Ce document a été rédigé par quelques personnes, bénévoles, membres du Conseil Municipal de Monceaux ou membres du Syndicat Mixte des Marais de Sacy.

Il a pour objet de partager des informations sur le devenir du patrimoine exceptionnel que constituent les marais de Sacy.

Le présent document fait un rappel historique et réglementaire sur ces marais, sur leur valeur patrimoniale (habitat, faune et flore) et aborde quelques travaux de restauration et de sauvegarde en cours.

Il pourra avoir une suite, au gré des évènements qui jalonneront la vie de ces marais.

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PRÉSENTATION

DES

MARAIS DE SACY L’appellation « Marais de Sacy » est relative à une vaste zone humide et tourbeuse, de plus de 1000 hectares, qui est d’un grand intérêt écologique et patrimonial.

Les Marais de Sacy, plus vaste zone humide de l’Oise, s’étendent sur les communes de : Sacy-le-Grand, Labruyère, Rosoy, Cinqueux, Monceaux, Les Ageux et Saint-Martin-Longueau.

Ils sont constitués par :

� 25% de propriétés communales louées à des particuliers ou des associations de chasse, � 50% de grandes propriétés privées ainsi que de petites propriétés privées situées en périphéries. � 25% de propriétés acquises par le Conseil Général dans le cadre de la politique « Espaces Naturels

Sensibles

Autrefois occupés par un lac, qui s’est envasé, les Marais de Sacy ont fait l’objet ces derniers siècles d’exploitations humaines : cultures agricoles sur les secteurs les moins humides, pâturages et herbages pour fourrage et litières, exploitation de la tourbe, culture du cresson. Plus récemment chasse et pêche sont devenues les principales activités ainsi que l’élevage de bovins et équidés adaptés à l’environnement des prairies marécageuses. Ces diverses activités ont façonné le paysage avec notamment de grandes pièces d’eau et des canaux, le plus souvent rectilignes.

Mais ce milieu fragile, pas toujours correctement entretenu sur certains secteurs, était menacé d’assèchement (rappelons que le développement naturel de la végétation, non freiné, entraîne la disparition des marais pour laisser place à des milieux forestiers). De plus, des projets d’aménagement du site en zones de loisirs ont vu le jour. Aussi, dès 1997, eu égard à la diversité et à la richesse de la faune et de la flore du marais, les communes riveraines décident de créer une association et de faire réaliser une étude sur l’évolution du site et les risques qu’il encourt. Plusieurs années de travail scientifique permettent alors de confirmer la valeur écologique de ces marais, de faire une analyse globale du fonctionnement hydraulique et d’élaborer des pistes de travail pour transmettre aux générations futures un site dont la richesse serait préservée.

LES MARAIS DE SACY

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Des HABITATS, des PLANTES et une FAUNE REMARQUABLES :

Les facteurs physiques et humains ont conditionné le développement d’une diversité importante de milieux naturels, constituant des habitats remarquables pour la flore et la faune.

Les cladiaies (formations à marisque), plus ou moins denses, sont caractérisées par la présence du Marisque, plante d’environ 2 mètres de haut aux feuilles très coupantes.

Les étangs, mares et roselières sont nombreux sur le site. Zones de transition entre les milieux terrestres et aquatiques, les roselières constituent des habitats pour de nombreuses espèces et en particulier pour les oiseaux paludicoles * paludicole : relatif aux organismes qui vivent dans les marais

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Les prairies à molinies se développent sur des sols pauvres et soumis à une fluctuation saisonnière du niveau de l’eau (elles sont souvent inondées en hiver et au printemps). La végétation est dominée par les molinies. Entre les touffes de cette herbe s’installent de nombreuses plantes, dont certaines espèces rares et protégées

En bordure sud des marais on rencontre des landes sablonneuses avec quelques colonies de bruyères dont la bruyère quaternée, espèce protégée.

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Quelques 18 plantes protégées, dont 13 spécifiques aux marais, ont été repérées. On en trouvera ci-après quelques exemplaires. Les prairies, les chemins fauchés recèlent de nombreuses plantes protégées telles que la gentiane des marais ou des orchidées sauvages.

Les mares et fossés permettent l’observation de plantes remarquables telle que les utriculaires ou le potamot coloré

Dans les milieux tourbeux s’épanouissent parfois le mouron délicat ou encore le trèfle d’eau

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L’avifaune des roselières constitue une des principales richesses des marais de Sacy. Plus particulièrement, deux familles de hérons paludicoles, espèces menacées à l’échelle européenne, ont pu être observées : le butor étoilé et le blongios nain

Le busard des roseaux, rapace diurne qui se nourrit de petits mammifères, poissons, batraciens .. . , est présent dans le marais.

Cousine du rouge-gorge familier, la gorgebleue à miroir blanc rivalise de couleur avec le martin-pêcheur.

La proximité de mares et de zones boisées permet à diverses familles d’amphibiens de se développer. On citera plus particulièrement la présence de la rainette verte (ou rainette arboricole) et du triton crêté

Une couleuvre à collier guette son repas (poissons, batraciens . .) dans un fossé. D’autres serpents, telle la vipère péliade, fréquentent également les marais. La plupart des habitats sont également d’une grande richesse pour les invertébrés (insectes, araignées, mollusques . . )

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LES MARAIS DE SACY RECONNUS SITE EXCEPTIONNEL PAR L’EUROPE

La prise de conscience de la valeur écologique de ces marais a amené les conseils municipaux à décider de la création d’un Syndicat Intercommunal (Cinqueux, Les Ageux, Monceaux, Rosoy, Sacy-le-Grand et Saint-Martin-Longueau) qui, en partenariat avec les propriétaires, devait devenir l’animateur de toutes les actions visant à l’entretien et à la préservation du site.

Un droit de préemption a été créé pour éviter les activités mercantiles, droit qui a permis au département de l’Oise (Conseil Général de l’Oise) d’acquérir 230 ha de marais.

Parallèlement, ces intérêts écologiques ont justifié le classement du site en ZNIEFF (Zone Naturelle d’Intérêt Faunistique et Floristique), en ZICO (Zone Importante pour la Conservation des Oiseaux) et comme site d’intérêt communautaire au titre de la Directive Habitat.

La diversité des milieux et certaines espèces animales étant menacées par une évolution très importante des milieux naturels, dès 2004 le Marais de Sacy est inscrit dans le réseau Natura 2000 en tant que Site d’Intérêt Communautaire (S.I.C).L’objectif de ce réseau écologique, créé en 1992 par la Commission Européenne, est de favoriser le maintien de diversité des espèces et des habitats naturels.

En 2005, un document d’objectifs, dit DOCOB, est élaboré. Il définit l’état des lieux, le diagnostic écologique et le diagnostic des usages. Son objectif est de définir les orientations de gestion et de conservation établis par l’autorité administrative sur le site, en concertation avec les collectivités et les représentants des propriétaires.

Peu à peu des travaux de sauvegarde et de restauration des marais sont engagés, entièrement financés par Natura 2000 et pilotés par le Conservatoire des Sites Naturels de Picardie (qui deviendra le Conservatoire d’Espaces Naturels de Picardie en 2009) tandis qu’une structure des acteurs du Marais plus étoffée se met en place.

Le 21 décembre 2010, la ministre de l’écologie, du développement durable, des transports et du logement signe un arrêté désignant sous l’appellation : « site Natura 2000 marais de Sacy » (zone spéciale de conservation FR 2200378) l’espace délimité sur la carte au 1/25000 s’étendant sur une partie du territoire des communes suivantes du département de l’Oise : Les Ageux, Choisy-la-Victoire, Cinqueux , Labruyère, Monceaux, Rosoy, Sacy-le-Grand, Saint-Martin-Longueau. »

On soulignera que la Zone Spéciale de Conservation « site Natura 2000 Marais de Sacy » est plus étendue que celle dite des Marais.

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LES ACTEURS,

Pour de nombreuses parcelles du Marais, les propriétaires et/ou les locataires, le plus souvent par le biais de la chasse, ont entretenu et continuent d’entretenir leur territoire. Pour quelques-uns, la connaissance des marais et de leurs richesses est devenue une passion complémentaire.

Dans le cadre d’une approche globale de restauration-sauvegarde du marais, le Syndicat Intercommunal a évolué, en 2010, en Syndicat Mixte des Marais de Sacy-le-Grand avec l’entrée du Conseil Général en son sein. Ce Syndicat Mixte constitue la structure animatrice pour l’ensemble du domaine, acteur local majeur et force de proposition à plus grande échelle. Deux thèmes forts sont à la base de son action : la gestion de l’eau et la sauvegarde des habitats et de leur richesse floristique et faunistique.

Pour ce faire, le Syndicat Mixte a embauché, en octobre 2010, un ingénieur spécialiste des milieux humides dont le travail est partagé entre l’activité Natura 2000, la gestion de l’eau et des habitats, la sensibilisation des riverains, l’aide technique aux propriétaires.

Pour réaliser les travaux, le Syndicat fait également appel à un réseau de compétences et de ressources financières.

Ainsi, l’Agence de l’Eau Seine-Normandie a signé une convention avec le Syndicat et contribue financièrement aux travaux de gestion de l’eau et à la mise en place d’un plan de gestion du Marais pour le futur.

La DREAL (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) est l’autorité administrative du projet Natura 2000 et finance, avec l’Europe, différents travaux de sauvegarde et restauration. Des partenaires scientifiques sont associés à ces travaux. Ainsi, le Conservatoire d’espaces naturels de Picardie (CENP) apporte son assistance scientifique et technique dans les différentes opérations qui concernent plus particulièrement les habitats et la flore.

Enfin, créée en 2007, la Station Ornithologique des Marais de Sacy (SOMS), qui collabore avec le Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris, a pour vocation d’étudier la biologie des populations d’oiseaux sur le site.

LES ACTIONS RÉCENTES,

On trouvera ci-après la description succincte d’actions représentatives de restauration / sauvegarde du Marais de Sacy :

� Gestion de l’eau.

Le marais est un milieu très fragile qui repose sur l’élément eau, en quantité et en qualité. Le manque de connaissance de l’évolution des niveaux d’eau a ainsi conduit,ces dernières décennies, à une mauvaise gestion qui a accentué l’assèchement d’une partie du Marais. Il est important de comprendre le fonctionnement hydraulique du marais et le Syndicat Mixte s’y attache avec les services de l’Agence de l’eau.

A titre d’exemple les actions suivantes sont déjà engagées

� Mise en place d’échelles limnimétrique (règles graduées) en divers endroits permettant d’apprécier directement la côte du niveau d’eau dans une mare, un cours d’eau avec relevés réguliers des niveaux. � Mesure de débits d’eau dans différents canaux pour comprendre le fonctionnement hydraulique de surface des Marais

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� Examen du comportement de puits artésiens (mesure de débit, contrôle de débit . . )

� Travaux de gestion et de restauration d’habitats du marais

Le pâturage extensif :

Dans certaines zones du marais, dans les prairies tourbeuses plus particulièrement, la végétation est gérée par le broutement et le piétinement des troupeaux de chevaux et de bovins de race adaptée. Cette méthode de gestion est efficace pourvu que les quotas (nombre de bêtes maximal par hectare) soient respectés

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Débroussaillage et fauchage mécaniques en prairie tourbeuse (contrat Natura 2000, au bénéfice du marais communal de Monceaux) : Dans cet exemple une fauche adaptée a été réalisée dans une zone tourbeuse humide afin de restituer un milieu a priori favorable au développement, entre autres, de colonies de gentianes des marais.

Les travaux se déroulent selon un protocole strict :

Le débroussaillage et la fauche doivent se faire sans détériorer le sol, sans créer d’ornières. Les végétations typiques des marais se développent sur des sols pauvres, aussi les déchets végétaux de l’opération doivent être évacués (les laisser sur place reviendrait à laisser de l’engrais vert qui conduirait à enrichir le sol et donc modifier la végétation !)

Pour réaliser ces travaux des engins spécifiques sont utilisés.

Le premier engin, dont on remarquera les pneus très larges du tracteur pour éviter de créer des ornières, débroussaille, fauche et broie dans le dispositif à l’arrière du tracteur.

Les broyats sont ensuite déversés dans des casiers qui seront emportés vers une zone de stockage par un autre engin.

Ils seront ensuite sortis du site et valorisés en agriculture.

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Déboisement – Débroussaillage en bordure de mare en zone de tremblants (contrat Natura 2000 au bénéfice d’un marais communal de Sacy le Grand) :

Ces travaux ont eu pour objectif d’éviter l’emboisement du marais et de restituer un sol a priori propice au développement d’une roselière relativement rare qui ne pouvait s’étendre du fait de la présence d’arbustes et arbres. Le sol y est très particulier : des zones sont caractérisées par la nature instable du substrat, tremblant sous le pied, ressemblant un peu à des radeaux de végétation/tourbe flottants. De tels endroits sont particulièrement dangereux et l’opérateur de l’engin a du procéder par étapes :

� Consolider le sol avec la végétation de débroussaillage - déboisement,

� Pose d’un plancher sur le sol consolidé, � Déplacer l’engin sur le plancher, � Déboiser et consolider le sol,

ceci en avançant petit à petit. Puis l’opération est abordée en sens inverse avec enlèvements successifs des planchers et de la végétation de consolidation afin de laisser un sol nu.

Arrachage de la jussie* (contrat Natura 2000 au bénéfice d’un propriétaire privé) :

Certaines plantes, telles les jussies, se multiplient rapidement et envahissent totalement la zone aquatique disponible, captant à son seul profit toute la lumière, consommant les ressources et interdisant par sa densité tout déplacement de petits organismes (poissons, poule d’eau, …) au point d’éliminer toute autre espèce de flore et une grande partie de la faune. La méthode d’élimination adaptée est l’arrachage minutieux sur plusieurs années successives. Un seul pied laissé en place repeuple une mare en quelques années !

* Les Jussies ont fait l’objet en France d’un arrêté ministériel, en 2007, interdisant «sur tout le territoire métropolitain et en tout temps, le colportage, la mise en vente, la vente, l’achat, l’utilisation ainsi que l’introduction dans le milieu naturel, volontaire, par négligence ou par imprudence de tout spécimen. »

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LE MARAIS DE SACY ET LE PUBLIC

Les travaux d’inventaires et de connaissance de la vie du Marais conduiront dans le futur à réaliser de nombreux travaux de restauration et d’entretien.

L’accès à toutes les richesses qui s’y présentent est quasiment interdit au public aujourd’hui, la plupart des terrains qui composent le Marais de Sacy sont privés ou loués. Beaucoup de ces terrains sont d’ailleurs dangereux car souvent instables. La végétation peut aussi cacher des dangers.

A l’heure actuelle, le site n’est pas ouvert au public, sauf de manière exceptionnelle lors de visites guidées comme lors des journées ‘’L’Oise Verte et Bleue’’.

Dans un proche avenir, sur l’une des propriétés départementales, en extrémité du territoire de Monceaux, le Conseil Général de l’Oise envisage de construire une Maison de l’Environnement. Ce site sera un pôle d’animation, un centre documentaire et scientifique sur les marais.

Deux chemins seront également créés et aménagés pour favoriser la découverte des richesses de ce patrimoine naturel que constitue le Marais de Sacy.

Texte / Mise en page : Claude Cwiklinski / Jean Rousselot / Jean Claude Thomann

Crédit photos : Claude Cwiklinski, Jacky Doublet, Jean Rousselot, Jean Claude Thomann,

Conservatoire d’Espaces Naturels de Picardie (CENP), Station Ornithologique des Marais de Sacy (SOMS),

Internet : F. Desmette, P. Dubois, B. Gauquie, P. Melon, R. Theuer .

Conception : 11 Janvier 2012