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African Crop Science Journal, Vol. 25, No. 1, pp. 47 - 70 ISSN 1021-9730/2017 $4.00 Printed in Uganda. All rights reserved © 2017, African Crop Science Society African Crop Science Journal by African Crop Science Society is licensed under a Creative Commons Attribution 3.0 Uganda License. Based on a work at www.ajol.info/ and www.bioline.org.br/cs DOI: http://dx.doi.org/10.4314/acsj.v25i1.4 INFLUENCE DES ENGINS ET TECHNIQUES DE PECHE SUR L’ABONDANCE RELATIVE DES ESPECES DANS LA BASSE VALLEE DE L’OUEME AU BENIN A.H. ATTINGLI, S. AHOUANSOU MONTCHO, E.W. VISSIN 1 , L.H. ZINSOU et P.A. LALEYE Laboratoire d’Hydrobiologie et d’Aquaculture, Faculté des Sciences Agronomiques, Université d’Abomey- Calavi, 01BP 526 Cotonou, Bénin 1 Laboratoire Pierre PAGNEY Climat, Eau, Ecosystème et Développement, BP 526 Cotonou, Bénin Auteur correspondant: [email protected] (Received 21 September, 2016; accepted 17 February, 2017) RÉSUMÉ Les pêcheries dans la Basse Vallée de l’Ouémé (BVO) sont soumises à d’énormes pressions de pêche. L’analyse de l’influence des engins et techniques de pêche sur le stock de poisson est un moyen de mise en évidence de ces pressions. Cette étude vise à fournir des informations nécessaires à une exploitation durable des ressources halieutiques dans le milieu. La collecte des données a été effectuée de Mai 2015 à Mai 2016 sur 16 zones de pêcheries. Les indices de nuisance et d’impact des engins et techniques de pêche ainsi que l’abondance relative des espèces ont été calculés en utilisant le logiciel XLSTAT. Une cartographie de ces paramètres a été faite par interpolation linéaire sous le logiciel ArcGis 9.3. Les résultats ont révélé 8 engins et techniques de pêche. “Acadja” et filet maillant sont les plus utilisés dans les zones de pêcherie situées en aval et au centre de la Vallée (Tu: 0,350 à 0,502) et ont un indice de nuisance élevé (IN: 0,209 chacun) sur l’ichtyofaune. L’influence des engins et techinques de pêches (II: 0,126 à 0,146) affecte aussi l’abondance relative des espèces de poissons (AR: 2,410 à 3,723). L’impact des engins et techniques de pêche a une influence positive significative, mais localisée, sur l’abondance relative des espèces (r = 0,849; R² =72,20 % ; F = 36,28 ; P = 3,12*10 -5 ). Des études complémentaires relatives à la pêche expérimentale sont nécessaires pour l’élaboration d’un plan de gestion durable des zones de pêcheries de la basse vallée de L’Ouémé. Mots Clés : Engins et techniques de pêche, Indices de nuisance, chtyofaune, Basse Vallée de l’Ouémé, abondance relative ABSTRACT The fishing areas in the lower Valley of Ouémé (BVO) in Benin are subject to huge fishing pressure. Fishing gears and techniques used in this valley could be influencing fish populations. The objective of this study was to analyse the influence of fishing gears and techniques on fish population to provide information for sustainable management of fish resources in the area. Data were collected from May 2015 to May 2016 in 16 fishing areas. The harm indexes and impacts of gears and fishing techniques, as well as the relative species’ abundance were calculated using XLSTAT Software. Ordinary kriging technique in ArcGis 9.3 Software was used to map the measured parameters. Results revealed eight gears and fishing techniques. “Acadja’’ and gillnet were the most used gears in the downstream and centre of the fishing areas (Tu: 0.350 to 0.502) since they showed high harm index (IN: 0.209 each) on the ichthyofauna. The influence of fishing techniques and tools (II: 0.126 to 0.146) influenced relative abundances (AR: 2.410 to 3.7230) of fish species. The effect of gears and fishing techniques

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African Crop Science Journal, Vol. 25, No. 1, pp. 47 - 70 ISSN 1021-9730/2017 $4.00Printed in Uganda. All rights reserved © 2017, African Crop Science Society

African Crop Science Journal by African Crop Science Society is licensed undera Creative Commons Attribution 3.0 Uganda License. Based on a work

at www.ajol.info/ and www.bioline.org.br/csDOI: http://dx.doi.org/10.4314/acsj.v25i1.4

INFLUENCE DES ENGINS ET TECHNIQUES DE PECHE SUR L’ABONDANCERELATIVE DES ESPECES DANS LA BASSE VALLEE DE L’OUEME AU

BENIN

A.H. ATTINGLI, S. AHOUANSOU MONTCHO, E.W. VISSIN1, L.H. ZINSOU et P.A. LALEYELaboratoire d’Hydrobiologie et d’Aquaculture, Faculté des Sciences Agronomiques, Université d’Abomey-

Calavi, 01BP 526 Cotonou, Bénin1Laboratoire Pierre PAGNEY Climat, Eau, Ecosystème et Développement, BP 526 Cotonou, Bénin

Auteur correspondant: [email protected]

(Received 21 September, 2016; accepted 17 February, 2017)

RÉSUMÉ

Les pêcheries dans la Basse Vallée de l’Ouémé (BVO) sont soumises à d’énormes pressions de pêche. L’analysede l’influence des engins et techniques de pêche sur le stock de poisson est un moyen de mise en évidence de cespressions. Cette étude vise à fournir des informations nécessaires à une exploitation durable des ressourceshalieutiques dans le milieu. La collecte des données a été effectuée de Mai 2015 à Mai 2016 sur 16 zones depêcheries. Les indices de nuisance et d’impact des engins et techniques de pêche ainsi que l’abondance relative desespèces ont été calculés en utilisant le logiciel XLSTAT. Une cartographie de ces paramètres a été faite parinterpolation linéaire sous le logiciel ArcGis 9.3. Les résultats ont révélé 8 engins et techniques de pêche. “Acadja”et filet maillant sont les plus utilisés dans les zones de pêcherie situées en aval et au centre de la Vallée (Tu: 0,350à 0,502) et ont un indice de nuisance élevé (IN: 0,209 chacun) sur l’ichtyofaune. L’influence des engins ettechinques de pêches (II: 0,126 à 0,146) affecte aussi l’abondance relative des espèces de poissons (AR: 2,410 à3,723). L’impact des engins et techniques de pêche a une influence positive significative, mais localisée, surl’abondance relative des espèces (r = 0,849; R² =72,20 % ; F = 36,28 ; P = 3,12*10-5). Des études complémentairesrelatives à la pêche expérimentale sont nécessaires pour l’élaboration d’un plan de gestion durable des zones depêcheries de la basse vallée de L’Ouémé.

Mots Clés : Engins et techniques de pêche, Indices de nuisance, chtyofaune, Basse Vallée de l’Ouémé, abondancerelative

ABSTRACT

The fishing areas in the lower Valley of Ouémé (BVO) in Benin are subject to huge fishing pressure. Fishing gearsand techniques used in this valley could be influencing fish populations. The objective of this study was toanalyse the influence of fishing gears and techniques on fish population to provide information for sustainablemanagement of fish resources in the area. Data were collected from May 2015 to May 2016 in 16 fishing areas.The harm indexes and impacts of gears and fishing techniques, as well as the relative species’ abundance werecalculated using XLSTAT Software. Ordinary kriging technique in ArcGis 9.3 Software was used to map themeasured parameters. Results revealed eight gears and fishing techniques. “Acadja’’ and gillnet were the mostused gears in the downstream and centre of the fishing areas (Tu: 0.350 to 0.502) since they showed high harmindex (IN: 0.209 each) on the ichthyofauna. The influence of fishing techniques and tools (II: 0.126 to 0.146)influenced relative abundances (AR: 2.410 to 3.7230) of fish species. The effect of gears and fishing techniques

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had a significant but localised positive influence on the relative species’ abundance (r = 0.857; R² =72. 20 %; F =34.56; P = 3.12*10-5). Further studies are needed to develop a plan for sustainable management of the fisheriesin the lower Valley of Ouémé.

Key Words: Fishing gears and techniques, harm index, ichthyofauna, Oueme valley, relative abundance

INTRODUCTION

Le Bénin est un pays à vocationessentiellement agricole, où l’agriculture,l’élevage et la pêche représentent 49% del’activité économique (MAEP, 2009). Laquantité de poissons fournie représente environ28,5% de la consommation des protéinesanimales dans le pays (FAO, 2006) etcorrespond à la majeure partie des protéinesd’origine animale des populations tout en leurgarantissant une source importante de revenue.La Basse Vallée de l’Ouémé (BVO), partieinférieure du fleuve Ouémé (510 Km) joue unrôle important dans le chapelet de plans etcours d’eau qui alimentent cette économiedans le pays.Elle regorge en effet d’importantsécosystèmes favorables à un peuplement deplus de 87 espèces (Lalèyè et al., 2004;Chikou, 2006), pour 122 espèces recenséessur l’ensemble du fleuve selon les mêmesauteurs. Plus de 7816 acteurs de pêche et18931 pirogues (Direction des Pêches, 2008)ont été dénombrés dans la BVO qui connaitpar ailleurs une importante croissancedémographique (INSAE, 2013). 

Mais depuis quelques années, les besoinsdes populations en ressources halieutiques ontaccrus alors que les prises ont chuté de 15%(MAEP, 2009). Ce qui serait dû à une baissedes rendements de pêche. Le rendement desprincipaux engins de pêche en effet est enbaisse : 2,2 kg de poissons par jour de pêchepour le filet maillant, 3,5 kg pour le filet dobahet 1,4 kg pour le filet épervier contrerespectivement 5,2 4,3 et 1,6 kg obtenus aucours des années 1968-69 (Lalèyè et al.,

2007). La baisse de rendement peut être aussiattribuée à la dégradation des conditionsenvironnementales des écosystèmes aquatiques

présents dans ce secteur (Attingli et al., 2016;Zinsou et al., 2016).

Pour faire face aux changements globauxqui affectent les écosystèmes aquatiques, desprogrès considérables sont enregistrés àl’échelle mondiale dans les techniques derepérage, de captures et de conditionnementdes ressources halieutiques (Murawski, 2000).Mais des progrès qui constituent en mêmetemps un facteur de surexploitation des plansd’eau.

l’histoire récente de la pêche fait état desniveaux d’exploitation particulièrement élevéeet d’exemples spectaculaires de surexploitationdes stocks (Balirwa et al., 2003; Kantoussan,2007). 30% des stocks de poissons mondiauxsont surexploités, 57% sont exploités à la limitesupérieure de leur productivité et seulement13% ne sont pas pleinement exploités (FAO,2011). Or, la surexploitation peut conduire àune réduction de la biodiversité, ou danscertains cas, à l’extinction d’espèces ou degroupes d’espèces (Kantoussan, 2007). Denos jours, la plupart des zones de pêchesubissent une très forte pression de pêche etde nombreuses espèces cibles sontsurexploitées (Worn et al., 2006). Dans ledelta central du Niger, Laë (1992) a relevé uneintensité de la surexploitation des pêcheries.

Eu égard à la prépondérance de l’outillageencore à l’étape artisanale dans l’exploitationdes plans et cours d’eaux au Bénin et enAfrique, la documentation de l’impact desengins et techniques de pêche sur l’ichtyofauneest une approche qui pourrait contribuer à lagestion efficiente et durable des écosystèmesaquatiques. Ce qui justifie la présente étudequi fournit des informations sur le degré denuisance des engins et techniques de pêchesur l’ichtyofaune de la BVO ainsi que leur

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Impact de l’outillage de pêche sur l’ichtyofaune dans la BVO 49

influence sur la distribution des espèces dansle milieu.

MÉTHODOLOGIE

Milieu d’étude. La Basse Vallée de l’Ouémé(BVO) est située dans la partie inférieure dufleuve Ouémé (plus grand bassin fluvial duBénin). Elle est constituée du moyen et du basdelta de l’Ouémé (Chikou, 2006) et regroupe4 Communes (Bonou, Adjohoun, Dangbo etAguégués). La BVO s’ étend entre 6°24’ -6°52’ de latitude Nord et 2°24’ - 2°38’ delongitude Estet couvre plus de 9000 Km2. Sonrégime hydrologique est intimement lié à celuidu fleuve Ouémé qui, est lui-même tributairedu climat soudanien (Nord-Bénin). La périodede basses eaux est de 8 mois (novembre à juin)tandis que celle des hautes eaux s’étale sur 4mois (juillet à octobre). Elle communique enplusieurs endroitsavec le complexe lagunairelac Nokoué lagune de Porto-Novo dans sapartie sud (Balarin, 1984; Chikou, 2006). Avecses vastes plaines d’inondation, la BVO favoriseune importante colonisation par les poissons(Lalèyè et al., 2007). La pêche est une activitéséculaire effectuée par les populationsautochtones (Toffin, Wémé et Goun) le longdu fleuve dans tout le secteur d’étude. Cetteactivité reste artisanale avec l’utilisation dedivers engins et techniques de pêche (Sohouet al., 2009)

Echantillonnage des zones de pêcheries.Les zones de pêcherie – portions de fleuveintensément et habituellement exploitées par lespopulations pour la pêche – ont été choisiesen se basant sur leur proximité aveclesagglomérations des pêcheurs,leur accessibilitéet l’existence d’un débarcadère d’au moins 10pirogues,preuve de l’effectivité de l’activité depêche. De ces critères, 16 zones depêcheriesont été identifiée (Fig. 1). Dans lesouci d’avoir une emprunte spatialed’échantillonnage représentative et de ne pasempiéter sur les limites des localités, uneparcelle de collecte de 500 m de rayon a été

prospectée par zone de pêcherie pour servirde lieux de collecte des données utilisées dansla présente étude.

Collecte de données. Les données de pêcheont été collectées pendant une période de 13mois (mai 2015 - mai 2016) dans les 16 zonesde pêcheries identifiées. La période de collectea été subdivisée en période de hautes et debasses eaux pour constituer deux blocs danslesquels les mois de collecte constituent lestraitements. Au niveau de chacune de ceszones, deux (2) jours de collecte ont été choisisde façon aléatoire pour chaque traitement. Pourrendre le choix de ces jours stochastique, deuxurnes ont été constituées. La 1ère urne contientles initiaux des zones de pêcherie et la 2ème

urne renferme les jours d’observation noté. Untirage aléatoire sans remise a été opéré danschaque urne afin d’associer à chaque zone tiréeles deux jours indépendants de prospection.Le processus est répété chaque mois afin detenir compte de la variabilité spatio-temporelledes variables à mesurer.

Ces donnéesde pêche collectées sontrelatives aux engins et techniques de pêche et,aux espèces de poissons capturées par lespêcheurs. Par jours, tous les types d’enginset techniques de pêche utilisés et leurscaractéristiques sont renseignés sur une fichede collecte pour chaque zone de pêcherie. Lenombre de pêcheurs exploitant chaque typed’engins et techniques est également noté. Ceprocédé a permis d’identifier huit (8) enginset techniques de pêche et 180 pêcheurs aucours de la période d’étude.Concernant lesespèces de poissons, les individus présentsdans les captures (1918 poissons appartenantà 57 espèces) ont été identifiés (cléd’identification de Paugy et al. (2004),comptés, pesés et mesurés tout au long de ladurée de la collecte. Chacun de ces spécimensa été disséqué de l’anus vers la mâchoireinférieure à l’aide d’une paire de ciseaux et lesgonades ont été microscopiquement examinées(Ahouansou Montcho et al., 2016). Cesdifférentes manipulations ont permis d’obtenir

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Figure 1. Localisation des zones de pêcheries prospectées dans la BVO.

2 O25'0''E 2 O30'0''E 2 O35'0''E

6

O30

'0''N

6 O

40'0

''N

6

O50

'0''N

2 O25'0''E 2 O30'0''E 2 O35'0''E 2 O0'0''E 4 O0'0''E

6

O30

'0''N

6 O40

'0''N

6 O50

'0''N

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: (i) la longueur totale à l’aide d’un ichtyomètregradué, (ii) le stade de maturité (Brown-Peterson et al., 2011) et (iii) la présence etl’abondance des espèces par zone de pêcherieet par commune.

Traitement et analyse des données

Taux d’utilisation des engin set techniquesde pêche dans la basse vallée de l’Ouémé.Le taux d’utilisation (T

u) d’un engin ou

technique de pêche exprime le taux moyen deréponse relative àl’utilisationd’un engin outechnique par les pêcheurs sur l’ensemble deszones de pêcherie prospectées durant toute lapériode de l’étude. Il a été déterminé pourchaque engin ou technique de pêche à partirde la formule déduite des données d’enquête :

∑=

=

k

i

ieeu

n

n

kT

1

)()(

1

)(ien : nombre de pêcheurs de la zone de

pêcherie (i) ayant utilisé l’engin ou la techniquede pêche (e) au cours de la période d’étude ;n: nombre total de pêcheurs ayant utilisé l’enginou la technique de pêche (e) sur l’ensembledes zones de pêcherie; k: nombre total de zonesde pêcherie prospectées.

Les taux calculés ont subi unetransformation racine carrée puis comparésentre engins à partir d’une analyse de varianceà un facteur. Une structuration de ces taux aensuite été opérée afin de regrouper les enginsou techniques de pêche au seuil de 5 %. Pource faire, le test de structuration de Scheffe(1959) a été utilisé. Le logiciel SPSS 21.0 aété mis à contribution dans l’analyse desdonnées.

Détermination de l’indice de nuisance desengins et techniques de pêche dans la bassevallée de l’Ouémé. L’indice de nuisance (IN)exprime la capacité d’un engin ou d’unetechnique de pêche à impacter efficacementles peuplements de poissons dans le milieu.

Cet indice estune combinaison linéaire desvaleurs de présence des individus desdifférentes captures par stades dedéveloppement (S

e), par classes de longueur

totale (Le) et par engins et techniques de pêche

utilisés (Re). L’indice de nuisance a été

déterminé pour les différents engins ettechniques de pêche identifiés sur l’ensembledu secteur d’étude et classés par forcecroissante de nuisance.

Les cinq (5) étapes suivantes ont éténécessaires pour calculer l’indice de nuisancedes engins et techniques de pêche sur le stockdisponible.

Etape 0. Détermination des classes delongueur totale des espèces. Pourdéterminer les classes de longueur totale àutiliser, on s’est basé sur les longueursauxquelles 25, 50 et 75 % les poissons ontété capturés. La courbe sigmoïde a été utiliséepour la détermination de ces différenteslongueurs. Ainsi, la taille de la première capturea été assimilée à la longueur totale (L50c) àlaquelle 50 % des poissons seraient capturéspar un engin ou technique de pêche (Plisnier,1990; Ahouansou Montcho et al., 2016). Enportant sur un graphique la proportion despoissons capturés en fonction de leur longueurtotale on a obtenu la courbe sigmoïde de laFigure 2. L’équation de cette courbe seprésente comme suit :

)1( )*43,0022,5(

)*43,0022,5(

Lt

Lt

e

ep

+−

+−

+=

p : pourcentages cumulés de poissonscapturés ; Lt : longueur totale en cm.

Les longueurs aux quelles 25 % (Q1), 50 %

(Q2) et 75 % (Q

3) des poisons sont mature

ont été respectivement de 9,15, 10,75 et 12,63cm. Ces longueurs ont été déduites de lacourbe après une linéarisation (Dagnelie, 1973)et une transformation logarithmique de

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)(esf : présence des espèces capturées par

l’engin ou technique de pêche (e) ; )(esn :

nombre des s stades de maturitéauxquels lesindividusont été capturées par l’engin oulatechnique de pêches (e); n: nombre total destades de maturité identifiés ; k: nombred’engins et techniques de pêche sélectionnés.

Etape 2. Détermination de la Le. La

Leexprimela valeur de présence des espèces

capturéesen fonction des classes de longueurtotale par engins ou technique de pêche surl’ensemble du secteur d’étude. Elle a étédéterminée à partir de la formule :

l’équation de la courbe sigmoïde (AhouansouMontcho et al., 2016) aboutissant à :

Les valeurs minimale (4,2 cm) et maximale(33,5 cm) de l’échantillon constitué par leslongueurs mesurées ont été associées auxlongueurs précédemment calculées pourconstruire une échelle d’appréciation de cesdernières. Ainsi, on admet que les poissons depetite taille ont une longueur variant de 4,2 et9,15 cm, ceux de taille moyenne ont unelongueur oscillant entre 9,15 et 12,63 cm tandisque les poissons de grande taille ont unelongueur comprise entre 12,63 et 33,5 cm.

Etape 1. Détermination de la Se. La S

e

exprime la valeur de présence des espècescapturées en fonction des stades de maturité(Tableau 2) au niveau de chaque engin outechnique de pêche sur l’ensemble du secteurd’étude. Elle a été calculée à partir de laformule:

)210,2;998,0%;76,92²( 16−<== prR

*43,0022,5)1(

+−=

−Lt

p

pLn

f

fS

k

e

es

ese

1

)(

)(=

∑=

n

nf

eses

)()( =avec

Figure 2. Courbe sigmoïde d’évolution des individus capturés en fonction de la longueur totale.

De

pois

sons

cap

turé

s (

%)

Longueur totale (cm)

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Impact de l’outillage de pêche sur l’ichtyofaune dans la BVO 53

TABLEAU 1. Echelle de maturité des gonades de poissons

Stades Femelles Mâles

I Ovaires non différenciés avec des filaments Testicules non différenciés avec des filamentsblanchâtres à peine transparents blanchâtres à peine transparents

II Ovaires différenciés, ovocytes très petits Testicules déjà développés mais pas de sperme visiblemais non libres après incision

III Ovaires non différenciés, ovocytes gros et Sperme visible après incision des testicules mais nonplus ou moins libres mais non expulsables par expulsables par pression manuelle sur l’abdomenpression manuelle sur l’abdomen

IV Ovules expulsables à la pression manuelle Sperme expulsable à la pression manuelle

V Ovaires vides, à l’état du stade II Testicules vides, à l’état du stade II

Source: Brown-Peterson et al. (2011)

f1 (e)

: présence des espèces capturées parl’engin ou la technique (e) ; ω

1(e): nombre des

l classes de longueur totale auxquelles lesespèces ont été capturées par l’engins ou latechnique de pêches (e); w: nombre total declasses de longueur totale identifiées ; k:nombre d’engins et techniques de pêchesélectionnés.

Etape 3. Détermination de la Re. La R

e

exprime la valeur relative du nombred’espècecapturée par engin et technique de pêche surl’ensemble du secteur d’étude. Elle a étédéterminée à partir de la formule :

fr (e)

: présence relative des espèces capturéspar l’engin ou technique de pêches (e) ; θ

r (e):

nombre des r individus capturés par l’enginou la technique de pêche(e); è: nombred’individusidentifiés sur l’ensemble du secteurd’étude; k: nombre d’engins et techniques depêche sélectionnés.

Etape 4. Détermination de l’indice denuisance (IN). Le IN est l’importance relative

de la composition des captures par engins ettechniques de pêches utilisés dans le secteurd’étude. Cet indice a été calculé pour chaqueengin ou technique de pêche et a pour formule:

IN = 1 (Se+L

e+R

e )

3

L’indice varie entre 0 et 1. La force de nuisanced’un engin ou technique de pêche sur le stockdisponible est faible lorsque l’indice tend vers0. Mais, cette force est élevée lorsque l’indicetend vers 1.

Pour apprécier les niveaux de nuisance desengins et techniques de pêche, les valeurs del’indice de nuisance obtenues ont ététriées parordre croissant et découpées par la méthodedes quartiles. A l’issus de cette analyse, uneéchelle d’appréciation a été créée :

Faible , Moyenne et

Forte ( . Avec : 1er et 3ème

quartile de la série considérée, : la plus

petite valeur de l’indice de nuisance et :

la plus grande valeur de l’indice de nuisancede la série.

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A.H

. AT

TIN

GL

I et al.

54TABLEAU 2. Engins et techniques de pêche fréquemment utilisés dans le secteur d’étude

Engin et techniques de pêche Caractéristiques

Ligne« alonouhou » Canne à pêche muni d’un hameçon appâté. Il est surtout exploité par les enfants et les femmes sur les berges

Nasse Pièges fabriqués avec des nervures de palmes ou de bambou fendues, disposé le longd’une palissade en branche de palme pour capturerles poissons.La charpente est entourée de filet en nylon multifilament de 1,2 cm de maille nœud à nœud dans lequel sont pratiquélatéralement 2 à 4 ouvertures

Barils « Gbadja » Baril de a75 cm de long, percé d’un trou (rayon 15 cm) recouvert d’un grillage (maille 50 mm) appâté d’unChrysichthys. Le son émispar leChrysichthys depuis le baril attire d’autres qui se font piéger à leur tour. A l’aide d’une corde(5 à 8m) préalablement fixée à unpiquet qui retient le baril, deux pêcheurs peuvent remonter 3 jours après le « Gbadja » pour en extraire le contenu

Palangre Ligne principale de 80 cm environ à laquelle est attachée des avançons.Les lignes sont faites d’un fil principale le long duquel sontattachés à des écartements presque régulier de nombreux avançons terminés par des hameçons appâtées

Epuisette géante « Dobah » Le « Dobah » est une grande épuisette montée sur un cadre de bois en cercle attaché à un long manche. Il estmuni de filet de petitesmailles (5à8mm entre les nœuds) et/oude grandes mailles (20 à 30 mm entre les nœuds)

Filet épervier Les éperviers sont des engins de formes coniques évasées. Au sommet du cône est attachée une corde (5à10m). Ils sont montéssurplace en fil nylon multi-filament. Les mailles sont très petites (10 et 30mm).Mais,on en rencontre aussi de grandes mailles (15-25mm à Houando)

Filet maillant Ils sont constitués de nappe de forme rectangulaire.Seuls les ralingues inférieures sont munies de plomb, ou de bourrelets d’argile cuits.Les mailles sont variables (5 et 30 mm) et s’étalent sur 35 à 40 m de long avec une hauteur de chute de 1 à 2m

Parcs à branchages« Acadja » Il s’agit d’un dispositif permanent fait de branchage et de végétation flottante à dominance de Pistias stratiotes, Echlornia crassipe etIpomea aquatica. Le dispositif attire les poissons et assure leur alimentation (micro-organismes)

Source : Enquête de terrain (Attingli, 2014)

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Impact de l’outillage de pêche sur l’ichtyofaune dans la BVO 55

Détermination du niveau d’impact desengins et techniques de pêche sur le stockdisponible dans la basse vallée de l’Ouémé.L’indice d’impact (II) exprime la forcepondérale des effets de nuisance des engins ettechniques de pêche sur la population desespèces de poissons dans la basse vallée del’Ouémé. Cet indice estune combinaisonlinéaire de la valeur des occurrences desespèces des différentes captures par stades dedéveloppement (IS

z), par classes de longueur

totale (ILz) et par engins et techniques de pêche

utilisés (IRz). Il a été calculépour les différentes

zones de pêche et pour lesCommunes dusecteur d’étude puis classé par niveaud’impact.

Les quatre (4) étapes suivantes ont éténécessaires pour déterminer l’indice d’impactdes engins de pêche dans la Basse Vallée del’Ouémé.

Etape 1: Détermination de l’ISz. L’IS

z

exprime l’occurrence relative des espècescapturées par les engins et techniques de pêcheutilisés dans une zone de pêcherie enfonctiondes stades de développement desespèces identifiées. Elle a été calculée à partirde la formule :

αz (i,e)

: occurrencedes espèces capturées pourle ième stade de développement par un engin outechnique de pêche (e) dans une zone depêcherie (z) ; S

z (i,e): proportion d’espèces

capturées pour le ième stade de maturité par unengin ou technique de pêche (e) dans une zonede pêcherie (z) ; n: occurrence totaled’espècescapturées sur l’ensemble des zones depêcherie ; s: nombre de stades dedéveloppement identifiés ; k: nombre d’engins

et technique de pêche utilisés dans la zone depêcherie (z).

Etape 2. Détermination de l’ILz.

L’ILzexprime l’occurrence relative des

espècescapturées par les engins et techniquesde pêcheutilisés dans une zone de pêcherie enfonction des classes de longueur totaleobtenues. Elle a été déterminée à partir de laformule :

βz (δ , e)

: occurrence des espèces capturées pourla äème classe de longueur totale par un enginou technique de pêche (e) dans une zone depêcherie (z) ; L

z (δ , e): proportion d’espèces

capturées pour laäèmeclasse de longueur totalepar un engin ou technique de pêche (e) dansune zone de pêcherie (z) ; n : occurrence totaled’espèces capturées sur l’ensemble des zonesde pêcherie ; l : nombre de classes de longueurtotale identifiées ; k : nombre d’engins ettechnique de pêche utilisés dans la zone depêcherie (z).

Etape 3. Détermination de l’IRz. L’IR

z

exprime l’occurrence relative des espèces parengins et technique de pêche sur l’ensembledes zones de pêcherie au cours de la périoded’étude. Elle a été calculée à partir de la formule:

rzj (e)

: occurence des j espèces capturées parl’engin ou la technique de pêche (e) dans lazone de pêcherie (z) ; R

z j ( e ): proportion des j

espèces capturées par l’engin ou la techniquede pêche (e) dans la zone de pêcherie (z) ; n :occurrence totale des espèces capturées surl’ensemble des zones de pêcherie ; k : nombre

Page 10: INFLUENCE DES ENGINS ET TECHNIQUES DE PECHE SUR L ...

A.H. ATTINGLI et al.56

d’engins et technique de pêche utilisés dans lazone de pêcherie (z).

Etape 4. Détermination de l’indice d’impact(II). L’II est le poids relatif de l’impact réeldes engins et techniques de pêche sur lapopulation des espèces dans les zones depêcherie sur l’ensemble du secteur d’étude.L’indice d’impact a été calculé par la formule:

IIz = 1 (IS

z+IL

z+IR

Z )

λ

 : nombre de paramètres présents dans la

formule. Il est égal à 3 dans la présenteformule.

Pour connaître la valeur de l’indiced’impact des engins et techniques de pêchedans les Communes de la BVO, la formule ci-après a été définie :

ð : nombre de zones de pêcherie présentes dansune Commune c.

L’indice d’impact des engins et techniquesde pêche varie entre 0 et 1. L’impact des enginset techniques de pêche sur le stock disponibleest faible lorsque l’indice tend vers 0. Il estélevé dans le secteur considéré lorsque savaleur tend vers 1.

Pour définir les niveaux d’impact desengins et techniques de pêche, les valeurs del’indice d’impact obtenues ont ététriées parordre croissant et découpées par la méthodedes quartiles. A l’issus de cette analyse, uneéchelle d’appréciation a été créée :

Faible , Moyenne et Forte (. Avec:

1er et 3ème quartile de la série considérée, : laplus petite valeur de l’indice d’impact et : laplus grande valeur du même indice.

Afin d’avoir une cartographie del’impactdes engins et techniques de pêche dans lesecteur d’étude, une spatialisation des valeurs

d’impact a été faite par interpolation linéaireen utilisant l’interpolateur de distance inversepondérée (IDW: Inverse Distance Weighted).La valeur choisie pour le paramètre depuissance est 2. La résolution de la grille a étéde 50 m. L’extension spatial analyst et lemodule interpolation du logiciel ArGIS 9.3 ontété utilisés pour l’analyse.

Détermination de l’abondance relative desespèces capturées dans la basse vallée del’Ouémé. L’abondance relative des espècescapturées (AR) exprime l’intégration desabondances des espèces par captures et parmoissur l’ensemble des zones de pêcheriesaucours de la période d’étude.

Les trois (3) étapes suivantes ont éténécessaires pour calculer l’abondance relativedes espèces capturées par zone de pêcherie etpar Commune de la Basse Vallée de l’Ouémé.

Etape 1. Détermination de l’abondancespécifique par capture (AC

j). L’AC exprime

le nombre moyen d’individus d’une espècequelconque par capture. Elle est déterminée àpartir de la formule:

Aj (i)

: nombre total d’individus de l’espèce j auième capture ; : nombre total de captures.

Etape 2. Détermination de l’abondancespécifique mensuelle (AM

m). L’AM exprime

l’abondance mensuelle d’une espècequelconque sur l’ensemble du secteur d’étude.Elle est déterminée à partir de la formule:

τ: nombre total espèce capturée dans le même

mois de prospection.

IIc = 1 Σ II

z

π

π

z=1

ACj = 1 Σ A

j (i)

γ

γ

i =1

AM m = 1 Σ AC

(j)

τ

τ

j =1

Page 11: INFLUENCE DES ENGINS ET TECHNIQUES DE PECHE SUR L ...

Impact de l’outillage de pêche sur l’ichtyofaune dans la BVO 57

Etape 3. Détermination de l’abondancerelative (AR). L’abondance relative desespèces capturées par zone de pêcherie (AR

z)

a été déterminée par la formule :

ϑ : nombre total de mois de collecte.

L’abondance relative des espèces capturéespar commune (AR

c) a été déterminée par la

formule:

p : nombre de zones de pêcherie présentes dansune commune c.

Afin de classer les zones de pêcheries etles Communesdu secteur d’étude suivant lesabondances relatives des espèces capturées,les valeurs d’abondance relative obtenues ontété triées par ordre croissant et découpées parla méthode des quartiles. A l’issus de cetteanalyse, une échelle d’appréciation a été créée: Faible, Moyenne et Forte (. Avec : 1er et 3ème

quartile de la série considérée, : la plus petitevaleur d’abondance relative et : la plus grandevaleur l’abondance relative de la série.

Une cartographie de l’abondance relativedes espèces capturées dans la BVO a été faitepar interpolation linéaire en utilisantl’interpolateur de distance inverse pondérée(IDW : Inverse Distance Weighted). La valeurchoisie pour le paramètre de puissance est 2.La résolution de la grille a été de 50 m.L’extension spatial analyst et le moduleinterpolation du logiciel ArGIS 9.3 ont étéutilisés pour l’analyse.

Relation impact des engins et techniquesde pêches et abondance relative des espècesdans la Basse Vallée de l’Ouémé. L’analysede la relation entre l’abondance relative etl’impact des engins et techniques de pêche a

été faite grâce au coefficient de corrélation dePearson puis testée au seuil de 5 %. Lorsquela valeur du coefficient est forte etsignificative, une analyse de régression linéairesimple a été opérée pour essayer de prédirel’abondance relative (variable à expliquer) àpartir des valeurs de l’indice d’impact desengins et technique de pêche (variableexplicative). Le modèle de régression utiliséest de la forme:

In (AR) = a+b* In (II) + ε

a : ordonnée à l’origine ; b : pente ; AR :abondance relative ; II : valeur de l’indiced’impact ; å : erreur

La significativité global du modèle et celledes coefficients de régression ont étérespectivement testées à partir d’une analysede variance à un facteur fixe (abondancerelative) et le test t de Student au seuil de 5 %.Les conditions de normalité, d’homogénéité,d’indépendance et de conformité des résidusde régression ont été également testées au seuilde 5 %. L’erreur standard résiduelle (ESR)ainsi que le facteur correctif (FC) relatif à latransformation logarithmique ont été calculés.Le facteur de correction a pour formule :

FC = Exp ( ESR 2 / 2)

Le logiciel R 3.3.1a été utilisé pour lesdifférentes analyses.

RÉSULTATS

Description des engins et techniques depêche dans la Basse Vallée de l’Ouémé. Leshuit (8) engins et techniques de pêchefréquemment utilisés dans la basse vallée del’Ouémé sont : lignes « alonouhou »,palangres, filets maillants, épuisettes géantes« Dobah », filets éperviers, nasses, parcs àpoisson « acadja » et barils « Gbadja » (Tableau2).

AR z = 1 Σ AM

(m)

ϑ

ϑ

m =1

AR c = 1 Σ AR

z

ρ

ρ

z =1

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A.H. ATTINGLI et al.58

Taux d’utilisation des engins et techniquesde pêche dans la Basse Vallée de l’Ouémé.La Figure 3 présente les taux d’utilisation desengins et techniques de pêche dans la BasseVallée de l’Ouémé.

L’analyse de cette figure montre que dansl’ensemble, le taux moyen d’utilisation desengins et technique de pêche dans la basseVallée de l’Ouémé varie de 0,009 (± 0,003) à0,502 (± 0,215). Ce taux est significativementdifférent entre engins et techniques de pêchesur l’ensemble des zones de pêcherie et leurpériphérie au seuil de 5 % (F = 29,88 ; ddl =

7 ; P = 0,000). Les engins et techniques lesplus utilisés sont les parcs à branchage« Acadja » et les Filets maillants suivis desbarils « Gbadja » et les Nasses. Les épuisettesgéantes « Dobah », Filets éperviers etPalangres ne sont que moyennement utiliséstandis que l’utilisation des Lignes a été rarementobservée dans le secteur d’étude.

Indice de nuisance des engins et techniquesde pêche (IN). Le Tableau 3 présente l’indicede nuisance des 8 engins et techniques depêche recensés dans la Basse Vallée de

Les barres accompagnées de la même lettre présentent des taux moyens qui ne sont pas significative au seuil de5 % (test de structuration de Scheffe au seuil de 5 %)

Figure 3. Taux d’utilisation des engins et techniques de pêche dans la Basse Vallée de l’Ouémé.

TABLEAU 3. Indice de nuisance (IN) des engins et techniques de pêchedans le secteur d’étude

Engins et techniques de pêche IN Echelle d’appréciation

Ligne 0,052 Faible« Gbadja » 0,076

Palangre 0,099 Moyenne« Dobah » 0,115Epervier 0,117Nasse 0,122

« Acadja » 0,209 ForteFilet maillant 0,209

Page 13: INFLUENCE DES ENGINS ET TECHNIQUES DE PECHE SUR L ...

Impact de l’outillage de pêche sur l’ichtyofaune dans la BVO 59

l’Ouémé.De l’analyse du Tableau 3, il ressortque l’indice de nuisance varie d’un engin outechnique de pêche à l’autre. Les engins telsque leslignes et ‘‘Gbadja’’ présentent les faiblesniveaux de nuisances sur le stock (0,052< IN< 0,099)comparativement auxPalangre,‘‘Dobah’’, Epervieret Nasses dont l’indice denuisance est moyen (0,099< IN < 0,209). Lesparcs à branchage ‘‘Acadja’’ et les filetsmaillants sont les engins et techniques de pêcheles plus nuisible au stock dans la BVO (IN >0,209).

Impact des engins et techniques de pêchesur le stock disponible dans la Basse Valléede l’Ouémé

Occurrence des espèces capturées parstades de maturité. La Figure 4 présentel’occurrence relative des espèces capturées parengins et techniques de pêche et par stades dematuritédans la BVO. L’analyse de cette figurerévèle que chaque engin ou technique de pêchecapture, dans des proportions variables, desespèces d’au moins deux stades de maturitédifférents. Dans le sens décroissant du nombrede stade impactés, on note que les « Acadja »,

Filets maillants, Eperviers et les Nassesprennent les espèces de tous les cinq (5) stadesde maturité(I, II, III, IV et V) identifiés tandisque les « Dobah » et Palangres ne capturentque des espèces de quatre (4) stades dematurité (I, II, III et IV) et, les Gbadja etLignes respectivement les espèces de trois(3) stades de maturité (I, II, III) et de deux(2) stades de maturité (I, II). Les espèces desquatre (4) premiers stades de maturité sontplus prépondérantes dans tous les engins ettechniques dans lesquels elles ont été prises.Les espèces de stade V ne sont majoritairementcapturées que par les Filets éperviers et lesNasses.

Occurrence des espèces par classes delongueur totale. La Figure 5illustrel’occurrence relative des espècescapturées par engins et techniques de pêchepar classes de longueur totale dans la BVO.Chaque engin ou technique de pêche capturedes espèces d’au moins deux (2) classes delongueurs totales. La proportion des espècesvarie significativement par classe de longueurtotale au sein de chaque engin ou technique depêche. Les « Acadja », Filets maillants, Filets

Figure 4. Occurrence relative des espèces capturées par engins et techniques de pêche par stades de maturitédans la BVO.

Occ

uren

ce re

lati

ve

Engins et techniques de pêche

Page 14: INFLUENCE DES ENGINS ET TECHNIQUES DE PECHE SUR L ...

A.H. ATTINGLI et al.60

éperviers, « Dobah », « Gbadja », Nasses etPalangres capturent les espèces des troisclasses de longueur totale alors que les Lignesn’en prennent que celles des deux dernièresclasses de longueur totale. Les espèces desdeux premières classes de longueur totale sontprépondérantes dans les captures de tous lesengins et technique de pêche.

Occurrence des espèces par engins ettechniques de pêche. La Figure 6 présentela richesse spécifique relative des captures parengins et techniques de pêche dans la BVO.Elle montre que la richesse spécifiquerelativedes captures varie suivant les engins ettechniques de pêches. Les Filets maillants et« Acadja » présentent les richesses spécifiques

Figure 6. Occurrencerelative des espèces par engins et techniques de pêche dans la BVO.

Figure 5. Occurrence relative des espèces capturées par engins et techniques de pêche par classes de longueurtotale dans la BVO.

Ocu

rren

ce re

lativ

e

Engins et techniques de pêche

Page 15: INFLUENCE DES ENGINS ET TECHNIQUES DE PECHE SUR L ...

Impact de l’outillage de pêche sur l’ichtyofaune dans la BVO 61

les plus élevées. Les autres engins et techniquesde pêche ne sont caractérisés que par de faiblesrichesses spécifiques.

Indice d’impact des engins et techniquesde pêche sur le stock disponible dans laBVO. De l’analyse du Tableau 4, il ressortqu’il existe globalement un gradient croissantd’impact des engins et techniques de pêchede l’amont vers l’aval de la BVO. Ce qui permetde grouper les zones de pêcherie en trois blocs.Le premier bloc est majoritairement composédes zones de pêcherie situées en amont dusecteur d’étude dans la Commune de Bonouet de Adjohoun (Dogbahè, Ahouansomé,Kodé-agué et Gouti). Ces zones sont caractériséespar de faible emprise des engins et techniquesde pêche (0,007 < II < 0,015). Le deuxièmebloc est celui des zones de pêcherie danslesquelles l’emprise des engins et techniquesde pêche est moyenne sur le stock disponible(0,015<II< 0,1). Il s’agit des zones de pêcheriede Wébossou,Affamè, Damewogon etd’Atchonsa (en amont), les zones de pêcheriede Gangban, Kessounou et Kodonou (aucentre) et celle de Houédomey (en aval).

Comparées aux zones des deux premiers blocs,les zones de pêcherie du bloc 3 sont cellessituées en aval du secteur d’étude dans laCommune des Aguégués (Avakpodji,Donoukpa et Zoungamey) et singulièrementcelle d’Agonlin-lowé dans la Commune deAdjohoun au centre de la BVO. Ces zones depêcherie sont caractérisées par une forteemprise des engins et techniques de pêche surles stocks de poissons (0,1 < II < 0,146).

Du Tableau 5, il ressort que les Communesde Bonou et des Aguégués sontsignificativement opposées en termes d’impactdes engins et techniques de pêche sur le stockdisponible. Les faibles valeurs des coefficientsde variation pour les indices des Aguégués etDangbo révèlent une certaine uniformitéspatiale de l’impact dans les pêcheries de cesCommunes comparativement aux autresCommunes où une très grande variation estobservée (Fig. 7).

Abondance relative des espèces par capturedans la BVO. L’analyse du Tableau 6 révèlel’existence un gradient croissant d’abondancerelative des espèces capturées de l’amont vers

TABLEAU 4. Indice d’impact (II) des engins de pêche sur le stock disponiblepar zone de pêcherie

Zones de pêcherie II Echelle d’appréciation

Kodé-agué 0,007 FaibleGouti 0,009Dogbahè 0,013Ahouansomè 0,015

Wébossou 0,016 MoyenAffamè 0,016Kessounou 0,038Damewogon 0,042Gangban 0,061Atchonsa 0,067Kodonou 0,072Houédomey 0,100

Agonli-lowé 0,126 FortAvakpodji 0,134Donoukpa 0,136Zoungamey 0,146

Page 16: INFLUENCE DES ENGINS ET TECHNIQUES DE PECHE SUR L ...

A.H. ATTINGLI et al.62

et Donoukpa) dont les abondances relativesen espèces sont moyennes du point de vuecaptures (1,072< AR <2,387). Le derniergroupe est constitué des zones de pêcheriesoù l’on enregistre les fortes abondancesrelatives des espèces par captures (2,372< AR< 3,723). Ces zones de pêcheries sont situéesen aval de la BVO dans les Communes desAguégués (Avakpodji, Zoungamey etHouédomey) et d’Adjohoun (Agonlin-lowé).

De l’analyse du Tableau 7, il ressort unedistribution globalement croissante del’abondance relative des captures de l’amont(Commune de Bonou) vers l’avales(Communes des Aguégués). Cependant, uneinflexion est notée dans la Commune deDangbo. Par ailleurs, les faibles variations del’abondance relative entre les zones de pêcheriedes Communes de Dangbo, Aguégués et Bonourévèlent son uniformité spatiale dans cesCommunes comparativement à la Communed’Adjohoun où une très grande variation estobservée entre zones de pêcherie (Fig. 8).

Relation engins et techniques de pêches etabondance relative des espèces dans laBVO. Les résultats de l’analyse de corrélationrévèle une relation positive forte hautementsignificative entre l’abondance relative (AR)etla valeur de l’indice d’impact (II) des enginset techniques de pêche (Tableau 8) au seuil de5 % (r = 0,849 ; P = 3,12*10-5). La validationdu modèle par le test d’analyse de variance arévélé que le modèle obtenu est globalement

TABLEAU 6. Abondance relative des espèces parzone de pêcherie dans le secteur d’étude

Zone de pêcherie AR Echelle d’appréciation

Gouti 0,590 FaibleKodé-ague 0,824Affanmè 0,977Dogbahè 1,072

Kessounou 1,212 MoyenneKodonou 1,295Atchonsa 1,324Ahouansonmè 1,541Wébossou 1,553Damewogon 1,673Gangban 2,321Donoukpa 2,387

Avakpodji 2,482 FortZoungamey 2,867Houédomey 2,888Agonli-Lowé 3,723

TABLEAU 5. Indice d’impact (II) des engins et techniques de pêche sur le stock disponible parCommune dansla BVO

Commune II Echelle d’appréciation

m Cv (%)

Bonou 0,028 77,08 FaibleAdjohoun 0,051 110,74 MoyenneDangbo 0,055 43,86Aguégués 0,129 15,57 Forte

m : Moyenne arithmétique ; cv : coefficient de variation en pourcentage

l’aval de la BVO. Ainsi, trois groupes de zonesde pêcherie peuvent être identifiées. Le premiergroupe est celui des zones de pêcherie ayantune faible abondance relative en espèces (0,590< AR <1,072). Il est principalement constituédes zones de pêcheries situées en amont dusecteur d’étude telles que Affanmè et Dogbahé(Commune de Bonou) et, Kodé-agué et Gouti(Commune d’Adjohoun). Quant au deuxièmegroupe, il renferme les zones de pêcheries(Atchonsa, Ahouansonmè, Wébossou,Damewogon Kodonou, Kessounou, Gangban

Page 17: INFLUENCE DES ENGINS ET TECHNIQUES DE PECHE SUR L ...

Impact de l’outillage de pêche sur l’ichtyofaune dans la BVO 63

0.148 à 0.100 : secteurs à fort impact des engins et techniques de pêche. 0.090 à 0.056 : secteurs à impact moyendes engins et techniques de pêche. 0.060 à 0.007 : secteurs à faible impact des engins et techniques de pêche

Figure 7. Spatialisation de l’impact des engins de pêche dans la BVO.

6

O30

'0''N

6

O40

'0''N

6 O

50'0

''N

2 O25'0''E 2 O30'0''E 2 O35'0''E

2 O25'0''E 2 O30'0''E 2 O35'0''E 2 O0'0''E 4 O0'0''E

6

O30

'0''N

6

O40

'0''N

6 O

50'0

''N

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A.H. ATTINGLI et al.64

TABLEAU 7. Abondance relative des espèces capturées par Commune dans la Basse Vallée de l’Ouémé

Commune AR Echelle d’appréciation

m Cv (%)

Dangbo 1,253 4,71 FaibleBonou 1,357 20,83 MoyenneAdjohoun 1,864 78,15 FortAguégués 2,656 9,75

m : Moyenne ; cv : Coefficient de variation en pourcentage

TABLEAU 9. Caractéristiques et test de significativité des coefficients de régression

Coefficients estimés Caractéristiques Test t de Student

Valeur SE IC (95%) t p

â 1,780 0,228 1,290-2,271 7,786 1,87*10-6

0,409 0,067 0,263-0,554 6,024 3,13*10-5

â : valeur estimée de l’ordonnée à l’origine ; : valeur estimée de la pente ; SE : erreur standard ; IC : intervalle

de confiance ; t : statitique de Student ; p : probalilité

TABLEAU 8. Corrélation entre abondance relative des espèces et différents facteurs du milieu

Variables Abondance relative

r p

Facteur d’anthropisation du milieu

II 0,849 < 0,0001

significatif au seuil de 5 % (F = 36,28 ; P=3,12*10-5). Le modèle obtenu est très robusteen ce sens que toutes les conditions liées auxrésidus de régression ont étéconfirmées(Tableau 9). Ainsi, le test surl’indépendance des résidus donne unestatistique de Durbin-Watson comprise entre1,5 et 3 (DW = 2,81 ; P = 0,963). Ces résidussont normalement distribués (statistique deShapiro-Wilk : W = 0,943 ; P = 0,389) et

homogènes (statistique de Breush-Pagan: ² =

0,027 ; P = 0,870). La moyenne des résidusde régression est statistiquement proche dezéro (m = 2,60*10-18; t = 3,87*10-17; P = 1).Par ailleurs, l’erreur standard résiduelle (ESR)du modèle est de 0,28. La variation actuelle del’abondance relative des espèces pourrait doncêtre expliquée par l’impact des engins ettechniques de pêches (Tableau 8). De ce quiprécède, l’équation de régression obtenue est:

Ln (AR) = 1,780 + 0,409 Ln (II) (R2 =

72,16%)

Page 19: INFLUENCE DES ENGINS ET TECHNIQUES DE PECHE SUR L ...

Impact de l’outillage de pêche sur l’ichtyofaune dans la BVO 65

3.723 à 1.610. : Secteurs à forte abondance relative des espèces. 1.610 à 1.500 : secteurs à abondance relativemoyenne des espèces. 1.500 à 0.590 : secteurs à faible à abondance relative des espèces

Figure 8. Spatialisation de l’abondance relative des espèces dans la BVO.

6

O30

'0''N

6

O40

'0''N

6

O50

'0''N

2 O25'0''E 2 O30'0''E 2 O35'0''E 2 O0'0''E 4 O0'0''E

6

O30

'0''N

6

O40

'0''N

6

O50

'0''N

2 O25'0''E 2 O30'0''E 2 O35'0''E

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A.H. ATTINGLI et al.66

L’analyse de l’équation montre que 72,20 %des variations actuelles de l’abondance relativedu stock disponible sont expliquées parl’impact des engins et techniques de pêchedans la BVO. Pour un impact négligeable voirefaible des engins et techniques de pêche del’ordre d’une unité dans les zones de pêcherie,il en résulte une abondance relative de 6,16unité. Ainsi, l’augmentation d’une unitésupplémentaire de la valeur d’impact desengins et technique de pêche entrainerait uneaugmentation de l’abondance relative de 0,281.On note donc un accroissement del’abondance relative du stock suite à uneintensification des activités de pêche.

DISCUSSION

Les engins et techniques de pêche enexploitation dans la BVO impactentprofondément sur le stock disponible eu égardà la composition de leur capture, leur natureet leur fréquence d’utilisation. Ainsi, les parcsà branchage « Acadja » et filets maillants quise trouvent dans un même groupe de fréquenced’utilisation sont de nature plus dense ensurface élémentaire et, sont souvent déployéssur de vastes étendues. Ce sont les techniquesqui séjournent le plus longtemps dans les zonesde pêcherie de la BVO. Le baril « Gbadja » etles Nasses de fréquence d’utilisation moinsimportante que les précédents ont un séjourrelativement court. Quant aux filets épervier,la Palangre et « Dobah », ils sont des enginsà faible fréquence d’utilisation. Les lignes, enginde pêche d’utilisation individuelle, sont desurface d’action faible et se pratiquentbeaucoup sur les berges. Les études menéespar Lalèyè et al. (2007) et Chikou (2006) vontdans le même sens. Ces auteurs ont présentéun inventaire exhaustif des engins et techniquesde pêche en exploitation dans le secteur d’étudeet les ont décrits. Parmi ceux-ci, les parcs àbranchage « Acadja » sont plus cités.L’apparition du « Gbadja », nouvel engin depêche, révèle une dynamique des pêcheursdans le mode de sophistication des engins et

techniques, orientée actuellement vers desprises aléatoires. Ceci s’expliquerait par labaisse progressive de rendement signalée parcertains auteurs depuis quelques années(Welcomme, 1971; Lalèyè et al., 2007 ;Imorou Toko, 2007 ; Chikou, 2006). Le soucid’adaptation des activités de pêche auxchangements globaux qui affectent lesécosystèmes aquatiques a conduit les pêcheursà une modification de l’ensemble de leuroutillage dont les conséquences ont été souventdésastreuses :raréfaction d’espèces de grandetaille, dégradation continue des écosystèmesaquatiques, forte concentration des dérivéesnitreuses, prolifération de jacinthe d’eau(PNUD/FAO, 2000 ; Villanueva, 2004; Salaet al., 2008).

Si le besoin d’adaptation de l’outillageartisanale de pêche au contexte de rareté desprises dans la BVO a été souvent mis enévidence la force de nuisance de ces engins ettechnique de pêche sur le l’ichtyofaune n’estpas souvent bien connue. En effet, les huit (8)engins et techniquesrecensés ont des niveauxvariables de nuisance, vue la composition deleur capture. Ces captures sont constituées enmajorité de juvéniles et des individus de stadeI, II et III qui devraient assurées lerecrutement. Or, le stade III correspond à lapériode de reproduction des espèces (Baijot et

al., 1994). Aussi sont-ils nombreux lesindividus de petites tailles que l’on y trouve.Les « Acadja » et filets maillants sont les enginset techniques de pêche dotés d’une force denuisance plus destructrice sur le stockdisponible car, ils capturent les espèces detoutes les tailles et de tous les stades de maturitécritique pour le renouvellement du stock. Cesrésultats rejoignent ceux de Chikou (2006) qui,avait déjà évoqué la capture des poissons enpériode de reproduction par les « Acadja » etfilets maillants dans la BVO.

L’auteur signale également la prépondérancedes individus de petites tailles dans les capturesdes filets maillant de mailles inférieures ouégales à 15 mm.Abondant dans le même sens,Lalèyè et al. (2007) a indiqué que les captures

Page 21: INFLUENCE DES ENGINS ET TECHNIQUES DE PECHE SUR L ...

Impact de l’outillage de pêche sur l’ichtyofaune dans la BVO 67

des filets maillants sont dominées par desespèces de poissons de petites tailles dontPetrocephalus bovei (15,5 %), Schilbe

intermedius (14,3 %) et Synodontis schall

(10,1 %). Ahouansou Montcho(2011) avait faitobserver que dans les parcs à branchages« Acadja », la taille des poissons varie entre4,8 et 23,8 cm. Quant aux « Dobah », Nasseset Filets éperviers, ils présentent une force denuisance moyenne. En effet, le « Dobah »,ne semble pas être très actif dans la capturedes espèces de petite taille comme les nasses.Le « Dobah » et la nasse ont un caractèresaisonnier d’exploitation dans le secteurd’étude. Les filets éperviers, d’utilisation faible(principalement en aval de la BVO dans laCommune des Aguégués), revêtent égalementune force de nuisance moyenne pour labiodiversité ichtyologique.

Les « Gbadja », Palangres et lignes, sontdes engins et techniques de pêche de faiblenuisance non pas parce qu’ils ne capturent pasles espèces en stade de maturité critique ou depetite taille, mais parce qu’ils ont la particularitéd’avoir une empreinte spatiale faible dans leszones de pêcheries de la BVO. De plus, leurscaptures sont de composition très peu variableet moins pondérée. Le« Gbadja » est conçuen effet, pour capturer dans la pratiqueuniquement les Chrysichthys.

Globalement sur les huit engins ettechniques, le filet épervier, la nasse, le Dobah,la palangre et la ligne peuvent être encorerecommandée pour l’exploitation de pêchedans la BVO. Mais le Gbadja n’est pasrecommandable, car il tient son caractère defaible nuisance à son exploitation localisée. Eneffet, cette technique est en réalité très nuisiblede l’ichtyofaune parce qu’elle est trèssélective. Sa généralisation à la BVO serait doncsuicidaire pour l’équilibre de l’écosystème. Leparc à branchage « Acadja » de par sa naturecontribue à la pollution des plans d’eau, carson efficacité relève de la densité desbranchages.

Lalèyè et al. (2003) avait indiqué que lesrendements des acadja variaient de 1,5 à 15,5t ha-1 an -1 en fonction de la densité des

branchages et de l’efficacité de la pêche. Or,la décomposition de ces branchages au contactde l’eau provoque des réactions chimiques. Cequi pourrait renforcer la concentration despolluants organiques responsables de lapollution organique rapportée par Yéhouénou-Pazou (2005) et Zinsou et al. (2016) dans laBVO.

L’impact des engins et techniques de pêcheanalysé dans la présente étude est unepondération linéaire des captures effectuéesdans l’ensemble des zones de pêcherie dusecteur d’étude. Il complète l’indice denuisance en apportant l’occurrence desespèces par capture quelle que soit la catégoriede variable considérée sur l’ichtyofaune. Ainsi,dans le secteur d’étude, on note un gradientdécroissant de l’impact des engins ettechniques de pêche sur l’ichtyofaune despêcheries de l’aval à celles de l’amont. Leszones de pêcherie située en aval de la BVOsont celles qui subissent le plus les assautsrépétés et continuels des engins et techniquesde pêches.

La spatialisation de la tendance a permis demieux appréhender le phénomène à l’échellecommunale. Ainsi, La Commune desAguégués, les parties Sud et Ouest de laCommune de Dangbo et le Sud-ouest de laCommune d’Adjohoun en sont les plusaffectées. Ceci s’expliquerait par le fait quec’est dans ces parties du secteur d’étude quel’activité de pêche s’exerce encore avec plusd’intensité. En effet, les populations riveraines(xwla, Tofin et Wémè) ayant une grandetradition de pêche (Gbaguidi, 2009) sontrestées fidèles à cette activité en dépit desnouvelles contraintes. Aussi, est-il importantde souligner la forte demande en produits depêche due à la proximité des grandesagglomérations de Cotonou, sèmè kpodji etPorto-Novo à la BVO.

Dans le secteur d’étude, l’abondancerelative des espèces suit le même gradient quecelui précédemment indiqué pour l’impact desengins et techniques de pêche. Les zones depêcherie situées en Aval de la BVO apparaissentdonc potentiellement plus diversifiées que

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celles situées en amont. L’existence d’unecorrélation a conduit à la construction d’unmodèle de prédiction dont les conditions devalidité semblent confirmé une relation de typepuissance entre l’abondance relative desespèces et la valeur d’impact des engins ettechnique de pêche. En effet, plus la pressiondes engins et techniques est intensifiée dansune pêcherie, plus les captures sontdiversifiées. Cet état de fait, bien que anodine,montre que les pressions de pêcheprovoqueraient toutefois une recolonisation deszones de pêcheries et périphéries par desespèces allochtones. Villanueva (2004) dansces travaux sur le Lac Nokoué avait soulignéles incursions saisonnières d’espèces entredeux écosystèmes adjacents se combinant avecla présence permanente d’une communautétypiquement estuarienne. C’est pourquoi bienque la BVO soit en eau douce, la liste despoissons recensés révèle la présence d’espècesmarines et lagunaires (Chikou, 2006).

La BVO est confrontée à des difficultés degestion, au point où les espèces de grandestailles telles que Heterobranchus longifilis,Gymnarchus niloticus, lates niloticussousl’effet des pratiques de pêche sont devenuesplus rares (Lalèyè et al., 2007), et, ont laisséplace aux poissons-chats plus tolérants auxconditions hypoxiques actuelles dumilieu(Imorou Toko, 2007). Face à une tellesituation, une sélection des engins et techniquesmoins nuisibles aux conditions derenouvèlement des stocks peut contribuer àmoyen ou long terme à la restauration des planset cours d’eau aujourd’hui plus que par le passésous forçages climatiques. Les prisesaccessoires, définies comme les espèces noncibles pour l’activité de pêche pourraient êtreprotégées dans les cas extrêmes.

CONCLUSION

L’ichtyofaune de la Basse Vallée de l’Ouéméest fortement influencée par les engins ettechniques de pêche utilisés par les populationsriveraines. Ces engins et techniques présentent,

non seulement, de forte nuisance mais leurfréquence d’utilisation et les catégoriesd’espèces capturées en font des outils à fortimpact sur l’ichtyofaune surtout dans la partieaval du secteur d’étude. Il convient doncd’élaborer un plan d’aménagement dans laBVOqui intègre une règlementation des engins ettechniques de pêche limités strictement à ceuxqui ont une emprise moins contrayantes pourl’ichtyofaune. Cela pourra contribuer à larestauration de l’immense potentialité de cetécosystème. De plus, l’organisation despêcheurs, la sensibilisation et la rechercheinteractive des engins et techniques adéquatspour une gestion durable de la ressourceseraient des pistes utiles pour la réussite et lamise en place du plan d’aménagement.

REMERCIEMENT

Les auteurs adressent leur remerciement auProjet de Productivité Agricole en Afrique del’Ouest (PPAAO) du Programme Cadred’Appui à la diversification agricole (ProCAD)du Ministère de l’Agriculture et de la Pêche(MAEP) au Bénin.

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