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    Aprs lchec

    Les rorientations de Tsahal

    depuis la deuxime guerre du Liban

    Pierre Razoux

    Octobre 2007

    FocusFocus stratgistratgiqque n2ue n2

    Centre

    des tudes de scurit

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    LIfri est, en France, le principal centre indpendant de recherche, dinfor-

    mation et de dbat sur les grandes questions internationales. Cr en1979 par Thierry de Montbrial, lIfri est une association reconnue dutilitpublique (loi de 1901). Il nest soumis aucune tutelle administrative,dfinit librement ses activits et publie rgulirement ses travaux.

    En 2005, lIfri a ouvert une branche europenne Bruxelles. Eur-Ifri estun think tank dont les objectifs sont denrichir le dbat europen par une

    approche interdisciplinaire, de contribuer au dveloppement dides nou-velles et dalimenter la prise de dcision.

    Les opinions exprimes dans ce texte nengagent que la responsabilitde lauteur.

    ISBN : 978-2-86592-2214-7 Tous droits rservs, Ifri, 2007

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    Centre des tudes de scurit : Focus stratgique

    Les questions de scurit exigent dsormais une approche intgre, quiprenne en compte la fois les aspects rgionaux et globaux, lesdynamiques technologiques et militaires mais aussi mdiatiques ethumaines, ou encore la dimension nouvelle acquise par le terrorisme ou la

    stabilisation post-conflit. Dans cette perspective, le Centre des tudes descurit se propose, par la collection Focus stratgique , dclairerpar des perspectives renouveles toutes les problmatiques actuelles dela scurit.Associant les chercheurs du centre des tudes de scurit de lIfri et desexperts extrieurs, Focus stratgique fait alterner travauxgnralistes et analyses plus spcialises, ralises en particulier parlquipe du Laboratoire de Recherche sur la Dfense (LRD).

    ** *

    Lauteur

    Pierre Razoux est responsable de recherches, charg du Dialoguemditerranen et de l'Initiative de Coopration d'Istanbul la DivisionRecherches du Collge de Dfense de l'OTAN. Spcialiste de l'histoiremilitaire du Proche-Orient, il a rdig plusieurs ouvrages de rfrence surle conflit isralo-arabe. Son dernier livre sur ce sujet s'intitule Tsahal :nouvelle histoire de l'arme isralienne (Paris, ditions Perrin, 2006,628 p).

    Ce texte a t tabli par Eric Sangar.

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    Sommaire

    Introduction ___________________________________________ 5

    Le bilan court terme de la guerre de l't 2006 _____________ 7

    Constat d'chec pour Tsahal____________________________ 7

    Lessons learned __________________________________ 9

    Les efforts de rorientation de la dfense nationaleisralienne ___________________________________________ 13

    Priorit aux forces terrestres ___________________________ 13

    Possibilits et limites de lArme de lAir et de la Marine______ 15

    Une efficacit renforce en matire de coopration interarmeset de renseignement _________________________________ 17

    De meilleures procdures de prise de dcision_____________ 19

    Les enjeux futurs pour la scurit d'Isral _________________ 21

    Lhorizon stratgique : prolifration et dissuasion ___________ 21

    La faible probabilit dun conflit direct avec la Syrie _________ 26

    Face aux groupes non tatiques : protger la population hic etnunc ______________________________________________ 27

    Conclusion___________________________________________ 29

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    Introduction

    a publication du rapport Winograd a stigmatis l'chec subi par l'armeisralienne, mieux connue sous l'acronyme de Tsahal (abrviation de

    Tsva Haganah Le'Israel littralement Forces de dfense d'Isral ), lorsde la deuxime guerre du Liban qui s'est droule du 12 juillet au 14 aot2006. Cette guerre rate contre le Hezbollah a suscit une grave crisepolitique en Isral, opposant la sphre gouvernementale l'institution

    militaire.

    L

    Il faut remonter aux lendemains de la guerre du Kippour, en 1973,et des massacres de Sabra et Chatila pendant la premire guerre du Liban,en 1982, pour observer tant de critiques et de rglements de compte entreles sphres politique et militaire israliennes. Le pouvoir politique reprochealors aux militaires de lui avoir forc la main sans lui avoir donn lesmoyens d'valuer les risques encourus. De leur ct, les militaires blmentles politiques pour avoir tergivers de manire incohrente. Comme lesouligne Yaguil Lvy, chercheur au dpartement de politique publique del'universit Ben-Gourion et lieutenant-colonel de rserve, en Isral, le

    pouvoir est devenu le premier vecteur du militarisme et le poids dumilitarisme n'a cess de crotre pour influencer les modes de pense de lasocit civile. Cette fois, l'arme n'a pas eu besoin de faire pression. Lepouvoir le plus civil qu'Isral ait eu depuis trs longtemps, sans lui poser lamoindre question, lui a fait une confiance totale 1.

    Plus dun an aprs la fin des hostilits, un bilan provisoire peut tredress partir des consquences de la guerre de lt 2006. Avantdvoquer les diffrentes rorientations engages au sein de la Dfenseisralienne, il conviendra danalyser les principales leons tires de lchecdu conflit contre le Hezbollah. Pour bien comprendre lenjeu de cesrorientations, un panorama des diffrentes menaces quIsral aura affronter plus ou moins long terme sera esquiss.

    1 Yaguil Lvy, C'est le politique qui a utilis l'Arme , Le Monde, 8 septembre2006.

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    Le bilan court terme de la guerrede l't 2006

    e 14 aot 2006, la rsolution 1701 du Conseil de scurit des Nationsunies met un terme la deuxime guerre du Liban. Les Israliens sont

    frustrs de n'avoir atteint les objectifs qu'ils s'taient assigns : les soldatsisraliens kidnapps n'ont pas t librs, la branche militaire du Hezbollah

    n'a pas t radique , les miliciens chiites patrouillent toujours au Sud-Liban et le cheikh Nasrallah a survcu plusieurs tentatives d'limination2.Les Israliens appellent donc de leurs vux une revanche. Seul pointpositif, l'arme libanaise et la FINUL renforce se sont dployes au Sud-Liban. Dans ces conditions, Isral peut difficilement revendiquer unevictoire militaire, d'autant que son arme a subi de lourdes pertes. En cinqsemaines de conflit, 120 hommes 3 de Tsahal sont tombs au combat et700 autres ont t blesss. La guerre a galement fait une quarantaine devictimes civiles israliennes. A titre de comparaison, les bombardementsde missiles Scud irakiens, pendant la guerre du Golfe de 1991, n'avaientpas fait plus de treize morts parmi les civils. Sur le plan matriel, Tsahalaperdu une soixantaine de blinds, plusieurs drones et cinq aronefs. Les

    tmoignages acerbes de rservistes accabls abondent dans la presse4.L'un d'entre eux n'hsite dailleurs pas poser ouvertement la questionsuivante : Pourquoi avons-nous fait la guerre laquelle s'tait prpar leHezbollah?5 Les ptitions, lettres ouvertes et manifestations appelant la dmission du Premier ministre, du ministre de la Dfense et du chefd'tat-major se multiplient pour protester contre l'incurie dont ont fait preuvele gouvernement et l'arme. Ces dboires alimentent le malaise socialcroissant en Isral.

    L

    Constat d'chec pour Tsahal

    Tsahalse retrouve au centre de toutes les critiques et se voit contrainte defaire sa propre introspection. La stratgie prne par le gnral Dan

    2 Frdric Pons, Un t meurtrier , Le Spectacle du Monde, septembre 2006 ;confer galement le Strategic Assessmentdu Jaffee Center for Strategic Studies,novembre 2006 (vol. 9, n3).3 Certaines sources font tat de 174 morts dans les rangs de l'arme isralienne(Guysen Israel News, 17 avril 2007).4 Confer notamment : Patrick Saint-Paul, Le gouvernement Olmert affronte lacolre des rservistes , Le Figaro, 22 aot 2006 ; Pierre Haski, Les raisons dela colre des soldats de Tsahal, Libration, 24 aot 2006 ; Sylvain Cypel, Tsahal, dsarroi et questions , Le Monde, 8 septembre 2006 ; les ditions du 20

    aot au 30 septembre 2006 du quotidien isralien Haaretz.5 Jol David, La colre des rservistes de Tsahal, La Croix, 24 aot 2006.

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    Haloutz a fait long feu6. Sur le modle des Amricains au Kosovo et enAfghanistan, le chef d'tat-major de Tsahala cru que l'aviation et l'artilleriepourraient elles seules craser ses adversaires. L'emploi massif du feu etde l'arme arienne (en cinq semaines, les Israliens ont largu 19 400bombes et 2 200 missiles et tir 123 000 obus d'artillerie) n'a pourtant paspermis de mettre fin aux bombardements de harclement conduits par leHezbollahqui est parvenu lancer plus de 5 000 roquettes sur Isral. Cetchec a prcipit l'emploi des troupes au sol dans des conditions difficiles.Les divisions blindes engages la pointe de l'offensive terrestre ontprouv les plus grandes difficults nettoyer la zone. Comme l'asoulign plus tard le gnral Benny Gantz, commandant des forcesterrestres : Nous avions planifi un train grande vitesse, mais ce quenous avons fait ressemblait plus un autobus de ville ralenti par des feuxrouges 7. Pis encore, l'tat-major n'a prvu, en cas d'chec de l'offensiveinitiale, ni Plan B ni option de sortie de crise. Sur le front mdiatique, iln'a pas non plus t en mesure d'laborer une stratgie claire, les

    Israliens oscillant entre deux tendances contradictoires : d'une part, unrflexe d'autocensure quasi pavlovien et, d'autre part, une volont deprserver la libert relle des mdias qui constituent l'un des piliers de leurdmocratie. Dans la bataille mdiatique que se livrent les deuxprotagonistes, ils ont adopt une approche essentiellement dfensive, alorsque le Hezbollaha excell dans l'utilisation et la manipulation des images.Plus grave encore, l'tat-major a grandement sous-estim les capacitsmilitaires du Hezbollah, tant sur le plan matriel (prsence de missilesantichars et anti-navires de dernire gnration8, utilisation de moyens decommunications et d'coute lectronique trs sophistiqus9), etorganisationnel (en pensant tort que les miliciens chiites allaientcombattre comme les feddayin du Fatah ou des Tanzim) que sur le plan

    humain (combativit, entranement, discipline). Nombre dedysfonctionnements ont galement constats sur le terrain. Ainsi,linsuffisance de protection et le manque d'entranement et d'quipementdes rservistes ont souvent t points du doigt. En outre, Tsahal a faitpreuve de rigidit lors des attaques frontales sur Maroun al-Ras et BintJbeil o se sont drouls les combats les plus meurtriers de toute laguerre. Ceci est d'autant plus tonnant que l'arme isralienne avait sufaire preuve d'innovation lors de l'opration Rempart en Cisjordanie,pendant la deuxime Intifada. Les chars Merkava se sont retrouvs sansescorte d'infanterie, subissant des pertes sensibles qui auraient pu trevites. Il s'agit d'une erreur que Tsahalavait dj commise, mais pas pour

    6 Se reporter l'excellente tude du lieutenant-colonel Michel Goya Le marteauet le mercure ralise en septembre 2006 dans le cadre du Centre de Doctrined'Emploi des Forces du ministre de la Dfense.7 Interview par Barbara Opall-Rome dans le magazine Defense Newsdu 14 aot2006.8 Greg Grant, Hizbollah Missile Swarms Pounded Armor , DefenseNews, 28aot 2006.9

    Alain Lucas, Comment le Hezbollaha-t-il pu rsister Tsahal, Raidsn 245,octobre 2006 ; Guysen Israel News, 4 octobre 2006.

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    les mmes raisons, lors de la guerre du Kippour10. La chane logistiques'est avre elle aussi dfaillante.

    Pour faire taire les critiques au sein de larme, Dan Haloutz,

    gnral de l'arme de l'air et chef d'tat-major de l'arme au moment de laguerre, ragit fermement. Il pousse la dmission les gnraux OudiAdam (commandant le front nord) et Gal Hirsh (commandant le secteur deGalile), limoge le gnral Ron-Tal (ancien commandant des forcesterrestres) et le colonel Boaz Cohen (chef des oprations) et sanctionneplusieurs officiers suprieurs, notamment le gnral Amon Eshel quicommande la prestigieuse septime brigade blinde. Toutefois, le gnralHaloutz est finalement contraint de reconnatre le fait suivant : nousavons t mdiocres 11. Plusieurs anciens chefs d'tat-major et ministresde la Dfense montent au crneau pour souligner qu'il n'y aurait plusdsormais aucun pilote la tte de Tsahal. Le gnral de rserve DoronAlmog dclare que l'enlvement par le Hezbollah des deux soldats

    israliens aurait pu tre vit si l'tat-major avait pris en compte lesconclusions du rapport qu'il avait labor aprs l'enlvement de troissoldats israliens en 200012. Quant l'ancien gnral Ben Gal, hros desguerres du Kippour et du Liban, il se veut encore plus cinglant et dclare : Dan Haloutz manque de professionnalisme et de charisme et secomporte comme un PDG ; il doit partir, car il est responsable de la dfaitede Tsahal! 13.

    Lessons learned

    Le 30 avril 2007, la publication du rapport prliminaire de la commissionWinograd14 jette un pav dans le marigot politico-militaire isralien. Leverdict est sans appel et tmoigne de la vitalit de la dmocratieisralienne. La commission indpendante souligne en effet sans le moindremnagement les responsabilits du Premier ministre, du ministre de laDfense et du chef d'tat-major des armes pour justifier l'chec subi parTsahal pendant la deuxime guerre du Liban. Elle pointe au passagecertaines dfaillances de l'tat-major gnral. Le rapport estime qu'EhoudOlmert a agi avec prcipitation sans prendre l'avis de spcialistes plusexpriments que lui dans le domaine militaire ; il a prsent au public desbuts que l'arme ne pouvait atteindre ; il a avalis le dclenchement deshostilits sans avoir tudi les diffrentes options et sans avoir exig queTsahal lui prsente d'autres options oprationnelles ; au final, le Premier

    ministre est responsable, tant sur le plan professionnel que personnel, degraves dfaillances dans le processus dcisionnel qui a conduit l'chec

    10 Lors de la premire phase de la guerre du Kippour, les gnraux israliens, quipensaient que les blinds pouvaient nettoyer seuls le terrain, avaient engag dansl'urgence leurs chars dans la bataille, sans attendre l'arrive des fantassins et desunits d'artillerie. Le rsultat fut calamiteux et Tsahal perdit l'quivalent de deuxdivisions blindes (soit environ 400 chars) durant les deux premiers jours du conflit.11Guysen Israel News, 30 octobre 2006.12Guysen Israel News, 12 novembre 2006.13AFP Jrusalem, 13 novembre 2006.14 Le 11 septembre 2006, aprs bien des pripties, une commission d'enqute

    indpendante confie au juge Eliyahou Winograd est mise sur pied pour faire toutela lumire sur les dessous de la deuxime guerre du Liban.

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    de la deuxime guerre du Liban . Le jugement est tout aussi svre pourAmir Peretz qui a chou dans ses fonctions, qui n'a pas demand l'arme ses plans oprationnels, qui n'a pas examin la cohrence entreles objectifs et les modes d'action, qui n'a pas vrifi le degr deprparation de Tsahal et qui a manqu son devoir en ne prenant pasconseil auprs de spcialistes plus expriments que lui dans le domainemilitaire . De l'avis de la commission Winograd, le ministre de la Dfense a commis en fait une erreur majeure en acceptant le portefeuille de laDfense ! On voit mal, ds lors, comment ces deux hommes pourraientdemeurer leur poste, d'autant qu'il existe deux prcdents dans l'histoireisralienne. En 1974, le rapport Agranat avait pingl les contre-performances de Tsahal lors de la guerre du Kippour. En 1982, le rapportKahane avait soulign la responsabilit indirecte du ministre de la dfenseAriel Sharon dans les massacres de Sabra et Chatila. A la suite de cesdeux pisodes, les autorits impliques avaient t accules ladmission. A l'heure o sont crites ces lignes, Ehoud Barak a remplac

    Amir Peretz au portefeuille de la Dfense, tandis qu'Ehoud Olmert sestmaintenu au pouvoir.

    Mais c'est surtout l'encontre de Dan Haloutz que les critiques sontimplacables : il se voit reprocher d'avoir agi de faon impulsive . Lacommission poursuit sans indulgence de la manire suivante : le gnralHaloutz n'a pas livr au gouvernement toute l'information qui tait en sapossession ; il n'a pas propos de solutions alternatives et il a fait taire lesautres voix au sein de l'tat-major ; il n'a pas hsit manipuler lesmembres du gouvernement, afin de faire prvaloir ses vues 15. Toutindique en effet que le gnral Haloutz a probablement vu dans ledclenchement des hostilits l'opportunit pour l'institution militaire dereprendre la main et d'imposer ses vues face la sphre civile, dautantque la chose serait rendue aise par le manque dexprience dEhoudOlmert et Amir Peretz dans le domaine militaire (comme le suggrel'ditorial du journal Haaretz dans son dition du 23 mai 2007)16. La lutted'influence permanente laquelle se livrent militaires et civils pour leprocessus de prise de dcision stratgique constitue en effet l'un des filsrouges de l'histoire de l'Etat d'Isral17. En outre, le chef de l'tat-major sestprobablement figur qu'une nouvelle guerre au Sud-Liban lui fournirait uneoccasion unique de tester sa stratgie en privilgiant les oprations distance, ce qui lui permettrait par la mme d'accrotre le poids de l'armede l'air au sein de Tsahal18. Plus question dengager de larges colonnes

    blindes contre un ennemi insaisissable et mobile, comme en 1982 ! Mieuxvalait lisoler, lasphyxier, puis lanantir grce laction combine delaviation, de lartillerie, de la marine et des forces spciales. Cetteapproche convenait finalement bien au Premier ministre et au ministre de laDfense qui taient, compte tenu de leur inexprience militaire et du

    15Guysen Israel News, 30 avril 2007.16 A kind of military coup? , Haaretz(editorial non sign), 23 mai 2007.17 Pour une dmonstration complte, confer Pierre Razoux, Tsahal : nouvellehistoire de l'arme isralienne, Perrin, 2006, 628 p.18 Cette stratgie directement inspire du modle amricain tait l'tude dans lescnacles israliens depuis la fin des annes 1990, comme en tmoigne les travaux

    d'Eliot Cohen, de Michael Eisenstadt et d'Andrew Bacevich : Israels SecurityRevolution , BESA Security and Policy Studiesn 41, fvrier 1999.

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    contexte politique dlicat en Isral, peu favorables l'engagement detroupes terrestres l'extrieur du pays. Ehoud Olmert et Amir Peretzavaient en effet t profondment marqus par le traumatisme du bourbierlibanais, de 1985 2000, et ne souhaitaient pas faire prendre Isral lerisque de s'embourber de nouveau dans un conflit impopulaire susceptiblede le fragiliser davantage.

    La commission Winograd conclut en considrant que Dan Haloutz a chou dans ses fonctions de commandant en chef de l'arme et aaffich des lacunes dans son professionnalisme, son sens desresponsabilits et son jugement . Anticipant les conclusions de ce rapport,Dan Haloutz a prfr dmissionner le 16 janvier 2007, sans attendred'tre clou au pilori. Le gnral Gaby Ashknazi a t choisi pour luisuccder. Le nouveau chef d'tat-major de Tsahal est un fantassin-parachutiste de 53 ans, ancien membre des forces spciales, quireprsente l'antithse de son prdcesseur. Gaby Ashknazi s'est

    distingu pendant la guerre du Kippour au sein de la division du gnralSharon lors de la traverse du Canal de Suez, puis en 1976, lors du raidsur Entebbe. Il commande par la suite la brigade Golani lors del'opration Paix en Galile , en juin 1982, avant d'tre responsable d'unedivision blinde stationne au Sud-Liban, puis il devient officier de liaisonavec l'Arme du Liban Sud d'obdience chrtienne. Stagiaire de l'cole deguerre de l'US Marines Corps aux Etats-Unis, Gaby Ashknazi retourne enIsral pour prendre le commandement du front nord, de 2000 2002. Ildevient par la suite chef d'tat-major adjoint de Tsahal, avant d'tre cartau profit de Dan Haloutz, dont il ne partage pas les ides. Il est rappel enurgence en pleine guerre contre le Hezbollah pour occuper la chargedlicate de Directeur gnral du ministre de la Dfense, assurant ainsil'interface entre le pouvoir politique et l'institution militaire. Sa nomination asuscit l'adhsion la fois de l'institution militaire et de la classe politiquequi voit en lui un officier charismatique, efficace et pragmatique. Elle estinterprte comme une revanche des terriens par rapport aux aviateurs 19. Vritable expert du Liban et de la lutte antigurilla, legnral Ashknazi semble tre l'homme idoine pour tirer les leons de ladeuxime guerre du Liban. Et il a fort faire, car il lui faut redonner toutleur mordant aux fantassins israliens. Nombre d'entre eux avaient faitpreuve d'une prudence excessive et d'un manque d'allant inattendu,hsitant notamment quitter la protection de leurs vhicules blinds pourmonter l'assaut des immeubles fermement dfendus pas les combattants

    chiites. Sagissant des tankistes, la guerre contre le Hezbollah a mis envidence certains problmes demploi des blinds : coordination interarmesdfaillante, absence dinfanterie en accompagnement dans un terraincloisonn trs bien prpar par les miliciens Hezbollah et manque desynchronisation et de cohrence des ordres manant des diffrents tats-majors impliqus dans les oprations20. Sur le plan technique, les combatsde l't 2006 ont galement montr les limites du char Merkava, pourtant

    19 Pierre Razoux, Tsahal contre Hezbollah : un bilan svre , Raids n 245,octobre 2006.20 Pour tous ses aspects, se reporter aux nombreux reportages tlviss diffussaprs la guerre, notamment le documentaire d'Agns Vahramian intitul Les

    soldats du doute, diffus par le magazine Envoy spcial (France 2) le 14septembre 2006.

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    rput tre l'un des meilleurs au monde : 52 d'entre eux (33 Mk2/3, 19Mk4) ont t mis hors de combat par les tirs de missiles antichars et 3autres dtruits par IED21. Les combattants chiites ont multipli lesembuscades et utilis des tactiques bien rdes, tirant prs de 500 missilesantichars. Ils ont laiss les chars s'aventurer dcouvert, au-del de leurspropres positions, puis ont surgi pour leur tirer dessus depuis plusieursdirections la fois. Ils ont pu ainsi les frapper par l'arrire, l o lesMerkava sont le plus vulnrables. Sur les 52 chars touchs par desmissiles, 22 ont t dtruits, portant ainsi 25 le nombre de Merkavairrmdiablement dtruits lors de ce conflit. Le taux de pntration desmissiles antichars s'est avr paradoxalement identique celui enregistrlors de la premire guerre du Liban (45 %), mais infrieur celui de laguerre du Kippour (60 %)22. La conception du Merkava, privilgiant laprotection des quipages, s'est en revanche montre pertinente, puisqueseuls 23 des membres d'quipage des chars touchs ont t tus, soit10 % peine de l'effectif considr (contre 35 % pendant la guerre du

    Kippour)23

    .

    Le constat dchec de Tsahalau cours de la guerre de lt 2006 etles premires mesures prises immdiatement aprs le conflitsaccompagnent de rorientations en profondeur dont les effets devraienttre perus plus long terme.

    21 IED = Improvised Explosive Device (engin explosif improvis).22 Barbara Opall-Rome, New life for Merkava line? DefenseNews, 28 aot2006.23 Marc Chassillan, Premier bilan technique de vulnrabilit des chars Merkava,Raidsn 245, octobre 2006.

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    Les efforts de rorientation de ladfense nationale isralienne

    s sa nomination, Gaby Ashknazi s'est attel sa tche : remonter lemoral de Tsahal et mettre en uvre les mesures indispensables lui

    permettant de conduire, si ncessaire, une campagne militaire victorieuse.Du matriel a ainsi t command en urgence pour amliorer l'quipementdes forces terrestres, tout particulirement dans les units de rservistes.Cette initiative parat d'autant plus urgente qu'une enqute rcente admontr que 25 % des jeunes Israliens ont russi chapper au servicemilitaire obligatoire depuis la fin de la deuxime guerre du Liban24, mettantainsi en exergue le discrdit dont souffre l'institution militaire auprs desjeunes Israliens. Pour redorer le blason de Tsahalet viter de nouvellesdconvenues, des rorientations majeures ont t entreprises dansplusieurs domaines. Celles-ci concernent aussi bien les forces terrestres, lamarine et larme de lair que la coopration interarmes et lerenseignement et lamlioration du systme de prise de dcision en priode

    de guerre.

    D

    Priorit aux forces terrestres

    L'amlioration des forces terrestres est juge d'emble prioritaire. Dansl'hypothse d'une reprise des combats, les militaires israliens savent eneffet qu'ils ne pourraient pas faire l'conomie d'une offensive terrestre. Lemanque de protection et linsuffisance de l'armement des vhicules blindsde transport de troupes ont finalement incit l'tat-major relancer leprogramme Namer (littralement tigre ) driv du char Merkava, etsuspendu il y a quelques annes cause de son cot jug excessif. Cenouveau vhicule blind de combat d'infanterie de 60 tonnes devrait tre

    capable d'escorter les Merkava sur le champ de bataille en offrant auxgrenadiers voltigeurs la meilleure protection possible. Linnovation majeurerside dans le fait que le Namerpourrait tre quip d'un canon de 30 mmtlcommand lui permettant d'engager l'infanterie adverse distance descurit25. Tirant les leons du conflit, les Israliens sont en train derenforcer la protection des Merkavapar l'adjonction de blindages et la miseen place du coteux systme Poing d'acier qui permet de dtecter etdtruire les missiles antichars distance. Ce dispositif anti-missiles avaitt jusque-l cart cause de son cot, jug prohibitif. La cadence de

    24AFPJrusalem, 17 juillet 2007.25

    Pierre Santoni, L'infanterie mcanise en action , Raids Hors-Srie n 23,printemps 2007.

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    production des chars Merkava Mk4 s'est acclre. Paralllement, leniveau d'entranement des tankistes a t revu la hausse depuis qu'unrapport du gnral Mizrahi a mis en vidence un niveau extrmement basde comptence oprationnelle au sein du corps des blinds . Fin avril2007, la 401e brigade blinde a achev une priode d'entranement intensifde trois mois au cours de laquelle ses troupes se sont familiarises avecl'emploi du char Merkava Mk4 et la mise en uvre de nouvellesprocdures tactiques26. Les tankistes israliens se tiennent dsormais prtspour un second round.

    Afin damliorer l'entranement des fantassins et des parachutistes,l'tat-major a ouvert un centre d'entranement la lutte antigurilla sur labase d'Elyakim, dans le nord d'Isral, destin prodiguer des cours derattrapage aux soldats et aux officiers. Il a galement inaugur un centred'entranement au combat urbain novateur, dans le dsert du Nguev, quireproduit l'identique (sur plus de 20 km) une ville arabe avec sa casbah,

    ses mosques et son camp de rfugis. Chaque maison est quipe d'unecamra de surveillance qui filme l'action des soldats l'entranement. Lesfantassins rapprennent ainsi quitter leurs vhicules blinds pour investirles btiments, au risque de livrer de sanglants corps corps. Ce centre,unique au monde, a t construit avec l'aide des Etats-Unis qui y envoientgalement leurs forces spciales avant leur engagement en Irak. Leschanes logistiques et mdicales ont en outre t revues pour s'assurer queles dfaillances constates ne se reproduisent plus. De ce point de vue, lesprojets dexternalisation dune partie du soutien logistique ont t revus labaisse, pour laisser aux militaires un meilleur contrle de leurs besoinsrels.

    Contrairement la tendance esquisse depuis quelques annes,qui prnait une rduction drastique des effectifs et une diminution du tempspass sous les drapeaux, les autorits militaires israliennes suggrentdsormais une hausse sensible des effectifs et un rallongement despriodes de rserves27. Elles ne remettent pas en cause la ncessit derduire le nombre d'units blindes de rserve (deux divisions seraientainsi en cours de dissolution), mais constatent la ncessit d'accrotre lenombre de brigades d'infanterie pour valoriser davantage le combat defantassins28. A cet effet, elles envisagent d'accrotre le volume ducontingent (50 000 hommes de plus disponibles sous bref pravis) enmaintenant les rservistes plus longtemps sous les drapeaux (90 jours tous

    les trois ans, au lieu de 45 comme aujourd'hui), et ce jusqu' un ge plusavanc (45 ans au lieu de 40 comme envisag en 2005). Sans voquerune professionnalisation complte, encore taboue en Isral, un certain

    26Guysen Israel News, 27 avril 2007.27 Une fois mobilise, Tsahalaligne 600 000 hommes et femmes, 2 500 chars debataille et 7 000 autres blinds (quipant douze divisions blindes, trois divisionsmcanises vocation territoriale et une division aromobile), 465 aronefs decombat (65 F-15A/B/C/D, 25 F-15I, 40 F-16I, 215 F-16A/B/C/D, 25 Super Phantom,50 AH-64 et 45 AH-1) et 14 btiments de guerre (trois sous-marins de type 800,trois corvettes furtives de classe Saar 5 et huit vedettes lance-missiles de classeSaar 4 et Saar 4.5).28

    Alon Ben-David, IDF shifts focus to ground forces , Jane's Defence Weekly,10 janvier 2007.

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    nombre d'units d'lite pourraient pourtant voir leur effectif seprofessionnaliser.

    La rforme en cours ne remet toutefois pas en cause les principes

    fondamentaux qui ont assis la notorit de Tsahal: attaque prventive,recherche systmatique de la surprise et de la bataille dcisive, combatsrapides prservant autant que possible l'environnement urbain isralien.Comme souvent, la gographie dicte la stratgie et par la mme l'ide demanuvre. Isral est un petit pays, trs troit et faiblement peupl encomparaison avec ses voisins, qui doit imprativement exporter lescombats l'extrieur pour prserver son territoire. Il est galementcontraint de mener des guerres courtes pour viter que son conomie nes'affaiblisse trop. Il lui faut donc une arme nombreuse composeessentiellement de rservistes bien entrans et trs motivs, capables deragir rapidement s'il le faut. Un petit noyau de forces professionnellesregroupe des officiers et des sous-officiers qui forment l'encadrement

    permanent des units d'active. L'essentiel de l'aviation et de la marines'intgre dans ce noyau dur , aux cts de quelques units terrestres.Ensuite, le systme de conscription permet de maintenir en permanence unpetit nombre d'units aptes tre engages immdiatement au combat.Enfin, une vaste rserve mobilisable sous 72 heures, constitue par lesappels ayant achev leur service militaire, assure les gros bataillons.

    Le rle de l'officier demeure fondamental, car cest lui qui doitdonner lexemple. Pendant la guerre de lt 2006, certains officiers ont tqualifis de plasma leaders par leurs subordonns car ils passaientlessentiel de leur temps devant lcran de leur ordinateur portable. Or, la

    place de lofficier se situe lavant des troupes et non larrire. Sefondant sur la tradition du Palmah et de la Haganah, un officier quiemmne ses soldats au combat ne crie pas en avant , mais suivez-moi ! Les qualits de courage, dinitiative, dautorit et dardeur aucombat constituent toujours les principaux critres davancement desofficiers.

    Possibilits et limites de lArme de lAir et de la Marine

    Les aviateurs israliens sont aujourd'hui confronts une crise deconfiance. Ils ptissent indirectement de l'chec de la stratgie du toutarien prne par le gnral Dan Haloutz, alors mme que la quasi

    totalit des objectifs militaires qui leur avaient t fixs pendant l't 2006ont t atteints et que leur professionnalisme a t reconnu par lesdiffrentes commissions ayant enqut sur le droulement des oprations.Les pilotes ont en effet dtruit l'essentiel des lance-roquettes longueporte qui se sont dvoils ou qui ont t reprs grce l'action desforces spciales29, ont intercept les drones que le Hezbollah a tentd'envoyer au-dessus d'Isral et ont garanti la supriorit arienne au-dessus du champ de bataille. Ils ont galement appliquconsciencieusement la thorie des cinq cercles de Warden, selon laquelle il

    29 Se reporter ltude dj cite du lieutenant-colonel Michel Goya Le marteau

    et le mercure ralise en septembre 2006 dans le cadre du Centre de Doctrined'Emploi des Forces du ministre de la Dfense.

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    est ncessaire, pour neutraliser ladversaire, de viser ses centres decommandement, ses sources deau et dnergie, sa logistique, sapopulation (par le biais notamment de laction psychologique) et enfin sesforces armes.

    Dans le cas de la guerre de 2006, cette approche de la puissancearienne n'tait tout simplement pas la bonne rponse aux dfis poss parle Hezbollah.30 Une des consquences de la mauvaise estimation de lasituation a t le niveau relativement lev, quoiquacceptable, des pertesariennes : un chasseur bombardier F-16 I et quatre hlicoptres AH-64 etCH-53 abattus. Le commandement est par ailleurs confront unersistance grandissante au sein de lArme de lAir contre ses tactiques decombat : plusieurs collectifs de pilotes rservistes ont adress cesdernires annes au gouvernement isralien des lettres ouvertes pourprotester contre les missions de bombardement de civils palestiniens etd'assassinats cibls qui leur sont rgulirement confies31. Ces affaires,

    largement mdiatises, ont oblig la Cour suprme isralienne seprononcer sur la lgalit de ce type de missions.

    Quoi qu'il en soit, les pilotes et leurs commandants savent que la disqualification et la dmission de Dan Haloutz, leur gnral,risquent de saper durablement la crdibilit et linfluence de l'Arme del'Air. Seul signe d'optimisme pour eux, les liens entre le Pentagone etTsahal ne cessent de se renforcer. Outre la livraison rgulire dechasseurs bombardiers F-16 I (au rythme de deux par mois), l'Arme del'Air isralienne a reu des avions d'attaque en profondeur F-15 I, deshlicoptres de combat Apache Longbow (une version trs amliore de

    l'AH-64) et des avions Gulfstream G-550 Nachshon de guerre lectronique.Les centres israliens de dtection arienne sont interconnects ausystme amricain de surveillance de l'espace arien couvrant le Moyen-Orient et le bassin mditerranen. Israliens et Amricains ont effectu unexercice conjoint d'interception de missiles balistiques au mois de mars200732. En contrepartie, l'US Air Force s'entrane rgulirement au-dessusdu territoire isralien et utilise les bases israliennes pour le transit de sespropres appareils en provenance d'Irak. Les aviateurs israliens participentde leur ct aux exercices Red Flag de l'US Air Force et mme s'ilssavent quil ne leur sera pas allou autant de budget qu'auparavant, ils sontactuellement engags dans des discussions serres avec Washington pourl'achat de futurs appareils, lintercepteur F-22 et le chasseur bombardier F-

    35. Le magazine Jane's Defence Weekly, dans son dition du 2 mai 2007,confirme d'ailleurs la livraison probable de F-22 Jrusalem, en changede la leve du veto isralien pour la livraison d'armes de prcision aux paysarabes du Golfe33.

    30 Ron Tira, The Limitations of Standoff Firepower-Based Operations ,Memorandum89, The Institute for National Security Studies, March 2007.31 Pierre Razoux, Tsahal : nouvelle histoire de l'Arme isralienne, Perrin, 2006,p. 459.32Guysen Israel News, 18 mars 2007.33

    Alon Ben-David, US indicates Israeli F-22 Raptor access given Saudi JDAMdeal , JDW, 2 mai 2007.

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    Les marins ne sont pas non plus pargns par les consquences delchec de lt 2006. La Marine isralienne a en effet t pointe du doigtpar les mdias pendant la deuxime guerre du Liban, lorsque la corvettefurtive Hanit, son navire amiral, a t gravement endommage dans la nuitdu 14 au 15 juillet 2006 par un missile C-802 Silkworm trs probablementtir par des conseillers militaires iraniens34. Quatre marins ont t tus surle coup et le btiment s'est vu contraint de rentrer au port pour y tre rparen cale sche. Son commandant, qui se pensait l'abri de ce type demenaces, n'avait pas enclench le systme de dtection etd'autoprotection. Ce succs du Hezbollahn'a eu aucune influence tactique,mais il a acquis une valeur d'autant plus symbolique que le panache defume conscutif l'explosion du missile tait visible jusqu' Beyrouth.L'amiral David Ben Baachat, commandant la Marine, a prfrdmissionner sans attendre la publication du rapport final de laCommission Winograd. Les marins israliens n'en ont pas moins remplileur mission, assurant le blocus des ctes libanaises et pilonnant sans rpit

    les positions occupes par la milice chiite le long du littoral. Ces aspectspositifs n'ont toutefois pas t mdiatiss. La Marine a en effet longtempsfait figure de parent pauvre au sein de l'arme isralienne, clipse par lessuccs clatants de l'aviation et des blinds. Mconnue, elle n'en demeurepas moins une composante essentielle de Tsahal. Marine ctireinitialement cantonne un rle de dfense du littoral isralien, elle a vuprogressivement ses moyens s'accrotre de manire lui permettred'assumer des missions plus ambitieuses, qu'il s'agisse du blocus desctes ennemies ou bien encore de projection amphibie. Certaines de sesvictoires (notamment pendant la guerre du Kippour) ont influenc l'volutiondu combat naval moderne. Elle connat aujourd'hui de profondschangements qui renforcent sa capacit ocanique et lui permettent de

    participer des missions internationales, et devrait par ailleurs treamene jouer un rle accru dans la stratgie de dissuasion nuclaireisralienne.

    Une efficacit renforce en matire de coopration interarmeset de renseignement

    Depuis l'chec de l't 2006, l'tat-major semble avoir renonc l'option du tout arien pour revenir une vision plus quilibre du combataroterrestre qui repose sur l'action combine de l'ensemble des moyens.Un nouveau schma de bataille vient d'tre labor en cas de reprise deshostilits contre le Hezbollah. Celui-ci prvoit l'emploi massif de formationsblindes et mcanises censes atteindre trs rapidement le Litani, puispoursuivre en direction du nord, afin de bloquer la retraite des combattantschiites dploys dsormais prs de ce fleuve. Ceux-ci ont en effetreconstitu un rseau de positions fortifies le long du Litani. Une partiedes units israliennes qui viendraient tre engages dans une telleopration devrait en revanche redescendre vers la frontire israliennepour nettoyer le Liban-Sud de toute prsence adverse. Paralllement,des parachutistes et des fantassins d'lite pourraient tre hliports proximit des principales bases du Hezbollah, y compris dans la valle de

    34 Anthony Cordesman, Preliminary lessons of the Israeli-Hezbollah War, Center

    for Strategic and International Studies, Washington, 17 aot 2006 ; EmmanuelRazavi, Le bras arm de l'Iran , Le Spectacle du Monde, septembre 2006.

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    la Bekaa et dans la banlieue de Beyrouth, pour dcapiter la branchemilitaire de la milice chiite. Certains lments laissent penser quunevaste opration aromobile impliquant une brigade parachutiste compltepourrait avoir lieu dans les faubourgs sud de la capitale libanaise. Enmatire de renseignement, l'tat-major et la classe politique ont tent defaire porter une grande partie de la responsabilit de l'chec subi parTsahal au service de renseignement militaire isralien (Aman), estimantque celui-ci avait sous-estim la puissance du Hezbollah et s'tait montrincapable de fournir aux autorits israliennes des donnes fiables la foissur l'organisation et l'arsenal de la milice chiite. La ralit est pluscomplexe. Les nombreux tmoignages rvls par la commissionWinograd montrent qu'il ne s'agit pas d'une faillite du renseignement entant que tel, mais bien d'une erreur d'analyse et d'interprtation imputableaux principaux responsables d'Amancomme aux plus hautes autorits del'tat-major (comme en 1973, la veille de la guerre du Kippour35). A titred'exemple, les informations faisant tat de la prsence de missiles anti-

    navires C-802 dans l'arsenal du Hezbollahavaient bien fait l'objet de notesd'information, mais celles-ci n'avaient pas t juges pertinentes par l'tat-major et n'avaient donc pas t diffuses l'tat-major de la marine36. Lesdfaillances relles ou supposes d'Aman ont t d'autant plusstigmatises par les mdias que ce service se trouve en concurrencelarve avec d'autres services de renseignement : le Mossad pour lerenseignement extrieur, le Lekem pour le renseignement industriel et leShabakpour le renseignement intrieur. Compte tenu du ton trs critiquedu rapport prliminaire de la Commission Winograd, il n'est pas impossibleque le gnral Yamos Yadlin, chef d'Amandepuis janvier 2006, soit amen quitter ses fonctions plus tt que prvu. Rsultat du processus derforme en cours, l'Unit 8200 charge de collecter et centraliser

    l'ensemble du renseignement lectronique et lectromagntique pour lecompte du renseignement militaire devrait tre prochainement transformeen une vritable agence civile dtache de Tsahal. Cette unit est d'autantplus stratgique qu'elle gre les coutes et la cryptographie. Elle joue enfait le mme rle ( une chelle bien moindre videmment) que la NSAamricaine en supervisant, entre autres, l'activit des satellites espionsisraliens, qu'il s'agisse du satellite d'observation OFEQ-5 mis sur orbite le28 mai 2002 (crdit dun pouvoir de rsolution au sol infrieur au mtre,comparable celui des meilleurs satellites occidentaux), du satellite decommunication AMOS-2 lanc le 28 dcembre 2003, ou bien encore dusatellite de reconnaissance Eros B lanc le 25 avril 2006. Le lancementrussi du satellite OFEQ-7 quip de camras d'une rsolution infrieure

    50 cm, le 11 juin 2007, vient d'accrotre de manire significative le potentield'observation de Tsahal37. L'Unit 8200 centralise galement les donnescollectes par les avions Super King Air et Gulfstream G-550 du 134eescadron de guerre lectronique et ceux du 192e escadron de dtection

    35 Lors de la guerre du Kippour, le service de renseignement militaire avait tsvrement critiqu pour ne pas avoir anticip le dclenchement de loffensivegyptienne et syrienne. Il est apparu par la suite que les prparatifs militairesarabes avaient bien t dtects par plusieurs officiers de renseignementsisraliens, mais que les rapports rdigs par ceux-ci avaient t classs sanssuite par leur hirarchie.36

    AFPJrusalem, 7 novembre 2006 ; Guysen Israel News, 7 novembre 2006.37Guysen Israel News, 11 juin 2007.

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    aroporte. Elle a enfin autorit sur l'Unit Hatzav, charge de collecterl'ensemble des donnes provenant de sources ouvertes.

    Le dveloppement de ces technologies dobservation et des autres

    quipements voqus prcdemment a t rendu possible par le vote laKnesset d'un budget record de la Dfense de 50,2 milliards de shekels (12milliards de dollars) pour l'anne 2007, soit une hausse spectaculaire deplus de 50 % par rapport l'anne prcdente. Ce budget, auquel ilconvient d'ajouter les 2,4 milliards de dollars d'aide annuelle amricaine,doit permettre d'amortir une partie du cot de la guerre contre le Hezbollah,mais surtout de financer les rformes en cours au sein de Tsahal.

    De meilleures procdures de prise de dcision

    Pour viter que ne se reproduisent les errements de l't 2006, legouvernement a dfini au dbut de l'anne 2007 un nouveau mcanisme

    de prise de dcision concernant les oprations militaires. Le ministre de laDfense et l'tat-major gnral ont convenu dun processus la fois plussouple et plus ractif entre l'chelon politique et le commandement du frontimpliqu dans les oprations. Un lien direct est ainsi tabli entre le ministrede la Dfense et le commandant de thtre, le chef d'tat-major prservantson rle darbitre. Le chef dtat-major peut toujours faire prvaloir sesvues, condition den rfrer au ministre de la Dfense. Il ne s'agit paspour les Israliens de copier dlibrment le modle amricain, mais toutsimplement de s'adapter aux ralits du terrain. Du 14 au 17 mai 2007,Tsahala entam un vaste exercice (Avnet-10) visant tester ces nouvellesprocdures38. Cet exercice, qui a mis l'accent sur les leons tires de ladeuxime guerre du Liban, a permis d'entraner le haut commandementmilitaire faire face une srie de crises simultanes sur plusieurs fronts.

    Les autorits israliennes se sont galement engages dissoudrel'organisation de la dfense passive, manifestement dfaillante lors de laguerre contre le Hezbollah, au profit de la cration d'un Office nationald'urgence plac sous la tutelle du ministre de la scurit intrieure. Il s'agiten fait de confier un organisme professionnel, et non plus desrservistes gs, la lourde tche de coordonner les mesures prventives etl'organisation des secours en cas de reprise des hostilits.

    Toutes ces rorientations doivent permettre Tsahalde faire faceaux menaces qui se profilent lhorizon. Ces menaces sont qualitativementtrs diffrentes, puisquelles vont des roquettes artisanales fabriques pardes groupes infra-tatiques la possible acquisition de larme nuclaire parlIran.

    38Guysen Israel News, 15 mai 2007.

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    Les enjeux futurs pour la scuritd'Isral

    lors que depuis le milieu des annes 1980, Isral parat davantageconfront des menaces gnralement qualifies de basse

    intensit , le dossier du nuclaire iranien laisse entrevoir un changementdhorizon stratgique. Le niveau potentiel de destructions induit par les

    armes nuclaires est tel que la question de la prolifration est suivie avecune attention particulire en Isral. Pourtant, court et moyen termes, lesgroupes non tatiques risquent de demeurer les principaux adversaires deTsahal, moins que des Etats voisins en particulier la Syrie neredeviennent menaants, une hypothse qui parat toutefois peu probable.

    A

    Lhorizon stratgique : prolifration et dissuasion

    L'volution proccupante du programme nuclaire iranien fait la une desgrands quotidiens depuis l'lection de Mahmoud Ahmadinejad laprsidence de la rpublique islamique, en juin 2005. Au-del desmanuvres diplomatiques en cours, nombreux sont ceux qui s'interrogent

    sur lhypothse de frappes militaires israliennes contre les installations duprogramme nuclaire iranien, l'instar de l'opration Opra lance parle gouvernement hbreu, le 7 juin 1981, pour dtruire le programmenuclaire irakien. Deux coles de pense saffrontent. Dune part, ceux quiconsidrent qu'il faut frapper lIran quoi qu'il advienne et qui nattendent quele moment propice pour le faire. Dautre part, ceux qui estiment quau deldun discours convenu de fermet, ltat hbreu na aucun intrt attaquer lIran et pourrait mme tirer habilement parti de laccession decelui-ci au rang de puissance nuclaire.

    Les partisans du premier courant considrent la possession darmes

    atomiques par Thran comme une menace vitale pour Isral39

    . Ilsrappellent les dclarations du pouvoir iranien appelant la destruction deltat hbreu et soulignent le risque de transfert clandestin de ttesnuclaires vers une organisation terroriste telle quAl-Qada. Ils pointentgalement du doigt le renforcement de capacits militaires stratgiques quipermettraient aux Iraniens de sen prendre plus facilement Isral, tellesque lacquisition clandestine de douze missiles de croisire de type Kh-55

    39 Tel l'ancien prsident de l'Etat hbreu, Mosh Katsav, qui n'a cess de rpter

    qu'Isral ne permettrait pas au rgime iranien de se doter de l'arme nuclaire(Guysen Israel News, 16 janvier 2006).

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    (crdit dune porte de 3 000 km) auprs de lUkraine en 200140, ou bienencore la mise en orbite par Thran du satellite de reconnaissance Sina-1(par un lanceur russe) au mois doctobre 200541. Ceux-l ont pouss lacration la fois d'un nouveau Front iranien dont la responsabilit a tconfie au gnral Eliezer Shkedy (qui commande actuellement l'arme del'air) et la mise en place d'un ministre des affaires stratgiques confi Avigdor Liberman, dont la mission principale consiste coordonnerl'ensemble des actions politiques, diplomatiques et conomiques visant affaiblir le rgime iranien42.

    Les tenants du deuxime courant estiment qu'il nest pas de lintrtdIsral dintervenir militairement contre l'Iran. Quoi quil arrive, Thranobtiendra un jour la bombe atomique et une frappe prventive de lIran neferait quaccrotre les risques de conflits futurs43. Selon eux, mieux vautmiser sur lexercice de la dissuasion, car les Iraniens, une fois dots de labombe atomique, s'empresseront d'entrer dans ce processus, trop contents

    de pouvoir rtablir durablement le statut de puissance rgionale de leurpays. La disproportion norme entre l'arsenal iranien - virtuel pour lemoment - et l'arsenal isralien, bien rel celui-ci - est galement mise enexergue : d'un ct, quelques bombes A rudimentaires ; de l'autre, uneforce de frappe qui dpasse de trs loin tout ce que l'Iran pourraitaccumuler dans les dcennies qui viennent.

    Isral demeure en effet, lheure actuelle, la premire puissancenuclaire de la rgion. La communaut internationale saccorde considrer Isral comme la sixime puissance nuclaire, derrire les tats-Unis, la Russie, la France, la Grande-Bretagne et la Chine. A l'inverse de

    ces cinq pays, membres permanents du Conseil de scurit des Nationsunies, Isral n'est pas signataire du trait de non-prolifration nuclaire(TNP). Depuis 1967, date o l'Etat hbreu s'est dot de sa premire bombeatomique, les autorits israliennes n'ont cess de rpter avec plus oumoins de conviction qu'Isral ne serait pas le premier Etat introduirel'arme nuclaire au Proche-Orient. L'objectif recherch par Isral taitsimple : se doter d'une capacit de dissuasion crdible face la menacemilitaire conventionnelle exerce par ses voisins arabes. Les experts delAgence Internationale de lnergie Atomique (AIEA) et les analystes desprincipales agences de renseignement estiment aujourdhui larsenalstratgique des Israliens entre 80 et 200 ttes nuclaires (comprenanttrs certainement plusieurs ttes mgatonniques)44. Pour mettre en uvre

    40 Tom Warner, Ukraine admits it exported cruise missiles to Iran and China ,Financial Times, 18 mars 2005.41Guysen Israel News, 18 novembre 2005.42 Ephram Kam, A Nuclear Iran : what does it mean and what can be done ? ,Memorandum88, INSS, February 200743 Shlomo Nakdimon citant le gnral Zipori (Tamuz on Fire, 2e dition, IdanimPublishing, Tel Aviv, 1993, p. 173) ; Gnral Tamir (Bemachane, 17 juin 1992) ;Gnral Livne (Bemachane, 15 janvier 1992).44 Confer l'dition la plus rcente du Military Balance dit par l'InternationalInstitute for Strategic Studies de Londres. Oxford University Press. 2007 ; pour unaperu complet de l'volution de la politique nuclaire isralienne, se reporter

    l'article de Zeev Maoz The Mixed Blessing of Israel's Nuclear Policy ,International Security, vol. 28, N 2, Automne 2003, pp. 44-77.

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    cet arsenal, Tsahal dispose de plusieurs vecteurs. Tout d'abord, unecomposante aroporte reprsente par les 25 chasseurs bombardiers F-15 I et les 40 chasseurs bombardiers F-16 I en service dans l'arme del'air, tous quips pour transporter des armes nuclaires. Cettecomposante prsente l'avantage d'une trs grande flexibilit et d'une portede plusieurs milliers de kilomtres grce la capacit de ravitaillement envol des appareils. Viennent ensuite une cinquantaine de missilesbalistiques Jricho II (1 500 km de porte) mis en uvre partir de plates-formes terrestres mobiles (vhicules porteur / recteur) et quelquesmissiles Jricho III d'une porte thorique de 4 800 km. Isral cherche enoutre, depuis plusieurs annes, mettre sur pied une capacit de frappenuclaire embarque bord de sous-marins (via les missiles de croisireTurbo Popeye). Cette capacit, virtuelle pour les uns, relle pour les autres,sera bientt renforce par la livraison de deux nouveaux sous-marinsallemands45 qui viendront s'ajouter aux trois sous-marins de type 800 djen service. Avec cinq sous-marins, les responsables de la marine sont srs

    de pouvoir organiser terme une permanence la mer garantissant unecapacit de frappe nuclaire en second, tout en conservant la possibilitd'exercer des missions de combat au large des ctes syriennes, si lebesoin s'en faisait sentir. Trois sous-marins pourraient ainsi se relayer enmer (un premier en patrouille, un second en transit, un troisime au repos),un quatrime resterait en alerte et le dernier en carnage pour l'entretienrgulier. Ces cinq submersibles conserveraient bien videmment lacapacit de tirer des missiles de croisire quips de ttesconventionnelles. Pour dgager la marge budgtaire lui permettant definancer ce programme, la marine isralienne est en train de retirer duservice d'autres btiments (notamment une partie de ses vedettes lance-missiles) et elle aurait renonc la construction de btiments de projection

    de forces.

    En 2005, l'Amiraut isralienne a annonc que ses sous-marins netransiteraient plus par le canal de Suez (o ils sont obligs de naviguer ensurface, ce qui les rend aisment reprables) pour rejoindre l'OcanIndien46. Ils passeront dsormais par le dtroit de Gibraltar et feront le tourdu continent africain. Si cette dcision rallonge sensiblement le temps dedploiement des sous-marins, elle apparat cohrente au regard de lanouvelle stratgie de dissuasion quIsral semble avoir adopt, enmaintenant la plus grande incertitude sur la position de ses submersiblesune fois que ceux-ci ont quitt leur base d'Hafa. Jrusalem aurait d'ailleurs

    obtenu des facilits de mouillage en Afrique du Sud et serait en train dengocier avec New Delhi une autorisation permanente d'escale pour sessous-marins dans le port indien de Bombay. Un ou deux sous-marinsisraliens pourraient tre ainsi bass et entretenus en Inde, seuls lesquipages et les techniciens effectuant la navette avec Isral. Toutes cesmesures confortent l'ide que l'tat hbreu semble bien dcid conduiredes missions de dissuasion navales l'encontre de l'Iran.

    45 Au mois de novembre 2005, Berlin s'est engag fournir Jrusalem deuxnouveaux sous-marins particulirement silencieux et endurants de type 800

    amliors.46 Lettre d'informations stratgiques TTU Monde Araben 452, 15 dcembre 2005.

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    Les tenants du deuxime courant mentionnent galement une desdernires valuations stratgiques des services de renseignement militaire,Aman, selon laquelle le danger de voir l'Iran utiliser des bombes atomiquescontre Isral, une fois le programme nuclaire iranien achev, est minime47.De nombreux Israliens soulignent galement que la bombe pakistanaise,bien relle, est potentiellement tout aussi dangereuse que la bombeiranienne. Ils rappellent enfin quIsral dispose de bombes Hsurpuissantes, demeure sous parapluie nuclaire amricain et vient demettre en service le missile Jricho 3, d'une porte thorique de 4 800 kmsusceptible datteindre toute cible situe entre l'Algrie et le Pakistan.

    Pour ceux qui dfendent cette approche, miser sur un changementde rgime Thran savrerait un calcul erron, car l'acquisition de latechnologie nuclaire s'imposerait comme un objectif stratgique de longterme pour lensemble de la classe politique iranienne, des islamistes lesplus rigoristes aux rformateurs les plus libraux48. De leur point de vue, les

    drapages verbaux du prsident Ahmadinejad sont avant tout destins resserrer le peuple iranien autour de sa personne en provoquantsciemment le camp occidental, tout en raffirmant par la mme son soutien lgard de la Syrie et du Hezbollah, ses allis de longue date. EhoudOlmert lui-mme semble avoir adhr cette analyse en dclarant : LIran nous provoque pour que nous ripostions, mais nous ne nouslaisserons pas entraner dans ce pige 49. Il rappelle au passage que leprsident iranien ne fait pas lunanimit dans son pays, quil a djchapp plusieurs tentatives dassassinat, qu'il est en lutte ouverte avecle camp des modrs (reprsent par Rafsandjani, Khatami etKhalibaf), que le guide de la rvolution Khamenei a plusieurs fois arbitr ensa dfaveur et quenfin les sanctions conomiques dcrtes par le Conseilde scurit de l'ONU semblent porter leurs fruits. A une autre chelle,certains observateurs soulignent que laccession de lIran au rang depuissance nuclaire naurait pas que des inconvnients, puisquellepermettrait Isral de lgitimer son propre arsenal atomique aux yeux dela communaut internationale, celui-ci simposant ds lors comme le garantnaturel du jeu de la dissuasion entre les deux pays. Qui plus est, uneventuelle bombe atomique iranienne permettrait au pouvoir isralien defaire pression sur Washington pour prenniser lassistance militaireamricaine sur le trs long terme.

    Quelle que soit la volont politique des uns et des autres, de

    nombreux experts considrent de toute faon que Tsahal ne dispose pasdes moyens lui permettant de frapper de manire dcisive l'ensemble desinfrastructures nuclaires iraniennes, nombreuses, disperses surl'ensemble du territoire, et dont certaines sont profondment enterres50.

    47 Lettre d'informations stratgiques TTUn 637, 18 juillet 2007.48 Se reporter notamment larticle polmique de Yann Richard, LIran aura labombe , Le Monde, 20 aot 2005.49Guysen Isral News, 23 janvier 2006.50 En l'tat actuel, l'Iran disposerait d'au moins dix sites sensibles : le centre derecherche nuclaire de Thran quip d'un racteur de cinq mgawatts livr parle gouvernement amricain en 1960 ; le centre de recherche d'Ispahan

    comprenant quatre petits racteurs livrs par la Chine au dbut des annes 1990 ;la mine d'uranium naturel de Saghand ; les usines d'enrichissement d'uranium

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    Le gnral Shlomo Brom, ancien responsable de la planification au sein del'arme de l'air isralienne, a soulign dans une tude intitule Gettingready for a nuclear-ready Iran , publie par lUS Army War College, quauvu de multiples contraintes (loignement des cibles, capacits insuffisantesen termes de ravitaillement en vol, soutien logistique trop limit, rticencedes allis turc et indien soutenir lopration), Tsahalserait certes capabledeffectuer quelques frappes efficaces contre certaines installationsnuclaires iraniennes, mais ne serait pas en mesure de mener unecampagne arienne soutenue permettant de neutraliser lensemble duprogramme iranien, moins d'agir paralllement une intervention militaireamricaine51. De ce point de vue, l'tude rcemment publie dans la revueInternational Security propos des capacits de frappes militairesisraliennes contre le complexe nuclaire iranien semble trs optimiste etquelque peu irraliste, lorsquelle conclut que The operation wouldappear to be no more risky than Israel's 1981 attack on Iraq's Osirakreactor .52 Cette tude, se fonde en effet sur un modle purement

    mathmatique qui ne tient pas vritablement compte d'un nombre importantde paramtres extrieurs et de contraintes politico-diplomatiques. Ellesurestime en outre la capacit de ravitaillement en vol de l'arme de l'airisralienne et part du postulat audacieux qu'il suffirait aux Israliens den'attaquer que les sites de Natanz et d'Arak pour neutraliser le programmeiranien. Elle n'envisage qu'une action arienne, sans s'intresservritablement l'hypothse de raids commandos, de tirs de missiles decroisire par des sous-marins israliens, voire d'une frappe de missilesbalistiques Jericho quips pour l'occasion de ttes conventionnelles. Quoiqu'il en soit, il est fort probable qu'une attaque isralienne, si elle survenait,se limiterait une frappe d'avertissement.

    Nonobstant, pour convaincre leur adversaire potentiel de lacrdibilit de leur outil militaire, les Israliens multiplient depuis plusieursmois les missions d'entranement longue distance, que ce soit en MerRouge ou en Mditerrane. Des formations d'une trentaine de F-15 et F-16

    d'Ispahan et de Natanz ; l'usine d'Arak de traitement de l'eau lourde ; la centralenuclaire de Bouchehr, en cours d'achvement ; les dpts de combustible et deretraitement d'Anarak et d'Ardekan. L'AIEA aurait galement identifi quatre autressites suspects Parchin, Lavizan, Tabass et Chalous. Une nouvelle centralenuclaire serait en construction Darkhovin, non loin de la frontire irakienne.51 Lettre d'informations stratgiques TTU Monde Araben 451, 8 dcembre 2005.52

    Whitney Raas & Austin Long, Osirak Redux? Assessing Israeli Capabilities toDestroy Iranian Nuclear Facilities , International Security, printemps 2007, vol. 31,n 4, pp. 7-33. Cette tude, qui analyse les capacits de frappes militairesisraliennes contre le complexe nuclaire iranien, se fonde en effet sur un modlepurement mathmatique qui ne tient pas vritablement compte d'un nombreimportant de paramtres extrieurs et de contraintes politico-diplomatiques. Lesauteurs surestiment en outre la capacit de ravitaillement en vol de l'arme de l'airisralienne et partent du postulat audacieux qu'il suffirait aux Israliens den'attaquer que les sites de Natanz et d'Arak pour neutraliser le programme iranien.Ils n'envisagent qu'une action arienne, sans s'intresser vritablement l'hypothse de raids commandos, de tirs de missiles de croisire par des sous-marins israliens, voire mme d'une frappe de missiles balistiques Jericho quipspour l'occasion de ttes conventionnelles. Quoi qu'il en soit, il est fort probable

    qu'une attaque isralienne, si elle survenait, se limiterait une frapped'avertissement.

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    ont t vues au large de Malte, en Mer Ege et proximit de Djibouti53. Enpriv, toutefois, de nombreux responsables israliens estiment que lameilleure option pour Isral consisterait laisser les Etats-Unis intervenir,les laissant ainsi assumer seuls la responsabilit et les risques d'une tellecampagne militaire. Ces responsables estiment d'ailleurs que la nonparticipation de Tsahal pourrait amener la formation inespre d'unecoalition de pays arabes modrs aux cts des Etats-Unis contre l'Iran.Ds lors, il serait contreproductif, de leur point de vue, de torpiller cette ouverture historique en s'associant une opration militaire trsrisque, aux rsultats de surcrot trs incertains. Enfin, ces mmesresponsables soulignent que la nomination d'un terrien la tte deTsahal, combine l'chec relatif de l'emploi de la puissance arienne lorsde la deuxime guerre du Liban, ne milite pas pour le dclenchement d'unevaste offensive arienne.

    Si lhypothse dune guerre imminente contre lIran ne semble donc

    pas trs probable, dautres menaces paraissent plus tangibles courtterme. Avant dvoquer les problmes rcurrents poss par le Hamas etHezbollah, le cas de la Syrie mrite dtre brivement abord.

    La faible probabilit dun conflit direct avec la Syrie

    Le raid isralien qui a eu lieu en territoire syrien le 6 septembre 2007pourrait laisser penser que les deux pays sont sur le pied de guerre.Toutefois, depuis plus d'un an, les indices se multiplient pour dmontrerqu'Isral et la Syrie cherchent ngocier un cessez-le-feu permanent visant normaliser leurs relations54. Les Israliens cherchent apparemment stabiliser la situation avant que la dynastie Assad ne seffondre, craignantqu'une telle chute nentrane le pays dans une spirale chaotique propice l'mergence d'une mouvance islamiste radicale leur porte. De leur ct,les Syriens sont bien conscients de la faiblesse de leur arme et del'impossibilit pour elle de reconqurir par les armes les territoires perdusen 1967 et 1973. C'est d'ailleurs ce constat pragmatique qui fonde le statuquo rgnant entre Isral et la Syrie depuis la fin de la guerre du Liban. C'estgalement ce qui explique que la Syrie ne soit pas intervenue ouvertementau cours de la deuxime guerre du Liban. Les deux capitales semblentdonc engages dans un jeu de ngociation complexe, maniantalternativement la carotte et le bton, pour tenter de parvenir la situationla plus avantageuse possible. C'est la raison pour laquelle les rumeurs

    faisant tat de ngociations avances, ou bien au contraire de prparatifsmilitaires, vont bon train de part et d'autre du plateau du Golan 55. Si

    53 Lettre d'informations stratgiques TTUn 625, 25 avril 2007 ; TTU Monde Araben 504, 14 fvrier 2007 ; Guysen Israel News, 1er mai 2007.54 Assaf Oni & Akiva Eldar, Switzerland says it mediated in informal Israel-Syriapeace talks , Haaretz, 23 janvier 2007 ; Akiva Eldar, Secret understandingsreached between representatives from Israel and Syria ; Haaretz, 16 janvier 2007;AFPJrusalem, 16 janvier 2007.55 A titre d'exemple, trois articles contradictoires et rcents : Le ministre israliendes transports Shaoul Mofaz favorable des contacts avec la Syrie , GuysenIsrael News, 4 juin 2007 ; Selon le chef des renseignements militaires israliens,

    la Syrie se prpare la guerre , Guysen Israel News, 5 juin 2007 ; Isral estprt dialoguer srieusement avec la Syrie , Guysen Israel News, 8 juin 2007.

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    l'hypothse d'une confrontation militaire entre Isral et la Syrie ne peut tretotalement carte, notamment dans le cas o le rgime affaibli duprsident Bachar el-Assad, accul aux pires extrmits, en viendrait multiplier les provocations outrancires, celle-ci reste aujourd'hui peuprobable - comme le soulignent d'ailleurs certaines agences de presse quiinterprtent la visite officielle du prsident iranien Ahmadinejad Damas, le19 juillet 2007, comme une dmarche de Thran visant convaincre lergime syrien de ne pas renier son alliance stratgique avec l'Iran, enchange d'un accord de paix avec Isral56. Ehoud Olmert a par ailleursrcemment dclar qu'il ne croyait pas qu'une guerre puisse clater avec laSyrie d'ici la fin de l'anne 200757.

    En ralit, pour Isral, la menace la plus prgnante risque bien dedemeurer, court et moyen termes, celle des groupes non tatiques, enparticulier le Hamaset le Hezbollah.

    Face aux groupes non tatiques : protger la population hic etnunc

    Pendant la guerre de lt 2006, larme isralienne sest rvle incapablede mettre fin aux tirs de roquettes provenant du territoire libanais.Aujourdhui, les projectiles artisanaux tirs par des groupes palestinienscontinuent de toucher sporadiquement les localits israliennes proches dela bande de Gaza. Pour dvelopper une protection active , Isral sestdcid raliser de nouveaux systmes de dfense antimissile. Aprsavoir cart l'ide d'un rseau de canons laser (driv du projet amricainTHEL) au cot exorbitant et l'efficacit douteuse, le gouvernement a optpour deux systmes complmentaires dont le rapport cot-efficacit estjug acceptable58. Le premier, dnomm Dme d'acier , viseprioritairement l'interception des roquettes artisanales de type Qassamparle tir d'une nue de projectiles cintiques classiques. Le deuxime,surnomm Baguette magique , doit permettre d'intercepter desroquettes de moyenne porte59. Lorsquune roquette ennemie est repre,un missile de faible cot driv du missile sol-air Barak est tir dans sadirection et explose proximit pour la dsintgrer. La conception de cesdeux programmes (censs tre oprationnels la fin de l'anne 2009) estbase sur un radar unique de dtection et de mise feu compatible avec lesystme anti-missile Arrow. Ce dernier a en effet t test avec succs parTsahal le 11 fvrier 2007 contre une cible simulant un missile balistique

    56 Guysen Israel News, 17 juillet 2007. Voir galement Barak Ravid, IDFintelligence: Syria is not planning attack on Israel , Haaretz, 25 juillet 2007.57Ynetnews, 8 aot 2007.58 Lettre d'informations stratgiques TTUn 612 (17 janvier 2007) et 615 (7 fvrier2007). Mme si des informations rcentes laissent penser que les gnrauxisraliens s'apprtent relancer leur projet de canons laser d'interception (BarakRavid, Government mulling resumption of Skyguard missile defense , Haaretz,

    2 aot 2007).59 Zeev Schiff, The wheels did not turn , Haaretz, 11 mai 2007.

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    iranien, justifiant ainsi la commande d'une troisime batteriesupplmentaire de missiles Arrow60.

    Loption qui consiste contrer les roquettes ennemies ne fait

    toutefois pas lunanimit en Isral et certains prnent des mthodes plusactives. Un ancien ministre de la Dfense isralien rappelait rcemmentque la meilleure dfense [restait] l'attaque 61. A court terme, l'option laplus probable demeure celle d'une action de Tsahalcontre le Hamas, dansla bande de Gaza, ou bien contre le Hezbollah, au Sud-Liban, pour tenterd'affaiblir ces deux organisations et redorer le blason d'une armeisralienne en qute de succs. La situation demeure en effet toujoursaussi proccupante sur le front du conflit isralo-palestinien o lesquestions de fond ne sont pas rgles. Que ce soit Tel-Aviv, Jrusalem,Ramallah ou Gaza, les leaders politiques israliens et palestiniens secraignent et ont bien du mal contenir les franges les plus nationalistes etles plus extrmistes de leurs camps. Les attentats meurtriers des

    extrmistes palestiniens rpondent aux liminations cibles des forces descurit israliennes, prennisant le cycle de la violence et desreprsailles. Ce contexte conflictuel n'a fait qu'empirer avec la prise decontrle de la bande de Gaza par le Hamas, au printemps 2007. A celas'ajoute la frustration isralienne de l'chec subi au Sud-Liban. Lesrapports des diffrents services de renseignement faisant tat durenforcement de l'arsenal du Hamas, mais aussi de la consolidation dudispositif militaire du Hezbollah au nord du fleuve Litani, inquitentvivement les plus hautes autorits israliennes. Les responsables militairesisraliens ne cessent de rpter qu'ils se prparent conduire uneopration de grande envergure contre le Hamasdans la bande de Gaza.Quant au Hezbollah, il constitue plus que jamais la proccupation premiredu gnral Ashknazi pour offrir Tsahalsa revanche. L'arme se tientdsormais sur le pied de guerre en permanence pour parer touteventualit , a-t-il par exemple rcemment dclar62.

    60 Alon Ben-David, Israel tests new Arrow variant , Jane's Defence Weekly, 4avril 2007.61 Mosh Arens, Defense or Offense? , Haaretz, 17 juillet 2007.62Guysen Israel News, 28 mars 2007.

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    Conclusion

    ans le climat de crise de confiance rsultant de la guerre de lt 2006,trois tendances divergentes mergent et s'affrontent dans les mdias

    israliens.D

    Tout d'abord, les reprsentants de la premire tendance rfutentd'emble l'option de la ngociation pour privilgier le recours la force envue d'radiquer dfinitivement la branche arme du Hezbollah, avant des'en prendre ensuite au Hamas. Ils soulignent l'tat d'anarchie vers lequell'Autorit palestinienne tendrait basculer pour justifier leur postureradicale. Viennent ensuite ceux qui estiment que la solution militaire achou et qu'il est ncessaire de relancer les ngociations, avec les paysarabes comme avec les Palestiniens. Cette frange de la population militepour un divorce l'amiable entre Isral et les territoires soumis l'Autorit palestinienne. Elle s'appuie sur un rcent recensement quidmontre que la population isralienne, forte dsormais de sept millionsd'individus, ne compte que 76 % de Juifs, pour 20 % d'Arabes et 4 % deDruzes, Bdouins et Circassiens. En rajoutant la population palestinienne

    estime 2,5 millions d'individus et en intgrant les courbes de croissancedmographique de chacune des communauts, certaines prvisionsindiquent que la population juive sera, l'chance de 2020, minoritaire ausein de l'espace occup actuellement par Isral et par l'Autoritpalestinienne. Viennent enfin ceux qui partagent cette volont dengociation, mais qui considrent qu'Isral ne peut pas ngocier en posturede faiblesse et qu'il lui faut retrouver une position de force par le biais d'unsuccs militaire. Cette approche, qui semble soutenue par une majoritd'Israliens, implique de recourir la force, que ce soit contre le Hezbollahau Sud-Liban, le Hamas Gaza, voire contre Thran en cas d'aggravationdu dossier nuclaire iranien. A l'instar du magazine The Economist, chacunest donc fond se poser la question suivante : When's the next

    war ? 63

    .

    63

    When's the next war? The risks of a new conflagration between Israel and itsneighbours , The Economist, 5 mai 2007.