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Revista europeană de drept social 219 LE RÔLE DE L’INDUSTRIALISATION DANS LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE: UNE ANALYSE COMPARATIVE ENTRE LES PAYS NORD AFRICAINS ET LES PAYS SUBSAHARIENS Mohamed BEN AMAR TIME University, Tunisie [email protected]. Abstract: The object of this work consists in analyzing economic growth in African countries. We have three main results that were generated from this work. First, we explain how industrial development can achieve strong and sustained economic growth in African countries. Secondly, concerning economic performances, the African countries achieved a great improvement during the last decade and show very important potential. They should strengthen reforms in a process of structural transformation focused on the development of the manufacturing sector. Finally, on using a panel model for two samples of 4 North African countries and 26 Sub-Saharan African countries covering the period (1982-2009), we confirmed the positive and statistically significant effect of industrialization on sustained economic growth. Keywords: industrialization, structural transformation, panel data, endogenous growth, African countries. Introduction Les théories modernes de la croissance économique insistent que la croissance est un processus permanent de l'innovation technologique, de la modernisation et de la diversification de l'industrie qui permet l’amélioration des différents types d'infrastructures et d’arrangements institutionnels qui constituent le contexte du développement de l'entreprise et la création qui peuvent être décrites brièvement comme transformation structurelle de l'économie. L'industrialisation peut modifier la structure économique aux activités économiques modernes et peut être considérée comme une source d'externalités positives pour les autres secteurs. Il augmenterait par conséquent l'augmentation potentielle de l'économie et par conséquent faciliter le développement économique. L’industrialisation peut être appréciée comme un outil essentiel dans création des postes de travail, de réduction de la pauvreté et de la promotion des politiques du développement régionales. De plus, elle peut stimuler le progrès technologique et l’innovation qui peuvent être considérés comme des gains de productivité. En effet, les pays développés ont découvert le rôle crucial de l'industrialisation inclue par la grande part du secteur industriel dans le PIB et ont soutenu leurs industries à travers les politiques ciblées et les investissements appropriés dans leurs institutions.

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LE RÔLE DE L’INDUSTRIALISATION

DANS LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE: UNE ANALYSE COMPARATIVE ENTRE LES PAYS NORD AFRICAINS ET LES PAYS SUBSAHARIENS

Mohamed BEN AMAR TIME University, Tunisie

[email protected]. Abstract: The object of this work consists in analyzing economic growth in African

countries. We have three main results that were generated from this work. First, we explain how industrial development can achieve strong and sustained economic growth in African countries. Secondly, concerning economic performances, the African countries achieved a great improvement during the last decade and show very important potential. They should strengthen reforms in a process of structural transformation focused on the development of the manufacturing sector. Finally, on using a panel model for two samples of 4 North African countries and 26 Sub-Saharan African countries covering the period (1982-2009), we confirmed the positive and statistically significant effect of industrialization on sustained economic growth.

Keywords: industrialization, structural transformation, panel data, endogenous growth, African countries.

Introduction Les théories modernes de la croissance économique insistent que la croissance

est un processus permanent de l'innovation technologique, de la modernisation et de la diversification de l'industrie qui permet l’amélioration des différents types d'infrastructures et d’arrangements institutionnels qui constituent le contexte du développement de l'entreprise et la création qui peuvent être décrites brièvement comme transformation structurelle de l'économie.

L'industrialisation peut modifier la structure économique aux activités économiques modernes et peut être considérée comme une source d'externalités positives pour les autres secteurs. Il augmenterait par conséquent l'augmentation potentielle de l'économie et par conséquent faciliter le développement économique.

L’industrialisation peut être appréciée comme un outil essentiel dans création des postes de travail, de réduction de la pauvreté et de la promotion des politiques du développement régionales. De plus, elle peut stimuler le progrès technologique et l’innovation qui peuvent être considérés comme des gains de productivité. En effet, les pays développés ont découvert le rôle crucial de l'industrialisation inclue par la grande part du secteur industriel dans le PIB et ont soutenu leurs industries à travers les politiques ciblées et les investissements appropriés dans leurs institutions.

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Malgré toute sa richesse naturelle et ses ressources minérales, l’Afrique reste le continent le moins industrialisé dans le monde. Plus qu’un demi-siècle après leur indépendance, pendant que les autres régions ont augmenté leur part d’exportations non-pétrolières, le continent est encore exportateur de matières premières aux pays industrialisés.

Ces derniers ont transformés et ont revendu ces produits en Afrique à des prix considérablement plus hauts. Après l'indépendance, beaucoup de pays africains ont choisi l'industrialisation comme élément central de leur agenda du développement. Il a été supposé de faciliter la transformation de la structure de leurs économies d'une base agricole à une base industrielle moderne.

Maintenant, divers pays africains appliquent des stratégies d'industrialisation de production désignée à l’exportation qui exige des produits de qualité pour les exporter à prix bas.

Concernant les transformations structurelles qui ont émergé dans l'économie mondiale durent les 25 années, il devient clair que les exigences les plus importantes à l'industrialisation restent actuellement la qualité de l'éducation et la connaissance technologique. Le décollage de l'industrialisation exige la disponibilité d'une main-d’œuvre éduquée et techniquement qualifiée, le déficit qui affecte le continent dans ce domaine continu à jouer un rôle significatif dans l’obstacle du processus du développement en Afrique. Les autres facteurs connus pour contribuer aux conditions sombres de l'industrialisation sur le continent consistent en les politiques peu appropriées dans l’investissement industriel, des infrastructures inadéquates, les questions de la taille du marché aussi bien que l'absence de technologie. Les contraintes de l’offre ont montré un problème récurrent pour le développement africain, qui exige une attention sur la création d’un environnement conducteur et d’une politique cohérente. De même, il est impératif de créer des compétences, d’accroitre la productivité, d’encourager l'investissement, d’améliorer le fonctionnement des entreprises et le transfert des technologies, réduire des coûts dans le climat des affaires et d’introduire des normes appropriés pour permettre aux produits d’être compétitifs sur les marchés internationaux.

Le but de ce travail consiste à évaluer empiriquement l'effet de l'industrialisation sur la croissance économique de deux groupes de pays africains (les pays nord africains et les pays subsahariens). Pour traiter une telle question, nous organisons notre travail en trois sections.

L'objet de la première section est de rechercher le lien entre l'industrialisation et les principaux modèles de croissance endogène qui représentent la théorie moderne de la croissance économique. La deuxième section présente les performances impressionnantes des pays africains et la transformation structurelle. La dernière section est consacrée à notre vérification empirique des effets du développement industriel sur la croissance économique dans le cas des deus échantillons de pays africains.

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1.1.1.1. L’industrialisation comme source de la croissance endogèneL’industrialisation comme source de la croissance endogèneL’industrialisation comme source de la croissance endogèneL’industrialisation comme source de la croissance endogène:::: Dans un modèle présenté en 1966, Kaldor est considéré comme l'initiateur de

présenter l'industrialisation comme un facteur déterminant du développement économique. “Fast rates of growth are almost invariably associated with the fast rate of growth of the secondary sector, mainly manufacturing, and...this is an attribute of an intermediate stage of development” (Kaldor,1966, 7).

Dans la même ligne de recherche, Chenery et al. (1986) ont étudié la relation entre l'industrialisation et la croissance économique. “Is industrialization necessary to continued growth? Our models of the transformation suggest that the answer is generally yes. (...) We conclude that –on both empirical and theoretical grounds– a period in which the share of manufacturing rises substantially is a virtually universal feature of the structural transformation”. (Chenery et al., 1986, 350).

Ainsi, Murphy et al. (1989) supposent qu'une croissance rapide est effectuée par un développement industriel. “Virtually every country that experienced rapid growth of productivity and living standards over the last 200 years has done so by industrializing. Countries that have successfully industrialized –turned to production of manufactures taking advantage of scale economies– are the ones that grew rich, be they 18th-century Britain or 20th-century Korea and Japan”. (Murphy et al., 1989, 1003).

Chenery et al. (1986) ont remarqué que le long du processus d'industrialisation quelques transformations structurelles doivent avoir lieu comme les changements dans la demande finale, les changements dans les demandes intermédiaires et les changements dans le commerce international.

L'investissement en tant que facteur de la croissance endogène a été introduit par Romer (1986) en se référant au travail d’Arrow (1962). Romer assume que la croissance d’une nation peut être permanente. Il suggère que les externalités positives technologiques sont le résultat d'une accumulation du capital physique, ce qui donne la qualification de «connaissance», même si la référence implicite est certainement celle du capital physique. De plus, Lucas (1988) a développé un modèle de croissance endogène centré sur le capital humain, qui peut être accumulé par le biais de certaines activités dont les plus importantes sont l'éducation, la formation, la santé et l'innovation. La troisième catégorie des modèles de croissance endogène est basée sur des explications schumpétériennes, où l'innovation. Romer (1990) et Aghion et Howitt (1992) ont développé deux modèles où l'innovation technologique et l'investissement dans la recherche et développement sont considérés comme déterminants de la croissance à long terme. Dans cette même lignée, l'industrialisation peut être considérée comme un facteur de la croissance endogène. En outre, cette relation entre le développement de l'industrie et la croissance peut être expliquée par le processus schumpétérien de «la destruction créatrice». Selon Barro (1990), les dépenses du gouvernement dans

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l'infrastructure sont considérées comme un facteur de croissance de la performance du secteur privé productif. Par conséquent, les dépenses publiques génèrent des externalités d’amélioration de la productivité dans le secteur privé, et permettent une croissance endogène. Grossman et Helpman (1991) ont proposé un modèle où la croissance économique est dépendante de l’ouverture de l’économie à l’extérieur. Une ouverture qui ouvre la porte aux transferts technologiques et aux nouveaux marchés. En 1993, Pagano a également analysé théoriquement le rôle du développement financier dans l'allocation efficace des ressources financières et donc à la croissance économique.

2.2.2.2. Performances impressionnantes des paysPerformances impressionnantes des paysPerformances impressionnantes des paysPerformances impressionnantes des pays africains et africains et africains et africains et

transformation structurelletransformation structurelletransformation structurelletransformation structurelle

Dans ce paragraphe, nous décrivons les résultats concernant la croissance économique dans les pays africains.

2.1. Principaux résultats des performances économiques africaines

En ce qui concerne les performances économiques, les pays africains ont atteint une grande amélioration au cours de la dernière décennie. Ainsi, le PIB de l'Afrique a enregistré 4,9% de croissance annuelle moyenne sur la période 2000-2008. Ce taux a plus que doublé par rapport à celui des années 1980 et 1990. Le PIB africain du a atteint en 2008 les 1600 milliards de dollars ; approximativement l'équivalent de celui du Brésil et de la Russie.

Cependant, les dépenses de consommation en 2008 sont estimées à 860 billions de dollars. Enfin, après une baisse constante au cours des années quatre-vingt et quatre-vingt dix, la productivité du travail en Afrique a retourné à augmenter avec une forte croissance annuelle moyenne de 3% au cours de la période 2000-2008.

Le boom des prix des matières premières contribue directement à raison de 24% de la croissance économique des pays africains au cours de la période 2000-2008. Ce taux peut atteindre 32% si l'on considère également les contributions indirectes.

En réalité, en plus de la hausse des prix des matières premières, il y a eu d’autres facteurs qui ont joué un grand rôle dans la réalisation de ces performances. Ces facteurs ont beaucoup amélioré la compétitivité globale des économies des pays africains.

« The key reasons behind Africa’s growth surge include government moves to end armed conflicts, improve macroeconomic conditions, and adopt microeconomic reforms to create a better business climate. In every country where these shifts occurred, they correlated with faster GDP growth »1.

Ainsi, dans la majorité des pays africains, la stabilité politique est améliorée par la diminution du niveau de la conflictualité. Plusieurs réformes macroéconomiques et

1 McKinsey & Company (2010).

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microéconomiques ont était adoptées ; privatisation des entreprises publiques, réduction des barrières commerciales, allègements fiscaux au profit des entreprises et renforcement des systèmes légaux et de régulation. En matière de stabilité macroéconomique, des années 1990 aux années 2000, le taux d’inflation a passé de 22% à 8%2, la part de la dette publique dans le PIB a passé de 81.9% à 59%3 seulement et la part du déficit budgétaire dans le PIB a aussi passé de (-4.6%) à (-1,8%)4.

En plus des performances déjà réalisées en matière de croissance économique, l’Afrique possède un grand potentiel de croissance économique.

« If recent trends continue, Africa will play an increasing important role in the global economy. By 2040, the continent will be home to one in five of the planet’s young people, and the size of its labor force will top China’s. Companies already operating in Africa should consider expanding5 ».

2.2. La transformation structurelle et la qualité de la croissance

économique en Afrique

Dans leurs analyses, les économistes s'accordent sur le fait que: i) l'emploi est le guide principal à travers lequel la croissance économique peut réduire la pauvreté, ii) l'emploi6 dépend de la qualité de la croissance économique et iii) la qualité de la croissance économique dépendante de la composition sectorielle de l'production.

En réalité, le problème de la composition de la structure de la production des pays africains ne concerne pas à propos la contribution de l'industrie dans l'activité économique, mais plutôt la contribution de l'activité manufacturière. Ainsi, en 2008, la contribution du secteur industriel au PIB pour les pays en développement en Afrique est de 40,68%. Cette contribution est supérieure à la moyenne mondiale qui se situe autour de 30,08%. Alors que la contribution du secteur manufacturier, elle est de l'ordre de 10,49% en 2008. Cette contribution est inférieure que la moyenne mondiale qui est de 18,13%7.

En plus de sa faible contribution dans l'économie, le secteur manufacturier a d'autres limites. Tout d'abord, sa part dans l'industrie manufacturière mondiale est très faible. Elle a diminué de 1,2% en 2000 à 1,1% en 2008. En second lieu, concernant produits manufacturés à faible technologie et à forte intensité en main-d'œuvre, l'Afrique a reculé. Ainsi, la part de ces produits dans la valeur ajoutée manufacturière a chuté de 23% en 2000 à 20% en 2008. De même, la part de ces produits dans le total des exportations manufacturières de l’Afrique a aussi baissé, en passant de 25% en 2000 à 18% en 2008. En Troisième lieu, l'industrie manufacturière est fortement dépendante des activités manufacturières basées sur les ressources naturelles. Ainsi, en 2008, la part de ces produits dans les 2 Soit une chute de 64%. 3 Soit une baisse de 28%. 4 Soit une amélioration de 60%. 5 McKinsey & Company (2010). 6 Niveau et qualité. 7 CNUCED et ONUDU, 2011.

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exportations totales de produits manufacturés en Afrique est de 49%. Enfin, le secteur manufacturier africain est dominé par les petites entreprises africaines qui ne créent pas suffisamment d'emplois décents (les CNUCED et ONUDU, 2011).

La principale question qui se pose est: « comment la transformation structurelle et en particulier le développement du secteur de la fabrication peuvent améliorer la qualité de la croissance économique? ».

« Ainsi, on peut considérer la transformation structurelle comme étant le changement intervenant dans la composition sectorielle de la production (ou PIB) et celle du type sectoriel de l'emploi de la main-d'œuvre, au fur et mesure que le l'économie se développe (c'est-à-dire en tant qu’accroissement du PIB réel par habitant) » (CEA et UA, 2011).

Les principaux faits stylisés dégagés des études empiriques qui ont porté sur la transformation structurelle8, sont au nombre de quatre. Ainsi, au cours d’une longue période, à mesure que le PIB réel par habitant augmente, la part:i) de l’agriculture dans le PIB diminuera, ii) de l’industrie dans le PIB augmentera, des services dans le PIB augmentera et, iv) de la manufacture dans le PIB augmentera. Sachant que pour chaque baisse et chaque augmentation il y a une limite9, à l’exception de l’augmentation de la part de la manufacture dans le PIB qui ne correspond pas nécessairement à un point tournant (CEA et UA, 2010).

En réalité, les économistes supposent que dans l’économie moderne, un processus d’industrialisation et en particulier le développement de la production manufacturière sont nécessaires pour la réalisation d’une croissance économique forte, rapide et durable. Alors que les exportations de produits de base peuvent procurer une croissance économique forte, mais pas durable.

Sur toute la période (1970-2007), six pays africains (Botswana, Cap-Vert, l’Egypte, la Guinée équatoriale, le Lesotho et la Tunisie) seulement qui ont réalisé une croissance économique soutenue. Autrement dit, une croissance annuelle moyenne supérieure ou égale à 2% du PIB réel par habitant sur toute la période 1960-2007 et les trois sous périodes (1960-1972, 1973-2000 et 2000-2007), avec une volatilité faible qui correspond à un coefficient de variation des taux de croissance compris entre 1 et 3.

Parmi ces six pays, seulement la Tunisie qui a réalisé une transformation structurelle classique au cours de la période 1960-2007. Mais aussi deux autres de ce groupe de six qui ont réalisé une transformation structurelle incomplète, dans la mesure où la part du sous-secteur manufacturier a baissé au cours de cette période (CEA et UA, 2011). Donc, un nombre très limité des pays africains ont assuré une croissance économique soutenue et une transformation structurelle.

Les principaux mécanismes par lesquels la transformation structurelle, qui est un développement du secteur manufacturer, améliore la qualité de la croissance économique sont au nombre de quatre.

8En termes des parts des trois secteurs traditionnels de la production et du sous-secteur manufacturier. 9Qui correspond à un niveau du revenu par tête bien déterminé.

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Premièrement, le secteur manufacturier comme une transformation physique ou chimique de matériaux en nouveaux produits ou composants de subsistance, il augmente la valeur de ces produits et crée de la richesse. Deuxièmement, la fabrication est une source d'innovation et donc un moyen de développer l'activité de recherche et développement et à la diffusion des nouvelles technologies dans d'autres secteurs de l'économie. Troisièmement, le secteur manufacturier a des effets importants sur le reste de l'économie, notamment l'agriculture, les transports, la banque, l'assurance, la communication et d'autres. Par le biais de ces effets d'entraînement, l'activité manufacturière contribue au développement de l'investissement intérieur et d’où la création de l’emploi. Quatrièmement, la transformation structurelle et le développement du secteur manufacturier améliorent la qualité des échanges internationaux du pays en renforçant sa capacité d'exportation de produits manufacturiers.

Enfin, contrairement au secteur agricole, qui est limitée par les rendements d'échelle10 décroissants et d'autres secteurs traditionnels, le secteur manufacturier a un grand potentiel en matière de création d'emplois. Par conséquent, pour satisfaire les besoins de l'emploi d'une population croissante et de mouvement d'urbanisme, il faut développer le secteur manufacturier.

Dans l’ensemble, la réalisation d’une croissance économique forte et soutenue par les pays africains exige l’implication de ces pays dans un processus de transformation structurelle axée sur le développement du secteur manufacturier.

Pour expliquer la relation entre l'industrialisation et le PIB par habitant, nous utilisons une estimation longitudinale des pays africains pour l’année 2009 (graphique ci-dessous).

Figure 1. Relation entre le PIB par habitant et l'industrialisation

10 Une décroissance est expliquée par la constance de certains facteurs comme la terre.

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Le graphique suivant met en évidence la relation positive qui existe entre les deux variables étudiées ; le PIBT et l’IND. Pour l’année de notre étude (2009)11, il paraît que les résultats obtenus présentent l’intérêt de reposer sur un échantillon étendu de pays à différents niveaux de développement du continent africain. Les pays en haut et à droite du graphique sont les plus développés et font l’expérience de niveaux de d’industrialisation élevés. En revanche, les pays en bas et à gauche sont les moins développés et connaissent les niveaux d’industrialisation les plus faibles. Ces résultats attestent donc une relation positive entre le développement industriel et le niveau de développement économique qui va faire l’objet d’une vérification empirique dans la section suivante.

Nous remarquons que les pays nord africains appartiennent à la première zone des pays les plus développés du continent sauf pour la Mauritanie. Alors que la majorité des pays subsahariens appartiennent à la zone des pays les moins développés sauf pour le Gabon, l’Afrique du Sud, le Congo, le Botswana et les Iles de Maurice. C’est pour cette raison, qu’on va faire une analyse comparative entre ces deux groupes de pays dans la prochaine section.

3.3.3.3. Vérification Vérification Vérification Vérification empirique de la relation entre le niveau empirique de la relation entre le niveau empirique de la relation entre le niveau empirique de la relation entre le niveau

d’industrialisation et la croissance économique pour deux d’industrialisation et la croissance économique pour deux d’industrialisation et la croissance économique pour deux d’industrialisation et la croissance économique pour deux

échantillons de pays africainséchantillons de pays africainséchantillons de pays africainséchantillons de pays africains

3.1. Présentation du modèle et méthodologie des estimations Dans cette section, nous allons étudier empiriquement les effets de la compétitivité

globale sur la croissance économique pour deux échantillons de pays africains12.

a. Présentation du modèle Pour atteindre tel objectif, on suivra l’approche de Mankiw, Romer & Weil

(1992) et Demetriades & Law (2004). Nous retenons la fonction de production Cobb-Douglas suivante:

(1)

avec et où, Y: la production, K: le stock du capital physique, H: le stock du capital

humain, L: le travail, A: un facteur reflétant le niveau technologique et l’efficacité de l’économie, α + β<1, n: le taux de croissance de la force de travail, g: le taux du

progrès technique supposé constant, : le vecteur représentant l’industrialisation et les autres facteurs affectant le niveau de la technologie et l’efficacité de l’économie, θ: le vecteur des coefficients qui sont reliés à ces variables, et i et t sont respectivement les indices pays et temps. 11 L’utilisation de l’année 2009 comme une année de référence pour notre estimation longitudinale se réfère à l'année de terminaison de notre étude empirique, dans le paragraphe suivant.

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L'évolution de l'économie est déterminée par:

et (2) avec, et sont respectivement le taux d’investissement en capital

physique et le taux d’investissement en capital humain. On suppose que:

et , avec, le taux de dépréciation du capital physique. Considérons que la production par unité de travail, le stock de capital physique

par unité de travail et le stock de capital humain par unité de travail sont donnés par:

, Après tous les développements, on obtient:

(3)

(4) Considérons aussi que le produit intérieur brut par unité de travail effectif

s’écrit comme suit:

(5) La substitution de (5) dans (3) et dans (4) nous donne:

(6)

(7)

A l’équilibre on a: Ce résultat nous conduit aux relations suivantes:

(8)

(9) En divisant (8) par (9), on obtient:

(10) La substitution de (10) dans (9) et (8), nous ramène à la relation suivante:

(11)

(12)

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Les relations (11) et (12) révèlent l’état stationnaire de l’économie au sens de Solow.

En tenant compte de la relation (5), on aura: Cela signifie que:

(13) La relation (13) représente la production par travailleur à d’équilibre. A l’équilibre, le progrès technologique est donné par:

(14)

Avec : les variables qui représentent les facteurs qui peuvent influencer le

progrès technologique. Dans notre travail, regroupe des variables reflétant le progrès industriel. La substitution de (11), (12) et (14) dans (13), nous donne:

(15) Pour que cette relation soit linéaire, on met en œuvre le logarithme:

(16) Si on ajoute les indices temps et individus, la relation s’écrit:

(17)

avec les taux g et δ sont supposés constants à travers chaque pays et dans le

temps et leur somme est égale à 0.05 (Mankiw et al., 1992). La variable comporte les facteurs structurels et les facteurs de l’environnement économique possédant une influence sur la croissance économique.

Donc, notre régression est basée sur la relation suivante: (18) avec, i désigne les pays (i = 1, 2,..., N) et t représente le temps (t = 1,…, T),

PIBT: le logarithme du PIB par habitant calculé en dollars constants de 2000, IND: le logarithme du ratio de la valeur ajouté du secteur industriel en pourcentage du PIB, CAP: le logarithme de l’accumulation du capital, EDU: le logarithme du taux de scolarisation au secondaire.

b. Présentation des variables et leurs ressources Toutes ces variables sont extraites des données annuelles de la base des

données de la Banque Mondiale (WDI) pour un échantillon de 30 pays africain couvrant la période 1982- 2009. Les variables abordées dans notre étude sont le PIB par tête comme variable endogène, la valeur ajoutée du secteur industriel en

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pourcentage du PIB, le stock de capital physique par habitant et du taux de scolarisation en éducation secondaire.

� La variable dépendante de notre modèle est donnée par le produit intérieur brut. Les variables explicatives utilisées dans notre travail sont: � Le niveau de l’industrialisation est donné par le niveau de la valeur ajoutée

du secteur industriel en pourcentage du PIB. � Le stock du capital physique par tête: nous évaluons le volume du stock de

capital physique en recourant à l’étude de Pottelsberghe et Bruno (1997). Le stock de capital physique "K" de l'année "t" est égal à son stock en "t-1" nivelé d'un taux de dépréciation en ajoutant le niveau de l'investissement « I » à l’instant « t »:

, avec It: la Formation Brute du Captal Fixe et : le taux

de dépréciation du capital ( ). Le stock initial du capital physique « K0 » est égal à l'investissement initial

« I0 » divisé par la somme du taux de croissance annuel de l'investissement It et du taux de dépréciation δ du capital physique:

. Le stock de capital physique par tête est donné en divisant le stock de capital physique calculé par la population totale.

� Le stock du capital humain est donné par le taux de croissance de croissance de l’éducation en secondaire.

Toutes ces variables sont extraites des données annuelles de la base des données de la Banque Mondiale (WDI, 2011).

c. Estimation du modèle et interprétation des résultats Nous avons estimé économétriquement sur données de panel l’équation (18)

pour un échantillon de 30 pays en développement, divisés en deux groupes13. Notre étude couvre la période 1982-2009.

L’étude économétrique en données de panel rend compte, à côté de la dimension individuelle, de la dimension temporelle des observations. L’augmentation du nombre d’observation permet de tenir compte des différences individuelles de performances qui sont dues à l’influence d’autres facteurs autres qui sont considérés dans la régression.

La richesse de l’information dans l’estimation des modèles en données de panel conduit aux conséquences suivantes: d’une part, le nombre très important d’individus observés permet une grande précision des estimations. D’autre part, la variabilité considérable des observations conduit à des R2 relativement faibles.

En estimant un échantillon de données de panel, la première chose qu’il convient de vérifier est la spécification homogène ou hétérogène du processus générateur des données. Sur le plan économétrique, cela convient à tester l’égalité des coefficients du modèle étudié dans la dimension individuelle. Econométriquement, les tests de spécification reviennent à déterminer si l’on est en

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droit de supposer que le modèle théorique étudié est parfaitement identique pour tous les pays, ou au contraire s’il existe des spécificités propres à chaque pays.

La présence d’effets spécifiques pour chaque individu rend les estimateurs des moindres carrés ordinaires non convergents. Dans ces conditions, nous devons accéder à l’estimation par la méthode « within » si ces effets sont fixes, ou la méthode des moindres carrés généralisés si ces effets sont aléatoires.

L’application du test de l’existence des spécificités individuelles dans notre étude rejette l’hypothèse d’homogénéité des variables.

Une fois l’hétérogénéité des variables détectée, nous devons passer au choix entre la régression par la méthode « within » ou par la méthode des moindres carrés généralisés « GLS ». Pour substituer entre ces deux méthodes, nous appliquons le test de spécification de Hausman (1978). Se référant à la statistique de ce test, les effets propres sont fixes car nous avons accepté l’hypothèse de corrélation entre les effets propres aux pays et les variables explicatives. Dans ce cas, la méthode « within » utilisée pour estimer le modèle avec effets fixes est convergente et efficace.

A partir de l’équation de base (18), nous allons effectuer différentes régressions pour chacun des groupes de pays.

Tableau 1: Effets de l’industrialisation sur le PIB par habitant

Pays Nord Africains Pays de l’Afrique Subsaharienne

C 2.289* 4.0345*

IND 0.104** 0.051**

CAP 0.474* 0. 26**

EDU 0.177* 0. 044**

R2 0.98 0.97

N 140 698

Test Hausman

16.97* 94.95*

*,**, ***: coefficient significatif respectivement à un seuil de 1%, 5% et 10%.

Les résultats de notre estimation confirment nos hypothèses. Ainsi, le niveau

d’industrialisation, mesuré par la valeur ajoutée du secteur industriel en pourcentage du PIB exerce un effet positif et statistiquement significatif sur le niveau du PIB par habitant dans nos échantillons constitués d’un ensemble de pays nord africains et d’un ensemble de pays subsahariens (un accroissement de la valeur ajoutée du secteur industriel de 1% engendre une hausse du PIB par habitant

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de 0,104% pour le premier groupe de pays et de 0,051% pour le le second groupe de pays). Un résultat qui peut expliquer et justifier la contribution de l’évolution du niveau d’investissement de ces deux groupes de pays africains dans leur croissance économique. L’effet exercé par l’industrialisation des économies, confirmé par notre régression économétrique, peut aussi contribuer à la transformation du potentiel du continent en des réalisations concrètes dans les prochaines années. Les pays africains ont réalisé des grandes performances en matière de croissance économique, mais le plus important est d’une part la continuité, et d’autre part, le développement des facteurs endogène de création de la richesse. Des facteurs qui agissent sur la compétitivité de leurs économies.

Le coefficient de la variable représentant le stock de capital est de signe positif et statistiquement significatif, ce qui est conforme aux résultats du modèle néoclassique de croissance, à savoir l’effet positif de l’accumulation du capital physique sur le développement des nations. Une hausse de 1% du ratio d’investissement entraînerait une augmentation de 0,474% du PIB par tête pour les pays nord africains et de 0,26% pour les pays subsahariens.

Le signe de la variable éducation, qui identifie le rôle de la qualité du capital humain, est positif et statistiquement significatif. Il est identique au signe escompté dans les deux groupes de pays. Nous pouvons constater que l’indicateur du capital humain influence la croissance positivement, ce qui confirme le rôle important de l’éducation comme moteur du développement économique. Une augmentation du taux d’accumulation du capital humain de 1% se traduit par un accroissement de 0,177% de la production pour le groupe des pays nord africains et de 0,044% de l’output des pays subsahariens.

Conclusion Dans le premier paragraphe, nous avons essayé de présenter l’effet de

l’industrialisation pour conduire à une croissance économique durable et robuste. Dans le deuxième paragraphe, nous remarquons que les grandes performances

économiques réalisées en Afrique ne sont pas transformées en un développement durable pour essentiellement deux raisons. Premièrement, la forte croissance économique réalisée au cours de la dernière décennie n’est pas soutenue, car elle est tirée par l’exportation des produits de base à l’état brut. Deuxièmement, cette croissance économique est faiblement créatrice d’emplois décents. La transformation structurelle et particulièrement le développement du secteur manufacturier en Afrique peuvent représenter un moyen efficace de transformation des grandes performances économiques en un développement humain durable. Ainsi, cette transformation structurelle améliore la qualité de la croissance économique en termes de niveau, de durabilité et de capacité créatrice d’emplois décents.

Dans le dernier paragraphe, nous avons développé un modèle de croissance économique dans lequel nous avons introduit le proxy de la valeur ajoutée du secteur industriel comme facteur de la croissance économique. En utilisant un

Revue europénnee du droit social

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modèle de panel statique pour deux échantillons de 4 pays nord africains et de 26 pays subsahariens au cours de la période (1982-2009), on a vérifié l’effet positif et statistiquement significatif du niveau d’ industrialisation sur la croissance économique dans ces deux groupes de pays.

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Annexes: Liste des pays

Algérie (DZA) Botswana (BWA) Burundi (BDI) Cameroun (CMR) Cote d'Ivoire (CIV) Egypte (EGY) Ethiopie (ETH) Gabon (GAB) Gambie (GMB) Ghana (GHA)

Kenya (KEN) Madagascar (MDG) Malawi (MWI) Maroc (MAR) Maurice (MUS) Mauritanie (MRT) Mozambique (MOZ) République Centre Africaine (CAF) République du Congo (COG) République Démocratique du Congo (ZAR)

Rwanda (RWA) Sénégal (SEN) Sierra Leone (SLE) Soudan (SDN) Sud Afrique (ZAF) Tchad (TCD) Togo (TGO) Tunisie (TUN) Uganda (UGA) Zambie (ZMB)