Carnet 3 - Mars 1931, par Carlo Suarès
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7/30/2019 Carnet 3 - Mars 1931, par Carlo Suars
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CARNETM A R S 1 9 3 1L A F I N D U
GRAND MYTHE
(3 )
ET TEXTES DE
KRISHNAMURTI
B O U S Q U E T
J. A U D A R D
France : le N" 4 f rs. Carnets Mensuels Etrange r: le N 5
A g e n t G n r a l : Jo s C o r t i 6 Ru e de C l i c h y P a r i s
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C A R N E T
LA FIN DU GRAND M YTHE (3 )
J. KRISHNAMURTI
fragments
JOE BOUSQUET
Chronique : Lewis Carroll, Pierre Guguen,Frobenius, Cahiers dArt, Quelques peintres
Notes : Franz Werfel par Jean Audard
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Carnets mensuels (sauf aot et septembre, soit dix numros par
AGENT GENERAL : JOSE CORTI, 6, RUE DE CLICHY, PA
Adresser tout ce qui concerne ladministration et la rdactio
NI. Carlo Suars, 15, Avenue de la Bourdonnais. Paris VIIe.
Chques postaux Paris 152573.
Abonnement pour lanne 1931 :
France et Colonies : 25 frs. Etranger : 35 frs.
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LA FIN DU GRAND MYTHE
n i
Origines
De mme quun rve est dtermin par une cause profonde
sexprime sous une forme symbolique, lHistoire est dtermine
le Mythe qui sexpr ime pa r ses symboles. Le droulemen t de l Histest la simple projection du droulement mythique, le dterm ini
historique est la pr ojection du dterm inism e m ythique.
Nous avons vu que le Mythe et le Temps ont la mme orig
Tous deux commencent lorsque lhomme, ayant rompu avec lu
de la Nature, saperoit quil est exil dans une dualit quil nar
pas r 'soudre. Lor squ e son je in dividu el soppose au m o
extrieur et saperoit quil nest pas de la mme nature que lurve commence, le rve des fragments de conscience que sont
individus hu ma ins. Dans un rve collectif linconscient colle
projett e des symboles immu ables ou dra ma tiques, qui sont plus v
que le rve, et autour desquels le rve se construit. Aussitt, les
celles humaines de conscience, immerges dans le rve et identif
lui, se mettent jouer, reprsenter ces symboles. Elles se pr
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Tout au long de lHistoire les hommes sidentifient leurs rau point de ntre que les pantins inconscients dun drame don
ralit a rem plac leur pr opr e ralit. En disant j e cha
homm e dsigne n on pas son essence, ma is le rle qu il joue. J
le rle, sest substitu la vrit primordiale de ltre au poin
lui apparatre comme la seule vrit, la seule ralit, la condi
indispensable pour quil se sente vivre. Les pantins humains
frent les tortures, lagonie, la perte de leur rle... et ils ont raitant que dure le rle...
Mais aujourdhui le drame est termin, le Mythe est mort
Vrit est au del de tous les rles : le Mythe se prsente n
dans tout son ensemble, depuis le commencement jusqu la
et ce nest quen dehors de lui que nous pouvons natre. Il a c
menc la sparation, il finit aujourdhui la rconciliation, a
laccomplissemen t des Ecritu res, a prs que' toutes les t ra ditions
t joues, apr s la fin du m on d e, de ce monde qui a t
pendant des dizaines de milliers dannes.
Cha que Mythe a son unit de Temps
Le Grand Mythe dont nous parlons est celui qui a t jou
fois en Orient et en Occident depuis lorigine des temps. Nous tu
rons son personn age Occident beau coup plus longuem ent que
per sonn age Orient cause de ses nombr euses pr ipties, et a
parce que selon les rgles du jeu cest lui qui devait apporter la
du jeu. Ctait dans son rle, mais cette fin quil apporte est n
sairement commune. Il est en effet impossible quun des myt
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(par consquent endormies) et isoles. Cette fragmentation ex
dabord sous la forme de gigantesques Entits collectives, qui n
sent, se dveloppent, et meurent sous la forme de races et de civ
sations (ou de cycles de civilisations). Chacune de ces Entit
un dveloppement biologique qui lui est propre, et un temps qu
est propre. Chacune a son origine au com m en cem en t d es tem
puisque sa naissance a donn naissance au temps. Si nous cons
rons quelquesunes de ces Ent its, comm e pa r exemple lEn
hindoue, lEntit chinoise ou lEntit mditerranenne, (deve
lOccident avec lapport germanique et slave et ses branches am
caines) nous constatons que le temps ny a pas du tout la m
valeur. Un sicle chinois, un sicle europen, nont pas la m
contexture : en termes arbitraires dhorloges ils ont la mme du
mais en termes vrais de conscience ils sont trs diffrents, et c
naturel, puisque chacune de ces entits fabriqu e son propre te
(comme les personnages dun rve fabriquent le temps de ce rEt non seulement ces temps sont diffrents, mais lintrieur d
de ces Entits la signification du temps varie suivant les ncess
du Mythe. Il est vident, par exemple, que dans le cycle mdite
nen, dix sicles de lancienn e Egypte n ont pas apport les boule
sements de conscience qua apport le seul sicle 18301930.
A lorigine du cycle, le temps tait long, confus, inconsci
Aujourdhui en Europe et en gnral dans tout lOccident il cdans une hystrie individuelle, impossible dcrire. Il y a au
de temps diffrents quil y a dindividus, et pour chacun il se prc
ju squ t re ver t igin eux. Depuis 1914 chacun de nous a vcu
cent, mille vies. Une seule heure daujourdhui est plus charge
bouleversements quune anne dautrefois. Il faut du nouveau to
les minutes. Telle architecture nouvelle na pas le temps dach
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pas ende de cette vie, en un retour en arrire dans les val
mortes du mythe judochrtien, mais au del de lclatement, l
il aboutit.
Saffranchir du Temps veut dire saffranchir de linconsc
collectif, qui fabrique le temps collectif, et de linconscient indivi
qui fa br ique le temps individuel. Le t emps individu el est t ou jou r
au temps collectif, car lindividu ne parvient que trs difficilem
se librer de lemprise de linconscient. Cest pour desserrer c
treinte mortelle que nous nous efforcerons de la dcrire.
Il est vident que le Mythe judochrtien, qui a eu une
individuelle, une expression propre, un temps particulier, a eu
cont acts a vec tous ces au t res personn ages du globe : les aut res Myt
Ils se sont parl, ils ont eu des changes extrmement nombreux
au long de lHistoire. Mais ces contacts innombrables, ces chan
taient identiques ceux que peuvent avoir entre eux des pers
na ges dan s un rve, qui se pa rlent , bien que ntant que des fra gm
dun seul et mm e ind ividu. Ces fra gmen ts ont chacun un r le jo
par rapport aux autres. Donc non seulement chacun est un cycle
soi, un drame en soi, mais lensemble de tous ces cycles (ou per
nages) est un drame collectif auquel participe chaque drame p
culier.
OrientOccident
Nous voici amens dire quelques mots sur lopposition
lOrient et de lOccident, et sur la possibilit de rduire cette op
sition. Tout le monde est daccord sur la ncessit de rconcilier
deux branches de lhumanit, mais chacun voudrait le faire
prenant parti pour lune delle, contre lautre. En ralit il
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ma is nous pou vons le dpasser si nous com pr en on s le rle que ch
terme joue par rapport lautre. Il nous est indispensable, a
dtudier le droulement du Mythe mditerranenoccidental, d
situ er par ra pport cet au tr e Mythe, lOrient, sans qu oi n ous ris
rions de ne pas lui donner sa vritable signification. Rptons
nous ne prenons pas le mot Mythe dans le sens de fable. Le M
suivant le sens que nous lui donnons est lensemble des faits r
mais inconscients, dont toute lHistoire des hommes nest qu
projection.
Le Mythe Orient est si totalement diffrent du Mythe O
dent que si nous ne prenions un grand soin les situer lun
ra pport lautre, on pour ra it a ller jusqu penser que le m me
ne peut sappliquer aux deux, et que les conclusions auxquelles
serons amens par lexamen du Mythe occidental, par exemple
concernent pas lOrient. Mais ce serait une grave erreur. Ces li
sadressent chacun, ca r au del de t out es les spar a tions est lhomuniversel, auquel chacun de nous doit parvenir. Notre entit
table nest donc jamais ende des sparations, mais audel
nous prenons parti, au sein de sparations humaines, pour un
cts ou lautre, cest que nous portons cette sparation en
comme une graine porte en elle le germe de lespce. Ce germ
sparation et de conflit, nous le portons en nous, mais transpos
un conflit intrieur, qui, si nous n y met tons fin pa r un e rcon ciliaet une synthse intrieure, ne pourra jamais se rsoudre
lextrieur.
Ainsi, nous allons essayer de montrer que le conflit Or
Occident nest que la multiplication et la projection historique,
la scne du monde, dun conflit intrieur dans lequel se dba
tous les homm es, presqu e sans except ion , dont les aspects sont inn
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prcision stupfiante. Le conflit OrientOccident tant mythiqu
ne sera pas rsolu politiquement, mais chacun pourra le rso
en arrachant son propre inconscient : le germe du Mythe. Et lor
ce conflit cesse au sein dune seule conscience individuelle, cest q
toute vrit le conflit est termin, car la conscience individuelle q
rsolu le conflit primordial est devenue universelle.
Cette notion est trs simple, donc difficile raliser, mais
peut dj exister virtuellement pour ceux qui veulent la compren
Lobjection que lon fait toujours celui qui a compltement r
son p roblme huma in est celleci : vous navez rsolu le p robl
que p our vous ; tan dis qu il a ffirm e, du point de vue su pra i
vidu el (qui n e fa it plus de dist inction ent re m oi et les aut re
que le problme est non pas rsolu mais dpass, et non pas p
lui (car il nexiste plus en t ant qu ent it spare) mais p
tout le monde. Cest ce point de vue l qui nous a fait crire d
dbut de ces pages que le Grand Mythe est fini, et nous entend
bien quil est vritablement fini, mme sil faut encore des centa
ou des milliers dannes sur la scne du monde, pour que cette
se projette historiquement. Cette fin une fois arrive dans la c
cience humaine propagera sa prsence indlbile et inluctable
prsence plus puissante que tout. Elle dtruira des civilisation
en construira dautres malgr les rsistances formidables des i
tutions bases sur le Mythe, et qui orgueilleusement saffirm
indestructibles.
O sont lOrient et lOccident
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des variations sur le thme judochrtien. Nous appelons orient
les civilisations asiatiquesNotre but tant dexposer le Mythe primordial nous ne pouv
que situer rapidement dune part la Russie, dautre part lIs
(rameaux dtachs de la branche judochrtienne) cheval e
lOr ient et l Occident propremen t dits, et cela ma lgr leur im
tance. Nous r eviendr ons plus loin la Russie et son r le par ticu
Bien des Orientaux considrent lOccident comme une bran
qui sest dtache de larbre asiatique et traditionnel et qui frappe de strilit moins quelle ne se soumette la tradi
primitive. Cela nous semble tout fait faux. Il nous semble p
exact de dire que dans leurs rapports lOrient est Adam et lOccid
Eve. En reconnaissant lOccident ce rle fminin nous comp
drons mieux ses aventures, les aventures o elle a entran
compagnon, et aussi son rle indispensable pour la synthse fin
o les deux Personnages doivent reconnatre quils ntaient, lu
lautre, que la moiti de la vrit humaine.
LOccident, cette folle, devait fatalement cueillir le fruit d
science du bien et du m al et en t ra ner lOrient dans u ne a ven
commune. LOrient dans la stabilit et la fixit de la connaissa
de lternel stait dj laiss entraner fatalement ds le dbut
malgr lui. Adam et Eve reprsentent chacun un des ples du My
et sont par consquent, lun et lautre, imparfaits.
En parlant de lOrient nous aurons surtout prsente les
la tradition hindoue, car elle possde une grande unit, tandis
la tradition chinoise, non moins ancienne probablement, est dou
car elle comporte une tradition sociale qui sest spare de la
dition mtaphysique et qui en est indpendante. Ainsi la Chine o
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Tradition et rvolution
LAsie est base sur un e conn a issance t ra ditionn elle imp er
nelle, lOccident opre par rvolutions successives une reche
base sur la ralit des individus. Nous analyserons plus loi
dtail ces deux modalits. La premire chasse lindividu hor
luimme dans une ralit extrapersonnelle, la deuxime ramn
monde extrieur au sein de lindividu. La premire nattache
une importance primordiale lindividu, la deuxime au cont
fait de lindividu le motif central de son drame.
La tradition hindoue repose toute entire sur la prtention
lintellect de connatre lui tout seul la vrit totale. Nous ne vou
pas dire par l que lInde ignore la dvotion. Ce serait faux.
foules normes aux Indes se laissent emporter par la dvotion. M
la t ra dition originelle, pa r ce qu elle considr e lind ividu comm e i
au lieu de lexalter, colore tout dune couleur complmentaire cde lOccident, mme la dvotion.
Ce sont vraiment comme deux couleurs complmentaires,
lon retrouve dans tous les domaines de la vie. Ainsi en art lAsiat
dcore un fond tr a dition nel et imper sonnel, t andis que lar
occidental, dans une uvre personnelle, cherche beaucoup plu
propre raison dtre quil ne se soucie de faire beau. On ne dco
pas une rvolution. LOriental est davance soumis une tradimtaphysique, lOccidental est davance insoumis, il veut exp
menter. Dans la tradition orientale labsolu mtaphysique remp
lexprience personnelle quelle mprise, tandis que lexprience
sonnelle, individuelle, occidentale, mprise tout ce quelle app
des thor ies .
Pour dsigner provisoirement cette distinction fondamen
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sur les caractres des Hindous ou des Europens. Que lon ne n
fasse pas dire que nous trouvons les Hindous intellectuels et Europens passionnels. Ce serait absurde. En disant que la tradi
hindoue est uniquement base sur lintellect, nous parlons d
formation particulire, lintrieur de laquelle existe la plus gra
richesse de varits, et dont les donnes inconscientes ont dterm
lhistoire pendant les millnaires qua dur le Mythe. Dailleur
point de vue deviendra plus clair dans la suite de cet expos.
La tradition hindoue
La connaissance totale de lintellect pur est par dfini
immuable et existe au del de toutes les recherches individue
Elle existe par ellemme, elle na besoin daucune autorit ni d
cune institution religieuse pour lappuyer. Elle est la tradition m
purement intellectuelle et mtaphysique, et ne comprend pasmoindre lment sentimental et moral.
Elle est, audel de la nature, audel de tout ce qui varie
del de lunit mme (lunit est une affirmation) le principe prim
dial de la non-dualit, Brahma.
Elle est, elle existe donc en dehors de toute volution et de
progrs, elle ne participe pas au relatif, elle est la certitude abso
qui dpasse les symboles et les mots, et qui par consquent ne p
ja m ais t re expose. Son obje t est au del de la dist in ct ion su
objet.
Le moyen de cette connaissance fait un avec la connaissa
mme. Lintellect tant supraindividuel ne considre le raison
ment discursif que comme un instrument dimportance seconda
Lintellect est plus vrai que la science : il est universel, tandis qu
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boles, mais travers les symboles la vrit mtaphysique ne v
que suggrer, elle ne sexprime pas. Elle est au del des religioau del de la philosophie, elle na aucun rapport avec tout ce qu
base sur lindividuel, psychologie, etc... car elle en est indpenda
La mtaphysique ne considre aucune dualit comme irrd
tible, elle ne sarrte pas la dualit espritmatire, elle nest arr
par rien. Elle nest mme pas la connaissance de ltre, car l
cest quelque chose, donc une expression dtermine. La m
physique est indtermine. Donc la plupart des problmes philophiques qui intressent lOccident sont considrs par rapport
comme des jeux denfants, comme des discussions creuses sur
donnes artificielles avec des points de dpart individuels et hy
thtiques qui nont rien de commun avec la vrit.
La conn aissa nce in tellectue lle pu re est la conna issan ce
excellence, qui pntre dans la nature des choses (1). Connatre
tre sont une seule et mme chose. Il ny a donc pas de thorie
la connaissance que la philosophie puisse substituer la conn
sance, mais la thorie de la tradition hindoue nest quune pr
ration la ralisation correspondante. Les rites comme la th
ont pour but de tr ans form er la conn aissan ce virt uelle en une conn
sance effective.
Cet absolu intellectuel est si formidable que toute la tradit
hindoue sappuie sur lui sans aucun secours daucune sorte. N
hindou que celui qui se trouve lintrieur de la tradition. C
doctrine qui est purement intemporelle rejette automatiquement h
dellemme toutes les variations qui ne lui appartiennent pas
naccept e que des var iat ions ort h odoxes dont les expressions ont p
but dadapter la tradition des conditions particulires mentale
sociales au cours de lHistoire Lorthodoxie est par dfinition
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pu simplanter aux Indes, car la tradition orthodoxe le consid
ainsi que le dit M. Ren Gunon, comme une doctrine dgnre
un point de vue sentimental.
Intellect et motions
Avant d aller plus loin disons tout de suite que, de notr e poin
vue, la nondualit laquelle prtend arriver lintellect en domi
sur lamour, bien que totale, bien quinfinie, bien quindtermi
rside dj au sein dune dualit mythique cerveaucur. Dans c
dualit celui des deux termes qui croit tre vainqueur au dtrim
de lautre est en vrit vaincu par s.a propre illusion. Mais au
de cette dua lit, l int ellect et la mour pousss tous deux
extrme limite, vainqueurs tous deux galement, saperoivent qu
ntaient que des expressions diffrentes et galement ncessadune mme vie.
Une erreur trs grave que commettent des mtaphysiciens
d opposer la conn a issance int ellectu elle totale le monde chang
des motions. Le registre des motions et des sentiments corresp
intellectuellement au registre infrieur du raisonnement individ
qui, lui non plus, na aucun rapport avec la vrit. Mais lin
intellectuel correspond aussi un infini damour, lidentificationlint ellect une iden t ifica t ion par l amour . De mme qu il existe
fusion par lintellect du sujet et de lobjet, il existe une fusion
sujet et de lobjet par lamour.
De mme que le but suprme, ou mokslfe , de l int ellect
la libration des liens de lexistence conditionne, par lidentifica
parfaite lUniversel, le but suprme de lamour est la mme lib
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lamour pur, mconnaissent lintellect et le confondent avec le
sonnement. Ils sont quittes. Lhumanit bancale peut ainsi indf
ment crer le temps et la souffrance. Lintellect, ou Adam, p
indfiniment reprocher Eve dtre amour, et mpriser ses fo
expr iences : ils sont lun et laut re dan s le Gra nd Myth e de l
sparation.
Synthse plus Analyse
Ainsi sclaire notre point de vue, car nous affirmons que
Vrit est la synthse des deux ples, mais non pas laffirmation
lun au dtriment de lautre. LOrient mtaphysique est dans la m
illusion que lOccident scientifique. Ainsi que nous le disions tou
fait au dbut de cet expos, lquation ne peut tre rsolue que d
un sens positif qui englobe les deux lments : positif = positi
ngatif. Ou encore : synthse = synthse + analyse.
La synthse qu i soppose ler reu r ana lyt ique la conn
sance qui soppose lamour, sont prisonnires de leur propre my
Lopposition OrientOccident ne peut se rsoudre que par une tr
formation complte des deux ples lun par lautre. En Vrit, in
lect = intellect + amour; et en Vrit, amour = amour + intell
Ce rsultat est Yacte pur dont nous avons parl au dbut, qui esVrit, et laboutissement de notre tre total.
La libration totale nest en aucune faon une libration to
mtaphysique avec en plus une libration totale par lamour
ne sagit pas de d e ^ n ir un yogi intgra l et ensuite de passer
autre genre dexercices. Il ne sagit pas de dvelopper fond un
aspects puis ensuite lautre, de sidentifier dabord un des p
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Lintellect et lamour se fcondent mutuellement, la Vrit est
harmonie parfaite, elle nest pas une question de quantit.
Pour dcouvrir Brahma travers Ishwara et travers tout
manifestation il est indispensable, puisquon ne se sert que de l
tellect, de possder une connaissance thorique illimite qui
aucun rapport avec la Vrit. De mme pour dcouvrir Dieu
lamour mystique il est indispensable de mourir damour pour
objet, travers lequel on cherche, ce qui na aucun rapport ave
Vrit. Dans un cas il faut possder une quantit norme dintel
tualit sans quoi on est sr davance de ne pas trouver Brah
dans lautre il faut tre capable dune norme dvotion sans q
on ne trouve pas Dieu.
Que lon nous pardonne une comparaison un peu simple :
normes quantits dintellect et de dvotion sont du mme ordre
ce quoi aspire la grenouille qui veut se faire aussi norme qubuf. Lorsquelle clate il lui semble que cest lternit... Et m
si elle devenait aussi grosse que le buf, oui mme si elle trou
son Brahma ou son Dieu, quauraitelle accompli l?
La Vrit nest en aucune faon une question de quantit, m
dquilibre, et pour que lquilibre soit parfait il faut que lintel
et lamour aient tous deux dpass la quantit.
Ainsi la dlivrance mtaphysique totale, la connaissance tode Brahma, loin dtre mme une tape vers la Vrit soppose
Vrit de toutes les tapes quelle a places entre elle et celui
la cherche. La Vrit est beaucoup plus simple que tout ce que
peut comprendre ou imaginer, elle nappartient ni lOrient
lOccident, et ne condamne ni lun ni lautre, mais elle appartie
lHomme intgral.
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y apporter lamour, rappelons que pour dsigner les deux fonct
mythiquement spares, nous avons aussi employ les termes symliques cerveau et cur. En parlant de lamour, ou du cur, n
englobons dans ces termes lamour et tous ses opposs; le dsir
quil soit, lenvie, lavidit, la soif de possessions, comme le
gnreux dsintressement, la cruaut, la haine, la passion, le
de rvolte, comme la paix du cur, en somme toutes les express
hroques ou lches, belles ou laides, gostes ou altruistes, qui n
partiennent pas lintellect. Et ce que nous appelons intelleccerveau est aussi lintellect avec tous ses opposs dans son pr
domain e, com m e pa r exem ple lignoran ce, le ra isonnem ent , la cla
cation, lorganisation etc...
Dans ces deux vastes domaines, lamour et lintellect proprem
dits ne diffrent de leurs opposs que parce quils ont retrouv
essence, et parce quils se sont dgags la fois du sujet et de lo
et de toutes les autres dualits. Mais dj leur propre dualit ini
est mythique, et nest en aucune faon diffrente des autres dua
mythiques quelles que soient les prtentions que puissent avoir
tellect ou lamour de trouver eux seuls la nondualit. Cha
domaine a un infini qui lui est propre mais quil a tort de cr
universel.
A leur insu, et ds lorigine, lintellect et lamour jouent
rles en sassociant toutes les autres dualits. Ainsi lintellect
lexpression de limmuable nonmanifest, qui domine la cra
lamour est lexpression de ce qui est cr. Voici des millnaires
lOrient attend que lOccident ait fini de jouer sa passion tra
toutes les angoisses dramatiques de la Grande Illusion. Mais auj
dhu i la Maya est termine, le ph nom ne peut tre rel, lacte
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vie en dehors des envotements devenus inutiles, de tous les en
tements, ceux de lOccident et ceux de lOrient.
Lenvotement hindou
Le principal objet de notre expos sera de mette en vide
lenvotement mditerranen et occidental, ce qui en une cert
mesure sera facilit par son aspect extraordinairement dramati
Il sagit dune vritable reprsentation thtrale qui sest drouavec des actes successifs, et des passions dchirantes. Des peu
entiers se sont mis en marche, ont parl Dieu, ont mim l
enthousiasmes et leurs dlires, se sont entrgorgs en portant
tout avec eux, en eux, leur maldiction originelle et leur invinc
tnacit, travers toute une Histoire semblable une nuit n
dorage, sillonne dclairs. Pendant tout ce temps, lOrient immu
at tenda it dans un absolu qu i lui aussi ntait qu un r le. Et voici lheure de t out es les Apoca lypses, sans sa voir pou rqu oi n i comm
lOrient son tour est pris dans des rvolutions. Il est incontesta
par exemple, que lunit hindoue est brise par lIslam, qui est
de larbre judochrtien. L, lIslam agit comme un dissolvant
ferment rvolutionnaire, un alli de lOccident, contre lequel la tr
tion h indoue est in capa ble de se dfendr e.
Mais tudier les transformations de lenvotement oriental
f t ce 'qu a vec quelques dtails, serait un e t che dm esure
dailleurs nous ferait perdre de vue notre but essentiel. Ces tr
formations, loin dtre la courbe dun droulement dramatique
des variations infinies sur un mme thme.
LOccident a parcouru tout seul une immense trajectoire,
dant que lOrient sest peine dplac autour dun seul centre
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en soi, et mythique. En effet, ltre stant tout entier situ l
rieur dune seule de ses facults, lintellect, il a t cont
dattribuer au seul intellect un caractre de ralit, et dattribu
son autre facult, lamour, un caractre illusoire. Ne se reconnais
quau sein dune partie de soimme (comme le fait le person
je dans un rve) il a pris la partie pour la totalit.
De l les rapports qui unissent la nondualit mtaphys
(intellectuelle) Brahma, lunivers : lunivers manifest ne se
tingue de lui que dune faon illusoire, car rien, par dfinition, nen dehors de lui, mais lui, Brahma, se distingue absolumen
lunivers, en le dclarant illusoire. Il sagit de percer lillusion
saffranchir de la grande Maya, donc aussi de la facult damou
de tout ce quelle comporte, cestdire de lexprience sous to
ses formes.
Un tel point de dpart ne peut que donner une doctrine to
parfaitement cohrente, parfaitement exclusive de tout le reste, toutes ses innombrables ramifications dans tous les domaines d
vie. Elle existe par ellemme, elle est bien plus quune atmosph
elle est un vritable envotement. On peut tre en dehors de
envotement, et par consquent ne pas le comprendre et ne
laccepter, mais si lon est lintrieur de lui, on est contrain
laccept er tout ent ier on nest plus libre den sortir car son emp
est totale.
Disons en passant que si cet envotement navait pas ce ca
tre absolu il naurait pas pu se maintenir. Lenvotement occide
par contre, ayant un caractre essentiellement passionnel, exp
mental et changeant, donne le sens de libert dont il a besoin p
voluer. Le Christ, tout comme la Bvolution franaise a insist
la libert. Quant savoir ce que les hommes en font cest une a
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en soi, indpendamment de tous les individus qui se sont identi
lui. Ces ind ividu s nont pas cha pp la loi gnr a le selon laquetant quun mythe particulier na pas pris fin, les individus qui con
tuent comme les cellules de ce mythe, peuvent se librer vritab
ment , ma is en a ccomp lissa nt les gestes et en pr ena nt les at titudes
correspondent lessence du mythe.
Nous verrons comment en Occident les gestes ont vari au
et mesure que le Mythe sest droul. En Orient au contraire
Mythe ayant t immuable, les librations se sont toujours fa
suivant une mme reprsentation. Lorsque des schismes se s
produits, comme le Bouddhisme, les reprsentations se sont spar
dune faon trs nette, chacune ayant sa vie soi, do la coexiste
en Asie de civilisations diffrentes, tandis que lOccident mal
toutes ses diversits a, chaque instant, une seule dominante
Reprsentations mythiques
Le processus suivant lequel la connaissance intellectuelle
cristallise en doctrines et en lois sociales est assez simple c
prendre. Tout dabord, si nous reprenons ce que nous disions pr
demment au sujet du temps, nous devons constater quil est imp
sible de retracer lorigine du Grand Mythe, puisque le Mythe eTemps ont une origine commune, et ne sont que deux aspects d
mme phnomne. Le Mythe na donc pas t cr par des individ
pas plus que les individus nont t crs par lui, mais cha
individu porte en soi, en son inconscient, le thme initial du My
non rsolu. Tout le but et la raison dtre dun individu est de
soudr e le Mythe, ma is il ne peut le fa ir e qu en fon ction de lui, puis
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temps sont accomplis. Nous ne devons jamais cesser de tenir pr
notre esprit cet accomplissement, car il cre des possibilits contredisent toutes les lois historiques. Lorsque nous parlerons
la ncessit o se son t t rouvs les individus dan s le cours de lHist
il sera entendu une fois pour toutes que ces ncessits ne n
touchent plus.
Ainsi la ncessit o se sont toujours trouvs les individus
rsoudre le Mythe est remplace par la possibilit que nous av
daller au del du Mythe. Mais, pour revenir au Mythe hindou, dpart les grands Librs qui il a donn naissance travers les
nont pu que reprsent er lhommeint ellect dlivr de la Maya, d a
part les normes masses humaines qui sont nes et mortes au s
de ce Mythe nont pu que reprsenter, dans la Maya, la project
de ces dlivrances.
Noublions pas que le moyen de la connaissance fait un ave
connaissance ellemme. Lorsque la connaissance est purement
taphysique elle na absolument aucun rapport avec la psycholo
Par consquent ds lorigine de sa recherche, lindividu, cet lm
isol de conscience qui porte dans son inconscient le thme du My
intellectuel, a dj accept lexistence dun vouloir universel, et
est dj soumis. Cest mme en cela que rside le fait dapparten
ce Mythel. Ds lors la r echerch e ind ividu elle se poursu it suivan t
lois de ce vouloir, car par dfinition le dsir individuel de parven
la connaissance ne reconnat pas sa vraie nature amoureuse. Pa
que le dsir na pas la libert du choix il a lair dtre inexistant, e
volont se croit seule.
Cest ainsi que lintellect, ou Adam, qui constitue la vrita
entit de ce per sonnage qu est le Mythe hindou, a une volon t p rop
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(cest le thme initial du Mythe qui spare lindividu de luniver
le m oi du ce l a , vu du ct intellectuel), et que pour ta ntidal, sauf quelques trs rares exceptions, nest jamais atteint
personne. Il en rsulte lillusion suivante : la thorie et toutes
voies de la connaissance, les mthodes, les ordres tablis, les lois
dveloppement, les catgories, les classifications, les divisions,
correspondances, les oppositions, les normes accumulations de d
trines, de lois sociales et individuelles, et le formidable apparei
lorthodoxie hindoue, le plus complet qui soit au monde, tout
appareil millnaire qui pour lesprit le plus orthodoxe est une ap
cation de la vrit, est au contraire un chafaudage intellectuel
lintellect sest construit luimme pour parvenir son accompli
ment.
Lillusion organise
Lintellect part du principe que la cration toute entire est
illusion absolument inexistante en face de son infinit lui, mai
veut rgir cette illusion et cette nullit en appliquant la vrit
Maya, sans se rendre compte que de son propre point de vue
vrit une fois applique lillusion nest plus en aucune faon
vrit, mais lillusion ellemme. Quels que soient en effet les deg
de lillusion, la vrit mtaphysique en est totalement absente,
la vrit na pas de degrs.
Labsolu mtaphysique indfiniment borgne se condamne ain
fa br iqu er un t emps collectif indfinimen t lon g au sein dune i
sion o il sest ja m a is inter dit de reconna tr e une r alit q
conque, mais quil veut asservir ses fins propres. Ainsi, loin d
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Nous nen donnerons quun exemple encore, avant daborde
Mythe occidental : celui des castes. Le systme des castes est basle Dharma de chacun cestdire sur le fait que selon sa pr
nat ure, ch aqu e in dividu se com port e dun e fa on par ticulire, pos
certa ines apt itudes, peut rem plir cert aines fon ct ion s et se dvelo
suivant certaines lignes. Or nous sommes faits de deux lmen
dune part latavisme, dautre part ce qui constitue notre force
sonnelle et originelle, ce qui n ous caractr ise ds n ot re n
sance (1). Nous avons des caractristiques qui nous font appart un groupe typologique plutt qu un autre. Ces groupes peu
tre t ablis pa r com m odit suivan t des classificat ions for t diffren
Types pr imitifs et Mta types const ituent un e vrita ble Srie N
relle humaine, dont le genre se dfinit par la Constitution, les
par le tem pram en t, lindividu par la dtermination du type
tous ces car actres dter minen t nos apt itudes, et cellesci
vra ient dter miner nos fonct ion s sociales. Il ne viendr a ja m alide de personne, dit encore le Dr. Martiny, datteler un pur
u ne cha rr ue, ni de fa ire cou r ir un cheval de t rait . Or, en pr inc
si lon donne au m ot caste sa vra ie s ignifica t ion fonct ion
cia le , on voit qu il sagit l d un e loi na tur elle qu i ju squ ici a
t mconnue par la civilisation occidentale. Mais le systme ri
et thorique suivant lequel chaque individu ds avant sa naiss
appartient une caste sociale dont en pratique il lui sera, malgr
thorie, absolument impossible de sortir, cette doctrine qui ne t
aucun compte de la personnalit, mais qui dfinit lindividu
latavisme quil est cens avoir et par la fonction sociale de
parent s, cett e t r adition qu i dclar e illusion, Maya devant to
les donn es psychologiques, loin dtr e un e a pplica t ion d
vrit, est une vritable mythocratie anonyme, inexorable, tyra
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on les tablir lavance? Les recherches typologiques contem
ra ines, les tests qui perm ett ent de dgager la vra ie na tu relenfant, et enfin les instituts pour lorientation professionnelle
respondent davantage la vrit. Soumettre un individu quel q
soit, un e loi qu i pr tend corr espon dr e un e loi n a tu rell
qui p rt end lapp liquer , cest tout simplemen t substituer c
loi naturelle une loi artificielle qui na rien de commun ave
vrit.
Lexemple des castes peut stendre tout le systme hindo
tous les systmes du monde, tous les rites, toutes les thorie
toutes les sommes thologiques que la terre a vu fleurir et mouri
toutes les voies , toutes les doctrines, toutes les Eglises. Cha
fois que les homm es ont vou lu a ppliqu er la vrit ils on t
linverse : ils ont construit des chafaudages qui devaient les m
elle, en croyant pouvoir construire dans le temps des simulacre
des images de ce qui ne peut tre ni simul ni imagin, labso
vrit, lternel.
Le rle d'Ada m
Le Grand Mythe OrientOccident peut aussi bien sappele
mythe mtaphysiqueexprience, ou le mythe connaissancescie
ou le mythe synthseanalyse, ou le mythe absolutransitoire, ou
myth e vritillusion , ou le mythe impersonna lit personnalit, o
mythe celamoi, ou le mythe cerveaucur, etc... En parlant d
faon extrmement gnrale on peut dire que les groupements
mains se sont rpartis de faon reprsenter, jouer, ces d
rles. Le but de cette reprsentation dramatique est la rconciliat
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lments qui sont lintelligence et les sentiments, ou lme e
corps, et ainsi de suite indfiniment, partout et toujours jusqu prsenter le Mythe dans toutes les complexits de la vie).
Les rles des deux Personnages du Grand Mythe peuvent
dfinis suivant la faon dont on appelle ces Personnages, mais
noms, bien que diffrent s, ra conteron t un e m me histoire. L
n it doit se ma int en ir imm ua ble, a ffn de fcon der 1 illusio
de la fconder constamment travers le droulement histori
ju squ au jou r o, aprs de mult ip les m ta morphoses, 1 illu sio
donne enfin naissance la Vrit. De son ct llment fconda
a malgr lui subi les transformations quil a imposes. Si
chemin est moins dramatique, moins douloureux, et moins long,
nanmoins la mme dure que lautre.
Les deux mouvemen t s peuvent tre com pa rs ceux des aigu
dun e mon tr e : la iguille qui in diqu e les heur es ne se dp lace
dun signe lautre pendant que laiguille analytique des min
est oblige de faire tout le tour du cadran. A la nouvelle heu
nanmoins elles se trouvent toutes deux dplaces, et ne se su
posent plus. Elles taient unies minuit, elles ne le seront
nouveau qu midi. Laiguille des heures ne se sera jamais une s
fois dpartie de sa logique tranquille, cependant que lautre aura
douze fois rpter la vrit sans la connatre. A cause de cette d
ne laventure judochrtienne est essentiellement dramatiqu
symbolique. Les douze aptres, la mise en croix six heures, la m
neuf heures, et le soleil qui sest obscurci jusqu midi, puis e
le soleil du grand midi, ces signes symboliques qui nous vien
immdiatement lesprit, parmi des centaines dautres symbo
nous indiquent dj lopposition des car actres des deux Personn
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de natre, et la Vrit aussi vient de natre, qui est universelle. Q
lOrient prenne garde tout autant que lOccident, car nous avons t
assez jou, cela suffit, les rles nont plus aucune signification, et l
puissance hypnotique sera brise en miettes au milieu des p
grandes convulsions.
mu
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LE CHANT DE LA VIE
(Fragment s)(1)
J e te le dis, c'est sur la pou rritu re de lesp rit et du c u r
schafaudent les orthodoxies.
L e tranquille tang dort sous les bois, recou ver t dun m ant
vert; ainsi la V ie est recou vert e par les accum ula tions d es pen
automnales.
La d ou ce feu ille est lou rd e de la pou ssire du d ern ier t ; a
la Vie est lasse dun am our agon isant.
Quand tes sens et ta pense sont encercls par la crainte de
d com position, alors, ami, tu es pris dans lobscurit dune jour
qui steint.
Une ten d re feu ille gt et se fa n e dans lom bre d un e im m e
valle.
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O am i, tu ne peu x pas lier la V rit. Elle est com m e lair, l
illim ite, ind estructible, incom m ensurable. Elle n a pas de d em eni de tem ples, ni dau tels. Elle n est daucun Dieu , qu el qu e so
zle de ses adorateurs. Peu x-tu d ire de quelle fleu r un ique lab
a fait son m iel? O am i, laisse lh rsie lh rtiqu e, la religio
lorthodoxe; mais recueille la Vrit dans la poussire de ton e
rience.
IUIIH1I
L am ou r -est sa prop re d iv in it. Aban d on n e pou r lui le fard
dun esprit ingnieux, et tu ne redouteras plus langoisse de
am ours. L am ou r n est pas en cercl par lespace et le tem ps, n i
les invent ions sans joie de lesprit . L am ou r se plat d ans la rich
dun cu r qui a longtem ps err parm i la con fu sion des objets d
poursu ite. L e Soi, le B ien -aim , ce que chaque ch ose rcle dad
ble, est lim m orta lit de lam our. Pourqu oi chercherais-tu p lus l
Am i, pou rqu oi chercherais-tu plus loin ? Cest dans la pou ssire
am our dsord on n que se trouve la rout e in fin ie de la vie.
J. KRISHNAMURTI.
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C H R O N I Q U E
L ew is Carroll . Pierre Guguen. Frobenius. Cah
dArt. Quelques peintres.
LEWIS CARROLL : Alice au pays des merveil les (Les uvreprsentatives, Paris).
P r e n e z s o in d u s en s d e l a p h r a s e , l es m o t s p r e n d r o n t s o i n d ' i u x -m m
J e v ie n s d e c i t er u n e p h r a s e d u n l i v r e t r s c o n n u , e t a u q u e l A
B r e t o n fa i s a i t u n e a l lu s i o n d i s cr t e d a n s le P r e m i e r m a n i fe s t e d u s u
l i s m e : A li c e a u p a y s d e l t o n n e m e n t (c e p a y s d e l t o n n e m e n t
c e lu i o l o n n e s t o n n e d e r i e n ) . I l fa u d r a i t d e m a n d e r R e n C r e v e l
a co m p r i s ce liv r e c o m m e p e r s o n n e d e n o u s m o n t r e r c o m m e n t l e sp r i t
f r i e s s h a k e s p e a r i e n n e s es t p a s s e n se m t a m o r p h o sa n t d a n s l e l iv r
L e w i s C a r r o ll . J e n e v ou d r a i s p a s m e m o n t r e r t r o p b a r b a r e e n p a r la n
p h i l o s o p h e d u n l i v r e c r i t , e n a p p a r e n c e , p o u r l e s e n f a n t s . J e d o n n
s i m p le m e n t l i n d i c a t i o n s u i va n t e . Un e g r a n d e jo i e in h u m a i n e p a s se s u
l i v r e d o n t l h r o n e a b o l i t e n e l l e m m e l i n d p e n d a n c e d e s t r e s e t
c h o s e s . E l l e e s t a u m i l i e u d e t o u s l e s p h n o m n e s c o m m e l e c e n t r e v e r t i g e o e l le n e t a r d e p a s s e v o i r p r i s e s o n t o u r : l u n i v e r s e s t l e
d A l ic e . Ma i s Al i c e e s t l e r v e d e c e t u n i v e r s i m a g i n a i r e .
C e s t l e m o n d e o l a l u m i r e n e s t p a s p t r i e a v e c l a v i e . L a l o g i q u e ,
l e x p r i e n c e . L a r a i s o n , s a n s l a m m o i r e . L e s y e u x , t r s l o i n d u c u r , c a
r e g a r d s e st fa i t u n e m e d a n s l a p l u s b e l le d e s i m a g e s .
C e q u i a r r i ve q u a n d o n v i t r e c u l on s , d i t a i m a b l e m e n t la R
o n s e s e n t t o u t d a b o r d t o u r d i .
V iv r e r e c u l o n s , r p t a A li c e a u c o m b l e d e l t o n n e m e n t ...
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Q u a n d j e m e s e r s d u n m o t , d i t H u m p t y D u m p t y , il s ig n i fie
t e m e n t c e q u e j e v e u x q u i l s i g n i f i e , n i p l u s , n i m o i n s . . . P l u s i e u r s d
e u x o n t u n c a r a c t r e ... D es a d j e c t i fs , v o u s p o u v e z fa i r e c e q u e v o u s v o
m a i s p a s d e s v e r b e s . (D e l a u t r e c t d u m i r o i r ) .
T o u t e s t c h a n s o n d a n s c e l i v r e , m m e l a t r i s t e s s e . P e u t t r e a u s s i
t o u t y e s t t r i s t e s s e . C e t o u v r a g e q u i l e s t i n d i s p e n s a b l e d e c o n n a t r e e
r e l i r e n e x is t a i t q u e n d i t i on d e lu x e . J e v o u d r a i s v o i r c et t e d i t i o n i ll u
p a r u n a u t r e d e s s i n a t e u r q u e J e a n H e . S i l e t e x t e d A l i c e a r e s s u s c i t d a n
m o u v e m e n t s l it t r a i r e s d e c e s d e r n i r e s a n n e s , i l n e fa u t p a s o u b l ie r
le p lu s c l b r e d e c es m o u v e m e n t s a v a i t p o u r p a r r a i n u n p e i n t r e q u e
H e n e d o i t p a s a i m e r . J e ve u x p a r l e r d u m o u v e m e n t d a d a a u q u e l Ga u
d e v a i t , s a n s s e n d o u t e r , i m p r o v i s e r u n n o m l a v a n c e .
PIERRE GUEGUEN : Jeux cosmiques (Fourcade).
D s l e s p r e m i r e s p a g e s d u l i v r e d e P i e r r e G u gu e n o n e s t p r i s
t o u r d i s s e m e n t p l e i n d h e u r e u x p r s a g e s . C e q u i l s e f f o r c e d a c c o m p l i r
ja m a i s t t e n t . E t p o u r t a n t q u i l s e m p lo i e la v o i le r d i r o n i e , je c o n s i
s a t e n t a t i v e c o m m e e x c e s s i v e m e n t s r i e u s e . A u j o u r d h u i c o m m e a u t
d E r a s m e , u n e v r i t s c i e n t i f i q u e s e r v l e t o u t d a b o r d c o m m e l a f i n dc r o y a n c e . I l e st t r a g i q u e a u p l u s h a u t p o i n t d e v r i fi er c h a q u e c ou p
n o t r e i n t u i t i o n s e n s i b l e e s t r e t r a n c h e l a v a n c e d e n o t r e e x p r i e n c e i n t e
t u e l l e , q u e n o u s n o u s d p l a o n s a v e c d a s s e z b o n s i n s t r u m e n t s d e x p l o r a
d a n s u n m o n d e o n o u s a v o n s t c om m e a p p o r t s d a i lle u r s . D e l d c
fa t a l em e n t , l a p e n s e q u u n e v ie b i e n h e u r e u s e d o i t se p o u r s u i v r e d a n s l a
g le m e n t le s c h e m i n s d e n o t r e a n a l ys e n t a n t p a s c e u x d e la c r a t i o n
p e n s e a u l iv r e d e L e w i s C a r r o l l, d o n t je p a r la i s p l u s h a u t : P a s s e z d a
l e g t e a u , d i t p e u p r s l a r e i n e , v o u s v e r r e z q u i l s e d i v i s e r a e n s u i t e
s eu l e n q u a r t i e r s . M a i s l e s f o r c e s , l e s m o u v e m e n t s d o n t l e p o t e s e f a i t l e t r u c h e m
c o m m e n t c r o i r i o n s n o u s q u i l le s a p r i s t e ls q u e l s d a n s l u n i v e r s c r ? J e
s o u v i e n s d u n p r o v e r b e p l u s o u m o i n s o r i e n t a l : P o t e , n e d i s p a s :
p l e u t . F a i s p l e u v o i r . I l a p p a r t i e n t u n p o t e d e n t r e r d a n s le s d
d e l e x p r i e n c e s c i e n t i fi q u e , et d p r o u v e r s u r l e s fa n t m e s q u i l y v a
c o n t r e r l e s e f f e t s d e s a f o r c e c r a t r i c e .
C el a n a ja m a i s t t e n t q u o i q e n d i s e P i e r r e G u g u e n l u i m
C e s t s u r l e s t e r r e s d s o l e s d e l a b s t r a c t i o n q u e l a p o s i e d i d a c t i q u e , a u t r e
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ma is in explica blem en t en cor e pr iv d ses dieux. I l se droba it sous lun
apparence que lu i donnai t une t e rmino log ie forge par d es savan ts! Il te
tous ses noms de larbitraire le plus inou. Il navait dexistence, ainsi,
dans le domaine de l incontrl.
P our dchir er cet te pr ison verbale , i l ny a vai t qu un pa r t i pren
celui de lhumour. A la condit ion quon et dans le cur toute cet te
cosmique o le dsespoir est contenu, qui a enfant cet te phrase prise
jou r en p ig r a ph e p a r Ma r cel J ou h a n dea u : Le ch a r de Dieu es t fa i
mil le clats de rire . Pierre Guguen a admirablement russ i . Et , pre
l inspi rat ion pot ique t ravers les formes qui la rendent sa vr i table na
de langage primit if do la prose devait sort ir par tous les temps
veux dire t ravers sa forme classique, arrosant du sang des ges la plage
rayons verts , des rayons bleus, i l a russi peupler les bois de l inco
leur donner des d ieux, vei l ler son inconscient dans la profondeur
univers qui ne savait pas que la chair tai t au monde.
Voil le tour de for ce. P a rfai tem ent ra l is. Gr ce tout es les fo
vives de posie que Pierre Guguen porte en luimme. Grce au pou
quil a demployer la langue du vers et de la strophe. Cest ce livre qu
prendrais le p lus volont iers la main pour prouver des tudiants
le pome nat avant la posie et quil obit une rgle dor; quil a
aurore dans une forme, hors de laquelle i l peut garder sa beaut, ce
mais o i l ne reprendra pas ses espr i t s sans ressusci ter en lu i tout un m
paen o i l arrive bien souvent en fin de compte que Marsyas ai t ra
dApollon.
Ce l ivre mapporterai t luimme, en effet , la preuve que toute po
authentique, quelque domaine de l irrel quel le doive davoir pris
sance, se dcouvre une raison dt re suprme et un sommet vivant
cet t e sensa tion de soi qui r epr en d lh om m e tous les p roblm es,
lamne rsoudre par l expdient de la vie le problme de ltre e
n ontre. La douleu r intrieure, toute ins pir a t ion p otique se tr ouve
mentanment soulage par cet te dcouverte que fai t l homme de lobjet su
qu i l est redeven u u n corp s la fois sujet et objet . Centr e ma tr ie
inonde et qui a ce monde pour centre spi r i tuel .
Cest au lendemain de cet te dcouverte dont j avoue, pour ma
quel le fai t un peu plir Hegel derrire lombre mconnue de l imm
Schopenhauer que le pote peut vraiment poursuivre l exprience la p lus
fondment humaine t ravers des uvres de ci rconstance. Sa conscience
plus extrieure lui est devenue une espce de mtaconscience o
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c h o c ) le s oi n d a n a l y s e r la d e u x i m e p a r t i e d e s o n r e c u e i l . R o s i e r
m e r s j i n t r o d u i s la fi n d e c e s n o t e s q u e l q u e s r e m a r q u e s s u r l e n " 89C a h i e r s d Ar t L A fr i q u e p a r L o F r o b e n i u s e t H e n r i B r e u i l.
D e la m a s s e n o r m e d e d o c u m e n t s r a s s e m b l s p a r l u i , F r o b e n i u s s a p e r
u n j o u r q u u n e v o i x s l v e : e t c e t t e v o i x e st la v o i x m m e d e l a
L es p r i t m m e d e la v i e o r ga n i q u e r c l a m a n t u n m o d e d o b s e r v a t i o n e t
r e c h e r c h e a b s o l u m e n t n o u v e a u . F r o b e n i u s , d i s c i p l e e n c e l a d e G o e t h e , s i n t e
d e d c o m p o s e r u n o b j e t , s e l o n u n e m t h o d e r a t i o n n e l l e , e n u n i t s m a
m a t i q u e s . M a i s , p r o c d a n t p a r i n t u i t i o n , i l v e u t l e c o n s i d r e r t r a v e r s
t o t a l i t , l e p n t r e r d u n r e g a r d q u i l u i i n v e n t e u n e e s s e n c e . M t h o d e
r e c h e r c h e r e m i se en h o n n e u r , d e n o s jo u r s , p a r H u s s e r l .M a i s c e c i , q u e j a i p u i s d a n s l t u d e d u p r o f e s s e u r O t t o , n e s u f f i t
c a r a c t r i s e r l a m t h o d e d e F r o b e n i u s . I l m e p a r a t s e r i n c o r p o r e r
c a t g o r i e d e s d i s c i p l e s d e H e g e l , p a r s a c r o y a n c e q u e c e q u i l y a d e
a n c i e n n e d i s p a r a t p a s , m a i s p e r s i s t e j u s q u n o s j o u r s s o u s d e n o m b r e u
f o r m e s d e l a c t i o n e t d e l a c r a t i o n d a n s l e s t r a d i t i o n s h i s t o r i q u e s e t
r c i t s m y t h i q u e s . (V oi r s e s 12 v olu m e s d e c o n t e s a fr i c a i n s ).
J e n e p e u x p a s d o n n e r i c i u n e a n a ly s e d t a i ll e d e c e fa s c i cu l e a b o n d
m e n t i l lu s t r e t q u i d e v r a i t s e t r o u v e r d a n s t o u t es l es m a i n s . Ma i s p u i
n o u s p a r lo n s d e C a h i e r s d Ar t e t qu e je m t a is p e r m i s , d e r n i r e m e n t , l g r e c r i t i q u e l e n d r o i t d e T r i a d e , q u o n m e l a i s s e r e n d r e h o m m a g
c e t t e r e v u e d o n t je r e c o p i e i c i , e n s ou l i gn a n t d e s n o m s m o n g r , la f e
d a n n o n c e s p u b l i e p a r l a R e v u e N o u v e l l e .
. . . D a n s l es c o ll e c t i on s d e C a h i e r s d Ar t , v o u s t r o u v e r e z d e s t
c o m p l t e s , i l l u s t r e s d e t r s b e l l e s r e p r o d u c t i o n s p l e i n e p a g e s u r l e s r
s a t i o n s le s p l u s r c e n t e s d e s p e i n t r e s : Br a q u e , C h a g a ll , D u fy , M a x E r
P a u l K l e e , F e r n a n d L g e r , J e a n L u r a t , M a r c o u s s i s , O z e n f a n t , P i c a s s o e t c
D a n s le d o m a i n e d e l i n f o r m a t i o n o je m e t i e n s e n c e m o m e n t , i l n
p a s d i n d i c e d o n t o n p u i s s e d i r e q u i l e s t t r o p l g e r . . . U n d e s d e r n i e r s n u m d e Va r i t !:, d c r i v a i t la d e m e u r e d u n m a r c h a n d d e t a b l e a u x : l e v e st i
t a it or n d e p e i n t u r e s d e F e r n a n d L g e r . To u t e u n e s a lle t a it c o n s a c r
M a x E r n s t . L e p a r a l l l e t a i t f a c i l e t a b l i r . J e p r f r e , p o u r m a p a r t , o p p
O z e n f a n t M a x E r n s t . E t , s u r t o u t , s o u l i g n e r q u O z e n f a n t d a n s s o n d e r
l iv r e Ar t a e u li n s p i r a t i o n v r a i m e n t g n i a l e d i n t r o d u i r e d e s u v r e s
M a x E r n s t , d e r e s t e r a s s e r v i l i d e q u i l r e p r s e n t e , e n l u i d c o u v r a n t
v e r s a n t q u i n e s t p a s le s i e n . Q u i , e n n o u s , p a r s u i t e , e s t le s i e n . I d e n t i fi c a
t o u j ou r s en v a i n p o u r s u i v ie d e la c o n s c ie n c e m a l h e u r e u s e e t d e l a c o n s c i e
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7/30/2019 Carnet 3 - Mars 1931, par Carlo Suars
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FRANZ WERFEL : Le coupable cest la victime (Stock, dite
U n d e s p l u s b e a u x t r a i t s d h u m o u r d A n d r G i d e a v a i t t d i n s c r i r e p i gr a p h e u n c h a p i t r e d e s F a u x - M o n n a y e u r s i n t i t u l l e r g i m e C e llu l a i
c e t t e lo c u t i o n a t t r i b u e ( e n t r e a u t r e s ) M . B o u r g e t : l a f a m i l le , c e t t e c e
s o c i a l e . .. D a n s c e li v r e d e W e r f e l , on v o i t , a v e c u n e v i o l e n c e q u e l o
c o n n a t p a s a u x o u v r a g e s d e G i d e , l e r g i m e c e l l u l a i r e l o u v r a g e . . .
L a t m o s p h r e c r a s a n t e , d u n e d i s c i p l in e d e p r i so n , cr e p a r l e
a u t o u r d u n f i l s t i m i d e e t f a i b l e , a l l a n t j u s q u l h a l l u c i n a t i o n e t j u s q u
v e l l i t d e p a r r i c i d e , e s t c e l l e d a n s l a q u e l l e b e a u c o u p d e j e u n e s g e n s
v cu , e t c e la a t s o u v e n t d c r i t . O W e r f e l p a r a t p lu s i n t r e s s a n t e n
c e st q u a n d i l se m b l e n o u s i n v i t e r c o n s id r e r q u e l e P r e a r r i v e a u mr s u l t a t p a r l a d o u c e u r q u e p a r la d u r e t . L a r i v a l i t d u P r e e t d u F i l s
lo r s , n e st p l u s c e l le d u n h o m m e e t d u n h o m m e : ils p e u v e n t s a i m e r
t a n t q u h o m m e s , o u p l u t t i l s p o u r r a i e n t s a i m e r s i l s n t a i e n t l e P r e
F i ls . M a is il y a u n e i n v i n c i b l e L o i d e s G n r a t i o n s , u n e fa t a l i t i n h u m
q u i l e s d r e s s e , e n q u e l q u e s o r t e m a l g r e u x , l u n c o n t r e l a u t r e ; l a l u t t e d u
e t d u F i ls , c e st la lu t t e d u P a s s e t d u P r s e n t : c h a q u e p r e e s t c e L
q u i e n g e n d r a d i p e : c h a q u e p r e e x p o s e so n f ils d a n s le d s e r t d e s
t a g n e s , p a r c r a i n t e q u e c e l u i c i n e l u i e n l v e s a s o u v e r a i n e t . .. M a i s , c o
d i p e c h a q u e fi ls , q u i l le s a c h e o u n o n , t u e s o n p r e ... L a fa o n t r s t r a n c h e e t c a r a c t r i st i q u e d o n t W e r f e l p o s e la q u e
n o u s in c i t e , p r c is m e n t p o u r ce t t e r a i so n , u n e r s e r v e c on c e r n a n t le
d e la r v o lt e f a m i li a l e . I l n e s a g it p a s d e s e r v o lt e r c o n t r e le P r e p
q u i l e s t l e p r e , b i e n q u e c e s o i t p e u t t r e l u n e l o i d u m o n d e h u m a i n .
e s t e x a c t q u e l e s t r a d i t i o n s d u P a s s s o n t p l e i n e s d e m e n s o n g e s e t q u e
i r r a l i t s o i t d a n g e r e u s e , l a r v o l t e p i e d p i e d c o n t r e t o u t e t r a d i t i o n , l
t h s e l i t t r a le d u m o n d e d u P r e n o u s p a r a t u n e e n t r e p r i se b i e n a v e
g a l e m e n t , u n e r b e l l i o n p u r e m e n t d e s t r u c t r i c e q u i n e p e u t p o r t e r s e s f
q u c o n d i t i o n q u o n e n s o r t e . L e m y t h e d e l a f a m i l l e e s t s o l i d a i r e d e d a u t r e s t r a d i t io n s b o u r g e o i s e s : p a t r i e , r a n g , a v e c le s q u e l le s o n v o i t
l ia i s o n s m o r a le s . Il n e s t q u e t r o p v i d e n t , d a u t r e p a r t , qu e p a r l i n s t i t u t i o
l h r i t a g e , i l e s t l i l c o n o m i e c a p i t a l is t e . U n e v r a i e r v o lt e f a m i li a l e n e
a l le r s a n s la c o n s id r a t i o n d e ce s r e l a t i on s , sa n s u n e d i s cr i m i n a t i o n d
q u i l y a d e p r i m e t d e c o m p a t i b l e a v e c l e n o u v e l t a t d e f a i t d a n
t r a d i t i o n s p a t e r n e l l e s . S i n o n , e l l e n e s t q u u n r f l e x e i n c o n s c i e n t d e l i n s
d e c on s e r v a t i on m e n a c , a v e c le q u e l n o u s p r i on s q u o n v e u i ll e b ie n n e
c o n f o n d r e l a r v o l t e .
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7/30/2019 Carnet 3 - Mars 1931, par Carlo Suars
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L I B R A I R I E
J O S C O R TI6, RUE DE CLICHY - PARIS-IX
LA REVOLUTION SURREALISTE
LES CAHIERS DU SUD
L E G R A N D J E U
V A R I E T E S
F R O N T
N O R D
P L A N SLA NOUVELLE EQUIPE
C A R N E T S M E N S U E L S
A R T E T L I T T R A T U R E D A V A N T - G A R DE
T O U S L E S L I V R E S S U R L E C I N M A