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Introduction
Infirmière depuis 1981, je travaille en salle d’opération depuis 1993 et ma
situation professionnelle prendra une nouvelle orientation à partir de l’été 2006.
Le service de neurochirurgie m’a sollicitée pour devenir instrumentiste, ce que
j’ai accepté.
Documentation prise sur cette fonction, il m’est rapidement apparu des zones
d’ombre entraînant quelques interrogations :
- quel rôle l’instrumentiste peut-il occuper dans l’équipe pluridisciplinaire
d’un bloc opératoire ?
- quelles règles régissent cette fonction ?
- quelles sont les attentes des chirurgiens?
- quelles sont les aspirations de ces infirmiers spécialisés?
Actuellement, notre système de santé est en inadéquation entre les besoins des
patients, des institutions et les ressources infirmières et médicales.
Cette situation s'accentuera avec le temps et sera aggravée par la pénurie
médicale, ce que j’expliciterai dans les pages ultérieures.
Malgré les exigences budgétaires, préoccupations prioritaires des gestionnaires
des établissements et des responsables politiques de la santé, la profession
d’infirmier va probablement devoir faire face à de nouvelles tâches.
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Les infirmiers continuent toutefois à promouvoir les interventions de soins qui
visent l’excellence.
Des projets de reconnaissance des qualifications et titres particuliers ont fait
l’objet d’un débat en séance plénière du Conseil National de l’Art Infirmier
(CNAI), en mai et juin 2004. (1)
Il en ressort qu’à l’infirmier spécialisé en bloc opératoire viendraient se greffer
deux post-spécialisations complémentaires :
- l’infirmier de bloc opératoire spécialisé aide anesthésiste
- l’infirmier de bloc opératoire spécialisé instrumentiste
Je vous propose à travers ce travail, de découvrir l’aspect infirmier particulier
de ce dernier.
(1) Annexe 1 : La profession d’infirmière au sein du système de santé en Belgique, situation actuelle et souhaits pour le futur. MENGAL, Yves, Septembre 2004, P XIV.
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I. Question de recherche
A. Problématique.
Les missions demandées au personnel qui pratique l’instrumentation sont mal
définies, il existe des exigences subjectives selon le chirurgien, la discipline ou
l’institution dans laquelle l’infirmier travaille.
Les instrumentistes doivent constamment faire face à des situations où il faut
appliquer un jugement raisonnable devant des situations pour lesquelles il
n’existe aucune règle précise.
Ils recourent alors aux usages qui ont une existence conventionnelle, c'est-à-
dire créés par la pratique.
L’acquisition de leur savoir faire est souvent jonchée d’embûches et n’est pas
dépourvue d’incidents plus ou moins graves.
La collaboration infirmier/médecin ne paraît pas toujours harmonieuse
concernant les attentes des uns et les désirs des autres.
B. Champ de l’étude.
Ce travail est basé sur une enquête auprès des chirurgiens, des candidats
spécialistes en chirurgie après trois ans de formation et des infirmiers qui
pratiquent l’instrumentation.
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C. Hypothèse.
Les attentes des infirmiers qui instrumentent et des chirurgiens
qui les emploient en ce qui concerne la fonction et le rôle de
l’instrumentiste en salle d’opération sont-elles conciliables ?
D. Objectifs.
Ce travail de recherche a pour buts :
- de décrire la situation actuelle de la fonction d’instrumentiste
- de faire apparaître la conception des différents collaborateurs
- de démontrer que les attentes des médecins et des infirmiers sont
conciliables
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II. Revue de littérature
A. Historique.
Au cours du temps, l'évolution de la chirurgie a été très inégale.
Très longtemps, l'acte chirurgical et les chirurgiens ont été dévalorisés par la
religion et relégués à une caste inférieure la séparant du monde médical, limitant
ainsi la recherche et l'enseignement.
Au XIXème siècle, la chirurgie se développe grâce à des connaissances plus
précises en anatomie, physiologie,... et à l’invention de matériel plus adapté.
Citons quelques dates importantes dans l’histoire de la chirurgie:
� 1840 : Le calot, le masque et le sarrau du chirurgien apparaissent.
Les limites de la chirurgie sont encore liées à l’endurance du patient à la
douleur et aux risques infectieux.
� 1842 : L’anesthésie est perçue comme une menace pour la morale et l’ordre
publics. Néanmoins, l’utilisation de l’éther à des fins anesthésiques s’est
rapidement répandue en Europe.
� 1847 : Le chloroforme est utilisé pour rendre indolores les accouchements
difficiles, puis est utilisé comme anesthésiant.
Ignace Philippe Semmelweis (1818-1865), chirurgien et obstétricien hongrois
introduit le lavage des mains et l’isolation des patientes malades et observe
une baisse significative du taux de mortalité par fièvre puerpérale des
femmes en couche.
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� 1869 : Le protoxyde d’azote est utilisé en salle de chirurgie.
Celui-ci était utilisé dès la fin du XVIIIème siècle comme « gaz hilarant » dans
les foires.
� 1878 : Pasteur (1822-1895) confirme chez l'homme et les animaux que les
maladies infectieuses sont dues à des microorganismes.
Il identifie trois espèces de bactéries:
- le streptocoque
- le staphylocoque
- le pneumocoque
Partant du fait que chaque maladie est causée par un microorganisme donné,
suite à une contamination extérieure, il établit les grands principes de
l'asepsie (2).
Le taux de mortalité à la suite d'interventions chirurgicales ou
d'accouchements sera considérablement réduit grâce à ces règles.
� 1879 : Charles Chamberland (1851-1908), directeur adjoint du laboratoire
Pasteur, soutient sa thèse de doctorat ès sciences physiques.
C'est le point de départ de travaux sur la stérilisation qui l'amène à concevoir
une étuve à désinfection qui porte son nom : l'autoclave Chamberland.
� 1888 : Lister (1827-1912), admirateur des travaux de Pasteur, les met en
pratique, il utilise le phénol pour vaporiser l’air ambiant et stériliser les
instruments.
Les premières règles d’antisepsie (3) et d’asepsie (2) naissent.
Les premières salles d’opération aseptique en France sont créées à Lyon.
(2) Asepsie : Méthode de protection empêchant par stérilisation tout apport microbien. (3) Antisepsie : Destruction des germes infectieux par des thérapeutiques médicales ou chimiques.
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� 1889 : Les gants stériles sont préconisés en chirurgie par le Docteur William
Halsted (1852-1922), de New York.
C’est Charles Goodyear (1800 - 1860) qui permet par la vulcanisation (1844), de
les rendre souples et stérilisables.
� 1928 : Un bactériologiste écossais Alexander Fleming (1881-1955) marié à une
infirmière, Sarah Marion Mac Elroy découvre fortuitement les propriétés
antibactériennes de la Pénicilline. Il est honoré du titre de docteur honoris
causa en novembre 1945 à Bruxelles par les universités de Bruxelles, Louvain
et Liège.
� 1930 : Le prix Nobel de la médecine est décerné au biologiste Karl
Landsteiner (1868-1943) pour ses travaux sur la compatibilité sanguine.
� 1941 : Pendant la guerre, pour les Facultés de Médecine, la priorité est
d'assurer les soins dans les hôpitaux tout en résistant aux exigences des
autorités occupantes.
L'ULB (Université libre de Bruxelles) est contrainte de fermer ses portes.
L'hôpital Brugmann, l’hôpital Saint Pierre sont occupés et l'Institut Bordet,
tout neuf, devient l'hôpital de luxe de l'armée allemande.
Les chirurgiens belges sont relégués dans les annexes de ces hôpitaux.
Néanmoins, les enseignants ne baissent pas les bras, ils donnent des cours
clandestins aux étudiants afin de leur permettre de présenter leurs examens
auprès d’un Jury Central ou d'être accueillis à Louvain ou à Liège.
• 1953 : Première intervention cardiaque sous circulation extracorporelle par
le Docteur J.H. Gibbon (1903-1973) et développement de la chirurgie à cœur
ouvert.
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Plusieurs avancées chirurgicales majeures sont faites à la fin du XXème siècle et
permettent d'entrevoir quelques pistes pour ce début du XXIème siècle :
cardiologie interventionnelle, thérapie génique(4), thérapie cellulaire, chirurgie à
cœur battant, robotisation...
Mais ceci est une autre histoire, celle de notre présent et de notre futur.
Citons quelques anecdotes belges relatant l’arrivée dans les institutions
publiques des premières infirmières professionnelles en salle d’opération:
1910 : L’avènement des premières infirmières professionnelles belges répond à
un problème survenu en salle d’opération.
Le chirurgien Antoine Depage (1862-1925) est au coeur de ce conflit (5) (6).
A l'Institut chirurgical de Berkendael , aujourd'hui Institut chirurgical de la
Croix-Rouge, il n'emploie que des infirmières laïques dans ses services.
La profession n'est pas connue en Belgique, il doit donc recourir à des
infirmières suédoises, danoises, hollandaises et même allemandes.
Le docteur Depage opère aussi à la clinique de la rue "Sans- Souci", où ses
collaboratrices sont des religieuses.
Un opéré étant décédé par contagion d'une maladie infectieuse, Depage obtient
du Conseil des Hospices de pouvoir disposer, à ses frais, pour le service de la
salle d'opération à l'hôpital Saint-Jean, d'une infirmière laïque et diplômée.
Immédiatement, elle est considérée par les dirigeants de l'ordre religieux
comme une intruse et est accusée d'avoir des moeurs légères, elle est, aux dires
de ses détracteurs, l'instrument de Satan!
La Supérieure avertit le docteur Depage que si l'infirmière laïque prend ses
fonctions à la salle d'opération le lendemain, les religieuses et elle-même ne
prendront pas leur service dans les salles de malades!
(4) Thérapie : Ensemble des moyens hygiéniques, pharmacologiques, chirurgicaux et psychiques mis en œuvre pour combattre la maladie. (5) Mlle BIHET, Histoire du nursing. Éd. Desoer, Liège, 1947, 231p. (6) DEPAGE, Henri. La vie d’Antoine Depage. Éd. La Renaissance du Livre, 1956, 365p.
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Le docteur Depage ne cède pas à ce chantage et la nuit par téléphone, il
recrute des gouvernantes et des nurses de quelques familles amies.
Le lendemain, sous la direction de Marie Depage (1872-1915), promue
"infirmière chef" pour la circonstance, elles prennent consciencieusement
leur service et tout fonctionnera normalement.
Petit à petit, les infirmières bénévoles sont remplacées par des
professionnelles.
C'est ainsi qu'il y a eu dans les hôpitaux de Bruxelles, une grève des
religieuses, et que des infirmières laïques diplômées sont entrées au service
des institutions publiques.
1915 : Marie Depage meurt à bord du « Lusitiana » bombardé par les Allemands.
Après la mort de sa femme, le docteur sombre dans la dépression.
C’est alors que la Reine Élisabeth, avec une discrétion délicate, décide de
venir chaque matin travailler sous la direction de Depage.
La “Reine Infirmière“ entre ainsi dans la légende en même temps qu’elle
redonne au célèbre chirurgien le goût du travail …
10
A. La Reine Elisabeth assistant les professeurs Depage et Debaisieux à l’ambulance de La Panne.
Timbre représentant l’anesthésie au masque d’Ombrédanne (7), édité pour fêter le cinquantenaire de l’école d’infirmières E. Cavell, M. Depage et Sainte Camille.
(7) Masque d’Ombrédanne (1908) : Inhalateur à éther, cet appareil a dominé la pratique de l'anesthésie en Europe durant plus de cinquante ans.
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B. En 1915, la Croix-Rouge de Belgique rendait un hommage à Marie Depage et à
Edith Cavell en frappant cette médaille. (Photo F. De Look)
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Citons quelques dates plus contemporaines:
� 1965 : Mademoiselle Bianchi, instrumentiste du professeur Devernejoul (8)
crée avec lui, à Marseille, une école de la Croix-Rouge qui dispense jusqu’en
1971 des "certificats de spécialisation en salle d’opération pour infirmier
et infirmière diplômés d’État".
C. Certificat de spécialité en salle d’opération décerné en 1971.
� 1998 : Une 4° année de formation d’infirmier de salle d’opération dans
l’enseignement de la Communauté Française de Belgique est ouverte dès
septembre.
(8) Professeur à la faculté de médecine de Marseille.
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B. Le rôle et la fonction
Le rôle : (9)
Le terme de rôle possède une histoire longue et des emplois variés.
Étymologiquement, il est né du latin médiéval rotulus (en latin, rota : roue) et
signifie d’une part « une feuille roulée portant un écrit », d’autre part « ce que
doit réciter un acteur dans une pièce de théâtre ».
Dès le XIème siècle, il a été employé dans le sens de « fonction sociale »,
profession.
Le rôle (sociologie) est un modèle de comportement imposé par la société à des
individus ou adopté par des personnes ayant le même statut.
Les rôles sont déterminés en vertu de la structure sociale et de la nature
attribuée aux rapports des individus, qui reposent tour à tour sur la coopération,
la concurrence et le conflit.
Selon Anne Marie Rocheblave-Spenlé, docteur ès lettres
« ...Le rôle n’est pas directement saisissable dans les conduites des individus. Il
ne constitue que le modèle social qui inspire des conduites, sur lequel celles-ci
sont censées se calquer. Pourtant, d’une part, ce modèle est défini et soutenu
par les attentes des membres du groupe, par la convergence de celles-ci ; d’autre
part, on peut connaître un rôle en observant de nombreuses personnes agissant
dans un statut donné, et, en dégageant les traits communs, le consensus de leur
conduite. Rattaché ainsi à des déterminants individuels, le rôle peut subir des
transformations et les répercuter sur l’ensemble de la structure sociale. C’est
donc dans les actions où ils s’exercent que les rôles se manifestent... »
(9) Encyclopédie Universalis version 9.
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La fonction : (10)
Le mot « fonction » n’a acquis qu’au XIXème siècle un sens spécialisé, d’abord en
mathématiques, puis en biologie et enfin dans les sciences sociales.
Le fonctionnalisme (sociologie) est une théorie qui conçoit la société comme un
ensemble d'éléments fonctionnant en vue de se maintenir entre eux, la
perturbation d'un élément produisant un réajustement des autres.
Définition selon Jean Cazeneuve, professeur émérite à la Sorbonne :
« ...Les classes sont en effet supra fonctionnelles (ce qui englobe diverses
fonctions, notamment la fonction économique, particulièrement accentuée) ; elles
sont incompatibles entre elles (ce qui peut entraîner une lutte des classes) ; elles
sont réfractaires à la pénétration par la société globale (ce qui maintient leur
originalité par rapport à la nation ou à la civilisation, notamment dans les modes
de vie et dans la culture) ; elles présentent une tendance à se structurer ; elles
sont des groupements de fait (ce qui les distingue par exemple des castes ou des
ordres) ; ce sont enfin des « groupements à distance », leurs membres étant
disséminés dans l’ensemble de la société... »
Définition selon Philippe Courrière, docteur ès sciences :
« ...On peut définir la fonction d’un objet comme le rôle qu’il joue dans un
environnement donné, c’est-à-dire comme l’ensemble des propriétés qu’il
manifeste dans cet environnement... »
(10) Encyclopédie Universalis version 9.
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Schématisons le rôle et la fonction.
Graphique 1 : « Critères d’existence d’une fonction »
Charlotteau N.
Activités
Tâches qui constituent le
travail d’un individu
Responsabilités
Accepter de supporter les
conséquences de ses activités
FONCTION Emploi
définissant une position
professionnelle
Obligations
Lien de droit par lequel un individu
est tenu de faire ou de ne pas faire quelque chose
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Graphique 2 : « Qu’implique la fonction ? »
Charlotteau N.
Identité Professionnelle Ensemble de
caractères distinctifs par lesquels on singularise une
profession
Statut Dispositions légales et réglementaires définissant la
situation juridique d’un individu dans sa
profession. Lien contractuel
Rôle Comportement adapté par un individu censé caractériser sa représentation professionnelle
FONCTION Emploi
définissant une position
professionnelle
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C. Le profil de fonction (11)
Définition
Le profil de fonction (description de fonction) indique de façon précise l’étendue et
les limites de chaque fonction figurant dans la structure hiérarchique ou
fonctionnelle d'une organisation, qui met en évidence ses divers services et les
liens entre chaque élément, appelée organigramme.
C’est une véritable photographie de son contenu réel, qui fait ressortir les critères
qui serviront à l’évaluation.
Celle-ci doit être rédigée dans un langage simple, descriptif et doit être comprise
de tous.
C’est un outil de travail visant à préciser à tous les cadres et opérationnels de
terrain, les activités et les rôles de chacun.
Utilisation de la description de fonction
Celle-ci est utile dans plusieurs situations :
- en terme de recrutement, elle permet de définir un poste vacant
- en terme de mutation, elle permet d’assurer que les agents postulants sont
informés des activités et des responsabilités du poste
- en terme de formation, elle permet de déterminer les besoins individuels qui
doivent être adaptés
- en terme de gestion, elle permet de faire des prévisions sur les besoins en
personnel
- en terme de salaire, elle permet d’adopter une politique salariale
(11) Cours d’administration et gestion de Madame Denagtergael Ch. 2004
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D. Situation actuelle a. Corrélation entre la fonction d’instrumentiste et les besoins socio-
économiques.
Problèmes démographiques médicaux actuels et perspectives d’avenir.
Parce que le médecin est acteur et prescripteur, donc générateur de dépenses, la
démographie médicale fait l’objet, dans notre pays, d’une attention soutenue dans
une perspective de contrôle des dépenses de santé.
Pour des aspects qualitatifs de la pratique médicale, le peu d’activité
professionnelle engendrant une moindre qualité, la Belgique a instauré une
limitation de l’offre médicale en instituant le « numerus clausus ».
Divers arrêtés royaux ont fixé également les quotas requis de candidats qui ont
annuellement accès à la formation pour un titre de médecins spécialistes.
Il en résulte une raréfaction des assistants chirurgiens dans les hôpitaux
périphériques.
Ceux-ci, de moins en moins nombreux, sont orientés préférentiellement vers les
hôpitaux académiques.
En Belgique, le temps de travail des assistants est régi par la loi Colla (Arrêté Ministériel du 30.04.1999) qui fixe les prestations hebdomadaires à
48 h/semaine. Une directive européenne, non encore transcrite dans le droit
national, est plus restrictive encore.
Ces mesures et une modification du concept de la pratique médicale, telle que la
féminisation de la profession et la diminution des heures de prestation par
individus ont des conséquences importantes sur l’accessibilité et l’organisation des
activités médicales.
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Le peu de places disponibles dans certaines spécialités soulève quelques soucis
organisationnels de formation sur le terrain.
Citons quelques répercussions possibles, dont certaines sont déjà perceptibles :
- recrutement de main d’œuvre étrangère
- transfert d’actes médicaux à du personnel non médical
- demande d’aide opératoire par les techniciens des fournisseurs
d’implants et de matériels chirurgicaux
- demande accrue d’aide opératoire par le personnel infirmier
- fermeture de services de soins
- listes d’attente dans les consultations
- allongement des délais de programmation d’une intervention
- envois de patients à l’étranger...
b. Spécificités infirmières au bloc opératoire.
Les soins infirmiers en bloc opératoires sont les seuls à assumer globalement le
malade par opposition au milieu médical qui, par spécificité, pratique la
segmentation du patient.
Réaliser de bons soins techniques en bloc opératoires ne dispense pas de
connaître et de soigner l’être humain et non “l’organe“.
Réaliser une démarche de soins, c’est d’abord recueillir les informations
nécessaires au déroulement de l’intervention du futur opéré, c’est ensuite
accueillir cette personne en tenant compte de ses besoins, de ceux de l’équipe
médicochirurgicale et paramédicale, et de la situation.
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En fin de programme, les infirmiers ont la satisfaction d’avoir accompli leur
devoir : le chirurgien a pu opérer pendant sa vacation tous les malades qu’il avait
inscrits au programme et même réaliser quelques interventions urgentes !
Lors de cette course à l’acte, l’infirmier n’en respecte pas moins chacun de ses
patients. Il répond à leurs besoins physiques et psychiques.
Il faut faire une analyse complète et objective des contraintes qui pèsent sur
ces professionnels pour se rendre compte des améliorations possibles de la
qualité de ces soins périopératoires.
Quels sont les freins et les obstacles rencontrés à l’accueil du patient qui va
être opéré?
� Causes architecturales :(12)
- L’architecture des blocs opératoires imposant promiscuité, agitation,
bruit tente à réduire les possibilités d’échange et à anéantir la
communication respectueuse et le respect de la pudeur.
- Les distances, parfois importantes, que doit parcourir l’infirmier dans les
blocs pluridisciplinaires l’obligent à déléguer l’accueil du patient à l’équipe
de la salle de réveil.
� Causes organisationnelles :(13)
- La gestion du matériel chirurgical et le reconditionnement des salles
tendent à restreindre, entre les interventions, la capacité d’accueil.
(12) Annexe 2 : Normes applicables en salle d’opération PP XIX-XX. (13) Annexe 2 : Normes applicables en salle d’opération PP XXI-XXII.
21
- Les sous-effectifs demeurent une autre contrainte, le personnel
fonctionnant dans une logique de priorité, l’accueil est tacitement
délégué à l’équipe d’anesthésie. (14)
- La planification inégale des activités chirurgicales provoque une
sur activité en pic contrastée avec des périodes de sous activité.
- L’obligation d’assurer les urgences chirurgicales et de les intégrer au
mieux à l’activité opératoire quotidienne souvent surchargée.
� Causes environnementales :
- Le stress des patients :
Les patients prémédiqués, (15), nus, à jeun, angoissés par le geste
chirurgical qu’il vont subir, sont très vulnérables.
- L’imaginaire lié à l’acte opératoire :
La “symbolique“ de l’intervention se présente souvent comme étant
dramatisée par rapport au geste chirurgical proprement dit
- La diversité culturelle des patients :
Les patients de culture et d’ethnie différentes, avec des perceptions
autres du corps, de la pathologie et de la douleur, exigent une
communication adaptée.
- La perception individuelle des soignants :
Les infirmiers possèdent, au-delà de leurs compétences communes, une
sensibilité et une expérience propre qui conditionnent une partie de leur
implication dans l’accueil et la prise en charge du patient.
(14) Annexe 2 : Normes applicables en salle d’opération PP XXII-XXIII. (15) Prémédication : administration de médicaments avant l'anesthésie.
22
� Causes fonctionnelles :
- La méconnaissance du patient :
Un discours d’accueil personnalisé nécessite une connaissance parfaite
de l’individu. L’infirmier se sent souvent peu armé pour adopter une
attitude adaptée à cause de la médiocre connaissance qu’il a du patient.
- La pression hiérarchique pour rentabiliser au maximum le bloc
opératoire, service dispendieux, peut constituer un facteur de
désinvestissement dans la relation d’accueil du patient
- Le temps passé auprès du patient peut très vite susciter des conflits et
de l’impatience chez certains praticiens
- La peur de la mise en cause de sa responsabilité et la multiplicité des
contentieux compromettent l’instauration d’une communication vraie
entre l’infirmier et le patient
- La crainte de ne pouvoir répondre aux questions pousse l’infirmier à
« fuir » le dialogue avec le patient...
23
Proposer des solutions pour un accueil de qualité au bloc opératoire n’est pas
chose facile dans le contexte de fonctionnement actuel des hôpitaux, même si
les bénéfices en sont évidents.
Des pistes d’amélioration sont pourtant possibles :
- Des travaux de recherche ont évalué la mise en place d’entretiens
préopératoires effectués par les infirmiers en dehors du bloc opératoire.
Il en ressort que ce temps d’accueil semble plus approprié à la conjoncture
actuelle. Cela rend la salle d’opération moins impersonnelle, moins inconnue,
crée une implication professionnelle et n’empiète pas sur le temps alloué aux
programmes opératoires.
La visite préopératoire consiste en une rencontre entre le bénéficiaire, sa
famille immédiate et l’infirmier afin :
- d’établir une relation de confiance
- de répondre aux questions concernant le déroulement du séjour à la
salle d’opération
- d’atténuer les craintes et le stress liés à l’intervention future
- de rassurer sur la prise en charge de la douleur qui offrira un
confort relatif aux suites opératoires
- de constater l’état physique et psychologique du bénéficiaire pour
être en mesure d’établir un plan de soins optimal
� (Consultation pré interventionnelle associant le Docteur Kremer
anesthésiste réanimateur, et une équipe infirmière à l’UCL) (16)
� (Consultation infirmière de pré hospitalisation de la Clinique Sainte
Elisabeth à Heusy) (17)
(16) X, L. « Aux petits soins avant l’intervention » BIC. N°110, décembre janvier 2005, P 5. (17) http://www.chc.be/chc/default.asp?id=143#consultation
24
- Des formations à l’accueil, à l’écoute active ou à la relation d’aide
- Des groupes de travail inter services sur la continuité des soins et le respect
des procédures pré et post-opératoires
- Des groupes d’écoute où seraient présents psychologues et cadres, afin
d’énoncer les problèmes infirmiers
A l’heure où nous parlons d’humanisation des hôpitaux, de prise en charge
globalisée, de consentement éclairé du patient, il nous faut mettre en œuvre tous
les moyens mis à notre disposition afin d’accompagner le patient pour que son
passage au bloc opératoire soit le moins éprouvant possible.
25
c. Références et législation.
1) L’art infirmier
Les arrêtés royaux.
- AR 78 Art de guérir (10/11/1967) (18)
Protection de l’exercice et des titres des prestataires de santé avec une
spécificité pour les infirmières en 1974.
- Liste d'actes (18/06/1990) (19)
Fixation de la liste des prestations techniques des soins infirmiers et de la
liste des actes pouvant être confiés par un médecin à des praticiens de
l'art infirmier, ainsi que des modalités d'exécution relatives à ces
prestations et à ces actes et des conditions de qualification auxquelles les
praticiens de l'art infirmier doivent répondre.
Modifications de cet AR en 1997 (20)
en 1999 (21)
en 2002 (22)
(18) http://www.health.fgov.be/AGP-Lex/fr/legislation/loi/ar-n-78-version_complete/ar-n78.htm (19) «Annexe 3 : « Point 7. Assistance lors des prestations médicales » P XXIX. (20) http://www.afiso.be/le06071997.htm (21) Annexe 4 : « définition plus précise du terme assistance » PXXXII. (22) http://www.afiso.be/le07102002.htm
26
- AR (09/03/1994) (23)
Arrêté royal établissant la liste des titres professionnels particuliers et
des qualifications professionnelles particulières pour les praticiens de
l'art infirmier.
L’infirmier de salle d'opération est une qualification professionnelle
particulière pour les titulaires du diplôme d'infirmier gradué et les
titulaires du brevet d'infirmier.
Il est précisé également dans les textes qu’un praticien de l’art infirmier
estimant ne pas pouvoir effectuer une prestation technique infirmière de type
B2 ou un acte médical confié en raison :
- d’un manque de compétence et/ou d’expérience
- de sérieux doutes quant à la pertinence de la prescription médicale
- d’objections d’ordre morale et éthique
- d’une infraction à la législation
Celui-ci doit dès lors en avertir sans tarder son supérieur hiérarchique et le
médecin prescripteur. (24)
(23) http://www.afiso.be/le18011994.htm (24) Annexe 5 : « Précisions autour de certains actes repris dans la liste des prestations techniques de soins infirmiers et des actes médicaux confiés sur base du courrier avec la Commission Technique de l'Art Infirmier» P XL. http://www.health.fgov.be/AGP-Lex/fr/legislation/art_infirmier/Listequestions.doc
27
Code de déontologie des praticiens de l’art infirmier belge (25)
Approuvé par l’Union Générale des Infirmiers de Belgique en novembre 2004, ce
code précise les valeurs et les éléments qui doivent guider la pratique infirmière.
Il vise une pratique qui intègre les recommandations internationales et respecte
les lois et règlements en vigueur.
Monographie de fonction de l’infirmière de salle d’opération (26)
Cette monographie de fonction est élaborée par l’AFISO.
(Association francophone des infirmiers de salle d’opération)
Extrait :
« ...
7.2. Infirmière instrumentiste
Son action se situe dans la zone protégée du champ opératoire. Elle est un des membres de
l'équipe opératoire. Ses connaissances des techniques chirurgicales lui permettent de prévoir,
gérer, contrôler l'ensemble du matériel chirurgical, d'anticiper les gestes des opérateurs, afin
de permettre à l'intervention de se dérouler dans les meilleures conditions (asepsie, efficacité,
rapidité, économie, sécurité,...). Elle observe et transmet les informations significatives aux
membres de l'équipe.
8.9. Tâches de l'infirmière instrumentiste
- Lavage chirurgical des mains.
- Habillage, gantage stérile.
- Préparation des tables d'instruments.
- Compte des compresses, instruments,...
- Mise en place des champs opératoires.
- Assistance et instrumentation durant l'intervention.
- Pansement post -opératoire.
- Compte et rangement des instruments utilisés... »
(25) Annexe 6 : « Code de déontologie des praticiens de l’art infirmier Belge ». PP.XLII-XLV. (26) Annexe 7 : « Monographie de fonction de l’infirmière de salle d’opération » PP. XLVII-LII.
28
2) Le médecin
La relation médecin / infirmier est régie par quelques articles de déontologie médicale. (27)
Article 50
En vue d'assurer à son patient les soins les meilleurs, le chirurgien doit choisir les aides
opératoires compétents.
Il porte la responsabilité de ce choix.
Article 177
Les médecins doivent respecter l'indépendance des pharmaciens, licenciés en sciences dentaires
et accoucheuses et éviter tout agissement injustifié qui pourrait leur porter préjudice dans leurs
rapports avec les patients. Dans leurs relations professionnelles avec les membres des
professions paramédicales et autres collaborateurs médicaux, les médecins veilleront à avoir des
rapports de parfaite coopération.
Article 180
L'exercice de la profession amène les médecins à collaborer étroitement avec les infirmiers.
La spécificité de leur fonction doit leur être reconnue dans l'esprit énoncé à l'article 177 ci-
dessus.
Article 181
Dans le cadre des contacts professionnels avec leurs collaborateurs paramédicaux, les médecins
s'interdiront toute initiative qui pourrait amener ceux-ci à exercer illégalement l'art médical.
De plus, un médecin ne peut contraindre un praticien de l'art infirmier à l'exercice illégal de l'art de guérir (art.38ter, 5° de l'AR n°78) (28) sans s'exposer à des poursuites pénales. (27) http://www.hospitals.be/francais/code/cdm.html (28) Annexe 5: « Précisions autour de certains actes repris dans la liste des prestations techniques de soins infirmiers et des actes médicaux confiés sur base du courrier avec la Commission Technique de l'Art Infirmier» P XL.
29
3) Le patient
Le patient hospitalisé n’a pas un statut inférieur dès qu’il franchit l’enceinte
hospitalière.
Il reste une personne et continue à bénéficier de ses droits élémentaires.
La participation financière de plus en plus importante demandée au patient
transforme celui-ci en consommateur de soins médicaux.
Dès lors, il devient plus acerbe dans ses critiques et plus déterminé dans ses
demandes de réparation lorsque le service rendu s’est avéré de mauvaise qualité.
La reconnaissance des droits du patient est imposée par le législateur.
Le patient n’est plus supporté, mais devient un élément actif de l’évolution des
pratiques hospitalières.
La relation entre les patients et les prestataires de soins est redéfinie.
Loi relative aux droits du patient du 22/08/2002 (29)
Il s’agit d’une loi qui formalise les différentes obligations des praticiens
professionnels de la santé « reconnus » : médecins, pharmaciens, dentistes,
infirmiers, kinésithérapeutes, professionnels paramédicaux, ainsi que les
praticiens « non conventionnels » (les psychologues ne sont pas concernés).
(29)http://www.health.fgov.be/vesalius/devnew/FR/prof/thema/patrights/DROITPATIENT/francais/cadre_loi.htm
30
- Le droit à la prestation de soins de qualité, tenant compte des connaissances et
des moyens disponibles. Il est important que chaque discipline dispose d’effectifs et de moyens suffisants pour réaliser ses objectifs nobles puisque ceux-ci dépendent des moyens disponibles.
- Le droit au libre choix du professionnel. - Le droit à l’information.
Le patient doit être informé dans un langage compréhensible de son état de santé. Le patient peut être accompagné pour recevoir l’information. Cette information peut être refusée par le patient pour autant que la méconnaissance de la
maladie ne pose pas danger pour le malade ou l’entourage - Le droit au consentement.
Les informations fournies en vue de son consentement concernent, l’objectif, la nature, le
degré d’urgence, la durée, la fréquence, les contre-indications, les risques, les effets secondaires, les alternatives thérapeutiques et les répercussions financières.
Le patient doit recevoir l’information des conséquences d’un refus de traitement. En cas d’urgence, lorsqu’il n’est pas possible de recueillir le consentement du patient, le
praticien procède à toute intervention nécessaire dans l’intérêt du patient.
- Le droit à la protection de la vie privée.
C’est la non divulgation du « secret médical », le patient peut s’opposer à ce que des
personnes non indispensables soient présentes lors des soins ou examens prodigués.
- Le droit à la médiation.
Le patient a le droit d’introduire une plainte concernant l’exercice de ses droits auprès
d’une fonction de médiation compétente.
31
d. La responsabilité infirmière. (30)
Être responsable, c’est se reconnaître comme auteur de ses actes et être
reconnu comme tel.
C’est en accepter les conséquences et en répondre devant soi, devant autrui et
devant la société.
L’infirmier prenant une décision ou exécutant un acte, estime qu’il s’agit de la
bonne décision à prendre ou de l’acte correct à exécuter. Il doit être capable de
« rendre compte » ou de « répondre » de son comportement.
La responsabilité couvre également l’omission, c'est-à-dire le « non acte ».
Le fait de ne pas agir peut être aussi important qu’une action concrète!
En général, toute faute dommageable engage la responsabilité de son auteur.
Cependant, lorsque la faute est non détachable de la fonction, c’est-à-dire
commise à l’occasion de l’exercice de celle-ci, cette faute entraîne la
responsabilité hospitalière.
Malgré une législation élaborée de façon précise, il demeure encore quelques
situations à risque en matière de responsabilité pour l’infirmier et, même si les
comportements ont évolué dans notre profession, le positionnement de
l’infirmier, en matière de responsabilité, n’est pas toujours présent.
Il n’est pas rare non plus de voir des infirmiers effectuer des actes médicaux
dont la pratique ne leur est pas permise. Ce transfert de compétence est dû, le
plus souvent, à une insuffisance de moyens humains et matériels, mais
fréquemment aussi, il faut l’avouer, à une méconnaissance du cadre légal qui les
concerne. Et, reconnaissons-le, il y a des infirmiers qui trouvent dans cette
pratique le moyen de se valoriser.
(30) Annexe 5 : « Précisions autour de certains actes repris dans la liste des prestations techniques de soins infirmiers et des actes médicaux confiés sur base du courrier avec la Commission Technique de l'Art Infirmier» PP. XXXVII-XXXVIII.
32
Il faut savoir qu’un ordre hiérarchique ne peut se substituer à la loi. (31)
La compétence infirmière se limite donc aux seuls soins infirmiers autorisés par
les textes réglementaires et effectués conformément aux dispositions précisées
dans les arrêtés royaux relatifs à l’exercice de la profession infirmière.
Dans les services de haute technicité tel le bloc opératoire, l’infirmier acquiert
malgré une hiérarchie médicale omniprésente une autonomie importante.
Il est confronté à des actes complexes qui requièrent un savoir faire spécifique.
Il craint l’accident, l’incident, la faute ... susceptible de porter atteinte à
l’intégrité du patient.
Cependant, même inapplicables lors d’un incident, ces textes serviront de
référence aux juges dans l’éventualité d’une recherche de responsabilité de
l’infirmier.
Il faut savoir aussi que certaines fautes peuvent être assorties d’une sanction
pénale : c’est alors le citoyen qui répond face à la société.
La responsabilité pénale s’applique aux personnes qui posent des actes rendus
punissables par la loi.
Ces personnes ont commis un délit et en sont rendues personnellement
responsables.
Aucune assurance n’existe pour ces fautes.
Le ministère public engage des poursuites.
Le juge du tribunal pénal rend un jugement.
En cas de condamnation, le juge applique la peine prescrite par la loi.
(31) Annexe 5 : « Précisions autour de certains actes repris dans la liste des prestations techniques de soins infirmiers et des actes médicaux confiés sur base du courrier avec la Commission Technique de l'Art Infirmier». P. XL.
33
Dans leur pratique professionnelle, les infirmiers sont plus particulièrement
concernés par trois infractions :
- coups et blessures involontaires et homicides involontaires
- violation du secret professionnel
- non-assistance à personne en danger
En ce qui concerne l’instrumentation et l’assistance chirurgicale les arrêtés
royaux sont concis (32).
Une lecture attentive des textes met rapidement en évidence leurs difficultés
d’application :
- leurs dispositions sont trop vagues et il est difficile d’en dégager des
obligations précises pour l’infirmier
- ils ne correspondent pas à ce qui se passe dans la réalité
L’instrumentation pose peu de problèmes légaux d’application, mais l’assistance
opératoire peut paraître plus ambiguë.
La définition du point 7 de la liste d'actes infirmiers (Assistance lors de prestations
médicales) a été complétée par un arrêté royal le 02/07/1999.
Dans cet AR, à la gestion de l'équipement chirurgical et d'anesthésie et à la
préparation du patient (B1) (33) ont été ajoutés (B2) (34):
"La participation à l'assistance et à la surveillance du patient durant
l'anesthésie" et "Préparation, assistance et instrumentation lors d'une
intervention chirurgicale ou médicale".
Cet AR précise ce qu'on entend par "assistance" :
"Ils exécutent un acte ensemble, tout en ayant un contact visuel et verbal
direct".
(32) Annexe 3: « Extrait de la liste des prestations techniques de soins infirmiers ».P. XXIX. (33) B 1 = prestations ne requérant pas de prescription médicale. (34) B 2 = prestations requérant une prescription médicale.
34
De nombreuses questions m’ont été posées au cours de mes discussions en
préparation à ce travail, beaucoup d’entre elles concernaient l’assistance.
Tenir les écarteurs pendant que le chirurgien intervient dans la plaie semble bien
relever de l'assistance, de même aspirer le sang dans une cavité dont le
chirurgien cherche à suturer les vaisseaux qui saignent...
Mais peut-on suturer avec le chirurgien dans le cas de plaies multiples par
exemple?...
Cette question de la suture a déjà été débattue à la Commission Technique de
l'Art Infirmier (CTAI) il y a environ cinq ans.
La conclusion de la discussion est que seule l'assistance est autorisée.
Concrètement cela veut dire que nous pouvons aider le chirurgien à suturer une
plaie (en tenant un instrument, en coupant les fils, en passant l'aiguille à travers
la peau à sa place si ses deux mains tiennent les bords de la plaie par exemple),
bref nous travaillons à deux sur la même plaie, mais nous ne pouvons en aucun cas
suturer une plaie pendant que lui est occupé sur une autre.
Cette législation veut protéger les infirmiers d'une délégation abusive d'actes qui
peuvent sembler faciles à réaliser (et facilement délégués par les médecins) mais
qui ont un haut potentiel de recours juridique contre l'exécutant en cas d'erreur
ou d'accident.
35
Dans le cas d'une intervention chirurgicale, « qui a incisé le patient, qui a opéré,
qui a suturé le patient ? », si une de ces étapes a été réalisée par un non médecin
(exercice illégal de la médecine) cette personne est considérée totalement
responsable pénalement des dommages.
C’est protéger l'infirmier en ne l'autorisant pas à faire plus que "aider",
"assister", un médecin assume donc seul la responsabilité de l'acte opératoire.
Il importe pour l’infirmier de connaître les textes réglementant sa profession et
de réfléchir aux incidences de leur application.
36
e. Formation et enseignement.
De part sa vision globale et ses capacités relationnelles, acquises au cours de sa
formation, l’infirmier est capable d’aborder la prise en charge du patient avant,
pendant et après sa maladie.
La multiplicité des lieux et formes d’exercice sont une particularité de cette
profession.
Les domaines de cette pratique sont vastes, enrichissants mais cette diversité
professionnelle pourrait causer l’éclatement de la profession.
L’infirmier ne veut pas se laisser confiner à un rôle exclusivement technique ce
qui serait facilement transmissible à d’autres professionnels.
Aussi l’infirmier doit garder sa spécificité d’intégralité avec une formation
générale de soins et acquérir des compétences spécifiques répondant aux
besoins de certains secteurs avec l’aide d’une spécialisation adaptée et continue.
Cette vision est la seule garante de ce que notre pays nomme « l’art infirmier ».
Cette référence à l’art est pertinente et spécifique en Belgique, il se dégage par
là un esprit d’autonomie et de savoir-faire singuliers.
«La victoire de chaque artiste sur sa servitude rejoint, dans un immense
déploiement, celle de l’art sur le destin de l’humanité.
L’art est un anti-destin». (35)
(35) MALRAUX, André. Les voix du silence, Paris, Gallimard, 1951.
37
En Belgique, une formation de spécialisation d’infirmier en salle d’opération
existe.
Alors que la charge de travail augmente, que la durée moyenne d’hospitalisation
diminue, et que dans la plupart des hôpitaux, on fonctionne avec des normes
minimales en personnel, l’infirmier qui trouve le temps de se former à cette
année de spécialisation ne peut même pas prétendre à un titre reconnu.
Seul le SISU (36) fait l’objet d’un arrêté royal d’application lui définissant un
statut spécifique, un profil de fonction, des modalités d’agrément et de
renouvellement d’agrément, par une formation continue obligatoire.
C’est une des raisons pour lesquelles la formation d’infirmier de salle d’opération
est désertée.
Les modules de formation en soins infirmiers ne préparent pas les étudiants au
travail en bloc opératoire.
Les exigences de ce travail sont devenues incompatibles avec la formation
empirique et “artisanale”, telle que prodiguée la plupart du temps.
Le professionnalisme est différent du savoir faire d’une formation apprise sur le
tas, sans méthodologie, qui freine la progression et rend l’individu dépendant du
jugement des formateurs avec lesquels il travaille.
En faire une obligation légale…, cette option implique :
- l’instauration de formations pour le personnel en place
- la reconnaissance légale de cette spécialisation avec un titre et un statut
spécifique
(36) SISU : Formations spécifiques en soins intensifs et soins infirmiers d'urgence.
38
L’harmonisation européenne de l'enseignement supérieur serait-elle la solution ?
Un arrêté ministériel de 1993 fixait déjà la liste des diplômes, certificats et
autres titres d'infirmier responsable des soins généraux délivrés par les Etats
membres de la Communauté européenne. (37)
Mais dès à présent, il faudra compter avec Bologne (38), nom donné à une
déclaration des ministres de l’enseignement supérieur européen
(29 pays signataires) signée dans la ville du même nom le 19 juin 1999.
Ce texte défini les grands axes de l’harmonisation des études supérieures jusque
2010.
Les objectifs sont multiples :
- une terminologie de diplômes facilement lisibles et comparables
- une structure des études basées sur 3 cycles
(bachelier, maître, docteur)
- la mobilité des étudiants, professeurs et chercheurs
- la reconnaissance des diplômes étrangers
- la mise en place d’un système de crédits (ECTS) (39) pour promouvoir la
mobilité des étudiants (les crédits reflètent le temps de travail de
l'étudiant)
- la promotion de la collaboration européenne en matière d’évaluation de la
qualité
(37) http://www.health.fgov.be/AGP-Lex/fr/legislation/arrete_ministeriel/cee/am-558-infirmiere.htm (38) http://www.fef.be/dossier.php?titre_dossier=bologne# (39) Un ECTS (European Credit Transfer System), ou crédit, est une unité de temps consacré à une activité d'apprentissage. Un ECTS équivaut généralement à 24h de travail.
39
Implications du traité de Bologne :
� Au niveau médical :
- l’adéquation « numerus clausus » belge et la libre circulation des
médecins et spécialistes en Communauté Européenne
- l’inadéquation entre les besoins des patients et des institutions de soins
et le nombre de médecins agréés venant des facultés belges de
médecine
� Au niveau infirmier : (40)
- un vide juridique européen existe au niveau de la mise en application
- une uniformisation de la formation infirmière pourra-t-elle être
applicable en Belgique?
- est-ce le niveau infirmier breveté ou gradué qui sera reconnu en Europe
comme étant infirmier responsable en soins généraux ?
- que deviendra l’infirmier breveté formé dans l’enseignement secondaire
du quatrième degré ?
- l’étudiant étranger diplômé breveté en Belgique sera-t-il reconnu
infirmier ou auxiliaire de soins dans son pays ?
(40) Cours Planification de la santé 3ème Cadres de Santé T. Lothaire mars 2005.
40
f. Identité et reconnaissance professionnelle.
Depuis les années 60, les infirmiers tentent de préciser leur fonction.
Le poids du passé ne peut définitivement les contraindre à laisser à la génération
suivante un modèle de reconnaissance inachevée.
« Un métier ne peut être reconnu en restant sous tutelle, en ayant besoin de
devenir l’autre pour se valoriser mais plutôt en démontrant ce qu’il peut apporter
d’irremplaçable. » (41)
L’instrumentiste ne peut donc rester le personnage soumis au médecin, exécutant
ses ordres et prolongeant ses sens.
Sur le terrain, la reconnaissance des associations d’infirmiers est indéniable pour
organiser leur représentativité vis-à-vis des tiers : pouvoirs politiques,
structures hospitalières.
Rendre visible le travail de l’instrumentiste permet son évaluation.
Des missions clarifiées, une exclusivité de compétences, une définition claire des
champs d’exercice le protégeraient.
Ses missions sont celles de soignants en chirurgie, la prise en charge du malade
par l’infirmier instrumentiste au sein du processus chirurgical.
Il assure au patient des soins de haute technicité et une relation humaine
privilégiée.
Il est le garant de la sécurité lors d’une intervention chirurgicale par le suivi du
matériel et via tous les contrôles qu’il opère.
(41) LAUREN, R-M. «Soigner: les mains et les mots.» Santé conjuguée. N°18, avril 2001, pp.4-7.
41
Clarifier sa compétence individuelle au sein de la compétence collective d’une
équipe pluridisciplinaire signifierait reconnaître celle-ci comme étant tangible.
Il s’agit de reconnaître une pratique ancienne et non une nouvelle mission de
notre profession.
C’est juste et légitime, s’en défendre serait apparenté au mépris.
À ce niveau, on voit bien la nécessité de définir les termes, les notions et les
responsabilités, au risque de mettre en concurrence ce qui devrait être organisé
dans la complémentarité médecins/infirmiers.
42
g. Situation à l’étranger.
La formation des infirmiers de bloc opératoire existe dans de nombreux pays.
En 1993, en Europe sur douze pays, dix organisent une formation officielle,
sanctionnée par un diplôme ou un certificat.
Les autres pays ont une spécialisation, enseignée dans quelques écoles mais non
validée officiellement. (42)
La première réunion d’un groupe européen d’infirmiers de bloc opératoire a eu
lieu à Brighton en 1981.
L’ EORNA (43) a été fondé officiellement en 1992 à Copenhague.
Il y a actuellement 24 pays membres.
Le conseil de l’ Eorna est composé de deux représentants des associations
officielles dans chaque pays membre.
Les réunions de conseil sont biannuelles et tenues dans différents pays
membres. La langue officielle est l'anglais.
Cet organisme a plusieurs objectifs :
- développer les soins périopératoires
- favoriser l'identification professionnelle des ISO (44)
- définir et mettre en application l’éthique dans les soins périopératoires
- développer une recherche scientifique spécifique
- uniformiser l’enseignement
- collaborer avec les organismes internationaux
(42) DELANNOY, Cathy. « Formation des infirmières de S.O. au sein de l’Europe » Afiso, N°17, 1993, PP. 4-9. (43) European Operating Room Nurses Association http://www.EORNA.org (44) ISO: infirmier de salle d’opération.
43
En 1997 est mis en œuvre un projet de curriculum de formation commun aux
23 pays appartenant à l’association:(45)
- Module 1 (> 300 heures)
Principes de base en soins infirmiers périopératoires.
40% de pratiques cliniques.
- Module 2 (> 475 heures)
Aptitudes chirurgicales en soins infirmiers périopératoires.
- Module 3 (> 300 heures)
Soins infirmiers en anesthésie uniquement dans les pays ne
possédant pas de formation d’infirmier anesthésiste.
- Module 4 (> 185 heures)
Développement de l’identité professionnelle.
En 2000 est menée une enquête sur l’utilisation du curriculum dans les
différents pays, 17 pays sur 23 ont répondu :
- dans 13 pays, il existe une formation post-basique
- cette formation ISO (44) est reconnue partout sauf en Espagne
- dans 5 pays, ce sont les universités qui dispensent la formation
- dans 7 pays, il existe une formation spécifique d’infirmier aide
anesthésiste
- dans 3 pays, une obligation de formation est exigée
(45) GARCIA, Brigitte. « Une enquête sur la formation des infirmiers de bloc opératoire en Europe » Inter bloc. Tome XX, n°4, décembre 2001, PP. 273-274.
44
L’instrumentiste n’a pas le même statut dans chaque pays.
L’organisation des blocs opératoires ainsi que le système de sécurité sociale
influent sur sa représentativité.
Il y a des diversités selon les pays :
- l’instrumentiste est un technicien sans formation de nursing préalable
- l’instrumentiste infirmier cohabite avec des techniciens non infirmiers
- l’instrumentiste infirmier a une formation spécifique et un statut
spécifique
- l’infirmier spécialisé en salle d’opération instrumente
- l’infirmier de salle d’opération instrumente
Exploration de quelques situations atypiques: (46)
Les Etats-Unis (47)
Vers les années cinquante jusque dans les années 80, l’aide opératoire est
considérée comme étant un acte exclusivement technique.
Les soins périopératoires ont disparu de la formation infirmière. (48)
Des problèmes de démographie chirurgicale et de mauvaise répartition des
professionnels de la santé sur le territoire ont incité à former une profession
paramédicale non infirmière les « Physician Assistants » (PAS) formés à Duke
University en 1965.
Ceux-ci ont été recrutés à partir de volontaires issus du corps de santé de la
Navy.
(46)Annexe 8 : liste non exhaustive des formations d’infirmier de salle d’opération à l’étranger. (47) http://www.aapa.org/gandp/issuebrief/surg.pdf (48) http://www.state.me.us/pfr/ins/rnfa.htm
45
Leur formation dure 26 mois, au niveau de maîtrise universitaire et ils doivent
avoir travaillé auparavant deux années au contact de patients.
Dans la pratique, leur activité s’apparente aux candidats spécialistes d’Europe.
Ne s’orienterait-on pas vers une médecine à moindre coût ?
Dans 48 États, ils sont autorisés à effectuer des prescriptions
pharmacologiques (analgésiques, antibiotiques, anticoagulants, insuline)
et à ordonner les examens nécessaires à la surveillance des patients.
Ils peuvent également insérer et enlever les cathéters de prises de
pressions organiques (Swan-Ganz, pression veineuse centrale, pression
artérielle,...)
Ils dictent également les protocoles opératoires et assurent le suivi des
patients en post opératoire même dans les services de soins intensifs.
Ils effectuent de façon autonome des consultations.
Ils assurent le rôle de premier assistant de façon autonome, effectuent
seuls le traitement chirurgical de varices, le traitement des fractures
simples, les sutures, les incisions chirurgicales, les fermetures
chirurgicales....
Vers 1984, dans une préoccupation qualitative, la volonté de reformer des
infirmiers premiers assistants est présente, le premier certificat RNFA (49)
fut décerné après examen en 1993.
La formation de deux années se situe au niveau de maîtrise universitaire.
Collaborant avec le chirurgien pour des résultats chirurgicaux optimaux, le
RNFA aide au positionnement, drape, fournit l'exposition, manipule les tissus,
suture et pratique l’hémostase (50). Il informe le patient et sa famille en
assurant des consultations préopératoires et assure le suivi post-opératoire de
celui-ci.
(49) RNFA: « registered nurse first assistant» (50) Hémostase: Arrêt de la circulation sanguine à l'intérieur d'un vaisseau sanguin.
46
Le Canada (51)
Il y a peu de « Physician Assistants », mais il existe des infirmiers premiers
assistants en chirurgie depuis décembre 2000 qui exercent un peu le même
travail, avec la dimension infirmière en plus.
C'est en présence du chirurgien, en interrelation avec lui et sous sa supervision
directe que l'infirmier premier assistant accomplit la majorité de ses activités.
Ces derniers sont notamment responsables des dossiers du patient, effectuent
les visites préopératoires, aident le chirurgien, en installant, suturant le patient,
en l’accompagnant en salle de réveil, en faisant les visites et les soins
postopératoires simples.
La Suisse (52)
Dès l'automne 2002, les deux niveaux de formation infirmier de niveaux I et II
font place à une formation unique de niveau haute école spécialisée.
Toutefois, jusqu'en 2006, il était offert la possibilité, pour les infirmiers
diplômés de niveau I, de rejoindre le programme de niveau II en cours d'emploi
dont la dernière promotion débute en janvier 2006.
La formation d’infirmier de salle d’opération dure 2 ans, est accessible aux
infirmiers de niveau II après avoir réussi un concours d’entrée au centre de
formation.
(51)http://www.oiiq.org/uploads/publications/prises_de_position/Infirmiere_premiere_assistante/prise-perio.html#Constat (52) http://www.fr.ch/eps/oouv/n8sept2004/tso.htm
47
La pénurie chronique de personnel infirmier a amené les autorités sanitaires à
créer une formation d’instrumentiste non infirmier.
Cette formation est encore jeune puisque la première école suisse a été créée à
Berne en 1972. En Suisse Romande cette filière éducative n’existe que depuis
1985 et Fribourg ne l’offre que depuis 1996.
Actuellement, cette formation dure 4 ans et est située au niveau tertiaire non
universitaire et s’effectue dans le cadre des écoles supérieures.
Une formation différenciée est proposée pour les infirmiers diplômés.
Elle est écourtée de 2 ans et se pratique en cours d’emploi.
Le technicien en salle d'opération (TSO), ou instrumentiste, s'occupe de toute
l'organisation de la salle d'opération (locaux, instruments, appareils) et
collabore, avec toute l'équipe opératoire, à tous les types d'intervention.
Les TSO se répartissent les rôles :
- un «TSO: stérile», est sur le champ opératoire
- un «TSO non stérile», se charge des appareils électroniques et anticipe les
besoins en instruments et matériels du TSO qui instrumente
Dès lors on peut imaginer qu’une salle d’opération puisse fonctionner, dans ce cas,
sans qu’il n’y ait d’infirmier.
48
La France (53)
Le gouvernement, à travers un décret, autorise des personnes n’ayant pas de
formation d’infirmier à exercer la fonction d’instrumentiste dans les blocs
opératoires.
Selon une pratique en vigueur de longue date dans le seul secteur privé, des
chirurgiens font tenir le rôle d’aide opératoire et aide instrumentiste soit par du
personnel salarié non infirmier, soit par des bénévoles.
Dans les hôpitaux publics, ces fonctions sont assurées par des infirmiers
spécialisés, les IBODE (infirmiers de bloc opératoire diplômés d’État), qui ont
suivi, au total, cinquante-quatre mois de formation.
En application d’une loi votée en 1999, près de trois mille salariés non infirmiers
ont obtenu, en 2003, la reconnaissance de leur rôle d’aide opératoire moyennant
un examen qualifié de « bidon », de « simple QCM de base », par les associations
et syndicats infirmiers.
En effet, le ministre refuse de faire participer les écoles d’infirmiers de bloc
opératoire à la rédaction des questions de l’examen de validation.
À la faveur de ce décret, le gouvernement va plus loin puisque l’autorisation des
gestes infirmiers sans aucune formation est étendue, au-delà des seuls actes de
chirurgie, à l’ensemble des actes effectués dans les cabinets médicaux
d’endoscopie, de radiologie.
(53) http://www.humanite.fr/journal/2005-08-24/2005-08-24-812674
49
Le Luxembourg (54)
Depuis 1981 les études et la profession d’assistant technique médical (ATM) sont
soumises au règlement grand-ducal.
Cette profession présente trois orientations :
- radiologie
- chirurgie
- laboratoire
Cette formation dure 18 mois et est fixée par règlement ministériel.
Deux options sont possibles :
- chirurgie générale
- chirurgie pédiatrique
Les acquis nécessaires pour suivre cette formation sont un diplôme d’état
luxembourgeois d’infirmier ou étranger reconnu et/ou pour la deuxième option un
diplôme d’état luxembourgeois de puériculteur.
L´assistant technique médical de chirurgie prend, à l´intérieur du bloc
opératoire, toutes les dispositions techniques pré, per et postopératoires
nécessaires pour assurer le déroulement normal d´une intervention chirurgicale.
L´assistant technique médical ayant choisi l´option “chirurgie pédiatrique“ ne
peut exercer ces attributions que dans le cadre du bloc opératoire d´un service
de chirurgie pédiatrique.
(54) http://www.legilux.public.lu/leg/a/archives/1981/0152303/0152303.pdf#page=10
50
Rentrent dans les attributions de l´assistant technique médical de chirurgie les
techniques professionnelles suivantes:
- préparation, entretien et surveillance des instruments chirurgicaux, du linge
et des pansements nécessaires pour les interventions chirurgicales
- surveillance d´une asepsie rigoureuse dans le bloc opératoire
- mise au point des installations et appareils
- technique des pansements
- techniques des différentes positions opératoires
51
Infirmier ou technicien ?
En 2002, en Belgique, un projet de travail en vue de la création d’une nouvelle
profession d’Assistant Médical en chirurgie avait été mis au point par le
gouvernement en place à l’époque.
Un projet d’Arrêté Royal était préparé et presque finalisé sous le nom du
Ministre Tavernier (ministre de la Santé publique et de l’Environnement) sans
qu’aucune concertation n’ait été entamée avec les organisations professionnelles
représentatives de la profession d’infirmier et les instances officielles de la
profession.
Ce projet a avorté après l’opposition argumentée de l’AFISO (55) le 21 novembre
et de l’UGIB (56) le 16 décembre 2002 (57).
Des interventions complexes sont maintenant permises, exigeant rigueur et
compétence.
Considérant le problème majeur de démographie médicale, former des infirmiers
instrumentistes d’un bon niveau de qualité peut s’avérer être la solution la plus
efficace d’autant plus que depuis des années certaines infirmiers de salle
d’opération remplissent ce rôle.
Il n’est pas simple technicien exclusivement préoccupé par le souci de répondre le
plus efficacement possible aux besoins du chirurgien.
Aussi, il ne se départit jamais de sa fonction initiale qui est le soin au malade.
De ce point de vue, il serait important que l’instrumentiste ne limite pas son
travail à la seule salle d’opération, mais participe à l’accueil du malade afin de
mieux respecter sa pudeur, ses angoisses, son droit à discuter de ses besoins ou
interrogations, au suivi du patient et à son devenir.
(Spécificités infirmières au bloc opératoire p19) (55) AFISO : association francophone des infirmiers de salle d’opération (56) UGIB : union générale des infirmier (ère) de Belgique (57) Annexe 9 : lettre de l’AFISO concernant le projet « Assistant Médical » P. LVIII. Annexe 10 : lettre de l’UGIB concernant le projet « Assistant Médical » PP. LX-LXII.