HERITAGE 10

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LADY LIBERTY SAINT-MARTIN SINT-MAARTEN N o 10 août 2010 VICTOR SCHOELCHER FREEDOM

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La revue patrimoniale mensuelle de l'île de Saint Martin/Sint Maarten The Saint Martin/Sint maarten island monthly heritage review

Transcript of HERITAGE 10

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LADY LIBERTY

SAINT-MARTIN

SINT-MAARTEN

No 10 août 2010

VICTORSCHOELCHER FREEDOM

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The Saint-Martin Museum is open from 9:00 am to 1:00 pm and from 3:00 pm to 5:00 pmLe Musée est ouvert de 9h à 13h et de 15h à 17h

7, Rue Fichot - Marigot - Tél. : 0690 56 78 92www.museesaintmartin.com

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July 21st last, Grand Case was celebrating. For a few years already, the village has chosen to fi ttingly celebrate the anniversary date of Victor Schoelcher, the people’s representative in parliament, defender of rights during the emancipation of slaves in the French colonies. He was one of the founders of the decree immediately abolishing slavery in these colonies on April 27th, 1848. This month, we have chosen to take some time to relate the life history of this exceptional man, linked to François Auguste Perrinon, a Saint-Martiner by adoption, who also contributed to the em-ancipation. A Freedom many slaves did not wait for. Many of them, no longer tolerating their condition of subservient men and bad treatments had long since revolted by fl eeing to the woods or to other islands. These fugitive Negroes sometimes used weapons to recover their Freedom. On Saint-Martin too, se-veral hundred slaves succeeded in fl eeing, espe-cially aboard makeshift boats that they used to reach Anguilla. This fi ght on land is inseparable from the political struggles leading to the abolition of slavery in all the European countries’ colonies at the end of the 19th century. In a second article, we propose you discover the atmosphere reigning over the Saint-Mar-tin colony just a few years before the fi nal abolition. Nearing the new school year, all the Heritage team wishes our youth a fruitful school year, regular lear-ning and total success. A good return to school to you all !

HERITAGESaint-Martin/Sint Maarten

Editeur : Association Archéologique

Hope EstateBP 507, Marigot,

97150 Saint Martin0690 56 78 92

E-mail : [email protected]

Directeur de publication: C. HénocqRédaction : Christophe Hénocq

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Photographies : Hervé Baïs / A.A.H.E.

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Traduction : I. Fenoll

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ISSN 2104-8932www.museesaintmartin.e-monsite.com

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Le 21 juillet dernier, Grand Case était en fête. De-puis quelques années, le village a choisi de célébrer dignement la date anniversaire de Victor Schoelcher, député à l’Assemblée Nationale, défenseur des droits à l’émancipation des esclaves des colonies françaises. Il sera à l’origine du décret d’abolition immédiate de l’esclavage dans ces colonies le 27 avril 1848. Nous avons choisi ce mois-ci de nous attarder sur l’histoire de la vie de cet homme hors du commun, lié à Fran-çois Auguste Perrinon, Saint Martinois d’adoption, qui a lui aussi contribué à l’émancipation. Une Liberté que nombre d’esclaves n’ont pas attendue. Beaucoup d’entre eux, ne supportant pas leur condition d’homme asservi et les mauvais traitements s’étaient déjà de-puis longtemps rebellés en s’enfuyant dans les bois ou vers d’autres îles. Ces nègres marrons prirent parfois les armes pour reprendre leur Liberté. A Saint Mar-tin aussi, plusieurs centaines d’esclaves réussirent à prendre la poudre d’escampette, notamment à bord d’embarcations de fortune qu’ils utilisaient pour ral-lier Anguilla. Une lutte sur le terrain indissociable des luttes politiques qui conduiront à la fi n du 19ème siècle, à l’abolition de l’esclavage dans toutes les colonies des pays Européens. Dans un second article, nous vous proposons de découvrir l’ambiance qui régnait dans la colonie de Saint Martin quelques années seulement avant l’abolition défi nitive. A l’approche de la rentrée des classes, toute l’équipe d’Heritage souhaite à notre jeunesse une année scolaire fructueuse, un apprentis-sage régulier et une réussite sans faille. Bonne rentrée à tous !

C. Henocq

SOMMAIRE SCHOELCHER - PERRINON, DESTINS CROISES CONTRE L’ESCLAVAGISME

SCHOELCHER PERRINON, DESTINIES INTERWINED AGAINST SLAVERY

Pages 2 à 8 MARRONNAGE A SAINT MARTIN

RUNAWAY SLAVE ON SAINT MARTIN

Pages 9 à13

EDITODistribue par:CARIBBEAN LIQUORS & TOBACCO B.V.8 Buncamper Road - Phillipsburg - St. MaartenTel: (599) 542 2140 - Fax: (599) 542 2241Email: [email protected]

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A fi rst abolishment of sla-very was voted by the Na-tional Committee represen-tatives, February 4th, 1794, and proposed by Abbott Henri Gregoire. As of 1790, this man of religion became president of the “Compa-ny of the friends of Black people” founded by Brissot de Warville, a writer and leader of the Republican Girondist movement du-ring the French Revolution, already a militant in favour of the abolition of slavery in the West Indies. At that time, the aim of the law is to quell revolts in the colo-nies. Decree 2262 was thus established : “The National Committee declares negro slavery abolished in all the colonies; consequently, it decrees that all men, wi-thout distinction of colour,

domiciled in the colonies, are French citizens and

SCHOELCHER – PERRINON, DESTINIES INTERWINED AGAINST SLAVERY

Une première abolition de l’escla-vage est votée par les députés de la Convention, le 4 février 1794, sous l’impulsion de l’abbé Henri

Grégoire. Dès 1790, l’homme de religion devient président de

la «Société des amis des Noirs» de Brissot de War-ville, écrivain et chef de fi le des Girondins pendant la Ré-volution française, militant déjà pour la suppression de l’esclavage dans les An-tilles. L’objectif de la loi est alors de calmer les révoltes dans les colonies. Le décret 2262 est ainsi rédigé : «La Convention déclare l’es-clavage des nègres aboli dans toutes les colonies ; en conséquence, elle décrète que tous les hommes, sans distinction de couleur, domi-ciliés dans les colonies, sont citoyens français et jouiront de tous les droits assurés par la Constitution». Deux ans plus tôt, les re-présentants des colonies, en majorité des planteurs, avaient menacé de se sé-parer de la métropole si l’es-clavage était abrogé. Sous la pression, toutefois, le 28

«Disons nous et disons à nos en-fants que tant qu’il restera un es-clave sur la surface de la Terre, l’asservissement de cet homme est une injure permanente faite à la race humaine toute entière». Cette phrase de Victor Schœlcher résume à elle seule le parcours et le combat de cet homme, hissé au rang de juste dans l’esprit de bon nombre d’Antillais. En 400 ans, l’esclavage aura fait 12 millions de morts, sans doute bien plus si on compte toutes les personnes jetées par-dessus bord ou mortes dans le fonds des cales des ba-teaux. Victor Schœlcher est un des opi-niâtres défenseurs de la loi du 27 avril 1848, date à laquelle le gou-vernement de la République fran-çaise publie les décrets d’abolition immédiate de l’esclavage dans les colonies françaises. Sont concer-nées: ce qu’on appelait alors les vieilles colonies héritées de l’Ancien Régime, dont l’économie repose encore sur les grandes plantations sucrières.

“Let us awaken to the fact and tell our children that as long as a single slave remains on the Earth’s surface, the enslavement of this man will be a permanent shame brought to the entire human race”. This phrase pro-nounced by Victor Schoelcher sum-marizes in itself this man’s lifetime quest and fi ght, Schoelcher having been hoisted to the rank of just man in the minds of very many Antilleans. In 400 years, slavery killed 12 mil-lion people, undoubtedly many more if one takes into account all the per-sons thrown overboard or having died in the boat holds. Victor Schoelcher is one of the unre-lenting defenders of the law of April 27th, 1848, date on which the French Republic government published the decrees immediately abolishing sla-very in the French colonies. The tar-gets were what were known as the

old colonies, inherited from the Ancient Re-gime, whose economy still rested on the large sugar plantations.

“Let us awaken to the fact and tell our children that as long as a single slave remains on the Earth’s surface, the enslavement of this man will be a permanent shame brought to the entire human race”. This phrase pro-nounced by Victor Schoelcher sum-marizes in itself this man’s lifetime quest and fi ght, Schoelcher having been hoisted to the rank of just man in the minds of very many Antilleans. In 400 years, slavery killed 12 mil-lion people, undoubtedly many more if one takes into account all the per-sons thrown overboard or having died in the boat holds. Victor Schoelcher is one of the unre-lenting defenders of the law of April 27th, 1848, date on which the French Republic government published the decrees immediately abolishing sla-very in the French colonies. The tar-gets were what were known as the

volution française, militant déjà pour la suppression de l’esclavage dans les An-tilles. L’objectif de la loi est alors de calmer les révoltes dans les colonies. Le décret 2262 est ainsi rédigé : «La Convention déclare l’es-clavage des nègres aboli dans toutes les colonies ; en conséquence, elle décrète que tous les hommes, sans distinction de couleur, domi-ciliés dans les colonies, sont citoyens français et jouiront de tous les droits assurés par la Constitution». Deux ans plus tôt, les re-présentants des colonies,

Plan du navire négrier « Brookes »« Brookes » slave trade ship plan

Portrait de l’abbé GrégoirePortrait of abbot Grégoire

A fi rst abolishment of sla-very was voted by the Na-tional Committee represen-tatives, February 4th, 1794, and proposed by Abbott Henri Gregoire. As of 1790, this man of religion became president of the “Compa-ny of the friends of Black people” founded by Brissot de Warville, a writer and leader of the Republican Girondist movement du-ring the French Revolution, already a militant in favour of the abolition of slavery in the West Indies. At that time, the aim of the law is to quell revolts in the colo-nies. Decree 2262 was thus established : “The National Committee declares negro slavery abolished in all the colonies; consequently, it decrees that all men, wi-thout distinction of colour,

from the Ancient Re-gime, whose economy still rested on the large sugar plantations.

La Société des amis des noirs – Février 1790The Company of Friends of Black people

February 1790

SCHOELCHER - PERRINON, DESTINS CROISÉS CONTRE L’ESCLAVAGISME

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1801Concordat, départ de l’ex-pédition de Saint-Domingue pour la reconquête de l’îleConcordat in France, depar-ture of the Santo Domingo expedition to re-conquer the island

1802Constitution de l’An X : Bona-parte consul «à vie», rétablisse-ment de l’esclavage aux colonies françaisesYear 10 Constitution: Bonaparte is consul “for life”, restoration of slavery in the French colonies

1804Haïti est la première nation noire à proclamer son indépendanceHaiti is the fi rst Black nation to proclaim its independence

21 juil./july 1804

Naissance de V. Schœl-cher à ParisBirth of V. Schoelcher in Paris

21 oct.1805Défaite à TrafalgarDefeat at Trafalgar

2 dec.1805

Victoire à AusterlitzVictory at Austerlitz

1806La loi britannique interdit l’introduction de nouveaux esclaves dans les colonies conquisesBritish law forbids the intro-duction of new slaves into the conquered colonies

21 nov. 1806Début du blocus continental contre l’AngleterreStart of the continen-tal blockade against England

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mars 1792, l’Assemblée légis-lative établit une égalité de droit entre tous les hommes libres... à l’exception des esclaves. Perçu comme une demi-mesure, ce vote ne satisfait pas, notamment en Guadeloupe, où la révolte monte, jusqu’à la violente nuit d’émeutes du 20 avril 1793. C’est fi nalement quelques mois plus tard que la première abolition de l’esclavage est signée. Saint-Domingue, de-venue Haïti aujourd’hui, se joint à la fronde, poussant le commissaire de la République Léger-Félicité Sonthonax à proclamer la liberté des esclaves le 4 septembre 1793. Après la restauration de l’escla-vagisme par Napoléon Bonaparte le 20 mai 1802, Henri Jean-Bap-tiste Grégoire milite encore pour la liberté des hommes de couleur jusqu’au congrès de Vienne de 1815, où il lance son fameux ap-pel anti-esclavagiste : «De la traite et de l’esclavage des Noirs et des Blancs». Ce n’est que 158 ans après sa mort que ses cendres ont été transférées au Panthéon, le 12 décembre 1989, en même temps que celles de Gaspard Monge et Nicolas de Condorcet, à l’occasion de la célébration du bicentenaire de la Révolution française. L’Eglise catholique, par la voix du cardinal Lustiger, refuse de s’associer à cet hommage. Victor Schœlcher a, de son côté, été inhumé au Panthéon, le 20 mai 1949, en même temps que Félix Éboué.Les Britanniques abolissent la traite atlantique en 1807 et l’escla-vage en 1833, suivis par les Amé-ricains. En France, les groupes de pression des riches planteurs empêchent les députés de voter la même loi. Il faut at-tendre la Révolution de février 1848 pour que les abolitionnistes puissent contourner l’opposition des plan-teurs. Schœlcher effectue une grande tournée pour étudier l’es-clavage. Il visite le Mexique, Cuba et les États-Unis entre 1828 et 1830, puis divers pays européens (An-gleterre, Irlande, Pays-Bas, Allemagne, Es-pagne, Italie), avant de repartir pour les Amé-

riques, pour une mission d’étude de l’esclavage aux Caraïbes et des résultats de l’émancipation des esclaves dans les colonies an-glaises, qui venait d’avoir lieu en 1838. Il part ensuite vers l’Égypte, la Turquie et la Grèce, pour étudier l’esclavage musulman, et conclut sa tournée par la Gambie et le Sénégal. Ce sont justement ces événements révolutionnaires de

février 1848 qui font revenir Schœlcher du Sénégal.

Rencontre avec Auguste Fran-çois PerrinonLe 3 mars, il ren-contre François Arago, ministre de la Marine, membre infl uant de l’extrême gauche républicaine, et le persuade d’abo-lir immédiatement l’esclavage dans les

colonies françaises. Le principe de l’éman-cipation des esclaves est adopté par le Gou-vernement provisoire le 4 mars. Schœlcher

will enjoy all the rights set down by the Constitu-tion”. Two years ear-lier, the repre-sentatives of the colonies, for the most part plan-ters, had threate-ned to separate the territory from that of Metro-politan France should slavery be abolished. Under pressure, howe-ver, March 28th, 1792, the legis-lative Assembly established legal equality amongst all free men… to the excep-tion of slaves. Interpreted as a half-measure, this vote was not satisfying, espe-cially in Guade-loupe, in which

revolt rose, up to the violent night of riots of

April 20th, 1793. Finally, several months later, the fi rst abolish-ment of slavery was signed. San-to-Domingo, now known as Haiti, joined the insurrection, pushing the Commissioner of the Repu-blic Leger-Felicite Sonthonax to proclaim the slaves’ freedom September 4th, 1793.After slavery was restored by Napoleon Bonaparte May 20th, 1802, Henri Jean-Baptiste Gre-goire still campaigned for colou-red men’s freedom up until the Vienna Congress in 1815, during which he pronounced his anti-slavery call: “Regarding Black and White trade and slavery”. It was only 158 years after his death that his ashes were trans-ferred to the Pantheon, Decem-ber 12th, 1989, at the same time as those of Gaspard Monge and Nicolas de Condorcet, during the celebration of the bicentennial of the French Revolution. The Ro-man Catholic Church, through the voice of Cardinal Lustiger, refused to take part in this tribute. Victor Schoelcher, on his part, was bu-ried in the Pantheon, May 30th,

1949, at the same time as Felix Eboué. The British abolished the Atlantic slave trade in 1807 and slavery in 1833, followed by the Americans. In France, pressure groups made up of rich planters kept the par-liament members from voting the same law. It was only during the February 1848 Revolution that the abolitionists were able to by-pass the planters’ opposition. Schoelcher carried out a large tour in order to study slavery. He visited Mexico, Cuba and the United States between 1828 and 1830, then various European countries (England, Ireland, the Netherlands, Germany, Spain, Ita-ly), before returning to the Ameri-cas, for a mission studying slavery in the Caribbean and the results of slaves having been freed in the English colonies, which had just taken place in 1838. He then left for Egypt, Turkey and Greece, to study Muslim slavery, and ended his tour with Gambia and Sene-gal. These revolutionary events of February 1848 were in fact the cause for his return from Senegal.

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will enjoy all the rights set down by the Constitu-tion”. Two years ear-lier, the repre-sentatives of the colonies, for the most part plan-ters, had threate-ned to separate the territory from that of Metro-politan France should slavery be abolished. Under pressure, howe-ver, March 28th, 1792, the legis-lative Assembly established legal equality amongst all free men… to the excep-tion of slaves. Interpreted as a half-measure, this vote was not satisfying, espe-cially in Guade-loupe, in which La 1° abolition de l’esclavage en 1794

The fi rst abolition of slavery in 1794

février 1848 qui font revenir Schœlcher du Sénégal.

Rencontre avec Auguste Fran-çois PerrinonAuguste Fran-çois PerrinonAuguste Fran-

Le 3 mars, il ren-contre François Arago, ministre de la Marine, membre infl uant de l’extrême gauche républicaine, et le persuade d’abo-lir immédiatement l’esclavage dans les

colonies françaises. Edition contemporaine de l’appel de l’abbé Grégoire, préfacée par Aimé Césaire

Contemporary edition of Abbot Gregoire’s call,

prefaced by Aimé Césaire

Livre écrit par Schœlcher au cours de ses voyages pour étudier

l’esclavage. Bibliothèque Nationale de France.Book written by Schoelcher during

his trips studying slavery. French National Library.

1807Les Anglais renoncent à la traite des Noirs, les Français emboîteront le pas en 1818The English stop trading Black people, the French follow suit in 1818

1812Campagne de Russie, guerre entre les États-Unis et l’AngleterreRussian campaign, war between the United States and England

1814Défaite de Leipzig, Napo-léon déporté à l’île d’Elbe, Louis XVIII, roi de FranceDefeat at Leipzig, Napoleon deported to the Island of Elba, Louis 18th King of France

1815Les Cent Jours (20 mars-20juin), défaite à Waterloo, Napoléon exilé à Sainte Hélène Début de la Restau-rationThe Hundred Days (March 20th - June 20th) Napoleon’s return to Paris, defeat at Waterloo, Napoleon abdicates for the second time and is exiled to Saint Helen. Start of the Restauration Period

1818

Courtes études deV. Schœlcher au lycée Louis-le-Grand à ParisShort studies for V. Schoelcher at the Lycée Louis-le-Grand in Paris

1821Saint-Domingue s’affran-chit de l’Espagne et pro-clame son indépendanceSanto Domingo severs from Spain and proclaims its independence

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Meeting with François Auguste PerrinonMarch 3rd, he met with Francois Arago, Navy Minister, and leading member of the far-left Republican Party, and convinced him of im-mediately abolishing slavery in the French colonies. The principle of slave freedom was adopted by the March 4th temporary Govern-ment. Schoelcher was named under-secretary of State for the Colonies (until May 17th), and president of the slavery abolishment Commis-sion, that he led until July 21st. At this time, Victor Schoelcher met Fran-çois Auguste Perrinon, then head of the Navy Artillery Battalion in Paris. The fi ght against slavery sealed their

friendship. In a pamphlet titled “Results of experiences on slaves’

est nommé sous-secrétaire d’Etat aux Colonies (jusqu’au 17 mai), et président de la Commission d’abo-lition de l’esclavage, qu’il dirige jusqu’au 21 juillet. C’est à cette époque que Victor Schœlcher fait la connaissance de François Auguste Perrinon, alors

chef de bataillon de l’Artillerie de Marine à Paris. La lutte contre l’es-clavagisme scelle leur amitié. Dans une brochure intitulée « Résultats d’expérience sur le travail des es-claves », Perrinon démontre que le travail libre est possible. Perrinon est membre de la Commission di-rigée par Schœlcher. A la suite du décret d’abolition de l’esclavage, il est envoyé comme commissaire d’abolition, puis commissaire gé-néral à la Martinique, et remplace le Gouverneur, de juin à novembre 1848. Le décret d’abolition de l’escla-vage dans les colonies françaises est signé par le Gouvernement provisoire le 27 avril 1848, libé-rant ainsi 250 000 esclaves noirs ou métis aux Antilles, à la Réunion et à Saint-Louis du Sénégal. Le gouvernement prévoit alors l’appli-cation du décret dans un délai de deux mois, mais il est devancé par les gouvernants des colonies et les planteurs, qui libèrent rapidement la majorité des esclaves. À Saint-Pierre, en Martinique, une insurrection éclate le 22 mai 1848,

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chef de bataillon de l’Artillerie de

clavagisme scelle leur amitié. Dans

d’expérience sur le travail des es-claves », Perrinon démontre que le travail libre est possible. Perrinon est membre de la Commission di-

décret d’abolition de l’esclavage,

d’abolition, puis commissaire gé-

vage dans les colonies françaises est signé par le Gouvernement

François Arago. Gravure de Sartain.François Arago. Engraving by Sartain.

V. Schoelcher et F. Auguste Perrinon vers 1847.Victor Schoelcher and François Auguste Perrinon

towards 1847.

1824Charles X, roi de France

Charles Tenth, King of France

1828

Marc Schœlcher associe offi ciellement son fi ls Victor à son entreprise (fabrique, décoration et vente de porcelaines de luxe)Marc Schoelcher offi cially names his son Victor his associate in his business (manufacture, decoration and sale of luxury porcelain)

1829

Premier voyage de Schœlcher aux Amériques. Premiers contacts avec l’esclavage et les systèmes coloniauxSchoelcher’s fi rst trip to the Americas. First contacts with slavery and the colonial systems

1830Journées des Trois Glorieuses (27, 28, 29 juillet), Louis Philippe, roi de France, début de la monarchie de JuilletRevolutionary days known as the “Three Glorious Ones” (July 27th, 28th, 29th), Louis Philippe, king of France, start of the July monarchy

1833Abolition de l’escla-vage dans les colonies britanniquesAbolition of slavery in the British colonies

1833

Publication de «De L’esclavage des noirs et de la législation coloniale».Publishing of “Of slavery of Black people and colonial legislation”

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avant que les esclaves soient informés de l’existence du dé-cret. Ces événements forcent le gouverneur à signer le jour même l’abolition de l’esclavage. Ce sera fait en Guadeloupe le 27 mai, pour éteindre l’insurrec-tion. En guise de compensa-tion, les planteurs reçoivent une indemnité forfaitaire. Immédia-tement, ils contournent l’inter-diction de l’esclavage en faisant venir des « travailleurs sous contrat » de Chine et d’Inde. Il s’agit d’un nouvel esclavage qui ne dit pas son nom. L’abolition se traduit rapidement par un regain de l’activité économique dans les colonies.Schœlcher est ensuite élu re-présentant du peuple en Gua-deloupe et en Martinique, et choisit la représentation de la Martinique, siège du «Gouver-nement général des Antilles françaises». En Guadeloupe, son siège est occupé par son suppléant, Louisy Mathieu, an-cien esclave. François Auguste Perrinon est député à l’Assemblée nationale législative en 1849 et 1850.Schœlcher écrit beaucoup et col-labore à bon nombre de journaux républicains parisiens, à «La Ré-forme» en particulier. Chacun de ses voyages est l’occasion d’un livre. Ses premiers ouvrages, «De l’esclavage des Noirs et de la législation coloniale» (1833) et «Abolition de l’esclavage; exa-men critique du préjugé contre la couleur des Africains et des sang-mêlés» (1840) relatent les rapports sociaux qu’il observe aux États-Unis et dans les colonies eu-ropéennes des Caraïbes où sévit l’esclavage. Entre 1841 et 1847, Schœlcher publie : «Des colonies françaises, abolition immédiate de l’esclavage» (1842), ouvrage consacré à la Guadeloupe et à la Martinique, «Colonies étrangères et Haïti» (1842-1843) dans lequel il rend compte des premiers effets de l’abolition de l’esclavage dans les colonies britanniques dans l’espoir de convaincre ses lecteurs

français. Enfi n, il est à l’origine de la fondation du premier journal ré-publicain de Guadeloupe, «Le Pro-grès», en 1849, et publie à Paris une série d’ouvrages ponctuels sur les événements politiques antillais. Il fait sien le principe énoncé par

l’abolitionniste britannique William Wilberforce : «La liberté est le prin-cipe, l’esclavage, l’exception.»

work”, Perrinon shows that work in freedom is possible. Perrinon is a member of the Commission headed by Schoelcher. Following the slave abolishment decree, he was sent to Martinique as an abolishment commissioner, then as general commissioner, and re-places the Governor there, from June to November 1848. The decree abolishing slavery in the French colonies was signed by the temporary Government April 27th, 1848, thus freeing 250,000 black or half-caste slaves in the West Indies, on the island of Reunion and in Saint-Louis in Senegal. The government then planned to enforce the decree wi-thin a two-month period, but it was forestalled by the colonies’ gover-nors and planters, who quickly freed most of the slaves. At Saint-Pierre, on Martinique, a revolt burst May 22nd, 1848, be-fore the slaves were informed of the decree’s existence. These events forced the governor to sign the abolishment of slavery that same day. This took place on Guadeloupe May 27th, in order to

quell the insurrec-tion. As a reward, the planters re-ceived a set compensat ion. Immediately, they by-passed the slavery prohibi-tion by importing “contract labou-rers” from China and India. This was a new uns-peakable form of slavery. The abolishment ra-pidly produced a surge of renewed business in the colonies. Schoelcher was then elected the people’s repre-sentative in Gua-

deloupe and Mar-tinique, and chose to represent Mar-

tinique, seat of the “French West Indies General Government”. In Guadeloupe, his seat was occu-pied by his deputy, Louisy Ma-thieu, a former slave. François Auguste Perrinon was a parlia-mentary member at the National Legislative Assembly in 1849 and 1850. Schoelcher wrote abundantly and cooperated with many republican Paris newspapers, “La Réforme” especially. Each of his trips was the opportunity of writing a book. His fi rst works, “Regarding Black persons’ slavery and colonial le-gislation” (1833) and “Abolish-ment of slavery: critical exami-nation of the prejudice against the colour of African natives and half-castes” (1840) describe the social relationships he observed in the United States and in the European colonies of the Carib-bean in which slavery was carried out. Between 1841 and 1847, Schoelcher published: “Regarding the French colonies, immediate abolishment of slavery” (1842), work concerning Guadeloupe

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quell the insurrec-tion. As a reward, the planters re-ceived a set compensat ion. Immediately, they by-passed the slavery prohibi-tion by importing “contract labou-rers” from China and India. This was a new uns-peakable form of slavery. The abolishment ra-pidly produced a surge of renewed business in the colonies. Schoelcher was then elected the people’s repre-sentative in Gua-L’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises, peinture de François Briard.

Musée national du château de Versailles.The abolition of slavery in French colonies, painting by François Briard. Versailles castle national Museum.

Arrêté portant abolition de l’esclavage à la Martinique.

Decree bearing the abolition of slavery in Martinique.

1837Victoria devient la reine de la Grande-BretagneVictoria becomes Queen of Great Britain

1838

Peter Georges Dormoy maire de Saint Martin jusqu’en 1866Peter Georges Dormoy Mayor of Saint Martin until 1866

5 Jan. 1840

Ordonnance royale sur l’instruction et le patronage des esclavesRoyer Order regading the education and the patronage of slaves

1840Début du ministère GuizotStart of the Guizot ministry

1840Publication de «Abolition de l’escla-vage». Examen critique du préjugé contre la couleur des Africains et des sang-mêléPublishing of “Abolition of slavery”. Critical study of the prejudice against the colour of Africans and half-castes

1840Second voyage de Schœlcher auxCaraïbes : Guadeloupe, Martinique,Jamaïque, Antigua, Dominique,St. Thomas, Haïti, Puerto RicoSchoelcher’s second trip to the Caribbean: Guadeloupe, Martinique, Jamaica, Antigua, Dominica, St Thomas, Haiti, Porto Rico

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1842Perrinon est nommé capitaine en pre-mier, adjoint à la direction à la colonie de la Guadeloupe, échanges avec Victor SchœlcherPerrinon is named fi rst captain, deputy to the director of the colony of Guade-loupe, exchanges with Victor Schoelcher

1842

Publication de «Des colonies françaises». Abolition immé-diate de l’esclavagePublishing of “of French co-lonies”. Immediate abolition of slavery

Londres et Saint-MartinL’engagement inébran-lable de Victor Schœl-cher pour repousser toutes les formes de domination et d’exploi-tation de l’homme par l’homme le pousse à participer aux soulè-vements visant à faire échouer le coup d’Etat de Napoléon III, en 1852. La victoire de ce dernier le contraint à s’exiler à Londres. De son côté, François Au-guste Perrinon, s’oppo-sant également au coup d’Etat de Napoléon, regagne les Antilles et s’installe à Saint-Martin où il exploite des ma-rais salants. Il refuse de prêter serment à Napo-léon III en 1853, ce qui lui vaut d’être rayé des cadres de l’armée. Il meurt à Saint-Martin, le 2 janvier 1861, où il est enterré au cimetière de Marigot.A Londres, Schœlcher refuse à plusieurs reprises l’amnistie qui lui est proposée, affi rmant n’accepter aucune faveur d’un régime illégi-time et ne croyant nullement aux promesses données par un gou-vernement qu’il exècre.Après un exil de dix-huit ans, Schœlcher rentre à Paris, en 1870, et est de nouveau élu représentant de la Martinique à l’Assemblée Nationale en 1871, puis sénateur inamovible de l’île en 1875. Schœl-cher devient président de la Socié-té de secours mutuel des Créoles en 1874 et membre de la Société pour l’amélioration du sort des femmes en 1875. L’abolition de la peine de mort est alors un autre de ses combats. Il y consacre la plupart de son temps et de ses tra-vaux de sénateur. Avec Maria De-raismes, considérée comme une apôtre de l’émancipation féminine, il préside, en 1881, le congrès an-ticlérical. Le respect du droit des femmes lui tient également à cœur. Sa ren-contre, en 1843, avec une femme révolutionnaire, Flora Tristan, la grand-mère de George Sand, est très importante à ses yeux. A ses côtés, il prend conscience de la condition des femmes et milite avec elle pour la défense de leurs

droits, un combat qu’il mène pen-dant plus de 30 ans. Enfi n, en tant que sénateur, c’est lui qui institue l’école élémentaire gratuite et obli-gatoire, lorsqu’il est rapporteur des lois de 1881-1882.Fondateur du «Moniteur des co-lonies» en 1882, avec le député guadeloupéen Gaston Gerville-Réache, Schœlcher publie plu-sieurs ouvrages, recueil de ses derniers articles sur la législation du travail aux Antilles, «Polémique coloniale» (1882-1886), et une «Vie de Toussaint Louverture» (1889).En 1876, alors âgé de 72 ans, Vic-tor Schœlcher décide de se retirer dans sa maison de Houilles, en ré-gion parisienne. A partir de 1883, n’ayant pas eu d’enfant, il com-mence à partager ses biens. Il fait don d’une collection d’œuvres d’Art à la Guadeloupe. Il lègue toute une bibliothèque (10 000 volumes) à la Martinique, cède ses instruments de musique ramenés de ses dif-férents voyages au Conservatoire national de Musique de Paris, à qui il offre sa collection de livres sur Haendel récupérée pendant son exil londonien. Il s’éteint dix ans plus tard, le jour de Noël 1893.

Principes républicainsOn doit également à Schœlcher l’application de principes républi-

and Martinique, “Foreign colonies and Haiti” (1842-1843) in which he communicated the fi rst effects of the abolishment of slavery in the British colonies in the hope of convincing his French readers. Finally, he started the fi rst Guadelou-pian republican newspaper, “Le Progrès” (“Progress”), in 1849, and published in Pa-ris a series of periodic works regarding Antillean political events. He adopted the prin-ciple enounced by the British abolitionist William Wilber-force: “Freedom is the prin-ciple, slavery the exception.”

London and Saint-Martin The unrelenting engagement of Victor Schoelcher to reject all forms of domination and exploitation of man by man pushed him into taking part in the uprisings aimed at foiling Napoleon 3rd’s overthrow of the Government, in 1852. The latter’s victory obliged him to seek exile in London. François Auguste Perrinon, on his part, also opposing Napoleon 3rd’s go-vernment overthrow, returned to the West Indies and settled down on Saint-Martin on which he ope-rated salt ponds. He refused to swear allegiance to Napoleon 3rd in 1853, entailing the loss of his army offi cer status. He died on Saint-Martin January 2nd, 1861, where he was buried in the Marigot cemetery.In London, Schoel-cher refused the amnesty proposed to him several times, declaring accepting no favour from an illegitimate regime and totally unable to believe the promises made by a govern-ment he loathed. After an eighteen-year exile, Schoel-cher returned to Paris, in 1870, and was again elected represen-tative of Martinique in Parliament in 1871, then irremovable senator of the island in 1875. Schoelcher became president of the Creole mutual assistance company in 1874 and member of the impro-

vement of Women’s fate company in 1875. The abolition of the death

sentence then became another of his quests. He devoted most of his time to it and most of his works as senator. With Maria Deraismes, considered an apostle of women’s emancipation, in 1881, he headed the anticlerical congress.

Respect of wo-men’s rights was also close to his heart. His mee-ting, in 1843, with a revolutionary wo-man, Flora Tristan, George Sand’s grandmother, was very important in his view. At her side, he became aware of women’s living conditions and cam-paigned with her to

defend their rights, a combat he led for more than 30 years. Finally, as senator,

he established free and obligatory elementary school, when he was law reporter from 1881 to 1882.Founder of the “Monitor of the colonies” in 1882, with the Gua-deloupian parliamentary member Gaston Gerville-Reache, Schoel-cher published several works, a

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Portrait de Louisy Mathieu.Portrait of Louisy Mathieu.

Original de la couverture du livre de Victor Schoelcher, en 1842.

Original of the cover page of Victor Schoel-cher’s book, in 1842.

Respect of wo-men’s rights was also close to his heart. His mee-ting, in 1843, with a revolutionary wo-man, Flora Tristan, George Sand’s grandmother, was very important in his view. At her side, he became aware of women’s living conditions and cam-paigned with her to Maria Deraismes, apôtre de

l’émancipation féminine.Maria Deraismes, apostle of

women’s freedom.

1843

Publication de «Colonies étrangères et Haïti». Résultats de l’émancipation anglaise. Coup d’œil sur l’état de la question d’affranchissementPublishing of “Foreign colonies and Haiti”. Results of English emancipation. Glance at the state of the matter of emancipation

1844

Publication de «De la pétition des ouvriers pour l’abolition immédiate de l’esclavage»Publishing of “Of the workers’ petition to imme-diately abolish slavery”

1844

Schœlcher voyage en Egypte, en Grèce et en TurquieSchoelcher travels to Egypt, to Greece and to Turkey

Page 9: HERITAGE 10

cains au profi t des déshérités: couvrir et chauffer les wagons de troisième classe (qui, avant lui, laissaient les voyageurs à la merci des intempéries), im-poser pour la même classe des salles fermées dans les paque-bots (car les gens peu fortunés voyageaient sur le pont, sous des tentes), l’abolition de la bastonnade dans les bagnes et des châtiments corporels dans la Marine. Il milite également pour une instruction publique, laïque et obligatoire, pour un plus grand accès à la culture par la presse, les bibliothèques et les musées, pour la diminu-tion des heures de travail, et, enfi n, contre la peine de mort.Mais l’histoire retient surtout son action en tant qu’abolitionniste, signataire du décret d’émancipa-tion des esclaves, homme politique

républicain, député et sénateur des Antilles, auteur d’une œuvre maîtresse sur les sociétés escla-vagistes et l’histoire de son siècle. Aimé Césaire disait de Schœlcher qu’ « il n’est pas ce Don Quichotte verbeux qui n’a guère à opposer au cours du monde que le ronron-nement de sa bonne conscience. » Plusieurs stèles et édifi ces lui ren-dent désormais hommage un peu partout. Un musée lui est consacré à Fessenheim, en Alsace, ville de naissance de son père, où la mé-diathèque porte également son

nom. Un musée retrace sa vie rue Peynier, à Pointe-à-Pitre, en Gua-deloupe. La ville martiniquaise de Case Navire a changé de nom, en 1888, devenant la commune de Schœlcher, dont une statue s’élève à l’entrée du bourg, représentant l’abolitionniste brisant une chaîne d’esclave. Une statue de 1896 du sculpteur Louis-Ernest Barrias est édifi ée sur la place Victor Hugo de Cayenne. Le plâtre original est conservé dans l’église de Bour-bon-Lancy, en Saône-et-Loire. On ne compte plus les établissements scolaires portant le nom de Victor

compendium of his last articles regarding the labour laws in the West Indies, “Colonial controver-sies” (1882-1886), and “Life of Toussaint Louverture” (1889).In 1876, then 72 years old, Victor Schoelcher decided to retire in his house at Houilles, in the Paris region. As of 1883, childless, he began to distribute his wealth. He donated a collection of art works to Guadeloupe. He left an entire library (10,000 books) to Mar-tinique, transferred his musical instruments brought back from his various trips to the National Conser-vatory of Music in Paris, to which he offered his collection of books on Haen-del recovered during his London exile. He dies ten years later, on Christmas Day 1893.

Republican principlesSchoelcher is also responsible for the enforcement of Re-publican principles to the benefi t of the poorer persons: co-vering and heating third class wagons (which, before his doing, left their pas-sengers at the mercy of the weather), im-posed for the same class closed rooms in cruise ships (as persons with little means they travelled on the bridge, under tents), the abolition of beating in penal colonies and of cor-poreal punishment in the Navy. He also campaigned in fa-vour of public, non-religious, and obligatory educa-tion, for larger access to culture via the press, libraries and mu-seums, for the decrease of work hours and fi nally against the death penalty. But History remembers him es-pecially for his action as an abo-litionist, signatory of the decree freeing slaves, a Republican po-litician, a West Indies parliamen-

tary member and senator, the author of a master work regarding slave trade societies and the his-tory of his century. Aimé Césaire described Schoelcher saying “he is not a wordy Don Quichotte ha-ving only his good conscience’s humming to oppose the world’s carryings on”. Several steles and monuments now pay tribute to him in many places of the world. A museum is devoted to him in Fessenheim, in Alsace (France), his father’s birth place, in which the mediathèque

also bears his name. A museum recounts his life rue Peynier, at Pointe-à-Pître, in Guadeloupe. In 1888, the Martinique town of Case Navire changed its name, beco-ming the commune of Schoel-cher, a statue of whom stands at the town’s entrance, representing the abolitionist breaking a slave’s chain. An 1896 statue made by the sculptor Louis-Ernest Barrias

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compendium of his last articles regarding the labour laws in the West Indies, “Colonial controver-sies” (1882-1886), and “Life of Toussaint Louverture” (1889).In 1876, then 72 years old, Victor Schoelcher decided to retire in his house at Houilles, in the Paris region. As of 1883, childless, he began to distribute his wealth. He donated a collection of art works to Guadeloupe. He left an entire library (10,000 books) to Mar-tinique, transferred his musical instruments brought back from his various trips to the National Conser-vatory of Music in Paris, to which he offered his collection of books on Haen-Flora Tristan, grand-mère de Georges

Sand et révolutionnaire.Flora Tristan, Georges Sand’s

grandmother and a revolutionary.

Objets ethnographiques collectés par Victor Schoelcher dans la Caraïbe et confi és par le Muséee du Quai Branly au Muséee Schoelcher de Pointe-à-Pitre.

Ethnographic objects collected by Victor Schoelcher in the Caribbean and entrus-ted by the Quai Branly Museum to the Pointe-à-Pitre Schoelcher Museum.

Statue de Victor Schoelcher à Schoelcher, en Martinique.

Statue of Victor Schoelcher in Schoelcher, Martinique.

28 juin/june1844Mission de Perrinon à St Martin, associé à Mery d’Arcy pour l’exploitation des sa-lines de la Grande Case et de BretagnePerrinon’s mission on St Martin, par-tners with Mery d’Arcy in the operation of the salt ponds of Grande Case and of Brittany

1847

Publication de «Histoire de l’esclavage» pendant les deux dernières annéesPublishing of the “History of slavery” during the last two years

1847Fondation du Libe-ria par des esclaves libérésFounding of Liberia by freed slaves

mai/may 1847publication d’un rapport intitulé “Résultat d’expériences sur le travail des esclaves à St Martin”Publishing of a report titled “Results of experiences re-garding slave work on Saint Martin”

1848Karl Marx et Friedrich Engels publient Le manifeste communiste, début de la ruée vers l’or en CalifornieKarl Marx and Friedrich Engels pu-blish the Communist Manifest, start of the gold rush in California

24 fév./feb. 1848Abdication de Louis Philippe, proclamation de la Seconde République, suffrage universelAbdication of Louis Philippe, proclamation of the Second Republic, public voting

3 mars/march 1848

V. Schœlcher rencontre François Arago, ministre de la MarineV. Schoelcher meets François Arago, Navy Minister

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Schœlcher, ou les rues commé-moratives, comme à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), Cayenne (Guyane), Paris (14e arrondissement), An-thony (92), Vigneux-sur-Seine (91), Cormontreuil (51) ou Quim-perlé (29), … Un hommage pour l’éternité.

stands on the Victor Hugo square in Cayenne. Its original plaster cast is kept in the church of Bourbon-Lancy, in the French department

of Saone-et-Loire. The schools or commemorative streets bearing the name of Victor Schoelcher are innumerable, as in Pointe-à-Pître (Guadeloupe), Cayenne (French Guyana), Paris (14), Anthony (92), Vigneux-sur-Seine (91), Cormon-treuil (51) or Quimperlé (29)… an eternal tribute.

M. Pacanowski

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Victor Schoelcher au PanthéonLe groupe dit du « Souvenir de Victor Schoelcher » soumet une pro-position en ce sens, dès 1938, à Gaston Monnerville, alors secrétaire d’État aux colonies, qui l’accepte immédiatement. La deuxième guerre repoussera la réalisation de ce transfert. L’idée est reprise en 1948, au moment des cérémonies du cente-naire de l’abolition de l’esclavage. Le 4 mars, le projet de loi autori-sant le transfert au Panthéon des cendres de Victor Schoelcher et de Félix Éboué est adopté. Le 28 juin, l’Assemblée nationale, et le 1er juillet, le Conseil de la République approuvent à l’unanimité ce texte.Gaston Monnerville dira alors: «En lisant à haute voix, du haut du fauteuil présidentiel, ce texte de loi, bref et clair, qui consacrait l’im-mortalité de Schoelcher et d’Éboué, j’étais violemment ému. Je voyais surgir autour de moi, et monter, comme en une résurrection subite, la cohorte innombrable de tous ces opprimés qui, pendant des siècles, avaient souffert de la servitude, et qui, par ma voix devenue la leur, criaient en cet instant : Schoelcher a bien mérité de l’Humanité ».La date du 20 mai 1949 est fi nalement retenue pour la cérémonie. La veille, le corps de Victor Schoelcher quitte le cimetière du Père-La-chaise, traverse Paris et rejoint la dépouille funèbre de Félix Éboué sous l’arc de triomphe, avant d’être, toutes les deux, exposées au jar-din du Luxembourg où le public leur rend hommage. Le 20 mai, en présence du Président de la République, Vincent Auriol, et des plus hautes personnalités de l’État, les cendres de Victor Schoelcher et de Félix Éboué prennent place dans une crypte auprès de celles de Jean Jaurès. Pour respecter les dernières volontés de Victor Schoelcher, qui avait émis le souhait de reposer auprès de son père, le corps de Marc Schoelcher est également transféré au Panthéon.

Victor Schoelcher in the PantheonAs of 1938, the group known as “Souvenir of Victor Schoelcher” submit-ted a proposal to this effect, to Gaston Monnerville, then Secretary of State for the colonies, who accepted it immediately. The Second World War set back the realization of this transfer. The idea was taken up

again in 1948, during the ceremonies of the centennial of the abolishment of slavery. March 4th, the law project authorizing the transfer to the Pantheon of Victor Schoelcher’s and Felix Eboué’s ashes was adopted. June 28th, the Parliament, and July 1st, the Republican Council unanimously approved this law.

Gaston Monnerville then said: “From the height of the presi-dential seat, by reading out loud, this brief and clear legal text, which hallowed the immortality of Schoelcher and Eboué, I was deeply moved. I saw, springing up and rising around me, as in a sudden resurrection, the innu-

merable cohort of all these oppressed people who, for centuries, had suffered from servitude, and who, my voice having become theirs, were shouting at that very moment : Schoelcher has deeply deserved respect from Humanity.”The date of May 20th, 1949 was fi nally set down for the ceremony. The day before, the body of Victor Schoelcher left the Père Lachaise cemetery, crossed Paris and reached the Felix Eboué’s bodily remains under the Arc de Triumph, before both being exposed in the Jardin du Luxembourg Park, in which the public paid tribute to them. May 20th, in the presence of the President of the French Republic, Vincent Auriol, and of the highest State offi cials, the ashes of Victor Schoelcher and Felix Eboué took their place in a crypt near those of Jean Jaures. In order to respect the last wishes of Victor Schoelcher, who had emitted the wish to rest beside his father, the body of Mark Schoelcher was also transferred to the Pantheon.

Photo ancienne de la statue de Victor Schoelcher, edfi ée à Cayenne et

sculptée par Barrias en 1896.Old photograph of the statue of Victor Schoelcher, erected in Cayenne and

sculpted by Barrias in 1896.

again in 1948, during the ceremonies of the centennial of the abolishment of slavery. March 4th, the law project authorizing the transfer to the Pantheon of Victor Schoelcher’s and Felix Eboué’s ashes was adopted. June 28th, the Parliament, and July 1st, the Republican Council unanimously approved this law.

Gaston Monnerville then said: “From the height of the presi-dential seat, by reading out loud, this brief and clear legal text, which hallowed the immortality of Schoelcher and Eboué, I was deeply moved. I saw, springing up and rising around me, as in a sudden resurrection, the innu-

Tombeau de Victor Shoelcher et de son père, au Panthéon.

Victor Shoelcher and his father’s tomb, in the Panthéon.

22 août/august 1848Perrinon est élu député et nommé représentant du gouvernement à la colonie de la GuadeloupePerrinon is elected Member of Parliament and named government representative to the colony of Guadeloupe

4 mars/march 1848Schœlcher est nommé sous-secrétaire

d’Etat aux Colonies et président de la Commission d’abolition de l’esclavageSchoelcher is named Under-Secretary of State to the Colonies and president of the Commission of Abolition of Slavery

27 avril/april 1848le gouvernement provisoire décrète l’abolition de l’esclavage en France et dans ses coloniesThe temporary government decrees the abolition of slavery in France and in its colonies

1848Schœlcher élu représentant du peuple en Guadeloupe et en MartiniqueSchoelcher is elected people’s representative in Guadeloupe and in Martinique

juin/june 1849Parution du premier numéro du premier journal scholchériste en Guadeloupe, le ProgrèsPublication of the fi rst edition of Schoelcher’s fi rst newspa-per, “Progress”, in Guadeloupe

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2 dec. 1851résistance de Schœlcher au coup d’Etat de Louis Napoléon BonaparteSchoelcher offers resistance to the government overthrow led by Napoleon Bonaparte

1852Schœlcher quitte Bruxelles pour Londres. Début d’une lon-gue amitié avec Victor HugoSchoelcher leaves Brussels for London. Start of a long friendship with Victor Hugo

1860Abraham Lincoln devient président des Etats-UnisAbraham Lincoln becomes President of the United States

1861Guerre de Sécession aux Etats-UnisWar of Secession in the United States

1865Lincoln proclame la fi n de l’escla-vage aux Etats-Unis. Abolition de l’esclavage aux Pays-BasLincoln proclaims the end of slavery in the United States. Abolition of slavery in Holland

1870Guerre franco-prussienne, Napoléon III prisonnier à Sedan, proclama-tion de la Troisième République (4 septembre)Franco-Prussian war, Napoleon 3rd prisoner at Sedan, proclamation of the Third Republic (September 4th)

1870Schœlcher rentre à Paris au mois d’août et accepte, en septembre, de prendre la tête d’une légion d’artillerie de la Garde NationaleSchoelcher returns to Paris in the month of August and accepts, in September, to head an artillery legion of the National Guard

RUNAWAY SLAVE …. ON SAINT MARTIN MARRONNAGE A SAINT MARTIN

Si l’émancipation des esclaves dans les colonies ne s’est offi cia-lisée qu’après la lutte politique de quelques députés défenseurs des libertés, ce sont les esclaves eux-mêmes qui par leur acharnement à reconquérir une liberté dont on les avait privés depuis plusieurs généra-tions pousseront les différents gou-vernements Euro-péens à décréter l’abolition. Les plus courageux ne man-quaient jamais une occasion de fuir les plantations afi n de recouvrer leur liberté. Certains, dans les grandes îles réussissaient à s’enfuir et se réfugier dans les régions inacces-sibles, sur les sommets, dans la forêt. Ces nègres marrons étaient impitoyablement poursuivis à l’aide de chiens. Lorsqu’ils étaient repris, ils étaient sévèrement punis ou condamnés à mort. La révolution française et les révoltes de Saint Domingue souffl èrent un vent de liberté dans les autres colonies de la Caraïbe et eurent pour effet de multiplier les actes de marronnage. Il existe peu de documentation his-torique permettant une description de la vie quotidienne des esclaves ayant travaillé dans les plantations de Saint Martin. Tout au plus trou-vons-nous des inventaires notariés décrivant les propriétés incluant le nombre d’esclaves travaillant dans les anciennes sucreries, mais ces données statistiques sont toujours très limitées.

Quelques années avant l’abolition de l’esclavage en France, l’ordon-nance Royale du 5 janvier 1840 signée par Louis Philippe impose aux maîtres des plantations l’obli-gation de délivrer à leurs esclaves une instruction religieuse et une instruction scolaire. Les procu-reurs généraux, procureurs du Roi et leurs substituts seront chargés d’inspecter les différentes colonies et de rapporter leurs observations concernant : «La nourriture et l’en-

tretien des esclaves, le régime dis-ciplinaire, Les heures de travail et de repos des noirs, l’exemption

de travail motivée sur l’âge, les in-fi rmités etc. L’ins-truction religieuse et les mariages des esclaves ainsi que l’exécution des ordonnances relatives au recen-sement et aux af-franchissements». A Saint Martin, ces inspections étaient dévolues au juge de paix et à son suppléant. Les différents rap-ports concernant

Saint Martin sont consignés dans

«l’exposé général des résultats du patronage des esclaves dans les colonies françaises» publié par le Ministère de la Marine et des Co-lonies en juin 1844. Ces rapports nous apportent des indications précieuses sur le comportement des esclaves et des Maîtres de plantations de Saint Martin, no-tamment pour tout ce qui concerne le régime disciplinaire et les éva-sions. En effet, grâce au combat mené entre autre par William Wil-berforce et Thomas Clarkson, dès, le 28 août 1833, par le «Slavery Abolition Act», les britanniques ont amorcé le processus d’émancipa-tion dans l’empire tout entier. L’île toute proche d’Anguilla accueille les esclaves évadés de Saint Mar-tin comme des hommes libres, obligeant les autorités Saint-Marti-noises à organiser la surveillance des côtes, notamment face à An-guilla.

Un régime disciplinaire décrit comme Modéré«Dans trois tournées effectuées en juillet et août 1841, 17 habitations, comptant environ 3000 esclaves, ont été visitées; aucune résistance n’a été opposée par les colons aux inspections des deux magistrats, qui s’accordent, l’un et l’autre, à dire que les maîtres remplissent avec beaucoup d’huma-nité et de scrupule leurs obligations en-vers leurs esclaves.... Quant au régime

If the emancipation of slaves in the colonies only became offi cial after the political struggle of a few people’s representatives defending freedom, the slaves themselves through their insis-tence in winning back the free-dom that had been taken from them for several generations pushed the various European governments to decreeing the abolition. The most courageous of them never missed an oppor-tunity of fl eeing the plantations to recover their freedom. Some, in the larger islands, managed to fl ee and take refuge in the inaccessible regions, on the summits, in the forest. These ru-naway slaves were mercilessly chased using dogs. When they were taken back, they were se-verely punished or condemned to death. The French Revolution and the Santo Domingo revolts blew a freedom breeze on the other Ca-ribbean colonies and had the ef-fect of multiplying slave’s escapes from their place of work. There is very little historical documentation providing a description of the daily life of slaves having worked on the plantations of Saint Martin. At the very most we fi nd notaries’ inven-tories describing the properties including the number of slaves working in the old sugar factories, but this statistical data is always very limited.

A few years before the abolition of slavery in France, the January 5th, 1840 Royal Order signed by Louis Philippe imposed upon plantation masters the obligation of delive-ring religious teaching and school education to their slaves. The ge-neral prosecutors, the King’s pro-secutors and their deputies were in charge of inspecting the various colonies and reporting back their remarks concerning : “The food and upkeep of the slaves, the dis-ciplinary system, the slaves’ work hours and rest hours; the exemp-tion of work due to age, handicaps, etc. The slaves’ religious teaching and marriages as well as the exe-cution of orders regarding census and emancipations”. On Saint Martin, these inspections were at-

tributed to the judge of the peace and to his deputy. The different re-

ports concerning Saint Martin are noted in the “general description of the results of slave patronage in the French colonies” published by the Navy and Colonies Ministry up to June 1844. These reports sup-ply precious indications to us re-garding the slaves’ behavior and that of the Saint Martin plantations Masters, especially regarding the disciplinary system and escapes. Indeed, thanks to the fi ght led amongst others by William Wil-berforce and Thomas Clarkson, as of August 28th, 1833, by the “Slavery Abolition Act”, the Bri-tish launched the emancipation process in the whole empire. The nearby island of Anguilla wel-comed slaves fl eeing from Saint Martin as free men, obliging the Saint-Martin authorities to set up watch along the coasts, especially those coasts facing Anguilla.

A disciplinary system described as Moderate “During three tours carried out in July and August 1841, 17 planta-tions, counting approximately 3000 slaves, were visited; no resistance was opposed by the settlers to the inspec-tions by the two judges of the peace, who both agree on saying that the

Louis-Philippe, roi des Français de 1830 à 1848 (Monarchie de Juillet), en 1841

par Franz Xavier Winterhalter.Louis-Philippe, king of the French from 1830 to 1848 (July Monarchy), in 1841

by Franz Xavier Winterhalter.

de travail motivée sur l’âge, les in-fi rmités etc. L’ins-truction religieuse et les mariages des esclaves ainsi que l’exécution des ordonnances relatives au recen-sement et aux af-franchissements». A Saint Martin, ces inspections étaient dévolues au juge de paix et à son suppléant. Les différents rap-ports concernant Marronnage.

Runaway slave.

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1871L’Allemagne devient un em-pire avec le roi de Prusse à sa têteGermany becomes an Empire led by the King of Prussia

8 février/feb. 1871Sous la Commune, Schœlcher est élu le représentant du peuple à Paris puis en avril en Guyane et à la Martinique, qu’il choisit de représenter à nouveauUnder the Commune, Schoelcher is elected people’s representative in Paris then in April in French Guyana and in Martinique, which he chooses to represent again

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février/feb.1871Insurrection de la Commune de ParisRevolt of the Paris Commune

10 mai/may 1871Traité de Francfort, la France perd l’Alsace et la LorraineFrankfurt Treaty, France loses the Alsace and Lorraine regions

18 mai/may 1871

Ecrasement de la CommuneCrushing of the Commune

1874Schœlcher est nommé président de la Société de Secours Mutuel des CréolesSchoelcher is named president of the Company of Creole Mutual Assistance

disciplinaire, il n’y a nulle part à s’en plaindre; les coups de fouet sont rares; on met les délinquants en prison pen-dant quelques jours, ou on les frappe avec une houssine; et, lorsqu’il y a lieu de faire usage du fouet, le nombre des coups donnés est toujours au-dessous de 29. Le travail commence au jour et dure jusqu’à huit heures; il est repris à neuf heures jusqu’à midi, et enfin à deux heures jusqu’au coucher du soleil. Le même magistrat a constaté que la portion travaillante des ateliers était généralement bien faible, eu égard au nombre des esclaves, tant on a peur de leur déplaire. Et cependant, malgré cette tolérance, malgré tous les bons traitements des colons envers leurs noirs, ceux-ci, en général, sont tour-mentés sans cesse du désir de s’évader. Au moment de son passage dans le quartier de la Grande-Case, en août 1841, le suppléant du juge de paix ap-prit de l’adjoint du maire: «Qu’il exis-tait ou paraissait exister une grande fermentation parmi les ateliers de l’île; que sur quelques habitations, les noirs avaient déclaré ne vouloir rien faire; qu’ils désiraient la Liberté, et que, si on ne la leur donnait pas, ils sau-

raient bien la prendre. Les nègres de Saint-Martin, ajoute le magistrat, sont en général très-paresseux et très-insolents: on n’ose plus les punir; car, au moindre châtiment, l’esclave puni s’évade en entraînant avec lui sa fa-mille, s’il en a, ou ses camarades. On

parlait de 150 esclaves qui devaient quitter l’île au premier jour, en cer-nant à cet effet les postes militaires, et en s’emparant des canots attachés sur le littoral de la Grande Case» ( Rap-port du 3 septembre 1841)Dans un rapport subséquent, le juge de paix rappelle que l’île Saint

Martin ap-partient, à peu près par moitié, à la France et à la Hol-lande, et que mœurs, l a n g a g e , population, tout, dans cette localité, se ressent de l’origine an-glaise. C’est un gage de l ’ i n f l u e n c e que les doc-trines de l’Angleterre,

en matière d’émancipa-tion, pourront y exercer…

Partout le régime disciplinaire est modéré. Le fouet est remplacé par la prison, sur un certain nombre d’ha-bitations; sur quelques autres, le châti-ment corporel est administré avec une baguette de tamarin: c’est un usage emprunté à quelques îles étrangères

masters fulfill their obligations to-wards their slaves with much hu-manity and scruples. As to the disci-plinary system, no one is ever found to complain about it. Whipping is rare, the delinquents are imprisoned for a few days, or they are struck with a large riding crop and, when there is cause to use a whip, the num-ber of blows struck is always below 29. Work begins at daybreak and lasts until eight o’clock; it is resumed at nine o’clock until noon, and finally at two o’clock in the afternoon until sunset. The same judge of the peace noted that the working number of slaves in the workshops was gene-rally rather small, taking into consi-deration the number of slaves; such is the wish not to displease them. And nevertheless, in spite of this tolerance, in spite of the good treatments of the settlers towards their black people, the latter in general, are incessantly tormented by the wish to escape. During his passage in the Grande Case neighborhood, in August 1841, the judge of the peace deputy learned from the Mayor: “That there was or seemed to be a great stirring amongst the island workshops; that on a few plantations, the black people had declared not wanting to work, that they wanted their Freedom, and that, if they did not obtain it, they would know how to take it by force. The judge of the peace adds that the Saint-Martin Negroes are in gene-ral very lazy and very insolent; one no longer dares punish them; since subject to the smallest punishment, the punished slave flees taking with him his family, should he have one, or his friends. 150 slaves were men-tioned as leaving the island the first day, by surrounding the military outposts, and using the crafts tied to the Grande Case shores” (Report dated September 3rd, 1841)In a subsequent report, the judge of the peace recalls that the island of Saint Martin belongs, for almost half to each, to France and to Hol-land, and that the moral standards or behavior, language, population, everything, in this location, stems from an English origin. This is a token of the influence that the En-glish doctrines, in matter of eman-cipation, are able to exercise on it…

Everywhere the disciplinary system is moderate. The whip is replaced by imprisonment, on a certain num-ber of plantations, on a few others; corporeal punishment is administe-red with a tamarind lash: this is a practice borrowed from some sur-rounding islands. Though nothing indicates this to be an aggravation, orders have been given for them to be eliminated… (Report of the Judge of the Peace, January 5th, 1842)

Escapes using the sea prepared at Anse Marcel The slaves work rather well, they seem happy, at least none of them complain. Rarely of the punish-ments. However, I would say, Go-vernor, this tranquility, this zeal to work, seem to me to hide certain projects. Could this be because I’ve been informed that, again, slave gatherings (in certain numbers belonging to several rich planta-tions) have been continuing? That, again, two slaves influential amongst their fellow men and belonging to a plantation the workshop of which does not accomplish much, that these two slaves, already mentioned in my previous reports, had again led their colleagues, and, at night, had gone to a deserted place at Anse Marcelle, a half hour from the An-guilla canal, and there discussed new

William Wilberforce, abolitioniste Anglais, par Karl Anton Hickel.

William Wilberforce, English abolitio-nist, by Karl Anton Hickel.

Portrait de Thomas Clarkson, aboli-tionniste Anglais, par Carl Frederik

von Breda. Portrait of Thomas Clarkson, English

abolitionist, by Carl Frederik von Breda.

partient, à peu près par partient, à peu près par partient, à

moitié, à la peu près par moitié, à la peu près par

France et à la Hol-lande, et que mœurs, l a n g a g e , que mœurs, l a n g a g e , que mœurs,

population, l a n g a g e , population, l a n g a g e ,

tout, dans population, tout, dans population,

cette localité, se ressent de l’origine an-glaise. C’est l’origine an-glaise. C’est l’origine an-

un gage de glaise. C’est un gage de glaise. C’est

l ’ i n f l u e n c e un gage de l ’ i n f l u e n c e un gage de

que les doc-l ’ i n f l u e n c e que les doc-l ’ i n f l u e n c e

trines de que les doc-trines de que les doc-

l’Angleterre, Avis de récompense pour un esclave marron publiée dans le Jamaica Mercury and Kingston Weekly Advertiser 1779.

Reward notice for a runaway slave published in the Jamaica Mercury and Kingston Weekly Advertiser 1779.

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1875Schœlcher est élu sénateur inamo-vible. Il adhère à la Société pour l’Amélioration du Sort des FemmesSchoelcher is elected irremovable senator. He enlists in the Company for the Improvement of Women’s Fate

1879Guerre des Zoulous en Afrique du SudZulu war in South Africa

1880Schœlcher publie «L’esclavage au Sénégal». Il participe à cette époque aux congrès de la Ligue du Droit des femmes et aux Congrès anticléricauxSchoelcher publishes “Slavery in Senegal”. At this time he takes part in the Women’s Right Lea-gue congress and in the anticlerical Congress

1881Le tsar Alexandre II de Russie est assassiné par des révolutionnairesTsar Alexander 2nd of Russia is assassinated by revolutionaries

1882Ministère Jules Ferry, Décret sur l’enseignement gratuit, laïc et obligatoire, signature de la Triple-Alliance entre l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l’ItalieMinistry of Jules Ferry, Decree on free, non-religious and obligatory education, signature of the Triple Alliance between Germany, Austria-Hungary and Italy

environnantes. Quoique rien n’in-dique qu’il constitue une aggravation, des ordres ont été donnés pour qu’on le supprimât… (Rapport du juge de paix, du 5 janvier 1842).

Evasions par la mer pré-parées à l’Anse MarcelLes esclaves travaillent assez bien, ils paraissent contents, du moins nul ne se plaint. Rarement des punitions. Cependant, vous le dirai-je, mon-sieur le gouverneur, cette tranquillité, ce zèle pour le travail, me semblent cacher quelques projets. Serait-ce parce que j’ai été pré-venu que, de nouveau, les rassemblements d’esclaves (d’un cer-tain nombre appar-tenant à plusieurs riches habitations) continuaient ? Que, de nouveau, deux esclaves influents parmi leurs camarades et apparte-nant à une habitation dont l’atelier ne fait pas grand chose, que ces deux esclaves, déjà signalés par moi dans mes précédents rap-ports, s’étaient de nou-veau mis à la tête de leurs camarades, et, la nuit, se rendaient dans un lieu désert des anses Marcelle, à une de-mi-heure du canal de l’Anguille, et là discouraient sur les moyens nouveaux à employer pour s’évader ? Serait-ce aussi parce qu’il m’a été rapporté que les esclaves de certaines habita-tions n’attendaient que l’arrivée de M. Dormoy, le représentant de cette dépendance au conseil colonial, pour être libres, et que, s’ils ne l’étaient pas ils savaient ce qui leur restait à faire?

Serait ce, dis-je, tous ces propos, vrais ou menson-gers, qui n’en circulent pas moins, qui me font voir de nouveaux désordres, de nouvelles évasions dans ce qui, au contraire, devrait contenter tout le monde, la tranquillité, le travail et l’obéissance à leur maître de la part des esclaves? Le fait est que plusieurs

propriétaires m’ont assuré qu’il régnait dans quelques ateliers de sourdes rumeurs; que le nom de M. Dormoy,

les mots liberté et retour de M. Dor-moy, circulent d’atelier en atelier, du moins parmi quelques-uns des plus considérables. Dans les circonstances où les colonies sont placées (Saint-Martin exceptionnellement), on doit tout accueillir, récits vrais ou faux, et ne pas en tirer cependant d’autres conséquences que celles qu’elles méri-tent d’avoir, se tenir sur ses gardes, et voila tout. Que peut-on craindre? Les services de terre et de mer sont par-faitement organisés et parfaitement bien faits. On ne saurait donner trop

d’éloges surtout à MM. les comman-dants de mer, et MM. les habitants de cette dépendance doivent avoir beaucoup de reconnaissance pour l’autorité supérieure, dont la bien-veillante sollicitude s’étend d’une ma-nière aussi efficace sur quelques-uns de leurs intérêts les plus chers, la conser-vation de leurs esclaves. Les évasions n’ont plus lieu à Saint-Martin, je le répète avec plaisir et reconnaissance, comme habitant de Saint-Martin, grâce aux services parfaitement orga-

means of escape to use? Could it be because it was reported to me that the slaves of certain plantations were only waiting for the arrival of Mr. Dormoy, the representative of this dependency to the colonial council, to be free, and that, if they did not obtain this freedom, they knew what they would have to do to obtain it ? Could it be, say I, all these declara-tions, true or false, that nevertheless spread about the place, that let me see new disorders, new escapes in what, to the contrary, should sa-tisfy everyone, the slaves’ tranquility, work and obedience to their master? The fact is that several owners have assured me that in certain works-hops unvoiced rumors are spreading, that the name of Mr. Dormoy, the words freedom and return of Mr. Dormoy, spread from workshop to workshop, at least amongst some of the greater ones. In the circums-tances in which the colonies are placed (Saint-Martin exceptio-nally), one must welcome all, true or false accounts, and however not draw from them any other conse-quences than those that deserve to be drawn, but to be on one’s guard, and that is all. What can fear us? The land and sea services are per-fectly organized and perfectly set up. One should not serve too many compliments especially to the Gent-lemen Commanders at Sea, and the inhabitants of this dependency must be particularly grateful to the higher authority, whose kindly solicitude extends in such an efficient manner over some of their dearest interests, the keeping of their slaves. Escapes no longer occur on Saint-Martin, I repeat it with pleasure and gratitude, as an inhabitant of Saint-Martin, thanks to the perfectly organized land and sea services.” (Report of the Judge of the Peace deputy of Saint-Martin, dated January 27th, 1842)

Reinforcement of the coastal watch “There are no more escapes. They are no longer possible. The sea service has been perfectly organized. The military positions, spread out along the main shore locations, now ensure, with the sea service (much more es-

sential), the peace and safekeeping of the richness of this island’s inhabi-tants. The Dutch part of the island is comforted by this efficient system of protection. The continual presence,

in the Marigot bay, of one of the lo-cal Guadeloupian marine schooners; the frequent patrols of the island that it can make and in the foreign co-lonies neighboring this dependency; the barge and coast guard service so well carried out, that you have supplied as auxiliaries to the terres-trial military positions, everything, Governor, now concurs, as I said previously, to ensure the tranquility of this small country. It is now only lacking business”. (Saint-Martin judge of the peace deputy’s report dated March 31st, 1842)“But if humanity plays a large role in this behavior of the master regar-ding the slave, do not their interest and the proximity of the English is-land (not more than one hour’s trip away from Saint-Martin) play a part in the whole? The masters make no matter of concealing this… Moreover, it is a tacit agreement between them and their slaves… The latter seem to say to them: “Don’t make us works too much… give us all we need…; close your eyes on many things…, we will not leave you…; we will wait!!” You were

Serait ce, dis-je, tous ces propos, vrais ou menson-gers, qui n’en circulent pas propos, vrais ou menson-gers, qui n’en circulent pas propos, vrais ou menson-

moins, qui me font voir gers, qui n’en circulent pas moins, qui me font voir gers, qui n’en circulent pas

de nouveaux désordres, de moins, qui me font voir de nouveaux désordres, de moins, qui me font voir

nouvelles évasions dans ce de nouveaux désordres, de nouvelles évasions dans ce de nouveaux désordres, de

qui, au contraire, devrait contenter tout le monde, qui, au contraire, devrait contenter tout le monde, qui, au contraire, devrait

la tranquillité, le travail et l’obéissance à leur maître la tranquillité, le travail et l’obéissance à leur maître la tranquillité, le travail et

de la part des esclaves? Le fait est que plusieurs de la part des esclaves? Le fait est que plusieurs de la part des esclaves?

Châtiment d’un esclave évadé.Punishment of an escaped slave.

Cimarrón, esclave marron.Cimarron, runaway slave.

Nègre marron en fuite. Peinture de Victor Landaluze.Runaway slave escaping. Painting by Victor Landaluze.

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1885Convention de Berlin, une demi-douzaine de pays euro-péens se partagent l’AfriqueBerlin Agreement, half a dozen European countries split up Africa

1882Schœlcher fonde à Paris, avec le député guadelou-

péen Gaston Gerville-Réache, le journal «Le Moniteur des Colonies»In Paris, Schoelcher founds the newspaper “The Supervisor of the Colonies” with the Guadeloupian member of parliament Gaston Gerville-Reache

1889Décision de célébration du 1er Mai. Naissance d’Adolph HitlerDecision to celebrate May 1st. Birth of Adolph Hitler

1892Schœlcher se retire défi nitivement à Houilles dans la banlieue de ParisSchoelcher defi nitely withdraws at Houilles in the Paris suburb

1893

Mort de Victor Schœlcher à HouillesDeath of Victor Schoelcher at Houilles

nisés de terre et de mer.» (Rapport du juge de paix suppléant de Saint-Martin, du 27 janvier 1842.)

Renforcement de la surveillance des côtes«Il n’y a plus d’évasions. Elles ne sont pas possibles. Le service de mer a été parfaitement organisé. Les postes mi-litaires, échelonnés sur les points prin-cipaux du littoral, concourent, avec le

service de mer (bien plus essentiel), à assurer désormais la tranquillité et la conservation des fortunes des habi-tants de cette Ile. La partie hollan-daise se ressent de ce système efficace de protection. La présence conti-nuelle, sur la rade du Marigot, d’une des goélettes de la marine locale de la Guadeloupe; les tournées fréquentes qu’elle peut faire autour de l’ile et dans les colonies étrangères voisines de cette dépendance; le service si bien fait des barges ou gardes-côtes, que vous avez donnés comme auxiliaires aux postes militaires de terre, tout, mon-sieur le gouverneur, concourt mainte-nant, comme je le disais, à assurer la tranquillité de ce petit pays. Il ne lui manque plus que du commerce».(Rapport du juge de paix suppléant de Saint-Martin, du 31 mars 1842.)«Mais si l’humanité joue un grand rôle dans cette conduite du maître envers l’esclave, leur intérêt et le voi-sinage de l’île anglaise (à une heure tout au plus de trajet de Saint-Martin) n’y entrent-ils pas pour quelque chose? Les maîtres ne s’en cachent pas… Au surplus, c’est un

contrat tacite entre ceux-ci et leurs esclaves… Ces derniers ont l’air de leur dire: «Ne nous faites pas trop travailler…; donnez-nous tout ce dont nous avons besoin… ; fermez les yeux sur bien des choses…, nous ne vous quitterons pas…; nous atten-drons!!». Vous avez pu le voir et le savoir, monsieur le gouverneur, lors de votre visite a Saint-Martin, malgré tout le bien-être dont l’es-

clave de Saint-Martin jouissait, les maîtres, encore plus qu’eux, n’en dé-siraient pas moins vivement un nouvel Ordre de choses. Quoi qu’il en soit, et je le dis parce que je le sais, que cela m’est répété souvent, les habitants de Saint-Martin, partie française et hollandaise (du moins la majorité), appellent de tous leurs vœux un chan-gement dans ce qui existe aujourd’hui, et sauf le travail de la culture de la canne, cette transformation sociale (à Saint-Martin) passera presque inaperçue… La population esclave de ce petit pays, soumise depuis plus de vingt ans au régime méthodiste, anglaise de mœurs, d’usage et de langage, parait plus préparée que les esclaves de nos autres Antilles au changement de condition projeté.» (Rapport du juge de paix suppléant, du 31 mai 1843).Nous n’avons à constater, depuis près de dix-huit mois, que la perte de trois esclaves du bateau caboteur «Athénais», mouillé en rade du Ma-rigot, qui se sont évadés par une nuit obscure, dans le canot du bateau…

able to see it and know it, Governor, during your visit to Saint-Martin, in spite of all the well-being enjoyed by the slaves, even more than they did, the masters desired a new Order of things. Be as it may, and I say this as I know it, since this is often repeated to me, the inhabitants of Saint-Martin, French and Dutch parts (at least for the most part), all sincerely hope a change in the present day situation, and except for the work in the sugar cane in-dustry, this social transformation (on Saint-Martin) will be almost imperceptible… The slave popula-tion of this small country, submitted for more than twenty years to the English Methodist system of moral standards, customs and language, seems more prepared than the slaves of our other West Indies to the pro-jected change of status.” (Judge of the Peace Deputy report, May 31st, 1843) We can only note, for almost eighteen months now, the loss of three slaves from the boat “Athé-nais”, anchored in the Marigot bay, who escaped in the boat’s dinghy during a dark night. The barges were carrying out their usual patrol; they were unable to see this small dinghy. As long as we have had, in the bay, the presence of one of the schoo-ners of the local Guadeloupian sta-tion, we have never had to incur an escape”. (Judge of the Peace Deputy Report, January 11th, 1843)

A young generation of slaves avid for freedom “I have the honor of describing to you the legal inspection of several plantations neighboring the main town of this district, carried out the 12th and 17th of this month. I par-ticularly lent my attention to these plantations, as the slaves on several of these were the instigators of the

most recent attempts to escape. These attempts were fortunately repressed by fortuitous circumstances: had they succeeded, 40 slaves would have been lost. I think it useful, Governor, to explain these facts, even if briefly. I closely examined the slaves’ situa-tions, I spoke with them, and today I in no manner doubt that this po-pulation is not universally in favor of freedom in such a determined man-ner, and especially that it does not have an equally ardent need to shake off the master’s Domination. This opinion is strong, as it arises from the facts. The slaves I saw in part un-veiled themselves from this hypocrisy masking them ; and I recognized that the young population wanted to be free ; that the older one, in which I set middle aged individuals, could well wait for freedom for a long time yet, and would welcome it as a bles-sing. For the former, it is a right, an overflowing desire, the hope of a long and happy future; it is a flat-tering idea which is constantly used on them; it is finally, the unavoidable influence of the emancipated islands. The half-heartedness of the others is the effect of calm produced by age

in all men; it is the uncertainty of the well-being that freedom might perhaps take away from them; but it is, above all, the effect of a leng-thy subservience, the debasement of which alters even the most sensitive and most intimate portion of man’s inner possessions, independence and

jected change of status.” (Judge of

Vue de l’Anse Marcel d’où les esclaves fuyaient vers Anguilla.View of Anse Marcel from which slaves fl ed towards Anguilla.

Fresque montrant la joie des esclaves affranchis à Phillipsburg. Damien Chance, le 29.06.2006.Painting showing the joy of emancipated slaves

in Phillipsburg.

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1894Alliance de la France et de la RussieAlliance of France and Russia

1898Affaire Dreyfus : Zola publie «J’accuse» dans l’Aurore, la guerre hispano-américaine fait perdre à l’Espagne ses dernières colonies (Cuba, Porto-Rico, les Philippines)Dreyfus affair: Zola publishes “J’accuse” in the newspaper The Aurora, the Hispano-American war entails for Spain the loss of its last colonies (Cuba; Puerto-Rico, the Philippines)

1899Guerre menée en Afrique du Sud par les Boërs contre la suzeraineté anglaiseWar led in South Africa by the Boers against the English sovereignty

1900Intervention des troupes françaises contre la révolte des Boxers en ChineThe French troops intervene against the Boxer revolution in China

Les barges faisaient leur ronde ac-coutumée; elles n’ont pu voir ce petit canot. Tant que nous avons eu la présence, sur rade, d’une des goélettes de la station locale de la Guadeloupe, nous n’avons jamais entendu palier d’aucune évasion». (Rapport du juge de paix suppléant de Saint-Martin, du 11 janvier 1843).

Une jeune génération d’esclaves avide de liberté«J’ai l’honneur de vous rendre compte de l’inspection judiciaire faite, les 12 et 17 de ce mois, sur plusieurs habitations voisines du chef-lieu de ce canton. Je me suis porté de préférence sur ces habitations, parce que c’est de la part des esclaves de plusieurs d’entre elles qu’ont eu lieu les dernières tentatives d’évasion. Ces tentatives ont été heureusement réprimées par des circonstances fortuites: si elles se fus-sent accomplies, 40 esclaves eussent été perdus. Je ne crois pas inutile, mon-sieur le gouverneur, de m’expliquer, mais rapidement, sur ces faits. J’ai examiné de près les dispositions des es-claves, j’ai causé avec eux, et je ne mets nullement en doute aujourd’hui que cette population n’a pas universelle-ment des idées de liberté aussi arrêtées, et surtout n’a pas un désir également ardent de secouer le Joug du maître. Cette opinion est forte, parce qu’elle sort des faits. Les esclaves que j’ai vus se sont en partie découverts de cette hypocrisie qui les masque; et j’ai re-connu que la jeune population voulait être libre; que la vieille, dans laquelle je comprends les individus de moyen âge, pourrait attendre longtemps en-core la liberté, et la recevrait comme un bienfait. Pour les premiers, c’est un droit, un désir qui déborde, l’es-poir d’un long et heureux avenir; c’est qu’ils ont grandi au milieu d’un relâ-chement de servitude toujours crois-sant; c’est une idée flatteuse dont ils sont constamment bercés; c’est enfin, l’influence inévitable des îles émanci-pées. La tiédeur des autres est l’effet du calme que l’âge produit chez tous les hommes; c’est l’incertitude d’un bien-être que la liberté leur refuse-rait peut-être; mais c’est, par-dessus tout, l’effet d’un long asservissement, dont la dégradation altère même ce que l’homme a de plus sensible et de plus intime, l’indépendance et les af-

fections. En effet, la première évasion projetée ne comptait que des individus dont le plus âgé n’avait pas vingt-cinq ans; la seconde, qui se composait de quatorze personnes, se trouvait à peu près dans les mêmes conditions. Que vouliez-vous aller faire à An-guille, demandais-je au premier de ces jeunes gens ? «Chercher quelque chose de bon pour moi (something good for me) » me répondit-il. On voit par ces mots combien la liberté se dessine brillante à leur pensée. De ce que je viens de dire, il ne faudrait pas conclure qu’il y aurait à craindre de ces tentatives violentes, tumultueuses, qui pourraient compromettre la su-reté; ce serait une erreur; seulement avec ce désir qui le tourmente, l’es-clave a sans cesse l’œil ouvert; que la négligence lui offre une occasion de fuir, il en profitera. Le blocus que nous nous imposons nous-mêmes ne saurait être assez hermétique pour que le noir ne puisse se glisser quelquefois par des issues oubliées ou devant des sentinelles un moment endormies. Vous connaissez, monsieur le gou-verneur, la petite distance qui nous sépare d’Anguille, et sur cette terre si rapprochée, on sait que sans cesse, aux yeux des esclaves, brille un phare de liberté inextinguible.» (Rapport du juge de paix de Saint-Martin, du 20 octobre 1843).

On le voit à la lecture de ces rap-ports, la population toute entière de Saint Martin, maîtres, esclaves et libres entretenait au milieu du 19ème siècle une relation particu-lière. La petite taille de notre île et sa faible population avait conduit à un système esclavagiste décrit comme «modéré». La proximité de colonies où l’esclavage était aboli encourageait à l’évasion. Le 8 juillet 1846, soit près de deux ans avant la signature du décret d’Abolition en France, les proprié-taires de plantations de Saint Mar-tin adressèrent à la chambre des députés une pétition demandant l’émancipation de leurs esclaves. Leur objectif était d’interrompre le fl ux des départs clandestins vers les îles voisines d’Anguilla et de Saint Barthélémy, alors suédoise. Ces doléances restèrent lettre morte.

C. Henocq

affections. Indeed the first projected escape only involved individuals the oldest of whom was not even twen-ty-five years old; the second escape group, made up of fourteen per-sons, was approximately of the same nature. What did you want to do on Anguilla, I asked to the first of these young people? “To look for so-mething good for me” he answered. One can understand by these words how freedom seems brilliant in their

mind. From what I have just said, one should not conclude that violent, stormy attempts be feared, which could compromise security ; this would be an error; only with this desire tormenting him, the slave is always on the lookout; if negligence offers him an occasion to escape, he will take advantage of it. The bloc-

kade we are imposing ourselves can-not be sufficiently airtight to avoid the black individual sometimes being able to slip out using forgotten exits or past guards momentarily sleeping. You know, Governor, the small dis-tance separating us from Anguilla, and on this land mass so close, one knows that incessantly, in the eyes of the slaves, an inextinguishable light of freedom shines.” (Saint-Martin Judge of the Peace Deputy Report,

October 20th, 1843)

From what one can gather upon reading these reports, in the middle of the 19th century, the whole population of Saint-Martin, masters, slaves and freemen kept up a spe-cial relationship. The small size of our island and its small population had led to the slave trade sys-tem described as “moderate”. The proximity of the colonies in which sla-very had been abolished en-couraged es-capes. July 8th,

1846, almost two years before the signature of the Abolition decree in France, the

plantation owners of Saint-Martin sent a petition to the members of parliament requesting the em-ancipation of their slaves. Their aim was to stop the fl ow of illegal departures towards the neighbo-ring islands of Anguilla and Saint-Barthelemy, then Swedish. These requests remained unanswered.

October 20th, 1843)

From what one can gather upon reading these reports, in the middle of the 19th century, the whole population of Saint-Martin, masters, slaves and freemen kept up a spe-cial relationship. The small size of our island and its small population had led to the slave trade sys-tem described as “moderate”. The proximity of the colonies in which sla-very had been abolished en-couraged es-capes. July 8th, Original de la pétition des habitants de la partie française

de l’ile St Martin à la chambre des députés - 8 juillet 1846.Original of the petition of the inhabitants of the French side

of the island of St Martin to parliament - July 8th, 1846.

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ethnik tendancycollection de vêtements

en vente exclusive au Musée de Saint-Martin

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at Saint-Martin Museum