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ANALYSE DES COUTS ET DES AVANTAGES D’UNE

EXPANSION DE LA MICROFINANCE ET DU PROGRAMME DE

GRADUATION POUR LUTTER CONTRE LA PAUVRETE Haïti Priorise

Riphard Serent, MPA Economiste et professeur Universite Quisqueya et Radio Vision

Version préliminaire de travail en date du 8 mars 2017

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Reconnaissance

L’auteur est responsable du choix et de la présentation des faits contenus dans ce document de

recherche et des opinions qui y sont dégagées, lesquelles ne sont pas nécessairement celles du

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Ce travail est réalisé sous la direction de l’économiste en chef Brad Wong, Ph.D. et sous la

supervision de l’économiste Kathleen Dorsainvil, suivant les règlements du Centre.

Toutes les idées exprimées dans le document sont de l’auteur, sauf celles citées en référence.

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Abstract

This paper estimates the benefits and costs of two potential poverty reduction programs in Haiti:

graduation and microfinance. Previous randomized controlled trials have shown that the

graduation approach is more beneficial than microfinance in helping society’s poorest escape

poverty. Our results suggest there should be the same preference for graduation in Haiti, albeit

with some caution. Using evaluation results of a pilot program conducted by Concern Worldwide

and Fonkoze (2014), we find a benefit-cost ratio of 3.09. This is 1-2.5x higher than analyses of

graduation in Bangladesh (Sulaiman and Misha, 2016) and six other countries (Banerjee et al,

2015). The difference in findings is attributable to a wider scope of benefits. Fonkoze data allow

estimation of indirect effects on health, education and sanitation while previous studies only

measure income and asset effects. This suggests previously reported benefit-cost ratios for

graduation programs may underestimate true impact of the approach. When we estimate the

results using only impact and asset effects, the benefit-cost ratio (1.12) is within the same range

as previous studies. In contrast, microfinance initiatives do not appear as beneficial, though the

lack of Haiti specific benefits data do not enable us to make definitive inferences. With an average

loan of 10,000 HTG per beneficiary in a microfinance program, and considering a scenario whereby

there is a modest benefit of 2.8% on every gourde borrowed (based on Chemin, 2008), the BCR is

between 1.08 and 1.18, depending on the discount rate. This could confirm that microcredit

program, in the case of Haiti, does not have transformative impacts on poverty, as it is the case in

several low-income and middle-income countries such as Ethiopia, India, Mongolia, Mexico,

Philippines, Bosnia- Herzegovina, Morocco (Jameel, 2015). Nevertheless, the spillover effects and

the non-measurable impacts of microcredit in terms of women financial autonomy, among others,

should not be neglected. Randomized controlled evaluations of both these programs should be

considered to allow definitive conclusions on the relative effectiveness of each program in the

Haitian context.

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Résumé académique

Une expansion du programme de graduation et de la microfinance s’avère souhaitable en Haïti,

bien que les avantages de la microfinance demeurent un peu mitigés, en termes de réduction

concrète de la pauvreté sur le long terme, comme c’est le cas dans plusieurs pays à faibles revenus

(Chemin, 2008 et Jameel, 2015). En fait, le manque de disponibilité de données secondaires sur

les revenus générés du programme de graduation, dans le cas d’Haïti, n’a pas permis de dégager

une approche plus rigoureuse dans l’estimation des coûts et des avantages, contrairement au cas

du Bangladesh. Cependant, en manipulant des données issues de l’évaluation de ce programme

conduite par Concern Worldwide et Fonkoze (2014), et en ajoutant d’autres avantages liés à

l’éducation et à la santé, autres que ceux considérés par Banerjee et al. (2015), on a trouvé un

ratio avantage coût (RAC) compris entre 0.89 et 5.10, avec une meilleure estimation de 3.09 dans

un scenario réaliste, où l’on assume que tous les avantages durent sur une période de 5 ans. Ce

qui prouve en Haïti, comme dans les autres pays étudiés, l’efficacité du programme de graduation

dans la lutte contre l’extrême pauvreté, bien que les coûts soient relativement beaucoup plus

élevés en Haïti (Sinha et Roy 2010 ; Simanowithz et Huda, 2009). D’un autre côté, avec un niveau

de crédit moyen de 10, 000 HTG par bénéficiaire dans un programme de microfinance, et en

considérant un scénario où il existe un avantage modeste de 2.8% sur chaque gourde empruntée

(basé sur Chemin, 2008), le RAC se retrouve dans la fourchette [1.08-1.18], dépendamment du

taux de réduction. Donc, le RAC au niveau de la microfinance reste proche de 1. Ce qui pourrait

confirmer que le microcrédit, dans le cas d’Haïti, n’a pas d’impact de transformation sur la

pauvreté, comme c’est le cas dans plusieurs pays à faibles revenus ou à revenus intermédiaires

faibles tels que l’Éthiopie, l’Inde, la Mongolie, le Mexique, les Philippines, la Bosnie-Herzégovine,

le Maroc (Jameel, 2015). Toutefois, les effets multiplicateurs et les impacts non mesurés du

microcrédit en termes d’autonomie financière des femmes, entre autres, ne doivent pas être

négligés.

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Résumé de politiques

Mise en contexte

Problématique

En Septembre 2015, Haïti a pris un ensemble d’engagement devant l’ONU pour atteindre les

objectifs de développement durable (ODD), notamment l’éradication de la pauvreté dans tous ses

aspects. L’atteinte des ODD exige, indubitablement, que des politiques publiques stratégiques et

efficaces soient mises en place dans une atmosphère, évidemment, de stabilité pendant ces 15

prochaine année.

En fait, la réduction de la pauvreté en Haïti, qui touche près de 60% de la population, doit

demeurer l’objectif primordial de toute politique gouvernementale. Cependant, le ralentissement

des activités économiques ces dernières années, combiné avec la détérioration de certains

indicateurs économiques comme l’inflation et le taux de change et la dégradation de la sécurité

alimentaire, tant en milieu rural qu’en milieu urbain, surtout suite au passage de l’ouragan

Matthew au tout début de l’exercice fiscal 2016-2017, tend à renforcer les évidences quant à une

augmentation du niveau de l’extrême pauvreté dans le pays. En effet, l’inflation a plus doublé dans

l’économie de Mai 2015 à Mai 2016 en passant de 6.6% à 15.1%. Tandis que le taux de change, de

son côté, a augmenté de plus de 25% au cours de cette même période. D'un autre côté, le dernier

rapport de la Coordination nationale de la sécurité alimentaire (CNSA, 2015) révèle que le nombre

de personnes en insécurité alimentaire en milieu urbain a atteint 30%.

Nonobstant certains efforts ayant abouti à une certaine diminution de l’extrême pauvreté en Haïti

de 31 à 24% entre 2000 et 2012 (Banque mondiale, 2015), ce taux reste le plus élevé dans la région

avec de fortes inégalités. Les programmes de protection sociale, de microfinance et de graduation

réalisés par des ONG, les gouvernements ou encore des institutions financières n'ont pas encore

eu les effets escomptés. Donc, la lutte contre l’extrême pauvreté s’avère incontournable pour la

réduction des inégalités et l’amélioration des conditions de vie de plus de 2.5 millions d’Haïtiens

qui pataugent dans des conditions très précaires et qui vivent avec moins d’1 dollar américain par

jour. C'est dans cette optique que le gouvernement haïtien, à travers le Plan stratégique de

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développement d'Haïti (PSDH), entend attaquer ce phénomène, conformément à l'objectif 1er du

Programme de développement durable à l'horizon 2030 (PDD-H2030). C’est dans ce contexte que

le Centre du Consensus de Copenhague veut conduire des analyses sur les coûts et les avantages

d’une expansion du programme de graduation et de la microfinance, dans le cadre de son projet

« Haïti Priorise » qui cherche des solutions stratégiques et intelligentes pour la réduction de la

pauvreté à différents niveaux et l’amélioration des conditions de vies en Haïti.

Interventions

Les interventions préconisées dans le cadre de cette étude, pour aborder la question de la lutte

contre la pauvreté et l’extrême pauvreté, consistent en deux éléments :

a) Une expansion du programme de graduation ;

b) Une expansion de la microfinance.

Graduation

Cette intervention se veut une expansion de l'expérience pilote des institutions financières

Fonkoze et BRAC, mais avec une plus large couverture sur une période plus longue pour des

impacts plus significatifs. Il s'agit d'un ensemble d'interventions permettant aux familles

bénéficiaires, dans les zones les plus vulnérables, de graduer d'un niveau de pauvreté extrême à

un niveau qui leur permettra non seulement d’être éligibles pour participer à des programmes de

microcrédit, mais aussi de se doter de moyens de subsistance soutenables. Ce programme de

graduation qui doit toucher 10,000 familles bénéficiaires, sur 10 ans, comprend :

a) Un support à court terme sous de forme de cash pour se nourrir pendant la période de

gestation, avant que l'activité puisse générer du capital sous forme d'actifs physiques pour

la génération de revenus ;

b) Accès à des services d'épargne ;

c) Séances de formation sur l'organisation et la façon d'entreprendre des activités

génératrices de revenus ;

d) Support additionnel tel que des soins de santé palliatifs et préventifs.

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Les données sur les coûts sont tirées de l'évaluation des coûts d'une mini-expansion du

programme de graduation Chimen lavi miyò (CLM) de Fonkoze fait par Grameen Foundation et

révisé par Sinha et Roy (2010) pour le compte de M-CRIL. L’évaluation indique un coût de $1,492

USD par bénéficiaire (2009) que cette étude a inflaté en monnaie locale (2015). Avec un taux de

graduation de 97% en 2013 (Fonkoze, 2014), et presque 100% dans les années antérieures, on

estime que d'ici 2025 plus de 9,500 familles quitteront le cercle de l'extrême pauvreté à travers ce

programme.

Microfinance

Cette intervention, préconise une expansion du programme de microcrédit, à un taux préférentiel,

qui bénéficiera à des femmes chefs de ménages. Elle concerne à la fois celles exerçant déjà une

activité lucrative (entrepreneures existantes) et celles qui souhaitent et qui ont la capacité de

mener une activité économique (nouvelles entrepreneures) au lieu de recevoir des subventions

mensuelles sous forme de transferts monétaires pour l’alimentation et autres.

En exerçant ses propres activités économiques, génératrices de revenus, la femme, chef de

famille, sera plus à même de se protéger contre l’inflation que recevoir une allocation mensuelle,

dont la valeur diminue à chaque vague de pression inflationniste en glissement mensuel, s’il n’y a

pas des ajustements à cet égard. Le montant du prêt sera de 10,000 gourdes et le remboursement

s’étendra sur une période ne dépassant pas 6 mois avec un taux d’intérêt de 35% l’an. Cette

intervention sera exécutée dans les zones ayant le pourcentage le plus élevé de ménages en

insécurité alimentaire dans les 10 départements du pays. L'objectif de cette intervention est de

toucher environ 4% de la population pauvre sur 10 ans à raison de 2,500 familles par an. La cuisine

de rue, les fritures, le commerce des provisions alimentaires, la haute couture et la pêche sont,

entre autres, des activités économiques qui pourraient générer d’importants revenus aux femmes

micro-entrepreneures. Les données sur les coûts sont calculées à partir des données 2006-2010

du recensement sur l’industrie de la microfinance en Haïti conduite par l’USAID (2011), identifiant

les différents types de coûts associés au fonctionnement d’un programme de microcrédit, en

termes de pourcentage du portefeuille de crédit ou pourcentage du crédit moyen accordé à un

bénéficiaire.

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Facteurs de mise en œuvre des interventions ciblées

Coûts de l’expansion de la graduation

La mise en œuvre du programme de graduation en Haïti est liée à toute une palette de coûts,

comme c’est le cas dans les autres pays en développement ou à faible revenu, où le programme

pilot a été implémenté, dans le cadre de cet effort global de la Fondation CGAP-Ford visant à

comprendre comment les filets de sécurité sociale, les moyens de subsistance et la microfinance

peuvent être synchronisés pour créer des voies vers la sortie des plus pauvres de l’extrême

pauvreté.

En utilisant les données de Grameen Foundation de 2009, Sinha et Roy (2010, p.4) identifient trois

catégories de coûts associés à la mise en œuvre du programme de graduation, à savoir :

a) Les coûts directs : Ceux liés au support et à l’octroi direct des actifs économiques comme

des chèvres, des volailles et des articles de marchandise, devant générer des revenus, à

chaque bénéficiaire. Ces coûts représentent 55% du total des coûts d’implémentation du

programme.

b) Les coûts indirects : Ceux liés à des dépenses administratives, des imprévus, au niveau

l’office principal. Ces coûts représentent 18% du total des coûts.

c) Les coûts de démarrage : Ceux liés aux enquêtes préliminaires et au processus de sélection

des bénéficiaires. Ces coûts représentent 3% du total des coûts.

d) Les coûts auxiliaires : Ceux liés à l’octroi des services de santé et autres activités de

développement social. Ces coûts représentent 23% du total des coûts.

L’expansion du programme de graduation affiche un coût total par bénéficiaire de l’ordre de

143,092 HTG, avec un taux de réduction de 5% et en tenant compte des données sur les coûts de

2015 calculés à partir de l’inflation cumulative depuis 2009 et aussi en considérant des coûts

additionnels liés à l’éducation, notamment ceux encourus par la société dans l’utilisation de

ressources additionnelles.

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56%

18%

3%

23%

Coûts directs

Coûts indirects

Coûts de démarrage

Coûts auxiliaires

Figure 1: Segmentation des coûts de l’expansion du programme de graduation (2009, sans les

coûts additionnels de l’éducation)

Coût de l’expansion de la microfinance

Contrairement au programme de graduation, les trois types de coûts auxquels les institutions de

microcrédit font face sont :

a) Les coûts d’opération : Ces coûts concernent les dépenses de personnel, la dépréciation,

l’amortissement et les dépenses administratives. Ceux-ci représentent en moyenne

environ 35% du crédit total par bénéficiaire.

b) Les coûts de financement : Ces coûts sont associés à des intérêts ou des frais potentiels

payés à des sources de financement ou des donateurs. Ces coûts représentent en

moyenne environ 4% du coût total du crédit total par bénéficiaire.

c) Les coûts de défaut de paiement : Ces coûts concernent les coûts associés au pourcentage

du portefeuille de prêt qui ne sont pas remboursé. Ils sont estimés à environ 2% du crédit

total par bénéficiaire.

En utilisant les données de 2006 à 2010 sur le recensement de l’industrie de la microfinance

haïtienne de l’USAID (2011), la mise en œuvre d’une expansion du programme de la microfinance

en Haïti affiche un coût total par bénéficiaire de l’ordre de 4,074 gourdes sur chaque 10,000

gourdes de crédit alloué.

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Justification pour l’intervention

Les avantages d’une expansion du programme de graduation

L’expérience faite avec le programme pilot en Haïti (2007-2008), suivi d’une mini-expansion en

2009 par la Fonkoze, témoigne de cette capacité du programme de graduation à relever une

bonne partie de la population de ce cercle vicieux d’extrême pauvreté (Simanowithz et Huda

2009). Les avantages du programme de graduation sont non seulement d’ordre économique mais

aussi et surtout d’ordre sociale.

En fait, les avantages économiques concernent la possession d’actifs productifs, les rendements

sur les actifs productifs comme les chèvres et les volailles et la possession d’autres actifs financiers

et économiques. Tandis que les avantages sociaux sont ceux liés à une meilleure condition de vie,

comme un meilleur accès au logement ; l’accès à la santé et à l’éducation des enfants, de

meilleures conditions sanitaires et d’une meilleure sécurité alimentaire. Dans un scénario neutre

ou réaliste et en considérant que tous les avantages durent de 5 ans, les avantages par bénéficiaire

sont estimés entre 110,029 gourdes à 763,631 gourdes, dépendamment du taux d’actualisation.

Tableau 1 : Répartition des avantages par bénéficiaire estimés avec un taux d’actualisation de 5% sur les 5 années qui suivent la graduation (en HTG)

Année 1 Année 2 Année 3 Année 4 Année 5

Avantages continus/courants - Revenu moyen - Meilleur logement - Sécurité alimentaire - Enfant non-malnutri

- Meilleur assainissement

5,379.39 - 9,165.37 - 6,237.42

Avantages statiques - Actifs productifs - Epargne - Lit - Maison

- - - 26,129.60

Avantages de long terme - Education des enfants

58,980 - 107,025 - 85,157

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Les avantages d’une expansion de la microfinance

Si certains chercheurs et analystes croient qu’une expansion du microcrédit ne permet pas

véritablement aux bénéficiaires d’augmenter leurs revenus de manière substantielle (Jameel,

2015), nonobstant une expansion des activités de l’entreprise, d’autres institutions comme la

banque mondiale, le FMI et le Grameen Bank affirment que la microfinance est un secteur porteur

capable de vaincre le cercle vicieux de l’extrême pauvreté.

Les avantages d’une expansion de la microfinance en Haïti sont estimés à deux niveaux :

a) Avantages de l’institution de microfinance : Il s’agit ici des revenus que gagnent les

institutions de microfinance à partir du taux d’intérêt érigé sur les prêts et d’autres

avantages liés à des frais de services ou des retards de paiement. En utilisant les données

de l’USAID (2011, p. 27) de 2006 à 2010, le taux moyen de rendement sur le portefeuille

de crédit est de 48%, ce qui accuse une estimation des avantages par bénéficiaire entre

4,126 et 4,487 gourdes pour l’institution sur chaque 10,000 gourdes de crédit accordé,

dépendamment du taux d’actualisation (annexe 3).

b) Avantages des bénéficiaires : Il s’agit ici des retours sur les prêts contractés par des

bénéficiaires calculés sur chaque gourde empruntée, en utilisant le modèle de Chemin

(2008) appliqué dans le cas du Bangladesh. On considère ce modèle par le fait que dans le

cas d’Haïti on assume que les gains de consommation ne sont pas nuls et c’est ce qui

pousse beaucoup de micro-entrepreneurs à trouver l’accès au crédit, dont la croissance

moyenne des emprunteurs par an est de 2.93 % (USAID, 2011, p.38). Selon ce modèle, sur

chaque gourde empruntée, le bénéficiaire gagne environ 2.8%. Ce qui explique que, dans

un scénario où les bénéfices de consommation ne sont pas nuls, les avantages par

bénéficiaires sont estimés entre 4,376 et 4,759 gourdes pour chaque 10,000 gourdes de

crédit contracté.

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Description des bénéficiaires et des avantages non mesurés

a) Le profil des beneficiaries

L’une des caractéristiques premières du bénéficiaire du programme de graduation est celle d’une

femme, chef de ménage, vivant dans l’extrême pauvreté, soit avec moins d’un dollar américain

par jour. De plus, le bénéficiaire du programme de graduation répond au profil suivant :

- N’avoir aucun actif générateur de revenus ;

- N’avoir aucun enfant en âge d’aller à l’école qui fréquente un établissement scolaire ;

- N’avoir pas d’accès libre à l’alimentation et avoir souvent faim ;

- N’avoir pas accès aux soins de santé ou ne savoir pas comment y accéder, et ;

- Ne recevoir aucune assistance d’aucune ONG

Il s’agit ici d’identifier les plus pauvres des pauvres, à travers une petite enquête, pour les booster

vers un niveau où elles peuvent participer dans des programmes de microcrédit.

Contrairement au programme de graduation, les bénéficiaires du programme de microfinance

sont des femmes, chefs de ménages, vivant dans la pauvreté, soit avec moins de $2 par jour, et

aussi des femmes exerçant déjà une activité économique génératrice de revenus, comme la

cuisine de rue, le petit commerce, la haute couture, la pêche, etc. De plus, le bénéficiaire du

programme de microfinance répond au profil suivant :

- Avoir au moins un enfant ayant difficilement accès à l’éducation ;

- Ne pouvoir pas se nourrir au moins trois fois par jour et avoir l’habitude d’avoir faim ;

- N’avoir pas accès aux soins de santé, et ;

- Ne recevoir aucune assistance d’aucune ONG

L’identification de ces bénéficiaires sera faite à partir d’une analyse de leurs dossiers,

conformément au formulaire préconisé par l’institution de crédit.

b) Les avantages non-mesurés

Il est clair que le programme de graduation et de la micro finance ont un ensemble d’avantages

qui ne sont pas quantifiés et qui peuvent être difficilement quantifiables. En plus de la création

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nette d’emplois, ces deux programmes favorisent indubitablement l’émancipation des femmes

(Chemin, 2008, p. 482), à travers un cadre leur permettant de sortir de leur monde restreint pour

entrer dans une nouvelle dynamique de socialisation ou d’intégration sociale, de réseautage, ceci

leur permettant d’améliorer ainsi leur bien-être. De plus, certaines activités du programme

impactent directement la formation des femmes bénéficiaires sur le plan professionnel en termes

de business skills, ce qu’elles peuvent même transmettre à leurs progénitures.

Entre autres, des études ont montré que le programme de graduation et de la microfinance

engendrent toute une suite d’externalités positives dans les villages ou les localités d’intervention.

Cependant, dans le cas d’Haïti il y faudrait beaucoup plus de recherches pour mieux appréhender

les différentes dimensions et l’étendue de ces avantages non mesurés.

Tableau 2 : Coûts et avantages par bénéficiaire

Interventions Avantage (HTG)

Coût (HTG)

Ratio avantage-coût Qualité des données

Graduation 442,021 143,092 3.09 Forte

Microfinance 4,668 4,045 1.15 Moyen

Notes : Tous les chiffres sont basés sur un taux d’actualisation de 5%

Mécanismes d’implémentation des interventions

La mise en place d’une expansion du programme de graduation et de la microfinance doit être

découlée d’un partenariat public-privé, c’est-à-dire entre l’Etat haïtien et un ensemble d’autres

institutions privées. Vu les risques liés au remboursement par les bénéficiaires, l’état ne peut en

aucune façon prendre la responsabilité de s’immiscer dans une éventuelle implémentation de tels

programmes, mais il pourrait jouer un rôle de régulateur dans l’initiative. Dans ce sens,

l’expérience faite déjà avec la Fonkoze fait d’elle la meilleure institution qui pourrait gérer et

mettre en œuvre de tels programmes sous la supervision de l’Etat haïtien.

Fonkoze : La plus grande institution de microfinance en Haïti, travaillant à la fois comme une ONG

et une institution non-bancaire, et qui envisage d’atteindre la barre de 90,000 emprunteurs d’ici

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2018 (Fonkoze, 2014, p.3). Fonkoze offre toute une gamme de produits1 financiers à ses clients,

ce qui fait d’elle, entre autres, l’une des institutions de microfinance les plus proches des plus

vulnérables.

En 2007-2008, Fonkoze a été la pionnière du programme pilot de graduation en Haïti. Ce

programme, baptisé Chimen lavi miyò (CLM), a été implémenté avec 150 clients dans trois zones

reculées du pays à savoir Boucan Carré, Pointe-à-Raquette et Trou du Nord. Depuis lors, plus de

1,000 femmes sont graduées de ce programme et participent au programme de microcrédit « Ti

kredi » de Fonkoze.

D’un autre côté, il n’est pas sans savoir que l’état fait face à des difficultés financières énormes

avec des recettes domestiques qui ont atteint pour la première fois la barre de 65 milliards de

gourdes en 2016 (BRH, 2016), soit toujours moins d’un milliard de dollars. Donc, il faut rechercher

des capitaux privés et c’est dans cette optique que l’État pourrait envisager des partenariats avec

des institutions de développement comme l’USAID, la Banque caribéenne de développement et

d’autres organisations œuvrant dans le domaine, pour constituer un fonds devant alimenter la

mise en œuvre de ces programmes. Ce fonds peut être géré directement par la BRH ou la Banque

nationale de crédit (BNC).

Les éventuels risques

a) Institutionnel : Les risques liés à l’établissement de tels programmes avec des partenaires

internationaux ou régionaux résident surtout dans la faiblesse de nos institutions en Haïti.

Ce qui rend toujours difficile la pérennité de certains programmes de filet de sécurité et

l’incapacité de l’Etat à respecter ses engagements vis-à-vis des partenaires internationaux.

b) Économique : D’autres risques peuvent être analysés sous un angle économique, dans la

mesure où le contexte économique même du pays peut affecter le taux de défaut de

paiement et augmente la portion du portefeuille à risque. Plus l’investissement diminue

dans l’économie, plus le chômage a tendance à augmenter et plus le rythme de croissance

11 Ti Kredi, Solidarité, Développement d’Entreprise, Prêt PME, Zafèn, Services d’Epargne, Services de Transfert, Chimen Lavi Miyò, Epargne Jeunesse et Crédit Pilot.

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de la consommation tend à ralentir. Lorsque la consommation ralentit, toutes les

entreprises en subissent avec des chiffres d’affaires moins importants.

c) Politique : Un autre risque est lié évidemment aux soubresauts politiques qui ne sont

jamais favorables à la réussite ou à la pérennisation de certaines initiatives

gouvernementales. L’instabilité politique rend les institutions faibles et pourrait mettre les

investissements faits dans les deux programmes à risques pour des rendements très

faibles, tant du côté des emprunteurs que du côté des institutions prêteurs.

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Liste des sigles et abréviations

ACA Analyse coût-avantage BRAC Bangladesh rural advancement committee BNC Banque nationale de crédit BRH Banque de la République d’Haïti CEPALC Commission économique pour l’Amérique Latine et la Caraïbe CGAP Consultative Group of Assistance to the Poor CLM Chimen lavi miyò CNSA Coordination nationale de la sécurité alimentaire DALYs : Disabilities adjusted life years ECVMAS Enquête sur les Conditions de Vie des Ménages après le Séisme Fonkoze Fondasyon kole zepòl ODD Objectifs de développement durable ONPES : Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale PIB Produit intérieur brut RAC Ratio avantage-coût TUP Targeting the ultra-poor USAID : United States agency for international development VPN Valeur présente nette ONU Organisations des Nations Unies

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1. INTRODUCTION .............................................................................................................................................. 1

2. ANALYSE DOCUMENTAIRE .............................................................................................................................. 3

2.1. GRADUATION ......................................................................................................................................................... 3

2.2. MICRO-FINANCE ..................................................................................................................................................... 6

3. REVUE DE LITTERATURE SUR L’IMPACT DU MICROCREDIT DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT ..................... 8

4. CALCUL DES COUTS ET DES AVANTAGES ........................................................................................................ 12

4.1. GRADUATION ....................................................................................................................................................... 12

Coûts .................................................................................................................................................................. 12

Avantages .......................................................................................................................................................... 13

4.2. MICROFINANCE .................................................................................................................................................... 15

Coûts .................................................................................................................................................................. 15

Avantages .......................................................................................................................................................... 15

5. CONCLUSION ................................................................................................................................................. 16

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ...................................................................................................................... 18

ANNEXES .......................................................................................................................................................... 21

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1

1. Introduction

Plusieurs institutions internationales et gouvernements de la région continuent d’exprimer leurs

préoccupations face au ralentissement des efforts ces dernières années visant à réduire le

phénomène de la pauvreté dans la région de l’Amérique Latine et des Caraïbes, dans un contexte

économique internationale déjà difficile. Si des efforts ont été consentis par les gouvernements,

en collaboration avec des partenaires internationaux, pour réduire le seuil de l’extrême pauvreté

de 24.5% en 2003 à 11% en 2013 et sortir environ 76 millions de personnes de la pauvreté (Banque

mondiale, 2016, p.37), 39 % de la population restait toujours exposée au risque de basculer dans

la pauvreté, et l’élargissement de la classe moyenne s’est ralenti, selon les experts de la Banque

mondiale.

En effet, les deux années consécutives de croissance économique négative de la région expliquent

à quel point les progrès ont été lents, en ce qui a trait à la réduction de la pauvreté à travers la

création de richesse et la mise en place des programmes de filet de sécurité. Après une décennie

de croissance économique dynamique et inclusive, la région Amérique Latine et Caraïbe est

rentrée dans sa cinquième année de ralentissement économique et deuxième année de

contraction du PIB en 2016. En fait, la dégradation de la situation extérieure, conjuguée aux

difficultés intérieures, a fait chuter la croissance régionale à -0.7% pour 2015, et l’activité

économique devrait chuter à -1.3% en 2016 (Banque mondiale, 2016, p. 37). D’un autre côté, si le

taux de pauvreté n’ont pas augmenté en 2013 et 2014 dans la région, la donne a été changée en

2015, selon les projections de la Commission Economique de l’ONU pour l’Amérique Latine et la

Caraïbe (CEPALC, 2016). En effet, selon l’agence, le taux de pauvreté régional a atteint 29,2%,

contre 23,3% en 2014, ce qui équivaut à 175 millions de personnes pauvres.

En Haïti, la situation s’avère beaucoup plus préoccupante que le reste de la région ; près de 60%

de la population vit en dessous du seuil de la pauvreté et 24% dans l’extrême pauvreté. La

détérioration croissante des principaux indicateurs socioéconomiques, les soubresauts du

tremblement de terre de 2010 qui avait emporté près de 120% du PIB, les dégâts causés par le

dernier ouragan Matthew, dont les pertes sont évaluées à 2.8 milliards de dollars, soit environ

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2

30% du PIB et l’arrêt d’un ensemble de programmes de filet de sécurité1 qui avait quand même

des impacts non-négligeables sur les conditions de vies de certaines familles marginalisées vivant

dans des zones reculées de la capitale (ONPES, 2013) sont, entre autres, des facteurs qui ont

exacerbé le phénomène de la pauvreté dans le pays. Ce qui explique, entre autres, que le

pourcentage de ménages vivant en sécurité alimentaire au niveau urbain s’alourdit, avec des taux

plus élevés à Cité Soleil (66%), Gonaïves (49%) et Jérémie (48%) (CNSA, 2016). De plus, le

ralentissement du rythme de croissance de l’économie depuis 2014 montre que des richesses ne

sont pas créées pour la création nette d’emplois et l’amélioration des conditions de vies dans le

pays.

Nonobstant le contexte économique et politique difficile, les institutions de microfinance

continuent d’essayer de tenir le coup et offrir des services à un bon nombre de familles, dans le

cadre de leur contribution dans la lutte pour la réduction de la pauvreté en Haïti. En fait, selon le

dernier recensement de l’industrie de la microfinance en Haïti faite par l’USAID (2011), au 30

septembre 2010, le marché de crédit était évalué à 4.7 milliards de gourdes en termes de

portefeuille brut, dont 1.78 milliards de gourdes pour les caisses populaires et le nombre de micro-

entreprises et/ou petits opérateurs bénéficiaires (emprunteurs) du microcrédit était estimé à

208,998 (soit environ 5% de la population active) dont 48,905 sont des emprunteurs des caisses

populaires. Avec une croissance moyenne de 2.9% l’an (USAID, 2011, p.38), le nombre

d’emprunteurs devrait franchir maintenant la barre de 248,000 en 2016, d’après nos estimations.

En plus des programmes de microcrédit, un autre programme de lutte contre la pauvreté extrême

a été expérimenté en Haïti avec la Fonkoze « graduation », sous le label « Chimen lavi miyò »

(CLM), en partenariat avec Concern Worldwide, CGAP, Plan International, BRAC et Zanmi Lasante,

dans le cadre d’un effort global de CGAP-Ford Foundation visant à relever les plus pauvres du

cercle de l’extrême pauvreté vers la possibilité d’intégrer le secteur de la microfinance, une fois

passé l’étape de la graduation. En 2013, le programme CLM a accueilli 610 nouvelles femmes

bénéficiaires et continuait de desservir 1,101 autres. Selon la Fonkoze (2014, p.10), 97% des

femmes bénéficiaires ont complété le programme en 2013, leur permettant d’avoir une condition

1 Ti manman cheri, Kore etidyan, panye solidarite, Kore andikape, etc.

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3

de vie plus sure, de fournir à leurs familles au moins deux repas par jour, d’envoyer tous leurs

enfants à l’école, de maintenir un certain niveau de revenu et un compte d’épargne actif, et de

développer un plan solide pour l’avenir.

C’est dans ce contexte que, dans le cadre de la recherche des solutions intelligentes de lutte contre

la pauvreté et la pauvreté extrême en Haïti, ce travail analyse les coûts et les avantages d’une

expansion de la microfinance et du programme de graduation. Le reste de l’étude est divisé en

deux grandes parties. La première partie concerne une analyse documentaire qui passe en revue

des études sur l’implication des programmes de graduation et de la microfinance dans la réduction

de la pauvreté ainsi que le niveau des coûts et des avantages de l’implantation de ces programmes

à travers des études de cas précis.

2. Analyse documentaire

2.1. Graduation

Les limitations de la microfinance, comme programme de développement, ont toujours été au

centre des réflexions et des débats sur des politiques de lutte contre l’extrême pauvreté. On

reproche à la microfinance de ne pas pouvoir toucher les couches les plus vulnérables pour deux

raisons. D’abord il y a « peu d’approches innovantes du côté des ONG, en particulier pour les gens

extrêmement pauvres, et ensuite, la microfinance a causé l’exclusion des plus pauvres dans les

interventions non financières » (Sulaiman & Misha, 2016, p. 7). C’est dans ce contexte que d’autres

programmes plus robustes de lutte contre l’extrême pauvreté ont été émergé dans les années

2000, notamment le « Targeting the ultra-poor (TUP) implémenté par BRAC au Bangladesh,

communément appelé programme de graduation, dirigé par le Groupe consultatif d’assistance

aux pauvres (CGAP) avec de l’assistance financière de la Ford Foundation. Cette approche de

graduation était lancée comme une amalgamation des expériences de la microfinance et 10

programmes pilots ont été implémentés dans environ 10 pays à savoir, Éthiopie, Haïti, Pérou,

Pakistan, Ghana, Honduras, Inde et Yémen depuis 2006.

Beaucoup d’études ont été réalisées pour mesurer les impacts des programmes de graduation

dans plusieurs pays, ainsi que les coûts associés à la mise en œuvre de ces programmes. Après une

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4

expansion du programme au Bangladesh, un essai contrôlé randomisé a été conduit pour mesurer

les impacts directs et indirects des interventions. Bandeira et al (2013) ont trouvé que le

programme augmente les revenus des ménages de bénéficiares à 34%, comparé au groupe de

contrôle à la fin de la deuxième année des interventions. Ce qui est intéressant, c’est que les

avantages sont maintenus 2 ans après les interventions avec les ménages de traitement ayant des

niveaux de revenus à 38% plus élevé que le groupe de contrôle.

D’un autre côté, Sulaiman et Misha (2016) ont conduit une analyse des coûts et des avantages des

programmes de graduation au Bangladesh. D’après leurs résultats les ratios coût-bénéfice de ces

programmes se situe entre 2 et 3, comparé de manière plus spécifique au programme TUP, dont

les estimations des ratios coût-avantage, avec de différents niveaux de taux de réduction (3%, 5%,

10%), se trouvent entre 1.21 et 5.76, tout en assumant de différents niveaux de continuation des

gains de consommation (Sulaiman et Misha, 2016, p.25). Ce qui traduit des taux de rendement

relativement élevés sur des investissements dans la réduction de la pauvreté.

Plus loin, Banerjee et al (2015) ont conduit des évaluations randomisées du modèle TUP dans six

pays et ont montré l’évidence des impacts positifs sur les moyens de subsistance des bénéficiaires

dans cinq sur les six programmes pilots à la fin de l’intervention, avec des retours sur

investissement compris entre 133% et 433%, selon leur analyse des coûts et des avantages

(annexe 4).

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5

Figure 1 : Ratios coûts-avantages des programmes de graduation dans les six RCT

Source : Banerjee et al (2015)

Les avantages considérés dans les calculs de Banerjee et al (2015) et Sulaiman et Misha (2016)

concernent seulement les gains de consommation, les épargnes et les actifs productifs. Ce qui

veut dire que les avantages liés à la l’éducation des enfants et à la santé n’ont pas été considérés.

C’est ce que nous autres nous avons ajouté dans notre travail et qui nous a permis d’améliorer les

ratios coût-avantage liés à une expansion du programme de graduation en Haïti.

En fait, aucune étude n’a encore évalué les impacts sur la formation des revenus des bénéficiaires

du programme de graduation « Chimen lavi miyò » (CLM) de Fonkoze en Haïti. Cependant, à date,

deux grandes évaluations2 de ce programme ont été conduites et ont montré l’évidence des

impacts positifs du programme dans l’amélioration des conditions de vie des bénéficiaires. La

première évaluation de la phase pilote a montré que 93% (140 sur 150) des bénéficiaires ont vu

leur situation économique nettement amélioré et étaient éligible pour participer au programme

de microcrédit (Ti kredi) de Fonkoze (Simanowithz et Huda, 2009). La deuxième tranche

d’évaluation conduite lors de la phase d’expansion du programme (180 bénéficiaires) a montré

des changements significatifs dans la capacité des bénéficiaires à améliorer leurs moyens de

subsistance et leurs conditions de vies, en termes de meilleur logement, d’accès à des biens,

2 Une évaluation du programme pilot (150 bénéficiaires) et une évaluation de l’expansion (180 bénéficiaires)

260%

133%

-198%

433%

179%146%

182%

93%

-132%

306%

127% 102%124%63%

-84%

211%

88% 69%

Ethiopie Ghana Honduras Inde Pakistan Pérou

RCA RCA (7%) RCA (10%)

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6

d’amélioration de l’éducation des enfants, de condition de revenu et de statut social (Pain et al,

2015).

Tableau 1 : Vue d’ensemble des résultats des évaluations du programme CLM en Haïti (2007-2012)

Avantages (changement de condition) Pourcentage de familles bénéficiaires

Pilot-2007 Expansion -2012

Amélioration de logement 20% 43%

Toiture en paille 60% 9%

Toiture en métal (tôle) 40% 92%

Sol en terre battue 98% 81%

Sol en ciment 2% 20%

Propriétaire de maison 73% 87%

Propriétaire terrien 44% 62%

Dormir à même le sol 39% 23%

Dormir au lit 61% 77%

Assainissement (latrine) 2% 43%

Tous les enfants à l’école 10% 69%

Savoir lire 18% 27%

Amélioration de revenu - 54%

Augmentation consommation alimentaire - 45%

Source : Concern Worldwide et Fonkoze (2014)

Le programme a poursuivi son chemin en 2013 et selon les données fournies par Fonkoze, le

programme CLM a accueilli 610 femmes bénéficiaires, dont 97% des femmes bénéficiaires ont

complété le programme pour rentrer dans la catégorie des clients éligibles pour avoir accès à des

prêts du programme de microcrédit (Fonkoze, 2014). Cependant, pour calculer les avantages

d’une expansion de la microfinance, nous avons utilisés les données des 2 évaluations

susmentionnées.

2.2. Micro-finance

La microfinance est souvent considérée comme un outil contribuant significativement à la

réduction de la pauvreté. C’est la raison pour laquelle beaucoup d’études concernant ce domaine

abordent l’évaluation de ses impacts sur la réduction de la pauvreté (De Silva, 2012 ; Hermes et

Lensink, 2011, Rooyen et al, 2012). Toutefois, quand il s’agit de déterminer réellement l’impact de

la microfinance sur la réduction de la pauvreté, les résultats des études sont très divergents. En

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7

fait, certaines études avancent que les programmes de microfinance sont loin de sortir les plus

pauvres du cercle de l’extrême pauvreté (Coleman, 2006 ; Takahashi et al 2010 ; Chemin, 2008).

Tandis que d’autres acteurs impliquant dans le secteur et des organisations internationales

comme la Banque mondiale, le Grameen bank et l’USAID, ainsi que d’autres chercheurs (Hiatt et

Woodworth, 2006 ; Imai et al, 2012) soutiennent que la lutte contre la pauvreté peut aussi passer

par un renforcement des programmes de micro-crédit dans les pays à faible revenus et dans les

pays en développement, car, selon eux, ce dernier secteur a des impacts significatifs sur la

réduction de la pauvreté.

En fait, des évaluations randomisées de sept pays3 à travers le monde ont montré que le

microcrédit n’a pas d’impacts transformatifs sur la pauvreté, mais il peut doter les ménages à

faibles revenus plus de liberté dans l’optimisation des stratégies de gagner de l’argent, ou dans la

façon de consommer et d’investir (Jameel, 2015, p. 1). Ces résultats vont de pairs avec les six

évaluations randomisées de microcrédit conduites par Banerjee et al (2015, p.19) qui ont trouvé

peu d’évidence en termes d’effets de traitement dans les investissements avec des périodes de

gestion relativement longue, telles que l’éducation et la santé, et également peu d’évidence en

termes d’impacts de transformation sur des indicateurs sociaux.

Les études évaluant les impacts véritables de la microfinance sur la réduction de la pauvreté en

Haïti sont très rares, malgré cette prédominance des institutions de microfinance en Haïti, dont le

nombre était porté à 200 en Décembre 2010, réparties en 175 caisses populaire et une vingtaine

d’ONG/Associations/Fondations (USAID, 2011, p.6). Cependant, des rapports ont montré que les

implications de ce secteur dans la mouvance du secteur financier du pays sont considérables. Par

exemple, l’USAID (2011) étudie l’apport socio-économique des institutions de microfinance en

Haïti, en se basant sur les emplois directs créés, la valeur ajoutée directe générée sur les

portefeuilles de crédit et les revenus de salaires distribués, mais elle n’a pas investigué

d’éventuelles implications directes de la microfinance dans la réduction de la pauvreté dans le

pays. Cependant, pris au cas par cas, des rapports des institutions de microfinance comme ceux

de Fonkoze (2014) veulent donner l’impression que le micro-crédit joue un rôle très important

3 Ethiopie, Maroc, Mexique, Inde, Bosnie et Herzégovine, Mongolie, Philippines.

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dans la lutte contre la pauvreté, notamment dans les zones les plus reculées du pays où l’accès à

des services bancaires est difficile. Toutefois ces rapports ne constituent pas en des recherches

véritables sur l’impact du microcrédit sur la réduction de la pauvreté dans le pays.

Tableau 2 : Répartition des programmes de micro-crédit de Fonkoze (2013)

Programmes # de clients Prêt moyen ($US) Portefeuille de crédit ($US)

Pourcentage de client gradués

Ti Kredi 11,058 35 846,913 84%

Solidarité 57,149 207 23,594,998

Developpement d'entreprise 366 3,562 1,588,823

Prêt PME 59 28,581 3,687,175

Zafèn 386 1,712 186,650

Crédit pilot (Jeunes) 220 33 7,178

Total 69,238

Source : Rapport annuel de Fonkoze (2014)

Fonkoze dispose d’une équipe d’évaluation d’impact « Social impact team » qui conduit

régulièrement des évaluations des différents programmes de crédit, notamment « Ti kredi » et

« Solidarité » à travers des interviews auprès des bénéficiaires. En 2013, avec un échantillon de

197, l’évaluation de l’équipe a révélé que 9% des clients de « Ti Kredi » ont quitté le cercle de

l’insécurité alimentaire et 9% avait la capacité de se procurer des actifs productifs (Fonkoze, 2010,

p. 16). En ce qui concerne le programme ‘’Solidarité’’, sur une ‘échantillon de 137 clients, l’équipe

d’évaluation a révélé que 50% des clients devenait dans une situation de sécurité alimentaire et

14% pouvait envoyer tous leurs enfants à l’école, avec des progrès significatifs dans l’amélioration

dans leurs conditions de vie (Fonkoze, 2014, p.17)

3. Revue de littérature sur l’impact du microcrédit dans les pays en développement

L’expérience de la microfinance a été entreprise pour la première fois par l’économiste bangladais

Yunus en 1976, qui a montré le rôle de l’intermédiation financière dans la réduction de la pauvreté

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et dans la génération de richesse. Le microcrédit est alors un volet de ce grand dispositif4 qui

comprend aussi la micro-assurance, l’épargne et les transferts d’argent. Les expériences

pionnières de la Grameen Bank et la Banco Sol ont été profitables et ont favorisé une croissance

rapide de la couverture de la microfinance dans le monde (plus de 80 millions de personnes ont

été touchées en 2005, les projections étaient de 100 millions). Ce secteur a bénéficié du support

des institutions internationales telles l’ONU et des agences de développement comme l’USAID. En

2004, lors du Xe sommet de la Francophonie, de nombreux chefs d’État des pays du sud se sont

mêmes engagés à soutenir les institutions de microfinance et d’en assurer leur intégration dans le

circuit financier classique.

Étudier l’impact du microcrédit sur les bénéficiaires consiste d’abord à vérifier si l’objectif fixé est

atteint. Les projets de microcrédit visent les populations pauvres généralement ne faisant partie

d’aucune structure formelle de l’économie. Rappelons que le microcrédit a pour objectif

d’octroyer de prêts à ceux qui sont exclus du système formel (bancaire) et l’informel peut rendre

inefficace le contrôle des emprunteurs et peut provoquer une concentration des offres de crédit.

Donc, ceci réduit de manière considérable les probabilités d’atteinte de l’objectif et les IMF auront

tendance à servir les emprunteurs fiables au détriment des populations pauvres.

L’autre aspect dans l’évaluation d’un projet de microcrédit concerne la méthodologie scientifique

à adopter. Les premières études d’impact ont été surtout des études empiriques sur un pays, une

communauté et la méthodologie employée était surtout de comparer le profil socioéconomique

des bénéficiaires à celui des non-bénéficiaires. Cette méthodologie a fait l’objet de critiques et

d’autres chercheurs ont utilisés des méthodes d’induction statistique et les complications

économétriques ont été de taille. Ainsi, pourrait-on étudier l’impact d’un projet de microcrédit sur

un échantillon d’emprunteurs et voir quelle serait leur situation de bien-être s’ils n’avaient pas été

bénéficiaires d’un projet de microcrédit ?

Le premier ensemble d’outils d’évaluation a été lancé dans le cadre du projet AIMS5 exécuté par

l’USAID en 1995. Bien que les rapports dans le cadre de ce projet remontent à plus de vingt ans, il

4 La microfinance est perçue comme une structure créant le pont entre les services financiers et ceux exclus du secteur bancaire. 5 Assessing the Impact of Microenterprise Services ( Evaluation de l’impact des services aux microentreprises)

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reste l’incontestable outil en matière d’évaluation de l’impact de la microfinance. Cinq outils ont

été proposés qui sont des méthodes quantitatives et qualitatives (étude d’impact, étude de sortie

des clients, analyse de l’utilisation des prêts, des services et de l’épargne au fil du temps, enquête

de satisfaction de la clientèle et analyse d’autonomisation des clients).

L’analyse proposée par Sebstad et Chen (1996) portant sur un échantillon de trente-deux études

d’impact et sur quarante et un projets différents dans vingt-quatre pays d’Amérique latine, d’Asie,

et d’Afrique a pris en compte le type d’impact sur l’activité des microentreprises, le bien-être des

bénéficiaires, au niveau individuel ou des ménages, voire même des communautés auxquelles ils

appartiennent. Pour le volet du microcrédit, l’impact est significatif, en se référant à trois des six

études qui abordent cette question. Pour l’outil de l’utilisation des prêts, l’allocation consacrée à

l’alimentation ou aux biens de première nécessité a été réduite.

Plusieurs études dans des pays avec des contextes conjoncturels différents ont révélé que les

programmes de microcrédit destinés aux communautés pauvres ont plutôt des effets positifs sur

l'investissement dans les activités des travailleurs autonomes, mais moindre proportion sur la

consommation totale ou sur le revenu global (Attanasio et al.2011, Augsburg et al. 2013). Des

travaux de recherche montrent cependant que le microcrédit est souvent utilisé à des fins autres

que l'investissement. Ces prêts aident aussi les gens à faire face aux baisses de leurs revenus en

mettant à leur disposition les fonds nécessaires pour faire face à certains chocs imprévisibles

(décès, maladie, etc.).

Les chercheurs Banerjee, Duflo, Glennerster et Kinnan (2010), analysent l’impact de l’accès au

crédit en randomisant l’implantation de nouvelles agences d’IMF dans la communauté indienne

de Spandana destinées aux femmes. Crépon, Devoto, Duflo et Parienté (2011) évaluent l’effet de

l’accès au crédit en milieu rural en implantant aléatoirement de nouvelles agences de l’IMF à Al

Amana (Maroc). Field, Pande, Papp et Rigol (2011) cherchent à analyser comment les conditions

de remboursement affectent l’entrepreneuriat parmi les pauvres (en Inde). Giné, Yang et Goldberg

(2011) se penchent sur l’impact d’un système d’identification personnelle sur le remboursement

des prêts au Malawi.

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11

Selon Aldeghi et Lautié (2011), le microcrédit contribue à l’amélioration de la situation sur le plan

budgétaire de 75% des emprunteurs relèvent au moins une évolution positive de leur situation

sur le plan financier. Sur d’autres aspects, 35% des personnes enquêtées ont une meilleure qualité

de vie (mesurée par une amélioration du moral et du stress ressenti), 22% des personnes

interrogées ont une évolution positive de leur situation professionnelle, 12% d’entre elles notent

par ailleurs un impact positif sur le logement, 7% seulement sur l’accès aux soins. Par ailleurs, le

microcrédit n’induit que peu d’impacts négatifs. 13% des personnes déclarent avoir rencontré des

difficultés liées aux remboursements mensuels. Seules 4% des personnes interrogées notent des

impacts négatifs et très peu relèvent des dégradations de leur situation qui pourraient être liées à

cette structure.

Selon les résultats d’une étude sur l’impact social et économique du microcrédit (cas d’une IMF

en Argentine), le microcrédit contribue à la constitution d’une épargne individuelle : 49% des

bénéficiaires possèdent une épargne, contre 26% des non-bénéficiaires. De plus, en ce qui a trait

à la vulnérabilité des ménages, l'effet du microcrédit est aussi positif : 2% des bénéficiaires ont dû

restreindre leur alimentation pendant une période de l'année, alors que 12% des personnes non-

bénéficiaires d’un programme de microcrédit ont subi ce choc. Les analyses de Zohoré (2009)

montrent que le microcrédit dans le Sud-ouest de la Côte d’Ivoire a un impact substantiellement

positif sur l’autonomisation des femmes et des effets variables sur l’habitat et la consommation

des ménages, ainsi qu’en matière de santé et d’éducation. Par contre, l’impact du microcrédit sur

l’épargne ne peut être confirmé.

Une étude pilotée par la Banque mondiale dans les villages du Bangladesh, a confirmé l’influence

positive du microcrédit sur ces communautés. Cette étude, qui compte plus de 1,500 ménages

issus de 87 communautés, interrogés trois fois sur une période de 20 ans, conclut que le

microcrédit hausse le niveau du revenu et le niveau de l’éducation des enfants.

Parienté (2014) questionne l’efficacité du microcrédit au Maroc et analyse l’effet sur les conditions

de vie des bénéficiaires par une approche expérimentale utilisée dans cinq pays (Bosnie, Mexique,

Inde, Mongolie et Éthiopie). D’après les résultats de cette étude, les effets sont globalement

limités sur le niveau de consommation, les dépenses de santé et d’éducation, avec peu de

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démarrage sur de nouvelles activités, cependant il y eut de l’expansion des activités. Cette

approche a eu d’autres effets sur les pays mentionnés ci-dessus (effets positifs sur la sécurité

alimentaire ; la détention d’actifs, l’activité, et le revenu).

Quoiqu’il soit difficile de mesurer sans biais l’effet de la microfinance sur une population-cible, les

programmes de microcrédit un peu partout dans le monde ont des retombées positives dans le

social : les conditions de vie des ménages (bénéficiaires) ont nettement amélioré, le taux de

fréquentation scolaire est à la hausse et beaucoup plus de gens ont accès aux soins de santé. Du

point de vue économique, les revenus ont augmenté dans certains cas, les revenus sont devenus

plus stables, ce qui a pour effet positif sur la réduction de la vulnérabilité des bénéficiaires (à long

terme) face aux chocs extérieurs et imprévisibles et l’économie dans son ensemble peut en

profiter avec la réduction du taux de l’informel.

4. Calcul des coûts et des avantages

4.1. Graduation

Coûts

La méthodologie utilisée pour calculer les coûts d’une expansion du programme de graduation

s’articule autour d’une estimation des différents coûts du programme en Haïti faite par Grameen

Foundation et révisée par Sinha et Roy (2010) pour le compte de M-CRIL, ajoutée des coûts

additionnels encourus par la société qui ne sont pas tenus compte par Grameen Foundation. Les

données sur les différentes catégories de coûts, mentionnées plus haut, ont affiché un coût total

par bénéficiaire de $ 1,491 US en 2009, soit environ 62,309 gourdes à l’époque. En utilisant

l’inflation cumulative depuis 2009 (1.35), le coût total de l’implémentation du programme de

graduation par bénéficiaire est porté à 84,403 gourdes en 2015. Tandis que les coûts additionnels

par bénéficiaire, liés à l’éducation, supportés par la société passent de 9,629 de l’année 1 à 13,903

à l’année 5. Avec un contrefactuel de 50% sur l’année zéro et 25% pour les deux années

précédentes, la valeur présente nette (VPN) du coût par bénéficiaire se situe entre 69,521 et

80,172, dépendamment du taux de réduction (voir tableau (6) récapitulatif et annexe 1).

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Un autre point de confort c’est qu’une estimation des coûts de l’implémentation du programme

de graduation en Haïti en parité de pouvoir d’achat (PPP, 2015) affiche un niveau ($3,961)

supérieur à ceux de l’Inde, mais presque similaire à la moyenne de ceux du Ghana, de l’Ethiopie,

du Pakistan et du Pérou ($4,209, 2015 PPP). Cela veut dire que les programmes de graduation à

l’avenir en Haïti ne seront pas différents des autres programmes implémentés n’importe où.

Avantages

Une approche un peu nuancée a été utilisée pour calculer les avantages d’une expansion du

programme de graduation. Comme l’indique le tableau 1 ci-dessous, le programme de graduation

affiche toute une panoplie d’avantages, divisée en trois catégories à savoir les avantages courants

et continus, les avantages statiques et les avantages de long terme. Contrairement à Banerjee et

al (2015) et Chemin (2008), notre travail a considéré les avantages liés à l’éducation et à la santé.

Ce qui a favorisé une nette amélioration du ratio coût-avantage (Annexe 2).

L’estimation des avantages est faite sur une période de 5 ans à partir d’une année de base (0) et

les données secondaires ont été tirées des évaluations du programme de graduation CLM de

Fonkoze, dont certains résultats sont présentés dans le tableau 4 ci-dessous, avec d’autres

données tirées du Global burden of disease (2013), de l’ECVMAS (2012) et du marché lui-même.

L’estimation des avantages courants et continues tient compte du revenu moyen des bénéficiaires

calculé à partir des gains sur 1 an avec moins d’un dollar par jour ; entre $1 et 2$ par jour et plus

de dollars par jour, tout en assumant un déclin de 10% sur l’ensemble de la période, puisque le

programme de graduation est basé sur un score de revenu d’un indice de pauvreté. Elle tient aussi

compte des gains liés à un meilleur logement calculé à partir des données de l’évaluation du CLM

et la différence entre le prix de la location des deux niveaux de maison, et enfin des avantages liés

à la santé, qui comprennent un meilleur assainissement, réduction de la malnutrition sévère chez

les enfants et la sécurité alimentaire, calculés à partir de l’approche DALY du Global Burden of

Disease, avec un contrefactuel de 100% à 105% sur l’ensemble de la période.

Les avantages statiques qui regroupent les actifs productifs, l’épargne, la valeur d’un lit et d’une

maison ont été calculés à partir des données de l’évaluation du programme CLM de Fonkoze et le

prix du marché d’un lit d’une maison de base en tuff et en béton, avec une assomption de 33% de

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déclin des avantages au niveau des actifs productifs et de l’épargne. Et enfin, les avantages de long

terme qui concerne l’éducation calculé à partir des données de l’évaluation du programme CLM,

de l’ECVMAS (2012) et les gains de revenus liés à une augmentation du nombre d’année scolaire,

en assumant une croissance de 2.7% par an des revenus (comme pour la croissance moyenne

réelle du PIB par an).

La méthodologie appliquée pour l’estimation des avantages s’articule autour de quatre phases :

a) La première phase consiste à calculer les différents pourcentages de bénéficiaires d’un

avantage quelconque sur la période (2007-2012) issues des évaluations du programme

CLM de Fonkoze de la phase pilot (année zéro) passant par la ‘’graduation’’ (2009)

jusqu'‘à la phase d’expansion (2012).

b) La deuxième phase consiste à mesurer les avantages sur la période considérée à partir des

données existantes et des données calculées, tout en utilisant les pourcentages

susmentionnés. Les données existantes sont celles liés aux revenus moyens, à la valeur

d’un meilleur logement, l’épargne, la valeur de la maison et du lit. Tandis que les données

calculées sont celles qui concernent les avantages liés à l’éducation des enfants et à la

santé, tout en utilisant également les pourcentages susmentionnés.

c) La troisième phase consiste à mesurer les avantages sur la période considérée à partir des

scénarios contrefactuels sur les différents niveaux d’avantages (courant/continu, statique

et de long terme). Comme mentionné plus haut, un contrefactuel allant de 100% à 105%

est utilisé sur la période considérée pour les avantages courants/continus (revenus,

logement, santé). Tandis que pour les avantages statiques (actifs productifs, épargne, lit,

maison non incluse), un contrefactuel de 37% est utilisé, en assumant une certaine

dégradation de ces avantages après la graduation (Pain et al, 2015). Alors que pour les

avantages de long terme qui concerne les gains à l’éducation des enfants, un contrefactuel

allant de 10% à 37% est utilisé sur la période.

d) La quatrième phase consiste maintenant à calculer les avantages par bénéficiaires pour

chaque catégorie d’avantages sur la période considérée, en utilisant les résultats de la

deuxième et la troisième phase par avantage. Cette étape nous permet ensuite de calculer

la valeur présente nette des avantages totaux à différent niveau de taux d’actualisation

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(3%, 5%, 12%) de DALY, avant d’aboutir aux différents scénarii d’avantage (neutre,

optimiste, conservateur). Le scenario conservateur est celui inspiré de Banerjee et al

(2015), où nous avons calculé la valeur présente nette des avantages sans tenir compte

des retombées sur l’éducation et la santé. Cela donne évidemment un ratio coût-avantage

(1.12) inférieur à celui trouvé au scénario neutre (3.09), où tous les avantages ont été

considéré (Annexe 2).

4.2. Microfinance

Coûts

Comme indiqué plus haut, les différents coûts associés à l’implémentation du programme de la

microfinance, en fonction du portefeuille de crédit, concernent les coûts d’opérations (35%), de

financement (4%) et de défaut de paiement (2%). Les données de l’USAID de 2006 à 2010 sur les

deux premiers coûts et l’absorption de 2% de défaut de paiement nous permettent de calculer

facilement le coût total par bénéficiaire à partir de la taille du crédit (HTG 10,000) par bénéficiaire,

en multipliant le montant du crédit par les différents pourcentages de chaque coût. Les calculs

indiquent un coût total par bénéficiaire de 4,074 sur chaque prêt de HTG 10,000.

Avantages

Les avantages de la microfinance sont définis à deux niveaux : du côté de l’institution de micro

finance et du côté du bénéficiaire/client. Le calcul des avantages se fait à partir du taux de

rendement moyen sur le montant du crédit dans le secteur en Haïti (48%) trouvé en utilisant les

données (2006-2010) de l’USAID (2011). L’estimation des avantages est diminué avec un taux le

taux de défaut de paiement de 2% pour un niveau de crédit de HTG 10,000. L’estimation donc des

avantages de l’institution de micro finance se trouve ente HTG 4,406 et 4,491 par bénéficiaire

dépendamment du taux de réduction. Tandis que du côté du bénéficiaire, deux scénarii ont été

considérés pour calculer les avantages. Le premier consiste à considérer qu’il n’y pas d’avantage

du consommateur en se basant sur les études de 6 pays de JPAL (2015) et l’autre scénario consiste

à considérer qu’il y a un gain de 2.8% sur chaque gourde empruntée en se basant sur le modèle

de Chemin (2008). Au niveau du premier scénario, les avantages du consommateur son nuls et

sont égaux à ceux de l’institution de micro-crédit. Alors qu’au niveau du deuxième scénario, les

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avantages du consommateur sont calculés à partir des 2.8% de gain sur chaque gourde

empruntée, à différent niveau de taux d’actualisation. Les avantages totaux de la microfinance par

bénéficiaires sont trouvés en additionnant ceux du bénéficiaire et ceux de l’institution de

microfinance (annexe 3).

5. Conclusion

Dans le cadre de notre travail, il était question d’analyser les coûts et les avantages d’une

expansion du programme de graduation et de la microfinance, dans une perspective de recherche

de solutions intelligentes quant à la lutte contre la pauvreté à différents niveaux dans le pays. Une

approche très nuancée dans le calcul des avantages du programme de graduation a montré que

la valeur présente nette des avantages d’une expansion du programme est estimée à 442,021

gourdes par bénéficiaire, avec des coûts de l’ordre de 143,092 gourdes. Ce qui accuse un ratio

coût-avantage de 3.09, en utilisant un taux d’actualisation de 5%. Cela traduit des retours

intéressants sur des investissements liés à la réduction de la pauvreté. Plus loin, les coûts du

programme en parité de pouvoir d’achat n’affichent pas de grande différence par rapport à la

moyenne d’un ensemble d’autres pays. Ce qui veut dire que les programmes de graduation à

l’avenir en Haïti ne seront pas différents des autres programmes implémentés n’importe où.

D’un autre coté, en utilisant des données tirées d’un recensement de l’industrie de la microfinance

en Haïti conduit par l’USAID, et en assumant un gain de 2.8% sur chaque gourde emprunté, ce

travail estime que les avantages d’une expansion de la microfinance sont de l’ordre de 4,673

gourdes, pour des coûts estimés à 4,045 gourdes. Ce qui accuse un ratio coût-avantage de proche

de 1 qui ne s’avère pas trop convaincant et qui a tendance à confirmer les thèses de plusieurs

chercheurs qui croient que la microfinance n’augmente pas les revenus des bénéficiaires de

manière substantielle et n’a pas des effets de transformation sur la pauvreté. Si les perspectives

d’une implémentation du programme de graduation s’avéraient plus prometteuses, on ne peut

pas négliger l’importance des programmes de micro-crédit dans l’amélioration des conditions de

vies d’une bonne partie de la population active. Toutefois, ce travail ouvre la voie à d’autres études

qui pourraient explorer plus largement les implications des programmes de microfinance en Haïti,

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en tenant compte d’autres institutions de microcredit autres que Fonkoze, dans la réduction de la

pauvreté à travers une approche plus rigoureuse et plus robuste.

Tableau 3 : Coûts et avantages d’une expansion de la microfinance et du programme de graduation

Interventions Taux d’actualisation

Avantage Coût Ratio avantage-coût

Qualité des données

Graduation 3% 763,631 149,597 5.10 Forte

5% 442,921 143,092 3.09

12% 110,029 123,768 0.89

Microfinance 3% 4,759 4,074 1.18 Moyen

5% 4,668 4,074 1.15

12% 4,376 4,074 1.08 Notes : Les coûts et les avantages de la graduation sont tirés du scénario neutre, tandis que ceux de la microfinance de l’assomption de 2.8% de gain sur chaque gourde empruntée

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Annexes

Annexe 1 : Coûts du programme de graduation

Annexe 2 : Avantages et coûts du programme de graduation par bénéficiaire avec différents scénarii

Scénarii Réduction Avantages Coûts RCA

Neutre : tous les avantages durent de 5 ans

3% 763,631 149,597 5.10

5% 442,021 143,092 3.09

12% 110,029 123,768 0.89

Optimiste : les avantages continus durent indéfiniment

3% 882,013 149,597 5.90

5% 531,957 143,092 3.77

12% 134,963 123,768 1.09

Conservateur : suivant la méthode de Banerjee et al (2015)

3% 144,396.56 84,403.20 1.71

5% 94,357.59 84,403.20 1.12

12% 47,819.88 84,403.20 0.57

Coûts directs $826.90

Coûts indirects $274.83

Coûts de démarrage $44.86

Coûts auxiliaires $345.12

Total coût moyen par bénéficiaire (2009, USD) $1491.71

Taux de change 2009 42.00

Total coût par bénéficiaire (2009, HTG) 62,308.73

Inflation cumulative depuis 2009 1.35

Total coût par bénéficiaire (2015, HTG) 84,403

Coût in PPP 2015 $3,961

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Annexe 3: Coûts et avantages de la microfinance à partir des deux scénarii considérés

Scénarios Taux de réduction

Avantages sur prêt 10,000 Gourdes

Avantages sur prêt 10,000 Gourdes

RCA

Pas d'avantage de consommation

3% 4,491 4,074 1.10

5% 4,406 4,074 1.08

12% 4,131 4,074 1.01

2.8% gains sur chaque gourde emprunté

3% 4,763 4,074 1.17

5% 4,673 4,074 1.15

12% 4,381 4,074 1.08

Annexe 4 : Ratio coût-avantages des programmes de graduation des six RCT ($ US, PPP)

Pays Coûts ($) Avantages ($) RCA RCA (7%) RCA (10%)

Ethiopie 4157 10805 260% 182% 124%

Ghana 5408 7175 133% 93% 63%

Honduras 3090 -6118 -198% -132% -84%

Inde 1455 6298 433% 306% 211%

Pakistan 5962 10678 179% 127% 88%

Pérou 5742 8380 146% 102% 69%

Source : Banerjee et al (2015)

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© Copenhagen Consensus Center 2017

Haïti fait face à des défis de développement économique et social parmi les plus importants au monde. Malgré un afflux d’aide à la suite du tremblement de terre de 2010, la croissance et le progrès continuent d’être minimums, au mieux. Avec autant d’acteurs et un large éventail de défis allant de la sécurité alimentaire et de l’accès à l’eau potable à la santé, l’éducation, la dégradation de l’environnement et les infrastructures, quelles devraient être les premières priorités pour les décideurs, les donateurs internationaux, les ONG et les entreprises ? Avec un temps et des ressources limités, il est crucial que l’attention soit régie par ce qui fera le plus grand bien pour chaque gourde dépensée. Le projet Haïti Priorise travaillera avec les parties prenantes partout dans le pays pour trouver, analyser, classer et diffuser les meilleures solutions pour le pays. Nous impliquons les Haïtiens de toutes les parties de la société, par le biais des lecteurs de journaux, ainsi que des ONG, des décideurs, des experts de secteurs et des entreprises afin de proposer les meilleures solutions. Nous avons nommé quelques-uns des meilleurs économistes d’Haïti et du monde pour calculer les coûts et les avantages de ces propositions au niveau social, environnemental et économique. Cette recherche aidera à établir des priorités pour le pays grâce à une conversation à l’échelle nationale sur ce que sont les solutions intelligentes - et moins intelligentes - pour l’avenir d’Haïti.

Pour plus d’ informations vis itez w w w .Hait iPriorise .com

C O P E N H A G E N C O N S E N S U S C E N T E R Copenhagen Consensus Center est un groupe de réflexion qui étudie et publie les meilleures politiques et opportunités d’investissement basées sur le bien de la société (mesurées en dollars, mais en intégrant également par exemple : la protection de l’environnement, la santé et le bien-être) pour chaque dollar dépensé. Copenhagen Consensus a été conçu pour répondre à un sujet fondamental, mais négligé dans le développement international : dans un monde qui a une courte durée d’attention et des budgets limitées, nous devons trouver des moyens efficaces pour faire le plus de bien au plus grand nombre. Copenhagen Consensus fonctionne avec plus de 300 des plus grands économistes au monde, y compris 7 lauréats du prix Nobel pour donner la priorité aux solutions des plus grands problèmes mondiaux, sur la base de l’analyse de données et du rapport coût-avantage.