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Revue de Géographie de l’Université Ouaga I Pr Joseph. KI ZERBO, N°005, Oct. 2016, Vol. 1. 77 IMPACTS DES MUTATIONS DE L’ACTIVITE INDUSTRIELLE DU BINOME CAFE-CACAO SUR LE DEVELOPPEMENT DES VILLES PORTUAIRES IVOIRIENNES OUATTARA Seydou, KABLAN N’guessan Hassy Joseph et KOUAKOU N’goran Norbert Université Félix-Houphouët Boigny d’Abidjan-Cocody (Côte d’Ivoire), Institut de Géographie Tropicale (IGT), E-mails: [email protected], [email protected], [email protected] RESUME Les recherches sur les recompositions de l’activité industrielle du binôme café-cacao n’ont pas mis en relief leurs incidences sur la dynamique des villes portuaires ivoiriennes. L’industrie a pourtant un pouvoir de structuration de l’espace. C’est pourquoi, cet article veut montrer les impacts des évolutions de l’activité industrielle du binôme café-cacao sur le développement des villes portuaires ivoiriennes. La méthodologie mobilise la littérature afin de s’inspirer de la théorie générale des systèmes et de collecter des statistiques économiques. En plus, elle consiste à questionner des acteurs du couple industrie/urbanisation. Enfin, elle prend en compte une observation directe du terrain afin de transcrire spatialement les industries et les réalités tangibles de leurs effets sur l’espace. Les résultats traduisent un faible impact de l’évolution des infrastructures industrielles sur l’armature des villes portuaires. Il se manifeste par le passage d’une dizaine (dans les années 1970) à une trentaine (dans les 2000) d’usines de conditionnement disséminées dans les villes portuaires aux effets d’entraînement limités. Mais aussi par le fait que l’augmentation des usines de produits dérivés d’une à une vingtaine ne permet pas une visibilité frappante de celles-ci dans le tissu urbain. De surcroît, on note que la production industrielle n’entraîne pas une importante dynamique urbano-portuaire. Environ 35 % de la production cacaoyère sont transformés avec moins de 14 % pour le café limitant du coup leur effet sur les échanges urbano-portuaires. Elle mobilise environ 5 000 emplois et engrange des ressources financières importantes certes mais en grande partie extravertie. Mots clés : Port, Binôme café-cacao, Urbanisation, Industrialisation, Côte d’Ivoire,.

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IMPACTS DES MUTATIONS DE L’ACTIVITE

INDUSTRIELLE DU BINOME CAFE-CACAO SUR LE

DEVELOPPEMENT DES VILLES PORTUAIRES

IVOIRIENNES

OUATTARA Seydou, KABLAN N’guessan Hassy Joseph et

KOUAKOU N’goran Norbert

Université Félix-Houphouët Boigny d’Abidjan-Cocody (Côte d’Ivoire),

Institut de Géographie Tropicale (IGT), E-mails: [email protected],

[email protected], [email protected]

RESUME

Les recherches sur les recompositions de l’activité industrielle du binôme

café-cacao n’ont pas mis en relief leurs incidences sur la dynamique des villes

portuaires ivoiriennes. L’industrie a pourtant un pouvoir de structuration de

l’espace. C’est pourquoi, cet article veut montrer les impacts des évolutions de

l’activité industrielle du binôme café-cacao sur le développement des villes

portuaires ivoiriennes.

La méthodologie mobilise la littérature afin de s’inspirer de la théorie

générale des systèmes et de collecter des statistiques économiques. En plus, elle

consiste à questionner des acteurs du couple industrie/urbanisation. Enfin, elle

prend en compte une observation directe du terrain afin de transcrire spatialement

les industries et les réalités tangibles de leurs effets sur l’espace.

Les résultats traduisent un faible impact de l’évolution des infrastructures

industrielles sur l’armature des villes portuaires. Il se manifeste par le passage d’une

dizaine (dans les années 1970) à une trentaine (dans les 2000) d’usines de

conditionnement disséminées dans les villes portuaires aux effets d’entraînement

limités. Mais aussi par le fait que l’augmentation des usines de produits dérivés

d’une à une vingtaine ne permet pas une visibilité frappante de celles-ci dans le

tissu urbain. De surcroît, on note que la production industrielle n’entraîne pas une

importante dynamique urbano-portuaire. Environ 35 % de la production cacaoyère

sont transformés avec moins de 14 % pour le café limitant du coup leur effet sur les

échanges urbano-portuaires. Elle mobilise environ 5 000 emplois et engrange des

ressources financières importantes certes mais en grande partie extravertie.

Mots clés : Port, Binôme café-cacao, Urbanisation, Industrialisation, Côte d’Ivoire,.

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ABSTRACT

Changes in the industrial activity of coffee-cocoa sector and impacts on

the development of Ivorian port cities

Industry has a high potential for structuring of space. Works on the transformations

of the industrial activity of the coffee-cocoa sector have not yet shown that

geographic dimension by identifying their correlation with the development of port

cities. This article is based on the assumption that the transformations of the

industrial activity of the coffee-cocoa sector have an impact on the urban

development of port cities. For this purpose, the goal it wants to achieve is to show

the evolution of the industrial activity of the coffee-cocoa sector and its interaction

with the urban development of port cities. Data collection was made possible by

consulting papers and a series of surveys conducted in the port cities.

The methodology also mobilizes a theoretical reference imagined but based on the

ternary model to analyze how relationships between industrial activity and the

development of port cities are structured. The data collected have been processed

manually. Their analysis is first a study of the evolution of industrial activity of the

coffee-cocoa sector, through the prism of factories, products and policies and after

that of possible relations between it and the development of port cities.

The results obtained show that industrial activity of the coffee-cocoa sector has

undergone reconstructions. It also shows that these changes and the development of

port cities interact.

Keywords: Port, Coffee-cocoa sector, Urbanization, Industrialization, Ivory Coast.

INTRODUCTION

La Côte d’Ivoire est faiblement présente sur les segments à forte

valeur ajoutée de la chaîne de valeurs des filières industrielles du café et du

cacao, contrairement aux pays tels que la Malaisie, le Brésil et l’Indonésie.

Les données indiquent un taux de transformation sur l’ensemble de la chaîne

de valeurs de 1,5 % en valeur de la production nationale de fèves de cacao,

malgré un taux de broyage supérieur à 30 %. Pour le café, le taux moyen de

transformation est de 14 %. Or, c’est la transformation qui confère une plus-

value aux exportations en assurant aux opérateurs des gains de

commercialisation largement supérieurs à ceux que peuvent engranger les

produits bruts. Les travaux de Schapiro et Wainaina (1989) l’ont confirmé en

plus de ceux de Labey (1991) et de Kouadio (2011). Pour Hanel et Niosi

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(1998), la technologie influe directement sur les échanges commerciaux.

Krugman (1990) conseille que l’État, contrairement à l’ancienne théorie

libérale du commerce international, devrait de plus en plus jouer un rôle

important dans la définition et la mise en œuvre d’une bonne politique

commerciale et de transformation. D’autres travaux sur l’activité industrielle

de la filière café-cacao ont levé le voile sur la politique étatique, les

industries et leurs productions (Losch, 1999 ; Terpend, 1982 ; Ziké, 2010).

Ils ne prennent cependant pas en compte les récentes évolutions de l’activité

industrielle du binôme café-cacao et ses effets d’entraînement sur le

développement des villes portuaires ivoiriennes. La littérature consultée

montre que Dubresson (1989) et Kouakou (2014) se sont penchés sur ce

dernier aspect mais en considérant les industries dans leur globalité. Ces

auteurs ont montré que la politique de régionalisation de l’État ivoirien a été

basée sur les industries qui devaient servir de tête de pont de l’aménagement

du territoire. On constate alors que la variété des écrits demeure parcellaire.

La dynamique n’est pas étudiée depuis la date de création de la première

unité industrielle en tenant compte des solidarités avec le développement des

villes portuaires. C’est dans cette perspective que cette recherche s’inscrit.

Elle pose la question de l’effet d’entraînement des changements de

l’activité industrielle de la filière café-cacao sur le développement des villes

portuaires ivoiriennes. L’hypothèse de travail stipule que les transformations

survenues dans l’activité industrielle de la filière café-cacao ont des impacts

sur le développement des villes portuaires. La position théorique de l’étude

repose sur le processus de mutation du jeu combiné des politiques, des

acteurs (en terms d’industries) et des productions industrielles qui a un effet

d’entraînement sur l’espace des villes portuaires.

1. APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE

La recherche de l’information s’est intéressée à la collecte de données

secondaires sur l’évolution de l’activité industrielle du binôme café-cacao,

les interactions entre industrialisation et urbanisation et les référents

théoriques applicables à l’étude. Ces données documentaires proviennent de

la bibliothèque de l’Institut de Géographie Tropicale (IGT), de l’Institut de

Recherche pour le Développement (IRD), du Centre de Recherche et

d’Actions pour la Paix (CERAP), de la Direction des Statistiques, de la

Documentation et de l’Information (DSDI) du ministère de l’agriculture, du

Centre de Documentation et d’Information (CDI) du Port Autonome

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d’Abidjan (PAA). Les documents consultés révèlent que l’activité

industrielle de la filière café-cacao a connu des évolutions. En plus,

l’industrie est un facteur essentiel du développement. De surcroît, le référent

théorique qui modélise le mieux les interactions entre les activités

industrielles et le développement urbain est le modèle ternaire simplifié

inspiré de la théorie générale des systèmes (figure 1).

Figure 1 : Modèle ternaire modifié adapté à notre étude

La figure n°1 considère l’activité industrielle du café et du cacao

comme un élément activateur du processus de développement urbain. On

part des potentialités de l’environnement économique : la disponibilité

foncière et financière, les produits agricoles (café-cacao), les voies de

communication en quantité suffisante et de bonne qualité et la facilité

institutionnelle qui constituent les supports de l’industrie. Lorsque l’unité

industrielle s’installe dans la ville portuaire par le biais des potentialités

évoquées, elle constitue le moteur de l’aménagement de celle-ci. Deux cas de

figure possibles d’aménagement se présentent. L’une des possibilités

consiste à réaliser un aménagement réussi de la ville avec une

industrialisation portuaire, et l’autre affiche un échec dans l’aménagement

urbain marqué par le dysfonctionnement de l’espace et des industries

embryonnaires. Cependant, le dispositif imaginé fonctionne par une série de

rétroaction où les résultats de l’aménagement du territoire influencent les

éléments de départ. On constate un système de solidarité entre les différents

éléments du dispositif.

Quant à la recherche des données de terrain, elle a été menée au cours

des mois de juillet et août de 2015. Elle a consisté à réaliser des entretiens

auprès de deux responsables de structures publiques et de sept responsables

d’entreprises de transformation du café et du cacao. En effet, les enquêtes

auprès des entités administratives publiques ont été adressées à la Directrice

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du Conseil du Café-Cacao (CCC) et au Directeur de l’industrie. À l’aide

d’un guide d’entretien, elles visaient à comprendre les mutations à l’aune de

la politique industrielle de la filière café-cacao. En ce qui concerne les

opérateurs privés, sur les 23, trois Directeurs ont été interrogés à San Pedro

(SUCSO, CHOCO IVOIRE et SACO) et quatre à Abidjan (CEMOI, SAT,

PRONIBEX et CHOCODI). Suite à des courriers adressés à chaque

entreprise, celle qui a répondu favorablement a été automatiquement soumise

au questionnaire. Les enquêtes portaient globalement sur les circonstances de

leur implantation et la typologie de la production industrielle.

Ces investigations sont complétées par des observations in situ qui

rendent compte de l’inscription spatiale des unités industrielles. Les données

collectées ont été dépouillées manuellement mais le traitement informatique

a permis de construire des figures notamment des cartes sous Adobe

Illustrator. Les analyses ont porté sur la reconstitution des transformations

historiques de l’activité industrielle de la filière café-cacao à partir de la

politique industrielle étatique, des industries et des productions. Une autre

facette des analyses a révélé des corrélations possibles entre l’activité

industrielle et le développement urbano-portuaire, à partir du schéma ternaire

appliqué.

2. RÉSULTATS

2.1. Le faible impact spatial de l’évolution des infrastructures

industrielles du binôme café-cacao sur l’armature des villes

portuaires

Les industries du binôme café-cacao comprennent celles liées à la

transformation primaire (décorticage du café et conditionnement du café-

cacao) et celles se rapportant à la semi-transformation et à la transformation

finale (produits dérivés). Les premières présentent des effets territoriaux

couvrant toute la zone de production caféière et cacaoyère. À contrario, les

secondes se fixent dans le tissu urbain portuaire. Mais leur faible nombre

limite leur effet sur la trame des villes portuaires.

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2.1.1 Une large couverture des zones de production de café-cacao

par les usines de transformation primaire aux effets d’entraînement faibles

Trois périodes marquent le fonctionnement de la politique 1 de

transformation primaire du café-cacao. En effet, avant 1977, le décorticage

artisanal ou semi-artisanal du café s’effectuait à l’aide de décortiqueurs de

capacité variable appartenant aux traitants ou aux coopératives. 9 000 unités

artisanales traitaient la production de café (figure 2). Mais dans les villes de

San Pedro et d’Abidjan se déployaient 11 usines de conditionnement de café-

cacao.

Ce modèle de fonctionnement spatial engendre une dispersion de la

force de polarisation de l’appareil industriel du café-cacao. Les usines de

décorticage de café ne sont pas spécialisées pour ce seul produit. Elles sont

utilisées pour le nettoyage de nombreux autres produits agricoles. Du coup, il

est difficile de mesurer leur effet intrinsèque sur l’espace. Les usines de

conditionnement du café et du cacao permettent juste la fabrication de

produits allotis conformément aux exigences du commerce international.

À partir de 1978, cependant, la Côte d’Ivoire développe un outil

industriel avec la création d’usines de décorticage dans toute la zone caféière

afin d’améliorer la performance de la filière (figure 3).

1 : En réalité, la politique est dirigée en faveur du décorticage du café.

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Figure 2 : Dissémination spatiale des usines de décorticage du café et de

conditionnement du café-cacao avant 1977

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Figure 3 : Structuration de l’espace par les usines de décorticage du café et

de conditionnement du café-cacao de 1978 à 1990

Cette initiative découle de la politique de régionalisation de l’appareil

industriel. Cette multiplication d’établissements de décorticage disséminés

dans l’armature urbaine a été accompagnée d’une délimitation de zones-

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usines, chaque unité réceptionnant obligatoirement la production d’un

groupe de sous-préfectures ou de départements. Six entreprises appartenant à

cinq groupes d’export géraient 16 usines avec des capacités allant de 24 000

à 60 000 tonnes de café coque par an. La société UNICAFE du groupe

SIFCA contrôlait les sites d’Aboisso, d’Anyama, de Daoukro, de Divo, de

Gagnoa, d’Issia et de Man. À Aboisso était implantée une usine intégrée

ayant une capacité de traitement annuelle de 60 000 tonnes. Alors que les

autres localités étaient dotées de simples décortiqueries ayant une capacité de

40 000 tonnes. La société UTPA du groupe JAG gérait les sites

d’Abengourou, de Daloa et de Kotobi dotés de décortiqueries ayant chacune

une capacité de 60 000 tonnes. La société DECORTICAF du groupe DAFCI

s’occupait des sites d’Oumé, de Duékoué et de Danané où sont installées des

décortiqueries de capacité de traitement de 30 000 tonnes. Les autres

sociétés, en l’occurrence, USIKRO (groupe SIFCA), SHAD (groupe SHAC)

et CIPRO (groupe CIPEXI) détenaient respectivement les sites de

Toumbokro, San Pedro et Sikensi dotés d’usines intégrées pouvant traiter

60 000, 30 000 et 24 000 tonnes. À côté de cette implantation industrielle

régionalisée, s’implantent toujours dans les villes portuaires des usiniers

chargés du conditionnement du café-cacao. Une vingtaine de sociétés existait

dans les années 1980. Ce dispositif industriel marque une polarisation de

l’espace autour des unités de décorticage et de conditionnement.

Des conjonctures défavorables ont toutefois contraint les pouvoirs

publics à libéraliser le secteur. Ainsi, depuis la campagne 1991/92, le

décorticage artisanal est de nouveau autorisé. Le secteur industriel du

décorticage connaît une nouvelle configuration caractérisée par le retour des

petits décortiqueurs polyvalents utilisables également pour la transformation

des céréales (figure 4).

Ce changement de politique symbolise la libéralisation du

décorticage du café c’est-à-dire le retour au modèle existant avant 1977.

Hormis ces unités de décorticage du café, on distingue des usines

spécialisées dans le conditionnement export des deux produits (café et cacao)

appelées usines terminales situées dans les villes portuaires. Une trentaine

d’usines, dont 17 à San Pedro, appartenant aux exportateurs ou à des

prestataires de service indépendants qui veulent tirer profit du dynamisme

économique du secteur, a été implantée.

Les observations ont montré que les unités industrielles de la

transformation primaire n’ont pas une signature spatiale d’envergure et

mobilisatrice d’autres activités porteuses de développement véritable des

villes portuaires. Leur rôle se limite juste à donner aux produits agricoles le

statut de produits marchands intégrant les réseaux du commerce

international.

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Figure 4 : La nouvelle organisation de l’espace par les usines de décorticage

du café et de conditionnement du café-cacao à partir de 1991

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2.1.2. Une intégration progressive et peu visible des industries

des produits dérivés dans le tissu urbain portuaire

Les industries de fabrication de produits dérivés du café et du cacao

ont été mises en place de manière progressive des années 1950 aux années

2000. En effet, la production ivoirienne de produits dérivés du cacao a

véritablement débuté en 1965. Mais, une première tentative avait eu lieu

dans les années 1950 avec la création de la SOFABECAO (Société de

Fabrication de Beurre de Cacao) qui assure un début de production, sans

suite, entre 1953 et 1955. Ses installations sont reprises et réhabilitées par la

SACO (Société Africaine de Cacao) au début des années 1960. Durant ces

mêmes années, est installée la société API (Industries de transformation de

Produits Agricoles). Les années 1970 connaissent la mise en place de la

société PROCACI, CHOCODI (Chocolaterie et Confiserie de Côte d’Ivoire),

SNCV (Société Nouvelle de Confiserie de Vridi) et SOPAL (Société

Africaine de Productions Alimentaires). Mais dans les années 1980, la

société PROCACI est dissoute et remplacée par UNICAO (Union Ivoirienne

de traitement de Cacao). Les années 1990 enregistrent l’installation de

CANTALOU-CEMOI (premier chocolatier français), de MICAO (les

Moulins Ivoiriens du Cacao), la Société Nouvelle CHOCODI, PRONIBEX

(Société de Production-Vente à l’Export de Nibs de Côte d’Ivoire). Durant

les années 2000, SUCSO (Société d’Usinage et de Conditionnement du Sud-

Ouest), FORAGRI, OLAM, CHOCO-IVOIRE, ICP (Ivory Cocoa Products),

TAFI, SIFCA COOP, sont installées.

En ce qui le café, les sociétés CAPRAL (Compagnie Africaine de

Préparations Alimentaires), filiale du groupe Nestlé, SAT (Société

Abidjanaise de Torréfaction) du groupe SIFCA (marque l’Or brun) et de la

SICOB du groupe JAG (marque Éléphant), créées dans les années 1960 ont

assuré pendant longtemps la production de café soluble et de café torréfié.

Dans les années 1980 s’ajoute la CIREPCI (Compagnie Ivoirienne de

Représentation Commerciale et Industrielle). La SICOB est devenue

IVOIRE TORREFACTION dans les années 1990 et les sociétés

EBURCAFE (Torréfaction Eburnéenne de Café) et TORICAF sont créées.

Ainsi donc, la cartographie actuelle des unités industrielles du café et

du cacao présente une concentration industrielle abidjanaise (Figures 5 et 6).

En effet, à l’exception de la zone industrielle de Yopougon qui regorge un

établissement de transformation du café (CIREPCI), les autres usines

(IVOIRE TORREFACTION, JAG, CAPRAL, NESTLE et TORICAF) se

trouvent dans l’outil portuaire abidjanais et sa proximité immédiate.

L’armature des usines du cacao est quasi-identique où le port et ses environs

reçoivent le plus grand nombre d’usines. Il s’agit des établissements tels que

SOPAL, SIFCA-COOP, UNICAO, SN CHOCODI, SNCV, SACO,

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NESTLE. La zone de Yopougon accueille trois unités qui sont : MICAO,

SICOA et CEMOI-CI. Contrairement à Abidjan, les usines existantes à San

Pedro sont toutes spécialisées dans la transformation de cacao. Au nombre de

sept (SACO, OLAM, SUCSO, CHOCO-IVOIRE, TAFI, ICP et FORAGRI),

elles sont implantées dans la zone industrielle ou le long de la voie principale

menant au port.

Au total, dans les zones industrielles aménagées autour du port

d’Abidjan et à la périphérie de la ville, la transformation du café et du cacao

est encore faible. Seulement 16 usines, soit 19,51 % sont "noyées" dans plus

de 82 industries agroalimentaires. Quant à San Pedro, son appartenance au

Sud-Ouest, bassin de production de cacao et proche de celui du café n’a pas

encore réussi à inverser le paysage industriel toujours dominé par la

transformation de bois. Il y a seulement sept usines de cacao avec une

absence totale d’unités de transformation de café contre 15 industries de

bois. Ce sont là autant d’informations qui permettent de déduire de la faible

visibilité des industries de produits dérivés dans les villes portuaires

ivoiriennes.

Figure 5 : Empreinte spatiale des industries de café-cacao à Abidjan

Figure 6 : Empreinte spatiale des industries de cacao à San Pedro

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Cette première partie du travail a révélé un faible maillage territorial

des usines de transformation primaire et de produits dérivés. Elles s’insèrent

dans le tissu urbain sans créer une véritable agglomération d’activités ou de

population. Une concentration industrielle abidjanaise est constatée pourtant,

San Pedro est plus proche des bassins de production de café et de cacao les

plus importants.

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2.2. Activité industrielle du binôme café-cacao et développement

urbano-portuaire : une faible production industrielle aux

incidences limitées

La production industrielle du café et du cacao est faible, pourtant les

quantités brutes mobilisées sont importantes. Aussi, est-elle pourvoyeuse

d’emplois manufacturiers et de ressources financières. Cependant, ces

proportions restent insuffisantes en comparaison aux potentialités.

2.2.1. Une production industrielle diversifiée mais participe

faiblement au trafic urbano-portuaire

Les produits dérivés du cacao se composent de produits fabriqués

exclusivement à partir de la fève de cacao ainsi que tout autre produit

contenant du cacao. Il s’agit, entre autres, de la pâte ou liqueur de cacao, du

beurre de cacao, de la poudre de cacao, des tourteaux de cacao, de la

couverture et du chocolat. Pour le café, il s’agit de café torréfié et de café

soluble. La structure des exportations montre que le volume des productions

industrielles s’est accru et s’est diversifié surtout pour le cacao (Figure 7).

Figure 7 : Évolution des exportations ivoiriennes de cacao de 1996 à

2006 (en milliers de tonnes)

Source : Kouadio, 2011.

La part des fèves de cacao dans les exportations s’amenuise au profit

des produits dérivés constitués de pâte de cacao, de Beurre de cacao, de

tourteaux, de poudre de cacao et de chocolat. En effet, en 1996, elle

représentait 91 % mais en 2006, elle plafonne à 76 %. La consultation de

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

Par

t en

%

Années

Fèves de cacao

Pâte de cacao

Beurre de cacao

Tourteaux

Poudre de cacao

Chocolat et autres

préparations

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N’goran Norbert

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nombreuses statistiques montre toutefois qu’environ 35 % d’une production

de cacao avoisinant 1 700 000 tonnes sont transformés. Pour le café, ce taux

oscille autour de 14 % pour une production tournant autour de 120 000

tonnes. En plus, le rapport d’activités du Port Autonome d’Abidjan (PAA)

révèle qu’en 2012 sur un trafic total de 21 713 810 tonnes, le café et le cacao

ont cumulé à 823 661 tonnes avec 241 868 tonnes de produits dérivés soit 1,

11 % du trafic global et 29, 36 % du trafic café-cacao.

2.2.2. Emploi industriel et autres effets induits sur le

développement des villes portuaires

L’importance d’une unité industrielle ne se réduit pas à sa fonction de

production de biens de consommation, mais sa raison d’être est aussi et

surtout mesurée dans sa capacité à générer des emplois et des ressources

financières. Au niveau du cacao, les industries emploient 3 832 personnes à

Abidjan et 990 à San Pedro, mais la structure des industries selon les actifs

employés est à l’image de la Côte d’Ivoire. Au-delà des unités comme

CEMOI-CI, OLAM de San Pedro, UNICAO, SACO et SNCV qui emploient

plus de 250 personnes les autres sont des Petites et Moyennes Industries

(PMI). Ce groupe de grandes entreprises réalise un chiffre d’affaires global

de 134 330 041 815 de FCFA. MICAO, UNIFOOD, CHOCO IVOIRE,

SACO d’Abidjan et SOPAL emploient entre 100 et 249 personnes. Cet

ensemble réalise un chiffre d’affaires de 114 373 371 442 de FCFA. Une

seule société notamment SN CHOCODI a un effectif de plus de 50

travailleurs. Enfin, l’ensemble formé par PRONIBEX-CI, SICOA,

FORAGRI est en deçà de 50 travailleurs et fait un chiffre d’affaires cumulé

de 5 433 254 582 de FCFA. En ce qui concerne le café, les usines toutes

implantées à Abidjan, enregistrent un effectif de 831 travailleurs. Le groupe

de plus de 250 salariés est représenté par CAPRAL-NESTLE dont le chiffre

d’affaires s’élève à 102 356 976 410 de FCFA. SICOB et IVOIRE

TORREFACTION représentent respectivement les établissements de 100 à

249 et 50 à 99 personnes et font également des chiffres d’affaires respectifs

de 20 496 936 568 et 21 24 000 000 de FCFA. Le reste des unités à savoir

SAT, TORICAF, CIREPCI et EBURCAFE emploient moins de 50

travailleurs et réalisent un chiffre d’affaires cumulé de 1 361 573 246 de

FCFA.

Au total, les 3 832 personnes employées représentent 22 % de tous les

salariés travaillant uniquement dans les zones industrielles d’Abidjan dans

l’industrie agroalimentaire.

Les activités industrielles du café et du cacao sont aussi des vecteurs

de dynamisation des autres activités urbaines. Souvent décrites comme des

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fers de lance indispensables pour asseoir la croissance économique, au point

que l’assimilation entre industrialisation et développement est parfois de

règles dans les esprits comme dans les pratiques des gouvernants de

nombreux pays en développement, les activités industrielles sont au cœur des

débats relatifs à leur articulation avec les autres activités urbaines, tant dans

le domaine de la nature des liens organiques que dans celui de leur

distribution spatiale. Un des liens importants entre les industries du café-

cacao et la dynamisation d’autres activités urbaines est sans doute la

recherche du bien-être des travailleurs à travers la construction de logements

par les promotions immobilières. Les exemples les plus célèbres cités en la

matière sont SACO, NESTLE et CAISTAB dans la commune de Yopougon

à Abidjan. Ces promotions immobilières constituées de nombreuses maisons

qui abritent des populations prennent une part significative à l’expansion

urbaine d’Abidjan. En dehors de cette dimension sociale, l’activité

industrielle a un effet d’entraînement sur les activités de service et de

commerce. En effet, les villes portuaires sont les sièges de nombreux

transitaires, transporteurs et manutentionnaires qui se livrent une

concurrence rude pour le contrôle du fret maritime. Le fonctionnement de

l’appareil manufacturier implique la consommation d’énergie électrique et

d’eau. Ces besoins favorisent l’entrée de ressources financières dans les

caisses de la Compagnie Ivoirienne d’Electricité (CIE) et de la Société de

Distribution d’Eau en Côte d’Ivoire (SODECI). On peut ajouter les autres

services administratifs étatiques qui sont mobilisés à l’amont comme à l’aval

de la production industrielle.

Cette deuxième partie du travail a montré que la production

industrielle du binôme café-cacao est diversifiée. Mais, au regard des

possibilités elle demeure faible. De plus, créatrice de richesse et d’emplois,

elle a des effets induits sur la dynamisation des activités de service et de

commerce.

3. DISCUSSION

L’étude a fait ressortir que l’activité industrielle du binôme café-

cacao a connu des recompositions au fil du temps. En retour, cette activité a

des impacts sur le développement des villes portuaires ivoiriennes. Ils ne

sont pas cependant à la hauteur des potentialités industrielles que peut

fournir le binôme café-cacao. Alors, l’hypothèse stipulant que les

transformations de l’activité industrielle de la filière café-cacao influence le

développement des villes portuaires n’est pas confirmée si on veut tenir

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N’goran Norbert

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compte du fait que l’activité industrielle du binôme café-cacao soit au cœur

du développement des villes portuaires (unité motrice), comme le montre le

schéma ternaire.

Le travail a montré que l’activité industrielle de la filière café-cacao

abordée à partir de la question de la première transformation, notamment le

décorticage (du café) et le conditionnement (du café et du cacao), est

caractérisée par des mutations. Le volontarisme industriel dans le secteur du

décorticage du café a été un fait exceptionnel dans toute la zone de

production mondiale. Les objectifs et les options techniques ont toutefois été

largement dévoyés du fait des conditions de réalisation de l’expérience.

L’ensemble de la mise en œuvre du programme a en effet été confié

exclusivement au secteur privé, dans le cadre de conventions d’usinage

passées avec l’administration, qui ont abouti à des dérives tout à fait

spectaculaires. Ce montage illustre parfaitement un certain type de relations

État-secteur privé. Il rejoint en cela, comme le signale Losch (1999), d’autres

expériences comme celles des rizeries industrielles, conçues selon le même

schéma participatif, et qui ont abouti au même échec, à savoir l’arrêt total de

l’activité et l’abandon des investissements au profit d’autres acteurs dont le

poids industriel est faible. En ce qui concerne le domaine du

conditionnement, l’accroissement du nombre d’exportateurs et par ricochet

des usines est influencé par le processus de libéralisation de la filière café-

cacao. L’étude rejoint de ce point de vue celles de Losch (1999) et de

Lipchitz et Pouch (2007).

Un autre résultat atteint montre que les usines de transformation

proprement dites et leurs capacités de transformation sont en progression

constante au point que l’ICCO (Organisation Internationale du Cacao)

prédise que la Côte d’Ivoire pourrait ravir, pendant la campagne 2014-2015,

la première place dans le broyage du cacao au Pays-Bas avec environ

540 000 tonnes soit 1/3 de la production qui a culminé à environ 1 700 000

tonnes en 2014. Ce phénomène est exacerbé par des ruptures et des

recompositions spectaculaires qui ont eu lieu vers la fin des années 1990

dans l’industrie mondiale du cacao qui bouleversent le paysage du marché.

Les grands groupes agro-alimentaires internationaux tels que CEMOI,

CARGILL, BARRY CALLEBAUT, ADM sont présents en Côte d’Ivoire.

Mais aussi les activités de transformation sont de plus en plus exercées par

des entreprises ivoiriennes. Toutefois, la fabrication de chocolat est toujours

faible. Or, Prebish (1962), Gros et al. (2001), Dorin (2003) et Kouadio

(2011) ont attesté que la valeur ajoutée est génératrice de richesse et

d’amélioration des performances commerciales.

Le schéma ternaire de la théorie générale des systèmes appliqué à

notre étude entérine les corrélations entre l’activité industrielle de la filière

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café-cacao et le développement des villes portuaires ivoiriennes. Mais, l’effet

d’entraînement souhaité n’est pas à la hauteur des potentialités de la filière

café-cacao. Cette caractéristique est aussi confirmée par les études de

Dembélé (1994), de Dubresson (1989), de Kouakou (2014).

CONCLUSION

L’étude des dynamiques de l’activité industrielle dans la filière café-

cacao et ses implications sur le développement des villes portuaires

ivoiriennes est révélatrice de plusieurs enseignements. Le décorticage du

café effectué d’abord de manière artisanale a par la suite été réalisé de

manière industrielle et enfin traité artisanalement. Le domaine du

conditionnement a par contre connu une multiplication du nombre d’usines

sous l’effet de l’accroissement des volumes de production du café et du

cacao. L’activité de transformation enregistre une augmentation des usines et

de leurs productions surtout pour le cacao avec une présence remarquable

des industriels nationaux. La politique industrielle de la filière café-cacao

varie en fonction de l’environnement économique mais sa caractéristique

fondamentale est d’accorder des facilités d’émergence au secteur industriel

de la filière café-cacao. Toutefois, ces mutations n’ont pas permis une

contribution du secteur industriel de la filière café-cacao forte dans le

développement urbain des villes portuaires en dépit de toutes les

opportunités qu’elles offrent.

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