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36. LES ENTREPRISES PRIVÉES INDUSTRIELLES ET COMMERCIALES, ACTRICES DE LA LUTTE CONTRE LE SIDA Caroline Mairesse in Dominique Kerouedan Santé internationale Presses de Sciences Po | Hors collection 2011 pages 459 à 465 Article disponible en ligne à l'adresse: -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- http://www.cairn.info/Sante-internationale---page-459.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Pour citer cet article : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Mairesse Caroline , « 36. Les entreprises privées industrielles et commerciales, actrices de la lutte contre le sida » , in Presses de Sciences Po « Hors collection », 2011 p. 459-465. -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour Presses de Sciences Po. © Presses de Sciences Po. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. 1 / 1 Document téléchargé depuis www.cairn.info - univ_bordeaux4 - - 147.210.86.53 - 23/11/2011 00h21. © Presses de Sciences Po Document téléchargé depuis www.cairn.info - univ_bordeaux4 - - 147.210.86.53 - 23/11/2011 00h21. © Presses de Sciences Po

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  • 36. LES ENTREPRISES PRIVES INDUSTRIELLES ETCOMMERCIALES, ACTRICES DE LA LUTTE CONTRE LE SIDA

    Caroline Mairesse

    in Dominique Kerouedan Sant internationale

    Presses de Sciences Po | Hors collection

    2011pages 459 465

    Article disponible en ligne l'adresse:--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

    http://www.cairn.info/Sante-internationale---page-459.htm--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

    Pour citer cet article :--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

    Mairesse Caroline , 36. Les entreprises prives industrielles et commerciales, actrices de la lutte contre le sida , in Presses de Sciences Po Hors collection , 2011 p. 459-465. --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

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    Face la crise financire mondiale, lvolution de laide internationale est incertaine, alors que lpid-mie de VIH/sida continue de svir et de contaminer les populations les plus productives. Confrontes un risque pour leur activit et leur rentabilit, certaines entreprises des pays les plus touchs ont pris le leader-ship de la prvention et de la lutte contre le sida. En crant de nouveaux partenariats public-priv, fonds sur le mcanisme de co-investissement, elles tentent denrayer la maladie sur le lieu de travail et parfois au sein de la communaut dans laquelle elles intervien-nent. Ces partenariats innovants doivent cependant encore faire leurs preuves avant de pouvoir stendre et convaincre dautres acteurs.

    ______

    Laccs aux mdicaments contre le sida reste encore trop souvent difficile pour les malades des pays en dveloppement. Cette situation apparat de plus en plus insoutenable, et amne la communaut internationale encourager certaines initiatives nouvelles pour faire face au dfi de laccs aux mdicaments antirtroviraux (ARV). Celui-ci a pu notamment tre favoris par lengagement de certaines entreprises industrielles et commercia-les, qui ont mis en place des programmes afin de traiter les employs et leurs familles. Les pouvoirs publics, les acteurs internationaux ainsi que les entreprises ont pris conscience de limportance

    du lieu de travail et du rle cl que peut jouer le secteur priv dans la lutte contre le VIH/sida. Cest ainsi quest apparu et sest popularis le concept de Workplace Programmes (WPP).

    Les impacts macro et micro-conomiques de lpidmie sont importants, surtout dans des zones trs fortement touches comme lAfrique subsaharienne. Diffrentes tudes estiment entre 0,5 % et 2,6 % [Rosen et al., 2003] par an ou 0,5 et 1,5 % sur 10-20 ans [Unaids/WHO, 2008] la dimi-nution du PIB du fait du sida, dans les pays les plus touchs. Limpact se fait galement ressentir au niveau des acteurs conomiques. En effet, la particularit du sida est de toucher la population la plus productive : la majorit des 33 millions de personnes vivant avec le VIH dans le monde en 2008 appartiennent au groupe des 15-49 ans, et 45 % des personnes nouvellement affectes ont entre 15 et 24 ans [Unaids/WHO, 2009]. Ainsi, certaines entreprises implantes en Afrique ont pris linitiative de mettre en place des programmes de prvention et/ou de traitement sur le lieu de travail. Ces programmes ont souvent montr leur efficacit, surtout dans des pays o les infrastruc-tures de sant sont insuffisantes ou inadquates.

    Cependant, cette prise en charge pose certaines questions dthique, de justice et de solidarit, en conditionnant laccs aux soins au statut de salari de certaines entreprises. Ces questions, ajoutes

    LES ENTREPRISES PRIVESINDUSTRIELLES ET COMMERCIALES, ACTRICES DE LA LUTTE CONTRE LE SIDA

    Caroline Mairesse** Coordinatrice dveloppement durable chez Degrmont, filiale de Suez Environnement

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    la volont datteindre les Objectifs du Millnaire en matire de sant, ont men une rflexion au sein des instances bilatrales et multilatrales sur la manire dtendre cette prise en charge la communaut dans son ensemble.

    Partant de linitiative connue des partenariats public-priv (PPP) est apparu depuis quelques annes le concept de co-investissement. Les PPP sont des projets mens conjointement entre des acteurs publics et privs qui, en combinant leurs contributions, permettent datteindre les objectifs de chacun de manire rapide, efficace et rentable [Barzach, 2004]. Le co-investissement apparat alors comme une nouvelle forme de PPP adapte la lutte contre le sida en cherchant renforcer et tendre laction des entreprises.

    Lagence allemande de dveloppement GTZ, dans son document stratgique, propose comme dfinition du co-investissement un investis-sement conjoint, harmonis et coordonn entre des ressources publiques et prives, ayant comme objectif commun damliorer laccs quitable la provision de services en rponse au VIH/sida1 . Chaque partie contribue une part de leffort, de telle sorte que la somme des contributions de cha-que partie soit suprieure une simple addition.

    Cette note se propose, en se concentrant sur lac-tion des entreprises industrielles et commerciales en Afrique, de prsenter et resituer laction de cet acteur priv dans la lutte contre le VIH/sida. Il sagit galement de prsenter le mcanisme de co-investissement et dtudier sa porte ainsi que les obstacles restant relever, afin de dployer tout son potentiel dans la lutte contre lpidmie.

    1. Pourquoi les entreprises sengagent

    Lengagement des entreprises dans la lutte contre le sida depuis quelques annes se fait au nom de la responsabilit sociale, la RSE, concept selon lequel les entreprises intgrent, de manire volontaire,

    les proccupations sociales, environnementales et conomiques dans leurs activits et dans leurs interactions avec les parties prenantes2. Ce concept, mis en avant dans les rglementations et runions nationales et internationales, est dsormais incon-tournable pour les entreprises. Il permet galement aux entreprises, travers leur engagement, dappa-ratre comme des entreprises citoyennes , et de soigner ainsi leur image.

    Dans le cas du sida, il sagit surtout de tenter de contrer limpact que reprsente la maladie pour les entreprises. Certaines, implantes dans des pays comme lAfrique du Sud peuvent tre face une main-duvre sropositive reprsentant entre 10 % et 40 % des employs [ILO/Global Fund, 2003]. Les cots engendrs par lpidmie sont la fois directs et indirects. Labsentisme augmente, ainsi que le turn-over, ce qui rduit la productivit de lentreprise et augmente ses cots de soins, de recrutement et de formation de la main-duvre de remplacement. Ainsi, en Afrique, les cots associs au VIH dans les entreprises peuvent reprsenter de 0,5 % 10 % du cot total du travail [Unaids/WHO, 2008] (cf. tableau 1), ce qui peut considrablement impacter leur rsultat.

    De plus, avec la maladie, les dpenses de sant des populations augmentent, ce qui tend rduire leur pouvoir dachat et donc la demande de biens et de services.

    Enfin, en rduisant le nombre denfants scolariss et de personnes mme de travailler, le sida rduit la main-duvre potentiellement disponible pour les entreprises.

    Selon Rosen et al., la seule solution rentable pour faire face aux cots engendrs par lpidmie est de lutter contre lpidmie elle-mme. Leur article conclut : not only is AIDS your business ; fighting it also makes good business sense.

    Ainsi, laction en faveur de la lutte contre lpi-dmie apparat comme un moyen de rduire les risques pour lentreprise, risque de rputation et surtout risque financier.

    1 The harmonised and coordinated joint investment of public and private resources with the common objective to improve equitable access to and provision of HIV/AIDS services .

    2 Dfinition du Livret vert de la Commission europenne [Commission Green Paper, 2001].

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    2. Les programmes VIH/sida sur le lieu de travail (WPP)

    Des exemples de prise en charge de la maladie par les entreprises existent depuis une dizaine dan-nes, notamment en Afrique du Sud et en Cte-dIvoire. De telles initiatives ont t largement encourages par lOrganisation internationale du travail (OIT/ILO), qui a mis en place, en 2001, son Recueil de directives pratiques du BIT sur le VIH/sida et le monde du travail , qui reprsente aujourdhui la base de nombreux programmes sur le lieu de travail (Workplace Programmes, WPP).

    Ces programmes de prservation du capital humain, destins aux salaris et galement souvent leurs familles, peuvent prendre deux formes. Il peut sagir de programmes de prvention, des-tins abaisser le nombre demploys qui vont tre infects, ou de programmes de traitement, de soin, daccs aux mdicaments, destins aug-menter la dure et la qualit de vie des malades. Ce sont les deux faces dune mme stratgie antisida,

    qui ne sont pas exclusives lune de lautre. Ces programmes donnent galement lieu parfois la construction dinfrastructures de sant, cliniques, centres de soin et de dpistage.

    Ainsi, Coca-Cola, prsent dans la quasi-totalit des pays africains, a lanc en 2001 son programme VIH/sida travers la Coca-Cola Africa Foundation en partenariat avec Usaid, fond sur le code de pratiques de lOIT, et touchant 1 200 employs africains et leurs familles. Le programme a essen-tiellement pour but lducation et linformation sur ces questions. Il inclut un service de dpistage et de conseil confidentiel, la distribution de prservatifs, la constitution et la formation de comits sida, ainsi que laccs aux mdicaments antirtroviraux.

    La limite de ces programmes tient essentiellement une question dquit ou equity gap. Ces pro-grammes crent en effet une disparit dans laccs la prvention et au traitement : des disparities in survival [ILO/GFATM/GTZ/African Centre for Management, 2005], pouvant mener terme

    Source : Peter Piot, Robert Greener et Sarah Russell, Squaring the Circle : AIDS, Poverty, and Human Development , PLoS Medicine, octobre 2007.

    Tableau 1 : Charges salariales lies au VIH/sida

    Secteur PaysNombre de

    travailleurs dans le secteur

    Prvalence estime du VIH

    (% de la population adulte)

    Cot par dcs ou par retraite li au sida (multiple de la rmunration

    annuelle)

    Cots annuels cumuls (% des charges salariales)

    Distribution Afrique du Sud 500 10,50 0,7 0,50

    Agriculture

    Afrique du Sud 700 23,70 1,1 0,70

    Ouganda 500 5,60 1,9 1,20

    Kenya 22 000 10,00 1,1 1,00

    Zambie 1 200 28,50 0,9 1,30

    Industrie manufacturire

    Afrique du Sud 1 300 14,00 1,2 1,10

    Ouganda 300 14,40 1,2 1,90

    thiopie 1 500 5,30 0,9 0,60

    Mdiasthiopie 1 300 6,20 0,8 0,60

    Afrique du Sud 3 600 10,20 1,3 1,30

    Services publics Afrique du Sud >25 000 11,70 4,7 2,20

    MinesAfrique du Sud 600 23,60 1,4 2,40

    Botswana 500 29,00 4,4 8,40

    Tourisme Zambie 350 36,80 3,6 10,80

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    des conflits sociaux du fait de lexclusion de toute une frange de la population. Cest surtout le cas dans les pays en dveloppement o, tant donn ltat du systme de sant, le statut de travailleur salari est souvent la seule possibilit daccs une assurance et des soins. Or, la population sala-rie dans le secteur formel ne reprsente quune petite partie de la population totale. Par ailleurs, les PME locales sont gnralement impactes de manire disproportionne par la maladie ou labsence de leurs salaris mais sans toutefois dis-poser des moyens de leur faire bnficier de tels programmes.

    De plus, mme pour les grandes compagnies, une politique au sein de lentreprise nest parfois pas suffisante. En effet, celle-ci exclut une partie importante des acteurs de sa chane dapprovi-sionnement et de production, ses sous-traitants, clients, partenaires, susceptibles dtre infec-ts et dhandicaper en retour son activit et ses rsultats. De plus, les travailleurs potentiels de lentreprise ne sont eux non plus pas intgrs au programme de prvention, ce qui reprsente un risque lembauche.

    3. Lextension de leur engagement la communaut

    Une fois lefficacit du secteur priv dans la lutte contre le VIH/sida sur le lieu de travail dmon-tre, et face aux questions thiques, de nombreux acteurs ont prn lextension des WPP la com-munaut. La promotion du co-investissement sest dveloppe la suite dun article commun entre lOIT et le Fonds mondial en 2003, aids par le GTZ dont lexprience en matire de PPP et de WPP est trs riche [ILO/GFATM/GTZ/African Centre for Management, 2005]. Linitiative a ensuite t relaye par la Coalition mondiale des entreprises (Global Business Coalition on HIV/AIDS, Tuberculosis and Malaria, GBC)3, une alliance de plus de 200 entreprises internationales ddie depuis dix ans la promotion de partena-riats public-priv dans le domaine de la lutte contre

    le sida, la tuberculose et la malaria. La GBC sest engage dans la voie du co-investissement, en y voyant un nouveau moyen dattirer le secteur priv dans la lutte contre le VIH/sida. Depuis, les tu-des, publications et rencontres se sont multiplies afin de dfinir le business case du co-investisse-ment et de rallier de nouveaux participants.

    Le co-investissement rassemble des acteurs trs diffrents. Dun ct les entreprises, qui doivent recueillir le soutien des employs et syndicats. De lautre, le gouvernement hte et la socit civile, notamment les ONG et les coalitions nationales dentreprises qui peuvent, de mme que la GBC, tre des coordinateurs entre le public et le priv, et fournir une assistance technique ainsi que le partage de bonnes pratiques.

    Laccs aux ressources financires peut tre ralis travers le Country Coordinating Mechanism (CCM) du Fonds mondial qui regroupe des repr-sentants du secteur public et priv. La Banque mondiale ainsi que les agences bilatrales de dve-loppement sont dautres moyens possibles pour mettre en uvre ces PPP.

    LOIT et le Fonds mondial identifient 6 formes que peuvent prendre les partenariats [GTZ/GBC/GFATM/ILO/GHI/WB, 2005] :

    ltablissement de services de conseil et dedpistage volontaires ;

    lextension de services et dinitiatives de pr-vention ;

    ledveloppementdeservicesdesantcommu-nautaires (provision dinfrastructures de sant publique) ;

    lachatdemdicaments;

    laformationetlecapacity-building ;

    lagestiondelinformationetautresefficacitsdu secteur public.

    Ainsi, Unilever Tea Kenya, qui conduit dj un WPP bien implant et russi pour ses 18 000 employs et leurs familles (prvention, dpistage, conseil et traitement), a sign en 2005 un partenariat avec 3 www.gbcimpact.org

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    le GTZ, afin dtendre cette activit la com-munaut, une communaut trs dpendante de lentreprise. Unilever Tea Kenya, the Kenya Tea Growers Association et GTZ ont ainsi sign un accord de coopration de deux ans (renouvel ensuite jusquen 2009) ayant pour but dtendre les activits VIH/sida de lentreprise la communaut de Kericho, avec en plus la promotion des WPP au sein du secteur du th kenyan. Ainsi, cette initiative bnficie dsormais 500 000 personnes, travers 50 producteurs de th locaux. Dans ce partenariat, limplication financire respective de GTZ et du secteur priv se fait sur la base du 50-50. Grce un systme en cascade de formation et de capacity building des membres de la communaut, plus de 500 ducateurs jouent un rle dinformation et de prvention auprs de la communaut. Par ailleurs, le traitement ARV est rendu disponible grce au partenariat avec le US Presidents Emergency Plan for AIDS Relief (Pepfar). La force de cette initia-tive repose sur la trs forte collaboration avec les acteurs locaux de la chane dapprovisionnement dUnilever Tea Kenya et la capacit de lentre-prise capitaliser sur lexprience et le succs des Workplace Programmes prcdents.

    Le mcanisme de co-investissement a donc le potentiel dune situation gagnant-gagnant. Le sec-teur priv bnficie de lextension du programme, en amliorant les conditions du march et de la main-duvre potentielle. Les entreprises bnfi-cient grce aux PPP de fonds financiers pour mener bien leur programme, de lexpertise du secteur public, de son leadership politique ainsi que de ses capacits de rgulation et de surveillance. Le secteur public, pour sa part, profite de la culture dvaluation de lentreprise, de ses capacits de management et de communication, ainsi que des infrastructures mises en place dans le cadre des WPP. De plus, un tel PPP permet dintgrer le secteur informel ainsi que les petites et moyennes entreprises locales qui nont pas les moyens, elles seules, de prendre en charge de tels programmes. Cette intgration dune part plus importante de la communaut est dautant plus profitable dans des pays disposant dinfrastructures de sant inexis-tantes ou inadquates. Cependant, parvenir une situation gagnant-gagnant suppose de surmonter certains obstacles.

    4. Dfis relever et conditions du succs du co-investissement

    4.1 Confiance entre les acteurs

    Le secteur public et le secteur priv se regardent souvent avec une mfiance rciproque : mfiance des gouvernements htes envers les entreprises, mfiance des entreprises envers les ONG Or, de tels PPP ne peuvent stablir que sil existe un minimum de confiance mutuelle et de volont de travailler ensemble. Il est ncessaire de crer un environnement global favorable. Le rle des coali-tions nationales et internationales dentreprises est ce titre capital. En effet, elles ont la capacit dagir comme intermdiaires, promoteurs et coordina-teurs entre acteurs publics et privs. Elles peuvent fournir une assistance technique, une expertise, et encourager le partage de bonnes pratiques. Cette cration dun environnement favorable la mise en place des PPP peut tre renforce par le rle des organisations multi et bilatrales de dveloppe-ment. Ces organisations ont les moyens de fournir de linformation, de sensibiliser les acteurs et dta-blir entre eux une communication constructive.

    4.2 Durabilit du projet

    Les fonds du co-investissement tant disponibles uniquement sur une priode limite, il est impor-tant de sassurer que le projet est conu de manire ce quil soit durable.

    Il est ncessaire au dpart que lautorit politique du pays sengage pleinement dans le projet, et montre sa volont de le poursuivre une fois les fonds du co-financement puiss. Lengagement maximum des acteurs qui seront en charge de la poursuite du projet est de ce fait important aux phases de conception et de mise en uvre.

    Limplication de la communaut est indispen-sable galement pour que les actions rpondent aux besoins rels de celle-ci. Lhtrognit des situations dans chaque pays et rgion ncessite des diagnostics pralables afin dassurer ladap-tation du projet aux besoins et dviter le risque de duplication avec dautres projets ou actions. De plus, dans ce mme objectif de durabilit et dadaptation aux besoins locaux, il peut tre

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    ncessaire dintgrer les activits du PPP au sein du systme de sant du district, pour ce qui est du partage dinformation, de la planification, du management et du contrle de la qualit.

    4.3 Efficacit du partenariat

    Lobjectif des PPP et du mcanisme de co- investissement est avant tout dapporter rellement un plus dans la lutte contre le VIH/sida. Avant mme dtre durable, le partenariat se doit donc dtre efficace, et de constituer une plus-value par rapport aux initiatives existantes.

    Lefficacit dun partenariat dpend tout dabord dune mthodologie et dune rpartition des rles clairement tablies, chaque partie tant encoura-ge se spcialiser dans le domaine dans lequel elle dispose dun avantage comparatif. On la vu, le projet doit galement rpondre aux besoins rels de la communaut et tre intgr au maximum au systme de sant local.

    5. Conclusion et perspectives

    Lengagement des entreprises dans la lutte contre le sida au travers du co-investissement est un phnomne rcent qui ncessite dtre encore explor et surtout valu. Il apparat nanmoins dj comme une forme de partenariat public-priv innovante, permettant de rassembler les diffrents acteurs pour fournir des services de qualit, de manire quitable, dans la lutte contre le VIH/sida. On ignore cependant encore si ce mcanisme sera en mesure dinstaurer une confiance et une durabilit suffisantes au sein de la communaut, et les enjeux pour les annes venir sont multiples.

    5.1 valuation et information des entreprises

    Il ne faut pas oublier que limplication des entre-prises dans la lutte contre le sida ne sest pas faite du jour au lendemain, et quelle reste peu rpan-due. Les entreprises demeurent souvent hsitantes, de par un manque de visibilit et dinformation sur les stratgies mises en uvre, celles qui sont efficaces et celles qui le sont moins.

    Il est donc indispensable de dvelopper lvalua-tion sur limpact et lefficacit de ces PPP et sur

    le mcanisme de co-investissement. Les impacts de ces partenariats sont encore rcents donc peu mesurs. Or, ces valuations sont indispensables pour convaincre dautres entreprises et acteurs publics dy participer.

    5.2 Inclusion des PME locales

    Il est important de ne pas oublier les petites entre-prises locales, souvent ngliges. Elles disposent de peu de moyens, compar aux multinationales, et peuvent plus difficilement sengager dans des initiatives contre le VIH/sida. Or, elles sont sou-vent plus vulnrables pour ce qui est de limpact de lpidmie, et reprsentent une part impor-tante de la population de ces pays. Elles disposent par ailleurs dun avantage comparatif en ce qui concerne la connaissance des besoins locaux et le contact avec la communaut. Ainsi, sans forc-ment les placer comme acteur principal dun PPP, il est intressant de les intgrer des PPP plus vas-tes regroupant une multinationale dont elles sont par exemple sous-traitantes ou clientes.

    Les grandes entreprises doivent pouvoir aider les plus petites, soit en les intgrant dans leur programme, soit travers un change de bonnes pratiques, de mthodologies, ce que peuvent ga-lement favoriser les coalitions nationales contre le VIH/sida.

    Se donner les moyens de rpondre ces enjeux et de dployer pleinement le potentiel du co- investissement serait non seulement une tape importante dans la lutte contre le VIH/sida, mais galement dans la lutte contre dautres maladies, telles que la tuberculose et la malaria.

    De plus, face la crise financire mondiale, le ris-que de rduction de laide internationale est rel. Dans ce contexte, ce type de partenariat apparat encore plus pertinent et urgent.

    Mots cls : entreprise partenariat public-priv (PPP) petite et moyenne entreprise (PME) politiques de lutte contre le sida responsabilit sociale rles des secteurs publics et privs sida socit civile

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    LES ENTREPRISES PRIVES INDUSTRIELLES ET COMMERCIALES, ACTRICES DE LA LUTTE CONTRE LE SIDA

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