LaSyRe Working Paper No. 4 – 2011 · RESUME Les changements ... mobilisation des facteurs de...
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Systèmes de production sahéliens face aux changements climatiques SANOGO Fatimata
LaSyRe Working Paper No. 4 – 2011
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LaSyRe Working Paper is an informal channel for information sharing. It publishes original work undertaken by LaSyRe researchers. LaSyRe is funded by DANIDA, research grant 09-001-KU The project is an interdisciplinary collaboration between the following institutions:
Department of Geography and Geology, University of Copenhagen Department of Geography, Abdou Moumouni University of Niamey Institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles (INERA), CNRST, Ouagadougou Department of Geography and Geology, University of Ouagadougou ISE, University Cheikh Anta Diop
More information can be found on www.lasyre.dk. The working papers are primarily targeted to the collaborative partners; yet, the material may be used with appropriate reference to this publication. Editorial address: Professor Anette Reenberg Department of Geography and Geology University of Copenhagen Oster Voldgade 10, DK-1350 Copenhagen K Denmark [email protected]
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MEMOIRE DE MASTER RECHERCHE
Option : Aménagement du Territoire
Présenté par :
Année académique 2009-2010
Ministère des Enseignements Secondaire Supérieur et de la Recherche Scientifique
(MESSRS) -=-=-=-=-=-=-=-=-=-
Université de Ouagadougou -=-=-=-=-=-=-=-=-=-
Unité de Formation et de Recherche en Sciences Humaines (UFR/SH)
-=-=-=-=-=-=-=-=-=- Département de Géographie
-=-=-=-=-=-=-=-=-=- Formation Doctorale en Dynamique
Des Espaces et Sociétés
-=-=-=-=-=-=-=-=-=-
BURKINA FASO
Unité - Progrès - Justice
-=-=-=-=-=-=-
SYSTEMES DE PRODUCTION SAHELIENS FACE AUX
CHANGEMENTS CLIMATIQUES
Sous la direction de :
Professeur Dapola E.C. DA HDR, Maître de Conférences
Présenté et soutenu par:
SANOGO Fatimata
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SOMMAIRE
SOMMAIRE 3
REMERCIEMENTS 4
SIGLES ET ABREVIATIONS 5
RESUME 7
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L’APPROCHE THEORIQUE DE LA REVUE DE LITTERATURE 10
CHAPITRE I : LA PROBLEMATIQUE ET LA MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE 11
CHAPITRE II : IMPACT DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES SUR LES MILIEUX PHYSIQUE ET HUMAIN 23
CONCLUSION PARTIELLE 39
LA SYNTHESE DE L’ÉVOLUTION DES SYSTEMES DE PRODUCTION AGRO-
PASTORALE ET DE L’ADAPTATION AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES DANS
LE SAHEL 40
CHAPITRE III: L’EVOLUTION DES SYSTEMES DE PRODUCTION ET LES STRATEGIES D’ADAPTATION 41
CHAPITRE IV : LE POINT DES CONNAISSANCES, L’ANALYSE ET L’ORIENTATION DE RECHRCHE 56
CONCLUSION PARTIELLE 82
83
BIBLIOGRAPHIE 86
ANNEXES 99
LISTE DES TABLEAUX 101
TABLE DES MATIERES Error! Bookmark not defined.
4
A ma fille BARRO Ouo Katagnan Mouniratou
REMERCIEMENTS
Au delà de son caractère personnel, ce document n'aurait pu aboutir sans le concours
de plusieurs personnes morales et physiques. Par conséquent, qu'il nous soit permis ici de leur
exprimer toute notre gratitude.
Nous remercions tous les enseignants du département de géographie qui n’ont ménagé
aucun effort pour notre formation. Nos remerciements vont également à la commission
doctorale qui nous a donné l’opportunité de poursuivre nos études au département de
Géographie.
Nous remercions particulièrement notre directeur de mémoire, Pr. DA Dapola E. C.
qui, en dépit de ses nombreuses occupations, ne ménage aucun effort pour nous accompagner
dans la quête du savoir à travers ses soutiens multiformes. Puisse ce document lui donner
satisfaction.
Nous sommes reconnaissante envers Pr. REENBERG Anette et son équipe du projet
LaSyRe.(a region wide assessment of land system resilience and climate robustness in the
agricultural frontline of Sahel) qui nous a apportée son appui financier.
Enfin nos remerciements vont à l’endroit de notre famille, de nos amis et
connaissances pour leurs soutiens et encouragements.
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SIGLES ET ABREVIATIONS
ABN Autorité du Bassin du Niger ABV Autorité du Bassin des Voltas ACCCA Renforcement des Capacités pour appuyer l’Adaptation aux Changements
Climatiques A.C.P Afrique Caraïbes Pacifique AGRHYMET Centre Régional d’Agro-Hydro-Météorologie AIACC Evaluations des Impacts des Changements Climatiques et des possibilités
d’Adaptation AIDELF Association Internationale des Démographes de Langue Française ARDA Association Africaine des Feuilletons Radiophoniques CCAA Adaptation aux Changements Climatiques en Afrique CCD Convention des Nations Unies sur la lutte contre la Désertification CCNUCC Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique CEDEAO Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest CEREM Centre d’Etudes et de Recherche de l’Ecole Militaire CES Conservation des Eaux et des Sols CFC Chlorofluorocarbones CILSS Comité permanent Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel CIRAD Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le
Développement CNRST Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique SONAGESS Société Nationale de Gestion du Stock de Sécurité Alimentaire CONASUR Comité National de Secours d’Urgence et de Réhabilitation CSAO Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest CTA Centre Technique de Coopération Agricole et Rurale DSA Département des Systèmes Agraires ENDA-TM Environnement et Développement pour le Tiers Monde FACE Forêt Absorbant les Emissions de Dioxyde de Carbone FAO Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture FME Fonds Mondial pour l’Environnement GES Gaz à Effet de Serre GIEC Groupe Intergouvernemental d’Experts sur l’Evolution du Climat GRPES Groupe de Réflexion pour la Promotion de l’Elevage au Sahel IDR Institut de Développement Rural IRD Institut de Recherche et de Développement IFPRI Institut International de Recherche sur les Politiques Alimentaires INERA Institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles IPCC Intergouvernmental Panel on Climate Change (GIEC en français) MAHRH Ministère de l’Agriculture de l’Hydraulique et des Ressources
Halieutiques OCDE Organisation de Coopération et de Développement Economique GTZ Coopération Allemande pour le Développement OFEDI Organisation des Femmes pour l’Environnement et le Développement
Intégré OGM Organismes Génétiquement Modifiés OIE World Organisation for Animal Health OMM Organisation Mondiale de la Météorologie OMVS Office de la Mise en Valeur de la Vallée du fleuve Sénégal
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ORSTOM Office de la Recherche Scientifique et Technique Outre-Mer (actuelle IRD)
OSS Observatoire du Sahel et du Sahara PADLOS Projet d’Appui au Développement Local au sahel PANA Programme d’Action National d’Adaptation à la Variabilité et aux
changements climatiques PASR-RV-AO Programme d’Action Sous-régional sur la Réduction de la Vulnérabilité et
l’Adaptation en Afrique de l’Ouest. PDELG Projet de Développement de l’Elevage dans la Région du Liptako-
Gourma PDES II Projet de Développement de l’Elevage dans la province du Soum phaseII PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement PNUE Programme des Nations Unies pour l'Environnement PSB Programme Sahel Burkinabé RANET Radio and Internet Project RNA Régénération Naturelle Assistée SNV Netherlands Development Organisation SOFITEX Société des Fibres et des Textiles UA Union Africaine UEMOA Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine UEPA Union pour l’Etude de la Population Africaine UFC Union Fraternelle des Croyants de Dori UNCCD Convention des Nations Unies sur la lutte contre la Désertification UNITAR United Nation Institute for training and Research
USAID United States Agency for International Development / Agence américaine de développementinternational
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RESUME
Les changements climatiques constituent aujourd’hui un sujet de préoccupation pour
toutes les sociétés du monde. Les scientifiques et les politiques depuis quelques années
multiplient des rencontres de haut niveau pour apporter des réponses à cette problématique.
Ces mobilisations sont dues au fait que ce phénomène de par ses manifestations provoque,
amplifie et accélère la fréquence des catastrophes naturelles. Ainsi, les milieux physique et
humain sahéliens et les systèmes de production ont subi des transformations. L’objet de cette
étude est d’analyser l’impact des changements climatiques sur les milieux physique et humain
sahéliens, les systèmes de production et d’étudier les stratégies d’adaptation développées par
les populations. La variabilité climatique a conduit à la modification sensible des modes
d’exploitation des ressources par les communautés paysannes. Ces mutations ont entraîné la
transformation des techniques de production agro-pastorales, la modification des formes de
mobilisation des facteurs de production et de profonds bouleversements des structures
traditionnelles d’organisation de la production. La diversification des activités et des
ressources, l’exploitation minière, la migration définitive ou saisonnière, la transhumance
lointaine sont entre autres les stratégies d’adaptation des populations locales. Sur les plans
international, régional et local, les stratégies d’adaptation sont surtout d’ordre institutionnel.
Mots clés : changement climatique-système de production-Burkina Faso-Sahel
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Les changements climatiques demeurent un phénomène d’actualité. Toutes les nations
du monde en ont pris conscience. Cela se matérialise par des accords et des politiques pour
s’adapter et réduire leurs effets négatifs. La première prévision du réchauffement planétaire a
eu lieu en 1967. A partir de cette date, plusieurs rencontres ont été initiées à l’échelle
mondiale. En 1987, il a été adopté le protocole de Montréal relatif à des substances qui
appauvrissent la couche d’ozone. Dans la même logique a été créé en 1988 le Groupe
Intergouvernemental d’Experts sur l’Evolution du Climat (GIEC) chargé du suivi scientifique
du réchauffement climatique. Ses rapports d’évaluation de 1990 et 1995 ont contribué à
l’élaboration de la Convention-cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique
(CCNUCC) et du protocole de Kyoto. C’est ainsi que le sommet de la Terre de Rio (Brésil) en
1992 adopte une Convention Cadre sur les changements climatiques ratifiée par 50 pays et
entrée en vigueur en 1994. Le protocole de Kyoto (au Japon en 1997) engage les pays
industrialisés à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) de 5,2 % en moyenne d’ici
à 2012 par rapport au niveau de 1990. Après la 13ème Conférence des Nations Unies sur les
changements climatiques de 2007 à Bali (Indonésie), beaucoup d’autres rencontres ont suivi.
Les deux dernières ont eu lieu respectivement en Décembre 2009 à Copenhague au Danemark
et en Décembre 2010 à Cancun au Mexique (CTA, 2008). Cette mobilisation des Etats et des
scientifiques des changements climatiques, indiquent l’ampleur des conséquences du
phénomène et le niveau de prise de conscience mondiale.
En effet, les manifestations de ce phénomène sont de plus en plus perceptibles. « La
hausse de la température, l’augmentation des précipitations, le recul des glaciers et l’évolution
du niveau de la mer sont les principaux changements observés ces dernières années. La
combinaison de la variabilité naturelle du climat et de l’influence des gaz à effet de serre
(GES) d’origine anthropique ont engendré en ce début du 21e siècle, un climat qui diffère de
celui qui prédominait au 20e siècle » OMM (2003, P. 242). Selon PARRY M. et al. in OMM
(2008, P. 2-3), « Les émissions de gaz tels que le dioxyde de carbone, le méthane, les oxydes
nitreux et azoteux et les chlorofluorocarbones (CFC) sont les principaux responsables du
réchauffement planétaire. Des recherches récentes indiquent que le réchauffement du climat
perturbe profondément les écosystèmes terrestres, entre autres, le caractère hâtif des
phénomènes printaniers (apparition des feuilles sur les arbres, migration des oiseaux, ponte
des œufs) et le déplacement de l’aire de répartition d’espèces animales et végétales. Dans les
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océans, surtout aux hautes latitudes, on observe un déplacement des aires de répartition et une
modification de l’abondance d’algues, de planctons et de poissons ». Le réchauffement
climatique est désormais une réalité.
Les changements climatiques régionaux commencent à avoir des répercussions sur
l’environnement naturel et humain. En Afrique de l’Ouest, le climat est en pleine mutation
depuis plusieurs décennies. Presque tous les pays de la région ont connu une baisse graduelle
des précipitations (http//www. Grain. Org /seedling/? id= 658, consulté le 20-02-2010).
Le Sahel, défini comme le domaine compris entre les isohyètes 200 et 600 mm, couvre
six pays de l’Afrique de l’Ouest et du centre que sont la Mauritanie, le Sénégal, le Mali, le
Burkina Faso, le Niger et le Tchad. Il effleure le Nord du Nigeria et du Cameroun. Il est celui
de la savane, la steppe herbacée parsemée d’arbres dans sa partie sud et d’arbustes plus au
nord. La saison des pluies ne dépasse pas trois mois. Les précipitations sous l’influence de la
«mousson» sont irrégulières (http://www.atlas-ouestafrique.org/spip.php?article1, consulté le
06- 9-2010).
Les changements climatiques, dans cette région se manifestent par une augmentation
de la fréquence et de la gravité des catastrophes naturelles telles que les sécheresses et les
inondations. La dernière grande période de sécheresse qu'a connue le Sahel (des années 1970
au début des années 1980) a été la plus dramatique du 20e siècle. Elle a provoqué la
dégradation de l'ensemble de la végétation, l'appauvrissement des pâturages et la
désertification d'une partie de ce domaine. Les pays comme le Mali, le Burkina Faso, le
Niger, le Sénégal sont frappés par les inondations ces dernières décennies. L’espace sahélien
constitue, de ce fait, un milieu vulnérable aux changements climatiques, en particulier
l’impact qu’ils peuvent avoir sur les écosystèmes. Au Burkina Faso, la partie sahélienne dont
les écosystèmes sont plus perturbés, demeure la plus vulnérable aux changements climatiques.
Alors, quel est l’impact des changements climatique sur les systèmes de production
sahéliens. Pour répondre à cette question, nous nous proposons de faire une revue de
littérature sur le thème « systèmes de production sahéliens face aux changements
climatiques ». Pour atteindre cet objectif, le travail de recherche s’articule autour de deux
points dont l’approche théorique de la revue de littérature et la synthèse de l’évolution des
systèmes de production, l’adaptation face aux changements climatiques dans le Sahel.
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L’APPROCHE THEORIQUE DE LA REVUE DE
LITTERATURE
Les changements climatiques touchent tous les pays du monde. Cependant, ses
manifestations varient d’une région à l’autre ainsi que la vulnérabilité des milieux physique et
humain. Cette partie composée de deux chapitres traite de la méthodologie et de l’impact des
changements climatiques sur les milieux physique et humain.
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CHAPITRE I : LA PROBLEMATIQUE ET LA
MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE
Ce chapitre situe le contexte de l’étude. Après les hypothèses et les objectifs est développée la
méthodologie de recherche.
I- LA PROBLEMATIQUE
Le réchauffement climatique est un mal contemporain qui domine la scène
médiatique. En considérant le climat passé, le constat est qu’il a toujours connu des
variations, à l’échelle mondiale ou régionale, marquant le passage d’un type de climat à un
autre. Avant l’ère industrielle, ces variations résultaient de causes naturelles et il fallait des
milliers d’années pour passer d’un type de climat à un autre. Au nombre des facteurs qui
influent sur le climat figurent les éruptions volcaniques, les fluctuations de l’activité solaire et
la répartition des aérosols atmosphériques d’origine naturelle. Les périodes chaudes étaient
associées à de fortes concentrations de dioxyde de carbone et inversement.
Toutefois, compte tenu du caractère inéluctable de ces causes naturelles, ce sont les
influences anthropiques qui retiennent l’attention. De nos jours, la combustion des matières
fossiles (charbon, pétrole, gaz) augmente la concentration des GES dans l’atmosphère.
Chaque année, cinq milliards de tonnes de dioxyde de carbone sont rejetées, nettement plus
que la quantité provenant du manteau et de l’écorce terrestre (OMM, 2003). Le Groupe
d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC, 1990), in (Transrural
Initiatives, 2003), annonçait les menaces que ces activités anthropiques faisaient courir à la
planète. Les émissions de GES contribuent à une déréglementation du climat. Ce Groupe
d’experts, cité par SARR B. in ABDOU A. et al. (2009), dans son quatrième rapport (2007),
affirme qu’il est très vraisemblable que le réchauffement climatique observé depuis 1950 soit
d’origine humaine.
La concentration dans l’atmosphère des principaux GES anthropiques tels que le
dioxyde de carbone, le méthane, l’hémioxyde d’azote a augmenté depuis le début du 20e
siècle. Ces gaz séjournent pendant longtemps dans l’atmosphère. La moitié de toutes les
émissions de CO2 aboutissant dans l’atmosphère y réside pendant 50 à 200 ans alors que
l’autre moitié est absorbée par les océans, les sols, la végétation. L’évolution des modes
d’utilisation des terres et le déboisement contribuent sans doute à accroître la concentration de
CO2 dans l’atmosphère, (OMM, idem, DA DEC, 1996).
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Ces variations climatiques sont à l’origine de plusieurs catastrophes que connaissent
certaines parties du monde. Il y a, entre autres, le changement de la fréquence et des
caractéristiques du phénomène Enso (El Niño, La Niña). Ce phénomène est caractérisé par
une alternance entre une phase anormalement chaude (El Niño) et une phase anormalement
froide (La Niña) des températures de surface des eaux du Pacifique tropical. Il se produit tous
les deux à sept ans et peut affecter la variabilité atmosphérique sur l’ensemble de la planète.
Dans plusieurs pays, les sècheresses sont liées aux anomalies des températures de la surface
de l'eau du Pacifique. Quand La Niña se présente, l'Indonésie, l'Australie, le Japon, le sud de
l'Afrique, le Chili, le Brésil et l'Alaska sont touchés par des sècheresses et des canicules
sévères (http://la.climatologie.free.fr/secheresse/secheresse.htm, consulté le 31- 03- 2010).
Science au Sud poursuit qu’il se traduit sur les côtes du Pérou et du Chili, par des
précipitations exceptionnelles, en Australie et en Indonésie par des sécheresses. Comme
exemple, JAY L. (2003), retient que l’épisode El Niño de 1997/1998 et celui de La Niña ont
fait des ravages autour du globe (tempêtes tropicales, inondations suivies de sécheresses).
L’année 2001 a été la plus chaude jamais enregistrée depuis les premiers relevés en
surface, effectués en 1861 à l’échelle du globe. Le Canada a connu sa dix huitième saison
d’affilée plus chaude que la normale. Une partie des Etats-Unis d’Amérique, d’Asie, de
l’Australie a subi des sécheresses assez intenses pour détruire des millions de tonnes de
récoltes. En Asie, la République de Corée a vécu les effets des pluies diluviennes. La Chine
tout comme certains pays de l’Afrique subsaharienne, ont été touchés par des inondations. En
Europe (été 2002), des inondations d’ampleur exceptionnelle se sont produites du Royaume-
Uni à la Roumanie et à la Bulgarie en passant par la France, l’Allemagne, l’Autriche et la
République Tchèque. Elles ont fait des centaines de victimes et causé des dommages (OMM,
idem). Les variations climatiques des dernières années ont déjà provoqué de dramatiques
pénuries d’eau, des problèmes d’érosion, des glissements de terrain et des pertes de récoltes.
Ces menaces peuvent entraver l’approvisionnement en eau et la productivité agricole (SENSI
A, 2010).
Une augmentation des tempêtes a été observée sur la plus grande partie de l’Atlantique
du Nord-Est et de la mer du Nord au cours des dernières décennies ainsi que la montée du
niveau des mers le long des côtes de l’Union Européenne de 1 à 1,5 millimètre
(http://ec.europa.eu/agriculture/envir/report/fr/clima_fr/report.htm, consulté en février 2010).
Le golfe de Guinée, le Sénégal, l'Égypte, la Gambie, la côte orientale de l'Afrique et les îles
13
de la partie occidentale de l'océan indien sont particulièrement exposés aux élévations du
niveau de la mer. Une hausse de 1 m suffirait pour inonder des parties étendues du delta du
Nil, causer d'importants dégâts à la ville d'Alexandrie, et submerger 70 % des Iles Seychelles.
En Afrique orientale, l'érosion des côtes provoque l'étouffement de divers habitats marins
importants, ce qui réduit leur valeur économique et touristique. Dans certaines régions
d'Afrique de l'Ouest comme le Togo et le Bénin, elle emporte jusqu'à 30 m de côtes par an
(PANA, 2008).
Les sécheresses et les inondations selon le Programme d’Action National d’Adaptation
à la Variabilité et aux changements climatiques (PANA, idem), provoquent souvent une
migration de la population humaine et animale, un accroissement de la pression foncière, une
intensification de l'érosion des sols et un envasement des cours d'eau, des barrages et des eaux
côtières. Les impacts des changements climatiques sont inégalement ressentis par les
différents pays du monde. « Les pays à revenus élevés, responsables de 64 % des émissions
(GES) depuis 1850, n’en supportent les conséquences qu’à hauteur de 20 % tandis que les
pays en développement à l’origine de 2 % de ces émissions, en paient les frais à hauteur de 80
% » (CTA, 2009, P.2).
L’Union Européenne (UE) et les Etats Unis d’Amérique représentent plus de la moitié
des émissions mondiales de GES. L’Afrique subsaharienne produit 1,59 % et les petits Etats
insulaires 0,37 %. Les pays de l’hémisphère nord qui subissent actuellement le réchauffement
le plus marqué ne sont pourtant pas les plus pénalisés. La chaleur croissante allonge le cycle
végétatif. Les espèces qui ne poussaient qu’au sud de ces pays remontent vers le nord.
L’agriculture de ces régions va tirer profit des changements climatiques. Les domaines
tropicaux secs subissent les effets des modifications climatiques (changement dans la durée
des saisons des pluies et des intensités des précipitations, courtes périodes productives, baisse
des rendements) (CTA, 2008).
Les petits producteurs des régions ACP seront les plus touchés par ces changements.
L’Afrique demeure le continent le plus vulnérable dans la mesure où entre 75 millions et 220
millions de personnes y seront, d’ici à 2020, exposées aux problèmes de pénurie d’eau, de
famine et autres catastrophes. Ceci risque de coûter au continent 1 à 2 % du Produit Intérieur
Brut (PIB) lors des prochaines décennies (http://www.conserveafrica.org.uk, consulté le 01 03
2010). Selon le quatrième rapport du GIEC, (idem), l’Afrique en particulier celle
subsaharienne, est extrêmement vulnérable du fait que ses économies nationales dépendent
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des ressources naturelles et de l’agriculture pluviale. Aussi, elle a une faible capacité
d’adaptation (CTA, 2008). Ainsi, le Sahel et d’autres régions semi-arides risquent de souffrir
d’une aggravation de la sécheresse. Selon les projections, 75 à 250 millions de personnes
supplémentaires pourraient perdre leurs terres du fait des changements climatiques d’ici à la
fin de la prochaine décennie (http://www.conserveafrica.org.uk, idem).
Pour ce qui est de l’écosystème, un nombre considérable d'espèces animales et
végétales disparaîtront. Par exemple, la steppe du Sahel connaît un dessèchement relativement
brutal qui a pour conséquence une famine endémique. Les troupeaux ne trouvent plus de
pâturages et les cultures souffrent d’un manque d’eau. Les éleveurs sahéliens doivent
désormais parcourir des kilomètres dans le sable pour faire paître leurs troupeaux. Deux
sécheresses successives en 1973 et 1984 ont ruiné les éleveurs nomades. 10 000 animaux sont
morts en 1973 (BENOIT M, 1984). Les changements climatiques ont plus frappé la partie
sahélienne du Burkina Faso. Elle a été durement touchée par la variabilité climatique à travers
des sécheresses et des inondations.
Les crises climatiques répétées ont entraîné des problèmes complexes dans le Sahel.
Ces phénomènes suscitent plusieurs interrogations :
quels sont les effets des changements climatiques au Sahel?
quelles modifications ont-ils engendré dans les systèmes de production
sahéliens?
quelles sont les stratégies d’adaptation développées par les populations
sahéliennes face à ce phénomène ? Ces questions conduisent aux hypothèses de recherche.
II- LES HYPOTHESES ET LES OBJECTIFS
1- Les hypothèses
L’hypothèse principale stipule que les milieux physique et humain sahéliens ainsi que
les systèmes de production ont subi des transformations suite aux changements climatiques.
Les hypothèses spécifiques
les milieux physique et humain sahéliens sont plus vulnérables aux
changements climatiques ;
les changements climatiques ont contribué à une modification des systèmes de
production sahéliens ;
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les populations, accompagnées ou non par l’Etat et les partenaires au
développement, ont mis au point différentes stratégies pour s’adapter aux effets des
changements climatiques. Malgré cela, le phénomène persiste. Pour vérifier ces hypothèses, il
est important de se fixer des objectifs.
2- Les objectifs
L’objectif principal est d’analyser l’impact des changements climatiques sur les
milieux physique et humain sahéliens, les systèmes de production et d’étudier les stratégies
d’adaptation développées par les populations.
Les objectifs spécifiques
Il s’agit :
d’analyser la vulnérabilité des milieux physique et humain suite aux
changements climatiques ;
d’étudier l’évolution des systèmes de production sahéliens ;
d’évaluer les stratégies d’adaptation développées par les populations et les
partenaires au développement.
Pour atteindre ces objectifs, une méthodologie de recherche scientifique a été
respectée.
III- LA MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE
La méthodologie a concerné la recherche documentaire, la définition des concepts et
l’établissement des relations entre les concepts.
1- La recherche documentaire
La recherche documentaire a consisté à faire le point des connaissances sur le thème
d’étude et de dégager les aspects non abordés. Elle a aussi permis d’orienter la recherche sur
le plan conceptuel et méthodologique. Elle nous a conduit dans les centres de documentation
de l’université de Ouagadougou, et de quelques structures de la place (Fondation Jean Paul II
pour le Sahel, Institut de Développement Rural (IRD), Comité permanent Inter-Etats de Lutte
Contre la Sécheresse dans le Sahel (CILSS), Liptako-Gourma, la bibliothèque de la Direction
Régionale de l’Agriculture de Dori, celle de la Direction Régionale de l’Elevage et du Plan de
Dori, à l’Union Fraternelle des Croyants de Dori (UFC), le Projet de Développement de
l’Elevage dans la région du Liptako-Gourma (PDELG à Dori). Elle a été orientée vers les
documents comme les thèses, les mémoires, les ouvrages généraux, les articles et les sites
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Internet. Elle a permis de faire la revue de littérature. A travers celle-ci, il a été établi la liste
des documents selon les quatre littératures (scientifique, du grand public, institutionnel et
administrative) afin d’établir une grille de lecture. Il s’est aussi agi de vérifier la crédibilité
des auteurs et des documents répertoriés ainsi que le lien avec le thème traité. A l’issue de ce
travail, nous avons fait la synthèse des documents. Ceux qui ont un rapport direct avec le
thème d’étude ont été parcourus entièrement.
2- La définition des concepts
Afin d’orienter les lecteurs et d’éviter les confusions, il convient de définir les
concepts clés utilisés dans ce document. Ce sont les définitions en rapport avec le thème de
recherche qui ont été retenues.
L’écosystème, formé de biocénose (ensemble des être vivants) et de biotope (milieu
de vie de ces êtres vivants), il constitue un ensemble de vie équilibré, autonome, stable et
complexe (http://fr.wikipédia.org/wiki/Ecosysteme, consulté le 18-9-2010).
Le Sahel désigne une bande de territoires marquant la transition, à la fois floristique et
climatique, entre le domaine saharien au nord et les savanes du domaine soudanien, où les
pluies sont substantielles, au sud. D'est en ouest, il s'étend de l'Atlantique à la mer Rouge. La
définition du domaine couvert est très variable selon les auteurs. Ainsi, pour certains, le Sahel
comprend tous les territoires bordant le Sahara : il y a donc un sahel septentrional et un sahel
méridional. C'est ce dernier qui est cependant désigné quand on ne lui ajoute pas de
qualificatif, (Wikipédia, Sahel, consulté le 18-9-2010).
Le domaine sahélien défini par la pluviométrie est également appelé domaine
agropastoral. Il correspond approximativement à l’espace où la longueur de la saison des
pluies varie entre 50 et 110 jours. D’un point de vue climatique, le Sahel est défini comme le
domaine compris entre les isohyètes 200 et 600 mm (parfois 150 et 500 mm). Cette bande
traverse six pays de l’Afrique de l’Ouest et du centre: la Mauritanie, le Sénégal, le Mali, le
Burkina Faso, le Niger et le Tchad. Elle effleure le Nord Nigeria et le Nord Cameroun
(CEDEAO et al. 2006)
Le climat est souvent défini comme étant le temps moyen sur une période déterminée
(d’habitude, de 30 ans) (IPCC 2001 et 2007, in USAID, 2007, p. 8). Il est aussi défini comme
« temps moyen », ou plus précisément une description statistique en termes de moyennes et
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de variabilité de grandeurs pertinentes sur des périodes allant de quelques mois à des milliers
ou des millions d’années. La période type est de 30 ans, d’après la définition de
l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM, idem).
Le changement climatique se rapporte aux modifications de l’état moyen du climat
ou de sa variabilité, persistant sur une période prolongée (décennie ou plus). Un changement
climatique peut être provoqué par des changements naturels ou des changements anthropiques
persistants dans l’atmosphère ou dans l’utilisation des sols (IPCC, idem). La Convention
Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), en son Article 1,
définit les «changements climatiques» comme étant des « changements de climat qui sont
attribués directement ou indirectement à une activité humaine altérant la composition de
l’atmosphère mondiale et qui viennent s’ajouter à la variabilité naturelle du climat observée
au cours de périodes comparables». La CCNUCC fait ainsi une distinction entre les «
changements climatiques » qui peuvent être attribués aux activités humaines altérant la
composition de l’atmosphère, et la « variabilité climatique » due à des causes naturelles.
La variabilité climatique se rapporte aux variations de l’état moyen du climat et aux
événements climatiques particuliers. Des exemples de variabilité climatique incluent les
sécheresses prolongées, les inondations et les conditions qui émanent des événements
périodiques EL Niño et La Niña (IPCC, idem). Elle désigne des variations de l’état moyen du
climat à toutes les échelles temporelles et aux phénomènes climatiques individuels.
La vulnérabilité est un fait relatif à la situation d’une personne et qui amoindrit les
garanties qu’elle présente en termes de protection des informations ou supports. Selon le
GIEC, en rapport avec le climat, elle est le « degré selon lequel un système est susceptible, ou
se révèle incapable, de faire face aux effets néfastes des changements climatiques. Elle est
fonction de la nature, de l’importance et du taux de variation climatique auxquels un système
se trouve exposé » (http://www.ipcc.ch /pub/syrgloss.pdf, p. 5, consulté le 19-3-2011).
La vulnérabilité aux impacts du changement climatique est fonction de l’exposition et
de la sensibilité aux conditions climatiques ainsi que la capacité de s’adapter aux
changements (IPCC, idem).
La population (ou groupe) vulnérable, ce sont les populations les plus exposées aux
crises. La vulnérabilité peut être légère si les populations peuvent maintenir leurs stratégies de
protection. Elle peut être extrême si elles ne peuvent pas maintenir leurs stratégies
18
d’adaptation et sont souvent contraintes de quitter leurs zones d’habitation pour survivre,
(IPCC idem ; Reflets sahéliens, n°46, 2007, P.6).
L’adaptation, ce sont des mesures prises pour aider les communautés et les
écosystèmes à modérer, à affronter ou à tirer profit des changements réels ou attendus des
conditions climatiques (IPCC, idem). Elle peut être considérée comme l’ensemble des
réponses (des solutions) aux effets néfastes ou positifs des changements climatiques. Elle peut
se faire naturellement ou par une réaction spontanée ou être anticipée dans le cadre d’une
planification (SARR B., idem, P.4).
La capacité d’adaptation ou capacité à faire face d’un ménage, d’un groupe socio-
économique à une crise alimentaire est l’expression de l’efficacité des stratégies de vie et de
survie en période de crise (Reflets sahéliens, idem, P.6).
Les stratégies de vie (ou système de vie) sont l’ensemble des démarches et d’activités
en temps normal, conduites par un ménage, un groupe socio-économique, en vue d’améliorer
son bien être, satisfaire ses besoins essentiels en nourriture, santé, éducation, logement,
loisirs… Les activités et les démarches s’entendent comme des processus de production,
d’échange, de consommation et de gestion des ressources. Les environnements physique,
social et économique sont déterminants des conditions de vie et des stratégies de vie adoptées
par les ménages et les groupes socio-économiques vivant dans un espace donné (Reflets
sahéliens, idem, P. 5).
Les stratégies d’adaptation ou stratégies de survie sont une gamme d’activités très
variées, inhabituelles, visant à accroître les ressources du ménage ou du groupe socio-
économique pour une sortie de crise (Reflets sahéliens, idem, P.5).
Un système est un ensemble d'éléments interagissant entre eux en accord avec certains
principes ou règles. Il est déterminé par le choix des interactions qui le caractérisent. Il peut se
montrer ouvert ou fermé dans tel ou tel domaine selon qu'il interagit ou non directement avec
son environnement (http://fr.wikipedia.org/wiki/Syst%C3%A8me, consulté le 19-03-2011).
Selon JEAN D R (1975, p. 101), cité par NDIAYE M (2007, p.29), un système peut être
défini comme « un ensemble d’éléments en interaction dynamique, organisés en fonction d’un
but ». Le système peut être alors défini comme un ensemble d’éléments interdépendants de
19
sorte que si l’un est modifié, les autres le sont aussi et par conséquent tout l’ensemble est
modifié.
Les systèmes de production constituent « l'ensemble des productions (végétales et
animales) et des facteurs de production (terre, capital, travail) que le producteur gère de
manière à satisfaire ses objectifs socio-économiques et culturels au niveau de son exploitation
» (TOURTE (1978), in NDIAYE M, idem, p. 29). Il s’agit de l’ensemble des combinaisons
des techniques et des facteurs de production dans l’exploitation agricole ou animale.
Les systèmes de production sahéliens, dans le cadre de cette étude, il s’agit des
systèmes de production agricole et animale du domaine sahélien.
Le système de production agricole sert à caractériser une exploitation agricole en
rapport avec son environnement (l’utilisation des terres, des inputs et output, la gestion des
investissements, du travail et l’affectation du revenu). Un système de production agricole
représente la manière de penser et de décider des agriculteurs. Considérer l'agriculture comme
un système signifie intégrer les dimensions biophysiques comme les nutriments du sol, les
bilans hydrologiques et les aspects socio-économiques au niveau de l'exploitation, où sont
prises la plupart des décisions concernant la production et la consommation (FAO, 2001).
Le système de production animale est l’ensemble des combinaisons entre les
ressources disponibles et la production.
La caractérisation des systèmes de production consiste à mettre en évidence comment
les exploitants associent plusieurs activités et techniques agricoles dans leurs exploitations, en
fonction de la diversité des conditions écologiques. Dans une analyse des systèmes de
production, le plus fondamental n’est pas de s’appesantir sur les différentes structures mais il
importe surtout de s’intéresser aux interactions qui s’établissent entre elles, de ne pas perdre
de vue, malgré leur apparente autonomie, la dépendance, la concurrence et la complémentarité
qui existent entre ces structures (MARE M., 2008, p. 79).
Le foncier est un facteur incontournable dans l’étude de la production, qu’elle soit
agricole ou animale. Il est donc important de le définir avec ses composantes. Le foncier est
constitué par la terre et les ressources naturelles qui y sont directement rattachées et
l’ensemble des relations entre individus et groupes d’individus pour son appropriation et son
utilisation.
20
La pression foncière peut être définie comme une forte présence d’exploitants sur les
superficies exploitables.
Le régime foncier est le rapport, défini par la loi ou la coutume, qui existe entre des
individus ou des groupes relativement à la terre. C’est un ensemble de règles élaborées par
une société pour régir le comportement de ses membres. Ces règles définissent la répartition
des droits de propriété sur les terres, les modalités d’attribution des droits d’utilisation, de
contrôle et de transfert des terres ainsi que les responsabilités et limitations correspondantes.
Plus simplement, le régime foncier détermine qui peut utiliser quelles ressources pendant
combien de temps et dans quelles conditions
(http://www.fao.org/DOCREP/005/Y4307f/y4307f05.htm, consulté le 20-9-2010).
Le système foncier comprend l’ensemble des règles rattachées à la terre, les
institutions et les relations qui déterminent la mise en application pratique des règles. On y
distingue les droits d’utilisation détenus par la tribu, le lignage, la famille. La transmission des
droits fonciers se fait par héritage et les personnes appartenant au lignage transmettent en leur
sein les droits d’usage permanent. Les droits d’usage temporaire sont accordés aux migrants.
Les transactions foncières, il s’agit de l’ensemble hétérogène des conventions
formelles ou informelles par lesquelles les détenteurs de droits d’appropriation cèdent tout ou
partie de leurs droits. Ce terme recouvre donc les dons de droit d’usage sur la terre, les prêts
de terres temporaires, les prêts permanents mais non héritables, les prêts héritables, les
locations, les mises en gage et diverses formes de vente souvent ambiguës (ZOUGOURI S,
2000, p.15-16).
3- Les relations entre les concepts
L’objectif du cadre conceptuel ou d’analyse est de déterminer la relation entre les
différents concepts. La disponibilité de l’eau de ruissellement et souterraine, la végétation, la
faune, l’élevage et l’agriculture sont tributaires de la variabilité climatique. La vulnérabilité de
la biodiversité et des systèmes de production agricole et pastorale varie en fonction des aléas
climatiques. La grille opératoire, en complément du cadre d’analyse permet de mieux cerner
la question de recherche.
21
CADRE D’ANALYSE
- changement climatique
- sécheresse (faible pluviométrie),
déficit, hydrique (pour la production
agricole, problème
d’alimentation et d’abreuvage du
bétail).
- élevage et agriculture extensifs
(utilisent de grandes superficies), deux
secteurs tributaires de la variabilité
climatique ; augmentation de
superficies cultivées et du nombre de
bétail, surpâturage suite à la
croissance démographique.
Dégradation et perte des bonnes terres.
-la colonisation (introduction de
culture de rente au détriment des
cultures vivrières.
- déforestation, disparition de certaines
espèces végétales, diminution des
points d’eau, du pâturage, dégradation
des terres, colonisation des terres de
bas-fond, ensablement, tarissement de
quelques points d’eau suite à la faible
pluviométrie, à l’ensablement, à
l’agriculture et au surpâturage.
Problème d’approvisionnement en
eau, déficit céréalier (vulnérabilité
alimentaire), saturation de
l’espace pour agriculture et
élevage, dégradation de la santé
(animale et humaine), conflits
fonciers (agriculteurs-éleveurs).
Explosion démographique,
(augmentation de la population
avec pour conséquence
l’augmentation des besoins en
terres et en pâturages), forte
urbanisation (l’augmentation des
besoins des citadins en produits
agricole et animal), économie du
marché.
Vulnérabilité de la population
(milieu humain) et de la
biodiversité (milieu physique).
Stratégies d’adaptation
(regroupement institutionnel,
migration de la population et
des animaux, modification des
systèmes de productions).
Economie essentiellement basée
sur l’agriculture et l’élevage.
Au départ, l’agriculture
privilégiée par rapport à
l’élevage. L’agriculture occupe de
grandes superficies, les terres
fertiles mais surtout les plaines et
les bas-fonds qui constituent les
pâturages de saison sèche.
22
Tableau 1: grille opératoire
Hypothèses
Objectifs
concepts
variables
indicateurs
Techniques
et méthodes
Les milieux
physique et
humain
(agriculteurs
, éleveurs,
agro-
pasteurs)
sahéliens
sont
vulnérables
aux
changements
climatiques
Analyser la
vulnérabilité des
milieux physique
et humain suite
aux changements
climatiques
Changement
climatique
Milieu physique
Milieu humain
vulnérabilité
Vulnérabilité
(alimentaire,
sanitaire) de la
population
sahélienne,
Vulnérabilité de
la biodiversité
(eau, faune,
flore, sols)
Risques des catastrophes
naturelles avec ses
conséquences sur la
biodiversité. Difficultés socio-
économiques, dégradation des
ressources en eau, de la faune,
de la flore, l’inefficacité des
systèmes de production agro-
sylvo-pastorales.
Recherche
documentaire
, entretiens
avec des
personnes
ressources
Les
changements
climatiques
ont entraîné
une
modification
des systèmes
de
production
sahéliens
Déterminer
l’évolution des
systèmes de
production
sahéliens
Système de
production
animale
Système de
production
végétale
Evolution des
techniques
d’élevage
Evolution des
techniques de
production
agricole
La gestion foncière, la gestion
de la main d’œuvre, la gestion
des ressources fourragères, la
gestion de la fertilité des sols,
le mode de conduite
d’animaux et de cultures
(l’espace réservé aux
différentes activités agro-
pastorales), nature des cultures
(espèces et variétés en
agriculture et en élevage).
Recherche
documentaire
, entretiens
avec des
personnes
ressources
Les
populations
vulnérables
ont
développé
des
stratégies
d’adaptation
Evaluer les
stratégies
d’adaptation
développées par
les populations,
l’Etat et ses
partenaires au
développement
Stratégie
d’adaptation
Au niveau du
milieu humain,
du milieu
physique
Les initiatives agro-pastorales
développées, les initiatives
floristique, faunique, hydrique.
Recherche
documentaire
, entretiens
avec des
personnes
ressources
23
CHAPITRE II : L’IMPACT DES CHANGEMENTS
CLIMATIQUES SUR LES MILIEUX PHYSIQUE ET
HUMAIN
Les changements climatiques se manifestent par la hausse des températures qui se
matérialise par les sécheresses, les inondations, les cyclones, les incendies. Ces catastrophes
naturelles contribuent à la perturbation des milieux physiques et humains, surtout dans les
pays en développement, particulièrement ceux sahéliens.
I- LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET L’ENVIRONNEMENT
1- Les catastrophes naturelles
1-1- les sécheresses, les inondations, les tempêtes, les cyclones
« Le réchauffement climatique, également appelé réchauffement planétaire, ou
réchauffement global, est un phénomène d’augmentation de la température moyenne des
océans et de l’atmosphère, à l’échelle mondiale sur plusieurs années » (SARR B., idem, p. 5).
Il se manifeste par les sécheresses, les inondations, les cyclones, les incendies. Les données
mondiales indiquent que les régimes climatiques et les catastrophes naturelles augmentent en
fréquence et en intensité. Le nombre de catastrophes hydrométéorologiques s’est
considérablement amplifié au cours des dernières décennies. Il est passé de 195 en moyenne
entre 1987 et 1998 à 365 entre 2000 et 2006 (FAO, 2010 ; SARR B., idem).
L’Asie et l’Afrique sont particulièrement frappées par ces catastrophes naturelles. Les
recherches ont montré qu’au cours des 50 à 60 dernières années, la Chine a connu davantage
d’évènements climatiques liés aux fortes températures, comme des sécheresses et des chutes
de pluie plus fortes. La plus grande partie du pays a souffert de sécheresse, en particulier au
Nord et les pluies torrentielles frappent les régions de l’Ouest (REN G, 2010). Ce temps sec a
touché près de 6,1 millions d’hectares de terres agricoles et provoqué des pénuries d’eau
potable pour au moins 18 millions de personnes. Les inondations ont causé des pertes de
récoltes sur 2,66 millions d’hectares de terres agricoles et l’effondrement de 2,11 millions de
maisons, ainsi que des pertes économiques directes de plus de 350 milliards de yuans (52
milliards de dollars US) (file:///D:/le-temps-tres-perturbe-en-chine,45522.html consulté le 26-
9-2010).
24
En 2007, certaines régions d’Afrique ont subi de graves sécheresses tandis que sur une
bonne partie du continent, des inondations détruisent routes et ponts et balaient des millions
d’hectares de terres agricoles. En mars 2008, le cyclone Ivan frappait Madagascar détruisant
les récoltes, le bétail, les édifices pendant que la sécheresse persistait à l’est et au sud du
Swaziland (CTA, 2010).
Le domaine sahélien a subi les quatre périodes de très grandes sécheresses du siècle
dernier (1909-1913, 1940-1944, 1969-1973, 1983-1985). Ces sécheresses ont fait des ravages
et des victimes. Elles ont enclenché un processus historique d’aridification du climat et y a
entraîné la régression des isohyètes. Le Comité permanent Inter-États de Lutte contre la
Sécheresse au Sahel (CILSS) est née suite à ces catastrophes (SARR B., idem ; CEDEAO et
al. 2006).
Les pays d’Afrique de l’Ouest, ceux du Sahel en particulier, subissent aujourd’hui,
après ces sécheresses, les effets de fortes pluies et des inondations dévastatrices. Celles de
2007 en Afrique de l’Ouest sont exceptionnelles. Cette partie de l’Afrique n’a pas vécu ces
événements depuis plus de 30 ans (33 morts au Burkina Faso, 23 au Nord Togo, 46 000
déplacés dont 26 000 au Burkina Faso et 14 000 au Togo. Au Burkina Faso, 17 689 ha de
cultures inondées, des pertes de production de l’ordre de 13 500 tonnes, 55 barrages dont les
digues ont cédé). Le Burkina Faso en 2009 a connu l’inondation la plus catastrophique de son
histoire. Ouagadougou et ses environs qui ont enregistré, dans la même année, entre le 1er et
le 2 septembre une pluie cumulée de 263 mm. Ces pluies ont causé plus de 150 000 sinistrés
et 8 morts, la destruction de plusieurs ponts ; plus de 9300 ha de cultures ont été inondées sur
l’ensemble du territoire (SARR B., idem, CEDEAO et al. idem).
1-2-Les séismes
Il arrive que des documents fassent un lien entre le réchauffement climatique, les
activités anthropiques et les séismes. Le magazine Science et Vie consacre à ces tremblements
un dossier intitulé "Quand l’homme fait trembler la terre" dans son numéro d’avril 2009.
Pour lui, la fonte des glaces due à l’augmentation des GES provoque les tremblements de
terre. Cependant, elle n’est pas la seule incriminée. D’autres activités humaines telles que les
constructions de barrages, l'extraction minière, les explosions souterraines ou les essais
nucléaires et la géothermie agressent la croûte terrestre jusqu’à provoquer des séismes dits
d'origine artificielle ou « séismes induits » (file:///D:/457-tremblement-de-terre-
rechauffement-climatique-provoque-chine-sichuan.html, consulté le 26-9-2010).
25
2- Les catastrophes naturelles et l’environnement
Les changements climatiques à travers leurs manifestations ont un impact sur
l’environnement physique et humain.
2-1- La végétation
La désertification est définie comme étant «la dégradation des terres dans les zones
arides, semi-arides et subhumides sèches par suite de divers facteurs, parmi lesquels les
variations climatiques et les activités humaines», La Convention des Nations Unies sur la
Lutte Contre la Désertification (CCD, 2002, in OMM, 2005, p. 7).
les causes de la déforestation
Selon plusieurs auteurs, la déforestation est une conséquence de la mauvaise
exploitation agricole et forestière. Notre-planete.info l’illustre dans son article du 28 mars
2006 p. 2, « les plantations de palmiers à huile ou le développement des cultures pour
l’élevage industriel sont également responsables d’une bonne part de la déforestation. De ce
point de vue, les forêts d’Amérique du Sud sont les plus touchées. De vastes zones de forêt
tropicale ont été et sont régulièrement défrichées au Brésil, en Bolivie et au Paraguay pour
faire place à la production de soja d’exportation, destinée à l’alimentation du bétail ou à la
canne à sucre, utilisée pour produire de l’éthanol pour les voitures. Ailleurs, ce sont les
productions de sucre, de poivre, de caoutchouc, de café, de banane, de tabac ou même de
coca, qui déciment les forêts tropicales ». A ces causes, il faut ajouter l’exploitation forestière
à des fins industrielles ou sanitaire et même sociale. Elle est un facteur important dans la
déforestation en ce sens qu’elle détruit le couvert végétal à un rythme plus rapide que celle de
la régénération naturelle ou de replantation. « Chaque année, de nombreuses forêts sont
entièrement rasées avec des outils et des méthodes d’une incroyable efficacité » (Notre-
planete.info, idem, p.1).
Pour TIMBERLAKE (1985), en Afrique, l’extension des plantations et des cultures de
rente peut être à l’origine de la désertification à travers la monoculture importée des pays
tempérés sur de grandes superficies rendant ainsi les sols pauvres. L’évolution du couvert
végétal, en particulier au Sahel, dépend de la pluviométrie et de la pression démographique
ainsi que des techniques de production en milieu rural. De ce fait, la baisse des isohyètes et
avec elle les précipitations laisse penser que la tendance générale peut être à la dégradation du
milieu sahélien. Les grands projets agricoles d’exportation, et l’exploitation par les
26
populations (la surexploitation, le surpâturage), sont l’une des causes de la dégradation de la
végétation.
L’exploitation minière notamment des métaux et des minéraux précieux peut être citée
comme un facteur participant à la dégradation de la forêt. Cette activité permet de procurer
des devises aux populations généralement vulnérables aux aléas climatiques dans les régions
sahéliennes. C’est pourquoi elle y est de plus en plus importante. En plus des grandes
sociétés, les petits entrepreneurs privés et la population de façon individuelle s’adonnent à
cette activité. Par conséquent, des fouilles entraînent la dégradation de la forêt avec pour
corollaire la dégradation des sols. «L’exploitation minière de métaux et de minéraux précieux
comme l’or, le diamant, le minerai de fer, l’étain, la bauxite et l’uranium, constitue aussi une
cause majeure de déboisement. L’extraction du pétrole et du gaz y joue aussi un rôle puisque
de vastes étendues de forêt sont régulièrement endommagées par les forages et la pose de
pipelines, sans parler des fuites régulières de pétrole» (Notre-planete.info, idem, p. 1).
Quelle que soit la cause, c’est un phénomène qui concerne toutes les forêts et surtout
celles tropicales. « La déforestation est un phénomène puissant qui touche toutes les forêts
tropicales, en particulier en Amazonie, en Afrique équatoriale et en Asie du Sud-est. Chaque
année, plus de 10 millions d’hectares disparaissent et 80 % de la couverture forestière
mondiale originelle a été abattue ou dégradée, essentiellement au cours des 30 dernières
années.» (Planète Urgence, 2006, p. 1). D’après plusieurs études, les forêts d’Afrique
disparaissent actuellement au rythme de plus de 5 millions d’hectares par an. Victimes d’une
exploitation commerciale excessive et non viable et des méthodes de défrichage par brûlis,
elles se dégradent. Près des deux-tiers de l’énergie produite par le continent provient du bois.
Cela représente une menace supplémentaire pour les espaces boisés
(http://www.conserveafrica.org.uk, idem).
les conséquences de la déforestation
la végétation et le niveau de la nappe
Il existe des relations complexes entre les activités humaines, le climat et
l’environnement. En effet, le climat, le couvert végétal et l’évolution du niveau des nappes
sont étroitement liés. La diminution des précipitations, la déforestation, la dégradation des
terres favorisent le ruissellement et conduisent à la baisse du niveau de la nappe. « D’une
manière globale, le niveau des nappes phréatiques a baissé du fait d’une diminution des
événements pluvieux et du ruissellement due à la déforestation » (MANERO A et al. 2005, p.
27
14). La végétation intervient aussi dans le cycle de l’eau (elle protège les cours d’eau de
l’ensablement). Notre-planete.info (idem, p. 2) remarque qu’«en plus de protéger les sols, les
forêts jouent un rôle essentiel dans le cycle de l’eau, qu’elles stockent et régulent. Sans forêts,
il n’y aurait bientôt plus d’eau dans les rivières. Le phénomène est déjà perceptible dans
beaucoup de pays, particulièrement en Afrique ».
la végétation et le microclimat
Les changements de type de végétation peuvent modifier les caractéristiques de la
circulation atmosphérique régionale et les flux externes d’humidité à grande échelle. Les
modifications du bilan énergétique de surface résultant d’une modification de la surface du
sol peuvent avoir une influence profonde sur le climat de la terre. Après une déforestation,
l’évapotranspiration et les flux de chaleur sensible sont liés à la structure dynamique de la
basse atmosphère. Ces modifications des flux à l’intérieur de la colonne atmosphérique
pourraient influencer la circulation atmosphérique régionale (OMM, 2005). On peut donc
situer historiquement les transformations climatiques locales en relation avec les dynamiques
agricoles et démographiques. En outre, les variations observées sur certains paramètres tels
que l'albédo ou les gradients pluviométriques apparaissent comme liées aux modifications
subies par le couvert forestier durant les dernières décennies. Celles-ci ont pour conséquence
la réduction des apports continentaux en vapeur d'eau dans l'atmosphère et contribuent ainsi à
la diminution des quantités d’eau précipitées. C'est ainsi que si les fluctuations naturelles du
climat expliquent probablement la plus grande partie de la baisse de la pluviométrie observée
en Afrique de l'ouest et centrale depuis plus de 25 ans maintenant, les activités anthropiques et
en particulier la déforestation liée à des mises en cultures intensives, y contribuent également
de leur côté (PARTUREL et al. 1998).
2-2- Les sols
Le sol, principal facteur de production, est durement éprouvé par la variabilité
climatique. Les inondations, les sécheresses détruisent ses éléments de production.
Cependant, le climat est accompagné par les facteurs anthropiques. Cette situation rend les
sols fragiles et diminue leur productivité. Les sols sahéliens sont les plus vulnérables.
les relations entre les types de sol et le climat
Les précipitations, la température et la végétation sont des facteurs déterminants de la
genèse et de l’évolution des sols. Avec la diminution des précipitations, la végétation devient
de plus en plus lâche et a tendance à disparaître dans certaines parties du Sahel. La
28
déforestation et le déboisement sont aussi accélérés par les activités anthropiques comme la
surexploitation et le surpâturage. Ces facteurs exposent le sol à l’érosion aussi bien éolienne
qu’hydrique, conduisent à d’autres types de sols moins fertiles et par conséquent à faible
productivité. La fréquence des inondations et des sécheresses suite aux changements
climatiques occasionne la perte de terres cultivables soit par l’érosion éolienne soit par celle
hydrique soit par la sécheresse. Selon le World Resources Institute, in Planète Urgence,
(idem, p. 1), « le déboisement détruit également les sols, rendant les terres improductives,
particulièrement en domaines tropicaux sans couverture arborée. Les sols naturellement
pauvres sont exposés au vent, au soleil, et à la pluie. Rapidement la couche arable est
remplacée par une croûte dure et improductive ».
les sols, la végétation et le climat local
Il y a une interdépendance entre le climat, le sol et la végétation. En effet, la pluviosité
locale dans certains cas dépend de la nature du sol et de la végétation. Selon PANA ((2),
2007), la disparition des ressources végétales accélère l’érosion éolienne et hydrique. Elle
précipite les effets des vents notamment l’harmattan (novembre-décembre), les hausses de
températures et les perturbations pluviométriques marquées par une baisse des précipitations.
Pour le climatologue canadien HARE K (1984) in TIMBERLAKE (idem, p.37), la
surexploitation agricole, le surpâturage et le déboisement dénudent le sol. C’est alors que le
roc réfléchit davantage de radiations solaires dans l’atmosphère que l’herbe, les arbustes et les
arbres. La réflectivité accrue maintient l’atmosphère à une température élevée, disperse les
nuages et réduit les pluies. La CCD, (idem, p. 10), ajoute que «l’interaction entre la surface du
sol et l’atmosphère fait intervenir de multiples processus et rétroactions qui peuvent tous
varier simultanément ». En effet, la dégradation du sol due à la diminution de la végétation
réduit l’évaporation et augmente l’albédo, réduisant par conséquent la formation nuageuse
(CCD, idem, MANERO A et al. 2005).
3- Changements climatiques et le foncier
La perte de terres fertiles, la dégradation de la forêt et des sols causée par la péjoration
du climat et les activités anthropiques entraînent une pression foncière. Elle a eu des
répercussions sur la gestion du foncier. Du don, la terre est désormais prêtée et, dans certains
cas, monétarisée. Ces prêts sont contractés entre les exploitants.
29
3-1- La crise foncière et la production agro-pastorale
La pression foncière a occasionné une crise foncière. Cette crise est à l’origine du
chômage d’une frange de la population au Sahel. Les allochtones (migrants) qui ont prêté les
terres en sont de plus en plus expropriés suite à la raréfaction de cette «denrée». La Direction
Générale de l’Environnement du Burkina Faso (2004), dans son étude sur l’impact socio-
économique du Projet de Développement de l’Elevage dans la province du Soum (PDES),
retient que les autochtones et maîtres d’antan réclament les terres anciennement prêtées,
conduisant ainsi une partie de la population à un appauvrissement et créant une situation
permanente de crise. Les allochtones sont alors contraints à l’exploitation de petites
superficies.
3-2- Les changements climatiques et les conflits
Les changements climatiques sont à l’origine de perte de terres, de forêts, de
l’assèchement des cours d’eau et de la régression du niveau des nappes d’eau. Cette situation
peut occasionner le déplacement de milliers de personnes de leurs terres d’origine. Ainsi, ces
personnes sont souvent confrontées aux problèmes de terres dans les zones d’accueil pouvant
aboutir aux conflits. BOGARDI J. (2010) remarque que le réchauffement climatique
augmente les risques de conflits. Le conflit qui a éclaté au Darfour et qui a déjà causé la mort
de 200.000 personnes, est l'exemple le plus probant d'un conflit en partie causé par la
dégradation des sols. Selon MAÏGA T. M. F. (1997), le conflit malien tire ses racines des
changements climatiques. La régularité des sécheresses a entraîné la diminution des zones de
pâture et de culture. Certains éleveurs nomades ont décidé de se sédentariser à des fins agro-
pastorales. Les conflits liés au foncier ont éclaté entre les agriculteurs et ces « agro-éleveurs ».
Mal géré par les responsables, cette crise l’a entraîné dans une rébellion.
4- Les relations entre le climat et les activités humaines
4-1- Les activités humaines, un facteur de changement climatique
Il est très vraisemblable que le réchauffement climatique observé depuis 1967 soit
d’origine humaine. L'agriculture intensive en énergie et en produits chimiques a contribué à
une augmentation des émissions de GES. Globalement, les sources agricoles sont
responsables d'environ 30 % du réchauffement de la planète. Selon le GIEC, in PNUD (2007),
en 1995, un quart environ des GES trouvent leur origine dans le secteur agricole.
En Europe, l’agriculture et l’élevage constituent la source principale de rejet dans
l'atmosphère de méthane et de protoxyde d'azote. En France, les émissions de CO2
30
proviennent essentiellement de la combustion de carburants fossiles. L’agriculture et la
sylviculture contribueraient pour 12 % des émissions de CO2. Les méthodes traditionnelles de
labour et de fertilisation dans les pays en développement sont à l'origine de 70 % des
émissions d'oxyde nitreux (Communauté Européenne (CE), 2008 ; http://www.bretagne-
solidarite-internationale.org/accueil/abcis/temps-forts/assises-2009/donnees
chiffrees/climat/var/lang/FR/rub/4798.html, consulté en mars 2010).
L’agriculture, la sylviculture et l’élevage constituent des secteurs particulièrement
sensibles. Ils participent en effet à l’émission de GES, subissent leur impact et peuvent
contribuer à la réduction de ceux-ci dans l’atmosphère. Les changements climatiques, à
travers leurs manifestations, perturbent les activités agro-sylvo-pastorales. L’agriculture
végétale, la sylviculture, la récupération des terres, peuvent contribuer à réduire les GES dans
l’atmosphère. Certaines techniques de culture contribuent à piéger le CO2. Le semis direct sur
couverture végétale permanente (SCV), les cultures sans labour en agriculture de conservation
sont des méthodes de culture qui protègent et restaurent les sols tout en y séquestrant du
carbone. Elle s’est d’abord développée au Brésil et aux Etats Unis. Elle gagne à présent l’Asie
centrale et l’Afrique. Elle est pratiquée à Madagascar. Depuis 5 ans, les projets d’initiation à
cette méthode de cultures se multiplient en Afrique Australe et de l’Est. Ceux qui la
pratiquent obtiennent de bons rendements et peuvent bénéficier de « subvention carbone »
(TRANSRURAL I., 2003 ; CTA, 2008).
4-2- Le climat, phénomène perturbateur de l’économie
Les changements climatiques pourraient engendrer des étés plus longs et plus secs
dans les pays du Nord. Cela aura pour conséquence la diminution de la capacité des centrales
hydro-électriques et de ce fait, entraînera l’épuisement des ressources de refroidissement des
centrales nucléaires. L’augmentation du niveau de la mer, la salinisation des eaux, la fonte des
glaciers et des pergélisols sont des catastrophes pouvant perturber l’économie de ces pays. La
diminution du débit des cours d’eau, la baisse du niveau des nappes, la montée du niveau de
la mer mettent en péril les activités hydro-électriques surtout dans les pays en voie de
développement. Les déficits pluviométriques de 20 à 30 % des années 70 dans certains pays
du Sud ont causé une diminution de 50 à 60 % des débits des fleuves notamment le Niger.
Ceci pénalise aussi l’agriculture traditionnelle pratiquée dans les zones d’inondation et réduit
la ressource en eau pour le bétail et partant, le pâturage (CE, idem ; MANERO A. et al.
idem).
31
L’économie des pays sahéliens, essentiellement basée sur l’agriculture, l’élevage et
l’artisanat, est très sensible aux changements climatiques. Ces secteurs sont les plus touchés à
travers la dégradation des sols, la baisse de la productivité des terres de cultures et les
ressources en eau. «L’impact de la variabilité et des changements climatiques sur les
écosystèmes de la région sahélienne a des conséquences négatives sur les populations compte
tenu du fait que celles-ci sont à plus de 80 % rurales» (SARR B., idem, p. 21). La pêche, la
chasse, la cueillette, le bois d’énergie, l’artisanat d’art et l’artisanat utilitaire (la vannerie, le
tissage, la cordonnerie, le tannage, la maroquinerie et la poterie) sont aussi des secteurs
touchés par ce phénomène.
En outre, ces événements ont mis à mal les systèmes humains (pertes humaines et
matérielles), les systèmes agricoles (cultures englouties) et les infrastructures économiques
(routes, ponts, barrages détruits). Ceux-ci entravent la disponibilité, l’accessibilité,
l’approvisionnement des produits alimentaires et entraînent la hausse des prix sur les marchés.
Ils ont également été à l’origine d’impacts psychologiques importants notamment sur les
groupes les plus vulnérables.
II- VULNERABILITE DE L’HOMME ET SES ACTIVITES
La végétation et la qualité des sols sont des facteurs environnementaux déterminants
des conditions de sécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest. La vulnérabilité de la population
dépend de ces deux facteurs, encore tributaires des aléas climatiques.
1- L’agriculture et l’élevage
l’agriculture
Les contraintes de ce secteur sont entre autres, le climat, la nature des sols, les
systèmes de production, l’attaque imprévisible des prédateurs, les maladies des plantes.
L’accroissement des températures et la variabilité des pluies risquent de compromettre les
efforts déployés pour l’atteinte de la sécurité alimentaire. Les sécheresses, les inondations,
sont les principaux facteurs perturbateurs de l’environnement à travers la déforestation, la
dégradation des sols, la destruction des récoltes. Ils entraîneront le dysfonctionnement des
saisons agricoles, des perturbations des cycles biologiques des cultures et une détérioration
des productions agricoles. En Afrique de l’Ouest, les mouches des fruits (Diptera tephritidae)
constituent une menace pour la production fruitière. Elles sont responsables de pertes de
production considérables pour le manguier. La moyenne des dégâts sur le manguier
32
dépasserait largement 50 % en fin de campagne et en particulier au Burkina dans la région des
Hauts Bassins (http://www.cirad.bf/fr/mouchefruit.php consulté le 13-9-2010).
La température est un facteur climatique qui influence les rendements de certaines
espèces. Une étude sur la variation des rendements de maïs en zone tempérée et tropicale en
fonction de plusieurs hypothèses de réchauffement climatique a montré qu’en zone tempérée,
la hausse des températures jusqu’à 2 °C pourrait être bénéfique pour le rendement du maïs. En
revanche, en zone tropicale, les rendements chutent immédiatement dès que la température
augmente de 1 °C. A plus 2 °C, on note une baisse du rendement en grains du maïs de plus de
5 % en zone tropicale. Ceci montre que même dans un contexte de réchauffement modéré du
climat, la zone tempérée serait gagnante et la zone tropicale perdante. De même, selon la
recherche, le rendement du riz diminue de 10 % lorsque la température nocturne monte de
1°C (CTA ,2009 ; ANDRE et al. 2003 ; SARR B., idem).
L’agriculture ne représente qu’un faible taux du PNB américain ou européen. De ce
fait, elle n’est pas dans l’ensemble éprouvée par le changement climatique (AMPHOUX M, et
al. 2003). Cependant, l’agriculture africaine en est durement touchée. Pour SARR B. (idem),
les pays d’Afrique de l’Ouest ceux du Sahel en particulier, subissent aujourd’hui, après les
sécheresses des années 70 et 80, les effets de fortes pluies et des inondations dévastatrices.
Les dommages et pertes liés à ces événements hydro-climatiques extrêmes ont été évalués à
plusieurs centaines de milliards de francs CFA. A titre illustratif, au Burkina Faso, « les pertes
en productions agricoles dues aux inondations des champs cultivés ont été estimées à 1 803
000 000 FCFA en 1992 et à 63 937 680 000 FCFA en 1994. Par ailleurs, le coût de la
réfection des barrages endommagés en 1994 a été évalué à 192 776 576 FCFA » (GIRE,
2000, in PANA (2), 2007, p. 13).
Pour la FAO (1997, p. 2), « la variabilité naturelle des précipitations, de la température
et d'autres conditions météorologiques est le principal facteur à l'origine de la variabilité de la
production agricole qui, à son tour, est l'un des principaux facteurs expliquant le manque de
sécurité alimentaire. Certaines régions du monde sont particulièrement exposées à cette
variabilité. Il s’agit essentiellement du Sahel, le Nord-est du Brésil, le Centre de l'Asie et le
Mexique ». La variabilité climatique peut ainsi déclencher des pertes de récoltes, des pénuries
d’eau pour l’irrigation, l’insécurité alimentaire et la faim.
33
TRAORE S. in ABDOU A et al. (idem, p. 22) retient que « selon GIEC (2007),
l’accroissement des températures et la variabilité des pluies représentent une menace sérieuse
pour le développement agricole du globe, notamment des pays d’Afrique de l’Ouest et
risquent de compromettre les efforts déployés par les pays pour l’atteinte de la sécurité
alimentaire ». Comme exemple, MANERO A. et al. (idem) pensent que les conséquences de
la sécheresse sur l’agriculture ont été très lourdes. Ils poursuivent que, les Sahéliens ont subi
une perte de 15 % du revenu annuel moyen de la production céréalière. L’élevage s’est
effondré avec une perte de 80 %. Au Niger en 2005, les chiffres officiels s’élevaient à
2.500.000 habitants touchés par la famine (TATCHI R.Y, consulté le 10-9-2010 ; TRAORE
S., idem).
PALAZZO A. et al. (2009), soutiennent que l’agriculture et le bien-être humain seront
défavorablement affectés par le changement climatique. Le rendement des cultures diminuera,
la production sera affectée, les prix des productions animales et végétales augmenteront, et la
consommation de céréales baissera avec pour résultat une diminution de l’absorption de
calories et une augmentation de la malnutrition infantile.
l’élevage
L’impact des changements climatiques en Europe ne serait pas très important sur
l’élevage européen, qui est principalement intensif. Dans ce système, l’environnement est
contrôlé (possibilités de contrôle de la température dans les étables, bergeries et porcheries).
L’influence du climat est donc relativement faible sur les rendements, de même que sur les
différentes maladies. Par contre, l’élevage des Etats-Unis en est affecté. AMPHOUX M. et al.
(2003), dans la même logique, remarquent que les effets négatifs sur la production animale
aux Etats-Unis d’un été chaud seront plus importants que les effets positifs dus à un hiver plus
chaud. Son caractère extensif le rend plus vulnérable aux conditions climatiques. Dans les
pays du Sud et surtout ceux en voie de développement, l’élevage est, dans la plupart des cas, à
dominance extensif. L’impact négatif du changement climatique sur la biodiversité aura pour
conséquence de faibles productivités de l’élevage.
Au Sahel, les conséquences de la péjoration climatique sur l’élevage sont la réduction
et la dégradation du fourrage naturel et les ressources en eau. L’élevage y est essentiellement
extensif. Les aires de pâturage se réduisent suite aux pertes de terres, de l’accroissement de la
population et des techniques agricoles. Selon GARBA I. in ABDOU A et al. (idem), le
pastoralisme sera affecté par les effets des changements climatiques à cause de la baisse de
34
production des pâturages dans les domaines arides et semi-arides ouest africains. C’est le cas
de la campagne agricole 2008/2009, suite à la forte variabilité des précipitations, la
production fourragère a été largement excédentaire dans les pays de la façade atlantique
(Sénégal, Mauritanie), alors que dans les autres pays du Sahel (Niger, Tchad), le bilan était
déficitaire.
2- Les changements climatiques et les autres secteurs économiques
La pêche, la chasse, la cueillette, le bois d’énergie, l’artisanat d’art et l’artisanat
utilitaire sont des secteurs touchés par le changement climatique. La dégradation de la
biodiversité, la chute de la production agro-pastorale, la migration de la population et des
animaux, freinent ces différentes activités. Les populations se déplacent avec leurs animaux et
leur savoir faire. La dégradation de la biodiversité met en difficulté ces activités. La
raréfaction des ressources en eau influence négativement la faune en général et celle
aquatique en particulier.
3- Changements climatiques, les parasites et les maladies
Selon le centre Hatley sur la croissance des parasites et maladies au Royaume Uni, les
hausses de température dans certaines régions d’Afrique pourraient être le double de la hausse
mondiale. Différents scénarii prévoient une extension de 5 à 8 % des terres arides et semi
arides, de stresses secondaires tels que la propagation de parasites et d’espèces étrangères, des
pertes de biodiversité et une augmentation des maladies humaines et animales. D’après la
recherche, les températures moyennes plus élevées augmenteront le taux de fécondité et de
croissance des insectes ravageurs et la fréquence des épidémies et permettront aux insectes de
gagner de nouvelles aires géographiques. La modification du régime des vents risque de
changer la diffusion des insectes ainsi que des bactéries et les champignons vecteurs de
maladies des plantes. L’élévation des températures hivernales favorisera la multiplication de
Pyrales foreuses et de Cicadelles vertes dans les systèmes rizicoles. Des études révèlent que le
nombre de parasitoïdes-insectes tels que les guêpes et les mouches qui pondent leurs œufs sur
ou à l’intérieur des chenilles chute en cas de pluies irrégulières. Or, ils sont très utiles dans la
lutte biologique contre les ravageurs de nombreuses cultures tropicales (CTA, 2008).
Les changements climatiques ont aussi un impact sur la santé humaine et animale. Ils
modifient la répartition de certains vecteurs de maladies. L’Organisation Mondiale de la Santé
(O.M.S) a établi un lien entre les fortes pluies qui ont affecté la majeure partie de l’Afrique de
l’Ouest en début 2008 et la recrudescence du paludisme. La dengue, maladie grave causée par
35
un virus transmis par les moustiques, atteint des niveaux plus épidémiques dans les Caraïbes
(CTA, idem). DA D.E.C. (idem, p 3) ajoute que « le réchauffement de la planète a entraîné et
entraînera l’apparition de nouvelles maladies comme le cancer de la peau et la complication
d’autres telles que les angines sans compter les mutations génétiques ».
L’évolution du climat pourrait avoir des impacts indirects tels que la modification des
aires de reproduction et de déplacement des insectes ravageurs des cultures (criquet pèlerin,
criquet sénégalais, etc.) (CEDEAO et al., 2008). En effet, une hausse de la température
causera aussi une prolifération des parasites qui ne seront pas tués pendant l’hiver
(phénomène du Winterkill) et qui pourront alors accomplir davantage de cycles reproductifs
(KNIGHT C., 1992, in CTA, idem). Le niveau des insectes et des maladies qui sont associés
aux cultures sur les fermes va certainement changer. La pyrale du maïs par exemple, pourrait
se décaler entre 165 et 500 kilomètres vers le nord, pour une élévation de 1 °C (AMPHOUX
M. et al. idem).
4- Changements climatiques, la biodiversité et la faune
la faune
Très étendues par le passé, les espèces fauniques du monde se sont raréfiées. Celles
sahéliennes le sont aussi. «Plusieurs prédateurs comme le lion, la panthère et le chien
sauvage, étaient présents dans la région du Sahel, mais ces espèces ne s’y retrouvent plus.»,
(Wikipédia, 2010, p. 6). Les manifestations des changements climatiques, la croissance
démographique et surtout les actions anthropiques sont les catalyseurs de la migration ou de la
disparition des espèces fauniques. « La dégradation des écosystèmes est à l’origine de la
migration des espèces fauniques qui vont à la recherche d’habitats convenables. De nos jours,
plusieurs espèces fauniques comme les outardes, les girafes et les autruches sont rares ou ont
disparu du Sahel burkinabé » (PANA (2), idem, p. 14).
la biodiversité
Il y a une relation entre les changements climatiques et la biodiversité. Les péjorations
climatiques entraînent aussi la régression, la migration voire la disparition de certaines
espèces. Pour DA D.E.C., (idem), certaines espèces animales ou végétales sont menacées. Il
s’agit des phoques, des ours polaires, des plantes des marais salants, des taupes, des
manchots, des cachalots, des phytoplanctons et toute la chaîne alimentaire dépendante. Selon
les conclusions d’un rapport de GIEC (2002), in TRANSRURAL (2003), les périodes de
reproduction ou de migration, la durée des saisons de croissance, la répartition des espèces et
36
des densités de population, influencent la fréquence des infestations parasitaires et des
maladies. Ces paramètres décisifs de la biodiversité sont affectés par les changements
climatiques. La situation générale actuelle de l’écosystème porte la marque de graves
tendances à la régression du fait de la raréfaction, voire de la disparition d’un nombre
considérable de peuplement de la strate herbacée et arbuste, mais aussi d’espèces de la faune
sauvage. Les arbres fruitiers sauvages ont presque tous disparu au Sahel, ajoute MAÏGA
M.T.F. (idem).
La pression humaine sur la biodiversité et les changements climatiques constituent les
principaux facteurs qui menacent l’épanouissement et la régénération de celle-ci. Comme
dans d’autres domaines, les processus de changement climatique s’associent à des pressions
sur les écosystèmes et la biodiversité. De nombreux écosystèmes parmi les plus importants
sont déjà menacés. En 2005, le Bilan du Millénaire relatif aux écosystèmes a indiqué que 60
% de tous les services des écosystèmes sont détériorés ou exploités de manière non viable à
long terme. La perte des mangroves, des systèmes de récifs de corail et des terres humides a
été soulignée. Près d’une espèce de mammifères sur quatre est en grave déclin (PNUD, idem).
Le potentiel ligneux sur pied du Burkina Faso selon PANA (2003), qui était estimé au
total à 502 millions m3 dont 349 millions m3 pour les forêts naturelles et 153 millions m3 pour
les jachères et les champs cultivés, est en nette régression depuis lors selon les statistiques
disponibles, il serait de 177 millions m3 en 1995.
L’élévation des températures modifie la reproduction et la croissance de nombreuses
espèces terrestres. Ainsi, au Royaume-Uni, entre 1971 et 1995, sur 65 espèces d’oiseaux (dont
des grands migrateurs), 20 ont eu des dates de ponte plus précoces de 8 jours en moyenne ; la
Mésange Charbonnière connaît un décalage de sa période de reproduction qui conduit à un
risque d’éclosion des oeufs en période de pénurie alimentaire (TRANSRURAL, idem).
5- La vulnérabilité inégale
Les changements climatiques constituent une opportunité pour l’agriculture dans
certaines régions du Nord (pays occidentaux). Pour AMPHOUX M et al. (idem), l’impact du
changement climatique sur l’agriculture est positif dans les pays occidentaux. Le Nord
bénéficie de meilleures conditions climatiques propres à l’agriculture et donc de meilleurs
rendements. La chaleur accrue allonge la période de végétation des arbres et des plantes. Les
espèces qui ne poussaient qu’au sud de ces pays remontent vers le nord. En France par
37
exemple, le maïs actuellement cultivé en irrigation au sud pourrait migrer vers les plaines du
nord d’ici à un siècle. La température des céréales d’Amérique du Nord va augmenter. Celle
des fruits est déjà en hausse en France. La productivité du blé, du maïs des prairies va croître.
L’agriculture de ces régions va tirer profit des changements climatiques.
Les zones tropicales sèches subissent les effets négatifs des modifications climatiques
(courtes périodes de productivité, changement dans la durée des saisons des pluies et des
intensités des précipitations, baisse des productions de ces domaines) (PNUD, idem). Dans les
pays en développement, les baisses de rendement prédominent pour la plupart des cultures.
Cependant, il existe des disparités. Les effets du changement climatique varient
fortement selon les régions. Les régions d’Amérique latine et des Caraïbes montrent une
diversité d’effets sur le rendement, avec de faibles augmentations pour certaines cultures et
des diminutions pour d’autres. La région de l’Asie de l’Est et du Pacifique masque les
différences dans les effets du changement climatique du fait que ces deux régions ont
différents climats. En Asie du Sud, pour presque toutes les cultures, c’est la région où la
baisse du rendement est la plus forte. Le maïs en culture pluviale et le blé en culture irriguée
ou pluviale affichent une baisse de rendement sur de vastes superficies. En Chine, certaines
cultures se comportent bien. L’Afrique sub-saharienne présente des résultats disparates, avec
de faibles diminutions ou augmentations des rendements du maïs et des effets fortement
négatifs sur le blé en culture pluviale (PALAZZO A et al. idem ; PNUD, idem).
Le tableau suivant est le résumé de l‘impact des changements climatiques sur les
milieux physique et humain, surtout de la vulnérabilité de l’homme et son environnement.
38
Tableau 2 : Récapitulatif de la vulnérabilité de l’homme et son environnement
Source: d’après la synthèse des documents, Octobre 2010
Changement
climatiques
Effets Vulnérabilité biodiversité, activités humaines
Hausse de la
température
Hausse plus importante
au Nord
Décalage des cultures et rendements plus élevés au Nord Apparition de nouvelles cultures dans les plus hautes latitudes
Hausse plus négative au
Sud
Perturbation de la photosynthèse (ralentit à mesure que la température monte). Conséquence, diminution du rendement de certaines espèces, disparition d’autres.
Prolifération de parasites
Effets nuisibles sur les récoltes / Possibles utilisations massives de pesticides ayant des impacts sur l'environnement Effets nuisibles sur l’élevage, apparition de novelles maladies des animaux
Raccourcissement des
périodes de gel
Effets positifs ou négatifs selon les types de cultures
Impacts sur l'humidité et
les ressources
en eau
Risques de sécheresses, d’inondations, de tempêtes, d’incendies de forêt avec ses conséquences sur la biodiversité Perte en vies humaines, en infrastructures Gain de poids limité des animaux par une éventuelle qualité de l'eau dégradée, modification de la quantité ou de la qualité du fourrage Eventuelles morts lors d'événements extrêmes (ex: orage de glace en 1998 au Nord-est des Etats-Unis), sécheresse au sahel et inondation dans certains pays africains Limitation de la capacité des centrales hydro-électriques Réduction des superficies irriguées
Précipitations
Variabilité accrue
Décalage des cycles de croissance des plantes / Possibilités de pertes de rendement dues à une lacune ou un surcroît d'apport en eau aux mauvais moments Possibilité de régression ou perte de la biodiversité
Hausse du taux de
CO2
Gain ou perte de rendement selon le type de plante (C3 ou C4), et aussi en fonction des autres paramètres climatiques
Hausse du niveau de
la mer
Salinisation
Problème de la ressource en eau (pollution des nappes d'eaux souterraines, non exploitables sans traitement préalable), eau impropre à l’agriculture irriguée. Inondation, érosion des terres de culture
Risques d'inondations
perte de terres de culture, de récolte, de pâturage, perte ou dégradation de certaines espèces végétales
39
CONCLUSION PARTIELLE
Les changements climatiques se manifestent par des inondations, des sécheresses, des
tempêtes, des incendies. Ces phénomènes ont éprouvé toute l’humanité. Cependant, il existe
des relations complexes entre les activités humaines, le climat et l’environnement. Les
activités anthropiques contribuent aux changements climatiques et le climat est le principal
facteur de la vulnérabilité des activités de l’homme et de son environnement.
Les conséquences de ce phénomène varient du Nord au Sud, d’une région à l’autre.
Ainsi, les pays en voie de développement et surtout ceux d’Afrique et particulièrement du
Sahel sont durement touchés. Cela est dû au fait que leur économie est dépendante de
l’agriculture et de l’élevage, eux aussi tributaires des ressources naturelles. C’est pourquoi,
pour s’adapter à la nouvelle situation, ils développent des stratégies afin de lutter contre les
effets de la variabilité climatique.
L’agriculture et l’élevage, principales activités économiques de la région du Sahel sont
les plus touchés. Alors, les populations dans le but de l’adaptation ajustent leurs systèmes de
production en fonction des conditions climatiques actuelles. Les systèmes de production agro-
pastorale ont connu de ce fait une légère modification suite aux fortes variabilités climatiques.
40
SYNTHESE DE L’ÉVOLUTION DES SYSTEMES
DE PRODUCTION AGRO-PASTORALE ET DE
L’ADAPTATION AUX CHANGEMENTS
CLIMATIQUES DANS LE SAHEL
Cette partie concerne l’évolution des systèmes de production agro-pastorales et les
stratégies d’adaptation dans le premier chapitre. Le deuxième traite de l’analyse et de
l’orientation de recherche.
41
CHAPITRE III: L’EVOLUTION DES SYSTEMES DE
PRODUCTION ET LES STRATEGIES D’ADAPTATION
Les changements climatiques ont mis à l’épreuve l’économie de tous les pays du
monde. Cependant, les pays développés, en raison de leur faible dépendance de l’agriculture
et des ressources naturelles en sont moins affectés.
Les pays en développement sont les plus vulnérables, du fait de leur forte dépendance
de ces ressources. C’est pourquoi, soutenu ou de façon individuelle, ces pays essaient de
s’adapter à travers les modifications des différents secteurs de production. Le sahel a été
durement touché par les manifestations de ce phénomène, notamment les sécheresses des
années 70 et 80. Qualifiées des plus sévères du 20e siècle, elles ont causé des pertes en vies
humaines, des pertes de récolte, du bétail, de terres de culture, de la végétation, des ressources
en eau. Le sahel, suite à cette situation, adapte ses systèmes de production agro-pastorale.
I- L’ÉVOLUTION DES SYSTEMES DE PRODUCTION
Les systèmes de production sont extrêmement sensibles aux conditions climatiques.
L’agriculture et l’élevage des pays du Nord sont essentiellement intensifs. C’est pourquoi ils
sont moins touchés par la variabilité climatique. Néanmoins, ils ne sont pas à l’abri du
phénomène. En effet, la variabilité climatique y est négative pour certaines espèces.
Cependant, ces systèmes (ceux des pays du Nord) s’adaptent facilement aux innovations
allant dans le sens de l’adaptation.
La variabilité climatique au Sahel a débuté il y a très longtemps. Les agriculteurs
comme les éleveurs s’en sont toujours adaptés. Les sécheresses des années 70 et 80 de par
leurs violences ont désorienté les producteurs. C’est pourquoi ils ont légèrement modifié leurs
techniques de production. Les documents traitant de la production sahélienne retiennent la
recomposition des acteurs, la transformation des techniques de production agro-pastorales, la
modification des formes de mobilisation des facteurs de production et de la gestion des
revenus.
1- Les systèmes de production agricole au sahel
Les années 1973 et 1984 symbolisent de multiples ruptures :
sur le plan écologique, les sécheresses et la surexploitation des ressources
naturelles aggravent la désertification et fragilisent la production agricole ;
42
sur le plan socio-économique, le Sahel s’urbanise, les systèmes traditionnels de
gestion de risque sont remis en cause par les nouveaux modes de vie des ruraux,
l’augmentation des besoins monétaires, l’affaiblissement des solidarités traditionnelles, la
dégradation de la situation des migrants ;
sur le plan politique, les Etats renforcent leur politique de l’agro business et
revoient à la baisse celle de l’agro-alimentaire. Cela affaiblit les filets de la sécurité
alimentaire. Ces ruptures vont conduire à une insécurité alimentaire persistante ponctuée de
crises graves affectant tout le Sahel et avec leurs systèmes de production (CILSS, 2004).
L’agriculture sahélienne demeure essentiellement pluviale, traditionnelle et extensive,
dépendante des aléas climatiques et destructrice pour l’environnement. Elle utilise peu
d’intrants et investit moins de moyens dans la production.
1-1-Les systèmes de culture
AMADOU I et al. in www.afriqueverte.org (01-03-2010), distinguent quatre systèmes
de culture et le maraîchage. Il s’agit du système pluvial, irrigué, de décrue et oasien. Les noms
scientifiques des spéculations sont en annexe 3.
le système pluvial
L’agriculture pluviale est le système le plus largement répandu au Sahel (90 % des
productions). Les cultures sont réalisées en « hivernage », de juin à octobre, sans irrigation.
Les récoltes se font entre novembre et décembre. Elle concerne principalement les céréales
(mil, sorgho, fonio, riz et maïs) et aussi les cultures de rente comme le coton et l’arachide.
Le sorgho est une grande graminée qui résiste à la chaleur et à la sécheresse. En vingt ans, les
productions ont plus que doublé au Burkina Faso et au Niger. Elles ont augmenté de 30 % au
Mali.
Le maïs est une culture exigeante en eau. Au Sahel, sa production est assez marginale, il est
cultivé dans les domaines les plus humides. Les productions se sont fortement développées au
Burkina. En 20 ans, elles ont été multipliées par 10. Au Mali, elles ont été multipliées par 2,5.
Le mil constitue l’aliment de base au Sahel. En 20 ans, sa production a triplé au Burkina et
presque doublé au Niger et a progressé de 50 % au Mali.
Le riz est consommé dans tout le Sahel. Les productions ont doublé en 20 ans au Burkina et
au Niger et ont été multipliées par plus de 4 au Mali.
43
Le fonio est cultivé presque exclusivement dans les pays sahéliens d’Afrique de l’Ouest.
C’est une céréale d’avenir pour le continent.
Les cultures de rente sont principalement le coton qui est la première source de devises
au Burkina Faso, puis l’arachide et le sésame principalement destinés au marché intérieur.
En Afrique subsaharienne, le Mali et le Burkina Faso sont de grands producteurs de
coton. Son importance dans leur économie est énorme. Il représente une des premières
sources de revenu pour l’Etat et les producteurs locaux. Les productions ont été multipliées
par 6 au Burkina et par 4 au Mali. La production d’arachide s’est également développée ; en
20 ans, elle a été multipliée par 4 au Burkina, par 3 au Mali et a augmenté de 35 % au Niger.
Cependant, ces évolutions positives ne garantissent pas la sécurité alimentaire dans ces
pays sahéliens. Cette situation s’explique par une croissance rapide de la population et une
forte urbanisation, augmentant de ce fait les besoins des populations citadines.
le système irrigué
L’agriculture irriguée est faiblement développée au Sahel, pour des raisons techniques
(maîtrise de l’eau), financières (coût des investissements) et culturelles (absence de tradition).
Au Burkina Faso par exemple, les terres irrigables sont estimées à 160.000 ha, mais il n’y a
que 25.000 ha irrigués. Elle permet pourtant d’obtenir 2 récoltes par an. La technique la plus
simple est l’arrosage manuel, pratiqué surtout dans les jardins maraîchers qui se développent
de plus en plus en zone urbaine ou périurbaine. L’irrigation par submersion contrôlée ou par
aspersion est de plus en plus utilisée malgré la complexité de mise en oeuvre.
le système de décrue
Il se pratique dans les dépressions humides et le long des berges des fleuves. Les
emblavements suivent la décrue. Les plantes profitent de l’eau stockée dans le sol et de la
fertilisation limoneuse. Relativement marginales en superficie, ces cultures ne sont pas
négligeables au niveau de l’alimentation de la population, car les récoltes sont décalées par
rapport à celles des cultures pluviales.
le système oasien
C’est la culture irriguée des oasis dans les domaines saharo-sahéliens, quasi
désertiques. L’eau puisée dans la nappe phréatique permet la production de légumes, fruits et
céréales (blé), contribuant à l’équilibre alimentaire des populations de ces régions. Cette
44
culture est particulièrement développée au Niger. Ce système est, aujourd’hui, durement
éprouvé par l’avancée des dunes. Les producteurs sont confrontés à l’envahissement de leurs
champs par le sable. Les principales spéculations sont les dattes, les palmiers et les cultures
maraîchères. Des projets ont été initiés dans la région des oasis afin d’assurer une gestion
rationnelle de leurs ressources en eau.
le maraîchage
La culture maraîchère est fortement développée dans les pays sahéliens ces 20
dernières années tant dans les zones urbaines que dans celles rurales. Le maraîchage
traditionnel était principalement composé d’oignons, d’aubergines, de tomates et de piments.
Aujourd’hui, tous les légumes « européens » sont produits en quantité et en qualité au Sahel
(carottes, choux, salades, haricots verts et même fraises…). Les travaux maraîchers se
déroulent principalement entre novembre et février, à la période « fraîche ». En zone urbaine
ou péri urbaine, il est pratiqué sur les petits jardins familiaux. L’arrosage est manuel et
quotidien. Les productions procurent des revenus non négligeables aux maraîchers. En zone
rurale, le moment de la décrue est favorable à cette activité. La part de la production
autoconsommée y est plus importante.
1-2- L’évolution des techniques de culture
Les systèmes de production agricole traditionnels sahéliens disposent de stratégies ou
de mécanismes d’ajustement destinés à minimiser les effets néfastes que les contraintes
primaires peuvent avoir sur les objectifs de production et de consommation. PRUDENCIO Y.
C. (1996), dans le cadre d’un projet de recherche sur les systèmes de production agricole
mené au Burkina Faso de 1985 à 1988, distingue les mécanismes d’ajustement suivants :
les mécanismes d’ajustement ou stratégies paysannes :
la réaffectation des ressources : il s’agit de la polyculture et l’association de
cultures, de l’utilisation de plusieurs variétés, de la gestion différentielle de l’espace agraire,
de stratégies dynamiques de semis, de la substitution des cultures, de l’aménagement et de
l’exploitation des bas-fonds avec le déplacement des variétés tardives vers ceux-ci, des semis
à sec et des invitations de cultures, de l’augmentation des investissements dans l’élevage des
petits ruminants et les autres branches d’activités économiques, l’émigration saisonnière ou
l’émigration de longue durée de certains membres du ménage, des stratégies de gestion de
stocks céréaliers.
45
les innovations et transformations techniques : la recherche et l’adaptation
de variétés à cycle court venant d’autres villages ou domaines agro-climatiques, l’acquisition
de la traction animale, l’extension sur de plus grandes superficies des pratiques traditionnelles
de conservation de l’eau (le « bouli » par exemple) et du sol comme les cordons pierreux, le
paillage, le zaï, les bandes herbeuses.
les changements institutionnels
La transmission directe de père en fils des droits d’usage de la terre. Elle a un effet
positif sur la sécurité de la tenue foncière et par conséquent sur les investissements fonciers.
la gestion différentielle de l’espace agraire en pays mossi
Sur la base des objectifs de production et de consommation des pays mossi et compte
tenu de la stratégie de diversification pour minimiser les risques de production, on peut
distinguer sur une exploitation quatre (4) types de champs :
les champs de soudure et d’épices sont ceux de cultures céréalières à cycle
court et de cultures potagères ;
les champs de sécurité alimentaire minimale occupent une portion limitée de
la superficie cultivée avec une meilleure gestion des sols et des cultures pour assurer le
minimum de réserves quels que soient les aléas climatiques. Les cultures céréalières sont
relativement intensives ;
les champs de sécurité alimentaire complémentaire sont ceux de céréales.
Les cultures sont relativement extensives avec moins de soins, donc de faibles rendements ;
les champs de rente et d’obligation sociale, les cultures sont extensives. Les
récoltes sont destinées à la vente.
les anneaux de gestion
Par le passé, la distance était le facteur le plus important dans l’assignation de fonction
aux terres cultivées. Les champs de soudure et d’épice et les champs de sécurité alimentaire
minimale se situaient plus près des concessions que les champs de sécurité alimentaire
complémentaire (c’est la gestion en anneaux). Aujourd’hui, c’est plutôt le facteur fertilité qui
est retenu.
le niveau de prise de décision
Les décisions de culture étaient prises au niveau de la famille. Suite à la dislocation de
celle-ci, elles sont prises au niveau du ménage. Le chef de ménage poursuit en priorité la
46
sécurité alimentaire pour tout le ménage. Son objectif est de maximiser les bénéfices au profit
de diverses activités économiques, de satisfaire des obligations sociales, de relever le niveau
de vie du ménage, de conserver les ressources agricoles (terres, cheptel, semences….).
2- Les systèmes de production pastorale au Sahel
A côté des productions céréalières, l’élevage joue un rôle important dans l’ensemble
des pays sahéliens. Il contribue à hauteur de 10 à 15 % du PIB du Burkina Faso, du Mali, du
Niger, du Sénégal et du Tchad. Au nord, l’élevage des camélidés et des caprins, est
principalement nomade. Dans le domaine sahélien, l’élevage de bovins est transhumant, et les
déplacements saisonniers Nord-Sud s’effectuent sur de longues distances. Il côtoie l’élevage
agro-pastoral dont les déplacements sont d’amplitude plus faible.
Cependant, les changements climatiques, la croissance démographique et la forte
urbanisation frappent durement l’élevage traditionnel extensif. Les éleveurs sont victimes de
la raréfaction du fourrage et des ressources en eau. Aussi, ils sont de plus en plus évincés de
leurs terres suite à l’augmentation des besoins en terre pour l’agriculture. En effet, le droit
traditionnel et moderne stipule que la terre appartient à celui qui la met en valeur. La direction
générale de l’environnement dans son étude sur l’impact socio-économique du PDS/Soum,
(2004) au Burkina Faso stipule que « le droit traditionnel flou d’accès au pâturage se
transforme parfois en droit bien défini par la « mise en valeur». La pâture traditionnelle n’est
pas considérée comme une mise en valeur. Ils sont alors chassés des terres par les
défrichements progressifs. L’ensemble de ces facteurs a entraîné l’évolution des systèmes de
production pastorale en vue d’une adaptation.
2-1- Les systèmes d’élevage régional
A l’échelle régionale, BOUTONNET et al. (2000), in CEDEAO et al. (2008),
distinguent 3 principaux systèmes d’élevage sur la base de la nature des ressources
alimentaires des animaux :
les systèmes pastoraux
C’est un élevage qui se pratique essentiellement dans les domaines arides et semi-
arides du Burkina Faso, du Mali, du Niger, s’étendant jusqu’à la façade atlantique par le Nord
du Sénégal et de la Mauritanie. C’est l’élevage des troupeaux, composé de bovins, d’ovins, de
caprins, de camelins, d’ânes, de chevaux. Les animaux se nourrissent des herbacées et
arbustes. Les questions foncières et la rareté du fourrage sont des contraintes de ce système.
47
Dans le système traditionnel extensif, les modes de production sont la transhumance,
(le mouvement pendulaire et saisonnier des animaux suivant des itinéraires précis) et le
nomadisme (le déplacement aléatoire et suivi par toute la famille). La vente du bétail est la
principale source de revenu monétaire pour les éleveurs. En Afrique subsaharienne, ce
système fournit 60 % de la viande bovine, 40 % de la viande des petits ruminants et 70 % du
lait de ces pays (CEDEAO et al. idem).
les systèmes agro-pastoraux
Appelé système paysan, il utilise une combinaison de pâturages naturels et ceux des
cultures fourragères, de sous produits agricoles et agro-industriels et d’aliments achetés dans
une exploitation de polyculture et d’élevage. Il progresse au détriment de celui purement
pastoral suite à la raréfaction et à la dégradation des ressources en eau et du fourrage naturel.
Les troupeaux de bovins en propriété individuelle ou collective sont conduits par des bouviers
rémunérés. L’intégration agriculture et élevage en est une conséquence.
les systèmes hors sol
Il n’utilise que des aliments achetés sur le marché intérieur ou importés. Il s’agit de
fourrage cultivé, de sous produits agro-industriels, des céréales, des tourteaux, du son, de la
paille et des fanes. Il est développé en ville et à sa périphérie. Il est en croissance suite à la
forte urbanisation et à la croissance de la demande en produits d’origine animale. Il concerne
essentiellement l’aviculture, l’élevage porcin, l’embouche bovine et ovine. L’exploitation des
races exotiques et leurs croisés plus productifs que les génotypes locaux est le socle de ce
système.
2-2- Les sous-systèmes de production pastorale
OUEDRAOGO T. in NYAMBA A. (1997) distingue des sous-systèmes de production
pastorale qui selon lui, ont connu des évolutions :
le sous système « grand-élevage » ou élevage extensif de bovins
Il a été longtemps dominant avec le lait comme principale fonction productive et
l’animal une source d’accumulation et d’épargne. Aujourd’hui, ce système s’est modifié.
Désormais, le troupeau a diminué ; les espèces élevées ont augmenté. Certains groupes
d’éleveurs se sont sédentarisés. L’élevage assure les besoins céréaliers à 50 % à travers la
commercialisation des animaux et la production laitière.
48
le sous-système « petit élevage »
Il est pratiqué par les agriculteurs sédentaires comme stratégie d’adaptation, avec une
tendance à la diversification. Le troupeau est essentiellement constitué de petits ruminants. La
vente des animaux associée aux maigres récoltes agricoles assure au ménage une sécurité
alimentaire. Ce système aujourd’hui est émergent.
l’élevage discret des femmes
Sous la forme d’embouche de case, les animaux sont destinés à la vente
principalement aux périodes de fête.
l’élevage semi-urbain
Sous forme intensive, il devient de plus en plus important.
Considérée comme contemplative de par le passé, la production animale, de nos jours,
est essentiellement destinée à la vente. Les recettes servent à nourrir la famille et à renouveler
le troupeau. L’objectif de l’élevage qui était l’épargne n’est plus d’actualité étant donné les
nouvelles conditions de production (raréfaction et dégradation des ressources naturelles).
BARRAL (1977) et COMBES (1984), in INERA (1994), définissent les systèmes de
production en fonction des groupes ethniques. Ils distinguent les groupes dont le système est
fondé sur l’élevage pur et les acteurs sont les Peul Djelgobè. L’élevage de petits ruminants est
pratiqué par les Bella, les Rimaïbé. Ce sont des agriculteurs sédentaires et l’élevage constitue
pour eux une activité secondaire.
2-3- Les tendances évolutives
NICK B. (2006) retient que les systèmes pastoraux africains d’aujourd’hui trouvent
leurs origines dans le Sahara préhistorique où ils sont apparus comme un moyen de sécuriser
les ressources alimentaires dans un climat de plus en plus sec, variable et imprévisible. La
toute première preuve de domestication de bovins vient de l’est du Sahara où la dessiccation
climatique se produisait plus rapidement (NICHOLL, 2004, in BROOKS N, (2006)).
Les sécheresses des années 70 et 80, ont bouleversé les pasteurs. Dans le but de
minimiser les risques, les éleveurs purs ont associé les activités agricoles surtout les cultures
céréalières à l’élevage. Le bétail a cessé d’être un capital. Les agriculteurs, pour les mêmes
raisons s’investissent dans l’élevage. Le bétail leur est désormais confié. Cela s’explique par
la capitalisation des excédents agricoles en bétail, surtout dans les zones cotonnières. La
sédentarisation est de plus en plus développée. Aujourd’hui, tous les groupes ethniques
49
pratiquent ces deux activités. Au Burkina Faso, ces sécheresses ayant entraîné la perte du
bétail (10000 animaux sont morts en 1973 selon BENOIT M. (1984)). Les autorités ont créé à
cet effet, des zones pastorales de Sidéradougou, de Samorogouan, de Yallé, afin d’encourager
la sédentarisation des pasteurs dans ces zones d’accueil dotées d’infrastructures pour accroître
la productivité du bétail (CEDEAO et al. idem).
3- La contribution de la recherche
La recherche dans le domaine agricole ou pastoral peut contribuer à améliorer les
rendements et de ce fait participer à l’atteinte de la sécurité alimentaire.
Pour PRUDENCIO Y. C. (idem), en adoptant l’approche de la recherche sur les
systèmes de production, c’est-à-dire en utilisant les informations fournies par les études
diagnostiques de base, le test de l’évaluation des technologies en milieu paysan et les études
d’adoption dans la sélection ou la confection de nouvelles technologies, la recherche
agronomique peut grandement accroître son efficacité et servir le paysan.
TOURTE, R. (1968), estime que la recherche peut stimuler la production à travers :
l’amélioration des systèmes agricoles traditionnels,
l’élaboration des systèmes valables et acceptables par le monde rural et
extensibles en tenant compte des exigences de l'homme, des conditions naturelles du milieu,
en intégrant les contraintes et les limitations de ce monde,
l'établissement de programmes de vulgarisation technique et économique,
l’établissement de modèles d’exploitation adaptés aux conditions régionales,
aux différentes catégories d’exploitants,
Selon l’entretien réalisé à Dori (avril 2010), pour la vulgarisation des résultats de la
recherche il faut mettre à la disposition des chercheurs des moyens. Les fruits de la recherche
ne sont parfois pas à la portée des acteurs. Souvent les semences améliorées coûtent chères.
Par exemple, pour le cas du fourrage, les producteurs dans ce domaine s’en approvisionnent
peu parce que le fourrage ne produit pas de graines. Alors, chaque année, il faut en racheter.
Cela est valable pour tant d’autres semences. Cette contrainte financière limite l’exploitation
des résultats de la recherche par les paysans.
50
II- LES STRATEGIES D’ADAPTATION
1- Les institutions internationales d’adaptation
La question du changement climatique préoccupe de nos jours tout le monde en
particulier les scientifiques et les politiques qui, depuis quelques années multiplient les
rencontres de haut niveau pour apporter des réponses à cette problématique qui affecte les
conditions de vie des populations. Au plan international, la communauté mondiale s’est dotée
d’une convention à Rio (Brésil) en 1992. Cette convention (la Convention Cadre des Nations
Unies sur le Changement Climatique (CCNUCC)), est un traité non contraignant qui engage
les acteurs à coopérer ensemble pour stabiliser les émissions de GES à un niveau qui ne met
pas en péril le climat mondial. Elle a été complétée plus tard par le Protocole de Kyoto en
1997 pour fixer de manière concrète et contraignante la réduction des émissions des six (6)
principaux GES (ABDOU A et al., 2009 ; PNUD, idem).
L’OMM et le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) forment
également en 1988 le GIEC, IPCC en anglais. Le GIEC est chargé de rassembler et d’évaluer
les données scientifiques sur le sujet. Il fait office d’instance suprême de la gouvernance
scientifique mondiale sur le climat. En effet, il fournit un conseil scientifique, technique et
socio-économique à la communauté du monde à travers des rapports d’évaluations
périodiques sur l’état de la connaissance des causes du changement climatique, ses impacts
potentiels et les options pour des stratégies de réponse (ABDOU A et al. idem; PNUD, idem).
Dans le but d'avoir une idée précise des catégories d'acteurs qui interviennent dans des
domaines de la vulnérabilité, de l'adaptation et les moyens de subsistance, particulièrement en
Afrique, le PNUE s'est proposé de mettre en place un Réseau mondial d'adaptation aux
changements climatiques. L'objectif est d'accroître la résistance des écosystèmes, des
systèmes humains vulnérables et des économies face aux changements climatiques. Cela
grâce à la mobilisation des connaissances et des technologies pour appuyer l'élaboration des
politiques, la planification et les pratiques dans ce domaine. Il est prévu que le réseau
apportera une assistance aux pouvoirs publics, aux praticiens et aux collectivités à travers la
fourniture de connaissances et de technologies, la démonstration de pratiques efficaces et le
renforcement des capacités (PNUE, 2009).
Outre la gouvernance politique, institutionnelle et scientifique du climat, la
communauté internationale s’est également dotée de plusieurs mécanismes de financement
51
tels que le Fonds pour l’Environnement Mondial, le Fonds d’Adaptation et le Fonds Carbone
(PNUE, 2009).
En Afrique de l’Ouest, tous les pays ont ratifié les instruments juridiques de la
gouvernance internationale du climat. Cette adhésion s’est matérialisée par la mise en place
dans chaque pays, des cadres institutionnels intégrateurs interministériels tels que les comités
nationaux sur les changements climatiques, les conseils nationaux pour un développement
durable (ABDOU A et al. idem; PNUD, idem).
2- L’adaptation régionale et sous-régionale
Dans le souci d’une bonne adaptation aux changements climatiques en Afrique,
aucune piste n’est omise. Les programmes, les organisations, mais aussi la contribution de la
diaspora sont mis à contribution. Sous la houlette des organismes internationaux, il sera
question de la contribution de la diaspora aux stratégies d’adaptation aux changements
climatiques (PNUE, idem).
Dans le cadre du renforcement des capacités pour l'adaptation à l'évolution du climat,
des financements sous forme de bourses ont été mis en place pour aider des cadres, des
chercheurs et des étudiants chercheurs africains. Le but est de leur permettre d’entreprendre
des activités visant à renforcer leur capacité de développer des connaissances pour
promouvoir l'adaptation aux changements climatiques en Afrique. Il y a aussi des institutions
et organismes de formation basés en Afrique, cf. annexe (1 et 2) (PNUE, idem).
3- Les regroupements en Afrique de l’Ouest
La nature des liens entre l'adaptation et le développement varie selon les circonstances.
C’est pourquoi il faut tenir compte des disparités régionales dans l’élaboration des stratégies
d’adaptation. Conscient de cela, il est nécessaire de comprendre et d’agir également à
l’échelle régionale et sous régionale. En effet, à l’image des grands regroupements d’intérêts
géostratégiques et économiques dans le monde, la sous-région Ouest africaine s’est dotée
d’organisations d’intégration politique, économique et monétaire, comme la Communauté
économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union Economique et Monétaire
Ouest Africaine (UEMOA), des organismes de bassins fluviaux comme l’Autorité du Bassin
du Niger (ABN), l’Autorité de la mise en valeur du Bassin des Voltas (ABV), l’Office de la
Mise en Valeur du Fleuve Sénégal (OMVS), d’institutions techniques spécialisées comme le
Comité permanent Inter-Etats de Lutte Contre la Sécheresse dans le Sahel (CILSS). Ces
52
organisations travaillent ensemble pour une prise en compte de la dimension régionale et
sous-régionale des changements climatiques. Cela s’est traduit par la constitution du Groupe
des négociateurs africains, l’institution par l’Union Africaine (UA) de la rencontre des
Ministres de l’Environnement, l’organisation des concertations à l’échelle sous-régionale
(ABDOU A et al. MANERO A, 2005 ; CILSS, idem).
Ces pays se sont également engagés sur des actions concrètes de lutte
(adaptation/atténuation) contre les effets négatifs des changements climatiques à travers des
mécanismes de financement prévus à cet effet. Les PANA en sont une illustration. Ces
programmes d’action élaborés en vertu de la convention sur le changement climatique
identifient des domaines d’action prioritaires pour réduire la vulnérabilité des pays et des
populations et accroître leurs capacités d’adaptation aux changements climatiques (MANERO
A, 2005 ; CILSS, idem).
Les instances politiques de la CEDEAO ont engagé un processus pour l’élaboration
d’un Programme d’Action Sous-régional sur la Réduction de la Vulnérabilité et l’Adaptation
en Afrique de l’Ouest et au Tchad (PASR-RV-AO) (MANERO A, idem).
Le CILSS créé en 1973 et composé de neuf (9) pays, est une forme d’adaptation
régionale pour faire face aux conséquences de la grande sécheresse du début des années 1970.
Cette organisation a participé à la Conférence de Rio en 1992 et a obtenu le statut
d’observateur du climat en 2002 à New Delhi en Inde (MANERO A, idem).
En Janvier 1985 à Nouakchott, à la demande des ministres du CILSS, est né le Réseau
de Prévention des Crises Alimentaires au Sahel. Il associe les experts et les représentants des
agences d’aide bi et multilatérales des organisations internationales et les institutions du
CILLS. Il repose très largement sur l’information et l’alerte précoce. Il s’agit de détecter très
tôt un risque de crise, en cerner l’ampleur, identifier les zones et les populations vulnérables.
Les informations produites par les différents dispositifs spécialisés sur les différents
paramètres de la sécurité alimentaire, les productions, le marché et l’accessibilité sont
débattus au sein du dispositif de concertation et de décision associant Etats sahéliens et
donateurs. Ce réseau a contribué à la création d’un espace de dialogue et de coordination des
crises (PNUE, idem ; PNUD, idem ; MANERO A, 2005 ; CILSS, idem).
53
les stratégies précoloniales d’adaptation des paysans
Les ménages et les communautés rurales développent plusieurs types de stratégies qui
varient en fonction de la durée et de l’intensité de la sécheresse. La constitution, l’entretien et
la gestion d’un grenier de réserve de longue durée (généralement collective mais parfois
individuelle) est l’un des piliers des systèmes de prévoyance dans les sociétés traditionnelles
du Sahel (Burkina Faso, Mali, Niger). En période de crise, la solidarité et l’entraide, le grenier
de réserve, la réserve de grands souverains sont les stratégies de survie (CILSS, idem).
des solutions locales
Certains agriculteurs des pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) ouvrent
« une troisième voie » en créant des systèmes semenciers communautaires qui proposent des
variétés de qualité, adaptées aux conditions locales, tout en permettant aux producteurs de
semences d’avoir un revenu. Pour ce qui est du savoir-faire et du contrôle de la qualité, la
formation et l’éducation pour aider les agriculteurs à s’adapter aux nouvelles technologies et
méthodes de production semencière sont à l’ordre du jour. A titre d’exemple :
l’Alliance semencière pour l’Afrique de l’Ouest (WASA) offre la formation
commerciale et le support technique et facilite les contacts entre entreprises, négociants,
agriculteurs et sélectionneurs ;
le programme africain sur les semences et les biotechnologies et divers cadres
réglementaires semenciers régionaux sont élaborés par la Communauté de l’Afrique de l’Est
(EAC), la CEDEAO et la Communauté pour le Développement de l’Afrique Australe
(S.A.D.C). Ils s’appuient sur l’approche semences de qualité déclarée (Q.D.S) de la F.A.O en
faveur de la production et du contrôle des semences au niveau local. Les agriculteurs de ces
semences bénéficient d’une formation à la production et à la gestion ;
en Côte d’Ivoire, la coopérative des riziculteurs de la région du centre a choisi
des agriculteurs expérimentés pour produire des semences. Ceux-ci reçoivent une formation
complète tandis qu’un dispositif de contrôle assure une qualité homogène ainsi que des
revenus aux producteurs. La compagnie Fertisem emploie des agriculteurs pour produire des
semences selon des procédés bien définis pour chaque variété (CTA, 2010).
Au Burkina Faso, il existe plusieurs fermes semencières sous la supervision technique
de l’Institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles (INERA) qui est l’un des 4
instituts du Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique (CNRST). Cet
institut est chargé de conduire la recherche dans les domaines agricole et environnemental. Il
54
organise et gère la recherche agro-environnementale et contribue à une optimisation de
l’utilisation des résultats de celle-ci. Ces fermes sont gérées par le Ministère de l’Agriculture
de l’Hydraulique et des Ressources Halieutiques (MAHRH) et la Société des Fibres et du
Textiles (SOFITEX) pour les semences cotonnières.
De tout temps, les Sahéliens ont adopté des stratégies leur permettant d’atténuer ou
d’éviter les crises alimentaires (grenier de réserve, migration). L’ampleur et la médiatisation
des famines récentes ont conduit à privilégier l’aide alimentaire d’urgence.
D’autres outils répondant mieux à la diversité des crises sont mis à contribution
(stocks de sécurités physiques et financières, banque de céréales, opération triangulaire,
culture de contre-saison…). Il s’agit, entre autres, de la mise en place d’organisation et de
coordination des secours d’urgence au plan national. Celui du Burkina Faso a été adopté en
2000. Dans ce pays, il y a des structures comme le Comité National de Secours d’Urgence et
de Réhabilitation (CONASUR), la Société Nationale de Gestion de Stock de Sécurité
Alimentaire (SONAGESS) (CTA, idem).
l’adaptation des systèmes d’exploitation agricole et la biodiversité
Les pertes de productivité résultant du changement climatique aggraveront les crises
alimentaires déjà récurrentes dans le monde, surtout en Afrique et particulièrement au Sahel.
Ainsi, des options d’adaptation portant sur l’amélioration de la résilience des systèmes agro-
pastoraux ont été entreprises. Ces méthodes et techniques se résument en ces termes :
la redéfinition des calendriers agricoles en jouant sur les dates des semis, le
cycle végétatif des variétés afin de minimiser les risques de la variabilité pluviométrique ;
la mise au point des variétés adaptées au stress hydrique et à la chaleur, à
l’inondation ;
la mise au point de méthodes de gestion de l’eau à des fins agricoles,
conservation des eaux, des sols et protection des cultures face aux extrêmes climatiques,
irrigation de complément et irrigation pure à partir des eaux de surface ;
le développement de cultures irriguées, la diversification et l’intensification des
cultures pluviales ;
l’adoption de méthodes de gestion raisonnée de la fertilité des sols ;
la fourniture de semences, d’intrants et d’outils pour favoriser une bonne
installation des cultures de contre-saison et de l’hivernage ;
55
le renforcement des capacités d’achat et de stockage décentralisés (mise à la
disposition de « lignes de crédit » pour l’approvisionnement rapide et précoce des banques de
céréales, au niveau villageois) ;
la prévention du capital productif et la mise en place d’activités génératrices de
revenus;
le renforcement du Plan national d’organisation et de coordination des secours
d’urgence.
Ces mesures sont identifiées dans le cadre des différents PANA (CILSS, 2004, SARR
B. idem).
les stratégies d’adaptation des techniques de production
Pour BOULIER F. et al. (1990), les stratégies d’adaptation sont entre autres :
abandon ou substitution des espèces et variétés ; importances des cultures
associées ; utilisation de nombreuses variétés de la même espèce, semées parfois
conjointement ; abandon des variétés les plus tardives au profit de celles précoces ;
introduction de variétés améliorées, plus précoces par les services de
vulgarisation ;
spécialisation des cultures par rapport au terrain, récession d’éventail de
cultures ; diminution de la place tenue par la jachère ; semis précoces et tardifs ; semis en sec ;
recours à la traction animale ; extension des superficies cultivées vers les bas-fonds.
Selon PRUDENCIO Y. C. (idem), les stratégies d’adaptation se résument à :
la diversité variétale (variétés supérieures à un pour chaque culture. Le sorgho
blanc par exemple en a 3 à 14) et la flexibilité des dates de semis ;
de variétés précoces, tardives et à cycle intermédiaire ;
de date de semis souple suite à la diversité des variétés ;
chaque champ est semé avec plusieurs variétés ou écotypes de la même culture
qui a les différences minimales de cycle de croissance ;
des variétés de cultures plus ou moins similaires sont souvent associées.
56
CHAPITRE IV : LE POINT DES CONNAISSANCES,
ANALYSE ET ORIENTATION DE RECHRCHE
I- LE POINT DES CONNAISSANCES
les systèmes d’exploitation agro-pastoraux et la biodiversité
Les systèmes de production peuvent contribuer à la dégradation ou à la destruction de
la biodiversité. En France, les régions de grande culture, les prairies et les surfaces boisées
occupent une surface réduite. Ceci est préjudiciable pour la faune sauvage. Aussi, les
modalités d’utilisation de la diversité variétale et animale ont changé, entraînant souvent une
érosion de l’agro-biodiversité à l’échelle locale. L’utilisation régulière des pesticides accrue
par une pression croissante des ravageurs suite à l’intensification de l’agriculture est, par
ailleurs, une source importante de réduction de la diversité de la flore et la faune dans les
champs cultivés. L’usage important d’engrais chimiques et d’effluents d’élevage a également
réduit la diversité biologique des milieux par eutrophisation. Les productions intensives
spécialisées telles que le maraîchage, l’arboriculture et la viticulture ont eu les mêmes effets.
L’intensification de l’élevage et les cultures fourragères annuelles qu’il exige a souvent été un
facteur d’érosion de la diversité biologique. La concentration régionale des élevages hors-sol
soulève aussi des problèmes importants de pollution par les nitrates et les phosphates
(KLEITZ G, 2005).
Les systèmes agro-pastoraux en Afrique et particulièrement au Sahel sont destructeurs
de la biodiversité. La situation générale actuelle de l’écosystème porte la marque de graves
tendances à la régression du fait de la raréfaction, voire la disparition, d’un nombre
considérable de peuplement des strates herbacées et arbustives, mais aussi d’espèces de la
faune sauvage. Les arbres fruitiers sauvages ont presque tous disparu. Parmi ceux-ci de
nombreux Acacias appréciés tant pour leur usage en pharmacopée que pour le fourrage aérien
régressent également (MAÏGA M.T.F., 1997). Pour MORTIMORE M. et al. (1999), cette
situation ne dépend pas seulement de l’expansion agricole et de l’élevage mais de différentes
expériences de l’intégration de l’agriculture et de l’élevage, de changements techniques et de
la manipulation de la végétation naturelle.
57
le problème semencier, une menace pour la biodiversité
Selon TOM O in CTA (2010, p. 8), « l’augmentation des prix des denrées alimentaires
et les changements climatiques créent un ensemble complexe de défis pour le système
semencier tout entier, en particulier pour les petits agriculteurs vulnérables. Ces dispositifs
doivent être renforcés afin de les rendre plus résilients, de sorte que les agriculteurs aient
accès aux variétés adaptées qui répondent aux besoins variés ». Des chercheurs de l’Institut
International pour l’Environnement et le Développement (IIED) signalent la menace que fait
peser sur la biodiversité le contrôle croissant des entreprises sur ce secteur. C’est un grand
problème dans la région pacifique. De nombreux pays des Caraïbes importent à présent
presque toutes leurs semences, hormis celles des cultures marginales. Pour KYSTYNA S, in
CTA (idem, p. 8), les variétés traditionnelles « sont remplacées par une gamme plus restreinte
de semences modernes, fortement promues par les firmes et subventionnées par les
gouvernements. L’utilisation de ces semences a un coût car celles-ci exigent plus d’intrants et
sont plus sensibles aux parasites et maladies ». Le rapport de l’ONU (2009), politique
semencière et droit à l’alimentation, précise que le commerce mondial des semences qui vaut
37 milliards de dollars US est monopolisé par 10 compagnies et dénonce l’hégémonie des
variétés commerciales (CTA, idem, p.8).
une menace, mais aussi une opportunité
Les petits producteurs des régions ACP seront les plus touchés par les changements
climatiques. Selon le quatrième rapport du GIEC (idem), l’Afrique subsaharienne en
particulier, est extrêmement vulnérable du fait que ses économies nationales dépendent des
ressources naturelles et de l’agriculture pluviale. Cependant, si les communautés et les
gouvernements prennent des mesures pour faire face aux changements climatiques, ils
peuvent en réduire les effets négatifs et profiter des opportunités nouvelles. Elles sont entre
autres l’accès au financement international pour atténuer les GES grâce à la régénération des
formations végétales et à des fonds spéciaux pour l’adaptation aux changements climatiques.
Il y a aussi les techniques de collecte des eaux de pluies dans les zones à faible précipitation et
l’élevage des crevettes dans les zones côtières qui deviennent trop salines (CTA, idem). Ces
opportunités mal exploitées ont des répercussions sur les populations.
les conséquences de la reforestation
L’Ouganda est devenu le 1er pays d’Afrique à entreprendre des projets de reforestation
pour réduire les émissions globales de GES. Ces projets sont rémunérés par le fonds
58
Biocarburant de la Banque Mondiale pour planter des arbres. Forêt Absorbant les Emissions
de Dioxyde de Carbone (FACE), l’organisation néerlandaise fondation a créé la controverse.
Les communautés benet (une communauté ougandaise) et la région du mont Elgon (en
Ouganda) ont été déplacées au profit de la plantation d’arbres. Le projet de l’Autorité
Ougandaise de la Faune et la FACE impliquent la plantation d’arbres dans les limites du parc
national du mont Elgon pour compenser les émissions d’une centrale charbonnière de
600MW prévue au Pays Bas. Selon le lobby des benet, les populations locales ont
énormément souffert de ces expulsions. Beaucoup ont perdu leurs terres au profit de la
reforestation du parc (CTA, idem).
les difficultés de l’agriculture
L’agriculture africaine malgré sa position stratégique dans les économies nationales
reste peu compétitive sur le marché international et est incapable de subvenir aux besoins des
populations locales. Les faibles rendements de la production agricole ont plusieurs
explications en dehors des facteurs climatiques.
les raisons techniques : les systèmes de production agro-pastorale demeurent
traditionnels et extensifs. Ils sont marqués par une faible utilisation des techniques qui leur
sont proposées suite à l’analphabétisme.
la dette : la dette extérieure de l’Afrique subsaharienne connaît une forte
croissance. Elle a été multipliée par plus de 3,3 en 20 ans, passant de 60,6 milliards de dollars
US en 1980 à 206,1 milliards de dollars en 2000. Durant la même période, le ratio stock de la
dette extérieure sur le PNB est passé de 23,4 % à 66,1 % alors que le service de la dette
extérieure est passé de 6,7 milliards de dollars en 1960 à 14,8 milliards de dollars en 2000.
Elle représentait à la même année 12,8 % des recettes d’exportation de la région contre 7,2 %
vingt ans plus tôt. Elle réduit ainsi les revenus disponibles pour les ménages et les ressources
possibles pour les investissements publics ou privés (MEHDI L., 2003).
le marché international : la plupart des pays en développement produisent en
fonction des besoins du marché. Les crises alimentaires et celles financières sont directement
ressenties par les pays du Tiers Monde. Plusieurs de ces pays privilégient les cultures de rente
au profit de celles vivrières. Les prix de ces produits sont fixés par les acheteurs et non les
producteurs. Ceux-ci se soumettent aux cours mondiaux. Or, selon SOUMARE M. (2008), le
prix est un facteur déterminant dans le choix des spéculations par les agriculteurs.
la monnaie : c’est un élément limitant de la production. Les produits agricoles
d’exportation sont tributaires de la fluctuation de la monnaie. Les matières premières sont
59
achetées dans une monnaie plus forte que celle des pays du Sahel. Elle peut décourager
l’utilisation de ces facteurs de production.
les politiques gouvernementales et des partenaires au développement : les
spéculations de rapport sont privilégiées dans les investissements par rapport à celles
vivrières. Les meilleures terres sont réservées aux spéculations de rentes ou de rapport comme
le coton, la canne à sucre, le sésame et l’arachide. Au Soudan, pendant que 8 personnes sur 10
vivent de la terre, les plantations de coton et de canne à sucre sont sur les meilleures terres.
Les paysans cultivent des spéculations pour lesquels ils sont sous-payés et reçoivent peu
d’aide des gouvernements alors qu’ils paient des impôts. La majorité des agro-pasteurs sont
contraints d’exploiter les terres non fertiles qui constituent leurs principales sources de
production. Il s’en suit de faibles rendements conduisant à des situations de pénurie
alimentaire (TIMBERLAKE L., 1985).
Les difficultés de l’agriculture associées aux politiques gouvernementales et
internationales conduisent souvent à la famine. Les signes des catastrophes comme la famine,
sont souvent très tôt détectées. Cependant, la réaction des gouvernements africains et de ceux
du Nord plus les partenaires au développement sont généralement tardives. Les signes du
désastre éthiopien avaient été détectés dès mars 1981. Mais, le gouvernement, les agences de
l’ONU et les gouvernements du Nord ont tous trop peu réagi et en retard. Les famines
s’étalent sur des années, une action rapide importe plus qu’une détection précoce. Les
stratégies de prévention peuvent être efficaces mais, encore faut-il avoir les moyens de
prévenir lorsque le problème est détecté (TIMBERLAKE, idem).
les conséquences de la crise foncière sur la production agro-pastorale
L’on retient de l’entretien (Dori, idem) que la crise foncière a modifié les conditions
d’accès aux terres de cultures. Elle a entraîné le chômage d’une frange de la population au
Sahel (Sahel burkinabé). Elle a mis sur la route de la migration des éleveurs et des
agriculteurs. Une partie s’est dirigée vers les sites miniers et l’autre vers les zones propices à
leurs activités. Certains ont effectué des migrations définitives au delà des frontières.
Aujourd’hui, nombre d’éleveurs du Sahel se sont définitivement installés au Ghana, en Côte-
d’Ivoire, au Bénin et au Togo. Pour ce qui est du Burkina Faso, en 1983, les éleveurs,
terrorisés par la sécheresse ont effectué une forte transhumance vers les pays voisins (côtiers)
et dans les provinces du Gourma et de la Gnagna. Cette migration dans l’ensemble a été
définitive.
60
les efforts de sécurisation foncière
Les nombreuses relectures de la RAF matérialisent la volonté de l’Etat de sécuriser le
foncier. Conscient que le développement de l’agriculture et de l’élevage passe par la
sécurisation foncière, le Burkina Faso, depuis la Révolution, débat des questions foncières.
Dans la recherche de la sécurisation foncière, beaucoup de tentatives de recherche-
développement se mènent au niveau local. Ce pays, dès 1984 a reformé sa législation agro-
foncière en produisant un texte de base marqué par une volonté intégrationniste en matière de
gestion des ressources naturelles. Il participe aussi à la promotion de la recherche et de la
formation sur le foncier pour le développement durable au sahel (PADLOS, 1998).
les politiques de transformation
Les Etats sahéliens et leurs partenaires investissent pour développer la production
agro-pastorale et améliorer la sécurité alimentaire. Cependant, les infrastructures de stockage
pour conserver les productions et les équipements de transformation ne sont pas suffisamment
prises en compte. La production de coton est totalement exportée sous sa forme brute, le
bétail suit le berger jusqu’à l’abattoir de la capitale, les surproductions maraîchères
pourrissent souvent sur place, les stocks de céréales peuvent être infestés lors du stockage. Il
faut alors qu’en plus de la promotion de la production que l’on considère la commercialisation
et la transformation. Les efforts sont fournis dans ce sens. Mais, il faut encore reconsidérer les
facteurs concourant à l’échec de certaines initiatives (privés ou publiques)
(www.afriqueverte.org, 01-03-2010).
l’échec des premiers projets de développement
Les secteurs les plus touchés par la variabilité et des changements climatiques sont
l’agriculture et l’élevage. Pour y faire face, les autorités sahéliennes et leurs partenaires ont
amorcé la lutte contre la dégradation des ressources naturelles à travers les programmes
sectoriels. Ces projets pour la plupart ont échoué. Selon KABORE A. (1996), les deux
dernières décennies du développement ont mis en évidence l’échec de nombreux projets
sectoriels. Cet échec a conduit à la promotion de projets de développement intégré. Ainsi, les
paysans ne sont plus considérés comme des récepteurs passifs du paquet technique, mais des
partenaires qui suivent et participent à toutes les phases de décisions.
la recomposition de l’espace
La recomposition de l’espace se matérialise par la modification de l’affectation des
terres exploitables. Les zones d’élevage sont devenues des zones agricoles. Les bas-fonds
61
autrefois réservés à l’élevage sont désormais occupés par les agriculteurs. Il apparaît de
nouveaux acteurs dans l’élevage, dans l’agriculture et il y a la sédentarisation de certains
éleveurs s’adonnant à l’agriculture.
la recomposition de la famille traditionnelle
Les sécheresses, la forte urbanisation, le changement des modes de vie des ruraux,
l’émancipation des jeunes ont conduit à l’individualisme. Ces mutations intervenues au cours
des dernières décennies ont transformé les systèmes techniques de production, modifié les
formes de mobilisation des facteurs de production et conduit à de profonds bouleversements
des structures traditionnelles d’organisation de la production. La solidarité et la cohésion des
communautés rurales se sont effritées et ont laissé place à l’individualisation des stratégies
(BOULIER F. et al. idem).
la sylviculture, une sécurisation de l’économie locale
Les écosystèmes sains protègent la biodiversité sur laquelle sont bâties la plupart des
économies, surtout celles des pays en voie de développement. Leur protection réduit la
vulnérabilité socio-politico-culturelle et économique de la population. Convaincus de ce rôle,
les Etats, soutenus par les partenaires au développement ont entrepris la restauration et la
protection des écosystèmes naturels du Sahel. Quelques actions ont été concluantes.
L’initiative « Reverdissement du Sahel » en est un exemple. Il a pour objectif de
promouvoir le reverdissement du Sahel à l’aide de techniques pour la Régénération Naturelle
Assistée (RNA). Elle a été inspirée par la découverte d’un reverdissement à grande échelle
dans certaines régions du Niger. Dans les années 80 et 90, la majorité des paysans avaient
commencé à protéger et à gérer les jeunes arbres sur leurs champs pour “lutter contre le
Sahara”, l’avancée des dunes de sable. Ce reverdissement est surtout basé sur la protection et
la gestion de la régénération naturelle par les paysans dans leurs champs de cultures. Dans ces
régions, les paysans ont presque littéralement « construit » de nouveaux parcs agro forestiers
avec des densités, qui varient entre 20 à 80 arbres/ha. Il a généré des impacts socio-
économiques et biophysiques multiples que sont la réduction de la pauvreté rurale,
l’augmentation de la résilience aux années de sécheresse, l’amélioration de la sécurité
alimentaire au niveau des familles, l’augmentation de la biodiversité (FAURE S, 2009).
L’on retient de l’entretien à la direction régionale de l’agriculture de Dori (idem), que
le reverdissement est une réalité dans le Sahel burkinabé. Cependant, il est anthropique. La
62
RNA, la colonisation des diguettes par la végétation, des superficies affectées uniquement
pour la plantation (avec un taux de réussite élevé) expliquent cette tendance actuelle. Toutes
ces actions sont soutenues par des programmes et projets de développement des partenaires et
des structures étatiques.
l’impact de la Conservation des Eaux et des Sols, une étude réalisée au
Sahel burkinabé
Les aménagements de CES (Conservation de l'Eau et des Sols) déclenchent un
processus de développement agro-sylvo-pastoral. Ils contribuent à une meilleure maîtrise des
eaux de ruissellement, ce qui favorise l'infiltration de l'eau et l'alimentation de la nappe d'eau
souterraine. Par exemple, sous les mêmes conditions, les puits dans des zones aménagées en
CES ont plus d'eau que les puits dans les zones non aménagées. La remontée de la nappe
facilite une stabulation partielle ou permanente du bétail et la reconstitution du couvert
végétal. L'augmentation des rendements agricoles se traduit aussi par une augmentation des
ressources fourragères (tiges et fanes). La remontée de la nappe permet la création de jardins
maraîchers dont la production est destinée à la vente et à la consommation locale. Ils
permettent aux paysans de produire un surplus en année de bonne pluviométrie. Ce surplus
sert soit comme stock de sécurité pour une année de mauvaise récolte soit est vendu et investi
dans l'achat d'animaux. Chaque paysan qui a des champs aménagés avec des cordons pierreux
ou avec des zaï fait un effort pour améliorer leur fertilisation. On constate, de ce fait, une
amélioration de la fertilité des sols depuis les dix dernières années. Il y a aussi l'augmentation
de la production fruitière à travers le développement des plantations de manguiers, de
goyaviers sur les aires protégées (http://www.agora21.org/grn-lcd/burkina/Base_ces.htm,
consulté le 8-12-2009 ; http://www.agora21.org/grn-lcd/burkina/Base_cl_etudes.htm, consulté
le 10-7-2008).
l’agriculture traditionnelle, une porte de sortie
L’agriculture traditionnelle a fait ses preuves en Afrique. Autrefois bien structurée,
elle n’était pas un facteur de dégradation des terres. La jachère était la forme de régénération
naturelle des terres de culture. Il existe l’agriculture traditionnelle intensive sans
aménagement. Dans ce système, le terroir est soumis à un ordre spatial d’utilisation. Il incarne
l’assolement à l’échelle familiale ou villageoise. On y distingue les champs de case en intensif
qui bénéficient du fumier, les champs intermédiaires en semi-intensif bénéficiant de peu de
fumier, les champs de brousse totalement en extensif sans apport de fertilisants.
63
Les techniques traditionnelles ont aussi leur rôle à jouer dans l’adaptation aux
changements climatiques. Les agriculteurs privilégient souvent les associations de cultures
telles que maïs-haricots, niébé-sorgho, ou mil-arachide capables de résister à des conditions
sévères du climat (CTA, 2008). MORTON J. in CTA (2008, p. 8), pense « qu’il ne faut pas
sous-estimer le capital de savoirs locaux ».
Au Malawi, la fréquence de crues subites a convaincu certaines communautés de
raviver la construction de banquettes pour stopper le ruissellement et prévenir l’érosion.
D’autres, menacées par la sécheresse se sont mises à stocker une partie de la récolte de maïs
comme réserve de sécurité. Les agriculteurs du Kenya, du Malawi, du Mozambique,
d’Ouganda et de la Tanzanie se tournent vers le pois d’Angole résistant à la sécheresse pour
remplacer le traditionnel maïs. Les critères de sélection des variétés par les agriculteurs sont la
durée du cycle de culture, la hauteur des plantes, la vigueur des tiges, le feuillage, la
sensibilité aux maladies, la durée de cuisson et les types de sols. Les graines vertes immatures
et les cosses peuvent être utilisées comme légume, la farine est un aliment pour les animaux,
les feuilles vertes fournissent un bon fourrage, les tiges sèches sont employées pour fabriquer
du carburant, la plante fixe l’azote, elle n’a pas besoin d’apport en engrais ou en fumier)
(CTA, 2010). En régions montagneuses guinéennes, il y a le système « clôtures vivantes »
initié par les agro-pasteurs. Elles contrôlent l’accès aux champs cultivés, fournissent l’engrais
vert au champ et protègent les arbres plantés à l’intérieur de la clôture.
LOMPO O. (2003), pense que le choix de l’affectation et de l’occupation des terres
relève d’une stratégie de lutte contre la désertification au Sahel burkinabé. L’utilisation des
ergs anciens (à Oursi et à Katchari) et des zones de faible pente (glacis) pour la production
agricole, permet de lutter contre les effets de l’eau et du vent. Des techniques traditionnelles,
les ouvrages sont réalisés avec des matériaux locaux (résidus de récolte, branchage, tronc
d’arbre, etc.). Ces techniques ont pour finalité de réduire la déflation éolienne et l’action de
l’eau sur les sols. L’utilisation de la fumure organique est également une pratique qui
concourt à relever le niveau de fertilité des sols. Ces techniques traditionnelles se sont
montrées efficaces malgré la précarité des ouvrages. C’est pourquoi il propose une promotion
et une amélioration des techniques ou savoirs locaux en matière de lutte contre la
désertification.
NYAMBA A. (idem), suggère de s’inspirer des stratégies d’adaptation des sahéliens.
Il pense que pour retrouver le Sahel à vocation pastorale primordiale, il faut s’inspirer des
64
stratégies d’adaptation des sahéliens dans les nouvelles formes d’occupation des sols et dans
la diversification de leur production. Au-delà des conséquences de ces stratégies, elles ont un
besoin de sécurisation des ménages.
les OGM comme une alternative aux changements climatiques
La croissance démographique, la forte urbanisation, la dégradation des terres
constituent une préoccupation pour tous les peuples du monde, surtout ceux en voie de
développement. « D’après les estimations, la population mondiale s'élèverait à plus de 9
milliards d'individus en 2050. Cette situation nécessiterait, d'après la FAO (Food and
Agriculture Organization), une augmentation de la production alimentaire mondiale de 70
% » (LILIAN, 2010, p. 1). En effet, des recherches sont menées dans ce domaine afin
d’augmenter technologiquement la production agricole mondiale. La FAO, au sommet de
Copenhague en décembre 2009, a également pris position dans un rapport sur les politiques
en matière d'agriculture et de changement climatique, en présentant les pratiques culturales
qui capturent et stockent le carbone dans les sols comme une solution prometteuse pour la
production agricole.
Dans le souci d'augmenter la productivité agricole, les scientifiques, en collaboration
avec la FAO, proposent une approche couplée faisant appel aux Organismes Génétiquement
Modifiés (OGM) ainsi qu'aux techniques génétiques plus traditionnelles comme solution aux
problèmes d'alimentation de la population mondiale. Pour cela, ils recommandent :
la réévaluation des aspects règlementaires limitant l'usage des OGM, la mise en
place de plateformes permettant d'évaluer l'innocuité de ces OGM (stabilité génétique,
toxicité, potentiel allergène, impacts sur des organismes non ciblés...) ;
le développement de nouveaux systèmes agricoles et d'aquaculture afin
d'augmenter durablement la productivité agro-pastorale et piscicole (LILIAN, idem).
le maraîchage, un espoir pour les populations sahéliennes
Le maraîchage est une activité bien accueillie par la population. Elle est la stratégie
d’adaptation préconisée par les autorités locales et les partenaires au développement. En
témoignent les réalisations d’infrastructure dans le domaine. Autour des oasis ou au bord des
infrastructures aménagées à cet effet, les populations sont mobilisées en association pour
pratiquer les activités maraîchères. De l’entretien réalisé à L’UFC (Union Fraternelle des
Croyants de Dori), (avril-2010), la population du Sahel burkinabé s’oriente de plus en plus
vers la maraîcherculture. Cela explique son engouement (les efforts fournis pour obtenir les
65
« boulis », le nombre croissant de producteurs par groupement (de 50 au départ à près de 100
aujourd’hui), la spécialisation des producteurs (les hommes à la production et les femmes à la
commercialisation)). Pendant la saison des pluies, les acteurs produisent les céréales et
utilisent l’eau des « boulis » en cas de rupture brutale des pluies.
II- L’ANALYSE
les pays pauvres durement éprouvés
Les risques et vulnérabilités liés aux changements climatiques sont les résultats de
phénomènes physiques, mais également les conséquences des actions et des choix des
hommes. Les conséquences des changements climatiques pour les pays du Sud sont
inversement proportionnelles à leur responsabilité. La vulnérabilité à ce phénomène est alors
inégale du fait que les uns ne comptent pas sur les ressources naturelles et les autres, par
contre, en ont besoin pour se développer. Le niveau de développement économique et
technologique des pays du Nord leur permet de se protéger efficacement contre les
manifestations des changements climatiques et de s’y adapter. Aux États-Unis, les dégâts dus
à un cyclone comme l’ouragan Katrina peuvent faire baisser le produit intérieur brut de 0,5 %,
mais au Vietnam, un typhon violent a réduit le PIB de 1 à 3 %. Les tremblements de terre au
Japon font 63 victimes contre une moyenne de 2900 au Pérou.
Malgré leur capacité d’adaptation, l’économie de ces pays sera aussi touchée par ces
variations. Le rapport sur le développement humain (2008), rappelle la fragilité de toutes les
populations du monde. Et pour exemple, l’ouragan Katrina a rappelé avec force la fragilité de
l’humanité face aux changements climatiques même dans les pays les plus riches. Tous les
pays développés sont de plus en plus préoccupés par le risque d’exposition aux aléas
climatiques extrêmes. Cette préoccupation augmente avec chaque inondation, tempête ou
vague de chaleur.
les mérites du savoir faire des pasteurs traditionnels
Aujourd’hui, dans le Sahel, surtout celui burkinabé, il n’y a que des bovins hybrides.
Les éleveurs ont croisé les animaux des différentes localités. L’ampleur de ces croisements
fait que les techniciens de l’élevage de la zone ont du mal à identifier les races qui ont été
croisées. Avant, toutes les provinces avaient leurs races. Suite à la variabilité climatique, les
éleveurs ont procédé aux croisements afin d’obtenir des races plus sobres, plus aptes à la
marche, plus résistants à la chaleur…. On assiste alors à un fort métissage des animaux. Dans
le but de l’adaptation aux changements climatiques et à la forte demande des produits laitiers,
66
les races étrangères sont de plus en plus proposées. Elles sont considérées souvent comme
plus productives en lait et en viande. Ces animaux (exotiques) sont productifs. Mais, dans les
zones sèches ils sont moins résistants aux variabilités climatiques. Aussi, le système d’élevage
ne permet pas d’obtenir d’eux de meilleurs rendements. Ils sont très productifs dans le
système intensif qui est peu développé en Afrique, surtout au Sahel. Ces animaux demandent
beaucoup de soins et d’aliments, c’est pourquoi les éleveurs n’en constituent pas plus de 6
têtes, pour le lait de la famille et le surplus est vendu (SANOGO F., 2010).
la sédentarisation, un facteur négatif pour l’élevage
Selon CEDEAO et al. (idem), l’échec des politiques de la sédentarisation est dû à la
méconnaissance des déterminants de la transhumance. L’objectif principal de ce système est
la gestion des risques (alimentaire, sanitaire, socio-économique). Dans le milieu sahélien, les
ressources sont aléatoires, dispersées dans le temps et dans l’espace. La mobilité des
troupeaux permet une bonne exploitation du fourrage et la complémentarité dans les autres
domaines. L’intensification de l’élevage permet d’améliorer la productivité. Cependant, elle
n’a pas d’effets positifs sur l’environnement. La monoculture accélère la dégradation de
l’agro-biodiversité. L’extension de la culture fourragère et l’eutrophisation des sols sont aussi
négatives pour la biodiversité.
la migration des troupeaux et des bras valides
Le déplacement des bras valides vers les zones propices à leurs activités handicape
l’économie de la région du sahel à travers ses principales activités que sont l’agriculture et
l’élevage. La migration des populations prive ces deux secteurs des bras valides. Pour les
activités champêtres, les chefs de ménage sont obligés de faire recours à la main d’œuvre
salariale. Par conséquent, moins de temps de travail et de moyens sont accordés aux parcelles.
Il s’en suit alors une baisse des rendements. Le déplacement des troupeaux prive les
populations des produits dérivés. Le lait, la viande sont essentiels dans l’alimentation de ces
populations. Le cuir et les peaux sont utilisés dans l’artisanat. Ainsi, la migration de la
population et des troupeaux constitue un frein pour le développement de la région.
L’élevage au Burkina Faso occupe une place importante dans l’économie. La
migration définitive des troupeaux est une perte socio-économique. Au delà de son caractère
économique, l’élevage occupe une fonction sociale. Lorsque les pasteurs se déplacent, ils y
vont avec leur savoir faire. Or, il n’y a pas eu beaucoup d’échanges entre les techniciens de
67
l’élevage et les éleveurs. Du fait de l’importance du savoir faire traditionnel dans ce domaine,
ces déplacements constituent une grande perte pour ce pays (SANOGO F, idem).
les erreurs des politiques de développement pastoral
Toute action d’amélioration du pastoralisme doit tenir compte des objectifs et des
compétences des pasteurs. Le plus souvent l’on omet le rôle socioculturel de cette activité qui
est pourtant capitale. Les techniciens de l’élevage ont considéré pendant longtemps son aspect
économique. Les pasteurs ont une forte tradition de coopération sur laquelle il est possible de
créer des coopératives. Pour cela, il faut leur céder une partie de l’autorité centrale. Les
échecs passés s’expliquent par le fait que l’on s’est intéressé aux objectifs de production de
l’extérieur (TIMBERLAKE L, idem).
Le Sahel burkinabé, domaine à vocation pastorale, sous les effets conjugués de la
poussée démographique, des rigueurs du climat et des actions de l’homme, éprouve de plus en
plus des difficultés pour adapter ses pratiques d’élevage aux conditions socio-économiques et
écologiques qui ne cessent de se dégrader. Pour faire face à cette situation, les interventions se
sont faites selon des approches multiformes dont les résultats sont restés en deçà des attentes
au regard des moyens déployés. Pourtant la diversité et la complexité des problèmes de
l’élevage requièrent une analyse méthodique et raisonnée, de façon concertée de la part de
ceux qui ont en charge, la promotion de ce secteur (BAMA B. et al. 1996).
Les sécheresses des années 70 et 80, ont décimé le bétail au Sahel. Si les éleveurs ont
été totalement ruinés, ce n’est pas seulement l’effet de la sécheresse. En 1972-1973, les
éleveurs ont perdu tout à tel point qu’il y a eu beaucoup de pertes en vies humaines. En 1984,
le gouvernement burkinabé a initié une opération de sauvetage du bétail. Les animaux
fatigués sont transportés à Ouagadougou où ils sont pesés et payés au kilogramme par le
gouvernement. Ainsi, les éleveurs ont pu s’approvisionner en vivres et les risques ont été
minimisés (SANOGO F., idem).
la pauvreté, l’analphabétisme, et dégradation de la terre
Une forte densité de population ne s’accompagne pas nécessairement d’une
dégradation des sols. C’est plutôt ce que la population fait de la terre qui dicte l’ampleur de la
dégradation. Les hommes peuvent jouer un rôle décisif et renverser la tendance. En fait,
l’atténuation de la dégradation ne peut être un succès que si les utilisateurs des terres ont la
possibilité et la volonté de préserver la qualité des ressources. Mais il faut qu’ils soient en
68
bonne santé et motivés tant politiquement qu’économiquement pour se soucier de la terre.
L’agriculture de subsistance, la pauvreté et l’analphabétisme peuvent être des causes majeures
de la dégradation des sols et de l’environnement. Le tableau suivant est la synthèse des
documents qui sont directement lié au thème d’étude.
Tableau 3 : Synthèse des documents
Problématique Méthodologie Résultats Analyse MANERO A. et al, 2005, la sécheresse au sahel, un exemple de changement climatique, Atelier changement climatique,
ENPC-Département VET.
Le sahel face au
changement climatique
Le sahel est un domaine très vaste qui connait une
dynamique climatique d’ensemble. Elle doit être
étudiée à différentes échelles. Si les changements
climatiques peuvent être à l’origine d’une
sécheresse, les conséquences de celle-ci sont
déterminées par les facteurs anthropiques et
économiques. Cela rend difficile toute étude
d’impact à de larges échelles.
Amadou Issifou, Christian Teysseyre, l’agriculture au Sahel, évolution sur les 20 dernières années, fiche documentaire,
Afrique Verte, www.afriqueverte.org (01-03-2010), pdf
La vulnérabilité
alimentaire au Sahel
(Burkina Faso, Mali,
Niger)
Analyse des
données
statistiques et des
systèmes de
production.
En 20 ans, les productions céréalières ont triplé au
Burkina, doublé au Mali et au Niger. Globalement,
la croissance de la production est supérieure à celle
de la population. Si les Etats sahéliens, les
coopérations, les projets, les ONG… investissent
pour développer la production agricole, le volet
infrastructures de stockage et équipements de
transformation n’est pas suffisamment pris en
compte.
Cette fiche a le
mérite d’aborder
l’aspect de la
transformation et la
conservation qui
peuvent être des
facteurs limitant
pour la production.
PNUD, (2007), la lutte contre le changement climatique : un impératif de solidarité humaine dans un monde divisé, rapport mondial sur le développement humain 2007/2008, 399 pages, Édition, Green Ink Inc, Traduction et maquette, TransPerfect Translations, Inc, Le changement
climatique et le
développement humain
dans un contexte
d’inégalité mondiale
Toutes les sociétés du monde ont pris conscience
des changements climatiques. Dans une solidarité
mondiale, les stratégies d’adaptation sont identifiées
et mises en œuvre. Cependant, dans cette
coopération internationale, les pays développés
n’honorent pas toujours leurs engagements.
ABDOU A. et al, le Sahel face aux changements climatiques : enjeux pour un développement durable, CILSS, (Centre
Régional AGRHYMET), Bulletin Mensuel Numéro spécial, in pdf, (10-9-2010), 43 p.
L’impact des Les changements climatiques rendent vulnérables
69
changements
climatiques au sahel et
les stratégies
d’adaptation.
l’économie des pays du Sahel. L’agriculture et
l’élevage sont les plus touchés à travers la
dégradation de la biodiversité, le principal facteur
de production. A cette vulnérabilité, les stratégies
d’adaptation sont développées dans les cadres
internationaux, régionaux et sous régionaux.
LOMPO O. (2003), Les stratégies paysannes de lutte contre la dégradation des terres dans le sahel burkinabé (site d’étude :
Miami, Kantchari et Oursi), mémoire de maîtrise, Université de Ouagadougou, Département de géographie, 135 p.
Effets de la
désertification sur la
dégradation des terres.
Il a procédé à un
échantillonnage
spatial et
démographique.
Auprès de la
population de
l’échantillon les
données ont été
collectées et
traitées.
Au regard de l’évolution de l’occupation et de
l’utilisation des terres dans les trois terroirs les
superficies des zones dégradées et des emblavures
ont augmenté. La jachère a disparu dans les 3
terroirs en 1995. Les formations végétales ont
régressé suite à la surexploitation et aux aléas
climatiques. Selon les résultats de la lutte contre la
dégradation des terres, Miami, l’accueil
favorablement. Kantchari et Oursi ne le sont pas.
Certaines techniques traditionnelles en vigueur se
sont montrées efficaces dans certaines régions
malgré la précarité des ouvrages.
il ne s’est pas
suffisamment
penché sur l’impact
ou la contribution
des variations
climatiques dans
l’analyse des
données.
BOULIER F et JOUVE P. (1990), évolution des systèmes de production sahéliens et leur adaptation à la sécheresse, DSA
du CIRAD, 144 p.
La sécheresse a
introduit des
changements importants
au niveau du milieu
physique et humain.
Pour analyser les
stratégies des
agriculteurs en
vue d’adapter
leurs systèmes de
production à la
sécheresse, il est
considéré
l’exploitation.
Les mutations intervenues au cours des dernières
décennies ont transformé les systèmes de
production, modifié les formes de mobilisation des
facteurs de production et conduit à de profonds
bouleversements des structures traditionnelles
d’organisation de la production. La solidarité et la
cohésion des communautés rurales ont évolué vers
l’individualisation des stratégies. La diversification
des activités et des ressources, exploitation minière
ont permis de faire face aux aléas climatiques au
sahel.
Il aurait dû
développer aussi
l’évolution des
systèmes de
production
pastorale. Il aborde
ce volet
sommairement.
Pourtant il est très
important au sahel.
CTA, (n°145, Février 2010) : stratégies d’adaptation au changement climatique, Spore, magasine bimestriel.
Les pays ACP face au changement climatique
Les pays ACP sont les plus vulnérables aux
changements climatiques. Conscients de cette
situation ils développent des stratégies d’adaptation,
dans le cadre international, régional et même
national. Ce phénomène peut être profitable pour
ces pays en ce sens qu’ils pourront profiter de
70
l’assistance technique et financier des pays
développés.
CEDEAO-CSAO/OCDE, (2008), élevage et marché régional au sahel et en Afrique de l’Ouest : potentialité et défis,
CSAO/OCDE, 162 p.
Etude réalisée dans le
cadre du partenariat
entre la commission de
la CEDEAO et le
secrétariat du
CSAO/OCDE, sur
l’avenir de l’élevage au
sahel et de l’Afrique de
l’Ouest.
Collecte de
données,
recherche
documentaire,
des missions de
terrain, une phase
de
« brainstorming »
entre les experts
pour l’analyse,
l’exploitation et
la mise en
commun des
informations
collectées.
En Afrique de l’Ouest, la contribution de l’élevage
au PIB varie entre 8 et 15 % Ramené à celui
agricole, elle est près de 50 %. L’élevage apporte 34
% des revenus monétaires des ménages ruraux et
constitue pour la plupart, l’élément central de la
sécurité alimentaire et nutritionnelle. L’Afrique de
l’Ouest et le sahel recèlent un énorme potentiel en
matière d’élevage. Toutefois, ce potentiel reste
faiblement valorisé et la région dépend encore
d’importations extra-africaines. Alors, en plus des
réponses techniques, il est important d’imaginer des
solutions politico-économiques. Il s’agit de la
dynamisation et la modernisation des circuits de
commercialisation, le renforcement de l’industrie de
la transformation agro-alimentaire, l’appui à la
professionnalisation des acteurs et la promotion de
politiques agricoles et commerciales.
Approche
pluridisciplinaire
NYAMBA A. 1997, une analyse de l’évolution des systèmes de production au sahel et les rapports entre les populations et leu
environnement, PGRN-SY-PSB/DANIDA, volume III, 317 p. Le sahel se dégrade de
plus en plus ; la
population augmente
rapidement, les
animaux aussi ; les
ressources naturelles se
raréfient. Cela traduit
une évolution du milieu
physique éco-
climatique et humain du
sahel.
Exploitation et
analyse des
documents,
entretien avec
des personnes
ressources et les
producteurs du
sahel dans leur
ensemble.
L’évolution des systèmes de production au sahel
manifeste une dynamique de changement et
d’adaptation des producteurs sahéliens.
Considérée comme contemplatif de par le passé, la
production animale de nos jours est essentiellement
destinée à la vente. Les recettes servent à nourrir la
famille et à renouveler le troupeau. L’objectif de
l’élevage qui était l’épargne n’est plus d’actualité.
L’agriculture a connu de légères modifications
techniques. Les agriculteurs dans le souci de
diversifier les risques et fertiliser les champs
associent l’élevage.
TIMBERLAKE L. (1985), l’Afrique en crise : la banqueroute de l’environnement, l’Harmattan, 296 p La dégradation de
l’environnement, la
déforestation, l’érosion,
le déclin de la
La dégradation de l’environnement, la déforestation,
l’érosion, le déclin de la production vivrière
conduisent à la vulnérabilité alimentaire. A ces
facteurs physiques s’ajoutent les politiques
71
production vivrière gouvernementales et internationales, la pauvreté, la
dette, les échanges internationaux.
LILIAN, (2 mars 2010) Agriculture et changement climatique : entre OGMs et approches conventionnelles,
Agroalimentaire - Agriculture et OGM, http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/57737.htm, (consulté le 20-03-
2010)
Changement climatique,
la croissance
démographique et la
sécurité alimentaire
Le changement climatique menace la production
agricole en raison de la hausse des températures, des
modifications du cycle des pluies, des sécheresses et
des inondations plus fréquentes. Pour la FAO les
pratiques culturales qui capturent et stockent le
carbone dans les sols se présentent comme une
solution prometteuse pour la production agricole.
Les agriculteurs du monde doivent s’adapter à ces
systèmes agricoles plus durables et plus productifs
et relever ainsi le défi du changement climatique
AMPHOUX M. et al, 2003, les impacts du changement climatique sur l’agriculture en Europe et aux
Etats-Unis, atelier changement climatique ENPC-Departement VET,
http://www.enpc.fr/fr/formations/ecole_virt/trav-eleves/cc/cc0203/agri/rapport2.htm, (MARS-2010).
Les changements
climatiques pourront
bouleverser les
paysages agricoles du
monde.
Dans l’ensemble, l’impact du changement
climatique sur l’agriculture est positif. Mais, il
existe de fortes disparités régionales, notamment
entre le Nord et le Sud. Le Nord bénéficie de
meilleures conditions climatiques propres à
l’agriculture et donc de meilleurs rendements. Les
effets largement positifs au Nord peuvent alors
compenser des effets négatifs au Sud.
III- L’ORIENTATION DE RECHERCHE
L’irrigation, l’intensification des cultures, la migration, l’orientation vers les
biocarburants extraits de l’agro-foresterie constituent les stratégies d’adaptation aux
manifestations des changements climatiques. Les conséquences de ces stratégies ne sont pas
suffisamment évoquées dans la littérature. Cependant, elles ne sont pas sans effets sur
l’homme et la biodiversité. Le jatropha est un exemple éloquent. Les projets de mise en
cultures de grande envergure sont mûris dans la bande intertropicale sur trois continents
(Afrique, Asie, Amérique). Surnommée « l’or vert du désert », il pousserait sans apport d’eau,
d’engrais, de pesticides. Il serait capable de se développer dans le désert et pourrait même
restaurer les sols. Les résultats des projets déjà avancés (Inde et Chine) permettent de retenir
que près de la moitié des projets dans le monde font appel à l’irrigation, les 2/3 à la
72
fertilisation. Et le jatropha est cultivé sur des sols fertiles. Le sarclage nécessaire favorise
l’érosion du sol. Pour ce qui est de la production, elle est en déça des prévisions. En Inde, les
unités de transformation sont en manque de graines. En outre, la plante a un caractère invasif
et ses feuilles sont toxiques. En Inde, les fermiers comptent leurs têtes de bétail mortes parce
qu’elles broutent les feuilles toxiques de jatropha. Et pour terminer, des analyses génétiques
sur le pool cultivé de cette espèce ont révélé une faible variabilité génétique, ce qui laisse
présager une vulnérabilité aux attaques parasitaires (Sciences au Sud, 2009).
L’irrigation n’est pas en reste. Elle est synonyme de retenue d’eau et d’utilisation
d’intrants et d’insecticides. Comme stratégie d’adaptation aux changements climatiques dans
les zones où il se manifeste par les sécheresses, l’irrigation est la première stratégie préconisée
par les populations, les gouvernements et les partenaires au développement. Cette activité
assure à la population vulnérable une « sécurité alimentaire ». Cependant, elle n’est pas sans
conséquence aussi bien sur le milieu physique que sur la population. Elle favorise la
prolifération des insectes nocifs pour l’homme tels que les moustiques ; conduit à la pollution
des eaux de surface et celles souterraines. Ces eaux, consommées et utilisées dans les
différentes activités de production ont des effets négatifs sur la santé de la population. Par
ailleurs, l’intensification des activités agro-pastorales contribue à la dégradation de la
biodiversité.
La migration climatique, une des stratégies d’adaptation est aussi un phénomène
destructeur de la biodiversité. Elle alimente les médias vu ses enjeux au niveau surtout des
zones d’accueil et aussi de celles de départ. Le domaine thématique concernant les
changements climatiques et les migrations n’a pas encore été sérieusement étudié au niveau
du continent africain. Suite à ce constat, nous orientons la recherche sur le cas de « la
migration climatique et occupation des terres au sud du Burkina Faso ».
1- La problématique
La migration, aussi ancienne que l’humanité est connue par toutes les sociétés. C’est
un phénomène largement médiatisé. Il a été et demeure un thème d’actualité vu l’abondance
de la littérature le concernant. L’histoire nous enseigne qu’Homo sapiens est apparu en
Afrique. Sa présence dans tous les endroits de la planète résulterait de mouvements de
population. C’est une tendance naturelle, parfois obligée des hommes à chercher des
meilleures conditions d’existence. Ce phénomène est la conséquence des facteurs socio
politico-économiques propre à chaque continent, chaque pays. MADELEIN G (1997) rappelle
73
que depuis Homo sapiens, les hommes se sont déplacés par nécessité. Le principal motif des
flux migratoires est le désir d’améliorer son statut (socio-politico-économique). Les
mouvements de population parmi les plus importants l’ont souvent été au moment d’une
guerre, d’une famine ou d’autres catastrophes naturelles.
L’histoire de la migration africaine est particulière. YAO A. (1997) caractérise le
phénomène et son évolution en trois périodes. La première correspond à « l’Afrique
précoloniale ». Elle est marquée par des mouvements collectifs ou individuels. La seconde
période, soit celle de l’Afrique coloniale est dominée par des migrations massives, souvent
forcées des régions rurales vers les centres urbains. La troisième, soit l’Afrique postcoloniale,
est caractérisée par des mouvements de populations des régions rurales vers celles urbaines.
Avant la colonisation, les migrations étaient essentiellement internes. Les
déplacements avaient pour objectif d’échapper à un chef tyrannique et de passer sous les
ordres d’un plus tolérant envers les sujets, soit la recherche de terres neuves ou de pâturage.
La colonisation a ouvert la voie de l’Europe pour les émigrants africains qui y rentraient
comme ouvriers. Cette période marque le début des migrations internationales.
Les départs inter-Etats africains de cette époque, d’après la littérature, essentiellement
constitués d’ouvriers et de main d’œuvre étaient organisés par le colonisateur d’un côté et de
l’autre ils étaient spontanés. La main d’œuvre était transportée de l’intérieur vers les côtes. En
Afrique subsaharienne, les bras valides quittaient le Burkina Faso, le Mali, la Guinée vers la
Côte-d’Ivoire. La période postcoloniale a connu au départ des mouvements de population des
régions rurales vers les villes. Les déplacements à l’intérieur des pays (rural-rural ou urbain-
rural) n’étaient pas négligeables. Ces mouvements se sont intensifiés suite aux sécheresses
dues aux changements climatiques des années 70 et 80 dans les régions sèches de l’Afrique.
Aujourd’hui, l’intensification des effets de la variabilité climatiques contraint les populations
vulnérables à la migration. Les déplacements internationaux sont en régression. La tendance
actuelle est celui à l’intérieur des régions à la recherche de terres cultivables. Le départ des
bras valides à la recherche de terres « neuves » n’est pas sans conséquence dans les zones de
départ et d’accueil.
La migration au Burkina Faso s’inscrit dans la même logique que celle des autres
régions de l’Afrique. La spécificité de ce phénomène dans le « pays des hommes intègres »
est qu’elle a été beaucoup influencée par la colonisation. En effet, ce pays a été considéré
74
comme pourvoyeur de main d’œuvre. C’est pourquoi il a été réparti entre ses voisins afin de
pouvoir profiter sans contrainte de sa main d’œuvre. C’est un pays de forte migration, surtout
vers les pays côtiers. Après les indépendances, le flux vers les pays voisins a baissé au profit
des flux internes. Au début des indépendances, la migration interne était essentiellement
l’exode rural. Suite à l’incapacité des villes à satisfaire les besoins de la population citadine,
la tendance s’est renversée. Les difficultés des villes ajoutées aux variabilités climatiques et
les politiques de développement des zones rurales, les migrations agricoles se sont
intensifiées.
De nos jours, le Sahel et le Centre du Burkina Faso sont particulièrement touchés par
la variabilité climatique. Ces dernières années, l’augmentation de la fréquence et de la gravité
des conséquences des changements climatiques, dans ces régions, contraint sa population à la
migration. Ces migrants en général se dirigent vers l’est et l’ouest du Burkina Faso, où les
conditions agro-sylvo-pastorales sont favorables. Ces déplacements agro-pastoraux, au départ,
encadrés par l’Etat ont été suivis par ceux spontanés. C’est ainsi que ces zones continuent
d’être des zones d’affluence pour ces migrants.
Par ailleurs, la souplesse du système foncier facilite l’accès à la terre au Sud du
Burkina Faso. L’organisation socioculturelle permet aux étrangers de s’intégrer facilement.
Tous ces facteurs ont encouragé les déplacements vers cette région. BENOÎT M. (1975), dans
la même logique soutient que l’Est du Burkina Faso a les mêmes conditions pédoclimatiques
que l’Ouest. Cependant, le flux migratoire vers cette zone est plus faible que celui vers le Sud.
L’organisation socioculturelle constitue un obstacle pour l’intégration de migrants surtout
ceux mossi dans cette partie du Burkina Faso (BENOÎT M, idem ; PARE L. et al. 1999).
La migration climatique alimente les médias vu ses enjeux au niveau surtout des zones
d’accueil et aussi de celles de départ. Elle n’est pas suffisamment prise en compte dans
l’élaboration des programmes de développement. Pourtant, qu’elle soit interne ou
internationale, elle est un sujet de préoccupation. Il convient alors de se demander :
Quelles sont les causes et les conséquences socio-économiques de ce phénomène dans
les zones de départ et d’arrivée?
A-t-elle des conséquences sur les milieux physiques et humains dans les zones
d’accueil ?
Quelles sont ses implications sur l’occupation des terres ?
N’est-elle pas responsable de la pression foncière dans les zones d’accueil ?
75
C’est donc un phénomène qu’il faut prendre en compte dans les programmes de
développement et qu’il faut étudier afin d’élaborer des schémas efficaces d’aménagements du
territoire.
2- Les hypothèses
Comme hypothèse générale, la forte croissance démographique provient
essentiellement des mouvements migratoires, soutenus et incontrôlés, entraîne une forte
occupation des terres ainsi qu’une pression foncière sur les terres encore fertiles. Les
hypothèses spécifiques se répartissent comme suit :
la migration climatique a occasionné le départ des bras valides du centre, du
Nord vers l’Ouest du Burkina Faso ;
elle a des conséquences socio-économiques aussi bien positives que négatives
dans les zones de départ et d’accueil ;
elle entraîne une progression rapide de l’occupation des terres et de ce fait
accélère la pression foncière ;
elle est l’un des facteurs de dégradation des milieux physique et humain.
3- Les objectifs
L’objectif général consiste à étudier l’impact de la migration climatique sur
l’évolution de l’occupation des terres à l’Ouest du Burkina Faso.
Les objectifs secondaires consistent à :
répertorier la frange de population concernée par le phénomène ;
analyser l’impact socio-économique de ce phénomène dans les zones de départ
et d’accueil ;
étudier sa contribution à l’évolution de l’occupation des terres et la pression
foncière ;
évaluer ses effets sur les milieux physique et humain.
4- La définition des concepts
Les termes relatifs au climat sont déjà définis précédemment. Il sera défini les termes
en relation avec la migration. Au cours de la rédaction de la thèse, il est possible que l’on
élargisse ces concepts. Cela conduira à la définition des termes qui seront susceptibles de
prêter à confusion.
76
Migration : à la différence des événements vitaux comme les naissances, les décès
pour lesquels on trouve des définitions claires, la définition de la migration change d’un pays
à l’autre. En effet, plusieurs auteurs ont tenté de lui trouver des définitions, parmi lesquelles
nous avons retenu celle de HENRY L (1981, p. 105) in DANIEL C (1988, p. 12). Selon lui, la
migration est «un ensemble de déplacements ayant pour effet de transférer la résidence des
intéressés d’un certain lieu d’origine ou lieu de départ, à un certain lieu de destination ou lieu
d’arrivée». La durée et la distance requise pour qu’un déplacement soit considéré comme une
migration sont variables également selon les pays.
La migration se définit au Burkina Faso comme étant «un ensemble de déplacements
ayant pour effet un changement de localité et une période d’absence du lieu de résidence
habituelle d’au moins 6 mois. La plupart des recherches sur les migrations au Burkina Faso
ont adopté cette définition à l’exception de l’enquête par sondage de 1960-1961 et de
l’enquête nationale sur les mouvements migratoires de 1974-1975 qui, pour mesurer les
migrations temporaires ont retenu une durée minimale de trois mois et plus» (OUATTARA
A. 1998). Ainsi, toute personne absente de son lieu de résidence habituelle et ayant l’intention
de rester 6 mois et plus dans sa nouvelle résidence a été considérée comme migrante dans le
cas des migrations internes que nous étudions.
Migration climatique est un ensemble de déplacements ayant pour effet un changement de
localité suite aux effets de la variabilité climatique. Au départ temporaire, elle est de plus en
plus définitive. Les migrants sont majoritairement des agro-pasteurs. Et les déplacements
sont, dans la plupart du temps, internes (d’une région à l’autre, d’une province à l’autre).
5- Les relations entre les concepts
Les relations entre les concepts sont définies dans le cadre d’analyse.
77
6-La méthodologie
la recherche documentaire
La recherche documentaire a permis d’orienter la recherche sur le plan conceptuel et
méthodologique. Elle a été orientée vers les documents (thèses, mémoires, ouvrages
généraux, articles, les rapports d’institution, les adresses Internet) qui sont en relation avec la
question de recherche, la problématique et le site de l’étude. A l’issue de ce travail il a été
effectué une revue de littérature, sous forme thématique.
- changements climatiques
- sécheresse (faible pluviométrie),
déficit, hydrique (pour la production
agricole, problème
d’alimentation et d’abreuvage du
bétail).
- élevage et agriculture extensifs
(utilisent de grandes superficies), deux
secteurs tributaires de la variabilité
climatique ; augmentation de
superficies cultivées et du nombre de
bétail, surpâturage suite à la
croissance démographique.
Dégradation et perte des bonnes terres.
-la colonisation (introduction de
culture de rente au détriment des
cultures vivrières.
- déforestation, disparition de certaines
espèces végétales, diminution des
points d’eau, du pâturage, dégradation
des terres, colonisation des terres de
bas-fond, ensablement, tarissement de
quelques points d’eau suite à la faible
pluviométrie, à l’ensablement, à
l’agriculture et au surpâturage.
Bonne pluviométrie, végétation à
essences variées, sols riches et
aptes aux activités agro-
pastorales. Faible occupation des
terres. Possibilité d’ouverture de
grands champs.
Explosion démographique,
(augmentation de la population
avec pour conséquence
l’augmentation des besoins en
terres et en pâturages), forte
urbanisation (l’augmentation des
besoins des citadins en produits
agricole et animal), économie du
marché.
Système foncier favorable à la
migration. L’accès à la terre est
gratuit et est systématique pour
tout allochtone qui en fait la
demande. Les coutumes, la
structure sociale et l’hospitalité
des populations encouragent
l’installation des migrants. Forte
croissance démographique.
Migration de la population agro-
pastorale. Agriculture et élevage
traditionnels extensifs, forte
croissance de l’occupation des
terres.
CADRE D’ANALYSE
Migration de la population agro-
pastorale. Dégradation de la
biodiversité.
Aménagement des vallées et des bas-fonds, transfert de population, migration spontanée.
78
la migration, un espoir d’emploi
Le travail, la recherche de meilleures conditions de vie ont été pendant longtemps la
principale cause des déplacements. « Les migrations au sein et vers l’Europe Occidentale
étaient en majorité des migrations ouvrières » (BASTENIER A. et al. 1990). « A travail égal,
la perspective d’un salaire dix fois plus élevé pendant quelques années ne laisse personne
indifférente » (VENIER P, 1997).
la migration, source de revenu
La migration peut être porteuse de devises pour les pays de départ. «L’émigration, à
l’origine, n’est pas considérée comme une émigration de misère, mais comme une entreprise
destinée à corriger les distorsions introduites par la pénétration européenne et la colonisation.
L’aventure des uns permet le repos des autres. Les réalisations des migrants sont souvent
multiples dans les pays de départ. Les études sur les mobilités géographiques des subsahariens
démontrent leur propension à investir dans les pays d’origine. Ces réalisations sont soit
individuelles soit par groupe d’association. Dans le cas de l’émigration sénégalaise, on assiste
aux transformations sociales et territoriales dans les zones rurales dues aux réalisations
d’équipements comme maison, petite entreprise, mosquées, puits, dispensaires, écoles,
marchés couverts. A cet exemple, il faut ajouter la transformation du pays bissa au Burkina
Faso par leurs ressortissants vivants en Italie (BA A.H., 2009). Cependant, il ne faut pas citer
que les aspects positifs. La migration a des effets négatifs dans les zones de départ.
la migration, facteur de vieillissement de la population
Les zones de départ sont souvent confrontées aux problèmes comme le manque de main
d’œuvre suite au vieillissement de la population. « C’est à cause de la migration que les
jeunes ne veulent plus travailler pour les vieux… Les migrants ne suivent plus les obligations,
que la coutume imposait autrefois aux enfants à l’égard de leurs parents… Abandonnés par
nos enfants, nous les vieillards, nous nous retrouvons assis dans la poussière presque affamés,
sans force pour se lever » (KOHLER in DABIRE B, 2001). OUEDRAOGO F. C. (1984)
retient que l’agriculture est handicapée dans certaines régions du plateau mossi (Sanbisgho).
Depuis 1952, cette localité ne connaît pas une extension de ses surfaces cultivées.
la migration, satisfaction d’une curiosité, d’une ambition.
Pour les jeunes africains, l’Occident tel que présenté par les médias est la référence. La
mondialisation et le développement des nouvelles technologies de l’information aidant, ils se
sentent de plus en plus attirés par cette partie du monde. Pour eux, « l’Europe et l’Amérique
79
du Nord représentent « ce qu’il y a de mieux » en termes de conditions de vie, de liberté, de
garantie des droits, de loisirs…Elles sont tout ce que leurs pays ne sont pas, tout ce à quoi ils
aspirent particulièrement en terme de « chance de s’en sortir » (LAHLOU M., 2003).
les raisons sociopolitiques
Les troubles et conflits violents inter et intra pays africains sont à l’origine du
déplacement de plusieurs personnes de leurs terroirs d’origine. Une partie se dirige souvent
vers les pays occidentaux et l’autre partie reste soit dans un pays frontalier ou dans la zone
sécurisée de son pays.
la migration, facteur de recomposition de l’espace et du travail.
D’un espace ouvert, on passe à un espace fermé. Il y a la redéfinition du travail. Les
femmes qui n’exerçaient que des travaux moins pénibles sont obligées d’accomplir des tâches
dures réservées aux hommes.
la migration, une affirmation de soit.
La mobilité a été pendant toute la période coloniale le fondement de la citoyenneté
puisque, l’indigène qui restait sur place, était dénué de tout droit politique. Seuls, ceux qui
étaient nés dans certaines villes coloniales ou bien ceux qui partaient vers la métropole
devenaient citoyens. Il s’agissait par ailleurs, d’une mobilité essentiellement masculine,
encadrée et tournée vers l’ascension sociale puisque ceux qui partaient vers la métropole pour
y obtenir des diplômes devenaient au retour fonctionnaires ou notables (BAZENGUISSA G,
R., 2009).
la migration, stratégie d’adaptation aux changements climatiques
Les fréquentes sécheresses ont entraîné la migration d’une partie des populations du
Plaine Centrale, du Sahel vers l’Ouest et l’Est du Burkina Faso. Au cours des vingt dernières
années, notamment en 1988, 1992, 1994 et 1999, certaines localités du pays ont été
sévèrement affectées par les inondations (PANA (2), 2007). 9 catastrophes sur 10 sont
maintenant liées au climat et au cours des 20 prochaines années elles ne feront que croître en
nombre et intensité", explique un communiqué de l'ONU (2008). Victimes des nombreuses
manifestations de la variabilité climatique, le nombre de réfugiés climatiques va crescendo.
Chaque année, de millions de réfugiés sont recensés à travers le monde. Les populations
vulnérables des tremblements de terre, des glissements de terrain, des inondations, des
sécheresses quittent leurs terroirs d’origine pour d’autres destinations.
80
la migration, facteur de dégradation de l’environnement
Pour TRAORE et al. (2000) et DABIRE E (1991), la migration contribue à la
dégradation de l’écosystème, particulièrement celle agricole. BENOIT M (idem), insiste sur
les transformations de l’espace induites par les colons agricoles mossi en pays bwa. KABORE
B (1990), retient une croissance rapide des superficies occupées à Tanema dans la province du
Ganzourgou. PARE et TALLET (idem), la rejoignent en constatant que dans le département
de Kouka, de 1952 à 1981, les superficies cultivées sont passées de 3,2% à 35% de la
superficie totale, elles ont atteint 85 % en 1993. SANOGO F. (2009), dans son étude à
Dissanga, reteint que l’occupation des terres dans ce village est passée de 11 à 62,6 % entre
1981 et 1999. Selon PANA ((2), 2007), la transhumance, jadis inconnue dans certaines
localités, est devenue, de nos jours une pratique qui se généralise. Certaines cultures telles que
le coton, le maïs et l’igname ont vu leur aire de production se réduire progressivement dans la
partie méridionale du pays. Les contraintes d’origine climatique, politique et démographique
ont occasionné des mouvements temporaires ou définitifs des populations rurales vers des
régions jugées plus accueillantes. Ces migrants, à la recherche de meilleures conditions de
vie, ont largement contribué à la dégradation de la biodiversité des zones d’accueil.
la collecte des données
Pour cette étude nous allons étendre notre observation sur les lieux de départ et ceux
d’arrivée pour évaluer les conséquences de ces déplacements aussi bien dans les zones de
départ que ceux d’accueil. DABIRE B. (2001), dans sa rubrique repère méthodologique,
présente les différentes approches avec les types d’étude. « L’analyse des dynamiques
migratoires essaie de plus en plus de prendre en compte de façon intégrée les sociétés de
départ et les sociétés d’accueil ». Pour BENOÎT M. (idem), « il serait intéressant d’étudier les
zones de départ des migrants et les zones d’accueil. Il estime que les relations existant entre
les aires de départ en pays mossi et les régions d’immigration pourront être considérées
comme un tout cohérent et analysé comme tel ».
l’échantillonnage
Il sera procédé à un échantillonnage aléatoire à plusieurs degrés. Dans le cadre de la
rédaction de la thèse, il sera choisi la méthode qui permet d’obtenir des informations fiables,
cela en fonction de la disponibilité des données.
81
la cartographie
Pour étudier la dynamique de l’occupation des terres, il sera procédé à une
interprétation des Prises de Vue Aérienne (PVA) ou des images satellitaires et à la réalisation
de cartes à partir de ces données. A cet effet, les logiciels du Système d’Information
Géographique (SIG) seront exploités. Pour les cartes thématiques, les données de la Banque
Nationale des Données Topographiques du Burkina Faso (BNDT) et de la BODT seront
exploitées.
l’analyse des données
Pour ce qui est de la migration et ses conséquences socio-économiques, il sera procédé
à une analyse systémique qui tient compte de tous les aspects et de l’interdépendance entre
ces éléments. Pour l’occupation des terres l’analyse diachronique interviendra pour apprécier
son évolution.
82
CONCLUSION PARTIELLE
Dans le système traditionnel extensif en agriculture africaine et plus particulièrement
celle sahélienne, la jachère était la forme de régénération naturelle des terres de culture. Suite
à l’introduction et à la vulgarisation des cultures de rente, à la forte croissance
démographique, à la forte urbanisation, les producteurs ont emblavé de grandes superficies de
terres à des fins agricoles. En effet, en plus de ces paramètres, le surpâturage, les sécheresses
et les inondations ont entraîné la perte des qualités de production de la terre, la dégradation du
couvert végétal, du fourrage naturel et la raréfaction des ressources en eau.
Ces mutations ont conduit à la transformation des techniques de production agro-
pastorale, la modification des formes de mobilisation des facteurs de production et à de
profonds bouleversements des structures traditionnelles d’organisation de la production. La
solidarité et la cohésion des communautés rurales se sont effritées et ont laissé la place à
l’individualisation des stratégies. La diversification des activités et des ressources,
exploitation minière, la migration définitive ou saisonnière, la transhumance lointaine sont
entre autres les stratégies d’adaptation des populations locales.
Dans le cadre de la variabilité climatique globale, les stratégies d’adaptation sont
d’ordre institutionnel (internationales, régionales, locales). En plus de ces institutions
internationales, le Sahel a ses propres institutions lui permettant par la proximité d’adopter
des stratégies pour affronter efficacement le phénomène.
La nature des liens entre l'adaptation et le développement varie selon les circonstances.
C’est pourquoi il faut tenir compte des disparités régionales et locales dans l’élaboration des
stratégies d’adaptation. Conscientes de cela, les populations, surtout celles du sahel
s’organisent en associations locales, sous régionales. L’association Bilital Morobè (réseau
d’éleveurs regroupant ceux du Mali, du Niger et du Burkina Faso) en est un exemple.
L’évolution des systèmes de production est plus expressive au niveau des groupes de
producteurs que de façon globale. En fonction des évènements vécus par ces groupes évoluent
leurs modes de production.
La situation du Sahel aujourd’hui n’est plus aussi alarmante qu’on le pense. Les
stratégies d’adaptation ont eu des effets dans les différents domaines de développement. Le
reverdissement du sahel est l’un des effets de ces stratégies. La production maraîchère est de
plus en plus importante. Le sahélien arrive à se nourrir et à dégager souvent des surplus dans
les années de bonne pluviométrie.
83
Partie d’une interrogation, « quel est l’impact des changements climatiques sur les
systèmes de production sahéliens », nous avons retenu la revue de littérature sur le thème
« systèmes de production sahéliens face aux changements climatiques ». A travers cette
revue, il a été analysé la vulnérabilité des milieux physique et humain suite aux changements
climatiques, étudié l’évolution des systèmes de production sahéliens et enfin évalué les
stratégies d’adaptation développées par les populations, l’Etat et ses partenaires au
développement.
A la lumière de cette étude, on peut retenir que les changements climatiques à travers
les sécheresses, les inondations, les tremblements de terre, les cyclones, les tempêtes, les
incendies, mettent en péril toutes les populations du monde. Les systèmes de production sont
de ce fait durement éprouvés. La vulnérabilité varie d’un continent à l’autre, d’une région à
l’autre, d’un pays à l’autre, d’une localité à l’autre.
Les manifestations de la variabilité climatique ont accéléré la dégradation de la
biodiversité. Cependant, il est difficile de dissocier les effets de la variabilité et des
changements climatiques de ceux des facteurs anthropiques. Mais, durant les quatre dernières
décennies, les phénomènes climatiques extrêmes (sécheresses, inondations, vents de sable,
pics de température) sont devenus plus fréquents et plus intenses et constituent de ce fait, de
vrais catalyseurs de la dégradation du milieu biophysique.
Ainsi la déforestation, la désertisation, la dégradation des terres, ont affecté
l’économie de certains pays surtout ceux en voie de développement. Les pays africains, ceux
du sahel, sont particulièrement vulnérables du fait que leurs populations sont à près de 90 %
rurales. Ils sont alors fortement dépendants des ressources naturelles qui sont aussi tributaires
de la variabilité climatique. Les sécheresses des années 1970 et 1980, les plus sévères du 20e
siècle, ont entraîné une modification de l’exploitation de ces ressources.
Les agriculteurs ont constitué du bétail pour pallier aux déficits céréaliers en cas de
faible pluviométrie. Ils se sont adaptés à travers l’abandon ou la substitution des espèces et
variétés, l’association importante des cultures, l’utilisation de nombreuses variétés de la
même espèce semées parfois conjointement, l’abandon des variétés les plus tardives au profit
de celles précoces, l’introduction de variétés améliorées plus hâtives par les services de
84
vulgarisation, la spécialisation des cultures par rapport au terrain, la récession d’éventail de
cultures, la diminution de la place tenue par la jachère et même sa disparition; les semis
précoces et tardives ; les semis en sec ; l’extension des superficies cultivées vers les bas-
fonds; le recours à la traction animal.
Pour ce qui est de l’élevage, le sous-système « grand-élevage » ou élevage extensif de
bovins s’est modifié. Le troupeau a diminué, les espèces élevées ont augmenté. L’animal a
cessé d’être une source d’accumulation et d’épargne. Le troupeau est régulièrement
renouvelé, une stratégie pour avoir un revenu financier et du bétail. Le sous-système « petit
élevage », pratiqué par les agriculteurs sédentaires et l’élevage semi-urbain sont émergents.
Certains éleveurs se sont sédentarisés et pratiquent l’agriculture dans le but de diversifier les
sources de revenu.
Il y a aussi l’orientation vers d’autres secteurs d’activités comme celui de l’extraction
minière et la migration de la population et du troupeau. Ce déplacement au départ temporaire
est de plus en plus définitif.
En dehors des stratégies développées par les populations, les Etats sahéliens et les
institutions internationales les accompagnent en s’inscrivant dans la logique d’adaptation
internationale, régionale et sous-régionale. De nombreux programmes et projets d’envergure
internationale, régionale, sous-régionale et nationale sont initiés pour appuyer le monde rural.
Amorcées depuis les années 70-80, ces stratégies d’adaptation commencent à avoir des
résultats. Alors, au Sahel burkinabé, les aménagements de CES ont entraîné une amélioration
de la fertilité des sols. Ils ont permis aux paysans de produire un surplus en années de bonne
pluviométrie, de déclencher un processus de développement agro-sylvo-pastoral, de favoriser
la remontée de la nappe facilitant de ce fait une stabulation partielle ou permanente du bétail
et la reconstitution du couvert végétal. Ils sont aussi à l’origine de l'augmentation de la
production fruitière à travers le développement des plantations fruitières. La remontée de la
nappe permet la création de jardins maraîchers dont la production sert à la vente et à la
consommation locale.
Toutefois, ces techniques ont des limites. La réalisation des cordons pierreux et des
digues filtrantes nécessite un équipement minimum qui n’est pas à la portée de nombreux
ménages. Le Zaï aussi demande une forte mobilisation de la force physique. C’est pourquoi,
ces techniques sont difficiles à mettre en œuvre sur de grandes superficies. Cependant, il est
85
aujourd’hui question de la mécanisation du Zaï. Ceci peut contribuer à l’intensification de
l’agriculture sur de grandes superficies et de ce fait, encourager la stabulation d’animaux. A
ces techniques, s’ajoute l’irrigation. De nos jours, au Sahel burkinabé, toutes les légumineuses
sont produites. L’engouement de la production au bord des retenues d’eau est sans appel.
L’adhésion de la population à ces techniques est sans équivoque. Les producteurs sont
unanimes sur leurs avantages sur les rendements agro-sylvo-pastoraux. Cependant, elles ont
des effets sur la biodiversité et la santé de la population. L’application répétée des engrais
chimiques, des pesticides (contre les parasites des cultures) conduisent à la pollution de l’eau
des sols et de l’air.
Au regard de ces résultats, toutes les hypothèses émises ont été vérifiées. Cependant, il
est nécessaire d’intégrer systématiquement la résistance aux changements climatiques dans les
nouveaux projets ou politiques de développement. Qu’il s’agisse de la gestion d’un bassin
versant de système d’irrigation ou de planification urbaine, il faut tenir compte des
changements climatiques. Le renforcement des droits fonciers locaux et l’appui à
l’investissement dans la gestion durable aideront les agriculteurs à s’adapter au déficit des
pluies.
86
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99
ANNEXES
1- LES PROGRAMMES DE RENFORCEMENT DES CAPACITES D’ADAPTATION
AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES.
Sigles Désignations
AFP
African Fellows Programme (Programme de bourses
de recherche en Afrique).
ASPS Appui aux programmes du secteur agricole.
ARTS postgraduate study program (programme d'études de troisième cycle).
ENDA Programme centré sur le renforcement des capacités dans tous les volets d'activités concernant le climat et le développement
IFP Fondation Ford, Programme international de bourses de recherche
DAAD Partenariats interuniversitaires
CCNUCC Programme de bourses de perfectionnement.
Source : d’après HARDING B. et al, 2009
2- INSTITUTIONS ET ORGANISMES DE FORMATION BASES EN AFRIQUE
Sigle Définition
AGRHYMET Centre agro-hydro-météorologique régional
(promouvoir la diffusion de l'information, la formation
concernant la sécurité alimentaire, la lutte contre la
désertification, gestion des ressources naturelles et
notamment des ressources en eau)
ACTS Centre africain d'études technologiques (renforcement
des capacités dans les domaines de la biodiversité et la
gouvernance environnementale, la sécurité
énergétique et hydrique, l'agriculture et la sécurité
alimentaire).
AIACC programme évaluations des impacts des changements
climatiques et des possibilités d'adaptation
(promouvoir la compréhension scientifique des
vulnérabilités liées au changement climatique et des
mesures d'adaptation possibles dans les pays en
développement)
CCAA programme Adaptation aux changements climatiques
en Afrique (renforcer les capacités des chercheurs,
100
organismes, décideurs et autres intervenants du
continent africain pour assurer leur participation aux
activités d'adaptation aux changements climatiques).
CSAG Groupe d'analyse des systèmes climatiques de
l'Université du Cap (assure la formation de
climatologues en herbe venant de l'ensemble du
continent).
ENDA Programme centré sur le renforcement des capacités
dans tous les volets d'activités concernant le climat et
le développement.
Gobabeb Institute Les activités de l'institut sont axées sur la formation et
la recherche concernant la désertification et la
climatologie des zones arides.
Source : d’après HARDING B.et al, 2009
3- LES NOMS SCIENTIFIQUES DE QUELQUES PLANTES
Noms usuels (Français) Noms scientifiques Le sorgho Sorghum bicolor
Le maïs Zea mays
Le mil Pennisetum glaucum
Le fonio Digitaria exilis
Le riz Oryza sativa
L’arachide Arachis hypogaea
Le sésame Sesamum indicum L.
Le coton Gossypium herbaceum
Le haricot phaseolus vulgaris
La banane Musa sapienta
L’igname Dioscorea alata
L’oignon Allium cepa L.
Le gombo Hibuscus exculentus
L’aubergine Solanum melongena
La tomate Lycopersicon esculentum
Le piment Capsicum frutescens
Le chou Brassica (oleracea…)
Le manguier Mangifera indica L.
Le palmier à huile Eleais guineensis Jacq.
Le palmier dattier Phoenix dactylifera L.
Source : Mémento de l’agronome
101
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1: grille opératoire ...................................................................................................... 22
Tableau 2 : Récapitulatif de la vulnérabilité de l’homme et son environnement ..................... 38
Tableau 3 : Synthèse des documents ........................................................................................ 68