Au-delà des mots Angèle Etoundi Essamba

24
Au-delà des mots Angèle Etoundi Essamba

Transcript of Au-delà des mots Angèle Etoundi Essamba

Page 1: Au-delà des mots Angèle Etoundi Essamba

Au-delà des mots

Angèle Etoundi Essamba

Page 2: Au-delà des mots Angèle Etoundi Essamba

3

Page 3: Au-delà des mots Angèle Etoundi Essamba

2 | 3

Page 4: Au-delà des mots Angèle Etoundi Essamba

2 | 3

Dialogues through the eye of a lense

Photographs do not simply mirror the world as it is. Instead they construct their own reality, convey their ownperception and message and provide us with a unique image. It is a message that may go well beneath the surfaceright to the heart of things. Through her lens of great immediacy and powerful curiosity, Angèle Etoundi Essambaenables us not to just look on or at, but to actually look into what is portrayed, captured or created in her work.She engages us with a distinct creative approach, Mapplethorpian at first sight, but indisputably imparting it withher own, female touch of great elegance, subtleness, emotion and empathy. On the occasion of InternationalWomen’s Day 2006, we at unesco will salute her creativity, her artistry and indeed her artistic accomplishment, asshe and women worldwide continue to struggle for achieving gender equality in all walks of life. Angèle EtoundiEssamba’s genuine perspective on human beings, the human body and human interaction is bound to engage theviewer and make us reflect, explore and marvel – not least at the powerful expression and graphic seduction ofthe black-and-white settings.In the larger context, the show shall induce the view to reflect on what has been accomplished, and on what re-mains to be done, to achieve what is still not a reality for women worldwide: women’s empowerment and genderequality. This is an abiding task for unesco, through all its programmes, with a special emphasis in this case on thecontribution of female creativity and the contribution of women to foster and engage in dialogue, linguisticallyand visually. It is not only a dialogue among different genders, it is also a dialogue among civilizations and cul-tures, as the artist is firmly rooted in her African, indeed her Cameroonian heritage, upbringing and experience.Promoting a dialogue not only among civilizations and cultures, but especially among peoples is also at the heartof her artistic work and engagement.When it comes to judging the situation of women, the world is often not what it seems at first sight. Even thoughwe live in the 21st century, women still do not enjoy full human rights and opportunities everywhere. Often behindclosed doors and shut windows, violence against women remains a sad reality.Women remain a vulnerable part ofsociety.The slogan of the ‘feminization of poverty’ is not only catching on, but also borne out by hard and fast sta-tistics. Likewise, the percentage of women affected by hiv/aids is on the rise. Political participation of women, afundamental precondition for women’s empowerment and genuine democracy, is far from being realized.Even though Angèle Etoundi Essamba’s photographs capture just a single moment in time, they convey some-thing enduring and of great permanence: they can make us see others and ourselves. Others enter into dialogueswith us and we dialogue in return in different forms. The artwork makes us both interlocutors and onlookers. Hersimple and reduced, yet so powerful and dense images of faces and bodies communicate to us pride, beauty,strength, and awareness. Yet they do not impose prefabricated interpretations and ready-made meanings. In fact,they address the limitations of words and language, challenging us to become active in creating our own under-standing. Angèle Etoundi Essamba’s work invites us to careful observation, participation, reminds us of the needto see, to understand, and to act.For its part, unesco has over the past decades developed internationally agreed strategies, standards, goals andaction programmes to advance the status of women, best captured in a unified gender mainstreaming framework,cutting across and engaging all of unesco’s sectors – education, the natural sciences, the social and human sci-

Page 5: Au-delà des mots Angèle Etoundi Essamba

Le corps transfiguréLe travail d’Angèle Etoundi Essamba

Il y a, dans le travail d’Angèle Etoundi Essamba, quelque chose qui me ramène toujours à l’un des pères de laNégritude, Léopold Sédar Senghor. Le poète sénégalais a chanté la femme noire et l’a élevée au pinacle de labeauté. Au-delà de la femme noire, c’est l’âme noire toute entière qu’il entendait célébrer. Essamba, il me semble,a ce même souci de montrer la femme noire (car c’est elle qu’elle immortalise le plus volontiers), avec une écri-ture graphique qui nous la rend à la fois profondément humaine, très proche, et lointaine, comme éthérée.Les Noubas de Leni Riefenstahl sont beaux et plastiques. Mais la caméra de la cinéaste allemande n’a pas sutrouver leur âme. Ils sont, de fait, objectivisés. De belles images muettes dont le trouble intérieur nous resteétranger. Des sculptures qui se ramènent à ces corps que le sculpteur Ousmane Sow tentera de faire revivre à tra-vers ses Œuvres. Angèle est noire, africaine et femme. Cela n’est pas sans incidence sur son travail. Entendons-nous.Il n’existe pas de photographie africaine ! Mais tout photographe digne de ce nom essaie, à travers ses images,d’exprimer une part de lui-même. De partager une façon d’être au monde. Un point de vue. C’est en ce sens-làque les origines et le sexe d’Angèle sont déterminants. Eut-elle été un homme, jamais ses images de femmes n’au-raient contenu l’émotion sororale et presque autobiographique qu’elles nous transmettent. Il n’y a pas de corpssans âme : c’est le message que, d’une image à l’autre, nous envoie Angèle. Certains songeront parfois à Man Ray,comme lorsque l’on voulait à tort, simplement à cause de la juxtaposition d’un masque et d’un visage. Mais là oùRay travaillait uniquement sur l’effet, Essamba explore le sens et la forme. Colle la forme au sens. Les objets etles accessoires ne sont là que pour souligner les visages et les corps, les inscrivant dans une culture et une sagessequi dépassent la simple Afrique. Un monde de symboles dont l’universalité nous touche tous, que nous soyonsd’ici ou d’ailleurs.

Le corps, chez Essamba, apparaît presque en creux, au milieu de la composition très précise et très maîtrisée de laphotographie. À cause de ce noir et blanc très graphique qui joue avec les peaux sombres, créant un contraste quidéclare à ceux qui n’en seraient pas convaincus que le noir est aussi couleur, la mise en parallèle des corps et desformes, d’une tête noire coiffée de paille blanche, du corps humain meurtri et de l’arbre de la vie, du sable et de lapeau, du masque et du visage, de la transparence et des signes. L’artiste marque les frontières symboliques qui sé-parent et unissent tout à la fois chaque élément de la composition. Toujours un double sens. Le sens premier, évi-dent, auquel tous les regards seront sensibles, et le sens caché qui opère dans le royaume de la métaphore. Car laphotographie d’Angèle Etoundi Essamba est avant tout écriture. Chaque tableau est une saynète, avec son scéna-rio joué avec une précision obsessionnelle. Nous sommes pris par le sentiment fugace que les visages capturés parla photographe pourraient commencer à se mouvoir à n’importe quel moment. D’observateurs, ils nous transfor-ment en observés. Les images nous interrogent, nous regardent, nous remettent en question. Peut-être faudra-t-ilvoir dans cette manière dont les images d’Essamba nous dévisagent, un jeu ironique. Elle vit en Occident où sansdoute, elle a appris à se voir à travers les yeux des autres. Renversant cette dialectique perverse, elle renvoie à sonaudience une image dont ils sont contraints de faire quelque chose. C’est une image libre qui ne peut pas être en-

ences, culture and information and communication. Most encouraging and significant, the world’s leaders have atthe September 2005 summit at the United Nations adopted a document in which they underlined that progressfor women is progress for all. They resolved to promote gender equality and eliminate pervasive gender discrimi-nation across a wide range of fields, including education in line with the Millennium Development Goals, health,housing, access to labour markets and employment as well as productive assets and resources, and political deci-sion-making processes. They in effect endorsed, if not underwrote gender mainstreaming as an effective meanstowards gender equality. But here then the hard work begins – translating the political commitments from thehighest levels into reality at the lowest levels. We all have thus an obligation to carry on and carry on more effec-tively. In this spirit, let us see this exhibition as a modest contribution which may serve as a source of strength andinspiration for the road ahead.

Hans d’Orville, Director, Bureau of Strategic Planning, unesco

Page 6: Au-delà des mots Angèle Etoundi Essamba

fermée dans des stéréotypes trop faciles. Tels les sphinx de la légende, les photographies d’Angèle posent desénigmes auxquelles il nous incombe de trouver la solution. Et ces énigmes, à mon sens, n’en constituent finale-ment qu’une : plonger dans le mystère que représente le corps.Dès lors qu’il devient un élément de création artistique, le corps cesse d’être la matière que nous percevons pourdevenir autre chose, comme l’écrit Henri-Pierre Jeudy : “ Les images du corps ne concernent pas le corps telleune entité isolée, elles adviennent simultanément comme images du monde. Et le langage ne permet d’organiserque des classifications arbitraires qui rendront le sens de l’interprétation toujours proche de l’illusion. Dans unecertaine mesure, la collision des images du corps nous apprend qu’il n’y a pas vraiment de langage du corps. Lesmanières dont celui-ci est parlé implique déjà une négation de l’image par l’objectivation du sens qui lui estdonné. ” Si ici, il est question d’un corps général, appliquons la méthode au corps particulier que représente lecorps de la femme africaine. Le corps africain ne l’est que parce qu’il est revendiqué comme tel. Ainsi, ce n’estpas le corps seul qui nous adresse un message, mais la manière dont l’artiste le met en scène. Il devient matériali-sation d’une idée. Car le corps est le premier élément concret par lequel nous sommes perçus. Il est le siège d’unconflit permanent parce qu’à travers lui se joue la question contradictoire de la perception. Il y a l’image quenous envoyons aux autres et l’image que les autres perçoivent de nous. Une image qui s’inscrit nécessairementdans l’ordre de l’apparence. Maîtriser cette image dédoublée revient à y mettre, d’emblée, son âme. Car le corps,dès lors qu’il devient l’élément central de cette négociation ne peut qu’être abstraction et écriture codée. D’où lanécessité de lester le corps d’une charge qui dépasse son possesseur et d’en faire l’emblème d’une certaine spiri-tualité.

Consciente du fait que l’on existe, finalement, que dans le regard de l’autre, comme l’affirmait Lacan, Essambaest devenue à la fois la forgeuse et la contemplatrice de sa propre image, comme l’explique Merleau-Ponty. “Mon corps est à la fois voyant et visible. Lui qui regarde toutes choses, il peut aussi se regarder, et reconnaîtredans ce qu’il voit alors l’“autre côté“ de sa puissance voyante. ” Le corps deviendrait alors intercesseur, intermé-diaire entre nous et un autre monde dont nous n’avons pas conscience. Dans une sorte de transe qui nous com-muniquerait des pouvoirs extraordinaires, où nous serions possédés, nous basculerions ainsi de l’incarnation ani-male à la pure spiritualité. C’est dans cette opération médiumnique que le corps se plie totalement à l’esprit, ouplutôt à la sacralité de l’âme. Les traditions religieuses africaines, qu’elles soient animistes ou monothéistes, ontconservé, contrairement au monothéisme européen, un rapport direct au sacré, une dimension magique et trans-cendante : c’est cela que nous rappelle sans cesse Angèle, à travers ses corps transfigurés.

Simon Njami, critique d’art, commisaire

Page 7: Au-delà des mots Angèle Etoundi Essamba

4

Page 8: Au-delà des mots Angèle Etoundi Essamba

6 7

Page 9: Au-delà des mots Angèle Etoundi Essamba

8 9

Page 10: Au-delà des mots Angèle Etoundi Essamba

10 11

Page 11: Au-delà des mots Angèle Etoundi Essamba

12

Page 12: Au-delà des mots Angèle Etoundi Essamba

« Le silence est un éternel discours.L'état qui transcende la parole et la pensée ».

Ramana Maharshi ( 1879-1950 )

14

Page 13: Au-delà des mots Angèle Etoundi Essamba

17

Page 14: Au-delà des mots Angèle Etoundi Essamba

18 19

Page 15: Au-delà des mots Angèle Etoundi Essamba

20

Page 16: Au-delà des mots Angèle Etoundi Essamba

22 | 23

Page 17: Au-delà des mots Angèle Etoundi Essamba

24 25

Page 18: Au-delà des mots Angèle Etoundi Essamba

26 27

Page 19: Au-delà des mots Angèle Etoundi Essamba

28 29

Page 20: Au-delà des mots Angèle Etoundi Essamba

30

Dialogues à travers l'œil d'une lentille

Les photographies ne sont pas simplement le miroir du monde tel qu’il est. Au lieu de cela, elles construisent leur pro-

pre réalité, véhiculent leur propre perception, transmettent leur propre message et nous offrent une image unique.

C’est un message qui peut aller bien plus loin que la simple surface, droit au cœur des choses. A travers son objectif qui

saisit l’instantané, et grâce à son immense curiosité, Angèle Etoundi Essamba nous permet de ne pas seulement « en-

trevoir » ou « voir » mais aussi de regarder profondément à l’intérieur de ce qui est représenté, reproduit et créé dans

son travail.

Elle nous entraîne dans une approche créatrice personnelle, « mapplethorpienne » à première vue, mais qui nous

transmet indiscutablement sa touche féminine tout en élégance, subtilité, émotion et énergie. A l’occasion de la Journée

internationale de la femme, 2006, nous voulons, à l’unesco, rendre hommage à son esprit créatif, à son art et en vérité à

ses talents artistiques, mais aussi à travers elle, à toutes les femmes du monde entier qui continuent à lutter pour l’éga-

lité des genres dans tous les domaines de la vie quotidienne. Sa vision authentique des êtres humains, du corps humain

et de l’interaction humaine nous conduit inévitablement à réfléchir, à aller à la découverte et à nous émerveiller devant

rien de moins que l’expression forte et la séduction graphique de ses décors en noir et blanc.

Dans un plus large contexte, l’exposition a pour but de faire réfléchir à ce qui a été accompli, et à ce qui reste encore à

faire, pour parvenir à ce qui n’est pas encore une réalité pour les femmes du monde entier : l’autonomisation des fem-

mes et l’égalité des genres. Cela représente un défi pour l’unesco, à travers tous ses programmes, un accent particulier

étant mis dans ce cas précis sur la créativité des femmes et leur contribution pour encourager le dialogue, oral ou vi-

suel. Mais ce n’est pas seulement un dialogue de genres, c’est aussi un dialogue entre les civilisations et les cultures, car

l’artiste est fermement ancrée dans ses racines, son éducation et son expérience africaines, et notamment dans ses origi-

nes camerounaises. La promotion du dialogue, non seulement entre les civilisations et les cultures, mais plus spécifique-

ment entre les peuples, est aussi au cœur de son travail d’artiste et de son engagement.

Une estimation de la situation des femmes démontre, s’il en est besoin, que le monde n’est pas souvent ce qu’il paraît

être à première vue. Nous vivons peut-être au xxième siècle, mais les femmes ne jouissent pas encore partout de tous

leurs droits et de toutes les opportunités. Souvent, derrière les portes closes et les volets fermés, la violence contre les

femmes demeure une triste réalité. Les femmes constituent encore une partie vulnérable de la société. Le slogan de la

« féminisation de la pauvreté », s’il est connu de tous, se voit confirmer par des statistiques impitoyables. De même, le

pourcentage de femmes atteintes par le virus du sida ne cesse de croître. La participation politique des femmes, une des

conditions primordiales pour l’autonomisation des femmes et une véritable démocratie, est bien loin d’être réalisée.

Même si les photographies d'Angèle Etoundi Essamba capturent un moment précis dans le temps, elles procurent un

sentiment d'éternité : elles nous font voir les autres et nous-mêmes. Les autres entrent dans des dialogues avec nous

et nous dialoguons, en retour, sous différentes formes. Ses œuvres font de nous à la fois des interlocuteurs et des spec-

tateurs. Ses photographies de visages et de corps, à la fois simples et réduites, mais aussi puissantes et denses, nous com-

muniquent fierté, beauté, force et prise de conscience. Cependant, elles ne nous imposent pas d’interprétations

« préfabriquées » ou toutes faites. En vérité, elles attirent notre attention sur les limites des mots et du langage, nous

mettant au défi de devenir actifs en créant notre propre compréhension. Les œuvres d’Angèle Etoundi Essamba nous

invitent à une observation rigoureuse, à une participation, et nous rappellent la nécessité de voir, de comprendre et

d’agir.

De son côté, depuis ces dernières décennies, afin de faire avancer le statut des femmes, l’unesco a mis en oeuvre des

stratégies internationales, des normes, des programmes d’action regroupés dans le cadre de la généralisation de l’ana-

lyse selon le genre, engageant tous les secteurs de l’unesco – éducation, sciences naturelles, sciences sociales et humai-

nes, culture, information et communication. Plus encourageant et significatif, les dirigeants mondiaux ont, lors du

Sommet des Nations Unies en septembre 2005, adopté un document dans lequel ils soulignaient que les progrès effec-

tués pour l’amélioration du statut des femmes étaient des progrès pour tous. Ils ont également décidé de promouvoir

Page 21: Au-delà des mots Angèle Etoundi Essamba

l’égalité des genres et d’éliminer la discrimination étendue des genres à travers un vaste champ d’actions, y compris

l’éducation en relation avec les Objectifs de Développement du Millénaire, la santé, le logement, l’accès au marché du

travail et à l’emploi, aux ressources et aux moyens de production, ainsi qu’aux processus de prise de décisions politi-

ques. Ils ont approuvé, sinon signé, la stratégie en matière de généralisation de l’analyse selon le genre comme étant un

moyen efficace vers l’égalité des genres. Mais c’est ici maintenant que le dur labeur commence : celui de transformer

les engagements politiques pris aux plus hauts niveaux en réalités sur le terrain, aux plus bas niveaux. En conséquence,

nous avons tous l’obligation de continuer et de continuer encore plus efficacement dans cette voie.

Dans cet esprit, voyons donc cette exposition comme une contribution modeste pouvant servir de force et d’inspiration

pour l’avenir.

Hans d’Orville, Directeur, Bureau de la planification stratégique

The transfigured body

The work of Angèle Etoundi Essamba

There is, in the work of Angèle Etoundi Essamba, something that always reminds me of one of the fathers of

Négritude, Léopold Sédar Senghor. The Senegalese poet sang of the black woman and elevated her to the pinnacle of

beauty. Beyond the black woman herself, it is the black soul in its entirety that he intended to celebrate. It seems to me

that Essamba shares this same concern of revealing the black woman (as it is she whom she immortalizes most readily),

with a graphic writing which makes her deeply human – at the same time very near yet remote – ethereal. Leni

Riefenstahl’s Noubas are beautiful and plastic. But the camera of the German director did not know how to capture

their souls. They, in fact, are objectified. Beautiful mute images whose internal turbidity remains foreign to us.

Sculptures that bring to these bodies those elements which the sculptor Ousmane Sow tries to revive through his work.

Angèle is black, African and woman. That remains not without incidence on her work. Let us be clear. There is no

African photography! But any photographer worthy of this title tries, through images, to express a part of him/herself.

To share a way of being in this world. A point of view. It is in this way that the origins and gender of Angèle are deter-

mining. If she were a man, her images of women would never have conveyed such sisterly and almost autobiographical

emotion. There is no body without a soul: this is the message, image after image, that Angèle sends to us. Some will er-

roneously think of Man Ray; simply because of the juxtaposition of a mask and a face. But where Ray worked only on

effect, Essamba explores sense and form. Stick form to sense. Objects and accessories are there only to underline faces

and bodies, inscribing them in a culture and wisdom that goes beyond Africa. A world of symbols whose universality

touches us all, where ever we come from.

With Essamba, the body, appears to be almost hollow, in the middle of a very precise and very controlled photographic

composition. Because this very graphic black and white plays with dark skins, creating a contrast that declares to those

who would not be convinced that black is also colour, the parallel juxtaposition of bodies and forms: of a black head

capped with white straw; a ravaged human body and the tree of life; sand and skin; mask and face; transparency and

signs. The artist marks the symbolic frontiers that simultaneously separate and unify each element of the composition.

Always a double meaning. The first meaning, obvious, for which all attention will be sensitive; and the hidden meaning,

which operates in the realm of metaphor. Angèle Essamba’s photography is, above all else, scripture. Each tableau is a

sketch, its scenario played out with obsessional precision. We are struck by the elusive feeling that the faces captured

by the photographer could begin to stir at any moment. As observers, they transform us into the observed. The images

examine us, look at us, call us into question. Perhaps it would be necessary to see in the way Essamba’s images stare at

us, an ironic game. She lives in the West where, without a doubt, she learnt how to be seen through the eyes of others.

Reversing this perverse dialectic, she reflects back to her audience an image for which they are constrained to do some-

thing. It is a free image that cannot be enclosed within simple stereotypes. Just like the sphinx of legend, Angèle’s pho-

tographs pose enigmas for which solutions must be found. In the end, these enigmas can be reduced to one: immersion

into the mystery that the body represents.

As soon as it becomes an element of artistic creation, the body ceases to be the matter that we perceive and becomes

something else. As Henri-Pierre Jeudy wrote, "Images of the body do not relate to the body as an isolated entity, they

occur simultaneously as images of the world. Language only allows for the organization of arbitrary classifications that

produce the sense of interpretation always close to that of illusion. To a certain extent, the collision of images of the

body teaches us that there really is no body language. The manner by which this is spoken already implies a negation

of the image by the objectification of the sense given to it." If here it is a question of the body in general, apply the

method to the body in particular that of the African woman’s body. The African body is only that, because it is asserted

as such. Thus, it is not the body alone that addresses a message to us, but the way in which the artist sets it in place. It

becomes the materialisation of an idea, because the body becomes the first concrete element by which we are per-

ceived. It is the seat of a permanent conflict because through it the contradictory question of perception is played out.

There is the image we depict to others, and the image that others perceive of us. An image which necessarily fits into

the order of appearance. To control this duplicated image amounts to putting into it, from the start, one’s soul.

Because, once the body becomes the central element of this negotiation, it can only be abstraction and coded scripture.

Hence the need for ballasting the body with a load exceeding that of its owner thus making it the emblem of a certain

spirituality.

Conscious of the fact that one exists, ultimately, through the eyes of the other, as Lacan has affirmed, Essamba became

both the forger and contemplator of her own image, as explained by Merleau-Ponty. "My body is both apparent and

visible. He who sees all things, can also look upon himself, and recognize in what he thus sees as the "other side" of his

apparent power." The body would then become intercessor, intermediary between us and another world of which we

are not aware. In a kind of trance that would communicate to us extraordinary powers, where we would be possessed

and would thus fall from the animal incarnation to pure spirituality. It is in this mediumnic operation that the body

yields completely to the spirit, or rather to the sacrality of the soul. The African religious traditions, whether animist or

monotheist, preserved, contrary to European monotheism, a direct rapport with the sacred, a magical and transcendent

dimension: it is that which Angèle reminds us of unceasingly, through her transfigured bodies.

Simon Njami, art critic, curator

Page 22: Au-delà des mots Angèle Etoundi Essamba

31

Angèle Etoundi EssambaBorn in 1962 in Douala, CameroonLives and works in Amsterdam, the Netherlands

Angèle Etoundi EssambaNee en 1962 à Douala, CamerounVit et travaille à Amsterdam, Pays-Bas.

e-mail: [email protected]: www.essamba-art.com

Selected Solo Exhibitions

Maison Descartes Amsterdam Jan. 1985

Erasmus University Rotterdam May 1986

Studio Ethel Paris Dec. 1987

Focus Gallery Amsterdam Dec. 1989

Melkweg Gallery Amsterdam March 1990

University of Bremen Bremen (d) Sept. 1991

Africa Museum Berg en Dal (nl) Oct. 1991

Omni Gallery Uniondale, n.y. (usa) July 1995

Pulitzer Art Gallery Amsterdam Feb. 1996

‘kit’ Tropen Museum Amsterdam June 1996

Indigo Galleries Inc. Boca Raton (usa) Jan. 1997

Michaelis Collection Cape Town April 1998

ifal Mexico May 1998

Institut Français München Feb. 1999

Institut Français Köln April 1999

Het van Reekum Museum Apeldoorn (nl) Oct. 1999

Het lumc Galerie Leiden (nl) May 2000

Noorderlicht Fotografie Leeuwarden (nl) Sept. 2000

Doual’Art Douala May 2001

Gallery 2rc Roma May 2001

Museum of Modern Art Arnhem (nl) Sept. 2001

De Vrije Academie Den Haag Jan. 2002

Goethe Instituut Yaoundé March 2002

The Moba Art Gallery Bruxelles Dec. 2002

World Trade Center Amsterdam April 2003

Museum Schloss Moritzburg Zeitz (d) June 2003

French Cultural Center Dresden Oct. 2003

Fondation Antonio Lopez Cuenca (e) Nov. 2003

Musée National Yaoundé Nov. 2003

Gallery Marktschlösschen Halle (d) Jan. 2004

Mois de la Photo Auxerre (f) April 2004

Galerie Safia Barcelona May 2004

Museum voor Fotokunst Odense (dk) June 2004

Delta Lloyd Mondriaan Toren Amsterdam Nov. 2005

Selected Group Exhibitions

Rochdale Art Gallery London May 1988

Kodak Diaframma Milano May 1992

Biennial Venice Venicia Jan. 1994

Biennial Havanna Cuba May 1994

Biennial South-Africa Johannesburg Feb. 1995

Street Level Gallery Glasgow May 1995

Zora Neale Hurston

National Museum of Fine Art Orlando Nov. 1995

‘Fest. des 3 continents’ Nantes (f) Nov. 1996

The H.Johnson museum of Art Ithaca (usa) Jan. 1997

Ministery of foreign trade affairs Den Haag March 1998

Center for the Visual Arts Denver March 1998

In Focus Galerie Köln Feb. 2000

Biennial d’AkART 2000 Dakar May 2000

Rencontres Photographiques Bamako Dec. 2001

Museum Rijswijk Rijswijk (nl) Jan. 2002

sbk KunstHal de Remise Amsterdam April 2002

Art Fair 2002 Milano May 2002

Spazio Oberdan Milano May 2002

La fnac Etoile Paris Oct. 2002

unesco Paris March 2003

University of New England Portland (usa) July 2004

Philadelphia museum of Art Philadelphia Nov. 2004

Galerie Tegenbosch Heusden (nl) April 2005

Skoto Gallery New York March 2005

Galerie Safia Li’lla D’Art Barcelona June 2005

Page 23: Au-delà des mots Angèle Etoundi Essamba

1 - Dialogues 12 - Cercle magique 3 - Réminiscence 44 - Roots 36 - Noir 47 - Noir 278 - Au-delà des mots 19a - Au-delà des mots 29b - Au-delà des mots 39c - Au-delà des mots 410 - Au-delà des mots 511 - Au-delà des mots 612 - Au-delà des mots 714 - Au-delà des mots 817 - L’arbre de la vie18 - Noir 6019 - À l’ infini20 - Les amazones22 - Femme portant l’univers 123 - Scission et symbiose24 - Symbole 1225 - La femme et l’objet26 - Esprit 227 - Rupture28 - Cheveux de paille 229 - Fille des sables 130 - Double dos31 - Le fil conducteur 132 - Dialogues 2

L' exposition " DIALOGUES" est organisée à l'occasion de la Journée internationale de la femme par la Section pour les femmes et l' égalité des genres du Bureau de la planification stratégique de l'UNESCO.

The exhibition "DIALOGUES" is organized on the occasion of International Women's Day by the Section for Women and Gender Equality of the Bureau of Strategic Planning of UNESCO

Remerciements / Acknowledgements

The modelsIngrid Florence Kippuw (body writer)

Etty Griffioen (body writer)Heinz Krimmer, Diasystems

La délégation permanente du Cameroun auprès de l'UNESCO

Conception / Design: Teun van der Heijden, Heijdens Karwei, Impression / Printing: Modderman Drukwerk

Les partenaires pour leur soutien généreux / The sponsors for their generous support:

32

Page 24: Au-delà des mots Angèle Etoundi Essamba