Fathi Neo Andalou

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Congrès des Musiques dans le monde de l'islam. Assilah, 8-13 août 2007. Conference on Music in the world of Islam. Assilah, 8-13 August, 2007. Tous droits réservés. © Fetih Salah 2007. 1 Le ‘Néo Andalou’ à Alger. Procédés d’innovation structurale dans la tradition musicale. par Fethi Salah * (Alger, Algérie) Introduction Contrairement à la notion d’innovation qui, dans des domaines comme l’économie et les sciences, renvoie souvent à l’idée de nouveauté(s) visant le progrès et allant dans le sens de l’efficacité, celle relative à la création artistique en général et à la création musicale en particulier n’est pas toujours perçue positivement, notamment dans des milieux traditionalistes et conservateurs où toute nouveauté est appréhendée avec méfiance si elle n’est pas qualifiée d’emblée de décadence. Dans ce texte, le concept d’innovation est, d’une part, synonyme de transformation ou changement. Changement dans un système musical qui reflète aussi un changement dans le système d’idées sous-jacent. Les implications de l’innovation dans le domaine musical, d’autre part, ne sont pas celles relatives, du moins de manière directe, au progrès technique ou au développement économique. Elle sont orientées généralement par les contextes social, culturel et idéologique du moment. Ce texte n’aborde que les procédés d’innovation dans le système musical relatif à la musique traditionnelle algérienne appelée l’Andalou 1 , et plus précisément celle produite et diffusée à partir de la région algéroise : San°a 2 . Il n’abordera pas les éléments contextuels (historique, social, anthropologique, politique, culturel, etc.) qui influenceraient positivement ou négativement le phénomène de l’innovation, bien que l’auteur soit conscient de l’importance de ceux-ci dans la réalisation et l’évolution de ce phénomène. Il s’agit ici de cerner les structures de base où s’opère le phénomène d’innovation, à travers l’exposition de deux procédés qui illustrent l’orientation actuelle de l’esprit d’innovation qui puise sa source dans une culture musicale de tradition orale. L’idée d’innovation dans la tradition San°a. Il était prévisible, dans un milieu musical comme celui de l’Andalou, où l’esprit traditionaliste et conservateur est encore de rigueur, que surgissent certaines réactions à celui-ci, ou du moins certaines velléités d’innovation souvent ou presque toujours perçue ou interprétée comme décadence, altérations ou non respect de la tradition musicale. Nous observons actuellement en Algérie, et notamment parmi ceux qui pratiquent le répertoire de la san°a, à l’émergence voire à la concrétisation –musicale– de certaines idées qui ne * Maître de conférences au département de Musique-Musicologie, Ecole Normale Supérieure Kouba, Alger. 1 « L’Andalou » est une expression utilisée surtout dans le langage oral et fait référence à « la musique andalouse », « la musique arabo-andalouse » ou « la musique classique algérienne », dénominations qui font l’objet d’interprétations et de lectures critiques. 2 Ce terme est parfois aussi transcrit sous les orthographes suivantes : sanaâ ou çan’a.

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  • Congrs des Musiques dans le monde de l'islam. Assilah, 8-13 aot 2007. Conference on Music in the world of Islam. Assilah, 8-13 August, 2007.

    Tous droits rservs. Fetih Salah 2007. 1

    Le No Andalou Alger. Procds dinnovation structurale dans la tradition musicale.

    par Fethi Salah* (Alger, Algrie) Introduction

    Contrairement la notion dinnovation qui, dans des domaines comme lconomie et les sciences, renvoie souvent lide de nouveaut(s) visant le progrs et allant dans le sens de lefficacit, celle relative la cration artistique en gnral et la cration musicale en particulier nest pas toujours perue positivement, notamment dans des milieux traditionalistes et conservateurs o toute nouveaut est apprhende avec mfiance si elle nest pas qualifie demble de dcadence.

    Dans ce texte, le concept dinnovation est, dune part, synonyme de transformation ou changement. Changement dans un systme musical qui reflte aussi un changement dans le systme dides sous-jacent. Les implications de linnovation dans le domaine musical, dautre part, ne sont pas celles relatives, du moins de manire directe, au progrs technique ou au dveloppement conomique. Elle sont orientes gnralement par les contextes social, culturel et idologique du moment.

    Ce texte naborde que les procds dinnovation dans le systme musical relatif la musique traditionnelle algrienne appele lAndalou1, et plus prcisment celle produite et diffuse partir de la rgion algroise : Sana2. Il nabordera pas les lments contextuels (historique, social, anthropologique, politique, culturel, etc.) qui influenceraient positivement ou ngativement le phnomne de linnovation, bien que lauteur soit conscient de limportance de ceux-ci dans la ralisation et lvolution de ce phnomne. Il sagit ici de cerner les structures de base o sopre le phnomne dinnovation, travers lexposition de deux procds qui illustrent lorientation actuelle de lesprit dinnovation qui puise sa source dans une culture musicale de tradition orale. Lide dinnovation dans la tradition Sana.

    Il tait prvisible, dans un milieu musical comme celui de lAndalou, o lesprit traditionaliste et conservateur est encore de rigueur, que surgissent certaines ractions celui-ci, ou du moins certaines vellits dinnovation souvent ou presque toujours perue ou interprte comme dcadence, altrations ou non respect de la tradition musicale. Nous observons actuellement en Algrie, et notamment parmi ceux qui pratiquent le rpertoire de la sana, lmergence voire la concrtisation musicale de certaines ides qui ne

    * Matre de confrences au dpartement de Musique-Musicologie, Ecole Normale Suprieure Kouba, Alger. 1 LAndalou est une expression utilise surtout dans le langage oral et fait rfrence la musique andalouse , la musique arabo-andalouse ou la musique classique algrienne , dnominations qui font lobjet dinterprtations et de lectures critiques. 2 Ce terme est parfois aussi transcrit sous les orthographes suivantes : sana ou ana.

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    sont pas, cependant, rcentes3. La traduction de ces ides sous forme de cration ou dinnovation musicale au sein mme de la tradition en question, montre, en loccurrence, la volont manifeste de transgresser les normes4 ou cadres considrs comme strictement traditionnels, mais elle montre aussi et surtout la volont dexprimer et de mettre en vidence les capacits de certaines individualits innover subrepticement sans toutefois exclure totalement les donnes de la tradition musicale. Cest ce qui se dgage des expressions No Andalou5 et No Chabi6.

    Les stratgies dinnovation et de cration qui peuvent tre perues actuellement dans le milieu de la tradition musicale de la Sana se manifestent, globalement, travers deux procds, qui peuvent aussi se combiner entre eux, et que jai appels thme et versions et synthse symbiotique . Ces deux procds oprent divers niveaux du systme musical et au sein de deux structures fondamentales : dune part, la thmatique musicale (mlodies) et sa combinaison avec les structures potiques (hmistiches ; vers ; strophes), cest--dire le noyau de toutes les formes musicales et musico-potiques existantes (nouba; inqilab; istikhbar ; etc.) ; et la combinaison des instruments de musique et leurs structures sonores (timbres) rsultantes, dautre part. Deux procds dinnovation : Thme et versions et synthse symbiotique

    Le premier procd dinnovation dans la tradition de lAndalou se manifeste travers un processus qui sapparente celui de thme et variations . Il est connu que dans ce processus, lesprit dinnovation opre grce aux nombreuses possibilits de variation/modification dun thme musical, principalement dans ses structures mlodiques et rythmiques. Linnovation est apprcie alors par les diffrences existant entre le thme, prsente initialement et les variations qui lui succdent. Dans le cas qui nous intresse ici, il ne sagit pas de variations proprement dites, mais dinterprtations ou plutt des versions diverses dun mme thme qui peuvent avoir lieu paralllement dans le temps. Dans ce cas qui illustre, par ailleurs, une conception particulire de la forme dans ce genre de tradition musicale, les possibilits dinnovation sont encore plus nombreuses dans la mesure o ce ne sont pas seulement les structures mlodiques et rythmiques qui peuvent varier, mais ce sont aussi les structures de timbres et les styles dinterprtation musicales, entre autres, dont les combinatoires sont infinies. Linnovation sera donc perue en fonction de lcart entre les versions -qui peuvent tre trs diffrentes les unes des autres- et le thme considr comme tant originaire puisque traditionnel7.

    Pour illustrer concrtement ce premier procd dinnovation, lexemple choisi est une mlodie trs connue qui forme avec le vers correspondant ce que jappellerai un thme musico-potique ; thme extrait du rpertoire de la sana. Il sagit du vers ayant pour incipit (premier hmistiche) Ya man sakan sadri ( Oh celui qui a habit (ma poitrine - dans le sens de) mon cur ), et dont la mlodie correspondante est base sur le mode musical Mezmoum. Le vers ainsi que la strophe laquelle il appartient sont habituellement 3 Les transcriptions des fins dharmonisation puis dorchestration, ralises depuis les annes soixante du sicle dernier sont prendre aussi dans le sens dinnovation du rpertoire musical andalou. 4 Toute innovation, comme la libert, procde de la transgression (Marouf, 2003 : 53). 5 cf. Cd audio NOUR Kamila, No Andalou, Diffusion Belda (Alger). 6 Le No Chab. Kamel Messaoudi. France CDS 8751. CMM 1993. 7 Il faut prciser que bien que la majorit des textes potiques chants sont signs , cest--dire dont les auteurs/potes sont connus, les mlodies sont, en revanche, anonymes.

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    chants dans le premier mouvement de la nouba Mezmoum (Serri, 2006 : 187). Ce thme musico-potique a fait lobjet de nombreuses interprtations musicales, aussi bien dans des versions traditionnelles que dans des versions harmonise/orchestre et moderne .

    1. La version traditionnelle .

    Figure 1. Transcription du thme Ya man sakan sadri des fins de restauration .

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    La version considre comme traditionnelle est celle qui est habituellement interprte par les matres et les associations musicales dont le rle principal est de sauvegarder et transmettre fidlement (reprsentations, prestations musicales et enseignement) les musiques traditionnelles, en particulier lAndalou, et de veiller au respect plus ou moins strict des normes dinterprtation musicale (vocale et instrumentale) ainsi qu lemploi correcte (prononciation ; vocalisation) de la langue dans laquelle sont composes les textes potiques chants.

    Or cette version nest pas exempte de rvisions et de considrations critiques tant au niveau mlodique quau niveau potique. Elle fait, titre dexemple, lobjet dun essai de restauration (cf. fig. 1)8, avec pour consquence un changement tant au niveau de la structure temporelle de la mlodie quau niveau de la csure des vers potiques. Larticulation mlodie/rythme potique semble donc tre un exemple de lieu privilgi dinnovation ou, du moins, de rnovation au cur mme de la tradition. 2. La synthse symbiotique endogne.

    Lide de synthtiser deux structures distinctes appartenant la mme culture musicale (mais dont lune sera conue comme structure de rfrence principale ou dominante) dans le dessein de raliser une symbiose , cest--dire de former un tout plus ou moins homogne, ne semble pas tre trs ancienne. Le cas choisi pour illustrer ce procd est reprsent par une initiative individuelle rcente, qui pourrait faire cho un fait plus ancien qui a eu pour consquence lmergence du genre musical appel chabi. En effet, celui-ci est considr comme le rsultat dune symbiose russie entre la tradition musicale, considre comme savante, quest lAndalou (notamment travers ses structures mlodiques modales) et la posie populaire urbaine en arabe dialectal (Melhoun)9.

    Linitiative individuelle rcente sest finalement concrtise durant ces trois ou quatre dernires annes. Il sagit ici dune volont de synthtiser deux traditions proches par leur parent et qui ont, par consquent, des affinits stylistiques et structurales (Saoudi, 2007 : 22) : la tradition de lAndalou et celle du chabi. Il y a comme une sorte de boucle qui tend se fermer dans larborescence des traditions musicales algriennes, puisquune branche (chabi) du tronc principal (lAndalou) tente de rejoindre celui-ci, conu comme tant une matrice originelle (Alim, 2007 : 19).

    Par ailleurs, il y a aussi dans ce cas prcis, lemploi dinstruments de musique considrs comme nappartenant pas aux deux traditions (comme par exemple laccordon et la guitare avec son jeu en arpges); emploi qui traduit clairement une volont dinnovation dans la dimension du timbre, cest--dire lenrichissement et une recherche dans la cration de nouvelles sonorits des ensembles instrumentaux traditionnels ou pseudo-traditionnels. Cest une nouvelle nouba (Chabani, 2004a : 20) qui est ne et qui a t cre linitiative du chanteur algrois Nour-Eddine Saoudi, chanteur qui a volu dans la tradition de la sana, tout en tant imprgn de la tradition du chabi. Lauteur de cette nouvelle nouba appele nouba dziria ou nouba algroise (cf. fig. 2) suscite une rflexion sur les perspectives de synthse de deux traditions distinctes mais parentes.

    8 cf. le travail du groupe Yafil : http://yafil.free.fr/restau_01.htm 9 Leur mode de fonctionnement [des associations musicales] est la source dinnovations, de ruptures dont la plus significative historiquement est celle qui permet lmergence dun genre musical mixte de savant et de populaire, le chaabi (Miliani, 2000 : 194).

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    Figure 2. Texte accompagnant le CD Nouba Dziria de Nour Eddine Saoudi.

    La nouba dziria ntant ni de lAndalou, ni du chabi, mais un compos des deux; une sorte dexprience dalchimie musicale dont la rception sociale reste encore valuer. Concrtement, lauteur de la nouvelle nouba a ralis la synthse de deux structures appartenant aux deux traditions cites : la macro-structure quest la forme nouba (avec lenchanement de ses divers mouvements du lent vers le rapide) avec des textes provenant du corpus potique correspondant la tradition de la sana dune part, et un mode mlodique appel sahli (qui ne fait pas partie de lensemble des modes andalous) qui provient de la tradition du chabi dautre part. Saoudi, travers la nouba dziria, montre les potentialits dinnovation par synthse de deux traditions qui appartiennent la mme culture musicale ; procd qui, cependant, nest pas du ressort du profane car, sans aucun doute les conditions de linnovation ou de la cration lintrieur du systme de la ana passent par une matrise sans faille de ses rgles de fonctionnement morphologiques (Marouf, 2003 : 59-60). 3. La synthse symbiotique exogne.

    Le deuxime type de synthse symbiotique est celui qui consiste synthtiser deux structures qui nappartiennent pas la mme culture musicale. Il sagit dintgrer des structures exognes au sein dune matrice considre comme traditionnelle, ou de remodeler celle-ci en ladaptant un environnement exogne. 3.1 La version harmonise et orchestre

    Cette version illustre lintgration des techniques dcriture musicale (harmonie, contrepoint, orchestration) dans une culture musicale de tradition orale. Ces techniques ont t appliques au thme musico-potique mentionn prcdemment ( Ya man sakan sadri ) et dj pris comme exemple pour illustrer la version traditionnelle. Aprs avoir t transcris, celui-ci a fait lobjet dharmonisation et dorchestration sous la plume du compositeur et chef dorchestre Boudjemia Merzak (en 1969), et ceci sous la forme dune pice pour violon solo (instrument qui interprte la mlodie du thme, laquelle, dans la version traditionnelle, est interprte par une voix) accompagn dun orchestre cordes et

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    bois, auquel ont t ajouts les deux instruments percussion (membranophones) que sont la derbouka et le tar10. Ayant reu une formation musicale acadmique (Premier prix dharmonie et contrepoint au conservatoire) mais trs imprgne des musiques traditionnelles (lAndalou notamment), Boudjemia Merzak avait ds cette anne [1966] entrepris un travail dorchestration de la musique andalouse ; travail pour lequel il avait voulu soutenir la ligne mlodique par un fond sonore, qui, lui, tait harmonis. [] Ce ntait pas une fantaisie de jeunesse mais un choix dexpression o se cristallisait son got pour les formes nouvelles (Cheurfi, 1997 : 92). La nouveaut rsidait dans le fait de raliser une synthse entre des procds dcriture musicale issus de la culture musicale classique europenne et des mlodies modales issues dune culture musicale de tradition orale ; avec vraisemblablement lide dadapter celles-ci des oreilles duques pour une coute verticale. Ici la mlodie a t privilgie au dtriment du texte potique, puisquil sagit dune version exclusivement instrumentale (contrairement la version traditionnelle qui est la fois vocale et instrumentale), mais en respectant la structure modale et rythmique de la mlodie tout en lui adaptant une harmonie mi-tonale, mi-modale. 3.2 La version moderne

    La troisime version illustre lide de lapport de la modernit la tradition musicale, puisque le mme thme musico-potique choisi ( Ya man sakan sadri ) a fait aussi lobjet darrangement et dadaptation un environnement sonore produit par des instruments considrs comme modernes (batterie, synthtiseur, guitare lectrique, piano, etc.). Lexemple qui peut illustrer cette version est celui que prsente la chanteuse Kamila Nour (cf. fig. 3), qui eut une formation dans lAndalou auprs de matres et dans des associations musicales traditionnelles connus.

    Figure 3. Texte accompagnant le CD No Andalou de Kamila Nour.

    10 Les enregistrements de cet exemple ne sont pas commercialiss et ne sont disponibles que dans les archives sonores de la radio algrienne.

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    Aprs coute de cette version dans laquelle le thme Ya man sakan sadri baigne dans une ambiance sonore rythme varit/pop/jazz (piste 4 du CD), lon ne peut sempcher de penser une volont implicite de mondialiser certaines musiques traditionnelles, et ceci dans le sillage de la modernisation et lexportation du ra traditionnel. Aussi, lintroduction de lAndalou dans la musique du monde ( world music ) ne semble-t-elle efficace que dans la mesure o celui-ci adopte des sonorits qui sduiraient plus facilement loreille du monde . Conclusion

    Il est difficile de prsenter ici une conclusion concernant les perspectives dinnovation de lAndalou Alger. Les exemples cits ne sont que des cas qui mergent dun mouvement de transformation plus ou moins lent de la tradition musicale en question. Nanmoins, il nest pas difficile de conclure que les deux ou trois exemples prsents dans ce texte refltent bien lexistence dune conception de la tradition musicale qui nest pas totalement fige mais variable voire volutive. Linnovation est, par consquent, inhrente la nature changeante de la tradition. Or ce sont la vitesse plus ou moins grande ainsi que la perception des transformations des structures de la tradition qui dclenchent une prise de conscience des pertes et disparitions des composantes de celle-ci.

    Il est vrai que quelque chose se passe (During, 1994); mais dans toutes les traditions, il se passe toujours quelque chose aussi infime soit-elle. Car la tradition, sil mest permis de paraphraser Lavoisier, ne se perd pas (du moins instantanment), ne se cre pas (du nant), mais se transforme. Et cest dans la gestion intelligente de ses transformations quune tradition se perptue. Rfrences bibliographiques

    ALIM Yacine (2007), Quand le chabi renoue avec landalou , in El Watan du 03 octobre 2007, p : 19.

    CHABANI Nassima (2004a), Un rformiste faisant la nouba , in El Watan du 30 mai 2004, p : 20.

    CHABANI Nassima (2004b), La dernire nouba , El Watan du 22 juillet 2004, p : 5.

    CHEURFI Achour (1997), Dictionnaire des Musiciens et Interprtes Algriens, Alger, Edition ANEP.

    DURING Jean (1994), Quelque chose se passe. Le sens de la tradition dans lOrient musical, Lagrasse, Verdier.

    MAROUF Nadir (2003), Le Systme Musical de la ana ou le paradigme de la norme et de la marge, Oran, Editions Dar El Gharb.

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    MILIANI Hadj (2000), Comment constituer une tradition ? Le cas des chants et des musiques populaires en Algrie , in Non-Material Cultural Heritage in The Euro-Mediterranean Area, Acts of the Unimed-Symposium, Seam, pp : 185-200.

    SERRI Sid Ahmed (2006), Chants Andalous. Recueil de pomes des noubate de la musique Sana, Alger, ENAG.

    SAOUDI Nour Eddine (2007), Linterprtation avant tout , in El Watan du 17 Mai 2007, p : 22.

    [Les articles (sous format .pdf) du journal El Watan peuvent tre consults dans les archives du site Internet correspondant : www.elwatan.com].