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    Nicolas Oikonomids

    Contribution l'tude de la pronoia au XIIIe sicle. Une formule

    d'attribution de parques un pronoaireIn: Revue des tudes byzantines, tome 22, 1964. pp. 158-175.

    Citer ce document / Cite this document :

    Oikonomids Nicolas. Contribution l'tude de la pronoia au XIIIe sicle. Une formule d'attribution de parques un pronoaire.In: Revue des tudes byzantines, tome 22, 1964. pp. 158-175.

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1964_num_22_1_1322

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_rebyz_81http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1964_num_22_1_1322http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1964_num_22_1_1322http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_rebyz_81
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    CONTRIBUTION

    A

    L TUDE DE

    LA

    PRONOIA

    AU

    SICLE

    UNE

    FORMULE D'ATTRIBUTION DE

    PARQUES

    A

    UN PRONOIAIRE

    La collection des formules notariales

    du

    codex

    Vaticanus gr. 867,

    publie

    en

    1912

    par

    G.

    Ferrari

    (1),

    contient

    plusieurs

    modles

    d'actes

    qui

    prsentent un grand intrt

    pour

    l'tude

    de l'histoire

    intrieure

    de

    Byzance. La valeur

    de

    ces

    documents

    consiste dans le fait qu'ils sont

    des

    formulaires,

    rdigs

    de faon

    ce

    qu'ils puissent tre

    appliqus

    dans un maximum

    de

    cas,

    sans

    tre influencs par

    les

    modalits que

    des conditions spciales imposent

    la

    rdaction d'un document prcis.

    Les formules prsentent la

    synthse des traits

    essentiels

    qui de\^aient

    tre pris en considration

    pendant

    la

    rdaction

    d'un acte, tel que

    nous

    le rencontrons

    dans

    les archives

    byzantines.

    Le manuscrit a

    t copi

    en

    1259 (2),

    date

    qui

    peut

    nous servir de

    terminus ante

    quem

    pour

    la

    chronologie

    du recueil

    des

    formules

    notar

    iales. D'autre part,

    la mention

    de Vabiotikion (3), taxe qui, nous le

    savons bien,

    apparat dans

    les documents l'extrme

    fin

    du

    xine

    sicle

    (4),

    nous

    montre que la constitution

    de

    l'ensemble

    de

    la

    collection

    ne

    peut pas

    tre

    de beaucoup antrieure l'anne 1259.

    En tout cas, cette

    datation de

    l'ensemble

    signifie

    que les formules

    contenues dans

    la

    collection taient

    en

    vigueur

    l'poque de sa consti-

    (1) G.

    Ferrari.

    Fonmilari

    Notarili

    inediti dell'

    et

    bizantina

    ,

    extrait

    du Bullettino

    d-elV

    I

    tituto

    Stori.ro

    Ilaliano, n

    33, Roma 1912 (cit

    :

    Ferrari).

    (2)

    Cette date

    est

    donne

    par

    le

    copiste

    au

    folio

    187r;

    elle est

    sans doute

    retenir

    puis

    qu'une

    autre main a ajout ensuite

    des

    calculs

    des

    cycles pascal, solaire

    et lunaire des annes

    1260, 1261, 1262, 1263. Le

    manuscrit a

    t recopi par plusieurs

    mains.

    Ferrari, 1 Je consi

    dre comme tant

    du

    xine

    sicle,

    tandis

    que

    Dlger {By . Zeitschr.

    XXXVIII

    (1938)

    208)

    propose le

    xivc, videmment pour

    justifier

    la

    prsence dans le formulaire de Vabiotikion.

    (3 ) F errar i, 12-13, 15.

    (4)

    Cf.

    F. DLER, Aus den

    Schatzkammern

    des Heiligen

    Berges,

    Mnchen 1948 (cit

    :

    Dlger,

    Schatzkammern),

    n

    22,

    1.

    4-5

    et

    A.

    P. Kazdan,

    Agrarnyje otnosenija Vizantii

    Xlll-XIV

    vv. Moscou

    1952

    (cit : ai dan),

    94-95;

    surtout

    P. Lemerlk,

    Un chrysobulle

    d'Andronic II

    pour

    le monastre

    de

    Karakala

    ,

    dans Bull. Corr.

    Hell.,

    LX, 1936, p. 440-442.

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    .

    OIKONOMIDS

    :

    LA PRONOIA AU XIIIe SIECLE 159

    tution,

    et

    non

    point

    qu'elles

    taient rdiges cette poque-l. Par

    consquent,

    chaque texte doit

    tre tudi

    sparment parce qu'il peut

    avoir

    ses

    origines

    une

    poque antrieure

    la constitution

    de

    la

    collection

    elle-mme.

    Le

    texte

    n

    8

    (f.

    35 du manuscrit),

    qui fera l'objet

    de

    cette note, est

    intitul : Attribution de parques un stratiote par le duc d'une rgion (5).

    Le

    titre est suggestif :

    nous savons actuellement

    que

    le mot stratiots

    signifie

    le

    pronoiaire

    (cf.

    infra). C'est donc

    dans ce

    contexte qu'il

    faut

    examiner le

    document.

    Ce texte a t dit pour

    la

    premire fois par Thodore Uspenkij (6),

    malheureusement aprs

    l'dition

    de son

    travail sur la

    pronoia byzant

    ine

    t

    slave (7).

    Uspenskij, dans le commentaire dont

    il accompagna

    son dition

    (qui,

    d'ailleurs, comportait de

    mauvaises

    lectures) n'a

    pas

    mis

    le

    texte

    en

    relation

    directe

    avec

    le

    systme

    de

    la

    pronoia,

    si

    bien

    que,

    depuis,

    il

    n'a pas t

    utilis

    dans

    les ouvrages s'y

    rapportant;

    mme le livre de

    G.

    Ostrogorskij,

    qui

    constitue actuellement

    la

    base

    de nos

    connaissances

    sur cette institution (8), n'y

    fait aucune allusion.

    Notre texte

    comporte,

    pourtant,

    des

    renseignements

    intressants et

    il

    mrite,

    croyons-nous,

    une tude spciale.

    Dans les

    pages

    qui suivent nous donnerons

    d'abord

    une dition

    critique

    du

    formulaire

    (9) et nous

    en

    proposerons une traduction. Le

    commentaire viendra ensuite.

    TEXTE

    ouy.0;

    ;

    (10)

    (11),

    -

    (5 ) F errar i, 10 cf. 81-83.

    (6) Th. Uspensru, < Vizantijskie

    zeinlemery

    ,'

    Trudy

    V I go archeologiceskogo

    Sjezda

    1884, vol.

    II

    (Odessa

    1888).

    .'.{34-335

    (p.

    63-4

    du

    tir

    part).

    (7) Th.

    Uspen'sku,

    Znacenije vizantijskoj i

    juznoslavjanskoj

    pronii,

    Sbornik statej

    po

    slavjanovedeviju, sostavlennyj i izdannyj ucenikami

    V.

    I.

    Lainanskogo, S. Petersbourg

    1883,

    1-32.

    (8)

    G.

    Ostrogorskij, Pour l'histoire

    de

    la fodalit

    byzantine, Bruxelles 1954

    (cit : Ostrog

    orskij). Je n'ai pas pu consulter l'ouvrage de B. T. Gorj amov, Pozdiievizantijskij jeodalizm ,

    Moscou 1962.

    (9)

    Cette

    dition est base sur une

    nouvelle

    lecture du Vaticanus

    gr.

    867, f, 35r. Nous

    avons signal dans l'apparal

    les

    lectures

    du manuscrit (V)

    et les

    lectures

    de Ferrari (F)

    - de

    tspenskij (L ).

    (

    10

    T?,c

    oui. ,

    ()

    () Vf.

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    160

    REVUE DES TUDES

    BYZANTINES

    (12) (13)

    -

    (

    (14) )

    ,

    5

    (15)

    ( (16)

    ).

    ,

    '

    (17)

    -

    (18)

    (

    (19)

    ) (20) (21)

    (22)

    10 (23) (24), -

    ,

    (25) (26),

    .

    (27) : ,

    ,

    ,

    ' ,

    , (28)

    '

    15

    ,

    ,

    ,

    ,

    (29),

    ,

    ,

    ( (30)

    (31)

    ).

    20

    6

    ,

    .

    .

    (12)

    Dob. .

    (13)

    U.

    (14)

    F.

    (15)

    U.

    (16) VUF.

    (17)

    ( )

    V;

    UF.

    (18)

    VUF.

    (19)

    oui. UF.

    (20)

    F.

    (21)

    oui.

    U;

    F.

    (22)

    U.

    (23) Del),

    .

    (24)

    F.

    (25)

    U.

    (26)

    F.

    (27)

    /

    , ... ... ...

    U.

    (28)

    F.

    (29)

    i dalee perepis senicj

    i

    imuscestva

    U.

    (30)

    U.

    (31) F.

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    .

    OIKONOMIDS

    :

    LA PRONOIA

    AU XIIIe SICLE 161.

    TRADUCTION (32)

    Attribution (33) de

    parques

    un stratiote par

    le

    duc d^une rgion.

    Le

    prsent

    mois

    un

    tel

    de

    Findiction courante une

    telle,

    de

    telle

    anne,

    nous a t prsent

    un

    prostagma

    divin, adorable et

    imprial

    par

    le

    megalodoxotatos

    (ou tel

    autre

    [ prdicat],

    selon sa dignit) sieur

    un

    tel,

    dont voici littralement la

    teneur

    (ici

    il

    faut insrer le pros

    tagma).

    Suivant

    la

    teneur de

    ce

    prostagma

    imprial et suivant la

    juridiction nous accorde par notre saint seigneur (34) et le

    pans-

    baste sbaste et duc

    (ou

    stratopdarque ou paradots) de tel thme pour

    l'attribution [de

    biens] ceux qui nous prsentent des

    prostagmata

    divins et

    impriaux,

    nous avons attribu [ce mme] un tel, tant de

    zeugaria

    dans

    le

    village

    un

    tel,

    savoir

    de

    la

    pronoia

    d'un

    tel.

    Dans le village d'un tel :

    un

    tel [parque] ; il a une telle [femme] (35),

    un

    fils

    un tel, une belle-fille [femme de son fils] une telle, une

    fille

    une

    telle, un gendre [mari de sa

    fille] un tel; deux (ou

    tant) de zeugaria,

    tant [de

    ttes] d'arga,

    tant de

    brebis,

    tant de

    porcs.

    Un

    tel [parque] (36) qui a telle [femme], tel fils ou tel

    autre

    et tel

    autre;

    il

    a aussi a et a

    (des

    zeugaria, ou bien [il

    est]

    boidatos (37),

    ou aktmon, ou aporos).

    il reste

    encore

    attribuer au susdit [stratiote]

    tant de

    zeugaria, qui

    lui seront remis quand on

    en

    trouvera.

    Mois et indiction une

    telle.

    Et le fonctionnaire signe.

    (32)

    Notre

    texte, tant une formule, comporte

    plusieurs phrases elliptiques. D'autre

    part,

    l'emploi eonlinu du pronom

    rend encore plus

    difficile la

    traduction.

    J'ai t

    amen

    ajouter entre crochets quelques mots qui m'ont paru indispensables

    pour

    l'intell

    igence

    u texte ne serait-ce que pour montrer d'une

    faon

    claire l'interprtation

    que j'en

    propose.

    (33)

    (Test le mot

    qui

    me semble rendre mieux en

    franais le

    grec - sur

    le sens

    exact duquel

    cf.

    infra.

    (34)

    L'expression

    saint

    seigneur

    peut se rapporter

    l'empereur

    aussi bien qu'au

    pans-

    baste

    qui

    est mentionn ensuite. Bien que

    la

    conjonction et

    la

    disssocie nettement

    de

    ce

    qui

    suit,

    je

    l'ai

    garde

    dans

    la

    traduction

    pour

    ne

    pas m'loigner

    du

    texte

    grec.

    (3 5) Malgr la forme

    que

    le

    manuscrit atteste, il me semble sr, d'aprs une

    mul

    t itude

    d'exemples que

    donnent

    les praktika

    byzantins,

    que c'est la mention

    de

    l'pouse du

    parque qui

    suit

    le

    verbe

    /. La forme erronne est videmment due

    l'incoh

    rencee

    l'emploi

    de ce pronom pendant le

    inoyen-'ge,

    surtout

    parce

    qu'il est

    d'habitude

    crit

    en abrg.

    (38)

    L'accusatif est. surprenant: il dpend

    du verbe

    - de

    la

    1.

    10.

    (37) Encore une incohrence de la syntaxe :

    de

    Remuneration du cheptel (zeugaria), le

    rdacteur passe

    une liste de

    classes

    de parques, exprimes par des adjectifs qui les qual

    ifient d'aprs leur situation conomique. En effet, on peut possder plusieurs zeugaria mais

    si l'on est boidatos (cf. infra) c'est qu'on ne

    possde qu'un

    seul bceuf de labour

    :

    avec un

    deuxime

    un forme

    automatiquement

    un zeugarion.

    11

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    6/19

    162

    REVUE

    DES TUDES BYZANTINES

    COMMENTAIRE

    A. La

    titulature.

    Nous

    nous

    proposons d'examiner

    d'abord les

    titres qui sont ment

    ionns

    dans

    notre

    document; c'est

    une tude

    qui

    nous donnera

    cer

    tains indices pour

    la date approximative

    de sa

    rdaction.

    En

    effet,

    l'expression

    duc ou

    stratopdarque

    ou paradots de

    tel

    thme

    (1.

    8-9)

    est caractristique : nous savons que le [titre

    de STRATO

    PDARQUE (38) suivi de l'indication

    du

    thme

    dans

    lequel il exerait

    son autorit, n'est attest

    que

    sous

    l'empire

    de Nice

    (39). Du xe

    au

    xiie

    sicles les sources mentionnent les stratopdarques de tout

    l'Orient

    ou

    de

    tout l'Occident mais

    la

    premire moiti

    du

    xme

    la

    juridiction

    de

    ces

    fonctionnaires

    est

    beaucoup

    plus limite. En mars

    1235, par exemple, Michel Phokas tait stratopdarque

    du thme

    des

    Thracsiens

    et

    de

    Philadelphie (40).

    D'autre

    part,

    la

    mention

    du

    stratopdarque et paradots

    du

    Maiandre,

    Thophane,

    qui

    a d exercer

    ses fonctions avant

    1249

    (41), et le sceau

    de

    Manuel Lykats,

    strat

    opdarque et duc de Malagina (42), rappellent naturellement, par

    l'accouplement

    des titres, l'numration (duc,

    stratopdarque,

    para

    dots) de notre document. Donc,

    ce dernier

    a d

    tre rdig pendant la

    premire moiti

    du

    xnie sicle;

    d'autant

    plus que,

    sous

    le rgne

    de

    Thodore II

    Laskaris (1254-58), le

    titre

    de grand

    stratopdarque

    fera

    son apparition

    et,

    dsormais, nous

    rencontrerons celiaut

    fonctionnaire

    ainsi

    que

    ses

    subordonns,

    les

    stratopdarques

    des

    monokaballoi,

    des

    tzaggratores, des

    mourtatoi

    et des tzakones, tandis

    que

    les

    stratop

    darques des thmes disparatront des sources (43).

    Les

    autres

    titres

    mentionns

    dans le

    mme

    passage, prsentent

    beaucoup

    moins d intrt pour notre

    enqute.

    Le DUC

    d'une

    rgion

    en

    (38) R.

    Gijilland,

    tudes

    sur l'histoire

    administrative

    de l'empire

    byzantin :

    le strat

    opdarque et le grand stratopdarque , Byz. Zeitschr.

    XLVI

    (1953), G2-90.

    (39)

    R. Guilland, loc cit.,

    70.

    (40)

    F.

    Miki.osich-J.

    Mpller,

    Acta et diplomata (cit : MM) IV,

    5,

    18, 19, 206.

    Cf. F. Dii.-

  • 7/23/2019 article_rebyz_0766-5598_1964_num_22_1_1322

    7/19

    .

    OIKONOMIDS

    : LA

    PRONOIA

    AU

    XIIIe

    SICLE

    163

    est le gouverneur (44). Le PARADOTS est le fonctionnaire charg

    de

    la

    rpartition et

    de

    l'attribution de terres des particuliers aussi

    bien

    qu' des soldats;

    il

    porte souvent le titre, beaucoup mieux connu,

    d'apographeus (45).

    Les

    apographeis

    du

    xive

    sicle

    qui

    sont

    chargs

    de

    (46) sont des

    paradotai

    de pronoiai, comme l'indique l'expression caractristique

    postes oikonomias.

    Ce

    qui

    ne choque point,

    puisque, dj

    en

    1184,

    du thme de Moglna,

    avait livr des parques

    en

    pronoia des soldats Koumans (47). Une taxe appele paradotikion

    (donc rmunration

    du paradots)

    devait

    tre touche en

    1234

    par le

    duc des

    Thracsiens

    Jean Kourtiks qui

    allait

    procder

    la

    paradosis

    d'un

    terrain

    au couvent de Lembos;

    finalement

    l'attribution

    du

    terrain

    fut

    faite par le de Smyrne Jean

    Alopos,

    qui

    dans

    sa

    signature

    ajouta

    sa

    qualit

    de

    /

    (48).

    La dignit de

    (PANSBASTE) SBASTE (1. 7-8),

    trs leve

    la

    fin

    du xie sicle, avait beaucoup perdu de son prestige

    l'poque qui nous

    intresse,

    mais elle tait souvent attribue des gouverneurs

    de

    thmes (49). Le

    MEGALODOXOTATOS (1. 3-4),

    qui est un de ces

    prdicats honorifiques qui pullulent dans les sources

    la fin

    de

    l'Empire,

    sera

    examin

    de plus prs;

    car c'est un titre peu

    connu,

    attribu par notre document au bnficiaire de

    la

    pronoia.

    En

    outre,

    son

    tude

    prsente

    un

    certain

    intrt

    pour

    la

    datation

    de

    notre

    formulaire.

    Dj

    au

    dbut

    du

    xe

    sicle, nous rencontrons l'adjectif mgalodoxos

    attribu par

    la

    chancellerie impriale aux rois trangers (50) ou bien

    par le patriarche

    l'archonte

    de Bulgarie

    (Symon)

    (51); htons-nous

    (44)

    E. Stein, Untersuchungen zur sptbyzantinisehen

    Verfassungs-

    und Wirtschafts

    geschichte

    ,

    Mitteilungen

    zur

    satanische

    Geschichte

    II, H.

    1 u. 2,

    21-24.

    (45)

    E.

    Stein, loc. cit., 17, n.

    1.

    (4fi) L. Petit,

    Ades de Xenophort, Prilozenije au Xe

    volume de

    Vizanlijskij Vreinennik

    (1908), 43, 49 et

    suiv.

    ; W. Regel, E. Kurtz, . Korablev, Ades de Zographou, Prilo:. au

    XIIIe

    volume de

    Viz.

    Vreni. (1907)

    35;

    F.

    Dlgkr,

    Sechs byzantinische

    Praktika des

    14.

    Jahrhunderts

    fr

    das

    Athoskloster

    Iberon, Mnchen

    1949,

    35, 54, 93,

    etc.

    (cit

    :

    Dlger,

    Praktika) .

    (47)

    G. Roiu.i.ard-P. Coi.lomp,

    Actes

    de Lavra I

    (Paris

    1987), n

    47. Pour la

    date du

    docu

    ment

    voir ( )slrogorskij, 4 fi

    et

    suiv.

    (48) MM

    IV, 14fi,

    150.

    Cf.

    F. Dlger, Zum Gebhrenvcesen der

    Byzantiner

    dans

    Byzanz

    und

    die

    europische Stnatenwelt (cit

    :

    Di.ger,

    BEurSt), 251.

    (9) E. Stein, loc. cit., 30 el

    suiv.

    Voir, en dernier

    lieu,

    L.

    Stiernon,

    Xotes de Tilulature

    et de Prosopogra phi.e byzantines. 79.

    |51)

    P(i 111,

    0

    Y. CiRi'MKi..

    Les

    regestes des actes

    du patriarcat

    de

    Constantinople,

    1. Les a/les les

    Patriarches

    u|t' :

    G

    iu mi; i,, Rrgesles\. 28 (901-907).

  • 7/23/2019 article_rebyz_0766-5598_1964_num_22_1_1322

    8/19

    164

    V U

    E

    DES

    TUDES BYZANTINES

    de

    dire que ces

    emplois

    n'ont

    rien de

    commun

    avec l'attribution des

    prdicats

    mgalodoxotatos^

    mgalpiphanstatos

    etc. qui accompagnent

    les titres de

    noblesse

    des dignitaires des Comnnes. A

    partir

    du

    xiie sicle,

    ces titres avec leurs

    prdicats

    (ou

    mme les prdicats

    seuls)

    reprsentent une

    place

    prcise dans la hirarchie, et

    correspondent,

    en

    quelque

    sorte,

    aux ,

    que

    le

    kltorologion

    de

    Philothe nous

    a

    fait

    connatre

    la fin du

    ixe sicle. Pour

    nous

    faire

    une

    ide

    du contenu du prdicat

    mgalodoxotatos, nous avons

    cru

    utile

    de

    dresser le tableau suivant o l'on

    trouvera

    un certain nombre

    de mentions de mgalodoxotatoi des xne-xiiie sicles, avec l ind

    ication des autres titres

    que ces

    personnages portaient. On pourra, de

    la

    sorte, se prononcer

    sur

    l'importance de

    ce

    prdicat

    et sur

    son

    vo

    lution :

    protoasecretis

    Lon

    Hikanatos

    (52)

    30

    octobre

    1143

    chartulaire Basile Tzintziloukis, anagra-

    pheus

    du thme

    de

    Servia

    (57) 1148-1163

    duc de Thessalonique

    et

    chartulaire Basile(54) 1 149

    entre mars et octobre

    grand logariaste Jean (55) 26 janvier 1156

    grand logariaste, protonotaire Jean (56) 12 mai 1157

    protonobilissime, pi tou

    kanikleiou Tho

    dore Styppeiots (56) 12 mai 1157

    mystikos Nicphore

    Phorbnos

    (56) 12 mai 1157

    grand drongaire Jean

    Makrembolits

    (56)

    12

    mai

    1157

    mystikos (57) novembre 1158

    (52) Vizantijskij

    Vremennik

    II (1895), 722

    = Ghiimki,,

    Regesles, 1014.

    Dans

    trois autres

    documents,

    datant du

    20

    aot 1143 (Grumei., Regestes, 1011)

    et

    du

    1er

    octobre 1143 (Gri1-

    mel,

    Regestes 1012,

    1013),

    le mme

    personnage

    porte les prdicats

    honorifiques

    de

    mgal

    piphanstatos

    et de

    paneugnstatos. Il semble qu'entre le

    1er et 30

    octobre, le protoasecretis

    a

    t lev

    une

    dignit suprieure

    qui

    comportait

    le prdicat mgalodoxotatos.

    (53)

    Ch.

    Astruc,

    tin document

    indit de 1163

    sur

    l'vch thessalien

    de

    SI

    agi

    ,

    Bull.

    Corr. Hell. LXXXIII

    (1959),

    214,

    215. Pour la

    date

    voir

    ibid., 22B-227. Basile Tzintziloukis

    est

    peut-tre identique au chartulaire Jiasile et. duc de Thessalonique (mention

    suivante

    dans

    le

    tableau),

    ce

    qui nous

    incite

    remonter

    la

    date de

    l'apograph

    du thme

    de

    Servia

    aux environs

    de

    1 149.

    (54) .

    Papadoi'OU los-Kera meus, '

    "

    IV (1897),

    241.

    Cf.

    note

    prcdante.

    (55)

    PG 140,

    148

    =

    Grumei,,

    Regestes, 1038.

    (56) PG 140, 177 ss.

    =

    Grumel, Hegestes 1041. Dans rmunration les mgalodoxotatoi

    suivent les sbastes mais

    prcdent

    le mgalpiphanestatoi.

    (57)

    '

    I (1928), 265. A

    noter l'expression

    qui

    semble indiquer

    que mgalodoxotatos

    tait

    le prdicat honorifique

    habituel

    pour

    les niystikoi. Pourtant, dans le mme document, mention est faite du

    mystikos

    Georges

    Kappadokis qui portail le

    titre

    de mgalpiphanstatos (p. 306).

  • 7/23/2019 article_rebyz_0766-5598_1964_num_22_1_1322

    9/19

    .

    OIKONOMinS

    :

    LA

    PRONOIA

    AT

    XIIIe

    SICLE 165

    nobilissime

    (58)

    mystikos (59)

    nobilissime Thocharistos Kappadoks (60)

    dikaiodots Thodore

    Pantechns

    (61)

    protonobilissime Stphane Gabalas, notaire

    imprial

    du scrton de

    la mer (62)

    vestiarite imprial

    Basile

    Aristnos

    (63)

    juge et pi ton krisn (64)

    duc des Thracsiens, Gfardos (65)

    ai'chn ton chrysochon (66)

    protovestiaire Georges

    Eunouehos

    (67)

    oikeios vestiarite

    Basile Vlattros

    (68)

    protovestiaire Georges

    Eunouchos

    (69)

    Andronic

    Mauropodos,

    syntrophos du

    para-

    koimmne

    (70)

    praktr de Palatia Jean

    Eudmonitzs

    (71)

    Georges Monochytras (fondateur

    du couvent

    de Kechionismni

    en

    Asie Mineure (72)

    Basile

    Mroutzikos

    (tmoin)

    (73)

    Georges

    Manteianos,

    pronoiaire

    (74)

    vestiarite imprial

    Lon

    Monasteriots (75)

    novembre 1158

    1161/2

    1161/2

    11

    juillet

    1173

    octobre

    1195

    10 juin

    1196

    fin

    du

    xne s.

    fin du

    xiie s.

    13 octobre 1202

    juillet 1207

    novembre 1207

    octobre

    1212-mars 1213

    fvrier, indiction

    4

    (1216

    ou

    1231)

    mai, indiction 12

    (1209 ou 1224)

    aot, indiction

    4

    (1231 ou

    1246)

    aot 1266

    25

    aot

    1280

    novembre 1293

    (58)

    .,

    (1928), 265.

    (59) . Dmitrieysk

    i.i .

    Opinante

    liiuri>iceski)i rukopisej... 1, /pica,

    Kiev

    9

    721.

    (lit))

    Ibid., 72: . La lecture

    /.

    up

    Dmitrievskij

    est videmment lire

    coinnic

    .

    ((il)

    '

    5 (19:50) 53

    GiUMKi., Regestes, ll"2ii

    (aprs

    los

    sbastes et

    avant les

    mgalpiphanestatoi).

    (62) MM VI, 130.

    ((.;:.{)

    MM IV, H05.

    (fi'i) K. lllI\l,Ll-M. Poti.I. . IV,

    523.

    (1)5)

    \;

    , XIII (1916)

    12 :

    ,.

    Le lllllie personnage

    porte

    [ibid., 9) le

    til

    re

    de

    ingalpiphanestatos.

    (66)

    MM

    III.

    57

    :

    videininent

    corriger

    en .

    (67)

    MM

    VI, 152.

    (68)

    MM

    '., 186.

    (69)

    MM

    VI,

    157, 159, 161,

    162, 163,

    16

    (157, 159 : ;),

    (70) MM VI, 177; le

    parakoimnine

    ordonne Andronic

    de

    procder la restitution

    de

    cer

    tains

    biens

    :

    ~

    ' .

    (71)

    MM

    VI, 153.

    (72)

    MM

    VI,

    188.

    (731 MM IV, 160.

    (7'i)

    MM

    IV, 128.

  • 7/23/2019 article_rebyz_0766-5598_1964_num_22_1_1322

    10/19

    166

    REVUE

    DES TUDES BYZANTINES

    archontes

    (plusieurs) de

    la ville

    de

    Thessalo-

    nique (76)

    1295

    antidoux,

    c.--d.

    praktr (77)

    D'aprs

    le tableau qu'on

    vient de dresser certaines conclusions

    s'imposent;

    Le

    prdicat

    honorifique

    megalodoxotatos est

    trs

    lev

    pendant le xne sicle; il est attribu des personnages,

    qui

    assument

    des

    fonctions

    trs importantes dans

    l'administration.

    Comme pr

    sance ,

    il

    prcde les megalepiphanestatoi mais

    il

    suit les sbastes.

    Au xnie

    sicle son importance a beaucoup diminu

    :

    le protovestiaire

    Georges Eunouchos est le

    seul

    personnage de marque

    qui

    le porte,

    et

    cela au dbut du sicle (1207, 1212/3).

    Les

    autres porteurs du titre

    sont

    de condition moyenne

    ce

    qui

    montre que

    le prdicat

    megalodoxot

    tos

    vait perdu son prestige force d'tre attribu

    un

    nombre de

    fonctionnaires

    de

    plus en plus

    grand.

    Deux

    remarques

    qui

    ont une

    certaine

    importance pour notre

    enqute

    :

    1.

    Dans

    la

    mme

    collection

    de

    formules notariales

    (Ferrari, p. 20)

    le

    prdicat

    megalodoxotatos est utilis pour un

    praktr.

    Or,

    nous

    rencontrons le mme

    usage

    dans un document

    de

    Patmos

    datant de

    1209

    ou

    1224

    (Cf. le tableau

    prcdent). C'est

    un indice qui

    nous

    oblige

    remonter

    la

    date de l'ensemble

    du

    formulaire

    le plus prs possible

    de

    cette mention.

    2.

    Le

    titre

    de

    megalodoxotatos

    est

    un

    titre

    qui

    peut

    tre

    attribu

    des stratiotes. L'exemple

    de

    Georges Manteianos en

    1280

    est carac

    tristique

    :

    ,

    ,

    ,

    ,

    ...

    ,

    (il invita les poikoi de

    Mantaia, stratiotai et propri

    taires erriens... c'est--dire le megalodoxotatos

    Georges Manteianos,

    V

    andrikotatos

    stratiotes...

    et parmi les

    propritaires

    terriens les...).

    Georges Manteianos est

    cit en tte

    des stratiotai avec

    la

    diffrence

    que

    les autres

    portent le titre habituel

    aux soldats

    andrikotatos (78);

    d'autre

    part,

    il

    est

    nettement

    diffrenci

    des

    propritaires

    terriens,

    (76)

    Dolcer,

    Schatzkammern 59/60,

    1. 3

    : .

    (77) Ferrari,

    20.

    (78)

    Cf. D.

    Ai\t;ir-ov,

    Prinos

    kum narodnostite

    i pozeinelni otnosenija Makedonija

    (Epirskija despotat)

    prez purvala

    cetvurl na Xlll

    vek

    , Izveslija na

    Kamarata

    na narodnata

    kultura IV, 3 (1947),

    32.

    Le grand nombre d'exemples o le prdical

    andrikolatos

    dsigne

    des soldats rend

    leur enumeration

    inutile.

    Signalons

    seulement

    que dans

    le

    Vaticanus 867

    nous rencontrons cet adjectif dans

    la

    formule

    d'une

    adresse envers un soldat

    (Ferrari,

    21).

  • 7/23/2019 article_rebyz_0766-5598_1964_num_22_1_1322

    11/19

    .

    OIKONOMIDS :

    LA PRONOIA

    AU XIIIe SICLE

    167

    des oikodespotai.

    Si

    l'on songe que le mot stratiotes

    signifie surtout

    le

    pronoiaire, on peut proposer une interprtation plus libre de

    ce

    pas

    sage

    :

    les

    poikoi

    de

    Mantaia,

    pronoiaires et propritaires terriens...

    c'est--dire

    le

    megalodoxotatos

    Georges

    Manteianos

    (pronoiaire),

    l'andrikotatos

    stratiotes

    (=

    soldat-pronoiaire)... etc.

    C'est

    la

    mme interprtation qui s'impose concernant notre docu

    ment. Dans l'intitul

    de notre

    formule

    nous

    rencontrons le titre

    de

    stratiotes

    (=

    pronoiaire) mais dans le texte

    la

    mention de [megalo

    doxotatos

    montre

    que

    le rdacteur de

    la formule

    pensait

    un

    ventuel

    pronoiaire de rang

    plus

    lev

    (p. ex. vestiarite; cf. le

    tableau

    prcdent)

    tout

    en

    ajoutant

    que ce

    prdicat

    pouvait changer suivant

    V

    axiom a

    du

    bnficiaire.

    Notre

    document, d'aprs sont intitul, aurait comme metteur le

    duc

    de

    la

    rgion;

    ce

    qui

    n'est

    point

    vrai,

    puisqu'

    la

    ligne

    7

    le

    rdac

    teur ffirme

    que c'est

    du duc qu'il tient sa juridiction;

    il en

    est, par

    consquent,

    diffrent

    et, certainement,

    infrieur

    en

    grade. Dans

    ce

    contexte,

    il est

    clair

    quie le terme

    employ

    la

    ligne

    23

    pour

    dsigner le signataire de notre document, se rapporte

    ce

    fonction

    naireubalterne, ce

    reprsentant du

    duc,

    dont

    on

    s'occupera de

    nouveau plus

    loin.

    B.

    L'attribution

    de la

    pronoia.

    Si l'on

    voulait

    suivre

    la

    procdure de

    la

    restitution

    d'une

    pronoia,

    telle qu'elle

    apparat

    dans notre document, on dgagerait les traits

    suivants

    :

    La personne qui voulait tre

    enrle

    et devenir un

    stratiotes

    -pro

    noiaire, devait se

    procurer

    un prostagma imprial qui lui assignerait

    une

    pronoia dans

    une

    rgion

    donne. Plusieurs sources

    affirment

    que

    c'tait l le procd

    normal,

    qui

    tait

    en

    vigueur

    ds le xne

    sicle,

    poque

    laquelle

    l'institution

    de

    la

    pronoia

    prit

    son

    caractre

    mili

    taire. La phrase de

    Nictas

    Choniate (273, Bonn) se

    rapportant

    l'poque

    de

    Manuel Ier Comnne est explicite :

    ceux

    qu'on admettait

    ainsi

    dans les rangs

    de

    l'arme (c'est--dire

    les pronoiaires)

    recevaient

    un diplme imprial qui

    leur

    attribuait des terres irrigues, des champs

    fertiles

    et,

    comme tributaires, des

    Romains en

    guise d'esclaves .

    Pachymre (T.

    16 Bonn) parle

    en des termes analogues : ...

    ^^. Enfin

    les documents

    d'archives

  • 7/23/2019 article_rebyz_0766-5598_1964_num_22_1_1322

    12/19

    168

    REVUE

    DES TUDES BYZANTINES

    fournissent

    plusieurs

    exemples qui confirment la

    rgularit de

    ce

    procd (79). L'utilisation d'un acte

    imprial

    pour l'attribution

    de

    chaque pronoia est d'ailleurs comprhensible

    : il s'agissait

    de cder

    un

    particulier (en l'occurence,

    un soldat)

    une partie des

    droits

    de

    l'tat sur

    certaines units

    fiscales, droits

    dont

    l'empereur

    seul

    pou

    vait

    disposer;

    cette

    cession

    avait

    donc

    un

    caractre

    extraordinaire

    et tait considre comme une donation impriale. D'autre part

    il

    faut

    tenir compte du lien personnel entre

    l'empereur et

    ses

    soldats,

    qui se

    manifeste

    de plus

    en plus fort

    partir

    de

    l'poque des

    Comnnes (80), et

    qui

    est soulign par le fait

    que la

    rente tait accorde

    au

    soldat

    par l'empereur lui-mme.

    Il est inutile

    d'insister

    sur le

    fait

    que le

    document

    imprial tait

    remis au fonctionnaire par

    l'intress

    lui-mme : c'est la procdure

    normale de

    la

    chancellerie impriale.

    L'intress

    s'adressait dire

    ctement

    un

    fonctionnaire

    subalterne

    qui,

    suivant

    l'ordre du

    haut

    fonctionnaire

    comptent (duc,

    stratopdarque

    ou

    paradots),

    tait

    charg de

    l'attribution

    (paradosis) des parques aux pronoiaires. La

    formule

    tous ceux qui nous prsentent des prostagmata divins et

    impriaux

    indique qu'il

    n'y avait rien

    d'exceptionnel dans le

    procd et fait penser une fois

    de

    plus, que les distributions

    de

    pronoiai se pratiquaient sur une grande chelle dans le territoire

    de

    l'Empire.

    Le

    fonctionnaire auquel

    le prostagma

    imprial

    tait

    prsent, se

    conformant

    ses

    prescriptions,

    procdait

    la paradosis.

    Le

    document

    f prenait forcment la forme d'un

    praktikon

    (81) et l'numration des

    oyers et d3> biei^

    q

    li suivait

    (I. 13-21)

    tait

    comparable aux enumer

    ations que

    nous rencontrons

    dans les

    autres praktika

    byzantins (82).

    Les

    parques et les biens

    que

    le

    fonctionnaire

    remettait, avaient t

    prcdemment

    allous

    un

    autre pronoiaire.

    L'expression

    '

    ne permet pas

    de prciser si

    le

    bnficiaire

    antrieur tait mort ou vivant au

    moment de

    la cession des biens.

    En tout cas, nous avons

    l

    encore un des traits essentiels

    du

    systme

    de

    la

    pronoia

    :

    les

    biens pronoiaires

    se

    trouvant toujours sous

    le

    contrle

    de l'tat, l'administration

    pouvait en disposer et

    les attribuer

    de

    (79)

    MM IV,

    242

    = Di.ger,

    Regesten, 1735; MM IV,

    -

    19-1 20; cf. Nicolas

    Clioniale 482

    (Bonn).

    (80)

    N. Svoronos, Le serment, de lidlit

    l'empereur byzantin el

    sa signification

    constitutionnelle , Rev. El.

    Byz.

    IX

    (1952), 136 ss.

    (81) Pour la

    forme de

    la

    paradosis cf. Dlger, Schatzkammern, 150.

    (82)

    Cf.

    ce sujet Oslrogorskij,

    257-368

    et F. Dlger,

    Sechs

    byzantinische Praktika ...,

    loc. cit.

  • 7/23/2019 article_rebyz_0766-5598_1964_num_22_1_1322

    13/19

    . OIKO^OMIDS

    :

    . A PRONOIA

    AU

    XIIIe SIECLE 169

    nouveaux pronoiaires si les anciens

    dtenteurs taient morts (83)

    ou bien

    dpossds

    de

    la

    donation

    pour

    une autre raison. Il se pouvait

    aussi qu'on enlevait un pronoiaire les biens qu'il dtenait

    en

    sur

    plus

    (84).

    L'intitul

    de

    notre document nous

    apprend

    qu'il s'agit d'une para-

    dosis de

    parques. C'est une

    expression maintes

    fois

    utilise par les

    sources pour

    dsigner

    les donations

    de pronoiai

    (85). Mais, dans la

    suite, nous constatons que les calculs

    sont

    faits suivant l'unit de

    zeu

    garion. Le

    rdacteur

    de l'acte affirme qu'il a

    remis

    au stratiots tant

    de zengaria

    (1.

    11);

    la fin il ajoute qu'il

    reste encore restituer

    tant de

    zeugaria,

    qui

    seront remis quand

    il

    y

    en

    aura

    de

    disponibles.

    Le

    mot a

    dans ce

    passage

    un

    sens

    spcial et

    videmment diffrent de

    son sens primitif (= pair

    de

    bufs

    de

    labour) avec lequel il est

    utilis

    la

    1.

    15.

    Actuellement

    nous

    connaissons

    les

    divers

    sens

    qui

    ont

    cours

    Byzance

    (86).

    eu gar

    ion dsignait

    aussi

    : 1.

    une mesure (de compte)

    de superficie de terrain (p. ex.

    )

    quivalente

    la

    terre qui pouvait tre cultive par une

    paire

    de bufs. 2. une unit

    conomique et fiscale, compose par l'ensemble des foyers

    de

    paysans

    qui cultivaient

    un zeugarion de

    terre

    ou plutt

    ceux qui

    payaient

    le

    (impt) qui

    correspondait

    un

    zeugarion (mesure de compte)

    de terre. C'est

    dans

    cette dernire acception

    que

    nous devons

    inter

    prter

    le mot

    dans

    le

    contexte

    de

    notre

    document.

    Nous

    voyons,

    en

    effet,

    que

    les

    zeugaria

    dont

    il

    est

    question

    sont

    constitus de

    parques,

    et,

    qui

    plus

    est, de

    parques

    de

    conditions

    trs

    varies.

    Cette distinction de paysans

    en quatre classes

    mrite d'attirer

    notre attention. Mention

    est faite

    de

    parques

    qui possdent des

    zeu

    garia (dans l'acception fiscale

    du

    mot),

    donc

    de

    parques qui sont

    connus sous

    le

    nom de

    zeugaratoi; d'autres

    qui

    sont des

    boidatoi,

    donc qui possdent

    un

    boidion (unit

    conomique et

    fiscale qui

    corres-

    (8:i) CI". Ostrogorskij.

    i:(8.

    (84) Ci.

    Ostrogorskij, 10.-104 ().

    (85) Nietas

    Choniate (272

    Bonn) affirme que Manuel

    Ier

    Comnne pourvoyait

    l'entre

    tient

    e

    son

    anne

    -

    .

    Cf.

    aussi

    l'exemple

    dj

    cit

    du

    document de

    Lavra

    de

    1184 (G. Rofillard-P. Coli.omp,

    loe.

    cit.,n0

    47, 1.

    54-57) o il est dit

    que

    le paradots de

    Moglna

    livra

    (-) aux

    Koumans

    deux parques

    titre

    de pro-

    noia. Pour

    la

    date

    du

    document

    et l'interprtt ion du passage qui nous intresse voir G. Ostro-

    gorskij 48 et suiv.; dans

    la

    restitution

    du

    passage propose par Ostrogorskij, le mol

    ,

    attest

    par la copie du document, doit

    tre

    retenu.

    Cf. F.

    Dlgeh,

    , Ein

    Beilrag

    zur

    byzantinischen

    Lexikographie ,

    Sitzungsberichte

    der Bayer.

    Akod.

    d. Wiss., Phil. Hist.

    Klasse

    1959. Heft

    9 (Mnchen, 1959).

    8H)

    Pour

    les divers

    sens

    du mot zeugarion

    voir rcemment

    V.

    Mosin.

    '

    voprosu

    servaze Vizantii)

    ,

    Annales

    de VInstitut Kondakov X

    (1938), 120-121:

    cf.

    aussi

    Kazdan

    141-1V2.

    Des

    conclusions

    de

    Mosin. celles concernant le

    -ont

    a

    corriger

    suivant rinlerpr(;ition

    de

    < . Ostrogorskij. l'vi.

    n. 1.

  • 7/23/2019 article_rebyz_0766-5598_1964_num_22_1_1322

    14/19

    170

    REVUE

    DES TUDES

    BYZANTINES

    pond aux biens exploits par

    un

    paysan possesseur d'un

    boidion,

    c'est--dire

    d'un

    seul buf de labour). Ensuite viennent les aktmones

    qui

    sont

    des

    parques

    qui n'ont

    pas

    de

    biens fonciers

    ni du gros

    btail

    (zeugarion

    ou

    boidion)

    mais

    qui possdent d'autres animaux, p. ex.

    des nes (87).

    Enfin viennent

    les aporoi, terme qui n'est pas encore

    rpertori

    dans

    les

    tudes

    de

    nomenclature

    des

    diverses

    classes

    de

    paysans (88), qui

    sont

    probablement des

    parques sans

    aucune

    ressource

    et qui ne sont imposables que pour

    leur personne.

    La caractristique

    de

    cette

    classification

    c'est qu'elle

    est

    faite d'aprs

    la

    puissance cono

    mique

    de

    chaque parque, suivant laquelle le tlos qui devait grever

    chaque foyer pouvait tre prcis (89).

    Nous

    pouvons

    examiner

    maintenant l'aspect du

    praktikon

    incorpor

    dans la

    prsente

    paradosis. Nous avons dit

    qu'il

    est comparable

    aux praktika connus. Ce qui

    est

    vrai,

    une

    nuance

    prs :

    la

    formule

    que

    nous tudions n'tant

    pas

    complte.

    Le

    rdacteur,

    suivant

    l'habi

    tudedes

    fonctionnaires

    byzantins, commence par

    l'numration

    des

    personnes qui appartiennent chaque foyer, puis

    continue

    par le

    btail et

    s'arrte

    l.

    Normalement

    on

    attendrait

    dans la suite l ind

    ication

    des vignes, des vergers, des potagers,

    de

    la

    terre arable et enfin

    de

    la

    somme de l'impt par

    laquelle est

    gre\^ le foyer (90).

    Tout

    cela

    ne

    s'y trouve

    pas et ce

    fait

    semble

    d'autant

    plus curieux

    que

    nous

    savons que la donation d'une pronoia tait calcule d'aprs le revenu

    du

    pronoiaire, c'est--dire d'aprs

    la

    nomismatik posots

    tes

    oikono-

    mias,

    ou

    de

    la

    prosodos

    de

    la

    donation

    (91).

    Or

    ces

    termes,

    trs

    courants

    dans

    les documents

    ayant

    rapport

    la

    pronoia,

    ne sont

    mme

    pas

    mentionns dans

    notre

    formulaire. Comment expliquer cette omis

    sion

    La premire explication qui

    saute

    aux

    yeux, c'est

    que le

    rdacteur

    (87) Le contenu du

    terme akimon

    nous csl connu grce au

    praktikon

    d'Andronie

    Doukas

    de l'an 1073

    (MM VI,

    4-15).

    Cf.

    le commentaire de G. Ostrogorskij, 305-309, et, plus rcem

    ment,

    M.

    Frkjdenbkrg,

    Aktimony ,

    dans

    Sov. Istor.

    Encicl. I (1961), 1412-313.

    (88)

    Cf. F.

    DLGEit,

    Die Frage

    des

    Grundeigentums

    in

    Byzanz

    ,

    dans

    BEurSi,

    227;

    G. Ostrogorskij,

    330

    et

    suiv.

    (89) Comme Ostrogorskij,

    310

    l'a

    remarqu,

    la

    majorit

    des

    praktika byzantins

    des

    xm-xiv

    sicles

    ne

    connaissent

    plus cette

    classification

    pour

    les

    paysans attachs

    la

    glbe.

    Signalons

    pourtant

    que

    dans le

    prostagma

    d'aot

    1234 (MM

    IV,

    182 = Dluer,

    Regesten

    1740) l'empereur ordonne son oikeios, duc

    des

    Thracsiens Constantin

    Laskaris de

    se rendre

    sur

    les

    terres

    du couvent de Lembos, de procder

    la

    recension

    des

    parques qui

    s'y trouvent,

    de

    les

    classer

    suivant leur situation

    en

    zeugaratoi

    et bodatoi (

    . ) et de prciser

    .

    (leg.

    )

    .

    Doit-on V

    voir

    encore

    un indice pour la

    datation

    de notre document'.''

    (90)

    Cf. Oslrogorskij,

    113.

    (91)

    Ostrogorskij,

    104-105

    et

    passim.

  • 7/23/2019 article_rebyz_0766-5598_1964_num_22_1_1322

    15/19

    .

    OIKONOMIDS

    : LA

    PRONOIA

    AU

    XIIIe

    SICLE

    171

    de

    la

    formule lui a donn une forme sommaire

    en ce

    qui concerne le

    praktikon; c'est l une explication plausible, puisque, dans

    son

    enumeration, le rdacteur suit l'ordre des autres praktika et

    il s'arrte

    aprs

    l'indication

    du

    btail.

    Cette

    explication

    peut

    tre

    accepte

    pour

    justifier

    le manque d'indication des

    autres biens

    des parques

    (terre etc.). Mais

    la

    mention essentielle

    de

    la

    posots ne pouvait

    jamais

    tre

    omise dans

    un praktikon de pronoiaire,

    vu

    que la

    posots tait

    l'objet mme de

    la donation

    impriale.

    Malheureusement, nous ne connaissons aucun

    document qui

    puisse

    tre directement compar au formulaire

    du

    Vaticanus 867. Bien sr.

    l'existence de praktika par

    lesquels

    on confirmait les

    cessions

    des

    pronoiai,

    appels aussi

    stratiotika

    praktika (92),

    est un

    fait

    tabli

    d'une

    manire

    indirecte

    par plusieurs sources.

    Mais

    il

    est galement

    \^rai

    que

    nous

    ne

    connaissons

    qu'un

    seul

    exemple

    de

    praktikon de

    pro

    noiaire

    qui soit

    dit : c'est

    le praktikon dlivr

    en janvier

    1333

    Michel Monomaque par le protokyngos

    Jean

    Vatatzs (93). Encore

    faut-il signaler

    qu'il

    ne s'agit

    pas, proprement

    parler, d'un prakti

    kon

    e

    pronoiaire;

    ce

    document

    avait

    t dlivr au moment o

    Michel Monomaque reut

    en

    proprit hrditaire deux villages prs

    du

    Strymon,

    villages qui lui

    avaient

    t

    accords auparavant

    titre

    de

    pronoia. La

    chrysobulle imprial

    qui ordonnait

    Jean

    Vatatzs

    de

    procder

    cette

    donation, prcisait

    que

    celle-ci consistait confrer

    Monomaque,

    en

    proprit hrditaire

    et

    sans

    obligation

    de service,

    une

    rente de 50 hyperpres

    (posots). Ce

    revenu

    est

    minutieusement

    analys dans le praktikon

    de Jean

    Vatatzs. G. Ostrogorskij, dans

    son

    tude sur

    les

    praktika byzantins

    (94),

    constate que la

    rente

    exige des

    parques

    de

    Michel Monomaque est

    de

    loin

    infrieure

    aux taux d'impos

    ition ui nous sont connus par les autres praktika

    byzantins

    de

    la

    mme poque. De cette constatation,

    il

    a t

    amen

    la conclusion,

    trs vraisemblable, d'ailleurs, que

    Jean

    Vatatzs

    avait pris

    pour base

    de

    ses

    calculs les taux par lesquels les biens taient

    grevs

    quand ils

    taient sous

    le

    statut

    de

    pronoia.

    Comme G.

    Ostrogorskij

    l'a

    remarqu,

    le

    fait

    que le

    praktikon de

    Michel Monomaque

    soit

    le seul

    praktikon de

    pronoiaire

    dit,

    impose

    de grandes rserves

    en ce

    qui concerne les conclusions gnrales

    qu'on

    pourrait

    en tirer.

    Il se peut

    que la diffrence dans l'chelle

    de l'impo-

    I-.I2)

    MM IV. 70 (1257).

    (93)

    W.

    Recel-.

    Ki/rtz-B. Korablkv, Actes de Zographou, Frilozenije au XIIIe

    volume

    le

    I'

    'izarttijskij

    fremrnnik

    (11HI7), n

    2l.i.

    l'.r't Oslru'inrskii. :: 7 cl

    suiv.

    > 112-11.'..

  • 7/23/2019 article_rebyz_0766-5598_1964_num_22_1_1322

    16/19

    172

    REVUE

    DES TUDES BYZANTINES

    sition soit

    due

    au seul fait que

    Jean

    Vatatzs ait voulu

    favoriser

    Michel Monomaque. On

    pourrait,

    d'autre part,

    se

    demander

    si cette

    diffrence dans

    l'tablissement

    de

    l'assiette

    de

    l'impt n'est pas

    la

    consquence d'obligations militaires qui grevaient les parques soumis

    des

    pronoiaires (95).

    Quoiqu'il

    en soit, nous devons souligner que le

    praktikon

    de

    Monomaque

    nous

    donne

    peut-tre

    les

    taux

    par

    lesquels

    les parques

    du

    pronoiaire taient imposs, mais il

    n'a

    pas forcment

    la forme exacte d'un

    praktikon de

    pronoiaire, tant donn

    qu'il

    a t

    rdig l'occasion de

    la

    transformation de

    la

    posots de

    la pronoia en

    proprit hrditaire.

    Une deuxime

    omission

    que nous constatons dans notre formule,

    c'est le

    manque de

    toute indication concernant la terre que nous

    pouvons appeler seigneuriale , c'est--dire, la terre qui est (provi

    soirement)

    accorde au pronoiaire pour qu'elle

    soit

    exploite son

    profit

    par

    les

    parques

    qui

    lui

    taient

    allous

    en

    pronoia.

    L'existence

    de

    cette terre dans

    les

    domaines

    de

    pronoiai nous est

    bien

    connue (96).

    C'est cette

    deuxime

    omission

    qui nous permettra

    d'expliquer

    la pre

    mire : le manque d'indication

    de

    la posots. Mais avant

    tout

    raiso

    nnement, examinons de nouveau le but pour lequel notre

    formule

    a t

    rdige.

    Nous avons, en effet, constat plus haut

    qu'elle

    est cense tre uti

    lise par un fonctionnaire subalterne qui

    avait

    reu

    du

    gouverneur

    du

    thme l'ordre

    d'attribuer

    des parques aux pronoiaires.

    Retenons

    encore

    qu'elle

    est

    contenue

    dans

    un

    formulaire

    d'actes notariaux,

    dont

    un

    grand nombre est de

    caractre

    priv. Par

    consquent,

    le

    rdac

    teur

    'un

    document

    qui

    se

    baserait sur notre formule, agirait

    un che

    lon nfrieur

    de

    la

    hirarchie

    : ce

    serait

    un notarios

    ou

    un prtre

    qui

    (97),

    possdant un

    minimum

    d'instruction,

    serait charg de

    reprsenter le

    gouverneur de

    la

    rgion

    dans

    son village.

    Cet

    arrangement prsen

    terait l'avantage considrable

    que le fonctionnaire

    en

    question, se

    trouvant sur place, connaissait la situation des parques

    de

    la

    rgion

    et

    qu'il

    tait

    mme

    d'en dresser une

    liste prcise,

    sans que la pr

    sence

    sur

    place

    du

    gouverneur

    ait t

    ncessaire.

    Mais

    ce fonction-

    (95)

    Cf.

    MM

    V, 81

    :

    ;

    MM VI, 212 :

    ...

    . .

    ((.)(j) (}. Oslrogorskij, 7 el suiv.

    (97)

    Dans la

    meine

    collection de

    formules notariales nous rencontrons (n 15, Ferrari, 14)

    un

    .

    Dans ce document l'metteur,

    qui

    semble tre un haut

    fonction

    naire,emet

    l'energeia (c.--d.

    la

    perception des

    impts) d'une rgion

    |

    |un

    prtre (-

    [).

    Le mol de cette formule rappelle le terme de

    la

    1.

    7 de notre

    docu

    ment.

  • 7/23/2019 article_rebyz_0766-5598_1964_num_22_1_1322

    17/19

    >T.

    OIKONOMIDS

    : LA

    PRONOIA

    AU XIIIe SICLE

    173

    naire

    subalterne ne

    pouvait prendre

    aucune

    initiative pour prciser

    la somme

    de

    l'impt; sa juridiction s'arrtait la remise des parques

    au pronoiaire, et par consquent le praktikon paradosos

    qu'il rdi

    geait,

    praktikon

    dont

    la

    formule

    nous

    est

    conserve

    dans

    le

    Vaticanus

    867, avait un

    caractre

    provisoire. Le praktikon dfinitif devait

    comporter tous les lments dont

    nous

    venons de constater l'omis

    siont tre sign par le fonctionnaire responsable de

    la rgion,

    c'est-

    -dire par le duc ou le stratopdarque ou le paradots.

    En

    nous basant

    sur

    ces donnes, nous proposons

    la procdure

    su

    ivante pour

    expliquer

    les problmes

    que

    pose notre document

    :

    Premier stade : l'administration centrale assigne au stratiots ( = pro-

    noiaire,

    qu'il

    soit soldat ou

    dignitaire)

    un certain nombre

    de

    zeugaria

    units

    fiscales

    dont

    le

    revenu annuel

    est approximativement le

    mme

    que la posots

    (=

    la rente) qui est accorde au stratiots en

    question. Dans

    le prostagma

    imprial de donation est prcis

    l'endroit

    o

    ces

    zeugaria seront

    remis.

    Deuxime stade : le

    bnficiaire se prsente aux agents de

    l'admi

    nistration provinciale; un fonctionnaire

    subalterne

    qui connat

    bien

    la

    situation du

    moment, lui

    remet,

    d'aprs

    notre document,

    un certain

    nombre de parques

    et

    du cheptel qui

    leur appartient,

    le tout calcul

    pour

    complter

    le nombre

    de

    zeugaria

    prvu

    par le prostagma imprial.

    Comme il

    est

    normal, ces

    parques

    sont

    pris

    parmi

    les

    paysans

    soumis

    au contrle

    de

    l'tat; prcdemment ils ont appartenu un autre

    pronoiaire. Le fonctionnaire subalterne rdige un

    praktikon

    paradosos

    (notre document

    en est

    le

    type)

    o

    il

    numre

    en

    dtail les

    parques

    qu'il

    a remis, fait tat

    de

    la

    situation de chacun

    et, le

    cas

    chant,

    se

    rserve

    de

    complter

    le nombre de zeugaria assigns au pronoiaire.

    Le troisime

    stade

    de

    la

    procdure se passe un chelon plus

    lev

    de

    la

    hirarchie. Selon toute probabilit, le duc

    (ou

    le stratopdarque

    ou

    le

    paradots) de

    la

    rgion attribue les parcelles

    qui

    constitueront

    la terre seigneuriale et prcise la somme que chaque parque devra

    verser comme rente son pronoiaire.

    A

    cette occasion

    il

    doit, selon

    toute

    probabilit,

    rdiger un autre praktikon (ou bien complter le

    mme) ou figureront tous les biens qui constituent

    la

    pronoia,

    savoir le

    revenu

    annuel (

    nomismatik

    posots) que le pronoiaire en

    tirera et, peut tre, les obligations

    de

    service militaire ds par

    ce

    pronoiaire l'tat.

    Cette procdure,

    assez complique en

    soi, devient

    comprhensible

    si

    l'on pense que le problme essentiel

    de

    toute l'conomie

    agraire de

  • 7/23/2019 article_rebyz_0766-5598_1964_num_22_1_1322

    18/19

    174

    vue

    des

    tudes byzantines

    Byzance

    tait un problme

    de

    main-d'uvre

    (98). Ni l'administration

    centrale, ni le duc du thme

    ne

    pouvaient connatre

    la

    situation exacte

    de chaque parque, situation qui tait sujette des changements.

    Rien que la mort d'un buf diminuait considrablement la fortune

    d'un

    paysan et

    surtout

    diminuait son rendement en tant

    que

    cult

    ivateur.

    Pour

    cette raison,

    l'administration

    centrale

    faisait

    un

    premier

    calcul global

    en

    zeugaria fiscaux, qui servait de base au fonctionnaire

    local pour

    l'attribution de

    la pronoia.

    Celui-ci

    devait procder

    l attr

    ibution

    de

    parques suivant une quivalence qui lui

    permettait de

    connatre de combien de parques

    bodatoi,

    aktmons ou aporoi

    il

    fallait

    pour

    la

    posots de chaque zeugarion

    (99). Nous connaissons

    d'une faon trs insuffisante

    (100) cette

    concordance

    mais

    nous pou

    vons supposer qu'elle tait base

    sur

    l'impt que payaient

    ces

    diverses

    catgories

    de

    parques. L'attribution une fois

    faite,

    le fonctionnaire

    rdigeait

    un

    praktikon

    o

    il

    numrait

    avec

    prcision

    le

    principal

    lment de

    la

    donation impriale

    : la main-d'uvre

    (

    ).

    Pour

    ce

    qui

    est

    de

    la terre, le duc

    de

    la

    rgion pouvait

    lui-mme

    assigner au pronoiaire

    les

    parcelles disponibles.

    * *

    Ces conclusions tires de

    notre

    document,

    en

    partie

    hypothtiques,

    n'ont

    pas la

    prtention

    d'tre

    valables pour les

    quatre

    sicles

    pendant

    lesquels

    le

    systme

    de

    la

    pronoia

    fut

    en

    vigueur

    Byzance. Durant

    cette

    priode, les modalits de

    l'attribution

    des pronoiai

    ont

    probablement

    vari selon les besoins du moment

    et

    les changements

    survenus dans

    le systme

    administratif de

    l'empire. Il est

    prfrable,

    par consquent,

    de ne point

    gnraliser

    nos conclusions qui peuvent tre valables pour

    le milieu

    du

    xine

    sicle

    et pour une

    rgion de

    l'Empire. Une

    srie

    d'indices que

    nous

    avons dj

    mentionns

    (cf.

    l'tude de

    la titulature)

    nous invitent remonter

    la

    date

    de

    rdaction

    de

    notre formulaire au

    (98)

    Cf.

    G.

    Ostro

  • 7/23/2019 article_rebyz_0766-5598_1964_num_22_1_1322

    19/19

    ,

    OIKOKOMIDS

    : LA

    PRONOIA DU XIIIe SICLE 175

    rgne

    de Jean

    Vatatzs et

    de

    le mettre en

    rapport

    avec

    les

    grandes

    distributions de

    pronoiai qui

    ont

    marqu le rgne

    de

    cet empereur (101).

    Ces rserves

    ne

    diminuent pas l'importance du document que nous

    venons

    d'tudier.

    Nos connaissances

    sur

    le

    systme

    de

    la pronoia

    sont

    en

    grande partie

    bases sur

    des

    renseignements

    occasionnels. Aucun

    titre

    de

    possession

    n'est

    parvenu

    jusqu'

    nous; ce qui est comprhensi

    ble

    ar

    les

    donations

    de

    pronoiai taient en principe faites titre

    viager et

    non

    titre

    hrditaire. Par consquent, le pronoiaire une fois

    mort, ces titres

    n'avaient

    plus

    de

    valeur.

    La

    formule

    du Vaticanus 867

    vient combler

    en

    partie cette importante lacune de notre document

    ation.

    N. Uikonomids.

    (KM) l'f. R. Cii.YKAT'.i-AiiRwi-ii.iR,

    La politique agraire

    des empereurs de Nire

    Hyzmiiion XXVIII (l'.)58),

    51-(

    i:'>5-i:u>.

    qui

    signale d'aprs

    la

    premire dition

    dTspenskij

    l'existence de

    la formule

    et

    la

    date

    de cette poque

    ,

    c.--d. du rgne

    de Jean

    Yalatzs,

    il f>9,

    n.

    1.