L´archeologie islamique das l´occident (Bazzana)

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M. Andr Bazzana

Chronique: Archologie mdivale et islamique dans l'occident mediterranenIn: Mlanges de la Casa de Velzquez. Tome 22, 1986. pp. 521-548.

Citer ce document / Cite this document : Bazzana Andr. Chronique: Archologie mdivale et islamique dans l'occident mediterranen. In: Mlanges de la Casa de Velzquez. Tome 22, 1986. pp. 521-548. doi : 10.3406/casa.1986.2479 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/casa_0076-230X_1986_num_22_1_2479

ARCHEOLOGIE MEDIEVALE ET ISLAMIQUE DANS L'OCCIDENT MEDITERRANEEN CHRONIQUE

Par Andr BAZZANA Charg de recherche au C.N.R.S.

Le programme de recherche en archologie mdivale et islamique de la Casa de Velazquez est plac sous la direction de Didier Ozanam, Directeur de la Casa de Velazquez; en 1985 comme les annes prcdentes, les oprations de terrain ont t organises par Andr Bazzana et Patrice Cressier, membres de VU. A. 1000 (Lyon) et de l'U.M. 389914 (Madrid) du Centre National de la Recherche Scientifique K Ce programme concerne l'Espagne mdivale ainsi que la cte nord du Maroc, l'est de Ttouan 2.

1.

Ont particip aux travaux, en 1985, comme responsables de recherches ou collabora teurs : Franois Amigues (cramologue, membre de la Section scientifique de la Casa de Velazquez), Andr Bazzana (archologue, charg de recherche au CNRS), Maryelle Bertrand (archologue, architecte DPLG), Patrice Cressier (archologue et gophysic ien, charg de recherche au CNRS), Micheline De Cardenal (cramologue), MarieChristine Delaigue (archologue et ethnologue, vacataire du CNRS), Rahma Elhraiki et Larbi Erbati (Service de l'Archologie du Maroc, tudiants l'Universit Lyon 2, titulaires du DEA), Pierre Guichard (historien mdiviste, matre-assistant l'Universit Lyon 2), Marie-Pascale Lamblin (professeur de lettres, titulaire du DEA), Guy Lemeunier (historien moderniste, charg de recherche au CNRS), Miguel Rodriguez Llopis, Mercedes Mezquida (directrice du Service archologique municipal de Paterna), Mohammed Meouak (tudiant l'Universit Lyon 2, titulaire du DEA), Jean-Pierre Molnat (historien mdiviste, charg de recherche au CNRS), Yves Montmessin

Mlanges de la Casa de Velazquez, (M.C. V.), 1986, t.XXII, p.521-548.

522 I LES ACTIVITES

ANDRE BAZZANA

PROSPECTIONS ET CARTE ARCHEOLOGIQUE

Des prospections archologiques sont ralises dans diverses zones espagnoles et marocaines; en effet, les objectifs proposs impliquent un dveloppement des recherches sur des rgions diffrentes, semblables ou complmentaires, et donc sur un ensemble de "sites" qu'il appartient, dans un premier temps de recenser. Les sites ou "ancrages archologiques", rpertoris dj depuis quelques annes, font l'objet de fiches descriptives homognises, runies dans un inventaire susceptible d'un traitement informatique. Etabli l'aide des grilles descriptives labores au sein de l'U. A. 1000 du CNRS, un premier inventaire consacr aux sites mdivaux levantins est en cours de mise au point : il regroupe les donnes administratives relatives au site tudi, l'indication des sources crites, arabes et chrtiennes, avec une exgse rapide de leur contenu, la description archologique (par mots-cls et

(cramologue et dessinateur, technicien du CNRS., en poste la Maison de l'Orient Mditerranen, Lyon), Julio Navarro Palazn (archologue municipal de Murcie), Philippe Snac (historien mdiviste, membre de la Section scientifique de la Casa de Velazquez), Abd el-Aziz Touri (adjoint au chef du Service de l'Archologie du Maroc), Bernard Vincent (historien moderniste, matre-assistant l'Universit de Paris VII). Pour le dveloppement de ses programmes scientifiques, l'quipe est en relation avec les organismes suivants : Subdireccin de Arqueologia y Etnologia, Ministerio de Cultura, Madrid, Espagne; Service de l'Archologie, Ministre d'Etat charg des Affaires Culturelles, Rabat, Maroc (Mme Joudia Hassar-Benslimane, M. Abd el-Aziz Touri) ; Conselleria de Cultura de la Comunidad Valenciana Valencia, Espagne (Enrique Llobregat, Bernardo Marti, Jos Gil) ; Universidades de Alicante, Granada, Murcia et Valencia, Universidad Autnoma de Barcelona, Universits de Lyon 2 et Nancy II ; Museo Arqueolgico Nacional, Madrid (D. Juan Zozaya), Museo Nacional de Cermica, Valencia (Da. Maria Paz Soler), Muses archologiques provinciaux d'Alicante (D. Rafael Azuar), Castelln de la Plana (D. Francisco Gusi Jener), Huelva (D. Mariano del Amo) et Jan (D. Juan Gonzalez Navarrete), Muses archologiques municipaux d'Alcoy (D. Federico Rubio et D. Jos Maria Segura Marti), Dnia (D. Josep Antoni Gisbert Santonja), Paterna (Da. Mercedes Mezquida) et Valencia (D. Vicente Lerma) ; Escuela de Arquitectura de Madrid (D. Isidro de Villota) ; Groupement Scientifique "Maison de l'Orient Mditerranen", Lyon (Paul Sanlaville et "Cellule informatique"), Groupement Scientifique "Mondes romain et post-romain", Paris (Pierre Toubert), Unit Associe 1000 du CNRS, "Maison de l'Orient Mditerranen", Lyon (Jean-Marie Pesez et Jean-Michel Poisson).

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commentaires libres) des vestiges conservs, enfin les rfrences bibliographi ques. partir de ce rpertoire, l'atlas des sites servira ensuite de base Dress l'tablissement de cartes archologiques, la dtermination des zones d'enqute permettant de rpondre au mieux aux problmes poss et la mise en vidence des schmas du peuplement mdival. C'est donc dans ce double but que des prospections ont t organises ou poursuivies, en 1985, dans la zone des Jbala-Ghomara, au Maroc, dans les provinces d'Almeria et Grenade d'une part, Alicante et Valence d'autre part, dans la "Marche suprieure" aragonaise, enfin dans les rgions traverses par l'ancienne frontire entre les royaumes de Murcie et de Grenade. Dans les Jbala-Ghomara (Maroc du Nord), il s'agissait de poursuivre, en 1985, la recherche dveloppe depuis 1982 sous la direction du Service de l'Archologie du Maroc reprsent sur le terrain par Abd el-Aziz Touri, et portant sur le peuplement de cette rgion en poque mdivale et moderne. Trois aspects ont t, cette anne, privilgis : la poursuite de l'laboration de la carte archologique et une premire approche, d'une part de l'habitat traditionnel, d'autre part de l'hydraulique ancienne. Dans le but de dresser la carte archologique de la rgion, l'enqute s'est concentre sur la zone couverte par la coupure au 1/100000 d'El Jehba; plusieurs sites ont t dcouverts ou visits dans le secteur ctier : El Jebha, Targhssa et Jenan en-Nich ont surtout fait l'objet de cette premire tude. Les vestiges relevs sont attribuer essentiellement au bas Moyen Age ; il s'agit d'un habitat ouvert et, dans le seul cas de El Jebha, associ une forteresse. L'approche globale de la valle de Targha a t pratiquement acheve par la prospection archologique de la haute valle, une enqute toponymique, et une tude ethno-archologique de l'habitat traditionnel du village de Targha lui-mme. La prospection de la valle de Targhssa a t entreprise : cartographie des vestiges mdivaux, tude du matriel cramique de surface, relevs d'architecture religieuse, enqute sur l'hydraulique ancienne. Des prospections archologiques ont t organises par Patrice Cressier dans la Sierra de los Filabres et la haute valle de l'Almanzora (province d'Almeria), en accord avec la Junta de Andalucia, laquelle avait t soumis, en mars 1985, un programme dont l'objectif tait la reconstitution de la division territoriale de la rgion l'poque mdivale et la reconnaissance des modes de peuplement qui s'y taient dvelopps. Il s'agissait aussi, la suite des recherches menes antrieurement dans l'Alpujarra, de vrifier si les schmas dfinis taient transposables cet autre isolt montagneux qu'est la Sierra de los Filabres : quels amnagements avaient-ils subis dans cette haute valle de l'Almanzora, zone de peuplement antique intense et passage oblig entre Murcie et Grenade. L'enqute a permis d'tudier, sur quelques cas

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privilgis, la distribution et les caractristiques de l'habitat, ainsi que la mise en valeur agricole ancienne. Dans la rgion de Guadix (province de Grenade), Maryelle Bertrand a dvelopp vers les priodes mdivale et antique l'enqute consacre l'habitat troglodytique, effectue principalement jusque l sur des sites d'poque moderne. Une centaine de sites mdivaux et une quarantaine de sites antrieurs au Moyen Age ont t reprs ; certains ont fait l'objet d'une premire tude : croquis de situation, enqute documentaire et orale, levs d'architecture et/ ou couverture photographique. L'norme densit des vestiges conduit dsormais limiter la prospection exhaustive des zoneschantillon : rive gauche du Rio Fardes (de Lopera Guadix el Viejo), rambla de Cauzon, Vega de Bejarin, etc. Une prospection moins intensive a t effectue aussi dans la basse valle du Rio Fardes et dans les valles du Guadiana Menor et de ses affluents : ces zones prsentent en effet des structures du peuplement assez semblables celles de la Hoya de Guadix. Dans le nord de la Province d'Almeria, Bernard Vincent a effectu, pendant l't 1985, la reconnaissance de villages dserts au XVIe sicle, lors de l'expulsion des Morisques : Cabrera, Teresa, Serena et Vera la Vieja. Pour la zone levantine, les prospections de terrain ont t ralenties, en 1985, au profit des travaux de mise en place du fichier informatis des sites ; celui-ci a t cr et install par Andr Bazzana, sur l'ordinateur de la Maison de l'Orient Mditerranen, Lyon (sous logiciel TEXTO) ; il devrait tre utilisable par l'ensemble des chercheurs intresss dans le courant de l'anne 1986. Limit, dans un premier temps, aux sites des provinces de Castelln de la Plana, Valence et Alicante, il doit tre tendu ultrieurement d'autres rgions d'al-Andalus. Quelques sites valenciens ont cependant t visits, en 1985, par Andr Bazzana et Pierre Guichard, soit dans le but de complter les cartes archologiques en cours d'tablissement, soit afin de prciser certains dtails relevs lors de prospections prcdentes. Il s'agit des sites de Roca Gris, Cinctorres, de La Garrocha, Benicarlo, et de Jrica (province de Castelln de la Plana), de Torres Torres, de Serra, de Cullera et du Pla de Benicadell, Beniatjar (province de Valence), enfin des chteaux de Cocentaina et d'Orihuela (province d'Alicante). Dans la "Marche suprieure" d'al-Andalus, la recherche de terrain effectue par Philippe Snac en est ses dbuts. Les trois premiers mois d'tude du peuplement et des formes d'habitat musulmans ont permis de suivre deux directions complmentaires. Un dpouillement des sources arabes et latines relatives aux provinces de Huesca et de Saragosse a t

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entrepris ; paralllement, une premire campagne de prospection a t ralise afin de reprer les traces et vestiges dont on supposait la prsence l'examen des sources crites : dans le cadre d'un travail ralis en collaboration avec J.C. Esco Samperiz, professeur au Collge Universitaire de Huesca (Universit de Saragosse), et intitul "Le peuplement musulman dans le haut Aragon : localisation et analyse", une attention particulire a t apporte l'tude de la madlna de Huesca ( Waska ou Wasqa) o les fouilles doivent tre entreprises ds 1986. ; II semble bien, ds maintenant, d'une part que la Marche suprieure, loin d'tre un espace exclusivement domin par des proccupations militaires, soit aussi, plus qu'on ne l'a cru jusqu'alors, un vritable noyau de peuplement musulman d'al-Andalus, d'autre part que l'abondance des fortifications musulmanes puisse, travers une tude dtaille des appareils, permettre de prciser la chronologie de la "Reconquista" de cette zone. Une premire prospection a t organise, en septembre 1985, sur la frontire entre le royaume de Murcie et celui de Grenade, avec la participation de Franois Amigues, Andr Bazzana, Patrice Cressier, Pierre Guichard, Guy Lemeunier, Julio Navarro, Miguel Rodriguez Llpis et Bernard Vincent. Cette enqute, qui fait suite des travaux de prospection arienne effectus en 1984 et 1985, ainsi qu'aux prospections au sol dj ralises titre exploratoire dans la valle de l'Almanzora, dans les Sierras de Don Fadrique et de la Sagra, ou encore dans la partie nord de la Sierra de Segura, s'attache appliquer une mthodologie diversifie d'archologie spatiale (ou extensive), permettant tout la fois de comprendre la mise en place et le fonctionnement de cette zone frontire, entre le XIIIe et le XVe s., et d'tudier certains sites dplacs ou totalement abandonns. Les sites de Celda, Vlez Rubio, Teresa et Tbar ont t rapidement visits et mritent une tude plus approfondie. Le site de Celda/ Yayttila (Caravaca, province de Murcie) est particulirement intressant par la structure bipartite qu'il prsente et qui semble correspondre deux phases d'occupation distinctes ; le site du hisn musulman de Vlez (Vlez Rubio, province d'Almeria), d'une trs grande tendue spatiale, prsente pour sa part un ensemble d'enceintes remarquablement conserves malgr des destruc tions rcentes ; Teresa, un site complexe rassemble les vestiges d'un ancien chteau musulman et d'un village morisque, dont l'glise est encore parfaitement conserve. Ces trois sites sont tudier dans le cadre des problmes de gographie historique qui se posent, tant dans cette rgion qu'au Levant, l'poque musulmane et au moment de la conqute chr tienne: origine des habitats de hauteur, nature et fonctions du hisn musulman, chronologie des dplacements d'habitats vers la plaine. Le plan de

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travail labor pour 1986 prvoit une enqute plus dtaille sur certains sites et le dbut de ralisation d'une carte archologique de la frontire des XIIIeXVe s.

L'HABITAT MEDIEVAL: LA MAISON, LE VILLAGE, LA VILLE Sur ce thme, qui concerne principalement, dans notre problmatique actuelle, les habitats fortifis, fouilles et sondages doivent, terme, fournir matire une synthse historique et archologique sur les caractristiques de l'habitat musulman mdival et sur ses prolongements en poque moderne (habitat morisque) voire en poque contemporaine, avec l'tude des perma nences que prsentent des habitats "traditionnels", tant dans les sones conservatoires de la Pninsule ibrique que dans le nord du Maroc. A Laujar de Andarax (province d'Almeria), Patrice Cressier a co-dirig 3 la fouille d'urgence de la forteresse. Devant les menaces d'extension d'un lotissement rcent, il s'agissait de dmontrer que l'enceinte mdivale de ce qui fut l'un des husun les plus importants de la valle de l'Andarax, conservait des vestiges utiles une tude du site, et dignes d'tre prservs. Les sondages ont mis en vidence, l'intrieur de l'enceinte, deux zones spares par un fort mur de fabiya transversal: l'une faible densit d'occupation sans doute refuge temporaire , l'autre fonction rsidentielle, ou les fondations de constructions s'ordonnant selon des directions orthogonales ont t mises au jour. Le site ne fournit pas de stratigraphie significative et, dans l'ensemble, la cramique recueillie recouvre une priode allant du XIe au XVe s. Deux membres de l'quipe d'archologie mdivale et islamique, Maryelle Bertrand et Patrice Cressier, sont intgrs un projet dirig par Antonio Malpica Cuello4 et intitul: "Anlisis de las secuencias del poblamiento medieval en la Costa granadina". En septembre 1985, a t organise une campagne de fouille sur un habitat fortifi mdival remontant au XIIIe s. et sans doute dpeupl au XIVe s.: el Castillejo de GuajarFaragiiit. L'intrt du matriel mis au jour, comme des structures dgages, fait du Castillejo l'un des sites fondamentaux pour la comprhension de la vie rurale mdivale en Andalousie orientale. En liaison avec l'tude de l'habitat,

Co-direction d'Angela Surez, archologue provinciale (Delegacin Provincial de la Consejeria de Cultura de la Junta de Andalucia). Les co-directeurs du projet sont Miquel Barcel (professeur la Universidad Autnoma de Barcelona), Patrice Cressier (charg de recherche au CNRS), et Guillermo RossellBordoy (directeur du Muse archologique de Palma de Majorque).

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cette recherche tend aussi restituer l'amnagement ancien des terroirs. Dans le cadre de l'tude de l'habitat en grotte d'Andalousie orientale, des sondages ponctuels taient prvus dans le but de dater diverses structures troglodytiques anciennes. Le premier de ces sondages a t effectu en octobre et novembre 1985, par Maryelle Bertrand5, dans un des grands silos de la Cueva Micala, Cortes et Graena (province de Grenade). Aprs dgagement de cinq strates d'abandon trs diffrenciables mais ne comportant malheureusement pas de matriel trs significatif, sont apparus successivement les restes du couvercle de bois qui obturait le puits de descente, les fragments d'une poterie mdivale (XIe-XIIIe s. ?) et le squelette d'un homme adulte, accompagn de ceux de deux chiens ; allong au fond du silo, le corps ne prsentait pas de traces de fracture ; on pourrait penser l'emploi de ce silo comme cachot. La mme grotte comporte un second silo, qui devrait tre fouill en 1986. Le chteau et le village dsert de Ux Vall d'Ux (province de Castelln de la Plana) ont donn lieu une premire campagne archologique qui a t consacre l'tude topographique des vestiges, des ramassages systmatiques de cramiques de surface, selon un carroyage orthogonal, et la fouille, d'une part d'un quartier d'habitations proche de la muraille basse (XIIe-XVe s.), d'autre part d'une partie de la table rocheuse du sommet, o ont t dcouverts les vestiges d'une grande construction de plan rectangulaire, compltement arase, et qui pourrait correspondre l'ancien castrum (Xe-XIe s.) antrieur au chteau musulman conserv jusqu' aujourd'hui (XIIe-XIIIe s.). Un jalon chronologique semble ainsi trouv entre les sites-refuges du haut Moyen Age et les installations, dj en partie connues, des "sicles classiques" de l'poque musulmane. Les travaux, qui ont fourni un abondant matriel cramique, en cours d'tude au Museo de Ceramica de Valence 6, devront tre poursuivis. Les travaux prvus sur le site urbain de Salts, Huelva, en collabo rationavec le Museo Arqueolgico Provincial de Huelva, n'ont pu tre raliss, en raison de divers retards administratifs. Ils demeurent programms pour 1986. Cette enqute sur la "ville", le "village" et la "maison", engage depuis plusieurs annes dj dans la rgion de Valence et qui se dveloppe dsormais

5. 6.

Avec la participation de P. Cressier, A. Malpica Cuello, E. Jimenez Lozano et J. Sanchez Viciana. Maria Paz Soler, Conservatrice du Museo Nacional de Ceramica, accueille les mat riaux de fouille, avant leur transfert ventuel aprs tude aux muses locaux ; nous la remercions pour son aide amicale et les locaux qu'elle met notre disposition.

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dans d'autres secteurs de l'Occident musulman, est mene en collaboration troite avec l'U.A. 1000 du CNRS^que dirige Jean-Marie Pesez. Un sminaire de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales et de l'Universit Lyon 2 est consacr ce thme ; des recherches comparatives sont prvues, qui devraient permettre avec la collaboration de chercheurs italiens et espagnols de dresser un catalogue des modes de construction, au Moyen Age, en Mditerrane occidentale.

ETUDES DE TOPONYMIE ET DE GEOGRAPHIE HISTORIQUE Les prospections dcrites ci-dessus fournissent des lments aux travaux de "gographie historique", qui sont pratiqus par l'ensemble des chercheurs de l'quipe : tous en effet ont recours aux mthodes de l'archologie extensive 7 et, ce titre, utilisent la restitution cartographique historique, la toponymie et les enqutes sur photographies ariennes et photogrammtries. La mise au point de la publication des communications prsentes la Table Ronde sur la toponymie et la gographie historique, qui s'tait tenue la Casa de Velazquez en dcembre 1983, n'a pu aboutir. La publication de listes toponymiques se heurte en effet aux difficults de coordination entre les chercheurs et la ncessit pour qui s'en chargerait d'un trop important investissement en temps. Pierre Guichard, sans renoncer reprendre ultrieurement ce projet de constitution d'inventaires toponymiques rgio naux, souhaite que les contributions des participants la Table Ronde madrilne soient publies sparment 8. La constitution de fichiers toponymiques, en liaison avec les fichiers archologiques en cours de ralisation, a t entreprise par Pierre Guichard, avec la collaboration d'Andr Bazzana. Aprs modification de la structure informatique du fichier "sites" (install sous logiciel TEXTO, la Maison de

L'expos de ces mthodes, ainsi que de nombreux exemples des rsultats obtenus, ont t prsents au Colloque organis Paris par l'Ecole Franaise de Rome, en novembre 1984: "Structures de l'habitat et occupation du sol dans les pays mditerranens: les mthodes et l'apport de l'archologie extensive". Voir par exemple: M. Barcel, "Notes berbers i saharianes entorn del Sharq alAndalus", Sobre Mayurqa, Palma de Majorque, 1984; P. Guichard, "Perspectives de recherches sur la toponymie et la gographie historique d'al-Andalus oriental", Histoire et archologie de l'habitat mdival. Cinq ans de recherche dans le domaine mditerra nen France du Centre-Est, Lyon (Centre Interuniversitaire d'Histoire et d'Archol et la ogie Mdivales), 1986, p. 185-190 ; A. Poveda, "Sobre los distritos, las explotaciones y la toponimia clnica de Ybisa", Sharq al-Andalus, Estudios Arabes, I, 1984, p.109-1 16.

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l'Orient Mditerranen, Lyon), Mohammed Meouak a commenc la saisie de donnes toponymiques extraites des textes arabes et concernant la rgion valencienne. Ce travail a impos pralablement la mise au point d'une table de concordance entre les diffrentes ditions de la Takmila d'Ibn al-Abbr. Il reste prvu, terme, de crer un fichier toponymique plus vaste, regroupant l'ensemble des noms de lieux de l'Espagne musulmane. Mais le traitement d'une documentation certes, assez exceptionnelle se heurte, pour l'instant, divers problmes : dpouillement des textes arabes, des documents d'archives, adoption d'un systme de transcription de l'arabe, dlais de saisie et de correction des fiches. Il doit, d'autre part, tre clair que l'accumulation de donnes n'a d'intrt que si elle est mise en perspective historique; ralise pour elle-mme, elle ne justifie pas l'investissement ncessaire en temps et en moyens.

LE MOBILIER ARCHEOLOGIQUE: LA CERAMIQUE Franois Amigues, rsidant Valence, a pu organiser, en troite collaboration avec Mercedes Mezquida, Directrice du Service archologique municipal de Paterna (Valence), une srie de travaux relatifs la cramique mudjar et morisque valencienne (XIIIe-XVe s.): inventaire et publication d'un catalogue de poteries de Paterna, ouverture de sondages sur le site du Testar del Molino, toujours Paterna, en juillet-aot 1985. Cette fouille a permis la mise au jour de structures d'ateliers cramiques du XVe s., ainsi qu'un trs abondant mobilier, en partie intact, dont l'tude est en cours. Sur la zone de Murcie, o les prospections ont permis, sur le terrain, un fructueux change de vue, divers travaux ont t engags ou projets, en collaboration avec le Service municipal d'archologie de la ville de Murcie: Andr Bazzana et Yves Fonquerne ont prpar la traduction et la publication bilingue de la synthse des recherches de Julio Navarro sur la cramique murcienne dcor "esgrafiado"9; Franois Amigues a d'autre part entrepris, avec Julio Navarro, l'tude de mobiliers cramiques d'poque chrtienne, et prpar la fouille d'un despoblado morisque des XIVe et XVes., qui devrait

9.

J. Navarro Palazn, La cermica esgrafiada andaluside Murcia. La cramique hispanoarabe dcor esgrafi de Murcie, avant-propos et traduction franaise par A. Bazzana, Madrid (Casa de Velzquez, Srie Etudes et Documents, II), 1986 ; ouvrage publi avec le concours de l'Excelentisirao Ayuntamiento de Murcia et du Centre Interuniversitaire d'Histoire et d'Archologie Mdivales (Universit Lyon 2 et Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales).

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tre mene en association avec Jean De Meulemeester et Andr Matthys, du Service Archologique National de Belgique. En collaboration avec l'U.A. 1000 du CNRS, la base informatise "andalus", en place sur les ordinateurs de la Maison de l'Orient Mditer ranen, Lyon, est en cours de rvision et d'amlioration ; elle doit, en 1986, tre complte et son accs facilit, permettant ds lors des comparaisons aises. Il parat ncessaire dsormais de mettre l'accent sur les tudes d'ateliers locaux et rgionaux fonctionnant au Moyen Age sur les rives de la Mditerrane occidentale, tant en Espagne qu'au Maroc. Des recherches sur la composition chimique des ptes et des glaures, des sondages sur des sites d'atelier, une tude plus approfondie des permanences (poterie traditionnelle, poterie locale), doivent permettre de cerner les zones de production et de mettre en vidence les courants d'changes : le problme des contacts entre la rive andalouse et la rive maghrbine est ainsi pos ; de mme, au-del des limites strictes de la prsence musulmane dans le Sarq al-Andalus, se pose aussi celui de la diffusion locale, rgionale, voire internationale des productions des ateliers valenciens de Paterna et Manises. En 1985, les tudes cramologiques de l'quipe ont abouti la publication du catalogue du Muse Provincial de Jan et, en collaboration avec le Muse Municipal de Paterna (Valence), du catalogue de la "Collection Barbera". Enfin, grce l'aide efficace de Maria Paz Soler, conservatrice du Museo Nacional de Cermica (Valence), le matriel provenant de fouilles effectues en 1984 et 1985, a t tudi.

LE PAYSAGEAGRICOLE MEDIEVAL: IRRIGATION ET HYDRAULIQUE Un projet commun d'archologie mdivale a t tabli entre la Casa de Velazquez et l'Universit de Grenade : l'issue du "IQ Encuentro hispanofrancs sobre Sierra Nevada", organis en octobre 1984 par la Casa de Velazquez et l'Universit de Grenade (Departamento de Geografia et de Historia Medieval), il paraissait souhaitable que l'archologie mdivale ft parmi les disciplines devant faire prioritairement l'objet d'une coopration. Un thme a t choisi pour cette recherche commune: "L'hydraulique traditionnelle dans l'ancien Royaume de Grenade". En novembre, Bernard Vincent a rencontr Grenade Jsus Arias, Inmaculada Arias de Saavedra, Juan Luis Castellano et Manuel Barrios, afin de dfinir les objectifs des historiens modernistes. Il a t dcid d'tudier dans un premier temps les

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donnes concernant les systmes d'irrigation qui figurent dans les "Respuestas gnrales" du Catastro de la Ensenada (Archives de la Chancellerie), celles fort nombreuses qui concernent Grenade et sa vega, du XVIe au XIXe s. (Archives de l'Alhambra, Archives municipales de Santa Fe), celles enfin que donnent les Apeos sur les rseaux d'irrigation. Paralllement, les archologues ont, avec Maryelle Bertrand, Marie-Christine Delaigue et Patrice Cressier, entrepris de runir la documentation qui sur le thme de l'hydraulique traditionnelle est particulirement riche pour l'poque mdivale: mentions textuelles, toponymes, cartes grande chelle et photographies ariennes verticales permettant des tudes de rseaux. C'est ainsi que Maryelle Bertrand a, dans le cadre de ce projet, entrepris de runir la documentation relative aux acequias de la Hoy a de Guadix ; la srie va du XVe s. nos jours et, dans le cas de la "Acequia de la Sierra", qui alimentait Graena, Cauzon et la plupart des alquerias de la zone-test tudie, remonte au XIIe s. Sur le terrain, les systmes utiliss sont varis et complexes, tant pour le captage (qanats, tajeas, boqueras, tomas, puits de noria, barrages et minas) que pour la distribution {acequias, souvent doubles d'un rseau souterrain plus ancien et abandonn, siphons, etc.) ou la rgulation des eaux (citernes, balsas, barrages). On voit disparatre, parfois avant la "Reconqute", des systmes d'irrigation lis des habitats isols ; on remarque aussi que la plupart des systmes actuels, mise part la grande "Acequia de la Sierra" qui fut excute d'un seul jet, ont t tablis sur des rseaux plus anciens et juxtaposent divers modes de captage des eaux. Outre l'intrt scientifique vident des problmes qu'il soulve, ce thme de recherche a pour mrite d'imposer l'intervention de chercheurs de diverses disciplines: arabisants, archologues, architectes, gographes, historiens mdivistes et modernistes. Parmi les objectifs fixs, figurent principalement l'tablissement d'un atlas des structures hydrauliques, d'un fichier du vocabulaire de l'eau, et d'une typologie des micro-rgions hydrauliques. Plusieurs chercheurs de l'quipe d'archologie mdivale et islamique de la Casa de Velazquez ont particip la prparation d'un numro de la revue Photo-Interprtation consacr aux structures agraires mdivales, appro ches l'aide des couvertures photographiques ariennes verticales 10. Le rsultat, en cours de publication, est la fois mthodologique et scientifique. Dans cet ouvrage, Andr Bazzana prsente, en effet, une premire partie qui

10.

La photographie arienne verticale et les modes de peuplement au Moyen Age. Quelques exemples concernant le Sud de la France et le domaine islamique occidental. [Sous la direction d'A. Bazzana], Photo-interprtation, 1984 (fvrier 1986), rfi 2 et 3.

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rappelle les prsupposs mthodologiques de la dmarche d'interprtation de photogrammes ariens, tandis que chacun des auteurs souligne, sa manire et sur un sujet chaque fois diffrent, les mthodes de lecture et d'explication qu'il convient de suivre ; s'agissant de terroirs mdivaux, on ne s'tonnera pas de voir affirmer sans cesse le lien organique entre le donn archologique et les informations issues des sources crites. Ce sont les terroirs de regadio qui, pour l'Espagne et le Nord du Maroc, ont fourni les cas retenus pour des recherches plus dtailles : la permanence des structures hydrauliques est un fait bien connu et justifie les enqutes rgressives tentes partir des paysages actuels. Au contraire de l'hydraulique romaine, volontiers monumentale et principalement destine la ville, apparat une hydraulique arabo-andalouse plutt rurale, scrte par les communauts rurales et mettant en uvre des techniques simples et d'ampleur limite; c'est nanmoins l'ensemble du paysage qui se trouve, l'aval, remodel.

II EXPOSITIONS, CONFERENCES, COLLOQUES ET PUBLICATIONS 1. Expositions.

1.1. Los graffitis mdivales del Castell de Dnia, Ayuntamiento de Dnia (Alicante) et Caj a de Ahorros Provincial de Alicante [Andr Bazzana, Marie-Pascale Lamblin, Yves Montmessin et Isidro de Villota]. 1.2. La col.leccio Rafael Alfonso Barbera, Paterna (Valencia) [Franois Amigues, Mercedes Mezquida]. 1.3. Quelques aspects iconographiques de l'armement mdival travers la fresque et la cramique (XIVe et XVe s.), Casa de Velzquez ( l'occasion du Colloque "Guerre, fortification et habitat dans le monde mditerranen au Moyen Age"), Madrid [Franois Amigues]. 2. Confrences.

2. 1 . "La cermica mudjar de Paterna y Manises", Centre Municipal d'Archologie de Murcie, 29 octobre 1985 [Franois Amigues]. 2.2. Confrences de l'Ecole Pratique des Hautes Etudes en Sciences Sociales (antenne de Lyon) : "La maison mdivale dans l'Espagne musulmane" [Andr Bazzana]. 3. Colloques.

3.1. Encuentro Hispano- Frances sobre Sierra Nevada. La historia, la tierray elpoblamiento de Sierra Nevada y su entorno (Grenade, 29-30 octobre 1984) : "Habitat troglodytique ancien de Graena" [Maryelle Bertrand]. "Eglises et chteaux de l'Alpujarra la fin du Moyen Age : l'implantation d'un pouvoir" [Patrice Cressier].

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"Ethno-architecture Capileira (Granada)" [Marie-Christine Delaigue et Philippe Allard]. "La population des Alpujarras au XVIe s." [Bernard Vincent]. 3.2. Structures de l'habitat et occupation du sol dans les pays mditerranens : les mthodes et l'apport de l'archologie extensive, Colloque de l'Ecole Franaise de Rome (Paris, 12-15 novembre 1984) : "Archologie extensive dans la rgion valencienne (Espagne)" [Andr Bazzana et Pierre Guichard] ; Ramassage raisonn du matriel de surface sur le site mdival d'AzelikTakadda (dpartement d'Agadez, Rpublique du Niger)" [Patrice Cressier]. 3.3. Laformaci i expansi delfeudalisme catal (Grone, 8-1 1 janvier 1985). Rapport sur la seconde partie du Colloque : "La seconde expansion fodale catalane" [Pierre Guichard]. 3.4. Primero Congreso de Arqueologia Medieval Espanola (Huesca, 17-19 avril 1985) : "Hallazgo de un pozo de cermica en el casco antiguo de Paterna" [Franois Amigues et Mercedes Mezquida]. "Asentamientos mdivales en las Sierras del Bajo Maestrazgo : Monte Marinet y Monte Mollet" [Andr Bazzana]. "Graffiti cristianos sobre monumentos musulmanes de la Andalucia oriental : una forma de exorcismo popular" [Patrice Cressier]. "Antiguos sistemas de irrigacin en el valle de Andarax (Almeria)" [Maryelle Bertrand et Patrice Cressier]. 3.5. Epistmologie de la recherche informatique (Lyon, 22-23 avril 1985): "Problmes poss par la constitution d'une base de donnes factuelles" [Andr Bazzana]. 3.6. Guerre, fortification et habitat dans le monde mditerranen au Moyen Age, Colloque international de la Casa de Velazquez et de l'Ecole Franaise de Rome (Madrid, 24-27 novembre 1985): Exposition sur le thme : "Quelques aspects iconographiques de l'armement mdival travers la cramique et la fresque (XIIIe-XVe s.)" [Franois Amigues]. "Le rseau castrai en Catalogne vers 1350" [Philippe Araguas]. "La conqute de la rgion valencienne d'aprs la chronique de Jacques 1er et les donnes archologiques" [Andr Bazzana et Pierre Guichard]. "Fonction et volution du rseau castrai en Andalousie orientale : le cas de l'Alpujarra" [Patrice Cressier]. "Villes et fortifications musulmanes de la rgion toldane disparues aprs l'occupation chrtienne (XIle-XVe s.)" [Jean-Pierre Molnat]. "Une forteresse mdivale du nord du Maroc : la Qasba de Chefchaouen" [Abd el-Aziz Touri, Andr Bazzana et Patrice Cressier]. "Guerres et habitat en Andalousie orientale aux dbuts des temps modernes" [Bernard Vincent]. 3.7. Les illes orientais d'al-Andalus i les relacions amb Sharq al-Andalus, Magrib i Europa cristiana (S. VIII-XIII), V Jornades d'Estudis Histories Locals (Palma de Mallorca, 28-30 novembre 1985) : "L'intgration des Balares l'Etat omeyyade de Cordoue (VIIIe-Xe s.)" [Pierre Guichard]. 4. Travaux et publications.

AMIGUES, Franois: voir ci-dessus: Expositions, n9 1.1., 1.3., Confrences, ne 2.1. et Colloques, nQ 3.4., 3.6. 4. 1 . La cermica medieval de Paterna en la col.leccio Rafael Alfonso Barbera, catalogue d'exposition (en collaboration avec Mercedes Mazquida). 4.2. "Premire approche de la cramique commune des ateliers de Paterna", M. C. V., XXII, 1985, p.27-64. BAZZANA, Andr: voir ci-dessus : Expositions, n5 1.1., Confrences, ne 2.2. et Colloques, nQ 3.2., 3.4., 3.5., 3.6.

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4.3. La cramique islamique du Muse Archologique Provincial de Jan (Espagne), Madrid (Publications de la Casa de Velzquez - Etudes et Documents, I), 1985, 80 p. (en collaboration avec Yves Montmessin). 4.4. Los graffitis mdivales del Castell de Dnia, Catlogo, Dnia, (Ayuntamiento de Dnia), 1984, 84 p. (en collaboration avec Marie-Pascale Lamblin et Yves Montmessin). 4.5. "Introduction mthodologique", La photographie arienne verticale et les modes de peuplement au Moyen Age. Quelques exemples concernant le Sud de la France et le domaine islamique occidental, Photo-interprtation, 1984, n^ 2 et 3, p. 2-11 (84-2). 4.6. "Terroirs et peuplement au Moyen Age dans l'Espagne musulmane : une tude de cas dans la valle du rio Albaida (Province de Valence)", La photographie arienne verticale et les modes de peuplement au Moyen Age. Quelques exemples concernant le Sud de la France et le domaine islamique occidental, Photo-interprtation, 1984, nQ 2 et 3, p. 15-28 (84-3/2). BERTRAND, Maryelle: voir ci-dessus : Colloques, nQ 3.1., 3.4. 4.7. "Irrigation et amnagement du terroir dans la valle de l'Andarax (Almeria) : les rseaux anciens de Ragol", M. C.V., XXI, 1985, p. 115-135 (en collaboration avec Patrice Cressier). CRESSIER, Patrice : voir ci-dessus: Colloques, ne 3.1., 3.2., 3.4., 3.6. 4.8. "La grande mosque d'Agadez : architecture et histoire", Journal des Africanistes, 54/ 1, 1984, p.5-40 (en collaboration avec S. Bernus). 4.9. "Mastsa, un site rural mdival complexe sur la cte du Rif (Maroc)", La photographie arienne verticale et les modes dpeuplement au Moyen Age. Quelques exemples concernant le Sud de la France et le domaine islamique occidental, Photo-interprtation, 1984, nS 2 et 3, p.43-62 (84-3/4). 4.10. "Irrigation et amnagement du terroir dans la valle de l'Andarax (Almria): les rseaux anciens de Ragol", M. C.V., XXI, 1985, p. 115-135 (en collaboration avec Maryelle Bertrand). GUICHARD, Pierre: voir ci-dessus: Colloques, nQ 3.2., 3.3., 3.6., 3.7. 4.11. "Naissance de l'Islam andalou: VIIIe-dbut Xe sicle", "Apoge de l'Islam andalou, Xe-dbut XIIIe sicle" et "Paysans d'al-Andalous, XIe-XIXe sicle", in Histoire des Espagnols, VIe-XVIIe sicle, Paris, 1985. HUMBERT, Andr: 4.12. "Le pimont irrigu du Marquesado del Zenete (Province de Grenade, Espagne), La photographie arienne verticale et les modes dpeuplement au Moyen Age. Quelques exemples concernant le Sud de la France et le domaine islamique occidental, Photo-interprtation, 1984, na 2 et 3, p.29-42 (84-3/3). LAMBLIN, Marie-Pascale: voir ci-dessus : Expositions, nQ 1.1. 4.13. Los graffitis mdivales del Castell de Dnia, Catlogo, Dnia (Ayuntamiento de Dnia, 1984, 84 p. (en collaboration avec Andr Bazzana et Yves Montmessin). MONTMESSIN, Yves: 4.14. La cramique islamique du Muse Archologique Provincial de Jan (Espagne), Madrid (Publications de la Casa de Velzquez - Etudes et Documents, I), 1985, 80 p. (en collaboration avec Andr Bazzana).

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4.15. Los graffitis mdivales del Castell de Dnia, Catlogo, Dnia, (Ayuntamiento de Dnia), 1984, 84 p. (en collaboration avec Andr Bazzana et Marie-Pascale Lamblin). VINCENT, Bernard : voir ci-dessus : Colloques, nQ 3.1., 3.6. 4.16. "La population", "Industrie et commerce", "L'administration", "Grenade et ses campagnes", "Les transformations urbaines", "Les aspects culturels", in Histoire de Grenade, Ed. Don Quijote, sous presse. 4. 17. "Les Grenadins et l'Inquisition", "Le refus de l'Inquisition" et "Conclusions", in Les Morisques et l'Inquisition, sous la direction de Louis Cardaillac.

III ETUDES DE CAS II a sembl utile de complter la "Chronique 1985" par quelques comptes-rendus rapides de travaux rcents, donnant des rsultats (mme encore partiels) de recherches en cours. On trouvera donc successivement ci-dessous sept courtes tudes thmatiques.

LES CUEVAS-REFUGES MEDIEVALES DE GUADIX : LA DEFENSE D'UN HABITAT DISPERSE (Maryelle Bertrand) L'tude rgressive documentaire de la priode moderne, et le grand nombre de sites archologiques mdivaux de faible et moyenne extension rencontrs au cours de la recherche de terrain, permettent de conclure, dans la Hoya de Guadix, la quasi-inexistence de villages la fin du XVe s. et la persistance d'une structure d'habitat ouverte et disperse assez semblable, dans le choix des sites, le nombre et la taille des habitats, celle des premiers temps de la colonisation romaine ". Dans une rgion trs expose, qui n'a cess de connatre, depuis le Ve s., de longues et nombreuses priodes d'inscurit, la survie d'un tel mode d'occupation pourrait paratre paradoxale si elle ne s'accompagnait visiblement d'un mode de dfense particulier : chacun des habitats semble en effet correspondre, partir d'une poque qu'il conviendra de dterminer, un refuge temporaire ou un habitat-refuge situ proximit. Lorsque l'on considre l'inventaire srement encore incomplet des structures dfensives d'une des petites zones-chantillon choisies pour y pratiquer une prospection exhaustive l2, on s'aperoit qu'outre le chteau de Guadix el Viejo, commandant semble-t-il ce territoire, et quatre

11.

12.

Ce n'est qu' partir de la "Reconquista", avec l'installation des Chrtiens, que s'amorce un processus de concentration de l'habitat dans cette rgion. Autour de l'glise, implante au cur de certaines alquerias ouvertes de la zone coloniser, et situe le plus souvent au pied d'anciennes cuevas-refuge mdivales, commencent apparatre ou se dvelopper un petit noyau de constructions et un nombre grandissant d'habitats troglodytiques creuss par les Morisques. En 1571, ce qui subsiste encore des autres alquerias structure disperse, devenues des annexes de ces proto-villages, ne survivra pas l'expulsion de leurs derniers habitants morisques. Communes de Cortes et Graena/ Purullena/ Marchai.

boyau d'accs rtical

0 Fig. 1.

1

2

La cueva de Tia Micaela. Plan des structures.

tours-atalayas, sont galement occups durant la priode mdivale cinq petits "castros" dpourvus de citerne et vingt neuf sites de cuevas artificielles dfensives, rparties comme suit : huit groupements de cinq quinze habitats-refuges indpendants (Graena, Marchai, Almagruz, etc.), neuf groupements de greniers de falaise, cellules galement indpendantes (Lares, Cauzon, etc.), cinq refuges de grandes dimensions, comportant des tables ou curies au premier niveau (Tablar, Tia Micaela, refuge du cortijo de Lucena, ce dernier install au pied mme du chteau, etc.), sept postes de guet (Lopera, Graena, etc.), en plus de ceux que comportent d'autres cuevas-refuges. L'existence, paralllement au rseau de chteaux et atalayas, de ce second rseau dfensif maille beaucoup plus fine (un refuge troglodytique tous les 200 300 m), pose pour cette rgion divers problmes, quant leur chronologie ou leurs rles respectifs, en cas d'utilisation simultane. La dissimulation de ces cuevas, situes pour la plupart dans le fond des ravins, leurs dispositifs compliqus de dfense, qui ne mobilisent qu'un nombre rduit de personnes, le temps et les pertes humaines que peuvent supposer leur attaque, eu gard au butin que l'on peut en esprer, l'absence de tunnels de fuite, les postes de guet, toutes ces caractristiques sont manifestement celles d'un systme de protection tabli contre les raids et le pillage. t)n premier sondage stratigraphique a t ralis en novembre 1985 dans le silo 1 de la cueva de Tia Micaela; avec d'autres, il devrait permettre de prciser les dates de creusement, d'occupation et d'abandon (selon leur typologie) d'une partie des centaines de cuevas artificielles anciennes de cette rgion.

ARCHEOLOGIE MEDIEVALE ET ISLAMIQUE LA SIERRA DE LOS FILABRES: UN EXEMPLE DE CAMPAGNE BERBERE? (Patrice Cressier)

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La prospection archologique de la haute valle de l'Almanzora et de la Sierra de los Filabres a permis de mettre en vidence, partir de l'habitat rencontr et des structures castrales inventories (types et distribution) trois zones bien distinctes : la haute valle de l'Almanzora et premiers contreforts des Filabres, le flanc sud des Filabres et les hautes valles entre les deux lignes de crtes. C'est cette dernire zone qui pose les problmes les plus nouveaux. Si, en premire approche, il est possible d'associer, comme sur les flancs sud et nord, une fortification chaque noyau d'habitat, ceci restera nuancer en fonction des despoblados encore localiser. Une chose est certaine : il n'y a pas, comme au nord, l'issue de la Reconqute, abandon systmatique des sites musulmans et descente d'un habitat perch un habitat de valle, mais seulement disparition des plus petits tablissements, vraisemblablement aprs la rbellion morisque. Surtout, on assiste dans cette rgion naturelle, la superposition de trois phnomnes, dont on ne sait pas encore si elle est fortuite ou si elle rend compte d'une caractristique du peuplement : Une concentration nette, et unique en Andalousie orientale, de toponymes d'origine arabo-berbre, principalement en "bni" (villages de Benitagla, Benitorafe, Benizalon ; despo blados de Benimina, Benalguaciles, Benajaumil ? ), mais aussi d'autre nature: Alcudia, Alhabia, Tahal 13, Gemeci, et peut-tre Bacares. Un mode particulier d'habitat : bien que non pourvus d'enceintes proprement parler, les villages sont ferms sur l'extrieur par le cercle quasi continu des murs des corrales associs aux maisons. Trois ou quatre rues seulement pntrent ainsi au cur du village. Les maisons sont toits de tuiles d'une ou deux pentes (cas rare, tant au regard de la province que des Filabres eux-mmes o, au nord se retrouvent les toits en terrasses, et au sud des couvertures de lauzes une seule faible pente). Deux types de structures castrales sont associes cet habitat : des tours tfalquerias de plan presque carr (Alhabia, Benimina, Benitorafe) et/ ou de petites enceintes (30 m x 30 m), de pierres lies la terre, enfermant un bastion rectangulaire. Les premires forment ainsi un ensemble homogne, isol en Andalousie orientale o ce type de structure n'est pas trs frquent {Vega de Grenade). Quant aux secondes, ce sont leurs modes de construction qui en font des lments trs originaux dans ce que l'on sait de l'architecture "militaire" de l'ancien royaume musulman de Grenade. En somme, qu'il s'agisse de la toponymie M, de l'habitat l5 ou des structures castrales l6, tout tend nous rappeler le monde rural berbre. C'est confirmer cette hypothse d'un peuplement d'origine berbre que la poursuite de la prospection doit s'attacher.

13. 14. 15. 16.

Il existe un Benitahal, despoblado de la rgion d'Alicante: P. Madoz, Diccionario histrico, geogrjco, estadistico de Espana y sus posesiones de Ultramar, Madrid, 1 848, t.4, p.225. Dj souligne, mais avec quelques erreurs, par J. del Perugia, "Noms de lieu d'origine berbre dans le sud-ouest de la France", Hesperis, XVIII, 1978-79, p. 5-50. Voir les parallles avec certains villages de Kabylie : C. Vicente, "L'habitation de Grande Kabylie (Algrie)", Cahiers des Arts et Techniques d'Afrique du Nord, 5, 1959, p. 17-29. Voir A. Bazzana et P. Guichard, "Les tours de dfense de la huerta de Valence au XIIIe s.", M.C.V., t.XIV, 1978, p.73-105.

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O2

*3

*L

5

0 km

1 km

Fig. 4. Zone intrieure de la Sierra de los Filabres. 1- Alquerias conserves. 2- Despoblados. 3-Chteaux. 4- Tours. 5- Limites actuelles des municipes. 6- Hydrographie. SITES CASTRAUX MUSULMANS DE LA SIERRA DE SEGURA ET SES ABORDS (Pierre Guichard) A la limite des provinces de Murcie, Albacete, Jan et Grenade, la Sierra de Segura est une rgion qui n'avait jusqu'alors gure fait l'objet de recherches archologiques ou historiques. Cette situation est en train d'voluer, et l'on dispose depuis peu de bonnes bases de dpart avec les travaux de Miguel Rodriguez Llpis sur les encomiendas de l'Ordre de Santiago de Yeste et Taibilla, ou les tudes ponctuelles de sites musulmans, dveloppes par le Muse de Caravaca l7. L'histoire de cette rgion partir du XIIIe s. est dtermine d'une part par sa conqute, dans la premire moiti du sicle, ensuite par l'tablissement non sans variations d'une frontire grenadine qui suit peu prs la limite des provinces d'Almeria, Grenade et Jan, laissant l'Islam Vlez (V), Huescar (H), Castril (CS) et le bourg de Baza.

17.

M. Rodriguez Llpis, Conflictos fronterizos y dependencia senorial: la encomienda santiaguista de Yeste y Taibilla (ss. XIII-XV). Instituto de Estudios Albacetenses, Albacete, 1982; Miguel San Nicolas, La investigacin arqueolgica en Caravaca, Instituto Municipal de Cultura, Caravaca, s.d. ; I. Pozo Martinez et al, "La cermica medieval del Museo de la Soledad (Caravaca)", Argos, Revista del Instituto Municipal de Cultura, Caravaca, 2e anne, n^ 2, octobre 1981.

ARCHEOLOGIE MEDIEVALE ET ISLAMIQUE lALBACETE ^~V >

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/ x

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SEGURAf' x jaen / / 5 jy

I

QUESADA

50 km

Fig. 5.

La Sierra de Segura et son environnement.

La menace permanente que reprsente la proximit de la frontire et les transformations structurelles imposes par le rattachement de ces rgions l'Espagne chrtienne eurent des consquences dcisives sur l'volution du peuplement. Des centres actifs comme Segura et Quesada paraissent avoir connu un dclin accus ; surtout, de la mme faon que le long de la frontire de Lorca o disparaissent plus ou moins compltement des localits comme Tbar [en 1 sur la carte], Tirieza [2], Yayttila/ Celda [3] I8, se produit le dpeuplement, brutal ou progressif selon les cas, d'une srie d'anciennes localits musulmanes; certaines sont difficiles situer comme Mirabayt/Miravet et Volteruela [4?], l'une et l'autre vraisemblablement proches de la

18.

I. Pozo, F. Fernandez, et al, "Sobre el toponyme Yayttla de la Tarsi al-Ajbar de Ahmad al'-Udr, y su posible identificacin con Celda", Anales del Colegio Universitario deAlmeria, 1981, p.133-139.

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montagne de la Sagra (SA) ; certaines ont laiss des vestiges importants, comme le remarquable ensemble despobladoj fortification de 7aya/ya/Taibilla [5] l9. Ce qui attire l'attention, et amne s'interroger sur le caractre vritable (conjoncturel et li la situation frontalire, ou structurel et li aux caractres du peuplement chrtien) de ces abandons, c'est le fait qu'ils paraissent aussi nombreux dans les zones moins menaces du nord de la Sierra que sur la zone frontalire du sud. Au nord, o se maintiennent surtout de grosses agglomrations chrtiennes situes hors de la zone montagneuse, comme Moratalla (MOR), Caravaca (CAR), Alcaraz (AL), et quelques centres mdiocres de la Sierra comme Yeste (Y) ou Socovos (S), on assiste la disparition de plusieurs anciens husun/ castra musulmans, comme Pliego [6] 20 et Benizar, ce dernier sur un site particulirement spectaculaire.

Fig. 6. Le site de l'ancien hisnj castrum de Benizar. L'abondance des cramiques indique que la table rocheuse a t occupe par un habitat, au centre duquel se trouvait une citerne assez bien conserve et visible sur la photographie. A droite, une eminence rocheuse supporte les restes d'une construction militaire qui est peut-tre d'poque chrtienne.

19.

20.

Ce site remarquable, que j'ai visit avec Emilio Molina Lopez, professeur l'Universit de Grenade, et Indalecio Pozo (Muse de Caravaca), attest comme centre de district rural depuis le XIe s., mrite une tude approfondie que l'on se propose de raliser prochainement. I. Pozo Martinez, F. Fernandez Garcia et al., "El castillo de Priego (Moratalla)", Miscelnea Medieval Murciana, Universit de Murcie, X, 1983, p.63-70.

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La situation provoque par ce dpeuplement contraste avec celle que dcrit, dans la seconde moiti du XIIe s., le gographe al-Zuhri: cette rgion connaissait alors une forte densit de peuplement, qui peut surprendre compte tenu de conditions naturelles peu favorables; l'agriculture et l'levage y taient prospres, et l'on comptait 300 villages (qura) et 33 husun ("chteaux" ou localits fortifies). Paralllement la recherche qui est mene sur la frontire grenadine, dans la rgion de Vera-Lorca, on se propose de poursuivre les travaux sur cette zone septentrionale de la Sierra de Segura. PREMIERE CAMPAGNE DE FOUILLES AU TESTAR DEL MOLI (PATERNA - VALENCIA) (Franois Amigues) Depuis le Moyen Age, la tradition atteste que le lieu-dit "Testar del Moli", situ au nord-ouest de Paterna (Province de Valence), est un des plus importants centres de fabrication de cramique mdivale valencienne. C'est la fin du XIXe s. et au dbut du XXe s. qu'un intrt particulier lui fut port. Ainsi, G. de Osma runit un nombre considrable de pices aujourd'hui conserves FInstituto Valencia de Don Juan, Madrid ; en mme temps, il publiait un grand nombre de documents d'archives. Puis ce fut M. Gonzalez Marti qui devait constituer ce qui devint plus tard le Museo Nacional de Cermica; paralllement il prparait son important ouvrage sur la Cermica del Levante Espanol. Mais cet engouement fut fatal au "testar", et l'on voyait se multiplier jusqu' nos jours des "recherches" inqualifiables : celles de 1908-191 1 et les dprdations des fouilles clandestines. J. Folch y Torres a fait un rcit de ces "recherches" qui laisse l'archologue perplexe et dans l'imprcision. Par lui on apprend que l'on a rencontr, dans le "testar", toutes les classes de cramique : la commune, la verte et brune, la bleue et dore et la dore. C'est galement lui qui nous donne la stratigraphie "traditionnelle", reproduite depuis dans tous les ouvrages et qui attribue aux XIIIe et XIVe s. la cramique verte et brune, au XIVe s.

Fig. 7. Cntaro de cramique non vernie, dcor l'oxyde de manganse, provenant des fouilles du "four" du Testar del Moli. Cette pice et quatre autres exemplaires complets furent trouvs dans la couche la plus profonde. Le cntaro prsente une fissure verticale qui indique que la pice s'est rompue en cours de cuisson. Ce genre de dfaut peut tre observ sur tous les vases retrouvs. Le dcor, dit " feuilles de fougre", s'apparente ceux de la crami que maille sortie des mmes ateliers de Paterna et de Manises (fin XIVe s.). Muse Municipal de Paterna, n^ TM 85/981.

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la cramique bleue et au XVe s. la cramique dore. Cette squence n'a pu, jusqu' nos jours, tre confirme. On sait galement que l'on rencontra, sur ce "testar", des fours, mais qu'ils furent dtruits. Le site paraissait donc avoir t pill, sans qu'on puisse avoir une ide solide de ce qu'il recelait vritablement. Les premires vritables fouilles scientifiques furent effectues en 1982 par des tudiants de l'Universit de Valence, sous la direction de Carmen Aranegui, qui, faute de temps et de moyens, ne purent arriver des conclusions dfinitives. Ces travaux eurent pour rsultat positif de dmontrer que le "testar" renfermait encore d'importants vestiges archologiques. La cration rcente, par l'Ayuntamiento de Paterna, d'un Service archologique allait permettre d'avancer. Un programme de fouilles fut tabli, en collaboration avec la Casa de Velzquez, dont la premire phase s'est droule en juillet et aot 1985. Les buts de cette premire recherche taient de sonder la zone archologique couverte par la parcelle ns 4 1 du cadastre, et de vrifier s'il existait encore des vestiges intacts des ateliers mdivaux. Aussi, une srie de sondages, maille de deux mtres, fut-elle entreprise, complte par d'autres, implants aux extrmits du terrain. Les rsultats obtenus son doubles. A) Les sondages en extension ont permis de dlimiter un peu mieux l'tendue de la zone archologique sur la parcelle nQ 41 et surtout ont permis de voir comment tait constitu "stratigraphiquement" le Testar. C'est en fait une paisse couche de cendres mles d'abondants fragments de cramique commune. De temps en temps, apparaissent des "poches" composes uniquement de tessons de cramiques entre lesquels a gliss un peu de terre de la couche arable superficielle. B) L'apparition d'une structure appartenant l'un des ateliers mdivaux du secteur. Ce sont, semble-t-il, les restes d'un four qui a d tre dtruit la fin de sa priode d'utilisation par les potiers eux-mmes qui devaient remettre le terrain en tat la fin de la priode de location. Les parois ont t construites en brique crue et portent les traces de feu. On peut distinguer la caldera ou foyer et le laboratorio ou chambre de cuisson. L'une des parois prsente des traces de restaurations successives tandis que l'un des murs a t grossirement entaill par un escalier. Cette dernire dcouverte prouve si besoin tait que des lments importants des officines mdivales sont encore en place. L'tude de l'abondant mobilier cramique rencontr nous permet de situer la priode d'utilisation dans la seconde moiti du XIVe s. et l'abandon vers le milieu du XVe s. UN VILLAGE MORISQUE ANDALOU : TERESA (ALMERIA) (Bernard Vincent) Le village de Teresa se trouve, au nord de la Sierra de Cabrera, sur une colline en bordure de l'un des petits affluents du rio Aguas. A l'poque moderne Teresa appartenait la juridiction de Vera qui s'tendait aussi sur Antas, Bedar, Cabrera, Serena, Turre et Zurgena. Cabrera et Turre ne sont distants de Teresa que de trois et cinq kilomtres environ. Ce lieu est intressant plus d'un titre. Les vestiges sont en eux-mmes assez remarquables. Non pas tellement les maisons d'habitation du village qui, rduites l'tat de pierriers, jalonnent la colline mais surtout quelques lments structurels fondamentaux. De part et d'autre du rio se trouvent puits et citerne et l'on suit aisment flanc de colline le parcours d'un aqueduc qui, en amont, semble venir de l'autre rive. L'glise, du type traditionnel de celles qui ont t construites aprs la Reconqute au cours de la premire moiti du XVIe sicle, est en place au bas de la pente. et l, on note les traces d'une enceinte qui dfinissent un probable espace-refuge au sommet. Tout porte croire que l'on est en prsence d'un hisn. La documentation concernant Teresa est trs abondante pour la fin du XVe et l'ensemble du XVIe sicle, c'est--dire l'poque o la communaut a connu des difficults et le lieu a t dsert. Mais plusieurs problmes doivent tre lucids. S'il est clair que l'ensemble des habitants de Teresa, tous morisques, a gagn l'Afrique du Nord en 1504, on ne sait quand le village a t

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repeupl et par qui ? Selon Victoriano del Cerro Bex 21 , il a t procd en 1 506 un repartimiento entre 70 chefs de famille vieux-chrtiens. Il ne fait pas de doute que le projet a exist mais je ne crois gure en sa ralisation. Un document de rpartition de l'impt de la farda en 1514 exempte Teresa sauf "si algunos vecinos hubiere". En revanche il est attest travers les archives municipales de Vera que Teresa abritait une communaut d'habitants dans les annes 1530 puisque plusieurs reprises le village participe au ravitaillement en crales de Vera. Et surtout Teresa a selon le dnombrement de 1 56 1 , 52 feux et encore 50 en 1 568, tous morisques en dehors du prtre et du sacristain. Il me semble ainsi que Teresa est rest dsert au dbut du XVIe sicle pendant une dcennie ou deux avant d'tre roccup par des Morisques d'origine inconnue. Enfin, en novembre 1570, tous les habitants furent expulss. Malgr les efforts du Consejo de Poblacin et de la municipalit de Vera, le lieu resta dfinitivement dsert. La richesse des vestiges et celle de la documentation font de Teresa un exemple particulirement intressant pour une coopration entre historiens et archologues. Il conviend rait une premire tape de mieux cerner la chronologie des vnements entre 1488 et 1570 dans par un dpouillement systmatique des archives et de procder un relev du site, un ramassage du matriel abondant de surface et de premiers sondages. FOUILLES DANS LE CENTRE HISTORIQUE DE PATERNA (VALENCE) (Mercedes Mezquida Garcia) L'auteur de cette notice est Directrice du Service Archologique Municipal de la ville de Paterna. Elle travaille en collaboration avec Franois Amigues, dans le cadre des recherches d'archologie mdivale de la Casa de Velzquez; en dehors de cette activit, son Service a d effectuer des fouilles d'urgence en dcembre 1985, qui ont fait apparatre un ensemble d'lments nouveaux sur Paterna l'poque musulmane. Au numro 9 de la calle Castillo, ont t mis au jour des vestiges de l'ancien alczar mdival de la ville. Une partie de cette muraille est parallle la calle Castillo sur une longueur de 12 m ; une autre fait un angle droit avec la prcdente sur une longueur de 6 m. A partir de l, la muraille s'enfonce 120Q sous les constructions actuelles, ce qui permet de suivre son trac. Actuellement, la muraille est conserve sur une hauteur de 1 1 m, la partie haute tant constitue d'un "tapial" de gravier fin et rgulier. Tous les 0,46 ou 0,48 m, des chanages horizontaux de pierres rgulirement tailles, toutes peu prs de mmes dimensions, renforcent la maonnerie 22. A sa base, la muraille 23 repose sur une plate-forme de bton lgrement en saillie par rapport la ligne de faade 24 ; pour raliser ces fondations, le niveau gologique a d tre creus sur une largeur de 0,60 m. L'angle saillant 90Q, partie la plus fragile, a t construit en blocs de pierre sur une longueur approximative de 4 m de chaque ct ; ces blocs, de section rectangulaire, sont taills avec soin 25 ; ils sont lis entre eux par du mortier. Actuellement, cette maonnerie de pierre est conserve sur une hauteur varient entre 2,65 m et 3 m. Deux blocs crouls ont t retrouvs au pied de la muraille ; ceux qui manquent ont sans doute t rutiliss postrieurement.

21. 22. 23. 24. 25.

V. del Cerro Bex, "Vera y su tierra", a comienzos del siglo XVI", Roel, 5, 1984, p.147-163. L'paisseur de ces chanages est de 0,12 m. Une chambre, creuse au dbut du XXe s. l'intrieur mme de la muraille permet d'en mesurer l'paisseur, qui est de 4,20 m. Selon les ondulations du terrain, l'paisseur des fondations varie entre 0,30 m et 0,50 m. Leurs dimensions vont de 0,54 0,56 m en longueur, de 0,32 0,37 m en largeur pour une hauteur moyenne de 0,42 m.

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ANDRE BAZZANA

Fig. 8. Muraille dcouverte au n^ 9 de la Calle Castillo, Paterna. On distingue la partie haute, en "tapial", dgrade par les amnagements successifs des maisons qui s'y sont adosses. Audessous, l'angle de la muraille, se dveloppe la maonnerie de blocs de pierres de taille. Au pied du jalon, droite, on voit le soubassement de bton.

Le seul indice permettant d'avancer une datation est la dimension des moellons qui semblent avoir t taills sur la base de la coude de 0,42 m ce qui indiquerait une date comprise entre le dbut du XIe s. et la fin du XIIe s. A l'intrieur de la muraille, au fond d'une chambre creuse il y a moins d'un sicle, derrire un mur de briques, s'ouvrent des galeries ramifies, tailles dans une couche d'argile compacte ; les parois ont t tailles en forme de tunnel. Aucun vestige archologique n'a pu y tre retrouv. En avant de la muraille, 1,50 m et apparemment sans aucune relation avec elle, est apparu

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mur

terre vierge

1m hor.

1m ve