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Chien à sanglier r ~/, Joël Vidal, à droite, vice président du Club du fauve de Bretagne, William Glaudon, et Jean-Marie Glaudon, responsable de la commission sanglier et de la commission rapprocheur Des griffons fauves de Bretagne rapprocheurs Rapprocheur, ce qualificatif n'est a priori pas la première des qualités qui vient à l'esprit lorsque la race du griffon fauve de Bretagne est évoquée 1Joël Vidal, vice président du club du griffon fauve de Bretagne et Jean- Marie Glaudon, responsable de la commission «chasse du sanglier», remettent quelques pendules à l'heure. Il était également intéressant d'établir un parallèle entre leurs facons de chasser, avec la mêmé race de chien, mais dans des conditions très différentes liées au biotope, à la population de sanglier, à ~ ~ la présence de cervidés... ,.,,--- iI~ , 46~

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Chien à sanglier

r~/,

Joël Vidal, à droite, viceprésident du Club du

fauve de Bretagne,William Glaudon, et

Jean-Marie Glaudon,responsable de la

commission sanglier etde la commission

rapprocheur

Des griffons fauves deBretagne rapprocheursRapprocheur, ce qualificatif n'est a priori pas la première des qualitésqui vient à l'esprit lorsque la race du griffon fauve de Bretagne est

évoquée 1Joël Vidal, viceprésident du club du griffonfauve de Bretagne et Jean-Marie Glaudon, responsablede la commission «chasse dusanglier», remettent quelquespendules à l'heure. Il étaitégalement intéressantd'établir un parallèle entreleurs facons de chasser, avecla mêmé race de chien, maisdans des conditions trèsdifférentes liées au biotope,à la population de sanglier, à

~ ~ la présence de cervidés...

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Le Chasseur de Sanglier: enpréambule, quelle est votredéfinition du chien rapprocheur ?

Jean-Marie Glaudon: un rappro-cheur, c'est un chien qui va remonterles voies froides de la nuit en criant.J'insiste là-dessus car pour moi c'estimportant, il doit crier et aller jusqu'àla bauge. Le chien peut mettre unedemi-heure, une heure, voire quatreheures, parcourir un ou plusieurs kilo-mètres en rapprochant, mais il doitaller à la remise en criant, et il fautqu'il fasse démarrer le ou les sangliersou qu'il se mette au ferme.

Le C. S. : voilà pour une définitiongénéraliste du chien rapprocheur,concernant le griffon fauve deBretagne quel est le style inhérent dela race ?

Joël Vidal: le rapprocher sera plusrapide chez un fauve de Bretagnequ'avec une race plus «collée» à lavoie. S'il fait preuve de moins d'appli-cation sur la voie du sanglier, son tem-pérament brigand va lui permettre deretrouver la voie et d'avancer beau-coup plus rapidement sur les défauts.C'est une qualité qui doit être prise encompte et qui est une raison essentiel-le de sa popularité.

Avec des griffons fauves de Bretagne,si on sélectionne sur de bonnes

lignées, on trouvera autant de rappro-cheurs que dans beaucoup d'autresraces tout en conservant leur espritd'initiative. Il est important de souli-gner que dans une meute de griffonsfauves, chaque chien travaille indivi-duellement, parfois à une distance deplusieurs dizaines de mètres, les unsdes autres.

Le griffon fauve de Bretagne avait laréputation d'être un chien un peuindiscipliné, cela a beaucoup évolué.Si on recherche des rapprocheurs, ilexiste des lignées de chiens calmes,sages, plus malléables, obéissants, quigardent cependant ce petit côté bri-gand.

On obtient des rapprocheurs avec deslignées de rapprocheurs, cela ne sefabrique pas par hasard.

Le C. S. : pour détecter les aptitudesdes chiens à rapprocher, envisagez-vous de créer des épreuvesspécifiques ?

Joël Vidal: nous nous alignons avecd'autres clubs comme le Club duPorcelaine ou du Griffon Nivernais,par exemple, qui organisent déjà desépreuves, disons «sauvages» puisquenous n'avons pas à ce jour, l'aval de lacommission «chiens courants» de laSociété Centrale Canine.

Nous mettons en place des épreuvesde rapprocher dans le but de men-tionner le qualificatif rapprocheur surles pédigrees des chiens ayant réussile test.

lean-Marie Glaudon chasse le sanglier en Dordogne, sur un territoire de près de 5000hectares riche en petits et grands cervidés, chaque jour de chasse, la trace estfaite avant que

ne soient découplés cinq ou six rapprocheurs

Une épreuve de rapprocher se dérou-le en solo avec un chien découplé surdes brisées ou des traces de la nuit. Ladurée est d'une heure, au bout de cetemps on n'arrive pas forcément aulancé, mais c'est souvent le cas.

Pendant une heure, il est tout à faitpossible de voir si le chien est vrai-ment sur un rapprocher ou s'il donnede la voix un peu n'importe où. Il nefaut pas confondre le chien «chaud»qui est la qualité du rapprocheur, avecun chien bavard qui ne donne pastoujours sur la voie recherchée.

Le C. S. : plus que jamais le chienrapprocheur est une valeur à lahausse, dans ce contexte, pourquoin'arrive-t-on pas à un consensus enfaveur de l'officialisation des

épreuves de rapprocher?

Le griffon fauve deBretagne avait la

réputation d'être unchien un peu

indiscipliné, cela abeaucoup évolué. Si on

recherche desrapprocheurs, il existe

des lignées de chienscalmnes,sages,plus

mnalléables, obéissants.

Joël Vidal: les opposants à ces épreu-ves prétendent que les rapprocheurspeuvent être détectés lors des brevetsde chasse. Pour cela, il faudrait queles juges possèdent une conditionphysique exceptionnelle permettantde suivre les huit chiens imposés pourde telles épreuves. Une vingtaine debrevets sur sanglier sont programméscette année dont dix-sept dans le sud,onze pour les seuls départements del'Hérault et de l'Ardèche, sur des ter-ritoires très accidentés avec une végé-tation dense ne permettant pas unjugement objectif du rapprocher, si lechien n'est pas seul.

Je crois qu'il est temps aujourd'hui deregarder la réalité du terrain, l'état denotre cheptel dans nos différentesraces, et surtout de ne plus compareravec maladresse la chasse à courreavec la chasse à tir de notre sanglier.Cette sélection ne doit pas remettre encause la chasse en meute qui est unetradition française et que nous devonsdéfendre.

Que ces épreuves soient officielles ounon, elles auront lieu. Alors ne lais-sons pas passer l'occasion d'en maÎtri-ser l'organisation.

Le C. S. : un griffon fauve deBretagne naÎt rapprocheur, ou ledevient-il par l'éducation?

Jean-Marie Glaudon: personnelle-ment, je crois beaucoup à l'importan-ce de la génétique. Il y a des lignéesavec des chiens ayant des qualités de

Des 8riHons fauves de Breêa8ne rapprocheurs

rapprocheurs, c'est ce que nous allonsessayer de retrouver. Nous avons déjàdans nos archives une trentaine dechiens répertoriés comme étant desrapprocheurs, et dans leurs pedigreeson retrouve souvent les mêmes origi-nes. Je pense que la génétique condi-tionne à 80 % le fait que le chien seraou ne sera pas un rapprocheur.Ensuite pour les 20 % qui restent, c'estle maître, le chasseur, l'environne-ment, qui peuvent contribuer à ce quele chien progresse pour arriver au top.Si on peut accoupler deux géniteursqui rapprochent, on a beaucoup dechance d'avoir des rapprocheurs dansles produits.

Le C. S. : concrètement, qu'avez-vous prévu sur le terrain ?Jean-Marie Glaudon: le club m'achargé de la commission «chasse dusanglier» ; des rapprocheurs, il enexiste dans la race du griffon fauve deBretagne et le Club a décidé de voirces chiens au travail en individuel.

C'est pour cela que nous organisonsdes «journées rapprocheurs». l'annéedernière, une de ces journées nous apermis de tester neuf griffons fauvesde Bretagne, deux n'ont pas fait preu-ve de fortes aptitudes à rapprocher,mais sans doute ne faut-il pas juger leschiens sur une seule sortie. Cette

expérience nous a paru intéressante etcette année deux journées similairessont prévues, probablement dansl'Hérault et les Landes.

Tout le monde est convié à venir, avecson griffon fauve pour le faire tra-vailler ou sans chien pour voir les rap-procheurs en action. Ce sont des jour-nées conviviales internes au club, iln'y a rien d'officiel dans tout cela,mais je pense que cela apporte beau-coup de choses.

Propos recueillis auprès de Jean-Marie Glaudon et Joël Vidal par

Claude Serrière

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Des griffons fauves de Bretagne en DordogneJean-Marie Glaudon chasse le sanglier enDordogne, dans la meute, les chiens créancéset rapprocheurs tiennent un rôle de premierplan.«J'ai toujours été habitué à chasser avec des rappro-cheurs. Mon grand-père avait des griffons fauves quirapprochaient, il ya de cela plus de quarante ans; noussommes dans une région où le sanglier se chasse tradi-tionnellement avec des chiens courants. Nous n'avonspas une population de sangliers trop importante et nousavons beaucoup de cervidés, donc il nous faut des rap-procheurs créancés pour aller chercher le sanglier. J'aiun chien, Pacha, très complet, fort rapprocheur, quimène très fort, toujours en tête du lot et qui tient bien leferme. Quand il a fait son travail de rapprocheur lematin, à cause de son âge maintenant, on le coupe, caron peut avoir besoin de lui pour éventuellement atta-quer d'autres pieds. J'ai aussi des jeunes chiens de deuxans qui commencent à bien rapprocher et mènent bien.

Dans les régions où le sanglier est omniprésent, desrapprocheurs comme les miens présentent peu d'inté- Jean-Marie Glaudon,juge sec,rêt, à la limite un chien qui ne rapproche pas sera peut- responsable de la commissionêtre plus efficace! «sanglier»

l'éducation de mes chiens débute à partir de trois mois,je commence par leur faire voir du lapin, je vais ensuite dans un parc où il y a un petit san-glier pour qu'ils prennent l'odeur. Je les sors deux fois par semaine, une demi-heure pour nepas les fatiguer,et après ça se fait tout seul, à cinq ou six mois, je vais dans un parc plus grandet l'année suivante ils sont incorporés dans la meute. Notre technique de chasse avec monfilsWilliam consiste à faire travailler les rapprocheurs jusqu'à la bauge, nous ne tirons jamaisun sanglier au départ sauf s'il ya danger pour les chiens, on veut faire par la suite une menée,parfois il nous arrive de traverser plusieurs communes. Nous ne tirons pas chez nos voisinsqui nous laissent le droit de poursuite, les chiens peuvent continuer leur chasse et si un san-glier est abattu, tout le monde se retrouve pour le pot de l'amitié et de la convivialité».

Jean-Marie Glaudon, responsable de la commission chasse du sanglier et de lacommissionrapprocheur - 24120 Ladornac -Tel: 05 5351 0845 ou 06 79 38 95 04

Des griffons fauves de Bretagne dans l'HéraultJoël Vidal chasse dans l'Hérault avec une meute de griffons fauves deBretagne. Dans ce département, les populations de sangliers très importantesne valorisent pas la qualité des rapprocheurs.

«J'ai besoin de chiens qui remontent les voies de fin denuit sur lesquelles ils doivent crier, mais pas qu'ilsprennent de très vieux pieds. Je chasse sur des massifsimmenses percés de rares pistes où on ne peut pas sui-vre la meute après le lancer. Notre façon de chasserconsiste à choisir un secteur, à fermer une enceinteavec des chasseurs postés, les chiens doivent lancer àl'intérieur de ce périmètre où plusieurs meutes sontdécouplées. Dans ces conditions, un excellent rappro-cheur comme Pacha, le griffon fauve de Bretagne demon ami Jean-Marie Glaudon, ne trouve pas son utili-té.

En jugeant des épreuves, cela nous a permis de cons-tater que chaque région de France a sa manière dechasser. Les chasseurs ne sont pas moins malins à unendroit qu'à un autre, ils adaptent simplement leurfaçon de chasser à leur territoire. La superficie, le bio-tope, l'importance des populations de sangliers, la pré-

Joël Vidal,juge sec sence ou la rareté des chevreuils, et des autres espècesde gibier, sont autant de facteurs à prendre en compte.

Actuellement chez nous, un bon chien capable de tenir le ferme est largement aussi utilequ'un grand rapprocheur. Il ne faut surtout pas nous envier, la surpopulation de sangliersnous oblige à pratiquer une chasse qui ne nécessite pas toujours l'utilisation de chienscourants. La pression de chasse imposée par les fédérations de chasseurs est pour moiune très bonne chose. Nous pouvons espérer revenir ainsi à des densités raisonnables etchasser le sanglier dans la plus pure tradition de la chasse aux chiens courants»

Joël Vidal, premier vice président du club du fauve de Bretagne, président de laCommission d'élevage, responsable des brevets de chasse, responsable des déléga-

tions régionales - L'Escouadou -na 2 - Impasse de l'Oliveraie -34480 MagalasTel. 04 67 36 23 75