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    La dfinition derridienne de la dconstruction1

    Contribution lavenir du dbat entre lhermneutique et la dconstruction

    la mmoire dErnst Behler, qui a ouvert la voie.

    Or jamais cette langue, la seule que je sois ainsi vou parler tant que parler me sera possile, la vie la mort,cette seule langue, vois!tu, jamais ce ne sera la mienne."amais elle ne le #ut en vrit. $u per%ois du coup loriginede mes sou##rances, puisque cette langue les traverse de part

    en part, et le lieu de mes passions, de mes dsirs, de mespri&res, la vocation de mes esprances... '

    "acques (errida,Le monolinguisme de lautre, )alile,1**+, p. 1.

    "acques (errida nest pas le plus grand ami des d#initions. Et pour lesmeilleurs raisons du monde, qui ont tout voir avec sa hantise descloisonnements. On a justement dit de son oeuvre quelle se #aisait un savant

    plaisir de d#ier tout compte et de se vouloir ddalique '-. (ans sa ettre un ami japonais ' de 1*/0, (errida dclarait catgoriquement quuned#inition de la dconstruction tait impossile ou tout le moins peucrdile $oute phrase du t2pe 3la dconstruction est 4 ou 3ladconstruction nest pas 4 manque a prioride pertinence, disons quelle estau moins #ausse '5. 6est que toute 3d#inition de la dconstruction se pr7teelle!m7me un e4ercice dconstructeur, dont on peut au moins dire quilconsiste dvelopper une m#iance vis!!vis des mots, des concepts et des

    certitudes que nous haitons en rappelant quaucun langage nest innocent,quil se compose de dcisions, de4clusions et de structures ' quil #aut au

    16on#rence prononce le -* septemre 1**8 louverture dun colloque sur lhermneutique et la

    dconstruction tenu l9niversit de :rague, pulie dans lesArchives de philosophie+- ;1***

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    moins tenter de rendre perceptiles. a dconstruction se caractrise d&s lorspar une certaine attention au4 structures ', mais m7me le concept de3structure appara>t ici suspect, reconna>t (errida, tant il rappelle la gomtriestructuraliste qui cherchait calquer lojectivit recherche dans les sciences

    e4actes. 6e structuralisme so##re par l!m7me la dconstruction, quon peutdonc associer un certain post!structuralisme ', suivant une #ormule que(errida semle dispos accepter0.

    ?i elle est 3post!structuraliste, la dconstruction se montre aussi 3anti!structuraliste+dans la mesure o@ elle met en question lojectivisme inhrentau concept de structure. a dconstruction nest donc pas une mthode ou uneopration qui permettrait de tirer au clair des 3structures caches, ce quireviendrait rditer la logique de lAu!l"runget le 3dispositi# mtaph2sique

    ;la lumi&re, la sortie hors de loscurit, la mise au jour dlments simplesdont se compose un ensemle, etc.< qui la rend possile. a dconstruction estau mieu4 un e4ercice de vigilance, mais qui doit rester ind#inissale.

    :ourtant, dans son livre de 1*//,#moires pour Paul de #an, quelquesannes peine apr&s avoir crit et une anne apr&s avoir puli sa ettre un ami japonais ', "acques (errida a lui!m7me dgain une d#inition de ladconstruction ?i javais risquer, (ieu men garde, une seule d#inition dela dconstruction, r&ve, elliptique, conomique comme un mot dordre, jedirais sans phraseplus dune langue.8' Al aura ainsi surpris tout le monde, 2

    compris ses plus #ervents admirateurs et ses non moins #ervents critiques. lalimite, on aurait pu voir dans cette 3d#inition une provocation de la part de(errida. ais non, cette d#inition, livre par prtrition ;(ieu men garde,mais la voici quand m7me< en 1*//, (errida a la constance de la ritrer, de lasigner nouveau huit ans plus tard ;on sait aussi limportance que (erridaattache la signature et la datation

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    souligne que sa seule d#inition jamais risque, la seule #ormulation e4plicite#ut un jour, il vaut mieu4 le rappeler ici, 3plus dune langue './

    6ette d#inition de son travail, (errida la risque ' nouveau dans unte4te rtrospecti#, o@ il essaie de tirer au clair le dnominateur commun de

    tous ses e##orts dissmins de dconstruction. "e le souligne sans arri&re!pense mchante. Al nous arrive tous de ne comprendre le sens de notre travailquapr&s lavoir complt, et souvent tr&s longtemps apr&s lavoir livr aupulic. 6est que toute vrit est en un sens anamntique ce nest quapr&scoup que lon parvient dcouvrir le #il conducteur qui nous a toujours guid.6ar comment peut!on saviser dun #il conducteur alors que lon se laisseguider par lui 6e serait comme vouloir saisir la lumi&re qui nous permet devoir. 6e que nous vo2ons, ce sont toujours les choses, jamais la lumi&re,encore moins sa source. a chouette de inerve ne prend toujours son envolquau crpuscule.

    a d#inition de (errida est, ainsi quil le reconna>t lui!m7me,davantage un mot dordre quune vritale d#inition. On n2 cherchera paslindication dun genre prochain et dune dmarcation spci#ique. Al ne sagitpas non plus dune phrase plus dune langue. On aimerait 2 entendre aumoins, puisquil sagit dun mot dordre, un point de4clamation, mais qui #aitaussi d#aut. Et tout, dans cette grandiose d#inition reste amigu. 6ela va desoi pour le terme de langue, dont on ne sait pas, la lecture des te4tes de

    (errida qui dploient la pense de cette d#inition, sil sagit du langage engnral, dune langue particuli&re ;ou dun idiome< ou encore dune languequi nest pas vraiment langue, quil sagisse dune impossile langueoriginaire ou dune langue presque messianique, selon le dsir que #ormule(errida la #in de son livreLe monolinguisme de lautre.

    6e quil 2 a de plus amigu, cest sans doute le 3plus de, qui poss&de en#ran%ais des sens multiples et m7me contradictoires. 6ette pluralit et cettecontradiction sont!elles voulues Fegardons!2 de plus pr&s. 1tra ici le souci anti!

    /Le monolinguisme de lautre ou la proth'se dorigine, )alile, 1**8,Inseratum, p. -.

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    imprialiste, anti!colonialiste de la pense de (errida, son sens aigu, etlouale, du dcloisonnement, de la dissmination, de la liert. ais ce sens

    pluraliste, qui nest pas un relativisme puisquil est anim par un senshonorale de la justice et de laltrit, ne livre pas le seul secret de la #ormule

    risque, car (errida aurait pu dire plus de langues ' au pluriel, au sens de plus on en a, mieu4 cest ', plus on est de #ous, plus on samuse ', etc.Hon, (errida dit plus dune langue ', au singulier.

    6est que 3plus de a un autre sens en #ran%ais et qui est m7meantinomique du premier. -

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    parole dit toujours autre chose encore que ce quelle dit '.1=6ette prsence delautre dans le discours correspond ce que lon pourrait appeler le sensallgoriquede la #ormule derridienne. a langue en dit toujours plus que cequelle prtend dire. 6est pourquoi il #aut toujours aussi savoir entendre plus

    que ce qui est dit, entendre ce qui nest dit que de iais, ce qui est dit sans 7tredit, par prtrition, etc. 6est cette plus!value du discours que veut mettre envidence la dconstruction, qui assume en cela lhritage de la ps2chanal2se,mais aussi celui de lhermneutique allgorique.

    Bien entendu, les trois ententes duplus de! que jappellerai ici, pour lesesoins de le4position, les sens pluraliste ;multiplions les langues

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    haite, mais sans s2 sentir tout #ait cheG lui. (o@ son constat de dpart, quinest contradictoire quen apparence je nai quune langue et ce nest pas lamienne '15. 6est que la seule langue quil connaisse, quil aime, a toujourst la langue de lautre, celle qui lui a t impose ' de le4trieur. ais

    dun e4trieur qui sest mtamorphos en un intrieur, puisquil sagit de laseule langue quil puisse e##ectivement parler. :ar son ducation, sa scolaritet son mtier dcrivain et de pro#esseur, il est m7me devenu un grand crivain#ran%ais, mais il a toujours ressenti que son monolinguisme #ran%ais demeurait

    par ailleurs la langue de lautre, celle de la mtropole coloniale. $ous lesprovinciau4 ;et qui ne lest pas< se reconna>tront dans la descriptionderridienne, cette di##rence pr&s peut!7tre que (errida sest lui!m7me

    par#aitement identi#i la puissance coloniale sur le plan de la langue, reniantses propres origines honteuses ', de jui# et de pied!noir. Al lavoue m7meavec une certaine vergogne, mais qui a au moins la vertu de la candeur "enen suis pas #ier, je nen #ais pas une doctrine, mais cest ainsi laccent,quelque accent #ran%ais que ce soit, et avant tout le #ort accent mridional, me

    para>t incompatile avec la dignit intellectuelle dune parole pulique.;Anadmissile, nest!ce pas "e lavoue.< J...K travers lhistoire que je raconteet malgr tout ce que je semle par#ois pro#esser dautre part, jai contract, jelavoue, une inavouale mais intraitale intolrance je ne supporte ounadmire, en #ran%ais du moins, et seulement quant la langue, que le #ran%ais

    pur '1,. a contradiction ' est mani#este, m7me si elle est peut!7tresupportale, au sens o@ (errida a dit quil #allait par#ois endurer ' desapories10 si (errida se veut, dans tout ce quil dit pro#esser, pluraliste,tolrant, sensile au ptrin dautrui, il cesse de l7tre quand il sagit de sa 'langue, m7me sil ne sagit pas de la sienne.

    On pourrait ne voir dans ces aveu4 que des dtails iographiques sansconsquence. "e pense quils nous aident, au contraire, comprendre lamotivation philosophique de la pense de la dconstruction. 7me si le cas

    personnel de (errida peut appara>tre asseG e4tr7me ;un jui# algrien qui a tcondamn napprendre que le #ran%ais, et un #ran%ais si pur quil nen tol&relui!m7me aucun autre

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    universelle chacun a appris une langue, mais qui reste quelque part aussitoujours celle de lautre. a langue que nous parlons nest jamais tout #ait lanMtre, elle vient toujours de ceu4 qui nous lont apprise, que nous imitonslorsque nous nous mettons nous!m7mes parler, comme sielle tait la nMtre,

    jusqu une identi#ication presque enti&re. 6est quelle nest jamais totale,rappelle avec justesse (errida. preuve des limites du langage, #ace lasou##rance, la mort, mais aussi dans la joie, nous rappelle que le vouloir!diredoit se plier des prschmatisations qui ne peuvent jamais rendre la

    particularit de toute e4prience vritale. $oute la philosophie de (errida aasseG parl des visages de cet indicile ;uschSitG en tant le rappel le plus

    puissant< pour quil soit ncessaire d2 insister ici.preuve du monolinguisme de lautre est donc universelle en ce

    quelle traduit lalination essentielle la condition langagi&re de lhomme,m7me si et dautant quelle nest pas ressentie comme telle parler, cest secon#ormer, donc se rsigner au4 jeu4 de langage qui nous sont imposs, cestoulier ce que toute e4prience a dinsondale et dindicile. Et cemonolinguisme ne se limite pas au langage. (errida soutient quil est le proprede toute culture. $oute culture nous est inculque de la m7me #a%on tellescience, tels classiques, tel canon, telle iensance, telle correctness, etc. Entermes heideggriens, il 2 a du /erede, du on ' en toute culture. (errida

    parle, lui, de la structure coloniale de toute culture '1+. $oute culture dresse

    ses interdits, ses cadres, ses normes, sa violence. ?ouvent cette terreur ' dela culture18est lirement assume, et (errida avoue s2 7tre lui!m7meidenti#i pour ce qui est de la puret de la langue #ran%aise.

    essentiel pour (errida est de savoir prserver la mmoire de cette terreur ' et de ce quelle rprime, savoir tout ce qui nest pas elle. 6est lsans doute lthique de la dconstruction et qui tient au respect de laltrit,m7me si, ce qui est plus important encore, elle narrive pas se dire.Beaucoup plus que de Teidegger, la dconstruction derridienne de la

    mtaph2sique semle sinspirer ici de evinas1/

    . En parlant de son criture1+Le monolinguisme de lautre, p. +*.186#.Le monolinguisme de lautre, p. 0 Al 2 a, douce, discr&te ou criante, une terreur dans les langues,

    cest notre sujet '.1/(ette honoralement reconnue dans le dernier ouvrage de ". (erridaAdieu $mmanuel Levinas,

    )alile, 1**8. On con#rontera cet gard la d#rence dont (errida a toujours #ait preuve #ace evinas avecle ton eaucoup plus caustique quil a##ecte dans les essais de dconstruction quil a consacrs Teidegger. Alest noter que cette dette envers la destruction ' pratique par evinas #ut aussi tr&s tMt reconnue cheG

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    dconstructrice et de sa m#iance envers les lieu4 communs du langage ;ou de la ' mtaph2siquet a prioriirrecevale puisquelleprsupposerait demle lintelligiilit. e projet m7me de la comprhensioncacherait lui!m7me un ouli de la lessure originale du langage et parler dunart de la comprhension, ce ne serait que porter son comle le projetdintelligiilit ou, en termes heideggriens, louli de l7tre, dans ce quil ade #ulgurant, de terri#iant et dindicile. chaque #ois que (errida parledhermneutique, cest dailleurs presque toujours pour 2 dnoncer unevolont de4haustion du sens, une entreprise de totalisationinterprtative '-=. $oute la dconstruction pourrait m7me se comprendre, ou

    se d#inir, encore une #ois, comme une entreprise d radication du principehermneutique '-1. Al est donc comprhensile quentre la dconstruction etlhermneutique, le dialogue ait toujours t di##icile, sinon impossile.

    :rovenant de la tradition hermneutique, essentiellement de Teideggeret )adamer, javoue toute#ois de m7tre jamais reconnu dans la description delhermneutique que semle prsupposer (errida. Hest!ce pas (errida lui!m7me qui se rend coupale dune totalisation interprtative ' lorsquil parleainsi dhermneutique Al se pourrait, en e##et, que lhermneutique se

    caractrise moins par un projet dintelligiilit totale que par une attention

    (errida. 6#. notamment ". (errida, a 3(i##rance ',0ulletin de la (ocit ran1aise de Philosophie,sance du samedi -8 janvier 1*+/, * a pense de la di##rance implique toute la critique de lontologieclassique entreprise par evinas '.1*Le monolinguisme de lautre, p. 118.-=6#.par e4emple(chibboleth. Pour Paul Celan, :aris, )alile, 1*/+, p. 0=.

    -1Ibid.

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    lindicile, mais qui cherche se dire. orsque lhermneutique a##irme quetout discours doit 7tre compris comme rponse une question, cest pour semettre lcoute de la sou##rance essentielle qui se consume en amont dulangage et dans la trame du langage lui!m7me. Femonter en!de%a du langage,

    ou dune e4pression, pour en comprendre le sens, ce nest pas retrouver lapuret dun vouloir!dire, mais pr7ter loreille la dtresse de tout dire, lurgence qui se cherche dans les termes m7mes o@ elle sa>me.hermneutique est le rappel de la dhiscence qui se creuse entre le vouloir!dire et le dire, entre les mots qui nous arrivent, comme dun autre, et ce quenous aimerions pouvoir dire, mais sans 2 7tre jamais capales. es mots quenous alutions ne sont jamais ceu4 que nous aurions dD dire--. a langue !pourtant la seule que nous a2ons ! 2 est si impuissante que nous aimerionsdire plus dune langueI 6a ne sert presque rien de parler, on n2 arriverajamais.

    6est cette di##rance qui a toujours intress lhermneutique. e sensdans lequel nous sommes et que nous haitons est en m7me temps un non!sens, un sens jet, dans les termes de (errida, le sens de lautre, o@ nous nenous retrouvons jamais intgralement, m7me si nous acceptons, pour le iende la vie en commun, ses conventions, ses convenances, ses canons, sestartu#eries, mais dont toutes les transgressions russies, potiques entre autres,nous arrachent comme un sourire de victoire. 6e qui intresse lhermneutique

    de la #acticit ', ce nest pas un #ait, une donne ultime, disons uneparticularit que lon pourrait opposer luniversalisme de la logique ou de lamtaph2sique, mais ce que je serais tent dappeler en un #ran%ais ien impurla jectit ' essentielle de tout sens, sa /e)orenheitirrcuprale. 6ar cestcette jectit ' que Teidegger oppose lintelligence traditionnelle de lasujectivit, dusub2ectum, de lhypo!eimenonentendu comme sustratpermanent de la comprhension. $oute ide de permanence et de #ondementdernier repose, en e##et, sur un dni de la jectit premi&re. 6est ainsi, dit

    Teidegger, que leaseinlui!m7me est daord l mais sans 2 7tre. Al parlera

    --?ur cette intelligence hermneutique du langage, que je ne peu4 reprendre ici, je dois renvo2er mes

    travau4 antrieurs surL.universalit de l.hermneutiqueN intelligence hermneutique du langage ', dansLhori3on hermneutique de la pense contemporaine, -05!-+*. "e dois admettre aujourdhui que ces travau4avaient sans doute aussi t un peu marqus par la pense de (errida, ce que la rhtorique 3anti!hermneutique de la dconstruction memp7chait cependant de reconna>tre.

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    ici dun 4egseinessentiel-5, dun 7tre!ailleurs du aseinqui, tout en 2 tantcondamn, ne peut pas sou##rir d7tre l et qui ne lest le plus souvent que surle mode de lasence soi. 6est ainsi que le ,aseinse trouveirrcupralement jet dans une langue et une culture qui sont toujours celles

    de lautre, m7me lorsquil les a lui!m7me assimiles. orsque Teideggerrappelle que la comprhension est entendre au sens dun savoir s2prendre ', dun s2 entendre ', il est clair quil sagit dun pouvoir!7tre quiarite une impuissance essentielle-. a comprhension srige toujours surun #ond dincomprhensiilit. 6est parce que je ne m2 retrouverai jamaistout #ait dans le4istence que je me tire da##aire en mengloutissant dans desdirections de sens qui sont autant de possiilits provisoires de mon 7tre dansle temps. En #or%ant le trait, mais peine, on pourrait dire que si leaseinest

    #ondamentalement un 7tre de comprhension, cest, la racine, parce quil necomprend rien du tout. $oute comprhension nest toujours quun projet etque provisoire. Elle est un savoir!s2!prendre dans une situation qui ne serajamais tout #ait ma>trise. 6est ici quil #aut entendre la part dhermtiquedans le terme dhermneutique ce quil sagit de comprendre, cest ce qui estdemle rti# la comprhension. hermneutique nest pas le nom dun

    projet philosophique qui aspire lintelligiilit asolue, mais celui dunevigilance de la pense qui repose sur son asence. En tant que mmoire delimmmorial, anamn&se du tout autre, le monolinguisme de lautre ressortit

    encore cette radicalisation de la2ectit.6est ainsi que pour lhermneutique, la comprhension proc&de de

    cette indomptale jectit. Al n2 a pas dintelligiilit sans ouli, pas de projethermneutique sans reconnaissance pralale de lhermticit irrductile dece que lon prtend comprendre et apprivoiser. Femonter du dire sonvouloir!dire, cest retrouver la dtresse essentielle que le monolinguisme dudire ne #ait toujours que recouvrir. En ce sens, la dconstruction etlhermneutique parlent une seule et m7me langue, celle, impossile, de

    lautre. 9ne seule langue n2 su##irait jamais.

    -56#. ce sujet hermneutique dans (ein und 5eit', dans ".!U. 6O9F$AHE ;dir.

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    6ette caricature est peut!7tre utile la dconstruction, maislhermneutique na jamais prtendu que tout tait comprhensile et dicile,mais plutMt que nous cherchons comprendre parce que nous sommes aussi

    rutalement con#ronts lincomprhensile, de la mort et du mal. 6tait cela

    la th&se de luniversalit de lhermneutique dans Rrit et mthode comprendre, ce nest pas susumer des instances particuli&res ou des conceptssous des notions plus universelles, cest seulement rechercher des mots pourarticuler un !dire. intuition #ondamentale de Rrit et mthode tait quiln2 a de comprhension que dans la mesure o@ il 2 a e##ort de mise enlangage l7tre qui peut 7tre compris est langage '. a linguisticitessentielle de la comprhension voulait dire ici quil n2 a pas de pense ou decomprhension avant le langage, mais que la comprhension nest toujoursrien dautre quune recherche de mots pour ce qui cherche 7tre dit. On ne

    peut parler de lincomprhensile ou de lindicile pour crier lincurie desmots #ace lnormit de l!dire, lequel reste d&s lors envisag dans lespacedune comprhension et dune diciilit possiles, m7me si elle ne sera jamaisatteinte.

    hermneutique navait donc pas esoin que la dconstruction luirapppelle quil 2 a des limites la comprhension et au langage. Ellescomposent dj, ces limites, linspiration m7me de lhermneutique de la#acticit. ais la dconstruction visait plus juste lorsquelle mettait en

    question lassimilation de la comprhension hermneutique une application,voire une appropriation de lautre. 6est, en e##et, partir du conceptdapplicatio, que )adamer disait emprunter-0 lhermneutique pitiste, que)adamer clairait la #initude de la comprhension dans=rit et mthode jene comprends que dans la mesure o@ je parviens me retrouver dans lautre,que jarrive par l m7me comprendre, cest!!dire traduire dans monlangage. ais cette comprhension entendue comme appropriation outraduction ne #ait!elle pas violence laltrit m7me de lautre H2 a!t!il pas

    en toute volont de connaissance, comme lcrivait HietGsche dansPar-del lebien et le mal;aphorisme -5*< une goutte de cruaut 6hercher

    -0)adamer se rclamait, en e##et, dans =rit et mthode;?euil, 1**+, p. 5-*N )X, t. 1, p. 515< de la

    subtilitas applicandidont aurait trait le pitiste ". ". Famach. ?il est question de lapplicatio la #in dulivre AR desInstitutiones hermeneuticae sacrae;18-5< du long trait de ". ". Famach ;p. /=!/--

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    comprendre ' lautre, comme sil sagissait de semparer de lui, nest!ce pasjustement manquer sa spci#icit En #orme de parado4e chercher comprendre lautre, nest!ce paspar l-m>merenoncer le comprendre6est!!dire renoncer lentendre dans ce quil a dirrductile et dans un

    propre qui rsiste toute appropriation:our )adamer, cette ouverture sur lautre reste encore une tentative de

    comprhension. ais il se pourrait que la critique de (errida ait conduit ledernier )adamer une prcision, si ce nest une rvision de son concept decomprhension. (ans ses derniers crits, rassemls dans lditionmonumentale de ses /esammelte 4er!edepuis 1*/0, o@ le dat avec (erridajoue un rMle de premier plan, la comprhension n2 appara>t presque pluscomme une application ' ou une appropriation ' de lautre, commeparaissait encore le suggrer =rit et mthodeen suivant une terminologietriutaire de Tegel-+. )adamer crit maintenant, et avec insistance, que lYmede lhermneutique consiste reconna>tre que cest peut!7tre lautre qui araison-8. 6omprendre revient ici, selon son acception hermneutiqueoriginaire, une ouverture sur lautre et ses raisons. ?i la comprhension estencore une application ou une appropriation, cest seulement parce quelle estaussi rponse linterpellation de lautre. ais cette rponse est, en son

    principe, dsappropriante, dcouverte de lindit, de linespr.

    6omme on la suggr plus haut, cest donc lin#luence discr&te de (errida que lon peut soup%onner dansla remarque importante de )adamer, ajoute ldition de 1*/+ de =rit et mthode;p. 5-1, l o@ il estjustement question de la #onte des horiGons '< Aci on risque constamment de 3sapproprier lautre dans lacomprhension et de le mconna>tre dans son altrit '.-86#.par e4emple lintervieS avec la (*ddeutsche 5eitungdu 1=.11. -. 1**= ;ZInormation Philosophie

    1**1, cahier 5, p. -8

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    (e m7me, )adamer a eaucoup moins parl dans ses derniers crits deluniversalit du langage que des limites du langage '-/. e4prience#ondamentale dune hermneutique de la #initude nest plus tellement celle dela diciilit essentielle de la comprhension que celle des limites du dit. e

    principe supr7me de lhermneutique philosophique ', crit aujourdhui)adamer, est que nous narrivons jamais dire ce que nous aimerionsdire '-*.

    On ne se prononcera pas ici sur lvolution de la pense de )adamer,mais il est clair que ces #ormules, dans leur solennit m7me ; lYme delhermneutique... ', le principe #ondamental de lhermneutiquephilosophique... 'tre de nouveau4 accents danslhermneutique de la #initude. Al se pourrait que cette insistance sur les limitesdu langage et la rvision du concept de comprhension soient le #ruit,

    mconnu, du dialogue entre lhermneutique et la dconstruction. e dialogueentre )adamer et (errida nen aura donc pas t un de sourds, comme si undialogue qui en est vraiment un pouvait laisser susister la surdit. $outdialogue, lors m7me que ses interlocuteurs paraissent camper sur leurspositions, #init par laisser des traces. Al est par d#inition ' ouverture surlautre, recherche dune langue qui soit autre que la nMtre. :lus dunelangue ' est donc une d#inition ou une devise dans laquelle lhermneutiquepeut aussi se reconna>tre. 9ne seule, encore une #ois, ne su##irait jamais.

    -/Roir ce sujet son essai emlmatique de 1*/0 sur es limites du langage ', )X, t . /, 50=!5+1N tr. #r.La

    philosophie hermneutique, 1+*!1/. ?ur la rencontre entre )adamer et (errida :aris en 1*/1, voir monouvrage6ans-/eorg /adamer.$ine 0iographie, 5= ss.-*T.!). )adamer, europe et loiLum&n& ', )X, t. 1=, -8N tr. #r.La philosophie hermneutique, 1**+,

    -5=. 6#. aussi lentretien de ). V^hne!Bertram et U. Fodi avec )adamer, sous le eau titre (ie ogiL desverum interius ',,ilthey-ahrbuch11 ;1**8!*/