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Nicolas Oikonomids
Contribution l'tude de la pronoia au XIIIe sicle. Une formule
d'attribution de parques un pronoaireIn: Revue des tudes byzantines, tome 22, 1964. pp. 158-175.
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Oikonomids Nicolas. Contribution l'tude de la pronoia au XIIIe sicle. Une formule d'attribution de parques un pronoaire.In: Revue des tudes byzantines, tome 22, 1964. pp. 158-175.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1964_num_22_1_1322
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_rebyz_81http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1964_num_22_1_1322http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1964_num_22_1_1322http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_rebyz_81 -
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CONTRIBUTION
A
L TUDE DE
LA
PRONOIA
AU
SICLE
UNE
FORMULE D'ATTRIBUTION DE
PARQUES
A
UN PRONOIAIRE
La collection des formules notariales
du
codex
Vaticanus gr. 867,
publie
en
1912
par
G.
Ferrari
(1),
contient
plusieurs
modles
d'actes
qui
prsentent un grand intrt
pour
l'tude
de l'histoire
intrieure
de
Byzance. La valeur
de
ces
documents
consiste dans le fait qu'ils sont
des
formulaires,
rdigs
de faon
ce
qu'ils puissent tre
appliqus
dans un maximum
de
cas,
sans
tre influencs par
les
modalits que
des conditions spciales imposent
la
rdaction d'un document prcis.
Les formules prsentent la
synthse des traits
essentiels
qui de\^aient
tre pris en considration
pendant
la
rdaction
d'un acte, tel que
nous
le rencontrons
dans
les archives
byzantines.
Le manuscrit a
t copi
en
1259 (2),
date
qui
peut
nous servir de
terminus ante
quem
pour
la
chronologie
du recueil
des
formules
notar
iales. D'autre part,
la mention
de Vabiotikion (3), taxe qui, nous le
savons bien,
apparat dans
les documents l'extrme
fin
du
xine
sicle
(4),
nous
montre que la constitution
de
l'ensemble
de
la
collection
ne
peut pas
tre
de beaucoup antrieure l'anne 1259.
En tout cas, cette
datation de
l'ensemble
signifie
que les formules
contenues dans
la
collection taient
en
vigueur
l'poque de sa consti-
(1) G.
Ferrari.
Fonmilari
Notarili
inediti dell'
et
bizantina
,
extrait
du Bullettino
d-elV
I
tituto
Stori.ro
Ilaliano, n
33, Roma 1912 (cit
:
Ferrari).
(2)
Cette date
est
donne
par
le
copiste
au
folio
187r;
elle est
sans doute
retenir
puis
qu'une
autre main a ajout ensuite
des
calculs
des
cycles pascal, solaire
et lunaire des annes
1260, 1261, 1262, 1263. Le
manuscrit a
t recopi par plusieurs
mains.
Ferrari, 1 Je consi
dre comme tant
du
xine
sicle,
tandis
que
Dlger {By . Zeitschr.
XXXVIII
(1938)
208)
propose le
xivc, videmment pour
justifier
la
prsence dans le formulaire de Vabiotikion.
(3 ) F errar i, 12-13, 15.
(4)
Cf.
F. DLER, Aus den
Schatzkammern
des Heiligen
Berges,
Mnchen 1948 (cit
:
Dlger,
Schatzkammern),
n
22,
1.
4-5
et
A.
P. Kazdan,
Agrarnyje otnosenija Vizantii
Xlll-XIV
vv. Moscou
1952
(cit : ai dan),
94-95;
surtout
P. Lemerlk,
Un chrysobulle
d'Andronic II
pour
le monastre
de
Karakala
,
dans Bull. Corr.
Hell.,
LX, 1936, p. 440-442.
-
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.
OIKONOMIDS
:
LA PRONOIA AU XIIIe SIECLE 159
tution,
et
non
point
qu'elles
taient rdiges cette poque-l. Par
consquent,
chaque texte doit
tre tudi
sparment parce qu'il peut
avoir
ses
origines
une
poque antrieure
la constitution
de
la
collection
elle-mme.
Le
texte
n
8
(f.
35 du manuscrit),
qui fera l'objet
de
cette note, est
intitul : Attribution de parques un stratiote par le duc d'une rgion (5).
Le
titre est suggestif :
nous savons actuellement
que
le mot stratiots
signifie
le
pronoiaire
(cf.
infra). C'est donc
dans ce
contexte qu'il
faut
examiner le
document.
Ce texte a t dit pour
la
premire fois par Thodore Uspenkij (6),
malheureusement aprs
l'dition
de son
travail sur la
pronoia byzant
ine
t
slave (7).
Uspenskij, dans le commentaire dont
il accompagna
son dition
(qui,
d'ailleurs, comportait de
mauvaises
lectures) n'a
pas
mis
le
texte
en
relation
directe
avec
le
systme
de
la
pronoia,
si
bien
que,
depuis,
il
n'a pas t
utilis
dans
les ouvrages s'y
rapportant;
mme le livre de
G.
Ostrogorskij,
qui
constitue actuellement
la
base
de nos
connaissances
sur cette institution (8), n'y
fait aucune allusion.
Notre texte
comporte,
pourtant,
des
renseignements
intressants et
il
mrite,
croyons-nous,
une tude spciale.
Dans les
pages
qui suivent nous donnerons
d'abord
une dition
critique
du
formulaire
(9) et nous
en
proposerons une traduction. Le
commentaire viendra ensuite.
TEXTE
ouy.0;
;
(10)
(11),
-
(5 ) F errar i, 10 cf. 81-83.
(6) Th. Uspensru, < Vizantijskie
zeinlemery
,'
Trudy
V I go archeologiceskogo
Sjezda
1884, vol.
II
(Odessa
1888).
.'.{34-335
(p.
63-4
du
tir
part).
(7) Th.
Uspen'sku,
Znacenije vizantijskoj i
juznoslavjanskoj
pronii,
Sbornik statej
po
slavjanovedeviju, sostavlennyj i izdannyj ucenikami
V.
I.
Lainanskogo, S. Petersbourg
1883,
1-32.
(8)
G.
Ostrogorskij, Pour l'histoire
de
la fodalit
byzantine, Bruxelles 1954
(cit : Ostrog
orskij). Je n'ai pas pu consulter l'ouvrage de B. T. Gorj amov, Pozdiievizantijskij jeodalizm ,
Moscou 1962.
(9)
Cette
dition est base sur une
nouvelle
lecture du Vaticanus
gr.
867, f, 35r. Nous
avons signal dans l'apparal
les
lectures
du manuscrit (V)
et les
lectures
de Ferrari (F)
- de
tspenskij (L ).
(
10
T?,c
oui. ,
()
() Vf.
-
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160
REVUE DES TUDES
BYZANTINES
(12) (13)
-
(
(14) )
,
5
(15)
( (16)
).
,
'
(17)
-
(18)
(
(19)
) (20) (21)
(22)
10 (23) (24), -
,
(25) (26),
.
(27) : ,
,
,
' ,
, (28)
'
15
,
,
,
,
(29),
,
,
( (30)
(31)
).
20
6
,
.
.
(12)
Dob. .
(13)
U.
(14)
F.
(15)
U.
(16) VUF.
(17)
( )
V;
UF.
(18)
VUF.
(19)
oui. UF.
(20)
F.
(21)
oui.
U;
F.
(22)
U.
(23) Del),
.
(24)
F.
(25)
U.
(26)
F.
(27)
/
, ... ... ...
U.
(28)
F.
(29)
i dalee perepis senicj
i
imuscestva
U.
(30)
U.
(31) F.
-
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.
OIKONOMIDS
:
LA PRONOIA
AU XIIIe SICLE 161.
TRADUCTION (32)
Attribution (33) de
parques
un stratiote par
le
duc d^une rgion.
Le
prsent
mois
un
tel
de
Findiction courante une
telle,
de
telle
anne,
nous a t prsent
un
prostagma
divin, adorable et
imprial
par
le
megalodoxotatos
(ou tel
autre
[ prdicat],
selon sa dignit) sieur
un
tel,
dont voici littralement la
teneur
(ici
il
faut insrer le pros
tagma).
Suivant
la
teneur de
ce
prostagma
imprial et suivant la
juridiction nous accorde par notre saint seigneur (34) et le
pans-
baste sbaste et duc
(ou
stratopdarque ou paradots) de tel thme pour
l'attribution [de
biens] ceux qui nous prsentent des
prostagmata
divins et
impriaux,
nous avons attribu [ce mme] un tel, tant de
zeugaria
dans
le
village
un
tel,
savoir
de
la
pronoia
d'un
tel.
Dans le village d'un tel :
un
tel [parque] ; il a une telle [femme] (35),
un
fils
un tel, une belle-fille [femme de son fils] une telle, une
fille
une
telle, un gendre [mari de sa
fille] un tel; deux (ou
tant) de zeugaria,
tant [de
ttes] d'arga,
tant de
brebis,
tant de
porcs.
Un
tel [parque] (36) qui a telle [femme], tel fils ou tel
autre
et tel
autre;
il
a aussi a et a
(des
zeugaria, ou bien [il
est]
boidatos (37),
ou aktmon, ou aporos).
il reste
encore
attribuer au susdit [stratiote]
tant de
zeugaria, qui
lui seront remis quand on
en
trouvera.
Mois et indiction une
telle.
Et le fonctionnaire signe.
(32)
Notre
texte, tant une formule, comporte
plusieurs phrases elliptiques. D'autre
part,
l'emploi eonlinu du pronom
rend encore plus
difficile la
traduction.
J'ai t
amen
ajouter entre crochets quelques mots qui m'ont paru indispensables
pour
l'intell
igence
u texte ne serait-ce que pour montrer d'une
faon
claire l'interprtation
que j'en
propose.
(33)
(Test le mot
qui
me semble rendre mieux en
franais le
grec - sur
le sens
exact duquel
cf.
infra.
(34)
L'expression
saint
seigneur
peut se rapporter
l'empereur
aussi bien qu'au
pans-
baste
qui
est mentionn ensuite. Bien que
la
conjonction et
la
disssocie nettement
de
ce
qui
suit,
je
l'ai
garde
dans
la
traduction
pour
ne
pas m'loigner
du
texte
grec.
(3 5) Malgr la forme
que
le
manuscrit atteste, il me semble sr, d'aprs une
mul
t itude
d'exemples que
donnent
les praktika
byzantins,
que c'est la mention
de
l'pouse du
parque qui
suit
le
verbe
/. La forme erronne est videmment due
l'incoh
rencee
l'emploi
de ce pronom pendant le
inoyen-'ge,
surtout
parce
qu'il est
d'habitude
crit
en abrg.
(38)
L'accusatif est. surprenant: il dpend
du verbe
- de
la
1.
10.
(37) Encore une incohrence de la syntaxe :
de
Remuneration du cheptel (zeugaria), le
rdacteur passe
une liste de
classes
de parques, exprimes par des adjectifs qui les qual
ifient d'aprs leur situation conomique. En effet, on peut possder plusieurs zeugaria mais
si l'on est boidatos (cf. infra) c'est qu'on ne
possde qu'un
seul bceuf de labour
:
avec un
deuxime
un forme
automatiquement
un zeugarion.
11
-
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162
REVUE
DES TUDES BYZANTINES
COMMENTAIRE
A. La
titulature.
Nous
nous
proposons d'examiner
d'abord les
titres qui sont ment
ionns
dans
notre
document; c'est
une tude
qui
nous donnera
cer
tains indices pour
la date approximative
de sa
rdaction.
En
effet,
l'expression
duc ou
stratopdarque
ou paradots de
tel
thme
(1.
8-9)
est caractristique : nous savons que le [titre
de STRATO
PDARQUE (38) suivi de l'indication
du
thme
dans
lequel il exerait
son autorit, n'est attest
que
sous
l'empire
de Nice
(39). Du xe
au
xiie
sicles les sources mentionnent les stratopdarques de tout
l'Orient
ou
de
tout l'Occident mais
la
premire moiti
du
xme
la
juridiction
de
ces
fonctionnaires
est
beaucoup
plus limite. En mars
1235, par exemple, Michel Phokas tait stratopdarque
du thme
des
Thracsiens
et
de
Philadelphie (40).
D'autre
part,
la
mention
du
stratopdarque et paradots
du
Maiandre,
Thophane,
qui
a d exercer
ses fonctions avant
1249
(41), et le sceau
de
Manuel Lykats,
strat
opdarque et duc de Malagina (42), rappellent naturellement, par
l'accouplement
des titres, l'numration (duc,
stratopdarque,
para
dots) de notre document. Donc,
ce dernier
a d
tre rdig pendant la
premire moiti
du
xnie sicle;
d'autant
plus que,
sous
le rgne
de
Thodore II
Laskaris (1254-58), le
titre
de grand
stratopdarque
fera
son apparition
et,
dsormais, nous
rencontrerons celiaut
fonctionnaire
ainsi
que
ses
subordonns,
les
stratopdarques
des
monokaballoi,
des
tzaggratores, des
mourtatoi
et des tzakones, tandis
que
les
stratop
darques des thmes disparatront des sources (43).
Les
autres
titres
mentionns
dans le
mme
passage, prsentent
beaucoup
moins d intrt pour notre
enqute.
Le DUC
d'une
rgion
en
(38) R.
Gijilland,
tudes
sur l'histoire
administrative
de l'empire
byzantin :
le strat
opdarque et le grand stratopdarque , Byz. Zeitschr.
XLVI
(1953), G2-90.
(39)
R. Guilland, loc cit.,
70.
(40)
F.
Miki.osich-J.
Mpller,
Acta et diplomata (cit : MM) IV,
5,
18, 19, 206.
Cf. F. Dii.-
-
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.
OIKONOMIDS
: LA
PRONOIA
AU
XIIIe
SICLE
163
est le gouverneur (44). Le PARADOTS est le fonctionnaire charg
de
la
rpartition et
de
l'attribution de terres des particuliers aussi
bien
qu' des soldats;
il
porte souvent le titre, beaucoup mieux connu,
d'apographeus (45).
Les
apographeis
du
xive
sicle
qui
sont
chargs
de
(46) sont des
paradotai
de pronoiai, comme l'indique l'expression caractristique
postes oikonomias.
Ce
qui
ne choque point,
puisque, dj
en
1184,
du thme de Moglna,
avait livr des parques
en
pronoia des soldats Koumans (47). Une taxe appele paradotikion
(donc rmunration
du paradots)
devait
tre touche en
1234
par le
duc des
Thracsiens
Jean Kourtiks qui
allait
procder
la
paradosis
d'un
terrain
au couvent de Lembos;
finalement
l'attribution
du
terrain
fut
faite par le de Smyrne Jean
Alopos,
qui
dans
sa
signature
ajouta
sa
qualit
de
/
(48).
La dignit de
(PANSBASTE) SBASTE (1. 7-8),
trs leve
la
fin
du xie sicle, avait beaucoup perdu de son prestige
l'poque qui nous
intresse,
mais elle tait souvent attribue des gouverneurs
de
thmes (49). Le
MEGALODOXOTATOS (1. 3-4),
qui est un de ces
prdicats honorifiques qui pullulent dans les sources
la fin
de
l'Empire,
sera
examin
de plus prs;
car c'est un titre peu
connu,
attribu par notre document au bnficiaire de
la
pronoia.
En
outre,
son
tude
prsente
un
certain
intrt
pour
la
datation
de
notre
formulaire.
Dj
au
dbut
du
xe
sicle, nous rencontrons l'adjectif mgalodoxos
attribu par
la
chancellerie impriale aux rois trangers (50) ou bien
par le patriarche
l'archonte
de Bulgarie
(Symon)
(51); htons-nous
(44)
E. Stein, Untersuchungen zur sptbyzantinisehen
Verfassungs-
und Wirtschafts
geschichte
,
Mitteilungen
zur
satanische
Geschichte
II, H.
1 u. 2,
21-24.
(45)
E.
Stein, loc. cit., 17, n.
1.
(4fi) L. Petit,
Ades de Xenophort, Prilozenije au Xe
volume de
Vizanlijskij Vreinennik
(1908), 43, 49 et
suiv.
; W. Regel, E. Kurtz, . Korablev, Ades de Zographou, Prilo:. au
XIIIe
volume de
Viz.
Vreni. (1907)
35;
F.
Dlgkr,
Sechs byzantinische
Praktika des
14.
Jahrhunderts
fr
das
Athoskloster
Iberon, Mnchen
1949,
35, 54, 93,
etc.
(cit
:
Dlger,
Praktika) .
(47)
G. Roiu.i.ard-P. Coi.lomp,
Actes
de Lavra I
(Paris
1987), n
47. Pour la
date du
docu
ment
voir ( )slrogorskij, 4 fi
et
suiv.
(48) MM
IV, 14fi,
150.
Cf.
F. Dlger, Zum Gebhrenvcesen der
Byzantiner
dans
Byzanz
und
die
europische Stnatenwelt (cit
:
Di.ger,
BEurSt), 251.
(9) E. Stein, loc. cit., 30 el
suiv.
Voir, en dernier
lieu,
L.
Stiernon,
Xotes de Tilulature
et de Prosopogra phi.e byzantines. 79.
|51)
P(i 111,
0
Y. CiRi'MKi..
Les
regestes des actes
du patriarcat
de
Constantinople,
1. Les a/les les
Patriarches
u|t' :
G
iu mi; i,, Rrgesles\. 28 (901-907).
-
7/23/2019 article_rebyz_0766-5598_1964_num_22_1_1322
8/19
164
V U
E
DES
TUDES BYZANTINES
de
dire que ces
emplois
n'ont
rien de
commun
avec l'attribution des
prdicats
mgalodoxotatos^
mgalpiphanstatos
etc. qui accompagnent
les titres de
noblesse
des dignitaires des Comnnes. A
partir
du
xiie sicle,
ces titres avec leurs
prdicats
(ou
mme les prdicats
seuls)
reprsentent une
place
prcise dans la hirarchie, et
correspondent,
en
quelque
sorte,
aux ,
que
le
kltorologion
de
Philothe nous
a
fait
connatre
la fin du
ixe sicle. Pour
nous
faire
une
ide
du contenu du prdicat
mgalodoxotatos, nous avons
cru
utile
de
dresser le tableau suivant o l'on
trouvera
un certain nombre
de mentions de mgalodoxotatoi des xne-xiiie sicles, avec l ind
ication des autres titres
que ces
personnages portaient. On pourra, de
la
sorte, se prononcer
sur
l'importance de
ce
prdicat
et sur
son
vo
lution :
protoasecretis
Lon
Hikanatos
(52)
30
octobre
1143
chartulaire Basile Tzintziloukis, anagra-
pheus
du thme
de
Servia
(57) 1148-1163
duc de Thessalonique
et
chartulaire Basile(54) 1 149
entre mars et octobre
grand logariaste Jean (55) 26 janvier 1156
grand logariaste, protonotaire Jean (56) 12 mai 1157
protonobilissime, pi tou
kanikleiou Tho
dore Styppeiots (56) 12 mai 1157
mystikos Nicphore
Phorbnos
(56) 12 mai 1157
grand drongaire Jean
Makrembolits
(56)
12
mai
1157
mystikos (57) novembre 1158
(52) Vizantijskij
Vremennik
II (1895), 722
= Ghiimki,,
Regesles, 1014.
Dans
trois autres
documents,
datant du
20
aot 1143 (Grumei., Regestes, 1011)
et
du
1er
octobre 1143 (Gri1-
mel,
Regestes 1012,
1013),
le mme
personnage
porte les prdicats
honorifiques
de
mgal
piphanstatos
et de
paneugnstatos. Il semble qu'entre le
1er et 30
octobre, le protoasecretis
a
t lev
une
dignit suprieure
qui
comportait
le prdicat mgalodoxotatos.
(53)
Ch.
Astruc,
tin document
indit de 1163
sur
l'vch thessalien
de
SI
agi
,
Bull.
Corr. Hell. LXXXIII
(1959),
214,
215. Pour la
date
voir
ibid., 22B-227. Basile Tzintziloukis
est
peut-tre identique au chartulaire Jiasile et. duc de Thessalonique (mention
suivante
dans
le
tableau),
ce
qui nous
incite
remonter
la
date de
l'apograph
du thme
de
Servia
aux environs
de
1 149.
(54) .
Papadoi'OU los-Kera meus, '
"
IV (1897),
241.
Cf.
note
prcdante.
(55)
PG 140,
148
=
Grumei,,
Regestes, 1038.
(56) PG 140, 177 ss.
=
Grumel, Hegestes 1041. Dans rmunration les mgalodoxotatoi
suivent les sbastes mais
prcdent
le mgalpiphanestatoi.
(57)
'
I (1928), 265. A
noter l'expression
qui
semble indiquer
que mgalodoxotatos
tait
le prdicat honorifique
habituel
pour
les niystikoi. Pourtant, dans le mme document, mention est faite du
mystikos
Georges
Kappadokis qui portail le
titre
de mgalpiphanstatos (p. 306).
-
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9/19
.
OIKONOMinS
:
LA
PRONOIA
AT
XIIIe
SICLE 165
nobilissime
(58)
mystikos (59)
nobilissime Thocharistos Kappadoks (60)
dikaiodots Thodore
Pantechns
(61)
protonobilissime Stphane Gabalas, notaire
imprial
du scrton de
la mer (62)
vestiarite imprial
Basile
Aristnos
(63)
juge et pi ton krisn (64)
duc des Thracsiens, Gfardos (65)
ai'chn ton chrysochon (66)
protovestiaire Georges
Eunouehos
(67)
oikeios vestiarite
Basile Vlattros
(68)
protovestiaire Georges
Eunouchos
(69)
Andronic
Mauropodos,
syntrophos du
para-
koimmne
(70)
praktr de Palatia Jean
Eudmonitzs
(71)
Georges Monochytras (fondateur
du couvent
de Kechionismni
en
Asie Mineure (72)
Basile
Mroutzikos
(tmoin)
(73)
Georges
Manteianos,
pronoiaire
(74)
vestiarite imprial
Lon
Monasteriots (75)
novembre 1158
1161/2
1161/2
11
juillet
1173
octobre
1195
10 juin
1196
fin
du
xne s.
fin du
xiie s.
13 octobre 1202
juillet 1207
novembre 1207
octobre
1212-mars 1213
fvrier, indiction
4
(1216
ou
1231)
mai, indiction 12
(1209 ou 1224)
aot, indiction
4
(1231 ou
1246)
aot 1266
25
aot
1280
novembre 1293
(58)
.,
(1928), 265.
(59) . Dmitrieysk
i.i .
Opinante
liiuri>iceski)i rukopisej... 1, /pica,
Kiev
9
721.
(lit))
Ibid., 72: . La lecture
/.
up
Dmitrievskij
est videmment lire
coinnic
.
((il)
'
5 (19:50) 53
GiUMKi., Regestes, ll"2ii
(aprs
los
sbastes et
avant les
mgalpiphanestatoi).
(62) MM VI, 130.
((.;:.{)
MM IV, H05.
(fi'i) K. lllI\l,Ll-M. Poti.I. . IV,
523.
(1)5)
\;
, XIII (1916)
12 :
,.
Le lllllie personnage
porte
[ibid., 9) le
til
re
de
ingalpiphanestatos.
(66)
MM
III.
57
:
videininent
corriger
en .
(67)
MM
VI, 152.
(68)
MM
'., 186.
(69)
MM
VI,
157, 159, 161,
162, 163,
16
(157, 159 : ;),
(70) MM VI, 177; le
parakoimnine
ordonne Andronic
de
procder la restitution
de
cer
tains
biens
:
~
' .
(71)
MM
VI, 153.
(72)
MM
VI,
188.
(731 MM IV, 160.
(7'i)
MM
IV, 128.
-
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10/19
166
REVUE
DES TUDES BYZANTINES
archontes
(plusieurs) de
la ville
de
Thessalo-
nique (76)
1295
antidoux,
c.--d.
praktr (77)
D'aprs
le tableau qu'on
vient de dresser certaines conclusions
s'imposent;
Le
prdicat
honorifique
megalodoxotatos est
trs
lev
pendant le xne sicle; il est attribu des personnages,
qui
assument
des
fonctions
trs importantes dans
l'administration.
Comme pr
sance ,
il
prcde les megalepiphanestatoi mais
il
suit les sbastes.
Au xnie
sicle son importance a beaucoup diminu
:
le protovestiaire
Georges Eunouchos est le
seul
personnage de marque
qui
le porte,
et
cela au dbut du sicle (1207, 1212/3).
Les
autres porteurs du titre
sont
de condition moyenne
ce
qui
montre que
le prdicat
megalodoxot
tos
vait perdu son prestige force d'tre attribu
un
nombre de
fonctionnaires
de
plus en plus
grand.
Deux
remarques
qui
ont une
certaine
importance pour notre
enqute
:
1.
Dans
la
mme
collection
de
formules notariales
(Ferrari, p. 20)
le
prdicat
megalodoxotatos est utilis pour un
praktr.
Or,
nous
rencontrons le mme
usage
dans un document
de
Patmos
datant de
1209
ou
1224
(Cf. le tableau
prcdent). C'est
un indice qui
nous
oblige
remonter
la
date de l'ensemble
du
formulaire
le plus prs possible
de
cette mention.
2.
Le
titre
de
megalodoxotatos
est
un
titre
qui
peut
tre
attribu
des stratiotes. L'exemple
de
Georges Manteianos en
1280
est carac
tristique
:
,
,
,
,
...
,
(il invita les poikoi de
Mantaia, stratiotai et propri
taires erriens... c'est--dire le megalodoxotatos
Georges Manteianos,
V
andrikotatos
stratiotes...
et parmi les
propritaires
terriens les...).
Georges Manteianos est
cit en tte
des stratiotai avec
la
diffrence
que
les autres
portent le titre habituel
aux soldats
andrikotatos (78);
d'autre
part,
il
est
nettement
diffrenci
des
propritaires
terriens,
(76)
Dolcer,
Schatzkammern 59/60,
1. 3
: .
(77) Ferrari,
20.
(78)
Cf. D.
Ai\t;ir-ov,
Prinos
kum narodnostite
i pozeinelni otnosenija Makedonija
(Epirskija despotat)
prez purvala
cetvurl na Xlll
vek
, Izveslija na
Kamarata
na narodnata
kultura IV, 3 (1947),
32.
Le grand nombre d'exemples o le prdical
andrikolatos
dsigne
des soldats rend
leur enumeration
inutile.
Signalons
seulement
que dans
le
Vaticanus 867
nous rencontrons cet adjectif dans
la
formule
d'une
adresse envers un soldat
(Ferrari,
21).
-
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11/19
.
OIKONOMIDS :
LA PRONOIA
AU XIIIe SICLE
167
des oikodespotai.
Si
l'on songe que le mot stratiotes
signifie surtout
le
pronoiaire, on peut proposer une interprtation plus libre de
ce
pas
sage
:
les
poikoi
de
Mantaia,
pronoiaires et propritaires terriens...
c'est--dire
le
megalodoxotatos
Georges
Manteianos
(pronoiaire),
l'andrikotatos
stratiotes
(=
soldat-pronoiaire)... etc.
C'est
la
mme interprtation qui s'impose concernant notre docu
ment. Dans l'intitul
de notre
formule
nous
rencontrons le titre
de
stratiotes
(=
pronoiaire) mais dans le texte
la
mention de [megalo
doxotatos
montre
que
le rdacteur de
la formule
pensait
un
ventuel
pronoiaire de rang
plus
lev
(p. ex. vestiarite; cf. le
tableau
prcdent)
tout
en
ajoutant
que ce
prdicat
pouvait changer suivant
V
axiom a
du
bnficiaire.
Notre
document, d'aprs sont intitul, aurait comme metteur le
duc
de
la
rgion;
ce
qui
n'est
point
vrai,
puisqu'
la
ligne
7
le
rdac
teur ffirme
que c'est
du duc qu'il tient sa juridiction;
il en
est, par
consquent,
diffrent
et, certainement,
infrieur
en
grade. Dans
ce
contexte,
il est
clair
quie le terme
employ
la
ligne
23
pour
dsigner le signataire de notre document, se rapporte
ce
fonction
naireubalterne, ce
reprsentant du
duc,
dont
on
s'occupera de
nouveau plus
loin.
B.
L'attribution
de la
pronoia.
Si l'on
voulait
suivre
la
procdure de
la
restitution
d'une
pronoia,
telle qu'elle
apparat
dans notre document, on dgagerait les traits
suivants
:
La personne qui voulait tre
enrle
et devenir un
stratiotes
-pro
noiaire, devait se
procurer
un prostagma imprial qui lui assignerait
une
pronoia dans
une
rgion
donne. Plusieurs sources
affirment
que
c'tait l le procd
normal,
qui
tait
en
vigueur
ds le xne
sicle,
poque
laquelle
l'institution
de
la
pronoia
prit
son
caractre
mili
taire. La phrase de
Nictas
Choniate (273, Bonn) se
rapportant
l'poque
de
Manuel Ier Comnne est explicite :
ceux
qu'on admettait
ainsi
dans les rangs
de
l'arme (c'est--dire
les pronoiaires)
recevaient
un diplme imprial qui
leur
attribuait des terres irrigues, des champs
fertiles
et,
comme tributaires, des
Romains en
guise d'esclaves .
Pachymre (T.
16 Bonn) parle
en des termes analogues : ...
^^. Enfin
les documents
d'archives
-
7/23/2019 article_rebyz_0766-5598_1964_num_22_1_1322
12/19
168
REVUE
DES TUDES BYZANTINES
fournissent
plusieurs
exemples qui confirment la
rgularit de
ce
procd (79). L'utilisation d'un acte
imprial
pour l'attribution
de
chaque pronoia est d'ailleurs comprhensible
: il s'agissait
de cder
un
particulier (en l'occurence,
un soldat)
une partie des
droits
de
l'tat sur
certaines units
fiscales, droits
dont
l'empereur
seul
pou
vait
disposer;
cette
cession
avait
donc
un
caractre
extraordinaire
et tait considre comme une donation impriale. D'autre part
il
faut
tenir compte du lien personnel entre
l'empereur et
ses
soldats,
qui se
manifeste
de plus
en plus fort
partir
de
l'poque des
Comnnes (80), et
qui
est soulign par le fait
que la
rente tait accorde
au
soldat
par l'empereur lui-mme.
Il est inutile
d'insister
sur le
fait
que le
document
imprial tait
remis au fonctionnaire par
l'intress
lui-mme : c'est la procdure
normale de
la
chancellerie impriale.
L'intress
s'adressait dire
ctement
un
fonctionnaire
subalterne
qui,
suivant
l'ordre du
haut
fonctionnaire
comptent (duc,
stratopdarque
ou
paradots),
tait
charg de
l'attribution
(paradosis) des parques aux pronoiaires. La
formule
tous ceux qui nous prsentent des prostagmata divins et
impriaux
indique qu'il
n'y avait rien
d'exceptionnel dans le
procd et fait penser une fois
de
plus, que les distributions
de
pronoiai se pratiquaient sur une grande chelle dans le territoire
de
l'Empire.
Le
fonctionnaire auquel
le prostagma
imprial
tait
prsent, se
conformant
ses
prescriptions,
procdait
la paradosis.
Le
document
f prenait forcment la forme d'un
praktikon
(81) et l'numration des
oyers et d3> biei^
q
li suivait
(I. 13-21)
tait
comparable aux enumer
ations que
nous rencontrons
dans les
autres praktika
byzantins (82).
Les
parques et les biens
que
le
fonctionnaire
remettait, avaient t
prcdemment
allous
un
autre pronoiaire.
L'expression
'
ne permet pas
de prciser si
le
bnficiaire
antrieur tait mort ou vivant au
moment de
la cession des biens.
En tout cas, nous avons
l
encore un des traits essentiels
du
systme
de
la
pronoia
:
les
biens pronoiaires
se
trouvant toujours sous
le
contrle
de l'tat, l'administration
pouvait en disposer et
les attribuer
de
(79)
MM IV,
242
= Di.ger,
Regesten, 1735; MM IV,
-
19-1 20; cf. Nicolas
Clioniale 482
(Bonn).
(80)
N. Svoronos, Le serment, de lidlit
l'empereur byzantin el
sa signification
constitutionnelle , Rev. El.
Byz.
IX
(1952), 136 ss.
(81) Pour la
forme de
la
paradosis cf. Dlger, Schatzkammern, 150.
(82)
Cf.
ce sujet Oslrogorskij,
257-368
et F. Dlger,
Sechs
byzantinische Praktika ...,
loc. cit.
-
7/23/2019 article_rebyz_0766-5598_1964_num_22_1_1322
13/19
. OIKO^OMIDS
:
. A PRONOIA
AU
XIIIe SIECLE 169
nouveaux pronoiaires si les anciens
dtenteurs taient morts (83)
ou bien
dpossds
de
la
donation
pour
une autre raison. Il se pouvait
aussi qu'on enlevait un pronoiaire les biens qu'il dtenait
en
sur
plus
(84).
L'intitul
de
notre document nous
apprend
qu'il s'agit d'une para-
dosis de
parques. C'est une
expression maintes
fois
utilise par les
sources pour
dsigner
les donations
de pronoiai
(85). Mais, dans la
suite, nous constatons que les calculs
sont
faits suivant l'unit de
zeu
garion. Le
rdacteur
de l'acte affirme qu'il a
remis
au stratiots tant
de zengaria
(1.
11);
la fin il ajoute qu'il
reste encore restituer
tant de
zeugaria,
qui
seront remis quand
il
y
en
aura
de
disponibles.
Le
mot a
dans ce
passage
un
sens
spcial et
videmment diffrent de
son sens primitif (= pair
de
bufs
de
labour) avec lequel il est
utilis
la
1.
15.
Actuellement
nous
connaissons
les
divers
sens
qui
ont
cours
Byzance
(86).
eu gar
ion dsignait
aussi
: 1.
une mesure (de compte)
de superficie de terrain (p. ex.
)
quivalente
la
terre qui pouvait tre cultive par une
paire
de bufs. 2. une unit
conomique et fiscale, compose par l'ensemble des foyers
de
paysans
qui cultivaient
un zeugarion de
terre
ou plutt
ceux qui
payaient
le
(impt) qui
correspondait
un
zeugarion (mesure de compte)
de terre. C'est
dans
cette dernire acception
que
nous devons
inter
prter
le mot
dans
le
contexte
de
notre
document.
Nous
voyons,
en
effet,
que
les
zeugaria
dont
il
est
question
sont
constitus de
parques,
et,
qui
plus
est, de
parques
de
conditions
trs
varies.
Cette distinction de paysans
en quatre classes
mrite d'attirer
notre attention. Mention
est faite
de
parques
qui possdent des
zeu
garia (dans l'acception fiscale
du
mot),
donc
de
parques qui sont
connus sous
le
nom de
zeugaratoi; d'autres
qui
sont des
boidatoi,
donc qui possdent
un
boidion (unit
conomique et
fiscale qui
corres-
(8:i) CI". Ostrogorskij.
i:(8.
(84) Ci.
Ostrogorskij, 10.-104 ().
(85) Nietas
Choniate (272
Bonn) affirme que Manuel
Ier
Comnne pourvoyait
l'entre
tient
e
son
anne
-
.
Cf.
aussi
l'exemple
dj
cit
du
document de
Lavra
de
1184 (G. Rofillard-P. Coli.omp,
loe.
cit.,n0
47, 1.
54-57) o il est dit
que
le paradots de
Moglna
livra
(-) aux
Koumans
deux parques
titre
de pro-
noia. Pour
la
date
du
document
et l'interprtt ion du passage qui nous intresse voir G. Ostro-
gorskij 48 et suiv.; dans
la
restitution
du
passage propose par Ostrogorskij, le mol
,
attest
par la copie du document, doit
tre
retenu.
Cf. F.
Dlgeh,
, Ein
Beilrag
zur
byzantinischen
Lexikographie ,
Sitzungsberichte
der Bayer.
Akod.
d. Wiss., Phil. Hist.
Klasse
1959. Heft
9 (Mnchen, 1959).
8H)
Pour
les divers
sens
du mot zeugarion
voir rcemment
V.
Mosin.
'
voprosu
servaze Vizantii)
,
Annales
de VInstitut Kondakov X
(1938), 120-121:
cf.
aussi
Kazdan
141-1V2.
Des
conclusions
de
Mosin. celles concernant le
-ont
a
corriger
suivant rinlerpr(;ition
de
< . Ostrogorskij. l'vi.
n. 1.
-
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14/19
170
REVUE
DES TUDES
BYZANTINES
pond aux biens exploits par
un
paysan possesseur d'un
boidion,
c'est--dire
d'un
seul buf de labour). Ensuite viennent les aktmones
qui
sont
des
parques
qui n'ont
pas
de
biens fonciers
ni du gros
btail
(zeugarion
ou
boidion)
mais
qui possdent d'autres animaux, p. ex.
des nes (87).
Enfin viennent
les aporoi, terme qui n'est pas encore
rpertori
dans
les
tudes
de
nomenclature
des
diverses
classes
de
paysans (88), qui
sont
probablement des
parques sans
aucune
ressource
et qui ne sont imposables que pour
leur personne.
La caractristique
de
cette
classification
c'est qu'elle
est
faite d'aprs
la
puissance cono
mique
de
chaque parque, suivant laquelle le tlos qui devait grever
chaque foyer pouvait tre prcis (89).
Nous
pouvons
examiner
maintenant l'aspect du
praktikon
incorpor
dans la
prsente
paradosis. Nous avons dit
qu'il
est comparable
aux praktika connus. Ce qui
est
vrai,
une
nuance
prs :
la
formule
que
nous tudions n'tant
pas
complte.
Le
rdacteur,
suivant
l'habi
tudedes
fonctionnaires
byzantins, commence par
l'numration
des
personnes qui appartiennent chaque foyer, puis
continue
par le
btail et
s'arrte
l.
Normalement
on
attendrait
dans la suite l ind
ication
des vignes, des vergers, des potagers,
de
la
terre arable et enfin
de
la
somme de l'impt par
laquelle est
gre\^ le foyer (90).
Tout
cela
ne
s'y trouve
pas et ce
fait
semble
d'autant
plus curieux
que
nous
savons que la donation d'une pronoia tait calcule d'aprs le revenu
du
pronoiaire, c'est--dire d'aprs
la
nomismatik posots
tes
oikono-
mias,
ou
de
la
prosodos
de
la
donation
(91).
Or
ces
termes,
trs
courants
dans
les documents
ayant
rapport
la
pronoia,
ne sont
mme
pas
mentionns dans
notre
formulaire. Comment expliquer cette omis
sion
La premire explication qui
saute
aux
yeux, c'est
que le
rdacteur
(87) Le contenu du
terme akimon
nous csl connu grce au
praktikon
d'Andronie
Doukas
de l'an 1073
(MM VI,
4-15).
Cf.
le commentaire de G. Ostrogorskij, 305-309, et, plus rcem
ment,
M.
Frkjdenbkrg,
Aktimony ,
dans
Sov. Istor.
Encicl. I (1961), 1412-313.
(88)
Cf. F.
DLGEit,
Die Frage
des
Grundeigentums
in
Byzanz
,
dans
BEurSi,
227;
G. Ostrogorskij,
330
et
suiv.
(89) Comme Ostrogorskij,
310
l'a
remarqu,
la
majorit
des
praktika byzantins
des
xm-xiv
sicles
ne
connaissent
plus cette
classification
pour
les
paysans attachs
la
glbe.
Signalons
pourtant
que
dans le
prostagma
d'aot
1234 (MM
IV,
182 = Dluer,
Regesten
1740) l'empereur ordonne son oikeios, duc
des
Thracsiens Constantin
Laskaris de
se rendre
sur
les
terres
du couvent de Lembos, de procder
la
recension
des
parques qui
s'y trouvent,
de
les
classer
suivant leur situation
en
zeugaratoi
et bodatoi (
. ) et de prciser
.
(leg.
)
.
Doit-on V
voir
encore
un indice pour la
datation
de notre document'.''
(90)
Cf. Oslrogorskij,
113.
(91)
Ostrogorskij,
104-105
et
passim.
-
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15/19
.
OIKONOMIDS
: LA
PRONOIA
AU
XIIIe
SICLE
171
de
la
formule lui a donn une forme sommaire
en ce
qui concerne le
praktikon; c'est l une explication plausible, puisque, dans
son
enumeration, le rdacteur suit l'ordre des autres praktika et
il s'arrte
aprs
l'indication
du
btail.
Cette
explication
peut
tre
accepte
pour
justifier
le manque d'indication des
autres biens
des parques
(terre etc.). Mais
la
mention essentielle
de
la
posots ne pouvait
jamais
tre
omise dans
un praktikon de pronoiaire,
vu
que la
posots tait
l'objet mme de
la donation
impriale.
Malheureusement, nous ne connaissons aucun
document qui
puisse
tre directement compar au formulaire
du
Vaticanus 867. Bien sr.
l'existence de praktika par
lesquels
on confirmait les
cessions
des
pronoiai,
appels aussi
stratiotika
praktika (92),
est un
fait
tabli
d'une
manire
indirecte
par plusieurs sources.
Mais
il
est galement
\^rai
que
nous
ne
connaissons
qu'un
seul
exemple
de
praktikon de
pro
noiaire
qui soit
dit : c'est
le praktikon dlivr
en janvier
1333
Michel Monomaque par le protokyngos
Jean
Vatatzs (93). Encore
faut-il signaler
qu'il
ne s'agit
pas, proprement
parler, d'un prakti
kon
e
pronoiaire;
ce
document
avait
t dlivr au moment o
Michel Monomaque reut
en
proprit hrditaire deux villages prs
du
Strymon,
villages qui lui
avaient
t
accords auparavant
titre
de
pronoia. La
chrysobulle imprial
qui ordonnait
Jean
Vatatzs
de
procder
cette
donation, prcisait
que
celle-ci consistait confrer
Monomaque,
en
proprit hrditaire
et
sans
obligation
de service,
une
rente de 50 hyperpres
(posots). Ce
revenu
est
minutieusement
analys dans le praktikon
de Jean
Vatatzs. G. Ostrogorskij, dans
son
tude sur
les
praktika byzantins
(94),
constate que la
rente
exige des
parques
de
Michel Monomaque est
de
loin
infrieure
aux taux d'impos
ition ui nous sont connus par les autres praktika
byzantins
de
la
mme poque. De cette constatation,
il
a t
amen
la conclusion,
trs vraisemblable, d'ailleurs, que
Jean
Vatatzs
avait pris
pour base
de
ses
calculs les taux par lesquels les biens taient
grevs
quand ils
taient sous
le
statut
de
pronoia.
Comme G.
Ostrogorskij
l'a
remarqu,
le
fait
que le
praktikon de
Michel Monomaque
soit
le seul
praktikon de
pronoiaire
dit,
impose
de grandes rserves
en ce
qui concerne les conclusions gnrales
qu'on
pourrait
en tirer.
Il se peut
que la diffrence dans l'chelle
de l'impo-
I-.I2)
MM IV. 70 (1257).
(93)
W.
Recel-.
Ki/rtz-B. Korablkv, Actes de Zographou, Frilozenije au XIIIe
volume
le
I'
'izarttijskij
fremrnnik
(11HI7), n
2l.i.
l'.r't Oslru'inrskii. :: 7 cl
suiv.
> 112-11.'..
-
7/23/2019 article_rebyz_0766-5598_1964_num_22_1_1322
16/19
172
REVUE
DES TUDES BYZANTINES
sition soit
due
au seul fait que
Jean
Vatatzs ait voulu
favoriser
Michel Monomaque. On
pourrait,
d'autre part,
se
demander
si cette
diffrence dans
l'tablissement
de
l'assiette
de
l'impt n'est pas
la
consquence d'obligations militaires qui grevaient les parques soumis
des
pronoiaires (95).
Quoiqu'il
en soit, nous devons souligner que le
praktikon
de
Monomaque
nous
donne
peut-tre
les
taux
par
lesquels
les parques
du
pronoiaire taient imposs, mais il
n'a
pas forcment
la forme exacte d'un
praktikon de
pronoiaire, tant donn
qu'il
a t
rdig l'occasion de
la
transformation de
la
posots de
la pronoia en
proprit hrditaire.
Une deuxime
omission
que nous constatons dans notre formule,
c'est le
manque de
toute indication concernant la terre que nous
pouvons appeler seigneuriale , c'est--dire, la terre qui est (provi
soirement)
accorde au pronoiaire pour qu'elle
soit
exploite son
profit
par
les
parques
qui
lui
taient
allous
en
pronoia.
L'existence
de
cette terre dans
les
domaines
de
pronoiai nous est
bien
connue (96).
C'est cette
deuxime
omission
qui nous permettra
d'expliquer
la pre
mire : le manque d'indication
de
la posots. Mais avant
tout
raiso
nnement, examinons de nouveau le but pour lequel notre
formule
a t
rdige.
Nous avons, en effet, constat plus haut
qu'elle
est cense tre uti
lise par un fonctionnaire subalterne qui
avait
reu
du
gouverneur
du
thme l'ordre
d'attribuer
des parques aux pronoiaires.
Retenons
encore
qu'elle
est
contenue
dans
un
formulaire
d'actes notariaux,
dont
un
grand nombre est de
caractre
priv. Par
consquent,
le
rdac
teur
'un
document
qui
se
baserait sur notre formule, agirait
un che
lon nfrieur
de
la
hirarchie
: ce
serait
un notarios
ou
un prtre
qui
(97),
possdant un
minimum
d'instruction,
serait charg de
reprsenter le
gouverneur de
la
rgion
dans
son village.
Cet
arrangement prsen
terait l'avantage considrable
que le fonctionnaire
en
question, se
trouvant sur place, connaissait la situation des parques
de
la
rgion
et
qu'il
tait
mme
d'en dresser une
liste prcise,
sans que la pr
sence
sur
place
du
gouverneur
ait t
ncessaire.
Mais
ce fonction-
(95)
Cf.
MM
V, 81
:
;
MM VI, 212 :
...
. .
((.)(j) (}. Oslrogorskij, 7 el suiv.
(97)
Dans la
meine
collection de
formules notariales nous rencontrons (n 15, Ferrari, 14)
un
.
Dans ce document l'metteur,
qui
semble tre un haut
fonction
naire,emet
l'energeia (c.--d.
la
perception des
impts) d'une rgion
|
|un
prtre (-
[).
Le mol de cette formule rappelle le terme de
la
1.
7 de notre
docu
ment.
-
7/23/2019 article_rebyz_0766-5598_1964_num_22_1_1322
17/19
>T.
OIKONOMIDS
: LA
PRONOIA
AU XIIIe SICLE
173
naire
subalterne ne
pouvait prendre
aucune
initiative pour prciser
la somme
de
l'impt; sa juridiction s'arrtait la remise des parques
au pronoiaire, et par consquent le praktikon paradosos
qu'il rdi
geait,
praktikon
dont
la
formule
nous
est
conserve
dans
le
Vaticanus
867, avait un
caractre
provisoire. Le praktikon dfinitif devait
comporter tous les lments dont
nous
venons de constater l'omis
siont tre sign par le fonctionnaire responsable de
la rgion,
c'est-
-dire par le duc ou le stratopdarque ou le paradots.
En
nous basant
sur
ces donnes, nous proposons
la procdure
su
ivante pour
expliquer
les problmes
que
pose notre document
:
Premier stade : l'administration centrale assigne au stratiots ( = pro-
noiaire,
qu'il
soit soldat ou
dignitaire)
un certain nombre
de
zeugaria
units
fiscales
dont
le
revenu annuel
est approximativement le
mme
que la posots
(=
la rente) qui est accorde au stratiots en
question. Dans
le prostagma
imprial de donation est prcis
l'endroit
o
ces
zeugaria seront
remis.
Deuxime stade : le
bnficiaire se prsente aux agents de
l'admi
nistration provinciale; un fonctionnaire
subalterne
qui connat
bien
la
situation du
moment, lui
remet,
d'aprs
notre document,
un certain
nombre de parques
et
du cheptel qui
leur appartient,
le tout calcul
pour
complter
le nombre
de
zeugaria
prvu
par le prostagma imprial.
Comme il
est
normal, ces
parques
sont
pris
parmi
les
paysans
soumis
au contrle
de
l'tat; prcdemment ils ont appartenu un autre
pronoiaire. Le fonctionnaire subalterne rdige un
praktikon
paradosos
(notre document
en est
le
type)
o
il
numre
en
dtail les
parques
qu'il
a remis, fait tat
de
la
situation de chacun
et, le
cas
chant,
se
rserve
de
complter
le nombre de zeugaria assigns au pronoiaire.
Le troisime
stade
de
la
procdure se passe un chelon plus
lev
de
la
hirarchie. Selon toute probabilit, le duc
(ou
le stratopdarque
ou
le
paradots) de
la
rgion attribue les parcelles
qui
constitueront
la terre seigneuriale et prcise la somme que chaque parque devra
verser comme rente son pronoiaire.
A
cette occasion
il
doit, selon
toute
probabilit,
rdiger un autre praktikon (ou bien complter le
mme) ou figureront tous les biens qui constituent
la
pronoia,
savoir le
revenu
annuel (
nomismatik
posots) que le pronoiaire en
tirera et, peut tre, les obligations
de
service militaire ds par
ce
pronoiaire l'tat.
Cette procdure,
assez complique en
soi, devient
comprhensible
si
l'on pense que le problme essentiel
de
toute l'conomie
agraire de
-
7/23/2019 article_rebyz_0766-5598_1964_num_22_1_1322
18/19
174
vue
des
tudes byzantines
Byzance
tait un problme
de
main-d'uvre
(98). Ni l'administration
centrale, ni le duc du thme
ne
pouvaient connatre
la
situation exacte
de chaque parque, situation qui tait sujette des changements.
Rien que la mort d'un buf diminuait considrablement la fortune
d'un
paysan et
surtout
diminuait son rendement en tant
que
cult
ivateur.
Pour
cette raison,
l'administration
centrale
faisait
un
premier
calcul global
en
zeugaria fiscaux, qui servait de base au fonctionnaire
local pour
l'attribution de
la pronoia.
Celui-ci
devait procder
l attr
ibution
de
parques suivant une quivalence qui lui
permettait de
connatre de combien de parques
bodatoi,
aktmons ou aporoi
il
fallait
pour
la
posots de chaque zeugarion
(99). Nous connaissons
d'une faon trs insuffisante
(100) cette
concordance
mais
nous pou
vons supposer qu'elle tait base
sur
l'impt que payaient
ces
diverses
catgories
de
parques. L'attribution une fois
faite,
le fonctionnaire
rdigeait
un
praktikon
o
il
numrait
avec
prcision
le
principal
lment de
la
donation impriale
: la main-d'uvre
(
).
Pour
ce
qui
est
de
la terre, le duc
de
la
rgion pouvait
lui-mme
assigner au pronoiaire
les
parcelles disponibles.
* *
Ces conclusions tires de
notre
document,
en
partie
hypothtiques,
n'ont
pas la
prtention
d'tre
valables pour les
quatre
sicles
pendant
lesquels
le
systme
de
la
pronoia
fut
en
vigueur
Byzance. Durant
cette
priode, les modalits de
l'attribution
des pronoiai
ont
probablement
vari selon les besoins du moment
et
les changements
survenus dans
le systme
administratif de
l'empire. Il est
prfrable,
par consquent,
de ne point
gnraliser
nos conclusions qui peuvent tre valables pour
le milieu
du
xine
sicle
et pour une
rgion de
l'Empire. Une
srie
d'indices que
nous
avons dj
mentionns
(cf.
l'tude de
la titulature)
nous invitent remonter
la
date
de
rdaction
de
notre formulaire au
(98)
Cf.
G.
Ostro
-
7/23/2019 article_rebyz_0766-5598_1964_num_22_1_1322
19/19
,
OIKOKOMIDS
: LA
PRONOIA DU XIIIe SICLE 175
rgne
de Jean
Vatatzs et
de
le mettre en
rapport
avec
les
grandes
distributions de
pronoiai qui
ont
marqu le rgne
de
cet empereur (101).
Ces rserves
ne
diminuent pas l'importance du document que nous
venons
d'tudier.
Nos connaissances
sur
le
systme
de
la pronoia
sont
en
grande partie
bases sur
des
renseignements
occasionnels. Aucun
titre
de
possession
n'est
parvenu
jusqu'
nous; ce qui est comprhensi
ble
ar
les
donations
de
pronoiai taient en principe faites titre
viager et
non
titre
hrditaire. Par consquent, le pronoiaire une fois
mort, ces titres
n'avaient
plus
de
valeur.
La
formule
du Vaticanus 867
vient combler
en
partie cette importante lacune de notre document
ation.
N. Uikonomids.
(KM) l'f. R. Cii.YKAT'.i-AiiRwi-ii.iR,
La politique agraire
des empereurs de Nire
Hyzmiiion XXVIII (l'.)58),
51-(
i:'>5-i:u>.
qui
signale d'aprs
la
premire dition
dTspenskij
l'existence de
la formule
et
la
date
de cette poque
,
c.--d. du rgne
de Jean
Yalatzs,
il f>9,
n.
1.