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LES NOYADES
Rendez-vous de l’urgence GENDRAUD Sarah Jeudi 22/05/14 SAMU 67-SMUR Strasbourg Interne DESC MU
DÉFINITION
OMS : Insuffisance respiratoire aigue résultant de l’immersion ou de la submersion
Submersion : ensemble du corps dans l’eau
Immersion : une partie du corps dans l’eau, dont les VAS
EPIDÉMIOLOGIE
Troisième cause de mort par accident
Enfants sur-représentés
Principaux facteurs de risque :
- Défaut de surveillance chez les enfants - Consommation de substances/comportement à
risque chez les adultes
EPIDÉMIOLOGIE
EPIDÉMIOLOGIE
Noyades accidentelles en France métropolitaine, 1er juin-30 septembre 2009
InVS 2009
LES CAUSES
Primitive : Incapacité de maintenir la tête hors de l’eau:
- Patient ne sachant pas nager - Incapacité de se maintenir à l’air libre même si
sait nager (incarcération..) - Incapacité de fournir l’effort nécessaire
(épuisement, crampes..)
LES CAUSES
Secondaire : facteur précipitant empêchant de réagir:
- Médicale : convulsions, AVC, troubles du rythme, hypoglycémie, OH…
- Traumatique : TC + PC préexistants à l’inhalation d’eau
- Syncope thermo-différentielle
MÉCANISME
Spasme laryngé pendant les premières minutes, suite à l’entrée d’eau dans l’arbre trachéo-bronchique.
Mouvements de déglutition sous l’effet de l’hypoxie avec entrée d’eau dans l’estomac
Levée du laryngospasme (85% des cas) avec inhalation massive de liquide, sous l’effet des mouvements respiratoires persistants
CONSÉQUENCES
La gravité est respiratoire
Le pronostic est neurologique
CONSÉQUENCES PULMONAIRES
Œdème pulmonaire quasi-constant
Mécanisme principalement lésionnel
Eau de mer, hypertonique : lésion de la membrane alvéolo-capillaire, avec mouvements d’eau et de protéines vers intersticium et alvéoles
CONSÉQUENCES PULMONAIRES
Eau douce, hypotonique : issue d’eau intra vasculaire, surcharge cardiaque, troubles hydro-électrolytiques.
Inactivation du surfactant pulmonaire provoquant des micro-atéléctasies diffuses
Facteurs surajoutés : - Eau avec particules solides (sable..) ou des
germes (eau croupie) augmente le risque d’atélectasies et d’infection parenchymateuse.
- Risque d’inhalation du contenu gastrique
CONSÉQUENCES NEUROLOGIQUES
Conditionne le pronostic!
Anoxie cérébrale initiale s’aggravant sur 3 à 4j
HTIC retardée
Informations dissociées entre imagerie et gravité
CONSÉQUENCES HÉMODYNAMIQUES
Instabilité hémodynamique fréquente
Troubles du rythme en lien avec l’hypoxie, l’hypothermie et la nécrose myocardique
Hypovolémie par fuite de liquide vers l’intersticium pulmonaire, et par les diarrhées
AUTRES CONSÉQUENCES
Hypothermie :
- Perte calorique vers l’extérieur (amplifié chez les nourrissons et les enfants)
- Refroidissement interne (surtout par le liquide dégluti)
Troubles de l’hémostase : de la thrombopénie isolée à la coagulopathie de consommation
AUTRES CONSÉQUENCES
Troubles hydro-électrolytiques :
- Résorption secondaire du liquide dégluti, avec diarrhées
- Acidose métabolique par hypoxie tissulaire, hypokaliémie par hémodilution, hypernatrémie par ingestion d’eau de mer..
Infectieuse : pneumopathie, foyers ORL avec un délai allant jusqu’à 6 semaines
CONDUITE À TENIR
Le pronostic se fixe lors de la prise en charge initiale
CAT
Sortir le patient de l’eau, en position horizontale, respect de l’axe tête-cou-tronc
Bilan initial : - Ventilation - Circulation - Neurologique - Circonstances - Suspecter une lésion traumatique de principe
CAT
Premiers gestes : - Libération des VAS, MCE - Gestes non spécifiques (ne devant pas retarder la
réanimation cardio-respiratoire): Déshabillage sans gestes brusques, installation à
l’abri du vent, séchage prudent, couverture isothermique
Prise en charge spécialisée : OXYGENER ++, VVP avec sérum isotonique, puis…
CATÉGORISATION DE LA VICTIME
I = Aquastress
II = Petit Hypoxique
III = Grand Hypoxique
IV = Anoxique
AQUASTRESS
Pas d’inhalation d’eau apparente
Symptôme : toux
Rassurer, réchauffer, contrôle glycémie
Oxygéner au MHC 15L/min
Transfert aux urgences : RXT (HO et H12), surveillance 24h
Sortie possible si évolution simple, absence de complication neurologique ou infectieuse
PETIT HYPOXIQUE
Inhalation sans troubles de conscience
Clinique : toux, gêne respiratoire, tachypnée, râles bronchiques +/- crépitants, conscience normale, tachycardie, stabilité HD
O2 au MHC +/- VNI, scope sat, réchauffement, vidange gastrique
Transport médicalisé en USI
PETIT HYPOXIQUE
Surveillance 48h : ECG, GDS, bio, prévention MTEV
RXT H1, H6, H12, H24, H48
Restaurer la volémie, O2
Pas d’ATB systématique
Prélever toxiques sanguins et urinaires, OH si doute
PETIT HYPOXIQUE
Syndrome post immersion :
Survenue secondaire de manifestations respiratoires liées à l’inhalation particulaire:
- Toux persistante sans hypoxémie : kiné respi et LBA thérapeutique
- Jusqu’aux atéléctasies segmentaires nécessitant une VM secondaire
GRAND HYPOXIQUE Inhalation avec troubles de conscience
Inondation de l’arbre trachéo-bronchique avec état de conscience variable : obnubilation jusqu’au coma. Détresse respiratoire, tachypnée, cyanose, désaturation, râles diffus
VNI, IOT + VM séquence rapide, sédation par Hypnovel/Sufenta
SNG avec vidange gastrique, réchauffement et transfert en réa.
ANOXIQUE
ACR d’origine anoxique
RCP standard, IOT + VM
Réanimation prolongée en cas d’hypothermie profonde, la poursuivre en réchauffant le patient
Arrêt uniquement en cas d’inefficacité après réchauffement, au-delà de 33-34°C
DSA possible sans risque particulier pour la victime/le sauveteur
PRISE EN CHARGE GÉNÉRALE
Transport médicalisé après stabilisation
Hospitalisation de tout noyé!
Scope, sat, PNI, t°C
PRISE EN CHARGE GÉNÉRALE
Contrôle de l’hypoxie
Préservation de l’état neurologique : Hématose, maintien PPC (>60 adultes et > 40
enfants) Pas de solutés hypotoniques, ou glucosés
Traitement de l’état de choc : - Correction de l’hypoxémie - Optimisation du remplissage vasculaire - Support inotrope selon l’hémodynamique
PRISE EN CHARGE GÉNÉRALE
Correction de l’hypothermie :
- ≥ 32°C : réchauffement passif externe - 28-32°C : réchauffement actif externe: matelas à
air chaud, solutés réchauffés, DP chez l’enfant - < 28°C : CEC
PRISE EN CHARGE GÉNÉRALE
Indications de l’IOT :
- Glasgow < 8 ou agitation importante - SpO2 < 90% sous O2 - T° < 33 °C, épuisement - ACR… - Vt 6-8 mL/kg FR 12-15/min PEP 5 adaptée
FACTEURS DE BON PRONOSTIC
Âge > 3 ans Sexe féminin T° eau < 10 °C, T° corporelle < 35 °C Submersion < quelques minutes, récupération
rapide d’un rythme cardiaque, réponse pupillaire présente
Absence d’inhalation Gly < 11.2 mmol/l, pH > 7.10 Glasgow > 6 à
l’admission Réanimation débutée dans les 10 min après la
submersion
PRÉVENTION
Facteur clé de la diminution de la morbi-mortalité
Actions actives: surveillance des enfants, baignade en zone surveillée, apprentissage de la natation, éviction des substances modifiant la vigilance…
Actions passives: dispositifs de sécurité
CONCLUSION
Accident encore trop fréquent, qui reste en partie évitable
Gravité respiratoire et pronostic neurologique
Hospitalisation systématique de tout noyé
MERCI DE VOTRE ATTENTION
Bibliographie
MERCIER L, RONDEAU N, RONCHI L. Noyades. Encycl Med Chir. Médecine d’urgence. 2007;25-030- G- 10.
THÉLOT B, LASBEUR L. Surveillance épidémiologique des noyades – Enquête noyades 2009, 1er juin- 30 septembre 2009 – Synthèse des résultats. Institut de veille sanitaire,juillet 2010. www.invs.sante.fr
Fritz C., Surdey C., Losser M.-R. Pathologies circonstancielles- Le livre de l’interne en réanimation, 2014, 657-655
Urgences médico-chirurgicales de l’adulte, Carli