Analyse desrisques:prévention des infections nosocomiales · La gestion des risques, de la...

27
1 1 re partie Analyse des risques : prévention des infections nosocomiales Margot Phaneuf, inf., Ph.D. Chantal Gadbois, inf., M.Sc.inf., MAP Infiressources, mai 2009, révision oct. 2012 Les problèmes de santé provenant des risques hospitaliers font en sorte que nous aurions paraît-il, plus de risques de contracter une infection à l’hôpital que d’être victime d’un accident d’automobile. Ces termes peuvent sembler très forts, mais il s’avère que, depuis plusieurs années déjà, les infections nosocomiales font, dans nos hôpitaux, de grands ravages dont on parle encore assez peu en comparaison avec les souffrances et les décès qu’elles causent. 1 La constatation qui précède remonte à 2004 et on pourrait penser que les choses se sont beaucoup améliorées depuis, surtout qu’en ce moment, il n’est pas vraiment question d’épidémie inquiétante. Mais en dépit de la Loi 113, sanctionnée le 19 décembre 2002, laquelle venait modifier la Loi sur les services de santé et les services sociaux concernant la prestation sécuritaire des services de santé et des services sociaux, au Québec 2 l'incidence des infections nosocomiales se situe encore à 11 % des patients hospitalisés alors que dans plusieurs pays européens elle n’est que de 5 % à 7 % des hospitalisations, voire inférieurs à 5 % dans plusieurs pays. 3 Il est surprenant de constater qu’à l’ère des soins hautement sophistiqués que nous connaissons, on ait chaque année à déplorer qu’entre 9,8 et 11 % des malades soient victimes d'une infection contractée lors des soins dans les hôpitaux du Québec. Et, plus troublant encore, le taux de mortalité se situerait entre 3000 et 4500 chaque année. Sur une échelle un peu plus large, soit entre « le mois d’août 2004 et le mois d’août 2007, on a relevé 14,841 patients victimes d'une infection nosocomiale au C. difficile dans seulement 94 hôpitaux de soins aigus du Québec. Le nombre exact des décès n'est pas connu, le système actuel de surveillance de cette infection ne permettant pas de les comptabiliser.» 4 Le Comité sur les infections nosocomiales du Québec (CINQ) fournit cependant quelques précisions. « À partir de données d’études américaines, il y aurait acquisition d’une infection 1 . Enjeux Radio-Canada. Les hôpitaux qui tuent : http://www.radio-canada.ca/actualite/enjeux/reportages/2004/040120/hopitaux.shtml 2 . Projet de loi n o 113 (2002, chapitre 71) Loi modifiant la Loi sur les services de santé et les services sociaux concernant la prestation sécuritaire de services de santé et de services sociaux http://www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/dynamicSearch/telecharge.php?type=5&file=2002C71F.PDF 3 . Les infections nosocomiales au Canada et au Québec. Association de défense des victimes d’infections nosocomiales. 3 janvier 2009 : http://www.advin.org/component/content/article/142-les-infections-nosocomiales-au- canada-et-au-quebec.html 4 . Agence de Santé publique du Canada. Vol. 31, 2005. Surveillance du Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline dans les hôpitaux canadiens - Bilan du Programme canadien de surveillance des infections nosocomiales. http://www.phac-aspc.gc.ca/publicat/ccdr-rmtc/05vol31/rm3103a-fra.php « Au lieu se s’ingénier à tuer les microbes dans les plaies, ne serait-il pas plus raisonnable de ne pas les introduire? » Louis Pasteur, tiré de : ADVIN.org L’éthique professionnelle se manifeste dans les petits gestes du quotidien et leur ensemble forme la prévention.

Transcript of Analyse desrisques:prévention des infections nosocomiales · La gestion des risques, de la...

Page 1: Analyse desrisques:prévention des infections nosocomiales · La gestion des risques, de la prévention à l’action La prise de conscience de cette vulnérabilité a conduit à

1

1re partie Analyse des risques : prévention des infections nosocomiales

Margot Phaneuf, inf., Ph.D.

Chantal Gadbois, inf., M.Sc.inf., MAP Infiressources, mai 2009, révision oct. 2012

Les problèmes de santé provenant des risques hospitaliers font en sorte que nous aurions paraît-il, plus de risques de contracter une infection à l’hôpital que d’être victime d’un accident d’automobile. Ces termes peuvent sembler très forts, mais il s’avère que, depuis plusieurs années déjà, les infections nosocomiales font, dans nos hôpitaux, de grands ravages dont on parle encore assez peu en comparaison avec les souffrances et les décès qu’elles causent.1 La constatation qui précède remonte à 2004 et on pourrait penser que les choses se sont beaucoup améliorées depuis, surtout qu’en ce moment, il n’est pas vraiment question d’épidémie inquiétante. Mais en dépit de la Loi 113, sanctionnée le 19 décembre 2002, laquelle venait modifier la Loi sur les services de santé et les services sociaux concernant la prestation sécuritaire des services de santé et des services sociaux, au Québec2 l'incidence des infections nosocomiales se situe encore à 11 % des patients hospitalisés alors que dans plusieurs pays européens elle n’est que de 5 % à 7 % des hospitalisations, voire inférieurs à 5 % dans plusieurs pays.3 Il est surprenant de constater qu’à l’ère des soins hautement sophistiqués que nous connaissons, on ait chaque année à déplorer qu’entre 9,8 et 11 % des malades soient victimes d'une infection contractée lors des soins dans les hôpitaux du Québec. Et, plus troublant encore, le taux de mortalité se situerait entre 3000 et 4500 chaque année. Sur une échelle un peu plus large, soit entre « le mois d’août 2004 et le mois d’août 2007, on a relevé 14,841 patients victimes d'une infection nosocomiale au C. difficile dans seulement 94 hôpitaux de soins aigus du Québec. Le nombre exact des décès n'est pas connu, le système actuel de surveillance de cette infection ne permettant pas de les comptabiliser.»4 Le Comité sur les infections nosocomiales du Québec (CINQ) fournit cependant quelques précisions. « À partir de données d’études américaines, il y aurait acquisition d’une infection 1. Enjeux Radio-Canada. Les hôpitaux qui tuent : http://www.radio-canada.ca/actualite/enjeux/reportages/2004/040120/hopitaux.shtml 2. Projet de loi no 113 (2002, chapitre 71) Loi modifiant la Loi sur les services de santé et les services sociaux concernant la prestation sécuritaire de services de santé et de services sociaux http://www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/dynamicSearch/telecharge.php?type=5&file=2002C71F.PDF 3. Les infections nosocomiales au Canada et au Québec. Association de défense des victimes d’infections nosocomiales. 3 janvier 2009 : http://www.advin.org/component/content/article/142-les-infections-nosocomiales-au-canada-et-au-quebec.html 4. Agence de Santé publique du Canada. Vol. 31, 2005. Surveillance du Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline dans les hôpitaux canadiens - Bilan du Programme canadien de surveillance des infections nosocomiales. http://www.phac-aspc.gc.ca/publicat/ccdr-rmtc/05vol31/rm3103a-fra.php

« Au lieu se s’ingénier à tuer les microbes dans les plaies, ne serait-il pas plus raisonnable de ne pas les introduire? » Louis Pasteur, tiré de : ADVIN.org

L’éthique professionnelle se manifeste dans les petits gestes du quotidien et leur ensemble forme la prévention.

Page 2: Analyse desrisques:prévention des infections nosocomiales · La gestion des risques, de la prévention à l’action La prise de conscience de cette vulnérabilité a conduit à

2

nosocomiale dans près de 10 % des admissions dans les hôpitaux de soins de courte durée. Si l’on ajoute les chirurgies d’un jour aux admissions, il y aurait, au Québec, un nombre annuel d’infections nosocomiales de 80 000 à 90 000, avec un taux de mortalité probable attribuable à ces infections se situant entre 1 et 10 %, selon le type d’infection. C’est donc un phénomène important ».5 La gestion des risques, de la prévention à l’action La prise de conscience de cette vulnérabilité a conduit à l’application d’un concept du monde de l’assurance, celui de « gestion des risques ». Dans le milieu de la santé, il prend le sens d’approche préventive faisant appel à un éventail de moyens pour réduire ou éliminer les risques

qui se produisent dans des situations susceptibles de causer des dommages et d’en limiter les effets lorsqu’ils se réalisent. Gérer les risques dans un établissement de soins est une tâche complexe qui demande d’abord d’être au courant des directives ministérielles en matière de prévention (Loi 113, rapport Francoeur, etc.). Mais elle exige aussi une bonne connaissance du milieu, c’est-à-dire des lieux, des personnels et de leurs habitudes de travail, des clientèles, du matériel et des vulnérabilités particulières afin d’identifier les risques éventuels.

Cette gestion suppose aussi de multiples connaissances en médecine, en bactériologie, en pharmacologie, en épidémiologie, etc., ce qui implique l’intervention de plusieurs personnes qualifiées travaillant en synergie. Au-delà de cela, gérer les risques dans le monde de la santé signifie aussi planifier les mesures d’intervention, les faire connaître aux intervenants, aux malades et à leurs visiteurs, prévoir de la formation sur mesure pour les différents personnels selon leur type d’occupation, procéder au suivi de l’application de ces directives et à des rappels en fonction des besoins, évaluer les résultats obtenus et apporter les correctifs nécessaires. Pourtant, ce programme de gestion ne serait pas complet si on omettait de parler des malades, des familles ayant subi les difficultés d’une infection ou d’un accident évitable ainsi que des tentatives nécessaires pour en réduire les conséquences ou amenuiser les pertes encourues. 5. Rapport du comité d’examen sur la prévention et le contrôle des infections nosocomiales. D'abord, ne pas nuire… Les infections nosocomiales au Québec, un problème majeur de santé, une priorité. p. 8 : http://publications.msss.gouv.qc.ca/acrobat/f/documentation/2005/05-209-01web.pdf

2 - La gestion des risquesGérer les risques signifie :. Identifier les risques possibles dans un établissement de santé.

. Prévenir la réalisation des risques prévus.

. Tenir compte de l’impact de leur réalisation surles malade, sur les familles et sur le personnelsoignant touché par la situation.

. Réduire les conséquences ou les pertes en cas deréalisation des risques.

Adapté de: Michelle Dionne. La qualité lieu de convergence. 31 mai 2002. La sécurité du patient une question de qualité :http://www.fep.umontreal.ca/handicap/documentation/dionne112003AHQ.ppt#270,20,Gestion des risques

1 - La gestion des risques : définitions

. Le terme risque signifie danger plus ou moins prévisible. Il recouvre la probabilité qu’un événement causant des dommages puisse se produire. . Le terme gestion des risques vient du monde de l’assurance. C’est une approche préventive qui fait appel à un grand éventail de moyens pour réduire ou éliminer les risques qu’une situation causant des dommages se produise et en limiter les effets lorsqu’ils se réalisent.

Michel le Dionne. La qualité lieu de convergence. 31 mai 2002. La sécurité du patient une question de qualité : http://www.fep.umontreal.ca/handicap/documentation/dionne112003AHQ.ppt#270,20,Gestion des risques

Page 3: Analyse desrisques:prévention des infections nosocomiales · La gestion des risques, de la prévention à l’action La prise de conscience de cette vulnérabilité a conduit à

3

La multiplicité des risques Les chiffres présentés ci-haut peuvent sembler étonnants, mais ils ne concernent que les problèmes d’infections, alors qu’il existe dans nos hôpitaux de nombreux autres risques susceptibles d’affecter les malades et de chagriner leur famille. En tête de liste avec les infections se trouvent les accidents reliés à des chutes ou à des contentions. Il y a aussi les réactions idiosyncrasiques aux médicaments, les complications transfusionnelles, les erreurs médicamenteuses, les omissions de traitement ou de médicaments ou encore les risques liés aux

erreurs de stérilisation, au mauvais fonctionnement de l’équipement technique, radiologique, électrique ou électronique, au bris de la chaîne du froid dans les cuisines, qui représentent tous des risques qu’il faut aussi prendre en compte. S’ajoutent de plus les risques qui menacent l’environnement et qui sont inhérents à la gestion des déchets médicaux. Aussi la gestion des risques doit-elle s’inscrire dans une démarche globale de sécurité de l’ensemble des services hospitaliers.

Les infections nosocomiales, définition Nous savons qu’une infection est la pénétration dans l’organisme d'un agent étranger, que ce soit une bactérie, un virus, un champignon ou un parasite capable de s'y multiplier et d'y induire une pathologie. Lorsqu’il s’agit d’un parasite, on parle aussi d’infestation. Ce qui signifie : la pénétration et la fixation dans l’organisme d’un parasite non microbien. Le terme nosocomial, vient du grec « nosos » signifiant maladie et secondairement de « nosokomeone » qui signifie hôpital; il qualifie ce qui se rapporte à ce milieu, ce qui se contracte lors d’un séjour hospitalier. Cette définition surprend lorsqu’on pense que les patients viennent à l’hôpital pour se faire soigner et non pour devenir plus malades. De manière générale, ces infections acquises peuvent être endogènes, c’est-à-dire issues d’une cause interne, par exemple lorsque le malade est contaminé par ses propres germes.

Ø si elle était absente à l'admission Ø si sa déclaration se fait plus de 48 heures après

l'admission Ø si sa déclaration arrive après un délai supérieur à

la période d'incubation, lorsque celle-ci est connue. Ø Pour les infections de plaie opératoire, on accepte

comme nosocomiales, les infections survenues dans les 30 jours suivant l'intervention.

Ø S'il y a mise en place d'une prothèse ou d'un implant, dans l'année qui suit l'intervention.

Ø si elle était absente à l'admission Ø si sa déclaration se fait plus de 48 heures après

l'admission Ø si sa déclaration arrive après un délai supérieur à

la période d'incubation, lorsque celle-ci est connue. Ø Pour les infections de plaie opératoire, on accepte

comme nosocomiales, les infections survenues dans les 30 jours suivant l'intervention.

Ø S'il y a mise en place d'une prothèse ou d'un implant, dans l'année qui suit l'intervention.

4 - Une infection est dite nosocomiale :4 - Une infection est dite nosocomiale :

3 - Infection nosocomiale3 - Infection nosocomialeDéfinitionØInfection : pénétration dans un organisme

d'un agent étranger (bactérie, virus, champignon, parasite) capable de s'y multiplier et d'y induire des lésions pathologiques.

ØNosocomiale : vient du grec « nosos »maladie et secondairement de « nosokomeone », qui signifie hôpital et qualifie ce qui se contracte dans ce milieu.

DéfinitionØInfection : pénétration dans un organisme

d'un agent étranger (bactérie, virus, champignon, parasite) capable de s'y multiplier et d'y induire des lésions pathologiques.

ØNosocomiale : vient du grec « nosos »maladie et secondairement de « nosokomeone », qui signifie hôpital et qualifie ce qui se contracte dans ce milieu.

Page 4: Analyse desrisques:prévention des infections nosocomiales · La gestion des risques, de la prévention à l’action La prise de conscience de cette vulnérabilité a conduit à

4

Elles peuvent aussi être exogènes, si elles sont transmises d'un malade à l'autre, disséminées par le personnel ou encore si les agents pathogènes sont présents dans l'environnement hospitalier.6 Pour être reconnue comme étant de nature nosocomiale, une infection doit répondre à certains critères :

• Elle doit avoir été absente à l’admission du patient à l’hôpital.

• Sa déclaration doit se produire après plus de 48 heures de l’arrivée en milieu hospitalier ou encore se déclarer après un délai supérieur à la période d'incubation de cette infection, lorsque celle-ci est connue.

• Les infections de plaie opératoire, sont reconnues nosocomiales et les infections

survenues dans les 30 jours suivant l'intervention.

• S'il y a mise en place d'une prothèse ou d'un implant, une infection peut être reconnue nosocomiale quand elle survient dans l'année qui suit l'intervention.

• Ces infections peuvent être secondaires ou non à un traitement invasif. 7

Les principales infections nosocomiales et leurs effets Les maladies nosocomiales sont fréquentes et causées par différents agents pathogènes. Leurs ravages sont importants et causent de nombreux décès. « Au Québec, » dit madame Lise-Andrée Galarneau, présidente du Comité de surveillance de la résistance bactérienne du Québec, « le nombre des mortalités qui leur sont attribuables vient tout de suite après les infarctus, les maladies vasculaires et les cancers, sauf que ces infections sont contractées à l'hôpital, que les patients meurent à l'hôpital, et c'est comme si c'était naturel ». Elle ajoute que ce phénomène inquiétant fait très peu parler de lui. « Nous, on l'appelle l'épidémie silencieuse. Il y en a beaucoup, mais on en parle peu parce que ses ravages sont peu médiatisés, peu publicisés, au même titre que peuvent l'être les accidents de la route.» 8.9 Selon le Comité d’examen sur la prévention et le contrôle des infections nosocomiales, les infections hospitalières « les plus fréquentes sont les infections urinaires, dont la majorité est liée à l’utilisation de cathéters urinaires. Elles prolongent de 4 à 16 jours la durée de séjour en milieu hospitalier. Les pneumonies dues à l’immobilisation prolongée ou à la ventilation mécanique peuvent être associées à un taux de mortalité de 7%. Les infections des sites chirurgicaux, les bactériémies nosocomiales primaires, principalement celles causées par l’installation d’un cathéter, et la diarrhée associée au Clostridium difficile ont aussi une incidence sur la mortalité, la morbidité et la qualité de vie des personnes qui en sont atteintes. Elles ont aussi un impact sur la durée de séjour et, par conséquent, sur l’accessibilité des soins et des services pour les autres malades. Parmi les autres infections nosocomiales, il y a les infections de la peau et des tissus 6. Conseil Supérieur d’Hygiène Publique de France. 100 recommandations pour la surveillance et la prévention des infections nosocomiales : http://www.sante.gouv.fr/htm/pointsur/nosoco/nosoco3-1-2.html 7. Idem. Conseil Supérieur d’Hygiène Publique de France. 100 recommandations pour la surveillance et la prévention des infections nosocomiales. 8. Lise Galarneau, présidente du Comité de surveillance de la résistance bactérienne du Québec : http://www.radio-canada.ca/actualite/enjeux/reportages/2004/040120/hopitaux.shtml 9. Web explorateur MedEcho : outil informatisé qui permet l'interrogation de la banque de données sur les hospitalisations dans les hôpitaux du Québec

Page 5: Analyse desrisques:prévention des infections nosocomiales · La gestion des risques, de la prévention à l’action La prise de conscience de cette vulnérabilité a conduit à

5

mous, les gastro-entérites virales, l’influenza et les autres virus respiratoires ainsi que les infections du nez, des yeux, de la gorge et des oreilles ».10 Le Clostridium difficile Le problème qui a alarmé la population est celui du C. difficile. En effet, entre 2003 et 2004, le nombre de cas recensés dans nos hôpitaux a crû de manière alarmante, affectant particulièrement certaines régions et certains hôpitaux. Selon une information du Réseau de l’Information de Radio-Canada (RDI) du 21 octobre 2004, « le Clostridium difficile se serait répandu en Montérégie, à Montréal et aussi dans d’autres régions du Québec, de telle sorte que, depuis 2003, 7000 personnes en ont été infectées, c’est-à-dire quatre fois plus que les années précédentes et seulement dans huit hôpitaux de Montréal, 600 personnes en sont décédées ».11 Depuis, le Clostridium difficile est surveillé de près et les cas d'infection sont moins nombreux. Les choses se sont améliorées, il est vrai, mais les infections par le C. difficile demeurent toujours très inquiétantes. Bactérie ancienne, mais nouvelle virulence

Le Clostridium difficile est un bacille à Gram positif, anaérobie, sporulé, connu depuis 1935 et appelé « difficile » en raison de la difficulté des chercheurs à l’isoler et non pas à cause des inconvénients dont il est la source. Il constitue la première cause de diarrhées

infectieuses nosocomiales chez l’adulte. La progression du C. difficile dans

l’organisme est souvent induite par la prise d’antibiotiques. En effet, l’altération de la flore intestinale constitue une étape essentielle à la croissance de cette bactérie : un traitement d’antibiothérapie réduit le nombre des bactéries normales de l'intestin et favorise ainsi la multiplication du bacille qui sécrète une toxine responsable de la diarrhée. La croissance du bacille est aussi favorisée par l’usage d’inhibiteurs de la pompe à protons dont l'action est de réduire l’acidité gastrique et cette hypo acidité peut avoir comme résultat une défense amoindrie contre les infections intestinales.12 La contamination par le Clostridium difficile se fait par voie 10. Rapport du Comité d’examen sur la prévention et le contrôle des infections nosocomiales, 2005, p.21 : http://publications.msss.gouv.qc.ca/acrobat/f/documentation/2005/05-209-01web.pdf 11. C. difficile : Québec confirme le sérieux du problème. Découverte, RDI, 21 octobre, 2004. http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Santeeducation/nouvelles/200410/20/001-cdifficile-mercredi.shtml 12. T, Vallot et N. Mathieu. Action des inhibiteurs de la pompe à protons sur la sécrétion gastrique acide : mécanismes, effets des traitements au long cours : http://www.em-consulte.com/article/66584

5 - Incidence des nouveaux cas par 1000 admissions MedÉcho et surveillance provinciale

Surveillance

0

5

10

15

20

25

2000-2001 2001-2002 2002-2003 2003-2004 2004-2005 2005-2006 2006-2007

périodes administratives

TxD

ACD

hos

pita

lisés

/100

0 ad

mis

sion

s

MedEcho6184 cas

Source: INSPQ, Système de surveillance provincial , Rodica Gilca.adaptation par BSV MSSS nov 2006

Moyenne : 3294 cas/an

7020 cas

3909 cas

D: 190 (3%)C: 267 (5%)

D: 85 (2 %)C: 144 (4%)

60 %

Page 6: Analyse desrisques:prévention des infections nosocomiales · La gestion des risques, de la prévention à l’action La prise de conscience de cette vulnérabilité a conduit à

6

féco-orale et sa transmission de personne à personne s’effectue directement par les mains (manuportage) ou encore à partir d’un environnement contaminé.13

Depuis 2003, une souche de C. difficile particulièrement virulente et résistante aux antibiotiques est responsable d’infections nosocomiales très sévères et épidémiques, susceptibles de causer des lésions graves et même la mort, car en cas de complications, le taux de décès peut atteindre de 35 à 50 % des cas.14.15 Il faut préciser que cette épidémie touche un grand nombre de pays dans le monde; par ailleurs, un certain pourcentage de la population,

soit environ 5 %, peut être porteur de cette bactérie dans l'intestin sans avoir de problème de santé et ne requérir aucun traitement.16 Des spores de Clostridium difficile se retrouvent aussi dans le sol, dans les eaux des rivières, des piscines ou des lacs, dans la terre, dans des selles d'animaux, sur des légumes, dans des viandes crues et dans les maisons.[…] Il est présent dans les selles de plus de 50 % des enfants âgés de moins de 2 ans et chez 5 % des adultes en bonne santé. Il cause rarement des

13. L’infection nosocomiale : Prévalence 2001, incidence et signalement des infections nosocomiales Définition et circonstances de survenue : http://www.sante.gouv.fr/htm/actu/nosoco/1infec.htm 14. Infections digestives liées à Clostridium difficile de type 027, France, janvier à novembre 2006 : http://www.invs.sante.fr/presse/2006/le_point_sur/clostridium_difficile_071106/index.html. 15. Dr Alain Poirier (2006). Situation au Québec en regard du C. difficile. Les faits : http://www.msss.gouv.qc.ca/sujets/prob_sante/nosocomiales/download.php?f=a835ef6abeef61ead23373491db7210c 16. Qu’est-ce que le Clostridium difficile http://www.msss.gouv.qc.ca/sujets/prob_sante/nosocomiales/index.php?cdifficile

89 (2 %)

243 (7 %)

33 (1 %)

177 (5 %)

134 (4 %)

3660

An 122 août 2004 - 20 août 2005

- 47 %47 (2 %) Adm. USI

- 44 % 135 (6 %)Réadmission

- 30 %23 (1 %)Colectomie

- 55 %79 (3 %) Décès cause contributive

- 58 %56 (2 %)Décès cause principale

- 38 % 2266Cas

ÉvolutionAn 221 août 2005 - 19 août 2006

Variable

7 - Comparaison des cas de C. difficile pour 2004-03 et 2005-06

http://www.msss.gouv.qc.ca/sujets/prob_sante/nosocomiales/download.php?f=a835ef6abeef61ead23373491db7210c#299,18Programme de caractérisation des souches de C. difficile.

6 - DES FACTEURS FAVORISANTS

L’éclosion d'une infection nosocomiale est d’abord favorisée par l’état du malade. Elle dépend :

Ø de son âge et de sa pathologie : sont particulièrement àrisque les personnes âgées, les immunodéprimés, les nouveau-nés, en particulier les prématurés, les polytraumatisés et les grands brûlés ;

Ø de certains traitements :. les antibiotiques qui déséquilibrent la flore

intestinale et occasionnent la résistance des bactéries,. les traitements immunosuppresseurs ;

Ø la réalisation d'actes invasifs nécessaires au traitement : sondage urinaire, pose d’un cathéter, ventilation artificielle et intervention chirurgicale.

Source: http://www.sante.gouv.fr/htm/actu/nosoco/1infec.htm

6 - DES FACTEURS FAVORISANTS

L’éclosion d'une infection nosocomiale est d’abord favorisée par l’état du malade. Elle dépend :

Ø de son âge et de sa pathologie : sont particulièrement àrisque les personnes âgées, les immunodéprimés, les nouveau-nés, en particulier les prématurés, les polytraumatisés et les grands brûlés ;

Ø de certains traitements :. les antibiotiques qui déséquilibrent la flore

intestinale et occasionnent la résistance des bactéries,. les traitements immunosuppresseurs ;

Ø la réalisation d'actes invasifs nécessaires au traitement : sondage urinaire, pose d’un cathéter, ventilation artificielle et intervention chirurgicale.

Source: http://www.sante.gouv.fr/htm/actu/nosoco/1infec.htm

Page 7: Analyse desrisques:prévention des infections nosocomiales · La gestion des risques, de la prévention à l’action La prise de conscience de cette vulnérabilité a conduit à

7

symptômes d'infection chez les personnes en bonne santé à cause de l'activité des autres bactéries normalement présentes dans l'intestin qui en empêche la prolifération.17 Le C. difficile peut survivre dans l'environnement, particulièrement dans le milieu hospitalier, sur diverses surfaces : chasse d'eau, robinets, poignées de porte, ridelles du lit, sièges de toilette, bassins de lit, thermomètres, brassards compressifs de sphygmomanomètre, diaphragmes de stéthoscopes, otoscopes, etc. Le risque de contagion s’accroît s’il y a partage de la toilette. Certains services sont plus touchés, notamment les soins intensifs, l’hématologie et la gériatrie, de même que la médecine et la chirurgie. Des complications sérieuses peuvent en découler particulièrement chez les malades dont le système immunitaire est affaibli, chez les enfants et ceux qui subissent une chimiothérapie, une antibiothérapie ou une greffe, ainsi que chez les personnes âgées. « Les infections à C. difficile peuvent causer une gamme étendue de symptômes allant d'une diarrhée légère à une diarrhée grave avec de la fièvre, des douleurs abdominales et un ballonnement. Et, plus rarement, du sang dans les selles et une inflammation importante du colon. »18 Les complications les plus sérieuses sont le choc septique, la défaillance rénale et le mégacôlon toxique, c’est-à-dire une dilatation massive du colon qui peut entraîner une perforation et le décès.19 Selon des estimations effectuées en 1994, environ 2% des patients atteints de colite à C. difficile mourront des complications qui y sont reliées.20 L’infection à l’entérocoque résistant à la vancomycine (ERV) L’ERV est une bactérie de type entérocoque, c’est-à-dire qui vit habituellement dans l’intestin humain. En règle générale, les entérocoques ne causent pas d’infections chez les personnes bien portantes, mais il arrive qu’ils causent des infections urinaires, des infections de plaies et parfois, des infections du sang qui constituent des infections nosocomiales, lorsque contractées lors d’un séjour en milieu hospitalier. Les ERV présentent la caractéristique d’avoir développé une résistance à plusieurs antibiotiques, dont la vancomycine. Ils ne causent pas plus d’infections que

17. http://www.santepub-mtl.qc.ca/Mi/public/cdifficile/prevention.html 18 . Clostridium difficile - Prévenir les maladies infectieuses : http://www.msss.gouv.qc.ca/sujets/prob_sante/nosocomiales/download.php?f=a835ef6abeef61ead23373491db7210c 19. Idem 20. Prendergast TM, Marini CP, D’Angelo AJ, Sher ME, Cohen JR. Surgical patients with pseudomembranous colitis: factors affecting prognosis. Surgery 1994;116:768-74. Dans David Pinard, révisé par : Dr Natalie Rivest, microbiologiste Traitement de la diarrhée associée au Clostridium difficile : http://www.cssslaval.qc.ca/volumes- df/Pdf_14septembre/Volume7_Numero2_Clostridium_difficile.pdf

Traitement aux antibiotiques

Abolition de la barrière protectrice intestinale

Abolition de la barrière protectrice gastrique

Diminution de l’acidité normale de l’estomac

Destruction de la flore normale de l’intestin

Traitement aux inhibiteurs de la pompe à protons

8 - Contamination endogène

ou exogène au C. difficile

prolifération

Toxines

Page 8: Analyse desrisques:prévention des infections nosocomiales · La gestion des risques, de la prévention à l’action La prise de conscience de cette vulnérabilité a conduit à

8

les autres entérocoques, mais ils limitent les choix de traitement par antibiothérapie et peuvent nécessiter une hospitalisation et un traitement plus difficile et plus long.21.22. Cette résistance a des conséquences non négligeables, mesurées par une plus grande probabilité de rechute des infections, une augmentation de la durée de séjour et des coûts d’hospitalisation, et une létalité plus importante. La mortalité attribuable à l’ERV se situe entre 17 et 30 % selon les études.23 La transmission de l’ERV Cette bactérie se transmet généralement d’une personne à l’autre par contact direct avec les selles, l’urine ou le sang d’une personne porteuse, par les mains infectées du personnel soignant. La contamination se fait lors des soins ou en touchant à certains objets contaminés de l’environnement, notamment les toilettes, les poignées de porte, les commutateurs, les ridelles du lit, les stéthoscopes, les otoscopes, etc. La meilleure protection s’avère le lavage des mains par le personnel soignant et par le patient. Les ERV ne se transmettent pas dans l’air par la toux ou par les éternuements, mais comme ils peuvent survivre jusqu’à 7 jours dans l’environnement, les surfaces touchées fréquemment deviennent une source majeure de transmission de l’infection.24 Ses manifestations Bien que l’entérocoque soit une bactérie intestinale, l’infection due à l’ERV peut envahir une autre partie du corps et se multiplier dans les tissus. Selon la région infectée, la personne peut présenter divers signes et symptômes, tels que la fièvre, l’inflammation, la rougeur et l’infection de plaies, l’infection urinaire et la pneumonie. Un séjour prolongé à l’hôpital constitue un risque majeur de contamination éventuelle, mais les dangers d’infection touchent surtout les personnes dont le système immunitaire est affaibli, celles qui sont gravement malades, celles qui souffrent de problèmes médicaux sérieux comme le diabète et particulièrement les malades présentant une plaie chirurgicale, ceux qui ont subi un traitement prolongé aux antibiotiques, ceux qui sont dialysés, ou qui sont porteurs d’un appareil médical entraînant un bris cutané, par exemple, un cathéter central, une trachéotomie, etc.25 Le SARM et le SARO des infections à surveiller Ces maladies sont causées par les staphylocoques, des bactéries qui vivent dans l'environnement extérieur. Elles sont dites commensales, c’est-à-dire qu’on les trouve habituellement chez l’homme où plusieurs espèces colonisent la peau et certaines muqueuses, particulièrement les narines, sans causer d’infections sérieuses chez les individus en bonne santé. Le staphylocoque doré ou Staphylococcus Aureus est sa forme la plus dangereuse; elle est responsable de nombreuses infections, surtout par sa souche résistante aux antibiotiques Staphylococcus Aureus Résistant à la Méthicillin (SARM) qui, en ce moment, cause de plus en plus d'infections hospitalières. Il existe aussi une autre souche le SARO, Staphylococus Aureus résistant à

21 . Agence de développement des réseaux locaux de santé et de services sociaux. Que sont les entérocoques. http://www.d4m.com/axion/rssss/web/document/ERV_RI_RA.pdf 22 . Santé et services sociaux Québec. Qu’est-ce que les ERV ? : http://www.msss.gouv.qc.ca/sujets/prob_sante/nosocomiales/index.php?aid=17 23. Institut de veille sanitaire. Entérocoques résistant à la vancomycine en France, état des lieux en 2005. Note de synthèse : http://www.invs.sante.fr/display/edito_.asp?doc=presse%2F2005%2Fle_point_sur%2Fenterocoques_vancomycine_050705%2Findex.html 24. Santé et services sociaux Québec. Qu’est-ce que les ERV ? : http://www.msss.gouv.qc.ca/sujets/prob_sante/nosocomiales/index.php?aid=17.

Page 9: Analyse desrisques:prévention des infections nosocomiales · La gestion des risques, de la prévention à l’action La prise de conscience de cette vulnérabilité a conduit à

9

l’Oxacilline qui fait des ravages. Bien qu’elles ne causent pas plus d’infections que les autres staphylocoques, ces souches limitent le choix du traitement d’antibiothérapie.26 « Les répercussions de cette infection sur la clientèle hospitalisée sont considérables. Le traitement des patients infectés par le SARM s’avère complexe en raison du choix thérapeutique limité, alors que la prévention et le contrôle de la transmission de la bactérie en milieu de soins exigent des mesures très strictes, telles que : l’identification des patients porteurs de la bactérie dès l’admission ou en cours d’hospitalisation, la disposition de chambres privées ou le regroupement des porteurs et le port de gants et de blouses par les soignants. Le traitement est onéreux et entraîne une augmentation notable de la durée de séjour. »27 Un des problèmes présentés par le staphylocoque est sa grande plasticité qui est associée à la constante évolution de ses caractéristiques épidémiologiques. Au cours de ses 30 dernières années d’évolution, il a développé plusieurs attributs : de résistant à la vancomycine il est devenu depuis les années 2000, multirésistant aux pénicillines, aux céphalosporines, etc.28. Chez les malades hospitalisés, contaminés par le SARM, « tous les organes et tissus peuvent être touchés. Les infections les plus graves sont les infections du sang (bactériémies) chez les patients porteurs d’un cathéter veineux central, les pneumonies sous ventilation assistée, les infections du site opératoire et les infections des os et des articulations. Ces dernières (ostéomyélites) sont particulièrement difficiles à soigner et très souvent récidivantes.»29. Illustration 30

De plus, de maladie nosocomiale, le SARM a évolué pour se répandre dans la communauté sous la forme de SARM-C. Dans ce milieu, il constitue l’infection cutanée la plus fréquente, « sous la forme de simples boutons ou de furoncles. Le SARM-C est souvent diagnostiqué, au début, de façon erronée

comme une simple piqûre d'insecte. Il s'agit d'une rougeur, avec gonflement, douleur, puis écoulement de pus. [...] Si les lésions cutanées ne sont pas soignées rapidement, l'infection peut s'étendre aux tissus mous : abcès, cellulites, myosites (infections des muscles). Elle peut aussi s'étendre aux autres tissus et organes. Certaines souches de SARM-C produisent des toxines très virulentes appelées PVL (Panton Valentine Leucocydine). Elles détruisent les leucocytes (globules blancs) et provoquent des chocs toxiques et/ou des destructions de tissus, en particulier des poumons, qui sont mortelles dans 50 % des cas, en quelques jours. »31 Comment se transmet le SARM? 26. Richard Garceau. Acquisitions, précaution et conduite pour le médecin de première ligne. PowerPoint : http://www.amlfc.org/Pages/Colloque_Caraquet/conferences_2008/PPP%20-%20Richard%20Garceau%20-%20Bact%E9ries%20multir%E9sistantes.pdf 27. Santé et services sociaux Québec. Les infections nosocomiales. P. 11 http://publications.msss.gouv.qc.ca/acrobat/f/documentation/2006/06-209-01.pdf 28. M.-E. Reverdy, H. Meugnier, M Bes, T Ferry, F. Forey, G. Lina, F. Vandenesch, J. Étienne. Épidémiologie des SARM en France http://www.invs.sante.fr/publications/2005/snmi/pdf/sarm.pdf 29. Association de défense des victimes d’infection nosocomiales. Qu’est-ce que le SARM ? http://www.advin.org/component/content/article/45-documentation-specialisee/151-quest-ce-que-le-sarm-.html 30. Illustration : Pour s’y retrouver parmi les C. difficile, SARM et ERV http://www.santemontreal.qc.ca/pdf/direction_reseau/DirectionReseaux-v3no20-2007-06-14.pdf 31. Association de défense des victimes d’infection nosocomiales. Qu’est-ce que le SARM ? http://www.advin.org/component/content/article/45-documentation-specialisee/151-quest-ce-que-le-sarm-.html

Page 10: Analyse desrisques:prévention des infections nosocomiales · La gestion des risques, de la prévention à l’action La prise de conscience de cette vulnérabilité a conduit à

10

En milieu hospitalier, le SARM comme beaucoup d’agents pathogènes se transmet principalement d’un patient porteur à un autre. Il est manuporté, c’est-à-dire, principalement transmis par les mains contaminées du personnel soignant et c’est pourquoi la meilleure protection est le lavage des mains des intervenants de la santé. Il faut aussi préciser que le SARM peut se trouver dans le sang des malades infectés et il faut, dans ces cas, porter des gants, un masque et une blouse s’il y a risque de contact avec des liquides organiques. Il peut aussi demeurer dans les narines ou dans une plaie pendant plusieurs mois, voire plusieurs années.32 Que le staphylocoque soit résistant ou non aux antibiotiques, il est très répandu, car jusqu'à 50 % des personnes en bonne santé sont colonisées par cette bactérie que l'on retrouve au niveau des fosses nasales et de la gorge, souvent au niveau du périnée et en faible quantité dans le tube digestif. Les porteurs sains du SARM disséminent la bactérie sur leurs vêtements et dans l’environnement hospitalier et communautaire. Ils sont ainsi des foyers de contamination et peuvent être à l'origine d'infections nosocomiales. En 2005-2006, 61% des patients de l'Hôpital Le Gardeur dans la banlieue de Montréal étaient colonisés par le SARM à leur admission.33 À l’intérieur du milieu hospitalier, la dissémination se fait surtout par le personnel soignant qui se contamine au contact des patients colonisés ou infectés et répand la bactérie dans tout l’établissement. Après un seul contact avec le patient et/ou son environnement, plus de 60 % des mains et des vêtements du personnel sont contaminés par le SARM.34 N’est-ce pas inquiétant? Entérobactérie productrice d’une bêta-lactamase L’enzyme BSLE ou bêta-lactamase à spectre étendu qui a développé une forte résistance aux antibiotiques provient des bactéries opportunistes, Escherichia coli (E. coli) et Klebsiella pneumoniae, qui s’avèrent le plus souvent sans dangers graves pour les personnes en santé, mais peuvent générer des problèmes sérieux à celles dont le système immunitaire est affaibli. D’autres entérobactéries peuvent aussi produire des BSLE, ce sont principalement les Salmonelles, le Proteus mirabilis et le Pseudomonas aeruginosa.35 La bactérie E. coli se trouve normalement dans les excréments des humains et des animaux à sang chaud et fait partie du groupe de bactéries dites « coliformes » qui peuvent causer divers types d’infections intestinales.36 Il y a plusieurs formes de bactéries E. coli; les plus connues sont celles qui infectent l’eau ou causent les intoxications alimentaires et celles qui infectent la vessie. Ces dernières sont la plupart du temps endogènes, c’est-à-dire provenant de la personne elle-même ou de l’insertion d’un cathéter contaminé. Les bactéries E. coli peuvent devenir résistantes et difficiles à traiter surtout lorsqu’elles sont à l’origine d’une septicémie, de l’infection d’une plaie ou d’une méningite. L’E. coli peut vivre plusieurs jours sur des surfaces telles que les ridelles du lit, les bassins de lit, les sièges de toilette, etc., ce qui exige une hygiène stricte du milieu. Un autre indésirable. l’Acinetobacter Baumannii

32 . Pole Santé Sécurité Soins du médiateur de la République. Comment prévenir la transmission des SARM à l’hôpital ? : http://www.securitesoins.fr/bacteries/les-staphylocoques/comment-prevenir-la-transmission-des-sarm_fr_03_03_06.html 33. Association de défense des victimes d’infections nosocomiales. Qu’est-ce que le SARM ? http://www.advin.org/component/content/article/45-documentation-specialisee/151-quest-ce-que-le-sarm-.html 34. idem 35. Centers for disease control and prevention. Laboratory Detection of Extended-Spectrum β-Lactamases (ESBLs) http://www.cdc.gov/ncidod/dhqp/ar_lab_esbl.html#9 36. Medic Family health Guide : http://www.medic8.com/healthguide/articles/esbl.html

Page 11: Analyse desrisques:prévention des infections nosocomiales · La gestion des risques, de la prévention à l’action La prise de conscience de cette vulnérabilité a conduit à

11

L’Acinetobacter Baumannii, un coccobacille, est un agent pathogène opportuniste ayant pour principaux habitats, le sol, les eaux, les végétaux, la peau saine de l'homme et des animaux. Des souches de l’Acinetobacter sont fréquemment isolées des eaux usées et des boues des stations d'épuration. « Chez l'homme, les Acinetobacter font partie de la flore cutanée normale et ils sont fréquemment retrouvés dans les zones humides (aines, creux axillaires, espaces interdigitaux) et dans la bouche, la gorge, la trachée, le nez, la conjonctive, l'urètre, le rectum. Il en existe plusieurs souches. »37 Ce coccobacille est occasionnellement responsable d’infections nosocomiales sporadiques ou à caractère épidémique. Les infections le plus souvent rencontrées sont les infections pulmonaires en particulier chez les patients intubés et ventilés en réanimation (avec une létalité globale associée, variant de 40 à 70%), les septicémies, les infections de plaies et les infections du tractus urinaire. La transmission s’effectue le plus souvent de façon manuportée par l’intermédiaire du personnel soignant ou par aérosolisation à partir de matériel contaminé (ex. : humidificateur, matériel de ventilation).38 « Cette bactérie est fréquemment retrouvée dans les services hospitaliers, dans des milieux humides ou aqueux (lavabos, savons, eau distillée, eau des systèmes d’humidification) et elle est également capable de résister à certains désinfectants à base d’ammonium quaternaire et de proliférer dans des flacons de désinfectant. Une autre particularité propre à cette bactérie est sa faculté à survivre de façon prolongée (> 8 j.) dans un environnement sec (sols, surfaces, linge, matériel de literie). À la différence d’autres espèces d’Acinetobacter qui sont des colonisants habituels de la peau, A. baumannii est rarement isolé au niveau cutané, mais il est parfois retrouvé à l’état asymptomatique au niveau oropharyngé ou rectal chez des patients

hospitalisés. » 39 « Les infections à A. baumannii touchent surtout les patients âgés et immunodéprimés, en particulier ceux qui séjournent de façon prolongée dans des unités de réanimation. Parmi les facteurs de risque, on retrouve habituellement l’exposition à des procédures invasives de longue durée (intubation et ventilation assistée), les interventions chirurgicales et une antibiothérapie

préalable […] Une autre souche, l’Acinetobacter ursingii a pour origine des patients hospitalisés atteints de maladies graves comme la septicémie. Dans certains cas, on croit à la possibilité que ces souches aient la capacité à diffuser au sein d'un service hospitalier. 40. 41 37. J.P. Euzéby : Dictionnaire de Bactériologie Vétérinaire. Acinetobacter. Mise à jour le 21 janvier 2009 : http://www.bacterio.cict.fr/bacdico/aa/acinetobacter.html. 38. Hans H. Siegrist. Acinetobacter : infections nosocomiales, épidémiologie et résistance aux antibiotiques : http://www.chuv.ch/swiss-noso/f71a3.htm 39. Acinetobacter : http://www.bacterio.cict.fr/bacdico/aa/acinetobacter.html

9 - Facteurs de risque des maladies nosocomiales• La désuétude de l’infrastructure hospitalière. • Le nombre insuffisant de chambres privées pour les

personnes infectées.• Le manque d’installations sanitaires (toilettes partagées). • Le manque de ressources humaines en soins infirmiers.• L’insuffisance de l’entretien sanitaire.• Le manque de matériel dédié aux patient : thermomètres,

tensiomètres, otoscopes, etc. • L’utilisation de certaines classes d’antibiotiques. • La réutilisation du matériel jetable.• La prise en charge de malades plus atteints et plus âgés.• L’utilisation de techniques de complexité croissante.• L’implantation de prothèses.• Les greffes d’organes et l’utilisation des

immunosuppresseurs.• Les développements dans le domaine de la chimiothérapie. • La résistance accrue aux antibiotiques. 34

Page 12: Analyse desrisques:prévention des infections nosocomiales · La gestion des risques, de la prévention à l’action La prise de conscience de cette vulnérabilité a conduit à

12

« Les Acinetobacters sont responsables d'infections nosocomiales notamment chez des patients affaiblis (traumatismes multiples, cancer, immunodépression). Il sont aussi responsables de septicémies, de méningites, d’endocardites, de suppuration (abcès du cerveau, abcès du poumon, abcès de la thyroïde, surinfections des plaies d’origine traumatique ou chirurgicale, lésions purulentes de l’œil...), de pneumopathies, d’infections urinaires.» 42

« Les Acinetobacter sont responsables d'environ 10 % des infections nosocomiales et leur grande résistance aux antibiotiques rend le traitement des malades extrêmement difficile.

On les retrouve chez le personnel soignant; ils sont aussi présents dans les milieux extérieur et intérieur tels que les systèmes de ventilation, les siphons de lavabo, la robinetterie, les matelas, les linges humides, le matériel présent dans les

chambres des malades et le matériel médical. Leur survie sur du matériel inerte ou dans des poussières contaminées peut être supérieure à 8 jours. L’utilisation des techniques de réanimation et d'exploration invasives (intubation, pose de sonde, pose de cathéters) en favorise la dissémination.»43.

Comment expliquer cette augmentation des maladies nosocomiales? La hausse du nombre de maladies hospitalières depuis les années 2000 étonne et plusieurs hypothèses ont été proposées pour l’expliquer. On invoque la désuétude de l’infrastructure hospitalière, le nombre insuffisant de chambres privées pour les patients infectés, le manque d’installations sanitaires, le manque de ressources humaines en soins infirmiers et en entretien sanitaire, le matériel à l’usage de tous, la réutilisation du matériel à usage unique, l’utilisation de certaines classes d’antibiotiques, etc. Mais l’état du malade en constitue le principal risque : son âge, son état physique, le traumatisme ou la maladie dont il souffre, l’immunosuppression, la greffe d’organes et les traitements aux antibiotiques sont les plus souvent impliqués. Photo.44

40. Dominique Blanc. Bases théoriques d’hygiène hospitalière : http://www.hpci.ch/files/formation/hh_bases-theoriques.pdf 41 . Acinetobacter. http://www.bacterio.cict.fr/bacdico/aa/acinetobacter.html 42 . Acinetobacter. http://www.bacterio.cict.fr/bacdico/aa/acinetobacter.html 43. Idem 44. Équipe Opérationnelle d’Hygiène Hospitalière et de Prévention des Infections Nosocomiales. Centre hospitalier Saint-Jean. Ici on a toujours une bonne raison d’avoir les mains saines : http://www.sante-sports.gouv.fr/IMG//pdf/10raisons_SHA_H_SAINT_JEAN.pdf

Page 13: Analyse desrisques:prévention des infections nosocomiales · La gestion des risques, de la prévention à l’action La prise de conscience de cette vulnérabilité a conduit à

13

Ces facteurs de risque, bien que très importants, sont pour une bonne part contrôlables et même évitables; c’est ce que montrent les tableaux 9 et 10. Tout ce qui touche à l’hygiène prend à ce titre une importance capitale : les agents pathogènes à la source des infections nosocomiales quoique différents dans leur essence, sont semblables quant aux moyens de leur prévention, ce qui veut dire qu’à peu près les mêmes mesures destinées à les combattre peuvent s’avérer efficaces. Les moyens de lutte contre les infections nosocomiales Les infections nosocomiales se transmettent de diverses manières, mais comme l’écrivit l’humoriste Philippe Geluck, « la prévention se transmet par la bouche, les yeux et les oreilles », c’est-à-dire par l’information et l’éducation de la population et des intervenants de la santé. C’est en effet la propagation des renseignements concernant l’hygiène des lieux, des personnes et du matériel hospitalier qui conduira au contrôle de ce fléau.45. 46 Les maladies à déclaration obligatoire (MADO) Parmi les moyens mis de l’avant pour prévenir les infections nosocomiales, la déclaration obligatoire de certaines maladies rend les intervenants de la santé plus vigilants. Cette mesure de santé publique (MADO) est apparue afin de faire connaître l’éclosion de certaines infections, d’en étudier la source et d’en contenir la dissémination. La loi sur la santé publique (L.R.Q. chapitre S 22) 47et ses règlements d’application a pour objet la protection de la population, la prévention des maladies, la vigilance quant à leur éclosion et la surveillance de la situation. Sont reconnues maladies à déclaration obligatoire tous les problèmes de santé « susceptibles de causer une épidémie si rien n'est fait pour les contrer ». Est incluse dans cette liste toute infection qui

• est reconnue comme une menace importante pour la santé; • nécessite une vigilance des autorités de santé publique ou la tenue d'une enquête

épidémiologique; • est évitable par l'intervention des autorités de santé publique ou d'autres

autorités ».

« Par le Règlement ministériel d’application de la Loi sur la santé publique, est émise une liste des intoxications, des infections et des maladies qui doivent être déclarées aux autorités de santé publique ainsi que les renseignements qui doivent être fournis lors de cette déclaration. »48 Parmi ces maladies à déclaration obligatoire se retrouvent quelques maladies nosocomiales dont les infections relatives à l’entérocoque résistant à la vancomycine (ERV) au staphylococcus aureus résistant à la méthicilline (SARM).49

L’application des règles élémentaires de l’hygiène

45. Tableau 10. Dominique Blanc. Bases théoriques d’hygiène hospitalière : http://www.hpci.ch/files/formation/hh_bases-theoriques.pdf 46 . illustration. les actualités du droit : http://lesactualitesdudroit.20minutes-blogs.fr/archive/2009/01/04/hopitaux-deux-accidents-graves-par-jour.html 47. Santé et services sociaux Québec. Maladies à déclaration obligatoire (MADO) : http://www.msss.gouv.qc.ca/sujets/santepub/mado.php 48. Idem Santé et services sociaux Québec. Maladies à déclaration obligatoire (MADO) : http://www.msss.gouv.qc.ca/sujets/santepub/mado.php 49. Lucie Bédard et Jérome Latreille. Les MADO. Détecter, agir et prévenir. Perspective infirmière. Mars/avril 2009.

Page 14: Analyse desrisques:prévention des infections nosocomiales · La gestion des risques, de la prévention à l’action La prise de conscience de cette vulnérabilité a conduit à

14

On doit constamment rappeler l'importance de l'hygiène des mains des malades et du personnel. Les patients peuvent même demander aux intervenants de se laver les mains avant de les toucher, car cette mesure demeure l’élément principal de la prévention. Le lavage peut se faire soit avec de l'eau et du savon, soit avec une solution hydro-alcoolique contenant au moins 60 % d'alcool. Le personnel doit offrir au malade les fournitures nécessaires avant de manger, après avoir utilisé les toilettes, après s’être mouché, avoir toussé ou avoir éternué et évidemment, lorsque ses mains sont sales. Les mêmes règles s’appliquent aux intervenants, mais s’ajoute la nécessité d’un lavage rigoureux après une contamination accidentelle avec du sang ou d’autres liquides biologiques ou après avoir touché tout objet pouvant être contaminé. Pour être efficaces, les solutions utilisées doivent être à la bonne concentration; il n’est pas inutile de le mentionner, car par souci d’économie, la tentation pourrait être grande de diminuer la quantité de la substance agissante. La figure ci-jointe montre les recommandations du Québec pour le lavage des mains et le tableau 11 qui suit, indique les diverses caractéristiques des différentes solutions utilisables.

Le personnel doit voir à l’hygiène générale du malade, voir à nettoyer et à désinfecter chaque lésion cutanée et la couvrir d’un pansement. Il est aussi important de signaler au médecin toute plaie d'apparence suspecte. L’hygiène des lieux est d’importance primordiale. En effet, on sait que les bactéries pouvant être la cause de maladies nosocomiales peuvent se déposer sur différentes surfaces, notamment les ridelles, les poignées de porte, les commutateurs, les brassards, les otoscopes, les thermomètres, les tensiomètres, les sièges de toilette, les jaquettes d’hôpital, les vêtements du personnel, etc.) et peuvent y demeurer un

temps variable selon les diverses souches sans rien perdre de leur dangerosité.

« Ça fait déjà 160 ans qu’on sait que se laver les mains avant de toucher un patient, peut lui sauver la vie. » Rester en vie. http://www.resterenvie.com/blogue/?p=237

Page 15: Analyse desrisques:prévention des infections nosocomiales · La gestion des risques, de la prévention à l’action La prise de conscience de cette vulnérabilité a conduit à

15

11 - Spectre et caractéristiques des agents antiseptiques pour l'hygiène des mains Groupe Bactéries

à Gram positif

Bactéries à Gram négatif

Mycobactéries Champignons Virus Rapidité d'action

Commentaires

Alcools +++ +++ +++ +++ +++ Immédiate Activité optimale aux concentrations de 60-90 %. Aucune activité résiduelle.

Chlorhexidine (2% and 4% aqueuse)

+++ ++ + + +++ Intermédiaire Activité résiduelle.

Réaction allergique rare.

Composés iodés

+++ +++ +++ ++ +++ Intermédiaire Induit des brûlures cutanées. Trop irritant pour être utilisé pour l'hygiène manuelle.

Iodophores +++ +++ + ++ ++ Intermédiaire Moins irritant que les composés iodés. Tolérance variable.

Dérivés phénolés

+++ + + + + Intermédiaire Activité neutralisée par les surfactants non ioniques

Triclosan +++ ++ + - +++ Intermédiaire Acceptabilité variable.

Ammoniums quaternaires

+ ++ - - + Utilisé uniquement en combinaison avec un dérivé alcoolique. Impact sur l'environnement.

Activité : (+++) excellente; (++) bonne, mais n'inclut pas la totalité du spectre microbien; (+) suffisante; (-) absence d'activité ou activité insuffisante. 50

50 . Traduit et adapté à partir de la référence : Lancet Infectious Diseases, 2001 April : 9-20. http://www.chuv.ch/swiss-noso/f84a1.htm

Page 16: Analyse desrisques:prévention des infections nosocomiales · La gestion des risques, de la prévention à l’action La prise de conscience de cette vulnérabilité a conduit à

16

On doit disposer des pansements et du matériel souillés dans un sac de plastique fermé ou dans un contenant spécial. Certains agents pathogènes vivent dans les lieux humides, tels que les baignoires, les douches, les éviers, etc. Aussi, une hygiène rigoureuse des lieux est-elle une condition absolue de prévention.51 D’autres mesures nécessaires Plusieurs autres précautions relatives à la prévention viennent s’ajouter aux mesures d’hygiène de base. D’abord, tout symptôme suspect doit être rapidement rapporté afin que le dépistage se fasse promptement; c’est le meilleur moyen d’éviter une contamination plus étendue. L’isolement du malade contaminé ou le regroupement de plusieurs malades dans un même secteur s’impose d’emblée, de même que dans certains cas, le port des gants et de la blouse (pour le SARM, l’Influenza, etc.) pour le personnel et pour les visiteurs. L’ajout d’une carte bien en vue à la porte de la chambre du malade doit aussi indiquer le risque de contamination pour le personnel et les proches du malade, de même que les mesures à prendre. Dans le cas d’une contamination avérée, ce qui entre dans la chambre ne doit pas être réutilisé sans lavage ou désinfection. La civière, le fauteuil roulant, la chaise d’aisance doivent être désinfectés et les substances telles que lotions, crèmes ou le matériel à l’usage de tous, doivent être évités. Le stockage de lingerie ou d’instruments dans la chambre doit demeurer minimal et il faut entretenir régulièrement le chariot de rangement du matériel de soins. Le brassard du tensiomètre devrait être vaporisé entre deux malades52 ; le désinfectant pour les mains et les serviettes jetables doivent demeurer à portée de main pour le malade, le personnel et les visiteurs. La traçabilité de l’infection Dans un système de prévention, l’identification des risques et de leurs sources est essentielle. Un système de traçabilité de l’entretien doit être mis en place afin, de comprendre ce qui s’est passé en cas de contamination et d’inciter le personnel à une plus grande fidélité aux consignes. Parler de traçabilité évoque aussi l’imputabilité et la responsabilité des intervenants. Lorsque la santé et la vie même sont en jeu, ces concepts revêtent toute leur importance. Un système visant à retracer les événements et qui en était alors responsable devient donc essentiel. Il consiste en une feuille à 51 . Idem 52. S. Bordes-Couecou et M. Prévost. Gestion d’une épidémie d’acinetobacter Baumannii résistant à l’Imiprmen : http://www.cclin-sudouest.com/diaporamas/reso_ihaq_220606/sbc_mp_gest_acineto.ppt

12 - Facteurs de risque et raisons principales de mauvaise observance de l'hygiène des mains

ouiouiPeau abîmée / Lésions cutanées

ouiouiAbsence de modèle / exemple d'un supérieur

ouiouiScepticisme par rapport àl'efficacité

ouiouiManque d'évidence scientifique de l'impact de l'hygiène sur les taux d'infections

ouiouiCroyance que le port de gants dispense de l'hygiène des mains

nonouiBesoins des patients considérés comme prioritaires

nonouiInterférence dans la relation soignant-soigné

ouioui"N'y pense pas ; oublie "Paramètres liés aux soignants

Facteur de risque

documenté

Raison rapportéeParamètre

Page 17: Analyse desrisques:prévention des infections nosocomiales · La gestion des risques, de la prévention à l’action La prise de conscience de cette vulnérabilité a conduit à

17

cocher indiquant la date, l’heure et la signature de la personne responsable de l’entretien des lieux, de la désinfection ou de la stérilisation du matériel. Elle doit être mise dans la chambre, dans les toilettes, sur le chariot du matériel de soins, etc. Photo 53 La partie du dossier contenant

les ordonnances, rapports, plan thérapeutique infirmier, notes d’observation, etc. doit demeurer au poste de soins et la partie servant aux informations quotidiennes, température, tension artérielle, etc. doit être consignée dans la chambre.54 Une technologie innovante : des vêtements antimicrobiens

Aux mesures de base de prévention de l’infection s’ajoutent maintenant des vêtements ayant subi un traitement

pour les rendre antimicrobiens. Ils couvrent un large éventail d’agents pathogènes, qu’il s’agisse de bactéries, de virus ou de fongus et s’attaquent même au H5N1. La substance agissante qui les rend performants est un biocide appliqué de manière permanente et résistant au lavage du tissu. Elle a été homologuée par la DGPSA, c’est-à-dire par la Direction générale des produits de santé et des aliments du Canada. Et, « Selon le Dr Jean Barbeau, microbiologiste à l'Université de Montréal, les tests effectués sur ces uniformes ont démontré que le tissu est en mesure d'empêcher la croissance des micro-organismes. »55. 56

Il explique que « La question de la contamination des uniformes de travail est un sujet qui fait figure d’enfant pauvre dans un programme de contrôle de l’infection. La littérature scientifique elle-même s’avère une source d’information décevante. Et pourtant. Il est bien documenté que le personnel infirmier transporte quotidiennement sur leur uniforme une grande variété de microorganismes pathogènes, et que ceux-ci, voyageant au rythme des déplacements, peuvent contaminer les chambres des patients ou une salle opératoire. Comme les textiles ne possèdent pas les propriétés naturellement antibactériennes de la peau, la survie de plusieurs germes est plus longue sur les uniformes de travail, suffisamment longue pour qu’ils puissent, à la faveur d’un bref contact avec les mains, se déposer aux endroits les moins souhaitables. » […] « Nos propres tests ont démontré hors de tout doute, que lorsqu’une lourde charge bactérienne (Staphylococcus aureus, Pseudomonas aeruginosa) est vaporisée, le textile élimine la presque totalité des contaminants en moins de 30 minutes. »57

53. Anne-Marie Bourgault, André Larose et François Lamothe. Séminaire franco-québécois sur les infections à Clostridium difficile : http://www.invs.sante.fr/publications/2008/actes_seminaire_infections_clostridium/2_lutte/s2_1130_bourgault.pdf 54. Gouvernement du Québec. Projet de loi 113. http://www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/dynamicSearch/telecharge.php?type=5&file=2002C71F.PDF 55. Stéphanie Tremblay. De nouveaux uniformes à l'épreuve des bactéries. Radio-Canada, 14 mai 2009 : http://www.radio-canada.ca/regions/estrie/2009/05/14/003-uniformes-bacteries_n.shtml# 56 . Le Docteur Jean Barbeau est professeur à la faculté de médecine et de médecine dentaire de l’Université de Montréal, où il enseigne l’immunologie et le microbiologie. Il est aussi Directeur du laboratoire de recherche sur le contrôle de l’infection. 57.Jean Barbeau, Ph.D. Les uniformes et la question de la contamination microbienne. L’explorateur, octobre 2008 (Mensuel de l’OHDQ), p. 49 : http://www.protec-style.com/assets/pdfs/article_explorateur1.pdf

Page 18: Analyse desrisques:prévention des infections nosocomiales · La gestion des risques, de la prévention à l’action La prise de conscience de cette vulnérabilité a conduit à

18

Les uniformes ainsi traités ont été développés dans les laboratoires Stedfast de Granby. Cette intéressante technologie est entièrement produite au Québec par une firme de Saint-Jean-sur-Richelieu, Protec-Style.58 Ils sont de plus d’un style intéressant, dessiné par un couturier renommé du Québec, Jean Claude Poitras. Ils sont maintenant à la portée de tous ceux qui en ont besoin pour mieux gérer les risques de contamination.

Ils ne sont pas uniquement destinés aux infirmières puisque le registre offert couvre également des sarraus et des chaussettes avec la même technologie et devraient intéresser tous les corps professionnels venant en contact avec les malades. À ce moment où les maladies nosocomiales dues au C difficile et à l’ERV, font encore des ravages, au moment où l’Organisation mondiale de la santé hausse son niveau d’alerte pour la grippe A, la contamination par les uniformes du personnel soignant devrait devenir une préoccupation majeure.

L’infectiovigilance La prévention des maladies infectieuses doit être une préoccupation première des centres hospitaliers, mais elle doit aussi constituer un objectif primordial de l’infirmière puisqu’une partie importante des précautions préconisées se situe au niveau de l’équipe de soins. Ces mesures doivent aussi faire partie d’un plan global à l’échelle du centre et s’inscrire dans une politique plus large de suivi de nature provinciale.59 La loi 113 et le Rapport Francoeur C’est ce que recommande la Loi 113 sur la prestation des soins sécuritaires dans les établissements du réseau de la santé et des services sociaux du Québec. En 2002, elle est venue étayer la gestion des risques hospitaliers en lui donnant une base légale.60 Cette loi faisait suite au Rapport Francoeur (2001) dont les recommandations y ont été entérinées.61 Les détails de la loi rejoignent d’ailleurs le concept de qualité des soins devenu un leitmotiv des établissements du Québec. Parmi les mesures touchant les infections nosocomiales, on trouve l’obligation de créer localement un comité de gestion des risques chargé d’assurer la sécurité des usagers, de réduire l'incidence des problèmes liés à la prestation des soins que ce soit les infections ou les accidents, d’en étudier les causes et de fournir un plan d’intervention approprié. Le Comité Francoeur, qui a inspiré la Loi 113, avait déjà constaté qu’en milieu hospitalier environ 15 % des accidents (infectieux et autres) pouvaient être attribués à une responsabilité 58. Protec-Style : www.protec-style.com 59. Institut Curie. La gestion des risques. La coordination des vigilances :http://www.curie.fr/hopital/presentation/organisation/gest_risq.cfm/lang/_fr.htm 60. Projet de loi no 113 (2002, chapitre 71) Loi modifiant la Loi sur les services de santé et les services sociaux concernant la prestation sécuritaire de services de santé et de services sociaux : http://www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/dynamicSearch/telecharge.php?type=5&file=2002C71F.PDF 61. Rapport du Comité ministériel. 2001. La gestion des risques une priorité pour le réseau http://publications.msss.gouv.qc.ca/acrobat/f/documentation/2000/00-915.pdf

13 - Différentes formes de vigilance

• Infectiovigilance• Hémovigilance• Matériovigilance• Radioprotection• Réactovigilance• Biovigilance• Pharmacovigilance• Sécurité anesthésique• Sécurité des fluides

Institut Curie. La gestion des risques. La coordination des vigilances :http://www.curie.fr/hopital/presentation/organisation/gest_risq.cfm/lang/_fr.htm

Page 19: Analyse desrisques:prévention des infections nosocomiales · La gestion des risques, de la prévention à l’action La prise de conscience de cette vulnérabilité a conduit à

19

individuelle et que 85 % était relié au système, c’est-à-dire à l’organisation, aux divers processus, aux politiques, aux procédures, etc., ce qui justifie une attention particulière au système à l’intérieur duquel nous œuvrons.62 Le Plan d’action sur le contrôle et la prévention des infections nosocomiales 2006-2009 Dans la foulée de la Loi 113, en 2006, le ministère a publié un Plan d’action prévoyant la mise en place d’un comité provincial tenant registre des infections et des risques pour la santé afin de

permettre un portrait global de la situation sur une plus large échelle. Ce plan d’action fournit aux responsables de la mise en place des programmes locaux un ensemble de

connaissances, d’orientations et d’outils sur lequel ils peuvent s’appuyer.63 Ses lignes directrices visent à protéger les patients contre les infections ou les germes multirésistants durant un épisode de soins, de même que le personnel, les visiteurs, les bénévoles et les aidants naturels quant à ce

même risque. Le contenu du plan d’action provincial couvre les six volets suivants : • surveillance des infections nosocomiales et vigie à l’égard de problèmes infectieux émergents; • politiques, procédures et mesures de soutien; • éducation et formation; • évaluation; • communication et information; • gestion des éclosions. En plus de l’assurance de fournir divers moyens de soutien aux principaux acteurs, le Plan d’action instaure la nécessité d’un suivi et d’une évaluation des coûts-bénéfices de la prévention et du contrôle des maladies nosocomiales et de la mise en place d’un système d’évaluation. Une mesure particulière porte sur la divulgation au client de tout accident (il faut entendre ici accident infectieux) survenu au cours de la prestation de services qu’il a reçus et qui est susceptible d’entraîner des conséquences sur son état de santé

62. Idem Rapport du Comité ministériel. 2001. La gestion des risques une priorité pour le réseau http://publications.msss.gouv.qc.ca/acrobat/f/documentation/2000/00-915.pdf 63 Santé et services sociaux Québec. Les infections nosocomiales. Plan d’action sur la prévention et le contrôle des infections nosocomiales 2006-2009 p.20 et 48 : http://publications.msss.gouv.qc.ca/acrobat/f/documentation/2006/06-209-01.pdf.

Les infections nosocomiales sont des accidents, au sens de la loi, dont au moins le tiers serait évitable. Comité d’examen sur la prévention et le contrôle des infections nosocomiales, 2005. D’abord, ne pas nuire…http://publications.msss.gouv.qc.ca/acrobat/f/documentation/2005/05-209-01web.pdf

14 - La Loi 113 crée pour les centres l’obligation :

§ d’assurer aux usagers la prestation sécuritaire de services de santé et de services sociaux ;

§ de leur conférer le droit d’être informés, le plus tôt possible, de tout accident survenu lors des soins, d’en contrer les conséquences et d’en prévenir la récurrence ;

§ de surveiller, d’analyser et de déclarer les accidents et les incidents ;

§ de prévoir des mesures de soutien et de prévention adaptées ;§ de créer un comité de gestion des risques et d’évaluation de la

qualité des soins ;§ de constituer un registre local pour identifier et analyser les

risques ;§ d’obtenir l’agrément de l’hôpital ; § de participer à la mise en place d’un registre provincial des

incidents et des accidents pour des fins de statistiques et pourpermettre une action à l’échelle du Québec.

Page 20: Analyse desrisques:prévention des infections nosocomiales · La gestion des risques, de la prévention à l’action La prise de conscience de cette vulnérabilité a conduit à

20

ou son bien-être, ainsi qu’à la mise en place des mesures nécessaires pour prévenir de tels problèmes à l’avenir.64 On y trouve aussi des recommandations à l’effet que le personnel doit disposer d’un équipement adéquat et de suffisamment de formation pour que la prévention et la désinfection soient effectuées selon les standards; on recommande aussi qu’un nombre déterminé d’infirmières chargées de la prévention soit alloué dans chaque centre de santé. Cependant, le Protecteur du citoyen fait observer que : « Bien qu’en 2006-2007, les infections nosocomiales aient proliféré et atteint un niveau inquiétant dans certains établissements […], on constate que le ratio d’infirmières en prévention des infections pour le nombre de lits n’est pas respecté dans certains établissements. En principe, il devrait y avoir une telle infirmière pour 100 lits en soins ultraspécialisés, une infirmière pour 133 lits en soins généraux et spécialisés et une infirmière pour 250 lits en soins d’hébergement. » Le protecteur du citoyen insiste notamment pour que les règles entourant le lavage des mains soient respectées et que les consignes soient réitérées régulièrement aux membres du personnel.65 Le rôle primordial des infirmières Bien que toutes les infections nosocomiales ne soient pas évitables, un programme de prévention et de contrôle peut parvenir à diminuer l’incidence de ces infections s’il est bien structuré, concerté, mis en œuvre selon des priorités clairement définies et adapté aux réalités actuelles et

64. Idem Les infections nosocomiales. Plan d’action sur la prévention et le contrôle des infections nosocomiales 2006-2009 : http://publications.msss.gouv.qc.ca/acrobat/f/documentation/2006/06-209-01.pdf 65. La gestion des risques et les infections nosocomiales : de nouvelles balises pour la gestion des risques. http://www.protecteurducitoyen.qc.ca/fr/publications/rap_annuel/rapp2007/pdf/RA_0607_33.pdf

15 - Application de mesures fondées sur desdonnées probantes

L’infirmière :¦ respecte les protocoles établis pour le

lavage des mains ;¦ fonde sa démarche infirmière sur les

recherches et les principes actuels en matière de prévention des infections ;

¦ connaît son statut d’immunisation et prend les mesures appropriées afin de protéger les clients ;

¦ connaît le statut d’immunisation des clients et prend les mesures appropriées visant à assurer :leur protection, la sienne et celle d’autres personnes (information, aiguillage, isolement, etc.) ;

¦ prend les mesures nécessaires pour éviter de transmettre l’infection à ses clients ou à ses collègues ;

¦ consulte son médecin traitant, si elleest atteinte d’une maladie possiblementtransmissible, afin d’établir le risque detransmission de cette maladie à ses clients ou à ses collègues ;

¦ consulte les ressources appropriées (spécialistes de la lutte anti-infectieuse et recherches, par ex.) afin de maintenir sa compétence en matière de prévention des infections ;

¦ intervient lorsqu’une collègue est atteinte d’une maladie transmissible ;

¦ revendique un milieu de travail et del’équipement qui ne favorisent pas la transmission des maladies ;

¦ favorise l’adoption et le respect de politiques sur la prévention des infections pertinentes à son milieu de travail.

Ordre des infirmières et infirmiers de l’Ontario. La prévention des infectionshttp://www.cno.org/docs/prac/51002_infection.pdf

Page 21: Analyse desrisques:prévention des infections nosocomiales · La gestion des risques, de la prévention à l’action La prise de conscience de cette vulnérabilité a conduit à

21

émergentes. Un tel programme nécessite en outre la collaboration de tous les niveaux.66 Ainsi, dans les établissements, la prévention de ces infections demande-t-elle une bonne collaboration impliquant le corps médical, le médecin responsable du comité de prévention et l’infirmière qui agit comme agent de prévention des infections nosocomiales. Cette dernière peut jouer un rôle clé par le suivi qu’elle exerce dans toutes les unités de soins, par les recommandations qu’elle fait appliquer et par l’éducation du personnel dont elle a la responsabilité. En 2008, l’Ordre des Infirmières et Infirmiers du Québec faisait connaître une prise de position à cet effet. On peut y lire en page 4 : « L’OIIQ considère que la prévention et le contrôle des infections constituent l’une des responsabilités de l’infirmière, peu importe sa fonction ou son milieu de pratique, et que cette responsabilité doit se traduire dans toutes les facettes de sa pratique et dans chacun de ses gestes. De plus, les infirmières gestionnaires et les infirmières membres de l’équipe de PCI (Prévention, Contrôle des Infections) doivent tout mettre en œuvre afin que leur établissement puisse assurer la prestation sécuritaire de services de santé et de services sociaux aux clients. Les professeures en sciences infirmières, les enseignantes en soins infirmiers et les monitrices de stage, quant à elles, doivent préparer les futures infirmières à jouer pleinement leur rôle en matière de PCI. »67 L’implication des infirmières dans l’élaboration des Plans directeurs cliniques et immobiliers (PDCI) Comme nous l’avons vu, les modes de fonctionnent du personnel et les caractéristiques de l’environnement physique au sein duquel les soins sont offerts dans les différents milieux cliniques influent sur le risque possible d’infections nosocomiales. À l’heure actuelle, au Québec, plusieurs établissements de santé et de services sociaux doivent se doter d’un Plan directeur clinique et immobilier (PDCI) afin d’établir le plan des priorités organisationnelles sur un horizon de 10 ans. Ce plan constitue la base de référence pour soutenir la rationalisation des choix quant aux solutions immobilières les plus appropriées pour répondre aux besoins des malades.

66. Flash Vigie, novembre 2006. Spécial Clostridium difficile : http://publications.msss.gouv.qc.ca/acrobat/f/documentation/2006/06-271-02W-vol1_no8.pdf 67. OIIQ. Protéger la population par la prévention et le contrôle des infections. Une contribution essentielle de l’infirmière. Prise de position sur le rôle et les responsabilités de l’infirmière en matière de prévention et de contrôle des infections. 2008, p. 4. http://www.oiiq.org/uploads/publications/autres_publications/237_prevention.pdf

16 - Les difficultés à prévoir pour une véritable efficacité de la prévention

• Les attitudes et les habitudes dépassées sur le plan de la prévention qui risquent de perdurer.

• L’architecture ancienne de nombreux hôpitaux :– les chambres partagées ;– les installations sanitaires à l’usage de plusieurs malades

(toilettes, lavabos, baignoires).• La pénurie d’infirmières.• Le personnel d’entretien insuffisant et peu formé à la

prévention.• Les délais pour obtenir les ressources appropriées.• Le manque d’information des personnels sur les dangers des

infections pour eux et pour les malades.• L’insuffisance de l’importance accordée à l’évaluation des

modes de prévention dans les établissement de soins.

Page 22: Analyse desrisques:prévention des infections nosocomiales · La gestion des risques, de la prévention à l’action La prise de conscience de cette vulnérabilité a conduit à

22

Pour les infirmières et les gestionnaires de soins, la réalisation d’un tel projet, porteur pour le devenir des soins de santé, s’avère une très belle opportunité de mettre en valeur les éléments favorisant une gestion responsable en promouvant un aménagement physique des unités de soins qui limite au maximum les risques d’infections nosocomiales. Toute infirmière qui connaît les risques a donc le devoir d’influencer les choix organisationnels de son établissement en matière d’environnement physique lors d’une telle démarche organisationnelle. La prévention personnelle La prévention des infections est importante pour le malade, mais elle l’est aussi pour les infirmières, car nombreuses sont celles qui se contaminent au contact des personnes infectées. Dans certains cas graves, il en va de leur carrière, voire même de leur vie; aussi, le lavage des mains sert-il autant à la préservation des infections pour les malades que pour leur propre santé. Une réflexion s’impose à ce sujet puisque la surcharge de travail, les besoins pressants des malades et l’habitude du risque rendent certaines plus téméraires que d’autres. Il nous faut réaliser le devoir éthique que nous avons, envers nous-mêmes et envers la clientèle, d’observer les mesures de prévention. L’Ordre des Infirmières et Infirmiers de l’Ontario nous offre des pistes à ce sujet que présentent les tableaux 15 et 16. Ils nous montrent que la prévention des maladies nosocomiales comprend des mesures personnelles afin que l’infirmière se protège et ce faisant, protège aussi les malades. Ils font aussi voir qu’il ne faut pas fermer les yeux sur les accidents possibles et savoir comment se comporter si un doute se présentait ou si une contamination survenait.

17 - Application du jugement professionnel : l’infirmière choisit les mesures de prévention adaptées à chaque situation

L’infirmière :■ évalue si, dans une situation donnée,

elle a été infectée ou pourrait l’être ;■ emploie les mesures de prévention

indiquées lorsqu’il y a risque de contact entre des microorganismes et sa peau, ses muqueuses ou ses vêtements ;

■ modifie ses activités professionnelles, si elle a contracté une maladie infectieuse, pour éviter de la transmettre à ses clients ou à ses collègues ;

§ choisit, de concert avec l’équipe soignante, l’organisme, le fabricant et les directives gouvernementales sur l’équipement de protection individuelle qui est le mieux adapté au milieu de travail;

§ revendique des changements lorsque l’organisme, le fabricant et les directives gouvernementales ne répondent pas aux critères sur la prévention des infections.

Ordre des infirmières et infirmiers de l’Ontario. La prévention des infectionshttp://www.cno.org/docs/prac/51002_infection.pdf

Page 23: Analyse desrisques:prévention des infections nosocomiales · La gestion des risques, de la prévention à l’action La prise de conscience de cette vulnérabilité a conduit à

23

Conclusion En  matière  d’infection  en  milieu  hospitalier,  le  risque  zéro  n’existe  malheureusement  pas  et  lorsque   le   problème   apparaît,   nous   sommes   confrontés   à   l’obligation   d’en   diminuer   la  probabilité   et   en   même   temps   d’en   réduire   les   conséquences   possibles.   Toutefois,   il  demeurera   toujours   un   risque   de   contamination   et   en   dépit   d’importantes   mesures   de  correction,  des   infections  résiduelles  se  présenteront  encore  et  c’est  pourquoi   la réduction des infections nosocomiales demeure un élément fondamental de la sécurité des soins. La recherche et les statistiques de fonctionnement en milieu hospitalier montrent que certaines mesures simples comme le lavage des mains avant d’effectuer un soin ou le port de gants pour réaliser un geste invasif ont prouvé leur efficacité. En s’unissant pour la prévention des infections nosocomiales, les infirmières en exercice constituent une véritable force de frappe pour contrer, au quotidien, les risques prévalant au sein des différents milieux cliniques.

Bibliographie/webographie

• Agence de développement des réseaux locaux de santé et de services sociaux. Que sont les entérocoques? : http://www.d4m.com/axion/rssss/web/document/ERV_RI_RA.pdf

• Agence de Santé publique du Canada. Surveillance du staphylococcus aureus résistant à la méthicilline dans les hôpitaux canadiens - Bilan du Programme canadien de surveillance des infections nosocomiales. Vol. 31, 2005. http://www.phac-aspc.gc.ca/publicat/ccdr-rmtc/05vol31/rm3103a-fra.php

• Agence de santé publique et des services sociaux de Montréal. Prévention des infections

à C. difficile dans la communauté. : http://www.santepub-mtl.qc.ca/Mi/public/cdifficile/prevention.html

• Agence de santé publique et des services sociaux de Montréal. Clostridium difficile -

Prévenir les maladies infectieuses : http://www.santepub-mtl.qc.ca/Mi/public/cdifficile/faq.html

• Agence de la santé et des services sociaux de Montréal. Direction réseaux. Pour s’y

retrouver parmi les C. difficile, SARM et ERV : http://www.santemontreal.qc.ca/pdf/direction_reseau/DirectionReseaux-v3no20-2007-06-14.pdf

• ADVIN. Association de défense des victimes d’infections nosocomiales. Les Infections

nosocomiales au Canada et au Québec. 3 janvier 2009 : http://www.advin.org/component/content/article/142-les-infections-nosocomiales-au-canada-et-au-quebec.html

• ADVIN. Association de défense des victimes d’infection nosocomiales. Qu’est-ce que le

SARM? : http://www.advin.org/component/content/article/45-documentation-specialisee/151-quest-ce-que-le-sarm-.html

Page 24: Analyse desrisques:prévention des infections nosocomiales · La gestion des risques, de la prévention à l’action La prise de conscience de cette vulnérabilité a conduit à

24

• Barbeau, Jean, Ph. D. Les uniformes et la question de la contamination microbienne. L’explorateur, octobre 2008 (Mensuel de l’OHDQ), p. 49 : http://www.protec-style.com/assets/pdfs/article_explorateur1.pdf

• Bédard, Lucie et Jérome Latreille. Les MADO. Détecter, agir et prévenir. Perspective

infirmière. Mars/avril 2009, p. 22-27.

• Bourgault, Anne-Marie, André Larose et François Lamothe. Séminaire franco-québécois sur les infections à Clostridium difficile : http://www.invs.sante.fr/publications/2008/actes_seminaire_infections_clostridium/2_lutte/s2_1130_bourgault.pdf

• Blanc, Dominique. Bases théoriques d’hygiène hospitalière :

http://www.hpci.ch/files/formation/hh_bases-theoriques.pdf

• Bordes-Couecou, S. et M. Prévost. Gestion d’une épidémie d’acinetobacter Baumannii résistant à l’Imiprmen : http://www.cclin-sudouest.com/diaporamas/reso_ihaq_220606/sbc_mp_gest_acineto.ppt

• Centers for disease control and prevention. Laboratory Detection of Extended-Spectrum

ß-Lactamases (ESBLs) : http://www.cdc.gov/ncidod/dhqp/ar_lab_esbl.html#9

• Clostridium difficile - Prévenir les maladies infectieuses : http://www.msss.gouv.qc.ca/sujets/prob_sante/nosocomiales/download.php?f=a835ef6abeef61ead23373491db7210c

• Conseil Supérieur d’Hygiène Publique de France. 100 recommandations pour la

surveillance et la prévention des infections nosocomiales. 1999 : http://www.sante.gouv.fr/htm/pointsur/nosoco/guide/txt02.html

• Découverte, RDI. C. difficile : Québec confirme le sérieux du problème, 21 octobre,

2004. http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Santeeducation/nouvelles/200410/20/001-cdifficile-mercredi.shtml

• Dionne, Michelle. La qualité lieu de convergence. 31 mai 2002. La sécurité du patient

une question de qualité : http://www.fep.umontreal.ca/handicap/documentation/dionne112003AHQ.ppt#270,20

• Enjeux. Radio-Canada. Les hôpitaux qui tuent : http://www.radio-

canada.ca/actualite/enjeux/reportages/2004/040120/hopitaux.shtm

• Équipe Opérationnelle d’Hygiène Hospitalière et de Prévention des Infections Nosocomiales. Centre hospitalier Saint-Jean. Ici on a toujours une bonne raison d’avoir les mains saines : http://www.sante-sports.gouv.fr/IMG//pdf/10raisons_SHA_H_SAINT_JEAN.pdf

• Euzéby, J.P. Acinetobacter : http://www.bacterio.cict.fr/bacdico/aa/acinetobacter.html

Page 25: Analyse desrisques:prévention des infections nosocomiales · La gestion des risques, de la prévention à l’action La prise de conscience de cette vulnérabilité a conduit à

25

• Flash Vigie, Vigi-Interventions. Novembre 2006. Spécial Clostridium difficile : http://publications.msss.gouv.qc.ca/acrobat/f/documentation/2006/06-271-02W-vol1_no8.pdf

• Galarneau, Lise. Présidente du Comité de surveillance de la résistance bactérienne du

Québec. Dans Enjeu. Les hôpitauz qui tuent : http://www.radio-canada.ca/actualite/enjeux/reportages/2004/040120/hopitaux.shtml

• Garceau, Richard. Acquisitions, précaution et conduite pour le médecin de première

ligne. PowerPoint : http://www.amlfc.org/Pages/Colloque_Caraquet/conferences_2008/PPP%20-%20Richard%20Garceau%20-%20Bact%E9ries%20multir%E9sistantes.pdf

• Gouvernement du Québec. Projet de loi no 113 (2002, chapitre 71) Loi modifiant la Loi

sur les services de santé et les services sociaux concernant la prestation sécuritaire de services de santé et de services sociaux : http://www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/dynamicSearch/telecharge.php?type=5&file=2002C71F.PDF

• Institut Curie. La gestion des risques. La coordination des vigilances :

http://www.curie.fr/hopital/presentation/organisation/gest_risq.cfm/lang/_fr.htm

• Institut de veille sanitaire. Entérocoques résistants à la vancomycine en France, état des lieux en 2005. Note de synthèse : http://www.invs.sante.fr/display/edito_.asp?doc=presse%2F2005%2Fle_point_sur%2Fenterocoques_vancomycine_050705%2Findex.html

• InVS, CClin Paris Nord. Infections digestives liées à Clostridium difficile de type 027,

France, janvier à novembre 2006 : http://www.invs.sante.fr/presse/2006/le_point_sur/clostridium_difficile_071106/index.html

• Le médiateur de la République. Pole Santé Sécurité Soins du médiateur de la république.

Comment prévenir la transmission des SARM à l’hôpital ? : http://www.securitesoins.fr/bacteries/les-staphylocoques/comment-prevenir-la-transmission-des-sarm_fr_03_03_06.html

• Ministère de la Santé et des Services sociaux. La gestion des risques une priorité pour le

réseau. Rapport du Comité ministériel. 2001 : http://publications.msss.gouv.qc.ca/acrobat/f/documentation/2000/00-915.pdf

• Medic Family Health Guide : ESBLs & ESBL Infection :

http://www.medic8.com/healthguide/articles/esbl.html

• OIIQ. Protéger la population par la prévention et le contrôle des infections. Une contribution essentielle de l’infirmière. Prise de position sur le rôle et les responsabilités de l’infirmière en matière de prévention et de contrôle des infections, p.4 : http://www.oiiq.org/uploads/publications/autres_publications/237_prevention.pdf

Page 26: Analyse desrisques:prévention des infections nosocomiales · La gestion des risques, de la prévention à l’action La prise de conscience de cette vulnérabilité a conduit à

26

• Ordre des infirmières et infirmiers de l’Ontario. La prévention des infections. : http://www.cno.org/docs/prac/51002_infection.pdf

• Pharmacorama. Inhibiteurs de la pompe H+/K+-ATPase. :

http://www.pharmacorama.com/Rubriques/Output/Hydrogene3.php

• Pittet, Didier et Andreas Widmer. Hygiène des mains : nouvelles recommandations. Tiré, traduit et adapté à partir de la référence : Lancet Infectious Diseases. 2001. April :9-20 : http://www.chuv.ch/swiss-noso/f84a1.htm

• Poirier, Alain (2006). Situation au Québec en regard du C. difficile. Les faits :

http://www.msss.gouv.qc.ca/sujets/prob_sante/nosocomiales/download.php?f=a835ef6abeef61ead23373491db7210c

• Pour s’y retrouver parmi les C. difficile, SARM et ERV, Direction Réseaux, vol. 3 no 20,

14 juin 2007, p. 3: http://www.santemontreal.qc.ca/pdf/direction_reseau/DirectionReseaux-v3no20-2007-06-14.pdf

• Prendergast TM, Marini CP, D’Angelo AJ, Sher ME, Cohen JR. Surgical patients with

pseudomembranous colitis: factors affecting prognosis. Surgery 1994;116:768-74. Dans David Pinard, révisé par : Dr Natalie Rivest, microbiologiste Traitement de la diarrhée associée au Clostridium difficile : http://www.cssslaval.qc.ca/volumes-pdf/Pdf_14septembre/Volume7_Numero2_Clostridium_difficile.pdf

• Protec-Style : www.protec-style.com

• Protecteur du citoyen. La gestion des risques et les infections nosocomiales : De

nouvelles balises pour la gestion des risques : http://www.protecteurducitoyen.qc.ca/fr/publications/rap_annuel/rapp2007/pdf/RA_0607_33.pdf

• Rapport du comité d’examen sur la prévention et le contrôle des infections nosocomiales.

D'abord, ne pas nuire… Les infections nosocomiales au Québec, un problème majeur de santé, une priorité. Direction des communications du ministère de la Santé et des Services sociaux, 2005. ISBN 2-550-44562-7 (PDF) http://publications.msss.gouv.qc.ca/acrobat/f/documentation/2005/05-209-01web.pdf

• Reverdy, M.E. et H. Meugnier, M Bes, T. Ferry, F. Forey, G. Lina, F. Vandenesch, J.

Étienne. Épidémiologie des SARM en France : http://www.invs.sante.fr/publications/2005/snmi/pdf/sarm.pdf

• Santé et services sociaux. Québec. Qu’est-ce que le Clostridium difficile? :

http://www.msss.gouv.qc.ca/sujets/prob_sante/nosocomiales/index.php?cdifficile

• Santé et services sociaux. Québec. Qu’est-ce que les ERV? : http://www.msss.gouv.qc.ca/sujets/prob_sante/nosocomiales/index.php?aid=17.

• Santé et services sociaux Québec. Les infections nosocomiales :

Page 27: Analyse desrisques:prévention des infections nosocomiales · La gestion des risques, de la prévention à l’action La prise de conscience de cette vulnérabilité a conduit à

27

http://publications.msss.gouv.qc.ca/acrobat/f/documentation/2006/06-209-01.pdf

• Santé et services sociaux Québec. Plan d’action sur la prévention et le contrôle des infections nosocomiales. : http://publications.msss.gouv.qc.ca/acrobat/f/documentation/2006/06-209-01.pdf

• Santé et services sociaux Québec. Maladies à déclaration obligatoire (MADO) :

http://www.msss.gouv.qc.ca/sujets/santepub/mado.php

• Siegrist, Hans H. Acinetobacter : infections nosocomiales, épidémiologie et résistance aux antibiotiques : sur SWISS NOSO : http://www.chuv.ch/swiss-noso/f71a3.htm

• Tremblay, Stéphanie. De nouveaux uniformes à l'épreuve des bactéries. Radio-Canada,

14 mai 2009 : http://www.radio-canada.ca/regions/estrie/2009/05/14/003-uniformes-bacteries_n.shtml#