bibliothquedel105ecol
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Iittp://www.archive.org/details/bibliotliquedel105ecol
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BIBLIOJHUUEDE L'ECOLE
DES HAUTES TUDESl'UBLlEIi bOLS LKS ALSPICE.-r
DU MLMSRE DE L'INSTRUC'llON PUBLIQUE
SCIENCES PHILOLOGIQUES ET HISTORIQUES
CKNT-GINQUIME FASCICULE
AL- FAKHRHISTOIRE DU KHALIFAT ET DU VIZIRAT
DEPUIS LEUPS ORIGINES JUSQU' LA CHUTE DU KIIAl.lFAT 'aBBASIDEDE BAGDADH
(11-656 do. l'hgire = 632-1-258 de noire re)
AVEC DES PKOLGOMKNKS SUR LES PRINCIPES DU GOUVERNEMENT
PAK IBN AT-TiKTAK
^"olvelle dition du texte arabe
Par Hartwig DERENBOURG
^4
PARISLIBRAIHIE EMILE BOUILLON, EDITELK
67, H LE DE RICHELIEU, AU PREMIER
1895
-
AL-FAKHRI
HISTOIRE DU kHALIFAT ET DU VIZIRAT
l'Ai;
IBN AT-TIKTAKA
NOUVELLE DITION DU TEXTE ARABE
PAU
HARTWIG DERENBOURG
-
CIIAI.ON-SUi;-SAONK, I.MPIUM tKIl'. FllANAlSK ET Olill'.NTALE DE L. MAUCKAU.
-
AL-FAKHRl
HISTOIRE m KII ILIFAT El nf VIZIPATDEPUIS LEURS ORIGINES
jusqu' la CHUTE DU KHALIFAT ABBASIDE DE BAGDDH'11-056 (Je l'hgirp = 632-1258 Je noire re)
AVEC DES PROLGOMNES SUR LES PRINCIPES DU GOUVERNEMENT
PAR.
IBN AT-TIKTAKNOUVELLE DITION DU TEXTE ARABE
PAR
llAKTNvir. DERKNBOUKG
PARISLlBliA[|{IE KMHJ: bouillon, KDITKLU
67, RUK DK HICHELIEL', AU PREMIKR
1895
Toua droits rservs
-
INTRODUCTION
Le mois de janvier 1302 fitendurer la rgion deMausil l'pretde l'hiver le plus rigoureux \ La Msopotamie ne connat en temp-rature que les extrmes-. Pendant l't, un soleil de plomb paralyseles volonts et affaisse les intelligences. Presque sans transition,
l'hiver svit, avec son climat de froid intense et de neiges conti-
nues. Les routes obstrues deviennent impraticables sous la couche
paisse qui s'y amoncelle librement, parfois hauteur d'homme,souvent mme la hauteur des tentes dresses. Les montures restenten dtresse, ne pouvant ni avancer, ni reculer. Le voyageur qui
s'est imprudemment engag dans une excursion tmraire et qui afini par en surmonter les difficults jusqu' franchirl'enceinte d'uneville, s'y enferme avec dlices, comme le naufrag ramen au port.Ce furent les tourmentes de neige, avalanches et gros flocons, parlesquelles se termina 1301 et commena 1302, qui contraignirentl'auteur du Fakhvi k ne point dpasser Mausil, tandis qu'il s'taitpropos d'atteindre Tabrz, la capitale de l'Adhrabdjn. Quel avaitt son point de dpart? Il a oubli de nous le confier, mais nouspouvons conjecturer avec vraisemblance qu'il habitait Bagddh,dont il dcrit avec complaisance la situation prsente et les monu-ments tels qu'il les a vus\ S'il s'en est loign momentanment,c'est qu'il compte appuyer en personne quelque requte publique
1. Les mmes phnomnes s'taient produits en janvier 1801; voir Quatre-mre, Histoire des sultans mamtouks, II, ir, p. 176. Ils arrtrent enjanvier 1840 le mdecin et explorateur anglais W. Ainsworth; voir le lui,Tracels and Rescarc/ie.", II, p. 108; Narratice o/'t/ic Euphrates Expdition,H, p. 313; cf. plus rcemment Ed. Sacliau, Reise in Syrien und Mcsopo-tainien (Leipzig, 18S3), p. 342 et 343.
2. Ykot, Mou'djam, IV, p. 684, 1. 3, au sujet de Mausil eu particulier.3. Texte arabe, p. 43-44, 317, 345, 444.
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ou prive auprs du sultan des Mogols, Gzn Khn Malimod,
qu'il avait connu Bagddli en djoumd premier 698 (fvrier
1299)', qui depuis lors avait fortifi TabrzS sa rsidence de prdi-
lection pendant sa vie, son lieu de repos aprs sa mort\
L'accident climatrique, qui avait malencontreusement arrt en
chemin notre voyageur et qui l'avait condamn difrer une
entrevue souhaite, est racont par lui en ces termes, avec la
rsignation d'un musulman qui se soumet aux destins, avec le
ion satisfait d'un courtisan qui mnage son nouveau protecteur,
sans cesser de flatter la dynastie victorieuse (puisse AUh rpandreson bienfait et lever sa puissance! ') :
(( Lorsque le dcret du destin m'eut impos une halte Mausil
la Bossue \ j'y sjournai, sans y tre atteint ni par les averses, ni
parles pluies fines. J'y tais entr, conformment la parole du
Tout-Puissant" : FA il entra dans la ville, un moment d^inattention
de aes habitants. Je m'tais dcid y rester jusqu' ce que la glacefondt et que mon manteau me pest, sauf me rendre ensuite
Tabriz. l'ne fois install Mausil, j'appris de divers cts, parplusieurs personnes intelligentes, qui ne s'taient pas concertes,
combien tait minent le mrite de son seigneur magnifique, lematre obi, le roi glorifi, le plus distingu et le plus grand des
rois, le plus noble et le plus longanime des arbitres, Fakhr al-nn'lla wad-dn... 's... fils d'Ibrhm..., l'arbitre par excellence...
Or, les dcrets d'AUh combinrent que mention serait faite de moi
1. Texte arab(>, p. 13, combino avec Quatremro, Hiatoim des sultansinnmlou/.s,l], ii, p. 132.
2. C Riller, D- Ercihuncle. IX, p. 853.3. Ibn Batota. Voifar/es, II, p. 12'.).
4. Texte arabe, p. 190; cf. p. 419. Le passage traduit se trouve ibicl.,
p. 7-14. J'ai omis les hors-d'uvn^..">. M;iuvii l;i Bossue (nl/iaclb) est ainsi nomnio dans la souscription,
p. 4r>8; dans 'lin
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devant lui et qu'on lui donnerait quelques dtails mon sujet. Les
rcits qui lui furent apports firent entrevoir la clairvoyance de
son esprit et la justesse de sa vive intelligence la ralit de ma
situation, avant que nous nous fussions rencontrs. Il ordonna de
m'introduire en sa prsence auguste. Lorsque je fus admis devant
lui, je fus stupfait, en observant la distinction de son attitude; je
fus charm, en voyant de mes yeux la beaut de son extrieur et la
grce de sa dmarche.
L AUTEUR
Le personnage, dont l'arrive Mausil avait fait sensation et que
le roi )) de cette ville s'tait empress de mander son audience,
appartenait la plus illustre famille de l'islamisme. C'tait un
(( noble , un scharif, dont les origines remontaient par une srie
non interrompue d'ascendants, presque tous des hommes consid-rables, Al-Hasan, le fils an d'Ali. Voici son arbre gnalogique
complet : Mohammad, fils de 'Al, fils de Mohammad. fils de Ra-madan, fils de ''Ali, fils de 'Abd Allah, fils de Moufridj, fils deMos, fils de 'Al, fils d'Abo Mohammad Al-Ksim ar-ra's, filsd'Abo *Abd Allah Mohammad, fils d'Abo Mohammad Al-Ksim Ar-Rass, fils d'ibrhm Tabtab, fils d'Abo IbrahimIsmMl Ad-Dbdj, fils d'Abo Ism'il Ibrahim Al-Gamr, filsd'Al-Hasan, fils d'Al-Hasan, fils de 'Ali. fils d'Abo Tlib, soit un total
de dix-neuf gnrations jusqu' l'oncle, de dix-huit jusqu'au gendredu Prophte'. Cette parent est trs rsume en tte de mon ma-
nuscrit A, qui porte seulement Saf ad-Din Mohammad, fils de*Al, fils de Tabtab, connu sous l'appellation d'Ibn At-Tiktak'.
1. Djaml ad-Din Ahmad ibn "^Ali Ibn 'Inaba, l'Alide. descendant d'Al-Hasan, ^Oumclat at-tdlib /i nasah l Abi Tlib (manuscrit 636 de l'ancienfonds arabe, aujourd'hui 2021 du fonds arabe de la Bibliothque Nationale),fol. 51 r, 94 V, 95 r, 102 v, 104 r. 107 v, 108 r.
2. Manuscrit 895 de l'ancien fonds arabe, aujourd'hui 2441 du fonds arabede la Bibliothque Nationale, fol. 1 r".
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Quanta mon manuscrit B, on y lit Sf ad-Dn Mohammad, fils
de 'Al, fils de 'Ali, Al-Hasan, connu sous l'appellation d'IbnAt-
Tiklak'.
Je ne m'arrterai qu'au pre de l'auteur, le surintendant des Alides
{nakib an-noukab), Tdj ad-Dn 'Al, fils de Mohammad, fils de
Ramadan, qui fut, lui aussi, appel par ses contemporains Ibn
At-Tiktak ', le Fils du tic tac -). Ce sobriquet, avec sa consonnance
d'onomatope, je ne l'ai retrouv que dans la dsignation du con-
spirateur sch'i te At-Tiktak, qui souleva les vagabonds de Bagddh
en 444 de l'hgire' (1052-1053 de notre re). Dans le langage popu-
laire, ce mot signifie la lgret de la parole, lorsqu'elle s'chappe
en priodes sonores'. C'est un proverbe local ou une anecdote
familiale que parat avoir t emprunt le tic tac d'un moulin
paroles, auquel auraient t compars, en leur qualit de causeurs
toujours en mouvement, le pre et le fils.
Quoi qu'il en soit% l'an des deux Ibn At-Tiktak avait
t favoris par les destins au point qu'il avait acquis en biens,
en immeubles et en terres une richesse qu'on ne peut presque pas
compter. Parmi les aventures les plus tonnantes qui lui advinrent,
je citerai, dit Ibn Mnaba, la suivante: Au dbut de sa carrire, il
avait multipli les plantations dans les proprits du domaine
public, et il tait alors percepteur principal [saclr] des districts de
riMiphrate^ Il av;iit mis en sret la part des rcoltes qui lui tait
chue, dans une maison lui, (ju'il s'tait btie, mais qu'il n'avait
1. Manuscrit, lf.S2 de rancien fonds arabe, aujourd'hui 2442 du fonds arabed* la BibliothiMiue Nationale, fol. 1 r".
2. Ibi) Mnaba. 'Ouimlut at-tnUb, dans W. Ahhvardt, El/urhri (Gotha,18HIJ). p. xviii-xxi. Les dtails qui suivent sont pour la plupart emprunts
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pas encore acheve. Son compte avec le Trsor s'tant rgl par un
excdant en sa faveur, il lui tait rest une provision considrable
de denres. La population souffrit alors d'une disette terrible. Le
surintendant Tdj ad-Din tablit une taxe pour la vente desdenres. Lui-mme en vendit contre argent d'abord, puis contredes objets de valeur gale, enfin contre des proprits. On appelaitproverbialement ce renchrissement le renchrissement d'Ibn At-
Tikak, et on le lui attribuait parce que, hors chez lui, il n'y avait
plus chez personne rien vendre.
(( On pera une brche dans un des murs de cette maison et l'on
trouva les denres empiles, les grains parpills. Tdj ad-Dins'empressa, mais en vain, de les dissimuler. Les rserves ne
tardrent pas s'puiser, aprs une vente de courte dure, comme
cela arrive d'ordinaire en pareille occurrence.
L'autorit de Tdj ad-Dn grandit au point qu'il crivit ausultan Abk, fils d'Holgo, pour lui demander la rvocation du
directeur des finances {shib ad-diicchi) 'At Malik. Il avait pris
un feuillet, sur lequel il avait inscrit: Combien de fois devrai-je
rveiller la prunelle d'un endormi, qui se remet sommeiller aprs
que je l'ai secou? On dirait que tu es un petit enfant au berceau,qui dort plus ferme mesure qu'on le remue. La lettre du surin-
tendant au sujet de 'At Malik, aussitt reue, fut envoye au frre
de celui-ci'. Le directeur des finances prit alors ses mesures et,
aprs avoir arrt ses dcisions, ordonna que des gens feraient
irruption de nuit contre Tdj ad-Din. Ils l'assaillirent et s'enfuirentdans un endroit o ils s'imaginaient tre en sret et o le direc-
teur des finances leur avait enjoint de se rendre. Aussitt le
directeur sortit, parvint ce mme endroit, fit empoigner ceshommes, ordonna leur mise mort et confisqua son profit les
biens, les proprits et les pargnes du surintendant. Le surin-
tendant Tdj ad-Din a laiss une postrit.
na, Rahba;cf. IbuAI-Athr, C/ron/con,VIII, p. 85 (Sljjo iL) ^l iJl);A. von Kremer, Cu'turgeschirkte dos Orients, I. p. 346-447 et 368.
1. Ce frre, l'associ au pouvoir de ^At Malik, son collaborateur parta-
geant avec lui les fonctions et le titre de shib ad-din, est connu sous son
surnom de Schams ad-Din
.
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Cette conspiration ne fut qu'un pisode des menes que Madjdal-Moulk, fils de Saf ad-Du Al-'Adjam, parvenu Bagddh
la fin de 679 ou au commencement de 680 (entre mars et mai 1281),
dirigea avec acharnement contre la puissance solidement tablie
des deux frres, 'Al ad-Din 'At Malik et Schams ud-Din, tous
deux fils de Bah ad-Dn Mohammad, fils de Mohammad Al-Djouwain '. La mort violente du surintendant Tdj ad- Dnent donclieu dans la premire moiti de 1281, deux annes avant le moment
o les souffrances morales et physiques abattirent l'instigateur de son
meurtre, terrass par une attaque d'apoplexie dans le canton d'Ar-
rn, le 5 mars 1283'. Schams ad-Dn ne tarda pas tre assas-
sin le 16 octobre 1285 par le sultan Argon, fils d'Abk, qui,
par l'appt d'un sauf-conduit, l'avait attir hors de sa prudente
retraite'.
Mohammad, fils de 'Ali, l'auteur du Fakhr, avait peine vingtans, lorsque la fin tragique de son pre dut lui inspirer des
rflexions douloureuses sur l'avenir qui lui tait rserv. 11 recueil-
lait, pour tout hritage paternel, la honte des exactions commises
nagure par celui-l mme qui tait charg de les rprimer, lacrainte d'tre souponn de complicit dans le complot avort,
enfin ce surnom d'Ibn At-Tiktak, qui n'avait pas t port avec
honneur par son devancier immdiat. La vie s'ouvrait pour lui
avec des horizons tristes, s'il ne regardait pas en arrire dans le
lointain vers les images vnres de ses aeux pour demander leurs glorieuses mmoires l'oubli des misres prsentes, s'il nedployait pas assez d'nergie personnelle pour rparer l'difice
menac de ruine par des actes, dont il tait innocent, dont, par sadroiture irrprochable et par ses efforts constants, il parviendrait
dgager sa responsabilit.
1. n.ii Schiilvir Al-Kouloubi, Fant hil-ua/aycit,U,p. 35.i. guaticmiio, llititoire i^es ./^n.* mamlouks, II, i. p. .58, o Al-
Maticn/i nclilie la date errone de la p. 50; Ch. Schefcr, Chrcstomathiepvrmnr, II, p. 115. La date de 68:5 (1284), donne dans Hdji Khalfa, Leicon/litiliui/ni/Jurum, II, p. 6:>.s. provioni d'une confusion entre les deux frres.
.3. Ibn Schkir Al-Kouloiihi, lor. rit.; Bar Hebneus dans J.-B. Chabot, Vie(lu f>triaichc Mar Jdbaluha lll (Reue de l'Orient latin, 1894, p. 74, note 2).
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N vers 1262, le scharf Saf ad-Din Ibn At-Tiktak^ avait-il eul'occasion de se rencontrer avec un aussi haut dignitaire que "At
Malik, qui, avant les vnements qui mirent entre eux une large
tache de sang, avant son lvation une sorte de vizirat, prsidait
depuis 1270 aux travaux publics, aux irrigations et l'assainis-
sement de Bagddh"? On a suppos que Schams ad-Din, frre de*At Malik, qui prit une part active la restauration de la ville
dvaste, aurait eu sous ses ordres Tdj ad-Dn, mais cela neparat rien moins que dmontre Je ne crois pas non plus auxprtendues relations entre le jeune Safi ad-Dn et le puissant 'AtMalik. Des quatre passages, o le nom de ce dernier est cit dansle Fakhr\ deux sont des citations empruntes au Djihn Kou-schii, Histoire du conqurant du monde , par 'At Malik; dansles deux autres, la rancune manie les traits acrs de l'ironie.
L'ancien directeur des finances n'a pas su discerner l'ignorance
d\m de ses familiers que, a pendant nombre d'annes, il fr-quentait en voyage, la ville, dans des runions srieuses et
badines . D'un autre ct, comment 'At Malik, avec son talent et
sa supriorit, avec sa vaste lecture des histoires et des chroniques,
est-il all de gaiet de cur se chercher un anctre tel qu'Ai- Fall
ibn Ar-Rabi% une descendance qu'il faudrait cacher comme unetare, si, par malheur, l'on en tait afflig? *At Malik, avant de
rabaisser ainsi son origine, aurait d s'informer auprs de quelquesavant, au courant de ces matires. Et l-dessus, on s'est imaginqu'Ibn At-Tiktak faisait allusion lui-mme^ et se plaignait den'avoir pas t consult. Cette supposition me parait invraisem-
blable, puisqu' cette poque il n'aurait eu que l'autorit d'unadolescent. Ce fut l'homme mr qui s'avisa plus tard de venger lammoire de son pre sur celui dont son pre avait t la victime,ce fut l'Alide qui protesta contre la glorification immrite de cer-tains noms indignes de figurer dans aucune gnalogie avouable.
1. Il est ainsi nomm par Ibn Schkir, Fat bU-icafayt, II, p. 19.2. Wassf, Gescliichte Persiens, herausg. von Hammer Purgstall, I (un.),
p. 197; Ch. Schefer, Chresiomathie persane, II, p. 139.3. Ahlwardt, Elfachri. p. xxiv.4. Texte arabe, p. 22-23, 75, 148, 239-241.5. Ahlwardt, Elfacliri, p. xvii-xviii.
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Au milieu des cruelles penses qui le hantaient, Ibn At-Tiktak
se rfugiait, au del de ses douleurs rcentes, dans le souvenir de
ses illustres anctres. La chute du khalifat sounnite lui semblait
une rparation tardive accorde aux martyrs de sa race. Les
Oumayyades n'avaient-ils pas eu se reprocher les meurtres suc-
c ssifs d'Ali et de ses deux fils Al-Hasan et Al-Ilousain? Quant aux'Abbasides, leur usurpation n'avait-t-elle pas substitu les descen-
dants de 'Abbs ceux de son frre Abo Tlib, le pre d'Ali? Lavictoire rcente des Mogols, la prise de Bagd-dh par Holgo le
5 fvrier 1258, l'efifondrement du vieux monde musulman, les esp-
rances veilles l'aurore d'une re nouvelle a^ aient rpandu parmi
les sch'ites des impressions encore dans leur fracheur, dont son
enfance fut caresse. Il demande ne pas tre interrog sur les
massacres, les pillages et les mutilations qui souillrent la victoire
des hordes conduites l'assaut de Bagddh parle gnral Bdjo',mais il prouve une admiration juvnile pour Holgo, malgr
les excs de ses soldats : on lui a vant, d'une part sa vigilance et sa
proccupation constante de complter ses prparatifs de guerre',
d'autre part la vigueur de sa parole, son esprit d'quit, enfin son
ardeur inexorable pourefacerles derniers vestiges de la domination
'Abbaside dans les curs et jusque dans les costumes de ses sujets^Quant Abk, fils de Holgo, qui lui succda en 1265, il n'eutpas les sympathies d'Ibn Al-Tiktak, qui ne lui pardonna pas
d'avoir sacrifi son pre Tdj ad-Dn aux ressentiments de *AlMalik, 11 ne mentionne de ce sultan que sa participation une
partie de chasse, sans lui accorder aucune formule d'loge', et la
nouvelle de sa mort annonce Bagddh par un passant invisible,sans ajouter aucune formule de regret'. Ses successeurs ne sont
point nomms individuellement, mais Gzn, sous le rgne duquelIbn At-Tiktak vivait et crivait, est appel le sultan de l'poque
prsente, puisse Allah aicrmir les fondements de sa dynastie et
1. Texte arabe, p. 454-455.
2. Iliid., p. 65 et 45L.3. //;/'/., p. rtO-i;il et 15S.
4. !bi(l., p. 74-75.
5.' Ihid., p. 86.
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rpandre l'Orient et l'Oecident l'ombre de sa justice! Son atta-
chement la dynastie conqurante la lui fait considrer dans
son ensemble comme un bienfait d'Allah '. Non seulement, mieuxque toute autre dynastie, elle avait su faire respecter son autorit
par les troupes et par les sujets-, mais encore elle avait favoris
tous les ordres de sciences, toutes les catgories de savants ^
Pour qu'Ibn At-Tiktak se ft ainsi enthousiasm pour les sul-tans Mogols, il fallait qu'il et t mme, non seulement d'appr-cier leur puissance et leur esprit clair, mais encore d'prouverleur bienveillance et de recevoir leurs encouragements. Bien que
nous ne possdions de sa biographie que les bribes qu'il nous en a
conserves lui-mme l'occasion et incidemment, il parat avoirregagn la situation sociale que son pre avait perdue, et avoir
obtenu, comme prix de son concours et de son influence, qu'on lui
restitut les biens confisqus au fonctionnaire prvaricateur. Ce
succs moral et matriel qu'il avait remport, ressort de l'en-tte
du manuscrit B\ o il est appel : Le saj/j/id, c'est--dire ledescendant d'Al-Hasan"', le trs illustre, l'unique, le considr,
le noblement apparent, le trs savant, le parfait gnalogiste, le
surintendant des Alides, le chef [sayyid) des hommes les plus mi-nents saj al-liakk ical-milia icad-din, le pur en mrite, foi et
culte , cette dernire pithte tant un dveloppement de son sur-nom honorifique Saf ad-Din. Dans cette nomenclature, je ferai
surtout remarquer que notre personnage avait su reconqurir
Bagddh la surintendance des Alides, poste de conliance dvoludans chaque ville importante au plus estim entre les scharifs.
Les frquentations d'ibn At-Tiktak, autant que nous sommes
renseigns sur ses interlocuteurs, indiquent aussi qu'il occupait un
rang lev dans la socit. Si son ge et les vnements l'ont tenu distance de 'At Malik Al-Djouwain, par contre il a t en
1. Texte arabe, p. 43.
2. Ibid., p. 36.
.3. Ibid., p. 23.
4. Manuscrit 2443 de la Bibliothque Nationale, fol. 1 t' . Ce texte estdonn plus loin.
5. Snouck Hurgronje, Mekka, I, p. 57.
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relation avec nombre de ses contemporains, parmi lesquels il a
cit les suivants :
1' Scharaf ad-Dn Abo '1-Ksim 'Ali', fils du dernier vizir des'Abbasides Mou'ayvad ad-Dn Abo Tlib Mohammad, fils d'Ali-mad, Ibn Al-*Alkami- avait eu avec ibn At-Tiktak une con-
versation toute littraire, qui roula sur la riche bibliothque de dix
mille volumes prcieux, que le vizir avait forme, sur les ouvrages
composs son instigation, le "Oubb, dictionnaire arabe, par As-
Sagn', le commentaire en vingt volumes, consacr par 'Izz ad-
Dn *Abd al-Hamd, fils d'Abo '1-Hadid au trait de rhtorique
intitul Nahdj albalga *, enfin sur les pangyriques que les plusgrands potes, entre autre Kaml ad-Dn Ibn Al-Bok, rdigeaienten son honneur. Scharaf ad-Dn tait mort avant 1302.
2" Un cousin de Scharaf ad-Dn 'Al, Kaml ad-Dn Ahmad IbnAd-Dahhk, fils de la sur du vizir Mou'ayyad ad-Din Ibn Al-
*Alkam% a t le narrateur de quelques pisodes dont il fut
tmoin, lors de la prise de Bagddh par le sultan Holgo.3 Safi ad-Dn 'Abd al-Mou'min, fils de Fkhir, Al-Ourmaw%
l'un des familiers et des conseillers intimes d'Al-Mousta'sim Billh,
conservateur avec Sadr ad-Dn 'Al Ibn An-Nayyr d'une biblio-thque que le dernier khalife 'Abbaside avait fonde la fin de son
rgne, littrateur fcond et vari, avait, comme Ibn At-Tiktak",
un got prononc pour les livres et a d, dans sa longue vie, tre
recherch par lui comme un conseiller, comme un matre, comme
un compagnon instructif et aimable. Des deux entretiens, dont la
trace nous a tconserve, l'un est relatif une chasse d'Al-Mous-ta'sim qui aurait captur un ne sauvage vieux de cinq sicles,r.'uitrc relate une scne qui eut pour thtre la biblioilique, pour
1. Texte arabe, p. 456.
2. D'aprrs Ibn At-Tiltak (ibid., p. 458), Ibn Al-'Alkami mourut en djou-madit I"r)6(mai 1258). tandis qu'lbn Schkir Al-Koutoubi (Faaitt bil-H-afaycU. II, p. 152), place sa mort au commeucemeulde 657 (janvier 1259).
3. Hdji Khaiifa, Lccicnn hibliocjraphirum, IV, p. 179, u 8032.4. Id., ibiU.. VI. p. 407. n 14114.
5. Texte arabo, p. 457-458.fi. Ibl., p. 74,419-451.7, IDit/.. p. 4-5.
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hros le khalife. Ce polygraphe, un second Pythagore, excellait
dans les sciences les plus diverses, la langue arabe, la posie, l'art
du style pistolaire, Thistoire, la controverse religieuse, la mu-
sique^ et la calligraphie. Ibn At-Tiktak le vit sans doute
Tabriz, o 'Abd al-Mou'min sjournait en 689 de l'hgire (1290 de
notre re). Il nous apprend que 'Abd al Mou'min, arrt pour une
dette de trois cents dinars, mourut en prison le 18 safar 693
(18 janvier 1294) ^4 Falak ad-Din Mohammad, fils d'Aidamir-, a pris part la
dfense de Bagddh contre l'invasion des Tatares et raconte ce qui
lui est advenu, alors qu'il tait l'un des chefs de l'arme commandepar Moudjhid ad-Din Aibak, surnomm ad-dawidd.r as-sarjuir, le petit secrtaire
.
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situcation trouble qui forait les habitants de Kazwn enfouir
chaque nuit dans des cachettes profondes leurs richesses pour les
soustraire aux entreprises des brigands, jusqu'au moment o l'ordre
eut t rtabli par Schams ad-Din, kdi de Kazwn, appuy sur
l'arme d'Oukt^^ fils de Djinkizkhn '.8 L'mir Fakhr ad-Din Bougd, petit-fils de Kaschtimour'-,
raconte Ibn At-Tiktak une partie de chasse de son grand-pre,
o l'on prit, entre autre gibier, un nain monstrueux. Amen devantle khalife An-Nsir li-dn AUh, il fut relch, sur l'ordre du kha-
life, par Kaschtimour, l'un de ses mamloks^90 Le professeur la Moustansiriyya de Bagddh, le chef des
Schfi'ites de cotte ville, Djaml ad-Dn 'Abd Allah Ibn Al-'kol', s'entretint avec Ibn A-Tiltak au commencement de
698 de l'hgire' (fin de 1298 de notre re), lorsque le sultan Gzn
entra dans cette cole de droit, fonde par le khalife Al-Moustansir
Billh en 631 (1233-1234^), pour la visiter et pour y satisfaire sa cu-
riosit. Le monument, dit Ibn At.-Tiktak, avait t dcor pour la
circonstance et les professeurs s'taient assis sur leurs siges, ayant
devant eux les docteurs et tenant dans leurs mains les fascicules
du Coran, dans lesquels ils lisaient. Or, il advint que le cortge du
sultan passa d'abord devant la secte schfiMte, dont l'enseignement
appartenait au schaikh Djaml ad-Dn 'Abd Allah Ibn Al-'kol...A la vue du sultan, les Schfi'ites se levrent d'un mme mouve-ment. Le sultan dit alors au susdit professeur : a Comment a-t-il
t licite que vous vous leviez en mon honneur et que vous dlais-
siez ainsi la parole d'Allah? Le schaikh rpondit par des paroles
qui n'obtinrent pas l'approbation de Sa Majest Sultanienne... Peude temps aprs, 'Abd Allah me raconta les termes de la question et
l.Ce prince est appel seulement ici le kdn ; voir le texte arabe, p. 29 et 30.2. Ihiil., p. 77-78.
:^. Ibn Al-Athir, Chronicon, XII, p. 170, 18S, 24S, 277.4. Texte arabe, p. 43-41. L'adjectif relatif Al-^\koiili rapporte, comme
son origine, Dair al-'AkoI, quinze parasanges de Bagddh..T. Quatrcmre, Histoire des sultans mamlouks, II, 11, p. 132.(>. Wiistcnfold, Dir Academien dcr Araber, p. 29, d'aprs lequel Ibn .\l-
'koli, serait ne h VVsit en radjab 638 (janvier 1241) et serait mort Bag-ddh en schawwl 728 (aot 1328), aprs quarante ans d'eusciguemeut etsoixabte-et-ouze ans de magistrature eu qualit de juge.
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de sa rponse. Quant, la question, elle est conforme ce que j'ai
rapport. Pour ce qui est de la rponse, je l'ai oublie, mais je me
rappelle lui avoir dit: On aurait pu rpondre cette question :Certes notre abandon du Livre sacr, tandis qu'il est dans nos
mains, pour vaquer une autre occupation, ne nous a pas t in-
terdit dans notre loi et nous n'avons commis en cela aucun pch.J'ajouterai que ce Livre sacr, que nous avons dlaiss pour nous
lever devant le sultan, nous prescrit d'honorer nos sultans.
Cette liste, assurment trs incomplte, des personnes en rela-
tion avec Ibn At-Tiktak comprend tous ceux qu'il nous a fait
connatre. Dans un rcit de chasse il fait allusion un homme dis-tingu de Bagddb, mais sans le nommer. Celui-ci ne fait en-
tendre qu'un cho de ce qui lui avait t rapport au sujet du sultan
Abk par Mohammad ibn Slib, le fauconnier '.Les dates sont encore plus rares que les noms d'amis vivants dans
le livre d'Ibn At-Tiktak. Il s'tait trouv Bagddh en mmetemps que le sultan Gzn, la fin de 12)8. L'anne prcdente,il avait visit Marga le tombeau d'Al-Moustarschid Billli,(( avec sa magnifique vote^ . Bagddh tait, si je ne m'abuse,le quartier gnral d'Ibn At-Tiktak^; mais il se dplaait volon-tiers. Nous ne savons seulement pas quelle poque de sa vie,antrieurement dcembre 1301, il se rendit aux environs deKofa, pour faire ses dvotions sur la tombe d'Ali ', Al-Basra, oil visita le tombeau vnr de Talha ibn 'Oubaid Allah, dans une
chapelle, asile inviolable ouvert quiconque avait peur ou taitpoursuivi '; hbil si dchue de son importance sous les Mogols^
;
Ispahan probablement, oi il aurait vu le tombeau du khalife Ar-Rschid'. La plus rcente de ses excursions, dont nous soyons
informs, c'est son voyage projet Tabrz, c'est son arrt forc Mausil dans les derniers jours de l'anne 1301.
1 Texte arabe, p. 74.
2. Ibid., p. 408.
3. Plus haut. p. 1.
4. Texte arabe, p. 141.
5. Ibirl., p. 122.
6. Ibid., p. 41-42.
7. Ibid., p. 416.
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14
L'unit de cette vie, sur laquelle nous n'avons que des donnes
fragmentaires, c'est la fiert d'un Alide, s'enveloppant dans l'or-
gueil de sa noblesse comme dans un manteau d'honneur'. Cet
attachement au pass lui fit pousser jusqu'au scrupule la rsolution
de continuer, aprs une exception dont il avait souffert, la tradi-
tion des vertus hrditaires de sa famille. Les autres enfants de
Tdj ad-Dn conformrent-ils leur conduite celle de leur preou celle de leur frre? La question peut tre pose, mais non
rsolue.
Ce qui nous chappe encore, c'est la notion de l'anne o mourutSafi ad-Din Mohammad, fils de 'Al, surnomm Ibn At-Tiktak ^
II
LUVRE
La tourmente de neige, qui s'tait dchane sur la rgion de
Mausil et qui avait bloqu dans cette ville le voyageur rsign
attendre une temprature moins rigoureuse et des routes mieuxdblayes, eut pour rsultat heureux de lui mettre le kalam dans
les mains et de lui faire employer ses loisirs forcs la composition
1. Un lecteur grincheux s'est indign qu'Ibn At-Tiktak et parl irrv-rencieusement des trois premiers khalifes et a flair en lui l'hrsie desHfidites. Je n'ai remarqu que la prdilection de l'auteur pour Ali, traitcommun tous les schi'ites, mais sans que les deux schaikhs Abo Bekr et'Omar fussent rcuss ou jugs avec malveillance, selon les doctrinesdes Kfidites; cf. Ibn Kbaldon, Prolgomnes, II, p. 403. La note dulecteur acte publie par Sacy, Chrestomathie arabe [2' d.), I, p. 33.
2. Le P. L. Cheikho S. J. [Mndjni al-arlnb, VU, p. 12) a donn commedate 709 de l'hgire (1310 de notre re), mais sans indiquer l'oiigine de cerenseignement. Il m'est d'autant plus suspect, malgr la vraisemblance dela date suppose, qu'il fait partie d'une notice sur Ibn At-Tiktak, c'est--dire Moharamad Tdj ad-Din ibn Al At-Tiktak Al-Fakhri Ar-Rz. Acet nonc on reeonnait une triple confusion : entre le pre de l'auteur etl'auteur, entre l'auteur et le titre de son livre, entre l'auteur enfin et F'akhrad-Din Ar-R/.i. Or, celui-ci mourut en 1210 de notre re. De l proba-blement l'erreur, issue d'une noiice littraire exacte en elle-mme, malinterprte i)ar celui qui l'a utilise.
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15
d'un livre. La gense de cette conception est relate par Ibn At-Tiktak lui-mme, reconnaissant et charm de l'accueil que luiavait mnag le roi de Mausil, Fakhr ad-Dn 'Isa, filsd'Ibrbm.(( Ce prince, dit-il', multiplia assez les marques do sa faveur pour
implanter en moi son affection, pour en recueillir loges et gloire.En consquence, je conus le projet de servir sa seigneurie par la
composition de ce livre qui me rappellerait son souvenir, qui lui
rappellerait le mien, qui le ferait pensera moi, lorsque j'aurais
disparu de son haut voisinage, lorsque je me serais spar de sa
large cour. Etceci est un livre, dans lequel j'ai mentionn les vicissi-tudes des dynasties et les vnements de la royaut, dans lequelj'ai fait connatre les dtails qui m'ont sembl piquants dans laconduite des rois les plus distingus, ceux que j'ai examins dansles biographies des khalifes et des vizirs.
J'ai divis mon ouvrage en deux sections. La premire est
consacre aux choses sultaniennes, aux directions politiques royales
et aux qualits par lesquelles le roi se distingue du peuple, aux
bonnes que l'on doit trouver chez lui et aux mauvaises dont il doit
tre dpourvu, aux devoirs de ses sujets envers lui, ses devoirs
envers eux, et j'ai incrust dans cet expos les versets du Coran, les
traditions du Prophte, les rcits piquants et les vers exquis. Dans
la seconde section, j'ai parl de chaque dynastie, l'une aprs l'autre,
entre les dynasties les plus connues, celles dont l'autorit a t
reconnue en gnral, dont les belles actions ont t parfaites. J'ai
commenc par la dynastie des quatre, Abo Bekr, 'Omar, 'OthmnetAli (qu'Allah soit satisfait d'eux'!) dans l'ordre de leur succession.
Viennent ensuite: la dynastie laquelle elle transmit la royaut,
celle des Oumayyades, puis celle qui recueillit leur royaut, les
'Abbasides. Enfin j'ai abrg ce qui concerne les dynasties abrites
dans les plis des grandes, comme celle des Boyides, celle des Sel-
djokides, celle des Ftimides eu Egypte, toutes trois dpendantes
des 'Abbasides, toutes trois n'ayant jamais eu leur autorit reconnue
1. Texte arabe, p. 14-16.
2. Celte formule est prcisment celle que l'auteur de la rflexion cite p. 14.
note 1. prtend exclue du Fakhrt, lorsqu'il y est parl des quatre premiers
khalifes, except Ali. La mme formule est prcisment applique .\boBekr et Omar, les deux prtendus rcuss . dans le texte arabe, p. 105.
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16
de tous. Je parlerai de chaque dynastie sparment d'aprs les
rsultats auxquels est parvenu mon esprit sur son attitude gnrale,
grce ce que m'a suggr l'tude des biographies et des chro-
niques. ))
Ibn At-Tiktak promet de passer en revue, non seulement tous
les rois de la dynastie 'Abbaside, mais encore leurs vizirs :
Aprs chaque rai, dit-il', je mentionnerai ses vizirs l'un aprs
l'autre et les histoires curieuses de ce qui leur advint. Ensuite,
lorsque le temps du roi et de ses vizirs sera termin, j'aborderai
le rgne suivant, ses vnements et les carrires de ses vizirs. Et
ainsi de suite jusqu' la fin de la dynastie 'Abbaside.
Ce manuel de politique et d'histoire musulmanes, commenc endjoumd second de l'anne 7(31 (fvrier 1302), termin le 5 schaw-wl de la mme anne^ (3 juin 1302), fut ddi par Ibn At-Tiktakau prince qui l'avait mand, admis, recherch et honor. Bien
plus, l'crivain, pour rappeler son souvenir d'une manire durable
son bienfaiteur et pour rendre publique l'expression de sa recon-
naissance, intitula son livre Al-Fakhr, a le Livre de Fakhr ad-
Dn )), en dsignant par ce titre quel avait t l'instigateur, quel
tait le destinataire de sa composition nouvelle. Al-Fakhrl ne
contient donc point, comme ou l'a prsum et comme on l'a sou-
vent rpt, une indication sur l'auteur qui se serait nomm Fakhrad-Dln% et mme, au tmoignage d'un lecteur, Fakhr ad-DnAr-Rz *.
1. Texte arabe, p. 16.
2. Ihid., p. 458.
;. Sacy, Chrestomathie arabe (2" d.), I, p. 30-31, a faitcole; voir encorercemment Boilig. Chrestomatkia arabica (Roma, 1882), p. T7; MarcelDevic, Le pays des Zendjs (Paris, 1883), p. 162 et 163 ; le P. L. Cheikho S. J.,Madjnl al-adab, VII (Beyrouth, 1886), p. 12; Henri Lammens S. J., LeChantre des Omiades, dans le Journal asiatique de 1894, II, p. 133, n. 1;1.8, n. 2, et /la.tsim. tandis ([Ue, p. 139, n. 4, le biographe dil justement le Fakhri .
4. Confusion voulue avec l'illustre mdecin et philosophe Fakhr ad-Dude Rayy, mort Hrat le 28 avril 1210; voir Wsteufeld, Geschichte derA rabisrfien Aertztc und Naturforscher, p. 111-116; Leclerc, Histoire delu mdecine arabe, II. p. 20-22; plus haut, p. 14, note 2. Je m'tonne queNoi'l Desvergers, malgr son flair, ait adopt cette identitication de mauvaisaioi; voir Arabie, p. 228. 346, 376, etc.
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17
Quant au roi de Mausil, Fakhr ad-Din 's ibn Ibrhm, quiaccepta cette ddicace flatteuse, il n'tait pas un chrtien, ainsi que
l'ont aflEirm tort les compilateurs qui prparrent V Histoiredes Mongols de Raschd ad-Dm\ mais un musulman, un fidleserviteur d'AUh, comme le prouvent l'allure et les formules dupangyrique contenu dans la prface du Fakhri-
. Raschd ad-Dn prtend que des cris de dlivrance furent pousss jusqu'auseptime ciel en 702 de l'hgire (1302-1303 de notre re) par leshabitants de Mausil^ attendu que, par la mort de Fakhr ad-Dn 's,ils auraient chapp sa mchancet et sa tyrannie. La dateseule parat authentique. Car le prince chrtien, qu'ils envoyaient
dans l'enfer, tait sans conteste le mme que le roi musulman dontIbn At-Tiktak se glorifiait d'avoir obtenu la protection et la sym-pathie, que celui dont il disait avec admiration': Toutes les dis-
tinctions et tous les mrites dont il a l question dans ces feuillets,
AUh le Trs-Haut en a gratifi pleinement le lot du matre, du roiminent; puisse AUh le Trs-Haut veiller sur lui partons lesgenres de ses bienfaits et lui faire atteindre les points extrmes de
la flicit et de l'assistance qu'il accorde, aprs qu'il l'a dirig par
sa sollicitude empresse vers les plus belles dispositions naturelles,
et que, par sa bienveillance cache, il lui a donn la prminencesur la plupart des nations!
Le royaume de Mausil, ainsi dsign par le voyageur Marco
Polo qui crivait en 1298*, avait t conquis par les Mogols en
juillet 1262 '\ Le titre de roi avait t revendiqu par Badr ad-
Dn Lou'lou' et par son fils Ism'l^ les deux derniers souverains
1. Raschd ad-Dn (manuscrit persan 68 A del Bibliothque Nationale),dans Baron d'Ohsson, Histoire de.-? Mongols, IV, p. 328, n. 1. Le texte a tpubli et traduit par Cherbonneau, dans le Journal asiatique de 1846. I,
p. 298.
2. Texte arabe, p. 8-9.
3. Ibid.,f. 101.
4. Marco Polo, Tracels, edited by Yule (2' d.), I, p. 48; cf. p. 62.5. Raschd ad-Din, Histoire des Mongols, trad. Quatremre. p. 389.6. Lou'lou' s'tait fait appeler al-malik ar-rahim le roi compatissant ;
Isva.'^X al-nialik as-slih le roi vertueux . Ism'il n'est pas cit dan.s le
Fakhri; pour Lou'lou', voir le texte arabe, p. 7. 22. 65. etc.
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indpendants de Mausil. L'tiquette modeste d'atbeks^ rgents
avait suffi la dynastie qui, avant eux, dtint le pouvoir, sous la
suzerainet des Seldjokides, de 1127 1222 '. Les Mogols ne refu-
srent point le hochet d'une royaut nominale la vanit des
gouverneurs qu'ils nommrent Mausil, qui furent investis par le
sultan et qui lui payrent tribut'. C'taient des rois de carrire,
recevant de l'avancement, susceptibles d'tre dplacs de ville en
ville' ou rvoqus. Les tats de service de notre Fakhr ad-Dn
l'avaient conduit, si mon identification est juste, dans plusieurs
capitales de districts. A la fin de septembre 1282, le sultan Argoin
reut Rayy le malik Fakhr ad-Dn et lui confra le gouvernementdu pays^ Le 29 janvier 1284, le rnalik Fakhr ad-Dn vintdeRayy,
charg par Argon de distribuer aux troupes victorieuses argent,
armes et vtements". En 1297, le malik Fakhr ad-Din, gouverneur
de Hrat, prside la dfense de cette place assige par Khotlokh-
Schh'. Enfin, ce mme Fakhr ad-Dn est devenu seigneur deMausil, au moment o, en janvier 1301, Ibn At-Tiktak est appel
sa cour, comme un hte dsir par un roi , protecteur des
lettres et des lettrs. La royaut est devenue insparable de ce
gouverneur, travers toutes les tapes, par lesquelles le font
passer les caprices de ses suprieurs. Aussi ne devons-nous pas
nous tonner qu'un exemplaire substitue le titre d'Histoire royale
{At-Ta'khr al-malakV le Livre du malik ))) celui 'Al-Fakhri
(( le Livre de Fakhr ad-Din . 11 n'y a point l de diffrence
1. Quatremre, Histoire des sultans mamlouks, I, i, p. 2-3.2. Les deux Mas'od seuls, dans la priode de dcadence, furent appels
al-nialilc al-lailtir le roi puissant . Sur cette dynastie, voir Ibn Al-.\thir,
Histoire des atabelts de Mosul, tome II, ii, des Historiens orientaux des
Croisades.
3. Texte arabe, p. 42.
4. Un roi de ville , ibid.. p. 17.5. Hamnier, Gesc/iic/tte der Ilschano, I, p. 343; Howorth. History of the
Mongols, III, p. 297. Ibn 'Inaba(ms. cit, fol. 156 r) mentionne les surin-
tendants des Alides et les rois de Rayy (l^S^U_j ^Jl "-LU)'
6. Hammer, ibid., I, p. 347; Howorth, ibid., ill, p. 3U1.
7. Raschid ad-Dn, dans dOhsson, Histoire des Mongols, IV, p. 188-190;
cf. Reue de l'Orient latin, II, p. 245.
8. Manuscrit 2442, fol. 57 r; cf. p. 100 du texte arabe, note 1.
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19
essentielle; c'est, proprement parler, une variante, une alterna-
tive de synonymes.
Je n'enregistre que pour mmoire la note d'un possesseur ayantprouv le besoin de nous informer que le livre intitul: Lesmrites des sultans [al-db as-soidtniyya) lui aurait appar-
tenu. Le sens du mot Al-Fakhvi lui ayant chapp, il avait prispour le titre lui-mme l'indication du sujet trait, telle qu'elleest fournie par l'en-tte, et M. de Sacy s'tait laiss garera sasuite'. Que dire du trafiquant peu scrupuleux qui, pour assurerla vente de sa marchandise, a inscrit sur une page maladroitementcolle au-dessus du frontispice : Livre intitul : L'histoire desdynasties, par Fakhr ad-Diu Ar-Rzi'?Le Fakhvi, comme l'auteur a dnomm en ralit l'ouvrage
qu'il avait compos pour Fakhr ad-Diu, n'est pas le seul ouvragede la littrature arabe que l'on ait ainsi prsent au monde musul-man, en se rclamant d'un prince.
Si le Trait d'algbre, autre Al-Fakhri, savamment commentpar Franz Wpke, l'ami de Taine^, est l'uvre d'un Fakhr ad-Din% son titre rappelle surtout qu'il a t rdig spcialementpour le vizir des Boyides Fakhr al-Moulk^ Al-Malak, qui se
trouve concurremment avec Al-Fakhri pour dsigner l'Abrg his-
torique d'Ibn At-Tiktak, est aussi employ avec Al-^Adoud
pour dsigner le Trait parfait de l'art mdical , publi par le
1. Manuscrit 2441, fol. 308 r; Sacy, ChrestomathLe arabe (2' d.), I, p. 33;Texte arabe, p. 1; Slaae, Catalogue des manuscrits arabes de la Biblio-thque nationale, p. 427-428.
2. Manuscrit arabe 2441, fol. 1 r"; Sacy, Chrestomathie arabe (2* d.), I,p. 30; cf. plus haut, p. 14, note 2; p. 16, note 4.
3. Extrait du Fakhri, Paris, 1853. L'homme, l'arabisant, l'orientaliste et lemathmaticien qu'tait Wrepke ont t caractriss par Taine dans sesNouceaux Essais de critique et d'histoire, p. 385-394; cf. le discours derception prononc par M . Albert Sorel, l'Acadmie franaise, le 7 fvrier1895, p. 8 de l'dition in-4''.
4. Hdji Khalifa, Leicon bibliographieum, IV, p. 388, n 8941.5. Ibn Khallikn, Biographical Dictionary, 111, p. 279; Slaue, Cata-
logue, p. 434, n 2459. Le recueil mystique persan Fakhri Nmh n'est nicrit, ni inspir par un Fakhr ad-Dn; voir Flgel, Die arabischen, persi-schen und trkischen Handschriften der K. K. Ho/bibliot/iek su Wien, I,p. 498-500.
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descendant des mages {al-madjos) *Al ibn 'Abbs sous lesauspices du roi Boyide 'Adoud ad-Daula\ Ibn At-Tiktaks'est probablement model dans le choix de son titre sur l'un de
ses livres de prdilection: Al-Yamni, par Al-'Outb, ouvrage que
son auteur a fait pour Yamn ad-Daula Mahmoud, fils de Soubouk-takn'. Sans prtendre puiser les exemples qui confirment la
solution donne ce problme d'histoire littraire, je citerai encore
la Pharmacope dite Al-^Adili, parce qu'elle a t compose sous lepatronage d'un prince surnomm Al-'Adil et descendant d'Al-MalikAl-'Adil Mohammad l'Ayyobite, frre de Saladin'.Fakhr ad-Din 'Isa ne se contenta point d'offrir l'hospitalit
l'historien des khalifes qui allait immortaliser son nom, il le munit
des instruments de travail indispensables l'excution du pro-
gramme, sur lequel le roi et son protg s'taient mis d'accord. Le
palais du gouvernement, l'cole Atbakiyya et les mosques de
Mausil contenaient sans doute des bibliothques abondamment
pourvues. Ibn At-Jiktak fut admis consulter ces livres, fr-
quenter (( ces compagnons sans hypocrisie, sans ennui, qui ne
reprochent pas les injustices, qui ne trahissent pas les secrets* .
Bien que dcid crire une uvre personnelle, sans grand appa-
reil d'rudition, il ne refusa pas de puiser aux sources^ pour com-
bler les lacunes de sa mmoire. Il se rsigna ce sacrifice, sans
se laisser asservir par ses lectures. Le plagiat lui rpugnait, ses
partis pris littraires n'tant pas moins intraitables que ses ten-
dances historiques. Il tale les uns et les autres avec une fran-
chise inflexible. Son culte de la vrit, soustraite la tyrannie
de la passions est de sa part une illusion gnreuse, qui n'a
refroidi ni l'ardeur de ses inclinations, ni la violence de ses anti-
pathies.
1. Texte arabe, p. 17; l-eclerc. Histoire de la mdecine arabe, I, p. 381-
338; Slane, Catalo/ue, p. 517-518, u^ 2871-2880.
2. Texte arabe, p. 18; cf. la traduction anglaise faite sur la version persane
parJ. Reynolds (Londou, 1858).3. Slane, Catalogue, p. 530, n" 2970.
4. Texte arabe, p. 4.
^
5. En arabe jlJi^ , pluriel de j' Uy ; ibid.. p. 1(5, 1. 4.6. Ibid., p. 16.
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21
Son horreur du convenu et de la banalit lui inspire des juge-ments svres sur les auteurs qui cherchent mettre en videnceleur style plutt que leurs ides, sur les ouvrages dont il rprouveles lgances de mauvais got\ Nous apprenons ainsi connatreles livres que l'on copiait et que l'on lisait Mausil, ceux qu'on yconservait dans les bibliothques, ceux dont notre auteur y avaitrencontr des exemplaires. Au Canon d'Avicenne il prfre, avecla plupart des mdecins, le Malaki, que les pres devraient faireapprendre par cur leurs enfants, comme plus utile leur
ducation que les posies runies dans la flarnsa d'Abo Tam-mm, que les Sances de Bad' az-zamn AlHamadhn, quecelles d'Ibn Al-Hariri'. La parole de l'mir des croyants Ali, fils
d'Abo Tlib, dans sa Voie de l'loquence (nahdj al-balga^), \o\cile vrai enseignement moral et religieux, dont l'loquence est le
moindre avantage ; le Yamini, voici un recueil de notices instruc-
tives sur des rois orientaux, rdiges, sinon par un sorcier, du
moins par le plus habile et le plus loquent des crivains.
Si les bibliothques de Mausil n'avaient pas fourni d'autres
ressources Ibn At-Tiktak pour sa rdaction htive et parfois
dsordonne', il et trait ces richesses avec le mme ddain que leCanon d'Avicenne, la Hamsa et les Sances. La Chronique deTabar, les Annales historiques, l'Histoire moyenne et les Prairies
d'or de Mas'od, les Dcs des hommes illustres d'Ibn Khalliknne sont pas cits expressment, mais ils devaient figurer au premier
rang dans ces collections,de reconstitution rcente aprs le sac des
Mogols. C'est eux que l'auteur fait allusion, lorsqu'il dit avoir
tudi les biographies et les chroniques % toutes les chroniques *
1. Texte arabe, p. 17-19.
2. C'est ainsi que l'auteur des Makdmdt est nomm ibUL , p. 401 et 413; cf.Sacy, Les Sances de Hariri, 2* d., par Reinaud et J. Derenbourg, intro-duction, p. 3,10-11.
3. HdjKhalifa, Lexicon biblioQra/ihicum,\l. p. 406-409, n" 14114. Ce fut Mausil probablement qu'Ibn At-Ti^tak connut le commentaire en vingt
volumes, rcemment compos par *Izz ad-Din 'Abd al-Hamid, fils d'Abo'1-Hadid; voir le texte arabe, p. 456.
4. /6id.,p. 80.5./6irf.,p. 15 et 16.
6. /5irf.,p. 119.
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22
mme. Un contemporain de jMas'odi, encore plus profondment quelui imbu de l'esprit schi'ite, Abo Bakr Mohammad ibn YahyAs-Sol, est plusieurs reprises allgu comme une autorit par
Ibn At-Tiktak, d'ordinaire muet sur la provenance de son expos,
mais que les Feuillets sur l'histoire des khalifes et des potes, quesurtout le Livre des vizirs, mis sa disposition, ont d intresserplus vivement, grce la communaut des ides et des croyances ^Si la Chronique parfaite d'Ibn Al-Athr n'est pas mentionne dans le
Fakhri, l'anecdote sur l'historien Ibn Al-Athir et sur son frre Madjdad-Din, tous deux originaires de Djazrat ibn 'Omar', ville situe
proximit de Mausil, les quelques citations non dguises', sans
parler d'autres emprunts passs sous silence, dmontrent que
le Kmil at-taicrkh ne manquait pas Mausil aux curieuxd'histoire, indignes ou passants. Aux dictionnaires classiques, ^Z-Mm, Djarahara, Sahh, Ibn At-Tiktak semble avoir prfr, pourses recherches lexicographiques, un livre considrable, tendu, sur
la science du langage, le ^Oubb Flot dbordant , par l'imm
Hasan ibn Mohammad As-Sagni. Ce dictionnaire inachev talait,je le suppose, ses vingt volumes* dans les armoires des biblioth-
ques, o Ibn At-Tiktak fut autoris travailler pendant son sjourforc de Mausil.
Par quelles originalits se distingue l'ouvrage court et condensqui fut improvis dans ces conditions par le descendant d'Ali
et d'Al-Hasan, impatient de se rendre Tabrz pour y confrer
dans la rsidence avec le sultan des Mogols, Gzn Khn ? Lescaractres distinctifs ressortissent tant au fond qu' la forme.
Pour ce qui est de la conception, elle est franchement imprgne
d'un respect jaloux et ombrageux pour tout ce qui touche l'mir
1. Texte arabe, p. 210. 250. 351, 360, 364; cf. Ibn An-Nadim. Al-Fihrit^t,p. 150-151; Ibu Khalliku, BiolHcal Dictionary, III, p. 68-73; Hammer.Literaturgeschichte der A rabcr, IV, p. 507-508; F. Wsienfeld.Dt'e Geschicht-schreibcr dcr Arabcr, p. 37, n* 115. La Bibliothque Nationale possde unecopie moderne inacheve, faite en Perse, des feuillets relatifs au khalife'Abbaside Ar-Rdi Billh. C'est le manuscrit cot 4836 du fonds arabe.
2. Texte arabe, p. 86-87,
3. Jbid.,p. 97, 291, 358.
4. Ibid., p. 456; cf. l.ldji Khalifa, Lcxicon bibliographicum, IV, p. 179.
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23
des croyants Ali et sa maison )). La vie du Prophte Moham-raad est omise comme tant celle d'un anctre dont on demeuretrs fier, sur lequel sont appeles toute occasion les bndictions
et le salut d'Allah', mais dont on redoute qu'il accapare l'attention
et qu'elle soit dtourne de son gendre Ali. Les vicaires du Pro-
phte, les khalifes sont les objets d'articles trs ingaux, mais
Mohammad lui-mme est cart de parti pris, parce qu'il devien-drait facilement un personnage encombrant. L'un de mes deuxmanuscrits s'est encore allg, en sautant directement des consi-
drations gnrales aux rcits particuliers Mou'wiya, le premierdes Oumayyades, sans s'arrter (( la dynastie des quatre , bienqu'elle comprenne Ali\ Mais c'est l une dfectuosit de la copie,qui n'implique pas la charge de l'auteur la moindre respon-
sabilit.
Bien au contraire, son enthousiasme pour Ali admet si peu departage que, except les quatre, parce qu'Ali en est le quatrime,
except les Ftimides tant du Magreb que de l'Egypte, parce qu'ilssont des Alides, aucune autre des dynasties antrieures aux Mogols
n'a trouv grce ses yeux. Si quelques princes isols ont eu le
privilge d'tre apprcis avec loge ou du moins sans blme,
la partialit malveillante s'est tendue aux khalifes Oumayyadesde Damas, aux khalifes 'Abbasides de Bagddh, aux potentatsBoyides, ces parvenus qui ont humili les nations et avili
le monde ^ , aux sultans Seldjokides dont il salue la chutepar un Qu'Allah soit exalt! * , pouss comme un cri de dli-vrance. Aucun de ces souverains n'a ralis le type du roiminent' personnifi dans Fakhr ad-Dn 'Isa, aucun n'a in-carn les qualits du sultan parfait avant Gzn Khn et ses prd-cesseurs immdiats.
1. Dans la doxologie (texte arabe, p. 4), l'auteur emprunte, en se l'appro-priant, l'pithte du Coran (vu, 156 et 158), Mohammad, le Prophte igno-rant . Une anecdote sur la prise de la Mecque par le Prophte est rap-porte dans le texte arabe, p. 144-145.
2. Manuscrit 2442 de la Bibliothque Nationale, fol. 57 r et v.3. Texte arabe, p. 376.
4. /6tV/., p. 394.
5. /6trf.,p. 8, 15,20, etc.
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24
Les Oamayyades d'abord, les 'Abbasides ensuite, ne sont quedes usurpateurs ayant occup le khalifat au dtriment des Alides,ses possesseurs lgitimes'. Ibn At-Tikak se venge quelquefois par
des brivets qui ressemblent des rticences mprisantes. Le
rgne d'Al-Kdir, l'un des plus minents parmi les khalifes* n,
dura quarante et une annes. La notice qui le concerne n'occupe,
pas tout fait une demi-page. Pas d'annex, ni son sujet, ni
propos des deux khalifes auxquels il a succd, ni concernant lesBoyides qui accaparrent le vizirat sous leurs rgnes. De simples
mentions, presque sans commentaires, voil comment presque un
sicle de l'histoire musulmane est parcouru vol d'oiseau, sans
qu'aucun dtail soit dtach et mis en lumire, sans qu'aucune vue
d'ensemble vienne eu vidence^
On est d'autant plus tonn de cette abstention au sujet du vizi-rat pendant une priode assez longue qu'Ibn At-Tiktak a partout
ailleurs parl avec ampleur du vizir et de ses fonctions, des vizirs
et de leurs initiatives. Peut-tre a-t-il manqu d'informations, Al-Moustakf et son vizir As-Smarr ayant t dposs en 334 del'hgire (945-946 de notre re) et As-Sol, dont il suivait pas pas
l'Histoire des vizirs, tant mort en 335* (946-947). A partir d'Al-Kim bi-amr Allah, il a ressaisi d'autres documents, qui lui ontpermis de renouer la trame interrompue de ses monographies sur
les vizirs ^
1. G. van Vloten, Recherches sur la Domination arabe, le Chiitisme, etc.(Amsterdam, 1894), p. 45 et 69.
2. Texte arabe, p. 391.
3. Ibid., p. 390-392.
4. Hdji Khalifa, Leasicon bibliofjrap/iicain, I, p. 192, n 242, et V, p. 168,n' 106U6, ainsi que les citations de cette Introduction, p. 22. n. 1.
5. Je pens tout particulirement, mais par conjecture seulement, l'His-toire des vizirs, par le clbre gographe Ykot Al-Hamawi, mort le20 ramadan 626 (12 aot 1229) et celle de Tdj ad-Din Abo Tlib 'Aliibn Andjab de Bagddh, connu sous le nom d'Ibn As-S4, mort en ra-madan 674 (fvrier 1276). Cf. Ykot, Mou'djam, I, p. 722; II, p. 181;Adh-Dhahabi, Liber classiuni, III, p. 63-64; l.ldji Khalifa, Lcicon biblio-fjrnp/nrum, 1, p. 192, n" 242; II, p. 156. n 2336; V, p. 169, n 10606; Ws-tonfeld, Die Geschichtschrciber der Araber, p. 111, n" 310 ; 137-138, n" 354 ;du mme, Der Rcisende Jct als Schrijsteller und Gelehrter (Gttingen,1865), p. 4.
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25
Car c'est l un point spcial o Ibn At-Tiktak est plus instruit
et mieux renseign queTabar, Mas'od et Ibn Al-Athir. Ilsemble s'tre attach rehausser les vizirs pour abaisser les kha-
lifes. Quels qu'aient t les mobiles de cette tendance, elle assure
au Fakhrt une originalit relle d'informations savantes, elle con-
fre l'historien une place part parmi ses rivaux.
Les branches du vizirat se sont dveloppes en tous sens, elles
ont eu leur extension la plus grande Bagddh sous le khalifat'Abbaside', mais leurs racines plongent en Perse^ dans le sol
fcond, o a germ la semence de la rvolution sch'ite. Un Alidetel qu^Ibn At-Tiktak, adepte fervent des ides schi'ites, concevait
le vizirat comme une des forces du mouvement, d'o la pense
humaine tait sortie, affranchie des liens par lesquels Torthodoxiemusulmane l'aurait asservie. Si la Perse vaincue n'tait pas inter-
venue victorieusement, la science et la littrature arabes auraient
t condamnes la strilit. La thologie de l'islamisme, la gram-maire et la lexicographie de la langue arabe, l'histoire et la biogra-
phie, les chefs-d'uvre littraires eux-mmes, ont d leur essor et
leur dveloppement aux influences persanes qui ont transform levieil esprit smitique, encore persistant dans ce qui a t sauv
des posies antislamiques.
Le plus ancien vizir dans la littrature arabe, c'est Aron,
frre de Mose, ainsi dsign dans le Coran'. Les Rfidites, ceux
1. Texte arabe, p. 206. y
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dans l'hrsie desquels un lecteur a souponn Ibn At-Tiktak
d'avoir t enrl, font descendre Abo Bakr et 'Omar du rang de
khalifes celui de vizirs\ Aprs la chute desOuma>^'ades, l'insti-
tution du vizirat par As-Safh, le premier des 'Abbasides, a port
des fruits que son fondateur n'avait pas prvus. Ce vice-khalifat
est devenu, par la force des choses, l'un des rouages les plus effi-
caces en vue de remdier l'uniformit d'un khalifat hrditaire.
La mdiocrit de certains 'Abbasides a t contre-balance par les
privilges de ministres indpendants, qui les tenaient volontiers
dans l'ignorance, ne leur laissaient que le nom et l'ombre du kha-
lifat, les dposaient arbitrairement, s'ils osaient se montrer rcalci-
trants, enfin se substituaient eux dans le droit d'ordonner et de
dfendre. Ce fut, par exemple, Ibn Moukla, vizir du sanguinaire
Al-Khir, qui, en 322 de l'hgire (934 de notre re), non content
d'avoir destitu le khalife, lui fit crever les yeux qui coulrent sur
ses joues , l'emprisonna et le rduisit la mendicit'. Le rle des
vizirs fut rarement aussi cruel, celui des khalifes aussi misrable.
Ibn At-Tiktak penche sans hypocrisie pour ceux-l au dtriment de
ceux-ci. Il ne s'tonne d'aucun efort tent par les vizirs pour
secouer la torpeur d'une dynastie, qui se laissait dpouiller, sans
opposer de rsistance, de ses possessions territoriales, de son auto-
rit spirituelle et temporelle. La prdilection de l'auteur pour le
vizirat donne une saveur toute particulire au Fakhri, elle y a fait
admettre nombre de faits qui ne se trouvent pas ailleurs, d'anec-
dotes qui ressuscitent des personnages oublis et laissent deviner
leurs aspects individuels, de renseignements authentiques jugs demoindre importance par les crivains corrects, qui se souciaientavant tout d'quilibre strict et d'ordonnance parfaite, tandis que
l'improvisation force du Fakhri autori.sait plus de libert, plus dedsordre', plus de laisser aller, plus d'ingalits, plus de lon-
gueurs*, plus d'omissions, selon que la chute ou l'arrt des neiges
1. Hughes. A Dictionary o/ Islam, Y). 531 a.2. Texte arabe, p. 375.3. Jbid.,^. 80.
i. De mme les
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21
semblait devoir prolonger ou raccourcir la captivit de l'auteur,
impatient de quitter Mausil pour se rendre Tabrz.
La langue est de mme nature que les ides auxquelles elle sertd'expression : c'est une langue mancipe de toute contrainte, sou-
ple, pure, claire, d'une simplicit de bon aloi,qui parat le contraire
du style, qui est en ralit le style mme. Quel merveilleux talentde conteur, avec un art qui se dissimule sous une apparence de
reproduction sans apprt, sans prtention, sans aucune recherche
autre que celle de la vrit! Si le pittoresque est absent des
descriptions, si le sentiment de la nature manque Ibn At-Tiktak,
comme tous ses compatriotes, sa mise en scne des vnements
est juste, sa perspective ne meut pas tous les acteurs sur le mmeplan et il se dgage de l'action des images, avec des reliefs aux
saillies habilement assorties. Les Mille et une Nuits et le Roman
d'Antar ne prsentent ni plus de varit, ni plus de naturel que le
Fakhri, si riche en anecdotes et en rcits dialogues, dont la sduc-
tion et la grce lui ont valu dans les coles de l'Occident une clientle
sans cesse renouvele de professeurs et d'lves. Si la premire
section consacre aux gnralits ne se distingue point par une
solution profonde des problmes relatifs au sultanat et la royaut,si la philosophie politique y parat superficielle, empirique,
dnue d'ides gnrales, elle contient un recueil de rflexions
aimables sur les devoirs et les droits des souverains, sur les devoirs
et les droits des sujets, sur les qualits recommandables et bl-
mables chez les uns et chez les autres, d'applications bien choisies
des rgles poses, de leons appuyes sur les hauts faits de l'lite
des princes, sur laquelle il convient de se rgler. L'unique ambition
de l'auteur, c'est de fournir des conseils pratiques ceux des rois et
vizirs, ses lecteurs, qui ne peuvent pas s'en passer, tandis que son
haut protecteur, le sultan des Mogols, Gzn Khn, a par sonintelligence puissante et par sa supriorit admirable, n'a besoin de
recourir ni ce livre, ni d'autres livres semblables' .
L'index de ce livre, que je rclamais en 1888 (Reoue critique, II, p. 64). n'apas encore paru la date d'avril 1895.
1. Texte arabe, p. 19.
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Ibn At-Tiktak a-t-il born sa production littraire au Fakhr,
ce manuel si instructif et si attrayant qui n'aurait jamais vu le joursans les intempries de janvier 1302 dans la rgion de Mausil,sans l'accueil rconfortant du roi Fakhrad-Dn 'Isa, fils d'Ibrhm ?Je ne sais si l'avenir nous rserve la dcouverte d'autres ouvrages
composs par ce narrateur si plein de verve et de charme, si rassu-
rant par la probit de sa conscience historique. Actuellement, nous
ne connaissons de lui qu'une seule citation, pave sans doute d'une
Biographie de ses contemporains', et que trois vers insrs dans le
Fakhn"^, qui permettent de supposer qu'ils ont t insrs dans
une collection forme un moment donn, dans ce qu'on appelle
un diwn. Ce diwn comprenait peut-tre aussi des posies enlangue persane : car, si deux reprises, Ibn At-Tiktak a cit celles
des autres dans son volume ^ on peut en induire sans tmrit
qu'il possdait les deux idiomes. Peut-tre les maniait-il alterna-
tivement et avons-nous plus de chance de rencontrer un jour
quelque fragment de son uvre dans le champ, moins dfrich en
certaines parties, de la littrature persane que sur le terrain
savamment explor de la bibliographie arabe.
III
l'dition
Les deux manuscrits, qui ont servi l'tablissement du texte,
appartiennent au dpartement des manuscrits de la Bibliothque
Nationale. Ils ont t apports de Constantinople et incorpors dans
la Bibliothque du roi, ainsi que nous l'apprend le vieux catalogue
rdig par le Maronite Joseph Ascari*, prtre syrien qui, le 19 d-
cembre 1732, par lettre de M. le comte de Maurepas, avait t atta-
ch la Bibliothque en qualit d'interprte en langue arabe et
1. Ibn Schkir Al-Koutoub, Faict bil-ica/ayt, II, p. 19.2. Texte arabe, p. 69 et 88.
3. IbUL, p. 62 et 439.
4. Catalogus Codicurn manusrri/iiorum bibliot/iec rcgi Parixiensis, I,(Parisiis, 1739, in-folio), p. 195 et 205.
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29
syriaque \ L'acquisition est sans doute due au choix judicieux del'abb Sevin qui tait parti le l"" septembre 1728 avec l'abb
Fourmont pour recueillir Constantinople et dans le Levant
des manuscrits orientaux destins la Bibliothque du Roy, et
qui poursuivit son voyage d'exploration jusqu' son retour Paris, le 7 aot 1731'. Je souponne que nos deux exemplaires
taient compris dans l'un des envois successifs qui enrichirent les
collections d'alors, mais les renseignements dont nous disposons
ne fournissent point de dtails assez explicites pour que l'hypo-
thse devienne certitude '.
Manuscrit A. Le premier des deux manuscrits, celui qui dans
l'annotation est dsign par la lettreA et qui passait longtemps pourunique, prcdemment cot 895 dans l'ancien fonds arabe, porteaujourd'hui le numro 2441 du fonds arabe*. Il a servi de base mon dition, comme l'dition antrieure de M. Ahhvardt, publiealors qu'il tait seul connu' . L'exemplaire est recouvert d'une
reliure en maroquin rouge plein, aux armes du roi de France
Louis XV,
avec filets d'or autour des plats , tandis que le dos
montre sur toute son tendue les / entrelacs et couronns, en-
ferms dans six cartouches, oi figurent encore des fleurs de lis
aux quatre coins, ainsi que six toiles symtriquement places
droite et gauche des monogrammes. Entre le cartouche le plus
haut et le second, l'on a inscrit plus tard, la place d'un septime
1. H. Omont, La Bibliothque du Roi au dbut du rgne de Louis XV(1718-1736). Journal de l'abb Jourdain, secrtaire de la Bibliothque,dans les Mmoires de la Socit de l'Histoire de Paris et de l'Ile-de-Franre,t. XX (1893), p. 207-294; p. 65 du tirage part. D'aprs M. Omont, le manus-crit franais 13069, fol. 43-44, contient un Mmoire des manuscrits arabes,dont M . Ascari a fait la notice dans la Bibliothque du Roy (1734-1735).
2. Lopold Delisle, Le Cabinet des manuscrits. I, p. 380-387; H. Omont,La Bibliothque du Roy, p. 33, 46, 51, 55, 56.
3. Le manuscrit 5384 des nouvelles acquisitions franaises de la Biblio-
thque Nationale est un recueil de documents sur la mission des abbsSevin et Fourmont. Je n'y ai rencontr que des notices vagues, comme
Histoire des Califes, Histoire des Ommiades et des Abassides {sic, au fol. 139),rien de prcis qui permette une identification.
4. Baron de Slane, Catalogue des manuscrits arabes de la Bibliothque
Nationale, p. 427-428.
5. Gotha, 1860, in-8'.
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30
cartouche semblable, recouvert d'un cuir disparate lors d'une rpa-
ration : Tarykh aldouel. Le manuscrit, sur papier, mesure 24
centimtres en liauteur sur 16 en largeur. Le nombre des feuilletsest
de 308', avec 13 lignes fort espaces la page. L'criture orientale,
d'une galit qui ne se dment jamais, s'y tale avec un luxe devocalisation surabondante, qui, au moment des difficults, s'appau-
vrit parfois jusqu'au manque du ncessaire.Ce manuscrit est-il autographe ? La rgularit matrielle
de la calligraphie s'opposerait dj ce qu'on ft autoris la
considrer comme l'original d'un livre, qui aurait t continu d'un
bout l'autre, sans changements et sans ratures. Ibn At-Tiktak
l'a-t-il lui-mme mis au net d'aprs son brouillon ou bien l'a-t-il
fait copier^ sous sa surveillance, au fur et mesure qu'il l'crivait
avec prcipitation? La teneur de la souscription- s'accommoderait
de l'une et de l'autre exgse. Or, cette souscription n'est pas de
la mme main que les onze lignes places juste au-dessus ; mais,par contre, elle ressemble d'une manire indiscutable aux quel-
ques notes et aux rares corrections places la marge de l'exem-
plaire. Je me dclare donc convaincu que Silvestre de Sacy* a eu
raison d'attribuer l'criiure du manuscrit un copiste exact et
scrupuleux, travaillant sous la direction de rauteur,celui-ci n'ayant
eu le temps que de tracer avec son kalam des rectifications sur unpetit nombre de passages, et s'tant content d'apposer, la fin, son
visa, comme une garantie d'authenticit, en ces termes :
(( L'auteur a termin la composition et les soins apports cette
copie dans une priode qui a commenc avec le dernier djoumdde l'anne 701 et qui s'est termine le cinq schawwl de l'annesusdite, Mausil la Bossue. Ceci est son criture; qu'Allah
lui soit indulgent!
1. Pour arriver aux 311 feuillets du Catalogue, il faut y comprendre lebulletin, rdig en latin et sign de Joseph Ascari, un feuillet de traduoiionfranaise, enfin la premire page d'une Table des Matires que j'attribue Michel As-Sabbg.
2. Texte arabe, p. 458, o j'ai substitu oj'^\ 'i ^V '^'" manuscrit; cf.Ahlwardt, Elfacliri, p. xv.
3. Silvestre de Sacy, Chrestomat/e arabe (2 d.), 1, p. 32.
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31
Dans un passage du manuscrit', le copiste a pris la parole pourson compte en faisant des souhaits en faveur de celui dont il tran-
scrit le livre : Puisse Allah rendre sa situation prospre et la
garder de tout dsarroi ! Voil une faconde s'exprimer que l'on ne
saurait employer en parlant de soi-mme, qui ne peut tre appli-
que qu' un suprieur en manire d'hommage.Avant de quitter ce manuscrit, je voudrais rappeler les aventures
du frontispice. Rogn, spar du volume, us, il menaait ruine,lorsque les restaurateurs, pour le sauver, le couvrirent d'un feuillet
blanc, sous lequel le titre disparut. On agit peut-tre sagement dansl'intrt de la premire page, mais les rudits europens furent
drouts, jusqu' ce que le faux Fakhr ad-Dn ft dpossd auprofitdu vrai Safi ad-Dn Ibn At-Tiktak. Mon professeur, M. Rei-naud,qui a pris en main la rparation de l'injustice, dont Ibn At-Tik-tak tait victime, a devin son surnom honorifique de Saf ad-Dn,
presque effac dans l'tat de dtrioration du frontispice-. Je crois ylire: j'j]\ 'j^ ^b Jt ^_ ai.^. LeFakhr, sur les qualits sultaniennes et les dynasties musulmanes,
uvre de Saf ad-Dn^ Mohammad, fils de 'Al, connu sousla dsignation d'Ibn At-Tiktak; puisse Allah lui tre indul-
gent!
Manuscrit B. Le second manuscrit, celui que je dsigne par la
lettre B, s'est rencontr sur ma route, alors que ma bonne fortune
m'avait fait associer aux tudes prparatoires pour le catalogue,
alors en prparation, provisoirement termin, de notre fonds arabe*.
Je me htai de signaler cette petite trouvaille ceux qu'elle pouvait
1 . Texte arabe, p. 69.
2. Reinaud et J. Derenbourg, Les Sances de Hariri, II (1853), iutroduc-tiou, p. 10. n. 5; H.-E. Beauvois, dans Hfer, Biographie unicerselle, XVII
(1858), p. 23, d'aprs des notices dues Reinaud; Ahlwardt, El/ac/tri,
p. XXIX-XXX.
3. En reproduisant ce litre en tte de mou dition, j'ai omis Saf ad-Dn,
que je n'avais pas encore aperu.
4. Slane, Catalogue des manuscrits arabes, p. 715, n* 4502-4505. Cf.l'Avertissement de H. Z., p. m.
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32
intresser \ Le manuscrit, qui occupait autrefois le numro 982 del'ancien fonds "arabe, a t rapproch de son similaire dans le
nouveau Catalogue, o il a reu la cote 2442. La reliure en maroquin
bruni, endommage et rapice aux extrmits, a une bordure en
forme de festons et, aux quatre coins ainsi qu'au milieu, des orne-
ments composs de grains dors, symtriquement ordonns, de style
levantin analogue au style italien. La copie est sur papier et mesure
17 centimtres en hauteur sur 12 centimtres en largeur. Les
feuillets sont au nombre de 57, avec 13 lignes la page. L'criture
orientale n'a pas un aspect arabe d'une puret sans mlange ; son
allure allonge reflte le voisinage et l'influence de la Perse. Peu
de voyelles, pour la plupart inutiles.
On lit sur le frontispice, dcouvert cette fois : v_>jlll,}, ys!^
j^vi -Lw!i ^tb . -ijUi ^ jjVi j^iii yfi!^ ^ j-^'l^
-M:ai!l JLU .lui ^Jj iUJi ^SUl ^^1 ^^.^\ J^jiJl^y-UlLlI J.l Ji3^\ ^Jr-\ Jp ^^ Jp ;j^ X^ -^lj JIIj ji-l Abrg historique, comprenant deux sections compltes. Section
premire de l'Histoire', uvre du descendant l'Al-Hasan, le trs
illustre, l'unique, le considr, le noblement apparent, le trs
savant, le parfait gnalogiste, le surintendant des Alides, le chef
des hommes les plus minents, Saf ad-Dn Mohammad, filsde *A1, fils de 'Al, le Hasanite, connu sous l'appellation d'Ibn At-
Tiktak.
Le volume s'ouvre par une trs courte doxologie, substitue la
longue prface que j'ai publie d'aprs le manuscrit A '. Le reste dela section premire vient ensuite, avec des lacunes et des interver-
sions sans importance, avec des variantes, dont quelques-unes ont
profit mon dition*. Ce n'est pas un Abrg du Fakhri quej'aurais d dire, mais la Section premire du Fakhri ou encore o?e
1. Hartwig Derenbourg, Un Abrg du Fakliri, dans le Journal asiatiquede 1867, II, p. 359-361.
2. C'est--dire de l'Histoire royale; cf. plus haut, p. 18, et plus loin,
p. 33.
3. Texte arabe, p. 1-14; voir la doxologie, p. 14, note 1.
4. L'inventaire de ces variantes a t dress pour mou usage personnel
-
33
VHistoire roijale, comme l'ouvrage est nomm dans la souscription
suivante (fol. 57 x^): j^ Jt jCllI vjjll!! ^ti^ ^ Jj^l \^\ 'i^
^^_-u-
^^_(C^^j:' Oi ^**^ ^^ '^'
-
34
initiales, aux prolgomnes. C'est en effet la portion la moins
remarquable du livre, dont l'auteur se meut plus l'aise dans la
narration des faits particuliers que dans la dduction des rgles
gnrales. Si, dans ces conditions en apparence peu favorables, je
me suis cependant dcid rditer le Fakhri, c'est que la collation
minutieuse, sans document indit, de l'exemplaire qui avait tutilis par mon devancier, a donn des rsultats inattendus et permisde rcolter une moisson riche de corrections prcieuses, c'est que
M. Ahlwardt s'est dsintress d'une rvision ncessaire pour con-sacrer tous ses labeurs et toutes les ressources d'une rudition aussi
vaste que sre son admirable Catalogue des manuscrits arabes de
Berlin'. Le plus souvent, c'est au manuscrit lui-mme, relu avec
plus d'attention, que je me suis adress pour y rechercher ce qui
avait chapp jadis un examen peut-tre trop rapide. Parfois
aussi, je me suis, avec une indpendance critique, affranchi de sa
tutelle, en rejetant des leons provenant d'erreurs manifestes, en
particulier de certaines confusions entre les noms propres. Je ne
me suis permis aucun de ces changements sans le signaler dans
une note place au dessous du passage rectifi. Grce ces tenta-
tives d'amliorations, je n'hsite pas dire que mon dition, par l
mme qu'elle est la seconde et qu'elle s'appuie sur le fondementsolide de la premire, ralise un progrs, et j'espre ne pas tre tax
de prsomption par les juges comptents, si je prtends offrir untexte peu prs correct mes confrres arabisants et la jeunessestudieuse.
dition, je disais prp:irer une dition nouvelle du texte et une traduclionfranaise . Voici le texte qui parait; quant au projet de traduction, il estdfinitivement abandonn en ce qui me concerne.
1. \V. Ahlwardt, Verseichniss der arabischen Hanchcliriftcn der Knig-lic/icn hibliot/ick su Berlin, 6 volumes in-4 publis, Berlin, 1887-1894; cf.W. Ahlwardt, Vcrzeic/iniss nrabisc/ier Handsc/ui/'ten der Kiinjlic/icnBihUothclc zu Berlin ans den Gebieten der Posie, sc/incr Litteratur, Littc-raturgescliicltte and Biographik, Greifswald, 1871, in-8"; du mme, KurzesVcrseir/iniss der Landberg 'schcn Saminlung arabischer Handscliriften,Berlin, 1835; Kurzes Verzeichniss der Glaser 'sc/ien Saminlung arabischerHandsclirirtcn, Berlin, 1887.
-
35
IV
LA BIBLIOGRAPHIE
Quiconque a tudi l'arabe, a dit le regrett Jules Mohl', connatl'extrait d'une Histoire du bhalifat, intitule /IZ-i^aA/iH, par lequel
M. de Sacy commence sa Chrestomathie arabe, et l'on se rappelle
certainement avec plaisir la manire aise, lgante et agrable de
raconter de l'auteur, M. de Sacy, qui avait dcouvert ce texte et
lui avait donn droit de cit dans l'enseignement public, a t suivi
par des gnrations de professeurs, qui, par toute l'Europe, son
exemple, ont adopt le Fakhri comme livre d'explication; les gn-
rations successives d'lves se sont instruites et diverties, grce
cet instrument parfait, rais au service de la pdagogie.
Voici, par ordre chronologique, l'numration, aussi complte
que possible, de ce que j'ai pu atteindre parmi les publications
renfermant des emprunts au Fakhrt. Les comptes-rendus ont t
omis de parti pris. La mention des fragments a t accompagnede l'identification avec les pages correspondantes de mon dition,
cite sous la rubrique Ed. pour la circonstance.
1806. M. le Baron Silvestre de Sacy, Chrestomathie arabe,
Paris, 1806, 3 vol. in-8
-
36
1826. M. le Baron Silvestre de Sacy, Chrestomathie arabe,
seconde dition, corrige et augmente, Paris, 1826-1827, 3 vol.
in-8", I, teste, p. 2-49; traduction franaise, p. 1-92. Ed., p. 263-
291; 448-455; 35-42.
1828. D. R. Henzius, Fragmenta arabica, Petropoli, 1828,
in-8% p. 1-104. Ed., p. 101-142.
1832. A. Bdldyref, Chrestomathie arabe, Moscou, 1832,
in-8 (titre et prface en russe), p. 22-70. Ed., p. 263-291; 448-455.
Reproduit d'aprs la Chrestomathie arabe de Silvestre de Sacy.
Mars 1834. G. W. Freytag, Chrestomathia arabica gramma-tica historica, Bonnae, 1834, in-8o, p. 84-96. Ed., p. 20-35.
Aot 1834. J. Humbert, Arabica Chrestomathiafacilior, l(un.),
Parisiis, 1834, in-8o, p. 88-101; 253-260. Ed., p. 267-274; 282-291;
448 455; 37-38. Reproduit d'aprs la Chrestomathie ai^abe de
Silvestre de Sacy.
1846. Cherbonneau, Histoire des khalifes Abbasides Al-Aminet Al-Mmoun... par Mohammed-ben-Ali-ben-Thabathba, connu
sous le nom d'Ibn-Thafthafa iJalL vil, traduite en franais et
prcde d'une critiiiue historique, dans le Journal asiatique de
1846, I, p. 297-359(avec le texte arabe). Ed., p. 291-316.
1846. Cherbonneau, Histoire du khalife Abbaside Al-Mo^tassem
(texte arabe et traduction franaise), dans le Journal asiatique de
1846, II, p, 316-338. Ed., p. 316-324.
1847. Cherbonneau, Histoire des khalifes Al-Ouciq, Al-
Moutewakkel et Al-Mountasir (texte arabe et traduction franaise),
dans le Journal asiatique de 1847, I, p. 134-147. Ed., p. 324-329.
1853. Los sances de Hariri, publies en arabe avec un com-
mentaire choisi par Silvestre de Sacy. Deuxime dition parReinaud ei J. Derenbourg, Paris, 1849-1853, 2 vol. in-4, II,
Introduction la nouvelle dition, p. 10-11. Ed., p. 401.
1860. Etfachri. Geschichte der islamischen Reiclie vom An-
fang bis zum R'nde des Chalifates von Ibn cththiqthaqa. Ara-
bisch. Herausgegeben von W. Ahlwardt. Gotha, 1860, in-8", lxviet 390 pages de lexte aralje.
1867. Ilartwig Derenbourg, Un abrg du Fakhri, dans le
Journal asiatique de 1867, II, p, 359-361.
-
37
1870. W. Wright, Ati Arabie Reading-Book, I (un), London,1870, in-8'\ p. 64-72. Ed., p. 281-290. Publi d'aprs Sacy etAhhvardt.
1882. Bollig, Breris chrestomatliia arabica in usum scholaru.m,
Roma, 1882, p. 77-82. Ed., p. 279-283; 284-287. Reproduitd'aprs Sacy, Chrestomatliie arabe. Ex Fakhr-eddin Historiadynastiaruin. ))
1883. Les Pl\ J.-B. Belot et A. Rodet S. J., Noukhah al-rnou-lah, Chresiomathie arabe, Beyrouth, 1883-1884', 5 sections en
2 tomes in-8^ I, ii, p. 50-76. Ed., p. 263-291 ; 448 455. Reproduit
d'aprs Sacy et Ahhvardt.
1883-1884. Le P. L. Cheikho S. J., Aladjnl al-adab ou Fleursde la littrature arabe, Beyrouth, 1883-1884% 6 voL petit in-8";
I, p. 18, 20, 44, 67, 122, 125-126, 133 134; II, p. 109, 127, 130,
174; III, p. 140-141; IV, p. 168; V, p. 298-299, 314. Ed., p. 4,
29, 83, 265, 324, 294-295, 306-307, 72-73, 68, 5, 443, 6, 313-314,
201-204 et 209-210; 335-337, 341-343,348-349, ces trois derniers
passages runis, avec de grandes coupures.
1885. Hartwig Derenbourg et Jean Spiro, Chrestomatliie l-mentaire de l'arabe littral, Paris, 1885, in-12, p. 12-13. Ed.,
p. 146.
1892. Hartwig Derenbourg et Jean Spiro, Chresiomathie l-mentaire de l'arabe littral, 2*^ d., Paris, 1892, in-12, p. 12-13.
Ed., p. 146.
1895. Al-Fakhri. Histoire du khalifat et du vizirat, depuisleurs origines jusqu' la chute du khalifat ^Abbaside de Bagddh(11-656 de l'hgire ::= 632-1258 de notre re), avec des prolgo-
mnes sur les principes du gouvernement, par Ibn At-Tiktak.Nouvelle dition du texte arabe, par Hartwig Derenbourg, Paris,1895, in-8". Forme le fascicule 105 de la Bibliothque de l'colepratique des Hautes-tudes (section des sciences historiques etphilologiques).
1895. Hartwig Derenbourg, Introduction au Fakhrl d'Jbn At-Tiktak. Extrait, tir petit nombre, du prcdent ouvrage.
1. C'est du moins la date inscrite sur mon exemplaire.2. Mme rserve sur la date indique.
-
38
Ce livre contient, en dehors du texte arabe,, de l'introduction et
d'une table des matires, donnant la chronologie des khalifes et
la liste de leurs vizirs, un double index des noms propres : noms
d'hommes, de femmes, de dynasties et de livres; noms de pays,
de peuples, de tribus et de religions. La confection de ces outils pra-
tiques m'a t rendue possible, grce la collaboration de mon ami
M. J. Broyd, l'un de mes lves les plus distingus, dont la com-
ptence sera bientt affirme par une dition du texte arabe et par
une traduction franaise des Notions de l'me, uvre du philo-
sophe juif, qui vivait en Espagne au XI^ sicle de notre re,
Bah3'h, fils de Ysf, Ibn Pekoudh.
Je me sens li par une non moindre dette de reconnaissance
envers mon imprimeur, M. Louis Marceau, qui a eu l'audace
d'installer une imprimerie orientale Chalon-sur-Sane, et dont le
personnel, sous sa direction, s'est montr capable de faire de la
besogne excellente, comme ce livre en est la preuve, comme je me
plais l'attester.
Paris, ce 11 avril 1895.
-
PIGE JUSTIFICATIVE
Mon intention n'tait pas de reproduire le texte du documentque M. Ahlwardt a publi, avec une traduction allemande, dansl'introduction qui prcde son dition du Fakhri. La traduction
franaise, que j'en ai donne \ me paraissait pouvoir suppler l'omission de l'original arabe. Je me dcide cependant insrer
ce morceau dans mon volume pour ceux qui voudraient contrlerma version, sans avoir besoin de recourir l'dition de mon illustre
devancier.
Cette notice sur le pre d'Ibn At-Tiktak est emprunte Ibn'Inaba, ^Oumdat at-tlih (manuscrit 2021 du fonds arabe de laBibliothque Nationale), fol. 108 r" et v. Elle se trouve dans la
section premire (JjVl J^.Jl') consacre aux descendants dumartyr Al-Hasan, instruction deuxime ((jfl .\) sur la post-
rit d'Ibrahim Al-Gamr -. Voici la teneur de cette courte mono-graphie :
Jj*i j/^-LlI ol^j i -J-i-^ lx /^ i-^-^' Tj^ 'LXiJI ^_^-D ^^J-LiaJlj jlXiJlj Jl^iil ^ i^^^ (J^ jlji^jl OOcL- ^LlLil ij\i
i>L!l jlv^ fJliSI ^Aj J\y^j^\ fJ>Ui ti Sj\15^ ifrl^3 JljJ ^iU J
1. Plus haut, p. 4-5.
2. Plus haut, p. 3.
^ y
-
40
^>UJI dUJu jiJI ^^J 0\O ilM/iil 'i^ J^lj-^'^^. '^ ^^y^'^y
c.1^ ^LJ '^^ J^l -Ct j^CJ. 4^i4Jl . ; JlacLil ' '>^ J^^i # > - > . >
^1 J, ^'o JL^::5^ L\i?J liM dLU LL& ^jp-J^I w^U Jjp (i
o (-A.!ul 4_p(^>- j^i ij' ,^ o-Ut *yi JyJj 'j'-^' ..^>-U5 -Ur-b ^1 L;^u e^jUs /it^j^ J>' '>. *j
-
ADDITIONS ET CORRECTIONS(La pagination se rapporte au texte arabe)
P. 1, 1. 10; titre: Substituez \A\e \AM .P. 15, 1. 3. Lisez : IS^^U), d'aprs p. 22, 1. 2; 101, 1. 3.
P. 19, 1. 3. Aprs l>.\^\, ajoutez un blanc plus considrable.
P. 21, 1. 14. Lisez: \Jlj.>
P. 25, 1. 10. Lisez : -_lIj et comparez p. 313, note 3.
P. 26, 1. 7. Lisez: llillj.
P. 27, 1. 3. Lisez: aS-
P. 32, 1. 15. Lisez : J.P. 38, 1. 15. Supprimez : a.ij:llj avec B ; j'ai conform mon
texte A, fort inconsidrment d'ailleurs.
P. 40, 1. 12. C'est tort qu'a t imprim un fatha sur le h
marhota de 5j^?->CJI, qui doit tre lu S-\>-M:iJl
Ibicl., 1. 16. Aprs J'J-U a t omis j\j^ iib \^\ 3^^ tJ-'-i'-' '
P. 46, 1. 2. Lisez : j^j.P. 102, 1. 2. Au lieu de S *t ^Ji^l que porte clairement le ma-
nuscrit, lisez 3 t^ i^-b-', l'avnement d'Abo Bekr a3'ant suivi de
trs prs la mort du Prophte, survenue le 13 rabi' I de Tan 11
= le 8 juin 632.
P. 164, 1. 10. Ainsi A, mais il vaut mieux corriger en ^j; } l jlX^' >
comme p. 166, 1. 5.
P. 214, 1. 1. Lisez: ^lj
.
-
42
P. 216, 1. 8. A porte ^^.^uLi, tort, je pense.
P. 266, 1. 2. Mon texte est conforme A et l'dition Alihvarclt ;compltez avec Sacy, Chvestomathie arabe (2 d.), I, p. i : a^-J^
P. 285, 1. 14. Au lieu de ,^^, que portent A et l'dition
Ahlwardt, lisez : \ j^l avec Sacy, Chredomathie arabe (2^ d.), I,
p. YY.
P. 287, 1. 1. Lisez : jjjt>l
.
Ibid., 1. 2. Lisez : ^ ,^1, alors mme que A n'a pas de liamza.
P. 312, 1. 8. Lisez: j^^Jl-
P. 328, 1. 16. Lisez: ial^j
P. 332, 1. 3. Le texte, imprim d'aprs A et l'dition Ahlwardt,
doit tre ainsi modifi : ^I^J^ cf. -U-^ 0'. ^^ -J^ ^'^^ } ej'jj*
P. 376, 1. 11. Lisez: j^
.
P. 377, 1. 14. Lisez: o^Ii Mj-P. 380, 1. 1. Il faut sans doute ajouter ^_^' devant jl^'lS^, bien que
notre texte, tir de A, soit adopt dans l'dition Ahlwardt.
P. 381, 1. 7. Lisez : ^^.ill.
P. 403, 1. 8. Lisez : ^
P. 406, 1. 5, Aprs jJlJJlI , il convient peut-tre, d'aprs la 1. 15,
d'ajouter 4.OI, omis ici dans A. Mme observation pour la p. 415,1. 5, compare avec la 1. 4.
P. 416,1. 5. Aprs j^J.^, ajoutez peut-tre
-
TABLE DES MATIRES
Partie Fi*aiioai!e.
Pages
Introduction dk L'ii;r)iTEUR 1
I. L'auteur ^
11. I /uvre 1^III . L'dition 28
IV. La bibliographie 35
Pice justificative ^'^
Additions et corrections 41
Partie Arabe.
(Les dates places la mar^c de gauche sont donnes d'aprs l're de l'hgire.)
Introduction de l'auteur 3-19Section premire, relative aux pouvoirs sultanieus et
aux directions royales 20-100
Section seconde, o il est parl de chaque dynastie,l'une aprs l'antre 101-458
Annes
11-40 I. Dynastie des Quatre 101-142
11-13 1. Abo Bakr As-Siddik 102-106, 133-13413-23 2
.
'Omar, fils d'Al-Khattb 106-117, 13423-35 3
.
'Othmn, fils de 'Affn 134-13835-40 4. 'Ali, fils d'Abo Tlib 117-133,138-142
40-132 II. Dynastie des Oumayyades 143-200
40-60 1. Mou'wiya, fils d'Abo Soufyn Sakhr, fils de Harb,fils d'Oumayya, fils de 'Abd Schams, fils de *AbdManf 143-157
60-64 2. Yazd, fils de iMou'wiya 157-16364 3. Mou'wiya IL fils de Yazd 163
64-65 4. Marwn. fils d'Al-Hakam 163-167
-
44 Annes Pages
65-86 5 . Abd al- Malik, fils de Marwn 167-17386-96 6. Al-Walid, filsde 'Abd al-Malik 173-17496-99 7. Soulaimn. fils de 'Abd al-Malik, frre d'Al-Walid .. 174-175
99-101 8. 'Omar II, fils de 'Abd al-'Aziz, fils de Marwn 175-177101-105 9. Yazid II. fils de 'Abd al-Malik 177-178105-125 10. Hischui. fils de 'Abd al-Malik, frre de Yazd II.... 178-180125-126 11. Al-WalM II, fils de Yazid II, fils de 'Abd al-Malik... lSl-182
126 12. Yazid III, fils d'AI-Walid II. fils de 'Abd al-Malik . .
.
182-184
126 13. Ibrahim, fils d'Al-Walid II. frre de Yazd III 184126-132 14. Marwn H, fils de Mohammad, fils de Marwn I.... 184-200
132-656 III. Dynastie des 'Arbasides 201-458
132-136 1. As-Sajfdh Abo 'l-'Abbs 'Abd Allb, fils de Moham-mad, fils de 'Ali, fils de 'Abd Allah, fils d'AI-'Abbs, fils de 'Abd al-Mouttalib 202-213
Vizirs : Gnralits 204-206
1) Abon Salraa Hafs. fils de Soulaimn, Al-Khalll. 206-2102) Abo '1-Djahm 2103) Khlid, filsde Barmak 210-213
136-158 2. A l-Mansor Abo Dja'far, frre d'As-Saffh 213-242Vizirs : 1) Khlid, fils de Barmak 213
2) Abo Ayyob Al-Moriyni 236-2393) Abo 'I-Fadl Ar-Rab% fils de Yonous .
.
239-242158-169 3. Al-Malidi Abo 'Abd Allah Mohammad, fils d'Al-
Mansor 242-257Vizirs : 1| .\bo 'Oubaid Allah Mou'wiya, fils de
Yasr 246-2502) Abo 'AbdAUhYa'kob, fils de Dwoud. 250-2553) Al-Faid, fils d'Abo Slih 255-257
169-170 4. Al-Hddi Mos, fils d'Al-Muhdi 258-263Vizirs : 1) Abo 'l-Fadl Ar-Rabi', fils de Yonous
(cf.2. 3) 262
2) Ibrahim, fils de Dakwn, Al-Harrn. . .
.
262-263
170-193 5. Ar Raschid Hron, fils d'Al-Mahd, frre d'Al-Hdi. 263-291Vizirs : 1) Yahy, fils de Khlid, fils de Barmak
(cf. 1. 3; 2. 1) 269-275
2) Al-Fadl, fils de Yahy, fils de Khlid, filsde Barmak 275-281
3) Dja'far, fils de Yahy, frre d'Al-Fadl . .
.
281-290
4) Abo 'l-'Abbs .M-Faill, fils d'Ar-Uabi'(cf. 2. 3;4. I) 290-291
193-198 6. Al-Ainin Mohammad, fils de Hron Ar-Raschid etde Zoubaida 291-297
Vizir ; Abo 'l-'Abbs Al-Fadl, fils d'Ar-Rab' (cf. 2.3; 4. 1; 5.4) 297
-
45 Annes Pages193-218 7. Al-Ma'inon^Ahd Allah, fils de Hron Ar-Raschid,
frre d'Al-Aniiii 297-316Vizirs : 1) Dho 'r-ri'asatain Al-Fadl, fils de Sahl.
.
304-306
2) Al-Hasan. autre fils de Sahl 306-3093) Ahmad, fils d'Abo Khlid. Al-Alnval .. 309-3104) Ahmad, fils de Yosouf, fils d'Al-Ksim . 311-3135) Abo 'Abbd Thbit, fils de Yahy, fils
de Yasr, Ar-Rz 313-3146) Abo 'Abd Allah Mohammad, fils de
Yaz.ld, fils de Souwaid 314-316218-2;i7 8. Al-Mou'^ta.
-
46 Annes Pages
Vizirs : 1) Abo 'l-Fadl Dja'far, fils de Mahmoud,Al-Iskf (cf. 13. 1 et 4) 337
2) Abo Ayyob Soulaimn, fils de Wahb,fils de Sa'id 337-341
2.i6-279 15. Al-Mou^tainid 'al Allah Abo 'l-'Abbs Ahiuad, filsd"Al-Moutawakkil 34I .343
Vizirs : 1) 'Oubaid Allah, fils de Yahy. fils deKhkn (cf. 10. 4) 343
2) Al-Hasan, fils de Makhlad 343-3443) Abo Ayyob Soulaimn. fils de Wahb,
fils de Sa'id (cf. 14. 2) 344
4) Abo 's-Sakr Ism'l, fils de Boulboul... 344-3475) Ahmad, fils de Slih, fils de Schirzd
Al-Koutrouboull 347
6) 'Oubaid Allah, fils de Soulaimu, fils deWahb (cf. 14. 2;