L'articulation entre réseau formel et informel de collecte de déchets...

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“L’arculaon entre réseau formel et informel de collecte de déchets - une place pour les récupérateurs illégaux ? “ Etude à travers le cas praque de Béni-Mellal, Maroc

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... - une place pour les récupérateurs illégaux ? Etude à travers le cas pratique de Béni-Mellal, Maroc. Auteur: Ekatarina Zudeeva Mémoire de Master en Architecture réalisé en 2013 à La Cambre Horta (ULB)

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    Larticulation entre rseau formel et informel de collecte de dchets - une place pour les rcuprateurs illgaux ?

    Etude travers le cas pratique de Bni-Mellal, Maroc

    Ekaterina Zudeeva

  • Travail de fin dtudes ralis au sein de la facut darchitecture, La Cambre-Horta, de lULB,

    anne dtudes 2012 -2013,

    par Ekaterina Zudeeva

  • Mes remerciements vont tout dabord ma promotrice, Luisa Moretto, qui ma fait dcouvrir ce sujet et ma toujours soutenu tout au long de llaboration de ce travail. Tout autant jaimerai remercier Aaziz Ouatmane, professeur de la facult des Sciences et Techniques de Bni-Mellal. Merci de mavoir accueilli sur place, mavoir ouvert beaucoup de portes et mavoir aid poser la rflexion sur le terrain.

    Sans le soutient de la commune de Bni-Mellal et plus particulirement de Mr. Kakrouki et Youness Rmaili, le travail sur le terrain naurait pas t aussi efficace, ni aussi constructif. Merci Youness davoir accept de travailler tellement pour clturer mon projet sur place. Merci aux tudiants de lUniversit de Bni-Mellal davoir particip la collecte des donnes. Mes remerciements vont galement toutes les personnes qui ont accept de rpondre nos interviews et tous les acteurs du secteur informel qui ont collabor de manire spontane.

    Finalemenr jaimerai galement adresser des remerciements au projet Gedum ainsi qu la Commission Universitaire pour le Dveloppement, qui mont tous les deux permis de raliser les voyages sur place.

  • Larticulation entre rseau formel et informel de collecte de dchets - une place pour les rcuprateurs illgaux ?

    Etude travers le cas pratique de Bni-Mellal, Maroc

  • TABLE DES MATIERES

    Introduction gnrale Avant-propos Introduction la notion de linformel - Justification de lhypothse de dpart - Linformel du point de vue thorique - Limportance du secteur informel dans les pays en dveloppement - Ltat actuel de la question du tri et du recyclage dans les pays en dveloppement - Importance du secteur informel dans la filire dchets

    Hypothses, Objectifs, Mthodologie et Limites du travail

    Larticulation du rseau formel et informel de rcupration de dchets mnagers Ncessit dune articulation

    Analyse de plusiseurs cas darticulation - Initiatives darticulation indirecte - Initiatives darticulation directe

    Les acteurs impliqus dans larticulation

    Etude de la ville de Bni-Mellal et son rseau de rcupration informel Pourquoi ltude de cette ville ?

    Structure spatiale et sociale - Structure globale de la ville - Subdivision du tissus urbain - Rapport entre rpartition spatiale et sociale

    La filire dchets officielle - Evolution de la quantit et qualit des dchets - Gestion formelle des dchets

    Rseau de collecte informel - Structure du rseau - analyse qualitative - Etude spatiale de la couche suprieure du rseau - Etude quantitative de la couche suprieure - Les diffrents matriaux rcuprs

    Etat des modernised mixtures en place Bni-Mellal - Problmes lis au secteur formel et informel - Limites du sytmeexistant

    Une articulation est-elle capable damliorer la situation de Bni-Mellal? Une articulation est-elle possible ? - Esquisses de solutions

    Conclusion

    Bibliographie

    Annexes

  • Introduction gnrale

  • Le sujet de ce travail fait cho une question traite dans le cadre de loption Architecture, dveloppement et patri-moine . A linitiative du projet Gedum1 de lUnion Europenne, Luisa Moretto et autres collaborateurs travaillaient sur la question dune gestion intgre et durable des dchets solides urbains dans les pays du Maghreb. Le projet Gedum portait un regard crois sur le systme de gestion de dchets urbains au Maroc, en Algrie et en Tunisie. Cest dans ce cadre quont dbut toutes les recherches qui ont nourri ce projet. Le travail au sein de loption ft une premire ap-proche du secteur de rcupration illgal , mais tolr, qui existe au Maroc et dailleurs dans la plupart des pays en dveloppement.

    Ce travail vise comprendre comment linstauration du tri slectif et de la collecte des recyclables pourraient tre ralises dans les pays en dveloppement. Il sera pris pour hypothse quun tel projet devra sinquanone inclure le rseau informel travaillant dj dans ce domaine au sein des pays mergents. Il sera donc question, plus prcisment, dtudier larticulation qui devrait tre ralise entre le secteur formel de collecte des dchets et le secteur informel de rcupration existant.

    Cette question nest pas anodine. Les pays mergents sont aujourdhui confronts au problme dune croissance expo-nentielle des dchets, qui accompagne le dveloppement de ceux-ci et lvolution de la qualit de vie de la population. normment de projets sont lancs en lien entre les pays du Nord et les pays du Sud pour promouvoir loption du tri et du recyclage, permettant de diminuer les quantits dordures mises en dcharge.

    Pour noncer les bases dune articulation3 entre le secteur formel et linformel ce travail sappuiera tout dabord sur ltude dexpriences dj ralises dans les pays en dveloppement. Un tat de lArt sur la question permettra de met-tre en vidence les atouts et les limites dune telle articulation. Ces derniers seront transcrits dans un tableau offrant ainsi un rpertoire de facteurs prendre en compte lors de llaboration dun tel projet.

    Cette exprience thorique prendra ensuite forme travers ltude dun cas concret : la ville de Bni-Mellal, situe au Moyen Atlas. Ltude de sa structure spatiale, sociale ainsi que de son rseau de collecte formel dune part et in-formel dautre part permettront de faire sortir des donnes confronter au tableau obtenu au part avant. Le croise-ment de lexprience du terrain ainsi que des recherches thoriques dans ce domaine permettront dtablir les points focaux dont il faudra tenir compte lors de llaboration dun projet dinstauration du tri et de recyclage dans la ville de Bni-Mellal.

    Finalement cette tude tentera doffrir une esquisse darticulation possible du secteur formel et du secteur informel dans le cas de la ville tudie. Cette articulation stablira non sans prendre en compte la structure sociale et vide-ment de la structure spatiale de Bni-Mellal. Ces deux derniers points jouent en effet un rle important si on vise la russite du projet de tri et de collecte des recyclables de manire gnrale.

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    1 Le projet GEDUM Promotion dune gestion intgre et durable des dchets solides urbains dans les pays du Maghreb,est financ par lUnion Eu-ropenne suivant lappel projet CIUDAD Coopration en matire de Dveloppement Urbain et de Dialogue, Rfrence : EuropeAid/127778/C/ACT/MULTI et mis en uvre par la commune de Reus (Chef de file, Espagne) conjointement avec les partenaires du projet savoir : Communes de Beni Mellal (Maroc), Sfax (Tunisie) et Stif (Algrie), Universit Moulay Slimane (Maroc), Universit Ferhat Abbas (Algrie) et Ecole Nationale dIngnieurs de Sfax (Tunisie), la Fondation Centre dInitiatives et de Recherches Europennes en Mditerrane (CIREM- Espagne), le Consortium Centre de Recursos per a la Protecci de la salut i el Medi (Espagne) et la Facult dArchitecture de luniversit Libre de Bruxelles (Belgique). Les activits ralises dans le cadre du projet sont disponibles sur le site Internet http://gedum.net/.

    3 Larticulation est ici dfinie comme : un agencement entre les diffrents acteurs par opposition lintgration dun secteur dans un autre. Cest dire quil ne sera pas question de rendre le secteur illgal formel mais de voir dans quelle mesure ils peuvent se complter lun lautre.

  • Introduction la notion de linformel Justification de lhypothse de dpart

    Il a t dit, ci-dessus, que tout projet sur linstauration du tri et de la collecte des recyclables dans les pays mergents devra prendre en compte le secteur informel existant. Avant de se lancer dans le cur du sujet il a sembl quune jus-tification de cette prise de position nest pas omettre.

    Pour introduire les donnes prouvant limportance de ce secteur dans les pays en dveloppement, ainsi que la place quil occupe au sein de la filire dchets, il a sembl important dnoncer les diffrents courants qui tudient linformel. En effet, si lauteur prend position ds le dpart sur le fait que celui-ci doit tre complmentaire au secteur formel ce nest pas lunique vision du monde scientifique.

    Linformel du point de vue thorique

    Depuis les annes 70 on voit apparatre des tudes sur le secteur informel de lemploi. On traitait alors la question de limplication de ce secteur dans la socit et sa place par rapport au secteur formel. En sont ns 4 courants de pense principaux, chacun se positionnant dune manire particulire vis vis des relations entre le formel et linformel.

    Le premier est le courant dualiste : dans ce cas le secteur formel na rien avoir avec linformel, ils occupent deux posi-tion diffrentes, traitent un travail diffrent et sappliquent des couches sociales distinctes. Il ny a donc aucun lien entre les deux et chacun dentre-eux peut subsister sans lautre. Le second courant se veut structuraliste : les activits informelles seraient dans ce cas subordonnes au secteur formel qui profite ainsi de la main duvre moindre cot et sans dclarer les personnes employes de manire informelle. La troisime vison des choses est dite lgaliste : linformel existerait dans ce cas cause de trop grandes charges et contraintes si le mme mtier sexerait du point de vue formel. Et la dernire cole parle dune vision parasitaire : linformel profiterait du formel pour sexercer, il sattribuerait injust-ement des avantages appartenants au formel. Mais ici encore diffrentes lectures se dessinent, une partie des scienti-fiques sappuient principalement sur la notion de parasite et lautre partie remet en cause la rglementation de ltat qui conduirait, daprs eux, cette situation.(OCDE, 2009, p.20,21)

    A partir des annes 90 le questionnement bascule vers les causes dexistence de lemploi informel. On ne se questionne plus de son importance au sein de la socit, ni de ses impactes mais plutt sur les personnes qui exercent les m-tiers informels. Pourquoi travailler dans linformel ? Comment sorganise ce secteur ? - tel devient le nouveau champs dtude.

    Et cest en 2005 que Fields met en vidence une structure du rseau informel. Selon lui, les marchs du travail informel urbain se composent de deux catgories, une suprieure et une infrieure. La partie suprieure serait compose de personnes ayant choisi ce mtier, elles tirent un plus grand profit du travail informel que la partie infrieure et constitu-ent la couche comptitive du secteur informel. La catgorie infrieure du secteur se compose, quant elle, de person-nes tant obliges dexercer ce mtier pour survivre. Cest un travail quelles napprcient pas mais il leur permet de gagner leur pain et nourrir leur famille.(OCDE, 2009, p.22)

    Cette vision de la structure du secteur informel, en plusieurs couches superposes, fera galement partie des hy-pothses prises en compte ds le dpart, elle savrera particulirement utile lorsquil sagira dlaborer une mthode de travail sur le terrain.

    Cette notion du secteur informel renforce galement la vision bien ancre qui associe la pauvret linformalit. De manire gnrale on pense que tout travail ralis de manire informelle est uniquement un moyen de survie pour la personne qui lexerce. La rflexion de Fields nuance cette ide prconue car il spare le secteur informel en deux types de personnes, celles qui exercent leur mtier de leur plein gr et celles qui nont simplement pas le choix. Mais dun autre point de vue sa thorie confirme galement cette vision pauvre de linformel car la majorit du secteur se trouve dans la seconde catgorie, la catgorie quil appelle infrieure.

  • Revenu mensuel des petits entrepreneurs du secteur informel de plusieurs pays en dvel-oppement la fin des annes 1990 et au dbut des annes 2000 (OCDE, 2009)

    Pays

    Egypte

    MarocMaroc

    TunisieTunisie

    Bnin

    Kenya

    Mali

    Niger

    Tchad

    Brzil

    Colombie

    Mexique

    Inde

    Indonsie

    Turquie

    Anne

    2004

    19972003

    19972002

    1992

    1999

    1996

    1995

    1995-1996

    1997

    1996

    1990

    1999-2000

    1998

    2002

    Salaire minimum lgal

    (ou moyen*)monnaie locale

    825*

    1.5101.026

    163,3206

    13.904

    2.363

    20.965

    18.000

    25.600

    612,5*

    419,1

    1.498

    281.038

    236*

    Revenu en monnaie locale

    1.487

    2.4927.843

    669,9617,6

    41.412

    6.158

    120.757

    26.360

    40.987

    1.040

    2.765

    843.114

    4.706

    Revenu en multiples du salaire minimum

    (ou moyen*)

    1.8

    1.74.3

    43

    3

    2.6

    5.8

    1.5

    1.6

    1.7

    1.6

    4.2

    1.8

    3

    19.9

    Emploi informel et PIB en Amrique latine et en Asiz du sud-est (OCDE, 2009)

  • La vision pauvre de linformel persiste donc travers les annes et pour cette raison linformel est devenu un des Ob-jectifs du millnaire pour le dveloppement 4 car prcisment, le travail informel est considr comme un travail pour les couches les plus pauvres de la structure sociale.

    Cet aperu des questions poses par les tudes de la filire informelle depuis les annes 70 montrent quel point le su-jet reste encore relativement peu tudi. Mais le fait dinclure le secteur informel dans les Objectifs du millnaire pour le dveloppement a permis dtendre les connaissances ce sujet et mme de spcifier les tudes sur les diffrentes filires impliques dans ce domaine.

    Les donnes exposes ci-contre justifient dune part limportance de faire des tudes sur le secteur informel dans les pays en dveloppement et dautre part limplication de celui-ci dans la filire dchets en particulier. Les chiffres qui suivent appuient donc la prise de position intrinsque ce travail, savoir : La ncessit de lintgration du rseau informel de rcupration de dchets dans tout projet de tri et de collecte des recyclables dans les pays mergents.

    Limportance du secteur informel dans les pays en dveloppement

    Pourquoi lemploi informel existe-t-il ? Long temps on a associ lemploi informel directement la pauvret car il existe principalement dans les pays au PIB faible mais aujourdhui on se rend compte que les deux ne sont pas forcment lis. Deux raisons majeures pour lesquelles lemploi informel existe sont, daprs lOCDE (OCDE, 2009), dune part linefficacit des procdures fastidieuses denregistrement et de la scurit sociale de la part des administrations, et dautre part le fait que ce soit le seul travail qui permette certaines personnes de subvenir leurs besoins primaires. Il y a donc effectivement une part de linformel qui est lie une classe sociale trs dfavorise mais on voit galement que dans certains cas linformel est une solution pour viter les procdures trop complexes lies la cration dune entreprise formelle. Les revenus des petits entrepreneurs du secteur informel sont tmoins du fait quinformel ne doit pas tre directement associ au pauvre .

    La plupart des personnes travaillant dans linformel gagnent plus que le salaire minimum lgal du pays, parfois ce rev-enu va mme jusqu 5 fois plus que le salaire minimum et dans le cas de la Turquie jusqu 19 fois. Il est certain que des revenus aussi importants sont associer la partie suprieure du secteur informel mise en vidence par Fields (voir lintroduction) mais ils appuient le fait que travailler dans linformel ne veut pas forcement dire travailler pour survivre. Le travail informel bien que non couvert par un contrat de travail et par une assurance sociale est parfois bien rmunr et nest donc pas doffice li la pauvret. Dailleurs il faut remarquer que linformel ne diminue pas de manire systmatique lorsque le produit intrieur brut du pays augmente ! Les exemples de lAmrique Latine et de lAsie du sud-est en sont tmoins.

    Le dveloppement conomique dun pays nentrane donc pas forcment la diminution du march de lemploi in-formel. Et ce qui est dautant plus proccupant est que la part de ce type demploi dans les pays mergents ne diminue pas, comme on pourrait le croire, avec leur dveloppement mais tend augmenter ! Maintenant que nous avons des chiffres qui montrent une tendance gnrale la hausse de lemploi informel dans les pays mergents (voir le tableau ci-contre) on ne peut plus compter sur le dveloppement de ces pays pour rsoudre cette question. Cest pour cette raison quune tude de ces filires informelles est importante raliser dans tous les domaines. Il est primordial que le dveloppement dun pays saccompagne de lintgration de toutes les personnes qui y travaillent informellement car mme si leur travail se fait de manire non-dclare, ils apportent un service la population, bien souvent non-ngligeable. Ignorer le travail informel en superposant une structure lgale nouvelle ce nest pas rsoudre le problme mais faire perdre lemploi des milliers de personnes, perdre toute lexprience et le savoir faire qui existent dj et employer beaucoup dnergie mais pas dans le bon sens. Finalement le tableau, de la page suivante, illustrant la part de lemploi informel dans les pays en dveloppement souligne limportance de ce secteur dans diffrents pays et donc limportance de son intgration.

    -----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

    4 Les objectifs du Millnaire pour le dveloppement fixs par les Nations Unies sont au nombre de huit et lensemble des 191 tats Membres des Nations Unies ont convenu de sefforcer de les atteindre dici 2015. La Dclaration du Millnaire des Nations Unies, signe en septembre 2000, engage les dirigeants du monde entier combattre la pauvret, la faim, la maladie, lanalphabtisme, la dgradation de lenvironnement et la discrimination lencontre des femmes. Les OMD dcoulent de cette Dclaration et chacun des objectifs saccompagne de cibles et dindicateurs spcifiques.

  • Pays

    Algrie

    Egypte

    Maroc

    Tunisie

    Afrique du sud

    Bnin

    Kenya

    Mali

    Niger

    Tchad

    Argentine

    Bolivie

    Brzil

    Colombie

    Equateur

    Mexique

    Prou

    Venezuela

    Inde

    Indonsie

    1985-1989

    25,6

    37,3

    39,3

    61,4

    78,6

    76,2

    39,2

    1990-1994

    92,9

    70,1

    90,4

    74,2

    47,5

    56,9

    60

    55,5

    38,8

    73,7

    1995-1999

    42,7

    55,2

    44,8

    47,1

    71,6

    94,1

    95,2

    53,3

    63,5

    60

    38,4

    53,5

    59,4

    46,9

    83,4

    77,9

    2000-2007

    41,3

    45,9

    67,1

    35

    50,6

    81,8

    51,1

    74,9

    50,1

    67,9

    49,4

    Part du travail informel ( en % ) dans le total de lemploi non agricole (OCDE, 2009)

  • Ltat actuel de la question de tri et du recyclage dans les pays en dveloppement

    La plupart des pays mergents viennent seulement de passer une collecte organise des ordures mnagres et la question du recyclage est une problmatique de second ordre. Mais avant de sattaquer ce nouveau pas vers le dvel-oppement il faudrait prter attention la situation existante.

    En effet, bien quaucun document officiel ne lindique, il existe dj des rseaux de recyclage mais ils ne sont pas ex-ploits de manire officielle. Des chanes de travail sont trs bien organises, allant du plus petit rcuprateur de rue jusquaux usines de recyclage, dans la plupart des pays. Cette ralit est galement celle du savoir faire, de lexprience et de la main d uvre qualifie existants sur le terrain.

    Limportance du secteur informel dans la filire dchets

    Lorsquon parlera de la filire dchets dans ce travail, on dsignera principalement la filire dchets mnagers. Il faut prciser que ce nest que depuis quelques annes quune relle gestion de dchets mnagers est mise en place dans les pays en dveloppement. Cela fait peu de temps quun ramassage rgulier dordures est organis et que des bennes ordures sont mises disposition des citoyens. Ce travail se fait gnralement par des entreprises Europennes car celles-ci ont plus dexprience dans ce domaine et proposent donc des projets plus concrets avec des budgets infri-eurs par rapport des initiatives locales sans exprience. La plupart du temps lentreprise en question est responsable de la mise disposition des bacs ordures dans toute la ville, du ramassage quotidien des dchets mnagers, de la propret des rues et de la mise en dcharge des ordures. Souvent ces socits prives sont payes au poids des ordures mnagres ramasses mais leur travail sarrte la dcharge.(Ouatmane et al., 2012) La ville est donc devenue propre mais en attendant les dcharges ciel ouvert se remplissent peu peu. Il est certain que pour de nombreuses raisons la destination finale des dchets doit changer, les dcharges ne doivent pas polluer lenvironnement et des solutions pour une gestion durable des dchets doivent tre introduites. Mais il ne faut pas oublier que bon nombre dordures ne sont pas des rebuts, ils peuvent tre recycls pour rintgrer la chane de la production. Et cest au niveau de cette partie des dchets mnagers quintervient le secteur informel.

    On peut donc dire que le march de la gestion des dchets est non seulement gouvern par les intrts des socits qui sont lorigine de la production des dchets potentiels, ceux des citoyens producteurs des dchets proprement parler et des socits responsables de la collecte des ordures, mais il est galement gouvern par les intrts du sec-teur informel. En ralit la filire informelle y occuperait mme un rle essentiel, surtout au niveau de la valorisation des dchets ! (Azaitraoui et al., 2012)

    Le fait est quaucune valorisation des dchets nexiste de manire officielle. Il ny a ni recyclage, ni valorisation quelcon-que des dchets mnagers produits par la population des pays en dveloppement. Certaines villes mettent en place des initiatives de tri et de recyclage de certaines matires mais aucune loi noblige les autorits locales investir dans la filire recyclage. Pourtant quasiment dans chaque pays il existe des rcuprateurs informels qui constituent un tis-sus trs dense et trs organis et qui recyclent une bonne partie des dchets mnagers. Ils forment un rseau illgal, parallle au rseau officiel de ramassage des ordures. Soit les rcuprateurs interceptent les dchets avant que les camions poubelles ne les embarquent pour la dcharge, soit ils fouillent la dcharge mme, pour rcuprer des produits recyclables. Il est certain que peu dentre eux, personne pour ainsi dire, ne fait ce travail pour des raisons cologiques, pour eux cest un mtier qui rapporte et dont la matire premire est disposition, voil tout. Cependant leur contribution nest pas des moindres. Daprs le Dr. Sanjay K Gupta : Dans la plupart des pays en dveloppe-ment, le secteur informel de rcupration gre 15-20% des dchets et gnre ainsi dimportants bnfices financiers et environnementaux pour les municipalit .(Dr. Sanjay K Gupta, 2012) Dautres scientifiques soutiennent galement le fait que le secteur de linformel valorise une proportion de dchets mnagers plus ou moins importante. (Wilson et al.,2005 ; Azaitraoui et al., 2012) De manire plus explicite, ci-aprs, un tableau montrant le taux de valorisation des dchets mnagers grce aux rcuprateurs informels dans 7 villes des pays en dveloppement.

  • Taux de valorisation des dchets solides dans sept villes des pays en dveloppement(Dr. Sanjay K Gupta, 2012)

    Cot de collecte et dlimination des dchets municipaux conomiss par les rcuprateurs de dchets informels (Dr. Sanjay K Gupta, 2012)

  • Il est donc certain que le rseau informel est plus actif dans le milieu de la rcupration. Dailleurs il faut souligner que les travailleurs informels ont acquis une certaine exprience en matire de rcupration et recyclage de dchets val-orisables et ont une longueur davance sur le secteur formel qui se concentre principalement sur la collecte et mise en dcharge des dchets mnagers de manire gnrale.

    Un autre point intressant au niveau du secteur informel est quil permet aux autorits locales de faire de grandes conomies. En effet, plus de matire valorisable est rcupre en amont de la collecte des ordures par les camions poubelles, moins il y a de dchets transporter la dcharge et donc moins de passages sont ncessaires lors de la collecte vu que les camions se remplissent moins vite. Certes des tensions peuvent alors natre entre les rcuprateurs formels et informels car la plupart du temps les socits prives sont payes au poids de dchets mis la dcharge. Mais lorsque nous dvelopperont des stratgies darticulation de la filire informelle et du rseau officiel de collecte de dchets nous apporterons des solutions cette question.

    Ci-contre un tableau permettant de mieux comprendre les rduction de cot au niveau de la collecte et de llimination des dchets mnagers que peut procurer le secteur informel. Ces chiffres montrent non seulement laspect positif de ce rseau pour lconomie des localits mais ils soulignent notamment limportance (en nombre) de la filire in-formelle existante au niveau de la rcupration.

  • Hypothses, Objectifs, Mthodologie et Limites du travail

  • Hypothses, Objectifs, Mthodologie et Limites du travail

    Problmatique traite

    Linstauration du tri et de la collecte slectifs des dchets mnagers dans les pays mergents, en vue de leur valorisa-tion, est la problmatique qui est la base de ce travail. Les pays mergents sont aujourdhui amens rflchir la question, non seulement pour des raisons environnementales videntes mais galement en vue du srieux problme que commencent poser les ordures mnagres du fait du changement de leur composition et de leurs quantits croissantes.

    Dans de nombreux pays de nouvelles lois imposent le recyclage pour une partie des dchets mnagers. Des budgets importants sont mis disposition des villes dsirant se lancer dans ce progrs. Malheureusement peu dattention est prte la situation existante. Dans la course la nouveaut, le secteur informel en place est souvent oubli.

    Dans la plupart des pays mergents, il existe portant une filire de rcupration informelle des dchets valorisables. Cette filire informelle joue un rle crucial dans le domaine et y occupe une place importante.

    Si lvacuation des dchets mnagers en dehors des villes est aujourdhui gre par les autorits, dans de nombreux pays en dveloppement, la valorisation de ces derniers reste la plus part du temps une question non aborde par les municipalits. Une filire formelle, officielle de collecte des dchets et leur mise en dcharge est habituellement existante. La filire informelle quant elle, intercepte bien souvent les rebuts pour les amener la valorisation de manire tout fait illgale.

    Hypothse

    Tout projet de tri et de collecte devrait se baser sur une articulation entre le secteur formel et informel. Celle-ci est souhaitable car elle aurait tendance amliorer grandement la gestion de la filire dchets tout en incluant le facteur recyclage. Une articulation serait galement une solution viable pour les pays en dveloppement, au niveau conom-ique. Finalement cette option permettrait damliorer les conditions dexistence et contibuerait une reconnaissance des rcuprateurs informels tout en faisant profiter directement les autorits locales de leur existence.

    Objectifs

    Le premier objectif de ce travail vise prouver limportance et le poids du secteur informel dans le domaine tudi. Celui-ci est rempli travers les notions exposes dans lintroduction gnrale de ce travail.

    Le second but vis par cette recherche est celui de dmontrer lhypothse. Pour ce faire une grille darticulations dj ralises, permettant une jonction dans une forme ou une autre entre les deux secteurs, sera tablie. Celle-ci mettra en vidence un maximum de points cls, points problmatiques de cette notion darticulation, ainsi que les exemples de solutions qui peuvent y tre apportes.

    Finalement, cette grille de lecture sera applique un cas concret. Ltude de la ville de Bni-Mellal et celle de sa filire informelle de valorisation de dchets mnagers seront confronts la grille thorique . Ce recoupement de no-tions thoriques dune part et dinformation de terrain dautre part aura pour but daboutir la dfinition de critres dont il faudra tenir compte, ainsi que de limites dune articulation possible dans le cas tudi. Une esquisse de projet darticulation entre le secteur formel et informel de la ville de Bni-Mellal pourra alors tre tablie.

  • Mthodologie

    Il faut noter que toutes les rflexions menes autour du sujet sont grandement enrichies et largement influences par le projet Gedum qui ft un tremplin vers le cas pratique tudi. La participation au sminaire de clture de Promotion dune gestion integre et durable des dchets solides urbains dans les pays du Maghreb (Stif, mars 2013) a permis douvrir un dbat autour de linstauration du tri slectif et de lintgration du secteur informel dans la filire dchets. La participation llaboration dun article scientifique pour la 13me confrence de n-Aerus La ville ingalitaire, es-paces contests, gouvernances en tension (Paris, novembre 2013) a ouvert le champ dtudes autour de la rflexion mene dans ce travail.

    Cas dtude pratique

    Les donnes rcoltes dans le cadre de cet exemple sont issus de travaux de terrain raliss sur place. Le premier tra-vail de train a t ralis en mars 2012 et le second en mars 2013.

    - La premire tude sur place, 5 jours ouvrables, a eu pour but de comprendre le contexte dans lequel se d-roulait ltude et de vrifier sur le terrain le schma dorganisation de la filire informelle labor par le projet Gedum. Cette tude ft principalement qualitative car elle visait rencontrer chaque type dacteur de la filire informelle de rcupration de dchets ainsi que de complter et affiner le schma pr-tablit de structure de cette filire. Celle-ci a donc permis dnumrer les diffrentes matires rcupres actuellement dans le cas particulier de Bni-Mellal en vue de leur valorisation, la structure du rseau informel, les relations entre les dif-frents acteurs du rseau, ainsi que la position gographique des chantillons types .

    La mthode de recherche choisie des diffrents chantillons types dacteurs informels ft celle dnomme par boule de neige . Bien que les diffrentes personnes travaillant dans le rseau informel ne sont pas rpertories, cer-taines dentre-elles sont connues de la municipalit. La rencontre avec quelques acteurs connus a permis den position-ner dautres grce linformation obtenue suite aux interviews menes avec les premiers. [ questionnaire en annexe 1]

    videment ce travail de terrain ft trs restrein dans le temps. Le peu de moyen de dplacement et la ncessit dinterlocuteurs clefs, parlant le dialecte local, ont pos dautres limites. De manire gnrale, cette premire approche du terrain ft constructive car elle a permis de rellement comprendre la place quoccupe chaque type dacteurs dans la filire informelle tudie et limportance de cette filire de manire gnrale.

    - Un second travail de terrain sest tal sur 20 jours. Lobjectif principal de cette deuxime approche ft dou-ble. La premire partie de ltude de terrain avait pour but de quantifier les matires rcupres, dtablir une carte de flux de ces matires et de rpertorier tous les acteurs stables de la filire informelle. La deuxime partie de ltude sest concentr sur la structure urbaine de la ville, des types de constructions composant celle-ci, ainsi que des rpartitions des diffrentes classes de population. Cette deuxime partie de ltude de terrain est en ralit le premier point abord lors des analyses car la structure spatiale et sociale de la ville influencent directement la structure de la filire informelle, la disposition gographique de ses diffrents acteurs, ainsi que les quantits et le type de matire rcupre.

    Du fait de la dure plus importante de ce second travail sur le terrain, ainsi que de limplication encore plus importante de la municipalit dans cette dmarche, la quantit des informations rcoltes ft suprieure aux projections initiales et les donnes dautant plus compltes. La mise a disposition dun vhicule, ainsi que dun employ de la municipalit ont permis davancer beaucoup plus rapidement dans le travail et dans la rcolte des donnes sur le terrain.

    Il est galement important de souligner que la prsence dun collaborateur qualifi, originaire de la ville, comprenant mieux la culture et les coutumes locales et ayant une lecture claire de la ville ont permis une rcolte de donnes trs efficace et complte. Il est cependant intressant de tenir compte du fait que linterprtation des donnes est cer-tainement influence par ma vision personnelle ainsi que la vision de lentourage dans lequel le travail a t ralis sur place. videment le but tait de chercher croiser les informations transmises par les personnes diffrentes pour obtenir des donnes les plus objectives possibles mais il est certain que ce travail reste influenc par les milieux frquents.

    La manire de procder pour rcolter les donnes spcifiques sera explique directement dans les parties du travail traitant des diffrents sujets pour une meilleure comprhension des analyses.

  • Larticulation du rseau formel et informel de rcupration de dchets mnagers

  • Ncessit dune articulation

    Pourquoi chercher lier le travail du secteur formel et du secteur informel de rcupration de dchets ? La question reste pertinente mme si lon tient compte du nombre important de personnes dont lactivit de rcupration in-formelle est lunique revenu. La seconde question qui nous vient souvent lesprit est : Ne pourrait-on pas appliquer le modle Europen de gestion de dchets aux pays en dveloppement ?

    Pour de nombreuses raisons, lauteur de ce travail reste persuad que la rponse est : Non. Non, on ne peut replacer le modle Europen dans un contexte fondamentalement diffrent, des cultures, populations, besoins, ncessits premires, conomies et urbanits totalement diffrents. Cette rflexion est largement soutenue par les exemples darticulation qui vont tre exposs ci-aprs mais elle trouve galement une justification au prs de nombreux auteurs darticles scientifiques traitant ce sujet.

    Il apparrait, tout dabord, abhrent de ne pas tenir compte de lactivit de rcupration lorsquon comprend quel point elle fait partie et la place quelle occupe, dans les pays en dveloppement. Mathieu Durant illustre parfaitement cette vision des choses. (Durand, 2012) Il souligne ce qui semble tre la cl du problme : les autorits et pouvoirs publics de ces pays cherchent principalement suivre les tendances des pays dvelopps et appliquent souvent des solutions qui ne sont pas adaptes leurs propres pays. Ils attendent des rsultats semblables ceux obtenus en Europe sans tenir compte des diffrences fondamentales qui existent entre les diffrentes populations en question. Ainsi, lorsquon voque la question de recyclage, les autorits des pays mergents engagent souvent des entreprises expertes dans la question pour rsoudre le problme. Mais ces entreprises sont expertes en Europe et non adapts au contexte de ce nouveau march tranger. Commencent alors des luttes entre les entreprises engages de manire officielle pour la rcupration des ordures et tous les acteurs informels existants sur le terrain. (Dr. Iran Furniturwala 2012 ; Dr.Sanjay K Gupta, 2012 ; Carr, 2012 ; Debout, 2012 ; Florin,2010 ; Tecmed, 2012 ; Azaitraoui et al., 2012) Ces conflits sillustrent parfois par le mcontentement des deux types dacteurs en question, mais souvent les nuisances se rpercutent sur la population. Afin de dfendre leur territoire , les rcuprateurs informels vont parfois jusqu saboter les installations officielles, sans parler de dversement de dchets contenus dans les conteneurs afin davoir accs la matire premire qui les intresse.

    La seconde raison pour laquelle le modle Europen nest pas dupliquer dans les pays en dveloppement est issue de nombreux checs quont connu les expriences pilotes. Cet chec nest pas d au non-engagement de la popula-tion, comme on aurait pu le croire, mais au sabotage de la part du rseau informel. Les deux points se rejoignent donc. Mme sil peut sembler possible dinstaurer le tri la source lEuropenne, le secteur informel tendra un moment donn ou un autre intercepter les dchets ayant de la valeur. Cette situation amne au dcouragement de la popula-tion qui sest investie dans le tri car leurs efforts leur semblent alors inutils (les rcuprateurs tant mal perus vis vis de lorganisation officielle de collecte). (Projet Pilote Bni-Mellal,2012)

    Dune manire ou dune autre, le secteur informel finit toujours par refaire surface et montrer quil existe. Fermer les yeux sur ce phnomne qui sest dvelopp dans les pays en dveloppement revient tenter deffacer la situation initiale. Au final, en instaurant le modle des pays dvelopps, plus de moyens sont employs pour lutter contre les informels que pour raliser le travail pour lequel les entreprises sont engages.

    Cest principalement pour cette raison plus quaucune autre, que des articulations ont vu le jour dans de nombreux pays en dveloppement. Suite aux checs et difficults rencontres par les entreprises engages pour lvacuation des dchets mnagers, de nombreuses villes ont dans un certain sens fini par accepter la prsence du secteur informel. Lexprience des rcuprateurs informels, leur dtermination et finalement les avantages quils pouvaient procurer dans le domaine ont fait deux un acteur part entire. Ci-aprs seront exposs quelques cas darticulation entre le rseau formel et linformel . Chacun prsentera les conditions dapplication et les limites des solutions apportes. Le but de cette analyse de cas est darriver dfinir diffrents points de tension pouvant survenir lors de la mise en place dune articulation des deux rseaux, ainsi que dnoncer des lments de rponse ces problmatiques.

  • Analyse de plusieurs cas darticulation

    Les cas dtude choisis ont tous t appliqus dans les pays en dveloppement. Les analyses portent sur des articles scientifiques relatant ces expriences. Le choix dexpriences sest fait partir de la base de donnes scientifiques de la plate-forme SUD5. Celle-ci traite en particulier de la gestion de dchets dans les socits en dveloppement.

    Suite ltude de cas choisis, une distinction a pu tre mise en vidence entre les manires de raliser cette coexist-ence entre les acteurs formels et informels de la gestion des dchets. Dune part, des initiatives peuvent tre entre-prises pour faciliter le travail des acteurs informels ou diminuer les tensions entre ceux-ci et les employs officiels, sans pour autant mettre en place des actions visant directement le secteur illgal. Dans ce cas, il est primordial quune reconnaissance du travail fait par les rcuprateurs non-officiels soit ralise de la part du gouvernement ou des au-torits locales. Dautre part, beaucoup de projets tudis ont cherch travailler directement avec le secteur informel pour tenter de larticuler avec la collecte officielle des dchets mnagers.

    Initiatives darticulation indirecte

    Localisation : Sfax, Tunisie.Situation initiale : Lvacuation des dchets solides mnagers est dj instaure de manire officielle depuis plusieurs annes dans cette ville. Rcemment, ltat a mis en place une stratgie de valorisation de certains matriaux qui se trouvent dans les ordures mnagres. LAgence Nationale de Gestion de dchets a mis en place une filire officielle de valorisation du plastique : ECO-Lef. Le secteur informel se retrouve donc combler les vides laisss par le secteur officiel.

    Action amenant une articulation : introduction de grossistes officiels, stockant de la matire Ltat Tunisien a offert un financement pour la cration de micro-entreprises de rcupration, pouvant stoker les d-chets recyclables avant de les revendre aux entreprises de traitement ou de recyclage. Ces micro-entreprises sont dnommes Cheb, existent de manire tout fait officielle, sont mises en place par des personnes diplmes, mais tra-vaillent principalement avec les rcuprateurs informels. Elles sont des intermdiaires entre la fonction de rcupra-tion et celle de traitement et de recyclage. Les Cheb nemploient pas les rcuprateurs pour travailler dans lentreprise mais leur rachtent simplement la matire rcupre. Cest donc une forme dacceptation et de lgalisation du travail de rcupration, la base illgal. (Moretto et al., 2013 ; Azaitraoui et al.,2012)

    -----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------5 Socits Urbaines et Dchets est un rseau qui regroupe des chercheurs et des doctorants en sciences humaines et sociales avec lobjectif de mettre en convergence les recherches en cours sur la question de la gestion des dchets dans des contextes franais et trangers o elle constitue un enjeu problmatique. Lien : http://sud.crevilles.org/

    Avantages pour les Avantages pour les Limites Conditions micro-entreprises rcuprateurs informels

    - libres de traiter avec les fournisseurs de matire recyclable de leur choix

    - achtent et revendent la matire prix fixe

    - revendeurs privilgis au prs de ECO-Lef

    - acteur officiel dans le secteur dchets

    - peuvent traiter avec Cheb sans sengager dans un contrat

    - revendent prix fixe = pas de fluctuations sai- sonire = salaire stable

    - leur travail est reconnu car ils traitent avec des acteurs officiels

    - Chebs non assurs de lapprovisionnement en matire car pas de contrats avec informels

    - Concurrence entre les grossistes informels exi- stants et les Chebs

    - < des tensions entre fouilleurs illgaux et en- treprises dvacuation

    - peu dintermdiaires informels existants, tels que Cheb

    - la situation conomique doit pouvoir insiter crer les micro-entre- prises

    - acteurs illgaux prts pour une collaboration avec le formel

  • Localisation : Buenos Aires, Argentine.Situation initiale : Boom de lactivit de rcupration dordures valorisables en 2001 la cause de crise conomique qui frappe le pays. Naissance de fortes tensions entre lentreprise prive charge de lvacuation des dchets et les rcup-rateurs illgaux, car pour les deux acteurs les ordures sont source de revenus. Lentreprise prive est paye par tonne de dchets vacus vers la dcharge mais les rcuprateurs informels court-circuitent la collecte en rcuprant toutes les matires recyclables se trouvant dans les bacs ordures avant le passage des camions poubelles. Une course au dchet se joue alors chaque jour dans la ville de Buenos Aires.

    Action : Acceptation de lactivit informelle et changement de mode de rmunration de lentreprise charge dvacuation des rebuts Dans un premier temps, au vu du nombre de rcuprateurs non-officiels travaillant dans la ville, les autorits ont fini par accepter leur prsence et reconnatre la pluvalue quapportait leur activit. Pour diminuer les tensions entre les acteurs lgaux et non-officiels de la filire dchets, la ville a modifi son mode de tarification du travail fourni par lentreprise dvacuation engage. Au lieu de payer cette entreprise au poids, ils ont dcid de la rmunrer en fonc-tion du territoire nettoy. (Carr, 2012)

    Initiatives darticulation directe

    Les cas exposs ci-aprs peuvent tre diviss en sous-groupes. Les deux premiers exemples sappliquer formaliser le secteur informel en lincluant directement dans une structure lgale. Bien que ce type de procd relve plus dune confusion dun secteur dans lautre que dune relle acticulation, il est repris dans ce travail car il peut savrer tre une solution partielle.

    Localisation : Delhi, Inde et Caire, gypte.Situation initiale : Dans les deux cas, on assiste une dlgation du service de gestion de dchets solides urbains des entreprises prives. Suite cela, les dcharges sont la plupart du temps scurises et non accessibles aux glaneurs. Sous la pression des groupes de rcuprateurs informels, les autorits ont cherch impliquer ces acteurs dune manire ou dune autre dans le secteur formel.

    Action : formalisation du secteur informel Ce procd ne trouve, pas seulement, son application dans les deux pays cits mais il est galement propos comme solution thorique suite des tudes croises de diffrentes villes du Maghreb. (Azaitraoui et al., 2012) Les actions sont multiples : la premire ide consiste rinjecter les acteurs illgaux dans des centres de tri officiels, au Caire : des permis de tri permettent quant eux davoir accs aux dcharges contrles pour y rcuprer les valorisables.

    Avantages pour Avantages pour les Limites Conditions lentreprise prive rcuprateurs informels

    - plus de course au dchet avec les rcup- rateurs

    - revenus fixes car in- dpendants du tonnage

    - reconnaissance de leur travail

    - conditions de travail moins stressantes

    - lentreprise prive toujours confronte au travail supplmentaire caus par les fouilleurs vidant les bacs ordures

    - les rcuprateurs rest- ent tributaires du prix de rachat fluctuant

    - conditions de rcupra- tion non amliores

    - limplication des au- torits locales

  • De manire gnrale, une proposition est faite pour que les entreprises prives employent des rcuprateurs travail-lant sur le terrain avant leur arrive. (Olivier, 2011 ; Florin, 2010)

    Le suivant sous-groupe comprend deux exemples o linformel complte le secteur formel . Dans ce cas il ne sagit pas de rendre les rcuprateurs formels , ils restent des travailleurs non-officiels mais accepts par tous les acteurs en jeu. Ils compltent la filire officielle de rcupration de dchets mais ne travaillent pas directement en collaboration avec celle-ci.

    Localisation : Districts Villa El Salvador, Los Olivos et Callao de Lima, Prou.Situation initiale : Avec linstauration dune collecte officielle des dchets recyclables est ne une superposition dun service de rcolte illgal existant et une vacuation officielle des ordures. Cette prsence dacteurs parallles a fait natre normment de tensions dans la capitale.

    Action : Implication des acteurs illgaux dans la filire dchets Les autorits locales de certains districts ont fini par accepter la prsence de glaneurs et ont dcid den faire un sec-teur de rcupration parallle celui de la collecte des rebuts. Sans engager directement les acteurs non-officiels cette tche, ils ont favoris leur travail en mettant en place un systme de bons. Toute personne remettant un sac de dchets recyclables aux rcuprateurs informels reoit un bon pour diminuer le cot des taxes denlvement des or-dures. On est donc l, en face dun arrangement qui conduit une reconnaissance du travail des acteurs informels tout en crant un avantage pour les habitants et une collecte des recyclables semi-officielle. (Durand, 2012)

    Avantages pour les Avantages pour les Limites Conditions autorits rcuprateurs

    - la main doeuvre quali- fie disponible = pas besoin de former du nouveau personnel

    - ils rpondent ainsi au besoin demploi dune population pauvre

    - travail lgal, plus besoin de jouer au chat et la souris

    - un revenu fixe = stabilit

    - travail dans de meil- leures conditions sani- taires

    - protection sociale

    - Tous les acteurs in- formels ne peuvent tre recencs, ni engags

    - le maillon allant de lhabitant au grossiste nexiste plus -> normement de per- sonnes se retrouvent sans travail -> il faut le remplacer, ce qui a un cot

    - accord des acteurs ill- gaux de sengager of- ficiellement

    - accepter le fait que cette solution nest quune rsolution partielle des problmes

    Avantages pour la Avantages pour les Avantages pour les Limites et Conditions municipali rcuprateurs informels habitants

    - collecte semi-officielle des recyclables cot moindre (uniquement le cot de diminution de taxes travers les bons)

    - diminution des tensions entre acteurs officiels et non car plus de fouille dans les bacs ordures

    - reconnaissance du travail par les autorits et les habitants

    - amlioration des con- ditions de travail = travail plus dcent

    - zone de travail assure

    - pas dengagement trav- ers un contrat limitatif

    - ville plus propre

    - recompense de leur travail de tri slectif la source (intressant sur- tout pour faire participer la population pauvre)

    - les autorits se trouvent dans une position dli- cate car collaboration non-lgale

    - recencement ncessaire des rcuprateurs

    - implication des habitants indispensable

  • Localisation : Pune, IndeSituation initiale : Une collecte officielle des ordures existait en parallle avec les rcuprateurs illgaux tant que les dchets taient jets dans les bacs ordures. Les deux survivaient dans ces conditions tant bien que mal... En 2000 la mise en place du tri la source amenait remplacer la collecte bac bac par une collecte porte porte. Plusieurs passage de camions taient donc ncessaires, chaque tourne en ville devenait plus longue et donc le service plus coteux.

    Action : Les autorits locales ont dcid de dlguer compltement la seconde tourne au secteur informel. Ainsi ils ne devraient pas prendre en charge les frais de ce deuxime passage car les acteurs non-officiels seraient automa-tiquement rmunrs de part les recyclables rcolts au prs des mnages, car ceux-ci deviendraient les leurs. Ces der-niers gagneraient leur pain en revendant la matire valorisable aux grossistes comme ils lont toujours fait et seraient pays par les habitants. Ici on ne change donc pas la structure de la filire informelle de rcupration, lautorit se limite offrir un moyen aux rcuprateurs de garder accs leur matire premire. Cest un arrangement quon peut appeler win-win car les uns gardent accs ce qui est la base de leur travail et les autres instaurent le tri slectif sans augmenter le cot du service. (Chikarmane, 2012 ; Dr. Sanjay K Gupta, 2012 ; Anagal et al., 2009)

    Le dernier sous-groupe dinitiatives travaillant directement au niveau des acteurs informels comprend deux cas dtude o il stablit une relle collaboration entre le secteur formel et linformel. Contrairement tous les autres exemples qui prcdent, ici la filire officielle de rcolte de dchets travaille avec les rcuprateurs non-officiels. Il ny a donc pas simplement une bonne entente entre ces deux groupes, ni un travail parallle articul mais une relle dpendance des uns vis vis des autres et inversement.

    Localisation : Autre cas du Grand Caire, gypte.Situation initiale : Comme dit aupartavant, dans le cas du Caire, on assiste la privatisation de la gestion des ordures depuis 2003. Avant cette date, les zaballins taient les seuls dtenteurs du march dordures sans que ce fait soit tabli de manire officielle. Les habitants avaient pour habitude de rmunrer ces rcuprateurs non-officiels afin quils vacuent leurs ordures. Ces derniers triaient et revendaient toute matire valorisable. Depuis la privatisation de la collecte et lengagement de plusieurs entreprises prives pour ce faire, par la municipalit, des tensions font rage. Souvent le secteur priv rompt le contrat car les entreprises trangres ont du mal se faire au nouveau terrain et les actions de sabotage des zaballins finissent par les dcourager. Les habitants, quant eux, manifestent contre la double-taxe qui leur est impose. Dune part, ils sont dj engags avec les zaballins et dautre part, ils doivent payer lentreprise officielle dont le service nest pas toujours fiable.

    Avantages pour la Avantages pour les Limites Conditions municipalit rcuprateurs informels

    - diminution du cot de la collecte

    - pas dinvestissements de la part des autorits

    - pas de formation du nouveau personnel

    - ils gardent laccs la matire premire

    - rcolte de la taxe au prs des habitants mmes

    - leur statut est reconnu officiellement

    - amlioration des condi- tions de travail en gardant lautonomie

    - uniquement la couche infrieure des rcupra- teurs tire profit de cette articulation -> donc une acticulation partielle uniquement

    - les rcuprateurs doivent sorganiser en coopratives

    - la municipalot doit prendre en charge la taxe redevable par la popula- tion pauvre

    - implication des habitants dans le tri slectif

  • Action : collaboration du priv avec linformel Une seule entreprise prive (Italienne) a dcid de dlguer une partie de son territoire de collecte aux rcuprateurs travaillant sur le terrain avant leur arrive. Les zaballins soccupent aujourdhui des 70% du secteur dont lentreprise est responsable. Ces derniers ont une meilleure exprience du terrain et le priv a dcid de miser sur ce facteur pour collaborer ensemble et faire du profit mutuel. Le deal consiste se partager le territoire en fonction des besoins de chacun. Ainsi les chiffonniers couvrent tous les quartiers planifis(et donc plus riches) car leurs dchets comportent un grand taux de recyclables et lentreprise soccupe doprer dans les quartiers pauvres car leurs dchets ont peu de valeur pour les rcuprateurs. Lentreprise dlgue ainsi une partie de son travail ceux qui en ont besoin et occupe uniquement des zones inintressantes pour les glaneurs. (Debout, 2012)

    Localisation : Belo Horizonte, Brezil.Situation initiale : Depuis 1990 certaines lois encouragent lintgration de rcuprateurs informels dans le secteur de la gestion des dchets. Les politiques publiques dintgration de ces derniers sont nes suite la cration de coopra-tives de glaneurs soutenus par des ONGs. En 1993 une cartographie des diffrents acteurs non-officiels ainsi quune vaste analyse du terrain permettent de dnombrer les personnes engages dans la rcupration illgale.

    Action : encouragement de lemploi informel Cette dernire consiste en la cration de coopratives ou associations de rcuprateurs ayant pour but de signer un accord dexploitation de terrain avec la municipalit. Le crneau de rcolte des recyclables leur devient ainsi rsrve. Les autorits publiques doivent se charger du financement dun local de tri et traitement pour la cooprative ainsi que de la mise en place de bacs et bennes publiques pour les recyclables. Une campagne de sensibilisation des habitants est galement leur charge. Le reste du travail est effectu par le secteur non-formel. La collaboration avec lentreprise officielle, qui soccupe dvacuer le reste des dchets, consiste en lentraide. Lentreprise travaille avec les rcupra-teurs lorsque les volumes des recyclables sont trop importants et ncessitent une vacuation par transports lourds. Les revenus des rcuprateurs proviennent de la vente des recyclables rcolts aux usines de recyclage. (Dias 2011, Takaki 2009)

    Avantages pour Avantages pour les Avantages pour Limites et Conditions lentreprise de collecte rcuprateurs informels les habitants

    - plus de sabotage de leurs infrastructures mises en place

    - diminutions consquen- te des frais car les zabal- lins sont auto-pays de part leur rcolte

    - seule entreprise en- registrer des bnfices au Caire

    - meilleures performances de collecte de toute la ville

    - concervent leur travail

    - concervent la taxe verse par les haitants des quartiers aiss

    - travaillent plus dans la lgalit

    - leur manire de travail- ler reste indpendante de lentreprise

    - le service de collecte est de meilleure qualit

    - solidarit financire entre les populations revenus diffrents car les quartiers aiss payent une double taxe ( 1 offi- cielle + 1 pour les zaballins) MAIS les quartiers dfavoriss ne payent que la taxe officielle

    - ce modle ne foctionne que dans un contexte semblable

    - implication et souplesse ncessaires de la part des deux secteurs en place

    - le regroupement des rcuprateurs

    - les habitants doivent accepter la solidarit financire

  • Finalement cette analyse de cas concrets permet de mettre en vidence le fait que larticulation recherche entre les deux secteurs peut prendre des dimensions et des allures trs diffrentes. En fonction du contexte et de limplication des diffrents acteurs en jeu, cet assemblage entre rseaux de collecte existants porte plus ou moins ses fruits. Main-tenant que nous avons pu retracer ces quelques applications de la notion darticulation il semble clair quil ny a pas une bonne solution par ville mais que certaines ont t labores suite des conditions plus favorables. Cette vision globale des diffrents cas pratiques donne croire que les limites de certaines expriences pourraient tre dpasses par leur accouplement avec dautres. Nous reviendrons vers cette analyse une fois ltude du cas pratique termine. Il sagira alors de confronter les diffrentes conditions dlaboration des projets exposs la ralit du terrain tudi et ouvrir, ainsi, des pistes darticulation quil est possible de mettre en place Bni-Mellal.

    Les acteurs impliqus dans larticulation

    Au de l des donnes lies directement la faisabilit des projets darticulation proposs, cette tude met en vidence 4 acteurs directement impliqus dans ces expriences. De manire gnrale, tout porte croire que dans un projet global, qui imaginerait impliquer le secteur informel dans son entiret, ces 4 acteurs auraient un rle jouer un mo-ment donn. Voici chaque type dacteur et son influence dans un projet darticulation .

    Les habitants

    Bien quils ne soient pas cits dans chaque cas dtude, ils sont en ralit les acteurs principaux . En effet, cest eux qui produisent les dchets et qui sen dbarrassent. Si on parle de tri la source, ils sont les premires personnes consulter car sans leur implication le projet naurait aucun sens. Dans de nombreux cas exposs, ce qui a permis aux rcuprateurs damliorer leurs conditions de travail est notamment le fait que la population a commenc trier leurs dchets. Le rcuprateur vite dans ce cas de fouiller les poubelles car les matires valorisables sont dj mises part par les habitants. Son statu change, la manire dont il est peru par la population et son tat desprit galement.

    Avantages pour Avantages pour les Limites Conditions la municipalit rcuprateurs informels

    - plus de conflits avec les coopratives des rcup- rateurs

    - instauration du recyclage moindre cot

    - travail semi-lgalis et reconnu par les autorits et les habitants

    - la municipalit fournit le local et les investisse- ments de base

    - facilitation du travail par la mise en place des bacs de recyclables

    - la filire officielle aide de manire ponctuelle en cas de ncessit

    - le travail des rcupra- teurs devient plus com- plexe : heures fixes, tches diffrentes ...

    - glaneurs non organiss en cooprative ne font pas partie du systme

    - implication des habitants dans le tri slectif pour que les glaneurs aient accs la matire premire

    - investissement premier de la part des autorits

    - organisation des rcup- rateurs informels indis- pensable

  • En analysant les exemples darticulation on se rend compte que tous les habitants nont pas la mme approche face au tri slectif la source. Le niveau de vie des diffrents groupes modifie leur rapport au projet. Ainsi, si des personnes de classes aises ont tendance comprendre plus rapidement limpacte de cette action sur lenvironnement et acceptent aisment de trier leurs dchets, les personnes de classe dfavorise estiment parfois que cest une charge supplmen-taire pour eux. Ces derniers travaillent dj dur pour gagner leur pain et ne voient pas directement lintrt du tri, qui est un poids supplmentaire au quotidien.

    Dautre part, lexemple du grand Caire, pointe galement le fait que la composition des ordures change en fonction du niveau de vie des quartiers. La population plus aise consomme gnralement plus et lEuropenne , ce qui fait quune grande part de leurs dchets sont recyclables et intressent directement tous les rcuprateurs. La popula-tion plus dfavorise rejette principalement des dchets organiques qui intressent peu la plupart des rcuprateurs mais pourraient tre rutiliss comme aliment pour le btail ou transforms en composte. En tant quarchitecte nous comprenons clairement que les diverses populations se concentrent dans diffrentes zones de la ville et de ce fait leur rpartition influencera directement tout projet darticulation.

    Il faudra donc tenir compte non seulement de limplication des diffrents groupes composant la population mais gale-ment de leur rpartition spatiale et de la composition de leurs dchets.

    Les autorits locales

    Elles sont responsables de la gestion des ordures dans chaque ville, mme si la plupart dlguent cette tche des socits prives. Les cas exposs illustrent trs bien le fait que la motivation des municipalits, leur vision du secteur informel et de la contribution de celui-ci, modifient totalement les rsultats. Si les autorits ont pour but dradiquer le travail illgal car elles le jugent inappropri et inutile pour la ville, elle auront tendance tre rticentes tout travail cherchant rellement impliquer le secteur informel dans la filire dchets. Si elles comprennent et reconnaissent le travail et limpacte positif des glaneurs sur lenvironnement et lconomie, elles seront plus disposes travailler avec eux.

    Ce point reste souvent dterminant car, en ralit, si les responsables locaux ne comprennent pas limpacte des rcu-prateurs au niveau la gestion des dchets ils ne chercheront mme pas comprendre lorganisation de celui-ci. Sans tre persuads de limportance des acteurs illgaux, la municipalit tendra nier leur existence ou leur impacte de manire gnrale.

    Les entreprises privs de collecte

    La plupart du temps celles-ci ne sont que des employs. Elles oeuvrent pour remplir leur contrat et leur but est darriver remplir le travail pour lequel elles ont t engages. Dans certains cas, la ralit du terrain est tellement loin de la description du cahier des charges quil leur est simplement impossible de travailler correctement. Souvent les glaneurs informels sont gns par la prsence des entreprises de collecte et adaptent leurs conditions de travail la nouvelle situation. Ainsi ils renversent les bacs ordures pour mieux fouiller dans les dchets, ils court-circuitent le passage des camions poubelles, ils font le tour des bacs ordures juste avant larrive des camions...

    Cette situation conduit des tensions car dune part la socit prive est officiellement engage pour faire ce travail et dautre part les rcuprateurs informels taient dj sur le terrain avant son arrive. Si certains acteurs privs choisis-sent de collaborer avec linformel cest loin dtre une gnralit.

    Face cette situation une solution semble radicalement efficace. Si dans le contrat de base, la municipalit engageant lentreprise stipule la manire dont se rpartira le travail entre le formel et linformel les rles de chacun seront claire-ment dfinis. Certes un tel contrat ncessite une tude de terrain approfondie, un recensement des acteurs informels et lanalyse de leur organisation mais il permettrait une gestion de dchets rellement efficace, comme le prouve le cas de Belo Horizonte.

  • Les rcuprateurs informels

    Sans ces personnes la question de ce travail ne se poserait pas. Souvent vulnrables de part le fait que leur travail nest ni lgal, ni reconnu, ils contribuent pourtant la sauvegarde de lenvironnement sans sen rendre compte. Au dbut de ce travail nous avons parl des quantits impressionnantes de dchets que ce secteur permet de recycler sans mme que les autorits ninstaurent le recyclage dans leurs villes. Si le travail ilgal de ces glaneurs reprsente en soi un potentiel norme, il faut imaginer quel impacte impressionnant il pourrait avoir sil t encourag. Si la municipalit investissait un minimum dans ce secteur et si laccs la matire valorisable leur devenait plus ais, il est certain que les rcuprateurs deviendraient les leaders du recyclage dans les pays en dveloppement.

    Pourtant avant den arriver leur intgration dans la filire dchet un norme travail de terrain doit tre accompli. Il ne suffit pas de comprendre la structure de ce secteur, il faut galement rpertorier tous les types dacteurs qui le composent et leur interaction. Il est galement ncessaire de les positionner sur le territoire et apprendre leur manire de fonctionner, comment les dchets rcuprs arrivent jusquaux usines de recyclage, de quelle manire se fait la rcolte...Bien que les nombreux exemples darticulation montrent quel point ce type dacteur est constamment prsent dans toute question de gestion des ordures il est rarement mis en vidence le fait quil soit difficile apprhender. De part sa dnomination, informel, on comprend que sil est illgal alors il est peu connu. Avant de chercher larticuler avec le secteur formel il est donc indispensable den faire une tude.

    Pour cette raison, ce travail dveloppe ltude pointue dun cas prcis. En choisissant de se focaliser sur une ville, celle de Bni-Mellal, lenjeu est de parvenir non seulement tudier la ville et son organisation mais surtout dcrypter le secteur informel en place pour tenter de mettre en vidence les conditions de son articulation avec le formel.

  • Etude de la ville de Bni-Mellal et son rseau de rcupration informel

  • LEconomie

    Lagriculture est la principale activit de la rgion de Tadla-Azilal dans laquelle se trouve la ville de Bni-Mellal. Aux pieds du Mont Tasselemit cette rgion est aisement irriguable grce de nombreux cours deau qui d-cendent de la montagne. Ceci explique le fait que la superficie agricole utile stend sur 583.684 ha, soit 34% de la superficie globale de la rgion. La superficie irrigue occupe 31% de cette zone. Une grande partie des terres agricoles, 69% est occupe par la culture du bl dur et tendre, ainsi que la culture du mas. Cette pro-duction de crales praticipe raison de 15% dans la production nationale. Les cultures industrielles, notam-ment la betterave et le coton, qui noccupent que 3% de la superficie agricole utile contribuent avec 35% la production nationale. Les plantations fruitires, les productions agrumicoles et olicoles reprsentent respec-tivement 20% et 19% de la production nationale. (Portail de Bni-Mellal, 2013)

    Lautre principale source de revenu de la ville est llevage. Le cheptel de la ville compte plus dun million danimaux, il comprend plus de 130 000 ttes de bovins, 790 000 dovins et 160 000 de caprins. Les animaux se font patre partout dans la ville, quand il y a de lherbe il y a un berger. La production laitire de la rgion contribue, elle aussi, 17% de la production nationale.

    Finalement, le tourisme occupe la troisime place au niveau des ressources conomiques de la ville. Vu la position gographique de Bni-Mellal dans le pays, elle sert principalement de point descale aux voyageurs montant de Marrakech Fs. Evidement les monts et sources naturelles deau attirent beaucoup de touristes galement.Et la construction dun aroport intrenational va certainement modifier le statut de cette ville aussi bien au niveau du pays que sur la scne internationale.

  • Tous les exemples tudis dans le chapitre prcdent de ce travail montrent de manire vidente que larticulation entre le rseau formel et linformel est fortement tributaire du contexte dans lequel elle est ralise. Sa manire de se manifester est diffrente dans tous les cas exposs et ce d, en grande partie, au rle et aux attentes de chacun des acteurs ainsi que des limites de leur volont de jouer le jeu . Pour cette raison, ltude de Bni-Mellal comportera une analyse des points de vue et de la position de chacun des acteurs cits dans le chapitre prcdent.

    Si la manire dont peut sorganiser cette imbrication entre deux secteurs est clairement dpendante de tous les acteurs en jeu, elle est galement tributaire de lorganisation spatiale de chaque ville. Les exemples analyss ont directement mis en vidence le fait que la matire rcupre dpend de la population qui la produit et donc de la manire dont lensemble des habitants se rpartit sur le territoire. La structure des quartiers, les infrastructures existantes, comme la chausse carrossable ou non, influencent galement la manire dont se fait la collecte, quelle soit formelle ou non. Larticulation du secteur formel et informel est donc directement influence par la structure urbaine et sociale des dif-frents cas tudis. Il sen suit que la rpartition des territoires grs par lun ou par lautre en dcoule galement. La place du territoire est donc centrale dans cette question, bien quau dpart elle peut paratre secondaire. Ltude de la structure spatiale fera donc naturellement partie de la recherche.

    Ce chapitre du travail abordera tout dabord la question du choix de la ville tudie pour ensuite prsenter une vue complte du terrain tudi avant dapprofondir la question des acteurs informels et dinvestiguer en profondeur sur le rseau informel. La structure spatiale et sociale de la ville seront les premiers points tre abords. Ils permettront de mieux comprendre la structure du terrain sur lequel se superpose le rseau informel ainsi que dtudier la rpartition de diffrentes classes de la population sur celui-ci. Nous aborderons galement la question des habitants en tant quun des acteurs clefs de larticulation. A travers des projets pilotes raliss sur place nous tenterons dtablir la position des diffrentes classes sociales vis vis du recyclage, du tri et de la collecte.En second lieu nous tablirons ltat des lieux actuel de la gestion officielle des ordures. La question de la composition des dchets mnagers ainsi que son volution seront galement prsentes.Finalement ce chapitre traitera du rseau de rcuprateurs informels. Loin dtre le dernier point aborder, il sera le plus consquent. En effet actuellement aucune tude de ce secteur illgal nest mise en place. Les seules donnes disponibles tant celles du projet Gedum, cette partie du travail se base principalement sur une tude de terrain per-sonnelle.

    Pourquoi ltude de cette ville ?

    Dune part, ce choix a t amen par ltude du sujet travers le cadre du projet Gedum. Bni-Mellal faisait partie de ce cadre et le projet en question a permis de raliser une premire approche du terrain.

    Dautre part, le contexte particulier dans lequel se trouve Bni-Mellal en fait un cas dtude prometteur. Le fait que ce-tte ville ait t choisie par un projet de lUnion Europenne en a fait un terrain dtudes depuis 3 ans. La collaboration entre lUniversit et la Municipalit ont permis damener la question du recyclage et celle des rcuprateurs informels jusquaux politiques locaux. Avec les annes de travail et le dveloppement de projets locaux, les responsables de cette commune ont chang leur point de vue sur le secteur informel et y voient aujourdhui un acteur part entire, rentable et suffisamment important pour tre pris en compte.

    La fin imminente (septembre 2013) du contrat, engag depuis 7 ans, avec la premire entreprise prive de gestion de dchets de la rgion, permet de modifier le cahier de charges initial avant de relancer un nouveau march. Avec les nouvelles lois sur la gestion des dchets solides urbains et de nombreux financements pour des projets lis au recy-clage, la ville se voit encourage intgrer la cette filire dans le cahier de charges venir. [Demande de financement pour une unit de tri et traitement des recyclables Bni-Mellal, 2012, annexe 2]

    Ces deux particularits du contexte tudi en font un terrain de prdilection pour initier un projet darticulation entre le rseau formel et informel de collecte de dchets. Lintgration du second tant favorise par le climat politique ac-tuel et les financements tant disponibles pour permettre une restructuration de la gestion de la filire dchets en y intgrant la filire recyclage.

  • Le nouveau Souk

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    Lancien Souk au centre-ville

    La dcharge sauvage de Bni-Mellal

  • Structure spatiale et sociale

    Structure globale de la ville

    Bni-Mellal est une ville du Maroc tablie entre le Moyen Atlas et la plaine de Tadla, au centre du pays. Situe sur laxe routier des villes impriales Fs et Marrakech. Elle se dveloppe au pied du mont Tassemit 620 mtres daltitude. Le climat y est continental bien quen t les vents brlants du sud-est sabattent sur la ville et font grimper la temprature jusqu 47c. (Portail de Bni-Mellal,2013)

    La ville compte 200 000 habitants et comme le reste du pays elle a connu une forte augmentation de sa population urbaine au cours du 20me sicle. La croissance dmographique au Maroc a multipli sa population par six depuis 1912. En 2005 la proportion des citadins atteignait jusqu 55% dans lensemble du pays. (Senoussi, 2011) Il en va sans dire que lexplosion dmographique sest accompagne de lexpansion de la ville. Ainsi Bni-Mellal couvre aujourdhui 73 km, alors quen 1992 elle nen faisait que 18km. Compose dsormais de 8 arrondissements et dinnombrables quartiers dont les limites ne sont pas clairement dfinies, cette ville peut globalement tre divise en trois parties : la mdina ou lancienne ville clairement dlimite par sa muraille, le centre ville structur par deux grands axes routiers, le boulevard du 20 aot au Nord et le boulevard Mohamed V au Sud, et finalement les quartiers issus de lexpansion urbaine situs au de l des deux axes principaux. Lexpansion urbaine sest faite lhorizontale et la plupart des immeubles comptent 2 tages. Malheureusement cet agrandissement de la ville sest fait au dpens dun manque flagrant dquipements de base. (Dhuy et al., 2013) Ce ft notamment le cas pour la gestion des dchets mnagers car au de l de laccroissement des quantits traiter, il a fallu couvrir un secteur beaucoup plus large sans quil y ait de voies amnages ou de plans de certains quartiers clandestins. Lun dans lautre lexplosion dmographique suivie de lexpansion urbaine a conduit des problmes de gestion du territoire dans son ensemble.

    Aujourdhui Bni-Mellal est une ville dont la topographie diffre fortement dun bout lautre. Etant construite aux pieds du Mont, elle sest tendue en hauteur au Sud-Est dune part et sest galement tale dans la pleine au Nord-Ouest dautre part. La population plus aise a construit en hauteur, prs du parc zoologique class, une zone trs verdure, et la plaine est principalement occupe par des constructions dune classe plus pauvre. La wilaya, autorit rgionale dsigne par le Roi, surplombe la ville. Quant la municipalit, elle se trouve en milieu urbain. Le centre ville comporte un vaste territoire non construit, anciennement occup par le souk. Malgr que celui-ci ait t dplac en dehors de la ville, ce territoire accueille des marchands clandestins au quotidien. Cette occupation reste tolre en attendant larrive des constructions dimmeubles de logements projets.

    La dcharge sauvage vers laquelle sont vacus lensemble des dchets urbains se situe seulement trois kilomtres de Bni-Mellal. Une route nationale relie celle-ci la ville, ce qui facilite le travail de lentreprise prive. Bien que la gestion de collecte et dvacuation de dchets soient officiellement organises ce nest nullement le cas de la dcharge. La municipalit est responsable de celle-ci au niveau lgal mais en ralit ce dpotoir nest pas ordonnanc. Un ter-rain vague, non dlimit sert de lieu de dcharge pour les camions poubelles, ceux-ci tentent dinstaurer un semblant damnagement afin de pouvoir continuer exploiter le terrain. La plupart du temps des camions sont coincs dans les tas dordures, nayant aucune chausse carrosse lintrieur du dpotoir, la situation devient invivable lors des jours de forte pluie. Une fois quune partie du territoire est sature par la quantit des dbris, elle est recouverte dune couche de terre sans aucun traitement en amont ou en aval de lopration. Il en va sans dire quel point la situation est grave. Au de l du fait que ce dpotoir est nullement protg et que les lixiviats sinfiltrent dans le sol et le polluer-ont pendant des dcennies, cette dcharge est situe dans une rgion de nappes phratiques peu profondes. En effet, la rgion tant montagneuse et les ordures tant rejetes aux pieds du Mont, elles polluent directement les rserves deau potable de la ville. La question du rejet dordures concerne donc la population de Bni-Mellal plus que quiconque vu que celle-ci pollue ses propres sources deau potable.

    Sur la carte ci-contre nous pouvons voir les diffrents lieux dintrt cits. Les illustrations, quant elles, permettent davoir un premier aperu du contexte dans lequel se place cette tude.

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  • Subdivision du tissus urbain

    Maintenant que les lignes directrices et les points focaux de la ville ont t placs, nous pouvons approfondir lanalyse du tissus urbain. Les raisons de ltude de la structure urbaine dans le cadre dun projet darticulation ont dj t ex-poss, cette partie du travail se focalisera donc sur la construction dune maquette urbaine.

    Lexpansion de la ville stant faite prcipitamment, les constructions ont souvent t ralises de manire expditive, sans respecter le plan damnagement du sol. Hormis le fait que la plupart des constructions modestes sest faite sans permis de btir, les logements construits avec autorisation officielle ne respectent pas toujours les plans dposs, loin de l. On est donc face un tissus urbain chaotique dont la ralit nest reporte sur aucun plan.

    La premire tape du travail de terrain devait donc passer par une cartographie de la ville. Comment tudier la struc-ture du rseau informel de collecte de dchets et prvoir un systme darticulation dans la filire dchets si on ne con-nat mme pas ce de quoi se compose rellement le territoire ? Cette recherche a t ralise grce la combinaison des informations donnes par lancien plan damnagement (globalement obsolte), la photographie satlite de la ville datant de 2012, des connaissances demploys municipaux sur la structure de leur propre ville et de donnes rcoltes travers un travail de terrain. Les point de la ville faisant lobjet de doutes, de la part de plusieurs ingnieurs de Bni-Mellal, ont t directement tudis sur place. (Rmaili et al., 2013)

    Ainsi, les limites de tous les quartiers composant la ville ont pu tre tablies. Le regroupement des informations de plans locaux a permis de dessiner la subdivision de tout Bni-Mellal. La carte ci-contre illustre la rpartition des dif-frents quartiers nomms. Les limites de ceux-ci sont gnralement dfinies par la voirie ou les cours deau. Cet outil est indispensable pour avoir une lecture claire de la ville. Si on comprend que lagrandissement urbain sest fait par quartiers, les constructions composant chacun dentre eux tant de manire gnrale similaires, nous pouvons ds lors tablir la rpartition des diffrentes typologies de logements existants. Quant aux zones laisses libres, elles sont soit des territoires occups par des infrastructures publiques, soit des quartiers administratifs ne comprenant pas de logements.

    Les quartiers composant lensemble du tissus urbain dlimits, on peut dsormais clairement lire les limites de la zone urbaine, cest dire le terrain sur lequel se basera ltude du rseau informel. Les limites de la ville tant galement le primtre du territoire tudi. Au de l de cette dmarcation se trouvent principalement les zones agricoles peu peuples. Lexception est le Douar Ouled Ayad et Hay Ourbia, au Sud-Ouest, qui sont tous deux des villages importants jouxtant directement les limites de la ville.

    Il a t nonc que chaque quartier est construit selon la mme typologie dhabitations, dans sa globalit. Le tissus urbain de la ville de Bni-Mellal est compos des typologies de logements suivantes (Rmaili et al.,2013) :

    Un seul immeuble Rez +8Une dizaine dimmeubles Rez+5 dont les tages infrieurs sont convertis en commercesQuelques immeubles Rez+4, Rez+380% dhabitations sont des constructions Rez+2 ou Rez+110% de logements sont des Villas

    La catgorie dhabitations la plus rpandue, celles des constructions Rez+2 et Rez+1 peut tre divise en deux sous groupes. La plupart des habitations ayant maximum 2 tages sont considrs comme des habitats conomiques, desti-ns une population pauvre. Mais certaines de ces constructions se retrouvent dans des quartiers o rside une popu-lation dite moyenne, de part son revenu. La principale diffrence entre ces deux sous groupes est que les immeubles situs dans les quartiers dfavoriss peuvent accueillir plusieurs familles, chacune habitant son tage. Alors que les mmes logements tablis dans des zones revenus moyens seront occups par une seule famille.

    - zones agricoles peu peuples - villages

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  • Pour faciliter la lecture nous avons dcid dtudier le territoire selon 3 typologies :

    Les zones Villas sont reprsentes en vert sur la carte suivante. Elles comprennent toutes les habitations 4 fa-ades, mais galement toutes les constructions 2 faades ayant une cour avant et une cour arrire. Dans la ville de Bni-Mellal aucune distinction nest faite entre ces deux types ddifices.

    Les zones dites dimmeubles, celles-ci comprennent tous les immeubles allant de Rez +5 Rez+3 ainsi que les maisons R+2 unifamiliales. Il est important de souligner que de nombreux immeubles ne sont pas regroups par quartiers mais longent souvent des voiries de quartiers appartenant la dernire catgorie des typologies. Enfin certains immeubles de logements se retrouvent au centre de territoires peuples de Villas, ces exceptions sont galement reprsentes afin dtablir la carte la plus complte possible. Cette typologie est reprsente en orange.

    La dernire catgorie est celle des habitats conomiques, comprenant du bti allant de Rez+2 Rez+1. Elle est reprsente par la couleur bleu.

    La carte ci-contre illustre donc la rpartition de ces trois typologies de logements tendue sur la totalit de la maille ur-baine. Comme dans la plupart des quartiers lensemble des constructions suit la mme typologie, nous pouvons parler non plus seulement des zones Villas, Immeubles ou Construction conomiques mais des quartiers Villas, Immeubles ou Habitats conomiques.

    Ainsi il apparat clairement que les quartiers Villas occupent environs 3/10me du territoire dlimit et se trouvent principalement au Sud-Ouest, le long du Boulevard Mohammed V. Ce sont des territoires clairement dessins, o les constructions suivent un plan densemble dfini par quartier. Toutes les voiries y sont carrosses ou vont ltre trs prochainement.

    Les quartiers dImmeubles sont disperss aux quatres coins de la ville. Deux dentre-eux se dessinent clairement au niveau de la jonction des Boulevard Mohammed V et Boulevard du 20 aot. La plupart suivent galement des schmas pr-tablis et sont couverts par des permis durbanisme. Les zones Immeubles se retrouvent galement le long des boulevards principaux ainsi que des voiries largies. Cette position est stratgique car, comme il a dj t nonc, les constructions Rez+5 accueillent gnralement des commerces au rez-de-chausse. Les rues principales, ainsi que les boulevards sont ainsi bords par dinnombrables snacks, cafs ou choppes, les logements tant relgus aux tages.

    Finalement, les quartiers Habitat dit conomique couvrent 6/10 de la surface de Bni-Mellal. Si au centre ville, com-pris entre les deux boulevards principaux, le dessin du tissus urbain reste relativement clair et les rues sont goudron-nes, cest loin dtre le cas des zones situes de part et dautre des deux voies daccs principales. De manire gn-rale ce type de quartiers comprend dinnombrables petites rues inaccessibles pour tout engin de locomotion moyen. La structure du tissus construit est quant elle chaotique et rarement reporte sur des plans clairement tablis. La plupart du temps, si les autorits dsirent connatre ltendue de ce type de quartiers ou leur disposition interne, ils ont recours aux images satellite.

    Rapport entre rpartition spatiale et sociale

    De part la dnomination-mme des 3 typologies de logements prsents Bni-Mellal, on comprend aisment que larchitecture permet,dans ce cas-ci, de faire directement le lien avec le niveau de vie de ses occupants. Le modle de logement traduit donc le niveau socio-conomique des personnes qui lhabitent. De manire gnrale cela parat vident. Mais cette rflexion prend toute son importance quand on se rappelle des quatre acteurs clefs dun projet darticulation. Les habitants en