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Analyse sémiotique : Citizen of the Planet Dichotomie de l’universalisme occidental

Par

Jean-François Fortin

Travail présenté à

M. André Lambert

Analyse populaire II

MUS5810-010

8 Mars 2010

ii

Table des matières

iii Liste des exemples musicaux……………………………………….. iii

iv Liste des tableaux…………………………………………………... iv

v Liste des abréviations……………………………………………... iv

1. Introduction…………………………………………………………. 5

2.1 Crédits……………………………………………………………..... 6

2.2 Instrumentation……………………………………………………… 6

2.3 Traitement sonore et

échantillonnage………………………………...

7

2.4 Tableaux panoramiques……………………………………………... 8

3. Tableau des musèmes……………………………………………….. 10

4. Tableau d’occurrence des musèmes………………………………… 11

5. Analyse des musèmes……………………………………………….. 12

6. Analyse de la forme…………………………………………………. 21

7. Analyse du texte…………………………………………………….. 25

8. Rapport sur la séance de feedback ………………………………….. 27

9. Analyse de la pochette………………………………………………. 28

10. Conclusion………………………………………………………....... 29

11. Bibliographie………………………………………………………... 30

12. Discographie………………………………………………………… 31

13. Annexes……………………………………………………………... 32

iii

Liste des exemples musicaux

Ex. 1 « Citizen of the Planet », mes. 5-6. p. 12

Ex. 2 « Wherever I may roam », Metallica, introduction p. 12

Ex. 3 « Voodoo », de Godsmack, introduction p. 12

Ex. 4 « Citizen of the planet », mes. 21-22. p.13

Ex. 5 « Emmenez-moi », Charles Aznavour, anacrouse du refrain. p. 13


Ex. 7 « The rythm of the heat », fin de la première section (vers 1:30) p. 14


Ex. 9 «Citizen of the Planet », mes. 64 p. 14

Ex. 10 « The Twilight Zone », thème d’introduction p. 15


Ex. 12 « Symphonie #9 », L.V. Beethoven (1824), Op. 125, IV p. 15

Ex. 13 « Bourée II », J.S. Bach (entre 1717 et 17234), BWV 1068 p. 15


Ex.15 « Citizen of the Planet », mes. 29-30. p. 16

Ex. 16 « Pinball Wizard », The Who (1969). p. 17

Ex. 17 « Citizen of the Planet », mes. 5. p. 17


Ex. 19 « Citizen of the Planet », mes. 1. p. 18

Ex. 20 « Within You Without You », The Beatles (1967) p. 19

Ex. 21 « Black Mountain side », Led Zeppelin (1969) p. 19

Ex. 22 « Love You To », The Beatles (1966) p. 19

Ex. 23 « Citizen of the Planet », pièce complète p. 19

iv

Liste des tableaux Tableau 2.4.1 Panoramique section « orientale » p. 9

Tableau 2.4.2 Panoramique section « occidentale » p. 9

Tableau 3. Musèmes p. 10

Tableau 4. Occurrence des musèmes p. 11

Tableau 6. Forme p. 21

Liste des abréviations

Anglais Français

A. Gtr Acoustic Guitar Guitare acoustique

b/mes bars mesure d’une transcription musicale

E. Gtr Electric Guitar Guitare électrique

Ex/ex - exemple

ff - très fort (nuance musicale)

IOCM Interobjective Comparison Material Matériau de comparaison interobjectif

JFF - Jean-François Fortin

M/m museme musème

PC Pré-Chorus rampe

SE+M Sound Effects and Miscelaneous Effets sonores et évènements divers

S.F.S - Sortie et Fondu au Silence

VVA Visual-Verbal Association Association Verbale-Visuelle

Jean-François Fortin - MUS5810

5

1. Introduction

« Citizen of the Planet1 » est la pièce qui introduit le septième album de l’artiste

canadienne Alanis Morissette, intitulé « Flavors of Entanglement 2». Cet album est le

fruit d’une première collaboration entre Morissette et Guy Sigsworth, producteur

renommé pour ses tendances à saveur « électro » et associé à des artistes telles que

Madonna, Björk, Britney Spears, Imogen Heap ainsi que plusieurs autres. Différentes

textures sonores sont contenues dans « Citizen of the Planet », textures qui à la première

écoute plongent la majorité des auditeurs dans une certaine incompréhension. Cette sorte

de mélange d’impressions allant d’un extrême à l’autre ne peut être expliqué sans d’abord

y porter une analyse plus poussée des différents éléments qui y sont intégrés. Cette

analyse se veut « sémiotique3 », d’après la méthode de M. Philip Tagg telle qu’enseignée

par M. André Lambert. Après avoir pris conscience des différents outils de représentation

visuelle de la pièce (transcriptions et tableaux), le lecteur est invité à se familiariser avec

certains fragments précis et particulièrement significatifs (musèmes). Ensuite, la forme et

le texte seront brièvement décortiqués, ainsi que les impressions et effets provoqués par

l’écoute de la pièce par un groupe d’environ 30 étudiants.

1 En français « Citoyenne de la Planète »

2 En français « Parfums d’enchevêtrement »

3 L’étude des signes, des symboles et de leurs représentations. Selon Philip Tagg, l’étude sémiotique de la

musique se résume en cette simple question : « Why and how is who communicating what to whom and

with what effect? » (Pourquoi et comment qui communique quoi à qui et comment le message est-il perçu?)


6

2.1 Crédits

Général

Titre de la chanson analysée: Citizen of the Planet Album : Flavors of Entanglement (2008)

Musiciens et collaborateurs

Alanis Morissette - Voix

Guy Sigsworth - Orgue, synthétiseur, piano, cordes, arrangeur, célesta, claviers,

piano (électrique), effets sonores, tabla, triangle, voix, choeurs, chorus, producteur, E-

Bow, cloches tubulaires, basse au synthétiseur, producteur de batterie, effets de piano,

piano préparé, harmonica basse.

Andy Page - Synthétiseur, guitare (acoustique), basse, guitare (électrique), ingénieur,

E-Bow, édition digitale, programmation de batterie, matriçage, mixage, basse au

synthétiseur, traitement, ingénieur de son, design de son, programmation de

synthétiseur

Sean McGhee – Voix, ingénieur, édition numérique, ingénieur de son, programmation

de synthétiseurs

Blair Sinta – Batterie

Frank Ockenfels – Photo de la couverture

Informations relatives à la production

Lieux d’enregistrement : The Village Studio (L.A.) et Frou-Frou Central (Londres)

2.2 Instrumentation

Les instruments suivants peuvent clairement être identifiés :

- Basse au synthétiseur

- Batterie

- Cordes occidentales (violon, alto, violoncelle)

- Guitare électrique avec niveau de saturation élevé

- Tabla

- Voix


7

2.3 Traitement sonore et échantillonnages

Une grande place est occupée par les traitements sonores et les échantillonnages divers, et

ce, tout au long de la pièce. Bien que l’origine de ces sons soit discutable (à moins d’être

directement impliqué dans la production, il est difficile de statuer s’ils proviennent

d’instruments réels, d’un ou de plusieurs échantillonnages ou de manipulations diverses),

certains de ces sons peuvent êtres identifiés comme étant très semblables à ceux

qu’émettent des instruments de provenances diverses. En voici une courte liste, par ordre

d’apparition :

- Clochette (première apparition à 0 :00)

Semblable à celles qu’utilisent les moines tibétains lors de rythmes de prières.1

- Instrument à cordes de provenance moyen-orientale (première apparition à 0 :00)

Semblable au Tanbur de type Satô, ou Yayli2, qui ont comme particularité d’être joués

à l’aide d’un archet. Une note sur la pochette signifie qu’il s’agit de « granulated

cello », désignation sur laquelle mes recherches n’ont abouti à rien, sinon qu’à

l’hypothèse qu’il s’agirait en fait de violoncelle échantillonné et modifié par la suite.

- Tambour sur cadre « framedrum » (première apparition à 0 :09)

Il existe des dizaines de versions de cet instrument rudimentaire. Il est répandu à

travers autant de régions du globe.

1 http://www.youtube.com/watch?v=iG_lNuNUVd4&feature=related (23/02/2010)

2 http://www.youtube.com/watch?v=3_9F-ROG8c4&feature=related (23/02/2010)


8

- Percussion de type Udu1 (première apparition à 0 :12)

Cet instrument d’origine africaine produit deux sonorités distinctes : on obtient un son

de basse fréquence en frappant sur sa cavité, ainsi qu’un son plus sec en tâtonnant la

paroi extérieure.

2.4 Tableaux panoramiques

Cette section a pour but d’identifier la place qu’occupe chacun des instruments dans la

dimension acoustique selon deux axes : le premier, horizontal, situe les sons par rapport à

leur disposition gauche/droite, tandis que le deuxième, vertical, évalue la proximité de

chacun d’eux. Concernant ce dernier axe, plus le son est prédominant, plus il est illustré bas

et, au contraire, plus il semble éloigné, plus il est illustré haut. Deux tableaux distincts sont

nécessaires afin de bien illustrer les paramètres panoramiques de Citizen of the Planet,

puisque cette chanson comporte deux sections tout à fait distinctes2, qui seront ici nommées

Orientale (2.4.1) et Occidentale (2.4.2).

1 http://www.youtube.com/watch?v=nJ44TcvX5Q4 (24/02/2010)

2 Il arrive fréquemment, tout au long de la chanson et plus particulièrement vers la fin, que la frontière

séparant ces deux parties ici distinctement identifiées ne soit plus clairement établie. Des éléments sont

donc empruntés aux deux tableaux afin d’en former un nouveau.


9

Tableau 2.4.1 : panoramique de la partie « Orientale ».

Tableau 2.4.2 : panoramique de la partie « Occidentale ».


10

3. Tableau des musèmes Tableau 3: musèmes

Musème 1 : Le menaçant

Musème 2.1 : Décollage

Musème 2.2 : Atterrissage

Musème 2.3: Where the heck are we?

Musème 3 : Le classique

Musème 4 : Le coupant

Musème 5 : La suspension

Musème 6 : L’entêté

Musème 7 : Le terroriste

Musème 8 : Le hippie

Musème 9 : Une odeur de poulet tandoori?


11

4. Tableau d’occurrence des musèmes

Tableau 4 : occurrence des musèmes

IN b 1-4

0 :00

A b 5-12

0 :12

A2 b13-20

0 :38

PC b 21-24

1 :03

B b 25-28

1 :16

PostChorus

B 29-32

1 :28

A3 b 33-40

1 :41

PC2 b 41-44

2 :06

B2 b 45-52

2 :19

A4 b 53-60

2 :44

PC3 b 61-64

3 :09

B3 b 65-72

3 :22

Coda b 73-80

3 :47

S.F.S b 81-83

4 :12

m1

m2.1

m2.2

m2.3 ? ? ?

m3 * * * * * * * * * *

m4

m5 �

m6 ��

m7 � ��

m8

m9 B B B B B B B B B B B B B B B B B B B B B B B B B B B B B B B B B B B

Légende :

Musème 1 : Le menaçant, voix, Musème 3 : Le classique, voix, * Musème 7: Le terroriste, cordes, �

Musème 2.1 : Décollage, voix, Musème 4: Le coupant, E.Gtr, Musème 8 : Le hippie, tabla,

Musème 2.2 : Atterissage, voix, Musème 5: La suspension, cordes, �

Musème 2.3 : Where the heck are we?, voix, ? Musème 6: L’entêté, synth-bass, �

Musème 9 : Une odeur de poulet Tandori, tonalité, B


12

5. Analyse des musèmes M1 : Le menaçant

Ex.1: « Citizen of the Planet », mes. 5-6.

C’est en utilisant deux notes à intervalle de demi-ton (5 et b6) que la mélodie est entamée.

La voix est calme, posée, et semble être en mode conversation plutôt que chant. Elle

semble « raconter une histoire »1, une histoire qu’elle connaît sans doute bien, et cette

façon de chanter, avec débit lent et économie de mouvement mélodique (longue broderie

autour de la quinte, G#), renforce bien cette impression de contrôle et de force. Cette

notion de force est à double tranchant, la force pouvant être issue du « light side », sinon

du « dark side»2. Ce côté mélodique sombre (dark side) se retrouve dans beaucoup de

titres du genre heavy metal, particulièrement dans les riffs de guitare, notamment ceux de

« Wherever I may roam » de Metallica (1991) et de « Voodoo » de Godsmack (1998).

Ex. 2 : « Wherever I may roam », Metallica, introduction.

Ex. 3 : « Voodoo », de Godsmack, introduction.

M2.1 : Décollage

Ex. 4: « Citizen of the planet », mes. 21-22.

1 Voir annexe 1, Transcription et réduction de la séance de feedback tenue auprès des étudiants du cours

MUS5810 en date du 27 janvier 2010, p.33. 2 Référence à la série de films « Star Wars », de George Lucas.


13

C’est au début du PC que l’on sent pour la première fois un changement du point de vue

de la stylistique. Ce changement s’explique entre autres par le détachement de la mélodie

de son port d’attache précédent (G#) par un mouvement conjoint et ascendant, sur un

rythme simplifié. Cette levée se retrouve aussi dans « Emmenez-moi » de Charles

Aznavour (1995).

Ex. 5 : « Emmenez-moi », Charles Aznavour, anacrouse du refrain.

M2.2 : Atterrissage

Ex. 6 : « Citizen of the Planet », mes. 22-23.

Cette montée mélodique précédemment entamée (ex.4) se poursuit ici avec le même

débit. Ce qui la démarque, c’est l’« atterrissage » sur la note E#, tierce majeure, alors que

la note §§§§E, tierce mineure, vient d’être chantée. Cette tierce majeure offre donc un effet

lumineux (« ça va moins mal »1), qui tend à vouloir se démarquer du côté plus sombre

des sections précédentes. De plus, cette note est issue d’un mouvement descendant de

tension — résolution entre la quarte et la tierce, ce qui provoque un effet de stabilité,

d’atterrissage, effet aussi entendu dans la pièce de Peter Gabriel « The rythm of the heat »

(1982).

1 Séance de feedback, 27/01/2010.


14

Ex. 7 : « The rythm of the heat », fin de la première section (vers 1:30).

M2.3 : Where the heck am I ?

Ex. 8: « Citizen of the Planet », mes. 23-24.

Après le décollage (ex. 4) et l’atterrissage (ex. 6), nous voici enfin arrivé à destination. La

mélodie reprend le même mouvement ascendant que dans les deux exemples précédents,

mais cette fois se termine par un mouvement descendant dont la note initiale occupe la

position de sixte diminuée (par rapport à la basse). De plus, ce mouvement descendant est

repris dans la section PC3, de façon répétitive et plus marquée.

Ex. 9: « Citizen of the Planet », mes. 64.

Cette insistance sur la sixte diminuée est quelque peu déstabilisante, et n’est pas sans

rappeler l’ostinato du thème de l’ouverture de la série télévisée américaine « The

Twilight Zone », de Rod Serling (1959). Cette série, très populaire à l’époque offrait des

épisodes contenant un mélange de fantaisie, de science-fiction, de suspense et d’horreur,

qui souvent avaient des conclusions macabres ou tordues.

Ex. 10 : « The Twilight Zone », thème d’introduction.


15

M3: Le classique


Cette anacrouse introduisant la partie C est construite de façon simple par mouvement

ascendant conjoint et facilement mémorisable. Utilisant la suite d’intervalles ½ ton – 1

ton, cette intervention est comparable à des centaines de mélodies, provenant de toutes

les époques et de toutes les régions du monde. En voici deux exemples, tirés du répertoire

classique :

Ex. 12 : « Symphonie #9 », L.V. Beethoven (1824), Op. 125, IV.

Ex. 13 : « Bourée II », J.S. Bach (entre 1717 et 17234), BWV 1068.

M4 : Le coupant

Ex. 14 : « Citizen of the Planet », mes. 25-26.

L’utilisation de la guitare électrique avec un taux de saturation élevé est depuis

longtemps un préalable de la musique rock. Ici, la stylistique est frappante et évoque des

images industrielles : un riff constitué de doubles-croches, entrecoupé de quarts de soupir,


16

dans un registre très bas (guitare à sept cordes ou accordée « drop C ») donne

l’impression que l’on se trouve en présence de « machines sophistiquées et bruyantes qui

fonctionnent en série, en répétition, comme une chaîne de montage industrielle »1, sorte

de « version heavy de C. Chaplin « Les Temps Modernes »2. Dans l’une des scènes de ce

film, le personnage interprété par Chaplin est employé d’une usine et est forcé de

travailler à la chaîne à un rythme régulier et précis en faisant un mouvement répétitif à

l’aide d’un instrument métallique. La partie de guitare, lourde et précise, semble ici être

une AVV évoquant la machine.

M5 : La suspension


La suspension de la tierce évoque ici le « mirage »3, probablement du au fait qu’elle met

un doute sur la nature même de l’accord. En effet, la tierce, normalement, confirme la

couleur majeure ou mineure d’un accord ou d’un mode. Il est donc impossible en son

absence de la déterminer. Dans ce cas précis, le changement brusque vient aussi brouiller

les sens de l’auditeur, car nous passons très rapidement d’un contexte tonal (section B) à

un contexte plutôt modal, dans lequel la tierce a précédemment été le sujet d’une autre

instabilité (m2.2). Cette portion mélodique peut être comparée à « Pinball Wizard », tirée

de l’opéra rock « Tommy », du groupe anglais The Who (1969).

Ex. 16 : « Pinball Wizard », The Who (1969).





17

M6 : L’entêté


Ce court motif de basse tient le rôle de bourdon et est présent dans toutes les sections de

la pièce, mis à l’exception des sections B et . Cet élément prédominant de la structure

de la pièce peut être ressenti comme une AVV de contexte. En effet, beaucoup de

musiques anciennes et non occidentales sont formées du rapport que la mélodie a avec

une note fondamentale, le bourdon, souvent dans les fréquences graves. Ainsi, « les

musiques classique et folk du continent Indien ont en commun une claire dualité entre la

mélodie et l’accompagnement de bourdon »1. En ce sens, l’auditeur ne sait peut-être pas

exactement l’endroit géographique évoqué par la pièce, mais il peut le qualifier de

« mystérieux », de « désertique », et de « chaud »2, qui sont tous des qualificatifs qui

peuvent être attribués, de près ou de loin à l’Inde ou à ses alentours.

M7 : Le terroriste


1 Tagg, P. (1984). Traduction de l’anglais.



18

Ce segment, premier élément significatif de la chanson, est particulièrement évocateur,

d’abord par son mouvement mélodique et ensuite par le timbre avec lequel il est

constitué. Mélodiquement, cette descente équivaut aux degrés 8, b7, b6 et 5 d’une gamme

mineure ancienne, mais aussi, et surtout à des suites de notes contenues dans certains

raga1 et des maqam

2. Beaucoup de films américains de type « grand public » utilisent

(malheureusement souvent à tort) des extraits musicaux contenant ces différents modes

afin de mettre en musique la présence visuelle de l’ennemi et terroriste moyen-oriental.

Au niveau du timbre utilisé, on peut encore se baser sur une banque d’exemples

musicaux reliés au cinéma américain pour expliquer pourquoi cet instrument particulier

nous fait penser au Moyen-Orient. La première scène du film « Team America »3 est

l’exemple parfait de ces associations au Moyen-Orient. Dans la première scène, une

musique symphonique typiquement hollywoodienne fait brusquement place à une

musique modale avec bourdon, utilisant les mêmes notes que celles contenues dans

l’exemple 18, émises à l’aide d’un instrument tout à fait semblable, et ce, dès l’entrée en

scène des terroristes d’apparence « arabe ».

M8 : Le hippie


1 Cadre mélodique utilisé dans la musique classique indienne.

2 Maqam (arabe) : terme et concept commun aux musiques arabe, persane et turque qui désigne non seulement un

mode, mais aussi une progression mélodique à l’intérieur de ce mode. Ce terme est l’équivalent du raga chez les

Indiens. 3 Ce film est l’exemple parfait de l’utilisation de la musique modale à des fins ethniques, car il est en soi

une parodie du genre « bons américains » vs. « méchants étrangers ». Tous les clichés y figurent et y sont

exagérés au plus haut point, ce qui rend la chose non seulement intéressante, mais aussi extrêmement

hilarante! Pour visionner la première scène : http://www.youtube.com/watch?v=ce8CgJRkr_I


19

L’utilisation de la percussion indienne tabla dans un contexte de musique populaire est

apparu dans les années soixante, alors que de nombreux musiciens connus s’intéressèrent

à des cultures étrangères. Les enseignements de Ravi Shankar à George Harrison

concernant le sitar résultèrent en une influence nettement audible dans les

enregistrements des Beatles. Il n’y a pas de fumée sans feu, le sitar étant

traditionnellement accompagné par le tabla. C’est ainsi que les sonorités de la percussion

tabla furent elles aussi répandues à travers la culture populaire occidentale. En voici

quelques exemples :

Ex. 20 : « Within You Without You », The Beatles (1967)

Ex. 21: « Black Mountain side », Led Zeppelin (1969)

Ex. 22 : « Love You To », The Beatles (1966)

M9: Une odeur de poulet tandoori ? Ex. 23 : « Citizen of the Planet », pièce complète.


20

Le sitar est un instrument classique de l’Inde et a comme caractéristique de posséder des

cordes sympathiques, qui servent essentiellement à faire entendre les notes constituant un

bourdon sur lequel une mélodie raga est jouée.

« A sitar can be tuned a variety of ways and can be tuned to different keys usually from B

to D. A fairly standard tuning is the key of C; however, certain performers such as Ravi

Shankar tune their sitars to C#»1

Ce n’est donc pas un hasard si beaucoup de chansons du répertoire populaire contenant

une partie de sitar sont dans des tonalités allant de B à D, avec une certaine prédominance

pour celles de C# (étant donné la grande popularité de Ravi Shankar) et de D.2 Cette paire

de tonalités provoque alors une sorte d’association pouvant être faite entre musique

populaire occidentale et classique de l’Inde. Il est donc logique de se demander si le

choix de la tonalité de la pièce « Citizen of the Planet » (C#) a un quelconque lien avec le

fait qu’elle utilise une stylistique grandement influencée par l’Inde, et ce, malgré

l’absence de sitar dans le mix final. Voici en guise d’exemples une liste de pièces du

répertoire populaire contenant du sitar et ayant comme tonalité principale (majeure ou

mineure) C# ou sa très proche voisine (en terme de proximité de fondamentale) D :

- « Within You Without You », The Beatles (1967)

- « Across The Universe », The Beatles (1970)

- « Venus in Furs », The Velvet Underground (1967)

- « Sunshine Superman », Donovan (1966)

- « Fancy », The Kinks (1966)

- « Winds of Change », Eric Burdon and the Animals (1967)

- « Looser », Beck (1994)

- « Still », Alanis Morissette (1999)

- « Knees of my Bees », Alanis Morissette (2004)

- Introduction de « Who Feels love », Oasis (2000)

- « ToBe Where There’s Life », Oasis (2008)

1 http://www.joerizzo.com/sitar/index.htm (How to Tune a Sitar).

2 J’ai inclus la tonalité de D dans cette courte liste (qui aurait pu s’étirer encore beaucoup), car elle est

beaucoup plus « guitaristique » que celle de C#. Considérant que le la musique populaire est grandement

issue de musique de guitares, il arrive donc fréquemment que le sitar accompagnant les pièces soit joué en

D.


21

6. Analyse de la forme Tableau 6: Forme

Section IN A A2 PC B PostChorus A3 PC2 B2 A4 PC3 B3 Coda S.F.S. Mesures 1-4 5-12 13-20 21-24 25-28 28-32 33-40 41-44 45-52 53-60 61-64 65-72 73-80 81-83 Temps 0 :00 0 :12 0 :38 1 :03 1 :16 1 :28 1 :41 2 :06 2 :19 2 :44 3 :09 3 :22 3 :47 4 :12

« Citizen of the Planet » est construite sur l’alternance de trois sections répétées :

1- Couplets (A, A2, A3,A4)

2- Refrains (B, B2,B3)

3- Rampes (PC, PC2, PC3)

Ces principaux éléments sont encadrés de parties secondaires à apparition unique (non

moins importantes) :

1- Introduction (IN)

2- Post-Chorus (PostChorus)

3- Coda (Coda)

4- Sortie et fondu au silence (S.F.S.)

Voici donc une brève description de l’historique des évènements de la pièce, en ordre

chronologique :

Introduction

L’introduction instrumentale de quatre mesures comporte une série de VVA

géographiques d’orient et de moyen orient, fournie par l’instrumentation peu ordinaire

qu’elle comporte. Un marqueur de relation arrive à la fin de m4, soit une frappe de tom.

A et A2

Ces deux premiers couplets sont parsemés d’effets sonores (SE+M) contribuant à faire

ressentir une ambiance mystérieuse et ésotérique. Les deux parties sont entrecoupées

d’un marqueur de relation des plus étrange (m12 – SE+M) pouvant être considéré comme


22

anaphone sonique représentant un ovni1. Ce même marqueur réapparaît à la fin de A2

pour marquer la transition avec la section suivante.

PC

Ce court élément de quatre mesures agit comme transition entre couplet et refrain. C’est

principalement le changement de débit de la mélodie ainsi que l’ajout des cordes

« Occidentales » qui font en sorte que la section se démarque par rapport aux évènements

précédents, se rapprochant d’une harmonie tonale plus traditionnelle. Un marqueur

épisodique constitué de deux éléments vient le conclure (m24). Le premier est constitué

d’un coussin dont le timbre et la hauteur sont exponentiellement altérés, pouvant être

interprété comme anaphone kinéthique d’accélération. Le deuxième, frappe de caisse

claire ff, semble agir comme une sorte d’avertissement et constitue le premier élément

concret de la partie « Occidentale » de la pièce.

B

Cette partie, courte et directe, est très contrastante aux différents niveaux que sont

l’instrumentation, la spatialisation et l’esthétique. Les guitares lourdes, la batterie forte

ainsi que l’ « agression2 » sonore rappellent la musique de style heavy Occidentale.

Post-Chorus

Cet élément sert de transition entre la précédente « agression » Occidentale et la suite des

choses. Le retour à l’orient se fait via le retour du bourdon (cordes, voix inférieures, m29-




23

32) mais l’harmonie (cordes, voix supérieures, m29-32) nous retient tout de même dans

une forme de classicisme.

A3

Cette section est essentiellement comparable aux deux autres sections « A » décrites

précédemment, à l’exception d’une certaine gradation des évènements sonores assurée

par trois éléments distincts : la batterie et sa caisse claire de type « boléro1 », les cordes

« Occidentales » de type quatuor ainsi que par deux VVA (SE+M, m36 et 40). Ces

glissandos de cordes correspondent à ceux que l’on à l’habitude d’entendre lors de scènes

horrifiantes contenues dans les films d’horreur, et peuvent être comparés (IOCM) à ceux

contenus dans la finale de « Space Oddity » de David Bowie (1972).

PC2

Ce segment est lui aussi comparable à son homonyme précédent, à la différence près que

la ligne principale de voix est harmonisée à la tierce supérieure, ce qui amplifie l’effet de

rapprochement à l’harmonie tonale traditionnelle. Aussi, le marqueur épisodique de la

caisse claire ff de m44 est maintenant appuyé par un glissando de guitare.

B2

Partie qui équivaut à B, mais deux fois plus longue (huit mesures au lieu de quatre).

1 Tagg, P. (2000). P. 42-43.


24

A4

Agissant comme un retour aux sources, cet élément apparaît comme étant le plus

contrastant de la chanson1, étant donné l’absence totale de transition entre elle et celle qui

la précède. A4 est en fait une synthèse en huit mesures de l’évolution des deux couplets

précédents. Chaque élément précédemment présenté y est représenté à nouveau, de sorte

que la gradation est plus discernable. Cette évolution, textuelle et musicale, tend vers une

certaine finalité, une conclusion ou vers un achèvement.

PC3

La progression d’intensité amorcée dans A4 se poursuit et s’amplifie. Cette section joue

le même rôle que ses homonymes précédents à l’exception du marqueur épisodique de

batterie maintenant appuyé par la voix, qui se veut beaucoup plus percutante (m64,

batterie et voix).

B3

L’apport des cordes à cette partie est la seule différence par rapport à B2. Peuvent être

perçus comme étant en dialogue avec la voix.

Coda

Cette section est dominée par la présence de cordes, agissant en 2 parties distinctes : la

première (m73, 75, 76 et 79) est constituée de glissandos de toutes sortes, dans le

désordre, peut-être même inversés au mixage. Ces glissandos peuvent être des VVA à

1 Pour une représentation visuelle de la pièce, voir annexe 3, Représentation graphique de l’onde sonore du

fichier audio de « Citizen of the Planet », p. 34.


25

l’horreur (voir A3) ou même des anaphones soniques de bombes tombantes. La deuxième

intervention (m74, 76, 78 et 80) peut-être interprétée comme la réponse à la première.

Sortie et Fondu au Silence (S.F.S.)

Cette section est comparable (IOCM) à celle de « A Day In The Life » du groupe The

Beatles (1967). L’écho en boucle suggère une continuité tandis que le marqueur

épisodique du coup de gong évoque la finalité, voire la fatalité. Certes, c’est la surprise,

le néant et la confusion.

7. Analyse du texte

« Citizen of th Planet » (Morissette/Sigsworth-Morissette)

(IN) (A) I start up in the north I grow from special seed I sprinkle it with sensibility from

French and Hungarian snow I linger in the sprouting until my engine's full

(A2) Then I move across the sea To European bliss To language of poets

As i cut the cord of home I kiss my mother's mother look to the horizon

(PC) Wide eyed, new ground humbled by my new surroundings

(B) I am a Citizen Of The Planet

My president is kwan yin

My frontier is on an airplane

my prisons: homes for rehabilitating

(PostChorus) (A3)Then I fly back to my nest, I fly back with my nuclear but everything is different

So I wait, my yearn for home is broadened, patriotism expanded by callings from beyond

(PC2) So I pack my things nothing precious all things sacred

(B2) I am a citizen of the planet

My laws are all of attraction

My punishments are consequences

Separating from source the original sin

I am a citizen of the planet

democracy's kids are sovereign

Where the teachers are the sages


26

And pedestals fill with every parent

(A4) And so, the next few years are blurry, the next decade's a flurry of smells and tastes

unknown

Threads sewn straight through this fabric through fields of every color one culture to another

(PC3) I come alive and I get giddy I am taken and globally naturalized

(B3) I am a citizen of the planet

From simple roots through high vision

I am guarded by the angels

My body guides the direction I go in

I am a citizen of the planet

My favourite pastime edge stretching

Besotten with human condition

these ideals are borne from my deepest within

(Coda) (S.F.S.)

« Citizen of the Planet » semble être une fable pouvant se rapporter à une seule personne

ainsi qu’à l’humanité terrestre entière, malgré l’utilisation de la première personne du

singulier. Si l’on examine le texte à partir de la perspective personnelle d’Alanis

Morissette, on se rend compte que cela peut aussi se rapporter à sa propre existence, elle

qui est née dans une région du nord (Ottawa, CA), d’un père canadien-français et d’une

mère d’origine hongroise. La chanson est officiellement qualifiée de « a poetic narrative

of her life story and transnational perspective1 ». D’un angle plus collectif, le texte

semble vouloir exprimer l’évolution de l’homme depuis des temps lointains ainsi que

l’abolition des frontières politiques et raciales au profit d’une civilisation unie et

fraternelle à l’échelle planétaire.

1 http://www.alanismorissette.com/


27

8. Rapport sur la séance de feedback

L’aspect principal à avoir été mis en évidence lors de la séance de feedback du 27 janvier

2010 auprès de mes collègues étudiants est celui de la dichotomie couplets/refrains

contenue dans « Citizen of the Planet ». Cette distinction a été perçue assez

unanimement, et ce, à différents points de vues. En voici un résumé :

Couplet (A) Refrain (B)

Point de vue

temporel jour soir, nuit

de l’activité attente action

géographique orient occident

de la température ambiante chaud froid

de la luminosité lumière noirceur

de l’état « nerveux » tension relâchement, résultat

de l’état « mental » retenue (elle parle) perte de contrôle (elle crie)

Beaucoup ont aussi perçu la présence d’un conflit ainsi qu’une certaine violence, ce qui

est explicable par ces deux éléments :

1- l’opposition entre les différentes sections est marquée.

2- Par connotation, opposition peut signifier conflit. Conflit peut signifier violence.


28

9. Analyse de la pochette

La pochette comporte deux éléments visuels distincts, le premier étant le visage de

l’interprète en gros plan. Elle y figure seule et fortement maquillée (yeux). Son regard,

pensif, semble fixé sur quelque chose dont nous ignorons la nature, et son expression se

situe quelque part entre la contemplation, l’acceptation, la réflexion, ou peut-être même

la désolation ou l’impuissance. Le second élément est abstrait, semblable à un tableau.

On peut y deviner ou y imaginer la présence du soleil, d’oiseaux, de terre, de mer, de

branches d’arbres et d’animaux.

Pochette de « Flavors of Entanglement »


29

10. Conclusion

En guise de conclusion, je crois qu’il est utile de se référer au modèle de communication

tel qu’établi par Philip Tagg1 afin de répondre correctement à la question fondamentale

de l’analyse musicale sémiotique « pourquoi et comment qui communique quoi à qui et

comment le message est-il perçu? ».

1- Message voulu « intended message » Je suis transnationale, multiculturelle

2- Transmetteur « transmitter » Moi, Alanis Morissette

3- Ensemble des signes « channel » Signes d’orient et d’occident, de moderne

et d’ancien, etc…

4- Récepteur « receiver » Moi (JFF), mes collègues de MUS5810 et

André Lambert, chargé de cours.

5- Réponse « response » adéquate ou inadéquate? (voir ci-bas)

Un problème se pose ici à savoir si la réponse est adéquate ou inadéquate par rapport à

l’intention initiale. La dichotomie est l’élément essentiel à avoir été mis en évidence lors

de la séance de feedback, alors que le message original voulu par l’artiste semble être

beaucoup plus axé sur l’universalisme et la fraternité planétaire. Par contre, une question

se pose : comment exprimer le mieux possible une volonté d’unification culturelle

planétaire? Avec « Citizen of the Planet », Alanis Morissette fait l’étalage des richesses

culturelles de différentes régions et époques en les unifiant musicalement (sur une base

musicale malgré tout bien occidentale) et poétiquement, ce qui à mon avis est une belle

façon de souligner une certaine universalité musicale, artistique et existentielle à l’échelle

de l’humanité entière. Mission accomplie? Selon moi oui, mais il reste tout de même que

ce soit à vous d’en juger, la musique étant autant d’objets différents que d’êtres humains

la ressentant!

1 Voir annexe 2, Modèle de communication sémiotique de la musique, p.35.


30

11. Bibliographie Livre :

- Tagg, Philip. (2000). Fernando the Flute (Analysis of musical meaning in an –

Abba mega-hit, 2nd edition). New York : Media Music Scholars' Press (140 pp).

ISBN·0·9701684·1·1

Articles/livres publiés sur le site web personnel de M. Philip Tagg (http://tagg.org):

- Tagg, Philip. (2007) Guide du travail d’analyse.

- Tagg, Philip. (1999). Introductory notes to the Semiotics of Music. (P. 23-40).

- Tagg, Philip. (2007) Music’s Meanings. Chapitre 5 « Meaning and

communication ».

- Tagg, Philip. (1984). Understanding Musical Time Sense. (P.8-10, India).

Travaux, notes et références :

- MUS6815, Musiques du monde, cours donné à l’automne 2010 par M. Frédéric

Léotar (Ph. D), UQAM.

- Notes de cours (MUS5810 et MUS3810) rédigées par M. André Lambert,

UQAM (2009-2010).

- Un « Couché dans l’foin ». Analyse et transcription par André Lambert.

Sites web:

- www.alanismorissette.com

- www.allmusic.com

- www.imdb.com

- www.joerizzo.com

- www.oxfordmusiconline.com

- www.pepedanza.com

- www.wikipedia.org

- www.youtube.com

Documents audiovisuels : Twilight Zone. Rod Sterling. CBS. 1959. Générique d’introduction. www.youtube.com/watch?v=NzlG28B-R8Y

Team America. Trey Parker & Matt Stone. Paramount. 2004. Scène d’ouverture.

www.youtube.com/watch?v=ce8CgJRkr_I


31

12. Discographie

- Alanis Morissette. 1999. Dogma (Original Soundtrack). Warner Bros.

- Alanis Morissette. 2008. Flavors of Entanglement. Maverick.

- Alanis Morissette. 2004. So-Called Chaos. Maverick.

- Beck. 1994. Mellow Gold. DGC (David Geffen Company).

- Charles Aznavour. 1995. 20 Chansons D’or. Alcinter.

- David Bowie. 1972. Space Oddity. Virgin.

- Donovan. 1966. Sunshine Superman. Epic.

- Eric Burdon & the Animals. 1967. Winds of Change. One Way.

- Godsmack. 1998. Godsmack. Republic Records.

- Metallica. 1991. Metallica. Elektra.

- Led Zeppelin. 1969. Led Zeppelin. Atlantic.

- Oasis. 2008. Dig Out Your Soul. Big Brother/Reprise.

- Oasis. 2000. Standing on the shoulder of Giants. Reprise.

- Peter Gabriel. 1982. Security. Geffen.

- The Beatles. 1970. Let It Be. Capitol Records.

- The Beatles. 1966. Revolver. Capitol Records.

- The Beatles. 1967. Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band. Capitol Records

- The Kinks. 1966. Face to Face. Earmark.

- The Velvet Underground. 1967. The Velvet Underground & Nico. Vinyl Lovers.

- The Who. 1969. Tommy (DVD). Geffen.


32

13. Annexes

Annexe 1 Transcription et réduction de la séance de feedback tenue auprès des étudiants du cours

MUS5810 en date du 27 janvier 2010.

Intro : un endroit inconnu, plein d’insécurité, mystérieux, désertique, surtout pas rassurant, marche pénible,

dépaysement, cliché du cinéma américain des méchants terroristes arabes, chaud étourdissant, boucane

flottante au sol (brouillard), danger imminent, guerre?, ondulation de chaleur due a la cuisson ou asphalte

en été, impression de solitude, préparation de fuite face au danger, désert, arabisant, indien, turc, arménien,

idée du drone (P.Tagg), Amérindien, motif descendant, marche harmonique connue (enlevons les couleurs

d’accord et gardons seulement le mouvement de tonique), une marche, une caravane, dromadaire, ligne

descendante lente = marche lente, c’est pénible, il fait chaud, on rampe, on cherche l’oasis, cloche =

rythmes de prières chez les moines tibétains, communion avec l’eau delà, renfermement sur elle-même.

A1-2 : marqueur épisodique entre A1 et A2 fait penser à un ovni, étoile filante. Elle est dans une ville,

marché, entourée, y’a du monde alentour, représenté par les bruits étranges. Façon de chanter : on dirait

qu’elle se raconte l’histoire à elle-même, elle ne s’adresse pas à personne sauf elle. Tout bouge alentour

d’elle, mais elle est figée. Quand elle chante, on dirait qu’elle a soif, elle est à la frontière d’être saine

d’esprit (au refrain, elle explose!).

Pré-Chorus : Comparaison avec Madonna, l’ajout des cordes apporte du dramatique, transition entre orient

(tabla, ligne desc.) et occident (cordes, harmonie). De marche pénible à « ça va moins mal », elle a

finalement eu son verre d’eau, trouvé l’oasis. Metallica et Scorpion en version symphonique, mélange

d’arrangements, tension entre 3maj (voix) et b6 (cordes), espoir, lumineux, Rythm of the heat?.

B1 : Marqueur épisodique = coup de caisse claire, voix doublée à l’octave inférieur (SOAD), dynamiques

subites (SOAD), le traitement de la voix change radicalement dans le refrain, comme si c’était une toute

autre pièce. Son de guitare début 2000, hi-gain, genre de son électronique sur la guitare qui « découpe » la

distorsion (à la Nine inch nail), machines sophistiquées et bruyantes qui fonctionnent en série, en répétition,

à la chaîne de montage, industriel, version heavy de Chaplin « Les temps modernes », surtout le passage du

demi-ton b1-1. Contraste marqué entre début (instruments acoustiques) et refrain (électrique, moderne),

orient/occident,

Post-chorus : Musème de la tension sus4, le drone revient, sitar sous-entendu, impression de sitar, couleur

mélodique/harmonique/modale? À quoi sert cette section ? C’est la seule fois qu’il y a cela dans la pièce,

apaiser l’atmosphère du refrain ? Retour au calme, retour à sa conscience, à l’introspection, fin du

voyage ? Apaisant, classique, conforme, moins dérangeant, acceptation de quelque chose, compréhension

de quelque chose? Mirage, apparition, musique de film au moyen orient,

A2 : Délai dans la caisse claire = bolero snair de P. Tagg, aussi coupe de mitraillette, marche militaire,

serpent à sonnettes, glissando de violon = extra terrestres, étrange, suspense, esprits, film horreur, on s’en

va ailleurs, toujours conclusif (?),

Pré-chorus 2 : les voix ne sont pas traités de la même façon, pourquoi ? Voix superposées, une troupe,

caractéristique de ce qu’elle fait, cœur grec.

B2 : Marqueur épisodique, Situation géographique, esprit guerrier de révolution, les Romains attaquent,

agressif.

A3 : Pas de transition, direct. Retour direct, opposition avec refrain, l’évolution du 3e couplet est comme

une synthèse de l’évolution des 2 couplets précédents, mais plus rapide… On monte l’escalier plus

rapidement, ou les marches sont moins longues, gradation, pourquoi les différents éléments sont-ils mis


33

ensemble de cette façon, à cet endroit précis de la pièce ? Pleins de marqueurs épisodiques. Films de sci-fi,

on joue sur l’accord augmenté (42 :38).

B3 : Cordes : les éléments qui ont été en opposition tout au long de la pièce sont maintenant réunis, les

cordes en réponse.

Conclusion : Cordes = bombes qui tombent ? Petites interventions de cordes peuvent être musèmes, autre

instrument, autre style… swing ? Cliché? Violons turcs, utilisation des cordes dans « Sgt. Pepper. Rythme

Purple haze, ce qui déboule est dissonant, film d’horreur, agonie, pas agréable, chaos dans cette section,

diving bomb de guitariste. Est-ce un affrontement ou un front commun?

Ambiance finale : Space oddity, Bowie, Reverb de « a day in the life », quelle en est la fin ? Échec ou

réussite ? Bien ou mal ? Nous n’entendons que l’écho du résultat…

IOCM et VVA Blackhawk down

La Momie, le retour de la momie,

Peter Gabriel, Rythm of the Heat

Trilok Gurtu

Shakti (Mcaughlin et …sain…)

Sultan of swing

Hit the road jack

Wade in The water

Le comique du corbeau avec la pièce de Moussorgski (marche)

Uninvited (cordes)

System of a down

Evanescnace

Ramstein

Pore some sugar on me Def Leppard

Charlie Chaplin, le capitalisme les temps modernes,

Cranberries (and my body guides the direction I go in)

Express de minuit (turquie)

Jean-Michel Jarre Champs Élysée, laser, synth, section de violins turcs, arméniens,

Baccanal, Samson et Delilah

Space oddity / Stardust

Steppes de l’Asie centrale

Purple Haze (43 :26)

Into the light, Santane

Diving bombs, guitariste slayer (les cordes à la fin)

Notes et remarques (général) Couplet= jour, refrain = Soir, nuit.

Attente Action

Orient Occident

Chaud Froid

Lumière Noirceur

Tension Relâchement de la tension (et non détente…)

Retenue, folle ? Perte de contrôle.

Parle Crie

Alanis nous dirait : moi je me fous des frontières, je n’ai pas de tension envers ceux qui viennent de peuples

étrangers au mien, en fait, les habitants de la terre forment un peuple uni. Elle affirme son universalisme

(haut et fort dans le refrain).


34

Annexe 2 Modèle de communication sémiotique de la musique.

Annexe 3

Représentation graphique de l’onde sonore du fichier audio de « Citizen of the Planet »

Citizen of the Planet Dichotomie de l’universalisme occidental

Transcription de la pièce d’Alanis Morissette par Jean-François Fortin

Présenté à M. André Lambert

Analyse populaire II

MUS5810-010

8 Mars 2010

q = 76

q = 76

Transcription: Jean-François FortinAlanis Morissette

CITIZEN OF THE PLANET

2 3 4 5 6

Vocals

Cordes + Satô

Sound Effects

+ Miscelaneous

Percussions

Electric Guitar

Synth bass

Drum

Les différentes parties de la chanson sont contruites à partir du 5e mode de la gamme mineure harmonique.

0:00

IN

N.C.

I

0:12

(8VB

A

start up in

the

north

I grow

from spe cial-

(Instrument à cordes, peut-être Yayli

Cymbale inversée, en boucle, sur chacunes des mesures des parties IN, A et A2. Rappelle le vent du désert soufflant le sable de dunes

en dunes, sinon la neige en sibérie.

Clochette, avec résonance longue, s'apparentant à celles qu'utilisent les moines Tibétains lors de rituels et de prières.

simile...

Attaque initiale de framedrum+ délai(s) + modification du

timbre par un jeu de filtres.

simile...

(Tablas

simile... (Udu

simile...

3 3

p

7 8 9 10 11

Voice

Str.

Perc.

E. Gtr.

Bass

Dr.

seed

I sprin

kle- itwith sen

si- bi

- le- ty

- fro m- French

andHung a

- rian-

snow

I lin

ger- in thesprout

ing-

un til

- my en

gine's

4

SE+M

simile

3


2

12 13 14 15 16

Voice

Str.

Perc.

E. Gtr.

Bass

Dr.

full

Then

A2

I

0:38

move a cross

- the

sea

To Eu

ro- pe- an- bliss

To lan

guage- of po

ets-

As

SE+M

Effet sonore

évoquand les ovnis.

simile...

3

simile...

3 3


3

17 18 19 20

Voice

Str.

Perc.

E. Gtr.

Bass

Dr.

I

cut the cord

of

home

I kiss

my mo ther's- mo

ther-

look

to the ho

ri-

zon

4

SE+M

simile...

3

simile...

3


4

21 22 23 24

Voice

Str.

Perc.

E. Gtr.

Bass

Dr.

wide

(Loco

1:03

PC

eyed

new

ground

hum

bled

- by

my new

sur

roun

dings-

I am a

(+cordes "occidentales"

SE+M

simile...

Coussin dont les paramètres de timbre est

et de hauteur sont altérés exponentiellement.

3 3 3

ff


5

25 26 27 28

Voice

Str.

Perc.

E. Gtr.

Bass

Dr.

ci

B1:16

tzen

C#5C#5C#5C#5

- of

the

pla net

BBBB5

-

My pre si- dent

- is

C#5C#5C#5C#5

kwan

yin

BBBB

My

A5@9A5@9A5@9A5@9

front ier

- is on

C#5C#5C#5C#5

an

air

B5B5B5B5

plane-

my pri

sons

C#5C#5C#5C#5

- homesfor

re ha

B5B5B5B5

- bi

- la

A5A5A5A5

- thing-

G#5G#5G#5G#5

(Cordes "occidentales" seulement

SE+M

(Drop-C or 7-string elec. guitar


6

29 30 31 32

Voice

Str.

Perc.

E. Gtr.

Bass

Dr.

1:28

Post-Chorus

N.C. Then

SE+M

(Tablas

simile... (Udu

3


7

33 34 35 36

Voice

Str.

Perc.

E. Gtr.

Bass

Dr.

I

1:41

(8VB

A3

fly back to

my

nest

I fly

back with my nu

cle ar-

but eve

ry- thing- is dif

ferent-

So I

SE+M

Glissando au violon, registre très aigu, horrifiant.

simile...

3

= un mélange de délai et de réverbération est appliqué sur l'attaque initiale de chaque note en bleu (effet de "bolero snair").


8

37 38 39 40

Voice

Str.

Perc.

E. Gtr.

Bass

Dr.

wait

my yearn

from home is broade

ned-

pa trio

- ti sm- exp pan

- ded-

by

cal lings- from

be yond

-

So

SE+M

simile...

3

4

= Rapprochement subit des répétitions du délai + augmentation du volume de la boucle avec coupure subite juste avant le premier temps de la mesure 41.


9

41 42 43 44

Voice

Str.

Perc.

E. Gtr.

Bass

Dr.

I

2:06

PC2(Loco

pack

my

things

no

thing

- pre cious-

all

things

sa a

- cred

I am a

SE+M

3 3 3 3

ff


10

45 46 47 48

Voice

Str.

Perc.

E. Gtr.

Bass

Dr.

ci

2:19

B2C#5C#5C#5C#5

ti zen- of

the

pla

BBBB5

net

Mylawsare all

C#5C#5C#5C#5

of at trac

BBBB

- tion

A5@9A5@9A5@9A5@9

Mypun ishments

are

C#5C#5C#5C#5

con

se

B5B5B5B5

-

quen ces

Se pa

C#5C#5C#5C#5

- ra

ting- fromsource

B5B5B5B5

theor

A5A5A5A5

i

- gi- nal

G#5G#5G#5G#5

sin

I ama

SE+M


11

49 50 51 52

Voice

Str.

Perc.

E. Gtr.

Bass

Dr.

Ci

C#5C#5C#5C#5

tizenof

the

pla

BBBB5

net-

de mo- cra- cy's

C#5C#5C#5C#5

- kids are sove

BBBB

reign

A5@9A5@9A5@9A5@9

Where the tea

chers

C#5C#5C#5C#5

- are

thesa

B5B5B5B5

ges

And

C#5C#5C#5C#5

pe

de- stals- fill

B5B5B5B5

with ev

A5A5A5A5

ry- pa

G#5G#5G#5G#5

rent

-

And

SE+M


12

53 54 55 56

Voice

Str.

Perc.

E. Gtr.

Bass

Dr.

so

A42:44

(8VB

N.C.

the next few

years are

blur ry-

the next

de cade's- a flur

ry-

of smells

and tastes

un

known

(Yayli

SE+M

3


13

57 58 59 60

Voice

Str.

Perc.

E. Gtr.

Bass

Dr.

Threads

sewn straight through

this

fa bric-

through fields

of eve ry- co

lor-

one

cul ture- to

an o

- ther

-

And

SE+M

simile...

3


14

61 62 63 64

Voice

Str.

Perc.

E. Gtr.

Bass

Dr.

I

3:09

PC3

(Loco

come

a

live

-

I

get

rid dy-

I

am

ta ken- and glo

bal- ly- na

tura- lized-

I am a

3 3

SE+M

3 3 3

3 3 66


15

65 66 67 68

Voice

Str.

Perc.

E. Gtr.

Bass

Dr.

ci

3:22

B3

ti

C#5C#5C#5C#5

- zen- of

the

pla

BBBB5

net-

Fromsim ple- roots

C#5C#5C#5C#5

throughhigh vi

BBBB

sion

-

A5@9A5@9A5@9A5@9

I amguar

ded

C#5C#5C#5C#5

by

the ang

B5B5B5B5

els

AndMy

C#5C#5C#5C#5

bo

dy- guidesthe

B5B5B5B5

di rec

A5A5A5A5

tion

I go

G#5G#5G#5G#5

in

I ama

SE+M

Fill


16

69 70 71 72

Voice

Str.

Perc.

E. Gtr.

Bass

Dr.

ci

C#5C#5C#5C#5

tizenof

the

pla

BBBB5

net

Myfa voritepast

C#5C#5C#5C#5

timeedgestretch

BBBB

ing

A5@9A5@9A5@9A5@9

Besot tenwith

hu

C#5C#5C#5C#5

man

con di

B5B5B5B5

tion

thesei

C#5C#5C#5C#5

de

- alsareborn

B5B5B5B5

frommy

A5A5A5A5

deep

estwith

G#5G#5G#5G#5

in

-

SE+M

Fill


17

73 74 75 76

Voice

Str.

Perc.

E. Gtr.

Bass

Dr.

3:47

O+C#5C#5C#5C#5

BBBB5 C#5C#5C#5C#5

BBBB A5@9A5@9A5@9A5@9

C#5C#5C#5C#5 B5B5B5B5 C#5C#5C#5C#5

B5B5B5B5 A5A5A5A5 G#5G#5G#5G#5

Série de glissandos de cordes, peut-être inversés. Horrifiant, ressemblant à des bombes.

SE+M

Fill


18

77 78 79 80

Voice

Str.

Perc.

E. Gtr.

Bass

Dr.

C#5C#5C#5C#5

BBBB5 C#5C#5C#5C#5

BBBB A5@9A5@9A5@9A5@9

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B5B5B5B5 A5A5A5A5 G#5G#5G#5G#5

SE+M

6

3


19

81 82 83

Voice

Str.

Perc.

E. Gtr.

Bass

Dr.

4:12

Sortie et fondu au silence

SE+M

Effet sonore rappelant le coup de gong, avec longue tenue+ altération du temps et de la hauteur à partir de la mesure 82.


20

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