La guerre civile en 49 avant J.-C. : Étude d’histoire...

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La guerre civile en 49 avant J.-C. : Étude d’histoire militaire Yann Le Bohec Sorbonne Université Abstract : During the first year of the civil war, the Roman could see two good armies and two great generals. Caesar had less soldiers, but soldiers militarily well educated by the Gallic War. Superiority of Caesar became evident when he conquered first Italy and then Spain. To secure the roads for logistics and information, he had to besiege Marseille ; this city made an alliance with Pompey. Le livre I de La guerre civile rapporte les débuts du conflit qui a opposé César à Pompée, en l’année 49 av.J.-C., et il met en scène une armée qui, pour cette période, est assez bien connue grâce à une bibliographie surabondante qui a surtout été consacrée à César 1 et à la guerre civile 2 , mais qui est maigre pour l’histoire militaire 3 ; pour la chronologie, nous conseillons un bon vieux livre de 1. L. Canfora 2001 ; P. Southern 2001 ; M. Jehne 2004 ; W. Dalheim 2005 ; A. Goldsworthy 2006 ; A. Kamm 2006 ; A. M. Riggsby 2006 ; E. Baltrusch &C. Wendt (dir.) 2007 ; S. Elbern 2008 ; M. Wyke 2008 ; M. Th. Griffin 2003 ; R. A. Billows 2009 ; W. Will 2009 ; M. Á. Novillo López 2011. En dernier lieu : C. Badel 2019. 2. W.W. Batstone & C. Damon 2006 ; L. Grillo 2012 ; E. Olshausen 2013 ; C. Damon 2015 ;R. W. Westall 2017. 3. Y. Le Bohec 2001. Vita Latina 200 (2019), p. 43-60.

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La guerre civile en 49 avant J.-C. :Étude d’histoire militaire

Yann Le BohecSorbonne Université

Abstract :

During the first year of the civil war, the Roman could see two good armies and twogreat generals. Caesar had less soldiers, but soldiers militarily well educated by the GallicWar. Superiority of Caesar became evident when he conquered first Italy and then Spain.To secure the roads for logistics and information, he had to besiege Marseille ; this citymade an alliance with Pompey.

Le livre I de La guerre civile rapporte les débuts du conflit qui a opposé Césarà Pompée, en l’année 49 av. J.-C., et il met en scène une armée qui, pour cettepériode, est assez bien connue grâce à une bibliographie surabondante qui asurtout été consacrée à César 1 et à la guerre civile 2, mais qui est maigre pourl’histoire militaire 3 ; pour la chronologie, nous conseillons un bon vieux livre de

1. L. Canfora 2001 ; P. Southern 2001 ; M. Jehne 2004 ; W. Dalheim 2005 ;A. Goldsworthy 2006 ; A. Kamm 2006 ; A. M. Riggsby 2006 ; E. Baltrusch & C. Wendt(dir.) 2007 ; S. Elbern 2008 ; M. Wyke 2008 ; M. Th. Griffin 2003 ; R. A. Billows 2009 ;W. Will 2009 ; M. Á. Novillo López 2011. En dernier lieu : C. Badel 2019.

2. W. W. Batstone & C. Damon 2006 ; L. Grillo 2012 ; E. Olshausen 2013 ; C. Damon2015 ; R. W. Westall 2017.

3. Y. Le Bohec 2001.

Vita Latina 200 (2019), p. 43-60.

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J. Carcopino 4 et, pour l’interprétation des commentateurs, un excellentouvrage de K. Christ 5.

Dans un régime normal, l’armée fonctionne comme un instrument créé par lepouvoir politique ; elle n’est qu’une institution parmi d’autres. Elle n’intervientque dans le cas où la diplomatie échoue. Autre particularité, ses membres, lessoldats, ont le devoir de tuer ; pour résumer la pensée du colonel Charles Ardantdu Picq, ils n’existent que pour faire la guerre 6.

L’armée romaine fut la plus efficace qu’a connue l’humanité : elle a bâti unempire en quatre siècles, et elle l’a conservé pendant quatre autres siècles. Unetelle durée est sans exemple dans l’histoire.

1. L’efficacité de l’armée

L’efficacité de l’armée romaine s’explique par une accumulation de facteurs 7.

1.1. L’armée comme institution

L’organisation de l’armée romaine comme institution avait atteint un hautniveau de qualité ; encadrement, corps et personnels s’y retrouvaient commedans n’importe quelle institution, mais en mieux, en beaucoup mieux.

L’encadrement, très hiérarchisé, était nombreux et, contrairement à unelégende diffusée aux xixe et xxe siècles, très compétent. On distinguait, du basvers le haut, les centurions, les tribuns, les légats (très utilisés par César), et, ausommet, un magistrat ou un promagistrat (magistrat prorogé dans son comman-dement), préteur ou propréteur, consul ou proconsul. Au combat, aucun soldatn’était isolé.

Les unités présentaient la particularité d’être diverses et adaptées aux diffé-rents temps du combat, où le rôle principal était dévolu aux légionnaires, desfantassins lourds. On distinguait ces soldats des socii, « alliés » chargés de fournirdes hommes à la demande, les fantassins lourds et légers, et les cavaliers.

Les légionnaires étaient de véritables chars d’assaut 8, très bien protégés parun casque, une cuirasse (une cotte de mailles à cette époque) et un bouclier (cedernier, de forme rectangulaire, était fait en bois, renforcé par du fer, unedemi-boule au milieu et des lamelles du même métal en haut et en bas). Ilstuaient leurs ennemis grâce à des armes très « performantes », le pilum et le

4. J. Carcopino 1990.5. K. Christ 1994.6. C. Ardant du Picq 1880.7. Généralités : J. Harmand 1967, ancien mais toujours pas remplacé ; L. Keppie 1998 ;

Y. Le Bohec 2001 et Y. Le Bohec 2014.8. M. C. Bishop & J. C. N. Coulston 2006 ; M. Feugère 2019.

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gladius. On appelait pilum un javelot fait d’un manche de bois (environ 90 cm)et d’une longue pointe métallique très fine (à peine moins longue). Le gladiusétait une épée courte (moins de 90 cm de lame) qui permettait de frapper de tailleet d’estoc. À l’heure actuelle, les archéologues ne limitent plus leurs recherchesà l’armement, mais ils les étendent aux vêtements et à tout ce dont un soldat abesoin ; c’est ce qu’ils appellent l’équipement. Dans cet équipement, ils com-prennent des objets divers, haches par exemple, qui n’étaient pas utilisées aucombat, contrairement à ce que croient quelques esprits naïfs : elles servaientpour les travaux de génie militaire (routes à dégager, ponts à lancer et camps demarche à construire).

Un point faible toutefois : l’absence d’une marine militaire permanente.Quoi qu’il en soit, les hommes étaient choisis lors du conseil de révision où, en

raison de la forte démographie de l’Italie, les responsables pouvaient sélection-ner les meilleurs. Le mot legio, « légion », appartient à la même famille quelegere, « choisir », et dilectus, « conseil de révision ». De ce fait, un principeprésidait aux opérations : la recherche de la qualité.

1.2. L’avant-combat

Pour aller au combat, l’armée romaine disposait de nombreux atouts.Avant de partir, les soldats étaient préparés par l’exercice, exercitium ou

exercitatio 9, une formation à la fois initiale et continue. La recrue, appelée tiro,apprenait son métier, c’est-à-dire distinguer les différents officiers, les saluer,reconnaître les signaux donnés par la musique et les étendards, etc. Après cesbases, il participait à trois types d’actions, le sport, le maniement d’armes(escrime notamment) et les manœuvres en unités constituées.

Pour le reste, il existait un certain nombre d’organes qui correspondent à cequi est appelé aujourd’hui « les services » ou encore « la queue du dragon », « lagueule » étant formée par les combattants. Toutefois, ceux qui étaient employésà ces travaux reprenaient leur place dans l’ordre de bataille quand ils étaient faceà l’ennemi.

Avant tout, les officiers et surtout le général s’informaient. Ils pratiquaient lerenseignement sous ses deux formes 10, la recherche (« renseignement actif » desAnglo-Saxons) et le recueil (« renseignement passif » des mêmes). Une armée nese déplaçait jamais sans être précédée par des éclaireurs ; les textes de Césarmentionnent très souvent les speculatores. Ensuite, il fallait faire savoir ce quiavait été découvert ; c’était le rôle de la transmission : des estafettes interve-naient, mais aussi des signaux de fumée et mille autres moyens.

9. G. Horsmann 1991, ouvrage imparfait.10. N. J. E. Austin & N. B. Rankov 1995 : voir en particulier p. 95-102.

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Un autre facteur d’efficacité tient à la logistique 11. Peu soignée jusqu’audébut du ier siècle av. J.-C., elle fut considérablement améliorée ; les soldats dePompée comme de César ont été des privilégiés à cet égard et ils ont presquetoujours eu du pain et de l’eau. S’ils ont rarement connu la faim et la soif, ils ontmême su pratiquer une contre-logistique, pour tenter d’empêcher les ennemisde s’approvisionner.

Avec leur équipement, des vivres et du matériel, les hommes étaient surchar-gés depuis le temps de Marius qui avait alourdi leur paquetage, au point qu’ils sesurnommèrent, non sans humour, « les mulets de Marius ». Mais les autresprovisions et les équipements collectifs, comme les balistes, étaient transportéspar des animaux, chevaux, mules et mulets, bœufs aussi, qui étaient conduits pardes valets ; c’était l’équivalent de ce qui est appelé aujourd’hui « le train ». Onestime qu’il fallait environ 4000 bêtes pour 5000 légionnaires.

Pour faire avancer les hommes et les bêtes, le génie militaire intervenait. Ildégageait des routes, bien sûr non pavées, il lançait des ponts et il aidait à laconstruction des camps. Chaque soir, les soldats (tous !) construisaient uneenceinte pour s’y abriter ; ils la détruisaient au matin pour qu’elle ne soit pasréutilisée par les ennemis.

Une autre faiblesse ici aussi : l’absence de service de santé, une création desdécennies suivantes. Il est vrai que les soins médicaux, très rudimentaires,aggravaient l’état des blessés plus qu’ils ne les guérissaient : par exemple, onessayait d’arrêter les hémorragies avec de la terre ou des linges souillés.

Un autre problème était posé par l’ordre de marche. Le général devait montrerson talent en l’organisant, avec seulement deux contraintes : envoyer des éclai-reurs en avant et placer les bagages au centre du dispositif.

1.3. Le combat

Arrivés devant l’ennemi, les Romains connaissaient toutes les formes decombat pratiquées de leur temps 12. Et, s’ils préféraient la bataille en rasecampagne, plus conforme à leur éthique du face-à-face, ils savaient aussi menerun siège, qui économisait le sang romain. C’était là les deux tactiques auxquellesils recouraient le plus fréquemment, et nous reviendrons un peu plus loin sur cesdeux sujets. Mais ils n’ignoraient pas les autres possibilités : combat en milieuurbain, en montagne, sur mer et contre-insurrection (la contre-guérilla). Leursupériorité rendait inutile, pour eux, la petite guerre ou guérilla ; ils abandon-naient cette pratique à leurs ennemis, qui n’ont jamais pu remporter une guerrede la sorte, contrairement à ce que croient quelques auteurs mal informés.

11. A. Labisch 1975.12. Y. Le Bohec 2014 : 221-296.

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Il arrivait que le conflit soit rendu plus difficile par la nuit ou par le recours àce qui a été appelé de manière un peu excessive « la guerre biologique etchimique ». Dans ce cas, les balistes lançaient des pots remplis de guêpes ou descorpions ou encore des cadavres de pestiférés. Ou bien les attaquants enfu-maient leurs ennemis réfugiés dans une grotte. Leur imagination était sanslimites. Remarquons qu’ils avaient une attitude ambiguë à l’égard du strata-gème, auquel Frontin a pourtant, par la suite, consacré un ouvrage : pratiqué parun ennemi, il prouvait sa traîtrise ; pratiqué par un Romain, il prouvait sonintelligence.

2. Les conditions de la guerre

2.1. Les causes

En ce qui concerne la cause principale de ce conflit majeur 13, elle se trouvedans la crise de la République : elle a vu s’opposer les populares, qui défendaientl’idée d’une loi agraire, aux optimates, qui ne voulaient pas même en entendreparler. De manière simultanée, l’idée monarchique faisait des progrès grâce auxsuccès des imperatores. Les deux partis se choisirent chacun un chef, César(populares) et Pompée (optimates) 14. S’adjoignant un troisième larron, Crassus,ces deux personnages formèrent en 60 un « triumvirat », accord qui vola en éclatsquand Crassus fut tué à Carrhae en 53. Pompée, pourtant ne se décida jamais àune rupture totale, même en 51 av. J.-C. 15.

Chacun des deux survivants voulait commander, pour ne pas avoir à obéir.Ensuite, les historiens se divisent. Les uns font de César un aspirant à la royauté,en se fondant sur Plutarque 16. D’autres auteurs voient en lui un révolutionnaireet pas un candidat à la royauté 17. Dans le premier cas, plusieurs modèless’offraient à lui, surtout une royauté à la façon d’Alexandre, un personnage quetous admiraient. Il pouvait aussi se présenter en chef de guerre s’appuyant surles hommes libres et pauvres, comme avaient fait Scipion le premier Africain etHannibal.

En outre, César défendait sa dignitas 18 : il jugeait indispensable de présentersa candidature à une magistrature en son absence, car il craignait un procès dèssa sortie de charge ; ses ennemis l’accuseraient d’abus de pouvoir dans sa gestion

13. Vell. II, 48 et 49 ; Flor. I, 47 (par exemple), et II, 13, 11 ; Dion Cass. XL, 44-45 ;Eutr. VI, 19, 2 ; Zon. X, 7. R. Pansardi 2001 ; R. Stanton 2003.

14. Caes. C. I, 4, 4 ; Vell. II, 49, 1-2 ; Luc. I, 84-86 et 125-126 ; Plut. Caes. 28, 1 ; DionCass. XL, 44.

15. J. Carcopino 1990 : 336-340.16. Plut. Caes. 28, 6. P.-M. Martin 1994 : 363-386.17. R. Étienne 1997 : 261-264.18. Flor. II, 13, 11. K. Raaflaub 1974.

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de la guerre en Gaule 19. Devant le refus des optimates, il ne lui restait qu’unrecours, la guerre civile.

2.2. Le prétexte

En l’année 51 av. J.-C., César faisait présenter au Sénat trois demandes : uneprorogation de son commandement, l’autorisation de poser sa candidature auconsulat sans avoir à être présent à Rome 20, et la dissolution de l’armée dePompée. En échange, il proposait de dissoudre sa propre armée 21. Il espéraitainsi échapper aux poursuites judiciaires, et formulait ce qui a été appelé, par lasuite, « la politique de neutralisation ».

La rupture irréversible et totale intervint le 12 janvier. César se trouvait alorsjuste au nord du Rubicon 22, petit cours d’eau qui marquait la limite entre laprovince de Cisalpine, au nord, et l’Italie, au sud, que la loi interdisait auxhommes en armes 23. Dans la nuit du 11 au 12, l’armée fut mise en état d’alerte.Au matin du 12 janvier 49 av. J.-C., César prononça une phrase célèbre, adaptéed’un vers de l’écrivain grec Ménandre : Alea iacta est, « Les dés sont jetés » 24, etil ordonna à son armée de franchir le Rubicon 25.

2.3. Les forces en présence

Quel était, à ce moment précis, le rapport des forces en présence ? César etPompée n’auraient pas à affronter des Barbares, mais des Romains comme eux.

Pompée disposait de plusieurs avantages : il faut d’abord compter l’hommelui-même, un imperator soutenu par une partie des élites sociales 26, à savoirCicéron, Caton, Scipion, Labiénus et les Claudii Marcelli. Il faut leur ajouter nonpas « les » chevaliers comme on l’écrit souvent, mais « des » chevaliers, desnotables municipaux et des citoyens romains dans une grande partie de l’Ita-lie 27. Dans les provinces, la péninsule Ibérique, l’Afrique, la Gaule et l’Orientl’appuyaient 28. Il est invraisemblable, comme on l’a dit, que les Gaulois, à

19. Dion Cass. XL, 60. R. J. Rowland 1977 : 165-166.20. Hirt. G. VIII, 50, 4 ; VIII, 52, 2 ; Plut. Pomp. 56 ; App. Civ. II, 3, 25.21. Hirt. G. VIII, 52, 4.22. Plut. Caes. 20, 1. H. M. Ottmer 1979.23. Plut. Caes. 32, 5. N. Berti 1987.24. Vell. II, 49, 4 ; Suet. Caes. 32-33 ; Plut. Caes. 32, 8 ; Pomp. LX, 1-4 ; Apophtegmes,

César 7 ; App. BC II, 5, 35. E. Hohl 1952 ; T. P. Wiseman 1996.25. Luc. I, 183-222 ; Zon. X, 7.26. Hirt. G. VIII, 52, 3 ; Vell. II, 49, 2 ; Luc. II, 234-391 ; DC. XLI, 7. D. R. Shackleton

Bailey 1960a, a compté 40 nobles favorables à Pompée, pour 55 dans le camp de César.27. Dion Cass. XLI, 6.28. Luc. II, 292-295 ; III, 169-292 (Grèce, Asie, Syrie) ; V, 49-61 (Grèce, Macédoine, Thrace,

Anatolie, Afrique) ; DC. XLI, 13 ; Oros. VI, 15, 18 ; Syll.3 no 757, 8.

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l’exception de quelques profiteurs, aient eu de la sympathie pour César quinzemois après la fin de la guerre.

Pour les effectifs, Pompée pouvait compter dès le début du conflit sur 18légions 29. Et le Sénat lui avait donné l’autorisation de recruter 130 000 hommesen Italie. C’est sans doute en pensant au Picénum qui lui appartenait presque enentier, qu’il aurait dit qu’il lui suffisait de frapper du pied le sol de l’Italie pouren faire sortir des légions 30.

De l’autre côté, il faut également commencer par la personnalité de César quivalait bien Pompée mais qui, d’une manière générale, paraissait moins bienpourvu que son ennemi. Il possédait des soutiens chez les nobles, en particulierles Aemilii, les Servilii et Marc Antoine 31. De même, des chevaliers se trouvaientà ses côtés, sans doute moins que chez les pompéiens. En revanche, Césarl’emportait de beaucoup chez les citoyens romains 32, en raison des lois agraireset des mesures limitant les dettes et les loyers qu’il avait fait adopter. Quant auxmilitaires, ils admiraient le général qui donnait des victoires et du butin.

Géographiquement, l’assise de César était plus restreinte. Elle se limitait auxrégions de l’Italie qui avaient été marianistes, l’Étrurie, le Samnium et laLucanie 33. Dans les provinces, outre la Cisalpine 34, il avait quelques clients enGaule, en Afrique et dans la péninsule Ibérique 35. En Orient, seuls les Juifsressentaient un préjugé favorable pour lui par haine de Pompée 36. Il sut pour-tant se créer des appuis, en donnant des promotions à des cités des provinces.

L’armée de César comptait seulement onze légions 37 et, comme auxiliaires,des Gaulois et des Germains, excellents cavaliers. Quant à ses fantassins, ilsavaient acquis en Gaule un solide entraînement au combat 38. Et d’habilesmanœuvres d’intoxication, relevant de la guerre psychologique, avaient faitcroire à Pompée que l’armée de César était démoralisée 39.

29. Plut. Caes. 33, 6 ; Flor. II, 13, 5. A. von Domaszewski 1894.30. Plut. Caes. 33, 5 ; Pomp. 57, 9.31. Hirt., G. VIII, 50, 2-3 ; Suét., Caes. 27. D. R. Schackleton Bailey 1960a et 1960b ;

H. Bruhns 1978 ; J. S. Ruebel 1994.32. Z. Yavetz 1958 et 1984.33. Hirt. G. VIII, 50, 1 ; E. Rawson 1978.34. Hirt. G. VIII, 51.35. Caes. C. II, 19.36. Suet. Caes. 28 ; Dion Cass. XLI, 18.37. Flor. II, 13, 5.38. Vell. II, 49, 2.39. Plut. Pomp. 57, 6 ; App. Civ. II, 4, 30.

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3. La conquête de l’Italie

3.1. Les stratégies

Les premières offensives de César conduisent à poser la question de sastratégie : du point de vue militaire, que voulait-il ? Il est vrai que l’existencemême d’une stratégie au temps des Romains a divisé la critique. Les uns, à lasuite d’E. N. Luttwak, parlent d’une « grande stratégie » 40 ; d’autres, telB. Isaac, assurent au contraire que les anciens ne pouvaient pas avoir de stratégiedu tout, car ils n’avaient pas les moyens d’information nécessaires (cartes, avions,etc.) 41.

Il faut s’entendre sur le sens des mots « tactique » et « stratégie » 42. Nousavons avancé des définitions, certes imparfaites et discutables, mais acceptablesdans les grandes lignes. La stratégie est l’art de gagner une guerre ; la tactiquel’art de remporter une bataille. Et, quand un général installe un camp ou quandil déplace une unité, il fait de la stratégie, et nous avons proposé de parler, pourl’époque romaine, d’une « petite stratégie ».

Comme dans la guerre des Gaules, qui n’avait vraiment commencé que par leconflit avec l’ennemi principal, les Belges, ainsi, dans la guerre civile, Césarouvrit les hostilités contre l’ennemi principal, les pompéiens présents en Italie.En deux mois, et sans avoir subi de dommages significatifs, il s’empara de lapéninsule 43.

Ce conflit rompait avec une tradition : il ne respectait pas le rythme sacral dela guerre (en règle normale, les opérations ne commençaient qu’en mars-juin), cequi posait des problèmes juridiques et religieux : pouvait-on entreprendre uneguerre avant le 1er mars, premier jour du mois consacré au dieu des armes ? Elleposait aussi des problèmes matériels, car l’hiver ne favorisait pas la logistique. Ilest indispensable, s’agissant de l’histoire romaine, d’évoquer les questions juri-diques.

César dut d’abord choisir le terrain et l’ordre de bataille. Il disposa son arméeen trois corps 44. Il envoya Fabius avec trois légions (viie, ixe et xie) vers lapéninsule Ibérique. Il réserva pour son propre usage trois autres légions (viiie,xiie et xiiie) qu’il installa dans la plaine du Pô, n’en rapprochant qu’une seule duRubicon, la xiiie. Enfin, il constitua une réserve, de 5 légions sans doute, qui futplacée sous les ordres de Trébonius et installée dans la plaine de la Saône.

40. E. N. Luttwak 2009.41. B. Isaac 1989.42. Y. Le Bohec 2014 : 221-297 (tactique) et 299-372 (stratégie).43. Liv. Per. 109.44. Luc. I, 392-465.

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César fit le choix de l’offensive à outrance et de la rapidité, la celeritas 45 :thème important de sa propagande, qui transformait sa guerre en un vraiBlitzkrieg. C’est pourquoi il utilisa des effectifs réduits, une seule légion, laxiiie, au début du moins. S’il entreprit sa guerre par le versant est de l’Apennin,c’est peut-être parce que Pompée possédait là ses terres patrimoniales du Picé-num. Il installa sa xiiie légion dans Rimini 46, qui servit de base de départ pourla conquête de l’Italie 47.

À l’opposé, l’irrésolution de Pompée conduisit ce dernier à se mettre sur ladéfensive et à placer des effectifs importants pour arrêter la progression del’ennemi 48. Environ huit légions défendaient un territoire restreint, situé entrele cours supérieur du Tibre et l’Adriatique 49 ; c’était un petit quadrilatère,formant une sorte de bouchon ; les autres unités avaient été installées à l’ouest, àCapoue 50.

3.2. L’offensive de César

César procéda en trois temps.Tout d’abord, il s’empara du Picénum, où les ennemis soit se rendaient, soit

s’enfuyaient 51. Il prit Corfinium. Cette ville joua un rôle déterminant dans cettecampagne d’Italie, pour des raisons à la fois militaires et politiques. En effet, lecommandant de la place, Domitius Ahenobarbus, était l’ennemi personnel deCésar. Accompagné de sénateurs et de chevaliers, il avait regroupé plus de troislégions 52. Apprenant l’arrivée de ses ennemis, il avait demandé des renforts àPompée ; en vain 53. Ses soldats puis ses officiers l’abandonnèrent. César, fidèleà un de ses slogans préférés, saisit cette occasion pour manifester sa « clémence »,autre thème important de sa propagande 54 : la « grâce de Corfinium » est restéecélèbre 55.

En second lieu, il s’empara de l’Italie centrale, conséquence logique de la prisede Corfinium, puisque Pompée venait de perdre le quadrilatère défensif qu’il

45. App. Civ. II, 5, 34.46. Caes. C. I, 8, 1 ; Luc. I, 231-261 ; Plut. Caes. 32, 3 et 32, 8 ; App. Civ. II, 5, 35 ; Dion

Cass. XLI, 4 ; Oros. VI, 15, 3 ; Zon. X, 7.47. Luc. I, 238-261.48. Luc. II, 393-438 ; Flor. II, 13, 18-19.49. Luc. II, 462-471.50. App. Civ. II, 4, 30-31.51. Luc. II, 466-469 et 503-504 ; Suet. Caes. 34, 1-2 ; DC. XLI, 4 et 10 ; Zon. X, 7. J. Car-

copino 1990 : 373-376.52. Caes. C. I, 15, 6-7, et I, 17, 2 ; Cic. Ep. 328-347.53. A. Burns 1966 : 74-95.54. M. Th. Griffin 2003 : 157-182 ; E. Malaspina 2005 : 63-77 ; Y. Benferhat 2009 :

121-132.55. Caes. C. I, 22 et I, 23 ; Vell. II, 50, 1 ; Plut. Caes. 34, 7-8 ; Oros. VI, 15, 4.

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avait installé sur le versant est de l’Apennin. Dès le début des opérations, Césaravait envoyé Curion et trois cohortes à Iguvium, en Ombrie ; le défenseur de laplace, Thermus, avait pris la fuite sans offrir de résistance 56. Dans le mêmetemps, Marc Antoine avait été envoyé vers l’ouest, dans le pays des Étrusques,par Arezzo. De là, il avait pris la route de Rome, où le bruit de sa marche avaitprovoqué une grande panique : « César approche, sa cavalerie est là » 57. Uneétonnante psychose collective avait frappé les habitants. Pendant ce temps,Pompée s’était replié sans combattre à Capoue 58.

À un troisième moment, César s’empara de l’Italie méridionale. Les césariens,à l’offensive, se renforçaient. Aux trois légions déjà arrivées s’en ajoutaient troisautres, constituées pour deux d’entre elles par les hommes d’Ahenobarbus quiavaient changé de camp, alors que Pompée voyait ses effectifs fondre 59.

Le chef des optimates, accompagné par les siens, quitta Capoue, pour gagnerBrindes 60, à l’extrême sud-est de la péninsule. Il n’était plus accompagné quepar vingt cohortes, soit deux légions 61. Sa nouvelle stratégie : gagner les Balkanspour mieux y résister. César dut assiéger ce port, c’est-à-dire encercler une villeà la fois par la terre et par la mer 62. D’un côté, il fit donc faire les travauxhabituels : camps et tours, défense linéaire avec fossé (fossa), bourrelet de terre(agger) et palissade (uallum). À l’est, sur l’eau, il innova 63. Pour empêcher lafuite des assiégés, ses hommes disposèrent des radeaux liés les uns aux autres etmaintenus en place par des ancres ; ils furent recouverts de terre et dominés parun vrai rempart avec des tours.

Pompée, cette fois, sut tendre un piège. Pour forcer le barrage flottant mis enplace à l’est, il fit équiper des navires de tours et de pièces d’artillerie 64. Pouralléger la pression à l’est, il essaya d’attirer vers l’ouest le plus grand nombrepossible de soldats ennemis : des travaux furent effectués de manière trèsostensible du côté de la terre. Les rues menant au port furent coupées par desobstacles destinés à gêner et ralentir la progression des assaillants, comme si unebataille en milieu urbain était envisagée 65, et quelques hommes furent sacrifiéspour sauver le plus grand nombre. Ces dispositions donnèrent le succès à

56. Caes. C. I, 12, 1-3.57. Caes. C. I, 14 ; Luc. I, 466-522 ; Plut. Caes. 33, 2-3 ; 34, 1 ; Pomp. 60, 5, et 61 ; App.

Civ. II, 5, 36 ; Dion Cass. XLI, 7-9.58. Caes. C. I, 10 ; Cic. Ep. 310, 2 ; Luc. II, 392-393 ; Plut. Pomp. 61, 6 ; App. Civ. II, 5, 37.59. Caes. C. I, 24, 3 et I, 25, 1 ; Dion Cass. XLI, 4 ; AE, 1964, 7 ; W. W. How 1924 : 65-66.60. Caes. C. I, 24, 1 ; Luc. II, 610-649 ; Plut. Caes. 33, 6, 34, 1, et 35, 2 ; Pomp. 62, 3-6 ; App.

Civ. II, 6, 38 ; Dion Cass. XLI, 6 et 11 ; Zon. X ; 8.61. Caes. C. I, 25, 2.62. Vell. II, 50 ; Luc. II, 650-679.63. Caes. C. I, 25, 5-10.64. Caes. C. I, 26, 1-2.65. Caes. C. I, 27, 2-4 ; Frontin, Strat. I, 5.

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Pompée, qui réussit à embarquer la plupart de ses hommes 66 et à s’échapper le17 mars 49 67, au prix, seulement, de deux navires perdus 68.

Quand César prit Brindes 69, la ville était vide. Il se rendit alors à Rome où ilprésenta sa défense devant le sénat, et où il s’empara du trésor de l’État. Il yaurait trouvé 1355 kg d’or et 295 000 kg d’argent 70. Puis il partit vers l’Espagne.

4. Le siège de Marseille

4.1. La poliorcétique des Romains

Le mot « poliorcétique », synonyme d’obsidio, est grec, et, s’il désigne unescience qui s’inspira largement de la culture hellénique, il emprunta aussi auxtraditions romaines, en particulier à l’art des arpenteurs, les gromatici. Ondistingue la poliorcétique défensive et la poliorcétique offensive 71.

Pour défendre une ville, ses habitants l’entouraient par un fossé et par unrempart, surmonté de merlons pour la protection des hommes, de tours pourl’observation et de bastions pour les pièces d’artillerie. Les dirigeants comp-taient surtout sur la vaillance des défenseurs et sur l’appui des dieux, et ilsessayaient de renforcer les portes.

Pour prendre une ville, les Romains pouvaient l’entourer par une défensecontinue faite de trois éléments déjà mentionnés, fossé, levée de terre et palis-sade. Ils répartissaient des camps alentour et le général devait faire un choix :passer sous, sur ou à travers le mur. 1. Il avait la possibilité de faire creuser unemine. 2. Il arrivait aussi qu’il commandât un assaut avec des échelles, après avoirfait nettoyer le rempart grâce aux artilleurs, aux archers et aux frondeurs. Ou ilfaisait avancer des machines, des mantelets (plutei) et des tortues (testudines) ;on utilisait le mot uinea, « baraque de vigneron », quand la tortue était grande, etmusculus, « petit rat », quand elle était petite. Les soldats savaient aussi cons-truire des tours sur roues pour arriver à hauteur du rempart et qui pouvaientégalement abriter des béliers. Ils connaissaient également un grand modèle,appelé hélépole, « celle qui ruine les villes », surnom également donné à deuxdames de la mythologie, Hélène et Iphigénie. Le général pouvait, de même, faireconstruire une terrasse d’assaut, en terre et pierre, ou en bois. 3. Il avait enfin lapossibilité de tenter d’enfoncer une porte à l’aide d’un bélier.

66. Caes. C. I, 27, 5-6 ; Cic. Ep. 383-389.67. Cic. Ep. 391, 1 ; P. Grimal 1987 : 125-127.68. Caes. C. I, 28, 3 ; Luc. II, 680-714, et III, 40-47 ; Flor. II, 13, 20 ; App. Civ. II, 6, 38-40.69. Caes. C. I, 28 ; Cic. Ep. 391, 1.70. Luc. III, 112-168 ; Plut. Caes. 35, 6-11 ; Flor. II, 13, 21 ; Dion Cass. XLI, 13 ; Oros. VI,

15, 5.71. P. B. Kern 1999 ; G. Davies 2006 ; Y. Le Bohec 2012 et 2014 : 257-273.

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4.2. Le conflit

En marche vers l’ouest, César trouva Marseille sur sa route 72. Les notables quigouvernaient cette cité, clients à la fois de Pompée et de César, proclamèrentd’abord leur neutralité 73, mais ils étaient pompéiens de cœur.

Dans le même temps, ils parlementèrent avec César et ils accueillirent Domi-tius Ahenobarbus 74, venu avec sept navires 75. César ne pouvait pas laisser unemenace pareille peser sur les voies de communication entre l’Italie et l’Espagne.

Le soin de réduire la place fut confié à deux officiers de valeur, Trébonius pourles opérations sur terre, et Brutus pour la mer 76, qui avaient reçu trois légions 77.Ils entreprirent des travaux 78. Trébonius avait installé un grand camp sur lacolline Saint-Charles, à l’emplacement de la gare actuelle 79. Une petite bataillenavale eut lieu et les césariens l’emportèrent en détruisant neuf navires 80.Lucain a amplifié cette modeste rencontre, lui a donné un tour épique, ens’inspirant d’Eschyle et de Virgile 81 ; l’historien ne doit pas toujours croire ceque disent les poètes.

Le reste de l’histoire, qui comprend la fin de ce siège et d’autres combats surmer, déborde sur l’année suivante et ne concerne donc pas notre propos. Disonssimplement que Marseille fut prise et punie.

5. La première guerre d’Espagne

Après l’Italie, la péninsule Ibérique était le deuxième objectif 82.

5.1. Les choix stratégiques

Les pompéiens de la péninsule Ibérique disposaient de sept légions 83 : le nordétait défendu par trois d’entre elles (sous Trébonius), la Lusitanie par deuxautres (sous Pétreius), ainsi que par des auxiliaires, à savoir 30 cohortes et 5000

72. Caes. C. I, 34-36 et 56-58 ; Vell. II, 50 ; Flor. II, 13, 23.73. Caes. C. I, 35 ; Luc. III, 305-355 ; Suet. Caes. 34, 4 ; Dion Cass. XLI, 19.74. Caes. C. I, 34, et I, 36, 1 ; C. S. Kraus 2007 : 371-378.75. Caes. C. I, 36, 1-3.76. Caes. C. I, 36, 5, et II, 1, 1 ; Flor. II, 13, 25 ; Dion Cass. XLI, 19 ; Oros. VI, 15, 6. Voir

Str. IV, 1, 5 ; Suet. Caes. 34, 4 ; C. S. Kraus 2007 : 371-378.77. Caes. C. I, 36, 4.78. Luc. III, 375-398 et 455-459.79. H. Tréziny 2015.80. Caes. C. I, 56-58.81. R. Utard 2017 : 179-195.82. Caes. C. I, 37-55 et 59-87.83. Caes. C. I, 38, 1.

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cavaliers, et le sud par deux unités de ce type (sous Varron, le célèbre polygra-phe) 84. Ils avaient réuni leurs forces et les avaient réparties entre la ville d’Ilerda,aujourd’hui Lérida 85, et un camp sans doute construit sur la rive droite duSegre 86. Un pont de pierre permettait d’aller fourrager à l’est.

César avait choisi d’utiliser une force de six légions et d’unités auxiliaires, àsavoir 6000 fantassins, 3000 cavaliers et des renforts venus de Gaule en nombreinconnu 87. Il avait envoyé en avant-garde Fabius et trois légions, les viie, ixe etxie 88, qui avaient installé leur camp sur la rive gauche du Segre et avaientconstruit deux ponts en bois en amont d’Ilerda pour aller fourrager à l’est. César,qui avait prévu d’arriver peu après ses légats, se hâtait 89.

5.2. La bataille en plaine

Pour une bataille en plaine 90, le général disposait ses légions sur trois lignescomptant de trois à neuf rangs de soldats chacune : hastati en avant, principes aumilieu, triarii à l’arrière ; la cavalerie protégeait les flancs de ce dispositif. Ilinstallait une réserve en arrière et des troupes légères à l’avant, pour fatiguerl’ennemi avant l’engagement des fantassins lourds, les légionnaires ; leur actionétait renforcée par les tirs de l’artillerie (balistes) 91. Un camp de bataillerenfermait les biens des soldats et leur servait d’ultime protection en cas dedéfaite.

Les manœuvres, très simples, s’apparentaient plus au jeu de dames qu’auxéchecs. Le général pouvait provoquer un simple choc frontal, ou essayer d’enfon-cer un coin (cuneus) entre le centre et une aile de l’ennemi, ou encore tenter lamanœuvre enveloppante ; dans ce cas, il étendait une aile pour envelopper l’aileopposée.

5.3. La conquête

Le nord de l’Espagne tomba aux mains de César en quarante jours 92.Les manuels parlent d’une « bataille d’Ilerda », datée du 2 août 49. En réalité,

84. Caes. C. I, 38, 3.85. Caes. C. I, 39, 1 ; Dion Cass. XLI, 20.86. M. Rambaud 1987a : 329-336.87. Caes. C. I, 39, 2. M. Rambaud 1987a.88. Caes. C. I, 37 ; I, 40, 1-2 ; Dion Cass. XLI, 20.89. Str. III, 7, 9 (27 jours de Rome à l’Espagne) ; Jos., A.J. XIV, 123 ; Suet. Caes. 34 ;

Plut. Cato mi. 53 ; Ant. 6 ; App. Civ. II, 41, II, 42 et II, 47 ; Eutr. VI, 20, 1 ; Zon. X, 8.90. Y. Le Bohec 2014 : 224-257.91. E. W. Marsden 1999.92. Caes. C. II, 32, 5 ; Str. III, 4, 10 ; Liv. Per. 111 ; Luc. IV, 1-401 ; Front. Strat. I, 5 ; Suet.

Caes. 34, 3 ; Plut. Caes. 36 ; App. Civ. II, 6, 42 ; Flor. II, 13, 26 ; Dion Cass. XLI, 20 ; Zon. X,8 ; P. F. Cagniart 1966 ; P. François 2009 : 167-184 ; C. Deroux 2011 : 513-515.

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la région d’Ilerda ne vit se dérouler qu’une série de manœuvres complexes, necomportant que quelques épisodes de vraies batailles. César fit une totale partied’échecs pour prouver aux ennemis qu’ils ne pouvaient faire aucun mouvement.Ils se rendirent. César leur adressa des reproches, puis il promit sa clémence 93.Beaucoup d’historiens, qui tiennent Varron pour quantité négligeable, considè-rent que la guerre d’Espagne était alors terminée.

Pourtant, après la Citérieure, l’Ultérieure.Le gouverneur Varron n’était guère disposé à une résistance à outrance et il

resta très prudent 94. Quand il fut abandonné par les cités ibériques, puis par seshommes, finalement, il les suivit. À la fin de septembre 49, Longinus fut désignépour gouverner l’Ultérieure, et il reçut 4 légions 95. Cet effectif prouve que Césarappliquait une stratégie globale. Il cherchait à contrôler chaque partie del’empire, l’une après l’autre.

Conclusion

La guerre civile était loin d’être terminée : César devait prendre Marseille,vaincre Pompée et chasser les républicains des autres régions du monde médi-terranéen, Grèce, Égypte, Afrique et de nouveau Espagne. Il dut mener dessièges et de grandes batailles, notamment Pharsale le 9 août 48, Thapsus le 6 avril46 et Munda le 17 mars 45 (en réalité, la vraie fin de la guerre fut marquée non parcette rencontre, mais par le siège de la ville de Munda, qui la suivit). C’est ce queracontent les autres ouvrages du corpus césarien.

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94. Caes. C. II, 17, 1-2.95. Caes. C. II, 21, 4 ; Dion Cass. XLI, 24.

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la guerre civile en 49 avant j.-c. 59

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60 yann le bohec

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VITA LATINAAnno MMXX No 200

INDEXARTICLES

Joseph Dalbera L’imbrication des voix dans les Métamorphosesd’Apulée. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

Maguelone Renard De la fatalité païenne à la Providence chré-tienne, Aug., Civ. V, 8-10 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

Yann Le Bohec La guerre civile en 49 avant J.-C. : Étude d’hi-toire militaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43

Paul Marius Martin César et ses anti-modèles dans le Bellum ciuile. 61François Ripoll La scène de fraternisation d’Ilerda (César, B.C.

I, 74) : dramatisation narrative et démonstra-tion politique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82

Gérard Salamon Scaeua, centurion de César : apparition, déve-loppe-ment et survie d’un exemplum littéraire . 96

Sara Cusset Fabulæ Æsopiæ, non Æsopi. Recherche sur laterminologie fabulaire jusqu’à Phèdre . . . . . . . . 111

Robin Glinatsis Horace et le voyage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121Florence Klein Ovide, Pont. I, 2,121 et II, 2,115-116 : retour

sur une allusion à Callimaque (fr. 114b Pf) . . . . 143Maxime Pierre Le monologue d’entrée de rôle dans les tragé-

dies de Sénèque : de l’animation du person-nage à la rencontre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156

Émilie Borron Et Troianos intulit agresti Latio : Faunus oules compromis de l’autochtonie dans l’épopéevirgilienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171

BIBLIOGRAPHIES

Marie-Hélène Garelli Plaute, Poenulus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187

Paul Marius Martin César, La Guerre civile, livre I . . . . . . . . . . . . . . . 193

Pour la suite du sommaire, voir page intérieure

VITA LATINAAnno MMXX No 200

INDEXARTICLES

Joseph Dalbera L’imbrication des voix dans les Métamorphosesd’Apulée. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

Maguelone Renard De la fatalité païenne à la Providence chré-tienne, Aug., Civ. V, 8-10 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

Yann Le Bohec La guerre civile en 49 avant J.-C. : Étude d’hi-toire militaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43

Paul Marius Martin César et ses anti-modèles dans le Bellum ciuile. 61François Ripoll La scène de fraternisation d’Ilerda (César, B.C.

I, 74) : dramatisation narrative et démonstra-tion politique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82

Gérard Salamon Scaeua, centurion de César : apparition, déve-loppe-ment et survie d’un exemplum littéraire . 96

Sara Cusset Fabulæ Æsopiæ, non Æsopi. Recherche sur laterminologie fabulaire jusqu’à Phèdre . . . . . . . . 111

Robin Glinatsis Horace et le voyage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121Florence Klein Ovide, Pont. I, 2,121 et II, 2,115-116 : retour

sur une allusion à Callimaque (fr. 114b Pf) . . . . 143Maxime Pierre Le monologue d’entrée de rôle dans les tragé-

dies de Sénèque : de l’animation du person-nage à la rencontre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156

Émilie Borron Et Troianos intulit agresti Latio : Faunus oules compromis de l’autochtonie dans l’épopéevirgilienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171

BIBLIOGRAPHIES

Marie-Hélène Garelli Plaute, Poenulus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187

Paul Marius Martin César, La Guerre civile, livre I . . . . . . . . . . . . . . . 193

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Suite du sommaire, vobis legimus

Leopoldo Iribarren, Fabriquer le monde, Technique et cosmogonie dans lapoésie grecque archaïque : Paris, Classiques Garnier, « Kaïnon - Anthropo-logie de la pensée ancienne », 2018, 261 pages (Pierre Sauzeau) . . . . . . . . . . . 224

Charles Sénard & Louise de Courcel, Minus, La petite enfance en Grèce et àRome, précédé d’un entretien avec Diane Drory : Paris, Les Belles Lettres,Collection « Signets », 2019, 368 pages. (Mylène Pradel-Baquerre). . . . . . . . 225

Mingjie Tang, L’usage de la subjectivité. Foucault, une archéologie de larelation : Paris, L’Harmattan, « Quelle drôle d’époque ! », 2018, 280 pages.(Jérôme Lagouanère) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 227

Étienne Wolff (dir.), Ausone en 2015 : Bilan et nouvelles perspectives :Turnhout, Brepols, « Collection des Études Augustiniennes, série Antiquité »EAA 204, 2018, 404 pages. (Louise Séphocle) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 228