Infrastructure et croissance inclusive

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Liberia - Infrastructure et croissance inclusive - Rapport SommaireRAPPORT SOMMAIRE
RAPPORT SOMMAIRE
THE AFRICAN DEVELOPMENT BANK GROUP
This report has been prepared by the African Development Bank (AfDB) Group. Designations employed in this
publication do not imply the expression of any opinion on the part of the institution concerning the legal status of
any country, or the limitation of its frontier. While efforts have been made to present reliable information, the AfDB
accepts no responsibility whatsoever for any consequences of its use.
Vice President: Zondo Sakala
Regional Director: Franck Perrault
Senior Country Economist: Patrick Hettinger
Resident Representative: Margaret Kilo
Copyright 2013 – AFRICAN DEVELOPMENT BANK GROUP
Photo Credits: AfDB photo files, Graham Prentice, United Nations Liberia Office, Map of Liberia courtesy of Nations
Online Project.
PUBLISHED BY
Tél.: (216) 7110-2876
Fax: (216) 7110-3779
est un obstacle sérieux à la réduction de la
pauvreté et à l’accélération de la croissance sur le
continent. De même, les dirigeants africains prennent
de plus en plus conscience des avantages de la coo-
pération et engagent leurs pays sur la voie de l'accé-
lération de l'intégration régionale par l’entremise des
politiques et des infrastructures. Cependant, les pays
sortant de longues périodes de conflits ou de troubles
sociaux font face à d’autres défis, notamment lorsque
plusieurs d’entre eux vivent dans le même voisinage
géographique. La fragilité rend les pays naturellement
plus vulnérables aux menaces et davantage portés à
se préoccuper de la reconstruction nationale.
Cela se situe dans le cadre de la Stratégie de la BAD
de 2013 à 2022, qui vise à élargir et à approfondir le
processus de transformation du continent, essentielle-
ment en faisant en sorte que la croissance soit partagée
et non isolée. En outre, la Stratégie privilégie l'intégration
régionale; essentiel pour l'Afrique à réaliser pleinement
son potentiel de croissance, participer à l'économie
mondiale et profiter des avantages d'un marché mondial
de plus en plus interconnecté. Enfin, la Stratégie sou-
ligne également que les États fragiles nécessitent un
soutien adapté à leurs besoins particuliers.
Dans le cadre de son activité de développement axée
sur l'intégration de l’Afrique, le Groupe de la Banque
met en œuvre une nouvelle initiative visant à accélérer
l'intégration régionale en Afrique de l'Ouest avec
comme champ d’intervention privilégié la Guinée
(Conakry), la Guinée-Bissau, le Liberia et la Sierra
Leone. Ces États fragiles et sortant de conflit sont à la
traîne des autres pays de la CEDEAO en matière de
développement économique et social et une aide sou-
tenue s’impose pour rattraper leur retard dans le sec-
teur de l'infrastructure. La Banque, en faisant l’état
des lieux dans ce secteur et en s’attaquant au déficit
d'infrastructure, entend aider ces pays à sortir de la
fragilité pour entrer dans une ère de stabilité.
Ce rapport sommaire sur le Liberia est la synthèse
d'une étude plus longue, qui fait partie d'une série
d’études consacrées aux États fragiles de l'Afrique de
l’Ouest. Les quatorze années de guerre au Liberia ont
considérablement endommagé l’infrastructure du
pays, dont le stock restant est non seulement insuffi-
sant mais mal entretenu. Il est cependant, possible
de renverser cette tendance, en particulier si l’on
aborde le problème dans une perspective régionale,
mais aussi dans le contexte des stratégies nationales
de développement et des priorités connexes en ma-
tière d’investissement dans l'infrastructure, qui appa-
raissent comme les meilleures solutions pour sortir le
Liberia de son isolement relatif. De telles approches
permettront à ce pays de jouer un rôle plus important
en termes d’échanges de produits agricoles au sein
de l'Union du fleuve Mano, sur le plan régional par sa
participation aux marchés de l'énergie, des commu-
nications et du commerce de transit de la CEDEAO,
et sur le plan concurrentiel mondial en tant que desti-
nation attrayante d'investissement dans le secteur ma-
nufacturier, l'exploitation minière et l'agro-industrie.
L'objectif final de ce rapport est de proposer des re-
commandations pour la planification de l'infrastructure
à court, moyen et long terme au Liberia. Dans cette
démarche, la source d’inspiration est la stratégie na-
tionale de réduction de la pauvreté du Liberia, l'Agenda
pour la transformation, qui inscrit la problématique du
développement de l’infrastructure dans une perspec-
tive régionale et vise une croissance économique in-
clusive.
de priorité des investissements dans l'infrastructure
qui maximisent les avantages de l'intégration et de la
stabilité nationales à court terme, tout en identifiant
les investissements prioritaires qui permettront au Li-
beria de tirer le maximum d’avantages de l'intégration
régionale à long terme. L’action synergique de ces
résultats contribuera en retour à asseoir la stabilité ré-
gionale, et, à cet effet, l’étude s’intéresse aux aspects
importants qui fondent la stabilité, notamment l'emploi
des jeunes, l’approche inclusive en matière de conces-
sion des ressources naturelles et l'amélioration du ré-
gime foncier pour les petits exploitants, les mesures
de réduction de l'insécurité alimentaire et la pénétration
accrue des services dans l'arrière-pays. Nombre de
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iv
plus durablement s’ils sont examinés dans le cadre
d’initiatives nationales et régionales synchronisées.
Des études montrent que l'augmentation du stock
d'infrastructure accroît la croissance et le produit inté-
rieur brut. Dans les pays qui connaissent de sérieux
déficits d'infrastructure, l’investissement dans ce sec-
teur donne un rendement économique encore plus
favorable. L'amélioration du stock d’infrastructure est
la condition préalable du développement accéléré du
secteur privé national et une condition essentielle du
développement du commerce intra-régional, lequel
améliore au fil du temps la sécurité alimentaire régio-
nale et renforce la capacité commerciale et concur-
rentielle de la région sur le marché mondial. C’est
parce qu’elle est consciente de cette réalité que la
Banque fait du développement de l’infrastructure et
de l'intégration économique en Afrique des compo-
santes de sa stratégie d’intervention.
Cette étude est importante pour trois raisons. D’abord,
elle met à la disposition du gouvernement, de la com-
munauté des donateurs et du secteur privé, une éva-
luation détaillée des possibilités d'investissement dans
l'infrastructure au Liberia, et constitue un document
de sensibilisation permettant au gouvernement du Li-
beria d’encourager et de mobiliser le soutien des par-
ties prenantes et des partenaires au développement
pour aller de l’avant. Deuxièmement, elle est un ins-
trument de sensibilisation aux défis particuliers inhé-
rents à la réalisation d’une croissance génératrice de
transformation – un résultat que l’établissement de
priorités stratégiques en matière d'infrastructure per-
met d’atteindre plus rapidement, en facilitant la parti-
cipation de ressortissants libériens à la prestation de
services et en permettant à la population libérienne
au sens large de tirer parti de la croissance au plan
national et régional ; cette approche inclusive est es-
sentielle pour assurer la stabilité du Liberia à long
terme. Enfin, elle peut servir d’élément catalyseur pour
accélérer le dialogue sur l'intégration entre le Liberia
et les États voisins, dans le double contexte de l'Union
du fleuve Mano et de la CEDEAO. Sous tous ces rap-
ports, l’étude peut contribuer à la relance durable et à
l'accélération du développement au Liberia.
Zondo Sakala
Préface
du Liberia, l'Agenda pour la transformation,
reconnaît que la croissance et le développe-
ment économiques ne sont pas réalisables en l’ab-
sence d’un tissu infrastructurel adéquat. Cependant,
l'histoire du pays enseigne la nécessité d’une crois-
sance économique et sociale inclusive, exempte de
toute orientation vers l’économie d’enclave génératrice
de croissance sans développement. L’investissement
dans l’infrastructure doit faire l’objet d’une planification
pour soutenir les principaux corridors de croissance
qui relient les centres urbains aux zones rurales et fa-
cilitent la réalisation des conditions de la promotion
économique des petits exploitants et du secteur privé
national, ainsi que des investisseurs directs étrangers.
Les services d'infrastructure doivent s'efforcer d'amé-
liorer la qualité, la disponibilité et l'accessibilité des in-
frastructures aux citoyens dans tout le pays.
Ce rapport, qui est la synthèse d'une étude plus
longue, dresse l’état des lieux de l’infrastructure et
des services dans les secteurs des transports, de
l'énergie électrique, des TIC, de l'eau et de l'assainis-
sement au Liberia, et analyse le contexte de sa parti-
cipation aux initiatives de développement d’infrastruc-
tures régionales dans l'Union du fleuve Mano et la
CEDEAO. Il est divisé en trois chapitres. Le premier
chapitre est un diagnostic de la situation actuelle, in-
cluant l’analyse des facteurs déterminants du conflit
passé et des vulnérabilités persistantes, les indicateurs
de la performance sociale et économique, l'état de
l’infrastructure et les politiques stratégiques qui guident
la nation. Le deuxième chapitre est une étude pros-
pective des stratégies de croissance qui sont suscep-
tibles d’accélérer la croissance inclusive de nature à
renforcer la stabilité, à condition qu’une politique
contraignante soit mise en œuvre et que les obstacles
au développement d'infrastructure soient éliminés. Le
troisième chapitre présente les recommandations pour
la planification de l'investissement dans l’infrastructure
à court, moyen et long terme qui, combinées aux me-
sures d'accompagnement, permettront de libérer le
potentiel des secteurs de croissance prometteurs de
l'économie libérienne. Le rapport complet est dispo-
nible en ligne au lien suivant : http://www.afdb.org/en/
countries/liberia.
nécessité de nombreux cycles d’interviews et de
consultations avec les fonctionnaires du gouvernement
libérien et les principaux intervenants durant l'année
2012, le point d’orgue ayant été un atelier consultatif
tenu en décembre 2012 à Monrovia pour forger un
consensus sur les priorités et les actions,. Ce rapport
marque le début d'une nouvelle initiative qui cherche
à engager les pays de l'UFM dans une nouvelle ère
d'intégration régionale accélérée et de développement
de l’infrastructure connexe. La Banque africaine de
développement se réjouit de la poursuite du dialogue
dans l’optique du développement de nouvelles ap-
proches en matière d'investissement dans l’infrastruc-
ture, par des moyens propres à renforcer la stabilité
du pays et à promouvoir l'intégration du Liberia et la
prospérité dans la région.
Groupe de la Banque africaine de développement
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Ce rapport a été préparé par une équipe de fonctionnaires de la Banque africaine de développement (BAD) et de consultants, dirigée d'abord par Stefan Muller, économiste-pays principal, et Patrick S. Hettinger, économiste-pays su- périeur pour le Liberia. Parmi les autres membres de l'équipe de la BAD, figurent : Margaret Kilo, représentante résidente au Liberia ; Alain-Pierre Mbonampeka, chargé de programme-pays pour le Liberia ; Mose Mabe-Koofhethile, spécialiste principal de la passation de marchés ; Elise Akitani, ingénieur électricien principal ; Jeremy Bassy Aguma, économiste principal des transports; Aaron Katambula Mwila, ingénieur des transports; Ralph A. Olayé, département du NEPAD, de l'intégration régionale et du commerce ; Saloua Sehili, économiste principal, Emanuele Santi, écono- miste-pays principal, Basil Jones, assistant du économiste en chef, et Chantal Boya et Kobla Ben Mili, Assistants à ORWB.
L'équipe de consultants comprenait Andy Dijkerman et Emmanuel Akpa comme auteurs principaux du rapport, qui ont reçu l'appui de Byron Tarr dans le pays.
L'équipe tient à remercier particulièrement M. Zondo Sakala, vice-président, programmes pays, régionaux et politiques, et Franck JM Perrault, directeur ORWB, qui lui ont fourni des orientations et une rétroaction.. L'équipe sait gré à Pela Boker et Yattah Christiana James-Tarnah du Bureau extérieur de la Banque au Liberia, pour avoir organisé les missions de l'équipe de consultation ainsi que l'atelier consultatif qui s'est tenu en décembre 2012 à Monrovia. La préparation du rapport a également bénéficié des commentaires, des observations et du soutien généreux d’autres membres du personnel de la Banque, trop nombreux pour les mentionner tous, mais dont la contribution est ici reconnue en même temps que la gratitude de l'équipe.
L'équipe de la BAD exprime sa gratitude au gouvernement du Canada pour avoir fourni le financement nécessaire à l’élaboration de ce rapport. L'équipe a également apprécié l’aide de l’Unité des partenariats et de la coopération de la BAD, qui a mobilisé les fonds nécessaires à la préparation de ce rapport auprès du fonds fiduciaire canadien.
La BAD souhaite également reconnaître Ministre des Finances Amara Konneh, pour le soutien apporté par son ministère et le personnel tout au long de le déroulement de cette étude.
Un grand nombre de fonctionnaires et de représentants du gouvernement du Liberia ainsi que des représentants de la société civile et les partenaires au développement présents au Liberia ont également apporté une contribution et des observations très précieuses sur le rapport, y compris lors de l'atelier de consultation tenu le 5 décembre 2012 à Monrovia. Cette liste n'est pas exhaustive, mais l'équipe est particulièrement reconnaissante envers les fonctionnaires et les personnalités ci-après.
Miata Beysolow, ministre du Commerce ; Stephen Marvie, vice-ministre du Commerce ; Dr. Florence Chenoweth, ministre de l’Agriculture ; Michael D. Titoe, directeur de la coordination, Département de la planification et du dévelop- pement du ministère de l’Agriculture ; Francis W. Mwah, Directeur adjoint de la coordination, Département de la plani- fication et du développement du ministère de l’Agriculture ; S. Baba Kaba, Directeur au ministère des Transports ; Victor B. Smith, vice-ministre, Services techniques au ministère des Travaux publics ; Eugene L. Nagbe, vice-ministre ministère des Travaux publics ; Sam G. Russo, vice-ministre, Opérations, ministère des Terres, Mines et Énergie ; Beauford O. Weeks, vice-ministre, Énergie ; Sei W. Gahn, vice-ministre de l’Industrie au ministère du Commerce ; Jackson N. Wonde, vice-ministre, Aménagement du territoire au ministère du Plan et des Affaires économiques ; Lee Mason, vice-ministre, Secteurs et Aménagement du territoire au MOPEA ; Theo Addey et Joseph Zangar Bright, conseillers techniques au comité pour la reconstruction et le développement du Liberia du MOPEA ; Jr. Princetta Clin- ton-Varmah, Directeur adjoint de l’Unité de gestion de l’aide au ministère des Finances ; M. Francis Dennis, vice- président de la Chambre de commerce du Liberia ; Hon. Numenie Bartekwa, représentant du comté de Grand Kru ; Nathaniel T. Blama, conseiller technique à l’Agence libérienne de protection de l’environnement ; Othello Z. B. Carr, Agent de la Commission nationale d’investissement ; Jerry Taylor, Directeur de l’Unité de gestion de la dette du ministère des Finances ; David Chieh, économiste principal à l’Unité macro-finance du ministère des Finances ; Shaheed Mohammed, Directeur général de la société électrique du Liberia.
Remerciements
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CHAPITRE 1 Diagnostic de la situation actuelle 5
1.1 Fragilité et stabilité 5 1.2 La situation socioéconomique de nos jours 6 1.3 Analyse sectorielle, défis et réformes politiques clés 9 1.4 L’engagement du Liberia dans le commerce 11 1.5 Déficit d’infrastructure du Liberia 12 1.6 Capacité des secteurs privé et public 15
CHAPITRE 2 Vision pour le futur : stratégies en faveur de la croissance inclusive au Liberia 17
2.1 Agenda pour la transformation du Liberia et stratégies de croissance clés 17 2.2 Industrialisation par le biais des zones économiques spéciales 18 2.3 Commercialisation de la production des petits exploitants par le biais d’un engagement
accru dans le commerce 19 2.4 Mise en concession de terres pour le développement des ressources renouvelables
et non renouvelables 21 2.5 Faciliter le développement des PME par le biais des stratégies de corridors
de développement 22
CHAPITRE 3 Accorder la priorité aux investissements dans les infrastructures transformatives 27
3.1 Infrastructure nationale souhaitable et accessibilité 27 3.2 Initiatives en matière d’infrastructure régionale et implications pour le Liberia 27 3.3 Séquence temporelle de la planification de l’infrastructure dans l’ordre de priorité
des investissements générateurs de transformation économique et sociale 29
Bibliographie 32
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AfT Agenda pour la transformation
BAD Banque africaine de développement
CEDEAO Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest
CLSG Ligne haute tension Côte d’Ivoire-Liberia-Sierra Leone-Guinée
CWIQ Questionnaire unique d’indicateurs de base du bien-être
FAPS Déclaration de politique alimentaire et agricole
FMI Fonds monétaire international
GOL Gouvernement du Liberia
IDE Investissement direct étranger
LASIP Programme d’investissement dans le secteur agricole du Liberia
LIBTELCO Liberian Telecommunications Company
MOCI Ministère du Commerce et de l’Industrie
MOPEA Ministère du Plan et des Affaires économiques
NIDFO Organisation de développement et de financement de l’industrie nationale
NRC Concession de ressources naturelles
NTPS Politique et stratégie nationales de transport
PIB Produit intérieur brut
RTA Route transafricaine
TIC Technologie de l’information et de la communication
UFM Union du fleuve Mano
UNMIL Mission des Nations Unies au Liberia
ZES Zone économique spéciale
L’objet de ce rapport est de proposer une stratégie
de planification de l’infrastructure au Liberia, qui contri-
bue à l'intégration nationale et régionale de manière à
assurer la paix et la stabilité à long terme. L'un des
objectifs est d'élaborer une approche d'investissement
qui tienne clairement compte de la situation du Liberia
comme un État fragile, afin de promouvoir une crois-
sance inclusive et d’éviter la résurgence du conflit ul-
térieurement. L’étude vise également à mettre le Li-
beria en état de resserrer les liens avec ses voisins de
l’UFM et de la CEDEAO, pour récolter les fruits du dé-
veloppement et de l'intégration régionale.
Le présent document est la synthèse d'un rapport
plus long qui fait partie d’une série de quatre rapports
nationaux consacrés aux pays fragiles situés sur la
frange côtière de l'Afrique de l’Ouest, notamment la
Guinée, la Guinée-Bissau, le Liberia et la Sierra Leone.
Le rapport servira également d'instrument de sensibi-
lisation à l’appui du programme de développement
de l’infrastructure, au double plan national et régional,
que le pays utilisera éventuellement comme une stra-
tégie de mise en œuvre et une feuille de route pour sa
coopération avec ses partenaires au développement
au sens large.
pitre campe le contexte général par un diagnostic de
la situation actuelle, en commençant par l’examen
des facteurs de vulnérabilité ayant donné naissance à
la dissidence, qui a dégénéré et mené à violence
longue et dévastatrice que le pays a connue durant la
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SO M M A IR E
1Figure 1 Carte du Liberia indiquant sa localisation géographique et ses 15 circonscriptions administratives
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dans quelle mesure la vulnérabilité au conflit demeure
persistante, l’ampleur des avancées pour surmonter
cette vulnérabilité, et indique les principales difficultés
que le Liberia rencontrera lors de la mise en œuvre de
sa prochaine stratégie de réduction de la pauvreté,
l'Agenda pour la transformation. Puis, le rapport évalue
les résultats actuels sur le plan social et économique
par rapport à la voie de développement économique
et social suivie par le Liberia avant le conflit, passant
ainsi au peigne fin la nature et la qualité de la gouver-
nance du pays, qui conditionnent au plus haut point
sa transformation en un État efficace qui va de l’avant.
Considérant la place de l'infrastructure dans l’agenda,
le chapitre examine l'état actuel du réseau d'infra-
structure du pays, soulignant les problèmes de chaque
sous-secteur, notamment le coût et la disponibilité
des services, les réformes ou l'absence de réformes
dans les politiques, l'environnement juridique et régle-
mentaire favorisant ou entravant la performance de
chacun de ces sous-secteurs.
plans que le Liberia entend mettre en œuvre pour as-
surer la transformation profonde de son capital humain,
physique et institutionnel, en commençant par l’éva-
luation de la deuxième stratégie de réduction de la
pauvreté, l'Agenda pour la transformation. Le rapport
examine ensuite un ensemble de stratégies suscepti-
bles d’être génératrices de croissance, chacune d'en-
tre elles étant utilisée ou envisagée par les autorités. Il
décrit chaque stratégie, puis définit et applique un en-
semble de critères de filtre par rapport auxquels
chaque stratégie est évaluée, pour faire ressortir sa
capacité relative potentielle à mettre le Liberia sur un
sentier de croissance à même de produire une vérita-
ble transformation.
quant au mode d’établissement de priorités en matière
de dépenses d'infrastructure à court, moyen et long
terme, en prenant en compte l’évolution de la situation
sur le plan régional, mais aussi national. L'analyse
identifie la liste assez complète du stock d'infrastruc-
ture souhaitable dans un scénario où le manque de
capitaux d'investissement ne se fait pas sentir ; une
telle approche permet d'évaluer l'ampleur du déficit
d'infrastructure du Liberia dans les conditions opti-
males. D’autre part, considérant que le Liberia doit
reconstruire et transformer son économie dans les cir-
constances où l’argent se fait rare, l'étude procède à
une analyse de capacité financière pour définir le
contexte dans lequel les arbitrages doivent être éva-
lués. Dans ce cadre, elle identifie la contribution pro-
bable du secteur privé au comblement du déficit in-
frastructurel, et formule les recommandations sur une
approche stratégique de la planification de l’'infra-
structure à court, moyen et long terme, en s’efforçant
d’établir l’ordre de priorité de l’intervention de l'État
dans les investissements propres à induire les types
de croissance susceptibles de produire la transforma-
tion non seulement sur le plan économique, mais éga-
lement sur le plan de l’acquisition de capacités hu-
maines et institutionnelles. Dans cette partie de l’étude,
une attention particulière est portée aux aspects ma-
tériels et immatériels du développement de l’infra-
structure comme moyen de s’attaquer aux contraintes
majeures pesant sur la croissance inclusive.
Méthodologie
beria. La stabilité est un thème central, que le conflit
de quatorze ans et son cortège de misères et de dé-
gâts matériels dont la nation a souffert maintient au
premier plan comme une question d’actualité. C’est
ce thème qui éclaire le choix des stratégies de déve-
loppement propres à promouvoir une croissance in-
clusive capable de transformer l’économie. Les fac-
teurs de l'origine du conflit et les vulnérabilités qui
subsistent sont aussi évalués dans l’optique de l’éta-
blissement de l’ordre de priorités d’investissement
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croissance inclusive au Liberia.
priorités d’investissement dans l'infrastructure
connexes susceptibles de sortir le Liberia de son iso-
lement relatif. Ces stratégies de croissance et inves-
tissements prioritaires permettront à ce pays de jouer
un rôle plus important en termes d’échanges de pro-
duits agricoles au sein de l'Union du fleuve Mano, sur
le plan régional par sa participation aux marchés de
l'énergie, des communications et du commerce de
transit de la CEDEAO, et sur le plan concurrentiel
mondial en tant que destination attrayante d'investis-
sement dans le secteur manufacturier, l'exploitation
minière et l'agro-industrie.
d'infrastructure. Pour ce qui concerne la stabilité, il y
aurait avantage à réaliser quelques investissements à
caractère exclusivement national en vue d’assurer
l’unité nationale, la pénétration des services essentiels
à l’intérieur du pays, la sortie des comtés de leur iso-
lement et le déverrouillage de la productivité. À titre
d’exemple, les grands axes routiers pourraient être
réhabilités pour relier les chefs-lieux de province et
des infrastructures pourraient être construites le long
des principaux corridors pour promouvoir une crois-
sance économique générale dans le pays. Cela étant,
le rapport ne cache pas que le Liberia est confronté à
d'importantes contraintes financières. Cette approche
empreinte de réalisme évite l’enfermement dans une
démarche qui ferait l’inventaire exhaustif du stock d’in-
frastructure souhaitable qui, idéalement, comblerait le
déficit infrastructurel national. En revanche, le rapport
s’efforce d’identifier les liens spécifiques entre les sec-
teurs porteurs de croissance et le type d'infrastructure
susceptible de libérer leur potentiel, et, dans cette op-
tique, tente de voir quels sont les flux de capitaux que
l’on pourrait plus facilement mobiliser et dans quel or-
dre de grandeur si les priorités nationales sont inté-
grées aux programmes régionaux. Ni les projets d'in-
frastructure nationale ni ceux de dimension régionale
ne doivent être entrepris à l'exclusion les uns des au-
tres ; ils doivent être planifiés de manière synchrone.
C H A PI TR E 1
Diagnostic de la situation actuelle
1.1 Fragilité et stabilité
Liberia fait ressortir trois conclusions principales sur
les causes de la violente guerre civile de quatorze ans
qui a ravagé le pays. La première d'entre elles est
l'exclusion pendant plus d'un siècle des Libériens au-
tochtones, par les Américano-Libériens, de toute par-
ticipation significative à la gouvernance politique du
pays et l'accès aux opportunités économiques, faisant
du Liberia un pays divisé, et semant les germes d’un
conflit que l’exacerbation des différences allait faire
éclater. La deuxième constatation est que, face à la
détérioration des conditions économiques et à la ré-
duction drastique des prix dans le commerce des pro-
duits de base durant les années 70, les réponses po-
litiques adoptées par les autorités sont apparues
comme la volonté d’aggraver la souffrance imposée
aux pauvres. Ce sentiment est à l’origine de la contes-
tation du régime par l'opposition naissante, un phé-
nomène qui a déclenché le soulèvement militaire et
allumé le brasier du conflit qui a suivi. La troisième
conclusion importante a trait à la constatation du phé-
nomène de «croissance sans développement» au
moyen duquel la politique économique ouverte du ré-
gime a engendré des inégalités horizontales dans la
société, enrichissant quelques-uns sans pouvoir as-
surer le développement pour les masses populaires. Il
en a résulté un style de gouvernance qui n’a pas créé
les mécanismes sociaux permettant d’assurer une
plus large distribution de la richesse nationale et n'a
pas non plus réussi à créer les institutions de règlement
ou d’atténuation des griefs de manière non violente.
Cette histoire et la guerre civile elle-même ont laissé
un certain nombre de séquelles qui continuent de se
manifester aujourd'hui et nécessitent une attention
soutenue ; il s’agit, notamment, du manque de légiti-
mité de l’État, de la fragmentation ethnique et de la
vulnérabilité aux menaces internes et externes. La me-
nace d’une nouvelle guerre civile continuera de planer
sur le Liberia tant que les conditions qui ont engendré
le premier conflit perdureront. Pour asseoir durable-
ment la paix, le Liberia doit atténuer les menaces sui-
vantes durant les prochaines années.
• Des concessions qui fonctionnent comme des
enclaves : Le Liberia ne doit pas retourner à son
mode antérieur de production de croissance sans
développement correspondant pour sa population,
comme c’était le cas durant les années 50 jusqu'au
milieu des années 70. Cette analyse rétrospective
révèle que le Liberia offrait au capital privé étranger
« l'un des climats d'investissement les plus attrayants
que l'on puisse trouver dans le tiers monde », per-
mettant ainsi au secteur des concessions de réaliser
un taux de croissance élevé ; mais, croissance n’est
pas progrès. L’augmentation du PIB n'allait pas de
pair avec les progrès technologiques, l'évolution ins-
titutionnelle, le développement du capital humain ou
une plus large distribution du revenu. En relançant
le secteur des concessions des ressources naturelles
tiré par l'IDE, il est de la plus haute importance que
le Liberia trouve le moyen d’éviter que celles-là ne
fonctionnent comme des enclaves, mais plutôt enri-
chissent et valorisent le patrimoine local de leurs
lieux d’implantation. Il faut également renforcer les
liens économiques et infrastructurels entre l'écono-
mie rurale et les concessions.
• Le favoritisme et la corruption qui minent la légi-
timité de l’État : Le Liberia doit continuer de bâtir
un État capable d’assurer convenablement la sécu-
rité, la justice et de fournir d'autres services publics,
en évitant de renouer avec la culture du favoritisme,
de l'impunité et de la corruption. S’il est vrai que le
pays a fait d'énormes progrès dans le domaine de
la transparence, sa stratégie de croissance basée
en grande partie sur la collecte des rentes tirées des
ressources naturelles l’expose aux conditions pro-
pices au développement naturel de la corruption.
La dépendance considérable du Liberia vis-à-vis de
l’exploitation des ressources naturelles, tant renou-
velables que non-renouvelables, pose le défi per-
manent de veiller à ce que les rentes soient exclusi-
vement mises au service du bien public.
• Exposition aux activités criminelles chez les
jeunes chômeurs : Il est essentiel que la génération
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tives de la société. Des solutions de rechange légi-
times comme ceux-là sont importantes pour dé-
tourner les jeunes de la drogue et des activités
criminelles qui menacent la nation.
• Éclatement de l'identité nationale : Bien que l’idée
d’offrir un foyer aux enfants d'Afrique, descendants
d’esclaves opprimés, ait été à l’origine de la fonda-
tion du Liberia, l'appartenance tribale demeure plus
puissante que l’ascendance africaine commune. Les
considérations religieuses, linguistiques et ethniques
divisent le pays bien plus que l’ascendance raciale
commune ne l'unifie. La création du sentiment pa-
triotique et de fierté nationale s’impose plus que ja-
mais pour unifier le pays.
• La double menace de la pauvreté et de l'iné-
galité : Ces menaces ne peuvent être atténuées
que si l’on insuffle de la croissance dans l'écono-
mie rurale ; et, pour ce faire, il faut, d’abord et
avant tout, sortir les provinces rurales du Liberia
de leur isolement relatif et ouvrir aux habitants l’ac-
cès aux marchés. L'amélioration de l’infrastructure,
à savoir les réseaux de transport, d’électricité et
de communication, contribuera à cet objectif. La
réforme agraire est également essentielle pour don-
ner aux petits exploitants la sécurité de la propriété
et améliorer les mesures incitant les paysans à
passer de l’agriculture de subsistance à l’agricul-
ture commerciale.
Compte tenu de ces menaces et des défis de taille
auxquels le Liberia est confronté, le rapport propose
les leçons énoncées dans l'encadré 1 et tirées de l’ex-
périence d'autres pays qui cherchent à se relever d'un
conflit.
1.2 La situation socioéconomique de nos jours
Le conflit du Liberia a fait dégringoler ce pays de son
statut de rare pays d'Afrique subsaharienne à revenu
intermédiaire durant les années 70 au rang de 182e
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6
Encadré 1 Leçons de pays fragiles et sortant de conflit applicables au Liberia
1 La tâche la plus importante des dirigeants est de rétablir la confiance des citoyens dans la capacité de la société à changer et cultiver la confiance du public dans leur capacité à gouverner. Il faut pour cela aller au-delà des discours et s’atteler à la production de «résultats concrets» par lesquels les citoyens ordinaires peuvent être convaincus des bienfaits de la stabilité.
2 Il faut du temps pour introduire les réformes institutionnelles de nature à engendrer une transformation en profondeur de la société, et le Libéria doit être prêt à cultiver la patience. L’établissement de l’État de droit et d’un gouvernement efficace peut prendre une à deux générations. Il a fallu de 36 à 41 ans aux vingt pays réformateurs les plus rapides du 20e siècle pour atteindre les seuils de compétence dans ces domaines.*
3. Dans les situations d’après-conflit, il y a avantage à évaluer les investissements de développement en perspective de la stabilité, afin de prendre en considération la menace hypothétique d'une reprise du conflit lorsqu’on évalue l'analyse économique des projets d'investissement.
4 Enfin, il ne faut pas s’attendre à ce que les pays puissent se passer d’aide pour se relever. Outre le fait que la communauté du développement peut fournir une aide précieuse aux États fragiles, les pays doivent chercher auprès de leurs amis politiques et voisins géographiques l’appui nécessaire pour développer des programmes et mettre en œuvre des solutions communes aux problèmes communs.
* Banque mondiale, Rapport sur le développement 2011: Conflit, sécurité et développement, Washington D.C., 2011.
IN FR A ST
sur 187 pays selon l'indice de développement humain
de 2011. L’évolution du revenu par habitant apparaît
à la figure 2 où l’on voit que le processus de redres-
sement économique a commencé en 2003 et s’ac-
célère au fil du temps. Les indicateurs sociaux et les
repères comparatifs sont présentés au tableau 1 ci-
dessous.
défi majeur de la reconstruction de la capacité de son
administration publique et s’attache à développer un
secteur privé national. L'absence de structures de
gouvernance compétentes et efficaces dans de nom-
breuses sphères de la vie économique et politique fai-
sait que les problèmes à l’origine du conflit ne pou-
vaient être ni atténués ni réglés par le biais de
mécanismes institutionnels légitimes. Il s’ensuit que
des efforts soutenus s’imposent pour renforcer la ca-
pacité de gouvernance par le développement du ca-
pital humain et des institutions, afin d’assurer la pros-
périté à long terme de la nation. Ce processus
d'amélioration de la gouvernance est en marche sous
l'administration Johnson Sirleaf.
À ce jour, ce sont les moteurs traditionnels de la crois-
sance, notamment les concessions minières et les
plantations commerciales ainsi que la petite exploita-
tion agricole qui soutiennent la reprise de l’activité
économique. L'économie a bien réagi depuis le retour
de la paix, mais la nécessité s’impose de produire
une croissance plus inclusive et de créer davantage
d'emplois pour les Libériens.
été d’asseoir la politique financière sur un budget de
trésorerie, une discipline qui a permis de maintenir
une demande globale propice à la stabilité de l’envi-
ronnement macroéconomique, avec des comptes fi-
nanciers globaux en équilibre ou légèrement excéden-
taires. Depuis 2005, le PIB réel par habitant a
augmenté de plus de 3 pour cent en moyenne annuelle
en raison en grande partie de la relance des moteurs
traditionnels de la croissance, notamment les conces-
sions minières et les plantations commerciales ainsi
que la petite exploitation agricole. Le secteur des ser-
vices a également accusé une forte croissance en
grande partie grâce à la contribution d’un grand do-
nateur et la présence de la MINUL.
7
Figure 2 Conflit du Liberia et tendances conséquentes de déclin et de redressement économique
Année
Source : indicateurs du développement en Afrique, amélioration/BAD.
IN FR A ST
8
ont enregistré une entrée massive d'investissements
directs étrangers et recommenceront bientôt à expor-
ter sur une grande échelle. À ce stade, les secteurs
de l’industrie minière et des exportations de bois, de
caoutchouc et d'huile de palme décolleront et sur-
passeront la performance de la petite exploitation agri-
cole. Le secteur industriel, minuscule, est représenté
par quelques grandes entreprises manufacturières,
généralement monopolistiques, qui produisent une
gamme limitée de marchandises – ciment, boissons,
peintures et vernis, produits en plastique et en caout-
chouc – pour le marché intérieur. Beaucoup d'entre-
prises ont été détruites pendant la guerre et on estime
que le secteur emploie actuellement environ 2.785
personnes, soit 0,25% de la population active du pays.
Cependant, ce sont les petites et moyennes entre-
prises qui fournissent l’essentiel des emplois informels
dans le secteur privé, mais elles souffrent du manque
d’accès et des conditions de crédit, d’une alimentation
électrique qui laisse à désirer et de conditions de mar-
ché peu satisfaisantes. Le gouvernement voit le dé-
veloppement des PME comme un objectif hautement
prioritaire pour créer des possibilités d'emploi pour
les jeunes et développer une culture entrepreneuriale
dans l'économie ; il s’efforce également de promouvoir
le secteur industriel pour forger des liens avec le sec-
teur minier et ainsi diversifier l'économie et développer
l'emploi à grande échelle.
faut au Liberia non seulement une stratégie de réduc-
tion de la pauvreté, mais un plan de développement
qui va au-delà des zones urbaines et pousse la popu-
lation libérienne dans son ensemble à s’approprier la
dynamique de changement dans tous les secteurs de
Tableau 1 Indicateurs socioéconomiques clés du Liberia et repères de comparaison des pays
Source: Indicateurs du développement africain et le petit livre de données sur l’Afrique, Banque mondiale 2011, Perspectives économiques mondiales du FMI, 2012.
Données socioéconomiques
Liberia Sierra Leone
Guinée Guinée- Bissau
Côte D’Ivoire
Nigeria Afrique
Population 2010 3 994 5 696 10 069 1 611 21 075 154 729 1 008 354
% Population féminine 2010 50,3% 51,3% 49,5% 50,5% 49,1% 49,9% 50,1%
Population économiquement active
% dont femmes 40,2% 51,1% 47,1% 38,2% 30,4% 36,5% 41,2%
Classement IDH sur 177 2007 Non classé 177 160 175 166 158 Ghana = 135
Classement IDH sur 187 2011 182 180 178 176 170 156 Ghana = 135
Mortalité infantile par 1000 2009 78 123 88 118 89 97 82
Espérance de vie, femmes 2008 59,85 48,99 60,13 49,61 59,09 47,33 55,98
Espérance de vie, hommes 2008 57,19 46,42 56,09 46,50 56,01 46,36 53,71
Pauvreté % au-dessous du seuil national
2007 63,8% 65,9% 53,0% 65,7% Nd 54,7% Nd
Taux d’achèvement au primaire 2008 62,3% 87,7% 61,7% N/A
Analphabétisme Adultes, Total 2010 59,1% 40,9% 39,5% 52,2% Nd 35,9% Nd
Taux d’alphabétisation, femmes 15-24
2010 80,9% 43,9%
2010 70,3% 64,4% Nd Nd Nd
PIB millions, dollars courants 2011 1 545 2 915 5 170 969 24096 244050
Taux de croissance du PIB 2011 8,2% 6,0% 3,9% 5,3% -4,7% 7,4%
PIB par habitant (2010) $ 2010 342 435 477 508 1 043 1 465
IN FR A ST
l'économie. Pour l'avenir, il faudrait concentrer le maxi-
mum d'investissements dans les secteurs qui : a) li-
bèrent le potentiel de croissance endogène de la petite
exploitation et du secteur privé national ; et b) tissent
des liens entre les concessions enclaves et les collec-
tivités locales. Une telle stratégie est de nature à mettre
en place les conditions propices à la création d’em-
plois, à la promotion du patrimoine local, au transfert
de connaissances et au renforcement des capacités
de la population du Liberia.
1.3 Analyse sectorielle, défis et réformes politiques clés
Durant les cinq premières années de la nouvelle admi-
nistration, tous les secteurs ont enregistré une certaine
reprise sous l’effet du programme de relance écono-
mique ; la figure 3 présente les données réelles pour la
période de 2007 à 2011 ainsi que les projections for-
mulées en 2010 par le GOL et le FMI. Ces données
traduisent l’anticipation d’une croissance du secteur
minier plus rapide que les autres secteurs. Après le
conflit, l'agriculture se relève, mais perd en importance
relative face aux services qui se sont développés au
point de devenir un contributeur de premier plan au
PIB. Cette situation rend compte surtout de l’incidence
considérable de la présence de la MINUL sur l’économie
du pays. Cela dit, on peut s'attendre à ce que le volume
et la composition des services dans l'économie chan-
gent dans les années à venir sous l’effet du repli causé
par le retrait de la MINUL, mais compensé, espérons-
le, par une nouvelle croissance générée par le secteur
des concessions et la demande dans l'économie na-
tionale. Les entreprises manufacturières ont souffert
pendant le conflit et la reprise tarde à se manifester.
Le secteur des cultures végétales, comprenant les
plantations et les cultures de subsistance et commer-
ciales des petits exploitants, constitue un important
segment de l'économie, fournissant une part impor-
tante du PIB et l’essentiel des moyens de subsistance
de la population. Bien qu’il continue de se redresser, il
cède du terrain, en termes de pourcentage de contri-
bution au PIB, au secteur minier qui commence à re-
prendre de l’importance. Pour mettre cette perspective
dans son contexte, il est intéressant de noter qu’à
l’époque du conflit, l'agriculture et la pêche partici-
paient pour environ un tiers à la formation du PIB en
1988/89 et presque deux tiers en 2000, après dix ans
9
1 Les publications récentes du GOL et du FMI laissent penser que les services se seraient même développés au point de surpasser l’agriculture en termes absolus, mais comme toutes les sources de données ne confirment pas cette constatation, le rapport s’en tient aux données de 2010 et fait observer que des données de comptabilité nationale plus fiables seront bientôt disponibles lorsqu’une véritable enquête économique sur les ménages sera réalisée.
Étals et kiosques dans les rues du centre de Monrovia.
IN FR A ST
10 de guerre. Ainsi, alors que l'économie dans son en-
semble entrait en récession, la part de l'agriculture
dans l'économie augmentait, non pas parce que ce
secteur se développait, mais parce qu'il constituait la
principale source des moyens de subsistance durant
le conflit, tandis que la production totale chutait en
termes absolus. Durant la même période, l'exploitation
minière (principalement le minerai de fer) passait d’un
dixième du PIB à presque zéro.
Malgré son importance dans l'économie globale, le
secteur agricole souffre d'un certain nombre de maux,
notamment l’insuffisance et le mauvais état du réseau
routier et des services de transport, qui renforcent
l’inaccessibilité des marchés et la prédominance de la
culture de subsistance. Les semences de bonne qualité
et d’autres intrants sont rares, et, de surcroît, le manque
absolu de terre – considérant la faible superficie réelle-
ment consacrée à la culture agricole – freine considé-
rablement la production des petits exploitants. Cette
situation masque, cependant, deux problèmes sous-
jacents, relatifs l'un à la «croissance verte» et l'autre
aux mesures d’encouragement des petits exploitants.
Pour ce qui concerne la croissance verte, le mode ac-
tuel d'utilisation des terres, notamment les grandes
plantations monoculturales de caoutchouc, d’huile de
palme et d'autres concessions, menacent gravement
le potentiel «renouvelable» de la productivité des terres
et des ressources forestières, puisqu’elles sont sus-
ceptibles de réduire la diversité biologique de la cou-
verture forestière, d’appauvrir le sol et de dégrader
l'environnement au fil du temps. Le gouvernement
pense que les opérations en matière de ressources
forestières, agricoles et halieutiques doivent toutes pas-
ser à la loupe de l’Initiative sur la transparence dans
les industries extractives et, envisage même d’y faire
passer les mesures vertes. Pour ce qui est des mesures
d’encouragement des petits exploitants, les systèmes
fonciers sont régis par un ensemble complexe de sta-
tuts et de droit coutumier incohérents, produisant plu-
sieurs types d’accords de jouissance et différents de-
grés de sécurité, allant des détenteurs d’acte
garantissant une sécurité relativement élevée aux
squatters sans aucune sécurité, et de la disposition
coutumière à l'emprunt de terres en passant par la lo-
cation et le bail. Ainsi, c’est la précarité d'occupation,
plutôt que le manque de terres, qui apparaît comme
l’obstacle majeur à la modernisation de la petite agri-
culture, d’autant que les incitations à adopter des mé-
thodes de production modernes sont faibles.
Figure 3 Part en % du PIB par secteur Estimations 2007-11
Source : compilée à partir de sources GED, y compris la Banque centrale.
IN FR A ST
Venant ajouter à la complexité de la situation interne,
la question délicate de l'appropriation et de l’allocation
de terres aux concessions étrangères aux fins d'ex-
ploitation agricole ou minière a longtemps été vue et
continue d’être considérée comme un facteur de
conflit en raison du caractère éminemment sensible
de la question de l'accès et de la possession de terres
dans le pays. C’est souvent en direction des investis-
seurs étrangers bénéficiaires de baux de longue durée
que pointe le ressentiment de la population. Pourtant,
les risques de conflit liés à la terre ne cessent d’aug-
menter vu que, selon les estimations, les 21% de su-
perficie actuellement dédiée aux concessions – agri-
coles, forestières et minières – atteindraient 38% du
territoire national si cette politique se poursuit, entraî-
nant la montée des tensions, à moins de trouver des
solutions économiques mutuellement avantageuses
Une commission foncière a donc été créée afin de
proposer et de coordonner la réforme tant attendue
de la politique, du droit et du régime fonciers. Ce
genre d'institution de gouvernance a longtemps fait
défaut et doit maintenant voir le jour, mûrir et insuffler
à tout le monde une bonne dose de sagesse afin que
s’établisse un bon équilibre à l'avenir.
Pour l’heure, le Liberia est un pays riche en ressources
minières, pas seulement en gisements de minerais et
de pierres précieuses, mais aussi en pétrole off-shore
récemment découvert. Le minerai de fer, le diamant
et l'or sont les principales ressources minières, bien
que des réserves d'autres métaux tels que le cuivre,
le zinc, le platine, l'uranium, le colombo-tantalite, la
bauxite, le rutile et le phosphate ont également été
trouvées. Durant les années d'avant-guerre, le secteur
minier contribuait pour plus de 60 pour cent aux re-
cettes d'exportation et environ 25 pour cent au PIB,
la majeure partie provenant des exportations de mi-
nerai de fer. La guerre a arrêté pratiquement toutes
les activités minières officielles, mais l’extraction arti-
sanale du diamant s’est poursuivie durant le conflit,
produisant, semble-t-il, pas moins de 150 000 carats
par an. La production artisanale d'or alluvial a égale-
ment repris après la guerre, sans pour autant égaler
celle du diamant, avec une production maximale esti-
mée 30 kilogrammes. Lorsque l’exploitation du minerai
de fer s’est arrêtée durant la guerre, les installations
ont été abandonnées, livrant au pillage une partie d’en-
tre elles, notamment l'infrastructure.
La fin de la crise a vu l'arrivée de nombreuses com-
pagnies minières ; des licences d'exploration ont été
accordées à plus de 120 sociétés et de vastes sec-
teurs du territoire sont actuellement en concessions
formelles régies par les conventions sur le développe-
ment minier « Mineral Dévelopment Agreements. » En
fait, l'octroi de concessions foncières est la principale
stratégie déployée par le Liberia au lendemain du
conflit pour relancer l’investissement direct étranger
et remettre en marche l'économie. Il faut maintenant
faire en sorte que les concessions ne fonctionnent
pas comme des enclaves et commencent à créer des
emplois et à servir les intérêts des populations envi-
ronnantes ; tel est le grand défi qui attend le GOL sur
la voie de la transformation économique du pays.
1.4 L’engagement du Liberia dans le commerces
Le Liberia est un pays très ouvert au commerce inter-
national, hier comme aujourd’hui, mais les opérateurs
économiques ont beaucoup de mal à développer ce
segment de l’économie comme l'encadré 2 le montre.
Le solde de la balance commerciale est actuellement
négatif, et cela est le double reflet de la forte dépen-
dance vis-à-vis des importations et du retard dans la
reprise des exportations. On peut s’attendre à ce que
le déficit de la balance commerciale diminue lorsque le
secteur des concessions gagnera en ampleur, mais
l’objectif de la sécurité alimentaire contraint le pays à
poursuivre l’importation de grandes quantités de riz.
Naguère plaque tournante pour la réexportation dans
la sous-région, le Liberia jouissait d’un certain degré de
compétitivité des coûts, et il reste à voir si cet avantage
peut être retrouvé.
11
12 commerce transfrontalier informel des denrées alimen-
taires est attesté, et, manifestement, le Liberia sert de
plaque tournante pour la distribution d’huile de palme
à l'ensemble des pays de la région, y compris les loin-
tains Sénégal et Nigeria. Les échanges avec les pays
voisins de l’UFM semblent insignifiants selon les sta-
tistiques officielles, avec en moyenne moins de 2 pour
cent par an d’exportations et d’importations, mais il
est certain que le commerce informel se poursuit et
pourrait être renforcé avec une infrastructure de meil-
leure qualité. Les faibles volumes d'échanges intra-
régionaux s’expliquent en partie par la similitude des
structures de production et de consommation. Les
pays de l’UFM sont principalement producteurs de
matières premières et consommateurs de produits
manufacturés ; ils ont donc tendance à écouler leurs
exportations et à s’approvisionner en importations sur
les marchés internationaux en dehors de la région. Le
faible volume du commerce intra-régional qui porte
sur les produits locaux ou les articles ouvrés de réex-
portation se fait sous la forme d'échanges entre les
collectivités frontalières où les goûts locaux et les éco-
nomies sur les frais de transport sont pris en considé-
ration. Le sous-développement de l'agriculture qui, en
l’état actuel des choses, ne produit guère d’excédent
commercialisable, est un autre obstacle majeur au dé-
veloppement du commerce régional. Enfin, un troi-
sième facteur très important est le fait que les pays
de la sous-région n’ont pas perçu dans les courants
d’échanges suffisamment d’avantages en termes de
complémentarités en raison des limitations en matière
d’infrastructure. La construction de routes interrégio-
nales revêtues et capables de porter le trafic mar-
chandises ainsi que de postes frontières pour faciliter
le passage des marchandises au travers des frontières
apparaît comme une nécessité.
L’analyse effectuée dans tous les secteurs révèle que
l’infrastructure du Liberia est dans un état lamentable
et, comme le montre la figure 4, le pays est classé
dans le quintile inférieur des pays africains en termes
d'indice d'infrastructure comparatif de tous les pays
du continent avec les Seychelles au premier rang, éta-
bli par la BAD. Le sous-investissement dans le passé
s’est traduit par une couverture insuffisante du réseau
Encadré 2 Obstacles au commerce mondial et régional
Commerce mondial Commerce mondial
Obstacles à la sécurité
Le risque d’instabilité lié à la fragilité et la vulnérabilité désavantagent le Liberia par rapport aux autres pays de la CEDEAO sur le marché mondial
Les atteintes à la sécurité locale se traduisent par les fermetures tem- poraires ou répétées des frontières, avec pour corollaire pour les transpor- teurs de marchandises le dilemme entre les retards coûteux et les pots- de-vin
Obstacles d’ordre général
Manque de bons systèmes de gestion pour fabriquer des produits conformes aux normes commerciales de l’UE et d’autres marchés internationaux; manque d’emballage pour l’export et de systèmes d’information commerciale
Manque d’une monnaie commune pour faciliter le commerce. Les diffé- rences dans les systèmes de paie- ment, rendent les paiements transfrontaliers lourds et un manque d’harmonisation des procédures et des normes phytosanitaires
Contraintes en matière d’infrastructure
Mauvais état des routes et manque d’accès en tout temps. Manque de matériel de séchage des récoltes en- trainant des problèmes de moisisssure et de qualité.
Manque d’installations frontalières communes et accueillantes, de mar- chés toutes saisons pour le com- merce. Insuffisance des liaisons routières avec les agglomérations frontalières, de stations de pesage et d’analyseur.
IN FR A ST
d'infrastructure, tandis que le manque d’entretien a
causé la dégradation progressive de la qualité de l’actif
et du service. Les destructions causées par la guerre
sont telles que de nombreuses installations d'infra-
structure ont complètement cessé de fonctionner, les
dégâts les plus graves étant visibles sur les réseaux
routiers et électriques. Les travaux de réhabilitation
entrepris depuis la fin de la guerre ont permis de
rétablir la fonctionnalité de quelques parties du réseau
d'infrastructure.
est loin de répondre aux besoins du pays, au double
plan de la couverture et de la qualité. Le réseau natio-
nal demeure largement sous-développé et l'accès à
la partie sud-est du pays est particulièrement difficile,
accentuant l’isolement de cette région. L'enquête réa-
lisée sur la base du QUID 2010 révèle que seuls
quelque 45 pour cent des ménages – au niveau na-
tional, rural et urbain – ont accès à une route praticable
en tout temps dans un rayon de 5 km. Les grandes
routes revêtues relient Monrovia à l’arrière-pays et
quelques-unes d’entre elles vont jusqu’à la frontière
de la Guinée, de la Sierra Leone et de la Côte d'Ivoire,
mais elles sont en très mauvais état. Certaines routes
atteignent les frontières, mais ne vont pas au-delà,
comme c'est le cas des deux tronçons côtiers de la
route transafricaine (RTA) côté Liberia. À l’ouest, des
travaux de réhabilitation s’imposent sur le tronçon
aboutissant au pont du fleuve Mano d’où la Sierra
Leone doit partir de zéro pour construire une bonne
route asphaltée de son côté de la frontière. À l'est, le
tronçon prévu de la RTA passant par Tobli pour re-
joindre la Côte d'Ivoire est une route latéritique dégra-
dée sujette à une intense érosion par temps de pluie,
provoquant une congestion sévère et sapant effecti-
vement le transport transfrontalier.
plupart, et les contrats de concession passés avec
les compagnies minières permettront probablement
d’assurer l’extension des routes goudronnées multiu-
tilisateurs. L’objectif du gouvernement, dans le cadre
du plan directeur du secteur des transports, est de
relier tous les chefs-lieux de province par des routes
asphaltées, en espérant pouvoir achever ces travaux
durant la période de référence de l’Agenda pour la
13
Figure 4 La performance du Liberia par rapport à l’Afrique Index des infrastructures d’autres pays africains
Liberia
IN FR A ST
14
ambitieux et nécessite que les partenaires au déve-
loppement apportent d’importants financements sup-
plémentaires à fonds perdus.
ont survécu à la guerre et le conflit a considérablement
réduit la capacité de prestation de services des réseaux
d'eau et d'assainissement. L'accès à l'eau potable et
à un assainissement convenable est respectivement
passé de 37 pour cent et 27 pour cent de la population
en 1990, à 17 pour cent et 7 pour cent en 2003. Le
manque d’accès à l'eau potable et aux services d'as-
sainissement est la principale cause de maladie et de
pauvreté. Les pauvres, mal desservis par le secteur
structuré, sont le segment de la population qui souffre
le plus du manque d'eau potable et d'assainissement.
Énergie : L'infrastructure énergétique est le domaine
où le Liberia est nettement désavantagé par rapport
au reste de l'Afrique subsaharienne et au monde, en
particulier dans le secteur de l'énergie électrique. La
centrale hydroélectrique de Mt. Coffee a été détruite
pendant le conflit et à la mi-2011, le taux d'accès de
la population à l'électricité fournie au public était proche
de zéro, et quelque 1% seulement de la population
urbaine de Monrovia avait accès à l’électricité fournie
par la compagnie d'électricité du Liberia. Les mesures
progressivement prises depuis 2005 pour rétablir le
réseau électrique et les programmes d'urgence finan-
cés par les partenaires au développement permettent
de fournir maintenant environ 23 MW d’électricité à
quelques quartiers de Monrovia. En date de décembre
2011, environ 3 100 abonnés recevaient du courant
acheminé par un réseau de transport de 66 kV et un
réseau de distribution de 33 kV et 22 kV, produit coû-
teusement par une centrale diesel à haut régime. Ce
système de production fait du Liberia le pays où l'élec-
tricité est la plus chère dans la sous-région et proba-
blement sur le continent africain ; il constitue aussi un
obstacle majeur à la croissance économique. Le
contrat de gestion signé avec une entreprise spéciali-
sée du secteur de l'électricité en juillet 2010 pour l’exé-
cution des travaux de restauration et d'amélioration
de l'efficacité opérationnelle du réseau avance de ma-
nière satisfaisante. Par-dessus tout, le GOL considère
maintenant la reconstruction de la centrale de Mt. Cof-
fee comme une urgence nationale et le projet d'infra-
structure est actuellement inscrit au premier rang des
priorités.
communications Company, (LIBTELCO) avait une ca-
pacité de réseau d'environ 10.000 lignes télépho-
niques fixes, dont 80 pour cent à Monrovia. À la fin
des hostilités, la capacité était tombée à moins de 7
000 lignes fixes et le pays est en train de migrer vers
l'utilisation de la technologie sans fil. Sous l’effet des
réformes tendant à démonopoliser le secteur, de nou-
veaux investissements sont entrés et les priorités ac-
tuelles visent l'Internet à large bande pour combler le
fossé numérique.
Source : Gouvernement du Liberia, LEC et AICD, 2008.
Table 2 Le tarif de l’électricité est très élevé au Liberia
Pays Prix moyen US cents/KWh
Coût total par unité, US cents/KWh*
Taux de recouvrement du coût historique %
Benin 13,63 13,73 99,28 Burkina Faso 20,07 23,56 85,19 Cape Verde 22,81 23,34 97,73 Ghana 13,24 13,24 100 Liberia 54,00 32,80 100 Niger 23,95 43,20 55,44 Nigeria 4,41 7,55 58,42 Senegal 14,23 23,87 59,6 Sierra Leone 42,00 * y compris capital d’origine et coûts d’exploitation par unité, mais ops seulement pour le Liberia.
IN FR A ST
1.6 Capacité des secteurs privé et public
Au Liberia, les inégalités horizontales dans le secteur
privé, illustrées par la concentration du pouvoir et des
privilèges aux mains des élites nationales et étrangères,
font que les capacités des populations locales sont
peu développées. Dans le secteur des MPME, des
politiques favorables, des compétences améliorées,
l'éducation et des infrastructures de meilleure qualité
s’imposent. Les petites entreprises ont besoin de meil-
leures communications moins chères, de meilleures
routes et des infrastructures de transport de meilleure
qualité pour réduire le coût du transport des marchan-
dises vers les marchés ainsi que des installations de
production à moindre coût pour rendre leurs produits
compétitifs par rapport aux importations. D’autres ré-
formes sont également nécessaires dans le secteur
des entreprises étatiques pour réduire l’éviction pro-
voquée par les entreprises publiques monopolistiques.
Le secteur financier, étroit et sous-développé, est ca-
ractérisé par le manque de diversité des instruments
financiers, le faible niveau de l'intermédiation financière,
la confiance limitée du public, et l’incapacité à fournir
du crédit aux PME et au secteur agricole en particulier.
La stratégie de réforme du gouvernement vise à pro-
mouvoir la concurrence et l'efficacité dans le système
pour lui permettre de soutenir plus efficacement le dé-
veloppement du secteur privé.
réservoir de professionnels et de fonctionnaires ainsi
que du niveau extrêmement bas d'alphabétisation et
des compétences de la majorité de la population, en
particulier les femmes. Une génération entière de jeunes
touchés par la guerre a raté l’occasion de s’instruire,
de telle sorte qu’ils sont mal préparés pour le travail et
dans de nombreux cas psychologiquement traumatisés
ou physiquement invalides. Qui plus est, le conflit a
provoqué l'exode d'un grand nombre de professionnels
qualifiés tandis que d'autres ont perdu la vie dans les
hostilités. Tous ces problèmes accentuent les insuffi-
sances de la fonction publique, mais le problème qui
sape le plus l'efficacité est la culture du clientélisme et
du népotisme qui continue de persister. Face à cette
situation, le GOL a adopté en 2008 un plan de déve-
loppement du capital humain destiné à valoriser la
main-d’œuvre nationale en trois phases inscrites dans
des délais précis, à savoir les phases de redressement
(2008-2011), de transformation (2012-2015) et de du-
rabilité (2016-2020) pour les secteurs tant public que
privé. En fait, le développement du capital humain est
la pièce maîtresse de la Stratégie de réduction de la
pauvreté, nouvelle version, du Liberia.
15
La plupart des routes du Liberia acheminant le commerce de transit transfrontalier sont non revêtues. Source photo, Rapport sur la technique routière des Nations Unies, Zwedru - Sacleipie – Sector B3, décembre 2012.
C H A PI TR E 2
Vision pour le futur : stratégies en faveur de la croissance inclusive au Liberia
2.1 Agenda pour la transformation du Liberia et stratégies de croissance clés
L'absence de structures de gouvernance compétentes
et efficaces dans de nombreuses sphères de la vie
économique et politique faisait que les problèmes à
l’origine des conflits ne pouvaient pas être réglés par
le biais de mécanismes institutionnels légitimes. C’est
cette situation qui a persuadé le gouvernement libérien
de la nécessité de s’atteler au développement du
capital humain et des institutions pour se doter de
capacités de gouvernance de nature à assurer dura-
blement la prospérité du pays. La recherche de l'amé-
lioration de la gouvernance a commencé dans le
cadre de la première Stratégie de réduction de la
pauvreté (SRP-I 2008-2011) ; elle se poursuivra et
s’intensifiera dans le cadre de l'Agenda pour la trans-
formation (SRP-II 2012-2015) en insistant particuliè-
rement sur l’investissement dans l'infrastructure
comme moteur de la croissance économique. En
s’engageant dans la recherche de cette profonde
transformation du capital humain, physique et insti-
tutionnel, le Liberia vise l'objectif de retrouver le statut
de pays à revenu intermédiaire dans le cadre de son
plan de développement intitulé «Rising Liberia - Vision
2030 ».
Désireuses de voir le pays entrer dans une ère de
croissance économique générale au service de la po-
pulation libérienne, les autorités sont arrivées à la
conclusion qu’il faut pour cela engager la nation dans
une profonde transformation structurelle qui libère le
potentiel de croissance endogène de la petite exploi-
tation et du secteur privé national. Dans ce contexte,
l'étude évalue quatre stratégies de croissance différentes
sous l’angle des critères définis dans l'encadré 4, les-
quels, ensemble, reflètent les principaux sujets de
préoccupation : stabilité, inclusion, croissance et inté-
gration. Les stratégies analysées sont les suivantes :
1 Industrialisation par le biais des zones économiques
spéciales (SEZ) ;
dans le commerce ;
3 Mise en concession des terres en vue du dévelop-
pement des ressources renouvelables et non re-
nouvelables ; et
des stratégies de corridors de développement.
IN FR A ST
17
Encadré 3 Piliers de la 2er SRP de l’Agenda pour la transformation
Paix, Sécurité et État de droit : Créer une atmosphère de coexistence pacifique basée sur la réconciliation et la résolution des conflits et établir la sécurité, faciliter l’accès à la justice, et instaurer l’État de droit pour tous.
Transformation économique : Transformer l'économie pour répondre aux besoins des Libériens en développant le secteur privé national, notamment au moyen des ressources mobilisées à partir de l'IDE dans le secteur minier et les plantations; fournir des emplois aux jeunes ; investir dans l'infrastructure pour la croissance économique; triter les questions budgétaires et monétaires pour assurer la stabilité macroéconomique ; et améliorer l'agriculture et la sylviculture pour développer l'économie, la participation rurale et la sécurité alimentaire.
Développement humain : Améliorer la qualité de vie en investissant dans: l’éducation de qualité ; les soins de santé de qualité accessibles et à coût abordable ; la protection sociale des personnes vulnérables ; et l'accès équitable aux services d'eau et d’assainissement dans le respect de l'environnement.
Gouvernance et Institutions publiques : Créer, en collaboration avec les citoyens, des institutions publiques transparentes, responsables et attentives aux besoins de la population, qui contribuent au développement économique et social ainsi que des systèmes de gouvernance inclusive et participative.
Interventions transversales : Maintenir l’attention sur huit principaux domaines transversaux de préoccupation (notamment, égalité des sexes, protection des enfants et inclusion des handicapés, autonomisation des jeunes, environnement, VIH et sida, droits de l'homme, travail et emploi et prévention des conflits) dans tous les secteurs pour assurer la productivité et le bien-être généraux de la société, en prêtant une attention particulière au segment vulnérable de la population du pays.
CHAPITRE 2
La déclaration de politique industrielle de février 2011
décrit les principaux aspects de la stratégie d'indus-
trialisation par le biais des ZES. Dans cette déclaration,
le ministère du Commerce et de l'Industrie énonce les
motifs et les objectifs de la stratégie nationale d'in-
dustrialisation, dont l’élément fondamental est le rôle
de l'État dans la relance du développement industriel
par la création de zones territoriales dédiées, sous la
forme de zones franches industrielles, de zones éco-
nomiques spéciales et de domaines industriels. Les
motifs sont doubles : i) la nécessité de diversifier
l'économie ; et ii) le désir d'ajouter de la valeur aux
ressources naturelles traditionnellement extraites et
exportées du pays, créant ainsi des liaisons en aval et
en amont et des emplois dans l'économie nationale.
L'objectif du développement industriel est de créer
un tissu d’industries manufacturières et de transfor-
mation capables de donner au Liberia un avantage
comparatif dans l’approvisionnement du marché
national ou l'exportation. Cette approche est fondée
sur la reconnaissance qu’un secteur manufacturier
dynamique peut accélérer la transition d'un pays vers
une économie à revenu intermédiaire, par la création
d’emplois qui contribuent à la production de richesse
pour les citoyens du Liberia. La politique reconnaît
l'importance de l’investissement du secteur privé dans
l'industrie, mais affirme que le rôle de l'Etat est de
jeter les bases qui favorisent l'entrée des entreprises
dans l'industrie manufacturière, en s’attaquant aux
facteurs externes et aux défaillances du marché que
les entreprises privées ne peuvent pas surmonter. Elle
établit un plan d'action pour le secteur public qui
comprend des mesures visant l’amélioration de l'accès
au crédit, la simplification de la réglementation et l’at-
ténuation de la tendance potentiellement monopolistique
des entreprises publiques. Elle engage également à
réfléchir sur la meilleure façon de mettre en place des
zones de production riches en infrastructure et s'il y a
lieu de le faire via l'investissement direct étranger, les
PPP ou une autre approche.
L’application des neuf critères de filtrage pour évaluer