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Lectio Laboratory for Text Editing
Round Table
FLORES AUGUSTINI
AUGUSTINIAN FLORILEGIA IN THE MIDDLE AGES
ABSTRACTS OF PAPERS
THE LEUVEN INSTITUTE FOR IRELAND IN EUROPE
JANSENIUSSTRAAT 1, 3000 LEUVEN
19-21 APRIL 2017
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This event was made possible thanks to our valued sponsors
Onderzoekseenheid Literatuurwetenschap
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Scientific and Organizing Committee
Jérémy Delmulle
Shari Boodts
Nicolas De Maeyer
Anthony Dupont
Marco Formisano
Christian Laes
Gert Partoens
Erika Gielen
Hosting Institutes
KU Leuven (www.kuleuven.be)
LECTIO, Leuven Centre for the Study of the Transmission of Texts and Ideas in Antiquity, the
Middle Ages and the Renaissance (www.kuleuven.be/lectio)
The Leuven Institute for Ireland in Europe (http://www.leuveninstitute.eu)
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ABSTRACTS IN ALPHABETICAL ORDER OF THE AUTHORS
WALTER BERSCHIN
Universität Heidelberg
Augustinus, De doctrina christiana bei Eugippius
“Dans son abondante collection des Excerpta ex operibus sancti Augustini, Eugippius se révèle lecteur
assidu d’Augustin… Pour procurer un abrégé … Eugippius choisit, dans les nombreux écrits d’Augustin,
trois-cent-cinquante chapitres … Le but visé n’a rien d’un système bien défini.” “Ein bestimmtes System
ist nicht beachtet”, heißt es in der bislang neuesten Geschichte der lateinischen Literatur (1975), und
die französische Übersetzung hat dies unkommentiert 15 Jahre später wiederholt: “rien d’un système
bien défini”.
Doch bereits 1971 war Adalbert de Vogüé in seinem Aufsatz “La Règle d’Eugippe retrouvée” zu einem
anderen Ergebnis gekommen: “La méthode rédactionelle d’Eugippe dans ses Excerpta repose sur deux
procédés: la séquence locale et la séquence thématique ...” Gleichzeitig wurde in einer deutschen
DissertaGon das Sentenzenwerk “Paradisus” von Bonizo von Sutri († um 1095) untersucht, das in der
älteren Literatur als ein bedeutendes Denkmal der Augustinus-Studien im XI. Jahrhundert angesehen
wurde. Dabei stellte sich der “Paradisus” als eine Umarbeitung der Excerpta des Eugippius heraus.
Es gibt also drei Analysen des Exzerpt-Systems des Eugippius. Der Vortrag versucht, deren Tragfähigkeit
unter Beschränkung auf ein Augustinuswerk zu prüfen. Dem folgen zwei kurze Appendices:
1) Zahlensymbolik bei Augustin und Eugippius, besonders bei der Zahl 46.
2) Bonizos Umgestaltung der Eugippii Excerpta.
SHARI BOODTS & GERT PARTOENS
KU Leuven
Reflections on the Origin, Context and Function of a Series of Augustinian Florilegia in a
12th-Century Manuscript form Rochester Cathedral
The manuscript currently held in the British Library under the signature Royal 5B13 contains a series
of florilegia from 6 different works of Saint Augustine. The length of the florilegia varies, from a few
folia at the end of the codex dedicated to excerpts from De cura pro mortuis gerenda, De natura et
origine animae, and De uera religione to 135 folia reserved for extensive quotations from the Tractatus
in euangelium Iohannis, De Trinitate, and De ciuitate Dei. Royal 5B13 is traditionally considered to have
been written in the scriptorium of Rochester in the early twelfth century (an identification based on
solid arguments). Of particular interest in this Augustinian anthology is the presence in the manuscript
of two programmatic prologues - to the florilegia from tract. and ciu. - written by someone who
identifies himself as the compiler of the anthologies from tract., trin., and ciu. In this paper we will use
three sources of information – the historical context of the manuscript, the stemmatical position of
the fragments within the direct transmission of the Augustinian texts involved, and the compiler’s
prologues – to determine where the florilegia were compiled, from what models this was done, and
for what purpose the collection was created.
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PIERRE CHAMBERT-PROTAT
École française de Rome
Concevoir et publier un chef-d’œuvre. Les « normes éditoriales » de Florus pour
son Expositio augustinienne
Attribuée tantôt à Bède, tantôt à un obscur Pierre de Tripoli, la monumentale Expositio augustinienne
de Florus de Lyon (flor. ca. 825–855) a connu un certain succès au Moyen Âge central et constitué,
jusqu’au XVIIe siècle, un pilier de la tradition manuscrite et de la culture augustiniennes. Avec la
découverte de la moitié du manuscrit original de l’Expositio, mais aussi de plusieurs des manuscrits
augustiniens originaux que le compilateur a personnellement exploités, le XXe siècle a enclenché une
redécouverte de l’œuvre, et la première édition critique a pu enfin être entreprise (un volume paru en
2011, trois autres attendus). Mais ces découvertes d’ordre « archéologique » permettent aussi de
replacer l’œuvre de plain-pied dans le contexte matériel et intellectuel où elle a été formée. On peut
ainsi examiner la manière de procéder de l’auteur, ses méthodes et ses choix ; et à la lumière de ce
qu’on sait de sa formation et de sa culture personnelles, on peut tenter d’approcher au plus près ses
intentions et ses partis-pris méthodologiques, dans la conception d’un chef-d’œuvre destiné à être
diffusé largement.
EMANUELA COLOMBI
Università degli Studi di Udine
Quelques observations sur les stratégies de la compilation d’Eugippe
La communication voudrait proposer quelques réflexions à propos des possibles stratégies de
compilation dans les Excerpta d’Eugippe. Au niveau de la structure globale de la compilation, en effet,
les extraits n’apparaissent pas comme une synthèse exhaustive de la pensée augustinienne, mais
comme une sélection peut-être ‘in progress’. En se concentrant de l’autre côté sur les extraits
individuels, on peut formuler d’autres observations sur les relations entre l’extension des extraits et la
subdivision des œuvres dans la tradition manuscrite augustinienne, en particulier pour le De civitate
dei.
MICHELE CUTINO
Université de Strasbourg
Les florilèges des sentences de Prosper d’Aquitaine: une sélection théologiquement
orientée
Dans cette étude on examinera pour la première fois de façon complète et organique le Liber
sententiarum de Prosper d’Aquitaine, en mettant en évidence les modalités de sélection des matériaux
augustiniens et leurs finalités, et en reliant celles-ci à l’évolution de la pensée théologique de l’Aquitain
par rapport aux polémiques post-pélagiennes concernant le milieu provençal.
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LUC DE CONINCK
KU Leuven
Réflexions sur le premier volume de l’édition critique de l’Expositio in epistolas beati Pauli
apostoli de Florus de Lyon (CCCM 220B)
Le volume CCCM 220B, qui sera en fin de compte le troisième tome de l’édition de l’Expositio, a été
publié avant les autres, puisque c’est avec son contenu (les commentaires de II Cor., Gal., Eph. et Phil.)
que débute la partie conservée de l’original. Entre-temps, la publication a permis à G. Partoens et
Sh. Boodts d’évaluer les traditions dérivées et de faire les premières préparations pour l’édition des
tomes suivants.
L’original en question, c’est le ms. acéphale Lyon, Bibl. Mun. 484. Le prof. L. Holz y distingue quatre
mains, et parmi elles la main du “maître d’œuvre”, qui, après s’être chargé de la copie d’une partie du
texte, a corrigé la contribution des autres et apporté des ajustements à la sienne. L’objet de l’édition
est le stade final du texte. Mais le stade antérieur, la copie proprement dite des passages repérés dans
les manuscrits-sources, est identifiable et bien lisible dans le ms de Lyon; et on dispose encore d’un
certain nombre de ces mss-sources, qui présentent des repères marginaux, des crochets isolant les
syntagmes à copier, des corrections provisoires.
Lors du colloque, nous nous proposons d’illustrer comment deux apparats de l’édition, l’un détaillant
l’état du ms. BM 484 d’avant les dernières interventions, l’autre confrontant ce ms. avec les sources
conservées, permettent au lecteur de se documenter sur les étapes de la critique textuelle et de la
normalisation de l’orthographe, et aussi sur l’insertion d’une ponctuation reflétant les vues de Florus
concernant la cohérence syntaxique, l’enchaînement d’idées et la qualité expressive du texte
augustinien.
Dans ce troisième volume de l’édition, les références aux ouvrages augustiniens d’où les extraits
proviennent, écrites en marge du manuscrit, sont placées en tête des extraits, et les brèves
annotations appréciatives de Florus ainsi que les sigles évoquant des parallèles scripturaires sont cités
en apparat: les éditeurs des autres volumes leur réserveront-ils une place en marge du texte?
JÉRÉMY DELMULLE
KU Leuven/IRHT (Paris)
1. The Augustinian Florilegia in the Middle Ages: An Overview
Cette introduction générale au colloque, qui en annoncera les différents aspects en essayant de faire,
autant que possible, l’état de la question et en interrogeant les perspectives adoptées par les divers
contributeurs, sera aussi l’occasion de faire le point sur plusieurs questions d’ordre général.
Il s’agira, tout d’abord, de délimiter un cadre épistémologique et de définir avec le plus de rigueur
possible la spécificité du « florilège augustinien » : comment distinguer un florilège de tout autre
recueil d’extraits ? quelle différence faire entre un florilège à sources multiples et un florilège d’un seul
auteur ? quelle importance accorder aux citations et chaînes de citations, dont la signification pourrait
paraître proche de celle d’un florilège, et qui peuvent même parfois dériver de florilèges dits « de
travail » ?
Nous nous demanderons quand, comment, pourquoi sont apparus les florilèges strictement
augustiniens et les raisons qui en expliquent la large diffusion et la longue postérité. Cet exposé sera
ainsi l’occasion de tirer un premier bilan d’un travail, encore en cours de réalisation, de répertoire des
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florilèges augustiniens du Moyen Âge, et de proposer pour l’avenir quelques nouvelles pistes de
recherches ou approfondissements.
2. Les éditeurs d’Augustin et les florilèges augustiniens
Si les florilèges, et en particulier les florilèges augustiniens, font l’objet, depuis plusieurs décennies, de
nombreuses études et de projets d’édition critique qui mettent en lumière les intérêts, les pratiques
et la pensée propre des florilégistes, il va sans dire qu’ils ont toujours intéressé les spécialistes
d’Augustin, et en particulier les éditeurs de ses œuvres, pour le témoignage qu’ils apportaient à la fois
sur le texte et sur la diffusion de celui-ci.
Cette communication cherchera à retracer, en suivant l’ordre chronologique, les différentes
utilisations que les éditeurs d’Augustin, essentiellement depuis l’époque d’Amerbach et jusqu’au xxe
siècle, ont faites des florilèges augustiniens de Prosper d’Aquitaine, d’Eugippe, de Bède le Vénérable,
de Florus de Lyon, et dans une moindre mesure de florilèges plus tardifs ou non exclusivement
augustiniens.
L’étude des éditions elles-mêmes, des préfaces des éditeurs, de leur correspondance ou de leur
documentation personnelle, mais également l’analyse des manuscrits et des éditions anciennes
auxquels il ont eu recours durant la préparation de leur travail permettent de mettre en lumière une
prise de conscience progressive de l’importance des florilèges, tout d’abord, bien sûr, pour le repérage
d’extraits d’œuvres perdues, puis pour la vérification ou la correction du texte transmis par les témoins
directs, enfin pour la reconstitution de l’histoire du texte.
NICOLAS DE MAEYER
KU Leuven
Vt beatus Augustinus exponit. Augustine’s exegesis of Paul’s Epistle to the Romans in the
Venerable Bede’s Commentary on the corpus Paulinum
One of the most influential Biblical commentators at the forefront of the Carolingian Renaissance was
the prolific Northumbrian scholar Beda Venerabilis (672/673-753), whose Biblical commentaries were
heavily influenced by the writings of the Church Fathers, and as such functioned as an important
mediator between patristic and medieval exegesis and theology. One of Bede’s most exemplary
commentaries in this respect is the Collectio ex opusculis sancti Augustini in epistulas Pauli apostoli, a
compilation of 457 fragments from the works of Augustine of Hippo (for whom Bede had a special
predilection), rearranged to form a commentary on Paul’s Epistles.
Despite its importance for the study of the diffusion of Augustine’s Pauline exegesis in the Early Middle
Ages and for the transmission of Augustine’s works in Anglo-Saxon England, the Collectio has been
much neglected in Bedan scholarship, and even lacks a critical edition. My research project addresses
this lacuna by editing the commentary’s editio princeps as well as by offering the first systematic
analysis of its contents. This paper presents the latter part of the project, which specifically
concentrates on Bede’s use, adaptation, and presentation of Augustine’s exegesis of Paul’s Epistle to
the Romans in the Collectio’s section on Romans (fr. 1-125).
Though Bede uses and quotes Augustine’s writings abundantly in his own commentaries and even
refers to the latter as the ‘foremost doctor of the Church’ (De temporum ratione 66), Bede’s views of
Augustine have never received a global and systematic treatment. The first part of this paper will
analyse those instances in Bede’s writings where he explicitly refers to the bishop of Hippo’s writings
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and thinking, with the aim of reconstructing what Bede exactly knew about Augustine’s life and works,
and how he regarded the Church Father as a theologian and exegete. Was he aware, for instance, of
the fact that Augustine’s exegesis and theology evolved in the course of time and, if so, is this reflected
in the ways he uses Augustine in his own commentaries? Specific attention will be given to instances
where Bede demonstrates explicit interest in aspects of Augustine’s exegesis and theology of Paul,
such as his views on grace, free will, and predestination. This assessment of Bede’s image of Augustine
as a theologian, exegete, and commentator on the Pauline Epistles, enables us to better understand
the form, contents, and purpose(s) of the Collectio.
The second part of this paper concentrates on the Collectio’s section on Romans (Coll. Rom., fr. 1-125).
A descriptive analysis of the number of fragments devoted to each chapter and to each verse/cluster
of verses from Romans, of the length of the different fragments, and of the sources used by Bede for
each chapter, will provide insight into Coll. Rom.’s structure, form, and sources, highlighting which
verses/clusters of verses were of particular importance for Bede (and Augustine) (e.g. Rom. 5, 12-21,
on original sin; Rom. 7, 7-8, 11, on man’s relation to grace). What does Bede’s insistence on specific
units of verses reveal about his thematic focuses? Do these focuses correspond with what Augustine
considers to be the main issues in Romans, or does Bede place his own accents? Does Coll. Rom. retain
interpretations typical of only certain phases in the development of Augustine’s evolving exegesis of
Paul? By means of these questions, it will be possible to determine the specificity of Bede’s picture of
Augustine’s interpretation of Romans.
BLAISE DUFAL
École des Hautes Études en Sciences Sociales (Paris)
Les florilèges augustiniens de François de Meyronnes: des œuvres pédagogiques?
Le franciscain François de Meyronnes produit, au début des années 1320, plusieurs textes dénommés
Flores qui sont des compilations regroupant des extraits des textes d’exégèse, des textes de
controverses, et certains florilèges consacrés aux grandes œuvres d’Augustin d’Hippone (De civitate
Dei, De Genesi ad litteram, De Trinitate). Ces compilations sont accompagnées de commentaires plus
ou moins développés de certains passages, souvent en fonction des centres d’intérêt du théologien
d’influence scotiste. François de Meyronnes produit ainsi une réorganisation du corpus augustinien et
une réécriture scolastique des arguments théologiques, notamment avec les outils intellectuels
aristotéliciens. L'ensemble de ces compilations-commentaires est construit par François de Meyronnes
au début de sa carrière universitaire, notamment durant son séjour au studium franciscain de Toulouse
Ces textes s'inscrivent dans une double démarche d'approfondissement de ses propres connaissances
et d'enseignement. Sans doute issus de lectiones scolaires données dans le cadre de la formation
théologiques des jeunes franciscains, ces compilations commentées peuvent être considérées comme
les reportationes de son enseignement, qui a ensuite fait l'objet d'une ordinatio par l'auteur lui-même.
Ces compilations commentées connaissent une importante diffusion tout au long du XIVe siècle et sont
souvent regroupées dans un même manuscrit constituant une sorte de manuel d’introduction à la
pensée d’Augustin d’Hippone Participant d’un vaste mouvement scolastique de ressaisie des textes
patristiques au début du XIVe siècles, les Flores de François de Meyronnes constituent des ouvrages
médiateurs de l’héritage patristique, permettant l’apprentissage et la découverte du corpus textuel
chrétien ancien dans les écoles mendiantes.
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THOMAS FALMAGNE
Bibliothèque nationale de Luxembourg
La place d’Augustin dans les florilèges jusqu’au 15e siècle
Dans l’histoire des florilèges, la première moitié du 13e siècle est dominée, notamment sous
l’impulsion du monde cistercien, par les florilèges à section d’auteurs. La présence d’Augustin dans les
grands florilèges de ce siècle est très importante ; certains sont même le témoignage d’œuvres moins
courantes dans la tradition, et surtout l’observation des sources du compilateur permet de
reconstituer, parfois, des réseaux culturels autrement très mal connus. On confrontera à cette fin le
très riche florilège de Villers-en-Brabant, les Flores Paradisi, qui engagea un réseau important et celui
de Guillaume de Montaigu qui travailla à partir des ressources de Clairvaux. L’auctoritas d’Augustin se
marque aussi par un certain nombre de florilèges réservés exclusivement au patrimoine de cet auteur.
On en évoquera quelques-uns, nés au sein du réseau cistercien (florilège augustinien de Clairvaux ;
Deflorationes Augustini d’Alcobaça …) ou ailleurs (Vincent de Beauvais). Enfin, le filon qu’explora la
préscolastique dès les années 1100 avec des essais (plutôt que des sommes) exégétiques, canoniques,
liturgiques, se prolonge au 13e siècle, et la place d’Augustin doit alors s’évaluer au cas par cas. On
envisagera le cas d’une compilation de Stavelot méconnue.
La seconde moitié du 13e siècle verra fleurir des collections, sans doute moins intéressantes quant à
l’heuristique des sources, mais censées être plus faciles d’utilisation. On confrontera ainsi le
Promptuarium de Clairvaux, peu diffusé, au Liber florigerus, qui doit sa fortune au caractère très
condensé de l’œuvre. La pensée d’Augustin, surtout dans ses œuvres majeures, fait l’objet d’un
traitement spécifique par des universitaires, tels que Robert de Kilwardby, qui sans doute fut le
premier à dépasser le legs augustinien du Livre des Sentences de Pierre Lombard pour le rendre
accessible à travers des index et tables. Ces instrumenta studiorum n’auront malheureusement pas
une fortune proportionnelle à l’énorme travail d’assimilation de la pensée patristique fourni par
Robert.
La première moitié du 14e siècle connaîtra un véritable renouveau de l’évêque d’Hippone, non
seulement au sein du monde des Ermites de Saint-Augustin, mais aussi à l’extérieur. Quelques
florilèges, dont ceux attribués à François de Meyronnes et à Barthélémy d’Urbino s’inscrivent dans ce
contexte ; étonnamment c’est le plus théologique des deux florilèges qui bénéficiera d’une traduction
censée rendre les « vérités » d’Augustin accessibles au plus grand nombre. D’autres travaux
spécifiques, comme le Collectorium sermonum sancti Augustini de Robert de Bardi, ne connaîtront pas
une fortune égale à l’intérêt que les chercheurs lui donnent aujourd’hui. Enfin, les dizaines de cas de
citations inscrites sur des pages laissées vierges, l’appui ponctuel de l’autorité d’Augustin dans des
dossiers particuliers, ou encore le nombre croissant de pseudépigraphes augustiniens au bas Moyen
Age sont autant d’indices d’une emprise au quotidien d’Augustin sur l’outillage mental des copistes et
lettrés.
ANTHONY LANE
London School of Theology
Printed Augustinian Florilegia in the 16th Century
In the sixteenth century many patristic anthologies were published. A few of these were medieval, but
the great majority were new works. There was much copying of material from one anthology to
another and three were particularly influential: the Unio Dissidentium of the enigmatic Hermann
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Bodius, the Epitome of the works of Augustine by Johann Piscator and the anthologies of Andreas
Musculus. Augustine played a dominant role in these anthologies.
The majority of patristic anthologies were drawn from a range of Fathers, but a significant minority
draw from one Father only, the overwhelming majority of these from Augustine. Four well known
medieval florilegia were published:
1. Prosper, Sententiae (1531 and later);
2. Prosper, Epigrammata (1555)
3. Eugippius, Excerpta (1542);
4. Bede, Collectio in epistulas Pauli (1499, with many reprints);
5. Florus [of Lyons], [Expositio in omnes Pauli epistolas] (1499)
6. Bartholomew of Urbino, Milleloquium (1555).
There were in addition a number of new Augustinian florilegia, including the following (Corvinus and
Blosius include another Father, but the Augustine extracts are separated):
1. Johann Piscator, Omnium operum divi Augustini Epitome (1537);
2. Erasmus Sarcerius, Praecipui sacrae scripturae communes loci (1539 and later);
3. Antonius Corvinus, Augustini et Chrysostomi theologia (1539 and later);
4. Johann Gastius, Augustini … tam in vetus quam in novum testamentum commentarii (1542);
5. Lois de Blois (Blosius), Psychagogia (1549 and later)
6. Cassander, Dialogus (1552)
7. Sebastiano Ammiani, Conclusiones Catholicae (1553 and later)
8. Johann Timann, Coacervatio sententiarum aliquot (1555)
9. Ludwig Rabus, Conciliationes locorum S. Scripturae, 2 volumes (1561)
10. Nicolas Chesneau, Recueil des passages de sainct Augustin (1566)
11. Jerónimo Torres, Confessio Augustiniana (1567)
PAUL MATTEI
Université Lumière – Lyon 2
Vincent de Lérins et son œuvre d’excerpteur. État des questions, essai de mise au point
On connaît le Commonitorium de Vincent de Lérins. Une seconde œuvre de lui est conservée : c’est un
florilège augustinien, datant des années 430, les Excerpta … Vincentii Lirinensis insulae presbyteri ex
universo beatae recordationis Augustini episcopi in unum collecta.
La redécouverte des Excerpta et leur publication en 1940 a fait justice de la confusion de ce liberavec
les Obiectiones, perdues en tant que telles, mais que Prosper d’Aquitaine réfute dans un opuscule que
nous avons encore, Pro Augustino responsiones ad capitula obiectionum Vincentianarum - en même
temps que la teneur du texte redécouvert conduisait à douter de l’origine vincentienne
desdites Obiectiones.
Il s’agira ici d’une présentation globale des Excerpta en leurs divers aspects, littéraires (philologiques)
et doctrinaux. Les Excerpta décernant de grands éloges à saint Augustin, il s’agira, avant tout dans
l’examen doctrinal, de faire le point sur le rapport que l’on entrevoit entre Vincent (plus généralement
les Lériniens, ou les Provençaux ?) et l’œuvre de l’Hipponate. Cela nécessitera une confrontation à frais
nouveaux avec les Obiectiones de Prosper. La confrontation est rendue délicate par le fait que
les Excerpta ne concernent e directo que la théologie trinitaire et la christologie, tandis que
les Obiectiones s’en prenaient à une pensée, supposée augustinienne (stricto sensu : imputée à
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Augustin lui-même), de gratia et praedestinatione. Sous bénéfice d'inventaire, le dessein de la
présente communication ne sera pas de bouleverser des positions qui paraissent aujourd’hui acquises
pour revenir à des vues anciennes, mais d’essayer de clarifier la portée des Excerpta.
XAVIER MORALES
Université catholique de l’Ouest (Angers)
Guillaume de Saint-Thierry, auteur et lecteur de florilèges patristiques : quelques exemples
et interprétations
Guillaume, abbé du monastère bénédictin de Saint-Thierry puis moine cistercien à Signy, est à la fois
l’auteur et le lecteur de florilèges patristiques où Augustin se taille la part du lion. Cette communication
se concentrera sur deux exemples : le florilège eucharistique que Guillaume joint à son traité Sur le
sacrement de l’autel, et le commentaire de Rm 11, 33-36 dans son Exposé sur l’épître aux Romains, en
analysant la manière dont ont été utilisés le Decretum d’Yves de Chartres, dans le premier cas, et
l’Expositio Epistolarum Beati Pauli Apostoli de Florus de Lyon, dans le deuxième cas. Ces exemples
seront replacés dans la perspective plus globale de la méthode de travail de Guillaume, afin de
déterminer si l’on peut le considérer comme un théologien « traditionnaliste ».
MICKAEL RIBREAU
Université Sorbonne Nouvelle-Paris III/Institut d’Études Augustiniennes (Paris)
Du florilège au dialogue: mise en scène, organisation et fonctionnement des citations
augustiniennes dans le Contra philosophos
Le Contra Philosophos est un florilège particulier. En effet, s’il est constitué d’extraits, développés, de
la Cité de Dieu, il est avant tout un dialogue dans lequel conversent Augustin, un certain Romanus, et
plusieurs païens comme Scipion, Cicéron, Caton ou Jamblique. Notre enquête comportera trois
moments : I Etude des prologues ; II Le fonctionnement du dialogue ; III L’organisation du florilège : le
choix des extraits et leur enchaînement. Au cours de notre communication nous tâcherons, au fil de
ses trois étapes, de revenir sur la datation proposée : peut-on dater ce texte du VIe siècle, comme le
fait l’éditeur du florilège, D. Aschoff, ou bien faut-il se limiter à la seule datation sûre, celle des
manuscrits, du XVe siècle, comme le recommandent J.-P. Bouhot ou F. Dolbeau ?
Dans un premier temps, nous étudierons les prologues des cinq disputationes qui composent l’œuvre ;
nous comparerons ces seuils avec un second florilège, transmis avec le Contra philosophos dans les
manuscrits connus, le Contra Iudaeos. Nous verrons que le locuteur des seuils, constitués d’extraits
des premiers livres de la Cité de Dieu et d’une adresse aux païens, se révèle être Augustin lui-même,
dans la cinquième et dernière disputatio. Nous verrons à quelle tradition littéraire augustinienne
l’auteur fait référence et selon quelles modalités ; dans quelle mesure la mise en scène du dialogue
peut-elle être augustinienne ? Cette révélation tardive est-elle une erreur de composition ou un jeu
érudit ? Enfin nous nous demanderons s’il faut établir une distinction entre le Contra philosophos doté
de cinq seuils et le Contra Iudaeos qui n’en contient pas, mais commence à chacune des deux
disputationes par des propos du personnage Augustin.
Puis nous étudierons le dialogue lui-même. Nous examinerons comment l’auteur a pu créer les
différents interlocuteurs. Nous verrons que les citations d’auteurs païens dans la Cité de Dieu
permettent la création de certains personnages. Mais le caractère dialogique de la pensée de l’évêque
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d’Hippone, qui imagine souvent des objections, pèse le pour et le contre d’un problème, affine sa
pensée, a sans doute également permis à l’auteur d’imaginer cette mise en scène. Nous essaierons de
confronter nos analyses au Contra Iudaeos, composé d’extraits de sermons. Le même caractère
dialogique se rencontre-t-il dans les œuvres sources et dans la nouvelle œuvre ?
Enfin, nous examinerons comment l’auteur organise les extraits choisis. Sont-ils longs ? s’enchaînent-
ils ? Nous verrons, en nous appuyant en particulier sur le premier livre, que les extraits donnés sont
très larges, respectent le plus souvent le mouvement de la pensée d’Augustin, même si certains
passages, que l’on peut considérer comme n’étant pas essentiels, ont été coupés. Nous verrons
également que l’auteur semble jouer des attentes du lecteur puisque certains passages que l’on
s’attend à voir utilisés, puisque l’ordre est respecté, semblent oubliés, mais réapparaissent ensuite,
sans qu’il y ait de répétitions. L’étude de l’organisation du florilège révèle un découpage précis, très
réfléchi.
En conclusion, nous nous demanderons si la proximité intellectuelle avec le Secretum de Pétrarque et
les lettres 3 à 12 du livre XIV des Familiares ne peut pas nous inciter à penser qu’il s’agit d’un écrit
humaniste, plutôt qu’antique.
RAÚL VILLEGAS MARÍN
Universitat de Barcelona
The Anti-Pelagian Dossier of Eugippius’ Excerpta ex operibus sancti Augustini in Context:
Notes on the Reception of Augustine’s Works on Grace and Predestination in Late 5th-Early
6th-Century Rome
Chapters 280 to 297 of Eugippius’ Excerpta ex operibus sancti Augustini consist of excerpts from several
anti-Pelagian works by the bishop of Hippo, beginning with the entry devoted to the Pelagian heresy
in De haeresibus, 88. This coherent anti-Pelagian dossier is all the more interesting because it mainly
consists of texts taken from some of the most controversial treatises of Augustine: De gratia et libero
arbitrio, De correptione et gratia, and De praedestinatione sanctorum/De dono perseuerantiae, to
which we might also add the fragments taken from the first letter to the abbot Valentinus of
Hadrumetum as well as those excerpted from Contra Iulianum. All these works relate, in one way or
another, to the controversies regarding Augustine’s views on grace and predestination which arose in
Provence from the mid-420s to the council of Orange in 529. As it is well known, the Roman Church
got involved in these debates in several occasions. The Roman bishops’ stance on the issue shifted
from the vague laudatio of Augustine’s works by Celestine I in 431 to the approval of the dogmatic
statements of the council of Orange by pope Boniface II in 531. This paper aims at setting the anti-
Pelagian dossier of Eugippius’ Augustinian florilegium in the context of the process of reception of
Augustine’s thought by the Roman Church. We also aim at providing some insights on the use of
Augustinian excerpts as a polemical tool in the course of the earlier “Augustinian controversies”.
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CLEMENS WEIDMANN
Universität Salzburg/CSEL
Creating a New Augustine from the Manipulus Florum. Remarks on Some Sermons of the
Augustinus Belgicus
Modern scholars ascribe some Pseudo-Augustinian sermons edited by Caillau in the 19th century to a
certain Augustinus Belgicus who is supposed to have lived in the 12th century. In this paper I intend to
demonstrate that some of these sermons are with certainty based on the late medieval Manipulus
florum, a florilegium compiled at the beginning of the 14th century by Thomas Hibernicus and to shed
new light on the technique of their composition.