Claudia Lavoie LAVC20619509 STAGE EN COOPÉRATION ...handicap, les associations de jeunes, les...
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Claudia Lavoie
LAVC20619509
STAGE EN COOPÉRATION INTERNATIONALE
4COP333
Rapport final de stage
Travail remis à
Mme Marie Fall
Université du Québec à Chicoutimi
31 juillet 2017
TABLE DES MATIÈRES
Introduction ........................................................................................................................................................... 3
Motivations personnelles sur le choix du lieu de stage et processus de sélection ..................... 4
Objectifs académiques de stage ........................................................................................................................ 5
Le milieu du stage ................................................................................................................................................ 7
Objectifs de stages assignés sur le terrain et déroulement du stage, projets réalisés,
difficultés rencontrées, adaptations faites, etc. ..................................................................................... 8
Déroulement du stage ....................................................................................................................................................... 8
Objectifs de stages assignés sur le terrain et projets réalisés ............................................................................. 10
Difficultés rencontrées, adaptations faites, etc. .................................................................................................... 13
Résultats obtenus, défis relevés, leçons tirées, bilan professionnel et personnel, décodage
interculturel, compétences acquises, etc. ............................................................................................... 17
Résultats obtenus ............................................................................................................................................................. 17
Défis relevés ..................................................................................................................................................................... 18
Leçons tirées ..................................................................................................................................................................... 20
Bilan professionnel ......................................................................................................................................................... 21
Bilan personnel ................................................................................................................................................................ 22
Compétences acquises ................................................................................................................................................... 23
Perspectives retour et réintégration, vulgarisation de votre expérience, projets de
conférence et partage. .................................................................................................................................... 24
Conclusion ............................................................................................................................................................ 28
Annexes ................................................................................................................................................................. 29
Photos.................................................................................................................................................................................. 29
Journal de bord ................................................................................................................................................................. 32
Introduction
Dans le cadre du cours de stage en coopération internationale offert par l’Université du Québec à
Chicoutimi, j’ai eu la chance de vivre une expérience mémorable de 35 jours, sur le continent
africain, plus précisément au Sénégal. Le stage s’est déroulé du 8 mai au 13 juin 2017. Le cours a
comme descriptif d’élaborer, d’organiser et de réaliser un projet ou un stage en coopération
internationale. L’objectif principal est la réalisation d’un stage en coopération internationale dans
un organisme régional, national ou international. Le cours 4COP33 est généralement offert aux
étudiants au programme de géographie et d’aménagement durable de l’UQAC. Par contre, cette
année, et ce pour la première fois, les étudiants au baccalauréat en Sciences de la réadaptation
(physiothérapie), se sont vus offrir la possibilité de choisir ce cours comme cours à option et ainsi,
pouvoir réaliser un stage en coopération à l’étranger dans leur domaine d’étude. Le cours fut donc
modifié pour pouvoir répondre à notre champ de pratique. Même si notre baccalauréat n’est pas
axé sur la coopération internationale, c’était une opportunité en or pour nous de pouvoir participer
à un tel projet. En effet, ce cours nous permet une ouverture sur le monde que nous n’aurions pas
en restant chez soi. Il permet de travailler avec des clientèles variées qu’on ne rencontrerait pas au
Québec. Il permet de développer de multiples compétences et habiletés qui nous suivront tout au
long de notre pratique professionnelle en tant que physiothérapeute. Le fait de vivre dans une réalité
complètement différente de la nôtre nous permet également de devenir de meilleures personnes.
Le stage en coopération internationale nous permet de faire de l’entraide dans un autre pays, auprès
de populations où la demande est forte pour ce genre de projet. Le métier de physiothérapeute est
très humain et nous sommes amenés à aider nos patients au meilleur de nos capacités, et c’est ce
que le stage nous permet d’apprendre et de développer. Le stage nous permet aussi de mettre en
pratique certaines connaissances que nous avons acquises au cours des deux premières années du
baccalauréat. Aussi, cela nous permet de nous intégrer dans d’autres cultures et d’autres systèmes
de santé, en plus de nous faire vivre une très belle expérience d’adaptation.
Étant donné que le cours était offert à des étudiants en Sciences de la réadaptation, il fut modifié
pour répondre aux exigences du programme. Le stage en physiothérapie était orienté, de manière
générale, vers la promotion de la santé et des services sociaux dans les villages de Niodior et de
Dionewar. Le mandat du stage consistait donc à intervenir auprès des personnes en situation de
handicap, des personnes à mobilité réduite, des jeunes enfants de la case des tout-petits qui ont des
retards de développement (mobilité et motricité) et des élèves du primaire, du secondaire et du
lycée en les accompagnant dans le développement de saines habitudes de vie. Ce mandat était
réalisé dans le but de développer les compétences de collaborateur, de communicateur, de
gestionnaire et de professionnel qui sont 4 des 7 compétences que doit posséder un
physiothérapeute.
Motivations personnelles sur le choix du lieu de stage et processus de sélection
Des étudiantes en deuxième année du programme de Sciences de la réadaptation souhaitaient
mettre sur pied un stage de coopération internationale en physiothérapie. Le programme étant
nouveau à l’UQAC, personne n’avait encore eu la chance de faire un stage à l’étranger. Elles ont
donc fait part de leur idée à la directrice du programme de physiothérapie qui fut d’une grande aide
dans la réalisation du projet. L’UQAC a ouvert le cours de stage de coopération internationale aux
étudiants de physiothérapie. Ce cours envoyait déjà des stagiaires au Sénégal depuis 2009, nous
n’avons donc pas eu à choisir le pays ni les villages d’accueil. Quand l’invitation à participer au
stage fut lancée aux étudiants de deuxième année en physiothérapie, j’ai hésité longtemps. Deux
rencontres avaient déjà eu lieu quand j’ai finalement décidé de me lancer dans le projet. Les brefs
délais pour se préparer et effectuer des campagnes de financement ainsi que ma peur de l’inconnu
m’ont fait hésiter, mais ils ne m’auront pas arrêtée. Ce projet m’interpelait beaucoup, car j’ai
toujours rêvé de faire de l’aide internationale. En effet, depuis que je suis toute jeune, je m’implique
dans mon milieu et je cherche à faire une différence, même minime, dans la vie des gens qui
m’entourent. J’ai toujours adoré aider les autres et j’étais certaine que ce stage me permettrait de
le faire encore plus. Aussi, j’admire beaucoup les gens qui osent accomplir ce genre de projet, qui
disons-le, est l’expérience d’une vie. J’étais également convaincue que ce stage humanitaire allait
me permettre de grandir encore plus et d’en découvrir davantage sur la jeune femme que je suis.
En effet, le Sénégal et le Canada sont deux pays complètement différents qui ont chacun leur
particularité culturelle et sociale. J’avais envie de sortir de ma zone de confort, d’être dépaysée et
déstabilisée, mais aussi de vivre une expérience ô combien enrichissante. Ce stage me permettrait
assurément de prendre conscience des enjeux qui existent dans notre société autant sur le plan
social que sur le plan économique. Finalement, je me suis lancée dans ce projet, car je croyais que
cette expérience changerait ma perception du monde à jamais et ferait de moi une meilleure
personne.
Afin d’être sélectionné pour faire le stage, il fallait envoyer une lettre de motivation à Mme Marie
Fall, professeure en Géographie et instigatrice du stage au Sénégal, et faire une entrevue.
L’entrevue consistait à répondre à des questions afin qu’ils apprennent à mieux nous connaitre et
voir quel type de personne nous étions. Il y avait aussi des mises en situations auxquelles nous
devions répondre. Ce n’était pas vraiment un processus de sélection strict, dans le sens où
l’entrevue n’allait pas faire en sorte que nous n’allions pas être choisis, à moins d’un problème
majeur. En envoyant notre demande de participation à Marie, en écrivant notre lettre de motivation
et en faisant l’entrevue, nous faisions presque automatiquement partie du stage. Le stress d’être
choisi ou non n’était donc pas présent et ce fut un aspect plus que positif.
Objectifs académiques de stage
Le mandat académique du stage de coopération internationale en physiothérapie était réalisé dans
le but de développer les compétences de collaborateur, de communicateur, de gestionnaire et de
professionnel, qui sont 4 des 7 compétences que doit posséder un physiothérapeute selon l’Ordre
Professionnel des physiothérapeutes du Québec (OPPQ). La compétence du collaborateur
correspond au maintien de relations interprofessionnelles en vue d’optimiser l’état de santé d’un
client. La compétence de communicateur est essentielle, étant donné qu’une bonne communication
permet d’établir une relation de confiance avec le patient, sa famille, les autres professionnels de
la santé, etc. La communication permet aussi de transmettre de l’information concernant les
patients afin d’établir un traitement efficace. La compétence du gestionnaire correspond
globalement à gérer son temps de pratique, donc à évaluer la priorité des cas des patients qui lui
sont attitrés, à évaluer le temps passé avec chaque client et à veiller à ce que son lieu de travail soit
sécuritaire et pratique. La compétence de professionnel est importante puisque le
physiothérapeute/étudiant se doit de respecter les règles juridiques et éthiques mises en application.
Il se doit aussi de respecter ses clients et de contribuer à l’avancement de la physiothérapie. Du 14
mai au 6 juin, nous avions comme objectifs spécifiques de :
- Rencontrer des spécialistes de la santé et des services sociaux au Sénégal pour mieux
connaitre le système de santé sénégalais;
- Établir une communication participative avec les personnes en situation de handicap;
- Promouvoir une acceptation du handicap, axée sur le modèle social du handicap et sur une
approche des droits de l’Homme, telle que véhiculée par les textes règlementaires du
Sénégal inspirés par la Convention des Nations-Unies pour la promotion du handicap;
- Évaluer les besoins et développer des idées de prévention, de prise en charge, de soins ou
de façons de travailler bénéfiques aux communautés;
- élaborer une stratégie de proximité entre les stagiaires et les personnes requérant leurs
services par des visites à domicile;
- Contribuer au renforcement des capacités des familles et des organisations de personnes
handicapées pour mieux connaitre et comprendre les difficultés liées au handicap afin de
l’expliquer et de les accompagner dans le processus d’intégration ou d’inclusion sociale à
travers, notamment, l’éducation et les loisirs, dans une perspective de collaboration-école-
famille-communauté;
- Animer des séances de thérapies simples par des techniques de massage ou de
développement sensori-moteur classique et reproductible, destinées aux enfants ayant des
difficultés de développement mental ou des déficiences motrices cérébrales, avec les
parents ou les intervenants. Ces enfants sont généralement stigmatisés et voués aux
gémonies du milieu social. En plus, leurs parents, notamment leur maman, en souffrent et
restent seuls sans aide, à la risée de toute la communauté;
- Contribuer à la mise en place d’un cadre opérationnel de suivi post-stage incluant les
familles, les services de santé et sociaux, les associations de personnes en situation de
handicap, les associations de jeunes, les groupements de femmes, le conseil du village, la
commune rurale, etc. Ce cadre peut servir les familles ainsi que les divers intervenants et
pourrait aussi servir à une meilleure préparation de stage ultérieur dans le même domaine.
Le milieu du stage
Le stage en coopération internationale s’est déroulé au Sénégal, en Afrique. La réalisation des
mandats de stage (du 14 mai au 6 juin) s’est réalisée plus précisément dans les iles du Delta du
Saloum, soit les villages de Dionewar et de Niodior. Nous avons également eu la chance de
séjourner dans les villes de Dakar et de Saint-Louis. Géographiquement 1 , le Sénégal, ou la
République du Sénégal, est situé en Afrique de l’Ouest. À l’ouest du pays, on retrouve l’océan
Atlantique, au nord, la Mauritanie, à l’est, le Mali et au sud, la Guinée et la Guinée-Bissau. L’océan
Atlantique borde la façade ouest du Sénégal avec 530 km de côtes. On compte deux saisons dans
le pays, soit la saison des pluies de juillet à octobre et la saison sèche de novembre à juin. La
population du Sénégal est de 15 256 346 habitants2. Fait intéressant, la jeunesse représente plus de
50 % de la population du pays. La langue officielle est le français, mais les langues nationales sont
le Diola, le Malinké, le Sérère, le Soninké, le Wolof, etc3. À Dakar, on entendait le Wolof le plus
souvent, mais dans les villages de Dionewar et de Niodior, c’était plutôt le Sérère. Le Sénégal est
une puissance économique importante en Afrique de l’Ouest, mais il existe de nombreuses
inégalités de richesse, particulièrement au niveau des personnes vivant en situation de handicap.
En 2010, le Sénégal a élaboré une loi d’orientation pour la protection et la promotion des personnes
en situation de handicap. Cette loi a pour but de favoriser l’inclusion des personnes vivant avec un
handicap. Le taux de prévalence de handicap, selon le rapport de recensement général de la
population (ANSD, 2013), est 5,9%. La région des iles du Saloum a pour sa part une prévalence
de handicap de 6,4%. Cela est quand même mal vu d’avoir un handicap dans les villages et c’est
pourquoi les gens atteints sont souvent mis à l’écart de la société. Le seul médecin des iles se trouve
à Niodior, au centre de santé. Il y a donc 1 médecin pour desservir environ 8000 habitants. À
Dionewar, il y a un poste de santé où travaille un infirmier. Les services de santé sont donc loin
d’être optimaux dans les iles. De plus, les gens ont plus tendance à se tourner vers la médecine
traditionnelle pour soigner leurs maux que vers le système de santé reconnu. Il y a aussi un très
grand manque de ressources et de services. L’éducation tient une place importante dans les villages
1 https://fr.wikipedia.org/wiki/Sénégal#G.C3.A9ographie_et_climat
2 https://www.populationdata.net/pays/senegal/ 3 https://www.sec.gouv.sn/Presentation-generale.html
de Dionewar et de Niodior. On retrouve donc dans les deux endroits, une case des tout-petits, des
écoles primaires et des lycées. Dans les villages, on se déplace majoritairement à pied ou en
charrette tirée par des chevaux ou des ânes. On peut par contre remarquer quelques motos. Les
gens ont aussi presque tous un téléphone cellulaire, mais le signal internet est quasi inexistant.
Seuls quelques privilégiés semblent avoir des téléviseurs leur permettant d’avoir accès à
l’information internationale.
Objectifs de stages assignés sur le terrain et déroulement du stage, projets
réalisés, difficultés rencontrées, adaptations faites, etc.
Déroulement du stage
Notre programme de séjour au Sénégal était très bien rempli et nous offrait la possibilité d’effectuer
des activités variées, ce qui nous permettait de vivre des journées différentes, mais tout aussi
intéressantes les unes que les autres. La première semaine du séjour (du 9 au 13 mai) s’est déroulée
en grande partie à Dakar. Elle se voulait une semaine d’observation et de prise de contact avec les
partenaires à Dakar et dans les iles du Delta du Saloum. Nous avons donc eu la chance de visiter
le bureau du Québec au Sénégal et de tenir un entretien à la résidence de l’ambassadeur du Canada.
Ces deux visites nous ont permis d’en apprendre davantage sur le rôle du Québec et du Canada au
Sénégal et de réaliser l’ampleur des réalisations déjà effectuées par nos gouvernements provincial
et fédéral. Nous avons aussi passé un avant-midi au Centre National d’Appareillage orthopédique
de Dakar. Une visite plus qu’intéressante où nous avons pu échanger avec les kinésithérapeutes
présents (physiothérapeutes au Sénégal) sur le déroulement de leur journée et sur les services et
soins offerts à la population dans le centre. Cette rencontre s’est finalisée avec une discussion sur
le rôle que nous allions avoir à jouer dans les villages de Dionewar et de Niodior et sur ce qu’ils
nous conseillaient d’apporter comme aide aux populations. La deuxième semaine du séjour (du 14
mai au 20 mai) s’est passée dans les villages de Dionewar et de Niodior. Elle se voulait une semaine
d’observation des milieux de stages dans les villages, d’animation de séances d’informations et de
sensibilisation aux saines habitudes de vie. Malheureusement pour moi, j’ai raté la grande majorité
de cette semaine étant donné que j’ai attrapé une gastroentérite la journée du départ pour les iles.
Je n’ai donc pas pu participer aux différentes activités de la semaine puisque j’étais trop malade et
que je passais mes journées au lit. J’ai par contre pu visiter le poste de santé de Dionewar où j’ai
rencontré une infirmière qui a évalué mon état et qui m’a prescrit des médicaments. J’ai donc pu
vivre l’envers du décor et vivre une réalité sénégalaise.
La troisième semaine de stage (du 21 au 27 mai), ou la première semaine de travail officielle, s’est
déroulée ainsi. Le lundi 22 mai en avant-midi (Dionewar), cours d’éducation physique au lycée (2
groupes), centre des femmes4 (2 groupes) et poste de santé (1 groupe). En après-midi, visites à
domicile (tout le monde). Le mardi 23 mai en avant-midi (Niodior), cours d’éducation physique au
lycée (2 groupes), centre de santé (2 groupes) et cours de sciences de la vie et de la terre au lycée
(1 groupe). En après-midi, centre des femmes (4 groupes) et centre de santé (1 groupe). Le mercredi
24 mai en avant-midi (Dionewar), cours d’éducation physique au lycée (1 groupe), cours de
sciences de la vie et de la terre (1 groupe), centre des femmes (3 groupes) et poste de santé (1
groupe). En après-midi, cours de sciences de la vie et de la terre (1 groupe). Le jeudi 25 mai en
avant-midi (Niodior), case des tout-petits (3 groupes) et centre de santé (2 groupes). En après-midi,
visites à domicile (4 groupes) et centre de santé (1 groupe). Vendredi 26 mai (Dionewar), cours
d’éducation physique (1 groupe), cours de sciences de la vie et de la terre (1 groupe) et case des
tout-petits (3 groupes). En après-midi, centre des femmes (4 groupes) et poste de santé (1 groupe).
Samedi 27 mai (Dionewar), de 8 h à 12 h 30, clinique jeunesse (tout le monde). Cette troisième
semaine se voulait une semaine de promotion de la santé et des saines habitudes de vie.
Pour ce qui est de la quatrième semaine de stage (du 28 mai au 3 juin) (deuxième semaine de travail
officielle), elle s’est déroulée ainsi. Le lundi 29 mai en avant-midi (Dionewar), poste de santé (2
groupes) et cours d’éducation physique au lycée (3 groupes). En après-midi, visites à domicile (tout
le monde). Le mardi 30 mai en avant-midi (Niodior), cours d’éducation physique au lycée (1
groupe), cours de sciences de la vie et de la terre au lycée (1 groupe), centre de santé (1 groupe) et
centre des femmes (2 groupes). En après-midi, visites à domicile (tout le monde). Le mercredi 31
mai en avant-midi (Dionewar), cours d’éducation physique au lycée (1 groupe), cours de sciences
de la vie et de la terre au lycée (1 groupe), cours sur l’hygiène de base à l’école primaire (2 groupes)
et poste de santé (2 groupes). Le jeudi 1er juin en avant-midi (Niodior), cours de sciences de la vie
et de la terre au lycée (1 groupe), centre de santé (2 groupes) et case des tout-petits (2 groupes). En
après-midi, visites à domicile (tout le monde). Le vendredi 2 juin en avant-midi (Dionewar), cours
d’éducation physique au lycée (1 groupe), cours de sciences de la vie et de la terre au lycée (1
4 Les éléments soulignés sont ceux faisant partis de mon horaire de travail.
groupe), case des tout-petits (2 groupes), poste de santé (2 groupes) et centre des femmes (2
groupes). Samedi 3 juin (Dionewar), de 8 h à 12 h, clinique jeunesse (tout le monde).
La quatrième semaine se voulait axée sur le développement des capacités physiques de la
population (surtout au niveau des femmes, des personnes âgées, des enfants et des adolescents). La
cinquième semaine de stage (du 4 au 10 juin) comprenait l’évaluation des stages par notre
coordonnateur dans les différents milieux touchés dans les villages de Dionewar et de Niodior.
C’est aussi lors de cette semaine que nous avons quitté les iles, non sans tristesse, pour se rendre
dans la ville de Saint-Louis. Là-bas, nous avons eu l’opportunité de faire un séminaire avec
quelques étudiants en sociologie de l’Université Gaston-Bergé. Cette période d’échange fut très
enrichissante et intéressante. C’était très agréable d’échanger avec eux et de parler de nos
expériences et de nos constatations, ainsi que d’avoir leurs points de vue quant à nos commentaires.
Nous sommes également retournés à Dakar pour les quelques jours restants avant notre départ
définitif pour le Québec. Nous avons, entre autres, eu l’immense privilège de visiter l’ile de Gorée,
et cette expérience restera à jamais gravée dans ma mémoire. C’est sans aucun doute un endroit à
visiter dans une vie. La sixième et dernière semaine de stage (du 11 au 13 juin) marquait notre
départ pour le Québec.
Objectifs de stages assignés sur le terrain et projets réalisés
Au niveau des réalisations au centre de traitement des produits halieutiques de Dionewar, on peut
noter des conseils posturaux, la proposition de méthodes de travail alternatives à celles des
travailleuses et une introduction de base au massage des épaules et du haut du dos. Pour ce qui est
des conseils posturaux, nous avons appris aux femmes comment soulever des objets au sol de façon
sécuritaire, donc en position « squat » (genoux fléchis, dos droit). Aussi, nous leur avons conseillé
de travailler et de soulever les charges plus près de leur corps afin de diminuer la charge portée par
le dos et ainsi réduire le risque de blessure au dos, toujours en position « squat ». Pour les lourdes
charges, nous leur avons appris une technique pour les lever à deux personnes, toujours dans la
position « squat ». Aussi, nous leur avons déconseillé de rester dans la même position trop
longtemps lors de la réalisation de leurs tâches. Donc, de s’étirer, de bouger et de changer de
position environ toutes les 15 minutes. Également, les femmes ont eu droit à un apprentissage
théorique et pratique de quelques techniques de massage au niveau du trapèze et des épaules. Elles
se sont ensuite massées en équipe de deux, tout ça dans le but qu’elles puissent se soulager entre
elles après notre départ.
Pour le centre de traitement des produits halieutiques de Niodior, les conseils généraux de posture
et de massage furent les mêmes. Par contre, notre travail fut beaucoup axé sur la proposition de
méthodes de travail alternatives à celle des travailleuses. En effet, des conseils furent donnés pour
l’utilisation sécuritaire des boites à coquillages (soulever la boite en équipe de deux en position
« squat »), le positionnement de la boite sur le charriot, comment passer le charriot à travers la
porte, le positionnement des boites sur la table de lavage et le versement du contenu de la boite.
À l’école primaire, une clinique sur la promotion de la santé par de saines habitudes de vie a été
présentée. Les jeunes de l’école II de Dionewar ont donc pu en apprendre plus sur la santé
buccodentaire (se brosser les dents trois fois par jour et utiliser la soie dentaire), l’hygiène nasale
(essuyer les sécrétions nasales et ne pas se mettre les doigts dans le nez), l’hygiène des mains (laver
ses mains régulièrement, particulièrement avant les repas et après être allés à la salle de bain) ainsi
que sur comment éviter de propager les microbes (éternuer dans ses coudes). Les objectifs de la
clinique étaient la sensibilisation à la santé buccodentaire, à l’hygiène main-nez-bouche et la
communication.
Pour les lycées de Dionewar et Niodior, des cours d’éducation physique et de la santé ainsi que des
cours de sciences de la vie et de la terre furent donnés. Pour la première semaine (du 22 au 26 mai),
le cours d’éducation physique consistait à présenter aux étudiants un programme d’entrainement
complet et à expliquer les bienfaits de ce type d’activité physique. Les étudiants du lycée ont donc
pu faire un échauffement, suivit d’un entrainement en aérobie et en résistance musculaire, un retour
au calme et pour finir un étirement complet. Le tout était amené de manière interactive sous forme
de questions. Des pathologies liées à l’exercice leur furent également présentées. Pour la deuxième
semaine (du 29 mai au 2 juin), le cours d’éducation physique consistait à faire un rappel sur le
cours de la semaine précédente en plus de leur faire découvrir de nouveaux jeux de groupe. Après
un échauffement, les étudiants ont pu apprendre et jouer à 3 nouveaux jeux, soit le frisbee, police-
voleur et le tic-tac-toe géant. Le cours s’est terminé par un étirement. Les objectifs visés pour les
cours d’éducation physique étaient le type d’entrainement, l’importance de l’activité physique, la
planification d’entrainement, la promotion de la kinésithérapie, la prévention des blessures et des
coups de chaleur. Pour ce qui est des cours de Sciences de la vie et de la terre, la première semaine
(22 au 26 mai), nous avons bâti une séance portant sur les saines habitudes de vie (alimentation,
hygiène personnelle, sommeil, cigarette, drogues, exercices, posture et santé sexuelle), l’hygiène
de base et différentes pathologies communes (coup de chaleur, AVC, infarctus du myocarde,
entorse, crampes et le soin de plaies). Le cours de la deuxième semaine (29 mai au 2 juin) consistait
en un atelier sur les adaptations aiguës et chroniques du corps à l’entrainement et à l’activité
physique. Tous les cours se faisaient sous forme de questions, donc les cours étaient très interactifs.
Nous sommes aussi allés à la case des tout-petits de Dionewar et de Niodior pour jouer avec les
enfants. Ces visites étaient dans le but de développer les objectifs suivants : développement de la
motricité et de l’équilibre, développement psychomoteur, développement de la communication
avec les enfants, création de jeux et d’activités et collaboration avec les éducatrices.
Chaque samedi, des cliniques jeunesse à Dionewar étaient offertes à des groupes cibles de jeunes.
Le premier samedi, l’activité était sous forme d’olympiades et de jeux, tandis que le deuxième
samedi était uniquement composé de jeux. Les objectifs visés par ces activités étaient la promotion
de l’activité physique, le développement d’activités, la gestion d’un groupe et la prévention des
blessures.
De nombreuses cases horaires ont aussi été consacrées aux poste/centre de santé de Dionewar et
de Niodior. La population était libre de venir nous rencontrer. Après une entrevue pour avoir plus
d’informations sur leurs problèmes de santé, les patients avaient soit un massage, soit des conseils
posturaux ou autres, soit les deux. L’entrevue se déroulait selon le format HSOAPIER, H : histoire
(anamnèse) S : données subjectives O : données objectives A : analyse P : plan de traitement I :
intervention E : évaluation post-intervention R : recommandations. Étant donné le fait que nous
n’étions pas en mesure d’effectuer les étapes APIE, nous avons modifié le questionnaire pour en
créer un à notre image afin de récolter les informations que nous jugions les plus pertinentes. En
effet, vu que nous sommes seulement des étudiants en physiothérapie et que nous ne faisons pas
encore partie de l’Ordre des Professionnels de la Physiothérapie, nous ne sommes pas protégés et
nous ne pouvons pas effectuer aucune intervention ni analyse sans l’accord préalable d’un
professionnel de la santé. Nous étions donc, pendant le stage, de la main-d’œuvre qui répondait
aux prescriptions données par le kinésithérapeute et le médecin rencontrés. On ne pouvait pas
prendre d’initiative, on faisait donc ce que les professionnels de la santé nous donnaient le droit de
faire. Notre entrevue était effectuée en posant des questions afin de remplir le formulaire suivant :
le nom, l’âge, le sexe, le village, le quartier, l’occupation, les caractéristiques de la
douleur/handicap, le temps depuis le début des signes et symptômes, les caractéristiques
influençant la douleur, les limitations, les antécédents médicaux, autres, les conseils ou soins
prodigués et le nombre de visites. Avec ces questionnaires, nous avons pris l’initiative de créer un
recueil de patients qui pourra être utilisé par les futurs stagiaires, mais aussi par les professionnels
de la santé du Sénégal et par toute autre personne certifiée voulant en savoir davantage sur les
problèmes de santé dans les iles du Delta du Saloum. Ce recueil pourra peut-être faire en sorte que
plus de main-d’œuvre et de ressources seront attribuées dans les iles et que les patients rencontrés
pourront bénéficier de plus d’aide face à leurs problèmes de santé et par rapport à leurs situations.
Les objectifs des heures de travail aux poste/centre de santé de Dionewar et de Niodior étaient de
développer la communication, la cueillette d’informations, la sensibilisation aux bienfaits du
massage, la pratique du massage, la collaboration avec le médecin et les infirmiers et de donner
des conseils de base, donc permettant le développement de l’esprit critique et analytique.
Finalement, plusieurs visites à domicile ont été effectuées dans le but de voir des gens qui n’avaient
pas la force de se déplacer aux poste/centre de santé, ou qui faisaient partie de l’association des
personnes avec un handicap de Dionewar et de Niodior. Une entrevue, suivit d’un traitement par
le massage et/ou des conseils posturaux ou autres, étaient offerts lors de ces visites. Les objectifs
visés étaient de donner des conseils de base, de faire de l’observation de l’état du patient et du
milieu de vie, de faire de la cueillette d’informations, de développer la communication, de
développer l’écoute, d’être en contact avec une personne en situation de problème de santé et son
environnement en milieu étranger.
Difficultés rencontrées, adaptations faites, etc.
Mon plus gros problème vécu fut probablement d’avoir attrapé une gastroentérite, qui a fait en
sorte que j’ai raté la première semaine à Dionewar et que je ne pouvais rien faire d’autre que rester
couchée. J’ai donc vécu un petit décalage par rapport aux autres membres du groupe. En effet,
ayant déjà eu un contact avec la population, ils connaissaient déjà les lieux de stage, avaient des
points de repère dans les villages et ils savaient déjà quelques mots de salutations pour pouvoir
communiquer en sérère avec les habitants. Au lieu vivre ces adaptations pendant la première
semaine de travail, je les ai vécues pendant la deuxième. Mais malgré cette semaine de retard, j’ai
très bien fonctionné pendant toute la durée du stage et ça n’a pas paru. J’ai été agréablement
surprise de la facilité avec laquelle je me suis acclimatée suite à cette semaine de retard. Par contre,
je dois dire que le groupe m’a grandement aidé en me préparant, par exemple, à la réalité des visites
à domicile.
Ce qui fut probablement la chose la plus dure à gérer, et aussi la plus fréquente, fut clairement le
manque d’organisation dans les villages, plus particulièrement celui de Dionewar. Effectivement,
malgré les efforts de Marie et de Mario, notre coordonnateur de stage, pour planifier les activités à
l’avance, c’était constamment à recommencer. Comme si jamais personne ne les avait informés.
Cela peut aussi être dû au fait que l’information ne semblait pas bien se rendre à toutes les
personnes concernées. Parfois, on se fiait à une personne pour passer le message au village, mais
elle ne le faisait pas et on se retrouvait à l’heure de l’activité sans aucune personne ressource. Il
fallait donc constamment s’adapter à chaque situation et surtout ne pas paniquer, car habituellement
après un énième appel aux personnes concernées, l’activité pouvait se dérouler comme convenu.
Chaque activité avait son lot de surprises et c’est probablement ce qui a fait en sorte que ce stage
fut aussi mémorable. On devait toujours être prêts à tout, car on ne savait jamais jusqu’à quel point
cela allait être désorganisé. Et croyez-moi, on était souvent surpris de la désorganisation! À chaque
fois qu’on se disait que ça ne pouvait pas être pire, ce l’était. Aussi, avec leur mentalité
« Inch’Allah » (si dieu le veut), nos populations cibles étaient souvent en retard (surtout les femmes
du centre des femmes). Si on planifiait le rendez-vous pour 10 h, il fallait s’attendre à ce qu’elles
soient là à 11h-11h30. C’est une belle mentalité qui fait en sorte que les gens ne sont pas stressés,
mais c’est difficile lorsqu’il est question d’organiser un stage dans lequel on a besoin de la
participation de la population.
Souvent lors du stage, j’ai senti que le mandat demandé par la population était au-delà de nos
compétences. En effet, les cas visités lors des visites à domicile étaient souvent tellement lourds
qu’on ne pouvait rien faire. C’était difficile d’accepter que nos compétences ne fussent pas encore
assez développées pour pouvoir vraiment répondre à leurs attentes. Il fallait donc parfois faire
comprendre aux patients et à leur famille que nous ne pouvions rien faire pour eux. Nos minces
compétences étaient assez contraignantes dans certaines situations.
Les patients avaient aussi une fascination pour l’huile à bébé du Dollorama et même si nous leur
expliquions qu’il n’y avait rien de thérapeutique dans cette huile, ils insistaient pour qu’on en
applique sur eux, car ils croyaient que cela allait les guérir miraculeusement. Cela faisait donc en
sorte que parfois, nos interprètes refusaient de dire aux patients que nous ne pouvions rien faire
pour eux et nous demandait de leur appliquer de l’huile quand même. Je me sentais mal de faire
ça, car j’avais vraiment l’impression de vendre du rêve et je n’aimais pas ça. Aussi, en refusant de
répondre aux demandes des interprètes, je me sentais comme une mauvaise personne qui ne voulait
pas aider la population. J’avais peur aussi que les interprètes pensent de moi que je n’étais pas
gentille et que je n’avais pas la santé des patients à cœur. Ce fut donc une problématique importante,
car il fallait en plus convaincre les interprètes que ce nous voulions faire était la meilleure décision
à prendre et que c’est comme ça que l’on allait réellement venir en aide aux citoyens. Cette situation
faisait remonter en moi des émotions qui me rendaient un peu plus directe, mais je finissais toujours
par faire comprendre mon point de vue aux interprètes et on finissait habituellement par s’entendre.
Quand nous n’avions pas d’interprète, il devenait très difficile de pouvoir bien communiquer, la
barrière de la langue étant très présente. Ce fut le cas une fois en particulier, comme les femmes
n’arrivaient pas pour notre atelier, nos interprètes étaient partis et les femmes essayaient de
communiquer avec nous lorsqu’elles sont finalement arrivées. On tentait tant bien que mal de se
comprendre en mimant, mais ce n’était vraiment pas optimal. Avec les enfants de la case des tout-
petits, la barrière était encore plus présente et il était extrêmement difficile de se faire comprendre.
Par chance, les éducatrices nous étaient d’une très grande aide et elle traduisait habituellement les
jeux aux enfants.
Une autre difficulté, bien que minime, fut de prendre des décisions et de tenir des rencontres dans
un groupe de 16 personnes. En effet, il devenait parfois ardu de garder le cap sur le sujet de la
réunion. 16 personnes qui parlent, c’est parfois difficile à gérer. Aussi, les déplacements et les
sorties de groupe étaient plutôt intenses. Malgré tout, on finissait toujours par s’arranger, se
comprendre et prendre les meilleures décisions qui soient.
Plusieurs adaptations ont dû être faites pendant la durée du séjour. Certaines étaient plus au niveau
du stage en tant que tel et d’autres plus personnelles. Ce n’est pas surprenant, considérant que
chaque voyage apporte son lot de dépaysement et c’est ce qui nous amène à nous adapter au
meilleur de nos capacités. Le fait de faire un stage dans un pays étranger, et surtout très différent
du nôtre comme le Sénégal, nous amène à adapter notre mode de vie au leur. En effet, fini la routine
et les habitudes, on doit maintenant essayer de faire en sorte de vivre comme eux le plus possible.
La nourriture est différente, il y a beaucoup plus de féculents, de gras et d’épices que dans mon
alimentation normale. D’ailleurs, la base de leur pyramide alimentaire est des féculents, donc
chaque repas contient soit du riz, des patates, des pâtes ou du pain. Manger à la sénégalaise, donc
tout le monde dans la même assiette, est aussi quelque chose avec laquelle il faut s’habituer. Leur
culture est aussi très différente de la nôtre. Les relations entre individus sont beaucoup plus
chaleureuses et communautaires que l’individualisme auquel on est habitué au Québec. Au début,
on était un peu gênés de saluer tout le monde dans la rue, mais à la fin du stage, la gêne était partie
et nous étions devenus des machines de salutations. Aussi, dans les villages, on ne retrouve pas de
voitures. Le moyen de transport est donc la traditionnelle charrette. Une bonne adaptation fut faite
à ce niveau-là, car les mentalités du respect des animaux sont très différentes. Les coups d’objets
divers ne sont pas rares sur les chevaux ou les ânes et il faut prendre sur soi et se dire que cela fait
partie de leur culture et que nous ne sommes pas là pour les juger, bien que cela puisse être très
choquant. Les Sénégalais sont aussi beaucoup plus relax que nous. Ils ne sont vraiment pas pressés,
ce qui faisait en sorte qu’ils étaient pas mal tout le temps en retard. Il a donc fallu adapter les heures
de travail pour concorder avec leur retard. Donc lorsqu’on leur disait d’arriver à une heure
quelconque, on s’attendait toujours à ce qu’ils arrivent avec environ 1h de retard. Leurs croyances
sont aussi différentes des nôtres, pour la plupart. La religion pratiquée est majoritairement
musulmane. La grande majorité de la population faisait donc plusieurs prières par jour et il a fallu
encore une fois adapter notre horaire de travail pour ne pas les déranger dans ces moments. Car,
même si on leur avait dit de se présenter pendant les heures de prières, ils ne seraient pas venus.
De plus, notre stage de coopération internationale concordait avec le déroulement du ramadan.
Pour faire un résumé, le ramadan est une période de célébration pendant lequel les croyants n’ont
ni le droit de manger ni le droit de boire entre le lever et le coucher du soleil. Cela faisait donc en
sorte que lorsque l’on donnait nos cours d’éducation physique au lycée, par exemple, les jeunes
étaient beaucoup plus faibles et fatigués. Il a donc fallu adapter nos plans de cours et nos activités
afin de faire en sorte que ce ne soit pas trop forçant pour les jeunes et qu’ils puissent y participer.
En effet, avec la température de plus en plus élevée au fil des jours de stage et le fait que les jeunes
ne buvaient pas d’eau, il fallait faire attention. Également, on devait constamment s’adapter à nos
lieux de stages qui n’étaient souvent pas très optimaux. Par exemple dans les poste et centre de
santé, on devait s’adapter selon le nombre de lits et de main-d’œuvre qu’on avait. On cherchait
toujours à être le plus optimal possible malgré tout et à faire en sorte que notre efficacité soit au
maximum.
Résultats obtenus, défis relevés, leçons tirées, bilan professionnel et personnel,
décodage interculturel, compétences acquises, etc.
Résultats obtenus
Au niveau des résultats obtenus, il est difficile de tous les quantifier au moment où j’écris ces
lignes. En effet, la grande majorité de notre travail sera remarquée à long terme et c’est ce que
visait notre stage. En donnant des conseils de postures ou de travail, on ne s’attend pas à ce que les
résultats apparaissent le lendemain. C’est un processus qui demande du temps et des efforts de la
part des patients. Je crois donc que nos résultats obtenus pourront plus être réalisés par de futurs
stagiaires en physiothérapie. Aussi, malgré le fait que l’on réussissait souvent à soulager
temporairement la douleur des patients avec des massages, on ne les voyait pas assez (souvent
seulement une seule fois) pour vraiment changer quelque chose et diminuer leur douleur. Par
contre, nous avons eu quelques rétroactions positives de patients qui revenaient nous voir après
une semaine pour nous dire qu’ils voyaient déjà une amélioration dans leur vie suite à nos conseils.
Donc, je crois vraiment qu’à long terme, nos actions réalisées auront des effets plus que positifs
pour les patients rencontrés. Au niveau des écoles, je crois que notre travail fut très apprécié et que
nous avons amené de nouveaux apprentissages aux étudiants. Au lycée, pendant les cours de
Sciences de la vie et de la terre, les étudiants étaient intéressés et posaient des questions, donc je
crois que de ce côté-là notre mission est réalisée. À l’école primaire, lors de la clinique sur la
promotion des saines habitudes de vie, les stagiaires présents ont eu une rétroaction très positive
de la part des élèves et même des enseignants qui ne savaient même pas que pour diminuer le risque
de propagation des bactéries, il fallait éternuer et/ou tousser dans le creux de leur coude. Également,
un énorme travail a été fait au centre des femmes de Niodior. Je n’ai malheureusement pas pu faire
partie de cette réalisation étant donné que j’étais assignée ailleurs, mais j’ai entendu dire que les
stagiaires avaient fait de l’excellent travail. En effet, ils ont apporté une nouvelle vision aux femmes
pour leur permettre d’optimiser leur travail, et ce, en évitant les blessures. Lorsque les stagiaires
sont retournés la semaine suivante pour faire un suivi, les femmes avaient déjà commencé à mettre
en application ce qui leur avait été dit. Elles sentaient également une différence dans la réalisation
de leur travail. Elles ressentaient moins de douleur et elles étaient plus productives. Les résultats
pour le centre des femmes de Niodior furent donc encore plus beaux que nous l’avions espéré. Par
contre, pour ce qui est du centre des femmes de Dionewar, il n’y avait plus d’électricité, donc leurs
installations n’étaient pas utilisées depuis maintenant 1 an. Nous avons essayé au meilleur de nos
compétences de leur donner des conseils afin d’améliorer le plus possible leurs conditions de travail
et ainsi diminuer le développement de leurs maux. Je crois que sommes toutes, nous avons obtenu
de bons résultats considérant le peu de compétences en physiothérapie que nous avions. Nous avons
su aider la population et leur laisser un bon bagage pour améliorer leurs conditions de santé à long
terme. De plus, j’estime que nous avons réussi, jusqu’à un certain point, à amener la population à
voir le système de santé d’un autre œil. Nous leur avons montré l’importance de consulter un
professionnel de la santé et je crois que petit à petit, ce changement de mentalité se taille une place
dans leur tête. Beaucoup de travail reste à faire à ce niveau, mais je crois que notre présence fut
positive, surtout auprès des jeunes, et qu’un vent de changement devrait s’opérer d’ici quelques
années de ce côté-là.
Défis relevés
Avec mon plus gros problème mentionné plus haut, vous ne serez pas surpris de lire que le plus
important défi que j’ai eu à relever fut sans l’ombre d’un doute d’avoir été malade. Pendant cette
semaine complète de maladie, j’ai passé par toute la gamme des émotions. Quant à moi, il n’y a
rien de pire que d’être malade à l’étranger. On dirait que chaque symptôme est amplifié et on pense
qu’on ne s’en sortira jamais. Honnêtement, je n’ai jamais été aussi malade de ma vie. Je ne voyais
pas le bout et j’avais l’impression que rien ne pourrait améliorer ma condition. Je passais
pratiquement toutes mes journées seule étant donné que les autres participaient aux diverses
activités prévues pendant la première semaine dans les villages. Donc en plus d’être malade, je
ratais plein de choses auxquelles j’avais vraiment hâte d’assister (comme la cérémonie d’accueil
au centre des femmes de Dionewar) puisque j’étais trop faible pour faire quoi que ce soit. J’étais
physiquement très basse et mon moral à commencer à chuter lui aussi. Je me sentais extrêmement
seule, loin de chez moi et de ma famille. L’envie de retourner au Québec m’envahissait de plus en
plus et je devais lutter contre les pensées négatives qui m’habitaient constamment. Je ne
comprenais également pas pourquoi j’étais autant affectée par le virus qui avait pourtant touché
d’autres membres du groupe, qui réussissaient à très bien fonctionner malgré tout. Je me trouvais
faible et j’en avais quasiment honte. Lorsque Marie et Mario m’ont fait part de leur décision de
m’amener à Dakar avec Marie, j’ai vu cela comme un changement d’air nécessaire. J’allais aller à
Dakar rencontrer des médecins et j’allais revenir en force au village. Pour moi, à ce moment-là, il
n’était pas question que je retourne au Québec et toutes les pensées qui m’étaient passées par la
tête à cet effet avaient disparu. Mon séjour à Dakar m’a vraiment fait du bien. Je ne pense pas que
j’aurais vécu une aussi belle expérience si j’étais restée enfermée dans ma chambre dans la villa
encore longtemps. Les médecins que j’ai rencontrés à Dakar m’ont rassurée et m’ont donné les
médicaments nécessaires à ma guérison. On peut donc dire que j’ai vécu un début de stage très
différent de celui vécu par les autres membres du groupe. Je crois par contre que c’est ce qui a fait
en sorte que j’ai pu encore plus profiter de mon voyage, et ce qui m’a permis de vivre une
expérience plus qu’inoubliable. Quand j’ai finalement su que je retournais au village et non au
Québec, j’étais extrêmement heureuse. J’ai donc vu mon retour dans les iles du Delta du Saloum
comme une deuxième chance. J’étais motivée plus que jamais et j’étais prête à donner mon 100 %
dans toutes les situations qui allaient se présenter à moi pendant le stage. Ma maladie allait me
rendre plus forte et cette semaine perdue n’allait pas me nuire. J’ai donc adopté une toute nouvelle
attitude quand je suis revenue. Ma semaine de retard n’a même pas paru. J’ai su m’intégrer au
groupe comme si je n’étais jamais partie et j’en suis très fière. Je ne m’attendais pas à vivre un tel
défi pendant le stage, mais je crois que j’ai su le relever avec brio malgré tout.
Un autre défi que j’ai eu à relever fut d’apprendre à vivre avec la mentalité « inch’Allah » qui règne
parmi les habitants des villages. Étant une personne très organisée à la base, j’ai eu beaucoup de
difficultés, tout au long du stage, à vraiment me laisser aller dans cette façon de penser. J’ai donc
dû apprendre à vivre avec les retards et la désorganisation jour après jour. Cette manière de faire
est ancrée dans la population et c’est ce qui en fait un peuple unique. Mes barrières sont tombées
petit à petit et au moment de quitter les iles, j’étais rendue habituée à vivre avec ce mode de pensée.
Je ne dis pas que je l’applique beaucoup dans mon quotidien au Québec, mais cela m’aura
certainement permis de me laisser un peu plus aller. Cette mentalité fut aussi un défi au niveau du
groupe, parce qu’on ne savait jamais à quelle heure les gens allaient arriver lors de nos activités, et
s’ils allaient venir. J’allais presque oublier de mentionner le plus gros défi que nous avons dû
relever, la barrière de la langue. Se faire comprendre quand on ne parle pas du tout la même langue
peut être assez ardu. Souvent, la population semblait parfois oublier que nous ne parlions pas et ne
comprenions pas le sérère, et ils essayaient de nous parler malgré tout. Cela créait des situations un
peu déplaisantes, car cela est vraiment désagréable de ne pas être en mesure de communiquer avec
quelqu’un et de ne pas comprendre ce qu’il essaie de nous dire. Dans certaines situations où les
interprètes n’étaient pas présents, on essayait tant bien que mal de se comprendre en faisant des
gestes. C’était assez surprenant de réaliser qu’on réussissait souvent à comprendre l’essentiel du
message sans qu’aucune parole ne soit prononcée. Aussi, les interprètes étaient d’une très grande
aide, mais il fallait quand même adapter notre langage. En effet, bien qu’ils parlaient et
comprenaient bien le français, nous avons un accent très prononcé et nous parlons souvent
rapidement, en prononçant mal les mots. Il fallait donc s’appliquer le plus possible dans ce que
nous disions afin de bien nous faire comprendre. Et surtout, il ne fallait pas se choquer parce que
notre interprète ne comprenait pas ce que l’on voulait dire et nous faisait répéter.
Leçons tirées
Je crois que la plus grande leçon que je peux tirer de cette expérience est que dans la vie, ce n’est
pas la richesse matérielle qui compte, mais bien la richesse humaine. Malgré leurs faibles avoirs,
les Sénégalais avaient toujours un sourire sur le visage. Ils étaient toujours prêts à aider les autres
et à donner. On vit tellement dans une société de consommation au Québec que ça m’a fait le plus
grand bien de voir de mes propres yeux la beauté d’un peuple heureux pour les bonnes raisons. Ils
se contentent du minimum contrairement à nous, mais ils sont dix fois plus heureux que nous le
sommes. On suppose souvent à tort que nous allons être plus heureux en achetant toujours plus,
mais on oublie que ce n’est pas ça, le vrai bonheur. Le vrai bonheur provient bien souvent de choses
qui ne s’achètent pas, comme les valeurs humaines, la famille et la richesse culturelle. Les
Sénégalais m’auront permis d’enfin comprendre cela. Leur immense générosité m’aura aussi
énormément marquée. Ils donnent sans compter et sans rien espérer en retour. De la vraie belle
générosité gratuite. Ils n’ont souvent que le strict minimum pour vivre, mais pourtant ils sont
toujours prêts à tout pour les autres. Aussi, à aucune reprise je n’ai vu quelqu’un s’apitoyer sur son
sort. On ne manque de rien au Québec, mais pourtant on trouve toujours le moyen de chialer. Notre
vie n’est jamais assez, on n’en a jamais assez, on en voudrait toujours plus. On ne réalise clairement
pas la chance que nous avons d’être venus au monde dans un pays comme le Québec qui a, par
exemple, un système de santé presque parfait. On tient tout pour acquis sans jamais s’arrêter un
instant pour réaliser tout ce que nous avons. Je suis tellement reconnaissante envers ce peuple de
m’avoir ouvert les yeux sur le vrai sens de la vie et du bonheur. Le peuple sénégalais m’aura sans
aucun doute marqué à tout jamais, et jamais je n’oublierai ces leçons de vie, toutes plus importantes
les unes que les autres, qu’ils m’auront offertes. Les Sénégalais sont tellement un exemple de force
et de résilience, c’est incroyable. Les femmes encore plus. Elles ont souvent des douleurs atroces,
mais elles continuent de travailler, de s’occuper de la maison, de leur mari et des enfants sans se
plaindre. Elles n’arrêtent jamais dans une journée, mais pourtant elles gardent le sourire et refusent
de se laisser abattre. C’est une belle leçon de détermination et de persévérance.
Bilan professionnel
Du côté professionnel, je crois que ce stage me permettra d’être une meilleure physiothérapeute
que je ne l’aurais été en restant au Québec. Ce genre d’expérience nous fait tellement grandir et
nous apporte un bagage vraiment enrichissant. J’ai acquis et développé beaucoup de compétences
et d’habiletés que je ne croyais pas posséder et cela va me suivre toute ma vie, j’en suis certaine.
Aussi, bien que nous ne fussions que de la main-d’œuvre pendant ce stage et que nous n’étions
clairement pas encore assez formés pour répondre à toutes les demandes de la population, nous
nous en sommes bien tirés. En effet, nous avons su aider la population avec le meilleur de nos
capacités et de nos compétences. Ce n’était pas toujours facile de réaliser que nous ne pouvions
pas en faire autant que l’on ne l’aurait souhaité, mais on réussissait malgré tout à avancer et à
toujours donner le meilleur de nous-mêmes. Nous avons accompli de belles choses dans les villages
de Dionewar et de Niodior. Par contre, nous étions la première cohorte de stagiaires à travailler
avec ces populations et il faut garder cela en tête. Il reste énormément de travail à faire dans ces
villages et j’espère sincèrement que nous aurons donné envie aux prochaines cohortes en
physiothérapie de s’impliquer dans ce merveilleux stage. Notre séjour en terre africaine était perçu
comme un projet pilote. C’était la première fois également que des stagiaires en physiothérapie de
l’Université du Québec à Chicoutimi venaient aider les populations du Sénégal. On ne pouvait
donc pas changer le monde pendant ces 35 jours, mais je crois quand même que nous avons bien
répondu à notre mandat de stage. Nous avons surtout, exploré et préparé le terrain pour les futurs
stagiaires et c’est quelque chose duquel nous devrions être fiers. Ce n’est pas toujours facile d’être
les premiers. Il y a beaucoup d’ajustements à faire, car les deux peuples apprennent peu à peu à
travailler ensemble dans le meilleur de leurs intérêts. Bien évidemment, j’aurais aimé en faire
encore plus pour les habitants de Dionewar et de Niodior. Par contre, il faut toujours se rappeler
que le travail d’un stagiaire consiste bien souvent à seulement mettre une brique dans la fondation
d’une maison. Notre travail est souvent minime, mais il fait quand même une différence et elle est
importante. Globalement, nous avons fait de l’excellent travail. Malgré nos compétences limitées,
nous avons su donner de judicieux conseils, présenter des cours plus que pertinents aux élèves des
Lycées, aider les femmes à optimiser leur travail tout en réduisant leurs risques de blessures et
diminuer temporairement la douleur d’une quantité importante de gens. Je suis aussi fière du recueil
que nous distribuerons dans le but d’aider encore plus la population. Nous avons fait preuve de
beaucoup de créativité. À l’avenir, je crois qu’il serait intéressant et utile de préparer les stagiaires
selon les cas présentés dans le recueil et de leur donner des conseils prédéparts plus axés sur la
physiothérapie. Ce serait vraiment plaisant que les futurs stagiaires puissent en faire encore plus,
cela aiderait grandement la population, j’en suis sûre. La demande sur le terrain est très présente.
Sommes toutes, je suis extrêmement fière de tout le travail que nous avons réalisé dans les villages.
Nous avons travaillé fort et mis beaucoup d’efforts afin que notre aide soit la meilleure possible.
Nous avons touché une grande partie de la population et offert des services diversifiés et pertinents.
Nous avons su établir un horaire de travail qui répondait le plus possible aux besoins de la
population et je crois que nous avons bien réussi notre mission. Je suis très fière d’avoir fait partie
de ce groupe formidable et de tout le travail que nous avons accompli.
Bilan personnel
D’un point de vue un peu plus personnel, ce stage m’aura certainement fait grandir en tant que
personne. J’en ai énormément appris sur moi-même lors de mon séjour et ces réalisations me
suivent encore dans ma vie de tous les jours. J’ai hésité longtemps à faire ce stage à cause de ma
peur de l’inconnu. Mais pourtant, aujourd’hui, je le referais n’importe quand. J’ai réalisé que je
pouvais accomplir tout ce que je voulais dans la vie et que rien ne pouvait m’arrêter. Je m’empêche
souvent d’accomplir des choses par peur de l’échec, mais au fond, j’ai vraiment la capacité pour
réussir tout ce que j’entreprends. Avec beaucoup de volonté, de détermination et de persévérance,
j’ai le pouvoir entre mes mains de faire tout ce que je désire. Ma confiance en moi s’est beaucoup
améliorée pendant le stage. Je trouve également que j’ai su prendre la place qui me revenait dans
le groupe, ce qui m’a permis de m’épanouir encore plus. Je suis vraiment fière de moi. Je trouve
que j’ai fait des interventions pertinentes pendant les ateliers et que j’ai su bien m’exprimer. Je
trouve aussi que j’ai donné de judicieux conseils pendant les nombreuses entrevues que j’ai
réalisées. Je suis aussi fière de la qualité des entrevues que j’ai fait passer et de ma proactivité dans
les moments où cela comptait vraiment. Le stage m’a aussi permis de réaliser beaucoup de choses
sur ma vie au Québec, ce qui me fait apprécier encore plus d’habiter ici. La mentalité « inch’Allah »
m’aura, contre toutes attentes, suivie dans mon quotidien du Québec. Je suis beaucoup moins
stressée et j’apprends également à être moins pressée et à apprécier davantage les petites choses de
la vie. Toutes les leçons que j’ai apprises et chaque moment beau comme moins beau que j’ai vécu
vont m’avoir changée pour toujours et auront fait de moi la personne que je suis aujourd’hui. C’était
la première fois que je participais à un stage de coopération internationale, et bien que j’aie
extrêmement apprécié l’expérience, j’ai découvert que j’étais beaucoup plus une fille de voyage de
plaisance. Je crois donc que mon côté humanitaire va être relégué au placard quelques années, mais
je ne pense pas qu’il ne ressortira plus jamais. En effet, j’en ai tellement appris sur moi-même
pendant le stage et j’ai tellement grandi en tant que personne que je ne crois pas que je ne revivrais
jamais une telle expérience dans ma vie. Ce genre de voyage sort de l’ordinaire, mais nous permet
de vivre des choses tellement extraordinaires. Je ne regretterai jamais d’avoir participé au stage de
coopération internationale au Sénégal 2017 en physiothérapie. Les centaines de souvenirs, de
moments inoubliables et les gens merveilleux que j’ai eu la chance de rencontrer sur ma route
m’auront marquée à jamais. Il n’y a pas une journée où je ne pense pas à l’expérience incroyable
que j’ai vécue et j’en parle avec fierté et nostalgie continuellement. Les Sénégalais sont un peuple
tellement riche de culture et de valeurs, ils m’auront énormément apporté en tant qu’individu.
Compétences acquises Je crois sans l’ombre d’un doute que ce stage m’aura permis de développer mes compétences en
communication. Les nombreuses entrevues réalisées auprès des patients m’auront certainement
donné des aptitudes qui me suivront tout au long de mes études et à long terme lors de ma carrière
professionnelle. Également, la plupart des entrevues étaient réalisées par l’entremise d’un
interprète. Le contact direct de la discussion entre patients et professionnels n’était donc pas là.
Souvent, l’entrevue en révèle beaucoup sur l’état psychologique et physique du patient, autant dans
les non-dits que dans la discussion elle-même. Par contre, dans la situation où un interprète est
présent, il devient difficile de savoir s’il nous donne véritablement toute l’information. Parfois, mes
interprètes répondaient carrément à la place des patients rencontrés. J’ai essayé donc tant bien que
mal de leur faire comprendre que la question ne s’adressait pas à eux, mais bien au patient et que
j’aimerais que ce soit ce dernier qui réponde. Mes habiletés dans la résolution de problèmes auront
aussi été développées. En effet, disons que l’organisation et la gestion à Dionewar manquaient
assez de structure. Aussi, avec leur mentalité du « Inch’Allah » (si dieu le veut), cela faisait en sorte
que les populations avec qui on travaillait, plus particulièrement les femmes du centre de produits
halieutiques, étaient constamment en retard. Il a donc fallu à de nombreuses reprises faire des
virages à 180 degrés pour animer nos séances puisque nous n’avions plus de temps. La
désorganisation faisait aussi en sorte que nous devions constamment trouver des solutions parce
que l’information ne s’était pas bien rendue. Notre capacité à s’adapter à chacune des situations
qui se présentaient à nous fut aussi développée. Peu importe le milieu ou la clientèle avec laquelle
nous travaillions, on réussissait toujours à donner le meilleur de nous-mêmes et à faire en sorte que
l’activité se déroule bien. C’est un très bon atout dans une carrière professionnelle d’avoir une
bonne capacité d’adaptation, car quand on ne sait jamais vraiment à quoi va ressembler notre
journée, il faut constamment être prêts à faire face à différentes situations, et je crois que le stage
nous aura permis de nous développer de ce côté-là. Aussi, notre empathie fut beaucoup sollicitée
dans le stage, nous avons donc pu la développer. En effet, les situations, les lieux et même les gens
rencontrés avaient parfois des conditions très difficiles, mais il fallait malgré tout rester empathique
et ne surtout pas tomber dans la pitié. Nos esprits critique et analytique furent aussi développés.
Effectivement, en passant les patients en entrevue, on devait constamment analyser les
informations fournies pour pouvoir donner des conseils et un traitement des plus adaptés à la
situation du patient. Il fallait donc réfléchir avec le meilleur de nos compétences afin d’aider le
patient.
Perspectives retour et réintégration, vulgarisation de votre expérience, projets
de conférence et partage.
Un stage en coopération internationale demande énormément de préparation et de travail. Il faut
s’attendre à y mettre beaucoup d’efforts et de temps. Dans mon cas, ma patience fut aussi sollicitée,
car étant anxieuse de nature, j’aime voir des résultats rapidement. Par contre, tous ces mois de
préparation en valent tellement la peine. Que ce soit à travers les campagnes de financement, les
nombreuses rencontres et les activités prédéparts, on travaille tranquillement à organiser ce qui sera
l’une des plus belles expériences de notre vie. Les mois avant notre départ sont donc remplis des
couleurs de notre stage à venir et cela ne fait qu’augmenter l’excitation que l’on ressent à l’idée de
participer à un tel projet. Au travers des activités, on réalise petit à petit l’expérience que l’on
s’apprête à vivre. Les multiples formations prédéparts furent très utiles et pertinentes dans mon
cas. Elles nous préparent bien à ce que l’on va vivre pendant notre séjour. C’est vrai que
l’expérience sur le terrain est toujours bien différente et qu’elle diffère beaucoup d’une personne à
l’autre, mais la base reste la même pour tout le monde. Nous avons eu la chance d’avoir six
rencontres prédéparts données par l’Université du Québec à Chicoutimi et le Centre de solidarité
internationale du Saguenay-Lac-Saint-Jean. La première rencontre s’intitulait, Destination Sénégal
et nous renseignait sur le déroulement général du stage ainsi que sur nos mandats. La deuxième
rencontre concernait la santé du voyageur et la troisième consistait en une initiation au monde de
la coopération internationale (bien pertinent considérant que la majorité d’entre nous n’avait jamais
fait de stage à l’étranger et que nous sommes des étudiants de physiothérapie et non de coopération
internationale). La quatrième rencontre fut sur la communication interculturelle et elle parlait en
gros de la rencontre de deux cultures, comment agir auprès de la population, ce que nous ne devions
surtout pas faire, etc. Aussi, elle nous renseignait sur le fameux choc culturel. Dans un contexte
comme celui dans lequel nous étions plongés, il est inévitable, quant à moi, de vivre un choc
culturel qu’il soit petit ou grand. C’est donc important d’y être bien préparé afin de savoir le
reconnaitre et d’ainsi pouvoir y faire face. La cinquième rencontre avait pour but de favoriser la
vie de groupe. Nous avons donc passé un 24h continu, tout le groupe ensemble. Nous avons fait de
nombreuses activités afin de nous connaitre davantage et de favoriser la cohésion de groupe. Étant
une personne très sociale, j’ai adoré cette activité de groupe. Par contre, j’ai aussi découvert que
j’avais besoin d’un petit moment pour moi dans une journée et que j’allais devoir m’accorder des
moments seule pendant le voyage, pour le bien de ma santé mentale. La dernière rencontre ne fut
pas présentée avant le départ dû à un manque de temps. Nous avons donc eu la chance de la vivre,
lors de notre avant-dernière soirée dans le village de Dionewar. La rencontre sur le processus du
retour fut sans l’ombre d’un doute ma préférée de toutes. J’ai vraiment apprécié la vivre à ce
moment-là du voyage, car c’était une réalité que nous allions vivre dans un avenir plus que
rapproché. Nous avons à tour de rôle présenté la vision de notre retour au Québec. Notre groupe
était très soudé à la fin du voyage par toutes les expériences que nous avions vécues ensemble. On
pouvait donc très bien se mettre à la place des autres et comprendre leur façon de percevoir leur
retour. Ce fut une dernière rencontre très agréable et je recommanderais à l’avenir qu’elle soit
toujours présentée à la fin du voyage comme nous l’avons vécu, car elle nous prépare encore plus
à notre retour. De plus, nous nous sentons encore plus concernés par le contenu de la réunion étant
donné que le choc de retour est quelque chose que l’on appréhende de plus en plus au fur et à
mesure que la fin de notre séjour à l’étranger approche. Pour ma part, j’ai vécu un drôle de choc de
retour. En effet, j’avais l’impression d’en vivre un, mais il ne ressemblait tellement en rien aux
chocs que j’avais vécus dans le passé et il n’était surtout pas aussi intense, donc je n’étais pas sûre
d’en vivre un. Pour mieux comprendre mon retour, voici un extrait un peu plus personnel de mon
évaluation de stage à la question « Avez-vous l’impression de vivre un choc de retour? »
« Je m’ennuie beaucoup de la vie que j’avais dans le village de Dionewar. Mais je crois que je me
sens surtout seule depuis mon retour et malgré le fait que mes amis du Québec sont là pour moi, je
m’isole souvent. Je ne sais pas pourquoi je fais ça, mais on dirait que c’est juste plus facile d’être
seule dans ma chambre que de devoir parler avec les autres. J’ai l’impression que même s’ils sont
intéressés à m’entendre parler de mon voyage, ils ne comprendront jamais tout ce que j’ai vécu. Je
m’ennuie énormément d’être avec le groupe et de toujours avoir quelque chose à faire. La
complicité que nous avions développée me manque. Je me sens parfois inutile depuis mon retour
et je n’aime pas ça. Sinon, je suis très heureuse d’avoir revu ma famille ».
Mes sentiments étaient très partagés à ce moment-là. Par contre, aujourd’hui, j’ai envie de parler
de mon voyage avec tout le monde. J’ai tellement vécu une expérience extraordinaire que j’ai envie
de le crier sur tous les toits. Ma solitude aussi va mieux, mais je m’ennuie toujours autant du groupe
et de Dionewar. Mais bon, pour ce dernier point, je crois que c’est un sentiment qui va m’habiter
encore très longtemps.
Il serait très facile de répondre que j’ai tout aimé de cette expérience plus qu’incroyable. Par contre,
si j’avais à mettre l’accent sur les points les plus marquants de mon séjour, je dirais que le groupe
est l’une des choses que j’ai le plus aimées. Au départ, je ne croyais pas être faite pour partir en
grand groupe, je me voyais plutôt comme un loup solitaire. Mais contre toutes attentes, le groupe
fut mon plus grand coup de cœur. Je me sentais à ma place parmi ces individus et j’ai adoré faire
face aux différents problèmes qui se présentaient sur notre route avec eux. Mon voyage n’aurait
clairement pas été aussi incroyable sans eux et ils auront contribué, à leur manière, à le rendre
unique. Un autre point que j’aimerais souligner et que j’ai particulièrement aimé est l’immense
générosité des Sénégalais. C’est un peuple si riche, accueillant et chaleureux, je ne m’attendais pas
à autant. De plus, leur reconnaissance valait sans aucun doute la réalisation de ce stage. Les
Sénégalais que j’ai eu la chance de côtoyer pendant mon séjour m’auront marquée à tout jamais et
je leur serai éternellement reconnaissante d’avoir été aussi généreux avec nous. Également, j’ai
adoré faire des entrevues lors de nos journées de stage. J’adorais communiquer avec les patients
rencontrés et en apprendre plus sur leur histoire de vie. J’ai aussi beaucoup aimé le contact direct
qu’on avait avec la population. La chose que j’ai le moins aimée du stage est probablement le fait
que j’avais souvent l’impression de vendre du rêve. En effet, les patients rencontrés pensaient
souvent que nous étions des magiciens qui allions faire disparaitre leur douleur en une simple
rencontre. Ils avaient beaucoup d’espoir en nous et j’avais parfois de la difficulté à l’accepter. Je
ne me considérais parfois pas à la hauteur pour répondre à leurs nombreux besoins. Il pourrait donc
être intéressant pour les futurs stagiaires que la population soit mieux informée de notre rôle en
tant que physiothérapeute (kinésithérapeute) pour qu’il n’y ait pas de confusion quant à la nature
de nos interventions. Nous ne sommes pas en mesure de faire beaucoup de choses encore en raison
de notre progression dans notre formation et des obligations légales de l’OPPQ. C’est d’ailleurs un
point qui m’a titillé lorsque j’ai entendu le résultat des évaluations de stage. Ils s’attendaient
tellement à plus de nous, mais bon, il faut être fiers du travail global que nous avons accompli et
se dire que le stage ne peut qu’aller en s’améliorant. Je recommanderais également d’apporter des
rencontres prédéparts supplémentaires axées sur la physiothérapie afin que les stagiaires soient
encore plus prêts à intervenir sur le terrain.
Il n’y a pas de projets de conférences sur la table, par contre, nous désirons que le stage se poursuive
et c’est pourquoi nous allons probablement partager notre expérience avec les différentes cohortes
du baccalauréat en Sciences de la réadaptation. Nous n’avons pas eu beaucoup de temps pour nous
préparer, considérant que le projet fut accepté en novembre et que nous sommes partis en mai. Il
serait donc intéressant de parler du stage dès la première année du programme pour que les
étudiants puissent mieux se préparer et ainsi faire plus de campagnes de financement. Une
exposition photo présentant nos meilleurs clichés sera aussi organisée à l’automne à Chicoutimi.
Ce sera une belle occasion de vivre une partie de notre expérience à travers des photos, puisque
comme le dit si bien le dicton, bien souvent, une image vaut mille mots. Nos rapports de stage
seront aussi mis à la disposition du public sur internet.
Conclusion
Pour finir, le stage en coopération internationale en physiothérapie 2017 au Sénégal aura été une
très belle expérience pour un projet pilote. Les nombreuses activités réalisées auprès des différentes
populations des villages de Dionewar et de Niodior auront été pertinentes et utiles. Beaucoup de
gens furent aidés à travers ces quelque trois semaines de stage et je crois que pour cette raison, on
peut dire « mission accomplie ». Le terrain fut également très bien préparé pour la venue de futurs
stagiaires en physiothérapie. La collaboration et la reconnaissance de la population me permettent
de croire qu’un partenariat à long terme peut être établi dans le but de les aider davantage.
J’encourage également chaque personne qui souhaite de vivre une telle expérience de se lancer
dans un tel projet et de ne pas avoir peur. C’est tellement unique et incroyable ce qu’un stage
comme celui-ci nous permet de vivre. Cela nous change tellement en tant que personne et nous
permet clairement de devenir meilleurs. En effet, cela ouvre nos horizons et nous permet d’avoir
une plus grande ouverture sur le monde. Je veux donc, pour finir, remercier l’Université du Québec
à Chicoutimi de m’avoir permis de vivre ce merveilleux stage de 35 jours au Sénégal.
Annexes
Photos
La villa 7, ma demeure à
Dionewar.
Claudia Lavoie, 2017
Le centre des femmes de Dionewar.
Claudia Lavoie, 2017
Citation percutante retrouvée sur les murs du lycée de Niodior.
Claudia Lavoie, 2017
Un lever de soleil
mémorable lors d’un départ
en pirogue vers Niodior.
Claudia Lavoie, 2017
La salle d’attente du centre de
santé de Niodior.
Claudia Lavoie, 2017
Le centre de santé de Niodior.
Claudia Lavoie, 2017
Journal de bord
8 mai 2017 : Canada
Jour du grand départ. À ce moment-là, beaucoup de stress m’envahissait. La peur de l’inconnu et
de l’immensité de l’expérience que j’allais vivre était aussi très présente. Vers 10h, nous prenons
le départ pour Montréal. J’ai d’ailleurs la chance d’avoir ma mère qui m’a reconduite à l’aéroport.
En raison des inondations touchant plusieurs régions du Québec, la route de La Tuque est fermée.
Nous devons donc faire un détour vers le parc des Laurentides pour nous rendre à Montréal. Vers
15h40, nous arrivons chez mon frère à Montréal. Dernier souper en terre québécoise au Boston
Pizza avec ma mère et mon frère. Départ de notre vol en direction de Casablanca autour de 22h20.
Notre compagnie aérienne est la Royal Air Maroc et l’avion est vraiment beau. Pour faire un résumé
de ce premier vol, j’ai beaucoup trop mangé et je n’ai clairement pas assez dormi.
9 mai 2017 : Casablanca/Dakar
Atterrissage à l’aéroport de Casablanca, pratiquement verts tellement nous étions fatigués.
L’aéroport est très charmant. Par contre, devant chaque salle de bain, il y a une femme (que j’ai
affectueusement surnommée la police des toilettes) qui attend et j’ai trouvé cela très étrange.
Autour de 13h20, départ pour Dakar dans un avion beaucoup moins excitant que celui du premier
vol. 15h40 (heure de Dakar), arrivée en sol Sénégalais. Nous sommes accueillis par des policiers
intimidants et tellement bêtes. Cela en est presque épeurant. Beaucoup de paperasses plus tard,
nous pouvons finalement sortir de l’aéroport. En sortant, j’ai ressenti un immense soulagement en
apercevant un visage familier qui nous attendait, soit celui de Marie. Après avoir passé de
nombreuses heures à l’air climatisé, la chaleur à l’extérieur était très intense. Premier choc, la
conduite automobile des Africains. Les gens roulent vite, se coupent sans arrêt, freinent sans crier
gare, c’est hallucinant. En plus, il y a tellement d’autos, c’est fou. Et le pire, c’est qu’il y a autant
de belles autos, que je pourrais avoir au Québec, que d’autos toutes rapiécées et maganées. Après
être allés porter nos valises à l’Auberge Maam Samba, nous nous sommes dirigés vers la plage.
L’océan était magnifique et la plage était bondée de Sénégalais. Ces derniers nous prenaient
d’ailleurs en photo et nous filmaient. Quand même cocasse comme situation, étant donné que
c’était nous les touristes. Marie-Anne s’est aussi fait demander en mariage par un Africain et cela
nous a fait réaliser qu’il ne faut pas avoir peur d’imposer nos limites et de dire non. Après l’océan,
nous sommes allés manger chez Ali Baba. Le serveur était vraiment sympathique au début, mais
quand fut le temps de payer, ce fut vraiment moins drôle et compliqué. Il faut dire qu’ils ne doivent
pas être habitués à recevoir un groupe de 18 personnes dans leur restaurant. À la fin de la journée,
nous étions épuisés. Ça parait quand on ne dort pas de la nuit, disons. J’étais contente d’avoir le
WiFi à l’auberge pour pouvoir communiquer avec ma famille. Finalement, la douche et le dodo
furent merveilleux.
Chez Ali Baba, j’ai mangé un Chawarma poulet royal. Il y avait des cornichons, des frites,
du fromage qui ressemblait à de l’œuf, de l’œuf et du poulet. Drôle de combinaison, mais
étrangement c’était très bon.
Une des premières choses que nous avons vues à notre arrivée à Dakar est une chèvre
attachée par les quatre pattes, couchée dans un stationnement. Un bon choc, disons.
10 mai 2017 : Dakar
Pour déjeuner, on nous a servi, à l’auberge, des morceaux de pain baguette avec de la confiture.
Pas trop dépaysant comparé aux toasts du Québec. Par contre, en me réveillant, je n’allais pas
vraiment, j’étais angoissée et j’ai finalement éclaté en sanglots devant tout le groupe. Marie a pris
le temps de me rassurer. Honnêtement, malgré la gêne d’avoir été vulnérable devant tout le monde,
cela m’a vraiment fait du bien et mon stress est comme tombé. J’ai donc passé une très belle journée
et j’ai pu profiter de chaque instant. Après le déjeuner, nous sommes partis en direction du
Monument de la Renaissance Africaine. Wow, c’est tellement beau et immense. Mais c’est encore
plus incroyable lorsque l’on connait l’histoire et la signification de ce monument. Les Sénégalais
ont entièrement assumé le cout de la construction, soit 30 millions. La main-d’œuvre était nord-
coréenne, mais ils n’adhèrent pas aux valeurs de ce pays et ils n’y sont nullement affiliés. L’homme,
la femme et l’enfant sont anonymes pour que les gens puissent s’y identifier. Le monument pèse
7000 tonnes, mesure 52 mètres (chaque mètre représente l’un des 52 pays africains). L’enfant
pointe la statue de la Liberté et la femme pointe vers le bas pour représenter l’esclavage. Elle est
située au-dessus de 198 marches, qui représentent les 198 pays membres de l’Organisation des
Nations Unies.
Ensuite, nous sommes allés diner dans un restaurant assez riche, le Uno. Fait cocasse, les gens
fument la cigarette et la shisha à l’intérieur du restaurant. Le restaurant surplombait l’océan et
c’était magnifique comme vue. Par la suite, nous avons essayé de sortir de l’argent dans le centre-
ville de Dakar, mais les banques ferment à 16h30 et nous sommes arrivés trop tard. Nous avons
donc continué notre chemin en direction des marchés… Pour vrai, c’est tellement achalandé. En
plus, il fait chaud et la plupart des gens viennent te solliciter ou te vendre des choses. La rue des
fruits que nous avons empruntée n’était pas vraiment une expérience agréable. Ça sentait mauvais
et les gens étaient bizarres. Je n’ai pas aimé cette expérience. Nous sommes allés reprendre nos
esprits à l’institut français et cela a vraiment fait du bien. Nous avons finalement quitté le centre-
ville pour nous diriger vers la Corniche et nous avons pris le temps de relaxer et de prendre des
photos de l’océan. Les gens ici s’entrainent beaucoup, à la fin de leur journée de travail, ils courent
et s’entrainent dans les gyms extérieurs sur le bord de l’océan. C’est vraiment beau à voir. Souper
dans un petit restaurant sur le bord de l’océan et où la spécialité est le poisson, mais où j’ai mangé
une crêpe au Nutella…
Retour à l’auberge à pied à 22h. Une petite marche d’environ une heure bien agréable. Nous attirons
tellement l’attention lorsque l’on se déplace, c’est fou. Au marché, les gens n’arrêtaient pas de
dire : les Français déménagent.
Au monument, nous avons chanté l’hymne national du Canada.
11 mai 2017 : Dakar
Après le traditionnel pain baguette et confiture de bissap, nous voilà en route pour l’Université de
Dakar. Visite de la bibliothèque, qui fut construite par une entreprise québécoise, donc elle est
vraiment sur le même modèle que nos bibliothèques du Québec. Il y a 85 000 étudiants inscrits à
l’université. C’est gratuit et il y a des contingents, comme au Québec, dans certains programmes.
Il y a un partenariat avec l’Université de Bordeaux.
Ensuite, visite du Centre National d’Appareillage orthopédique (CNAO). Visite de la clinique de
kinésithérapie avec un kinésithérapeute. Le centre est très beau, ils construisent eux-mêmes leurs
appareils grâce à leur menuisier. Dans une journée, ils peuvent passer jusqu’à 100 patients, et ce
pour 8 kinésithérapeutes. C’est également le seul centre de rééducation périnéal du pays. D’ailleurs,
c’est de moins en moins tabou de recourir à ce service, un peu comme au Québec. Dans la clinique,
on peut apercevoir une cage de poulie thérapie dans laquelle il y a des sangles et cordes qu’on
attache aux membres des patients pour favoriser l’augmentation du ROM (amplitude de
mouvement). Ils traitent aussi les patients avec la lumière infrarouge pour traiter les contractures
musculaires. Dans la clinique, il y a également une salle pour traiter les enfants atteints de paralysie
cérébrale. Lors de notre visite, il y a avait un enfant âgé de 3 ans, atteint de la pathologie, que notre
kinésithérapeute suivait. Depuis trois semaines, l’enfant était capable de s’assoir et de lever le bras
droit.
Après la visite au CNAO, nous sommes allés diner à l’Université où on nous a servi un repas
typiquement sénégalais, un thiéboudienne. Le plat est composé de poissons, de légumes, de riz et
d’épices. C’était excellent, mais tellement épicé, ouf! Direction bureau national du Québec, au
Sénégal, où nous avons rencontré Mathieu Tremblay qui s’occupe des relations internationales.
Rencontre très intéressante où nous en avons beaucoup appris sur le rôle que joue le Québec au
Sénégal. La vue du bureau était aussi incroyable. Ensuite, visite de la fabrique de Sandaga. Wow,
quelle folle expérience? Le commerçant nous a séparés en groupe de 3, puis il nous a montré chaque
chose dans la fabrique (sans exagérer). À l’intérieur, il faisait chaud et je commençais à devenir
claustrophobe, mais quand nous sommes montés au deuxième étage, c’était mieux. Les gens étaient
très gentils, mais un peu intenses. D’ailleurs, un des hommes a fait un paréo à Émilie et notre guide
a dit : « un paréo c’est pratique pour un gars quand la fille porte ça, c’est beaucoup plus rapide à
enlever pour coucher avec ». Je me suis acheté un foulard et j’ai réalisé ma première expérience de
négociations, qui s’est très bien passée. De retour dans la rue pour attendre le groupe, on se faisait
achaler sans bon sens pour acheter toutes sortes de choses. Finalement, achat de pantalons. Pour
retourner à Maam Samba, j’ai embarqué dans le pire taxi (j’exagère à peine); la fenêtre arrière était
soutenue par du tape, ça sentait le vinaigre, les portes ne fermaient pas et c’était sale. Soirée relax
dans ma chambre où j’ai mangé du chocolat pour souper.
12 mai 2017 : Dakar
Visite à la résidence de l’Ambassadeur du Canada au Sénégal. En arrivant, on nous a servi des
boissons fraiches pour nous désaltérer. Déjà là, nous étions très impressionnés. La résidence est
vraiment de toute beauté, wow! Le plafond de la salle à manger, où nous avons tenu notre entretien,
était tout simplement incroyable. Nous avons rencontré, entre autres, la chargée de projet de
l’ambassadeur, qui est comme son bras droit et qui la représente lorsqu’elle est absente. Nous avons
eu une grosse discussion sur le rôle du Canada au Sénégal. En gros, la mission du Canada est le
développement économique, la coopération internationale, l’aide de la gestion des fonds publics,
la mise en avant-plan de la femme et de l’enfant dans le développement et l’environnement. Le
Canada donne de l’argent au pays sous forme d’appui général dans lequel le Sénégal doit répondre
à des objectifs pour avoir les fonds. Aussi, le Canada est présentement coprésident du G20 au
Sénégal et il est l’un des plus grands donateurs. Pendant la rencontre, de petites collations nous ont
été servies. On se sentait quand même importants. Après, nous avons pris une photo de groupe dans
la cour arrière de la résidence et nous avons poursuivi la conversation avec nos hôtes. Dans la cour,
il y avait même des arbres à fruit (citrons, mangues, oranges et pamplemousses).
S’en est suivi un diner au restaurant le Relai. Après nous être perdus en taxi, nous avons finalement
trouvé l’endroit. Au premier abord, le restaurant était beau et il surplombait l’océan. Par contre, le
service était tellement mauvais et ç’a été tellement long avant d’être servis (pratiquement 2h30).
La prochaine mission était de faire changer nos billets de 10 000 FCFA en plus petite coupure.
Nous avons essayé toute la journée, passant de banque en banque, mais nous n’avons pas pu
changer tout notre argent. Arrêt au Casino, qui est un magasin à grande surface, pour acheter les
derniers trucs manquants avant notre départ pour le village. Vers 19h, nous avions rendez-vous
avec Marie à l’hôtel le Virage. La marche pour se rendre se voulait d’un kilomètre, mais elle fut
clairement plus longue que ça. Heureusement, il faisait beau soleil, donc ce ne fut pas trop pénible.
Le restaurant où nous avions notre réunion de groupe servait de la crème glacée et je n’ai pas pu
résister à la coupe glacée spécial Oreo. C’était si bon. Très belle réunion de groupe où nous avons
discuté de notre départ et de nos impressions par rapport à Dakar. Arrêt à la Brioche dorée sur le
chemin du retour. J’ai acheté un petit croissant jambon, béchamel et fromage que j’ai dégusté à
l’auberge. Pendant la soirée, nous avons joué au loup-garou.
Il y avait une fête au restaurant le Relai et Marie a demandé aux Africains présents de
chanter bonne fête à Audrey dans leur langue et c’était génial.
13 mai 2017 : Dakar/Dionewar
Jour du grand départ pour Dionewar. On apprend en se levant que Marie-Anne a été malade toute
la nuit. Le médecin est appelé. Le diagnostic est qu’elle a une gastro bactérienne donc il y a peu de
risque qu’elle le partage à tout le monde. Comme moyen de transport, nous avons une espèce de
mini fourgonnette avec un rack en haut où on a mis les valises. On avait vraiment l’air touristes à
ce moment-là. Je me suis assise dans la rangée derrière le chauffeur pour éviter d’avoir le mal des
transports. Honnêtement, il n’y avait tellement pas d’espace entre les bancs que je n’avais
quasiment pas de place pour mettre mes jambes. Nous sommes allés attendre Marie à Pikine et
nous avons joué à des jeux en l’attendant. L’autoroute est très belle, mais elle est malheureusement
sous-utilisée étant donné les postes de péage. Sur la route, on peut aussi apercevoir le nouvel
aéroport dont l’ouverture est prévue pour décembre 2017. Le but de ce nouvel emplacement loin
de la ville est de désengorger Dakar. Sur la route jusqu’à Djifer, on aperçoit de nombreux Baobabs
et des animaux de toutes sortes (ânes, vaches, chèvres, poules). En chemin, on s’arrête à un petit
marché sur le bord de la route. Quelques personnes du groupe décident d’acheter des mangues. J’ai
acheté des noix de cajous et c’était très bon. Il fait très chaud à cet endroit et je commence
rapidement à ne plus me sentir bien. On s’arrête à un restaurant à Saly sur le bord de l’océan et
l’odeur d’algues était terrible. Je parle de mon malaise à Marie les larmes aux yeux et elle m’invite
dans son automobile. Nous allons finalement manger au restaurant chez Marie. Mes pâtes
carbonara étaient excellentes, mais je n’avais pas vraiment d’appétit. Je me rassois dans
l’automobile de Marie pour le reste du trajet jusqu’à Djifer. Pendant le trajet, je ne me sentais
vraiment pas bien et j’avais très froid. Je frissonnais même dehors et il faisait environ 30 degrés.
Arrivés à Djifer, nous prenons la pirogue jusqu’à Dionewar. Le trajet s’est bien passé. Notre villa
est très belle, mais je n’ai pas vraiment le temps de l’observer puisque je me couche en arrivant.
14 mai 2017 : Dionewar
J’ai passé la pire nuit de toute ma vie. J’ai dû me lever 3 fois pour aller aux toilettes. Je ne sais
vraiment plus quoi faire pour améliorer mon état. Je tremble en me recouchant. J’assume donc que
je fais probablement de la température. Je réussis malgré tout à me rendormir et je me réveille
autour de 10h30. En me levant, je parle de ma nuit à Marie et elle appelle un médecin. L’infirmier
du village étant parti dans un séminaire, on rejoint celui de Niodior. Verdict, nous allons aller en
charrette jusqu’au poste de santé de Dionewar et si personne ne peut m’aider à cet endroit, nous
irons à celui de Niodior. Je suis vraiment faible et j’ai de la difficulté à me tenir debout, c’est donc
péniblement que je réussis à monter sur la charrette. Le chauffeur commence alors à frapper son
cheval qui ne coopère pas et le cheval se met à capoter. Marie-Anne (qui a toujours la gastro) et
moi prenons peur et nous descendons de la charrette. On monte sur une autre charrette qui ne va
pas très vite et c’est parfait comme ça, considérant mon état. Nous passons par les champs et c’est
tellement beau. Il y a plein d’animaux et un petit lac. Wow! On s’arrête au centre de transformation
des produits halieutiques, où les autres se rencontrent pour l’accueil au village. On nous offre de la
glace et c’est merveilleux. Une dame qui voit mon état lamentable commence à me masser le ventre
en me faisant des incantations de guérison. Après ce petit arrêt de quelques minutes, on remonte
en charrette en direction du poste de santé. Arrivés là-bas, on nous dit qu’une infirmière est en
route. On nous installe donc, Marie-Anne et moi, dans une chambre et on s’endort. L’infirmière
arrive et nous fait une consultation puis nous donne des médicaments. Elle ne nous charge aucuns
frais pour les médicaments et la consultation. Tellement généreux de sa part. On repart en charrette
cette fois en passant par le bord de l’océan, puisque le soir, la marée est basse. C’est tellement
beau! On aperçoit même Djifer au loin. Je me couche en arrivant. J’essaie de manger un peu à
cause des médicaments, mais c’est très difficile.
Des petites filles sont venues nous tendre la main lorsque nous étions en charrette.
On rappelle le médecin que Marie-Anne a consulté à Dakar et on apprend que l’un des
médicaments que l’infirmière m’a donnés est proscrit lors de la diarrhée, car cela en cause
davantage. Vraiment génial, considérant que je venais de prendre ledit médicament…
Mon nom sénégalais est Ndeye Sarr
15 mai 2017 : Dionewar
Encore une nuit difficile où j’ai dû me lever à plusieurs reprises pour aller aux toilettes. En me
levant, j’ai des crampes terribles et j’ai vraiment mal au cœur. Je ne me sens encore vraiment pas
bien. Je réussis à manger un peu de soupe pour déjeuner, mais c’est tout. Je passe la journée couchée
à cause des crampes. Fatou (notre hébergeuse) essaie de prendre soin de moi (comme Dany me le
dira plus tard, je me suis fait une deuxième mère au Sénégal). J’essaie de boire comme je peux,
mais c’est très difficile étant donné que l’eau a un drôle de gout. J’ai l’impression que rien ne
m’aide et que rien ne pourrait diminuer mon mal. À la fin de l’après-midi, mon moral est au plus
bas. Les gens du groupe arrivent de leur journée et Marie et Mario viennent me rencontrer. Ils me
relisent ma lettre de motivation et mon C.V. et ça me fait réaliser que mes intentions sont bonnes
et que j’ai ma place ici. Mes pensées de désir de partir que j’avais eues dans ma solitude de la
journée sont maintenant disparues. Ils m’ont aussi fait comprendre que si mon état ne s’améliorait
pas d’ici mercredi soir, j’allais devoir quitter Dionewar avec Marie et signer un formulaire de
consentement. Nous avons ensuite appelé le Dr Diop de S.O.S médecin, qui avait traité Marie-
Anne à Dakar. Il a pris le temps de me faire une consultation par téléphone. Il m’a dit que je devais
prendre l’antispasmodique deux comprimés, 3 fois par jour au lieu d’un comprimé le matin et un
le soir comme m’avait dit l’infirmière du poste de santé. La conversation avec le médecin m’a
vraiment rassurée. Il est très compétent et on se sent entre de bonnes mains lorsque l’on parle avec
lui. Ensuite, nous avons rappelé mes parents pour les rassurer, car ils étaient très inquiets. Puis, je
suis sortie dire un petit coucou au groupe qui tenait une réunion à notre villa. J’ai réussi à marcher
jusqu’à la plage et ça m’a fait du bien. Par contre, je suis tellement faible, je ne m’alimente pas
assez et j’ai de la difficulté à me tenir debout. Je m’assois un peu avec les gens pour écouter la
réunion, mais j’ai trop mal au ventre et je retourne m’étendre (seule position où les douleurs sont
diminuées). Au souper, je réussis à manger de la soupe et je retrouve un peu de mon énergie perdue.
Je participe activement aux conversations, je fais des blagues et je ris.
16 mai 2017 : Dionewar
Cette nuit, je me suis levée beaucoup moins souvent que la nuit d’avant pour aller aux toilettes,
belle amélioration. Je n’ai pas eu de crampes et j’ai pu dormir dans d’autres positions que couchée
sur le dos, les jambes allongées (seule position où je n’avais pas de crampes). Ce matin, le moral
allait bien, mais j’avais vraiment mal à l’estomac (bon, une autre affaire). J’ai mangé une pomme
et du pain pour déjeuner et je suis retournée me coucher. Lorsque je me suis réveillée, Fatou m’a
fait une omelette et c’était très bon. Nous sommes ensuite allées prendre une marche jusqu’à
l’océan et nous avons discuté un petit peu en longeant le rivage. Après la marche, nous sommes
allées chez Ibou, qui est le boutiquier. Il y avait plusieurs hommes assis devant le commerce et
nous avons parlé avec eux. Fatou m’a montré des pantalons et des chapeaux et nous avons beaucoup
ri à cause d’une espèce de paire de pantalons affreuse, à la fourche très basse. J’ai finalement acheté
des pantalons vraiment beaux et je suis retournée à la villa. Je vais mieux, mais je suis encore très
faible. En revenant, j’ai relaxé en lisant un livre et en écrivant un petit peu dans mon journal. Quand
les gens sont revenus du village, je suis allée m’assoir avec eux. Nous avons fait un coup de
cœur/coup de masse, puis le groupe a présenté ce dont ils avaient discuté hier avec Marie pour
qu’ils puissent ajuster l’horaire en fonction des priorités choisies. Finalement, j’avais mal au ventre,
donc je suis allée m’étendre. Pour souper, Fatou nous a fait une omelette aux patates et c’était
incroyablement bon. Mon premier vrai souper avec les filles, j’étais vraiment contente.
Malheureusement, j’ai probablement trop mangé et j’ai recommencé à avoir mal au ventre… Le
reste de la soirée fut tranquille. J’ai assisté à un tournoi de lutte inter pays africains à Dakar à la
télévision. C’est quand même passionnant.
J’ai appelé ma pharmacienne, car j’étais inquiète à cause de mon mal d’estomac et elle m’a
rassurée.
J’ai parlé avec Fatou de sa vie et j’ai trouvé cela vraiment plaisant d’en apprendre plus sur
elle.
Je suis allée avec les autres chez Sita et en revenant, j’ai vu un immense iguane, j’ai failli
mourir tellement j’ai fait le saut. Ibou est venu me reconduire à la villa, car j’avais trop
peur. J’étais tellement essoufflée en revenant, on aurait dit que j’avais couru 10 km.
17 mai 2017 : Dionewar
J’ai dormi toute la nuit sans me lever une seule fois pour aller aux toilettes! Pour déjeuner, j’ai
mangé mon premier morceau de pain avec du beurre de peanuts et c’était incroyable. J’ai aussi
participé à l’activité de groupe aujourd’hui, ma première au village. Je suis montée à charrette
puisque j’aurais été incapable de me rendre à la marche. Nous nous sommes arrêtés à la case des
tout-petits. Les enfants étaient tellement mignons, je n’en reviens pas. Ils voulaient tous qu’on leur
prenne la main, c’était adorable. La directrice nous a expliqué que pour fréquenter les lieux, les
parents des enfants devaient remettre l’équivalent de 3 $ canadiens par mois. Mais, malgré le faible
cout, certains parents n’arrivent pas à payer. Aussi, la directrice a passé 4 ans à enseigner
gratuitement puisqu’il n’y avait pas de fonds pour payer ses services. Les éducatrices font beaucoup
plus qu’enseigner, elles achètent de l’eau et des collations et elles font même du lavage. Il y a 3
groupes d’enfants, séparés en petite, grande et moyenne sections, qui partagent la case. Ils sont
d’ailleurs tous dans la même pièce. Ils ont étonnamment quand même beaucoup de matériel (jeux,
cahiers, etc.). Il y a même une balançoire dans la cour. Par contre, il y avait aussi un tas de bouteilles
de vitres dans un coin de la cour, ce qui est assez dangereux considérant qu’elles sont à la portée
des enfants.
Après la visite à la case des tout-petits, nous nous sommes dirigés, à pied, vers le foyer des jeunes.
Sur notre chemin, nous nous arrêtions pour saluer les personnes âgées, ce qu’il est très important
de faire dans le village. On croisait des enfants sur la route et ils venaient tous nous serrer la main
ou marcher avec nous. Les gens sont vraiment accueillants et chaleureux. Malheureusement, je ne
pouvais pas vraiment en profiter, car j’avais extrêmement mal au ventre et j’étais encore faible.
Arrivée là-bas, Marie m’a assise dans les escaliers à l’extérieur du bâtiment. Le but de la visite était
de potentiellement utiliser l’endroit pour nos cliniques jeunesse du samedi matin. La cour peut être
utilisée, mais pas le bâtiment. Bien qu’il soit récent, il n’a pas été entretenu, ça sentait mauvais et
c’était sale à l’intérieur. Finalement, nous sommes repartis en charrette. Première fois que le cheval
allait aussi vite, je pense. D’ailleurs nous avons eu un accident avec un âne et ce n’était pas très
trippant.
Pour diner, nous avons mangé un mafé (riz, viande, arachides) et c’était excellent. Pour le reste de
l’après-midi, le groupe est venu nous rejoindre à la villa et nous avons travaillé sur la planification
de l’horaire de stage. Ce fut laborieux et long, mais nous en sommes finalement arrivés à quelque
chose de pas si mal. Après, nous sommes allés chez Mama Lamine pour prendre une photo de
groupe avec le village en arrière-plan. Nous avons rediscuté de l’horaire du stage et nous avons
pris le chemin du retour. C’est si beau marcher sur le bord de l’océan, j’adore cela.
Pour souper, Fatou nous a fait des spaghettis bolognaise. Wow, c’était si bon! Plus tard dans la
soirée, Marie est venue me chercher puisqu’elle et Mario parlaient au téléphone avec ma mère. Il
est convenu que demain, je partirai à Dakar avec Marie pour que je rencontre un médecin et que
mon état soit réévalué samedi. Puis, la décision de me renvoyer au Québec ou me retourner à
Dionewar sera prise. Quand je suis redescendue, les filles étaient dans ma chambre et elles étaient
très tristes. J’ai essayé de les rassurer du mieux que je le pouvais, mais c’était difficile. Finalement,
tout le monde a repris ses esprits et nous avons passé le reste de la soirée à rire, jouer aux cartes et
manger.
Une dame est décédée au village pendant la journée. L’activité du lendemain est donc
annulée, car la cérémonie funèbre sera à ce moment-là et lors d’un décès, la population se
mobilise.
18 mai 2017 : Dionewar/Dakar
Aujourd’hui, je quitte Dionewar pour Dakar. Je suis quand même triste, car même si j’ai confiance
de revenir au village, j’ai aussi conscience que je risque de retourner au Québec. Je finalise mes
bagages et j’annonce mon départ au groupe et à Fatou. Ils sont tous très gentils et me souhaitent de
revenir en forme. Je vais payer ma dette à Ibou, puis c’est le départ pour Djifer en pirogue. Cette
fois, l’embarcation est beaucoup plus petite qu’à mon arrivée et il y a énormément de vagues.
C’était quand même très plaisant puisque j’adore l’eau. Arrivées à Djifer, nous sommes montées à
bord de la Mazda tribute de Marie et nous sommes parties en direction de Dakar. La route était très
belle, mais les gens conduisent tellement mal, je capote à chaque fois. En plus, les autos doivent
partager la route avec des charrettes, donc ça ne devient pas très évident de conduire. Il faut
constamment être alerte puisqu’on ne sait jamais quand une moto va nous couper le chemin.
Également, il n’y a pas vraiment de signalisation, donc avoir un bon sens de l’orientation est très
important. En chemin, nous nous sommes arrêtées dans un marché sur le bord de la route. Marie y
a acheté un pagne (couverture) et des morceaux de fruits de baobab. Ça ressemble comme à des
morceaux de coconut. Ils font tremper cela avec des fleurs d’hibiscus pour faire un jus. Nous avons
ensuite repris notre route. Dernier arrêt pour acheter du petit lait (consistance d’un yaourt) de vache,
les Africains peuvent en boire, mais moi, c’est à éviter.
En arrivant à Dakar, nous sommes allées chercher la sœur et la mère de Marie, puis nous sommes
allées à la clinique médicale. La clinique semblait un peu à l’abandon et c’était sale, mais le
médecin semblait compétent. Il a pris ma pression d’une drôle de manière (bras en hyper extension)
comparée à la procédure du Québec et elle était de 95/62, ce qui est assez faible. Il m’a posé des
questions et il m’a auscultée. La table d’examen était recouverte d’un matelas et d’un drap tout
sale. Honnêtement, ça devait faire minimum un an que le drap n’avait pas été changé. Il m’a ensuite
donné une prescription et il voulait me mettre sur le soluté étant donné que j’étais déshydratée.
Marie a refusé, car en Afrique on ne se fait pas piquer partout et que cette clinique n’était pas
recommandée par l’ambassade du Canada. Nous sommes, par la suite, allées chercher les
médicaments prescrits à la pharmacie. J’ai demandé à la pharmacienne de m’expliquer les
médicaments, mais elle ne comprenait pas ce que je voulais dire à cause de mon accent. Finalement,
nous avons réussi à nous entendre. Le médecin voulait me donner des médicaments contre les
vers… j’ai refusé catégoriquement puisque je ne voyais pas le lien.
En arrivant chez Marie, les gens ont débarqué mes valises. Marie habite dans une habitation
purement sénégalaise. En effet, elle et sa famille habitent dans un bloc apparemment et chaque
famille possède son étage. Chaque étage est aménagé selon les besoins de chaque famille. Marie
habite le quatrième étage et c’est très charmant. Comme voisin, il y a des chèvres sur le toit du
bâtiment. Elles sont attachées par la patte et je trouve cela très drôle comme image.
19 mai 2017 : Dakar
Je me suis fait réveiller à 4h du matin par le chant des coqs. En me réveillant définitivement, je ne
me sentais pas très bien. Je me suis fait à déjeuner et j’ai pris une douche. J’ai finalement passé
l’avant-midi couchée. Vieux (le frère de Marie) est venu m’inviter à regarder la télé avec lui et je
me suis levée. On regardait une émission que je regarde au Québec, ce qui est quand même drôle.
Nous avons eu l’occasion d’échanger sur divers sujets, dont l’université et ses conditions. En effet,
il y a un surpeuplement d’étudiants et un faible taux d’embauches. Les gens font donc formation
après formation pour espérer trouver du travail. Quand Marie est revenue de sa réunion, nous en
avons conclu que le mieux serait d’aller à la clinique de la Madeleine, qui est approuvée par
l’ambassade. J’ai donc appelé mes assurances. Nous sommes partis vers 14h. Marie avait un diner
avec des partenaires et je l’ai accompagnée. L’homme qui nous a accueillis était très gentil. Il m’a
expliqué la théorie du voisinage, qui consiste à pouvoir agacer les membres d’une même lignée
sans risques de représailles ou de violence. C’est d’ailleurs sur ce modèle qu’est bâti leur
gouvernement. Il m’a aussi expliqué que la religion musulmane a plein de ramifications qui
convergent toutes vers le même point, le prophète. Nous avons ensuite partagé un repas à la
sénégalaise. C’est-à-dire, un plat commun au centre de la table dans lequel tout le monde mange.
J’ai adoré cette expérience et le repas était très bon. Nous avons demandé la route (prévenir
quelqu’un que l’on s’apprête à partir, puis à la troisième demande, on peut quitter. Je ne sais pas
de quelle culture cela provient, par contre) et nous sommes (moi, Marie, Vieux) repartis dans le
tourbillon de Dakar, direction la clinique. Marie est vraiment une bonne conductrice. Les routes
sont parfois très étroites, il y a des gens partout, des motos partout et même des animaux sur la
route. C’est sans compter la conduite traumatisante de plusieurs conducteurs qui avancent coute
que coute. Mention spéciale aux chauffeurs de motos et à leur témérité/absence de conscience du
danger. Sérieux, la conduite au Sénégal, c’est vraiment quelque chose.
Arrivée à la clinique, je vois la secrétaire, puis je vais m’assoir dans la salle d’attente, en attendant
d’être appelée. Le résumé de ma rencontre avec le médecin serait que les médicaments qu’on m’a
prescrits la veille sont les bons, ma pression artérielle est belle et que je devrais m’en remettre
bientôt. J’ai par contre un surplus émotionnel et je me mets à pleurer toutes les larmes de mon
corps, sans arrêt. Vieux essaie de me rassurer et je finis par me calmer. Nous quittons, direction
chez Marie. J’ai vécu l’heure de pointe de Dakar et c’est quelque chose aussi. Arrivés, Marie me
dit que je peux aller prendre une marche dans le quartier, si je veux. Étant donné qu’il est tard et
que je ne veux pas m’aventurer seule dans un endroit inconnu, je demande à Vieux de
m’accompagner. Nous nous dirigeons vers l’océan. L’océan est si beau, mais trop agité pour
permettre la baignade. Très belle plage propre sur laquelle les gens s’entrainent après le travail.
J’ai adoré ma promenade, cela m’a vraiment fait du bien de respirer l’air frais de l’océan. Je suis
ensuite remontée à mon logis et j’ai discuté avec Marie et Mario de la suite et… JE RETOURNE
AU VILLAGE DEMAIN! Mario l’a annoncé au groupe et ils ont crié de joie. J’étais à la fois
heureuse et très émue. Je me sentais véritablement appréciée par le groupe à ce moment-là.
Finalement, j’ai rempli des papiers pour Marie.
20 mai 2017 : Dakar/Dionewar
Le quartier de Marie est vraiment bruyant et même mes bouchons ne parviennent pas à couvrir les
cris des bêtes de toutes sortes et le brouhaha collectif. Je me lève tôt et je finalise mes bagages
puisque je repars à Dionewar aujourd’hui et je déjeune avec Marie. Nous discutons de la différence
entre le Québec et l’Afrique en ce qui a trait à la gestion des ressources. Les Africains doivent
payer l’eau l’équivalent d’environ 100 $ canadiens par mois pour pouvoir alimenter leur maison.
Et nous, on arrose notre asphalte pendant ce temps-là. Quelle aberration! Ensuite, nous quittons
pour rejoindre Mario, qui est venu me chercher. Je suis quand même triste de quitter Marie. Sa
présence me rassurait beaucoup. J’embarque donc dans une Peugeot 2012, direction Djifer. Nous
faisons un arrêt dans un marché pour acheter des mangues et des citrons (demande de Fatou). À
Mbour, on tente désespérément de trouver un guichet pour que je puisse effectuer un retrait, mais
aucun n’était en fonction. Notre chauffeur arrête pour faire sa prière dans le stationnement d’un
Shell. Pendant ce temps, Mario et moi partageons un muffin/gâteau des anges sur le bord de la
station-service. Charmant moment. Puis, nous reprenons la route pour trouver un guichet.
Finalement, The Bank of Africa dans une ville perdue me sauve. La route se passe très bien.
Musique aux oreilles, fenêtres baissées, c’est parfait. Arrivés à Djifer, notre pirogue nous attend.
Deux inconnus nous demandent d’embarquer dans notre pirogue et j’accepte. Le trajet se passe
bien, malgré les nombreuses vagues à un moment. Je suis très heureuse de revenir à Dionewar et
je vois mon arrivée comme la chance de vivre un nouveau départ et de vivre mon expérience encore
plus à fond. Le groupe m’a beaucoup manqué pendant ces deux jours à Dakar. Tout le monde
semblait très heureux de me revoir. Aussitôt arrivée, je me joins à mon équipe, qui s’affaire déjà à
la tâche de la préparation de la semaine de travail. Lundi, nous irons au centre des femmes pour
donner un atelier de posture et d’introduction au massage. Une fois le groupe parti, les filles de la
villa et moi, nous nous installons pour jouer aux cartes, ce qui est clairement devenu notre activité
de prédilection. Nous avons mangé des restants pour souper.
Nous nous sommes ensuite préparées pour aller à la lutte. J’ai marché pour la première fois jusqu’au
village. La distance est bonne, mais même à la noirceur, je mourrais de chaud. Il y avait aussi tout
plein de crabes sur la plage, c’était adorable. Au village, les habitants nous saluaient et les enfants
nous prenaient la main. Quand nous avons sorti notre argent pour payer le cout d’entrée, les enfants
nous tournaient autour en nous demandant de l’argent. J’ai trouvé ça un peu tannant et choquant.
Je n’aime pas le fait que nous soyons vus comme des cadeaux avec un signe d’argent dans le front.
À la lutte, il y avait des femmes qui chantaient les mêmes phrases sans arrêt, accompagnées d’un
orchestre de tambours et d’instruments de toutes sortes. L’ambiance était festive et j’ai adoré en
découvrir plus sur cette facette de leur culture. C’était vraiment le fun de pouvoir assister à cette
activité et de se sentir immergée dans leur univers. La préparation des lutteurs est assez spéciale.
Tout d’abord, le lutteur arrive dans l’arène et s’installe quelque part. Il fait un signe dans le sable
avec un bâton puis il plante le bâton/la corne dans le centre du signe. Il jette du sable provenant
d’un autre endroit sur son signe puis il place un vêtement en long, qu’il roule comme un escargot
en pâte à modeler, et il part faire un tour de l’arène à la course. Pendant ce temps, un membre de
son équipe s’assoit sur le vêtement roulé, les jambes de chaque côté du bâton. Il prépare aussi plein
de bouteilles remplies de mixtures différentes, que le lutteur se verse sur la tête une fois de temps
en temps. Les lutteurs courraient en rond et parfois, ils dansaient. Ils avaient tous un collier (gri-
gri) de la chance autour du cou. Ils portaient des genres de grosses bobettes/string et ils attachaient
des cordes autour de leur taille avant leur combat. Une fois, après un combat, le lutteur perdant a
eu un genre de « mental breakdown »/une possession. Il se tortillait dans le sable, cambrait le dos.
Il semblait vraiment possédé. Cela a duré au moins 10 minutes et personne n’était capable de
l’arrêter. Son équipe a enlevé son gri-gri et il a commencé à se calmer. J’ai aimé ma soirée, mais
j’ai trouvé ça long et mal organisé. Ç’a pris du temps avant que les combats ne débutent vraiment.
Nous sommes finalement repartis vers 11h.
21 mai 2017 : Dionewar
Aujourd’hui, nous nous sommes rencontrés pour une réunion à 10h. Le but était de finir la
planification de nos activités et de se les présenter. Ensuite, nous avons mangé de la salade tiède
aux légumes pour diner. J’ai aimé ça, mais c’était trop vinaigré à mon gout. Après le repas, nous
sommes partis pour la plage. À notre arrivée, trois jeunes filles du village ont commencé à nous
suivre et à nous observer. C’était vraiment intimidant et désagréable. Lydiane et moi avons donc
décidé d’attendre un peu avant de nous baigner et d’aller voir les gens chez Sita. Quand nous
sommes retournées à la plage, elles étaient parties. Nous avons donc pu nous baigner et nous faire
bronzer librement. Inévitablement, j’ai attrapé de nombreux coups de soleil. Je m’étais crémée
pourtant… Laurie est venue nous voir chez Fatou. Nous avons donc passé le reste de l’après-midi
à discuter de tout et de rien et c’était très plaisant. Ce soir, au menu, c’est des brochettes de lottes.
Il ventait trop pour que le BBQ fonctionne. N’arrêtant devant rien, Fatou a parti un feu dans la cour
pour faire griller les brochettes. Elle est incroyable. Le repas était tellement bon, wow! Ça goutait
étrangement les brochettes de poulet. Pour le reste de la soirée, nous avons joué aux cartes avec
Fatou en écoutant de la musique africaine et c’était vraiment plaisant. Fatou nous a aussi parlé du
ramadan et de ses motivations à le faire année après année. En gros, ils font cela, en partie, pour se
purifier de leurs pêchés effectués pendant l’année. C’est interdit pour les femmes enceintes, mais
Fatou (enceinte de 7 mois) voudrait le faire quand même. Elle trouverait ça dur de voir les gens
qu’elle connait jeuner et elle de manger.
22 mai 2017 : Dionewar
Début des stages aujourd’hui. Laurie, Rachel C et moi (mon équipe de 3 de la semaine) nous
sommes dirigées vers le centre des femmes avec notre beau plan en tête. En arrivant, nous avons
préparé « la salle » pour pouvoir bien donner nos ateliers et nous avons patiemment attendu
l’arrivée des femmes. Puis nous avons attendu encore… Finalement, après 2h d’attente, nous avons
décidé d’aller observer les quelques femmes présentes qui s’occupaient des coquillages. Elles
s’affairaient à faire chauffer les coquillages. En fait, les coquillages arrivent des vasières, puis ils
sont chauffés pendant environ 1h. Ensuite, les femmes s’assoient pour séparer la coquille de
l’huitre. Étant donné que notre activité ne semblait vraiment pas fonctionner et que les femmes
n’étaient présentes que pour travailler, nous avons décidé de travailler avec elles. C’était vraiment
plaisant de vivre ce moment avec elles. Nous avons séparé les coquilles des huitres pendant à peu
près 1h et les femmes étaient très contentes. Par contre, les interprètes ont quitté, vu qu’il ne se
passait rien. Mais, les femmes essayaient de nous parler et on ne comprenait vraiment rien. Elles
mimaient parfois et on réussissait à comprendre, mais sinon c’était le néant. J’ai trouvé ça quand
même difficile la barrière de langue. Je n’étais pas à l’aise à 100 % et j’avais hâte de pouvoir
comprendre et de me faire comprendre. J’ai vraiment beaucoup de difficulté avec leur mentalité
« Inch’Allah ». Je trouve vraiment que c’est une population désorganisée et c’est clairement trop
pour moi. J’ai de la misère à me laisser aller dans ce style de vie étant donné que normalement,
j’en suis à l’opposé. J’espère bien pouvoir m’y adapter jusqu’à un certain point.
Pour diner, nous sommes allées chez Mama Lamine et nous avons mangé une salade de légumes
avec des fatayas (genre de pâte avec du poisson dedans). Ensuite, nous sommes parties pour nos
visites à domicile. Les gens m’avaient un peu préparé à la réalité des gens dans leur domicile, je
n’ai donc pas vraiment été choquée lors de ma première visite. En premier, nous avons rencontré
une dame hémiplégique. C’était triste, car nous ne pouvions pas vraiment faire quelque chose. En
touchant sa jambe paralysée, on pouvait sentir et voir qu’il y avait énormément d’œdèmes,
tellement que sa cheville et ses orteils ne bougeaient plus. Ses muscles étaient atrophiés. On lui a
conseillé d’aller voir le médecin, mais elle n’avait pas les moyens d’y aller. J’ai trouvé cela assez
difficile, j’avais envie de payer sa consultation. Pour la deuxième patiente, nous lui avons expliqué
comment se masser sous les pieds avec l’aide d’une balle de tennis et elle était très heureuse, puis
nous lui avons fait un massage de dos. Pour ce qui est des cinq autres patients visités, nous avons
fait des massages de mains, dos et de genoux. Il y avait une dame tellement maigre, on aurait dit
que tous ses muscles étaient atrophiés.
Pour revenir à la fin de notre journée, mon équipe et moi voulions passer par la plage, mais il y
avait un homme vraiment épeurant qui a commencé à nous suivre et à nous dire plein de choses de
manière agressive. J’ai donc fait diversion en prenant des photos. Nous avons finalement décidé de
prendre un autre chemin, par la forêt. C’était vraiment agréable comme marche du retour. Nous
avons pris plein de photos en chemin et nous avons relaxé. Pour souper, chez Sita, nous avons
mangé, encore une fois à la sénégalaise, du poisson, des frites, du riz et des oignons. Pour dessert,
il y avait des fruits variés, miam! Pour le reste de la soirée, nous avons joué au UNO avec Fatou.
Nous avons changé l’horaire des repas et aujourd’hui, Fatou s’est emmerdée. Je trouve ça
plate pour elle. Tantôt, en revenant de chez Sita, nous sommes passées devant chez Hibou
et Fatou nous attendait. Pauvre petite, elle s’était ennuyée de nous.
23 mai 2017 : Niodior
Ce matin, le départ pour Niodior est donné à 7h. Nous avons fait le chemin en pirogue et nous
avons passé par les Bolongs (genre de labyrinthe d’eau). C’était vraiment beau et relaxant après
s’être réveillés aussi tôt. Encore une fois, nous sommes arrivés en retard. Je trouve ça passionnant
qu’on ne soit jamais à l’heure. C’est vraiment un aspect sur lequel je dois lâcher prise, sinon je ne
serai jamais heureuse ici. Notre première activité était de donner quatre cours d’éducation physique
au lycée. Le premier groupe a joué au ultimate frisbee, car nous étions en retard d’une demi-heure.
J’avais un groupe de filles et elles ont vraiment participé à cette activité. Elles avaient du plaisir,
elles se donnaient à fond et elles étaient très bonnes. Avec le deuxième, troisième et quatrième
groupe, nous avons suivi le plan de match, qui était d’expliquer et de faire une séance
d’entrainement. Les jeunes étaient beaucoup moins participatifs qu’on pensait, mais ils faisaient
des efforts et nous avons quand même eu du plaisir. J’ai trouvé la communication bien, mais aussi
un peu difficile. J’avais parfois l’impression que les jeunes filles riaient de nous dans leur langue
et j’ai trouvé ça quand même plate. Je me suis vraiment donnée dans les cours et j’en ai sué un
coup. J’étais brulée dans tous les sens du terme, à la fin. En repartant, nous avons pris des photos
avec les étudiants et discuté avec eux.
Mario nous dirigeait vers la demeure d’Alimatou Sarr pour diner. Croyez-le ou non, nous nous
sommes trompés de chemin et nous avons tourné autour de la clôture/mur autour du lycée, avant
de revenir à la case départ. Il faisait au moins 32 degrés, j’avais fait 4h de sports, j’avais chaud et
je n’avais clairement pas assez bu d’eau. Pour vrai, à ce moment-là, j’étais vraiment fâchée après
Mario. J’ai eu peur de faire un coup de chaleur. Nous avons marché au moins 50 minutes pour rien!
Arrivés chez Alimatou, j’étais vraiment heureuse, nous étions à l’ombre et au vent, c’était parfait!
Nous avons mangé du yassa poisson et nous avons même eu droit à du dessert, j’étais aux anges.
Nous avons même bu un jus de bissap chaud, miam! Pour l’après-midi, nous l’avons passé au
centre de santé. Il y avait quand même beaucoup d’organisation à faire pour pouvoir bien
coordonner notre après-midi. Nous avons ouvert une salle de massage pour les hommes et une pour
les femmes. Quatre personnes massaient et Lydiane et moi faisions les entrevues. J’ai vraiment
adoré faire les entrevues. Le médecin était mon traducteur et nous avons développé une belle
complicité. Nous avons eu, entre autres, deux cas d’enfants pour lesquels on ne pouvait rien faire
et j’ai quand même trouvé cela très difficile de devoir l’annoncer à leurs parents. Sinon, j’ai trouvé
que l’après-midi s’est très bien déroulé. J’ai vu 9 patients en entrevue et je suis fière de moi. Je
trouve que j’ai bien conseillé et bien communiqué avec les différents intervenants. À la fin, il restait
encore des gens qui attendaient. Par contre, il était 17h15 et nous devions quitter. Nous avons donc
décidé de leur faire une prescription pour qu’ils reviennent jeudi (nous avons aussi modifié
l’horaire).
Finalement, nous sommes repartis en pirogue et c’était vraiment plaisant. Je m’ennuie beaucoup
du Québec et j’ai passé la journée à en parler et à parler de la nourriture. Fatou nous attendait encore
chez Ibou. Elle nous a pris en photo, car elle nous trouvait drôles d’être sales après notre journée
de travail. Elle nous a dit au souper qu’elle attendait que « ses enfants » reviennent et mon cœur a
fondu. Honnêtement, cette femme est un ange. Nous sommes vraiment chanceuses de l’avoir.
24 mai 2017 : Dionewar
Ce matin, nous avons rendez-vous à 9h au centre des femmes. Au lieu de rejoindre le groupe chez
Mama Lamine et de passer par la plage, nous avons passé par un autre chemin. Nous sommes
miraculeusement arrivés 4 minutes à l’avance. Je croyais rêver. Notre activité de la journée était le
centre des femmes. Étant donné l’échec de notre journée de lundi, je n’avais pas beaucoup
d’attentes. Vers 10h, les femmes ont commencé à arriver. J’étais vraiment heureuse de voir qu’elles
répondaient à notre appel et que l’activité allait avoir lieu. Nous avons eu quelques problèmes de
logistiques comme à l’habitude, mais nous nous sommes bien adaptés. Tout d’abord, nous avons
présenté le but de notre rencontre aux femmes, puis nous avons visité l’usine de transformation des
produits de la mer. Finalement, elles nous ont dit qu’elles ne travaillaient plus là depuis un an, car
il n’y a plus d’électricité. La communication était un peu laborieuse quand nous sommes retournés
parler avec les femmes. Nous avons malgré tout réussi à leur donner des conseils de postures et à
échanger avec elles sur leur façon de travailler. Par la suite, nous avons séparé le groupe en deux.
Nous avons fait une séance d’étirement avec elles, puis nous avons fait un atelier d’introduction au
massage d’épaules. C’était vraiment plaisant comme moment, les femmes semblaient vraiment
contentes et elles étaient toutes très reconnaissantes. C’était beau à voir de les regarder se masser
entre elles. Vers 12h30, nous sommes allés rejoindre les autres au poste de santé. Ils avaient réussi
à voir tous les gens qui attendaient. Nous sommes donc repartis chez soi avant l’heure de fin prévue.
Pour diner, nous avons mangé de l’omelette aux patates. En fin d’après-midi, les filles de chez Sita
sont venues nous rejoindre. Elles nous ont appris à faire des bracelets en cordes et cela a été l’un
des beaux moments de ma journée. Pour souper, nous sommes allés chez Mady. C’était la première
fois que j’avais la chance d’y aller et j’ai trouvé ça très charmant. Il y a des arbres partout, un gros
manguier et de nombreux animaux. Le repas était des spaghettis aux calmars. C’était bon, mais je
n’ai pas tripé sur le calmar. On a fait un coup de cœur/coup de masse. La soirée se termine comme
à l’habitude, autour de notre table avec les filles.
25 mai 2017 : Niodior
Ce matin, départ pour Niodior à 7h. Encore un très beau trajet de pirogue à travers les bolongs.
C’est vraiment relaxant un petit tour de bateau le matin. Nous avions un dilemme concernant les
équipes qui iraient au centre de santé, étant donné que nous l’avions ajouté à l’horaire à cause de
l’énorme achalandage de mardi. Vu le jour férié, il n’y avait pas de cours au lycée. Mon équipe
s’est donc vu assigner le centre de santé. Quand nous sommes arrivés, il y avait déjà des gens qui
attendaient. Après un lent départ, nous avons finalement établi une stratégie efficace. J’ai
commencé aux entrevues, j’aime vraiment cela comme tâche, je trouve que ça développe bien mes
compétences de communication, mais aussi ma logique. Par contre, aujourd’hui, les cas que j’ai
vus étaient lourds. Souvent, j’avais l’impression qu’ils pensaient qu’on était médecin. Sur 8 cas,
j’ai dû envoyer 3 personnes seulement au massage. Il y a eu entre autres un homme avec l’humérus
fracturé, un homme qui avait mal partout, mais qui aujourd’hui n’avait pas mal nulle part et une
femme avec une hypertension non contrôlée faisant de l’œdème aux chevilles. Mon cas coup de
cœur de la journée fut celui d’une femme qui était venue d’un autre village pour recevoir nos
services. Elle était mariée à un homme qui l’avait empêchée de voir sa famille pendant 7 ans. Elle
avait des douleurs lombaires, sans contre-indications. Je lui ai donc fait un beau massage de dos.
Elle était tellement reconnaissante pour vrai, c’était beau à voir. Elle disait que mon massage l’avait
libérée de plein de tensions et elle pouvait déjà marcher plus librement. Ce fut vraiment la fierté de
ma journée. Nous avons encore du donner des prescriptions, mais nous avons très bien travaillé je
trouve. Chez Alimatou, nous avons mangé du yassa poulet et nous avons encore eu des desserts,
miam!
En après-midi, nous étions tous aux visites à domicile. Après un départ un peu broche à foin, le
reste de l’après-midi s’est bien déroulé. Nous avons vraiment vu des cas lourds. Les enfants, pour
la plupart, étaient lourdement handicapés. Ce n’était pas facile de voir ces familles qui malgré tout
travaillent d’arrache-pied pour le bonheur de leurs enfants. La dernière personne que nous avons
vue était une personne âgée. Son mari nous a suivis à travers le village pour s’assurer que nous
n’allions pas oublier sa femme. Malheureusement, nous ne pouvions pas faire grand-chose d’autre
qu’un massage. Mais, son mari a vraiment apprécié que nous lui apprenions comment soulager sa
femme en la massant. Le couple avait une fille qui avait un petit garçon de 3 mois. Il était tellement
mignon, mon cœur a fondu. Dans la pirogue en revenant, la marée était basse et nous sommes restés
pris. Les garçons sont allés pousser, mais Dany a perdu une sandale en remontant. Nous avons
donc tenté par tous les moyens de la récupérer. Il n’y a pas beaucoup d’espaces entre les bolongs.
Tellement, qu’à un moment donné, notre pirogue s’est retrouvée prise perpendiculairement à l’eau,
entre deux mangroves. Au même moment, une autre pirogue est arrivée. C’était hilarant comme
situation. Wow! Ensuite, nous avons failli nous faire rentrer dedans par une autre pirogue, au point
où on s’est frottés. Pour souper, c’était du yassa crevettes.
Je n’apprécie vraiment pas quand les enfants nous demandent des cadeaux juste parce
qu’on est des touristes blancs, ça m’insulte.
26 mai 2017 : Dionewar
Ce matin, Mario nous avait dit que nous avions rendez-vous à 9h à la case des tout-petits.
Finalement, Marie-Anne nous réveille à 7h20 pour nous dire que nous devons être là à 8h. Je n’aime
pas être pressée le matin, je me lève donc habituellement 1h15 avant mon départ. Nous sommes
malgré tout arrivés là-bas autour de 8h30 pour nous faire dire que ça n’ouvrait qu’à 9h… Quel
pays, comme dirait Marie! J’ai vraiment apprécié mon avant-midi avec les enfants. Par contre, la
barrière de langue était encore plus présente et c’était quand même difficile de se faire comprendre.
Une chance que les éducatrices nous aidaient à expliquer les jeux aux enfants et à ramener le calme,
car c’était assez facile de perdre le contrôle. Nous avons joué au ballon-marteau, à pousse-attrape
et à la chaise musicale. Ils étaient tellement mignons à voir aller. Par moment, c’était un peu le
chaos, mais c’est normal puisque c’est des enfants. À la fin, ils nous ont chanté des chansons puis
nous avons fait une séance d’étirement en rond. Ce midi, c’est Fatou qui recevait à diner. Elle avait
vraiment hâte de cuisiner pour le groupe, car elle adore recevoir. Elle nous a fait des acharras, qui
sont des espèces de boules frites de haricots blancs. Elle fait tremper des haricots rouges séchés,
puis elle enlève la peau. Elle mélange ensuite les haricots avec de l’eau qu’elle met dans le mortier
(ou le pile-pile, comme dirait Fatou) jusqu’à obtenir une mousse. Miam, c’était délicieux. Comme
plat principal, nous avons mangé du couscous marocain. Un délice et c’était vraiment léger pour
une fois. Aujourd’hui, je m’étais un peu levée du pied gauche. J’ai donc pris un moment pour aller
m’étendre et passer un petit moment seule. J’ai réalisé que je ne passais jamais de moment seule
avec moi-même depuis mon retour. On est toujours en groupe, ça m’a donc fait du bien de me
reposer un peu loin des gens.
En après-midi, nous avions à l’horaire le centre des femmes. À 16h, il n’y avait toujours personne.
Mariama (une des responsables) nous a dit qu’il y avait eu un décès et que les femmes n’allaient
probablement pas se présenter. Ici, lorsqu’il y a un décès, les femmes se mobilisent et préparent les
funérailles. On ne peut donc pas faire d’activité avec elles dans ce temps-là. Il y avait malgré tout
quelques femmes présentes. Nous avons donc décidé de les masser et de faire des entrevues, les
femmes semblaient très heureuses et nous aussi. J’ai apprécié cet après-midi de travail plus relax
et j’ai eu beaucoup de plaisir. En revenant, nous avons marché les pieds dans l’océan et ce fut
vraiment un moment parfait. Nous sommes vraiment chanceux de vivre une telle expérience dans
un si beau pays.
Mariama était avec son bébé de 6 mois et elle a dit qu’elle voulait qu’on l’amène avec nous
quand nous allions retourner au Canada. Ça m’a fait de la peine d’entendre cela. Et c’est à
ce moment-là que j’ai vraiment pris conscience que nous sommes chanceux d’être nés dans
un pays comme le Canada. Nous avons tellement de bonnes conditions de vie et nous le
tenons trop souvent pour acquis. Nous chialons continuellement sur notre système de santé,
mais pourtant il est incroyable. Nous sommes privilégiés d’avoir quelque chose d’aussi
accessible et bien fait. Ici, il y a un médecin pour 20 000 habitants, le suivi des patients est
quasi-inexistant et bien des pathologies pourraient être réglées et/ou améliorées s’ils avaient
les services et les ressources que nous avons. Ma première semaine de stage m’a ouvert les
yeux sur ce point-là. J’ai aussi réalisé que nous sommes vraiment dans une population de
surconsommation et qu’on ne prend vraiment pas le temps d’apprécier les choses que nous
avons. Je n’en reviens pas à chaque fois de la résilience et de la joie de vivre de ce peuple.
Malgré leurs maigres possessions et leurs conditions de vie souvent au seuil de la pauvreté,
ils trouvent le moyen d’être toujours accueillants, souriants et tellement reconnaissants. Ce
sont vraiment des exemples de personnes sur lesquelles nous devrions apprendre. Nous
avions justement une discussion avec Fatou plus tôt cette semaine et elle trouvait aberrant
que l’on s’endette pour acheter du matériel superflu comme des vêtements quand eux ont
de la difficulté à s’acheter du riz.
Finalement, nous avons mangé des restes pour souper avec un petit verre de vin rouge à 4 $.
Ensuite, les filles de la résidence voisine sont venues écouter un film avec nous.
C’est triste de voir qu’une mère était prête à laisser partir son enfant dans l’espoir qu’il ait
une vie meilleure.
27 mai 2017 : Dionewar
Ce matin, nous avions la clinique jeunesse. Nous avions rendez-vous avec les jeunes à 8h. Nous
nous sommes levés tellement tôt que notre pain du déjeuner n’était pas arrivé. Lorsque nous
sommes arrivés à l’arène de lutte, il y avait déjà au moins 70 jeunes. Nous avons tenté avec toute
notre volonté d’organiser quelque chose de pas pire et je crois que nous avons quand même réussi.
Il y avait 3 sections, donc 3 groupes. Les activités : olympiades, ultimate frisbee et soccer. J’étais
aux olympiades et j’ai quand même réussi à passer un beau moment. En plus, les jeunes avaient
l’air heureux. Mais, c’était souvent le chaos et nous devions souvent ramener le calme. Les jeunes
riaient aussi de nous par moment et je me suis un peu choquée à un moment donné. Je n’aime
vraiment pas faire rire de moi. Aussi, on dirait que l’ambiance au sein de notre groupe était négative
un peu et comme je suis une éponge qui prend les émotions des autres, j’ai vraiment été bête au
début de la clinique. Par contre, aussitôt que j’ai commencé à me sentir utile, j’ai repris mes esprits
et j’ai retrouvé ma motivation et ma bonne humeur. À la fin, j’ai vécu un beau moment avec de
jeunes filles, elles me touchaient toutes la main et elles m’ont même appris une poignée de main.
Cela a vraiment fait mon avant-midi. C’est pour des moments comme ça que je me suis lancée dans
ce voyage. Sur le chemin du retour, je ne me sentais pas très bien. Il fait tellement chaud
aujourd’hui, le soleil tape fort et on ne prend souvent pas le temps de bien s’hydrater. En arrivant
chez Fatou, j’ai pris un gastrolyte et des vitamines.
Ce midi, nous mangeons des crêpes. Ma découverte, les crêpes beurre de peanuts/bananes, un vrai
délice. Après notre repas, nous sommes allées payer nos dettes chez Ibou et j’ai encore succombé
à la tentation de m’acheter des pantalons… Ensuite, les gens sont venus à notre villa pour planifier
les activités de la semaine et faire l’horaire. J’ai aussi changé de groupe de 3, je suis maintenant
avec Eve et Ben. Je suis contente de mon équipe. Nous avons divisé les cadeaux pour les deux
cases des tout-petits. Notre tâche n’était vraiment pas difficile. L’énergie du groupe était beaucoup
plus positive que pendant la matinée et nous avons eu du plaisir. À la fin de la rencontre, les filles
et moi sommes allées nous baigner. La marée était tellement basse que nous étions collées sur la
plage et nous avions déjà de l’eau jusqu’au cou. Ce soir, le souper est une grillade de poisson avec
des patates bouillies. Les gens vont aussi venir faire la fiesta. Sangria et gazelle au menu, on devrait
passer une belle soirée. Demain, on s’en va à la PÊCHE!
Un film a été tourné ici en 2015 par des Français. « Bois d’ébène » parle du sujet de la
traite négrière. Il y avait 210 personnes qui logeaient à Dionewar pendant un mois. Fatou
allait chercher du pain à Djifer tous les matins, car les boulangeries de Dionewar ne
fournissaient pas dans le pain.
Première journée du ramadan aujourd’hui.
28 mai 2017 : Dionewar
La soirée d’hier fut vraiment agréable. Nous avons beaucoup festoyé assis à la table extérieure. Ça
faisait longtemps que je n’avais pas autant ri. Faire de la sangria en Afrique est aussi quelque chose
que je peux cocher sur la liste. J’ai passé une très belle soirée en conclusion. Ce matin, nous étions
un petit peu magané, mais d’attaque à l’idée d’aller à la pêche. Le rendez-vous était donné à 8h.
Vers 8h15, les gens de la première pirogue sont partis. Croyez-le ou non, nous avons attendu
1h20min avant que notre pirogue arrive. On était sur le bord du quai avec nos vestes de sauvetage
orange et on désespérait un peu quant à la réalisation du projet de notre avant-midi. Au moment où
le bateau arrivait enfin, nous avons commencé à voir des dauphins qui sautaient au large. Je n’y
crois pas encore d’en avoir vu de mes propres yeux. C’était un de mes rêves et je suis vraiment
contente. C’était très plaisant d’aller à la pêche. Par contre, les cannes étaient grosses et lourdes.
L’appât, ici, est une crevette. Notre pêche ne fut pas très fructueuse, mais, contre toute attente, j’ai
attrapé un poisson! Je n’en revenais pas et j’en suis encore très heureuse. Mon poisson est tout
petit, mais il est mignon quand même et c’est un Tiof. C’était un très bel avant-midi et je suis très
contente d’avoir pris la décision d’y aller. Une autre belle expérience signée l’Afrique.
Pour diner, nous avons mangé de la soupe et le reste des crêpes. J’ai ensuite eu la chance de cuisiner
une tarte avec Fatou. On met de la pâte dans un moule, puis on la badigeonne de confiture ou de
crème anglaise et on met des pommes sur le dessus, puis on les badigeonne encore. J’ai aussi pris
le temps de relaxer cet après-midi et ça m’a vraiment fait du bien. Je commençais à être épuisée
mentalement. Mario avait planifié une rencontre/discussion avec les jeunes du lycée, mais ils sont
trop épuisés à cause du ramadan, donc la rencontre fut annulée. Avant le souper, nous sommes
allées prendre une marche sur le bord de la mer avec Fatou. Avec le vent et le soleil qui se couchait,
c’était paradisiaque comme moment. Nous avons fait un petit arrêt chez Mady pour saluer Simon,
Samuel, Ariane et Noémie. Pour souper, nous avons mangé du Mafé et dégusté ma succulente tarte.
J’ai vraiment passé une journée parfaite. C’était relax, on pouvait faire ce qu’on voulait. Je réalise
que je commence véritablement à apprécier mon voyage. Ça m’aura quand même pris 21 jours…
Le plan de ce soir est de terminer le visionnement de « Dans une galaxie près de chez vous » avec
les filles de chez Sita. Une autre belle soirée en perspective.
La gestion des déchets est inexistante. Il y a tellement de déchets partout, c’est traumatisant.
Les gens sont tellement accueillants, je dois dire bonjour (baldo) au moins 50 fois par jour.
Les enfants viennent très souvent nous prendre par la main, c’est adorable. Tout le monde
est toujours heureux de se voir on dirait. L’individualisme du Québec ne me manque
vraiment pas en ce moment. Aussi, tout le monde se salue lorsqu’ils se croisent dans la rue.
C’est tellement chaleureux et familial.
29 mai 2017 : Dionewar.
J’ai tellement dormi cette nuit! Environ 11h, ça m’a vraiment fait du bien. Ce matin, on commençait
à 10h au poste de santé. Les filles chez Sita allaient chercher leurs vêtements chez la couturière,
j’en ai donc profité pour aller faire faire ma nappe. Au poste de santé, nous étions 6, donc 2 équipes
pour un lit et un interprète. Alors, nous avons fait des équipes de deux pour tenter d’être le plus
efficaces possible. Il n’y avait pas beaucoup de patients par contre. J’ai seulement eu la chance de
passer une personne en entrevue, qui venait pour des maux de cou. Étant donné le faible
achalandage et le trop grand nombre d’effectifs, Eve et moi sommes retournées chez la couturière
(c’est rare des couturières ici, puisque c’est un travail d’hommes, étonnamment) pour voir si nos
commandes étaient prêtes. Ma nappe l’était, mais pas la jupe d’Eve, nous avons donc regardé la
couturière faire son travail. C’est quand même impressionnant à regarder. Ma nappe est vraiment
très belle et je suis contente. J’ai même un petit centre de table! Ma mère devrait être très heureuse.
Le diner se passait chez Mama Lamine. Nous avons remangé du Mafé, mais cette fois au poulet.
C’était encore une fois excellent. Nous avons eu une conversation vraiment intéressante avec
Noémie sur l’égalité homme/femme. Ici, c’est polygame. Lors de son mariage, l’homme coche s’il
veut être polygame ou monogame, sans consensus avec sa femme. Les trois règles, pour qu’un
homme soit polygame, c’est qu’il possède une bonne capacité intellectuelle (pour pouvoir gérer les
conflits entre ses femmes), physique (pour satisfaire toutes ses femmes) et financière (genre s’il
achète une paire de chaussures à une, il faut qu’il en achète à toutes les autres). Aussi, l’une des
tâches de la femme est de satisfaire son homme. C’est quand même scandalisant, quand on y pense.
En après-midi, nous avions les visites à domicile avec nos équipes de 5. Comme nous n’avions
qu’un interprète pour notre équipe (l’autre jour ils s’étaient séparés en deux), nous avons jumelé
les cas. Laurie et Ariane ont vu leur cas pendant qu’on (Ben, Rachel G et moi) attendait dehors
pour éviter d’être 5 dans un espace souvent restreint. J’ai vu une dame qui avait chuté et qui s’était
blessée à la hanche. Elle marchait en trainant la jambe et le dos penché à cause de la douleur. Je
n’ai honnêtement jamais vu un dos aussi tendu de ma vie au niveau lombaire. On aurait dit deux
roches de chaque côté de sa colonne vertébrale. J’ai aussi massé une dame de 35 ans. Lorsque je
lui massais le bas du dos, elle ressentait des douleurs au genou et au pied. J’ai donc essayé de faire
un massage en surface puisqu’il y avait des risques qu’un nerf soit coincé. Finalement, les filles
ont décidé qu’on arrêtait de voir des cas à 17h. Ben et moi sommes revenus par la plage. Ben s’est
arrêté à son campement avant de se rendre chez Sita. J’ai donc marché les pieds dans l’océan en
solo. J’ai vraiment apprécié d’avoir ce petit moment à moi. Cette marche de fin de journée est
toujours tellement agréable, je me compte chanceuse de vivre cela.
Vu que j’étais à l’avance pour le souper chez Sita, je suis allée à la villa pour me reposer un peu.
Fatou était en train de regarder la télé dans le noir. Elle m’a alors avoué qu’elle avait fait le ramadan
aujourd’hui. Rappelons-nous que Fatou est enceinte de bientôt 8 mois et qu’il devait faire pas loin
de 40 degrés aujourd’hui. Le ramadan est déconseillé pour les femmes enceintes puisque ça peut
être dangereux. En plus, lorsque le soleil s’est couché, elle a à peine mangé. Je ne juge pas, car
chacun a droit à sa religion. Mais là, elle est enceinte et c’est dangereux pour son bébé. Chez Sita,
nous avons mangé du poulet, des frites et des légumes. C’était bon, mais nous n’en avions vraiment
pas beaucoup. Pour dessert, on a eu du melon d’eau! J’ai failli pleurer tellement c’était bon. Je suis
ensuite passé chez Ibou acheter du tissu pour la nappe de grand-maman. J’espère qu’elle va être
contente. J’ai oublié de dire que j’ai failli mourir de chaud aujourd’hui, genre je n’ai jamais autant
sué de ma vie. J’avais des chutes de sueur sur tout le corps. Je n’en reviens pas que les gens
réussissent à faire le ramadan dans une chaleur pareille.
30 mai 2017 : Niodior
Ce matin, le départ était donné pour 6h30. Le réveil à 5h40 ne fut vraiment pas facile. Étrangement,
j’avais de l’avance ce matin, mon moral était donc très bon. Pour une fois, nous sommes passés par
l’océan au lieu de par les bolongs. Nous sommes donc arrivés 40 minutes d’avance, du jamais vu!
Les personnes âgées qui s’occupent du port sont venues nous dire qu’ils ne nous faisaient pas payer
le cout d’accostage, puisqu’elles trouvent que nos actions dans le village sont louables. C’est très
généreux de leur part. Nous avons pris la peine d’aller les saluer pour les remercier et elles étaient
très heureuses. Nous avons fait un arrêt au centre de santé pour aller porter le matériel de santé que
nous laissions en don au médecin. Rendus là-bas, nous nous sommes rendu compte que nous avions
donné des prescriptions jeudi passé, pour aujourd’hui 8h30. Par contre, suite à un changement avec
le centre des femmes, il n’y avait aucune équipe de prévue au centre de santé. J’avais donné ces
prescriptions, donc je me sentais un peu beaucoup responsable. J’ai un peu perdu mon sang froid
en parlant de manière vraiment bête à Dany. Je me sentais vraiment mal à cause des prescriptions
et j’ai clairement trop réagi. Finalement, quelqu’un a proposé qu’une équipe reste au centre de
santé. Étant donné que je me sentais responsable, j’ai immédiatement assumé que mon équipe allait
rester au lieu de donner le cours d’éducation physique. Ève était vraiment fâchée et pas d’accord
et les esprits se sont échauffés. Finalement, nous sommes restés. Comme stratégie, nous avons
établi que nous allions faire notre entrevue et suivre notre patient au massage, si besoin. J’ai vu 9
patients et il y en avait seulement un que nous n’avons pas pu masser. Il y a aussi un homme qui a
refusé que je le masse puisque j’étais une femme. Samuel l’a donc massé à ma place. Je ne l’ai pas
pris personnel, mais j’ai été surprise et un peu sous le choc. Plus tard, l’interprète m’a dit que c’était
parce que certains hommes étaient sensibles au touché des femmes… En sommes, je suis vraiment
fière de mon avant-midi. J’ai travaillé sans relâche puisque je voulais le plus possible être efficace.
À un moment donné, je n’étais même plus capable de faire mes entrevues et de poser des questions
à mes patients tellement j’étais épuisée mentalement. Chez Alimatou, nous avons mangé une
espèce de soupe de poisson avec des patates et des carottes. Je ne peux pas dire que ce fut le meilleur
repas de ma vie. Pour dessert, il y avait des mangues, mais le repas m’a vraiment donné mal au
cœur donc je n’en ai pas mangé.
En après-midi, nous avions à l’horaire les visites à domicile. Il faisait encore une fois très chaud
aujourd’hui et c’était particulièrement vrai dans les quartiers non venteux de Niodior. Comme
premier cas, nous avons vu une dame qui souffrait apparemment de douleurs articulaires. Nous
étions à côté de la mosquée et il y avait des chants religieux arabes. C’était vraiment fort et c’était
plutôt difficile de bien se comprendre. En plus, l’interprète a répondu deux fois au téléphone en
pleine entrevue. Disions que nous n’aurions pas passé le test du professionnalisme. Notre 2e cas
était assez intense et choquant. Une dame de 50 ans qui, il y a 1 an et 3 mois, a chuté un matin et a
arrêté de marcher depuis. Elle est paralysée du côté gauche, son bras droit marche encore, mais ses
doigts sont contractés et ne peuvent plus s’étirer. Sa jambe droite est presque insensible et ne bouge
presque plus. Elle doit se faire aider de quelqu’un pour réaliser ses activités de la vie quotidienne
et domestique. Elle fait également des crises d’épilepsie et elle parle et entend à peine. Sa famille
a consulté tous les médecins inimaginables, mais en vain. Ça me fait capoter à quel point leur
système de santé est mal fait et manque de ressources. Les gens n’ont aucun suivi. On est vraiment
chanceux au Québec. Après ce cas, nous sommes allés prendre une pause et Mario nous a offert
des chocolats. C’était plus qu’apprécié, ça m’a remonté le moral un petit peu. Notre dernier cas
était une dame qui faisait ce qui s’apparente à du parkinson. Sa médication n’aidait pas à diminuer
ses tremblements. Avant de partir, notre interprète nous a dit que le mari de la dame voulait qu’on
lui mette de notre huile à bébé, car il avait mal au bras. Après quelques minutes, j’ai reconnu
l’homme qui était venu au centre de santé, car il s’était fracturé l’humérus. Je lui avais alors dit,
avec l’accord du médecin, que nous ne pouvions rien faire pour lui. Je trouve ça triste que les gens
mettent autant d’espoir en nous. J’ai l’impression qu’ils croient que nous sommes des magiciens et
que nous allons changer le monde. En réalité, ce qu’on fait ici s’apparente à placer une brique sur
la fondation d’une maison.
Pour souper, nous avons mangé une omelette aux patates. J’aime tellement ce repas, c’est délicieux.
Fatou n’a pas fait le ramadan aujourd’hui puisqu’elle a été malade hier. Elle avait des vertiges et
elle croyait qu’elle allait perdre connaissance.
J’ai passé en entrevue aujourd’hui un homme très inspirant. Il y a trois ans, il a repris sa vie
en main et a perdu énormément de poids en comprenant qu’il avait entre ses mains le
pouvoir d’être en santé et d’améliorer sa qualité de vie.
C’est vraiment traumatisant ici le sort qui est réservé aux animaux. On voit fréquemment
des jeunes garçons qui donnent de gros coups de bâton à leurs ânes et des charretiers qui
fouettent leurs chevaux sauvagement. Ça saisit à chaque fois, on ne s’habitue vraiment pas.
31 mai 2017 : Dionewar
Ce matin, j’avais à l’horaire, pour une 3e fois cette semaine, le poste de santé. Le poste de santé de
Dionewar est vraiment différent de celui de Niodior. L’organisation est d’ailleurs vraiment
meilleure à Niodior et l’espace qui nous est offert pour notre stage est plus grand et plus accueillant.
Je n’étais donc pas surprise d’arriver à 9h avec aucun interprète et aucune pièce de déverrouillée
pour nous. Nous avons finalement pu passer notre premier patient à 10h. C’était vraiment tranquille
comme matin, il n’y avait presque pas de patients. À Niodior, les gens font la file quasiment, et ici
on peut passer 1-2h sans voir personne intéressé par nos services. Vers 12h20, je suis partie avec
Eve chez la couturière étant donné qu’il n’y avait personne et nous étions six à ne rien faire. La
nappe de grand-maman devrait être prête vendredi, de même que mes napperons. J’ai hâte de voir
ça. Je suis ensuite allée avec Audrey chez un jeune garçon à qui elle avait promis des jouets pour
développer sa motricité fine et sa dextérité. La famille du garçon était très accueillante et le jeune
avait l’air très heureux de ses nouveaux jouets. La famille nous a même montré les scans du cerveau
de l’enfant, ses prescriptions et les remarques du médecin. C’était très intéressant, mais triste aussi
de constater qu’un jeune garçon a pris autant de médicaments dans sa vie. Sa famille est, par contre,
très investie dans le bien-être du garçon. Je suis contente d’être allée avec Audrey. Sur le chemin
du retour, la chaleur était tellement intense. Le sable était brulant. Il faisait 33 degrés à l’ombre, ce
n’est pas rien.
Le diner était succulent. C’était du couscous aux crevettes. Je suis allée me baigner cet après-midi.
La température de l’eau était vraiment parfaite. En me couchant un petit peu sur la plage pour me
faire sécher, j’ai attrapé des coups de soleil! Je ne suis pourtant restée que 10 minutes étendue…
Pour souper, nous sommes allés chez Mady. J’ai visité leur terrasse pour la première fois et c’était
très beau. Il y a tellement de nids d’oiseaux dans les arbres de la cour, c’est incroyable. On pouvait
même observer les oiseaux qui construisaient leurs nids. Le repas était des haricots avec du pain.
C’était très bon. Après, nous avons fait un coup de cœur/coup de masse et cela a ouvert la porte à
une discussion vidage de cœur, réglage de compte. C’était vraiment approprié comme discussion
et ça m’a fait du bien. J’ai trouvé dommage que certaines personnes quittent avant le début de la
discussion, car ils n’étaient pas d’accord avec les propos d’Eve. Cette discussion était plus que
pertinente pour le groupe. Samuel a aussi apporté beaucoup de points pertinents qui m’ont remis
en question et qui m’ont fait réfléchir. J’ai, entre autres, repensé à ce que j’avais vécu jusqu’ici et
ce que j’avais réalisé pour la population. Je me suis rappelé les raisons pour lesquelles j’étais ici et
tout le chemin que j’ai parcouru en tant que personne en vivant cette expérience. Ce voyage m’aura
beaucoup apporté et je suis triste qu’il se termine, mais en même temps, j’ai hâte de voir si ces
apprentissages me suivront au Québec. J’ai aussi réalisé beaucoup de choses concernant notre
système de santé et la vie qu’on mène au Québec. En revenant, j’ai eu une conversation plus
qu’intéressante avec les filles. J’adore nos soirées discussions, ça fait tellement du bien et on parle
de tout et de rien sans jamais se juger. Je suis très chanceuse d’être tombée sur la villa de Fatou
avec Audrey, Marie-Anne et Lydiane. On a vraiment une belle complicité et l’ambiance est
toujours agréable.
1er juin 2017 : Niodior
Ce matin, le départ en pirogue était donné à 8h30 vu que l’on commençait à 10h à Niodior. Comme
activité cet avant-midi, j’avais la remise des jouets à la case des tout-petits. Les enfants étaient très
heureux, mais à un moment donné, ils sont devenus hyperactifs, pour ne pas dire un peu fous. Ils
nous lançaient des toutous de toute leur force, souvent par la tête. Dans la grande classe, j’ai pris
des autocollants et les enfants m’ont littéralement encerclée. Je commençais à avoir chaud, je me
suis donc levée pour essayer de gérer l’hystérie collective entourant les autocollants. Les enfants
se sont alors mis à grimper sur les chaises et les tables, à crier et à me donner des tapes. C’était
quand même très drôle comme situation. On a mis le chaos dans la garderie. J’ai eu beaucoup de
plaisir et j’ai adoré l’expérience. Ensuite, nous sommes allés porter les ballons de soccer au lycée
puisqu’il y avait trop de main-d’œuvre au centre de santé et que nous n’aurions rien fait. Ce midi,
chez Alimatou, nous mangeons du tchouboulette. Alimatou nous a servi un mélange de jus de
bissap et de jus de baobab froid, c’était excellent.
En après-midi, nous avions les visites à domicile dans lesquelles nous allions revoir les patients de
jeudi passé. Nous avions décidé avec mon équipe que nous irions revoir deux enfants à qui nous
avions promis des jouets. Le premier cas était une petite fille qui, suite à une crise, ne pouvait plus
se tenir debout seule. Elle était tellement heureuse de son nouveau jouet, c’était beau à voir. Nous
avons aussi donné quelques conseils à sa mère, comme la faire marcher le plus souvent possible en
lui tenant les mains. En deuxième, nous sommes allés voir un jeune garçon de 10 ans qui a un
déficit moteur et cognitif. Nous lui avons donné plein de jouets et il était tellement content. Il n’a
pas lâché son nouveau petit cochon vert. À un moment donné, nous avons mis de la musique et il
dansait. C’était magique comme moment. J’ai ressenti beaucoup d’émotions lors de cette visite.
Elle m’a sans aucun doute marquée pour toujours. Au centre de santé, qui était le point de rencontre,
j’ai fondu en larme. Ce n’était pas des larmes de tristesse, par contre. J’ai juste tellement vécu un
après-midi incroyable, où j’ai enfin réalisé que nos gestes, même minimes, pouvaient faire une
différence dans la vie des gens. J’étais aussi vraiment fière d’avoir participé à ce projet et d’avoir
rencontré tous ces gens merveilleux. J’étais aussi nostalgique, car c’était la dernière journée à
Niodior. Ça m’a vraiment fait du bien de laisser sortir mes émotions. Dany et Audrey sont aussi
venus me réconforter et j’ai trouvé ça adorable. Je suis chanceuse d’être bien entourée par un
groupe aussi merveilleux. Le dernier retour dans les bolongs en pirogue fut encore une fois très
agréable. Pour souper, nous avons mangé du thiébou viande. Miam, c’était succulent! Fatou cuisine
tellement bien, elle pourrait nous servir de la bouette et on trouverait ça bon pareil. Aussi, on
manque beaucoup d’eau depuis une semaine, ça m’inquiète.
Alimatou est tellement une femme exceptionnelle. Elle a une fille biologique et 2 autres
qu’elle a pris sous son aile. Les deux ont comme été confiées à Alimatou par leurs mères
respectives. Elle les a élevées comme ses propres enfants. En plus de tout ce qu’elle fait
pour le développement économique de son village.
Alimatou nous a servi du yogourt pour dessert et c’était vraiment bon, mais ça goutait un
peu la crème solaire.
2 juin 2017 : Dionewar
Ce matin, je donnais un cours d’éducation physique au lycée à 8h. Notre groupe était vraiment
petit, il n’y avait que 7 étudiants. Ils étaient très gentils et participatifs. Ils répondaient à nos
questions sans gêne. Nous avons fait un échauffement, puis nous avons joué au frisbee, à police-
voleur et au Tic Tac Toe version sportive. Étant donné que le groupe était petit, nous avons pu
participer et jouer avec eux. Ils avaient l’air ravis que nous nous mêlions à eux. Pour le Tic Tac
Toe, je suis la seule à avoir joué, Ben et Eve faisant les arbitres. Je me suis surprise à prendre le
jeu à cœur et à avoir un certain sentiment de compétition. Mon équipe a dominé sur toute la ligne
et nous avons eu beaucoup de plaisir. Ils apprennent très vite aussi, considérant qu’ils ne savaient
même pas ce qu’était le Tic Tac Toe. J’ai adoré mon dernier cours d’éducation physique du stage.
Nos jeunes étaient vraiment trippants. Nous avons pris tout plein de photos avec eux et on a
beaucoup ri. Le prof est arrivé en retard au cours et lorsqu’il est arrivé, il nous a dit : « Désolé de
mon retard, je dormais. » Wow! Jamais on n’aurait entendu ça au Québec. Ensuite, nous avons
regardé le groupe de terminale faire du triple saut et cela m’a bien impressionnée.
Par la suite, nous sommes allés chez la couturière chercher ma nappe et mes napperons. Je suis très
contente du résultat. La couturière est très bonne. Comme deuxième activité de la journée, j’avais
la rédaction du rapport du lycée. Nous avons écrit les cours d’éducation physique, puis nous avons
pris une pause. J’ai joué aux cartes avec Ben en attendant que les autres arrivent, mais c’était
vraiment long. Finalement, Mario nous a dit que les femmes du centre des femmes offraient des
cadeaux à notre groupe. Au début, je croyais ne pas en avoir, mais le groupe m’a dit d’y retourner
plus tard, car tout le monde en avait. J’y suis donc retournée vers 17h avec d’autres membres du
groupe. Wow, c’était incroyable comme moment. Les femmes étaient si généreuses, ça n’a pas de
sens. Elles nous ont donné plein de cadeaux pour nous remercier des actions que nous avions faites
dans leur village. J’ai reçu une belle petite pirogue en bois peinturée à la main, des bracelets, un
collier et des coquillages. Je dois également y retourner demain puisque Ndeye Sarr n’était pas là
pour me donner mon habit. Fait cocasse, je lui ai parlé au téléphone, mais je ne comprenais rien.
Fatou Sarr, la femme leader dont Noémie fait la biographie, est honnêtement une personne drôle,
généreuse et tout simplement incroyable. On a tellement ri avec elle, elle nous apprenait de
nouveaux mots en sérère et elle a même fait semblant de nourrir Simon, Eve et Ben aux seins! Ça
faisait longtemps que je n’avais pas ri comme ça. On a aussi dansé et chanté Dégénération. En
revenant, nous (Lydiane, Audrey et Marie-Anne) sommes allées regarder le coucher du soleil avec
Fatou. C’était magnifique! Pour souper, nous avons mangé des restes et ce soir, on ça relax étant
donné que Marie-Anne a mal au ventre.
Ce midi, on a mangé du yassa poisson et j’ai même eu la chance de manger le poisson que
j’ai péché!
3 juin 2017 : Dionewar
Ce matin, c’était la dernière activité de notre stage. Nous donnions une clinique jeunesse à 9h.
L’activité s’est très bien déroulée. J’étais mandatée au ballon fou (ballon élimination). Au début,
j’avais des doutes quant au bon fonctionnement du jeu. Mais ça s’est étrangement très bien déroulé.
Les jeunes avaient l’air d’apprécier et d’avoir du plaisir. À la fin de la séance, j’ai eu une montée
d’émotions. Ça fait quand même un pincement au cœur de réaliser que notre stage est fini et qu’il
ne reste plus que quelques jours dans le beau village de Dionewar. Les filles voulaient aller chez
la couturière, je leur ai donc montré le chemin. Je trouvais ça plaisant de me déplacer dans le village
et de retrouver mon chemin. Pour diner, nous avons mangé des crêpes et c’était encore une fois
excellent. À 16h, nous avions rendez-vous au centre des femmes pour recevoir nos habits. C’était
encore une fois très agréable et je suis très contente de mon habit. En plus, c’est un jeune homme
à qui j’ai donné le cours d’éducation physique hier qui est venu me le porter. Pour souper, nous
avons mangé du mafé.
À 20h, nous avions une soirée conte, musique et danse de prévue chez Darou Salam (Mama
Lamine) avec des artistes de Niodior. Nous étions tous autour du feu et les artistes étaient au centre.
L’école traditionnelle ancestrale était, pour les garçons, la circoncision. Ils partaient en forêt avec
d’autres garçons de leur âge et ils apprenaient auprès d’un maitre comment s’ouvrir au monde et
devenir un adulte ouvert d’esprit et responsable. Ils apprenaient donc à devenir des hommes
accomplis et prêts à prendre en charge la société. Ils se faisaient aussi circoncire sur un mortier l’un
après l’autre. Ils revenaient ensuite au village après un mois minimum et une grande fête était
organisée par leurs mères. Les filles aussi avec ce rythme de passage, mais ils pratiquaient sur elles,
l’excision. Le maitre était choisi pour ses capacités à savoir tout ce qui se passait dans les autres
villages même s’il n’y était pas (comme de la clairvoyance). Alimatou nous disait aussi qu’avant
l’arrivée de l’école occidentale, les femmes étaient l’égale de l’homme. Elles avaient leurs mots à
dire et elles n’étaient pas seulement vues comme devant servir leur homme et faire pratiquement
toutes les tâches ménagères comme aujourd’hui. Elle a aussi dit que la mer les rattrapait, faisant
référence au fait que l’eau de l’océan monte de plus en plus à marée haute. Nous avons aussi eu la
chance de danser avec eux! Ils dansent tellement bien, c’est impressionnant. Marie-Anne et moi
avons aussi partagé un moment de danse endiablé où nous nous sommes laissées emporter par le
rythme africain. C’était une soirée mémorable. Le peuple africain a une culture tellement riche,
c’est incroyable. Peu de gens ont la chance de vivre une expérience comme celle-ci et je suis
honorée d’avoir eu la chance de vivre quelque chose comme ça. C’est unique et ça n’arrive qu’une
fois dans une vie. Nous avons aussi fait nos adieux à Alimatou, qui est une femme exceptionnelle.
C’est triste à chaque fois, on ne s’habitue pas. Le chemin du retour s’est fait sur le bord de l’océan
sous un ciel étoilé, c’était magique.
4 juin 2017 : Dionewar
Aujourd’hui, c’était notre première journée de congé officielle. Je me suis levée à 9h30, sans
cadran. C’était un sentiment merveilleux. Pour déjeuner, nous nous sommes fait un brunch. Ça
goutait presque le Québec. En après-midi, nous sommes allées à la plage pour l’opération bronzage
partie 1. C’était venteux et nuageux, la température était donc très agréable. L’eau de l’océan était
parfaite comme toujours. Ibou étant revenu de Mbour, je suis allée acheter un cadeau pour mon
père. Nous avons ensuite cuisiné avec Fatou du couscous avec une sauce aux oignons, des crevettes
et du poisson. Fatou cuisine tellement bien, on n’a pas le choix de ramener de ses crevettes au
Québec. Par la suite, nous sommes allées voir le coucher du soleil avec un bon verre de vin rouge.
C’était magique comme moment. On vit tellement de belles choses ici, c’est incroyable! Chaque
moment est unique et mémorable. Je profite de chaque moment à fond.
5 juin 2017 : Dionewar
Ce matin, je me suis levée à 10h30. J’ai fait mon dernier lavage à la villa 7 et du voyage. Mon
prochain lavage se fera dans une machine à laver au Québec et mes vêtements sentiront enfin bon!
Ensuite, nous avons cuisiné une omelette aux patates avec Fatou. L’opération bronzage partie 2
s’est aussi poursuivie en après-midi. Il faisait plus chaud qu’hier, le ciel n’était pas couvert et il n’y
avait pas de vent. La baignade était encore une fois incroyable, je vais vraiment m’ennuyer d’avoir
comme piscine extérieure l’océan. Les filles avaient rendez-vous chez la couturière, nous sommes
donc allées au village. Rachel G se faisait faire une espèce de tatouage sur la main, nous sommes
donc allées voir. La dame a fait un motif avec des bandes autocollantes et elle a étendu de la pâte
de feuille de baobab. Cela devrait marquer sa peau pour environ un mois. Nous sommes revenues
du village par la plage et c’était toujours aussi merveilleux. Les gens chez Mama Lamine se
baignaient dans les grosses vagues, ça avait l’air malade. Nous avons donc convenu d’y retourner
demain pm.
Pour souper, nous avons mangé du spaghetti avec du pain à l’ail. Nous avions une réunion sur le
choc du retour de prévue à 20h. Mario nous a aussi parlé de l’horaire de nos derniers jours au
Sénégal et ça s’annonce très agréable. La réunion fut très pertinente, c’était le fun de voir comment
chaque personne appréhendait son retour. Mario nous a demandé comment on pensait que notre
retour allait se passer. On répondait ensuite à tour de rôle à la question. Comment j’appréhende
mon retour? J’ai hâte de retourner au Québec et de revoir les gens que j’aime. J’ai hâte de raconter
mon voyage, mais j’ai peur de toujours faire des liens avec ce que j’ai vécu et que les gens me
trouvent tannants. J’ai l’impression aussi qu’avec toutes les réflexions et les introspections que j’ai
faites, je vais avoir un certain décalage avec les autres. Certains comportements vont aussi
probablement m’agacer, mais je dois garder en tête que ce n’est pas tout le monde qui a vécu ce
que j’ai vécu. Après la rencontre, les gens sont restés et nous avons fait un petit party. C’était festif
et très agréable. Nous avons fêté jusqu’à 2h30 du matin. J’ai aussi eu une conversation très
intéressante avec Ariane et Rachel C qui m’a fait le plus grand bien. Ariane a entre autre dit que
chaque voyage a un but et qu’il te fait grandir à sa manière. On réalise le but seulement plus tard,
mais il nous aide à devenir une meilleure personne, à mieux se connaitre et à savoir ce qu’on veut
vraiment.
6 juin 2017 : Dionewar
Ce matin, en me réveillant je me sentais déjà nostalgique. Aujourd’hui c’est notre dernière journée
à la villa 7 de Fatou et dans le beau village de Dionewar. Je suis partagée entre l’envie de revoir
ma famille et celle de rester ici encore quelque temps. C’est tellement magnifique ici et les gens
sont tellement gentils. L’ambiance de famille et de communauté qui règne ici va me manquer c’est
certain. En avant-midi, nous avons décidé d’offrir de petits cadeaux à Fatou. Nous avons amassé
un bon sac de surprises. Elle était tellement heureuse! Sa joie et sa bonne humeur valaient tout l’or
du monde. Pour diner, nous avons mangé les restes de thiébou viande, d’omelette et de crêpes. Vers
15h, nous sommes allés porter les dons au village. Les femmes au centre des femmes étaient très
heureuses. Pour bien finir l’après-midi, nous sommes allés nous baigner dans les vagues chez
Mama Lamine. C’était malade! Je vais m’ennuyer des baignades dans l’eau chaude de l’océan. Je
pourrais passer ma vie sur le bord de l’océan, c’est tout simplement parfait! Fatou avait préparé des
espèces de beignets farcis aux crevettes, aux oignons et aux poivrons verts. Nous sommes allées
les déguster sur le quai en regardant le coucher du soleil. C’est clairement ma nouvelle activité
préférée, maintenant. Pour souper, nous avons eu droit à du capitaine grillé avec des frites, une
sauce aux oignons et des haricots verts cuits à la vapeur. C’était un excellent dernier repas. Ah oui,
j’oubliais, en revenant du quai, nous avons fait un arrêt chez Ibou et il nous a offert un cadeau! Je
n’en revenais pas. Les gens ici sont tellement gentils et c’est de la générosité gratuite, si on veut.
Ils ne s’attendent jamais à rien en retour. C’est un peuple extrêmement généreux. Après le repas,
nous avons joué aux cartes avec Fatou. Une belle dernière soirée! Je vais m’ennuyer de nos soirées
tranquilles à parler, rire et jouer aux cartes. J’ai eu tellement de plaisir ici et j’ai vécu tellement de
choses. Cette villa va rester gravée dans ma mémoire pour toujours…
7 juin 2017 : Dionewar/Mbour/Saint-Louis
Ce matin, le départ définitif de Dionewar en pirogue était donné pour 7h. C’est donc le cœur gros
que je me suis levée en ce dernier matin. Le moment des adieux avec Fatou fut plus que déchirant.
Je vais tellement m’ennuyer d’elle! Une fois dans la pirogue en marche, je me suis retournée une
dernière fois vers le rivage où Fatou et Sita nous envoyaient la main. Une belle dernière image. À
Djifer, nous avons chargé le tas de ferraille (j’exagère à peine) nous servant de véhicule.
Honnêtement, je ne comprends pas comment quelqu’un a pu créer des bancs aussi rapprochés et
peu confortables. Après nous être fait arrêter trois fois par la gendarmerie, nous sommes finalement
arrivés avec 1h30 de retard à la réserve de Bandia où nous avions prévu faire un safari. Nous avions
une espèce de véhicule ouvert avec un toit en toile et on avait une vue incroyable. OMG! Quelle
expérience formidable! C’était une des plus belles choses que j’ai eu la chance de faire de ma vie.
On a eu la chance de voir une quantité impressionnante d’animaux variés. Nous avons, entre autres,
vu des girafes, des zèbres et des rhinocéros. On était tellement proches, c’était fou. Le meilleur
32 $ investit dans ma vie, sans aucun doute. Vers la fin, le guide nous a fait débarquer devant un
gigantesque baobab qui historiquement avait servi de tombeaux pour 128 griots. Étant donné notre
retard, nous nous sommes arrêtés dans un Shell pour nous acheter de quoi grignoter. Un bon repas
équilibré composé d’une gaufre, de crème glacée aux noisettes (incroyable) avec des Pringles
ordinaires. Un vrai festin! Un peu avant d’arriver à la ville de Thiès, notre bolide a commencé à
trembler. Genre, niveau « on roule sur l’accotement au Québec sur les trucs pour nous réveiller ».
S’en est suivi un énorme vacarme. En gros, sur un gros 2km max, le bolide a brisé quatre fois pour
finalement perdre définitivement l’arbre à transmission, parce qu’un des cardans a lâché. Notre
cher chauffeur nous a donc laissés sur l’accotement et il est parti avec l’arbre à transmission sous
le bras pour aller le faire réparer. Ce qui était censé être une réparation minime de 30 minutes a fini
par durer plus de 2h30. On n’avait plus de chauffeur, il faisait chaud, c’était incroyablement long
et tranquillement pas vite on perdait de plus en plus patience. Quand le chauffeur est revenu, il a
tenté de réparer le bolide. Après un essai routier peu fructueux, ils (le chauffeur et ses amis) ont
décidé de « jacker » le 18 places rempli de valises avec 18 personnes assises dedans. Quel pays,
pour vrai! Finalement, contre toutes attentes, on a redécollé et malgré le fait que le bras de vitesse
fonctionnait douteusement et que la 2e vitesse ne marchait clairement pas, on a réussi à se rendre à
Saint-Louis vers 22h30, après un arrêt à Kebemer pour déguster un succulent hamburger. Ah oui,
j’ai oublié de dire qu’on a failli (on a frôlé l’autre auto, clairement) avoir un accident et que l’autre
gars est venu chanter des bêtises à notre chauffeur. L’hôtel est vraiment charmant, on a l’air
climatisé et le WiFi. La douche chaude était incroyable, j’avais oublié à quel point c’était agréable!
8 mai 2017 : Saint-Louis
Ce matin, je me suis levée vers 9h30, la nuit fut assez courte. Par contre, je ne ressentais pas la
fatigue aujourd’hui. Le déjeuner était encore une fois du pain baguette, mais avec de la confiture
d’abricot au lieu du beurre de peanuts. L’avant-midi était libre, j’ai donc pris le temps de relaxer et
d’écrire mon journal sur le toit de l’hôtel. Vers 11h30, Laurie, Émilie, Audrey et moi sommes
parties dans les rues de Saint-Louis. C’est vraiment une belle ville. C’est plus tranquille qu’à Dakar
et l’architecture des bâtiments est très belle. Nous n’avons pas vraiment visité finalement, nous
sommes allées faire changer notre argent pour avoir de la monnaie, puis nous avons fait une virée
à l’épicerie.
En après-midi, nous avions un séminaire avec les étudiants de l’Université Gaston Berger (UBG).
Pour nous y rendre, nous avons pris l’autobus de ville. C’était cool comme expérience. À l’UBG,
nous avons tout d’abord rencontré Mamadou Dimé qui nous a parlé de l’histoire de l’Université.
Nous sommes ensuite allés parler avec quelques étudiants de sociologie. La discussion fut très
intéressante et de bons points furent abordés, comme notre point de vue face au système de santé
sénégalais. Ici, les médecins sont beaucoup plus des « donneurs de médicaments ». Ils cherchent
plus à soulager le patient qu’à le traiter réellement. Aussi, la communication entre le médecin et le
patient est quasi inexistante. Le patient ne sait jamais ce qu’il a, il prend seulement des pilules sans
trop savoir pourquoi. Après l’échange, nous avons eu droit à une visite du campus. C’est quand
même charmant. Retour en autobus de ville. C’est vraiment plaisant de vivre ce genre d’expérience,
car on se sent immergés dans leur mode de vie. Pour souper, nous sommes allés dans un petit
restaurant où j’ai mangé une omelette nature. C’était très bon. En revenant, nous avons commencé
à planifier la journée de demain. J’irai faire du dromadaire dans le désert de Lompoul. Je capote,
ça va être fou!
9 mai 2017 : Saint-Louis
Ce matin, le départ pour le désert de Lompoul était prévu pour 8h30. Après avoir mangé le
traditionnel pain baguette pour déjeuner, nous sommes montés à bord du véhicule qui allait nous
amener à destination. Contre toutes attentes, la camionnette était relativement confortable et on
avait de l’espace pour nos jambes. Le trajet était d’une durée de 2h30. C’était long, mais pas si
pire, car il y avait un petit vent frais. Rendus au village de Lompoul, nous sommes montés dans la
boite d’un pickup qui avait été aménagé avec des bancs. Le gars roulait vite, c’était vraiment
amusant. Plus loin, nous avons changé de véhicule pour une espèce de pickup de brousse. Ça y
allait comme jamais dans les routes de sables. Le désert était de toute beauté! C’est tellement
impressionnant à voir. Le tour de dromadaire était insane. OMG, une des choses les plus
incroyables que j’ai faites dans ma vie. Au début, j’avais un peu peur, mais finalement, c’était
vraiment plaisant. Ça avance tout doucement, j’en aurais fait pendant des heures. Le seul truc un
peu terrifiant, c’est lorsque le dromadaire se lève ou s’assoit, c’est assez instable, disons-le. Après
la balade, nous sommes allés nous assoir sous une tente et j’ai bu une bonne bière froide. Un
moment plus que parfait! Le chemin du retour fut plus difficile et pas mal moins agréable. Le vent
était tellement chaud dans la camionnette, j’étais trempée et j’avais plus que hâte d’arriver. Vers
18h30, nous nous sommes dirigés vers le restaurant (Flamingo). En arrivant là-bas, ils nous ont dit
qu’on pouvait seulement manger à 20h. La moitié du groupe a donc quitté, mais Ben, Dany, Rachel
G et M, Vincent et moi avons décidé d’attendre. Nous nous sommes donc promenés dans les petites
boutiques artisanales en attendant. C’était vraiment plaisant au restaurant! C’était bon, on a ri,
c’était tranquille et vraiment beau! Ça faisait du bien de ne pas être en grand groupe. Ce soir, on se
prépare tranquillement pour notre départ pour Dakar demain.
La température dans le désert n’était vraiment pas si pire, c’était chaud et j’ai attrapé un
coup de soleil sur la tête, mais avec le vent c’était très agréable.
Le désert de Lompoul est considéré comme petit.
10 juin 2017 : Dakar
Aujourd’hui, c’était le jour du départ pour Dakar, ce qui marquait aussi la dernière étape de ce
voyage plus que mémorable. Le séjour à Saint-Louis fut très agréable. C’est vraiment une belle
ville et l’hôtel (Sunu Keur) était très bien. À 8h30, nous avons pris la route, direction Dakar, à bord
de notre merveilleux bolide de brousse. Nous avons fait un arrêt alimentation à Thiès au restaurant
Big-Faim! En chemin, nous avons décidé de faire un arrêt au Lac Rose, qui est une attraction
touristique populaire. Malheureusement pour le nous, le lac n’était pas rose aujourd’hui. Les
bactéries contenues dans le lac très salé font parfois en sorte, selon la météo, de colorer le lac en
rose. C’était quand même très intéressant et impressionnant comme visite. Dans ce lac, 24 000
tonnes de sel par année sont récoltées. L’eau contient 380g de sel par litre d’eau. C’est tellement
salé que c’est impossible de caller. Samuel s’est baigné et il flottait vraiment. J’ai moi-même mis
les pieds dans l’eau et c’était brulant. Quand je les ai sortis, ils étaient huileux. Aussi, chaque
pirogue peut contenir une tonne de sel et ça prend environ 6h à remplir. Près du lieu où nous avions
laissé l’autobus, des marchands ont commencé à nous vendre divers objets. Une femme a été
incroyablement généreuse avec moi et m’a offert en cadeau un collier et un bracelet. Je n’en
reviendrai jamais d’à quel point les gens ici sont généreux, malgré leurs faibles avoirs. Vers 18h,
nous sommes finalement arrivés à Dakar. Le trajet fut beaucoup moins laborieux que la dernière
fois, aucun bris mécanique n’est survenu. Nous n’étions clairement pas prêts à retrouver la folie
des routes de Dakar. Ça saisit à chaque fois. Je suis très contente d’être de retour à Maam Samba.
En plus, je suis à nouveau avec les filles de chez Fatou. Plaisir garanti. Pour souper, nous avons
décidé de nous faire un vins fromages à 4. C’était succulent. On vit le rêve, dans le fond.
11 juin 2017 : Dakar
L’activité que nous avions dans notre calendrier aujourd’hui était la visite de l’ile de Gorée. Vers
8h30, nous sommes donc partis en taxi en direction de l’embarcadère du traversier qui allait nous
mener sur l’ile. Le gardien à l’entrée du port nous a demandé nos passeports pour pouvoir entrer.
J’ai trouvé cela un peu intense. La balade en traversier fut très agréable. Le port de Dakar est
vraiment impressionnant. Il y avait d’énormes bateaux avec des grues. L’ile de Gorée est de toute
beauté. Il y avait d’ailleurs énormément de touristes qui y séjournaient. L’ile rappelle une ville
européenne de par l’architecture des bâtiments, résultat de la colonisation. À notre arrivée sur l’ile,
notre guide nous a fait faire un tour guidé des lieux les plus significatifs en nous mentionnant des
informations intéressantes, mais choquantes sur l’esclavagisme, qui fait partie intégrante de
l’histoire de Gorée. C’est une petite ile de 300 mètres de large et 900 mètres de long. L’électricité
provient de Dakar via une canalisation sous-marine. 1500 personnes vivent sur l’ile. Il y a aussi
une école qui regroupe les 25 meilleures filles du pays. Elles sont choisies sur la base du résultat
d’un test. Cette année, le taux de réussite de l’école est de 100 %. À la fin de leurs études, elles
reçoivent habituellement des bourses d’études pour aller étudier en France ou aux États-Unis.
Gorée est un lieu protégé par l’UNESCO étant donné la « richesse » historique des lieux. Plusieurs
personnalités publiques ont d’ailleurs visité l’ile : le pape Jean-Paul II, Barack Obama, Nelson
Mandela et Georges Bush. Lors de la visite de ce dernier, ses gardes du corps sont entrés sur l’ile
et dans les maisons à 5h du matin pour mettre les gens sur un terrain clôturé. Les gens ont qualifié
cet épisode plus qu’ordinaire d’esclavagisme moderne. Passons maintenant aux renseignements
beaucoup plus tragiques. La traite des esclaves a fait plus de 6 millions de morts sur 3 siècles. Les
familles étaient séparées dans différents pays en échange d’objets. Les hommes contre des fusils,
les femmes contre des pacotilles et les enfants contre des miroirs. Je ne peux pas concevoir que
l’on peut échanger un être humain contre un objet aussi banal qu’un miroir. Nous avons eu la
chance, ou plutôt, le privilège de visiter la dernière maison des esclaves qui fut utilisée sur l’ile. Je
ne peux même pas décrire tout ce que j’ai ressenti en y entrant. Un mélange de colère et d’infinie
tristesse m’habitait. Ce fut sans aucun doute un moment dont je me souviendrai longtemps. La
souffrance qui habitait ces murs était encore palpable et nous envahissait. Chaque maison
d’esclaves abritait entre 100 et 200 esclaves qui vivaient dans des cellules au rez-de-chaussée. Ils
étaient séparés selon leur sexe et leur âge dans différentes cellules en béton, très petites et peu
éclairées avec une entaille dans le mur qui était qualifiée de fenêtre. Il y avait des cellules pour les
hommes, les jeunes filles (celles qui étaient considérées comme vierges, en se basant sur la fermeté
de leurs seins), les femmes et les enfants. Il y avait aussi une cellule pour les inaptes temporaires,
donc les hommes qui pesaient moins de 70 kg. Dans cette cellule, ils étaient gavés comme des
animaux jusqu’à atteindre le poids requis pour la traversée de 3 mois vers leur pays de vente. Des
cellules pour les récalcitrants existaient aussi. Une minuscule cellule sans fenêtre où on ne pouvait
pas tenir debout était remplie au bouchon, jusqu’à ce que la porte ne ferme plus. Dans chaque
cellule surchargée, les esclaves devaient rester assis, attachés les uns aux autres. Ils avaient le droit
à une sortie par jour pour faire leurs besoins, mais la plupart du temps ils les faisaient dans la
cellule. Lorsqu’un bateau arrivait, les esclaves passaient dans un grand corridor qui menait à un
pont, puis au bateau. De nombreux esclaves essayaient de s’échapper en sautant à l’eau, mais ils
ne se rendaient jamais bien loin, soit dévorés par les requins ou tués au fusil par les gardiens. Les
gardiens étaient à la base des esclaves avec qui les propriétaires s’entendaient bien. Ils reniaient
alors leur famille et devenaient affranchis aux maitres. Ils étaient responsables de surveiller les
autres esclaves. À l’étage vivaient les propriétaires des esclaves. C’est extrêmement choquant
quand on y pense. Les personnes âgées, quant à elles, étaient immédiatement jetées à la mer où
elles se faisaient manger par les requins. À la base, les esclaves étaient les autochtones d’Amérique,
mais ils préféraient se suicider plutôt que d’obéir aux ordres. Les colonisateurs se sont donc tournés
vers les Africains, qu’ils considéraient comme plus forts et plus résistants. Ils considéraient aussi
qu’à cause de leur couleur de peau, ils n’avaient pas d’âme et que le moyen de leur en donner une
était de les rendre esclaves. C’est terrible! C’est un plus grand génocide que celui des juifs, mais
pourtant on en a à peine (jamais) entendu parler dans nos cours d’histoire. J’ai été énormément
touchée par cet endroit et je suis honorée de l’avoir visité. Après la visite à la maison des esclaves,
nous avons grimpé une montagne (ancien volcan). Au sommet, il y a un monument fait sous forme
de voile de bateau pour symboliser la libération des esclaves. Il y avait aussi un gros canon qui a
servi seulement une fois pour abattre un bateau dans lequel on croyait que Charles de Gaulle était.
J’ai également eu la chance d’acheter une toile faite par un artiste nommé Books. C’est une carte
de l’Afrique en couleur sur un fond blanc avec un cadre noir. Elle est magnifique! Nous sommes
partis de l’ile vers 14h30 et le reste de la journée fut libre et relax.
Gorée veut dire dignité en Wolof.
Une phrase m’a particulièrement marquée : c’est là où sont revenus à jamais, l’âme de ceux
qui ont été sacrifiés, parce qu’ils sont un jour, nés nègres, parmi d’autres humains formant
l’humanité.
12 juin 2017 : Dakar
Dernière journée au Sénégal aujourd’hui. Ce matin, nous avions la visite de deux femmes de
l’ambassade du Canada. La réunion avait pour but de faire un retour sur notre expérience vécue sur
les iles. Aussi, cela faisait suite à la rencontre que nous avons eue à l’ambassade lors de la première
semaine du voyage. L’échange fut très intéressant et de bons points furent abordés. Après le départ
des femmes, nous avons établi l’horaire de la journée. Vers 13h, nous avons pris des taxis, direction
le village artisanal de Soumbédioune. C’est en gros un marché où plusieurs artisans sont réunis.
Disons que la sollicitation des commerçants est extrêmement présente. Aussi, ils font constamment
des prix beaucoup trop élevés et souvent exagérés. J’ai donc appris de cette expérience à garder
mon calme face à l’insistance parfois étouffante de certains. J’ai également développé des capacités
pour le marchandage que je ne croyais pas posséder. J’ai eu de bons prix quand je me suis
finalement décidée à acheter quelques pacotilles. J’ai acheté un plateau de service en bois, un
aimant pour le frigidaire et un bracelet de pied. Des objets très pertinents, au fond. J’avais des
doutes au départ quant à mon désir de visiter ce marché, mais au final, j’ai eu beaucoup de plaisir
et c’est une expérience de plus à ajouter à mon sac à dos. Nous avons ensuite marché sur la corniche
(bord de l’océan) et c’était de toute beauté. Nous avons fait un arrêt sur des roches et j’ai vraiment
pris le temps de me remplir les yeux une dernière fois de ce décor paradisiaque. J’ai tellement vécu
de bons moments ici, tous plus mémorables les uns que les autres. Ce voyage m’aura fait grandir
en tant que personne sur beaucoup d’aspects et j’ai hâte de voir comment cela va se refléter dans
ma vie de tous les jours au Québec. Pour souper, nous sommes allés manger au Planet Kebab. En
revenant, nous avons fait un comment ça va, puis nous sommes allés finaliser nos valises. Vers
minuit, nous nous sommes finalement couchés pour un gros 2h de sommeil.
13 juin 2017 : Dakar/Casablanca/Montréal
Vers 3h du matin, nous sommes montés à bord des véhicules qui allaient nous amener à l’aéroport.
Je n’exagère même pas en disant que cela a dû nous prendre maximum 10 minutes passer la sécurité
à l’aéroport. Honnêtement, je ne pensais pas que c’était légal d’avoir aussi peu de mesures de
sécurité dans un endroit aussi important. En plus, j’ai failli dire ma façon de penser à un douanier
qui m’a crié après et qui m’a soupiré en pleine face. Je me suis vraiment parlé à ce moment-là, car
ce n’aurait vraiment pas été l’idéal d’envoyer chier un douanier… Je lui ai par contre offert mon
plus bel air bête à vie. Notre vol en direction de Casablanca est parti vers 6h40. J’ai dormi tout le
long et ce fut très agréable. À Casablanca, notre escale était de 7h. Nous avions donc pensé sortir
pour aller voir la mosquée. Par contre, cela devenait beaucoup trop compliqué et nous n’aurions
pas eu le temps de vraiment visiter, car nous aurions été à la course. Nous avons alors décidé de
rester dans l’aéroport et d’attendre le départ de notre vol pour Montréal. Pendant l’attente, nous
avons dégusté un délicieux couscous marocain (au Maroc en plus) et flâné dans les diverses
boutiques. Mario nous a aussi partagé les commentaires qu’il avait reçus lors de ses évaluations de
stage. Sommes toutes, les commentaires sont très positifs. Lorsqu’ils ont finalement appelé
l’embarquement du vol en direction de Montréal, j’ai eu une montée d’émotion intense. J’étais si
heureuse de retourner chez moi. Notre avion était gigantesque et pourtant nous ne devions être que
60 passagers. Nous avons donc eu l’opportunité de changer de place une fois que la consigne des
ceintures fut éteinte. Ce fut un vol de retour parfait. J’étais carrément couchée sur les bancs à
l’arrière de l’avion et je m’étais enveloppée dans 2 couvertures. En plus, il y avait des oreillers. La
Royal Air Maroc est vraiment une belle compagnie aérienne. J’ai écouté un film excellent et j’ai
mangé. L’excitation était palpable quand nous avons finalement atterri à Montréal. Étant donné
que nous ne partions pas tous de la même façon dans nos résidences, nous avons dû nous faire des
au revoir. Ce fut quand même très triste de se séparer ainsi après avoir été ensemble pendant 35
jours. Jamais je n’oublierai ces moments incroyables passés en la compagnie de ce groupe
merveilleux. Ce voyage restera gravé dans ma mémoire à jamais et aura définitivement changé
pour le mieux la personne que je suis…