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L’artisanatdu commerce équitable

 Vecteur de développement adaptéaux producteurs marginalisés

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SOMMAIRE

Introduction

Un secteur mal défini, peu reconnu

•  Qu’est-ce qui caractérise le plus souvent la production artisanale ?

•  Symptôme d’une crise silencieuse

Le marché européen de l’artisanat

•  Introduction

•  La taille et les tendances du marché

•  Les marchés spécifiques d’artisanat

•  Les canaux de vente

•  Les régulations, les standards et autres exigences

•  L’artisanat du commerce équitable en Europe

 Analyse de la chaîne de valeur

•  Introduction

•  Un survol de la filière artisanale

•  Les acteurs de la filière

•  Les activités dans la filière

•  Des expériences des producteurs dans le commerce équitable et le commerce conventionnel

•  Des études de cas de filière

•  Les activités entreprises dans les pays en voie de développement dans la chaîne de productionde bijoux et de la vannerie

•  Le problème des matières premières

  La fixation des prix•  La gouvernance

•  Les services et le contexte

L’impact des ventes d’artisanat sur les conditions de vie des producteurs

•  Introduction

•  Les besoins fondamentaux

•  Des moyens d’existence durables

Conclusion générale

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Introduction

Cette étude vise à mieux comprendre la situation des producteurs d’artisanat marginalisésdans les pays en voie de développement. Pour ce faire, le rapport étudie la « chaîne de valeur »

pour les principaux objets réalisés par ces producteurs. Cette étude tentera de comprendre :

•  l’implication des producteurs engagés dans les filières artisanales

•  les avantages dont bénéficient les producteurs engagés dans des filières de commerceéquitable

•  les principales activités des producteurs et des acheteurs

•  les freins au développement de ces filières

•  et les bénéfices et les possibilités d’accès à d’autres marchés.

L’étude situe le contexte dans lequel s’inscrit le secteur de l’artisanat conventionnel et équitable endécrivant le marché européen. Une attention particulière est portée aux objets en bois, en céramique,à la vannerie et aux bijoux. Puisque la situation est déjà complexe en Europe, avec de multiplescentrales d’importations, détaillants et pays de production, nous ne pouvons ici traiter de la situationaux Etats-Unis, Japon, Australie et Nouvelle-Zélande.

Ensuite, nous tentons d’analyser la chaîne de valeur pour deux produits qui constituent de bonsexemples (les bijoux et la vannerie). En faisant des comparaisons de produits et de marchés, nousessayerons de montrer l’impact du commerce équitable dans la vie des producteurs. Une clé d’analysedétaillée de l’impact du commerce équitable de l’artisanat sur les producteurs sera utilisée et illustréeau travers d’exemples.

Enfin, nous concluons avec une série de réflexions issues de cette analyse pour comprendre commentaccroître les retombées positives du commerce équitable de l’artisanat sur les producteurs.

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Un secteur mal défini, peu reconnuLe secteur de l’artisanat est difficile à cerner. La notion même d’artisanat n’est pas définie. Lescontours du secteur sont flous. Les statistiques économiques le concernant sont quasi inexistantespuisque la majorité des artisans dans le monde font partie du secteur informel.

Sur le terrain, la vie des producteurs prend des visages très variés. Sous le terme « productionartisanale », on rencontrera des individus travaillant seuls, des coopératives d’artisans plus ou moinsorganisées, mais aussi des usines de travailleurs ne maîtrisant qu’une partie de la filière de production.La production va de la simple transformation de matières premières disponibles localement jusqu’auniveau semi-industriel impliquant une transformation complexe.

QU’EST-CE QUI CARACTERISE LE PLUS SOUVENT LA PRODUCTIONARTISANALE ?

•  Le secteur de l’artisanat se caractérise par une primauté du travail sur le capital. La valeurajoutée du travail y est importante. Les investissements financiers et technologiques sontrelativement faibles en comparaison à la production industrielle. L’artisan a la maîtrise des

techniques de production. Le plus souvent l’artisan est un producteur indépendant qui n’a pasrecours au travail salarié.

•  Dans les pays du Sud l’artisanat constitue bien souvent un revenu complémentaire auxrevenus de l’agriculture. Ce revenu est d’autant plus important qu’il permet de couvrir despériodes de soudure et d’inactivité dans le calendrier agricole. Pour certains, l’artisanat estdevenu une activité à part entière.

•  L’artisanat se base sur un savoir-faire qui se transmet de génération en génération. Laproduction d’objets valorise des compétences spécifiques, des métiers précis qui s'acquièrentpar la pratique. Au travers de créations spécifiques, de techniques particulières, de matièrespremières originales, l’artisanat reflète les cultures locales.

•  Les femmes jouent un rôle économique déterminant dans le secteur de l’artisanat tout enassurant une part importante de l’éducation des adultes de demain. Or, il existe un décalageconsidérable entre le rôle joué par les femmes dans la société et les retombées dont elles

 bénéficient. L’inégalité des genres est toujours monnaie courante, notamment en matière descolarisation, de santé, de nutrition et plus encore de participation à la vie économique etpolitique. Dans certains cas, ce sont les hommes qui produisent l’artisanat. C’est par exemplele cas du travail du métal en Haïti.

•  La la plus grande partie de l’artisanat produit dans le monde est issu du secteur informel,parfois de la débrouille.

•  Dans la plupart des cas la production de l’artisanat est décentralisée dans les communautés villageoises mêmes. Il permet d’obtenir un revenu et ainsi d’éviter l’exode rural. 

SYMPTÔMES D’UNE CRISE SILENCIEUSE

Bien que le concept d’artisanat soit flou, la pratique quotidienne d’Oxfam-Magasins du monde permet

de mettre en lumière certains symptômes qui montrent que le secteur est en évolution voire endifficulté :

•  Contrairement aux secteurs industriels, le secteur de l’artisanat n’a aucune forme dereprésentation officielle permettant de défendre les droits des producteurs. Il n’existe aucuneforme de représentation syndicale de ce secteur spécifique. Les fédérations internationales deproducteurs ne peuvent prétendre représenter l’ensemble du secteur.

•  Le nombre d’offres de partenariat commercial qui nous sont destinées annuellement avoisinele millier. Ce chiffre traduit une recherche effrénée de marché à l’exportation consécutive àl’effondrement de certains marchés locaux.

•  Enfin, il ne fait aucun doute que l’arrivée sur les marchés du sud de produits industriels à basprix a mis à mal les marchés de production artisanale ne nécessitant que peud’investissements et de compétences techniques. La vannerie et les produits en cuir tels que

les sandales, par exemple, sont aujourd’hui soumis à la concurrence implacable des produit enplastique.

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Le marché européen de l’artisanat

INTRODUCTION

Il est très difficile aujourd’hui de quantifier le marché des produits artisanaux, en particulier desproduits réalisés manuellement, qui ne sont pas traités à part dans les études de marchés. L’artisanatest utilisé dans des secteurs très variés allant des accessoires intérieurs aux cadeaux en passant par lesinstruments de musique ethnique et la papeterie. Cet artisanat valorise des matières premières toutaussi variées : textiles, bois, argile, cuir, etc. Le marché de ces matières premières est aussi difficile àquantifier. Pour tenter de circonscrire la question dans cette étude, nous nous limiterons volontairement au marché des « Cadeaux et articles de décoration » composé de vanneries, bois, etcéramiques ainsi qu’aux bijoux.

Un récent rapport de CBI (CBI, ‘EU Market Survey – Gifts and Decorative Articles’, 2003, CBI,Netherlands) décrit les « cadeaux et les articles de décoration » comme étant « de relativement petitsarticles d’intérieur qui complètent l’assortiment du mobilier intérieur ». Cela inclut tant des produitssemi industriels que des produits fait-main.

Cette étude de marché couvre :

•  Soit les 15 pays de l’Union Européenne, soit les 25 pays de l’Union Européenne (y compris les10 nouveaux pays tels que la Pologne). Le rapport précisera chaque fois que ce sera nécessairede quelle zone il est question.

•  Une large gamme de produits artisanaux : verre, céramique, bois, bougies, vannerie, produitsen métal, produits en cuir, textiles.

LA TAILLE ET LES TENDANCES DU MARCHE

Selon le rapport de CBI, le marché européen pour les cadeaux et les articles de décoration est estimé àquelques €11.100 millions en 2003. Entre 1999 et 2003, ce marché a subi une croissance de quelques14% dans l’Union Européenne. En général, c’est attribué au fait que les consommateurs consacrentune part croissante de leur budget à la décoration intérieure. Toutefois, cette croissance s’est ralentieentre 2002 et 2003 à 1,8%. Ce fait s’expliquerait par un ralentissement des échanges aux frontièrespour l’Angleterre, l’Espagne et les Pays-Bas. Cela montre à quel point ce marché est sensible au climatéconomique général, à la confiance des consommateurs et au ralentissement du tourisme.

Par ailleurs, selon les grossistes, les consommateurs sont de plus en plus sensibles à la décorationintérieure. Sous l’influence des magazines spécialisés et des émissions télévisées, les consommateurs voient la décoration intérieure comme un vecteur de leur image et une source de bien-être. Selonl’Euromonitor, les consommateurs recherchent un style de vie complet qui se traduit aussi par l’achat

d’accessoires intérieurs. Cela présage un accoissement de ce marché ou tout au moins sa stabilisation.

Les marchés de consommation d’artisanat les plus importants sont en Allemagne, en Angleterre, enItalie, en France, en Espagne et aux Pays-Bas :

•   Allemagne €3.258 millions (27% de la valeur des importations de l’UE des 25)

•  Royaume-Uni €1.745 millions (19,2% de la valeur des importations de l’UE des 25)

•  Italie €2.144 millions (18,5% de la valeur des importations de l’UE des 25)

•  France €1.270 millions (10,2% de la valeur des importations de l’UE des 25)

•  Espagne €501 millions (4, 7% de la valeur des importations de l’UE des 25)

•  Pays-Bas €471 millions (4,4% de la valeur des importations de l’UE des 25)

En 2003, le total des importations de l’Europe des 15 était de €4.828 millions, indiquant une trèslégère baisse de 0,4%. Le commerce entre les 15 pays européens diminue dans ce secteur. En 1989, lespays d’Europe importaient 54,3% d’autres pays européens (les principaux fournisseurs étant les Pays-

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Bas, l’Allemagne, la France et l’Italie). En 2003, ce pourcentage est tombé à 37,8%. Les importationsdes pays OCDE vers l’Europe des 15 sont, elles, passées de 41,0% en 1999 à 45,2% en 2003. En termede volume, cela représente 56,2%. Les pays européens ont donc déplacé leurs importations et les lieuxde production pour profiter des ressources naturelles et de la main d’œuvre meilleure marché et, dansun second temps, augmenter la qualité.

Selon CBI, il ne fait aucun doute que la part de marché de la Chine dans les cadeaux et les produits dedécoration importés par l’Europe s’est considérablement accrue ces 10 dernières années. La Chine adevancé ses principaux concurrents en représentant 31,3% des importations de l’UE en 2003.

Les principaux fournisseurs de cadeaux et articles de décoration en 2003 étaient :

•  La Chine 31,3%

•  Le Vietnam 3,3%

•  L’Inde 2,2%

•  La Thaïlande 1,7%

Notons toutefois que ces statistiques ne couvrent pas les produits textiles qui augmenteraientsignificativement la part de l’Inde dans ces chiffres.

Les fournisseurs asiatiques dominent les importations des pays en voie de développement vers l’UnionEuropéenne et les Etats-Unis. De manière générale, les producteurs d’artisanat africains détiennent detrès petites parts de marché. Il ne fait aucun doute que l’Asie est un concurrent dominant pourl’Afrique et même pour l’Amérique latine. Pendant de nombreuses années, l’Asie a fourni un artisanat bon marché en grande quantité, associé à un service clientèle de qualité, répondant à un design et à denombreuses attentes des acheteurs. Petit à petit, l’Asie a développé des compétences spécifiques, leurpermettant aujourd’hui d’offrir aussi un artisanat à plus haute valeur ajoutée. La présence de cetartisanat de luxe dans des foires internationales telles que Ambiente ou Birmingham Spring Fairreflète cette évolution.

Ces résultats sont confirmés par une étude commanditée par EFTA (European Fair Trade Association).Cette analyse met en évidence le potentiel d’évolution du secteur de l’artisanat ethnique ou exotiqueavec la possibilité pour les pays en voie de développement d’étendre leur part de marché et les volumes

de vente d’artisanat à haute valeur ajoutée.

L’étude de marché d’un autre importateur d’artisanat du commerce équitable, Traidcraft, en Angleterre (Traidcraft, Market Access Center, 2004) montre qu’en général le potentiel d’évolution dumarché de l’artisanat fonctionnel est plus important dans les pays occidentaux que le potentiel del’artisanat purement décoratif. Dans un contexte économique difficile, les consommateurss’orienteront plus facilement vers des produits utiles que des objets décoratifs. Par ailleurs, lesdétaillants sont intéressés par des produits fonctionnels. La plupart des acheteurs du marché del’artisanat relayent cette opinion. La demande s’oriente vers un artisanat fonctionnel suivant lestendances du marché.

Toutefois, une étude hollandaise rapporte des résultats légèrement différents. Cette étude segmente lemarché en fonction de l’intérêt des consommateurs pour des produits de décoration intérieure (defaible à haute valeur ajoutée) et les motivations d’achat (fonctionnel ou décoratif). L’analyse montreque 65% des consommateurs portent un grand intérêt au design intérieur (50% pour la décoration et15% pour les produits fonctionnels) tandis que 35% ont un faible intérêt pour cela. Cela implique que65% des consommateurs des Pays-Bas sont intéressés par de nouveaux produits et de nouveauxdesigns menant à des achats réguliers.

Pour résumer, nous pouvons retenir 2 idées qui caractérisent le marché européen del’artisanat :

•   Le potentiel de vente de produits artisanaux en Europe est en croissance. Eneffet, les consommateurs semblent attacher une importance croissante à ladécoration et l’aménagement de leur intérieur. 

  La production de l’artisanat vendu en Europe se délocalise de manièresignificative vers l’Asie, avec une prédominance de la Chine. 

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LES MARCHÉS SPÉCIFIQUES D’ARTISANAT

En ce qui concerne les produits spécifiques d’artisanat traités dans cette étude (vannerie, bois,céramique et bijoux), le rapport de CBI sur les cadeaux et les articles de décoration fournit quelquesstatistiques intéressantes sur le bois et la vannerie mais des informations limitées concernant lacéramique et les bijoux. Des informations complémentaires ont été obtenues à l’ « Expanding exporthelpdesk » de la direction générale du commerce de l’UE afin d’affiner les statistiques pour 2003 de ce

rapport (http://export-help.cec.eu.int).

 Analyse des importations par groupes de produits des 15 pays de l’Europe.

% evolution en valeurCatégorie

% du total desimportations

Valeur

€millions 2003/1999 2003/2002

Produits en verre 24.8 1,197.0 +14.9 +2.3

Céramiques (figurines) 18.0 868.5 -11.4 -9.0

Bougies 14.2 686.0 +19.6 +8.3

Produits en bois 13.0 627.9 N/A -3.6

Produits en métal 9.5 460.9 N/A -1.9

Fruits/fleurs artificiels 9.1 438.4 N/A -1.2

Produits en osier 8.2 396.1 +45.2 +6.8

Produits en os 3.2 153.6 N/A +1.8

Ce tableau montre des augmentations importantes des importations pour des produitscomme les bougies ou la vannerie et une diminution significative pour le secteur de lacéramique.

Les paragraphes suivants concernent des groupes de produits spécifiques regroupant des informationsde sources variées.

Le bois

Les informations qui suivent couvrent les produits en bois tels que les statuettes, les cadres, lesproduits en marqueterie, les boîtes, les sculptures, etc.

Les importations de produits en bois ont évolué dans une fourchette d’un montant de €657 millions en2001 à €627 millions en 2003. Toutefois, le volume des importations a augmenté indiquant unepression forte sur les prix. Le commerce intérieur dans l’Europe des 15 diminue (31,0% en 1999 contre26,6% en 2003). Les pays asiatiques jouent un rôle prédominant dans ce marché. Le Kenya etl’Afrique du Sud sont d’importants exportateurs africains avec quelques €1 million en 2003. Il n’y apas d’exportateurs significatifs en Amérique latine vers l’Union européenne. Le Brésil exporte toutefoisd’importantes quantités de produits en bois dans le continent latino–américain.

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Le bois : statistiques

Parts de marché des importations totales

  Statuettes et sculptures 35.5%   Cadres d’images et de peintures 33.2%  Boîtes, coffres, etc. 31.1% 

Part des principaux importateurs (% du total des 15 pays d’Europe)

  Allemagne 20.2% (-6.8% on 2002)   France 15.7% (-9.2% on 2002)   Royaumes-Unis 14.2% (-7.8% on 2002) 

Origines de tout les produits en bois importés en Europe des 15

Chine 33.9%  Intra EU-15 26.6%   Indonésie 5.9%   Thaïlande 4.5% 

  Inde 3.9% 

Classement des pays producteurs de produits en bois fait-main

  Indonésie   Chine   Inde   Thaïlande 

La vannerie

Les importations de vannerie ont significativement augmenté de 1999 à 2003 (+14,9%). Le volumedes importations a augmenté plus rapidement indiquant aussi une pression sur les prix. Les échangesintra-européens de vannerie ne représentent que 14,9% des importations. La Chine est de loin leprincipal fournisseur de vannerie. Ces produits chinois destinés à l’Europe sont essentiellementréalisés à la machine. Après la Chine et le Vietnam, on trouve l’Indonésie et les Philippines.

 Alors que l’Asie domine les statistiques, il est intéressant de remarquer que le Madagascar et le Marocreprésentent aussi une part importante du marché. Leurs exportations vers l’Union européennedépassent les €4 millions en 2003. Loin derrière les pays asiatiques, on trouve encore le Ghana, leKenya et le Sénégal en Afrique. Il n’y pas d’exportateurs significatifs de vannerie en Amérique latine,si ce n’est le Honduras qui atteint le même niveau que le Kenya.

Vannerie : statistiques

Parts de marché des principaux importateurs (du total des importations de l’Europe des 15):

  Allemagne 20.9% (+17% on 2002)   Royaume-Uni 14.6% (-2.1% on 2002)   France 14.1% (-9.1% on 2002) 

Origine des vanneries importées en Europe des 15:

  Chine 53.8%   Intra EU-15 14.9% (principalement les Pays-Bas et la Belgique)   Vietnam 7.5%   Indonésie 7.4% 

Classement des pays producteurs de vannerie fait-main:

  Chine 

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  Vietnam   Indonésie   Les Philippines   Madagascar et le Maroc 

Les produits en céramique

Les quelques chiffres qui suivent sont des statistiques couvrent uniquement la céramique fait-main.Les résultats de cette analyse montrent que la Chine est le premier exportateur avec des importationseuropéennes dépassant les €13 millions. La Chine est suivie par la Roumanie, la Thaïlande, Taiwan, laMalaisie et le Vietnam qui ont chacun dépassé €1 millions d’exportations vers l’Europe en 2003. Iciaussi, les fournisseurs asiatiques dominent le marché. Ni le continent africain, ni le continent latino-américain ne comptent d’exportateurs significatifs en 2003. Le Brésil, qui approche le demi-milliond’€ et l’Afrique du Sud, avec €317.000 sont les principaux exportateurs, respectivement en Amériquelatine et en Afrique.

Les bijoux

Selon le rapport de CBI, en 2001 les ventes de bijoux en argent s’élevaient à $3463 millions. Lesmarchés les plus importants en Europe pour les bijoux en argent sont l’Italie (29%), la France (16%), leRoyaume Uni (16%) et l’Allemagne (13%). Il est intéressant de noter que le marché de bijoux au détailse divise entre des vendeurs orientés vers des bijoux bon marché et des détaillants de bijoux destanding au design élaboré et au prix élevé. Il existe un potentiel de croissance dans le secteur de la bijouterie. Ce secteur est aussi caractérisé par le fait que le transport est facilité par le faible poids despièces, par le faible volume, une marge bénéficiaire élevée pour les détaillants. Toutefois, la bijouterien’est pas toujours un produit facile à vendre parmi d’autres (c’est le cas des organisations de commerceéquitable), car le bijoux est très lié à la mode et à une nature spécifique. C’est essentiellement unmarché très spécialisé et concurrentiel.

Les origines des importations de bijoux

•  L’Asie est certainement le continent dominant les exportations. Les trois principaux paysexportateurs mondiaux sont asiatiques. Le leader du marché des exportations est la Thaïlande(€176 millions en 2003 vers l’UE). La Thaïlande exporte deux fois plus que la Chine, endeuxième position. Le Sri Lanka et le Népal réalisent aussi plus de €1,5 millions en 2003d’exportations de bijoux en argent. 

•  La Chine est suivie par l’Inde, la Suisse, Hong Kong, les Etats-Unis et la Turquie.

•  Parmi les pays en voie de développement, L’Indonésie et le Mexique suivent avec la huitièmeet neuvième place. Mis à part le Mexique, il n’y a pas d’exportateurs majeurs en Amériquelatine vers l’UE. L’Afrique, quant à elle, est marginale dans ce secteur aussi, le Niger étant leprincipal exportateur africain.

•  Etant donné l’importance de l’approvisionnement en matières premières dans le marché des

 bijoux, il est intéressant de regarder les chiffres des producteurs d’argent brut. Les principauxpays producteurs sont par ordre d’importance : le Mexique, le Pérou, l’Australie, les Etats-Unis, La Chine et le Chili. A noter que l’on en produit aussi en Bolivie, en Indonésie, en Argentine et en Afrique du Sud.

De l’analyse de ces marchés spécifiques, on peut conclure à :

•  Une dominance asiatique généralisée dans le secteur de la production.

•  Une relative marginalisation de l’Amérique latine (qui produit probablementdavantage pour l’Amérique du Nord).

•  Une marginalisation claire de l’Afrique.

•   Une certaine pression sur les prix qui se traduit par une baisse des chiffresmalgré l’augmentation absolue des volumes exportés. 

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LES CANAUX DE VENTE

La grande majorité de l’artisanat se vend aux consommateurs finaux via de petits magasinsindépendants qui se spécialisent dans l’aménagement intérieur ou les accessoires de mode et cadeaux.Ces détaillants peuvent acheter de très petites quantités à la fois (de 6 à 10 objets). Il n’est pas rare queles acheteurs passent des petites commandes de 200€ aux grossistes. Une partie de l’artisanat se vendaussi par correspondance.

Dans la majorité des cas, les détaillants ne pratiquent pas l’achat direct aux producteurs mais sefournissent chez des intermédiaires spécialisés. Depuis 2-3 ans, il y a une tendance pour les acheteursà prendre le moins de risques possibles en achetant de petites quantités et de manière irrégulière. Celareflète un manque de confiance sur le marché des consommateurs. Une pression constante est exercéesur les grossistes pour le respect des normes UE, de prix compétitifs, de délais de développement deproduits et de production très courts ainsi qu’ un très haut niveau de qualité.

Le canal de distribution le plus intéressant pour les exportateurs d’artisanat des pays en voie dedéveloppement se situe dans les marchés occidentaux qui payent immédiatemment les producteurs.Ils sont par ailleurs bien placés, proches de leur marché, pour conseiller les producteurs. En outre, la variété de consommateurs est grande. Cela permet de maintenir des relations commerciales à pluslong terme avec les producteurs. Certains acheteurs aiment travailler de manière rapprochée avec lesproducteurs pour développer avec eux de nouveaux produits ou designs, voire développer « pour eux »tout les modèles et adaptations de produits. Les grossistes jouent un rôle de stockage. Ils effectuentdes achats réguliers, parfois en anticipant la demande des détaillants.

 Au Royaume-Uni, le marché d’artisanat pour les consommateurs est éclaté entre de multiplesdétaillants, magasins de cadeaux et autres marques. La majorité des ventes s’effectue via les petitsmagasins indépendants spécialisés. Ces commerces sont sensibles aux variations des marchéstouristiques. Les grandes et moyennes surfaces deviennent un canal de distribution de plus en plusimportant pour les objets de décoration et les accessoires de mode.

En Allemagne, le réseau de vente par correspondance est un canal de vente important, puisque lesconsommateurs de ce type de produits tendent à être des consommateurs fidèles. Il est moinsfréquent de vendre de l’artisanat en grande et moyenne surface. Lorsque de petits détaillants vendentde l’artisanat, ils ont tendance à se regrouper en coopératives d’achat et de vente pour faciliter les

achats aux producteurs. Les magasins du monde en Allemagne en sont un exemple.

En France et en Italie, l’artisanat se vend essentiellement en boutique et sur les marchés. Plusrécemment, la vente en surface commerciale est apparue ainsi que la vente par correspondance.Comme au Royaume-Uni, les produits vendus par ces deux derniers canaux sont essentiellement desproduits utilitaires. L’expansion des hypermarchés en France a rendu difficile le travail des petitessurfaces. Ces magasins s’orientent dès lors vers un marché plus spécialisé et plus haut de gamme.

 Aux Pays-Bas, on estime que 50 à 60% des ventes d’artisanat est réalisé par les détaillants spécialisés.Il y a un grand nombre de magasins de cadeaux, d’articles de décoration, etc. Les moyennes surfacestelles que Vroom and Dreesman, Hema ou Bijenkorf jouent un rôle de plus en plus important dans ladistribution d’artisanat, en ce compris l’artisanat de grande qualité.

Sur les réseaux de ventes en Europe, on peut retenir que :

•  Les ventes sont essentiellement réalisées par de multiples petits vendeurs quiprocèdent de manière variée : magasins, gift-shop, catalogue on-line pour lesproduits utilitaires, …

•  La multiplicité d’acteurs crée une situation de concurrence importante quientraîne une pression sur les prix et les délais de production.

•   Cette même concurrence pousse les revendeurs à se spécialiser dans leur métier. 

LES REGULATIONS, LES STANDARDS ET AUTRES EXIGENCES

Les produits artisanaux des pays en voie de développement sont ignorés des débats actuels sur l’accèsau marché et les règles commerciales. Les marchés agricoles, par exemple, sont fortementconditionnés par les subsides à l’exportation octroyés par les économies fortes des pays occidentaux.

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Le marché du textile et des vêtements a de la même manière été affecté par des barrières douanièresdans les pays industrialisés. En général, les pays occidentaux n’appliquent pas de contraintescommerciales particulières aux produits n’utilisant pas de technologie particulière (intensifs en maind’œuvre). Ce n’est pas toujours le cas pour les produits artisanaux fait-main. Il existe quelques taxesdouanières applicables à l’artisanat importé en Europe des pays en voie de développement.

L’artisanat venant de certains pays bénéficie du système généralisé de préférence (GSP : GeneralisedSystem of Preference). La vannerie, le bois, les bijoux en argent sont exempts de taxes avec cesystème. La céramique fait-main est soumise à une taxe de 1,5% avec un formulaire GSP ou exonéré detaxe si elle est issue d’un des pays les moins développés tel que le Malawi ou le Népal. Les barrièrestarifaires restent cependant un gros problème pour le commerce Sud-Sud. Les partenaires decommerce équitable envisageant de trouver de nouveaux débouchés dans cette voie sont confrontés àdes taxes douanières importantes pour les produits artisanaux. Sans compter que les transports Sud-Sud sont aussi très couteux, voire prohibitifs.

 Alors que les tarifs douaniers appliqués dans l’Union Européenne pour l’importation d’artisanat nesont pas importants, les règlements et normes applicables sont devenus de plus en plus stricts ces 20dernières années, en raison de normes de sécurité et d’hygiène applicables aux produits deconsommation pour les marché occidentaux. Pour l’artisanat, les standards applicables peuventdépendre des pays de destination. Ils comprennent :

•  Les substances dangereuses dans les peintures, les teintures, le verre, l’étain, etc.

•  La protection contre les infections

•  La protection contre les moisissures

•  Les produits de séchage et de conservation du bois

•  La finition des produits (produits coupants)

•  Les composés chimiques en contact avec la peau (plomb, nickel)

•  Les standards liés à la pureté des métaux (argent, or)

•  L’emballage des produits fragiles pour éviter les bris et/ou les changements de forme

•  Les emballages recyclables

•  Les labels et les exigences de sécurité (pour les produits destinés à l’alimentation et autres)

En particulier les produits destinés à l’alimentation sont soumis à des critères stricts concernant la

toxicité par exemple. Le bois sculpté ou la céramique réponderont à des exigences précises puisqu’ilspeuvent entrer en contact avec des aliments. Etant donnée la variété d’exigences demandées, des testsde conformité seront parfois nécessaires avant l’envoi des produits.

En Europe, la sensibilité des citoyens aux questions environnementales va croissant. Les paysscandinaves, l’Allemagne et les Pays-Bas sont connus pour leur politique en matière de respect del’environnement. Le bois est particulièrement ciblé et les acheteurs sont soucieux de l’achat desproduits en bois dur. La protection de l’environnement est plus qu’une mode. C’est devenu uneexigence permanente que les producteurs reconnaissent également. Les acheteurs sont ainsi de plusen plus soucieux de l’origine du bois utilisé et de la durabilité de la forêt de prélèvement. Les bois àcroissance lente tel que l’ébène font l’objet d’un suivi précis. Les pratiques forestières pour les boisplus légers sont plus souples. Les acheteurs rechignent de plus en plus à importer des bois durs enraison des contraintes imposées par les règles d’exploitation et de traçabilité. Le séchage, la protection

contre les moisissures et les règlements de protection de l’environnement rendent le commerce deproduits en bois exotiques compliqué.

Le métal argent fait l’objet de tests particuliers. Ces tests sont obligatoires pour les objets de plus de7 grammes. Ces tests se réalisent en France, en Allemagne, aux Pays-Bas et dans d’autres payseuropéens. L’Inde s’est équipée pour réaliser ce genre de test. Peu de producteurs ont aujourd’hui lacapacité de réaliser ces tests pour vérifier que les mélanges sont bons. En effet, les volumes de ventesnécessaires pour justifier cet investissement sont trop importants. Ceci dit, les problèmes sur lacomposition de l’aliage sont très rares. En ce qui concerne la bijouterie, le secteur de l’artisanatrencontre plutôt des problèmes de qualité des systèmes d’attache des pierres et de femeture.

Un autre grand défi lié aux standards requis par les acheteurs dans le secteur de l’artisanat est lecritère de qualité des objets fait-main. Ce phénomène mène progressivement à la disparition de la

spécificité des objets réalisés à la main par rapport aux objets manufacturés. Il faut aller plus loin dansla définition du « fait-main ». Ce terme est aujourd’hui utilisé indépendamment pour qualifier desobjets d’art de très grande qualité et de l’artisanat « de pacotille ».

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Les agents commerciaux continuent aujourd’hui de croire que le “fait-main” garde un avantagecomparatif dans une niche de marché spécifique :

•  Les objets fait-mains offrent une qualité unique liée à des matières premières et descompétences spécifiques.

•  La mention « fait-main » sur le produit fait accepter un certain degré de variation du produit.

•  Le vendeur peut « signer » un produit fait-main et dès lors le vendre comme une pièce unique.

Le produit fait-main n’aura pas de succès dans la grande distribution en raison de son prix.

De manière générale, on peut conclure :

•  Les tarifs douaniers appliqués à l’entrée en Europe pour l’artisanat neconstituent pas un facteur limitant pour la revente des produits.

•  Par contre, les tarifs douaniers appliqués dans le commerce Sud-Sud ainsi queles coûts de transport constituent un frein évident au développement deséchanges Sud-Sud.

•  Enfin, l’ensemble des normes et règlementations imposées sur les produits enmatière de sécurité, d’hygiène, d’origine, de composition, etc. constitue de fait unfrein pour le commerce Sud-Nord de l’artisanat qui touche très certainement les

producteurs les plus marginalisés.

L’ARTISANAT ISSU DU COMMERCE EQUITABLE EN EUROPE

Le marché

Le survol du marché de l’artisanat de commerce équitable mène à des résultats nuancés. Une étuderéalisée pour le compte du Traidcraft Market Access Center en 2003 compare le marché des produitsalimentaires au marché des produits non-alimentaires. Les statistiques de cette étude montrent queles ventes des produits non alimentaires ne représentent que 20% (quelques €70 millions) des ventestotales des produits du commerce équitable. Au niveau des magasins du monde européens, celareprésente plus ou moins un chiffre de vente de €100 millions. Dans le non alimentaire, les ventes

montrent une croissance plutôt lente. Les ventes d’artisanat déclinent même dans certains payseuropéens. En revanche, les ventes de papeterie et de vêtement augmentent partout. Certainescentrales de commerce équitable en Europe perdent de l’argent à cause de l’artisanat et n’arrivent plusà maintenir un taux de rentabilité suffisant. Elles envisagent parfois de laisser tomber cette activitépour ne pas mettre en péril l’activité générale de commerce équitable.

La raison des difficultés que rencontre le marché de l’artisanat est dûe au fait que les consommateursse tournent vers des produits sophistiqués, fonctionnels et design. Les produits de type ethniquedeviennent de plus en plus accessibles dans les marchés conventionnels. Aussi, il se dégage unconsensus sur le fait qu’il faille diversifier les canaux de ventes, notamment vers les revendeursconventionnels. La vente des produits alimentaires du commerce équitable en grandes surfaces amontré son impact positif à cet égard. Par ailleurs, l’existence d’un label pour les produits artisanauxde commerce équitable pourrait faciliter leur accès au marché conventionnel.

Parmi les produits artisanaux considérés dans cette étude, les produits en vannerie sont régulièrementcités par les centrales d’achat et les producteurs comme posant un problème. Les acheteurs deproduits de commerce équitable, comme les agents conventionnels, concentrent leurs achats de vannerie dans les pays asiatiques. La vannerie d’Amérique latine est peu achetée à cause de son prixplus élevé. Et bien qu’en Afrique le design soit attractif, la fiabilité commerciale des producteurs nepermet pas aujourd’hui d’envisager un accroissement substantiel des ventes. Le fait que la vanneriemanufacturée en Chine soit disponible à très bas prix sur le marché a eu un effet dépressif sur les ventes de vannerie du commerce équitable. En conséquence, il y a moins de soutien des producteursde vannerie du commerce équitable. Si les producteurs veulent rester compétitifs, ils doivent sedistinguer par des design attractifs, une excellente qualité et un service commercial fiable, pasnécessairement à bas prix. Certains exemples en Indonésie ont montré que cela est possible.

Toutefois, dans certains domaines, le potentiel de développement des ventes d’artisanat de commerceéquitable existe bel et bien. La céramique est régulièrement citée comme un secteur qui a cru dans les3 à 5 dernières années. C’est particulièrement vrai pour la vaisselle en céramique. Il existe par ailleurs

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un potentiel du côté des offres complètes en combinant, par exemple, de la céramique de table avec dessets de table en vannerie et des verres recyclés.

Les ventes de produits d’artisanat augmentent aussi pour les organisations de producteurs decommerce équitable dans le Sud. Certaines organisations ouvrent leurs propres magasins ciblant uneclasse moyenne et les touristes. C’est le cas au Chili, en Thaïlande, en Equateur, en Inde, etc. Celapeut compenser certaines baisses de marché à l’exportation. Malheureusement, le potentiel localn’existe pas dans les pays instables ou les pays inondés de pseudo artisanat bon marché.

Un survol de la production et des ventes d’artisanat du commerce équitable

En consultant les rapports d’EFTA (European Fair Trade Association) et la liste des membres d’IFAT(International Fair Trade Association), on constate qu’une dizaine de pays asiatiques exportent del’artisanat de commerce équitable : le Bangladesh, l’Inde, l’Indonésie, le Laos, le Népal, le Pakistan, lesPhilippines, le Sri Lanka, la Thaïlande et le Vietnam. La plupart des producteurs vendent une largegamme de produits. Il est impossible de savoir quels sont les produits les plus vendus. Cependant, onidentifie des tendances en analysant quelles sont les gammes de produits vendus par chaquepartenaire. Dans le cas de l’Asie, ce sont les bijoux qui sont vendus par le plus grand nombre departenaires, suivis des produits en vannerie et enfin, la céramique et les produits en bois. Les plus grosacheteurs de ce type de produits étant Claro (Suisse), CTM-Altromercato (Italie), FTO (Pays-Bas),Oxfam-Intermon (Espagne) et Gepa (Allemagne).

Il y a 16 pays africains impliqués dans la vente d’artisanat à des organisations de commerce équitable :le Bénin, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Kenya, Madagascar, le Malawi, le Maroc, leMozambique, la Namibie, le Niger, le Sénégal, l’Afrique du Sud, la Tanzanie, l’Uganda et le Zimbabwe.La plupart des organisations vendent de la vannerie, suivie des bijoux, des produits en bois et de lacéramique. Les acheteurs principaux de ces produits africains sont Gepa (Allemagne), CTM- Altromercato (Italie) et Claro (Suisse).

Enfin, en Amérique Latine, 9 pays exportent de l’artisanat de commerce équitable : le Brésil, le Chili,l’Equateur, le Mexique, le Guatemala, le Nicaragua, le Pérou, l’Uruguay et le Venezuela. Dans l’ordre,les bijoux sont très régulièrement proposés ainsi que de la céramique, la vannerie et des produits en bois. Les acheteurs principaux de ce type de produits sont CTM-Altromercato (Italie), Claro (Suisse) etGepa (Allemagne).

La provenance de l’artisanat du commerce équitable ne reflète pas la localisation des sources del’artisanat conventionnel. Les organisations de commerce équitable dans le Nord ont une politiqueproactive de diversification des producteurs et des pays d’origine pour ne pas négliger certainesrégions. On peut remarquer qu’il n’y a pas de partenaires significatifs en Chine. Il y a seulement uneorganisation chinoise membre d’IFAT, Threads of Yunnan, qui vend ses produits à des organisationsde commerce équitable aux Etats-Unis. De ce point de vue, le commerce équitable se distingue trèsclairement de la tendance conventionnelle du marché de l’artisanat.

Il reste cependant certaines similarités entre le marché conventionnel de l’artisanat et le marché ducommerce équitable. La majorité des acheteurs achète la plus grande partie de l’artisanat en Asie et deplus faibles quantités en Afrique. L’achat de vannerie s’est ainsi particulièrement concentré en Asie,au Vietnam, au Bangladesh et en Indonésie. Cela n’est pas dû à un manque d’intérêt pour la vannerie

africaine mais à un manque de fiabilité commerciale, des coûts plus élevés et de récurrents problèmesde qualité. Aussi, les organisations de commerce équitable investissent-elles dans le développementde capacités organisationnelles et le développement de produits en Afrique pour tenter de surmonterces difficultés et maintenir un maximum d’activités commerciales avec ce continent. L’Amériquelatine souffre aussi de leur manque de compétitivité face aux prix pratiqués en Asie.

 A propos de l’artisanat du commerce équitable en Europe :

•  Depuis l’introduction des produits alimentaires en grande surface, les ventes deproduits alimentaires sont supérieures aux ventes des produits nonalimentaires.

•  De manière générale, le marché de l’artisanat du commerce équitable suitcertaines tendances du marché conventionnel : orientation majoritaires desachats vers l’Asie.

•  Le secteur du commerce équitable présente une grande diversité de sources deproduits artisanaux.

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•  Certains secteurs sont en croissance dans le commerce équitable (la céramiquepar exemple) alors qu’ils sont en diminution dans le secteur conventionnel. Ils’agit d’un potentiel spécifique du commerce équitable de l’artisanat.

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 Analyse de la chaîne de valeur

INTRODUCTION

L’analyse de la chaîne de valeur permet d’obtenir une vue générale du cycle de production et decommercialisation d’un produit ainsi que les différentes étapes que suit produit avant la vente finale.Des études de ce type donnent une méthodologie d’analyse et des outils de recherche. Cependant cesétudes ne concernent pas les petites unités de production et encore moins un secteur informel commel’artisanat. Les études existantes couvrent des matières premières alimentaires telles que le sucre, leriz, le café ainsi que le textile, les voitures ou les composés électroniques. Le secteur des bijouxmanque également de données pour réaliser une analyse de la chaîne complète de transformation et deproduction. Les études existantes se limitent au marché de l’or et du diamant ainsi que de l’activitéminière. Aucune donnée formelle ne permet d’expliquer les liens entre les acteurs de la petiteindustrie de transformation.

Ces analyses sont en général réalisées lorsqu’un petit nombre d’entreprise contrôle et domine lemarché ou lorsque les filières de production sont très complexes. Les recherches visent à identifiercomment les acteurs de la filière profitent de la plus-value créée dans la chaîne de production. Dans lesecteur de l’industrie, l’analyse vise à mieux comprendre l’organisation, les liens entre les firmes,l’intérêt de sous-traiter ou non, etc. Bien que l’on puisse s’inspirer de ces approches de recherche, laréalité de ces filières est très éloignée des groupes d’artisans qui nous intéressent.

Nous tenterons donc dans cette partie de valoriser les connaissances existantes des filières deproduction artisanales. Nous comparerons les filières conventionnelles d’artisanat aux filières decommerce équitable.

APERÇU DE LA FILIERE ARTISANALE

La chaîne de production et de commercialisation des produits d’artisanat (conventionnel et commerceéquitable) est relativement courte. C’est une spécificité de ce type de production.

LES ACTEURS DE LA FILIERE

Consommateur: achète des produits aux détaillants dans les marchés du nord

Détaillant: rend les produits accessibles aux consommateurs par divers canaux (magasins, marchés,foires, internet, etc.). Dans le cas de l’artisanat du commerce équitable, le canal de ventes principaleest celui des magasins du monde. Traidcraft en Angleterre est une exception : l’organisation réalise lamajorité de ses ventes par correspondance. Le détaillant peut s’approvisionner chez un grossiste ouchez un exportateur.

Importateur: importe le produit dans le pays où il sera vendu. L’importateur est parfois grossiste

et/ou détaillant en même temps. Dans le secteur conventionnel, les grossistes ont tendance à sespécialiser dans certaines gammes de produits. De même, les détaillants ont tendance à se spécialisercar diversifier les produits nécessite de diversifier les canaux de vente. Dans le commerce équitable,

Importateur Détaillant ClientProducteursGroupe/ 

Association /PME

Exportateur

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les organisations importatrices sont aussi souvent détaillants (Traidcraft, Oxfam-Magasins du monde,etc.).

Exportateur: coordonne les liens vers les activités de production et exporte vers l’importateur. Lesexportateurs peuvent être des sociétés privées, des organisations de producteurs du commerceéquitable, etc.

Groupe de producteurs/PME: coordonne la production des produits finis ou semi-finis par le biaisd’ateliers collectifs ou du travail à domicile. Ces groupes peuvent être des associations de fait, descoopératives, des sociétés privées, etc.

Producteur/Travailleur: travaille à temps plein ou à temps partiel dans la transformation et/ou laproduction de matières premières et production d’objets artisanaux, dans un atelier ou à domicile.Dans le secteur de l’artisanat, la rémunération la plus courante est basée sur le nombre de piècesréalisées.

Dans le secteur conventionnel, des agents basés dans les pays de production relient les exportateursaux producteurs. L’agent est souvent un prestataire de service qui ne devient pas forcémentpropriétaire de la marchandise. Il reçoit une commission entre 3 à 15% en fonction du service qu’ilrend et du type de produits.De même, il existe des agents en Europe, intermédiaires entre le détaillant et l’importateur. Parfois,les agents Sud et Nord sont eux-mêmes reliés.

La filière de l’artisanat est donc caractérisée par un nombre limité d’acteurs.L’existence de ces acteurs est dans la très grande majorité des cas nécessaires. Ilscontribuent à augmenter la valeur ajoutée de la production. On ne trouve que rarementdes intermédiaires « inutiles » dont le seul but serait de spéculer sur l’achat et la vente.

LES ACTIVITES DANS LA FILIERE

 Alors que le type d’acteurs présents dans les chaînes du secteur conventionnel et du secteur ducommerce équitable peuvent être les mêmes, la liste ci-dessous mentionne en italique les rôlesspécifiques de chacun dans ces secteurs. Cette liste n’est pas exhaustive. De même, l’ensemble des

rôles n’est pas toujours couvert. Par ailleurs, il convient de prendre cette comparaison avec prudencepuisque les limites parfois floues entre le commerce équitable et le commerce conventionnel. En effet,certains producteurs se prétendent du commerce équitable, sans être liés aucunement à une fédérationde commerce équitable ou à une organisation de commerce équitable dans les pays occidentaux.Certains revendeurs conventionnels appliquent partiellement des principes de commerce équitable.Enfin, des organisations de commerce équitable dans le Sud comme dans le Nord vendent égalementdes produits dans les réseaux conventionnels.

Acteurs Commerce équitable Conventionnel

Détaillant/Organisationde

commerceéquitable auNord

Comprendre le marché Développer l’offre de produits Design et développement de

produits Marketing envers les

consommateurs  Campagne de promotion du 

commerce équitable 

Comprendre le marché Développer l’offre de produits Design et développement de

produits Marketing envers les

consommateurs

Importateur/ grossiste /Organisationdecommerceéquitable auNord

Comprendre le marché Développer l’offre de produits Développement de produit Recherche de produits Marketing vers détaillants Promotions, merchandising,

publicité Emballage et labellisation Contrôle qualité Stocke, distribue, transporte Gestion de l’importation

Comprendre le marché Développer l’offre de produits Développement de produit Recherche de produits Marketing vers détaillants Promotions, merchandising,

publicité Emballage et labellisation Contrôle qualité Stocke, distribue, transporte Gestion de l’importation

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Acteurs Commerce équitable Conventionnel

  Monitoring Fair Trade   Préfinancement des 

organisations du Sud   Information sur les 

tendances et le marché 

  Formation et capacités organisationnelles,développement de produits 

  Prêts/Investissements  /Infrastructure  

  Audit éthique 

Certains pratiquent:  Le pré-financement  La formation 

Exportateur/Organisationdecommerceéquitable auSud

Marketing vers lesimportateurs et les détaillants

Communication etcoordination avec lesacheteurs/producteurs

Design et développement deproduits

Echantillons pour l’importateur

Achat de matières premièreset fourniture aux producteurs

Finition des produits etcontrôle qualité

Emballage et labellisation Stockage Administration d’exportation Transport vers le port  Pré-financement des 

producteurs   Formation collective   Développement de 

capacités techniques (design, procédé de fabrication, analyse de coûts, fixation du prix, etc.) 

  Autres formations : santé,etc.

  Prêts/Investissements   Programme d’épargne   Assurance santé/maternité  

Marketing vers lesimportateurs et les détaillants

Communication etcoordination avec lesacheteurs/producteurs

Design et développement deproduits

Echantillons pour l’importateur

Achat de matières premièreset fourniture aux producteurs

Finition des produits etcontrôle qualité

Emballage et labellisation Stockage Administration d’exportation Transport vers le port

Certains proposent:  Cotisation santé 

Groupe deproducteurs/PME

Communication avecl’exportateur/ l’organisation decommerce équitable Sud

Achat de matières premières

Echantillonnage etdétermination des coûts Programmation et distribution

de la production Contrôle de qualité  Gestion du pré-financement   Organise des actions 

collectives   Gestion le programme 

d’épargne  

Communication avecl’exportateur/ l’organisation decommerce équitable Sud

Achat de matières premières

Echantillonnage etdétermination des coûts Programmation et distribution

de la production Contrôle de qualité

Producteur Communication avec legroupe de producteurs

Production

Achat de matières premières(rares)

  Participation à des actions/activités collectives 

Communication avec legroupe de producteurs

Production

Achat de matières premières(rares)

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En résumé, nous pouvons affirmer que le commerce équitable offre une série de“services” supplémentaires tels que la formation, le pré-financement, le développementde produits, etc. Toutefois, la mise en œuvre de ces avantages varie d’une organisation àl’autre, y compris au sein du secteur du commerce équitable.

DES EXPERIENCES DES PRODUCTEURS DANS LE COMMERCE EQUITABLE ETLE COMMERCE CONVENTIONNEL

 Alors que les organisations de commerce équitable appliquent leurs critères pour tous leurspartenaires producteurs, certaines organisations de commerce du Sud ont aussi des clients dans lesecteur conventionnel. Le tableau ci-dessous reprend les avantages et les inconvénients de chaquesecteur tels qu’ils sont perçus par les producteurs. Bien que le secteur conventionnel comporte unesérie d’inconvénients, les producteurs s’accordent pour dire que c’est la seule voie de développementdans le futur. Il faut diversifier les possibilités d’écoulement pour rester compétitif. D’autant que lemarché de l’artisanat de commerce équitable reste marginal. Par ailleurs, le commerce équitable del’artisanat propose aujourd’hui une très grande variété de produits rendant la voie de la spécialisationparfois difficile. Pourtant, une spécialisation accrue des détaillants couplée à un développement dessavoir-faire des producteurs pourrait constituer une autre piste de développement. Les organisations

du Sud plaident bien évidemment pour un accroissement des marchés dans le Nord, couplés à desactions de soutien et de formation avec les producteurs du Sud.

Avantages Inconvénients

CommerceEquitable

Survie Continuité de la relation Pré-financement Formation en développement de

produits Engagement pour des achats

réguliers de produits Anticipation possible de la

production Formations en design, qualité,

assurance, management Assistance technique Accompagnement pour l’analyse

des coûts et la fixation des prix Accepte les prix si le marché le peut Une réelle approche de partenariat Subsides pour des formations et

des investissements

Croissance trop lente Manque de profesionnalisme Les producteurs expérimentés

pourraient fournir des produitsplus régulièrement

Manque d’information sur lesproduits, les ventes et lestendances

Entrée difficile pour lesnouveaux producteurs

Commerce

conventionnel

Bon accès au marché

Commande importante Très strict dans les délais de

livraison : c’est formateur Bonne expérience pour essayer

d’autres clients Formation spécifique en matière

d’emballage par exemple

Pression sur le prix

Inflexible Peu de considerations pour la

situation des producteurs Paye tard ou pas du tout Ne garantit pas de commandes

régulières Très variable en fonction de la

mode. Les commandeschangent d’un groupe à l’autre.

Change constamment depersonnel

Très grosse variation devolume de commande

Pré-finance rarement

Ce tableau comparatif nous amène à distinguer le marché conventionnel de la niche ducommerce équitable. Le commerce conventionnel peut donner un accès massif au

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marché, essentiel pour le développement des ventes des producteurs. Le commerceéquitable offre une relation de partenariat essentielle pour le développement d’uneactivité chez des producteurs marginalisés. Par ailleurs, il offre une série de servicescomplémentaires aux producteurs : formation, préfinancement, etc.

DES ETUDES DE CAS DE FILIERE

Cette partie s’intéresse particulièrement aux bijoux et au secteur de la vannerie. Ces informations sontissues d’interviews de producteurs en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Pour la vannerie, lesinterviews ont surtout été réalisées en Afrique et en Asie puisque ce secteur est marginal en Amériquelatine. Des acheteurs du secteur conventionnel et du secteur équitable ont été consultés pourcompléter le panorama.

La phase de pré-production

Des étapes précèdent la production même d’objet artisanaux :

L’acheteur informe l’exportateur ou l’organisation de producteurs du commerce équitabled’une intention d’achat.

L’organisation de commerce équitable du Sud et les producteurs développent des

échantillons associés à un prix pour le produit. L’importateur/L’organisation de commerce équitable au Nord et l’exportateur/l’organisation

de commerce équitable au Sud s’entendent sur des adaptations des produits, les prix, lesdélais de production de livraison, etc.

L’importateur confirme une commande.

 Alors que les étapes sont les mêmes pour les acheteurs, les manières de faire sont parfois différrentes. Voici deux exemples qui illustrent ces différences :

Grande organisation de commerce équitable au Nord  Fournit des storyboards illustrant les tendances souhaitées pour la saison suivante – cet

outil est fort apprécié par les organisations de commerce équitable au Sud. Les organisations de commerce équitable du Sud utilisent cette information pour dessiner

de nouveaux produits et suggérer des prix à l’importation – cela permet aux producteursde valoriser leurs compétences, les matériaux traditionnels pour rencontrer la demande dumarché.

Les organisations de commerce équitable au Nord proposent des adaptations des produitset des prix pour s’approcher de la demande du marché. Cette étape peut se répéter jusqu’à un accord final. Certaines organisations de commerce équitable dans le Nordpayent les échantillons.

Les organisations de commerce équitable au Sud et au Nord se mettent d’accord sur unproduit et sur un prix.

L’organisation de commerce équitable au Nord détaille les spécifications de la commandeet pré-finance l’achat.

 Acheteur conventionnel 

Certains producteurs décrivent la relation avec les acheteurs conventionnels « comme s’ilsétaient dans une pièce où l’on ne peut respirer ».

L’acheteur spécifie les produits qu’il veut acheter – de manière plus ou moins claire selonles acheteurs.

L’organisation de producteurs prépare des échantillons et définit un prix. L’acheteur négocie durement les prix, les délais de livraison, les spécifications des

produits et le degré de variabilité accepté. L’organisation de producteurs négocie avec les producteurs pour voir si les demandes de

l’acheteur peuvent être satisfaites. Acceptation ou rejet de la commande. Si acceptation il y a, la commande est confirmée et les échantillons approuvés.

Par ailleurs, dans le secteur conventionnel, nous trouvons aussi des petites organisations qui traitent

avec les producteurs de manière très personnelle.

On pourrait conclure par dire que le commerce conventionnel, guidé par le profit, nefait pas de cadeaux dans la relation commerciale. Le commerce équitable, guidé par sa

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rentabilité mais aussi par le développement social, offre des conditions de partenariatcommercial partageant les responsabilités et permettant à des producteurs moinsorganisés au départ de travailler.

LE PROBLEME DES MATIERES PREMIERES

Bien que le commerce équitable ait largement évolué ces dix dernières années, il reste que le principedu commerce équitable devrait s’étendre à toute la chaîne de transformation. Cette question acommencé à se poser à partir des filières de production textile, à propos de la production du coton. Aujourd’hui, elle se pose pour une large gamme de produits, y compris les familles de produits étudiésdans cette étude. On s’attachera à analyser la situation à propos des matières premières pour les bijoux et la vannerie. Il est intéressant de noter que beaucoup d’organisations de commerce équitableau Sud fournissent les matières premières aux producteurs pour assurer leur qualité et leur constanceet réduire les difficultés de trésorerie pour les producteurs. Certaines organisations mettent aussi desgroupes de producteurs de matières premières en relation avec des producteurs transformateurs.

La production de bijoux en argent

En ce qui concerne la production de bijoux en argent, le commerce équitable concentre en général sesefforts sur les bijoutiers fabricant des bijoux. Les critères du commerce équitable ne s’appliquent pasencore systématiquement à la fabrication des matières premières, que ce soit l’argent, les perles ou lespierres intervenant dans la fabrication de l’objet fini. La plus grande partie de l’argent est issue degrandes exploitations minières industrielles contrôlées par un petit nombre de compagnies. Il reste beaucoup de questions autour de la production et de la vente de cet argent. Plus des ¾ de l’argent estextrait et manufacturé parallèlement au plomb, au zinc, à l’or et au cuivre. Le fait que l’argent est unproduit associé à d’autres métaux rend la recherche d’une source éthique difficile. Une petiteentreprise éthique et respectueuse de l’environnement pourrait produire une quantité correcte d’orassocié à une trop faible quantité d’argent rendant l’approvisionnement pour une organisation decommerce équitable impossible.

La matière première « argent » est un produit homogène. Cela signifie qu’il y a relativement peu de

possibilités de différenciation. Cela veut aussi dire que la concurrence se basera d’abord sur le prix dela matière première. Les compagnies minières sont peu sensibles aux aspects éthiques ouenvironnementaux dans la production. Les compagnies minières revendent l’argent aux manufacturesqui le transforment. Les producteurs de bijoux du commerce équitable cherchent simplement lefournisseur le moins cher dans leur région sans savoir d’où vient l’argent et dans quelles conditions il aété extrait.

Comparativement à d’autres produits d’artisanat du commerce équitable, le coût des matièrespremières pour la fabrication des bijoux en argent est élevé. Les producteurs attribuent 30 à 70% descoûts directs de fabrication aux matières premières. C’est un pourcentage bien plus élevé que pour lacéramique par exemple où la matière première compte pour 15 à 20%.Dans le cas de la vannerie, les chiffres varient énormément selon la matière utilisée. Elle estdisponible gratuitement localement ou peut représenter jusqu’à 50% des coûts directs.

Le prix de l’argent peut aussi varier fortement localement en fonction de ses ventes et achats sur lemarché international. Cela a récemment affecté une organisation péruvienne qui a vu monter le prixde l’argent de 40% dans le pays, l’obligeant à revoir les prix des bijoux.

Parmi les questions environnementales liées à l’extraction de l’argent, on cite la dégradation des sols,la déforestation, les dommages causés aux berges des rivières, le rejet de déchets, la contamination del’eau souterraine, l’acidification des sols, la pollution de l’eau et les pertes de biodiversité.Socialement, on compte des déplacements de communautés, le recours à la main d’œuvre infantile, lesdégâts de l’alcoolisme dans les mines, etc. On peut dire que ce sont les communautés locales quipayent la facture des grosses compagnies d’extraction.

Dans le domaine des bijoux en argent, il n’y a pas d’organisation de commerce équitable au Nordcomme au Sud qui tente de mettre sur le marché un produit totalement éthique depuis l’extraction del’argent jusqu’à la vente. Une initiative anglaise tente aujourd’hui de proposer cette perle rare avec desproduits design complètement éthiques.

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Une autre question concerne la source de perles et de pierres semi-précieuses utilisées pour lafabrication de bijoux. Une grande organisation de commerce équitable en Inde s’est rendu compte queson fournisseur exploitait des travailleurs. Cela a été un véritable défi de trouver un fournisseur« propre ».

La vannerie

En principe, l’approvisionnement des matières premières utilisées pour la vannerie, les graminées etles feuilles est beaucoup plus direct. Les matériaux utilisés sont très divers et varient d’unecommunauté à l’autre et d’un écosystème à l’autre : canne, bambou, sisal, etc. Certains sont récoltésdans la nature alors que d’autres sont plantés. Cette variété associée à différents modes de tissage etdivers design crée des possibilités énormes de différenciation des produits.

Il y a deux questions principales qui se posent à propos des matières premières utilisées pour la vannerie. Certains de ces matériaux proviennent de plantations et sont vendus sur le marché à un prixqui varie entre 20 et 55% des coûts directs de production. Le coût économique est considéré commenul lorsque cela pousse à l’état sauvage. Toutefois, il faut considérer que cette matière a de la valeurpuisque dans tous les cas sa production occasionne des coûts et un entretien.

En effet, les producteurs peuvent y perdre parce qu’ils confondent l’analyse des coûts et la fixation duprix. Même si la matière première n’a pas de coût économique et que le prix du produit final n’estconstitué que du travail, les producteurs devraient fixer les prix en fonction de ce que le marché estprêt à payer pour obtenir une meilleure marge bénéficiaire sur ces produits et peut-être réduire lesmarges sur des produits moins compétitifs.

Il faut aussi considérer l’impact environnemental. Les matériaux considérés comme gratuits onttoujours tendance à être utilisés en grande quantité. C’est d’autant plus le cas si la production crée une valeur ajoutée et des marges bénéficiaires intéressantes. Ce principe s’applique aux espècesenvahissantes comme la jacinthe d’eau. Pour la plupart, cela peut devenir un problème dans la mesureoù ces plantes ont une action anti-érosive, de couverture du sol, de co-existence avec d’autres plantes,etc. Si ces prélèvements sur l’éco-système ne sont pas compensés par des plantations ou des systèmesde rotation, des dommages irréversibles peuvent être causés à l’environnement. Sans compter que cesplantes ne seraient in fine plus disponibles gratuitement, provoquant ainsi la hausse des prix desproduits finis. Aussi, même gratuites, ces ressources naturelles ont un prix. Celui du prélèvement, de

la re-plantation correspondant aux coûts environnementaux. Le raisonnement est le même pour lesfilières bois.

En conclusion sur ce paragraphe concernant les matières premières :

•  L’utilisation de matières premières équitables pose la question de la maîtrise dela filière d’approvisionnement en matières premières et donc de la maîtrise defilières intégrées de production.

•  L’analyse des matières premières « argent » et « vannerie » montre qu’un casn’est pas l’autre. Dans certains cas, les producteurs n’ont pas le pouvoird’influencer les producteurs de matières premières tant leur pouvoir d’achat estfaible. Dans d’autres cas, les producteurs ont la totale maîtrise des matièrespremières car ils en sont eux-mêmes les producteurs.

•  Certaines matières premières permettraient d’étudier les possibilités detravailler avec des fournisseurs propres : cuir, pierre, etc.

•  D’autres matières premières sont à ce stade très difficiles à trouver en version« propres ». Elles posent de sérieuses questions quant aux conditions sociales etenvironnementales de production. Le développement d’une filière intégréenécessiterait le regroupement des acheteurs de ces matières premières pouraugmenter leur pouvoir de négociation dans ces secteurs. Les organisations decommerce équitable, dans un rôle de précurseur, devraient pouvoir appuyer cedéveloppement.

LA FIXATION DES PRIX

Contrairement aux matières premières agricoles, il n’existe pas de prix mondial pour les produitsartisanaux. Il est très difficile de convenir d’un prix pour un type de produit artisanal issu de paysdifférents et soumis à des marges bénéficiaires variables. Ceci est dû à une série de facteurs liés auxmatières premières, à la diversité des produits, à leur finition, à leur marque et au marketing.

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Une des premières réflexions à poser lorsque l’on parle de prix a trait à l’analyse des coûts et à lafixation du prix au travers de la chaîne de production. Dans les étapes de fabrication d’un produit, lesproducteurs confondent bien souvent les coûts et le prix.

L’analyse des coûts est la méthode qui permet d’assurer que tous les intrants nécessaires à lafabrication du produit sont inclus, à savoir :

•  Les coûts directs (matières premières, matériel d’emballage, temps de travail,etc.)

•  La contribution aux investissements liés à l’utilisation des outils par exemple.

•  Enfin, les coûts des travaux nécessaires pour la mise en vente des produitsindépendamment de leur fabrication.

Une fois que les coûts de production ont été analysés, un minimum de marge bénéficiaire doit êtreajouté pour couvrir d’autres investissements et d’éventuelles dépenses urgentes. Cette approche estqualifiée de « cost plus ». Elle est très utilisée par les organisations de commerce équitable dans leSud.

 Au niveau d’un producteur individuel, cela pose parfois un problème car, historiquement, lesproducteurs ont pris l’habitude de ne pas intégrer tous leurs coûts. Une partie du travail n’est pas

compté, les investissements pour renouveler le matériel ne sont pas prévus ou certaines matièrespremières sont considérées comme étant gratuites. Certaines organisations de producteurs dans leSud disposent maintenant d’outils de formation pour les producteurs à l’analyse des coûts et à lafixation des prix. Se posent ensuite des questions quant aux marges bénéficiaires fixées par lesproducteurs, par l’organisation de producteurs, par l’importateur et par le détaillant. Les situationssont très diverses et aboutissent à des prix de vente finaux aux clients variables selon les pays ou lesacheteurs, y compris pour un même produit issu d’un même producteur.

Certaines questions restent en suspens au niveau du groupe de producteurs et du producteur lui-mêmeen ce qui concerne le prix :

•  Comment est valorisé le travail ? Tient-on compte d’une référence au salaire minimum légal ? Au salaire minimum vital ? Pour chaque produit dans chaque pays ? Comment tenir compte dela variabilité des coûts de la vie en ville ou à la campagne ?

  Les revenus sont sensés assurer des conditions de vie décentes aux producteurs et à leurfamille. Faudrait-il dès lors tenir compte de la charge familiale dans la fixation des prix ?

•  Puisque que la plupart des producteurs sont artisans de manière complémentaire, il faudraitconnaître le temps de travail correspondant à chaque produit pour pouvoir fixer un prixcorrect à la pièce. Or, par définition, ces produits changent souvent.

•  On pourrait utiliser la notion de coût d’opportunité pour fixer un prix au producteur. Quelrevenu pourrait gagner un artisan si il ne travaillait pas dans l’artisanat ? Toutefois, danscertaines situations, la réponse à cette question risque d’être zéro. On a ainsi recensé un casau Kenya où des artisans payaient des personnes pour effectuer les travaux dans les champspour pouvoir se consacrer eux-mêmes à l’artisanat. Dans ce cas, le revenu issu de l’artisanatétait supérieur à celui qu’ils auraient tiré directement de l’agriculture.

•  La part des coûts du travail dans un produit est un facteur important et donc déterminantdans la valeur d’un produit. Ceci est propre à l’artisanat. Toutefois, la part du travail en

rapport aux matières premières doit être contextualisée.

Exemple d’analyse des coûts d’un bijou en argent au niveau du producteur

 A partir des interviews

L’organisation de commerce équitable au Sud a travaillé avec les producteurs pour établir uneméthodologie d’analyse des coûts :

Developer un prototype de chaque produit avec trois groupes pour connaître le temps defabrication nécessaire

Définir une rémunération horaire définir un niveau de marge bénéficiaire

Exemple des coûts cumulés (€)

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Coût des matières premières (en % des coûts directs)  50% 2.5

Coût du travail (en % des coûts directs) 50% 2.5

Total des coûts directs 100% 5.0

Coûts additionnels 6% 0.3

Coûts totaux de production 106% 5.3

Objectif de marge bénéficiaire minimum (peut varier)  10% 0.53

Prix de vente minimum souhaité 116.6% 5.83

La fixation d’un prix réaliste suppose que l’acheteur propose un prix d’achat rencontrant une offre surle marché.

Quel est l’impact pour les producteurs de bijoux en argent ?

Si les producteurs savent que le prix pratiqué par le marché (prix local mondial !) est de 6£, ils ont unelatitude pour la marge bénéficiaire de 13%. Mais si le prix est de 5,50£, le producteur devrait réduiresa marge bénéficiaire à 4% - ce qui permet de couvrir tous les coûts de production. En équilibrant ainsila marge bénéficiaire sur tous les produits de la gamme proposée, vers le haut et vers le bas, un plusgrand nombre de produits resteront compétitifs permettant d’accroître les ventes et les emplois. Parcontre si cette approche n’est pas adoptée et que les prix sont systématiquement maintenus élevés, descommandes pourraient être réduites ou refusées.

Une question subsiste : comment savoir quel est le prix de l’argent à tel moment sur le marché ?Comment s’assurer que ce prix n’est pas le résultat d’une spéculation artificielle d’un agent qui tente dele faire baisser ?

Lorsqu’on parle de prix, la question est de savoir si les producteurs de commerce équitable sont mieuxrémunérés. D’abord il s’agit de savoir si les ventes de produits artisanaux de commerce équitablerapportent plus de revenus qu’une autre stratégie de survie. Les études portant sur cette questionmontrent que le commerce équitable paye effectivement des prix plus élevés aux producteurs que leprix payé lors d’autres opportunités de travail local.

Les conclusions sont nuancées si on compare les revenus payés par les « acheteurs équitables » et les« acheteurs conventionnels » pour un même producteur. A cet égard, les membres d’EFTA (EuropeanFair Trade Association) rapportent que les prix payés par les acheteurs du commerce équitable et parles acheteurs conventionels ne sont que légèrement différents. Quelques exceptions parmi lesproducteurs montrent des prix significativement plus élevés pour le commerce équitable. Il seraitintéressant de comparer les prix pratiqués avec des producteurs similaires non inscrits dans les filièreséquitables. Selon les producteurs, les acheteurs conventionnels sont intéressés à travailler avec lesstructures équitables existantes dans le Sud. C’est une forme d’impact positif du commerce équitable.Par ailleurs, pour que la comparaison tienne la route, il faut aussi tenir compte des autres aspects descommandes tels que le préfinancement et la durée de la relation commerciale. Ceux-ci varient selon letype d’acheteur. Certains acheteurs spécialisés, de petite taille, s’adaptent aux pratiques du commerceéquitable à la demande des producteurs. D’autres négocient fermement les prix et les délais.

Les bénéfices des producteurs individuels

Le bénéfice pour les producteurs individuels est assez difficile à mesurer. Comment définir le profit oula marge bénéficiaire d’un producteur ? La plupart des organisations de commerce équitable dans le

Sud calculent le bénéfice du producteur en soustrayant les coûts des matières premières au prix payé àla pièce. Ce calcul est biaisé puisque l’artisanat ne représente bien souvent qu’un travailcomplémentaire à une activité principale. Par ailleurs, ce travail est parfois effectué à la maisonmélangeant ainsi les ressources de l’économie familiale au travail. Il y a deux manières d’envisager les

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Dans la chaîne, ni les producteurs ni les acheteurs n’ont fait état d’un problème dans la distributiondes bénéfices ou le nombre d’acteurs. La présence des organisations de commerce équitable au Sudcomme au Nord n’affecte pas la distribution des bénéfices. Dans certains cas, ce sont les producteursdes pays en voie de développement dans les situations financières les plus difficiles qui sontsusceptibles d’obtenir les meilleures marges bénéficiaires.

Il est difficile de donner des conclusions sur la distribution des bénéfices étant donné qu’il existe detelles différences entre producteurs, organisation de commerce équitable et produit. Les secteurs de la vannerie et du textile ont les retours sur investissements les plus faibles. Les organisations decommerce équitable du Sud et du Nord s’accordent pour attribuer cela à la concurrence et à l’excédentd’offre existant sur ce marché. Les marges bénéficiaires des différents acteurs sont acceptées par lesautres maillons et ne posent pas de problème. Certains types de produits rapportent moins auxproducteurs et ont donc moins d’impact de développement. Cela ne peut toutefois pas constituer unargument de vente.La plupart des organisations de commerce équitable du Sud sont engagées dans beaucoup de gammesde produits en même temps, impliquant de nombreux groupes de producteurs. Cela rend parfois letravail en continuité compliqué.

Il est aussi intéressant de noter que les producteurs ne sont pas choqués par les prix de vente pratiquésen Europe lorsque ceux-ci leurs sont expliqués. Du moment que la demande corresponde, lesproducteurs peuvent comprendre cette réalité commerciale et les marges pratiquées.

De cette analyse concernant les coûts, le prix et l’attribution du bénéfice, on retiendra :

•  L’analyse des coûts et la fixation d’un prix cohérent reste aujourd’hui un exercicedifficile pour les producteurs et les groupes de producteurs d’artisanat du Sud.Les coûts indirects, par exemple, ne sont pas souvent comptabilisés.

•  Dans l’analyse de la rémunération que procure la fabrication d’artisanat, ilconvient de garder en tête que l’artisanat est souvent une activitécomplémentaire à l’agriculture. Elle constitue un « bonus » pour nombre deproducteurs.

•  La professionalisation de ce secteur nécessite de repenser la rémunération de cetravail.

•  Dans le secteur du commerce équitable, le pré-financement, la durabilité de la

relation commerciale ainsi que le volume des commandes sont perçus par lesproducteurs comme étant des facteurs plus importants que le prix octroyé.

•  Enfin, la structure d’un prix de vente final aux consommateurs n’est pas remiseen question par les acteurs de la filière, bien qu’elle puisse poser question deprime abord.

LES LIENS DE POUVOIR ENTRE ACTEURS D’UNE FILIERE ARTISANALE 

Les études sur les filières de production montrent que les acheteurs peuvent exercer une certainepression et un contrôle sur les fournisseurs même si ces acheteurs ne sont pas les propriétaires duprocessus de production et du transport. On peut s’inspirer de ces études pour mieux comprendre

comment s’exerce les influences dans une filière de production d’artisanat.

On peut analyser les chaînes de productions pour voir si elles sont dirigées par les acheteurs ou par lesproducteurs. Les chaînes de production impliquant une part significative de travail par rapport aucapital sont souvent dirigées par les acheteurs. C’est le cas dans les pays en voie de développement.Les cas existants où le pouvoir d’influence est dans les main des producteurs sont limités aux produitsissus de compétences spécifiques et à l’utilisation de hautes technologies. On s’attend dès lors à ce quel’artisanat soit un secteur plutôt sous le contrôle des acheteurs.

Dans le secteur du commerce équitable, la tendance est plus équilibrée puisque la relationcommerciale se construit dans une logique de partenariat. Aussi, la gouvernance est-elle équilibrée,ouverte et constructive.

De l’avis des producteurs dans le secteur conventionnel, l’une des difficultés souvent mentionnéesdans la relation de partenariat est l’accès à l’information, notamment concernant les informations quiont trait au marché, aux tendances, etc. C’est une des clés qui lient les producteurs aux acheteurs avecle feed-back sur les ventes, la qualité, etc. Dans l’autre sens, dans le secteur du commerce équitable,

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les acheteurs s’attendent à recevoir plus d’informations sur l’impact de l’appui pour les producteurs etdu préfinancement et sur les conditions de production pour pouvoir mieux communiquer et mieuxanticiper les délais de commande.

Dans le secteur du commerce équitable, le type de relation qui lie un acheteur à un producteur est unpartenariat tout à fait atypique. En effet, la relation est multiple, riche et répond à la mise en œuvre decritères du commerce équitable et accompagnée de programmes d’appui, de formations qui dépassentle cadre stricte de la production et de la commercialisation du produit. Vu ses particularités, unpartenariat rapproché s’impose pour fonctionner à long terme.

LES SERVICES ET LE CONTEXTE

Il est impossible de rendre compte des contextes de chaque pays dans lequel évoluent les producteursd’artisanat. Dans certains pays comme l’Inde ou le Chili, il existe des organes étatiques organisés quifont la promotion du secteur de l’artisanat et facilite son organisation alors que dans d’autres pays, telque le Malawi, l’exportation même des produits relève du défi. Il est un fait que de manière générale,le secteur des petites entreprises du secteur de l’artisanat est souvent négligé par les gouvernementsdes pays en voie de développement. C’est particulièrement vrai pour l’artisanat fait-main qui n’attirepas les investisseurs étrangers. Or, les politiques des gouvernements se calquent sur cette politique

d’investissements. Aussi, le secteur est peu reconnu et bénéficie rarementd’appui.

Les organisations de commerce équitable du Sud ont recours à certains services dans leur pays telsque les agences de transport, des designers, des imprimeurs, des informaticiens, des sociétés degestion logistique de stock, etc. Dans la plupart des cas, ces services sont accessibles. Toutefois, lerecours à ses prestataires de services peut poser problèmes. L’inefficacité des transports, destélécommunications, des services bancaires et des sociétés d’exportation peut nuire à la fiabilitécommerciale en aval de la chaîne. Les barrières douanières génèrent un coût important,particulièrement pour le commerce Sud-Sud. L’accès difficile au capital pour l’investissement à destaux raisonnables limite les possibilités pour les organisations du Sud.

 Alors qu’en Inde ou en Thaïlande, on trouve des institutions spécialisées dans la formationd’artisans, bien des pays n’offrent pas ce type d’appui. Il en va de même pour la recherche de

techniques de production adaptées, de technologies accessibles et d’innovations. Aussi, si lesorganisations de commerce équitable du Sud veulent se développer, elles sont bien souvent« obligées » d’avoir recourt à une approche entrepreneuriale classique, non spécifique au secteur del’artisanat. Ce phénomène est assez marqué en Asie.

Par ailleurs, le taux de change entre les monnaies locales et le dollar ou entre l’euro et le dollar estsouvent mentionné comme étant un problème pour les producteurs. Les fluctuations des valeurs desmonnaies peuvent avoir un impact négatif pour l’exportateur. Cela a été le cas très récemment enEquateur qui a vu sa monnaie locale remplacée par le dollar. Ainsi, entre la fixation d’un prix lorsd’une commande et la réception du solde, la variation du taux de change peut provoquer l’équivalentd’une réduction de 20% de la somme perçue par l’organisation du Sud qui doit maintenir le payementaux producteurs en monnaie locale tel qu’il est au départ. Souvent, les organisations doivent anticiperces déconvenues car les négociations sur le prix à posteriori sont difficiles. Ces dernières années, le

taux de change entre l’euro et le dollar a souvent été favorable aux importateurs.

Les organisations de commerce équitable du Nord pourraient réfléchir à un mécanisme decompensation des fluctuations des taux.

Conclusion sur la chaîne de valeur dans les filières de production artisanales

•  Les filières de production artisanale sont globalement courtes et ne sont pasmassivement victimes de spéculateurs.

•  L’analyse des coûts de production et la fixation d’un prix cohérent pour leproducteur et le marché reste un exercice difficile pour les producteurs peuorganisés.

•  L’avantage pour les producteurs de travailler pour le commerce équitable résideessentiellement dans les « services » qu’offre ce secteur : formation, pré-

financement, durabilité de la relation commerciale, etc. Le juste prix,contrairement au secteur alimentaire, ne constitue pas le cœur du partenariatéquitable.

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•  Le commerce conventionnel d’artisanat, bien que plus risqué, permet d’accroîtremassivement les volumes de ventes pour les producteurs bien organisés.

•  Enfin, l’application des critères du commerces équitable à l’ensemble de la filièrede production (y compris la production de matières premières) est un enjeuessentiel pour la crédibilité future de ce secteur. 

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L’impact des ventes d’artisanat sur lesconditions de vie des producteurs

INTRODUCTION

Cette partie de l’étude analysera la situation des producteurs d’artisanat. Il est important de faire unlien direct entre l’analyse de la chaîne et l’analyse d’impact de la vente des produits d’artisanat. Les ventes touchent la distribution des bénéfices et l’impact sur les conditions de vie des producteurs. Celanous aidera à comprendre si la participation des producteurs au commerce international et enparticulier au commerce équitable contribue à la réduction de la pauvreté. Cela peut aussi nous aider àidentifier les améliorations à apporter.

Nous tenterons ici de synthétiser les informations existantes dans certaines études d’impact déjàréalisées (étude de Traidcraft, d’Oxfam-Grande Bretagne, rapports de partenaires, etc.) L’analyse seraplus qualitative que quantitative.

Les producteurs impliqués dans le commerce international équitable ou conventionnel bénéficientd’avancées au niveau économique et social. Cette analyse abordera les deux dimensions :

•  La capacité des producteurs à rencontrer leurs besoins fondamentaux

•  La capacité des producteurs à améliorer leurs conditions de vie

LES BESOINS FONDAMENTAUX

Dans les interviews réalisées, les producteurs s’accordent à dire que le commerce équitable leur permetde rencontrer leurs besoins fondamentaux : alimentation, habitat, niveau minimum d’éducation pourles enfants et accès aux soins de santé. Cela est plus marqué en Asie et en Amérique latine qu’en

 Afrique. L’accès à l’eau potable et à des services sanitaires convenables varie d’une région à l’autre.Certains producteurs disposent d’infrastructures correctes à la maison alors que d’autres dépendent deservices communautaires. L’accès à l’électricité est aussi très variable mais les enquêtes réaliséesmontrent que les producteurs engagés dans les filières équitables en bénéficient plus souvent que leurs voisins. EMA, organisation de commerce équitable dans la région de Calcutta, relève que le village deproducteurs dispose d’électricité alors que seuls 18% des villages dans le Bengale de l’Ouest sontéquipés d’infrastructures électriques.

L’amélioration des structures éducatives est très souvent mentionnée comme étant un impact positif du commerce équitable. L’accès aux soins de santé existe dans la plupart des cas mais se limitesouvent aux soins de base.

D’autre part, le commerce équitable permettrait d’avoir plus facilement accès aux banques et à des

prêts pour couvrir des situations difficiles ou des difficultés dans le secteur agricole (sécheresse oufamine).

 A côté de ces images positives, dans certaines situations, le contexte général du pays rend l’accès à desservices de bases beaucoup plus difficile. La dollarisation de certaines économies fait monter les prixde ces services fondamentaux rendant leur accès plus difficiles.

DES MOYENS D’EXISTENCE DURABLES

La section suivante fournit une clé d’analyse des moyens d’existence durables. Cette clé vise à voir siles producteurs peuvent sortir de la pauvreté de manière durable pour atteindre une indépendanceéconomique.

Un moyen d’existence comprend la capacité, les outils matériels et immatériels ainsi que les actionsrequises pour subsister. Un moyen d’existence est dit durable s’il est capable de dépasser les situations

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difficiles et s’il engendre une amélioration des capacités et des outils avec le temps sans endommagerles ressources naturelles.

Schéma des moyens d’existence durable

Ce schéma décrit les principaux facteurs qui affectent les moyens d’existence et les liens entre ces

facteurs. Ce cadre est donc plus qu’une liste de facteurs car il attire l’attention sur les influences, lesprocessus et les interactions. Il doit être interprêté de manière systémique et non linéaire.

Pour connaître l’impact du commerce équitable pour les producteurs, on prête d’abord attention auxcadres gris :

•  Les ressources disponibles pour les producteurs (les « capitaux »)

•  Les objectifs visés (résultats)

•  Comment les producteurs comptent utiliser leurs ressources pour atteindre ces résultats(stratégie d’existence)

Les outils et moyens disponibles influencent évidemment les stratégies mises en place qui à leur touront un impact direct sur les résultats. Les producteurs n’opèrent pas de manière isolée et dépendent

d’une série de facteurs :•  Le contexte de vulnérabilité n’est pas sous leur contrôle. Il peut jouer de manière favorable ou

défavorable. Exemple : la tendance générale à employer plus de femmes dans certains secteursou l’existence de conflits armés.

•  Les structures transformantes et les processus : éléments de différentes natures sur lesquelsles producteurs peuvent avoir un impact. Exemple : l’implantation d’une nouvelle école ou desnouvelles lois dans le secteur de l’éducation.

Interprétation du schéma

Nous analyserons les outils et les moyens d’existence pour mieux comprendre les changementséconomiques et sociaux qui résultent de la participation à une filière de production artisanale.

Il existe 5 moyens d’existence importants pour les producteurs :

•  Le capital financier : les liquidités, l’épargne, etc.

•  Le capital physique : la maison, les équipements, le cheptel, etc.

Structuretransformante &

Processus

STRUCTURES Niveaux de

gouvernement

Secteur privé

PROCESSUS Lois Politiques Culture Institutions

Contexte de vulnérabilité

Imprévus Tendances Saison

S

P F

N

H

Moyens H = capital humain P = capital physiqueN = capital naturel S = capital socialF = capital financier

Stratégied’existence

Influence& Accès

Résultats

Revenus Bien-être Moins vulnérable Souveraineté

alimentaire Utilisationdurable desressourcesnaturelles

P  o ur  a t   t   e i  n d r  e 

OUTILS D’EXISTENCE

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•  Le capital humain : les compétences, la formation, la confiance en soi, etc.

•  Le capital naturel : l’accès à des pâtures, des ressources naturelles

•  Le capital social : l’appui de la famille ou de la communauté, les mécanismes de solidarité, etc.

Le capital financier inclut l’épargne et les liquidités utilisables par les producteurs pour acquérir desproduits et des services. C’est un moyen direct qui permet de convertir rapidement l’argent dansd’autres formes de capital physique par exemple. Toutefois, dans la réalité, la disponibilité du capital

financier est très faible pour les producteurs marginalisés et ce capital ne permet pas toujoursd’accroître son capital humain (bien-être, confiance en soi).

 Aussi, pour mieux appréhender le capital financier, il faut analyser :

•  Le niveau de revenu

•  La régularité et la sécurité des revenus

•  Les stocks de produits disponibles

Dans les études de cas, le niveau de revenus atteint par les producteurs de commerce équitable varie beaucoup selon les situations et le pourcentage des ventes effetuées par des réseaux de commerceéquitable pour le producteur. Les organisations de commerce équitable sont d’accord pour dire que laplupart des producteurs bénéficient d’une certaine augmentation de revenus.

•  Le niveau des revenus des producteurs d’artisanat est très dépendant des types de produits etdes régions. Par exemple, la production de bijoux nécessite un minimum d’outillage et decompétences. Ceci explique que les producteurs de bijoux ne sont généralement pas lesproducteurs les plus pauvres même si ils doivent lutter pour pérenniser leurs moyensd’existence.

•  Une étude concernant 18 groupes de producteurs d’artisanat compare les revenus issus des ventes d’artisanat du commerce équitable avec deux autres activités : l’agriculture et le travail journalier. L’étude tient compte du coût d’opportunité pour analyser les bénéfices réalisés parles producteurs dans le secteur de l’artisanat en comparaison avec ce qu’ils auraient pu gagnerdans une autre activité. Les conclusions montrent que les revenus issus de l’artisanat ducommerce équitable sont en moyenne supérieurs à ceux des autres activités.

•  Une autre étude, de Traidcraft, montre qu’au Kenya, les artisans producteurs de produits en vannerie gagnent 2 fois plus que comme ouvrier agricole journalier.

•  Une autre étude de 2000 concernant les producteurs de 5 organisations de commerceéquitable au Sud montre que ceux-ci gagnent 25 à 300% de plus en travaillant avec uneorganisation de commerce équitable.

•  Une autre dimension importante des revenus a trait au genre et l’équité entre les bénéficiairesdes revenus. Les revenus du travail de l’artisanat reviennent souvent aux femmes. Des étudesmontrent aussi que ces revenus octroyés aux femmes ont un impact social sur la pauvreté plusimportant que les mêmes sommes octroyées aux hommes. Les femmes investissent davantageles revenus dans l’amélioration des conditions de vie : santé, alimentation, éducation. Onconstate par ailleurs que les revenus octroyés aux femmes équivalent ceux des hommes pourun même travail. Cependant, les femmes ont plus de difficulté à libérer du temps pour cetravail supplémentaire alors que certains hommes en font leur activité principale.

Le problème central auquel sont confrontés les producteurs marginalisés n’est pas tant le niveau de

revenus que la régularité et la sécurité dans le temps de ces revenus. Les producteurs d’artisanat ducommerce équitable ne peuvent bien souvent pas vivre de cette activité unique. Ils ont une autreactivité dans l’agriculture ou un autre domaine. L’artisanat constitue donc un revenu de complémentintéressant pour la partie creuse de l’année.

•  Le préfinancement des commandes octroyé par les organisations de commerce équitable auxproducteurs est souvent vital pour assurer la possibilités de produire.

•  Certaines organisations de commerce équitable parviennent à donner assez de travail auxproducteurs. Les autres souhaiteraient le faire.

•  Les producteurs de bijoux sont ceux qui arrivent le mieux à stabiliser leur emploi dans lesecteur de l’artisanat. Pour les autres secteurs, le développement de compétences spécifiquessera nécessaire pour y arriver.

•  On constate aussi une augmentation des contrats de travail dans le secteur de l’artisanat du

commerce équitable entre organisation et producteurs. C’est une forme de stabilisation desrevenus en même temps qu’une officialisation d’un secteur au départ informel.

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•  Certaines organisations de commerce équitable ont mis en place des mécanismes permettantde suppléer aux fluctuations des revenus. Des systèmes allient un salaire de base et unpayement à la pièce par exemple. D’autres ont mis en place des systèmes de paiement descongés de maternité.

Finalement, il est intéressant de se rendre compte que les filets de sécurité existant chez nous dans ledomaine de l’emploi et des revenus représente un défi permanent pour les organisations de commerceéquitable du Sud.

La possibilité de disposer d’une épargne ou de bijoux est un mécanisme qui permet dans une certainemesure de compenser l’irrégularité des revenus et de s’organiser pour des dépenses exceptionnelles.Certaines organisations de producteurs dans le Sud proposent des systèmes d’épargne obligatoire. Lesuccès de ce type d’actions dépend de l’attitude individuelle et collective par rapport à laconsommation et l’épargne. La plupart des artisans sont des femmes. C’est particulièrement vrai pourl’Asie. Ces programmes d’épargne leur permettent d’avoir un meilleur contrôle des dépenses et desinvestissements. Cet impact positif est surtout marqué pour les événements de la vie tel que lesmariages ou les naissances. Ce n’est pas encore le cas pour pourvoyer un système de pension ou desmaladies chroniques.

Le capital physique (outils, équipements) vient en support aux moyens d’existence et auxinfrastructures de base (transport, eau potable, sanitaire, énérgie, accès à l’information, bâtiments).Un capital physique insuffisant affecte les capacités productives des producteurs.

•  Parmi les exemples de capital physique cités comme important pour leur impact sur lesrevenus :

o  La propriété de la terreo  La propriété d’un cheptelo  La propriété d’un moyen de locomotion comme source de revenuo  L’amélioration du logemento  L’achat d’une télévision ou d’une radioo  L’achat de bons vêtementso  L’achat d’un vélo ou d’une mobylette

•  L’accroissement des revenus grâce aux ventes d’artisanat du commerce équitable permetl’accès à des infrastructures de base là où les organisations proposent ce type de soutien :installation de l’électricité, formation de groupe à la santé résultant en un meilleur entretiendes infrastructures sanitaires.

•  Dans le secteur de l’artisanat, on note peu d’exemples d’investissements dans desinfrastructures couverts par les bénéfices générés. Le système de prime du commerceéquitable existant pour certains produits alimentaires n’existe pas en tant que tel dans lesecteur de l’artisanat. Or, cette prime est parfois utilisée pour financer des investissementsassez lourds. Dans le secteur de l’artisanat les bénéfices en argent profitent plus directementaux producteurs.

Le capital humain au niveau individuel représente les compétences, les savoir-faire, lesconnaissances, les capacités de travail et la santé. Au niveau du ménage, le capital humain représentel’ensemble des forces vives présentes dans chaque ménage.

L’impact sur le capital humain est bien évidemment plus difficile à mesurer. Pourtant, il existe unconsensus sur le fait que le commerce équitable améliore largement le capital humain des producteursdes organisations de commerce équitable dans le Sud. La formation, la prise de conscience d’enjeuxnationaux ou sectoriels, le développement de la confiance en soi, de l’amour propre, de nouvellescompétences ont un impact immatériel régulièrement cité par les producteurs. Cet impact serépercute sur le développement économique et social.

•  L’impact du Sida en Afrique est un exemple qui montre le rapport entre le capital humain etles moyens d’existence.

•  Des améliorations de la santé sont obtenues par :o

  Un meilleur accès à une alimentation de qualitéo  Une couverture santé organisée par certaines organisations de commerce équitableo  De meilleures conditions de travailo  Une réduction des heures de travail permettant des temps de loisir

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o  Des formations concernant la santé, la gestion de l’eau potable, l’environnementdispensées par ces mêmes organisations

•  Certains impacts négatifs sont mentionnés dans certains secteurs spécifiques de production.L’utilisation d’une quantité importante de bois pour la cuisson. Ou la fumée produite par cettecombustion. Aussi, les producteurs passent progressivement vers l’utilisation de four à gaz.

•  Des exemples d’amélioration de compétences, de savoir-faire et d’attitude :o  Les producteurs acquièrent des compétences techniques et de gestion(tissage,

tournage, développement de produits, épargne, investissements, etc.)o  La participation à une filière de production et de commercialisation internationale

accroit la confiance en soi.o  Les enfants, filles et garçons, vont à l’école.o  « Empowerment » des organisations de commerce équitable du Sud, capables de

renforcer leur poids dans des négociations.

•   Au fur et à mesure que des producteurs s’investissent dans l’artisanat, ils créent des emploisdans l’agriculture pour suppléer leur « absence ».

•  L’émancipation des groupes de producteurs et des femmes vis-à-vis des hommes dans cedomaine peut aussi être un facteur de tension sociale.

•  Les organisations de commerce équitable du Nord propose une grande variété de formationsaux organisations de commerce équitable du Sud.

Le capital social est probablement le plus difficile à définir. Il peut être décrit comme les ressourcessociales disponibles pour faciliter le déploiement des moyens d’existence. Il comprend :

•  Les relations et les contacts de confiance, d’échange et de réciprocité

•  L’adhésion à des groupes plus formels.

•  Les réseaux verticaux (patron/client) ou horizontaux (entre individus qui ont des intérêtscommuns)

Le capital social permet de mieux affronter situations difficiles et peut parfois compenser le manqued’autres ressources.

•  La formation de groupes. La plupart des organisations de commerce équitable du Sud sontengagées dans des formations et l’organisations de groupes. C’est généralement perçu commeun impact très positif du commerce équitable. Cela permet de sortir des producteurs del’isolement, de développer des capacités et de renforcer leur pouvoir de négociation. Il faut

noter que l’organisation des ces groupes peut être perçue par ceux qui n’en font pas partiecomme un fait excluant.

Les femmes qui travaillent ensemble peuvent sortir de l’exclusion et de la vulnérabilité. L’organisationde groupes de femmes artisanes en structure formelle leur permet d’échanger des expériences, derenforcer leur position sociale et, par voie de conséquence, de réduire les violences à leur égard. Lesrevenus qu’elles tirent de leur production forcent le respect.Enfin, l’organisation de groupes dans des villages ou des communautés engendre souvent un bénéficesocial pour l’ensemble de la communauté : accueil, propreté, sécurité, etc.

Le capital naturel reprend les ressources disponibles telles que l’atmosphère, la biodiversité, lesarbres, la terre, les ressources minières, etc. Ces ressources sont primordiales dans le secteur del’artisanat qui puise bien souvent dans la nature les éléments matériels et créatifs nécessaires à

l’élaboration des produits.

•  Les problèmes environnementaux sont relativement peu nombreux dans le secteur ducommerce équitable. Il ne s’agit en effet que rarement de production industrielle. Toutefois,l’agriculture biologique devient une préoccupation voire un objectif pour tout le monde dansce secteur. Par ailleurs, le souci de l’environnement est secondaire pour les producteursmarginalisés qui sont encore dans des stratégies de survie.

•  La sensibilisation à une utilisation parcimonieuse des matières premières naturelles estprogressive mais pas encore généralisée. Cela renvoie notamment aux matières considéréespar les producteurs comme gratuites.

•  La gestion du capital naturel doit devenir un souci des organisations de commerce équitableau Nord et au Sud. D’autant que cette gestion est une condition de la durabilité du système eten lien direct avec la santé des artisans.

En guise de conclusion partielle sur l’impact du commerce équitable de l’artisanat :

•  Le commerce équitable avec les producteurs d’artisanat permet de sortir desproducteurs de l’extrême pauvreté en leur permettant de dépasser le seuil de

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pauvreté. Mais les épargnes ne sont pas généralisées et les coups durs ne sontpas toujours surmontables.

•   Alors que la synthèse de l’impact sur les revenus est difficile et nuancée, il existeun consensus plus large sur les autres bénéfices du commerce équitable : accèsau marché, savoir-faire, confiance en soi, permettant une meilleure intégrationéconomique.

•  L’analyse de l’impact montre beaucoup d’exemples d’amélioration des conditions

de vie individuelles : niveau d’éducation plus élevé, meilleure alimentation,revenus pour les femmes, etc.

•  Concernant l’impact social, les études de cas réalisées montrent des progrèscollectifs dans les compétences de gestion, les compétences commerciales, lacapacité de négociation des groupes et une réduction générale de lamarginalisation.

•  Le cadre des moyens d’existence montre l’impact indirect que peut avoir ledéveloppement des certaines ressources (humaine, naturelles, sociale, etc.) surle développement économique et social.

Conclusion générale

Cette étude permet de mieux comprendre le secteur de l’artisanat, son potentiel en tantque moteur de développement et la spécificité du commerce équitable d’artisanat.

D’abord, l’analyse du marché européen conventionnel et équitable de l’artisanat montrequ’il existe bel et bien un potentiel de ventes en croissance. Ceci étant dit, l’exploitationde ce potentiel nécéssitera pour les producteurs et les détaillants davantage despécialisation dans leur métier pour offrir des produits de qualité dans toutes lesgammes de prix. Cette analyse interpelle aussi sur la prédominance très claire de l’Asie

dans ce marché et la marginalisation progressive de l’Afrique.

Ensuite, l’artisanat est caractérisé par une prédominance du travail sur le capital. Il nenécessite ni gros investissements, ni compétences difficiles au démarrage. C’estpourquoi la production d’artisanat est un des modes de survie utilisé par lespopulations marginalisées, et plus spécifiquement les femmes. Il permet ainsi audépart d’obtenir un revenu complémentaire pour le ménage mais pas pour autant desortir de sa situation de pauvreté.

Pour que la production d’artisanat puisse devenir un réel vecteur de développement, lesproducteurs doivent se regrouper, s’organiser et se spécialiser. C’est ici que lecommerce équitable joue un rôle essentiel pour permettre aux producteurs, au départmarginalisés, de développer des compétences de production et d’organisation. Grâce au

pré-financement, à la durabilité du partenariat commercial et d’autres services, lecommerce équitable de l’artisanat joue un rôle de tremplin pour permettre auxproducteurs d’atteindre un niveau de ventes significatif pour améliorer leurs conditionsd’existence.

Enfin, la crédibilité future du commerce équitable de l’artisanat passera trèscertainement par l’application des critères de ce secteur à l’ensemble des étapes de laproduction artisanale, y compris la production des matières premières et le secteur dutransport. L’enjeu est de taille étant donné que la spécialisation nécessaire desproducteurs pour développer des produits de qualité passe souvent aussi par des filièresde production plus complexes.

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