne »Pourquoi cette attitude ? Y a-t-il une bonne raison d’avoir envers les autres cette attitude de prévenance, et de gentillesse...Selon Napoléon Hill, grand spécialiste de la réussite, la réponse est OUI et voici ses raisons...

Il existe une « Loi éternelle » qui veut que nous récoltons toujours ce que nous avons semé.Si vous choisissez d’appliquer cette « Loi Eternelle » dans tou-tes vos relations et vos transac-tions avec les autres, vous vous montrerez honnête et juste.Vous êtes libre d’appliquer cette Loi.Mais sachez qu’en faisant ce choix, ou bien en refusant de le

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Ne soyez pas vieux jeu, restez à la pointe de l’info

et des technologies.

L’emplacement fait le placement. Si vous êtes par exemple à Libreville,

pensez à installer votre affaire dans le centre ville plutôt que dans les matitis.

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faire, vous mettez en mouvement une puissante force, soit bénéfique, soit plutôt nuisible, selon votre choix.Cette puissance suivra son cours pour le bonheur ou pour le malheur de la vie des autres, et vous reviendra finalement pour vous aider ou vous nuire selon le choix que vous aurez fait.Car selon cette « Loi » : « Quoiqu’un homme sème, il le récoltera aussi. »C’est ce qui arrive aux gens qui négli-gent totalement la LOI sur laquelle est basée la philosophie de la Règle d’Or. Ils deviennent les esclaves de leur désir de richesse, ils sont trop occupés à jouir de la vie et trop égoïstes pour aider les autres à en jouir.Ils marchent, parlent et respirent, mais ils ne sont que de pauvres automates humains.Il y aura sans doute des personnes pour envier leur situation, en croyant faussement qu’ils ont réussi.C’est une grave erreur.Car la Règle d’Or devrait être la base de toute conduite humaine. C’est pour cela que nous ne devons jamais faire à un autre ce que nous ne voudrions pas qu’il nous fasse si nos situations étaient inversées.Pour y parvenir, nous devons vaincre des tendances communes à beaucoup d’êtres humains : la haine, l’envie, l’égoïsme, la jalousie, la méchanceté, le pessimisme, le doute et la peur.Car, ce sont les semences empoison-nées qui sont à l’origine de la plupart des problèmes de notre monde.Soyons convaincus que le vrai bon-

heur ne vient qu’en aidant les autres à découvrir et à appliquer cette Règle d’Or. Soyons également convaincus qu’aucun acte de bonté ne reste sans récompense.Et faisons de notre mieux pour aider les autres à chaque fois que l’occasion se présentera.Alors, pour avoir une vie épanouis-sante et des relations harmonieuses avec les autres,ne leur faites jamais ce que vous ne voudriez pas qu’ils vous fassent.Appliquez dans vos relations humaines la Règle d’Or que préconisent non seulement Napoléon Hill, mais bien d’autres grands hommes...

19è résolutionvibrez pour vos projeTs Vous rappelez-vous de la première fois où vous avez assisté à un match, à une compétition de votre sport favori ?Vous souvenez-vous de l’ambiance, des cris et des applaudissements des spec-tateurs qui acclamaient leurs idoles ? Et votre première « boum » ? Ou même la fête du lycée ou de la fac.Combien de temps à l’avance y avez-vous pensé ? Quelle tenue choisir ?Avec quelles chaussures ?

Quel merveilleux casse-tête ! Il fallait attirer l’attention sans pour autant en avoir l’air et aussi paraître décontracté au moment d’aller danser. Eh bien cette excitation, essayez de la ressentir de la même façon pour les projets qui vous tiennent à coeur. Pour vous aider, souvenez-vous de situations que vous avez vécues. Sou-venez-vous de votre coeur qui battait la chamade, qui vibrait à l’idée de vos projets. Cette excitation vivez-la, ressentez-la de nouveau.Lorsque vous pensez à ce que vous allez faire pour atteindre la réussite et le succès que vous vous êtes fixés, retrouvez un peu de cet état d’esprit.Cela vous aidera à réussir.

20è résolution le senTimenT d’inFério-riTé Vous arrive-t-il d’éprouver parfois un sentiment d’infériorité ?Alors tant mieux, car c’est peut-être et même sûrement votre plus grande chance de réussir ! Pourquoi ? Eh bien, si vous avez un petit pincement au coeur en côtoyant des gens qui ont mieux réussi que vous, si la réussite de votre soeur, frère, beau-frère, copain d’école, etc. cha-touille votre orgueil, dites-vous que ce sentiment est sans doute le germe de votre future réussite.Ce n’est pas forcément de la jalousie et cela prouve au contraire que vous sentez au fond de vous, que vous as-pirez à autre chose de bien plus grand et surtout, que vous en êtes capable. Votre insatisfaction vous chatouille là où ça fait mal et cette insatisfaction peut et doit être motivante.Elle peut et doit vous permettre de faire voler en éclats ce qui ne vous convient pas dans votre situation actuelle... Elle peut vous aider vous aussi, à réussir et à obtenir ce que vous voulez de la vie.

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INDICATEURS

Chine-AfriqueUn mariage d’intérêts

Le développement africain s’est découvert un nouveau soupirant. Après des noces tumultueuses, sur fond de

disputes conjugales, avec l’Europe, c’est désormais le mastodonte chinois qui a des yeux de Chimène pour le

continent noir. Les cadeaux de mariage de l’empire du Milieu aux pays africains sont déjà à l’origine de nom-

breuses controverses. Radiographie d’un dispositif de séduction déguisé en coopération désintéressée.

Les rapports sont com-plexes et brumeux à souhait», reconnaît Anselme Dos San-tos, consultant au

Groupe africain de recherche pour le développement(GARD). Le diagnostic est à la fois symbolique de la perplexité des observateurs et de leurs projections alarmistes. Quant aux spécialistes du Fonds monétaire international, ils s’en arrachent souvent les cheveux. Les ra-mifications des relations entre la Chine et les pays africains défient les lois de la discipline financière internationale. Dé-ferlement de financements, réalisation en temps record de projets immobiliers de grande envergure, investissement à pro-fusion et signature de contrats divers, la Chine est en passe (si ce n’est déjà fait) de remporter les suffrages de sa dulcinée, du moment où 10% de ses investissements directs à l’étranger se font désormais en Afrique avec une régularité jamais prise en défaut ces cinq dernières années. La moitié de son aide au développement est également dévolue aux pays africains. Et

pour qui douterait encore de l’en-trisme galopant du géant chinois sur le continent noir, il suffit de s’intéres-ser à l’impression-nante comptabilité des milliards de dollars en devises qu’il y a déversées en 2008.

Argument de séductionL’argumentaire en amont de ce plan de séduction est un modèle d’opportu-nisme : alternative crédible aux rapports avec l’Occident, déboires avec les orga-nisations comme le FMI et la Banque mondiale et pesanteurs de la dette, il n’en fallait pas plus pour susciter l’inté-rêt d’économies africaines généralement sous perfusions. «La situation désastreuse

des économies africaines a été le facteur dé-cisif de ce rapprochement entre les Chinois et l’Afrique», confirme Gilles Labarthes, auteur de l’or africain, un ouvrage sur les réseaux (chinois entre autres) d’exploita-tion de cette ressource sur le continent. Levée de boucliers des pays européens jusqu’alors régisseurs exclusifs des échan-ges extérieurs avec l’Afrique, ultimatum

des institutions internationales et cris d’orfraie d’organisations de droits de l’homme. Rien n’y fait, la Chine revendi-que son rôle de sérieux outsider en matiè-re de partenariat pour le développement en Afrique.

Inconditionnalité de l’aide et corruption

L’inconditionnalité de l’aide chinoise est au cœur du déploiement de charme : absence totale de prérequis en matière politique et neutralité en ce qui concerne l’usage des fonds en sont les principales caractéristiques, comme c’est le cas au Soudan. Le tableau en surface des rela-tions sino-africaines cache des réalités moins reluisantes. La générosité de fa-çade est aussi le masque de vives tensions entre les nouveaux conquérants et les po-pulations des pays en question. Les chefs d’accusation s’accumulent dès l’ouver-ture de cette boîte de Pandore : exploi-tation de la main d’œuvre locale, prime à la corruption et au contournement des législations nationales, fermetures inopi-nées d’usines sur fond de concurrence déloyale sans compter le développement sur place d’une mafia chinoise avec la complicité de certaines autorités locales. Ces griefs expliquent les échauffourées entre expatriés chinois et autochtones pour lesquels les sommes astronomiques citées au terme des contrats ne sont qu’un lointain mirage.«Il faut espérer le réveil de la société civile africaine et l’opposition des élites pour dé-monter cette supercherie», assure Anselme Dos Santos en revenant sur l’exemple du «deal» soudano-chinois, synonyme sur-tout de vente d’armes au régime de Khar-toum en contrepartie de pétrole. Quant à la sacro-sainte neutralité des nouveaux partenaires de l’Afrique, elle ne résiste pas bien longtemps aux faits : dès que leurs intérêts sont en jeu, les Chinois savent réviser leurs principes : en 2006, l’empire du Milieu avait menacé de rompre ses liens économiques avec la Zambie si Mi-chael Sata, un opposant, remportait les élections présidentielles. Motif invoqué, l’opposant avait fait campagne sur des thèmes anti-Chine. Il a perdu les élec-tions et les Chinois sont restés.

essénaM EKOn

INDICATEURS

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Par ses fréquentes déplacements en Afrique, le Premier ministre chinois Wen Jiabao y représente le principal porte-étendard de l’influence chinoise.

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INDICATEURS

L’émergence économique de nouveaux acteurs de la mondialisation (Chine, Inde …), les tensions géopoli-tiques, les facteurs naturels, l’actuelle crise financière et la spéculation, induisent des déséquilibres abyssaux

sur les marchés des matières premières. Ces nouveaux pays émergents, pour s’assurer des approvisionnements en ma-tières premières dont leurs industries ont besoin, mettent en place des partenariats sud -sud. C’est dans cette optique que s’inscrit le «nouveau partenariat stratégique sino-africain» qui se veut «gagnant-gagnant» selon le discours officiel des autorités chinoises. Et dont le forum sino-africain organisé tout les quatre ans constitue un outil privilégié.Si, concrètement cette nouvelle donne favorise la diversi-fication des partenaires économiques de l’Afrique et donc une mise en concurrence de ceux-ci, elle pourrait constituer une opportunité pour sortir le continent d’une économie en grande partie rentière. Mieux, d’une économie essentielle-ment tributaire des exportations de matières premières sans valeur ajoutée manufacturière.Cette problématique étant quasiment la même pour l’en-semble des pays africains, nous proposons quelques pistes de réflexion pour une relation économique sino-africaine «gagnant-gagnant».

Privilégier les transferts de technologies chinoises L’État ivoirien, pour favoriser le transfert du savoir faire des entreprises chinoises peut créer une chambre de commerce et d’industrie sino-africaine. Cette structure sera chargée de favoriser des joint-ventures entre entreprises africaines et chinoises dans tous les secteurs de l’économie africaine.Les contrats de ces co-entreprises de production et de com-mercialisation devront nécessairement être passés avec une ingénierie juridique, fiscale et financière ayant pour but de faciliter le transfert des technologies chinoises en Afrique.A titre d’exemple, les clauses de gestion du personnel des joint-ventures sino-ivoiriennes doivent absolument revenir à la partie africaine pour veiller à l’équilibre de la masse salariale. Que se soit en Chine ou en Afrique, le nombre de salariés de ses structures devra être composé en proportion égale de Chinois et d’Ivoiriens. Cette tactique permettra de résoudre le problème des entreprises chinoises qui s’implan-tent en Afrique avec un personnel à 80% chinois.

Mettre en Place une stratégie d’intelligence éconoMiquePour s’inspirer du modèle économique chinois, les États afri-

cains doivent, en plus de la création d’une chambre de com-merce et d’industrie sino-africaine, recruter de jeunes afri-cains spécialistes du commerce international pour leur stratégie d’intelligence économique en Chine.Ces équipes d’experts devront sillonner la Chine à la recher-che de technologies diverses et variées applicables dans des secteurs économiques africaines. Elles auront donc pour tâ-che de recueillir des informations à caractère économiques, élaborer des études de marchés pour un secteur économique précis et détecter des opportunités d’affaires pour les agents économiques africains. Ces conseillers du commerce extérieur africains doivent im-pérativement avoir une culture du résultat dans les différen-tes missions qui leurs seront confiées. Ils devront avoir des objectifs clairs et précis pour chaque mission. Et le contrôle de ceux-ci devront être systématique en fin de mission. Les conseillers qui auront atteint tous leurs objectifs seront ré-compensés en fin d’année, alors que ceux qui ne les auront pas atteints seront remerciés.

créer des zones d’activités industrielles intégréesDans ces zones d’activités industrielles intégrées sino-africai-nes spécifiques à une matière première ou un secteur d’ac-tivité, les échanges universitaires seront de mises, pour leur centre de formation et de recherche et développement. Par exemple, la ville de Korhogo en Côte d’ivoire pourrait accueillir la zone d’activités industrielles intégrées sino-ivoi-riennes pour le textile. Ces pôles de compétitivités écono-miques auront pour stratégie, l’industrialisation de la Côte d’Ivoire par la promotion des exportations. En effet, en lieu et place du coton exporté, ces industries devront transformer localement le coton en tissus ou en vêtements destinés à la vente locale et à l’exportation. Cette remontée de la chaîne de valeur de cette matière première va permettre de capter une part des bénéfices du commerce des biens manufactu-rés, et créer des emplois en Côte d’Ivoire. Cette nouvelle politique de modernisation économique que nous proposons, ne sera réalisable qu’avec des États afri-cains forts, organisés et régulateurs des activités économi-ques comme le fait si bien l’Empire du milieu.

Donald Dailly

Expert consultant en commerce international

Paris 20 ème

Pour une relation économique sino-africaine «gagnant-gagnant»

TOGODes travailleurs en quête de protection

Peu d’entreprises togolaises déclarent leurs agents. Pour les amener

à mieux respecter les droits de leurs employés, la Caisse nationale de

sécurité sociale achève une vaste campagne de contrôle des sociétés.

Mais il en faudrait plus pour assurer et rassurer tous les travailleurs…

Opinion

Employeurs, la caisse vient chez vous! Vous êtes conviés à réserver un bon accueil aux agents contrô-

leurs…» Diffusé plusieurs fois par jour par les chaînes de télévision, publique et privées, et repris en partie par Togo-Pres-se, le quotidien national, ce communiqué de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) rappelle à tous les patrons d’en-treprises, privées comme parapubliques, leurs obligations sociales à l’égard de leurs salariés. Des centaines de contrôleurs et d’inspecteurs du travail, déployés sur le terrain visiteront aussi bien les grosses so-ciétés que les petites et moyennes entre-prises afin d’identifier celles qui n’ont pas déclaré leurs travailleurs à la CNSS et leur expliquer la nécessité de le faire. La CNSS ne dispose, toutefois, d’aucun moyen de coercition pour les y contraindre. C’est la première fois qu’une action d’une telle envergure est menée au Togo où le sa-laire minimum interprofessionnel garanti, fixé à 13 750 Fcfa (21 €), est l’un des plus bas de la zone CFA. L’opération se déroule au moment où l’État togolais, conforté par la reprise, fin 2007, de sa coopération éco-nomique avec l’Union européenne (UE) après 14 ans de suspension pour déficit dé-mocratique, cherche à mieux respecter les droits de l’homme.

Moins d’une entreprise sur trois immatriculée

Légalement, selon l’article 3 du Code togo-lais de sécurité sociale, «les travailleurs en fonction chez un ou plusieurs employeurs

doivent être tous affiliés à la CNSS et être soumis au régime de protection sociale». L’employeur doit verser chaque mois à la caisse 16,5 % du salaire brut de l’employé qui, lui, contribue à hauteur de 4 % de sa ré-munération mensuelle. En retour, le salarié bénéficie de prestations familiales (alloca-tions prénatales, aide à la mère et au nour-risson...), de la prise en charge des risques professionnels, des pensions vieillesse, in-validité et décès. La réalité est tout autre. Selon une étude réalisée en 2006 par la Di-rection générale du travail, seules 25 à 30 % des entreprises privées et parapubliques sont immatriculées. Et il existe encore un fossé entre l’immatriculation de l’entre-prise, la déclaration des agents et le paie-ment régulier des cotisations. Moctar Sow, le secrétaire général du Conseil national du patronat, qui compte plus de 300 en-treprises, reconnaît ainsi que si toutes sont immatriculées, il y en a certainement qui n’ont pas déclaré leurs employés. «Dans les sociétés de la zone franche, nous sommes nombreux à travailler sans sécurité sociale, révèle sous anonymat un délégué du per-sonnel. Certains parmi nous décèdent faute d’argent pour se soigner après un accident du travail.» Tout aussi dramatique est le sort de l’immense majorité des travailleurs du secteur informel.

Une caisse à contrôlerLe non-respect par les employeurs de leurs obligations sociales s’est développé au dé-but des années 90, lors des graves crises politiques qu’a connues le Togo jusqu’en

2005. «L’État a perdu de son autorité et les sociétés en ont profité pour frauder, analyse Nadim Kali, économiste et chef d’entreprise. En outre, après la suspension de la coopération économique avec l’UE, la situation du pays s’est dégradée.» Par igno-rance ou pour limiter leurs charges, nombre de sociétés privées existantes font travailler leurs salariés au noir. D’autres ne font plus confiance à la CNSS après la révélation en 2002, par la Commission nationale de lutte contre la corruption et le sabotage écono-mique, de malversations portant sur plu-sieurs centaines de millions de francs cfa, une affaire restée sans suites. «Avant de lan-cer l’opération, on aurait dû auditer la CNSS !», regrette Vissikou Sénouvo, chargé de la protection sociale au sein de l’Union natio-nale des syndicats indépendants du Togo (Unsit). Si la CNSS est convaincue que l’opération lui permettra de se renflouer, beaucoup de travailleurs se demandent si de simples contrôles, sans sanctions, pourront amener les employeurs à se conformer à la loi. Du reste, relève Vissikou Sénouvo, «on a beau avoir une Caisse bien remplie, tant que la ges-tion n’est pas rigoureuse, la sécurité sociale des travailleurs ne s’améliorera pas !»

etonaM AKAKPO-AHIAnyO

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crise financiEre Le marché obligataire

ouest-africain à l’épreuveLes marchés financiers internationaux traversent depuis quelque temps une zone de turbulence sans pré-

cédent, marquée par un plongeon des marchés boursiers, de vives tensions sur l’obligataire et une défiance

sans commune mesure des investisseurs. Les marchés financiers d’Afrique de l’Ouest sont pour l’instant à

l’abri de cette tension, et il serait intéressant de passer en revue la situation actuelle du marché obligataire

de l’UEMOA.

Actuellement, les quinze États mem-bres de la CEDEAO comptent trois principaux marchés obligataires : la Bourse régionale des valeurs mobi-

lières (BRVM) regroupant huit pays de la sous-région, la Bourse de Lagos au Nigeria, et enfin la Bourse d’Accra au Ghana. Des trois institutions, la BRVM est de loin la plus active sur ce segment de marché. Mais toute proportion gardée, le mar-ché obligataire ouest-africain est encore loin du dynamisme des marchés d’Afrique du Sud et de ceux des pays du Maghreb. En effet, le marché obligataire sud-africain dispose d’une position plus qu’honorable dans la classification des pays émergents, avec une capitalisation en 2007 de l’ordre de 2,43 milliards de dollars et un record de titres échangés à 1,92 milliard de dollars, sur

la base de la cotation de 967 titres de créances et de plus d’une centaine d’obli-gations d’État. En Afrique de l’Ouest, les chiffres sont beaucoup plus modestes. Malgré une expérience éprouvée en matière d’émissions obli-gataires, la capitalisation des titres de créances et d’obligations émis par la BRVM représente environ 1,3 milliard de dollars au 30 juin 2008 (soit environ 621 milliards de F CFA) sur des maturités relative-ment faibles (en moyenne 5,16 ans). En 2007, la

Bourse d’Accra a émis sur son marché primaire des obligations de maturité 2, 3 et 5 ans pour un nominal d’environ 1 milliard de cédis ghanéens. (soit environ 840 millions de dollars).

OblIgAtIOnS d’ÉtAt En Afrique de l’Ouest, le marché obligataire de la zone connait une intéressante évolution, alors que le marché secondaire d’échanges des valeurs mobilières reste encore trop peu animé, même au niveau de la BRVM où il s’est échangé envi-ron 19,7 milliards de F CFA (incluant le rachat partiel des obligations du Port autonome de Dakar au second trimestre 2008). Plusieurs ac-tions ont été menées ces dernières années afin de

promouvoir et de dynamiser les marchés de la sous-région, sensibiliser les acteurs économiques aux emprunts obligataires et à l’alternative qu’ils constituent en matière de financement pour les entreprises du secteur privé. En termes de répartition, les émissions obligatai-res sont très largement dominées par celles des États. Au niveau de la zone franc, la Côte-d’Ivoire et le Sénégal sont les plus actifs avec un montant nominal de 322 milliards de F CFA au 30 juin 2008, représentant environ 49,7% de l’encours coté. Si on rajoute les obligations supranationales (agences et banques de développement) et cel-les des entreprises parapubliques comme le Port autonome de Dakar ou la Communauté électri-que du Bénin, on retrouve donc peu d’obliga-tions « corporate » au niveau du marché coté de la BRVM. En guise d’exemples d’émissions récentes, on notera les efforts soutenus de dynamisation du marché obligataire par la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) et par la Banque d’investissement et de développement de la CE-DEAO. Concernant les emprunts supranatio-naux, il s’agit en particulier des emprunts obli-gataires de la Société financière internationale (Banque mondiale) en 2006 pour 44,6 millions de dollars, et de ceux de l’Agence française de dé-veloppement (AFD) en mai 2008 pour 20 mil-liards de F CFA. Au niveau « corporate *», on notera la cotation prochaine des obligations du groupe TOGO TELCOM (TT 6,50% 2014), qui a eu lieu le 13 novembre 2008 pour une valeur faciale de 20 milliards de F CFA.

PlACementS PRIvÉS AUPRèS deS entRePRISeS

Une récente analyse de la Banque mondiale met en exergue une prédominance des émissions d’obligations d’État et supranationaux, du fait des taux d’intérêt élevés servis, rendant l’accès au marché obligataire difficile pour les entreprises du secteur privé. A contrario, à l’opposé du mar-ché coté, la bourse régionale a connu ces derniè-res années un certain succès en ce qui concerne les placements privés auprès des entreprises. L’attrait du marché obligataire en Afrique de l’Ouest se heurte à de nombreuses difficultés, notamment celles liées à la valorisation (absence d’une courbe des taux) et aux calculs du risque

Au niveau de la zone franc, la Côte-d’Ivoire et le Sénégal sont les

plus actifs avec un montant nominal de

322 milliards de F CFA au 30 juin 2008, repré-sentant environ 49,7%

de l’encours coté.

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Accra, la capitale ghanéenne, abrite l’une des bourses les plus actives de l’Afrique de l’ouest.

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des obligations (via le calcul de la du-ration). Par ailleurs, bien que quelques émissions d’État bénéficient d’une no-tation par des agences comme Fitch Rating, il est nécessaire de la générali-ser. De plus, très peu de «corporate» parmi les obligations cotées à la BRVM font l’objet d’un tel exercice. Or, le ris-que inhérent à une obligation est défini à travers une notation qui peut juger de sa capacité à faire défaut. Donc, la notation ainsi que la qualité du cré-dit ne peuvent que favoriser un déve-loppement des activités d’un marché obligataire car les risques sont mieux évalués. A ce titre, le Conseil régional pour l’épargne publique et les mar-chés financiers (CREMF) a organisé en février 2008 un séminaire portant sur la nécessité de l’introduction de la notation dans le marché sous-régional. Néanmoins, l’introduction de la seule notation ne suffira pas à améliorer le dynamisme du marché obligataire de la zone Afrique de l’Ouest, et il faudra nécessairement ajuster d’autres as-pects, comme le système des garanties à la BRVM, ainsi que la réglementation relative à l’épargne et aux marchés fi-nanciers.

Une liqUidité faible Au final, le marché obligataire d’Afri-

que de l’Ouest est caractérisé par l’ato-nie constante de son marché secondai-re due à une liquidité faible à l’instar de celui des actions ; une forte tendance à la stratégie de « buy & hold»* ; une concentration récurrente des émissions sur la dette publique ; et enfin l’absence de notations pour la majeure partie des émissions obligataires. Donc, une dy-namisation de ce segment de marché passerait forcément par des actions appropriées alliant à la fois stratégie, organisation et réglementation et per-mettant de pallier ces insuffisances pro-

pres aux marchés financiers des pays en développement. Mais le potentiel est bien là, il s’agira d’optimiser le déve-loppement de ces marchés, avec pour objectif ultime d’en faire une alterna-tive sérieuse aux marchés obligataires internationaux aujourd’hui en pleine déliquescence.

MaMady laMine TRAORé

* Une obligation peut être émise par :• un État dans sa propre devise - on parle alors d’emprunt d’État ; • un État dans une autre devise que la sienne - on parle alors d’obliga-tion souveraine ; • une entreprise du secteur public, un organisme public, une collectivi-té locale - on parle alors d’obligation du secteur public ; • une entreprise privée, une as-sociation, ou tout autre personne morale, dont les Fonds communs de créances, et on parle alors d’obligation corporate.

*Le «Buy and hold» est une stra-tégie par laquelle les investisseurs sélectionnent des titres pour les conserver à long terme sans se soucier des fluctuations à court terme et des mauvais trimestres qui perturbent les marchés.

MALIDes sociétés minières au banc des accusés

Au Mali, d’anciens salariés et une association locale ont entamé des

poursuites judiciaires contre de grandes compagnies minières, accu-

sées de mener des activités dangereuses pour l’environnement et la

santé. En cause aussi, la redistribution des revenus de l’or à la population.

Les sociétés réfutent en bloc et parlent d’acharnement.

Au sud-ouest du Mali, dans la région de Kayes, la quête de l’or est présente dans bien des esprits. Au milieu de forêts, des

villageois s’attellent à l’orpaillage, près de flaques d‘eau jaunâtres. Loin de ces chan-tiers archaïques, des véhicules modernes empruntent les routes sinueuses en latérite qui conduisent à la mine de Loulo. Le vil-lage dont la mine a pris le nom vit à son pro-pre rythme, mais compte désormais aussi sur sa voisine, ouverte depuis 2005 et située à environ 3 km. «Je ne sais pas si la mine empoisonne. Je n’ai jamais entendu quelqu’un dire qu’un homme ou un animal était mort à cause du cyanure utilisé là-bas», explique sèchement Sam-baly Kéïta, dont le fils, comme beaucoup d’autres jeunes du village, est ouvrier à la mine. «Il n’y a eu aucun cas d’infection liée au cyanure parmi les patients que nous avons reçus», confirme le Dr Haladou Ma-nirou, responsable de la clinique construite par la multinationale Randgold Resources qui exploite cet endroit.

«accusations mensongères»Des déclarations qui tranchent avec celles d’anciens salariés et de différentes associa-tions. Trois cent onze travailleurs de la mine d’or de Morila (région de Sikasso, au sud du Mali), licenciés par la Somadex (Société malienne d’exploitation, filiale du groupe français Bouygues) à la suite d’un conflit social en 2005, ont intenté une action en justice contre leur ancien employeur. Ils se plaignent, entre autres, des conséquences de leur ancienne activité sur leur santé, dé-noncent les effets néfastes du cyanure sur l’environnement et critiquent la redistribu-tion des revenus de l’or au Mali. Fin juillet,

le procès a été renvoyé au 29 septembre prochain.Une plainte a par ailleurs été déposée en mai dernier contre les grandes sociétés mi-nières du pays par Action pour l’environne-ment et la santé (APES), une association locale, qui réclame 150 milliards de Fcfa (près de 230 millions d’€) en guise de ré-parations pour les présumés dégâts causés par lesdites sociétés. Dégâts décrits notam-ment par Guamina (Soutien du foyer, en bambara), qui a mené en 2007 une étude sur l’impact de l’activité minière de la mine d’or de Sadiola (région de Kayes). «L’usage du cyanure contamine la nappe phréatique et compromet la fertilité des sols pour au moins sept générations», assure Souleymane Dem-bélé, membre de cette ONG locale.«Les sociétés minières sont prêtes à répondre à ces accusations mensongères. Nous travaillons depuis des décennies sous le contrôle de l’État, qui a des compétences avérées en matière d’ex-pertise dans le domaine de l’environnement. Nous n’allons pas les laisser nous extorquer de l’argent», réplique le directeur général de Randgold Resources Mali, Mamadou Sa-maké. La procédure suit, là aussi, son cours. En attendant, les agents de l’État chargés de la protection de l’environnement se dé-placent chaque trimestre sur les sites pour contrôler la qualité des eaux. «Jusqu’à pré-sent, nous n’avons pas découvert d’anoma-lies : les eaux sont conformes aux normes de l’OMS», affirme Mme Sacko Aïssatou Koïta, technicienne en chimie au Labora-toire national de la qualité des eaux.

«Maladies pulmonaires, fausses couches»

Sur les retombées de l’or, les esprits s’échauf-fent vite, car l’enjeu est de taille pour le

pays. «Depuis 1990 (date de la libéralisation du secteur, Ndlr), l’extraction d’or est devenue la deuxième source de revenus d’exportation après le coton. Cette rapide croissance a suscité de nombreux espoirs de développement, es-poirs encore renforcés par le boom du cours de l’or sur les marchés mondiaux depuis quelques années», notait, en 2007, la Fédération in-ternationale des ligues des droits de l’hom-me (FIDH). Dans le rapport de sa mission internationale d’enquête, intitulé «Mali : l’exploitation minière et les droits humains. Troisième producteur d’or d’Afrique, le Mali ne récolte que des poussières», la FIDH cri-tiquait en particulier «la position schizoph-rène» de l’État : «L’Etat-percepteur a intérêt à maximiser les recettes fiscales donc les taxes imposées aux entreprises ; l’État actionnaire a intérêt à maximiser ses profits après impôts, donc à voir minorer la fiscalité.» Outre l’absence de retombées positives pour la population, la Fédération pointait les conséquences négatives de l’activité minière, exemples à l’appui : «Une enquête sanitaire a été entreprise par la Direction na-tionale de l’hygiène et de la santé sur la situa-tion environnementale et sanitaire dans les communautés affectées par la mine de Sadiola (…). La première étape a été réalisée au début 2005 et a révélé un nombre élevé de maladies pulmonaires et de fausses couches dans les vil-lages autour de la mine.» Les sociétés minières parlent d’«acharne-ment». «Cela a commencé par la publication de ce rapport», soutient Ibrahim Kantao, un responsable du Conseil national des opéra-teurs miniers (nationaux et internationaux, Ndlr) du Mali. Le débat ne fait sans doute que commencer.

souMaila T Diarra

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La Bourse régionale des valeurs mobilières à Abidjan.

Des traders à Lagos, capitale économique du Nigeria.

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SEnEGALcherté du riz,

cherté de la vieMalgré la baisse des cours mondiaux, le prix du riz importé, si cher aux Sénégalais, reste élevé. Les familles s’ajustent tant bien que mal à la crise alimentaire : moins de repas en commun, moins de monde autour de la table. Seules les céréales locales, abondantes cette année, restent accessibles à tous.

Deux sacs de riz de 50 kilos cha-que mois à 20 000 FCFA. Je ne peux plus le supporter. J’ai une

famille de plus d’une dizaine de personnes à nourrir…», rouspète Alioune Tall, ensei-gnant à la retraite, de Bène Tally, un quar-tier populeux de Dakar. Pour faire face à la crise, ce polygame avec deux épouses est aujourd’hui obligé de supprimer le dî-ner, un des trois repas quotidiens. Malgré la baisse des cours mondiaux du riz – la tonne de riz importé est passée de 580 de dollars en juillet 2008 à 380 dollars en novembre – les Sénégalais continuent à payer au prix fort leur cher riz : entre 450 et 500 Fcfa (0,7 €). D’une part, les cours du riz thaï, dont le Sénégal importe 800 000 t par an, sont restés fer-mes en raison d’un programme soutien de l’État thaïlandais à ses producteurs. D’autre part, selon un agent de la direc-tion du Commerce intérieur du Sénégal, les prix au détail ne commenceront à baisser que dans quelques mois quand les commerçants auront écoulé tous leurs stocks qu’ils avaient payés au prix fort il y a quelques mois.

«aux autres de se débrouiller» Les Sénégalais vont donc continuer à souffrir et à s’adapter tant bien que mal comme Alioune Tall. «J’assure maintenant le petit déjeuner et le déjeuner à la famille, précise-t-il. Pour le dîner, je propose à mes épouses d’acheter, pour les petits enfants, de la bouillie de mil chez la vendeuse du coin. Aux autres de se débrouiller». Cela évite de trop puiser dans le stock de riz mensuel.

Comme dans beaucoup de foyers, le dî-ner à l’occidentale avec salade marinée, viande à la sauce et baguettes de pain de blé, devenu lui aussi très cher, n’est plus à l’ordre du jour. La bouillie de céréales locales (mil, maïs, et sorgho) servie aux enfants coûte quatre fois moins cher que le dîner habituel. Moussa Niang, comp-table dans une société de gardiennage et papa de cinq enfants, a lui aussi réduit le nombre de repas quotidiens à deux, au lieu des trois habituels. En accord avec sa femme, il a décidé que seul le dîner serait désormais pris en famille. À midi, son épouse achète deux plats de riz pour elle et les enfants. Lui ne rentre plus et déjeune au restaurant. «On prépare le petit déjeuner et le déjeuner. Mais pour faire des économies, on garde une partie du repas du midi pour le dîner», confie Maguette Diop, pompiste dans une station d’essence à Saint-Louis (210 km au nord de Dakar). Dans le langage populaire moqueur des Sénégalais, man-ger les restes du repas précédent s’appelle faire un «aller et retour». Confrontés à l’augmentation de plus de 35 % de la plu-part des prix alimentaires, ce jeune marié et son épouse ont trouvé cette solution pour éviter que les deux tiers du salaire mensuel soient engloutis par la nourri-ture.

la solidarité familiale mise à malProfesseur à l’université de Dakar, Mous-tapha Tamba, sociologue, voit dans ces changements de consommation des Sé-négalais une stratégie de rationalisation

de l’alimentation journalière. Vu leurs faibles revenus, les chefs de famille ne peuvent plus prendre en charge la nourri-ture de toute la parenté : neveux, cousins, grands-parents, etc. «Face à la cherté des denrées alimentaires, la solidarité familiale mécanique ne joue plus», conclue le pro-fesseur. Mme Ndèye Ndiaye, une veuve, qui vend du poisson au marché Castor à Dakar, a ainsi décidé de laisser les adultes se débrouiller seuls et ne prend plus en charge que les repas de ses sept enfants. Pour le Prof. Tamba, «il faut que les Sé-négalais consomment désormais ce qui se cultive dans leur pays…» Les familles plus aisées s’accrochent à leurs habitudes alimentaires «ex-traverties» : riz asiatique et blé euro-péen. D’autres tordent le nez à l’idée de consommer local : «Les miens n’aiment pas le couscous et trouvent maigres les plats de bouillie», rapporte un ancien cadre de l’Office régional de l’aide alimentaire à Kaolack. «Mes enfants ne consomment pas le riz local, parce qu’ils ne le connaissent pas…», constate Abdoulaye Diop, res-ponsable administratif dans une société privée de négoce à Dakar.Pourtant, grâce à un hivernage pluvieux, les récoltes sont été bonnes cette année au Sénégal : 1 800 000 t, dont 488 000 t de riz local et 121 000 t de niébé, selon le directeur du cabinet du ministère de l’Agriculture. Les greniers sont remplis et les céréales locales, vendues en ce mo-ment un peu partout dans les marchés du pays entre 150 et 200 Fcfa le kilo, restent accessibles à tous. aBaBacar Guèye

INDICATEURS

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Etats-unis/AfriqueLEs prOMEssEs DEBArACk OBAMA

AUx AFriCAiNsBarack Obama s’est engagé à doubler d’ici à 2015 les 25 mil-

liards de dollars initialement affectés par l’Administration

Bush à la lutte contre le VIH/SIDA en Afrique. What else ?

INDICATEURSEN COUVERTURE

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Je peux assurer que nous ne couperons pas l’aide, nous allons l’augmenter. Mais, à

cause de la crise financière, peut-être pas autant et aussi vite que je le souhaitais en faisant mes plans l’an dernier », a en substance déclaré le nouveau prési-dent américain lors de son investiture le 20 janvier 2009 à Washington. Cer-tes, Obama part sur des bases solides : ces dernières années, son prédécesseur George W. Bush a été généreux avec le continent. En juillet 2008, il a porté l’aide américaine à 48 milliards de dol-lars, pour combattre le sida, la tuber-culose et le paludisme, principalement

en Afrique. Mieux, depuis 2000, les échanges du continent avec la premiè-re puissance économique mondiale se sont développés grâce à la loi sur la croissance et les possibilités écono-miques en Afrique (AGOA), qui per-met aux pays d’Afrique subsaharienne d’exporter sans droit de douane aux Etats-Unis. Les exportations africai-nes ont ainsi triplé, pour atteindre en 51,1 milliards de dollars en 2007; chiffre principalement représenté par le pétrole du Nigeria et de l’Angola. Pour éviter de prêter le flanc aux criti-ques, le nouveau président américain devrait jouer la carte de la continuité,

et ne pas se montrer trop généreux à l’égard des Africains. Car, ses origines africaines pourraient être exploitées contre lui par ses adversaires républi-cains, surtout les ultraconservateurs. Cependant, Barack Obama devra ras-surer les pays africains sur le nouveau commandement militaire américain pour l’Afrique (Africom) qui a pour ob-jectif d’apporter une assistance en ma-tière de sécurité. «Les Africains ne sont pas à l’aise pour traiter avec les militaires sur des sujets qui concernent leur dévelop-pement et leur souveraineté. Ils pensent que la mise en place d’Africom pourrait faire plus de mal que de bien», analyse

Wafula Okumu, de l’Institut sud-afri-cain des études sur la sécurité.

la défense de la démocratie

«Sachez que l’Amérique est la partenaire de tous les pays et de chaque homme, en-fant et femme qui recherche la paix et la dignité […]. Peuples des nations pauvres, sachez que nous nous engageons à vous aider pour que vos fermes prospèrent et que coulent des eaux pures, pour que les corps qui ont faim et les esprits affamés soient également nourris».Ces envolées lyriques traduisent l’autre facette de la politique américaine en

« Je peux assurer que nous ne couperons pas l’aide, nous allons l’augmenter. Mais, à cause de la

crise financière, peut-être pas autant et aussi vite que je le souhaitais en

faisant mes plans l’an dernier »

Afrique: la défense de la démocratie et la condamnation des régimes totalitai-res. « A ceux qui s’accrochent au pouvoir par la corruption, la tromperie et en écra-sant l’opposition, sache que vous êtes du mauvais côté de l’histoire. Mais que nous vous tendrons la main, pour peu que vous desserriez le poing ». Les premiers vi-sées sont les présidents Robert Mugabe et Omar el-Béchir.Pour l’heure, force est de constater que Barack Obama ne propose pas grande chose aux pays africains, sur le plan de la coopération. La question qui se pose à ce niveau est de savoir s’il pourra faire mieux que le démocrate

EN COUVERTURE

Bill Clinton qui a proposé par exem-ple l’ African Growth and Opportunity Act (AGOA), un outil d’échanges que George Bush renforcera. C’est en mai 2000, peu de temps avant son départ de la Maison Blanche, que le président Clinton a promulgué cette Loi dite de la Croissance et de l’opportunité africaine. Elle est destinée à aider les pro-ducteurs africains à profiter des oppor-tunités offertes par le marché américain en y exportant leurs produits. Critiqué par plusieurs pays et par de nombreuses organisations de développement sur les subventions accordées à ses producteurs, notamment cotonculteurs, l’Administra-

tion Clinton a adopté ce texte destiné à « favoriser le Commerce, plutôt que l’Aide », (Trade not Aid). Avec cette loi, les produits de 38 pays africains peuvent entrer sur le territoire amé-ricain sans taxes ni quotas. Il leur suf-fit simplement de remplir certaines conditions dans leur processus de production. Cette loi commerciale a été prolongée jusqu’en 2015 par l’ad-ministration Bush. En somme, ses prédécesseurs lui ont balisé le terrain. A Barack Obama de prouver qu’il peut faire mieux pour son continent d’origine.

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Barack Obama, alors sénateur de l’Illinois, en visite au Darfour.

Le président zimbabwéen Robert Mugabe et, ci-contre, son homologie soudanais Omar El Béchir, sont dans

le collimateur de l’Administration américaine.

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Absents de la conquête coloniale du continent afri-

cain et eux-mêmes ancienne colonie, les États-

Unis n’ont véritablement commencé à s’ouvrir

à l’Afrique au sud du Sahara et à la fréquenter

qu’à partir des années 1960, au moment des indépendances

africaines. Les premiers contacts des États-Unis avec l’Afrique

sont l’oeuvre de John Fitzgerald Kennedy, alors sénateur. Quand

ce dernier arriva aux affaires en 1960, au même moment, les

pays africains se libéraient du joug colonial. Kennedy estima

que son pays ne pouvait pas ignorer ces nouveaux membres

des Nations unies. Il nomma alors un ambassadeur dans cha-

que pays africain. Cette fenêtre ouverte sur l’Afrique se tradui-

ra également par la création du Corps de la paix dès 1961, des

jeunes volontaires américains envoyés dans les pays du Sud,

en vue «de promouvoir la paix et l’amitié à travers le monde»,

mais aussi « la compréhension entre le peuple américain et

les peuples du reste du monde ».

Pendant la guerre froide, l’Afrique sera le théâtre des rivalités Est-

Ouest. Les États-Unis manoeuvreront pour y contenir l’influence

communiste, non seulement soviétique mais aussi chinoise.

Pendant plus de deux décennies, le Congo belge, l’actuelle RDC,

était l’un des principaux points d’ancrage des États-Unis en Afri-

que. Lorsque la guerre froide se termine, les États-Unis se re-

trouvent dans une position hégémonique et voient désormais,

le continent africain sous un nouveau jour avec l’objectif d’en

faire l’une de leurs «nouvelles frontières» et d’y préserver leurs

intérêts, notamment face aux propensions chinoises et l’expan-

sion de mouvements terroristes. Le grand enjeu ? Le potentiel

stratégique que représentent les hydrocarbures africains pour

l’économie américaine. En 2004, les Etats-Unis importèrent de

l’Afrique 16% de leur consommation de pétrole. Ce pourcen-

tage est aujourd’hui de 20% et pourra monter à 35% dans dix

ans. Ainsi, de l’avènement des ambassades américaines en Afri-

que sous John F. Kennedy au dernier périple, en juillet 2008, du

président George W. Bush sur le continent, les États-Unis ont

toujours su fait prévaloir leurs intérêts en Afrique.

etats-Unis/afriqUe Une histoire d’intérêts

EN COUVERTURE

l’aide aUx ProdUcteUrs africains

Le Millenium challenge corporation (MCC), qui a mis en place le fonds du Millenium challenge Account (MCA), est créé en janvier 2004 sur décision du

Président George Bush, destiné à «réduire la pauvreté globale à travers la promotion d’une croissance économi-que». L’aide américaine à l’Afrique a atteint 3,2 milliards de dollars en 2004 et l’annonce a été faite de la porter à 8,7 milliards de dollars en 2010 en plus des 674 millions de dollars au titre des urgences humanitaires. Un fonds de 345 millions de dollars a été dégagé sur cinq ans afin d’aider les producteurs africains à se mettre aux «normes américaines durables». Pour être éligible à ce fonds, un pays doit se conformer à certains indicateurs, qui portent sur le niveau de libertés, la bonne gouvernance politique et économique, le niveau de corruption, les dépenses destinées aux secteurs sociaux : santé et éducation, entre autres.

Tout pays qui surmonte ces obstacles, et qui met en place un programme de développement ayant un impact sur son niveau de croissance écono-mique, est éligible et peut recevoir jusqu’à 160 millions de dollars pour le réaliser. Cette somme doit être dépensée dans les cinq ans, et produire des résultats très rapidement.Plusieurs pays africains ont pu bénéficier de ce financement, qui est quasiment sanséquivalent dans la structure de l’aide publique au développement (APD). En effet,contrairement à ce qu’on a l’habitude de voir dans le processus de décaissement de l’APD, le MCA est totalement décaissé en une seule fois, et le récipiendaire est tenu de le dépenser aussi rapi-dement que possible, afin que les populations en voient les retombées.

le millenium challenge Account (mCA)

De la victoire électorale à l’investiture du nouveau pré-sident américain, la classe politique française se retrouve aux prises avec la question de son propre rapport à la diver-sité. Affolement du baromètre de la mauvaise conscience chez les politiques.

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Page 22: MANAGERS-N°7

tion d’ouverture à la diversité : préjugés racistes, soupçon d’incompétence, ostracisme rampant et prétexte communautariste, les candidatures issues de la diversité ou de l’immigration sont un véri-table parcours du combattant si elles ne sont pas systématiquement découragées. Conséquence de cette mise sous éteignoir de la France multicolore, l’enfermement du discours dans les frontières du politiquement correct où toute allusion au problè-me est traitée comme un fait divers. « Dans notre pays, on vous renvoie sans cesse à votre communauté, à votre couleur ou vos origines », renchérit Yamina Benguigui qui expose de son côté, le caractère per-

nicieux d’une discrimination dans les sphères so-cio-politiques hexagonales. Le constat équivaut quasiment à une mise en ac-cusation et la présomption d’innocence ne joue pas en l’occurrence. «Un système politique qui va-lide l’exclusion de toute une partie de sa population est condamnée à faire son autocritique et à agir en conséquence », assure la députée parisienne. Mise à l’écart justifiée par le désir de captation d’un électorat nationaliste ? L’argument est aussitôt ré-futé par la majorité des intervenants : l’exemple des Etats-Unis est évoqué pour mettre en valeur l’émergence d’une classe politique perméable à la

EN COUVERTURE

A quoi peut bien penser Richard Descoings ce 20 janvier 2009 ? Le Directeur de Sciences Po, artisan convaincu de la « discrimination positive » à l’égard des bacheliers

issus des quartiers sensibles, prête ses locaux à l’or-ganisation d’un débat sur la diversité en Europe. Il n’y fait qu’une brève apparition, le temps de se rendre compte que le thème est toujours aussi mobilisateur. Embarras du maître des lieux ou lé-

ger vague à l’âme ? Au moment où Barack Obama est officiellement investi président des Etats-Unis d’Amérique, les étudiants de la prestigieuse école et quelques invités de marque, eux sont conviés à une réflexion sur les « trajectoires atypiques » de la diversité en Europe. Le plateau des invités est un must de casting : Rama Yade, Secrétaire d’Etat aux affaires étrangères et aux droits de l’homme, Yami-na Benguigui, adjointe au maire de Paris en charge des Droits de l’homme, George Pau-Langevin, dé-putée de la 21è circonscription de Paris sont de la partie. Et Ahmed El Ktibi, député au parlement de Bruxelles complète le tableau. Ici, le sacre du nouveau président américain inter-pelle et le zapping des images de l’investiture, pro-jeté derrière le plateau des intervenants a quelque chose de pesant. Exit donc la projection et place au débat sur «l’atypisme européen» en matière d’ouverture à la diversité. « Les américains ont énor-mément progressé alors que la France s’est endormie sur ses lauriers », estime Georges Pau Langevin en rappelant son propre chemin de croix pour impo-ser sa candidature au sein du PS lors des dernières législatives. La seule députée noire métropolitaine au parlement français égrène la liste des obstacles qui se dressent généralement dès qu’il est ques-

« Les américains ont énormément progressé alors que la France s’est

endormie sur ses lauriers »

«Un système politique qui valide l’exclusion de toute une partie de sa population est condam-

née à faire son autocritique et à agir en conséquence »

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George Pau Langevin, la seule députée noire de l’Assemblée nationale française.

Yamina Benguigui, écrivain, adjointe au maire de Paris, en charge des droits de l’homme et de la lutte contre les discriminations.

Patrick Lozes, pharmacien, président du Conseil représentatif

des associations noires de France.

Page 23: MANAGERS-N°7

45 ans, d’origine camerounaise, il occupait jusqu’à

sa nomination le poste de préfet délégué pour

l’égalité des chances dans les Bouches-du-Rhône.

Nommé par le président Sarkozy en novembre

2008, il est désormais le préfet des Alpes-de-Haute-Pro-

vence. L’ Obamania est passé par là. Docteur en sciences

de gestion, Pierre Ngahane était le vice président de l’uni-

versité catholique de Lille. Mais sa nomination, et celle de

quelques autres, ne saurait masquer les problèmes de la

représentativité des minorités dans les instances politiques

Pierre n’gahane, premier préfet noir en Francefrançaises. Les enfants d’immigrés nés en France aspirent

à plus de visibilité, mais les blocages demeurent toujours

vivaces. Le nouveau président compte au moins amorcer la

pompe. Il avait déjà nommé un préfet musulman en 2004

et promu des candidats issus des minorités au sein de

l’UMP (l’Union pour un mouvement populaire) et imposé

trois ministres de la diversité dans son gouvernement. Las.

Le CRAN (conseil représentatif des associations noires),

présidé par Patrick Lozès, réclame plus de candidats issus

des minorités sur les listes électorales en France.

EN COUVERTURE

diversité en dépit de l’existence de groupes extré-mistes comme le Klu Klux klan. L’auditoire n’en mène pas large et les questions aux intervenants prennent plutôt le ton du partage de frustrations. Adhésion au discours des personnalités présentes ou angoisses d’étudiants au contact d’un univers à milles lieues de leurs préoccupations actuelles? Même Rama Yade n’arrive pas à doper l’enthou-siasme du public. Entre profession de foi pour les valeurs défendues par l’UMP, son parti, et récits autobiographiques, la Secrétaire d’Etat se refuse à être un quelconque symbole. «Je revendique le droit à l’indifférence et à être jugée sur ce que je fais, non pas sur ce que j’ai l’air d’être », affirme celle qui fut un temps présentée par Nicolas Sarkozy lui-même comme la « Condoleeza Rice française ».En dépit des dénégations outrées de divers états-majors, l’univers des responsabilités politiques demeure une sorte de « terra incognita » pour les personnes issues de l’immigration. Dans les limi-tes des frontières hexagonales, l’exhibition de cer-tains cas isolés suffit à éteindre les incendies et les alibis se multiplient : Azouz Begag « l’Arabe qui cache la forêt » et Koffi Yamgnane ont de nouveaux successeurs dans le microcosme français. Jusqu’à la prochaine explosion ou à une autre leçon venue d’ailleurs…

franck essénaM Ekon

«Je revendique le droit à l’indifférence et à être jugée sur ce que je fais, non pas

sur ce que j’ai l’air d’être.»

L’AFRIQUE QUI GAGNE

BEnInMiCrO-FiNANCEréduire la pauvreté

grâce aux micro-crédits

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Page 24: MANAGERS-N°7

Le programme de micro-crédits mis en place par l’Etat béninois, financé sur fonds propres et destiné aux plus pauvres, commence à produire les résultats escomptés. Une initiative accueillie avec grand enthousiasme par les bénéficiaires qui en vantent les mérites.

INDICATEURSL’AFRIQUE QUI GAGNEBEnInMiCrO-FiNANCE

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Iyabo Agossou symbolise la réussite par les micro crédits. Elle gère aujourd’hui trois restaurants à Cotonou.

Clémentine Boko ne se fait plus trop de souci. Depuis avril dernier, cette vendeuse de moyo (pâte de maïs

fermenté servi avec du poisson frit et une sauce de tomates crues) à Cotonou, au Bé-nin, parvient sans grande difficulté à satis-faire ses clients. «Grâce aux micro-crédits que nous donne l’État, j’ai de quoi acheter le nécessaire pour préparer ma nourriture», ex-plique-t-elle, radieuse. Avant, elle devait fai-re le tour de ses parents, aussi peu fortunés qu’elle, pour trouver un peu d’argent et faire vivre son petit commerce, sa seule source de revenus. «À l’heure actuelle, mes recettes sont régulières. Je fais même un peu d’économies !», se félicite-t-elle. Mariam Abou bénéficie, elle aussi, du programme Micro crédits aux plus pauvres (Mcpp), mis en œuvre depuis avril 2007 par le gouvernement béninois. Grâce à ce prêt, cette sexagénaire auparavant sans tra-vail a lancé un petit commerce de charbon de bois, de tabac, d’arachide et de gari (semoule à base de manioc). «J’arrive à subvenir à mes besoins et je m’occupe mieux de mes quatre pe-tits-fils orphelins», se réjouit-elle. Selon le Fonds national de la micro-finance (Fnmf), organisme chargé de la gestion du program-me, en l’espace de 9 mois, plus de 160 000 personnes, hommes et femmes, jeunes et vieux, avaient déjà souscrit à cette initiative.

destiné aux plus pauvresExclusivement réservé aux Béninois, ce pro-gramme gouvernemental est la réponse d’une promesse de campagne donnée pendant la présidentielle de 2006 par l’ex-candidat Yayi Boni, devenu chef de l’État, qui s’était engagé à lutter contre la pauvreté. Le dernier rapport du Programme des Nations unies pour le dé-veloppement sur le développement humain classe en effet le Bénin 163ème sur 177 pays. Selon le Conseil national de la statistique, près de 2,8 millions de Béninois vivraient

dans la pauvreté, soit près de 40 % de l’ensemble de la population. Jusqu’ici, les plus démunis n’avaient pas accès aux crédits des Institutions de micro-finances (Imf) du fait des 5 000 Fcfa (7,62 €) de droits d’adhésion, des garanties exigées et du taux d’intérêt de 10 à 15% par an. Pour répondre aux attentes de ces exclus, l’État a donc créé, en février 2007, le Fnmf et l’a doté d’un budget initial de 6 milliards de Fcfa (plus de 9 millions d’€) à répartir à 200 000 personnes sous forme de crédits de 30 000 Fcfa (45 € environ) par indivi-du. Dans le dernier trimestre de 2007, vu l’enthousiasme suscité et les retombées financières espérées, il a porté ce budget à 10 milliards de Fcfa (plus de 15 mil-lions d’€). Les bénéficiaires, en majorité des femmes, ont six mois pour rembour-ser le prêt au taux d’intérêt de 5 %, dont 3 % représente une épargne qui leur sera restituée au bout du compte. Le nouveau programme ambitionne de développer les capacités de gestion des plus pauvres, également par des formations sur des notions de base (capital, bénéfices, per-

tes…). «On ne lutte pas contre la pauvreté en distribuant uniquement du crédit, il faut aussi l’entourer de rationalité et de sens de gestion», justifie Maxime Elégbédé, di-recteur du marketing et du développe-ment à la Banque régionale de solidarité (Brs). Cet organisme fait partie des cinq Imf partenaires stratégiques recrutés sur appel d’offres par le Fonds national pour exécuter le programme (choix et formation des bénéficiaires, supervision des remboursements, etc.). À son tour, chaque partenaire stratégique sous-traite avec d’autres Institutions de micro-finan-ces reconnues pour leur expérience.

Un taux de remboursement de 99 %

«Pour identifier les bénéficiaires, nous pre-nons en compte un certain nombre d’indica-teurs : le cadre de vie de la personne, son ac-tivité, le nombre d’enfants et de femmes…», énumère Victoire Kpèdé, responsable de l’Association pour la promotion de l’homme, la protection de l’environne-ment et pour le développement durable,

partenaire de la Brs. Une fiche indique la condition sociale du bénéficiaire qui doit déposer une photo d’identité et payer 1 200 Fcfa (1,82 €) pour s’acquitter des frais d’adhésion. Pour bénéficier des cré-dits, il faut se constituer en groupe soli-daire de 5 à 15 personnes. Le prêt est in-dividuel, mais c’est tout le groupe qui est responsable devant le prêteur. Ainsi, les membres se sentent solidaires et exercent entre eux une discipline et une rigueur de gestion. Selon la Brs, le taux de rembour-sement est ainsi de 99 %. «Cela est dû à la bonne qualité du suivi des bénéficiaires», assure Kpèdé Victoire. «Grâce à ce pro-gramme, après avoir remboursé ma dette, j’ai déjà économisé 25 000 Fcfa (38 €). Si le gouvernement pouvait augmenter le crédit, cela renforcerait mon commerce et me ferait faire de nouvelles économies», souhaite Eli-sabeth Ekpé, une vendeuse de vêtements. Un vœu qui pourrait se réaliser, car l’État envisage de porter bientôt le fonds à 20 milliards de Fcfa. À terme, 500 000 Béni-nois pourraient ainsi accéder à ces micro-crédits.

Page 25: MANAGERS-N°7

Congo-BrazzavilleDe jeunes entrepreneurs

accrocheurs Les perspectives d’embauche sont si limi-

tées au Congo Brazzaville que bon nombre

de jeunes souhaitent créer eux-mêmes leur

emploi et leurs petites sociétés. Souvent

peu formés et pas assez soutenus, ils doi-

vent toutefois s’accrocher et se bagarrer au

quotidien pour tenir le coup.

On ne s’improvise pas entre-preneur du jour au lende-main… Au Congo-Braz-zaville, pendant 30 ans, le

secteur privé a été mal vu des régimes marxistes qui se sont succédé à la tête du pays. «Cela a tué chez les Congolais en géné-ral l’esprit d’entreprise et de créativité», sou-tient le père Christian de la Bretesche, pré-sident du Forum des jeunes entreprises du Congo (FJEC), une Ong congolaise d’ap-pui à l’insertion économique. La donne et les mentalités commencent cependant à changer. L’État exhorte à présent les jeunes à lancer des initiatives privées, à travers des discours qui ne s’accompagnent cepen-dant pas toujours d’une aide concrète... La création d’entreprise est pourtant vitale dans un pays où, en 2001, moins de 2 % des jeunes entre 15 et 35 ans avaient un emploi dans le secteur formel. Difficultés à obtenir des prêts et des autorisations, à

payer des impôts, à exécuter des contrats et à embau-cher… Le projet Doing Business de la Banque mon-diale, qui évalue la législation des affaires, classe dans son édition 2008 le Congo 175e sur 178 pays quant à «la facilité de faire des affaires» et 154e pour ce qui est de la seule création d’entreprise. Malgré ces diffi-cultés – relatives, puisque certaines des conditions de création d’une entreprise sont quasiment identiques voire meilleures au Congo que chez ses voisins –, ces dernières années, des jeunes se démènent pour créer et faire tourner de petites sociétés.

«Avec un groupe de quatre copains, nous avons décidé, en 2004, de monter une petite société d’assurance. Au dé-part, c’était difficile. Nous n’avions ni siège social, ni capi-tal. Il a fallu convaincre une tante qui nous a donné une partie de sa maison. Nous faisions de petites entrées de 30 à 50 000 Fcfa (45 à 76 €) par semaine, avec lesquelles il était impossible de nous salarier. Nous avons persévéré. Aujourd’hui, notre chiffre d’affaires annuel atteint les 60 millions de Fcfa (près de 91 500 €)», explique sous strict anonymat, le jeune directeur général d’une société qui emploie aujourd’hui une dizaine de personnes. A 37 ans, Florent Oko, diplômé en sciences économiques, est lui responsable d’ETOA, une société de construc-tion de bâtiments, créée il y a deux ans. Lui aussi a dû se battre : «Nous avons commencé avec trois personnes. Aujourd’hui, l’entreprise en emploie 15, sans compter des travailleurs intérimaires», révèle-t-il, pas peu fier de pouvoir à présent obtenir facilement de petits mar-chés publics grâce à ses relations. Créée en 2001, avec un capital constitué par ses prototypes, Challenge Fu-tura emploie également une dizaine de personnes. En octobre dernier, cette société, spécialisée dans la fabri-cation de matériel agroalimentaire adapté au monde rural, avait reçu la visite de l’ex-ministre français de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Codéveloppement, Brice Hortefeux. «Cette vi-site nous réconforte et nous permet de continuer à croire en ce que nous faisons au pays plutôt que d’émigrer», confie son promoteur, Tsengue-Tsengue, la quarantaine, in-génieur en construction industrielle.

La vie de ces nouveaux entrepreneurs dynamiques n’est cependant pas rose tous les jours. Régulière-ment, ils subissent les contrôles tatillons des agents de différents services publics (ministère du Commer-ce, gendarmerie, impôts, etc.). «Je les reçois souvent dans mon bureau pour leur demander de patienter. Les papiers qu’ils exigent sont très difficiles à obtenir et coû-tent cher», s’indigne ce patron d’un cabinet de conseil en traduction. «Souvent, lors de nos contrôles, nous dé-couvrons des gens qui n’ont pas de papiers», répond un agent du ministère des Petites et moyennes entrepri-ses. Certains préfèrent soudoyer les fonctionnaires plutôt que de se mettre en règle. D’autres finissent par se décourager et ferment boutique. Une majorité de ces nouveaux entrepreneurs semblent en tout cas peu formés pour affronter les problèmes quotidiens. «La plupart de ces jeunes ne connaissent pas la méthodologie de création d’une activité économique et ne maîtrisent pas les outils de gestion et de comptabilité», explique Mme Marguerite Homb, responsable de l’Ong Espa-ce créateurs, structure de promotion et d’appui à l’es-prit d’entreprise. Pour mieux accompagner les jeunes promoteurs, un Centre de formalités des entreprises (CFE) avait été créé, en 1989, sous la houlette du ministère du Commerce. «Ce guichet unique avait pour but de simplifier la procédure d’installation et de création des entreprises. Une fois l’entreprise enregistrée, son promoteur recevait une attestation de déclaration d’activité qui lui permettait d’exercer pendant cinq ans son travail avant d’obtenir d’autres papiers», explique Mme Homb, une des concepteurs du CFE. «Nous les informions sur certaines exigences administratives. Tout cela n’existe plus», regrette cette dame. À son niveau, le Forum des jeunes entreprises a pris le relais et as-sure cette année l’encadrement de 70 sociétés basées à Brazzaville et Pointe-Noire avec lesquelles il a signé des contrats. «Chaque mois, nous passons contrôler leurs gestions et leur comptabilité. Et nous essayons de corriger leurs failles», explique Guy Akouli, responsa-ble de la Cellule d’appui urbaine au FJEC.

«Nous avons persévéré»

Mieux accompagner

L’AFRIQUE QUI GAGNE

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çA VOUS INTÉRESSE

>CarrièresVos droitsComment vendresur InternetAssociations

Comment obtenir une augmentation de salaire ?

Pour les étrangers ayant travaillé en France et retournés en Afrique

Avant d’obtenir une augmentation de salaire, commencez par fixer votre prétention salariale de façon raisonnable puis renseignez-vous sur les pratiques de votre employeur en matière d’augmentation salariale.

> P a r D a p h n é B e n o î t

Pages rassemblées par Nicole Sarr

L’augmentation de salaire peut s’obtenir de façon automatique, une fois par an, comme cela se pratique dans de nom-breuses entreprises. C’est évidemment la solution la plus élégante. Néanmoins, il est possible que vous ayez à revendiquer une augmentation. Dans ce cas, choisis-sez le bon moment pour vous exprimer. Prenez en considération l’organisation de votre entreprise en matière d’augmen-tation de salaires : révision annuelle ou biannuelle ? Qui sont les décisionnaires des augmentations ? Etc. N’oubliez pas que vous devez vous exprimer préalable-ment, après il sera trop tard. Sachez par ailleurs qu’il y a des moments privilégiés pour vous exprimer: lors-que l’on vous félicite pour votre travail par exemple ou lorsque la société ou votre poste connaissent des chan-gements importants qui im-pliquent une augmentation de vos tâches et/ou de vos responsabilités.

Agissez en conséquen-ce Certains vous le diront :

«Les augmentations ne sont pas un droit… elles se méritent». En clair, dans quel cas méritez-vous une augmentation ? Voici quelques exemples : l Lorsque vous obtenez de bons ou d’ex-

cellents résultats dans votre travail. l Lorsque vous prenez des initiatives qui

mettent en valeur votre niveau de com-pétences.

l Lorsque que vous identifiez les problè-mes ou les besoins fondamentaux de votre service et/ou de votre entreprise et que vous les prenez en charge.

l Lorsque vous accomplissez des mis-sions importantes aux yeux de votre responsable hiérarchique.

l Lorsque vous délestez votre responsable hiérarchique des tâches qu’il n’aime pas assumer.

l Lorsque vous obtenez des résultats supérieurs au niveau correspondant à votre poste.

Conclusion, travaillez comme si vous aviez obtenu l’aug-mentation que vous attendez. Rendez-vous indispensable, montrez que « vous en avez sous l’accélérateur ». Pour autant, ne vous transformez pas en bête de somme à qui l’on peut tout demander. Dosez intelligemment.

Faites-le savoir Pensez à noter vos réalisations les plus marquantes, celles qui justifient une augmentation. Vous préparerez ainsi vo-tre argumentaire à l’avance. Car vous devez communiquer et convaincre, faire savoir aux autres ce que vous accom-plissez et en particulier à votre responsable hiérarchique direct et aux dirigeants de votre société. Voici comment

vous pouvez procéder : l Communiquez par oral, faites des points réguliers et

courts avec votre chef sur l’avancement de vos tâches et les résultats obtenus.

l Communiquez par écrit, adressez des notes de synthèse. l Mettez-vous en valeur auprès des dirigeants : posez des

questions, proposez vos idées. l Soyez visible. En particulier lors des réunions en groupe,

montrez que l’on peut compter sur vous, que vous êtes un élément moteur.

l Si cela vous est possible, essayez de faire reconnaître votre niveau de compétences, voire votre expertise par différents moyens : participez à des conférences, écrivez des articles, créez un blog, animez des cours en interne et mieux encore en externe, etc.

Si le retraité souhaite définitivement quitter la France, il peut percevoir sa retraite à l’étranger. Il devra de préféren-ce avoir entrepris et achevé l’ensemble des démarches né-cessaires au versement de sa pension avant de partir. Si el-les n’ont pas été complétées, il devra les poursuivre depuis

son pays de résidence. Si ce dernier a conclu un accord de sécurité sociale avec la France, il pourra s’adresser directement à la Caisse d’as-surance vieillesse nationale, qui se mettra en rapport avec la Caisse française.C’est le cas pour l’ensemble des pays de l’Union européenne et de l’Espace économi-que européen, ainsi que pour les suivants : An-

dorre, Algérie, Autriche, Bénin,Bosnie Bosnie-Herzégovi-ne, Cameroun, Canada, Cap Vert, Chili, Chypre, Congo, Côte d’Ivoire, Croatie, Gabon, Israël, Iles anglo-noman-des, Mali, Maroc, Mauritanie, Monaco, Niger, Philippines,

Pologne, Québec, Roumanie, Maint Marin, Sénégal, Slo-vaquie, Suède, Suisse, République Tchèque, Togo, Tuni-sie, USA, République fédérale de Yougoslavie.Dans ce cas, la liquidation de la retraite peut s’effectuer une fois de retour dans le pays d’origine. Il faudra alors se conformer à la réglementation du pays d’origine. Les documents demandés sont les mêmes que ceux exigés en France. Il faudra mieux donc être en possession d’un « re-levé des périodes d’assurance vieillesse » qui récapitule l’en-semble de l’activité professionnelle. Pour l’obtenir, il suffit de se rapprocher de sa ou ses caisses de retraite. On peut également s’adresser au CICAS : Centre d’information et de coordination de l’action sociale.Dans le cas où il n’y a pas de convention entre le pays d’origine et la France et que le demandeur réside à l’étran-ger, il est possible de revenir en France pour accomplir les formalités de liquidation de la retraite. L’administration

VOTRE RETRAITE

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Page 27: MANAGERS-N°7

>CarrièresVos droitsComment vendresur InternetAssociations

française délivre alors au demandeur un visa d’une durée suffisante pour accomplir l’ensemble des démarches, voire délivre une autorisation provi-soire de séjour. Il est également possi-ble d’entreprendre ses démarches par courrier sans revenir en France.

Paiement de la retraite En France, comme dans les autres pays

européens et en Turquie, le paiement se fait par virement sur le compte bancaire.Dans certains pays ayant conclu un ac-cord de sécurité sociale avec la France, le paiement de la retraite pourra se faire directement par la caisse du pays de ré-sidence. In Étrangers en France, Sylvie Larrière et Pinidié Gnanou, Éditions du Puits fleury, février 2003

Attention aux arnaques !LE DEmARCHAGE A DOmICILE

LUCIE GUCHET vous répond

Il y a démarchage à domicile lorsque :-un vendeur vient à votre domicile ou sur votre lieu de travail pour vous vendre un bien ou un service. Même si c’est vous qui lui avez dit de venir.-vous avez été invité par carton d’in-vitation à une vente effectuée dans un lieu non destiné au commerce : salle des fêtes, hôtel, voyage publicitaire, vente en réunion au domicile d’une autre personne...-vous avez été invité par téléphone à al-ler retirer un cadeau dans un magasin.Le démarchage à domicile concerne tous types de contrats : l’achat, la vente, la location, la location-vente de biens et de services.

Ne sont pas concernées : les ventes dans les foires et salons, les ventes à distance ou par correspondance, les

ventes à domicile de denrées ou de produits de consom-mation courante réalisées

au cours de tournées régu-lières. Exemple : vente iti-

nérante de produits sur-gelés.

7 jours de délai de réflexion. La loi vous garantit un délai de réflexion (ou de rétractation) pen-

dant lequel vous pouvez annuler la vente. La fourniture d’un contrat est obligatoire et le vendeur ne peut demander aucun paiement (espèces, chèques, autorisation de prélèvement) à la signature du contrat et pendant le délai de réflexion. Vous avez 7 jours pour annuler votre commande sans justifier votre décision. Le jour de la commande n’est pas pris en compte si le délai expire un samedi, dimanche ou jour férié; et il est prolongé jusqu’au premier jour ouvrable suivant. Exemple : vous si-gnez un contrat le 12 mai, le délai de ré-tractation commence le 13 et se termine le 19 mai. Si ce jour est férié, le délai est prolongé de 24 heures et se termine le 20 mai. Pour annuler la commande, vous de-vez utiliser le formulaire détachable qui doit obligatoirement figurer au contrat et l’adresser à l’entreprise par lettre recom-mandée avec accusé de réception.

Un contrat est obligatoire. Le démarcheur doit vous laisser un contrat que vous aurez signé. Ce contrat doit comporter obligatoirement noms et adresse du fournisseur, adresse exacte du lieu de conclusion du contrat, désigna-tion du bien ou service vendu, prix glo-bal, modalités de paiement, le cas échéant les modalités du crédit, délais de livraison ou d’exécution du service, faculté de ré-tractation et formulaire détachable pour exercer ce droit.

AttentionVérifier la présence du formulaire de rétractation. D’un côté, il doit comporter le nom et l’adresse de l’entreprise, de l’autre, vous devez pouvoir y inscrire vos nom, adresse, date de la commande. S’il n’y a pas de formulaire détachable ou, si celui-ci n’est pas conforme, le contrat est considéré comme nul. Cependant, par précaution, mieux vaut envoyer une lettre recommandée avec accusé de réception.Vérifier le lieu et la date de signature du contrat.Refuser d’antidater avant de signer.Vous ne devez rien payer avant l’expiration du délai de réflexion : ni arrhes, ni acompte ou même une premiè-re mensualité. Aucun chèque, ni autorisation de prélè-vement, ni espèces ne doivent vous être demandés.Si le contrat porte sur des travaux, refusez tout début d’exécution avant la fin du délai de 7 jours. S’il s’agit

d’un achat de produits, n’acceptez pas la marchandise avant les sept jours.

Les sanctions. Le non respect de la loi peut entraîner des sanctions pénales (au maximum un an d’emprisonne-ment et 3 750 euros d’amende).

L’abus de faiblesse. La loi protège plus spécifique-ment les personnes qui ne sont pas en mesure d’apprécier la portée des engagements qu’elles prennent, du fait de leur âge avancé, d’un mauvais état de santé, d’une mauvai-se compréhension de la langue, etc. Cette protection peut aussi être évoquée lorsqu’une transaction a été conclue dans une situation d’urgence ou dans un état d’affolement indiscutable. Les sanctions sont alors plus fortes : jusqu’à 5 ans d’emprisonnement et 9 000 euros d’amende.

Maison de la consommation et de l’environnement, Rennes (France)

Comment vendre sur InternetQUeStIOn : Quels sont les avanta-ges et les inconvénients d’un site sur mesure ?

Réponse : Un site établi sur mesure signi-fie qu’il est personnalisé, c’est-à-dire que la charte graphique, la navigation, les fonc-tionnalités, l’ergonomie et le développe-ment informatique vous sont propres. Tout est réalisé sur mesure selon votre cahier des charges. De plus, une fois votre site acquis, vous en êtes propriétaire : vous disposez du code source. Vous aurez seulement à payer en-suite la location de votre nom de domaine et l’hébergement de votre serveur (un mon-tant variable en fonction de la taille de votre site et du nombre de visiteurs).

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Les inconvénients : - le coût : une solution personnalisée re-vient nettement plus chère qu’une solution standard. De même pour toute évolution de fonctionnalité, vous devrez compter parfois jusqu’à 1 500 euros ( 1 million de F CFA). - Un délai de construction relativement long: il faut attendre un à deux mois mini-mum, car l’architecture du site est définie en commun et le délai de développement peut être important.

Extrait de « Comment vendre sur internet » de Jean-Baptiste Brasseur, Éditions du Puits Fleuri, 22 avenue de Fontainebleau, 77850 Hé-ricy. Tél. : 01 64 23 61 46 ou www.puitsfleuri.comAvantage lecteurs : 21,30 € franco (au lieu de 26,50 € franco)

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>CarrièresVos droitsComment vendresur InternetAssociations

QUeStIOn : L’activité de commerce électronique a-t-elle une réglementa-tion particulière ?

Réponse : Il convient de connaître parfaitement la réglementation propre à une activité de commerce électronique. Dès lors que votre site marchand génère des revenus, une immatriculation au Registre du commerce et des sociétés (RCS) est nécessaire. En effet, la qualité de commerçant suppose la création d’une entreprise commerciale soit sous forme d’une entreprise individuelle, soit sous forme d’une société commerciale. Pour l’inscription au RCS, vous devrez passer par le Centre de Formalités des Entreprises (CFE) de votre Chambre de commerce et d’industrie. Il faudra aussi connaître votre fiscalité. Si vous vendez des produits sur internet, les règles de TVA sont celles applicables aux ventes de produits par correspondance. Dès lors, vous êtes redevable de la TVA française dans les deux cas suivants : 1) lorsque la livraison a lieu sur le territoire français2) lorsque la livraison est effectuée en faveur d’un particulier sur le territoire de l’Union européenne et que le montant annuel hors taxe de vos livraisons réalisées à destination de l’État dans lequel est situé votre client ne dépasse pas un seuil compris entre 35 000 et 100 000 euros. Au-delà, vous devrez vous acquitter de la TVA au sein de cet état. Vous bénéficiez de l’exonération de TVA dans les deux situations suivantes : 1) pour les ventes au sein de l’Union effectuées en faveur des entreprises disposant d’un numéro de TVA intracommunautaire et ne bénéficiant pas d’un régime dérogatoire. 2) Pour les exportations effectuées vers un pays tiers. Vous pourrez alors justifier de cette exonération en produisant notamment le Document Administratif Unique (DAU) délivré lors du passage en douane….

Extrait de « Comment vendre sur internet » de Jean-Baptiste Brasseur, Éditions du Puits Fleuri, 22 avenue de Fontainebleau, 77850 Héricy. Tél. : 01 64 23 61 46 ou www.puitsfleuri.comAvantage lecteurs : 21,30 € franco (au lieu de 26,50 € franco)

ASSOCIATION AFRICA : le temps de l’action

Créée par Jacques Villard (maire adjoint de Faugères en France) en 1984, l’Asso-ciation française de relations

et d’initiatives avec le continent africain (Africa) a conservé son identité de réseau confidentiel consacré aux relations frater-nelles et solidaires entre des Africains et des Européens initiés aux valeurs de l’Afrique. Farouchement indépendante de tous pouvoirs politiques ou confes-sionnels, Africa a dirigé ses interven-tions vers les microprojets de personnes soucieuses de fonder un devenir, sur le continent africain, à leur famille ou à leur village.Le financement de cette Organisation in-ternationale non gouvernementale a été assuré, sans discontinuer, par les dons de ses fondateurs et de ses administrateurs. Jamais, l’Association n’a demandé de sub-ventions publiques et ne s’est soumise à des adhésions de masse, incontrôlables.Des femmes et des hommes de talent ont marqué de leur empreinte les travaux des différentes fédérations africaines offi-cielles ou discrètes en fonction de l’état démocratique des pays d’implantation. Un certain nombre d’entre eux a disparu dans la violence des temps, à la suite de maladies, de pannes économiques ou, plus grave, d’enlèvements ou d’attentats.Le prix à payer est très lourd lorsque l’on tient à rester des êtres libres et de bonnes mœurs, lorsque l’on pratique à visage découvert la fraternité et la solidarité, lorsque l’on ne se laisse détourner de sa mission par aucune compromission. Les survivants ont continué l’œuvre entre-prise sans jamais se laisser porter par la facilité ou décourager par les critiques, les menaces, les confrontations internes d’hommes ou d’idées et les tentatives de récupération ou de déstabilisation.

L’association Africa a pris plusieurs initiatives en 2007 : - promouvoir directement la Paix, la

Fraternité et la Solidarité entre les hommes de la Terre,

- s’engager résolument dans la défense des Droits de l’Homme et du déve-loppement durable,

- participer à la création et au dévelop-pement de la Confédération Fratri Mundi,

- reconfigurer son site Internet Africa-pax.fr,

- mettre en place une nouvelle techni-que d’information et de communi-cation,

- publier un manifeste collectif : «le Chemin»,

- remettre en activité son bulletin, nu-mérique et sur papier : «Achaba»,

- encourager des créations officielles de fédérations nationales ou régio-nales,

- développer l’aide aux peuples autoch-tones,

- appuyer des projets de jumelages cultu-rels, économiques, philosophiques et sociaux,

- encourager la création d’unités écono-miques en participant directement à leur gestion,

- se prononcer, sans ambiguïté, politique-ment et économiquement,

- mémoriser les noms et les œuvres de celles et ceux qui se sont dévoués pour le bien de l’humanité,

- recomposer et activer ses structures di-rigeantes,

- normaliser sa propre gestion par des si-gnatures de contrats avec des mécènes.

En ouvrant cet immense chantier, les diri-geants actuels de l’association souhaitent mettre Africa en ordre de bataille pour affronter l’anniversaire de ses vingt-cinq

ans d’existence afin que l’organisation non gouvernementale soit reconnue, considé-rée et acceptée dans le cadre des travaux des commissions internationales, initiées par l’Organisation des Nations Unies et l’Unité Africaine.Pour ce faire, il a été prévu de doter Africa d’une présidence bénévole à plein temps, d’un secrétariat général permanent, de ressources adéquates et de membres ac-tifs, chargés de missions spécifiques.En janvier 2008, le siège de l’association a été transféré au plus profond du départe-ment de l’Hérault en France, dans le but de rejoindre le lieu de naissance d’Africa et de construire un espace qui abritera les travaux et la mémoire de toutes celles et de tous ceux qui se dévouent, depuis des décennies, au rapprochement de l’Afrique et de l’Europe.

Managers N°7Mars-Avril-Mai 2009

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>CarrièresVos droitsComment ...

Président de la Fédération des Étudiants Africains de France

Souleymane Astou DIAGNEDITES-NOUS

Quel est le poids de la FeAF en ter-mes d’adhérents et d’influence sur les décisions des autorités académi-ques françaises ?La Fédération des Étudiants Africains de France (FEAF) est une association qui fédè-re les associations d’étudiants africains dans toutes les villes de France. L’objectif de la FEAF peut se résumer fondamentalement en deux points :• La défense des intérêts des étudiants ceci à travers des élus étudiants africains ou amis de l’Afrique dans les conseils cen-traux des universités et dans les conseils d’administrations des CROUS (centre

régional des oeuvres universitaires et scolaires)• La promotion de la réflexion sur tous les do-maines touchant au développement économi-que, culturel, scientifique, artistique de l’Afri-que. Actuellement nous sommes présentes dans 24 villes de France regroupant plus de 100 associa-tions. La FEAF est de part cette représentation l’interlocutrice entre les étudiants africains et les institutions ministérielles, préfectorales et Universitaires. Nous travaillons avec l’agence in-terministérielle, Campus France, la Conférence des Présidents d’université, le Ministère de l’en-seignement supérieur pour faire entendre et faire progresser les préoccupations des étudiants afri-cains de France. Les choses sont certes difficiles, mais nous essayons tous les jours pour que nos préoccupations soient prises en compte. Quelles actions initiées vous en direc-tion des étudiants africains désireux d’entamer un cursus universitaire en France ?Le cœur de notre action est la gestion des étu-diants qui sont déjà sur le territoire français. Néanmoins par notre site Internet nous infor-mons les futurs bacheliers et les étudiants du

continent sur comment poursuivre ses études en France. Nous travaillons à met-tre en place dans tous les pays africains un observatoire des carrières pour déce-ler les besoins de formation de chaque pays afin de mieux orienter les nouveaux bacheliers.Dès leur arrivée en France, nous les met-tons en contact avec les responsables des villes universitaires concernées. Comment aidez-vous les étu-diants africains de France à trou-ver un logement, des stages ou à renouveler leur titre de séjour ?Bonne question ! Pour le logement via nos élus, nos responsables associatifs et moi-même intervenons régulièrement pour trouver un logement lorsque nous dispo-sons d’un dossier complet. La seule diffi-culté que nous avons sur ce plan réside en Ile de France où la demande en loge-ments étudiants est très forte. Pour les stages, le conseil d’administration de la FEAF lance depuis une année une action dénommée « stage pour tous ». L’objec-tif est d’utiliser notre carnet d’adresses et en collaboration avec de nombreux chefs d’entreprise pour trouver des stages aux étudiants africains dans le besoin. Nous avons proposé au MEDEF(Mouvement des entreprises de France) un partenariat dans ce sens dont nous attendons une suite.Enfin, pour les titres de séjour nous aidons les étudiants à mieux comprendre les droits et les devoirs puis à suivre ri-goureusement la procédure. Nous avons aussi des conseillers juridiques, partenai-res de notre Association, qui apportent une assistance en cas de difficulté.

Propos recueillis par Daphné Benoît

C o n t a c tSouleymane Astou DIAGNE

Président de la Fédération des Étudiants Africains de France

16 Bd Saint – Germain 75 005 Pariswww.feaf.fr

A RETOURNER A MANAGERSSERVICE ABONNEMENTS

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Managers N°7Mars-Avril-Mai 2009

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GuadeloupeL’hégémonie

des Békés contestée

On ne peut pas évoquer l’éco-nomie de la Guadeloupe sans se référer à son passé colonial marqué très nette-

ment par les activités agricoles. Du fait de cet héritage, l’île se retrouve aujourd’hui dans une situation paradoxale : on y ex-ploite toujours le sucre, le rhum et la banane, mais ces produits n’ont qu’une faible part dans le PIB de l’archipel (en-viron4%). Avec la mondialisation, les producteurs agricoles locaux ne pouvant plus faire face à la concurrence interna-tionale, la Guadeloupe s’est dotée d’un dispositif législatif visant à développer les secteurs tertiaire et secondaire qui re-présente 89% du PIB. D’où l’atrophie du secteur agricole.La Guadeloupe possède le statut de dé-partement mais est considérée comme un «territoire d’exportation» dans ses échanges commerciaux avec la métro-pole. Une entreprise métropolitaine qui vend un bien vers la Guadeloupe est considérée comme un exportateur, par conséquent bénéficie d’une exonération de TVA. La Guyane et Saint Barthélemy n’ont pas mis en vigueur la TVA. En Gua-deloupe, elle existe et varie entre 2,2 et 8,5%. Tout produit importé sur l’île est concerné par la taxe dite «octroi de mer», qui constitue d’importantes ressources fi-nancières pour l’administration. Le mon-tant fixé par le Conseil Régional est varia-ble selon la catégorie du produit, mais ne dépasse jamais 30%. La somme collectée est partagée entre les communes, environ 40% de leurs recettes fiscales. L’octroi de mer est accompagné par une autre taxe

qui est le droit additionnel qui se situe entre 1 et 2,5%, dont les modalités sont toujours dépendantes du Conseil Régio-nal qui en a le bénéfice direct.En Guadeloupe, l’héritage colonial, celui d’une économie insulaire liée aux « comp-toirs», a entraîné la mainmise économi-que d’une certaine caste. L’économie de l’île est dominée par quelques entreprises gérées et dirigées par les «Békés» issue des anciens colons. Par exemple, la quasi totalité des importations et la grande dis-tribution sont aux mains de seulement...deux grands patrons. Cette situation

d’inégalités -l’hégémonie d’une minorité de patrons qui se sont enrichis pendant des années sur les cendres du système néo colonial – a perduré dans l’indifférence de la métropole. D’où aujourd’hui la ré-volte des Mulâtres et des Noirs indignés par la suprématie économique des békés qui possèdent à ce jour près de la moitié des richesses de l’archipel. Le futur de la Guadeloupe et des autres territoires fran-çais d’Outre-mer passe sans doute par la réinvention d’un nouveau modèle socio-économique.

PhiliPPe Decimus

La Guadeloupe est à la fois une et un département d’outre-mer français (numéro 971). Elle se trouve à environ 7 000 km de la France métropoli-taine, 600 km au nord des côtes de l’Amérique du Sud, à 600 km à l’est de la République dominicaine et à 950 km au sud-est des États-Unis. La Guade-loupe tient son nom actuel du Monastère royal de Santa Maria, situé dans la ville espagnole de Guadalupe, dans la province de Cáceres en Estrémadure, dont la statue de la Vierge (la « Virgen de Guadalupe »), était vénérée par Christophe Colomb qui vint la remercier pour son aide lors de la découverte du « Nouveau monde ».Le département de la Guadeloupe regroupe administrativement cinq îles et de nombreux ilets. L’île de la Basse-Terre et l’île de la Grande-Terre consti-tuent la Guadeloupe stricto sensu.En dépendent administrativement :• Marie-Galante (au sud, comprenant Grand Bourg, Saint Louis et Capesterre de Marie Galante), • les îles des Saintes (Terre-de-Haut et Terre-de-Bas) (au sud), • la Désirade (à l’est, comprenant l’île de la Petite Terre),

la guadeloupe à la loupe

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Les évènements en Guadeloupe ont porté Élie Domota au devant de la scène.

Le porte parole de LKP (liyannaj kont profytsion-Ensemble contre l’exploitation

outrancière) aura marqué les esprits par son intrépidité et son intransigeance.

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On a beau se souvenir des ra-res précédents sur le conti-nent, la classe d’un départ en douceur du pouvoir en

Afrique est toujours un motif de satis-faction et d’espoir. Qui sait, se disent les théoriciens d’un afro-optimisme, «ça pourrait se généraliser...». Rêves de contagion ou pas, un John en a rempla-cé un autre au Ghana sans donner lieu aux habituelles violences ou tueries, devenues la marque de fabrique de pays fâchés avec la sérénité électorale. Au Ghana, dont on connait le passé agité en matière de coup d’états et de règlements de comptes, le climat est à la stabilité depuis quelques années. John Kufuor passe le témoin à John Evans Atta-Mills et les pronostics flatteurs sur le devenir politique de ce pays d’Afrique occiden-tale se confirment. On pourra toujours prétendre qu’il n’y a là rien d’extraordi-naire et que l’alternance au Ghana est normale. On pourra même prétexter les exemples de Konaré au Mali et de Kérékou au Bénin pour banaliser ce qui vient de se passer à Accra. Le rôle sin-gulier de John Kufuor ces dernières an-nées dans la détente politique au Ghana n’en demeure pas moins essentiel.Le respect de la limitation des mandats présidentiels dans nombre de pays afri-cains est encore source de conflits ma-jeurs quand vient l’heure de s’en aller.

Le recensement des chefs d’États sur le continent, qui ont succombé à la «ten-tation de durer» fait froid dans le dos...Sans compter ceux qui en rêvent se-crètement et organisent en catimini la modification de leur loi fondamentale pour se garantir une longévité-record au pouvoir. Cette question a-t-elle hanté les nuits de l’ancien président ghanéen

au bout de ses deux mandats ? On ne le saura probablement jamais, mais il n’a ni engagé le débat, ni envoyé de signaux particuliers sur une quelconque préfé-rence pour «l’éternité présidentielle» Tout juste s’est-il borné à appeler ses concitoyens à «aller voter dans le calme pour un scrutin pacifique et légitime», au lendemain du premier tour, alors

Ghanakufuor, le laissé-

pour-compte de la fêteL’histoire ne célèbre décidément que les vainqueurs. Le nouveau

président Atta-Mills peut légitimement savourer le crépitement des

flashes et les spots des projecteurs. John Kufuor, l’ancien chef de

l’État aura néanmoins marqué le paysage politique de son pays. Sa

contribution à l’écriture de cette page de «l’exception ghanéenne»

reste majeure au moment où l’euphorie post-électorale brouille les

regards. Entre élégance et dépassement de soi, départ en première

classe pour un africain respecté.

que son candidat était en tête dans le décompte des voix . «Le souvenir qu’il nous laisse est plus positif que négatif», témoigne Hope Komassi universitaire à Accra. La victoire de John Atta-Mills a logiquement relégué au second plan l’importance d’un parcours présiden-tiel salué un peu partout comme un exemple de dignité et de respectabilité. rapports difficiles avec l’opposition

Les huit ans passés à la tête du pays n’ont pas toujours été pour le locataire d’Osu Castle (le palais présidentiel), un long fleuve tranquille. Rapports difficiles avec une opposition à la gâ-chette facile, accusations de corruption et partage inégal des dividendes d’une croissance retrouvée, John Kufuor a dû mener de front la bataille de la stabilité et du débat en interne. «En tant qu’être

humain, je ne suis pas parfait», recon-naissait-il dernièrement lors d’une cé-rémonie de demandes de grâces pour des élections pacifiques dans le pays. « J’ai pu piétiner certaines personnes et pour cela, je leur demande de me par-donner», a poursuivi celui qu’on a fini par surnommer au Ghana, «the gentle giant» (le géant gentil). Renforcement de la démocratie et réformes politiques, préparation d’une alternance crédible, croissance économique accentuée (de 4,5% en 2000 à 6% en 2005) et réduc-tion du taux de la pauvreté de 52% en 1992 à 35% en 2003 (selon la Banque Mondiale), le bilan de ce descendant d’une famille royale Ashanti est assez évocateur du dynamisme qui a conduit son action à la tête de son pays.On lui a longuement reproché un dé-ficit de charisme et de bagout, par rap-

port à son prédécesseur Jerry Rawlings. Avec ce dernier, les relations ont sou-vent frôlé le clash, mais Kufuor en parle avec recul aujourd’hui «Il n’a jamais voulu avoir à mon égard le respect et la considération dûs à un président en fonc-tion. Il donnait en permanence l’impres-sion qu’il y avait deux présidents et j’ai été obligé de répondre à certaines de ses dé-clarations», explique l’ancien étudiant d’Oxford. Les frontières de l’adversité politique ont été respectées et le Ghana sort grandi de cette étape cruciale de son évolution socio-politique. Comme pour d’autres anciens chefs d’États ayant quitté le pouvoir sans heurts en Afrique, des propositions fusent de partout pour John Kufuor. Quelle sera sa nouvelle vie, loin des lumières de la présidence ? Wait and see.

essénaM EKOn

INDICATEURSENJEUX POLITIQUES

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Le nouveau président ghanéen Atta Mills prêtant serment.

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Le Rassemblement démocratique centrafricain (RDC) a été créé en février 1987 par le général André Kolingba alors président de la Centrafrique depuis le 1er sep-tembre 1981. Au pouvoir jusqu’en septembre 1993, date de la chute du régime de Kolingba, le RDC s’est depuis développé à travers le pays, s’est présenté aux élections légis-latives et présidentielles de 1998-1999, et aux dernières élections jumelées de 2005. Ce parti, qui a rassemblé une vingtaine de députés en 1998-1999, continue d’occuper la scène politique centrafricaine dans la perspective des élections de 2010. Gaston-King Mahoutou, un des grands militants du RDC, mem-bre du Bureau politique national, celui qui fut le directeur de com-munication d’André Kolingba aux dernières élections présidentielles de 2005, revient ici sur la légitimité du combat que mène son parti en Centrafrique.

Que propose concrètement le RDC d’ori-ginal dans le débat politique en Centrafri-que?Nous sommes dans l’opposition. Et en tant que tel, nous dénonçons à chaque fois les dérives du régime, dans sa gestion du pays. Nous expliquons à la population le pourquoi de la situation politique actuelle, tout en lui indiquant ce qu’on aurait pu faire si on était au pouvoir. Nous ne nous érigeons pas en donneurs de leçons. Nous sommes légitimes dans ce rôle de proposition de solutions po-litiques. Le pluripartisme est quand même arrivé en Centrafrique grâce au général Kolingba. Avant lui, on avait subi le régime sanguinaire de Bokassa, c’était la dictature du parti unique. Après, le président David Dacko a sévi, avec son comité national de sa-lut national. Et c’est André Kolingba qui est venu instaurer la démocratie et le pluripar-tisme. Donc le RDC est, au demeurant, un parti démocratique. Mais en même temps, c’est un parti qui se veut humaniste, qui veut faire en sorte que des liens forts soient tissés entre les Centrafricains. Quand on connaît les problèmes de rivalités et de haines intro-duits par les politiques en Centrafrique, on ne peut que militer dans un parti qui œuvre à l’instauration d’un climat de confiance et de tolérance entre les Centrafricains.

Pour vous « le président Bozizé ne doit plus rester à la tête du pays à la fin de son mandat». Que lui reproche t-on finale-

ment ? Ne fait-il pas ce qu’il peut avec les moyens limités du pays ?C’est vrai qu’on doit être démocrate jusqu’au bout. Les prochaines élections se tiendront en 2010. Bozizé pourra effectivement se re-présenter, mais je ne le lui conseille pas. Vu ses défaillances, ce serait encore des années gâchées pour les Centrafricains. Mais si nos compatriotes lui redonnent leur confiance, il pourra continuer d’occuper son fauteuil. C’est le peuple qui décide. Mais ça serait dommage. Bozizé est arrivé au pouvoir au moment où les Centrafricains étaient au fond du gouffre avec le régime de Patassé. Quand on se réfère à l’indice du développement hu-main, Patassé, lui, est parvenu à positionner les Centrafricains à l’avant dernière place ! La pauvreté a été généralisée, l’insécurité a pris des proportions énormes, on était allés jusqu’à 30 mois d’arriérés de salaires! A son arrivée au pouvoir, Bozizé n’a rien arrangé contrairement à l’espoir suscité.

Mais, la tenue du Dialogue politique inclusif à Bangui, du 5 au 20 décembre 2008, ne traduit -elle la bonne volonté du pouvoir à rassembler les Centrafricains autour d’un idéal commun ?Bozizé ne peut revendiquer la paternité de ce dialogue. Au départ, il ne voulait même pas en entendre parler. C’est l’opposition, réunie dans l’Union des forces vives de la nation qui le lui a imposé, constatant la multipli-cation des rebellions dans le Nord du pays,

CEnTRAFRIQuE/InTERVIEWgaston-King MAHOUTOU, militant, membre du bureau politique national du Rassemblement démocratique centrafricain (RDC) et chef d’entreprise

Un Dialogue national de plus pour rien...

ENJEUX POLITIQUES

Managers N°7Mars-Avril-Mai 2009

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Quand on connaît les problèmes de rivalités et de haines introduits par les politiques en Centrafrique, on ne peut que militer dans un parti qui œuvre à

l’instauration d’un climat de confiance et de tolérance entre les Centrafricains.

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GuinEe ConakryUN TOUrNANT

DECisiFAprès 50 ans de mauvaise gouvernance économique et politique, la Guinée se trouve à un tournant décisif de son histoire. Le changement tant attendu et souhaité par les Guinéens pourrait être favorisé par la nouvelle donne politique. Le coup d’Etat militaire ouvrira t-il la voie à la lutte anti-corruption, la révision des contrats miniers, la suppression des privilèges et la politique de «l’homme qu’il faut à la place qu’il faut» ?

Le développement économique est lié à l’environnement politique. Les nouveaux dirigeants semblent l’avoir compris avec la nomination

du Premier ministre civil chargé de mettre le pays au travail, après la constitution d’un nouveau gouvernement. Si les engagements des militaires sont tenus, la Guinée pourra très rapidement engager un processus de développement durable et d’exploitation ra-tionnelle de ses énormes richesses, gages de prospérité pour le pays. La Guinée pourra enfin, après une longue période de crises et de turbulences par-fois violentes, entamer des réformes pro-fondes pour développer son agriculture, son tourisme, son élevage et son secteur

minier. Les Guinéens devront peut-être soutenir le changement, s’ils veulent sortir leur pays de la pauvreté et de l’immobi-lisme des vingt quatre années de pouvoir sans partage du général Conté décédé le 22 décembre 2008. A en croire tous les observateurs, jamais la Guinée depuis son indépendance il y a une cinquantaine d’années n’avait eu, une si belle opportunité de changer positivement le cours dramatique de son histoire. Malgré les énormes richesses de son sous-sol, son hydrographie exceptionnelle, ses ter-res fertiles et son agriculture jadis très floris-sante et rentable, la Guinée peine à amorcer son développement. La nouvelle donne po-litique et les engagements des militaires de

GuinEe Conakry

lutter farouchement contre la corruption et le clientélisme, d’organiser dans les plus brefs délais des élections, transparentes, libres et crédibles sont les préalables de l’instauration d’un nouvel environnement serein et pro-pice au développement socio-économique de leur pays. Les perspectives d’élections législatives et présidentielles libres, crédibles et transpa-rentes pourraient rassurer les investisseurs désireux d’investir dans les mines, l’agricul-ture, le tourisme, les infrastructures routiè-res, l’élevage, la pêche, etc. On peut imaginer une renaissance rapide de ce beau pays jadis appelé la perle de l’Afrique ou le château de l’Afrique occidentale française.

AlPha O.D. BARRy

Les Centrafricains auront besoin de vrais

représentants à l’Assemblée nationale,

ils ont donc besoin d’un parlement de

qualité. Un parlement de qualité, c’est une

démocratie qui avance.

faisant peser de sérieuses menaces sur l’unité de la nation. Comment pouvait-on envisager un quelconque décollage dans un contexte où la paix est inexistante ? Il ne peut y avoir de développement sans la paix, pas plus qu’il ne peut y avoir de paix et de développement sans une bonne gouvernance. Vous même êtes déjà déclaré candidat aux prochaines législatives de 2010. Pourquoi vos compatriotes vous feraient-il confian-ce au point de vous élire député ?Parce que les Centrafricains en ont assez de la routine et de la médiocrité pour les uns, de la souffrance et de la pauvreté pour les autres. A l’heure actuelle, la désolation est totale en Centrafrique. Le peuple a soif de change-ment, soif d’une autre politique. Ils veulent voir au pouvoir des personnalités nouvelles, intègres, qui voteraient des lois traduisant leurs préoccupations, allant dans le sens de leurs doléances. De ce point de vue, j’es-time être en phase avec les attentes des po-

pulations. Moi, je n’ai jamais trempé dans une affaire de corruption ou de détournement de l’argent public en Cen-trafrique. Je ne partage pas le bilan de ce ré-gime, bien au contraire. Je suis chef d’entreprise, j’ai les moyens de vivre décemment, et même de créer des emplois au pays. Donc, ce n’est pas l’appât du gain qui motive ma candidature Je ne me bats pas pour un quelconque profit, mais pour le bien être de mes concitoyens ! En 2010, les Cen-trafricains auront besoin de vrais repré-sentants à l’Assemblée nationale, ils ont donc besoin d’un parlement de qualité. Un parlement de qualité, c’est aussi une

démocratie qui avance. Ils n’ont plus besoin de tous ces charlatans qui, une fois élus, dis-paraissent, deviennent inaudibles et aveu-gles en abandonnant leurs électeurs au bord du trottoir. ProPos recueillis Par Jeanne G. Bayiha

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Le nouvel homme fort à Conakry.

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FORUm

Le peuple angolais, parent pauvre de la croissance

Ancienne colonie portugaise, l’An-gola est devenu depuis l’année 2002, le deuxième pays produc-teur de pétrole de l’Afrique sub-

saharienne après le Nigeria. Victime d’une longue guerre civile qui a fait près d’un mil-lion de morts en trente ans, ce pays est, après le Brésil, la deuxième nation lusophone, de par son étendue. Premier fournisseur de la

Chine et exportateur im-portant vers les États Unis, son pétrole représente près de 60% du PIB, 90% des recettes d’exportation et 83% des recettes de l’État. Cette production lui a rap-porté près de 30 milliards de dollars en 2006. L’An-gola qui est devenu mem-bre de l’OPEP en mars 2007, souhaite augmenter sa production pétrolifère de deux millions de barils par jour en 2OO8. Cet ob-jectif ne pourra être atteint que si ce pays augmente ses capacités de raffinage qui ne couvrent plus les besoins nationaux, la dis-tribution devant égale-ment être améliorée.Bien que le pétrole repré-sente une part importante des recettes de l’État, ce pays dispose d’un poten-tiel économique excep-tionnel : gaz, diamant,

hydroélectricité, uranium, phosphate, agri-culture, pêche…L’Angola ne connaît pas encore son potentiel énergétique actuel.

Des régions entières n’ont jamais été pros-pectées.Depuis 1993, l’Angola est devenu le nou-vel eldorado cible des grandes compagnies pétrolières internationales qui ont comme seul souci, la diversification de leurs sources d’approvisionnement. La véritable dimen-sion pétrolière de l’Angola réside dans ses fonds marins.Il y a quelques années, l’américain Che-vron a mis la main sur un premier gisement «géant». TotalFinaElf, second producteur d’Angola, l’a suivi en découvrant une série de champs géants baptisés Rosa, Dalia…Exxon – Mobil et BP Amoco en ont égale-ment découvert d’autres. L’accord de parta-ge de la production signé par l’État angolais et ces compagnies, permet à ces dernières de récupérer les investissements en quatre ou cinq ans. L’État encaisse entre 30 et 35% des recettes totales. Le reste revient à l’exploi-tant qui en déduit le cost oil c’est – à – dire les dépenses engagées pour les besoins de la production et le coût des investissements (installation d’unités de production, entre-tien…)L’Angola a grand besoin de moyens finan-ciers pour la reconstruction des infrastruc-tures détruites par des années de guerre ainsi que leur modernisation. Les conflits fratricides ont provoqué des déplacements de millions de personnes qu’il faut aider à retrouver leurs terres. Comme partout en Afrique, l’argent du pétrole est au centre des inégalités sociales et met en évidence les dé-ficits de gouvernance.Au niveau de l’Indice de Développement Humain, la population angolaise est victime des conditions de vie précaire. Le pétrole angolais génère des ressources financières

considérables qui n’entraînent pas pour autant le développement économique et social, ainsi que la prospérité pour les ha-bitants de ce pays. Malgré une croissance économique de plus de 11,7% en 2004, l’Angola a une économie pauvre : le taux de chômage bat des records, un enfant sur quatre meurt avant l’âge de cinq ans, sept Angolais sur dix vi-vent sous le seuil de pauvreté, 70% n’a pas accès à l’eau potable.L’inefficacité du sys-tème scolaire doublé d’un manque fla-grant de formation de la main–d’œuvre locale accélère davantage cette pauvreté et ne met pas à l’abri sa jeunesse vouée au désœuvrement.La flambée de la production pétrolière n’a aucun effet sur l’amélioration de la vie

quotidienne du peuple angolais qui n’a pas accès aux sources modernes d’éner-gie. Le développement économique lui est donc interdit. L’argent du pétrole pro-fite à une minorité ignorante de la notion de défense de l’intérêt général, heureuse

de s’acheter des jouets flam-bants neufs, des 4/4, des voitu-res de luxe…L’é c o n o m i e angolaise est marquée par des très fortes

inégalités économiques et sociales.La Société Nationale Angolaise des Pé-troles prévoit un investissement de 66 milliards de dollars américain entre 2008 et 2011 dans des projets de recherche et d’exploitation. La maîtrise de la produc-tion et de la distribution du pétrole peut

permettre à l’Angola de prendre en main son destin. Il est victime d’affrontements entre grandes puissances consommatri-ces d’hydrocarbures. Les Angolais doi-vent tirer profit de l’exploitation de l’or noir pour diversifier les activités écono-miques de leur pays.Le pétrole angolais ne doit pas être une malédiction mais, un moteur pour le décollage économique. C’est une erreur de penser que la richesse d’un pays ne repose que sur la production de ses ma-tières premières. Sa combinaison avec la formation, la recherche peut permettre à cette jeune nation de mettre fin à sa pau-vreté sociale et technologique, cet outil indispensable pour créer de la richesse et devenir un acteur actif de la mondialisa-tion.__________________Hervé Blanquet, professeur d’Economie, lycée Savigny-le- temple (France)

A n G O L A

Le pétrole angolais ne doit pas être une malédiction mais, un moteur pour le décollage économique.

Managers N°7Mars-Avril-Mai 2009

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Le centre ville de Luanda, la capitale.

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POINT FINAL

AnalyseA l p h a O u s m a n e D i a n g o l o B a r r y

La crise financière mondiale, un piège sans fin ?

Le 15 septembre 2008 restera une journée noire dans l’histoire de la finance américaine. La qua-trième banque d’investissement de Wall Street, Lehman Brothers, s’est mise en faillite, tandis que Merrill Lynch (autre banque d’investissement

américaine) a été reprise par Bank of America pour 50 mil-liards de dollars. En quelques jours, les annonces préoccu-pantes s’accumulent du côté des banques et des assurances, créant une spirale de défiance sur les Bourses. D’autant que l’assureur AIG est en pleine déconfiture. Les marchés accu-sent le coup, dans l’attente d’une baisse des taux de la Fed, la banque centrale des États-Unis. Pour les employés de Lehman et l’ensemble de la communauté financière, une faillite de la quatrième grande banque de Wall Street, vieille de près de 160 ans et forte de 25 000 employés, était difficile à envisager. La banque britannique Barclays et la Bank of America n’ont pas voulu reprendre l’enseigne, découragées par la présence d’ac-tifs immobiliers dits «toxiques» dans les comptes de Lehman. N’ayant pu obtenir la garantie de l’État comme JP Morgan (une holding financière américaine) l’avait eue pour sauver la banque Bear Stearns, ils ont quitté la table des négociations. Alors que Lehman avait à son bilan 613 milliards d’engage-ments, il s’agit d’une faillite de bien plus grande ampleur que celle de l’opérateur téléphonique WorldCom en 2002. Cette déconfiture financière était considérée comme la plus reten-tissante aux Etats-Unis.La banque dirigée par Richard Fuld, PDG depuis 1994 qui a voulu protéger son indépendance jusqu’au bout, s’est inscrite au chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites, qui la pro-tège de ses créditeurs. La présence d’actifs « toxiques « dans ses comptes a dissuadé ses pairs de traiter avec elle, ce qui lui a été fatal. «L’argent des investisseurs commerçant avec Lehman est en tout cas théoriquement protégé», a assuré la Securities and Exchange Commission, le gendarme des marchés financiers américains. Cette « ségrégation « des comptes existe dans beaucoup de pays. Pour les clients de Lehman, il s’agit de vite

récupérer leur argent pour faire face à d’autres échéances. En Allemagne, le gendarme boursier a ordonné un moratoire sur la filiale allemande de Lehman, d’où le gel de ses actifs. Le-hman a été sommé de suspendre ses activités au Japon jusqu’au 26 septembre 2009, ses actifs là-bas ne devant pas quitter le pays. En France, où Lehman emploie 125 personnes principalement dans le conseil et la gestion, la Commission bancaire a nommé un administrateur provisoire la filiale française de Lehman Brothers International et pour l’entreprise d’investissement succursale en France de Lehman Brothers International (Europe). Lehman Brothers détient un total d’actifs de 639 milliards de dollars, par-mi lesquels des actifs complexes composés de produits dérivés, notamment des «crédit default swaps» (CDS), des assurances contre le défaut d’obligations. Combien pourra retirer chaque créditeur de la banque ? Wait and see. Nous retournons là à l’in-terventionnisme de l’État dans l’un des pays où les fondamentaux de l’économie reposent sur le libéralisme économique, où c’est la liberté du marché qui primait. Cela était impensable quelques semaines auparavant.Le problème de la crise financière actuelle, depuis son déclenche-ment, ce sont les crédits interbancaires. Cela veut dire tout simple-ment que les banques refusent de se prêter de l’argent entre elles. C’est pourquoi, nous assistons aux États-unis et en Europe à des soutiens massifs des banques centrales qui mettent des liquidités et des garanties pour permettre cette circulation indispensable. Ceci pour éviter la panique et le retrait de l’argent des épargnants. Toute perte de confiance des clients pouvant entraîner une faillite totale du système financier. La nationalisation de certaines gros-ses banques nous ramène au rôle fondamental de la puissance pu-blique en cas de crise grave sur le plan planétaire. Comme le dit si bien le patron du FMI, Dominique Strauss Khan, il faut bien faire fonctionner le marché. La planète vient de frôler l’une des plus grosses crises financières depuis celle de 1929.Désormais, face aux grands groupes financiers mondiaux obnu-bilés par le profit, doit se dresser une puissance publique forte à l’échelle planétaire.

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