Causes toujours n° 29

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CAUSE S TOUJOURS 29 GROUPE SOCIALISTE D’ACTION ET DE RÉFLEXION SUR L’AUDIOVISUEL asbl TRIMESTRIEL MARS 2013 LES MAINS NUES

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Causes toujours numéro 29

Transcript of Causes toujours n° 29

CAUSES TOUJOURS 29

GROUPE SOCIALISTE D’ACTION ET DE RÉFLEXION SUR L’AUDIOVISUELasbl

TRIMESTRIELMARS 2013

LES MAINS NUES

2Gsara 2013

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COPY-PARTYCopie Erreur #1Interview d’Éric Dubuisson

SERVICE DE PRODUCTIONCommunity Land Trust

FILMER À TOUT PRIXOuverture des inscriptions

ATELIER DE PRODUCTIONLes Mains Nues

RÉGIONALESInterview d’Olivier Charlier - Liège

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Gsara 2013

PRÉSENTATION GÉNÉRALE. MARS, 2013.

INTRODUCTION. — En plein dans nos réflexions sur la notion du droit d’auteur à l’ère numérique ( cam-pagne Gsara 2012 ) nous tentons un petit zoom illustré sur les débats :

Pas très loin d’ici, dans un pays plat, aussi plat qu’un plat *…Comme ailleurs, les habitants y vivent, y travaillent et s’expriment intensément. Comme ailleurs, les ins-truments qu’ils utilisent changent et se transforment épisodiquement à la faveur d’une invention particuliè-rement efficace. L’interconnexion des réseaux permet dorénavant au plus grand nombre un accès direct à toutes sortes de contenus. En effet, la population s’est mise à partager plus et plus vite, textes, musiques, images, vidéos et même structures moléculaires numé-risées, objets en 3D, services, monnaies, billets de train,… La circulation de toutes ces choses fonctionne si bien, si vite, que le modèle économique qui régit ces échanges ne peut suivre… Les noms d’oiseaux volent bas : « pirates ! », « censeurs ! », « irresponsables ! » … Un secteur est particulièrement touché de plein fouet par ces changements, c’est le secteur de la culture dont les contenus circulent très facilement du fait de sa numérisation aisée …

Le respect de la paternité de ces œuvres et du paie-ment de l’artiste pour l’œuvre consommée sont donc questionnés via la notion du « droit d’auteur ». Chacun s’accordent sur la protection et l’enrichissement des pratiques culturelles mais s’opposent sur les méthodes à adopter pour atteindre cet objectif.

*Copyright D.Annegarn ;-)

En retrait de cette bataille annonciatrice, d’autres acteurs économiques sont fort atten-tifs à ces débats car ils savent qu’un jour ou l’autre, leur production se retrouvera aussi sur « le Net »…

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DROIT D’AUTEUR. — C’est quoi, le droit d’auteur ?C’est une protection. Un peintre qui crée un tableau, un musicien qui crée un morceau, un chorégraphe qui imagine un ballet, ou encore un réalisateur qui réalise un film. Dans toutes ces situations, l’auteur est le seul qui peut reproduire, traduire, adapter, exposer ou vendre son œuvre. Il faut savoir que ces droits d’auteur sont automatiques, c’est‑à‑dire que dès qu’une œuvre est créée, elle est protégée par le droit d’auteur. Per-sonne ne peut l’utiliser sans en demander préalable-ment l’autorisation à son auteur.En revanche, cette protection a une durée limitée. Dans l’Union européenne, elle cesse dorénavant 70 ans après la mort de l’auteur ( durée augmentée en 1993). Passé cette date, tout le monde peut utiliser les œuvres comme il le souhaite. Mais attention, toujours en citant son auteur !

*Mickey Mouse Protection Act : En 1976, le Copyright Act of 1976 avait prolongé le terme des droits d’auteurs à 50 ans après la mort d’un auteur et à 75 ans pour les œuvres en nom collectif d’entreprise. Cette loi a pour effet de geler les dates d’entrée dans le domaine public des œuvres aux États‑Unis. Ainsi, aucune des œuvres créées après le 1er janvier 1923, et qui auraient dû entrer dans le domaine public en 1998, ne le seront avant 2019. Les deux lois ont reçu un fort soutien de la part de la Walt Disney Company qui, à l’époque des deux lois, risquait de perdre ses droits sur le personnage de Mickey Mouse. Elle a ainsi pu continuer à protéger toutes les œuvres de sa société fondée en 1923.

LE DROIT D’AUTEUR COMPREND DEUX ASPECTS :

· Le droit moral : C’est le droit de faire respecter son œuvre. Il est inaliénable, c’est‑à‑dire qu’il reste per-pétuellement dans le patrimoine de l’auteur et passe à ses héritiers. Il ne peut être cédé et survit aux droits patrimoniaux, qui s’éteignent quand l’œuvre tombe dans le domaine public.

· Le droit patrimonial : L’auteur a la faculté d’exploi-ter son œuvre par la représentation ou la reproduction, sous quelque forme que ce soit, aux fins éventuelles d’en tirer un bénéfice. La reproduction consiste en la réalisation d’une copie fidèle. La représentation est la communication de l’œuvre par un procédé quelconque. C’est la projection d’un film, la représentation d’une pièce de théatre, l’exposition d’un tableau.

Ces droits peuvent être cédés contre rémunération. On appelle les cessionnaires des droits d’auteurs, qui ne sont pas les auteurs, les ayant-droits : ceux qui ont les droits de l’auteur.Il existe deux façons de ne pas respecter le droit d’auteur : le plagiat et le piratage. Le plagiat est le fait de s’attribuer la création d’un autre, de se faire passer pour l’auteur d’une œuvre alors qu’on ne l’est pas.Le piratage est la reproduction de l’œuvre (une copie est créé sur votre disque dur) et la représentation de l’œuvre ( chaque fois que vous la regardez, vous commettez un acte de contrefaçon ). En pratique, c’est impossible à établir, alors que la reproduction l’est plus facilement. C’est via le droit d’auteur que les artistes devraient vivre de leurs œuvres. Mais la situation n’est pas simple. Comment percevoir ces droits ? Qui le fait ? Comment ça se passe depuis qu’Internet dématérialise la diffusion ? C’est ce que nous tenterons d’aborder dans les prochains chapitres d’ « erreur copie ». Nous prévoyons 6 épisodes. Le trimestre prochain : « les alternatives à la protection : l’ouverture. Open‑Source, Creative‑Commons, droit au partage, économie col-laborative, etc. – quelles sont ces barbaries ? Nous ten-terons de présenter un certain état des lieux.

Bernard FostierIllustration : Clément Hostein

DÉFINITION

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« LA PROPRIÉTÉ LITTÉRAIRE EST D’UTILITÉ GÉNÉRALE. TOUTES LES

VIEILLES LÉGISLATIONS MONARCHIQUES ONT NIÉ ET NIENT ENCORE LA PROPRIÉTÉ LITTÉRAIRE.

DANS QUEL BUT ? DANS UN BUT D’ASSERVISSEMENT. L’ÉCRIVAIN PROPRIÉTAIRE, C’EST L’ÉCRIVAIN

LIBRE. LUI ÔTER LA PROPRIÉTÉ, C’EST LUI ÔTER L’INDÉPENDANCE. »

« LE PRINCIPE EST DOUBLE, NE L’OUBLIONS PAS. LE LIVRE, COMME

LIVRE, APPARTIENT À L’AUTEUR, MAIS COMME PENSÉE, IL APPARTIENT — LE

MOT N’EST PAS TROP VASTE — AU GENRE HUMAIN. TOUTES LES

INTELLIGENCES Y ONT DROIT. SI L’UN DES DEUX DROITS, LE DROIT DE

L’ÉCRIVAIN ET LE DROIT DE L’ESPRIT HUMAIN, DEVAIT ÊTRE SACRIFIÉ, CE

SERAIT, CERTES, LE DROIT DE L’ÉCRIVAIN, CAR L’INTÉRÊT PUBLIC

EST NOTRE PRÉOCCUPATION UNIQUE, ET TOUS, JE LE DÉCLARE, DOIVENT

PASSER AVANT NOUS. »

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Rencontre avec François Dubuisson, docteur en droit. Il est actuellement chargé de cours à l’Université libre de Bruxelles (ULB), où il enseigne le cours de contentieux en droit international, et est attaché au Centre de droit de l’information et de la communication et au Centre de droit international. Il est également chargé d’ensei-gnement à l’Université Paris-Sud XI pour le cours de droit international et européen de la propriété intellectuelle.

FAUT-IL, D’APRÈS VOUS, RÉFOR-MER LE DROIT D’AUTEUR AU REGARD DE L’ÉVOLUTION TECH-NOLOGIQUE ET DE SON IMPACT SUR LES PRATIQUES ?

On peut difficilement laisser le régime actuel en l’état. En Belgique, le régime est fixé par une loi adoptée en 2005 qui visait de mettre un œuvre la directive européenne de 2001. Les grands choix qui ont été faits en 2001 se sont avérés soit inefficaces soit aux effets pervers et pernicieux. Il était déjà très critiquable à l’époque. On a largement voulu favoriser l’approche économique du droit d’auteur et de l’industrie de la culture. Depuis lors, est intervenu le peer‑to‑peer qui n’était pas vraiment envisagé à l’époque. Le système, tel qu’il avait été pensé est largement dépassé aujourd’hui et en décalage total avec la réalité.

Video de la Copy Party : https://vimeo.com/61003268

SUITE ET FIN DE LA COPY PARTY, UNE CAMPAGNE DE SENSIBILISATION SUR LE DROIT D’AUTEUR, LA COPIE PRIVÉE, LE PARTAGE DES ŒUVRES, LE LIBRE ACCÈS AU SAVOIR.

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COMMENT CONCILIER DROITS D’AUTEUR ET ACCÈS À LA CULTURE POUR TOUS À L’HEURE D’INTERNET D’APRÈS VOUS ?

C’est une question à laquelle il est difficile de répondre. C’est la grande équation effectivement : comment concilier la nécessaire préservation des droits d’auteurs (pour per-mettre aux auteurs et aux inter-médiaires de la culture d’encore vivre) et un accès plus large à cette culture. L’un ne doit pas se faire au détriment de l’autre. C’est toute la difficulté. Personne ne parvient pas à résoudre cette question pour le moment. Nous sommes dans une étape de transition. Il y a des théories très libertaires qui veulent pratiquement l’abrogation du droit d’auteur, ce qui me parait excessif parce qu’il faut quand même continuer à favoriser la création d’œuvres et permettre aux auteurs de vivre de leurs créations.

La réforme du droit d’auteur me semble politiquement très diffi-cilement réalisable tant il y a des intérêts économiques extrêmement forts et des points de vues telle-ment inconciliables, que ce soit entre les acteurs concernés (l’indus-trie de la culture, les utilisateurs, tous les intermédiaires de l’inter-net) et entre les Etats.

Réformer cette directive euro-péenne de 2001 à 27 Etats membres est extrêmement compli-qué. Les réponses apportées par les Etats sont très différentes les unes des autres (celle plutôt répres-sive d’Adopi sous la présidence de Nicolas Sarkozy en France ; l’immo-bilisme en Belgique,...) alors que l’objectif était d’harmoniser le droit d’auteur à l’échelle européenne.

C’est la question d’un point de vue économique qu’il faut princi-palement résoudre : quel modèle économique appliquer ? Un certain

nombre d’acteurs veut défendre et se raccrocher au vieux modèle de droits d’auteurs où il s’agit encore de vendre des œuvres à des utilisateurs qui vont payer le prix maximum. C’est le cas des « majors » de la musique ou du cinéma.

Et puis il y a d’autres modèles qui désirent donner accès à tout un patrimoine culturel pour un prix raisonnable pour l’utilisateur. Ce pose aussi la question de savoir comment faire participer à cette économie de la culture, tous les intermédiaires qui sont apparus, qui bénéficient de cette diffusion de la culture mais qui n’en paient pratiquement pas le prix, comme les moteurs de recherche : Google, les fournisseurs d’accès, etc. qui vont par exemple faire la publicité sur les capacités de télécharge-ment de leur abonnement mais qui ne rétribue en rien les auteurs et les œuvres. Donc, là, il y a tout un champ de réflexion à mener. Evidemment, c’est compliqué à mettre en œuvre d’autant plus que maintenant la question est de plus en plus globale. Ce n’est pas un état tout seul qui peut décider quelque chose s’il n’y a pas une certaine globalisation des solutions.

C’EST BIEN L’OBJECTIF DE LA LICENCE GLOBALE ET DE LA RIPOSE GRADUÉE EN BELGIQUE ...

En Belgique, pour le moment, il y a simplement des propositions de loi : la licence globale d’Ecolo et la réponse graduée du MR, très édulcorée par rapport à ce qui a été proposé en France. La réponse graduée, à mon avis, ne va pas se montrer très efficace. Il y a des études qui essaient de prouver une hausse de ventes des fichiers légaux de manière corré-lative ou une certaine baisse de

trafic peer‑to‑peer. Mais c’est très difficile à apprécier et à évaluer dans un laps de temps aussi court. Ca ne fait jamais que 2‑3 ans que le système est vraiment d’application. D’ailleurs, il est fortement remis en cause en France sans compter qu’il y a toujours des parades tech-niques. L’effet est plutôt un dépla-cement de pratiques plutôt qu’une diminution forte des télécharge-ments non autorisés.

La licence globale, elle, pose quand même des questions juridiques importantes. Il y a un cadre à respecter ‑ la directive 2001 dans le cadre européen et la convention de Berne dans le cadre internatio-nal – qui limite très fortement les possibilités pour les Etats de prévoir des exceptions aux droits d’auteurs. La licence globale se heurte aussi à des difficultés juridiques. Si on autorisait les échanges sur Internet via le paiement d’une certaine rémunération mensuelle sur l’abonnement par exemple, est‑ce que ça ne concurrencerait pas de manière trop forte l’offre légale ? Est‑ce qu’elle n’aurait pas un impact trop important sur des canaux de diffusion officiels comme itunes par exemple ?

Pour réussir, il faudrait que la Licence globale se fasse au moins au niveau européen, mais le consensus est difficile à obtenir.

VOUS NE SEMBLEZ PAS FORT OPTIMISTE..

Je ne suis pas spécialement opti-miste parce qu’il y a tellement d’enjeux, d’intérêts divergents. Tout le monde a tendance à camper sur ses positions. En même temps, la pratique du téléchargement et des échanges sur internet est présente. Je ne pense pas qu’on va pouvoir substantiellement la canaliser ou la limiter. Les techniques sont telles

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que n’importe quel système sera toujours assez rapidement dépassé.Il y aura toujours des parades.

Il faudra trouver d’autres sources de rémunération, les concerts par exemple. On constate que ces nouvelles pratiques se doublent souvent d’une affluence plus impor-tante aux concerts. Alors que les concerts étaient auparavant pensés comme support marketing pour vendre des œuvres, c’est un peu l’inverse qui se passe aujourd’hui où l’œuvre est un élément d’appel pour les concerts, le merchandising, les publicités sur Youtube,... Il y a plus de possibilités, plus de facilités aujourd’hui pour des artistes d’avoir un contact direct avec des fans, d’avoir leur propre site, de mettre leurs œuvres en téléchargement, etc.

C’est par toute une économie qui va graviter autour des œuvres, qu’une certaine rétribution va pouvoir intervenir. Mais, une autre question se pose : tout le monde va‑t‑il avoir accès à ces mêmes rémunérations ou seulement les grands artistes ? Le problème se pose pour les auteurs qui arrivent tout juste à vivre de leur art mais qui peuvent voir leur situation mise en péril si leur œuvre est trop facilement diffusée, partagée sans aucune rétribution. Mais Internet permet aussi à ces artistes ou à certains styles culturels et artistiques d’exister. Ils n’existe-raient pas sans cette globalisation. Certains magasins, qui autrefois avaient une existence physique, se développent sur internet. Ainsi, ils peuvent fédérer tous les fans d’un type pointu de musique dans le monde entier et être rentables. Certains artistes parviennent aussi à trouver leur public et à vivre plus facilement grâce à l’internet plutôt que de vendre ou distribuer leurs cd en quelques exemplaires dans

les magasins du monde entier. C’est un phénomène de vases communi-quants complexe.Je ne pense pas que c’est le Droit qui va donner la solution mais l’éco-nomie puis l’invention de nouvelles pratiques. A mon sens, la réponse devra plutôt être économique c’est‑à‑dire que tous les acteurs vont devoir s’adapter à cette nouvelle donne. Le droit est relativement im-puissant aujourd’hui à faire changer les comportements des utilisateurs, qui ne vont pas cesser de téléchar-ger alors que c’est tellement facile. Le système du droit d’auteur actuel n’est plus socialement accepté. Ensuite, on a du mal à comprendre les prix pratiqués en télécharge-ment numérique. C’est moins cher d’acheter un CD sur Amazon que d’acheter une œuvre sur itunes !

LES REMIX, BOOTLEG, MASHUP SONT-ILS DE NOUVEAUX MOYENS D’EXPRESSION AR-TISTIQUE OU DU PLAGIAT ? L’ARTISTE CRÉE RAREMENT UNE OEUVRE À PARTIR DE RIEN... A PARTIR DE QUAND CONSIDÈRE-T-ON UNE OEUVRE COMME NOUVELLE ?

Je ne pense pas que les remix, mashups,.. soient du plagiat. La plupart du temps, elles sont créées pour le plaisir et sans volonté de faire un bénéfice économique sur le dos de l’artiste, contrairement au plagiat. Le plagiat, c’est faire soit des éditions parallèles ou pirates d’une œuvre. On va vendre et revendre soi‑même, s’approprier l’œuvre de quelqu’un sans le mani-fester.

A mon sens, on est entrés dans une ère totalement post‑moderne de la culture, dans une ère de recyclage. On recycle des œuvres, on recycle des styles. Quand on écoute une œuvre aujourd’hui, il est difficile de la dater tant les barrières tempo-relles ont un peu volé en éclats.

De facto, il y a une très large tolérance face à ces pratiques. D’ailleurs, ils font souvent la pro-motion des artistes en question dans le sens où ça fait plutôt revivre d’anciennes œuvres, avec un impact bénéfique pour les artistes concernés.

Je n’ai pas connaissance de nombreux procès. Il y a eu un cas en mars 2012 où Flammarion, maison d’édition de la célèbre BD « Maus » d’Art Spiegelman, a assigné l’éditeur belge La Cinquième Couche devant le Tribunal de Paris pour contrefaçon. L’auteur avait en effet détourné l’oeuvre originale en remplaçant les visages des souris, victimes de la Shoah, par des masques de chats (comme sur la tête de tous les personnages). L’oeuvre « Katz » fut retirée de la vente mais ce détour-nement relevait pourtant davan-tage du happening, du plaidoyer en faveur de la liberté d’expression que d’une opération commerciale. Le droit d’auteur est là aussi com-plètement déphasé par rapport à la pratique. Si on l’appliquait stricte-ment, ce ne serait pas possible.

QU’EN EST-IL DU DROIT DE PRO-PRIÉTÉ VIRTUELLE ? QUEL EST LE RÉGIME JURIDIQUE ( TANT DU POINT DE VUE DU DROIT MORAL QUE PATRIMONIAL ) DES CRÉATIONS DANS LES UNIVERS VIRTUELS ? PAR EXEMPLE, NOS DONNÉES QUI NE NOUS APPAR-TIENNENT PAS SUR FB, LA VENTE DE BIENS DANS SECONDLIFE, LA LISTE DE CONTACTS TWITTER,..

Effectivement ça pose beaucoup de questions puisqu’on n’a aucun contrôle sur ce qui est fait exacte-ment, sur comment les données sont récoltées, sur ce qui en est fait par la suite. Là on a une perte de maîtrise de ses données person-nelles. Et puis par ailleurs, il y a tout un questionnement sur les statuts juridiques allant des fichiers qu’on

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achète sur itunes par exemple ou les e‑books puisque l’accès aux œuvres va se faire via des fichiers numériques. On constate, en lisant bien les conditions de licence d’itunes ou d’Amazone qu’on n’est pas propriétaires de ses fichiers. Ca pose aussi la question du statut juridique parce que si demain itunes décide de fermer la porte et de désactiver tous les logiciels qui permettent de lire ces fichiers, ça va devenir compliqué.

DANS LE CADRE D’UNE POLI-TIQUE CULTURELLE, NE FAU-DRAIT-IL PAS ÉLARGIR LE CHAMP DES EXCEPTIONS ÉDUCATIVES COMME L’A MÊME ENVISAGÉ LA COMMISSION EUROPÉENNE DANS SON LIVRE VERT SUR LE DROIT D’AUTEUR DANS L’ÉCO-NOMIE DE LA CONNAISSANCE, TANT LE NUMÉRIQUE TRANS-FORME PROFONDÉMENT LES PRATIQUES ÉDUCATIVES ?

Oui tout à fait. Il existe une soupape, celle de pouvoir établir des exceptions dans le système actuel du droit d’auteur. La convention de Berne prévoit des conditions pour établir de nou-velles exceptions, en fonction des nouveaux besoins ou de l’évolution de la société. Le problème, c’est que la directive européenne de 2001 a établi un catalogue limi-tatif d’exceptions. Elle a fait une liste d’exceptions assez large et importante, mais en réalité elle a complètement figé la possibi-lité d’établir des exceptions. Les Etats ne peuvent donc pas établir d’exception si elle n’est pas dans la liste ou si elle ne respecte pas les critères fixés dans la liste. C’est un vrai carcan très domma-geable pour pouvoir s’adapter aux nouveaux besoins. On constate une série de domaines dans lesquels la liste d’exceptions n’est plus du tout adaptée. Les critères ou les conditions sont parfois aussi stricts qu’impraticables.

De plus, la directive de 2001 écarte pratiquement toutes les excep-tions dès le moment où l’œuvre est offerte en ligne. C’est une grave erreur ! Ca veut dire que dans l’univers du numérique, l’utilisateur n’a plus aucun droit. C’est celui qui offre l’œuvre qui va établir, dans la licence, ce qu’on peut faire ou ne peut pas faire. Ca vaut pour le livre numérique également.

C’est un frein très important, notamment dans le domaine de l’éducation, de la recherche. L’accès au savoir dans les universités par exemple se fait beaucoup via des abonnements en ligne, via des accès à des bases de données. Il y a aussi la question du prix. Les éditeurs fixent des prix très souvent difficiles à supporter pour les uni-versités.

Il faudrait qu’il y ait une vraie réflexion – qui a déjà été menée par l’Union européenne mais qui n’a pas encore abouti – sur les possibi-lités d’élargissement des exceptions et notamment dans l’univers numé-rique. La question par exemple de savoir si on peut faire des présen-tations Powerpoint en cours ou présenter des extraits de films et des images n’est pas claire. La loi belge n’est pas très claire là‑dessus. Alors évidemment on le fait et on se dit que probablement on n’aura pas de soucis mais ce n’est pas très clairement prévu.

Selon la réforme de 2005 (qui a fortement révisé les exceptions, en conformité avec la Directive), certaines exceptions doivent être compensées par des rémunérations coréllatives. Comme on a modifié les exceptions, il fallait modifier le régime des rémunérations et 8 ans plus tard, ça n’a toujours pas été fait ! Ces nouvelles exceptions ne sont toujours pas en vigueur.

On a une situation en Belgique totalement ubuesque et kaf-kaïenne où certaines exceptions sont entrées en vigueur et d’autres pas, des critères complètement incohérents, des anciennes excep-tions qui s’appliquent et des nou-velles qui ne s’appliquent pas. On a des trous dans la loi. Par exemple, il est interdit de faire des impressions papier d’un article online.

A chaque fois, je dois relire la loi et voir très clairement ce qu’on peut faire et ce qu’on ne peut pas faire. Si on appliquait à nouveau strictement la loi telle qu’elle existe actuellement, il y a des tas de choses que tout le monde fait tous les jours sans penser à mal et qui sont strictement interdites. Ca montre que le système est absurde et tellement complexe que même les juristes ont du mal à s’y retrou-ver. Le système de droit d’auteurs est illisible pour les utilisateurs.

Propos recueillis par Julie van der kar

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RÉAPPROPRIONS-NOUS LE SOL URBAIN, POUR AVOIR TOUS ACCÈS À LA VILLE DE DEMAIN

FORT DE SON EXPÉRIENCE SUR LE FILM « TOIT(S) » PRODUIT EN 2010, LE GSARA SE LANCE DANS LA RÉALISATION ET LA PRODUCTION D’UN FILM SUR LA MISE EN PLACE DE COMMUNITY LAND TRUST (CLT) À BRUXELLES, EN PARTENARIAT AVEC LA PLATEFORME CLT BRUXELLES. CE FILM SERA UN OUTIL DE VULGARISATION DU CONCEPT DES CLT EN BELGIQUE, SENSIBILISERA LES DIFFÉRENTS ACTEURS DU SECTEUR DU LOGEMENT, ÉVEILLERA LE MONDE POLITIQUE À CES SOLUTIONS CRÉATIVES ET DURABLES ET PERMETTRA DE REDONNER ESPOIR AUX MAL-LOGÉS. LE CAUSES TOUJOURS SUIVRA L’ÉVOLUTION DU PROJET AU FIL DES MOIS.

Les Community Land Trust sont des organisations qui produisent des logements abordables pour les personnes à faibles revenus. Cette initiative est née aux Etats‑Unis à la fin des années 70 et repose sur quelques mécanismes novateurs:

1. La séparation de la propriété du sol et du bâti, et la création d’un «trust» qui reste détenteur du sol et applique strictement des mesures anti‑spéculatives.

2. La participation des usagers, du quartier et des pouvoirs publics au sein des organes décisionnels.

3. La coexistence dans les mêmes lieux d’espaces de production pour des entreprises d’économie sociale, d’espaces destinés au logement, d’espaces destinés aux infrastruc-tures d’intérêt collectif, etc.

SERVICE PRODUCTION

LE COMMUNITY LAND TRUST :

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_ SERVICE PRODUCTION

LE CLT, UNE NOUVELLE VOIE D’ACCÈS AU LOGEMENT À BRUXELLES !

On l’entend trop souvent, Bruxelles fait l’objet d’une hausse constante des prix de l’immobilier: depuis 2004, les prix immobiliers grimpent chaque année de 10 %. L’acquisition devient quasi impossible pour les personnes à faibles revenus, et sur-tout pour les familles nombreuses.

C’est pourquoi, le Ciré1 a mis en place des groupes d’épargne col-lective et solidaire, un système qui facilite l’acquisition pour les familles à faibles revenus. Même si ce projet continue à faire ses preuves, il ne résout pas le problème de la flam-bée des prix de l’immobilier.

Les groupes d’épargne collective et solidaire ont été mis en place en 2003 par le Ciré. Dans ce sys-tème, chaque famille cotise un montant fixe décidé par le groupe tous les mois. L’épargne collective

fonctionne comme un fonds de rou-lement qui peut être utilisé par les différentes familles du groupe pour avancer l’acompte exigé lors de la signature du compromis de vente. Dans le système CLT, l’épargne collective n’aura sans doute pas la même fonction mais pourrait servir à financer, par exemple, des équi-pements collectifs.

Face à ces constats, un certain nombre d’associations2, dont le Ciré, se sont penchées sur le mo-dèle CLT jusqu’à créer la Plateforme CLT Bruxelles en 2011, dont le but est d’encourager la mise en place de CLT à Bruxelles. Depuis, une étude de faisabilité a été effectuée, ce qui a donné lieu à l’accord, le 20 décembre 2012, du Gouvernement de la Région de Bruxelles‑Capitale pour la mise en route de projets pilotes CLT.

Le CLT constitue une piste promet-teuse pour rendre l’acquisition à

1. Coordination et Initiatives pour Réfugiés et Etrangers

2. Baita, Maison de quartier Bonnevie, Bral,, Ciré,

Collectif Au Quai, Comité de Quartier Jacques Brel,

Convivence/Samenleven, Credal, Eva, Febul, L’Espoir,

Logement pour tous, Periferia, Rassemblement Bruxel-

lois pour le Droit à l’Habitat, Renovassistance, La Rue,

Samenlevingsopbouw Brussel

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nouveau possible pour les per-sonnes à faibles revenus. Ici, l’ache-teur acquiert son logement à un prix inférieur à celui du marché : la différence provient de la séparation de la propriété du bâti et du terrain, couplée avec une aide (provenant d’un subside de l’Etat) qui lui est ac-cordée par le trust à l’achat et qu’il doit restituer lors de la revente.

L’ARC-EN-CIEL, PREMIER CLT À MOLENBEEK

« On est tous ici pour avoir un logement décent,

c’est un rêve »3

« Arc‑en‑Ciel », c’est le nom que s’est donné le groupe d’épargne collective et solidaire créé en 2012 pour porter, avec un ensemble de partenaires, un des premiers CLT à Bruxelles. Ces partenaires, ce sont la Maison de Quartier Bonnevie, le Ciré, Convivence, l’asbl CLT et le Fonds du Logement bruxellois.

L’idée de créer des logements neufs à des prix abordables n’est pas ve-nue du jour au lendemain. C’est en s’inspirant du projet mené avec le groupe d’épargne « L’Espoir » que les associations Ciré et la Maison de Quartier Bonnevie se sont attelés à développer des projets semblables. Si l’Espoir a rencontré un vif suc-cès pour avoir su offrir des loge-ments bon marché et de qualité à

des familles à faibles revenus, la construction à la rue Vandenpeere-boom va un pas plus loin.

Ici, l’achat du logement répond à la mesure anti‑spéculative propre aux CLT qui veut que si une famille vend son logement, c’est toujours le trust qui le rachète et le vendeur ne reçoit qu’un quart de la plus‑va-lue de son bien. Ceci permet à une nouvelle famille d’acheter le bien à un prix abordable. Là où le subside de départ était en quelque sorte « perdu » à l’Espoir une fois le bien remis en vente, dans le système CLT, le subside est conservé pour pouvoir rendre ces logements accessibles sur le long terme.

S’il s’agit d’un projet « test », cer-tains éléments du projet CLT Arc‑en‑Ciel se profilent déjà clairement: il s’agit d’un projet de construction de bâtiments d’une capacité d’envi-ron 30 logements, avec le Fonds du Logement Bruxellois comme maître d’ouvrage.

UN PROJET À CONSTRUIRE, BRIQUE PAR BRIQUE...

Le projet Arc‑en‑Ciel va bon train. Le moteur, cette envie partagée de pouvoir vivre dans un logement de qualité et adapté à la taille de sa famille, car « mon rêve, c’est d’avoir enfin un logement « comme tout le monde », un logement où il n’y a pas de bruit, où je peux me sentir bien ! »4.

3. Citation d’un membre de l’Arc‑en‑Ciel

4. Citation d’un membre de l’Arc‑en‑Ciel

5. Citation d’un membre de l’Arc‑en‑Ciel

6. Citation d’un membre de l’Arc‑en‑Ciel

SERVICE PRODUCTION

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Le groupe d’épargne «Arc-en-Ciel», c’est à la fois...... un lieu de prises décisions

Le groupe est constitué en association de fait et se réu-nit en Assemblée Générale tous les deux mois.

L’objectif ? Prendre des décisions. Sur le fonctionne-ment du groupe d’épargne d’abord. Mais c’est aussi en AG que se prendront les décisions cruciales que sont l’orientation architecturale du projet, la répartition des appartements ou encore l’organisation de la future copropriété.

« On est nombreux donc si chaque personne veut un jardin c’est pas possible sur le terrain... peut- être des balcons et un jardin qu’on partage ? »5 La prise de déci-sions à trente n’est pas chose facile, mais de multiples solutions existent pour arriver à un consensus!

Assemblée Générale du 11 octobre 2012 au restaurant social «Les uns et les autres»

... un lieu de formation

«Tout est possible si on y réfléchit».

Le projet Arc‑en‑Ciel se veut participatif, y compris au niveau de la conception du bâtiment. C’est pourquoi les partenaires proposent aux familles de prendre part à des ateliers d’architecture menés par l’architecte Lorella Pazienza, membre de l’équipe CLT. L’objectif visé: créer un cahier de recommandations qui exprime au mieux les besoins et les envies des futurs habitants.

... mais aussi un lieu de convivialité!

Ces différents moments de rencontre sont aussi l’occa-sion pour les familles d’apprendre à se connaître. C’est évidemment essentiel, en faisant le choix de participer à une telle aventure, de bien s’entendre avec ses futurs voisins et copropriétaires !

ZOOM SUR UN ATELIER PARTICIPATIF: À LA DÉCOU-VERTE DE MON FUTUR QUARTIER

C’est par l’une des journées les plus froides de l’année que les familles du groupe d’épargne «Arc‑en‑Ciel» se sont rassemblées pour partir à la découverte de leur futur quartier. Ce quartier, c’est le triangle formé par le parc Marie José, le quai du Hainaut et la gare d’Osse-ghem. C’est dans ce coin de Molenbeek en pleine expansion, au coeur du contrat de quartier «Rives Ouest», que viendra s’ériger l’un des premiers habitats collectifs prenant la forme d’un CLT.

L’objectif de la journée ? Observer le quartier, ses infrastructures, ses services, ses habitants, son «am-biance» afin de définir ensemble un cadre de vie idéal, qui réponde au mieux aux besoins et aux attentes des futurs habitants du 22, rue Vandenpeereboom. Bravant le froid, parents et enfants ont posé leur regard sur leur futur lieu de vie, en identifiant les points positifs et négatifs sur leur passage.

Pendant leur parcours, les familles ont pu apprécier la richesse de l’architecture, la multitude de services d’aide et de formation, ou encore la présence par-fois surprenante d’espaces verts non exploités. Mais certains problèmes propres à cette partie de Molen-beek se sont également fait ressentir: manque d’équi-pements collectifs, omniprésence de déchets en rue, vandalisme, sentiment d’insécurité pour certains.

A partir de ces premières impressions, l’Arc‑en‑Ciel a défini quelques axes de conception de son futur habitat. Concernant le quartier environnant, l’impor-tance de commerces de proximité, d’espaces verts et de transports diversifiés, y compris les vélos publics. Pour ce qui est du bâtiment, les idées ont foisonné: un immeuble bien isolé du froid et du bruit, un grand jar-din à l’avant du bâtiment, une rue piétonne à l’arrière, un local commun, et même une terrasse sur le toit!

Mais avant tout la volonté de s’implanter harmonieu-sement dans le quartier et de faire un beau projet tous ensemble car « notre quartier, c’est nous qui allons le rendre bien ! »6.

N’hésitez pas à suivre l’évolution du projet en consultant le blog Community Land Trust Bruxelles: http://communitylandtrust.wordpress.com/

Emily Clissoldservice logementCIRÉ asbl

A L’AGENDA: PROCHAIN ATELIER D’ARCHITECTURE

Le 2 mars 2013: visite en bus de 3 projets d’habitat collectif:

• projet Bruyn Ouest à Evere‑ bâtiment exemplaire• projet rue de Groeninghe ‑ Van Hemelrijck à Molenbeek • projet l’Espoir à Molenbeek

SERVICE PRODUCTION

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FILMER À TOUT PRIX NOVEMBRE 2013

LA PROCHAINE EDITION DU FESTIVAL DE CINÉMA DOCUMENTAIRE FILMER À TOUT PRIX AURA LIEU ÀFLAGEY - 4 AU 9 NOVEMBRE CINEMATEK - 10 AU 15 NOVEMBRE BOZAR CINEMA - 17 NOVEMBRE

2013 DEUX COMPÉTITIONS :• PREMIERS FILMS INTERNATIONAUX• FILMS BELGESPOUR INSCRIRE VOS FILMS, CLIQUER ICI

Photo : Gaetan Chekaiban

NOVEMBRE 2013

2013 DEUX COMPÉTITIONS :• PREMIERS FILMS INTERNATIONAUX• FILMS BELGESPOUR INSCRIRE VOS FILMS, CLIQUER ICI

ENVOYEZ VOS DVD ÀFILMER A TOUT PRIXRUE DU MARTEAU, 261210 BRUXELLESBELGIQUE

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« LES MAINS NUES » REGROUPE QUATRE TÉMOIGNAGES SUR LA VIE SEXUELLE ET AMOUREUSE DE PERSONNES HANDICAPÉES QUI ONT POUR THÈME LE DEUIL, LA SOUFFRANCE DE NE PAS AVOIR DE RELATIONS SEXUELLES, DE NE PAS POUVOIR AVOIR D’ENFANT, LE DÉNI DE SA SEXUALITÉ. LE RÉCIT DU FILM SE DÉROULE SUR DEUX NIVEAUX, LA PREMIÈRE EST SONORE ET LA DEUXIÈME EST GRAPHIQUE.RENCONTRE AVEC DENIS DE WIND, RÉALISATEUR DU FILM « LES MAINS NUES »

POURQUOI CE TITRE « LES MAINS NUES » ?

Le titre exprime l’idée de dire les choses sans mettre de gants , de s’exprimer sans détour, à visage découvert.

QUELLE EST L’INTENTION DU FILM ?

L’intention du film est simplement de faire parler des gens sur leur vie amoureuse et de ne pas faire de leur handicap l’élément essentiel qui les détermine. Le film ne nie pas le fait que leur handicap fait partie de leur vie mais ce handicap est inscrit et non pas marqué en eux. Il fait partie de leur personne au même titre que n’importe quelle particularité ou blessure qui nous différencie de nos semblables.

J’anime un atelier de film d’ani-mation au centre FACERE. Facere est un foyer ouvert, à l’initiative

LES “

”MAINS

NUES

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de parents pour personnes ayant une « déficience motrice cérébrale ». Quand nous réalisons un film au sein de l’atelier, il s’agit d’un travail collectif. Nous faisons un film ensemble. C’est pour moi une façon d’être avec l’autre, de sortir du cadre « je suis un éducateur et je suis payé pour être là. Je suis une personne handicapée, je n’ai pas le choix de ne pas y être ». Nous nous rencontrons sur un projet de film d’animation, une technique que j’aime et que j’essaie de faire partager, et de faire naître un film de cette rencontre.

Quand Cristina Celsi est venue me voir et me proposer le projet, j’ai tout d’abord pensé que les résidents, qui avaient témoigné, pouvaient illustrer leur témoignage eux‑mêmes.Par la suite je me suis rendu compte qu’elle me proposait des

éléments propres à sa qualité de psychologue, à savoir l’entretien, le témoignage, le langage,... Il s’agis-sait donc d’un projet personnel. J’ai ainsi réalisé un atelier avec Cristina qui a donné naissance au film.L’intention première du film est de faire parler les gens sur leur vie amoureuse et sexuelle. De la même manière, je m’inscris dans le projet avec une interprétation graphique totalement libre où je fais appa-raître à mon corps défendant, mes propres déboires amoureux et un écho de mes blessures.

COMMENT S’EST FAIT LE CHOIX DES TÉMOIGNAGES ?

Le choix des témoignages s’est fait de manière intuitive. Il exprimait, d’après Cristina et moi, quatre problèmes très différents les uns des autres. Chacun possédait une émotion et une sensibilité qui nous semblait sonner juste.

QUEL EST L’ENJEUX DES IMAGES ?

Le choix de réaliser un film à base de dessins très simples qui s’appa-rentent à la ligne claire et l’utili-sation du noir et blanc sont des éléments qui, à mon avis, favorisent l’empathie avec les témoignages. Nous pouvons nous reconnaître dans un petit personnage noir et blanc qui symbolise la personne humaine, au même titre que les panneaux de signalisation routière.C’est pour moi une façon d’être au plus proche de la parole, sans en être éloigné par l’image d’un corps marqué par les stigmates du handicap.

Pour ce qui est de la narration gra-phique, l’inspiration des dessins me vient de l’écoute des témoignages et des commentaires des autre résidents.

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Par contre, pour certains témoi-gnages, j’ai respecté la demande des témoins. Valérie, par exemple, désirait être représentée autour d’un portrait de famille. Réal, lui, voulait être montré en train de se masturber en pleurant (l’intuition de cette image m’apparaît au-jourd’hui très juste après l’ écoute de la leçon d’amour de Sonia, la « pute » de Bruxelles où elle com-pare la jouissance de l’homme à la libération de toutes les larmes qu’il aurait retenues en lui.

Pour le reste, il s’agit pour ma part d’une interprétation totalement libre et intuitive, guidée tout de même par 20 ans de travail comme éducateur dans le centre FACERE.

LE FILM A T-IL UNE DIMENSION UNIVERSELLE ?

C’est un film qui parle d’amour, des blessures que celui‑ci provoque. Cela me paraît un thème indémo-dable. Par contre, les témoignages s’inscrivent dans une époque don-née qui perçoit le handicap d’une certaine manière et cela déteint en partie sur les témoignages.

QUELQUES MOTS SUR LE STATUT DU HANDICAP ?

Pour répondre à cette question je

ne me pose pas comme un spécia-liste de la vie amoureuse; mais ce que je peux percevoir de mon point de vue: c’est que les choses ont évolué depuis 20 ans , c’est‑à‑dire, qu’on reconnaît aujourd’hui facile-ment, qu’une personne handicapée est un être sexué et amoureux. Le débat est ouvert sur les solu-tions à apporter comme l’assis-tance sexuelle, les massages et la prostitution. Par contre pour ce qui est de vivre ensemble pour deux personnes handicapées (qu’ils soient résidents dans des structures différentes ou dans le même centre), pour ce qui est du désir de partager une chambre, un appartement ou un studio, le système aujourd’hui me parait trop rigide et manque singu-lièrement de souplesse.

Propos recueillis par Gaetan Chekaiban

LES MAINS NUESde Denis Dewind2012‑ 7min30Reccueil des témoignages : Cristina CelsiRéalisation et dessins : Denis de wind avec la participation de Cristina CelsiBruitage son : Thierry Lacasse, Pedros Duenas, Isabelle Roose, Denis de wind Montage : Denis de wind Musique : ”his dudeness” : Simon Ahrend, Maxime Meert, Brice Decon-nick, Alexis LeborgneMixage : Loïc Villiot (Gsara)Sous-titrage : Roberto Ayllon (Gsara)Responsable technique : Sahbi Kraim (Gsara)Production : Denis de windCo-production : Atelier de Production GSARADiffusion : Atelier de Production GSARA

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Photos Gaetan Chekaiban

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RECUEIL D’IMPRESSIONS APRÈS LA PROJECTION/DISCUSSION

(LE 19 FÉVRIER À LA MCCS DE MOLENBEEK-SAINT-JEAN) FUT UN MOMENT PARTICULIÈREMENT ÉMOUVANT. CRU ET POÉTIQUE À LA FOIS, LE FILM A SOUVENT ÉMU, PARFOIS CHOQUÉ MAIS SURTOUT BRISÉ LES TABOUS. LA PROJECTION FUT SUIVIE D’UN DÉBAT EN PRÉSENCE DE DENIS DE WIND (RÉALISATEUR), DE CRISTINA CELSI (PSYCHOLOGUE ET CO-RÉALISATRICE), DE VALÉRIE DE THEUX, JÉROME HEBETTE, GRÉGORY PIETERS, FABRICE VERVALLE ET LYDIA GONZALEZ (TÉMOINS), DE JACQUELINE NOLDÉ (DIRECTRICE DE FACERE), DE MICHEL LAMART (PSYCHOLOGUE À FACERE), DE DAVID PONCELET (SERVICE D’ACCOMPAGNEMENT DU SISAHM), DE MARIE DEBEARE (ÉDUCATRICE), DE LILIANE PELOSIE (ANIMATRICE ACCUEILLANTE AU PLANNING FAMILIAL DE WATERMAEL-BOISFORT).

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« L’événement a permis de donner plus d’ouverture

d’esprit à d’autres institutions qui étaient là aujourd’hui, de dire que des personnes en institution puissent aller

voir des prostituées, puissent avoir des relations sexuelles

dans leur studio, ou dans leur milieu de vie. »

Isabelle, spectatrice

« Grâce à ce film, on n’oubliera pas complètement cette question, car en enlevant les tabous qu’ont les professionnels, la discussion

et la réflexion peut commen-cer. Ce film est un très bon outil pour aborder cette question. La

richesse viendra de la diversité des réactions possibles. »

Michel Lamart, psychologue à Facere

« Les personnes qui ont pu témoigner pour-ront certainement avancer dans leur dé-

marche car cela permet d’être reconnu dans ce que l’on vit. On est déjà assez loin, mais il faut toujours plus être à l’écoute. La question de la vie sexuelle et affective fait entièrement partie de la vie de chacun et je me demande

pourquoi il faut encore en parler autant maintenant. En réalité, une personne han-dicapé autonome peut vivre sa vie sexuelle normalement, ce qui pose question, c’est le rôle de la tierce personne et c’est pour cela

qu’il faut encore en parler maintenant. Il s’agit de trouver la bonne personne. »

Educatrice à Facere

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« Grâce à ce film, on n’oubliera pas complètement cette question, car en enlevant les tabous qu’ont les professionnels, la discussion

et la réflexion peut commen-cer. Ce film est un très bon outil pour aborder cette question. La

richesse viendra de la diversité des réactions possibles. »

Michel Lamart, psychologue à Facere

« Cette journée m’a fait du bien. On fait un maximum nous‑mêmes et c’est très important pour nous de pouvoir s’expri-mer sur notre vie affective et sexuelle car quelque part cela nous enlève notre handicap de l’image de ce qu’on est. Les

gens nous voient différemment que d’habitude. On n’est pas comme vous, mais on a le même sens de l’Être, ce n’est pas parce qu’on est dans un fauteuil que ça change la vie, le

cerveau fonctionne de la même manière que vous. » Valérie, témoin et Présidente du Centre Facere

« Cette journée m’a fait beaucoup de bien, cela m’a un peu libérée, car j’ai encore beaucoup de souffrance

au quotidien étant donné que je suis séparé de mon compagnon. La vie en institution n’est pas facile, mais il faut profiter du moment qui est là. Toute personne handicapée a besoin d’af-fection et/ou de sexualité, cela aide la personne à être plus heureuse. »

Jérôme, témoin et Président du Centre Facere

« Cette journée m’aura permis de ren-contrer d’autres psychologues qui ont

comme moi un handicap. Il est temps de s’ouvrir à la différence. La question de la parentalité est encore tabou dans ce

film et en institution, mais j’ai bon espoir que d’ici quelques années, la question

sera moins tabou. Ce film concerne tout le monde, les êtres humains sont conçus pour avoir des relations sexuelles, c’est la

base de la vie. »Cristina Celsi, Psychologue thérapeute et

co-réalisatrice

« Il faut diffuser le film un maxi-mum pour que les personnes se

rendent compte que c’est possible, qu’on peut améliorer leur qualité de vie, qu’on peut parler au‑delà des tabous. Si une personne en

parle, cela incitera une autre à en parler, il faut susciter le débat. » Jacqueline Noldé, Directrice de

Facere

Propos recueillis par Gaetan Chekaiban

« Cette journée a permis de discuter librement d’un sujet qui est encore fort tabou. C’est bien que les gens commencent à prendre conscience que les personnes

handicapées ont également des besoins affectifs et sexuels. Ce n’est pas parce qu’on est handicapé qu’en

dessous de la ceinture ça ne fonctionne pas. »Fabrice, témoin et Président du Centre Facere

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LE GSARA LIÈGE PROPOSE AUX DEMANDEURS D’EMPLOI UNE FORMATION PROFESSIONNELLE EN TECHNOLOGIES DE LA COMMUNICATION. D’UNE DURÉE DE 11 MOIS, ELLE EST BASÉE SUR LA FORMATION DE TECHNICIENS POLYVALENTS EN AUDIOVISUEL (IMAGE, SON ET MONTAGE). RENCONTRE AVEC UN ANCIEN ÉLÈVE, OLIVIER CHARLIER, SORTI EN DÉCEMBRE 2012.

QU’APPRÉCIEZ-VOUS DANS CE NOUVEAU SECTEUR PROFESSIONNEL ?

J’avais déjà un intérêt pour l’image dans la mesure où je viens du monde de la photo (de presse essentielle-ment). Vu la crise que traverse la presse, c’était une continuité logique de passer à la vidéo. Après des études de boulangerie, de bijouterie, des expériences d’animateur radio, de barman, de manager dans un fast‑food, de maître d’hôtel dans un centre de vacances, je reviens à mes premières amours : l’audiovisuel.

REGARD SUR UN MÉTIERMÉTIER DU REGARD

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Je considère que changer de trottoir est une forme de voyage, que l’exotisme se trouve au bout de la rue. En tant que photographe généraliste, j’aime me perdre, regarder les gens vivre, raconter les petites histoires qui font la grande...

En m’inscrivant à la formation, j’avais des craintes par rapport au travail en équipe. Mais il s’est avéré que c’est justement la création collective que j’ai le plus apprécié. J’ai des réflexes qui viennent de la photo. Il m’a fallu désapprendre et ne pas rester sur mes acquis. Michaël, formateur au Gsara Liège, me disait sans cesse que je n’allais pas assez loin. C’est seulement main-tenant que je comprends ce qu’il voulait dire à savoir pousser plus loin les limites du cadre, aller chercher la bonne lumière, oser coller aux gens. Ce fut vraiment un bel apprentissage. D’ailleurs, la vidéo me donne envie de refaire de la photo plus artistique, plus cinématogra-phique.

C’est une démarche que je pratique désormais au tra-vers d’un projet personnel, avec un ami rencontré lors de la formation au Gsara. Ce projet mêle la photo et la vidéo et se penche sur des jeunes transsexuels qui ont le soutien de leur famille ; des portraits sur la féminité au masculin.

EST-IL FACILE DE S’Y FAIRE UNE PLACE ? AVEZ-VOUS DÉJÀ TROUVÉ DU BOULOT ?

J’ai du boulot mais pas de contrat. Je pense que vouloir viser un CDI dans ce secteur est utopique. Ca fonc-tionne beaucoup de bouche à oreille, par réseautage. Ce n’est pas facile, non. Il y a beaucoup de diplômés, qui sortent de l’Inraci, de l’Insas ou de l’IAD. Mais si on est passionné, je crois qu’il y a encore moyen de se faire une place. Sans toutefois faire des plans sur la comète et se prendre la tête. On avance petit à petit. La formation nous permet d’être polyvalents. Je suis conscient que je ne serai pas tout de suite cadreur sur un long métrage (sauf si c’est un ami!). Mais on est déjà contents quand on a du boulot et de faire de belles rencontres.

J’ai collaboré durant mon stage à un projet de docu-mentaire transmédia d’Instants Productions sur le dogme du travail : http://www.benevoles.tv/ et je continue de collaborer de temps en temps avec eux. Sinon, je réalise avec un ami des petits films sur des événements. Et ca fonctionne bien car on nous rap-pelle ! Je participe également à un stage pour enfants et ado avec « à chacun son cinéma » A côté de ça, j’ai été engagé par deux sociétés de pro-duction à des postes différents. A la régie chez Frakass

Productions, ce qui m’a permis de connaître un aspect du métier et d’observer comment les collègues tra-vaillaient. Et en tant qu’assistant éléctro chez Les films du Carré. J’ai énormément appris lors de la formation au Gsara mais j’ai adoré apprendre ces expériences. Collaborer avec le directeur photo et les chefs électro qui sont dans le métier depuis des années a été très très enrichissant. Ces expériences, sources de grande satisfaction personnelle, m’ont permis d’affiner mes choix et de continuer à apprendre.

QUELLES SONT LES QUALITÉS DONT IL FAUT TENIR COMPTE, POUR AVANCER ?

Avant tout de la rigueur et la ponctualité ! Et puis du courage... Non pas que ce soient des métiers lourds. On est pas des ouviers qui travaillent dans une aciérie mais là je viens par exemple de faire un tour-nage qui a duré toute la nuit, 15h/jour. Donc la pre-mière qualité à avoir c’est d’être passionné !Ensuite, il faut savoir se vendre aussi, ce qui est difficile pour moi. Ce n’est pas propre à ce métier, mais c’est atroce pour moi ! (rires). On a un peu l’impression de mendier parfois. Après tout, il faut le prendre comme un jeu.

VOS CHOIX CINÉMATOGRAPHIQUES/TÉLÉVISUELS OU LA FAÇON DONT VOUS REGARDEZ UN FILM, UN DOCUMENTAIRE, UN REPORTAGE ONT-ILS CHANGÉ DEPUIS LA FORMATION ? Oui, c’est horrible ! Je me laisse difficilement trans-porté par un film. Quand je regarde un DVD, il m’arrive souvent de revenir en arrière pour analyser les mou-vements de caméra, envie de comprendre l’éclairage, pourquoi cet éclairage. Mais quand il y a des gens à côté de moi, j’essaye de ne pas rebobiner quand même (rires). Y A T-IL DES AUTEURS QUI VOUS INSPIRENT ?

Oui, le photographe Raymond Depardon, aussi bien en tant que photographe que documentariste. Un grand monsieur ! David Lynch aussi parmi tant d’autres, dans le domaine de la fiction ou Samuel Bolondorff ( http://www.samuel-bollendorff.com ) considéré comme le père du webdoc. Le Gsara nous a fait rencontrer un réalisateur belge dont le discours, le regard et sa force d’écriture m’ont beaucoup marqué : Christophe Hermans. Je suis impa-tient de voir son prochain documentaire.

Plus d’infos : http://www.olivierlereylac.be/

Propos recueillis par Julie van der kar

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CONTACTSGSARA asbl Rue du Marteau 26 - 1210 Bruxelles - 02 / 218 58 85 [email protected] gGSARA asbl www.gsara.be

CONSEIL D’ADMINISTRATION Jean-Charles Luperto (Président), Olivia P’tito & Yanic Samzun (Vice-Présidents), Annie Valentini (Trésorière), André Ceuterick, Benoît Delbeque, Etienne Derue, Valérie Devis, Loïc Delhuvenne, Jean-Michel Heuskin, Ozlem Ozen, Mélanie Boulanger, Benoît Provost, Olga Zrihen.

STRUCTURE FAÎTIÈRE direction Renaud Bellen [email protected] pédagogique Bernard Fostier [email protected] sensibilisation Julie Van der Kar [email protected]étariat Karine Morales [email protected] Clément Hostein [email protected] Roberto Paredes [email protected]

PRODUCTION service production [email protected]ée de production Rosanna Mendolia [email protected] de production Massimo Iannetta [email protected]éalisateur Joffrey Monnier [email protected]érateur image Alain Mohy [email protected] Omar Perez [email protected] Loic Villiot [email protected] image Roberto Ayllon [email protected] technique Sabhi Kraiem [email protected]

RÉGIONALES Bruxelles Hervé Brindel Rue Vandenboogaerde 93 -1080 Bruxelles - 02 / 218 80 88 [email protected] Mario Leiva 02 / 250 13 24 (formation Cyberspace) [email protected] Roland Schulte Rue de Montigny 39 - 6000 Charleroi - 071 / 651 945 [email protected] Louviere Jean-Marie Blave Rue A. Chavée 60 - 7100 La Louvière - 064 / 882 120 [email protected] Picarde Damien Seynave Rue de la Citadelle 124 - 7500 Tournai - 069 / 767 269 [email protected] Éric Lumay Rue d’Ougrée 69 • 4031 Angleur - 04 / 344 52 02 [email protected] - Wallon Monique Deveen Boucle des Métiers 21/8 - 1348 Louvain-La-Neuve - 010 / 453 427 [email protected] - Philippeville Thierry Baudau Route Charlemagne 41b - 5660 Couvin - 060 / 311 715 [email protected] Laurence Schalkwijk Fonteny Maroy 13 - 6800 Libramont - 061/ 658.576 [email protected]

DIFFUSION SOCIALE & CULTURELLE

DISC asbl Rue du Marteau 26 - 1210 Bruxelles Distribution/Médiathèque Sandra Démal 02 / 250 13 10 [email protected]/Location Daniel Demaret 02 / 250 13 20 [email protected]

FESTIVAL

Festival Filmer à tout prix Alexander Weiss www.fatp.be [email protected]

COLOPHON collaboration rédactionnelle Gaetan Chekaiban, Emily Clissold, Denis de Wind, Bernard Fostier, Julie Van der Kar.Graphisme & illustrations Clément Hostein. [email protected]

Editeur responsable : Renaud Bellen - rue du Marteau 26 - 1210 Bruxelles

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