Jacques Bidet - Commentaire du Capital

8/14/2019 Jacques Bidet - Commentaire du Capital

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[COPYRIGHT, JACQUES BIDET]

Jacques Bidet

COMMENTAIRE DU CAPITAL

Livre I, Sections I et II

Analyse alina par alina

en complment du livre

Explication et reconstruction du Capital

PUF, septembre 2004

Ce commentaire constitue la troisime partie de louvrage.

Il est ici donn inachev, dans sa version de septembre 2004.Il est susceptible de dveloppements ultrieurs et de modifications

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Introduction

I. Brve introduction Explication et reconstruction du Capital

Cet ouvrage serait difficile rsumer en quelques pages. Je rappellerai seulement,en vue de rendre intelligible le Commentaire, quelques points qui concernent lecommencement du Capital.

L'EXPLICATION que je propose s'oppose trois interprtations traditionnelles de laSection I, que l'on trouvera toujours l'arrire-plan de mon commentaire. Celui-ci eneffet s'efforce de tenir compte de l'influence qu'elles se sont acquises travers lesnombreux ouvrages d'introduction auxquels elles ont donn lieu. .

(1) L'interprtation historique suppose que Marx analyserait ici la productionmarchandesimple, pr-capitaliste. Je tiens au contraire, avec la plupart des interprtescontemporains, il s'agit ici de l'analyse du capitalisme, et non de socits antrieures,mais considr au simple niveau de sa logique marchande, soit son niveau le plusgnral, le plus abstrait , comme dit Marx.

(2) Mais ce niveau le plus abstrait n'est pas comprendre comme le plus simple,comme un modle lmentaire partir duquel on construirait, par complexificationssuccessives, le modle complet, selon une dmarche courante chez les conomistes, etdont le marxisme analytique anglo-saxon a propos une formulation particulirement

frappante. La mthode de Marx, mme si elle comporte de telles adjonctions dedterminations, nest pas rductible un procdure conduisant du simple au complexe.(3) Je propose une interprtation dialectique, mais en opposition une autre, que

je qualifie de dialecticienne , et qui est aujourd'hui le plus courante chez lesphilosophes, et laquelle se rfrent aussi certains conomistes. Selon cette troisimeinterprtation, le moment abstrait de lexpos du mode de production capitaliste, quicorrespond au commencement du Capital, serait celui de l'change, c'est--dire desrapports conomiques tels qu'ils apparaissent la surface . Marx partirait donc desrapports d'change, qui sont aussi des rapports d'argent, sans tre encore des rapports decapital. Cette interprtation n'est pas fausse. Mais elle est, si j'ose dire, extrmementsuperficielle. Ce dont traite en ralit Marx (dans les termes de l'analyse de la

marchandise ), cest de la logique de la production marchande comme telle, prisedans ses catgories constitutives : la proprit prive, l'change, la dpense de force detravail, le travail concret, le travail abstrait, le temps de travail socialement ncessaire,la productivit,, la concurrence dans la branche et entre branches, la valeur, le prix demarch, la monnaie comme marchandise et comme signe, linstance tatique impliquedans la production marchande, etc. Dans ce contexte, lanalyse de l'change estrattache celle deproductionmarchande, type de division du travail dont elle estun lment. Dire que Marx vise ici la production marchande, mais non la productioncapitaliste, signifie quil vise l'ordre capitaliste, mais pris son niveau le plus gnral,dans lequel, comme il le souligne expressment, le travail n'est pas encore pris commetravail salari, ni la production comme production pour le profit.

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thorique lobjet rel, en loccurrence la socit capitaliste. Althusser a donn une puissante incitation sintresser aux coupures (pistmologiques) qui rendentpossible la progression de la recherche. Je me propose de poursuivre dans cette voie.Mais en manifestant non plus les carts par rapport au Jeune Marx, mais les ruptures

dcisives qui marquent la phase de production du Capital partir des manuscrits oubrouillons qui le prparent. Il faut pour cela bien sr admettre que Marx puisse avoircrit des brouillons Ce qui est contraire lesprit commun de lexgse. Cestaussi pourquoi mon commentaire nest pas prendre comme une exgse. Il vise eneffet rendre possible une autre prise de distance, celle de la reconstruction .

J'en viens donc maintenant la RECONSTRUCTION.

(1) La thse de deux plesMarx pense pouvoir commencer la thorie du capitalisme par la seule analyse du

march, comme si les rapports marchands en taient les seuls structurants primaires.

cela j'oppose la thse selon laquelle il existe, manifeste dans le capitalisme, une autreforme de coordination rationnelle l'chelle sociale : l'organisation . Celle-ci, ladiffrence du march, n'est pas fonde sur la division atomistique de la proprit et surl'quilibre a posteriori de l'ensemble des productions par la concurrence, mais, commeon le voit par exemple au sein d'une entreprise, sur l'unit de la proprit, au sein delaquelle la cohrence est recherche a priori par l'adquation optimale de moyens desfins prdfinies. Marx a le premier, dans son chapitre sur la manufacture, clairementidentifi ces deux modes de coordination rationnelles de la coordination de la

production lchelle sociale. Il sagit l de deux figures, le march et l'organisation,qui sont prendre dans leur complexe co-imbrication. Une telle approche de la socitcapitaliste se retrouve aujourd'hui chez nombre d'conomistes htrodoxes (qui refusentde considrer le march comme le paradigme fondateur), notamment marxistes. Encorefaut-il mettre en uvre cette considration au niveau d'analyse qui est celui de Marx,c'est--dire partir du commencement de l'expos, et redployer, partir de l, lanalysedes classes, de lexploitation, de lEtat, etc. Et c'est cela d'abord qui motive lareconstruction ici propose, partir de ce que l'on dsignera ici comme les deux plesde la mtastructure : le march et organisation.

Dans ces conditions se dgage aussi dans toute son ampleur lautre dimension dela thorie initie par Marx, sa signification socio-politique. Do la seconde thsefondamentale de la reconstruction :

(2) La thse de deux facesMarx, en effet, met ici en uvre un concept nouveau d conomie , que dnotele sous-titre de l'ouvrage, Critique de l'conomie politique. Marx ne propose pas uneconomie pure, abstraite, intemporelle. Il enchsse son conomie dans les formes

particulires de socit, ici dans celle qu'il appelle moderne ou capitaliste. Lecommencement de l'ouvrage dploie donc un cadre thorique selon lequel l'conomies'inscrit dans le contexte social, juridico-politique, de cette forme de socit,caractrise par la proprit prive, la libert-galit marchande, le contrat socialsuppos et une instance tatique qui ne connat pas encore les classes. Marx y insiste :ici le travail n'est pas encore comprendre comme travail salari. cet gard, la thse dela reconstruction est la suivante : en ce commencement thorique, on doit considrer

non seulement deux ples (march et organisation), mais aussi deux faces : celle de

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l'entendement rationnel, objet spcifique de l'analyse conomique, et celle de l'exigenceraisonnable, qui relve de la philosophie politique. En effet, dans le monde moderne, lemarch et organisation sont supposs tre des formes dans lesquelles se donnent lalibert et l'galit, en mme temps que la rationalit productive. Et cette (simple)

supposition, dclaration ou prtention est un caractre distinctif de cette forme desocit, dcisif dans la dynamique de son dveloppement historique.La suite du Capital, la Section III, montrera qu'en ralit la socit capitaliste

nest pas telle quelle est suppose tre, et que ces deux mdiations, le march etorganisation (et il faut lever le second terme ou mme statut pistmologique primaireque le premier) constituent ce qu'il faut identifier comme les facteurs de classe

propres la forme moderne de socit, constitutifs de la forme moderne de classe. L'undes problmes fondamentaux de la thorie de Marx est de savoir comment comprendrele passage de la Section I la Section III, passage qui fait lobjet de la Section II,Transformation de l'argent au capital : le passage (thorique, non historique) du marchau capital. Plus prcisment, comme je le montre dans mon livre, il sagit de la relation

entre la mtastructure (march/organisation) et lastructure de classe.Il est clair que le prsent commentaire, qui s'arrte, pour l'essentiel, la fin de la

Section I, en reste aux commencements . Encore faut-il savoir ce quon lon entendsous ce terme.

La question du commencement

Le commencement de l'expos du mode de production capitaliste n'est pas, l'instar de celui de la Logique de Hegel, prendre comme un commencement absolu,mais comporte des prsupposs conceptuels gnraux : les concepts anthropologiquesdu travail et de la production en gnral, les concepts historiques concernant des formessociales du travail propres chaque poque, tels que la division du travail ou le mode de production . L'une des tches de l'analyse sera donc de dbrouiller, dans lecommencement de lexposition de Marx, les termes qui, prsentant ce caractreanthropologique ou sociologique plus gnral, interviennent ici en pralable, et ceuxqui appartiennent en propre une thorie du capitalisme, formant son commencement. Ils'agit de savoir cet gard ce qu'il en est des catgories telles que celles de travailabstrait, travail concret, force de travail, change, valeur, prix, etc. Le commencementde lexpos consiste formuler le systme des concepts premiers de la thorie de cetteformeparticulire de socit.

C'est partir de l qu'il convient, mon sens, de reprendre un ensemble dequestions gnrales, et dcisives, que pose Le Capitalde Marx : thorie de la valeur,

ftichisme, exploitation, classes sociales, reproduction, Etat, lutte de classe, alternative.C'est partir de l aussi que l'on peut envisager des questions thoriquement ultrieures,qui dominent aujourdhui notre actualit : celle du systme du monde, imprialisme etempire, et celle d'une altermondialisation.

II. Prsentation du Commentaire

Le prsent commentaire philologique et thorique vient complter cet ouvrage,dont il constitue en quelque sorte une troisime partie. Il ne livre tout son sens qu lalumire de ce livre. Il peut cependant tre lu ou consult pour lui-mme. Il s'agit dune

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analyse ligne ligne des Sections I et II du Livre I du Capital, soit de la partie la plusdiscute de cette uvre, et qui en commande effectivement toute linterprtation.

Il nest pas prendre pour une initiation la lecture du Capital. On trouvera parcontre dans les premiers chapitres de Explication et reconstruction du Capital, un

expos introductif synthtique. Je renverrai rgulirement cet ouvrage, dont ontrouvera, la fin du prsent Commentaire , un plan dtaill. Je mappuierai frquem-ment aussi sur les analyses prsentes dans deux livres prcdents, Thorie gnrale,PUF, 1999, et Que faire du Capital ?, PUF, 2000, qui forment avec lui une trilogieconsacre pour une large part l'analyse et la critique de l'uvre matresse de Marx.

Mes remarques sur le texte ont ici pour objet, selon le cas, dillustrerl'explicationpropose, dattirer lattention sur des points dcisifs mais mconnus ou refouls, et, plusgnralement, de manifester le bien-fond de la reconstruction que je propose.

Le commentaire ne reprend pas les analyses prsentes dans Explication etreconstruction du Capital. Il n'en fournit pas de rsum. Bref, il ne vise pas non plus dispenser de la lecture du Capital. Mais au contraire l'encourager. Le lecteur est

suppos avoir sous les yeux le texte de Marx et le lire en mme que le commentaire.Mes remarques suivent en effet le texte alina par alina. Les lecteurs du Capital

tant souvent gns par le fait quil existe diverses ditions de ce texte, jai propos untableau de correspondance entre elles. Le numrotage des alinas, partir de la versionRoy, des deux premires Sections du Livre I permettra au lecteur de retrouver lesrfrences quelle que soit ldition sa disposition.

La premire indication, du type Alina 1/51 , fournit le numro de lalina, 1,et la page, 51, du tome 1 des Editions Sociales, en huit volumes. La seconde indication,en allemand, renvoie au paragraphe correspondant de ldition allemande courante(MEW). La troisime la traduction de celle-ci dans la traduction de Jean-PierreLefebvre aux PUF. Les deux autres aux ditions de poche parues aux Editions Sociales,ES, et chez Garnier-Flammarion, GF.

Tous les alinas ne sont pas comments. Les remarques portent sur la partie citedu texte. Parfois je fais simplement ressortir, sans plus, les propositions principales, ou

je les rsume, en vue de faciliter une lecture suivie de mon commentaire. Saufindication contraire, les mots souligns le sont par moi.

On sait que la version franaise, dite traduction de Joseph Roy, a t, comme lesouligne Marx dans son Avis au lecteur, entirement rvise par lauteur , quiapporte de nombreuses modifications et divers ajouts. Elle comporte assurmentquelques faiblesses. Les commentateurs philosophes ont cependant souvent tendance considrer comme la marque dun dficit, ou dun effort de popularisation, toutes les

liminations de termes philosophiques, alors mme que Marx a cru pouvoir sexprimerdans un autre registre, dont il reste chaque fois montrer quil est moins pertinent. Jaidonc suivi la consigne de Marx, selon laquelle cette dition franaise possde unevaleur scientifique indpendante et doit tre consulte mme par les lecteurs familiersavec la langue allemande . Le renvoi au texte allemand est cependant constant. Onnotera, par rapport celui-ci, quelques dcalages dus aux modifications apportes parMarx la version franaise.


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Section I. La marchandise et la monnaie

Chapitre 1. La marchandise

I. Les deux facteurs de la marchandise : valeur dusage et valeur dchange

Le commentaire sappuie ici sur les chapitres II et III de Que faire du Capital ?, et

sur les pages 51 62 deExplication et reconstruction du Capital.

Dans ces ouvrages, je propose notamment les principes de lectures suivants :

Le commencementde lexpos de la thorie du mode de production capitaliste

consiste ainsi en ce quun ensemble pralable de concepts anthropologiques gnraux

(valeur dusage / dpense de force de travail, travail concret / travail abstrait) se trouvespcifi par son inscription dans la forme marchande de production. Le march

sindique ici dans lide que le temps de travail socialement ncessaire (avec ses

caractristiques marchandes de moyenne ) dtermine une valeur dchange . Il

apparat ainsi comme lune des formes historiques celle de la production dans le cadre

de la proprit prive dans lesquelles sont socialement produites des valeurs dusage.

Soit : comme une forme particulire de cette matrice gnrique de la rationalit

productive.[Je souligne, un peu plus loin, que cette thorie de la marchandise est bien une

thorie de laproduction marchande en gnral.]

() Car, tout en parlant de la marchandise (et du travail quelle implique), il

traite en ralit du march, qui est lobjet mme de son laboration thorique. Et il en

traite prcisment dans les termes de lensemble catgoriel rappel ci-dessus. Il procde

en effet, ainsi quil lindique dans son texte, trois sortes de rductions du travail :

(I) du travail diversement productif au travail socialement ncessaire, (II) du travail


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concret au travail abstrait, (III) du travail complexe au travail simple. Les deux

premires rductions constituent proprement parler lnonc thorique des conditions

de ce quon dsigne gnralement comme la loi de la valeur dans une structure de

march, laquelle en effet galise le travail:

- (I) au sein de la branche, la concurrence aligne les produits des diverses

entreprises concurrentes sur une valeur unique, dtermine par ce que sont en moyenne

(du moins en premire approche), un moment donn, les conditions sociales de

production de cette marchandise particulire, cest--dire par le temps de travail

socialement ncessaire sa production,

- (II) entre branches, la concurrence traite le travail non comme travail concret

(dun genre particulier), mais comme travail abstrait, au sens o lchange, entrebranches, de produits issus de genres de travaux diffrents sopre censment, l aussi,

en fonction de la seule quantit de travail socialement ncessaire leur production.

(Extrait deExplication et reconstruction du Capital, pages 52 et 54).

A. Valeur dusage (Alina s 1 4)

Alina 1/51. La richesse...Der Reichtum S. 49 PUF 39, ES 41, GF 41.

La richesse des socits dans lesquelles rgne le mode de production capitaliste

sannonce comme une immense accumulation de marchandises. Lanalyse de la

marchandise, forme lmentaire de cette richesse, sera, par consquent, lepoint de

dpartde nos recherches.

Commentaire. Premire phrase, premire erreur. Car la richesse dune socitcapitaliste, cest--dire ici (car cest bien ce que Marx entend par ce mot) lensemble des

valeurs dusage quelle produit et dont elle dispose, se compose aussi dobjets qui ne

rpondent pas pleinement au statut de marchandises. Il s'agit par exemple des services

publics dducation, de sant, dinformation, de recherche, de culture, de transports,

etc., mais aussi, d'autres titres, des administrations, des routes, ports et amnagements

urbains, lieux et btiments publics, etc. Ces richesses, rsultats de travaux marchands

(quipements achets) ou non marchands (travail des fonctionnaires), saccumulent


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selon une logique sociale de slection, de production et dusage des valeurs d'usage qui

n'est pas entirement celle de marchandises. La thorie peut certes rapporter lactivit

non marchande la marchande, en ce quelle est rmunre partir du fisc, lui-mme

prlev sur les rsultats montaires de lactivit marchande des capitalistes et des

salaris. Mais elle ne saurait ly rduire, sinon en oubliant quelle est par elle-mme

productrice de valeurs dusage, de richesses qui ne se rsorbent pas entirement en

marchandises. Cette premire phrase du Capitalrejette l'extrieur ou la marge de la

socit capitaliste la forme de production non marchande qui pourtant la caractrise en

propre. Les consquences de cette unilatralit du point de dpart sont dcisives pour

lensemble de la thorie (VoirExplication et reconstruction du Capital, R.112-113,

page 159 et suivantes).On peut aussi penser, et cela ne pas compltement faux (R. 413, pages 259 et

suivantes), que toute cette production non-marchande au sein des socits modernes

constitue ce qui en elles dpasse le capitalisme. Mais un tel dpassement n'est jamais

chose acquise. Le caractre non-marchand des rapports de production publics ne signifie

pas ncessairement l'absence de relation de classe. Par ailleurs, le marchand et le non-

marchand sont troitement imbriqus dans le capitalisme, participant d'eux-mmes d'un

mme procs de reproduction.

Alinas 2-3/51. La marchandiseDie Ware S. 49... PUF 39, ES 41, GF 41.

La marchandise est dabord un objet extrieur, une chose qui par ses proprits

satisfait des besoins humains de nimporte quelle espce. Que ces besoins aient pour

origine lestomac ou la fantaisie, leur nature ne change rien laffaire.

Commentaire. On notera quautant que le besoin physiologique la fantaisie

dfinit des valeurs dusage. Cest dire que celles-ci relvent de la culture en mmetemps que de la nature. De lhistoire , des convenances , lit-on en note. Et leur

mesure de la convention , prcise encore Marx. La valeur dusage donc nest pas,

quoiqu'elle ait une mesure , assimilable une pure variable individuelle, lutilit

propre des individus, mais concerne en mme temps, dans sa constitution mme, le

corps social. On verra par ailleurs ultrieurement que sa matrialit, tout autant que celle

dun produit, peut tre celle dun service (voir lanalyse du transport marchand, Que

faire du Capital ?, pp. 105-107).


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Alina4/52. Lutilit Die Ntzlichkeit S. 50 PUF 40,ES 41, GF 41.

Lutilit dune chose fait de cette chose une valeur dusage. Mais cette utilit

na rien de vague et dimprcis. () Quand il est question de valeurs dusage, on sous-

entend toujours une quantit dtermine. Voir aussi les notes de Marx cet alina.

Commentaire. La valeur dusage est quantifiable. Elle nest cependant pas traite

ici comme une utilit abstraite, conomtrique . Elle donne lieu des dfinitions et

des nomenclatures sociales, auxquelles sappliquent des dterminations quantitatives.

Celles-ci relvent ce titre duneDisziplin particulire, la connaissance des

marchandises , dieWarenkunde. Et celle-ci , prcise la note, en fonction dune fiction

juridique , celle, par exemple, qui tablit les poids et mesures est cense treuniversellement partage : nul nest cens ignorer la loi . Elle implique des formes

particulires de savoir et de routine , crit Marx, mais aussi lgales. Intervient ici,

on le voit, ds le dbut de l'expos, la considration juridique, tatique, avec la

contrainte quelle connote. Elle concerne la connaissance encyclopdique suppose

des partenaires du march. Le sujet-suppos-savoir est suppos connatre les rgles

sociales (contraignantes) selon lesquelles se dfinissent les marchandises en tant que

valeurs dusage. Ici donc sarticule dj un rapport entre droit-pouvoir et connaissance.Une contrainte sexerce sur le march, et elle concerne la connaissance que lon doit

avoir de ses rgles, lesquelles portent sur la dfinition des valeurs dusage. A worth,

richesse de la chose immdiate , soppose la value, chose rflchie dans la forme

sociale, mais cette socialit concerne la valeur dusage elle-mme, qui nest telle que

dans sa formejuridiquementrecevable. On est tout proche des questions que pose

aujourdhui la thorie des conventions . Il restera dterminer le statut ontologique

de cette fiction juridique, qui ne relve manifestement pas simplement de la surface des choses. Une thorie de l'Etat est dj prsente ce niveau d'analyse, qui

prcde la considration des classes. Et cela a des consquences considrables pour une

thorie marxiste de l'Etat (Explication et reconstruction du Capital,E.151, page 85,E.161, page 91).

B. Valeur dchange (Alinas 5 20)


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Alina5/52. La valeurDer Tauschwert S. 50... PUF 41, ES 42, GF 42.

La valeur dchange apparat dabord comme le rapport quantitatif, comme la

proportion dans laquelle des valeurs dusage despces diffrentes schangent lune

contre lautre . Elle semble pourtant immanente la chose . Ce qui apparat comme

une contradiction dans les termes .

Commentaire. En ralit, Marx lvera cette contradiction en montrant que ce qui

est immanent la chose , cest sa valeur, dtermine par le temps de travail

socialement ncessaire : tel est le principe du rapport dchange, de la valeur dchange,

soit du rapport de valeur entre marchandises, comme dit aussi Marx. La valeur est

un rapport entre travaux, spcifique de la forme marchande de production. On verra que

la contradiction demeure, mais dans un autre sens : dans la conscience spontane, quiattribue la valeur aux choses elles-mmes (ftichisme). On notera pourtant, l'encontre

de certaines lectures francfortoises, que le concept de contradiction se trouve, dans la

version finale, totalement absent (proprement expurg) de cette Section I. Voir

Explication et reconstruction du Capital, E.132, page 68.

Alina 6/53.Une marchandiseEine gewisse S. 51 PUF 41,ES 42, GF 42.

Elle (la valeur dchange) doit avoir un contenu distinct de ses expressionsdiverses .

Commentaire. Ici sesquisse la notion d expression de la valeur : la valeur

dune marchandise sexprime dans la valeur dusage de celles avec lesquelles elle

schange. Mais, avant de traiter systmatiquement de cette question (qui fera lobjet du

III), il convient de savoir quelle sorte de contenu sexprime ainsi : soit, comme il

le dira plus loin, ce qui fonde le rapport de valeur . On notera que la version

franaise nglige le terme dErscheinungsform, forme phnomnale, catgorie pouvantfonctionner aux niveaux les plus divers de lexpos, pour se contenter de celui

dexpression, qui sera le terme technique privilgi au III. Sur toute cette

terminologie, voirQue faire du Capital ?, pages 112-115, etExplication et

reconstruction du Capital, E.131, pages 63 et suivantes.

Alina 7/53. Prenons...Nehmen wir S. 51 PUF 41, ES 42, GF 42.

Exemple : un quarteron de froment = a kilogramme de fer . Il faut supposer


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entre eux quelque chose de commun . Chacun des deux objets doit, en tant que

valeur dchange, tre rductible un troisime, indpendamment de lautre .

Commentaire. On notera que le rapport de valeur est dsign comme une

galit , alors que lexpression de valeur au contraire, on le verra, ne constitue pas

une galit. Et que ce rapport de valeur stablit par une rduction , celle que nous

avons dsigne (E. 121, page 54) comme la rduction (II), rduction entre branches (les

produits divers sont traits comme des branches).

Alina8/53. Un exempleEin einfaches S. 51... PUF 42, ES 42, GF 42.

Ainsi en va-t-il, en gomtrie, des divers polygones. Le calcul de leur surface,

proprit commune, permet leur comparaison quantitative.

Alinas 9-10/53. Ce quelque choseDies Gemeinsame S. 51... PUF 42, ES

42, GF 42.

Ici le quelque chose de commun ne peut relever des diverses valeurs dusage,

dont il faut au contraire chercher selon quelles proportions elles peuvent schanger.

Commentaire. On voit ici que Marx sengage dans la construction dun espace

homogne avantdintroduire la catgorie de travail salari. Il y reviendra lalina 21.La question du salaire ne pourra donc intervenir dans la question de la valeur produite,

qui est une tout autre question. En cela Marx sloigne de la perspective du travail

command de Smith. VoirQue faire du Capital ?,pages 24-25. La thorie de Sraffa,

au contraire, qui envisagera d'emble le travail comme une marchandise dote le prix,

ouvre donc un espace thorique diffrent de celui de Marx (Que faire du Capital ?,

pages 256 et suivantes).

Alina11/54. La valeur dusage Sieht man S. 52... PUF 43, ES 43, GF 43.

Si nous faisons abstraction de la valeur dusage (). Avec les caractres utiles

particuliers des produits du travail disparaissent en mme temps, et le caractre utile des

travaux qui y sont contenus et les formes concrtes diverses qui distinguent une espce

de travail dune autre espce. Il ne reste donc plus que le caractre commun de ces

travaux ; ils sont tous ramens au mme travail humain, une dpense de force humaine

de travail sans gard la forme particulire sous laquelle cette force est dpense .


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Commentaires. Pour exposer le double caractre de la marchandise , Marx doit

introduire dj le double caractre du travail , objet du II. Il sagit, en ce sens,

dune seule et mme analyse, conduite au I, du point de vue de lobjectivit de la

chose produite, et au II, du point de lactivit productive. On peut parler dune valeur

dusage sans parler de travail concret, puisque toute valeur dusage ne prsuppose pas

dtre produite par un travail (la pluie qui tombe sur le champ et leau dirrigation sont

l'une et l'autre des valeurs d'usage). Mais non de la valeur dchange sans parler du

travail abstrait, qui en est le fondement, ou plutt le concept. Il apparat ainsi que lobjet

de ce dbut du Capitalnest pas, comme le soutiennent certains commentateurs, la

circulation ou lchange, encore moins la circulation simple , mais toujours en

mme temps demble la production marchande.La version franaise retarde le moment de lintroduction du terme travail

abstrait (ici prsent dans le texte allemand), qui napparatra quau point 2, dont

cest lobjet. Cela ne change rien sur le fond.

Quoique les I et II se rpondent construisant respectivement deux couples

parallles : valeur dusage / valeur et travail concret / travail abstrait , le fait

davoir commenc par le I est stratgiquement dcisif, parce quil a permis

dintroduire un troisime terme, celui de valeurdchange , comme dsignant leproblme rsoudre. Cest parce que celle-ci est introduite demble que le dbut du

Capitalformule aussi demble une thorie de la production dans le contexte marchand,

soit le moment le plus abstrait du rapport capitaliste : le rapport marchand de production

comme tel. La considration du couple travail concret / travail abstrait, relve en elle-

mme du registre gnrique, de la production en gnral En ralit, les deux couples

ne sont pas homologues, parce que la valeur , en tant que dtermine par le temps,

ou la dpense, de travail socialement ncessaire , dpend des techniques employes,diffrentes selon les concurrents, et cela galement au sein dune mme branche. Elle a

donc quelque chose voir avec le travail concret. Cest ce qui fait que lexpression,

utilise par de nombreux commentateurs, temps de travail abstrait socialement

ncessaire est boiteuse, de mme dj que celle de temps de travail abstrait . Ou

bien cest un plonasme : le travail abstrait, cest le travail pris comme temps (dune

dpense). Ou bien une bvue : le temps socialement ncessaire , qui, dans les

rapports marchands, renvoie aux deux rductions (I) et (II) indiques dans


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Explication et une reconstruction du Capital, page 54 , nest pas tel du seul fait de son

abstraction , mais aussi en fonction des techniques particulires, des valeurs dusage

productives quil utilise, ainsi que de la forme sociale qui contraint cette dpense. Le

travail socialement ncessaire a conjointement le double caractre dabstrait et de

concret. La chasse militante au travail abstrait (la rhtorique de la stigmatisation de

l'abstraction relle ), dsign comme le propre du capitalisme, nest pas toujours

bonne conseillre.

Alina 12/54. Considrons...Betrachten wir S. 52 PUF 43, ES 43, GF 43.

Les produits ont ainsi une mme ralit fantastique . Ils sont mtamorphoss

ensublims identiques . Ils ne manifestent plus quune chose, cest que dans leurproduction une force humaine de travail a t dpense. En tant que cristaux de cette

substance sociale commune, ils sont rputs valeurs .

Commentaires. Telle est la premire occurrence du mot valeur dans ce texte.

On pourrait dire que la thorie de Marx se caractrise par le fait quelle va considrer

toute chose partir du temps quil faut pour la produire dans les conditions dune

production marchande. Cela veut dire que l'on ne peut rduire la dpense ici voque

une rfrence simplement physiologique : le produit de cette dpense ne prend la qualitde valeur que dans une forme sociale , une logique sociale dtermine, celle de la

production marchande. Et celle-ci implique une demande sur un march. Par quoi se

trouve aussi implique la valeur d'usage, l'utilit reconnue, la variation dans l'ordre de

prfrence en fonction du contexte marchand. La question de l'utilit (socialement

reconnue) est donc toujours prsente dans la thorie dite de la valeur travail .

On est toujours dans le registre de la rduction II (cf.Explication et

reconstruction du Capital,E. 121), ici dsigne comme fantasme, mtamorphose,sublimation. Sous ce vocabulaire critique, qui annonce le non-vu sous ce qui semanifeste , soit le thme ultrieur du ftichisme, se cache en mme temps la rationalit

du procs marchand, selon laquelle ils sont rputs valeurs d'usage. Comme Marx le

notait dans les Grundrisse, t. I, page 110, lconomie est conomie de temps. La

problmatique de la dpense est celle de sa minimisation.

Alina13/54. Le quelqueIm S. 53... PUF 43, ES 43, GF 43.


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Le quelque chose de commun quise montre dans le rapport dchange ou dans

la valeur dchange des marchandises est par consquent leur valeur ; et une valeur

dusage, ou un article quelconque, na une valeur quautant que du travail humain est

matrialis en lui .

Commentaire. On peut tre surpris de voir que la valeur se montre . On verra,

propos du ftichisme, quelle se cache, qu'elle cache le procs de travail qu'elle

implique. Nanmoins, elle se montre aussi. Et ce qu'elle manifeste , comme le dit

l'alina prcdent, celle d'une dpense de force de travail. Ce qui veut au moins dire

quelle nest pas indchiffrable, quoiquelle se cache. La version franaise saute une

phrase, qui annonce une suite concernant la valeur dchange comme expression de

valeur ou forme phnomnale . Elle est plus rigoureuse, comportant moinsdanticipation.

Alina14/54. Comment mesurerEin Gebrauchswert S. 53 PUF 43,ES 43,

GF 43.

Comment mesurer maintenant la grandeur de sa valeur ? Par le quantum de la

substance cratrice de valeur contenue en lui, du travail , qui a pour mesure sa

dure dans le temps .Commentaire. Il apparat ici clairement que la thorie de la valeur se fonde sur la

considration de la production (et de lusage), et quelle prcde la thorie de largent.

Marx change ainsi tout le dispositif danalyse dans lequel il stait dabord engag dans

les Grundrisse, puis dans la Critique, et dont on retrouve encore trace dans la premire

dition du Capital(1867), qui procdait partir de largent, pour trouver en lui le secret

de la valeur. Dans le texte dfinitif, il cherche au contraire dans le rapport (marchand)

de valeur, en tant que logique particulire de production, le secret de largent. Cettedmarche, dont on verra au III, la parfaite cohrence, invalide toutes les tentatives

pour critiquer le texte dernierCapital, suppos positiviste, partir des versions

antrieures, juges plus dialectiques. Voir la critique de l'adresse cet gard

l'interprtation francfortoise (Explication et reconstruction du Capital, E. 132, pages 68

suivantes). C'est le rapport de production, qui, impliquant la valeur, implique l'argent.

Alina15/54. On pourraitEs knnte S. 53 PUF 43,ES 43, GF 43.


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Le travail qui forme la substance de la valeur des marchandises est un travail

gal et indistinct, une dpense de la mme force de travail (), force de travail de la

socit toute entire, () force unique () .Etc.

Commentaire. Lexpression est inadquate : ne se dpensent en effet que des

forces individuelles, qui sont ingalement productives. Mais lobjet de cetAlina est

manifestement de signifier que celles-ci sont toujours mesures un niveau moyen de la

productivit sociale. Ce qui est pris en compte, ce nest pas une impensable valeur

individuelle , correspondant au temps que met un producteur dtermin, plus ou moins

habile ou actif, mais une moyenne, caractristique de la production dans une branche

(ou pour un produit) considre. Ce qui est avanc ici, cest le second caractre du

systme marchand, dsign ci-dessus comme la rduction I (cf. E. 121) : au sein de labranche. Comme on le voit, Marx ne peut sexpliquer propos de la marchandise quen

formulant les caractres dusystme marchandcomme logique de production.

Alina16/55. Le temps Gesellschaftlich S. 53 PUF 44, ES 44, GF 44.

Aprs lintroduction en Angleterre du tissage vapeur, il fallut peut-tre moiti

moins de temps quauparavant pour transformer en tissu une certaine quantit de fil .

Do la ruine des anciens tisserands.Commentaire. Ce texte introduit de fait la catgorie ici dcisive, celle de

concurrence, ici considre au sein de la branche. Lexemple est thoris dans lAlina

qui suit. Cette rfrence la concurrence est, de toute vidence, essentielle

l'explication fournie de la valeur. Et l'on comprend que la catgorie de concurrence est

requise en ce dbut de l'expos. Loin d'appartenir au seul moment ultrieur de l'analyse

de la concurrence entre les capitaux, comme Marx semble lavoir cru dans les crits

prparatoires, et comme le croient divers commentateurs.

Alina17/55. Cest doncEs ist S. 54 PUF 44, ES 44, GF 44.

Chaque marchandise compte en gnral comme un exemplaire moyen de son

espce .

Commentaire. Cet alina 17, qui commence par un donc , renvoie la relation

concurrentielle en gnral, et plus spcialement entre branches (voir la note).

Socialement ncessaire signifie donc ncessaire dans le rapport de concurrence, qui


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dfinit le march. Cest en raison de cette structure concurrentielle que la marchandise

vaut comme une moyenne . La chose est triviale. Ce qui ne lest pas, cest que Marx

ne parle pas de la concurrence, cest--dire de la structure sociale qui dtermine ce

rsultat. Il est surprenant quil ne traite ici de la concurrence que de faon implicite,

alors que cest elle seule qui, ce niveau danalyse, dfinit le contexte du socialement

ncessaire . Marx repousse artificiellement jusquau Livre III lintroduction analytique

de ce concept. Cela introduit un biais dans son expos des relations de concurrence,

parfois traites selon les catgories, en loccurrence quivoques, du phnomne

oppos lessence, le rapport de classe. Le couple essence / phnomne a certes un

noble pdigree. Reste savoir en quel sens ici il est et nest pas pertinent. La catgorie

de concurrence est en ralit considrer aux diffrents moments, dabstrait en concret,de l'expos. Cest lun des objets de la reconstruction propose.

Alina18/55. La quantitDie Wertgre S. 54 PUF 45, ES 44, GF 44.

La quantit de valeur dune marchandise varie en fonction directe du quantum et

en raison inverse de la force productive du travail qui se ralise en elle .

Commentaire. Marx sen tient galement la dtermination abstraite de la valeur

sans avancer les termes du procs lui-mme. Il dfinit llment sans dfinir lastructure, la marchandise sans le march. Et pourtant il est clair que les catgories du

march sont impliques dans ce discours. Par ailleurs, sil voque ainsi indirectement le

march, il nen dveloppe pas compltement lanalyse de sa matrice gnrale, qui

implique notamment la notion de prix de march . Cest en effet lquilibre de

loffre et de la demande que la valeur simpose effectivement : si loffre vient monter,

apparat un prix de march suprieur loffre. Et inversement. La catgorie de prix

de march est implique dans la forme valeur.Marx fait ici comme si la structure march comme telle ne prsentait pas une

forme dincitation sociale la production, une incitation qui atteint chaque producteur

dans sa singularit de concurrent, et le pousse lconomie de temps dans la branche, au

choix entre branches de son activit particulire. Il ne se rfre trangement qu des

conditions gnrales, notamment au dveloppement gnral de la science et de la

technique. Il semble oublier ici ce qui a cependant clairement point ci-dessus : le

caractre dynamique du rapport marchand, rfrable aux rapports de concurrence.


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Alina19/56. Nous connaissons PUF 46 n.11, ES 45, GF 45.

Nous connaissons maintenant la substance de la valeur : cest le travail. Nous

connaissons la mesure de sa quantit : cest la dure du travail

Commentaire. Ce ne sont pas l seulement des catgories descriptives, elles

renvoient la marchandise comme chose sociale , cest--dire comme prfrable

cette logique pratique, sociale, esquisse tout au long des deux paragraphes.

Alina20/56. Une chose Ein Ding S. 55 PUF 46, ES 45, GF 45.

Une chose peut tre une valeur dusage sans tre une valeur. Il suffit pour cela

quelle soit utile lhomme sans quelle provienne de son travail () Aucun objet nepeut tre une valeur sil nest une chose utile .

Commentaire. Au total, Marx ralise un tour de force ambigu, puisquil parle des

marchandises, qui ne sont pas des choses, mais des rapports sociaux, en termes de

choses , prcisment. Cest--dire en neutralisant llment dynamique propre cette

logique sociale : le march comme systme dallocation, dincitation et dinformation

qui fait de lui une logique sociale rationnelle. Et pourtant, il nest dans ce chapitre

question de rien dautre. Pourquoi faut-il que Marx refoule ainsi ce quil fait apparatre ?Il me semble quon ne peut rpondre cette question quen considrant lconomie

gnrale de son propos, qui est orient vers lide que la logique du capitalisme nest

pas, en dernire instance, une simple logique du march en ce sens, au sens o ce

systme tendrait effectivement la production changiste de valeurs dusage sous

laiguillon de la concurrence. La logique du capital, on le verra au chapitre 7, est celle

du profit. Elle est domine par le rapport dexploitation entre les classes, que masquent

les relations interindividuelles de march. Sil faut introduire celles-ci, ce nestquultrieurement, au Livre III, comme catgories du march capitaliste. Cette position

nest cependant pas entirement tenable, car lorientation du capitalisme vers la

production de la plus-value, qui est sa logique propre, ne lempche pas dtre, au prix,

il est vrai, de contradictions qui le condamnent historiquement, dtre production de

valeurs dusage dans la forme de march. On ne peut construire le capital selon son

concept sans avoir construit le concept de march de faon adquate selon la formalit

de logique sociale qui est la sienne.


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Ou encore, le capital, on le verra, vise la plus-value, et ne produit cette plus-value

que par ponction sur la valeur cre par le travailleur salari : les rapport de classe est

donc au centre du processus, qui se donne sous les apparence du gain diffrentiel ralis

par le capitaliste le plus performant. Marx se donne donc comme objectif de faire

apparatre ce qui napparat pas, et qui est au centre de la dynamique contradictoire de

cette forme de socit : le rapport capital / travail. Mais ce procs de classe ne

seffectue, comme Marx le montre du reste fort bien, que dans les conditions de la

concurrence entre les capitalistes pour la plus-value diffrentielle. Cest--dire dans les

conditions de la recherche par chaque capitaliste de llvation de sa productivit, et de

son orientation vers des valeurs dusage dont la demande dpasse loffre (dont le prix

de march dpasse la valeur), notamment en renouvelant sans cesse, serait-cefictivement, la gamme des valeurs dusage proposes. Or ces mcanismes, mis en uvre

par les capitalistes, sont les mcanismes du march comme tel, dfinissant la

marchandise comme rapport social, par lequel doit commencer lexpos de la forme

capitaliste de socit (et lon a montr quelles en taient les raisons impratives). La

difficult est de penser le profit la fois comme rsultat de lexploitation, et comme la

victoire des capitalistes les plus performants sur les autres, qui passe aussi par leur

capacit diffrentielle. Marx rsout fort bien le problme : il incorpore de faoncohrente le propos de Smith sur les conditions du progrs sa propre thorie de

lexploitation (notablement diffrente de ce qui chez Smith peut sen rapprocher). Mais

les commentaires marxistes classiques sont significativement trs inadquats sur ce

point. (VoirQue faire du Capital ?, p. 134). Ils situent souvent fort mal la plus-value

diffrentielle (rapport de concurrence entre capitalistes) par rapport la plus-value

relative (rapport entre les de classe).

Cest pourquoi, du reste, les lments refouls ne vont cesser de surgir, appelspar la logique du propos, dans toute la suite de lexpos de ce commencement.


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II. Double caractre du travail prsent par la marchandise

A. Travail concret (Alina s 21 29)

Alina21/56. Au premier Ursprnglich S. 56... PUF 47, ES 45, GF 45.

Jai, le premier, mis en relief ce double caractre du travail prsent dans la

marchandise

Commentaire. Marx, qui reprend les catgories classiques de valeur dusage et de

valeur dchange, se dsigne sinon comme linventeur du moins comme celui qui a

thoris ce couple par rfrence au travail, au sens o on la vu dj l'alina 11. Il

renvoie sa Critique de lconomie politique, de 1859. Dans la note situe la fin du II, il indique que Smith tend confondre la dtermination de la valeur par le quantum de

travail dpens avec sa dtermination de la valeur du travail . En dautres termes,

Smith rfre bien la valeur au travail, mais cest au travail (salari) dot dun prix : il

est donc demble sur le terrain de la thorie du salaire. Or il est important de noter,

comme Marx le souligne dans la note de lalina 32, que la catgorie de salaire

nexiste pas encore au point de lexposition o nous en sommes . Cest en ce sens

prcisment que Marx invente sa thorie de la valeur : en construisant un momentthorique qui prcde celui du rapport salarial capitaliste. Cela a des consquences

considrables.

Cest pourquoi, entre autres, il est erron de dire, comme certains l'ont soutenu au

nom de la circularit dialectique, que les marchandises sont ici considres comme

produits du capital : elles doivent effectivement tre ainsi considres, mais

seulement au regard de la forme marchande de production en tant quelle est la forme

gnrale des rapports capitalistes. Les dterminations initiales ne doivent rien la formecapitaliste comme telle, sinon leur caractre dtre poses comme des formes purement

marchandes : le mode de production capitaliste est censment le premier o tout soit

marchandise.

Alina22/57. PrenonsNehmen S. 56... PUF 47, ES 45, GF 45.

Prenons deux marchandises (par exemple) de sorte que si 10 mtres de toile =

x, lhabit = 2x


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Commentaire. Notons que la question ici en jeu est le rapport de valeur , au

sens de rapport de grandeur entre les deux marchandises, et non lexpression de

valeur en x, objet du III. On ne considre encore ici que les conditions de leur

changeabilit sous le seul rapport de leur proportionnalit. C'est cela le rapport de

valeur .

Alina23/57. Lhabit...Der Rock S. 56 PUF 47, ES 45, GF 45.

Le travail qui se manifeste dans lutilit ou la valeur dusage de son produit,

nous le nommons tout simplement travail utile. A ce point de vue, il est toujours

considr par rapport son rendement

Commentaires. Le rendement du travail, fonction de la technique particulire, de ses moyens , dit ici Marx, est dcisif par rapport au temps de travail socialement

ncessaire . Cest dire quelle relation existe entre travail concret et travail abstrait.

Lexpression, souvent employe par les commentateurs, de travail abstrait socialement

ncessaire est donc notoirement errone : le temps de travail socialement

ncessaire , en tant quil dpend de la technique utilise, autant voir avec le travail

concret quavec le travail abstrait. Voir ci-dessus, alina 11.

Cette considration dont parle Marx est naturellement une considrationpratique : elle concerne la pratique des producteurs changistes. Les caractres de la

marchandise sont des dterminations de la relation marchande, cest--dire de la

pratique marchande de production pour lchange, qui sintresse au rendement du

travail.

Alina 24/57. De mme Wie Rock S. 56... PUF 47, ES 46, GF 45.

Lhabit ne schange pas contre lhabit Commentaire. On passe ici de la simple considration du rapport de valeur

comme rapport entre des grandeurs celle du rapport dchange pour lequel le sigle

= , celui de lgalit, qui renvoie une relation rflexive, comme dans a = a ,

nest, proprement parler, plus pertinente. Un habit = un habit, mais ne vaut pas un

habit. On verra que cette considration constitue le centre de l'argumentation du

paragraphe III, La forme de la valeur.


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Alina25/57. A lensembleIn der Gesamtheit S. 56 PUF 47, ES 46, GF

46.

A lensemble des valeurs dusage de toutes sortes correspond un ensemble de

travaux utiles galement varis, distincts de genre, despce, de familles une division

sociale du travail. Sans elle point de production de marchandises, bien que la

production de marchandises ne soit point rciproquement indispensable la division

sociale du travail. Dans la vieille communautindienne, le travail est socialement divis

sans que les produits deviennent pour cela des marchandises. Ou, pour prendre un

exemple plus familier, dans chaquefabrique le travail est soumis une division

systmatique ; mais cette division ne provient pas de ce que les travailleurs changent

rciproquement leurs produits individuels. Il ny a que les produits privs etindpendants les uns des autres qui se prsentent comme marchandises rciproquement

changeables.

Commentaires. Comme on devait sy attendre, la dfinition de la chose

marchandise implique celle du rapport socialmarchand, celui-l mme que Marx

analysera de faon prcise dans son texte bien connu du chapitre 14 du Livre I, qui

oppose la division du travail dans la socit la division du travail dans la

manufacture , cest--dire dans la fabrique ou dans la firme en gnral. La marchandiseimplique la socit marchande comme systme de branches (produisant des valeurs

dusage) complmentaires.

Cette analyse est notamment remarquable deux titres :

Dune part, elle ne formule de faon significative lordremarchand, la division

marchande du travail quen la mettant en rapport avec son contraire, lordre

organisationnelde la firme, ici dsign comme division systmatique , et comme

lautre forme de la division sociale . Et elle rapporte celui-ci lordre communautairequi prvalait censment assez gnralement, sous des formes diverses, avant le

capitalisme. Or ce type dnonc jalonne toute luvre mre de Marx, depuis les

Grundrisse, et traversLe Capital. Le Jeune Marx, qui opposait la communaut

ancienne le fait moderne de la division du travail , identifie au rapport marchand,

pouvait avancer le mot dordre de labolition de la division du travail . Par la suite,

Marx a manifestement appris que le problme ne pouvait se poser en ces termes

utopiques, car il existe une autre division du travail ). Il rsume le problme qui est


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le sien : celui dun dpassement de lordre marchand - dont la fabrique moderne fournit,

dans les conditions de la proprit prive, le modle ambigu - qui soit la ralisation

dune vritable communaut dhommes libres. On voit le grand intrt de cette matrice

thorique. Et aussi le problme majeur quelle soulve : Marx est-il fond considrer

que, dans lordre de lexpos de la thorie du capitalisme, le march possde, par

rapport lorganisation, cette position suppose dantriorit logique ? VoirExplication

et reconstruction du Capital, R.111 113, pages 157-167.

Dautre part, il apparat que cette analyse de la division marchande suppose des

travaux privs et indpendants , soit tout un ensemble de catgories juridico-

politiques dfinissant la proprit, la libert et lgalit en tant que rquisits de ces

rapports comme rapports de production pour lchange. Et ces catgories sont formulesau sein mme de lexpos de la marchandise, dans un rapport dopposition un autre

concept de proprit, de libert et dgalit. Ainsi saffirme que lobjet de la thorie de

Marx nest pas une conomique au sens positiviste du terme, mais tout autant une

politique. Plus prcisment, sa construction thorique est fonde sur la corrlation et la

co-implication de catgories conomiques et politiques . Il lui a seulement

manqu, ainsi quon le verra, de suivre cette logique jusquau bout. Voir R.111 113,

pages 157 et suivantes. VoirExplication et reconstruction du Capital, R.121 123,pages 168-173.

Alina26/57. Cest donc Man hat S. 57 PUF 48, ES 46, GF 46.

Dans une socit dont les produits prennent en gnralla forme marchandise,

cest--dire o tout producteur doit tre marchand, la diffrence entre les genres divers

de travaux utiles qui sexcutent indpendamment les uns des autrespour le compte

privde producteurs libres se dveloppe en un systme fortement ramifi, en unedivision sociale du travail .

Commentaire. On retrouve les mmes indications juridico-politiques (proprit

prive, producteurs libres) que ci-dessus. Elles se trouvent cependant articules dau-

tres noncs. Et tout dabord, lide quil sagit ici dune socit o les produits

prennent en gnral la forme marchande : cest--dire o toute la production est

marchande. Marx, proposant une thorie pure du capitalisme comme rapport capital

/ travail, lui prsuppose une thorie pure (en ce sens) du march. Cela signifie quil suit


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un ordre purement logique dexpos, et non historico-logique, puisque, dans les formes

prcapitalistes de production, celle-ci nest que partiellement marchande.Explication et

reconstruction du Capital, E.112, pp 47.

Ce qui fait problme ici, cest un autre nonc : tout producteur doit tre

marchand . Cela ne peut vouloir dire quil sagit de dfinir une production marchande

de petits producteurs prcapitalistes, puisquil sagit du dbut de lexpos des catgories

du capitalisme. Il sagit donc bien du capitalisme. Mais peut-on dire que tous les

producteurs y sont marchands , au sens ici indiqu, celui de marchands de leurs

produits ? Assurment non. Les salaris ne vendent pas leurs produits. Sil en est ainsi,

ce prambule marchand de la thorie du capitalisme pche de quelque faon. On pourra

avancer que lobjet de cette section est prcisment la prsentation de cette apparence,qui va donner lieu, avec le dveloppement de lexpos, son renversement en son

contraire : la libert et lgalit des personnes va se rvler, dans le dveloppement

mme de cette relation marchande en capitalisme comme largement illusoires,

comme retournes en sujtion et exploitation. La reconstruction montrera que ces

considrations npuisent pas le problme. Et que la question est dabord de savoir si

une libert purement marchande, et non en mme temps organisationnelle, est

concevable. Plus gnralement, le schme du rapport marchand de production ne rpondpas lui seul lensemble des rquisits dun dbut de lexpos de la thorie de la

socit capitaliste. Cest la raison pour laquelle, comme on le verra, la thorie doit tre

reconstruite sur une base plus large. Sur la petite production marchande, en tant qu'elle

est implique dans le capitalisme, voir notammentExplication et reconstruction du

Capital, R.312C, pages 230-233.

Alina 27/58. Il est...Dem Rock S. 57 PUF 48, ES 46, GF 46.Le travail comme anneau de la division sociale du travail , et le travail comme

ncessit ternelle

Commentaire. Marx savance ici sur le terrain de la distinction entre le travail tel

quil se produit dans la division sociale marchande du travail, et le travail productif

(de valeurs dusage), qui existe en toute socit. Il suppose donc un concept du travail

en gnral, dont il donne une dtermination, celle dtre le mdiateur entre la nature et

lhomme . Il consacrera le 1 du chapitre 7 la dfinition de ce travail productif en


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gnral. Il faut dj souligner que, dans dautres exposs, il ajoute dautres

dterminations de ce travail : cest une pratique qui en tant quelle est productive ,

vise son rsultat dans le moindre temps, soit avec la moindre dpense de force de

travail , et qui est prendre comme rapport social , dans le cadre de rapports de

production . Surtout ces problmes, voirExplication et reconstruction du Capital,

pages 29 45 et 151 156.

Alinas28-29/58. Les valeursDie Gebrauchswerte S. 57... PUF 48, ES 47,

GF 46.

Un quelque chose fourni par la nature . Le travail nest donc pas lunique

source des valeurs dusage quil produit, de la richesse matrielle. Il en est le pre, et laterre, la mre, comme dit William Petty

Commentaire. Il est exagr de voir dans cette proposition une prise de position

cologique, comme on le fait souvent, quoiquelle soit mobilisable dans ce registre. Elle

invite cependant apprhender lhomme comme un tre de la nature. On notera aussi

que le travail et la terre sont dsigns comme sources de valeur dusage, et non de

valeur. Ainsi se trouve congdie la formulation, des Grundrisse, qui fait du travail la

source de la valeur. On se reportera au texte fameux sur les machines , dontcertains auteurs, parmi lesquels Toni Negri, ont cru pouvoir tirer l'ide quavec le dve-

loppement du machinisme cette source s'tait puise. Voir E.312, pages 119 123.

B. Travail abstrait (Alinas 30-38)

Alina30/58. Laissons Gehn wir S. 58... PUF 49, ES 47, GF 47.

Revenons sa valeur Commentaire. On revient au travail abstrait . Cela ne veut pas dire que les deux

couples valeur dusage / valeur et travail concret / travail abstrait soient

strictement homologues. VoirAlina 23.

Alina31/58. Daprs...Nach unsrer S. 58 PUF 49, ES 47, GF 47.

() dans notre socit capitaliste, suivant la direction variable de la demande de

travail, une proportion donne de travail humain doit soffrir tantt sous la forme de


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confection de vtements, tantt sous celle de tissage

Commentaire. Lide na videmment rien doriginal. On notera simplement que

ce dont parle Marx, dans cette section premire, cest bien de la socit capitaliste, et

quil en traite en ce quelle est marchande, cest--dire o le march fournit le principe

de lallocation des travaux. Principe rationnel. Et contradictionnel : la flexibilit ici

voque, en dernier ressort celle du travail, ne va pas sans frottements , sans friction,

mais elle sexcute quand mme , dit-il.

Alina32/59. En fin... Sieht man S. 58 PUF 50, ES 47, GF 47.

Dpense productive du cerveau, des muscles, des nerfs, de la main de lhomme

(.). Cest une dpense de la forcesimple que tout homme ordinaire, sansdveloppement spcial, possde dans lorganisme de son corps (quoique) toujours

dtermin dans une socit donne. Le travail complexe (skilled labour) nest quune

puissance du travail simple, ou plutt nest que le travail simple multipli

Commentaire. Que Marx met au premier rang des dpenses celle du

cerveau indique quel point que ce quil a en vue na spcifiquement rien voir

avec le travail manuel , et que la relative disparition de celui-ci nenlve rien la

pertinence de sa thorie : le labeur intellectuel , pour autant quil se mobilise pour unproduit marchand, relve au mme titre de son concept de travail, dans les conditions

(marchandes) du capitalisme. la question dentrer dans la question du travail

complexe , rduction III (cf. E. 121) que Marx na pas su matriser correctement ici. Je

ne puis que renvoyer Que faire du Capital ?, pages 35-38. nouveau, voir aussi

Explication et reconstruction du Capital, E.312, pages 119 123.

Alina33/60. De mme... Wie also S. 59 PUF 51, ES 48, GF 48.La diffrence des valeurs dusage est limine , celle des formes utiles du

travail disparat

Commentaire. Ainsi est exprime, en termes de rduction du travail concret au

travail abstrait, le rapport (ici concurrentiel) entre les diffrentes branches (produits) de

la production. Soit la rduction II (cf.Explication et reconstruction du Capital, E. 121).

Alinas34-35-36.


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34/60. LhabitRock und S. 60 PUF 51, ES 48, GF 48.

35/60. Si doncRock und S. 60 PUF 51, ES 48, GF 48.

36/60. La forceRock und S. 60 PUF 51, ES 48, GF 48.

Le double du temps quexige () , il sagit de savoir () combien de temps

il dure

Commentaire. Marx reprend sous des formes diverses la mme ide : le temps de

travail ncessaire dtermine la valeur, sa productivit dtermine la quantit de valeurs

dusage produite dans ce temps. On voit que la relation entre le travail concret et le

travail abstrait nest pas homologue la relation entre la valeur dusage dune

marchandise et sa valeur.

Alina37/60. Une quantitEin grres S. 60 PUF 52, ES 49, GF 49.

La forceproductive appartient au travail concretet utile

Commentaire. La productivit est la relation entre le temps (ou la dpense) de

travail et lutilit produite. Le travail concret a donc aussi voir avec le temps. Il a au

temps de production une relation qui est, en quelque sorte, inverse par rapport celle du

travail abstrait. En ce sens, lide de travail abstrait comme dpense de force de travail

est appele par celle de travail concret comme travail utile . Ce qui montre que leconcept de travail quutilise ici Marx prsente un caractre gnral, nullement

spcifique au rapport marchand. Et que le commencement de sa thorie est

lapplication, cette matrice gnrale, de la forme marchande de production.

Alina38/61. Il rsulteAlle Arbeit S. 61 PUF 53, ES 49, GF 49.

Il rsulte de ce qui prcde que sil ny a pas, proprement parler deux sortes de

travail dans la marchandise, cependant le mme travail y est oppos lui-mme, suivantquon le rapporte la valeur dusage de la marchandise comme son produit, ou la

valeur de cette marchandise comme sa pure expression objective. Tout travail est dun

ct dpense (). De lautre ct, tout travail est dpense de la force humaine sous telle

ou telle forme productive, dtermine par un but particulier () . ( ) le travail doit

tre avant tout utile, pour tre cens dpense de force de travail, travail humain, dans le

sens abstrait du terme

Commentaire. On voit ici clairement comment les catgories gnriques du travail


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( tout travail est abstrait et concret) se trouvent impliques dans le concept,

spcifiquement marchand, de la valeur.

En tant que dpense, le travail est fruit dune mobilisation sociale, dans un univers

toujours politique de contrainte et de consentement, dont le march, ainsi dcrit, ne

fournit quune pure abstraite et unilatrale. Cest pourquoi aussi il peut tre autre

chose, qui se profile dans la note finale, qui souligne que cette dpense de force de

travail est aussi affirmation normale de la vie . Normale, norme, socialement

possible selon dautres formes sociales (sur la valeur, le travail et le rgime de la libert,

voir la critique de Smith dans les Grundrisse, t. II, pp. 101-2).


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[COPYRIGHT : JACQUES BIDET]

Section I. La marchandise et la monnaie

Chapitre 1. La marchandise

III. Forme de la valeur

Pour ce III, je renvoie le lecteur Explication et reconstruction du Capital, E. 131-

132, pages 63-74, ainsi qu Que faire du Capital ?,pages 209-232.Je me permets de reprendre ici le fil conducteur de mon commentaire :

Marx indique, en ouverture de ce III, quil revient son point de dpart : la

valeur dchange . Les II et III ont tabli quelle tait fonde sur la valeur ,

analyse partir de la forme, historiquement particulire, de production quest le

march production prive pour lchange , lui-mme dcrypt partir du couple

travail concret /abstrait (dsign comme sa dcouverte dcisive, alina 21). Il revient

donc, muni de ce concept de valeur, la valeur dchange. Il est maintenant en mesure

dexaminer ce quil appelle le rapport de valeur , cest--dire cette valeur dchange

elle-mme, mais lue comme relation entre marchandises partir de la thorie de la

valeurlabore aux I et II. Il va montrer quelle implique largent.

Il introduit le problme sous la forme dune quation quil nonce indiffremment

selon deux formulations : x marchandise A = y marchandise B , ou x marchandise

A vauty marchandise B . Or, en ralit, la relation = est une relation dquivalence

au sens mathmatique de ce terme : rflexive, transitive, totale et symtrique. Elle ne

peut donc en loccurrence dsigner quun rapport degrandeur, de quantit. La relation vaut est dune tout autre nature : elle nest ni rflexive ni proprement symtrique. Il

est donc surprenant que Marx ne semble pas remarquer la diffrence entre ces deux

relations, = et vaut . Car cest en ralit sur elle quil va fonder toute sa

dmonstration. Lobjet de son analyse est la relation valoir , Geltung, en tant quellene se rduit pas celle dgalit. Il va, on le verra, en faire la gense non pas en

inaugurant une autre thorie de la valeur , mais en dveloppant le rapport de

valeur partir de la thorie de la valeur labore dans les deux premiers paragraphesdu chapitre I, cest--dire en renvoyant celle-ci, qui trouve ainsi son achvement dans

cet expos de sa forme au sens prcis de sa forme argent .

(Extrait deExplication et reconstruction du Capital, pages 64).

Alina 42/63. Chacun saitJedermann wei S. 62 PUF 54, ES 50, GF 50. Il sagit maintenant de faire ce que lconomie bourgeoise na jamais essay ; il

sagit de fournir la gense de la forme monnaie, cest--dire de dvelopper lexpression

de valeur contenue dans le rapport de valeur(je souligne) des marchandises depuis son

bauche la plus simple et la moins apparente jusqu cette forme monnaie qui saute aux

yeux de tout le monde. En mme temps sera rsolue et disparatra lnigme de la

monnaie .

Commentaire. Tout se joue en effet dans la relation entre le rapport de valeur et

lexpression de valeur: dans le dveloppement de lun lautre. Le rapport de

valeur dsigne la valeur relative des marchandises en tant quelle est rgle par le

temps socialement ncessaire leur production dans la forme marchande de production.


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Le dveloppement analytique va faire apparatre que ce rapport contient une

expression de valeur . Et lon va le voir ds le cas le plus simple, celui du rapport

entre deux marchandises.

A. Forme simple ou accidentelle de la valeur

Alina 44/63. x marchandise A x Ware A S. 63 PUF 55, ES 50, GF 50. x marchandise A = y marchandise B , ou x marchandise A vaut y marchandise B.

(20 mtres de toile = 1 habit, ou 20 mtres de toile ont la valeur dun habit).

Commentaire. Tout le problme, on la vu, tient dans ce ou , qui masque le

problme que pourtant il introduit. Car, en ralit, la relation = renvoie la

grandeurde la valeur, et la relation vaut lexpression de valeur.

1. Les deux ples de lexpression de valeur : sa forme relative et sa forme

quivalent

Alina 45/63. Le mystre Das Geheimnis S. 63 PUF 55, ES

51, GF 50. Le mystre de toute forme de valeur gt dans cette forme simple. Aussi cest dans

son analyse que se trouve toute la difficult.

Alina 46/63. Deux marchandisesEs spielen S. 63 PUF 55, ES 51, GF 50.

() La toile exprime sa valeur dans lhabit et celui-ci sert de matire cette

expression. La premire marchandise joue un rle actif, la seconde un rle passif. Lavaleur de la premire est expose comme valeur relative, la seconde marchandise

fonctionne comme quivalent .

Alina 47/63. La forme relative Relative Wertform S. 63PUF 55, ES 51, GF51.

La forme relative et la forme quivalent sont deux aspects corrlatifs, insparables,

mais, en mme temps, des extrmes opposs, exclusifs lun de lautre, cest--dire des

ples de la mme expression de valeur. () La valeur de la toile ne peut donc tre

exprime que dans une autre marchandise, cest--dire relativement.

Commentaire. Lopposition , lexclusion sont ici des catgories

fonctionnelles : elles signifient que, pour que lune fonctionne comme valeur relative, ilfaut que la seconde marchandise fonctionne comme quivalent (al. 46). Elles

renvoient au caractre non rflexif du rapport de valeur : la valeur de la toile ne

sexprime pas en toile.

Alina 48/64. Lexpression Allerdings S. 63PUF 56, ES 51, GF 51. Lexpression : 20 mtres de toile = 1 habit, ou 20 mtres de toile valent un habit,

renferme, il est vrai, la rciproque : 1 habit = 20 mtres de toile, ou un habit vaut 20

mtres de toile. Mais il me faut alors renverser lquation ()

Commentaires. Lanalyse sappuie ici sur la seconde proprit du rapport de valeur :

la rciprocit ou symtrie. Mais on notera quici le thoricien entre en scne : il mefaut alors renverser lquation . Il construit la figure : il renverse lquation. Et cest


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du reste une semblable intervention, opration de renversement, qui permettra de passer

de la Forme 2 la Forme 3.

A proprement parler, il ne sagit pas dune relation symtrique , comme le seraitpar exemple la relation a la mme valeur que , car les deux ples de la forme valeur

sont htrognes (relatif/quivalent) au regard de la relation quelle dfinit. Il ne sagitpas seulement dun autre nonc, tel que celui quon pourrait obtenir en inversant la

relation a la mme valeur que . Il sagit de lnonc dun autre locuteur, qui exprime

la valeur de lhabit dans la toile. A la diffrence de la relation a la mme valeur que ,

ou relation dgalit de valeur, dont le locuteur est indtermin, et qui, dans une mme

locution, fonctionne dans les deux sens, on a ici un couple de relations symtriques indissociables, dualit qui tient au fait que, en tant que rapport dexpression, donc de

sens, le sens nexiste que pour un couple dchangistes. Sens de deux actes distincts et

corrlatifs, pourvus de sens dans cette corrlation, sexprimant en deux expressions de

valeur. Lintervention du thoricien consiste ici dans la manifestation de la relation

entre ces deux actes, entre ces deux agents.

Conclusion : les deux expressions xMa = y Mb et xMa vaut y Mb sont denature diffrente. La premire dsigne le rapport de valeur, la seconde lexpression de

valeur. La question que Marx a fait ici merger est celle du valoir , Geltung, de lavaleur. Helmut Reichelt a justement mis en avant cette notion de valoir de valeur. Mais

il naperoit pas que cest bien cela dont il sagit ici. Il naperoit pas la diffrence entre

la relation gale et la relation valoir . La premire pourtant concerne la grandeurde la valeur, alors que la seconde concerne sa forme. Cest lorsque lon confond les

deux que lon peut attribuer Marx, comme le fait Helmut Reichelt, une problmatique

ricardienne positiviste de valeurs relatives.

2. La forme relative de la valeur

a. Contenu de cette forme

Alina 49/64. Contenu Um herauszufinden S. 64 PUF 56, ES 51, GF 51.

() des choses ne peuvent tre compares quantitativement quaprs avoir t

ramenes la mme unit. Alors seulement elles ont le mme dnominateur commun et

deviennent commensurables

Commentaire. On connat ce dnominateur commun : le travail abstrait. Ce III

nintroduit pas une autre thorie que les I et II.

Alina 50/64. Que 20 mtres Ob 20 Ellen S. 64 PUF 56, ES 51, GF 51. Toile = habit, voil la fondement de lquation .

Commentaire. Cette galit suppose en effet quils soient des expressions de la

mme unit , le travail abstrait. Mme remarque que pour lalina prcdent.

Alina 51/64. Mais les deux Aber die zwei S. 64 PUF 57, ES 52, GF 51. () lhabit entre dans ce rapport exclusivement comme forme dexistence de la

valeur, car ce nest quen exprimant de la valeur quil peut figurer comme valeur vis--

vis dune autre marchandise. De lautre ct, le propre valoir de la toile se montre ici ou

acquiert une expression distincte.

Commentaire. Le valoir de la toile sexprime dans la valeur de lhabit.


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Alina 52/65. Empruntons So ist die Buttersure S. 64 PUF 57, ES 52, GF52.

Empruntons une analogie la chimie . Celui de deux corps, comprenant les

mmes lments dans la mme proportion de C4 H8 O2, mais diffrant par leur aspect

et leurs proprits. Que C4 H8 O2 leur soit commune ne suffit pas exprimer de lune lautre quelque chose de tout fait distinct de sa forme corporelle .

Commentaire. Le formiate de propyle ne se rapporte lacide butyrique que par

lidentit (=) de ce qui leur est commun, et non galement travers leur diffrence, qui

les rendrait changeables, la valeur de lun sexprimant dans la valeur (et la valeur

dusage) de lautre.

Alina 53/65. Si nous disons Sagen wir S. 65 PUF 57, ES 52, GF 52.Ramene du travail humain cristallis , chaque marchandise, prise en elle-

mme, se trouve analyse comme abstraction valeur , mais elle ne prsente encore

que la forme dune valeur dusage. Il en va tout autrement ds quune marchandise

est mise en rapport de valeur avec une autre marchandise. Ds ce moment, soncaractre de valeur ressort et saffirme comme sa proprit inhrente qui dtermine sa

relation avec lautre marchandise

Commentaire. Ce qui fait proprement la marchandise, ce nest pas dtre du travail

humain cristallis : toute production, mme celle de Robinson, est cela, et en ce sens

le travail abstrait est une catgorie gnrique, applicable toute valeur dusage

produite. Elle nest valeur au sens propre que dans son rapport de valeur avec

dautres marchandises. Ce moment nest pas celui de la circulation, de lchange. Il est

toujours dj impliqu dans la production marchande en tant que production pour

lchange, dans sa rationalit propre. Cest tout cela encore quil semble chapper

linterprtation francfortoise.

Alina 54/65. Lhabit tant pos Indem z. B S. 65 PUF 57, ES 52, GF 52. Lhabit tant pos lquivalent de la toile, le travail contenu dans lhabit est

affirm tre identique avec le travail contenu dans la toile .

Commentaire. La relation valeur, en tant que mise en quation (al. 54) de deux

valeurs dusage distinctes, pose le travail abstrait comme substance de la valeur. De

telles formules sont invoques pour argumenter lide que la thorie marxienne de la

valeur doit sentendre partir de la circulation, de lchange, et donc de la monnaie. En

ralit, cette mise en quation nest passpcifiquementun acte de lchangiste : elle est

le fait de la structure marchande de production, qui gouverne les choix de production

dans la socit marchande, sa logique et sa dynamique productive, en tant queproduction pour lchange.

Alina 55/65. Il ne suffit pas Es gengt S. 65 PUF 58, ES 52, GF 52.

La valeur doit se reprsenter comme pure condensation du travail humain

abstrait . En mme temps, cette condensation doit revtir la forme dun objet

visiblement distinct de la toile elle-mme, et qui, tout en lui appartenant, lui soit

commune avec une autre marchandise. Ce problme est dj rsolu .

Commentaire. La suite va montrer comment

Alina 56/65. En effet Im Wertverhltnis S. 66 PUF 58, ES 53, GF 53.


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Pos comme quivalent, lhabit devient valeur : sa propre forme dexistence

devient une forme dexistence de la valeur ; cependant lhabit, le corps de la

marchandise habit, nest quune simple valeur dusage ; un habit exprime aussi peu de

valeur que le premier morceau de toile venu. Cela prouve tout simplement que, dans le

rapport de valeur de la toile, il signifie plus quen dehors de ce rapport Commentaire. Le paradoxe dans lexplication que fournit Marx, cest quil semble

dabord tenir le fait de sexprimer en une valeur dusage pour un dfaut. Alors

prcisment que la rfrence valeur dusage est, comme on le verra par la suite (al.

60, page 73) essentielle la catgorie du valoir. A condition, il est vrai, que cette valeur

dusage soit prise dans le rapport social marchand, o elle acquiert ses galons (al.

56) de valeur. La valeur est ainsi comprendre comme rapport social. Et ce ne sont pas

des choses qui sont galonnes , mais des personnages : ici les dtenteurs de

titres de proprits. Marx tient (artificiellement) les acteurs sociaux en coulisse

jusquau chapitre 2 (voirExplication et reconstruction du Capital, E. 151), mais djils font subrepticement retour. Retour du refoul : le monde des marchandises nest pas

rigoureusement un monde de choses, mais de choses sociales . O les rapportssociaux, nanmoins, se donnent comme rapports de choses, auxquelles semble

appartenir en propre la majest de leurs diffrences. Ce terrain est celui du ftichisme

de la marchandise , auquel ne saurait pourtant se rduire celui de la forme de la

valeur . On analyse en E. 141 ce jeu subtil entre les choses et les individus, et leur

facticit de personnages , et son ambigut : les individus ne sont pas seulement des

personnages , ils ne sont pas pris dans ce discours des choses, ils peuvent rsister

aux sirnes, prendre distance. Lun des objectifs de Explication et reconstruction du

Capitalest de montrer en quoi et comment.

Alina 57/66. Dans la production In der Produktion S. 66 PUF 58, ES 53, GF

53. () lhabit ne peut point reprsenter dans ses relations extrieures la valeur, sans

que la valeur prenne en mme temps la forme dun habit. Cest ainsi que le particulier

A ne saurait reprsenter pour lindividu B une majest, sans que la majest aux yeux de

B revte immdiatement et la figure et le corps de A ()

Commentaire. Mme remarque. On passe ici du plan de lexpression celui de la

reprsentation , qui est aussi celui de lillusion. Lide est proche de celle du

ftichisme, expose plus loin : les permutations entre travaux se donnent comme

permutations de choses. La signification politique en surgit immdiatement : la

domination politique nexiste que par son apparatre comme un fait de nature.

Alina 58/66. Le rapport qui fait Im Wertverhltnis S. 66 PUF 59, ES 53, GF53.

Le rapport qui fait de lhabit lquivalent de la toile, mtamorphose donc la forme

habit en forme valeur de la toile ou exprime la valeur de la toile dans la valeur dusage

de lhabit. () Sa proprit de valoir apparat dans son galit avec lhabit, comme

la nature moutonnire du chrtien dans sa ressemblance avec lagneau de Dieu

Commentaire. Lexpression en valeur dusage nest pas ici compte comme un

dfaut, mais plutt comme une sorte de moment ncessaire, dont on verra que lanalyse

va le dpasser mais le conserver. La rfrence lagneau de Dieu est peut-tre

prmature, car celui-ci figure plutt, dans ce contexte thorique-mtaphorique, un


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quivalent universel(comme celui de la forme III) au sein de la communaut, qui nestpas, il est vrai, la socit marchande universelle.

Alina 59/66. Comme on voit Man sieht S. 66 PUF 59, ES 53, GF 53.

Comme on le voit, tout ce que lanalyse nous avait rvl auparavant, le toile elle-mme le dit, ds quelle entre en socit avec une autre marchandise, lhabit. () Pour

exprimer que sa valeur vient du travail humain, dans sa proprit abstraite, elle dit que

lhabit en tant quil vaut autant quelle, cest--dire est valeur, se compose du mme

travail quelle-mme. Pour exprimer que sa ralit sublime comme valeur est distincte

de son corps raide et filamenteux, elle dit que la valeur a laspect dun habit, et que par

consquent, elle-mme, comme chose valable, ressemble lhabit, comme un uf un

autre

Commentaire. Ici le discours est prt aux marchandises. On dira quil figure lediscours des changistes, ou la vise de sens des producteurs changistes. Cette faon

de traiter les choses comme des personnes est une sorte de retournement par avance du

thme du ftichisme, selon lequel les rapports entre les personnes se donnent commedes rapports entre choses. Lexpression de valeur est, en un sens, une rvlation de

la valeur. Car ce discours ne dit censment rien dautre que ce que lanalyse nous

avait rvl auparavant . Marx y insiste lourdement : ce qui sexprime ainsi, cest sa

valeur, en temps de travail. Ce temps sexprime dans la chose quil procure, la valeur

dusage de lhabit, parce que celui-ci suppose un mme temps. On voit comment la

catgorie du valoir , loin de se rduire lgalit des grandeurs, articule valeur et

valeur dusage.

Alina 60/67. En vertu Vermittelst S. 67 PUF 60, ES 54, GF 54. En vertu du rapport de valeur, la forme naturelle de la marchandise B devient la

forme de valeur de la marchandise A, ou bien le corps de B devient pour A le miroir de

sa valeur. La valeur de la marchandise A ainsi exprime dans la valeur dusage de la

marchandise B, acquiert la forme de la valeur relative . Une note rapproche, sous un

certain rapport , la condition de marchandise celle de lhomme, qui ne nat pas en

philosophe la Fichte dont le Moi na besoin de rien pour saffirmer, il se mire et se

reconnat dabord seulement dans un autre homme

Commentaire. Cet alina valorise, on le voit, hautement lexpression de la valeur envaleur dusage. Voir le rapprochement, prudent, il est vrai, avec un procs de gense du

sujet par lintersubjectivit. Ce que la marchandise A dcouvre dans la marchandise B,

cest sa propre valeur en tant que grandeur , mais dans lindividualit de cette chose

utile, avec laquelle elle peut permuter, et laquelle seule peut, comme valeur dusage,exprimer son tre abstrait. (Notons quici la forme naturelle dsigne videmment le

rsultat de laction laborative-culturelle de lhomme sur la nature.)

b. Dtermination quantitative de la valeur relative

Alina 61/67. Dtermination Jede Ware S. 67 PUF 60, ES 54, GF 54.

Alina 62/67. LquationDie Gleichung S. 67 PUF 60, ES 54, GF 54. Dans le rapport de valeur de la marchandise A avec la marchandise B, non

seulement la marchandise B est dclare gale A au point du vue de la qualit, mais

encore un certain quantum de B quivaut au quantum donn de A. . Le temps


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ncessaire en est la mesure, ce temps varie pour chacune delles avec chaque

variation de la force productive du travail qui la cre

Commentaire. Les marchandises diffrentes schangent au regard des quantitsrespectives de travail quelles requirent, auxquelles correspondent des quantits

dtermines de valeurs dusage. Celles-ci varient selon les variations de productivitdans la production respective de ces marchandises. Marx reprend ici le thme mme

des I et II. Il pousse seulement encore plus loin lanalyse, considrant cette relation

quantitative sous tous ses aspects.

Alina 63/67. I. Que la valeurI. Der Wert S. 68 PUF 61, ES 54, GF 54.I. Que la valeur de la toile change pendant que la valeur de lhabit reste constante

Commentaire. Simple explicitation de lanalyse des I et II. Ceci contre les

lectures qui croient discerner dans ce III une autre thorie de la valeur.

Alinas 64 et 65.

Alina 64/68. II. Que la valeurII. Der Wert S. 68 PUF 61, ES 54, GF 54.Alina 65/68. Si lon compareVergleicht S. 68 PUF 61, ES 55, GF 55.

II. Que la valeur de la toile reste constante pendant que la valeur de lhabit varie .

Commentaire. Mme remarque.

Alina 66 68.

Alina 66/68. III. Les quantitsIII Die zur Prod S. 68 PUF 62, ES 55, GF 55. Alina 67/68. IV. Les temps III Die zur Produktion S. 68 PUF 62, ES 55,

GF.Alina 68/68. Les changements Wirkliche S. 68 PUF 62, ES 55, GF 55. Si les valeurs de toutes les marchandises augmentaient ou diminuaient

simultanment et dans la mme proportion, leurs valeurs relatives nprouveraient

aucune variation

Commentaire. Mme remarque encore. Et Marx gnralise : les variations ingales

des productivits respectives modifient les valeurs relatives.

3. La forme quivalent et ses particularits

Alina 69/69. On la dj vu Man hat S. 70 PUF 63, ES 55, GF 55. On la dj vu (). La toile manifeste son propre caractre de valeur par un

rapport dans lequel une autre marchandise, lhabit, tel quil est dans sa forme naturelle,

lui fait quation. () est immdiatement changeable avec elle. Commentaire. On se rappelle la note finale du II : une chose nest valeur que si elleest utile. Mais cette utilit se manifeste dans sa capacit donner accs une autre

valeur dusage. Le rapport entre les marchandises nest pas mesur par la grandeur des

utilits respectives, mais par les temps de production. Il ny a cependant rapport de

valeur que parce que celui-ci ne se rduit pas une galit des temps, la question de la

grandeur , mais parce que la valeur sexprime en une valeur dusage , autre.

Alinas 70-71.Alina 70/69. En tant que valeurs Ajout lallemand, ES 55, GF 55.

Alina 71/69. Une marchandise Ajout lallemand, ES 56, GF 56.


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En tant que valeurs, toutes les marchandises sont des expressions gales dune

mme unit, le travail humain, remplaables les unes par les autres. Une marchandise

est, par consquent, changeable avec une autre marchandise, ds quelle possde une

forme qui la fasse apparatre comme valeur

Commentaire. Les alinas 70 74 reprennent, du point du vue de la formequivalent, la mme analyse prcdemment dveloppe du point de la forme relative,

tant pour laspect qualitatif (al. 71) que quantitatif (al. 72).

Alinas 72/69. Quand une Wenn eine Ware S. 70 PUF 63, ES 56, GF 56.

Commentaire. Marx distingue bien le rapport de valeurcomme aspect quantitatif(la proportion dans laquelle schangent les marchandises) et la forme valeurqui lui

inhrente, laspect qualita

Jacques Bidet - Commentaire du Capital

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