Cirphis : une étude sur des solutions alternatives à la lutte ...la parcelle. Il est important de...

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Article Cirphis BLE BERRI Elevage Cirphis : une étude sur des solutions alternatives à la lutte chimique lancée Après les années 2016 et 2018, cette fin d’été 2020 voit des colonies de chenilles des prairies ravager certaines parcelles…Différentes structures locales se sont emparées du problème afin de trouver des solutions alternatives plus durables pour tous. Contexte et enjeux locaux Les attaques de cirphis se font de plus en plus fréquentes sur le piémont Pyrénéen. Cela impacte durement les fermes basées principalement sur des systèmes herbagers, en diminuant les stocks d’herbe et de fourrage des éleveurs les plus touchés. Cette perte d’autonomie alimentaire déjà fragile inquiète beaucoup de paysans, notamment ceux qui doivent descendre leurs bêtes des estives. La méthode de lutte la plus pratiquée est chimique à l’aide de pyréthrénoïdes de synthèse. Elle a des effets néfastes sur le biodiversité car n’est pas spécifique de le chenille des prairies, et ces insecticides se retrouvent dans les eaux de captage des rivières. C’est toute la chaine trophique qui se trouve contaminée. Ces traitements ne constituent pas une solution pérenne, c’est pour cela qu’une étude locale a été lancée par BLE, EHLG, la LPO, la FDGDON64 et le lycée Jean Errecart afin de rechercher des solutions alternatives.

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Article Cirphis BLE BERRI

Elevage

Cirphis : une étude sur des solutions alternatives à la lutte chimique lancée

Après les années 2016 et 2018, cette fin d’été 2020 voit des colonies de chenilles des prairies ravager

certaines parcelles…Différentes structures locales se sont emparées du problème afin de trouver des

solutions alternatives plus durables pour tous.

Contexte et enjeux locaux

Les attaques de cirphis se font de plus en plus fréquentes sur le piémont Pyrénéen. Cela impacte

durement les fermes basées principalement sur des systèmes herbagers, en diminuant les stocks

d’herbe et de fourrage des éleveurs les plus touchés. Cette perte d’autonomie alimentaire déjà

fragile inquiète beaucoup de paysans, notamment ceux qui doivent descendre leurs bêtes des

estives. La méthode de lutte la plus pratiquée est chimique à l’aide de pyréthrénoïdes de synthèse.

Elle a des effets néfastes sur le biodiversité car n’est pas spécifique de le chenille des prairies, et ces

insecticides se retrouvent dans les eaux de captage des rivières. C’est toute la chaine trophique qui

se trouve contaminée. Ces traitements ne constituent pas une solution pérenne, c’est pour cela

qu’une étude locale a été lancée par BLE, EHLG, la LPO, la FDGDON64 et le lycée Jean Errecart afin de

rechercher des solutions alternatives.

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Ce que l’on sait :

Aujourd’hui, peu de données concernant le papillon et la chenille sont disponibles, les dégâts n’étant

cantonnés qu’à quelques pays, sur des territoires bien particuliers. Même dans notre territoire, des

localités sont plus sujettes eux attaques que d’autres. Un travail de veille bibliographique a permis de

mieux cerner le cycle de vie et les conditions de

développement de la chenille. Elle effectue 3 à 4 générations

par ans de mai à novembre avec des dégâts plus importants sur

la 3ème génération d’automne (septembre-octobre). Les

chenilles effectuerait leur cycle près des bas fonds et zones

humides, pour se déplacer ensuite vers des parties plus

séchantes et s’attaquer principalement aux graminées. Les

matières organiques non décomposés (fumiers frais, vieille

herbe) associés à des températures clémentes et une bonne

humidité favorisent aussi leur développement. Les hivers doux

permettent également aux chrysalides de survivre plus facilement.

Quand intervenir ?

L’étape préalable indispensable à une quelconque intervention et l’observation par le comptage, afin

de connaitre la densité de chenille par m2. Il faut effectuer plusieurs comptage à l’aide de quadrats

de 1 m2 à différents endroits de la parcelle afin d’avoir une idée plus fine du niveau d’infestation de

la parcelle. Il est important de faire le comptage à l’aube ou en fin de journée, période d’activité les

plus intenses pour les chenilles. On considère ensuite qu’une intervention est nécessaire si :

> 10 chenilles / m2 en période de croissance végétale faible

> 20 chenilles / m2 en période de croissance végétale soutenue

Pour diminuer la pression, différentes techniques peuvent être mises en place :

- piétinement des brebis par le pâturage - Roulage à faible vitesse - Herse à prairie : efficace pour écraser - Faucher - Application de Bt : Bacillus Thuringensis, traitement homologué en AB efficace mais

uniquement au stade larvaire (chenilles de 2 cm maximum). - La chaux vive (interdite en AB)

En dernier recours, le traitement chimique doit être réfléchit : ne pas traiter en cas de vent, respecter

les distances avec le voisinage, respecter les règles de traitements et prévenir les apiculteurs pour

préserver les ruchers. Penser également à prévenir les maraîchers voisins, les producteurs de fruits,

de PPAM

Le projet LEADER Cirphis 2020

L’objectif du projet est de capitaliser le plus grand nombre d’informations concernant l’activité du

papillon et de mettre en place des protocoles permettant d’évaluer les dégâts liés aux émergences

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de chenilles. Certains protocoles d’essais sont actuellement en cours (typologie des prairies

attaquées/non attaquées, recherche des prédateurs des chenilles, recherches de fermes volontaires

pour créer un réseau de fermes pilotes, etc)…. L’idée est de construire un programme de recherche

centrée sur la prévention et la réduction des impacts écologiques et économiques. Les premiers

résultats expérimentaux permettront d’amener aux agriculteurs des informations leur permettant

d’adapter certaines de leurs pratiques et avoir à leur disposition des outils de lutte alternative.

L’intérêt sera aussi de sensibiliser les acteurs agricoles et les différents organismes techniques et

territoriaux à la problématique. Enfin, cette étude s’intègre dans une démarche plus large où le

travail sera présenté à des instituts de recherches nationaux (INRAE, CIRAD), pouvant intégrer une

thèse de doctorats.