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ANACONDAS
BRAINSCAN
Broceliande
LA CITE DES MONSTRES
CLIVE BARKER’S SALOME
CLIVE BARKER’S THE FORBIDDEN
DRACULA RISING
LA FOIRE DES TENEBRES
FU BO
LE LAC DES MORTS VIVANTS
MONSTER MAN
SAW
TERREUR A DOMICILE
ZOMBI 3
LES HISTOIRES EXTRAORDINAIRES
DE mARIJA
le cinema fantastique
et d’horreur en France
INTERVIEW : ANTOINE PELLISSIER
PIN-UP : MARILYN BURNS
AVORIAZ RETROSPECTIVE : 1973
Les news
4
E-zine volume 4
Janvier / Février 2005
2
3 - CINE HORREUR MOVIES
Le Lac des Morts Vivants - Brainscan - Zombi 3 - Terreur à Domicile -
Clive Barker’s Salomé & The Forbidden - La Foire des Ténèbres - Dracula
Rising - Anacondas - Fu Bo - Broceliande - La Cité des Monstres - Saw -
Monster Man.
21 - LES HISTOIRES EXTRAORDINAIRES DE MARIJA
Hémérocallis
28 - LES DOSSIERS DE CINE HORREUR
Le Cinéma Fantastique et d’Horreur en France.
On ne peut pas vraiment dire que le cinéma
français aime le genre « fantastique » et en-
core moins « l’horreur ». Très peu de pro-
ductions françaises représentent notre genre
de prédilection et quasiment aucun studio n’a
fait du fantastique son fer de lance. Pourtant,
quand la France s’intéresse aux genre, c’est
bien souvent d’excellents films qu’elle nous
propose, originaux, poétiques ou gores. Petit
panorama des films français baignant dans le
genre, dont certains sont de vrais chef d’œuvres !
40 - INTERVIEW : Antoine Pellissier
43 - LA PIN UP : Marilyn Burns
44 - AVORIAZ RETROSPECTIVE : Année 1973
46 - SOUVENEZ-VOUS… : Gabriel Knight 2 « The Beast Within »
47 - ET POUR QUELQUES NEWS DE PLUS…
51 - Y’A PAS QUE LE CINEMA…
52 - L’ENVERS DU DECOR
« Massacre à la tronçonneuse de 73, c’est nul, on voit rien.
Le remake est bien mieux… » Voici bien souvent la réac-
tion des 14-18 ans à notre époque. Abreuvés de jeux vidéos
ou de dessins animés très violents dès leur plus jeune âge,
la nouvelle génération veut tout voir à l’écran et se montre
même sévère à l’égard de nos classiques (« les Fx d’Evil
Dead sont bidons »). Alors y’a t’il un conflit de génération
en matière de cinéma d’horreur ? Cette réflexion est surve-
nue sur le forum du site où jeunes et « vieux » se sont lan-
cés dans une discussion passionnante et passionnée sur ce
sujet. Les jeunes demandant aux vieux pourquoi critiquent-
ils souvent les œuvres récentes en disant « c’était mieux
avant », les vieux tentant d’expliquer que les anciens films
privilégiaient davantage le scénario et l’ambiance, et que
des effets-spéciaux avec des prothèses en caoutchouc
étaient souvent bien meilleurs que des images de synthèse
car plus réaliste. Il n’y a qu’à voir le récent Haute Tension
(tiens, un exemple de très bon film récent !) où le spécia-
liste Gianetto de Rossi à fait des merveilles niveau FX go-
res ! A travers ces discussions, on se rend surtout compte
que le cinéma d’horreur et fantastique interpelle, fait réagir,
que certains films, qu’ils soient vieux ou récents, propose
un panel d’émotions (souvent fortes !) à ceux qui les regar-
dent et que ceux-ci réagissent avec passion pour défendre le
film qui les a marqué. Car c’est bien là l’essentiel : qu’on
soit jeune ou vieux, l’important, c’est de prendre du plaisir
à la vision d’un film. Et qu’importe ensuite si Pierre, Paul
ou Jacques le trouve nul. On n’apprécie pas un film en
fonction des avis des autres. Si vous avez vécu quelque
chose de fort pendant sa vision, ces instants n’appartiennent
qu’à vous.
Toute l’équipe de Ciné Horreur vous souhaite de bonnes
fêtes de fin d’année ! Le rendez-vous est pris pour l’année
2005, on vous prépare des surprises !
Stéphane Erbisti
sommaire
Ciné Horreur Webzine - Fondateur : Lionel Colnard, Stéphane Erbisti, Gérald Giacomini Rédacteur en chef : Stéphane Erbisti
([email protected]) Rédacteurs : Lionel Colnard, Gerald Giacomini, Stéphane Jolivet, Marija Nielsen, Stéphanie Aveline,
Vincent Dumenil, Jeremie Marchetti, Adrien Aubrun, Arnaud Devilliers, Colin Vettier, Christophe Jakubowicz.
Mise en page : Stéphane Erbisti Relecture et Correction : Stéphanie Aveline.
Texte et Design Copyright Ciné Horreur. Les illustrations appartiennent à leurs auteurs respectifs.
CINE HORREUR 4
3
Cine horreur movies LE LAC DES MORTS VIVANTS
(aka : Zombie Lake / Lake of the Living Dead)
Réalisateur : Jean Rollin Scénario : Jesus Franco Pays : France / Espagne
Année : 1980 Musique : Daniel White Maquillage : Christiane Sauvage
Casting : Anouchka, Pierre Escourrou, Antonio Mayans, Howard Vernon, Jean Rollin,
Nadine Pascal, Youri Radionov, Burt Altman, Gilda Arancio…
Durée : 1h30
Genre : Zombies
J.A. Lazer... sous ce pseudonyme se cache bien entendu monsieur
Jean Rollin. Le film portant sa "patte", il n'aurait pas été dur de toute
façon de s'en rendre compte. Voyons donc de quoi va nous parler
Rollin dans cet étrange "Lac des Morts Vivants", titre culte parmi les
fantasticophiles, souvent qualifié de navet en puissance par ceux qui
ont eu le courage de le voir…
Dans un petit village, d’étranges noyades se produisent dans le lac
avoisinant. C’est tout d’abord une jeune fille venue se baigner seule
puis un groupe de basketteuses qui disparaissent au fond des eaux,
emportées par des anciens soldats allemands, devenus morts-
vivants, et qui vivent dans le lac depuis qu’ils ont été tués par les ha-
bitants lors de l’occupation. Le maire et les villageois, comprenant la
menace qui règne sur le village, vont tenter de détruire une nouvelle
fois les assaillants nazis…
Admettons le tout de suite, "Le Lac des
Morts Vivants" est une remarquable le-
çon de ce qu’il ne faut pas faire au ciné-
ma ! Une œuvre à étudier de près, pour
éviter aux futurs réalisateurs de livrer
des films d’un tel niveau. Mais attention,
pour moi, ce n’est pas un navet. Il est
même beaucoup moins ennuyeux que
tout ce qu’on entend dire. C’est une
vraie « bizarrerie » du cinéma fantasti-
que, une œuvre à part, une curiosité
qu’il faut avoir vu au moins une fois dans
sa vie.
Comme je vous le disais, malgré son
pseudonyme, on reconnaît le « Rollin’s
style » dès l’introduction du métrage.
Une jeune femme vient pour se baigner
et se déshabille d’entrée de jeu. Filmer
des femmes nues étant une caractéristi-
que essentielle au cinéma de Jean Rol-
lin, il n’est donc pas étonnant de voir ce
genre de scène ici. Le comique démarre
également dès cette introduction, quand
la jeune femme sort un maillot de bain
de son sac, puis hausse les épaules et le
repose, du style « oh, et puis, à quoi
bon… ». C’est vrai, se baigner entière-
ment nue, c’est tout de suite mieux !
Malgré la couleur très verte du lac, les
séquences sous-marines nous montrant
la belle anatomie de la dite jeune
femme sont très bien réalisées et l’eau
est d’un beau bleu lumineux. Normal
puisque ces scènes ont été tournées
dans une petite piscine.
Surviennent les premières apparitions
des zombies, habillés en soldat alle-
mand, et qui ont pour joli maquillage
une bonne couche de peinture verte sur
le visage et les mains, laquelle peinture
ne résiste pas bien à l’eau puisque le
teint verdâtre est plus ou moins
prononcé en fonction de la durée
d’immersion de l’acteur ! Un des
zombies a une plaie à l’œil et vous
pourrez à loisir examiner le mau-
vais raccord de la prothèse sur
son visage, celle-ci se décollant
un petit peu ! On fait avec les
moyens du bord me direz-vous,
tout comme les morsures, qui sont
juste simulées. Il a beau mordre et
cracher du sang, le cou de la vic-
time reste lisse et n‘a aucune trace
de dents…
Autre détail fort amusant, lors des
scènes sous-marines, il n’y a que
un ou deux zombies qui portent
un casque et deux secondes plus
tard, quand ils surgissent des
eaux, quasiment tous ont retrouvé
leur casque ! Le monteur du film a
dû sacrément rigoler quand
même ! On peut également se tor-
dre de rire en regardant l’un des
zombies dont le casque est des-
4
cendu sur son visage lors de la sortie des eaux et qui ne voit
donc plus rien du tout. D’un geste habile, il parvient à remon-
ter le casque a bonne hauteur ! Impayable !! Autre détail
étrange, un mort-vivant étant « mort » et ne respirant donc
plus, il est amusant de constater que ceux-ci doivent prendre
une bonne respiration et remonter souvent à la surface lors-
qu’ils attaquent des proies dans les eaux ! Ben alors les morts,
on manque d’air ???
Mais le plus drôle reste à venir… L’attaque du groupe de bas-
ketteuses (c’est écrit sur leur camion), qui ne joue qu’au volley
d’ailleurs, est un grand moment. Déjà, passage obligé, tout le
monde à poil ! Ben oui, depuis le temps qu’ils sont morts, nos
zombies veulent se rincer l’œil. Puis c’est l’attaque en règle,
avec toujours ces grandes prises de respiration avant de plon-
ger sous les eaux. Et puis vous verrez que ce lac a la particula-
rité de gagner en profondeur soudainement. En effet, alors
que nos basketteuses ont vraisemblablement pied, la sé-
quence suivante nous les montre nager avec beaucoup plus
d'eau qu'il y a 1 seconde. Un vrai lac magique ! Bref, tous ces
morts commencent à inquiéter la population, surtout qu’une
des basketteuses a vu les monstres du lac et a pu s’enfuir jus-
qu’au village pour alerter tout le monde.
Pendant ce temps, une jeune journaliste vient faire un repor-
tage sur le lac justement. Elle rend donc visite au Maire, qui
connaît l’histoire du lac par cœur. Ah oui, petit détail pour les
futurs réalisateurs : quand vous filmez une rencontre dans une
pièce où il y a des miroirs, attention à ce qu’on ne voit pas l’é-
quipe de caméraman dans le miroir justement…
Grâce à cette journaliste, nous allons donc en savoir plus sur
ce fameux lac, baptisé d’ailleurs le Lac Maudit. Le maire va
donc nous raconter l’histoire se passant sous l’occupation. Les
allemands sont présents dans le village et l’un d’eux va même
sauver une villageoise d’une attaque aérienne. Tombant sous
son charme, il va vivre une histoire d’amour avec celle-ci et
aura même une petite fille. Alors qu’il part en mission, sa com-
pagne lui donne un pendentif. De retour au village, les soldats
allemands sont victimes d’une embuscade menée par le maire
et les autres villageois. Tous les soldats sont abattus. Pour dis-
simuler les preuves, le maire ordonne de jeter les cadavres
dans le lac, ce qui lui vaudra tout d’abord le nom de Lac des
Maudits, puis du Lac Maudit. Nous tenons enfin l’explication
de la présence des morts dans le lac ! Par contre, pourquoi
sont-ils revenus à la vie, mystère…
Nos morts en ayant marre de rester au fond des eaux, ils sor-
tent de nuit comme de jour et se rendent au village pour tuer
des habitants. C’est à partir d’ici que l’émotion la plus pure
vient frapper le film. Le soldat allemand retrouve sa fille qui a
grandi et se rappelle d’elle. D’abord impressionnée par sa
couleur verte, la petite fille comprend vite que ce mort est son
père quand celui-ci lui montre son pendentif. Que c’est beau,
on en aurait la larme à l’œil ! Comme quoi les morts ont un
cœur qui bat toujours, puisqu’il ira même jusqu’à ce battre
avec ses confrères qui veulent manger la petite fille.
Les relations père-fille, c’est plus fort que tout !
Bref, je ne vais pas tout vous raconter non plus, je ne
veux pas vous priver du bonheur intense que vous res-
sentirez à la vision du film. Mais comme je le dis plus
haut, malgré tout ses défauts, "Le Lac des Morts Vi-
vants" est un film « touchant », un peu ennuyeux certai-
nes fois mais pas « chiant » (il y a des films bien plus so-
porifiques que celui-là !) et il y a tellement de détails
croustillants à découvrir que plusieurs visions s’impo-
sent ! Alors prenez votre courage à deux mains et plon-
gez vous aussi dans les eaux de ce Lac Maudit. Vous
verrez, y’a pleins de filles nues dedans…
QQQ Stéphane Erbisti
BRAINSCAN
(Brainscan)
Réalisateur : John Flynn Scénario : Andrew Kevin Walker
Pays : Canada / Usa / Uk Année : 1994 Musique : George S. Clinton
Casting : Edward Furlong, Frank Langella, T.Ryder Smith, Amy Har-
greaves, James Marsh, Victor Ertmanis, David Hemblen...
Durée : 1h36
Genre : Tueur fou virtuel
Un jeune adolescent, Michael, trouve dans le magazine
Fangoria une pub d’un jeu vidéo interactif : Brainscan.
Par curiosité, il appelle et commande le jeu. Quelques
jours plus tard, il introduit le premier cd-rom dans son
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ordinateur et se voit plongé dans un uni-
vers qui lui paraît totalement réel. Sa pre-
mière mission dans ce jeu, est de tuer une
personne innocente. A sa sortie du jeu, il
entend aux infos son crime. Terrorisé, il
refuse de continuer le jeu. C’est alors
qu’une créature, le Trickster, « sort » de
l’écran et l’oblige à continuer jusqu’au
bout…
Entre fiction et réalité, John Flynn manipule l’esprit dans ce film. Prenant
une personne tout à fait normale, un jeune adolescent friand de jeux vidéo à
sensations fortes, John Flynn nous balance une histoire assez tirée par les
cheveux, il faut le dire, mais assez sympa et originale. Il y introduit une
créature pour donner un côté horrifique au film, une bande son assez
« rock’n roll » par moment et voilà, le tour est joué, nous voilà en face d’un
bon petit film, mais ouvertement destiné aux ados. Et oui, on peut aimer le
film enfant, mais trouver ça peu intéressant et ennuyant arrivé à l’âge
adulte. Dommage.
Andrew Kevin Walker (scénariste de "8 mm", ou encore "Seven", ou "Sleepy
Hollow" et éventuellement acteur) nous met en garde avec ce premier scé-
nario, contre les jeux vidéos parfois bien trop violents, pouvant déranger
notre esprit jusqu’à ce que nous ne puissions plus différencier réalité et fic-
tion. Doué pour faire réfléchir et soulevé des débats sur tel ou tel sujet à
l’aide de ses scénarios (il suffit de voir "8 mm"), ce scénariste séduit John
Flynn qui se lança avec "Brainscan" dans son premier film fantastique. Réali-
sateur plutôt orienté dans le Thriller, il fait un essai dans le genre Horreur,
et s’avère assez bien mais sans plus. Malgré un scénario des plus plaisants,
John Flynn n’arrive pas pour autant à marquer notre esprit avec "Brainscan".
Les scénarios d’Andrew Kevin Walker prouveront leur efficacité à la suite,
avec des réalisateurs plus appropriés pour ce genre tel que Tim Burton et
David Fincher. Un message mal utilisé par John Flynn, peut être, mais aussi
un message peu transcendant, car les jeunes se réfugient dans leur jeux vi-
déos plutôt pour échapper à la réalité et non y entrer plus profondément…
m’enfin… passons… Ce thème sera beaucoup mieux utilisé en 1999 dans
"ExistenZ" de David Cronenberg.
Le film est tout de même sauvé par la prestation d’Edward Furlong et les ef-
fets gores (malheureusement rares). Assez convaincant dans l’image de l’a-
do féru, ne prêtant peu attention à ses études, s’abrutissant avec des jeux
vidéos (et épiant sa voisine au passage…), Furlong relève un peu le film.
Rien à dire de plus, sauf que l’on préfère largement le voir jouer dans
"Terminator 2"… En ce qui concerne les meurtres, John Flynn était bien par-
ti au tout début, avec le premier assassinat, assez sanglant, filmé en caméra
subjective. Mais il ne continuera pas ensuite, nous ne verrons même plus
rien du tout, seulement les conséquences. Ce qui est bien dommage, car
cette idée de subjectivité rendait l’histoire un peu plus attrayante. Ensuite, au niveau de la créature, une sorte de croquemitaine à la Freddy
Krueger, mais en dix fois moins bien (si ce n’est plus que dix fois moins),
joué par T. Ryder Smith. Plutôt marrante que terrifiante. Elle est plus là pour
donner un côté horrifique au film (limite bien sûr), qu’elle n’a de rôle impor-
tant dans l’histoire, si ce n’est de faire pression sur Michael. Sa présence est
inutile… Côté bande son, musique rock’n roll par moment, et le reste du
temps, elle se cantonne à un seul thème, une musique qui se répète sans
cesse, et qui fait furieusement penser au style de la fameuse série « Twin
peaks » de David Lynch entre autre.
En bref, un film sympa, pour passer un bon moment, mais plutôt destiné aux
ados, ou aux éternels enfants !
QQQ Stéphanie Aveline
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ZOMBI 3
(Zombi Flesh Eaters 2)
Réalisateur : Lucio Fulci / Bruno Matteï
Scénario : Rossella Drudi / Claudio Fragasso
Pays : Italie Année : 1988 Musique : Stephano Meinetti
Casting : Sarafian, Beatrice Ring, Ottaviano Dell'Acqua, Marina
Loi, Claudio Fragasso, Bruno Mattei...
Durée : 1h35
Genre : Zombies
Dans une île, un virus est malencontreusement libé-
ré sur un homme. Celui-ci devient fou et se trans-
forme petit à petit en mort-vivant. Les oiseaux sont
eux aussi parmi les premières victimes du virus et
se mettent à attaquer les malheureuses personnes
se trouvant sur leur chemin. Plusieurs personnes en
font les frais et se barricadent en dernier recours
dans un hôtel, loin d’imaginer qu'une horde de
zombies sont tout près à les dévorer.
Après les succès de ses films de zombies, Lucio
Fulci ("Frayeurs", "L’au delà", "L’enfer des zom-
bies", "La maison près du cimetière"), retrouve un
projet lié au genre mais plusieurs problèmes sur-
viennent.
Fulci est tout d’abord fatigué, atteint de sa maladie
et peine de plus en plus à travailler, mais en plus il
supporte très mal les incompétences des techni-
ciens, du producteur et scénariste du film. Il décide
alors de quitter ce tournage cédant ainsi sa place
au roi du Z, j’ai nommé Bruno Mattéi. En effet, diffi-
cile de reconnaître du Fulci à la vue de ce « Zombi
3 », qui aligne les incohérences et débilités en tout
genre propre à Mattéi. Cela débute par les atta-
ques des oiseaux qui s’avèrent grossières, ridicules
au possible, amenant le spectateur plus à rire
qu’autre chose (on est bien loin de l’attaque des
oiseaux de « Manhatthan Baby » de Fulci, bien que
le film soit mauvais). Mais si le problème se limitait
juste à cela, ça pourrait passer mais malheureuse-
ment Mattéi, accompagné de son ami Fragasso,
veulent nous fournir un gros bon Z et ils y arrivent
sans mal. La galerie des personnages fait peine à
voir, il suffit d’analyser la séquence dans la station
service où la jeune femme recherche de l’eau et
s’égosille dans cette station alors qu’elle est com-
plètement ruinée, et que, comme par hasard, un
zombie déchaîné va en sortir.
D’ailleurs les zombies parlons-en, affublés de vête-
ments style longs pyjamas et s’excitant comme des
mecs dopés, ils font hurler de rire à chacune de
leurs apparitions. Faut voir celui qui attaque avec
une machette, un grand moment de bonheur en perspective,
croyez-moi. Mais ce n’est pas tout, nos zombies ont dû apprendre
des cours de kung-fu car beaucoup d’entres eux s’amusent à sauter
des plafonds comme si leurs corps étaient aussi frais que celui d’un
jeune de 20 ans.
Le pire étant que certains se mettent à dire des mots ou à reconnaî-
tre certaines personnes, on se croirait presque dans le « Retour des
morts-vivants ». Malheureusement le ton parodique n’était pas l’ob-
jectif de Mattéi même si inconsciemment pour lui, c’est ce qu’il ar-
rive le mieux à nous fourguer. Essayons tout de même de trouver
des points positifs à cette ensemble, on pourra saluer les effets spé-
ciaux assez sympathiques, même si on est très loin d’un Savini ou
d’un Rossi. Mais le film est parsemé de quelques éléments gores,
ce qui m’a foi n’est pas désagréable.
On peut également noter un rythme assez soutenu, le film a beau
être nul, on ne s’ennuie pas. C’est fou quand même ! Mais voila,
7
c’est tout ce que l’on peut trouver comme point
positif et autant dire que c’est extrêmement fai-
ble. Bref « Zombi 3 » n'est aucunement une suite
digne d’intérêt et de qualité de « Zombi 2 ». On
peut le classer parmi les nanars qui reste néan-
moins facilement regardable.
Adrien Aubrun
D’ORIGINE INCONNUE -
TERREUR A DOMICILE (Of Unknown Origin)
Réalisateur : George Pan Cosmatos
Scénario : Brian Taggert
Pays : Canada Année : 1983 Musique : Ken Wannberg
Casting : Peter Welle, Jennifer Dale, Lawrence Dane, Ken-
neth Welsh, Louis Del Grande, Keith Knight,
Shannon Tweed... Durée : 1h29
Genre : Animaux Dangereux
Bart Hughes est un cadre dynamique et ambi-
tieux, un maniaque de l’ordre et de la propreté,
comme du parfait déroulement de sa vie. Un im-
portant dossier lui met la pression à son travail
et un intrus inattendu dans sa maison va mesurer
ses forces et son intelligence aux siens, détrui-
sant tout ce qui tient son univers debout…
Ce petit film d’horreur plutôt efficace met en scène l’intrusion de l’in-
connu dans une vie ordinaire et réglée comme du papier à musique.
Bart est obligé d’y faire face et sera forcé de diriger son obsession
personnelle intérieure vers l’extérieur afin de débarrasser sa vie de
cette invasion. Ce n’est pas un film d’action non-stop, mais une excel-
lente incursion dans le mental de Bart. La destruction de son univers
est intelligemment mise en scène grâce aux prises de vue dominées
par des plans serrés et des point de vue subjectifs. On réussit à en-
trer dans sa tête, à ressentir sa frustration initiale et enfin son désir
tout-puissant d’en venir à bout avec l’ennemi.
Le rat est aperçu très tôt dans le film (à 10 minutes) et pour les phobi-
ques (dont je ne fais pas partie), ce film doit être un véritable calvaire
avec tous ces petits bruits menaçants, les gros plans de son anatomie
peu attirante et sa destruction silencieuse et imparable de l’apparte-
ment de Bart. Les rats sont majoritairement filmés en très gros plans,
sans doute pour leur donner une taille plus imposante à l’image. Par
moments, les différences entre les animaux utilisés se voient inévita-
blement, mais le suspens fonctionne assez bien pour qu’on pardonne
ces petites erreurs.
Au fur et à mesure de ce duel à priori inégal, la réalisation devient
plus nerveuse et mouvementée. La musique est discrète mais angois-
sante à souhait, montant en volume lorsque la tension augmente. Et le
parti pris de garder la lumière à un minimum et de faire se dérouler
8
une majeure partie du film dans le noir rend cette histoire peu crédible dans un monde réel d’autant plus plausible et ef-
frayante.
Peter Weller (Robocop) est admirable dans ce rôle de cadre propre sur lui qui se transforme peu à peu en un Rambo de
banlieue prêt à détruire sa propre maison pour retrouver la bestiole. Mais qui est le véritable intrus ici ? A ce propos, une
belle métaphore est faite avec une magnifique maquette de la maison construite par Bart, et dans laquelle sa main sera
prise dans le piège à rat que le monstre a déplacé. L’intelligence de l’animal (réelle ou non) est bien sûr renforcée par
l’impuissance de Bart à le piéger. Sa mission devient plus importante que tout le reste, mettant son travail si important au
départ à l’arrière-plan, voire même complètement occulté par cette nouvelle obsession.
Au final, un film à la trame classique (homme contre monstre envahissant) mais évoluant dans un climat de claustrophobie,
nous servant quelques scènes choc assez mémorables.
QQQQ Marija Nielsen
CLIVE BARKER’S
SALOME & THE FORBIDDEN
La jeune Salomé pénètre dans un cou-
loir ténébreux et y trouve Jean-
Baptiste, bel éphèbe assis et quasi nu.
Elle s’apprête à l’embrasser quand il
essaie soudain de l’étrangler, mais elle
parvient à lui échapper. Après une
danse sensuelle effectuée devant le roi
Hérode, ce dernier lui accorde la dé-
capitation du jeune homme. Puis, se
repentant avec fureur d’avoir permis
cette exécution, il la tue à son tour...
Dans une pièce close, un homme s’ef-
force de percer le mystère de signes
calligraphiés sur une toile. Rageur, il la
déchire en morceaux, puis essaie de
réarranger ceux-ci comme un puzzle.
Chaque étape de sa progression
lui donne un accès plus précis à un
autre monde. Un être revêtu d’un
costume et d’un masque effrayant
en surgit, se déshabille, profère
des incantations et danse devant
lui. Puis une femme à demi nue lui
tatoue entièrement le corps de si-
gnes calligraphiques. Pour finir, il
est lentement et soigneusement
écorché vif…
Si vous êtes fan de Clive Barker, je
veux dire si vous l’aimez au point
de vouloir tout lire et tout regarder
de son œuvre (voire de ne colpor-
ter sur elle aucune ânerie…), alors
« Salomé » et « The Forbidden »
vous seront indispensables. Dans
le cas contraire, très probable-
ment, l’ennui et l’incompréhension
vous guettent. Mais si vous êtes nanti
de ce vilain petit défaut qu’est la
curiosité, alors approchez, appro-
chez ! D’étranges surprises vous atten-
dent, et votre mauvaise inclination se-
ra peut-être récompensée…
Aucun des deux courts-métrages n’é-
tait au départ destiné à la projection,
encore moins à la diffusion. A l’épo-
que où ils sont tournés (1970 et 1971),
Clive Barker n’a pas encore 20 ans.
Etudiant en littérature anglaise et en
philosophie à l’Université de Liver-
pool, sa culture artistique est pourtant
déjà sélective et affirmée. Il dessine,
peint et écrit des pièces de théâtre.
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L’outil cinématographique, dont il n’a aucune pratique
antérieure, est donc pour lui un moyen comme un autre
(mais plus coûteux) de matérialiser son univers, de voir
ce que ça donne.
Dans tous les sens du terme, « Salomé » et « The Forbid-
den » sont ainsi des films « expérimentaux ». Faute de
moyens, Barker mettra d’ailleurs plusieurs années à les
finaliser (d’où les dates officielles, 1973 et 1978), et c’est
seulement à l’occasion d’une interview, à la fin des an-
nées 90, qu’il acceptera d’abord d’en montrer des ex-
traits, puis de les faire restaurer et éditer en intégralité
avec l’aide de Redemption Films.
« Salomé » dure 18 minutes, « The Forbidden » 36 (et non
7 et 14 minutes comme j’ai pu le lire sur certains sites). Le
premier est tourné en 8mm, le second en 16. Dans les
deux cas, l’image est en noir et blanc, et la bande-son,
dépourvue du moindre dialogue, est intégralement com-
posée en studio (musique sépulcrale et nébuleuse d’A-
drian Carson, bruitages, cris et murmures). Dans les deux
cas également, l’histoire de base n’est pas de Clive Bar-
ker lui-même, mais s’inspire de l’œuvre d’un grand écri-
vain, qu’il reprend à son compte d’une façon totalement
personnelle. Une façon astucieuse et prudente de s’amé-
nager un cadre précis pour jouer à l’intérieur en toute li-
berté. Profitons-en, d’ailleurs, pour régler un malentendu
une bonne fois pour toutes : « The Forbidden » n’a stricte-
ment aucun rapport avec la nouvelle du même titre (en
français « Lieux Interdits »), laquelle paraîtra dans les «
Livres de Sang » et donnera naissance à « Candyman »
sur grand écran.
Sur le plan artistique, « Salomé » et « The Forbidden » ont
deux autres points communs. Chacun d’eux est en effet
l’occasion pour le jeune Barker de reproduire esthétique-
ment, et avec les moyens du bord (par exemple, « Salo-
mé » fut tourné de nuit dans la cave d’un ami fleuriste,
avec en tout et pour tout une caméra 8mm et un spot d’é-
clairage), les influences graphiques qui sont les siennes.
L’importance de la peinture est manifeste dans « Salo-
mé », les figures sortant de l’ombre et les jeux contrastés
de lumière évoquant les portraits de Rembrandt et certains
tableaux de Goya, tandis que la décapitation de Jean-
Baptiste s’inspire directement des toiles du Caravage.
Dans « The Forbidden », les influences sont plus clairement
photographiques et cinématographiques, ce qui prouve
une conscience plus aiguë du support utilisé : la géométri-
sation des espaces et des accessoires (dont le quadrillage
à clous, qui ressurgira quelques vingt ans plus tard sur
Doug « Pinhead » Bradley) ainsi que les éclairages font
penser aux œuvres de Laszlo Moholy-Nagy, Rodchenko et
Eisenstein, le développement en négatif et les cadrages
sur les yeux à Andy Warhol et Man Ray, les oiseaux animés
et le danseur à Jean Cocteau… Pour le reste, inserts déca-
lés, montage libre et musique instrumentale s’inspirent de
Kenneth Anger, cinéaste indépendant utilisant le cinéma
comme un outil de puissance démoniaque dans des films à
l’esthétisme pop, pervers et violent (« Inauguration of the
Pleasure Dome », « Scorpio Rising », « Kustom Kar Kom-
mando », « Invocation of my Demon Brother », « Lucifer Ri-
sing »).
Bien sûr, la surcharge des références (tout à fait compré-
hensible pour un débutant) ne suffit pas à faire un film, et
c’est là, forcément, que le bât blesse. Mais pas tant que ça.
Barker n’avait pas de véritable notion de ce que pouvait
être un placement de caméra ou une durée de plan dans
une stratégie narrative (il le reconnaît d’ailleurs avec hu-
mour dans l’interview), mais il s’en est sorti avec un talent
inné et très efficace. Certes, à de nombreuses reprises, la
confusion s’instaure sur l’identité et le statut des personna-
ges. Certains plans (le cloporte, les clous) reviennent avec
une insistance trop appuyée, et le fil se perd parfois en
passant d’une scène à l’autre, sans pour autant changer de
rythme, lequel s’éternise volontiers sur les audaces visuel-
les (corps nu et en érection du réalisateur et acteur, mes-
sieurs dames !) ou les exploits des effets spéciaux
(l’écorchage à vif, convaincant mais très –trop- long). Et
pourtant, l’envoûtement est là, indéniable et puissant.
10
Aussi, à travers ses qualités et ses défauts, ce qui
ressort d’une manière impressionnante dans ces
deux courts-métrages (et d’une façon particuliè-
rement flagrante dans « The Forbidden »), c’est à
quel point l’univers singulier de celui qui allait
plus tard mériter le titre de « maître » se présente
déjà en fleurs vénéneuses. Les inspirations scéna-
ristiques sont choisies avec un flair stupéfiant, et
les variations qui y sont opérées sont d’ores et
déjà typiquement barkériennes (sas vers des
mondes étranges, climat surréel et angoissant,
nécrophilie de Salomé, personnages et symboles
énigmatiques, mélange de crudité et grâce, etc.).
Il faudra une vingtaine d’années pour que Clive
Barker remette la main sur une caméra (et de la
façon extraordinaire qu’on sait), mais vraisembla-
blement, les génies savent très tôt quels sont
leurs territoires, et la manière de les tracer.
Pour ce qui est de l’édition DVD, celle-ci ne com-
prend pas de sous-titres français, et aucune édi-
tion en zone 2 n’est à l’ordre du jour. Si vous n’ê-
tes pas bilingue, aucun dommage pour les courts-
métrages concernés, puisqu’ils sont muets. Au
mieux, vous passerez plus vite sur les 7 intermi-
nables minutes de présentations officiées par la
calamiteuse et néanmoins toujours active Eileen
Daly (ai-je été envoyé sur Terre pour faire sa fil-
mographie ?...), à moins bien entendu qu’une ga-
lerie de mamelles aux tétons peints de diverses
couleurs ne suffise à retenir votre attention. Et au
pire, vous réviserez rapidement votre anglais
pour comprendre les sympathiques interviews de
Clive Barker, Peter Atkins et Doug Bradley, amis
d’enfance, hommes et artistes d’une élégance et
d’une simplicité tellement touchantes.
Réalisateur : Clive Barker
Scénario : Clive Barker
Pays : Uk Année : 1973 - 1978 Musique : Adrian Carson
Casting : Anne Taylor (uniquement dans « Salomé »), Gra-
ham Bickley (uniquement dans « Salomé »), Peter Atkins
(uniquement dans « The Forbidden »), Clive Barker, Doug Bra-
dley, Phil Rimmer, Lynn Darnell, Julia Blake...
Durée : 18 min et 36 min.
Genre : Fantastique / Horreur
QQQQQ Stéphane Jolivet
LA FOIRE DES TENEBRES
(Something Wicked This Way Comes)
Au début des années 80, Disney décida de se lancer dans la produc-
tion de films fantastiques pour petits et grands. Malheureusement ce
concept casse-gueule a fini par échouer, ne laissant que trois survi-
vants: « Les yeux de la forêt », « Le dragon du lac de feu » et « La
foire des ténèbres ». Ce concept a échoué car les films étaient trop
terrifiants pour les enfants et pas assez pour les adultes. Il n’en reste
pas moins des curiosités originales voire des réussites, maintenant
oubliées.
A Greentown, deux jeunes garçons découvrent qu’une foire vient
d’ouvrir dans leur ville. Celle-ci, dirigée par l’inquiétant Mr Dark,
réalise les rêves des habitants avant de les faire disparaître…
Inspiré par le roman de Ray Bradbury, le film se déroule dans une
petite bourgade américaine dans les années 20-30. Les deux jeunes
11
héros, Jim et Will, sont ravis d’apprendre qu’une fête foraine s’installe dans leur ville. Une foire donc, mais maléfique, fai-
sant disparaître les habitants de la ville un par un. Mais Mr Dark, le proprié-
taire de la foire cherche à les éliminer en les poursuivant inlassablement.
Attardons nous d’abord sur la magnifique ambiance et la photographie parfaite
qui donne un charme inédit à ce film ; charme qui grandit grâce à la musique
inquiétante de James Horner, retranscrivant parfaitement l’ensemble du film.
Voulant éviter les effets horrifiques, la firme Disney utilise des SFX mécaniques
assez particuliers mais parfois vraiment spectaculaires. Si le film n’est jamais
terrifiant, il reste parfois très sombre et même fascinant par instant.
Coté casting il y a de quoi halluciner puisque qu’on trouve Jonathan Pryce (le
héros de « Brazil ») dans le rôle d’un bad guy charismatique, Jason Robards en
père complexé par un souvenir dramatique, Pam Grier (la reine de la black-
plotation) en sorcière belle et envoûtante, Royal Dano (grand acteur de wes-
tern et surtout le papy zombie de « House 2 ») en marchand de paratonnerre et
Diane Ladd (la mère psychopathe dans « Sailor et Lula ») dans un petit rôle. Le
film, par ailleurs, use peu d’humour et de scènes niaises comme en a l’habi-
tude Disney, étonnant donc et réconfortant d’une certaine manière.
Clayton nous réserve également des séquences mémorables comme l’attaque
des mygales dans la chambre des deux gamins, la visite très stressante de Mr
Dark à la bibliothèque ou la tempête finale. Baignant dans une atmosphère de
mystère remarquablement mise en évidence, « La foire des ténèbres » est une
petite réussite à (re)découvrir surtout que le film vient de ressortir en zone 1 avec sous titres français et v.f. A noter aussi
que le film fut la seule production Disney a être interdite au moins de 13 ans !
Réalisateur : Jack Clayton Scénario : Ray Bradbury, d’après son roman
Pays : Usa
Année : 1983
Musique : James Horner
Casting : Jason Robards, Jonathan Pryce, Diane Ladd, Royal Dano, Vidal PetersonShawn Carson...
Durée : 1H35
Genre : Fantastique
QQQQ
Jérémie Marchetti
DRACULA RISING
(aka : Corman’s Dracula)
Réalisateur : Fred Gallo Scénario : Rodman Flender & Daniella Purcell
Pays : Usa
Année : 1992
Musique : Ed Tomwey
Casting : Christopher Atkins, Stacey Travis, Doug
Wert, Vessela Karlukovska, Nikolai Sotirov, Zahari
Vatahov, Desi Stoyanova, Stancgo Stanchev, Nelli
Vladova, Tara McCann... Durée : 1H25
Genre : Vampires
Voici un petit film de vampires plutôt mé-
connu mais fort sympathique, malgré tout.
Malgré tout car il s’agit là d’un film pro-
duit par Roger Corman « l’homme au 1000
films », dont le goût pour le kitsch n’est
plus à présenter. Nous retrouvons là le
personnage de Vlad mais c’est bien le
seul lien historique que l’on puisse faire
avec la légende du Comte. En effet, le
reste contenu dans ce métrage est une
vision très personnelle du cinéaste, tant
sur le propos que dans l’imagerie vampi-
rique . Il n’en reste pas moins qu’il s’agit
là avant tout d’une romance, un amour
impossible, qui n’est pas sans rappeler le
« Dracula » de Coppola.
Au cours d’une exposition de peintures,
Thérésa, restauratrice de tableaux fait la
connaissance de Vlad, un jeune homme
fort élégant qui semble la connaître. Intri-
guée, elle accepte qu’il lui fasse la cour
12
avant que celui-ci ne disparaisse brusquement. Rapidement,
les cauchemars viennent l’envahir et son attirance pour lui de-
vient incontrôlable. Le lendemain, elle est envoyée en Tran-
sylvanie chez un collectionneur (Alec) afin de restaurer un ta-
bleau très ancien…
Le ton est donné dès le début du film, accompagné d’une
bluette musicale très sixties « Be my angel tonight », chanson
générique sentimentale, agréable à l’oreille et récurrente. Ici,
point de château lugubre juché sur une sombre montagne. La
verte vallée est omniprésente, dans laquelle surgit un monas-
tère. Exit aussi le personnage physiquement inquiétant et âgé,
place à la blondeur de l’éphèbe (Christopher Atkins – le La-
gon Bleu ( !) « Shakma » entre autres ) dans le rôle de Vlad. Le
personnage d’Alec ( Doug Wert « Star Trek new ge-
neration ») , ami/ ennemi de Vlad, celui par qui la
disparition de l’amour de Vlad est arrivé. Thérésa, la
promise de Vlad ( Stacey Travis, « l’attaque de la
femme de 50 pieds n°2 », et plus récemment « Traf-
fic »), campe une jeune femme naïve et dépassée par
les évènements. Elle est tout comme les autres créa-
tures féminines du film d’ailleurs, un agréable pré-
texte à quelques scènes de nudité.
La production n’hésite pas à montrer par ailleurs une
scène sexuelle particulièrement osée, qui ne s’expli-
quera que pour intensifier le désir et la fusion de
l’ombre et la lumière.
Une photographie par ailleurs relativement soignée,
jouant habilement des teintes bleutées et des rou-
geoiements (les veines intactes, les veines écor-
chées), afin d’immerger le spectateur dans un «
bain » pourtant bien confus.
Les effets spéciaux ne sont pas une priorité. Les ama-
teurs de gore seront donc forcément déçus. Seules
quelques gorges « arrachées » feront office d’apéritif
« dinatoire ».
Le réalisateur ne cesse de faire des flashs-backs à
tout bout de champs – pas désagréables mais pas né-
cessaires – Toutefois, ceux-ci ne pénalisent ni le récit
ni la compréhension de l’histoire. Mais inutiles. Ils
sont surtout une occasion de plus d’appuyer sur le
caractère romantique des protagonistes.
Reste quelques scènes réjouissantes à l’image de la
poursuite dans les catacombes, la révolte des villa-
geois, le bûcher…). Le final peut désarçonner la plu-
part d’entre nous ; une impression de travail bâclé
mais une volonté évidente de « kitsch » : les couleurs,
aussi bien que les effets visuels prêtent à sourire et
pourtant…il n’en reste pas moins que ce film possède
une ambiance particulière, une musique sereine
( cantiques ), un « je ne sais quoi » qui donne un par-
fum agréable au visionnage.
QQ Christophe Jakubowicz
13
ANACONDAS :
A LA POURSUITE DE L’ORCHIDEE DE SANG
(ANACONDAS THE HUNT FOR THE BLOOD ORCHID)
Réalisateur : Dwight H. Little Scénario : Hans Bauer, Jim Cash, Jack Epps Jr, John Claflin, Daniel Zelman, Michael Mi-
ner, Edward Neumeier Pays : Usa
Année : 2003
Musique : Nerida Tyson-Chew
Casting : Johnny Messner, KaDee Strickland, Matthew Marsden, Nicholas Gonzalez,
Eugene Byrd, Morris Chestnut... Durée : 1H37
Genre : Animaux Dangereux
1997: bureau de la productrice Vernah Harrah :
- "Wouahh !! Vous avez-vu ? Notre crétin de film de serpents géants car-
tonne au box-office. Il faut vite faire une séquelle !!
- Vernah Harrah: "Ok, à condition d'avoir un scénario en béton".
Six ans plus tard, nous apprenons qu'une suite au film de Luis Llosa était mise en chantier. Une suite sans vedettes (exit Jen-
nifer Lopez et Ice Cube), et un budget inférieur alloué. Ce qui n'inquiète pas l'homme chargé de diriger ANACONDA 2, ce
sous-doué de Dwight H.Little (le passable "halloween 4" mais aussi le miraculé "Fantôme de l'opéra" - une très sympathi-
que série B gore).
Des scientifiques sont envoyés en Indonésie pour recueillir des spécimens de l'orchidée de sang, une plante susceptible
d'allonger la durée de la vie. Annoncée même comme la version médicale de la Fontaine de Jouvence. L'expédition ne se
passe pas comme prévue, peu aidée par la saison des pluies. Pendant ce temps, les relations entre les membres de l'expé-
dition deviennent tendues, face à des choix impliquant plusieurs trajets...
Direction l'Asie du Sud-est où se situe l'action du film. Peu importe finalement les contre-vérités géographiques émises par
ce scénario à de nombreuses mains (en béton !!! qu'est ce qu'on rigole !), dont le fait que l'espèce des Anacondas n'existe
pas à Bornéo. Fort heureusement, le public n'y connaît absolument rien.
Ce n'est pas une raison pour bâcler l'ensemble de cet ANACONDAS (au pluriel s'il vous plait!). On a quand même droit à un
scénario fainéant et beaucoup trop gentil pour faire durer le suspense. A se demander si le politiquement correct n'a pas
encore frappé. Les acteurs sont bien sûr adéquats à leurs rôles et font clones des précédents acteurs: le black de service,
le traître (suspense!!!!!!!!!), deux femmes un peu cloches (la brune et la blonde), un singe débrouillard mais peu coura-
geux.... Nos amis, les anacondas, sont néanmoins assez impressionnants... surtout lorsqu'ils ne bougent pas trop vite. Car
les effets spéciaux numériques sont une véritable catas-
trophe, faisant penser à ces productions Z, type Nu
Image et UFO ("Python").
Plus orienté aventures que véritablement horreur, on
peut se laisser guider au fil du flot d'une histoire conve-
nue, bénéficiant de beaux décors. Malheureusement,
jamais mise en valeur du fait d'une photo anonyme. La
musique est aussi beaucoup trop en retrait. On apprend
aussi l'existence de la fameuse orchidée du sous-titre,
que les anacondas ingurgitent, ce qui expliquent leur
grosseur démesurée. Plus drôle, les gros serpents orga-
nisent une partouze géante en pleine jungle. C'est qu'ils
sont chauds nos amis à sang froid.
14
C'est surtout sur la durée que le film ne
tient pas la route. Tout n'étant pas négatif.
En effet, quelques plans inquiétants ne sont
pas sans rappeler des images des "Dents
de la mer" avec attaque subjective. Les
images du serpent se faufilant dans l'eau
avant de choisir sa proie sont plutôt pas
mal. Autre passage à mettre au crédit de
Dwight Little: des rescapés qui passent par
une grotte plongée dans l'obscurité. L'un
des uniques moments qui peuvent faire
flipper les spectateurs les plus endurants.
SPOILER :
Gros coup de gueule envers le choix des
victimes. L'Anaconda optant pour des victi-
mes masculines -délaissant les femmes-, et
sans compter le singe qui s'en sort. Des ficelles scénaristiques que l'on croyait appartenir à une époque révolue.
QQ Gerald Giacomini
FU BO
(Fu Bo)
Fu Bo (appelé respectueusement " Oncle
Fu ") est assistant à la morgue. Son travail
consiste à disséquer et laver les cadavres
puis à faire toute la petite besogne de la
morgue, sous la charge du docteur Lee,
scientifique plus haut placé. Dans cet uni-
vers baigné de blanc évoluent aussi des
aides médicales et un stagiaire. Un
chef cuisinier portugais prépare les
ultimes soupers des condamnés à
morts. Il écoute et écrit aussi, leurs
confessions et leurs histoires, leurs
craintes et leurs désespoirs. Enfin, un
assassin des triades accompli sa san-
glante tâche. Accompagné de ses aco-
lytes, ils répandent le sang au nom
d'une hypothétique vengeance. Trois
personnes qui travaillent avec la mort,
mais qui sans se rencontrer influent
chacune sur le destin des autres…
Un film très poétique, tout en nuances,
mais intimement lié avec la mort. En
effet le film s'intéresse aux destins
croisés de trois personnes, et de leurs
rapports à la mort. Fu Bo s'apparente
sous nombre d'aspect à In the mood
for love. Seulement ici, ce n'est pas
l'amour qui est le point central de la
fable, mais la mort. Toutes les méta-
phores exprimées à l'écran respirent
une certaine désillusion, suintent de
pensées macabres. D'où sa classifica-
tion dans les films d'horreur. Ici, ce
sont les horreurs de la vie, l'étroite
frontière entre la vie et la mort qui
sont relatées. Nul besoin de paranor-
mal ou de zombie : la vie se suffit
d'elle-même en ce domaine.
Ce faisant, le film acquiert un carac-
tère très particulier. Bien que le sujet
soit clairement ancré dans le tré-
pas, le sentiment que procure la
bobine est plutôt positif. Il s'agit
d'une ode à la vie, certes traitée
de façon fortement mélancoli-
que, mais le film ressemble à
une prolongation du mouvement
littéraire romantique (sens des
métaphores, des nuances ou
même des clairs-obscurs, décors
et image affectés par les person-
nages). Seulement, Fu Bo ajoute
à cela quelques scènes bien sai-
gnantes (rappelons que l'action
se situe principalement dans une
morgue) et une atmosphère qui
transpire le mal être et le mal-
sain. L'éclairage (les filtres ?) de
nombres de scènes est, en ce
sens, très évocateur, il reflète
l'état d'esprit des protagonistes
et appuie un peu plus le
contraste vie/mort qui sous-tend
le film. La morgue est littérale-
ment irradiée de blanc, confé-
rant aux personnages qui s'y
trouvent un aspect angélique.
15
Pas de doute, le réalisateur réussi le pari de faire à la
fois un film d'auteur underground et une ode à la vie
dont le traitement morbide et tout à fait surprenant. De
plus, il est remarquable que, malgré sa démarche au-
teurisante, le film ne se perd pas dans les méandres de
l'esprit de son réalisateur. Même si l'on peut reprocher
quelques passages peu lisibles, le film n'ennuie pas.
Bien au contraire, il laisse une impression douce amère,
et transmet avec succès la mélancolie toute puissante
dont regorge le film.
Un beau film, triste et sanglant, pas exempt de petits
défauts, mais l'effort mérite d'être remarqué. Il est tou-
tefois à noter que les fans d'Anthony Wong qui s'atten-
dent à une nouvelle performance ultra-trash dans un
style proche de « Untold Story » risquent d'être déçus.
Ici le gore n'est pas une fin en soit, c'est un vecteur de
sentiments, un simple moyen. Ceci étant, son jeu est
tout aussi bluffant, un acteur étonnant qui évolue dans
différents styles et différents cinémas (du blockbuster à
l'underground). Chapeau !
FU BO
Réalisateur : Wong Ching Po & Lee Kung Lok Scénario : Simon Lai
Pays : Hong Kong
Année : 2003
Musique : Tommy Wai
Casting : Liu Kai Chi, Lee Sze Chit, Pauline Sun, Jacob Mense,
Hugo Ng...
Genre : Horreur
QQQQ Colin Vettier
BROCELIANDE
Réalisateur : Doug Headline Scénario : Doug Headline & Benoit Lestang
Pays : France
Année : 2002
Musique : Sarry Long
Casting : Elsa Kikoine, Alice Taglioni, Cédric
Chevalme, Mathieu Simonet, Alexis Loret,
André Wilms, Vernon Dobtcheff,
Cylia Malki...
Durée : 1H35
Genre : Fantastique - Thriller
Chloé (interprétée par Elsa Kikoïne,
fille du réalisateur Gérard Kikoïne,
l'un des papes du porno français),
étudiante en archéologie inscrite à
Rennes le jour et barmaid la nuit, fait
la connaissance du beau et mystérieux
Erwann dès la rentrée. Entre des
cours d’histoire celte et des initiations
en recherches archéologiques, elle
n’a pas le temps de s’ennuyer, d’au-
tant que se produit dans l’entourage
de la faculté une série de meurtres
pour le moins étranges et portant tous
la même signature. C’est d’autant plus
inquiétant que c’est à ce moment là
que Chloé voit des choses bizarres et
ressent une certaine présence malfai-
sante dans son voisinage. Tous les in-
dices convergent vers la forêt de Bro-
céliande, creuset des celtes, et où
Chloé participe activement à un chan-
tier de fouilles érigé sur de très an-
ciennes sépultures…
Cette petite production horrifique
française commence avec un enchaî-
nement de saynètes tournées dans
une ambiance très américaine (avec,
entre autres, la «cool attitude» dans
un bar avec ses serveuses et ses
clients dragueurs, les «années col-
lège» avec les aléas des inscriptions
et les longs couloirs de la fac avec ses
incontournables amphithéâtres, on se
croirait presque dans un métrage mé-
langeant "Urban legend" à "The fa-
culty"!) ; pour finir dans un maelström
de n’importe quoi (avec notamment
16
un monstre hybride, fruit des
amours entre un "Predator" et un
"Alien", et même du "Buffy
contre les vampires" avec les
deux héroïnes qui telles Buffy et
Faith vont renvoyer l’entité malé-
fique ad patres). Et au milieu de
tout ça me direz vous ?
Ben, pas grand chose serais-je
tenté de répondre et pourtant
Dieu sait si je suis un ardent dé-
fenseur du cinéma de genre
français !
Certes, on n’a pas une minute de
répit, mais bon, les scènes de
combat sont mal filmées et ininté-
ressantes, le casting est une mo-
numentale erreur car les acteurs
manquent tous ou presque de
conviction dans leur interpréta-
tion, sauf pour le toujours très
bon André Wilms qui en l’occur-
rence sort toujours la bonne bla-
gue au bon moment, la musique
est quelconque même si en
rythme avec les scènes, le scéna-
rio est trop prévisible (on sait au
bout d’un quart d'heure qui est le
méchant!), lourd (on se serait
passé de certaines explications rocamboles-
ques) et les «ficelles» sont parfois un peu trop
faciles. De fait, si l’on veut faire la fine bouche, on
peut légitimement discourir à propos d’un
scénario trop simpliste, d’un film qui manque
singulièrement de moyens et de la localisa-
tion de Brocéliande, qui n’est pas tout proche
de Rennes finalement, mais bon on s’en fiche
un peu quoi ! Nous ce que l’on veut, c’est de
l’ «entertainment» comme ils disent Outre-
Manche !
Aussi, au crédit de "Brocéliande", on peut
dire que la réalisation est assez énergique,
les effets spéciaux de qualité et certains mo-
ments sont très réussis (le monstre, même si
il donne une impression de déjà-vu, les
meurtres dont une belle scène de décapita-
tion à la serpe qui réveillera ceux qui s’é-
taient endormis, quelques plans d’une photo-
graphie superbe, etc.).
C'est tout de même un premier film qui mal-
gré ses faiblesses mérite d’être encouragé et
qui n’a rien à envier aux produits ultra-
formatés américains!
Du coup, on attend quand même le deuxième
jet du père Headline (le réalisateur a tout de
même collaboré avec le célèbre cinéaste
Christophe Gans dans la revue Starfix, spé-
cialisée dans le fantastique et le cinéma des
effets spéciaux, au début des années 80) et
on conseillera ce film-ci pour se détendre
avec ses amis car on rigole quand même pas
mal, que ce soit à cause des vannes d’André
Wilms ou bien de certaines scènes d’une
ahurissante naïveté pour ne pas dire stupidi-
té!
QQQ
Vincent Dumenil
MEDUSA FANZINE 22
Le nouveau numéro de la
bible du ciné Bis
disponible sur :
http://medusafanzine.free.fr
17
LA CITE DES MONSTRES
(Freaked)
Réalisateur : Tom Stern & Alex Winter Scénario : Alex Winter, Tom Stern & Tim Burns
Pays : Usa
Année : 1992
Musique : Kevin Kiner & Karyn Rachtman
Casting : Alex Winter, Randy Quaid, Brooke Shields, Megan Ward, Keanu reeves,
Mr T, William Sandler...
Durée : 1H26
Genre : Monstres
Ricky Coogan, célèbre acteur vaniteux de sitcom américain est embauché par
l’entreprise EES pour tourner un spot publicitaire concernant leur nouveau pro-
duit hautement toxique : le fertilisant chimique ZYGROT 24. En route pour Santa
Flan (petite ville d’Amérique du sud )où aura lieu le tournage, accompagné de
son meilleur ami Ernie, véritable obsédé sexuel, ils feront la connaissance de
Julie, une écologiste militante. Pendant leur voyage, le trio tombera entre les
mains du dénommé Elijah Skuggs, sorte de Monsieur Loyal de cirque et de sa-
vant fou qui changera, suite à une opération à base de ZYGROT 24, nos héros en
bêtes de foire (Ernie et Julie en siamois et Ricky en demi créatures hideuses ).
Prisonnier, le groupe fera la
connaissance d’autres
monstres plus ou moins loufoques et tenteront d’organiser la rébellion
pour l’évasion…
Film quasi inconnu en France, La Cité des Monstres est un OVNI sur
pellicule. Alex Winter, co-réalisateur et acteur, est un véritable déjan-
té, il suffit de voir « Bill and Ted’s excellent adventure » et « la folle
journée de Bill and Ted » pour s’en rendre compte. Freaked est un film
de barjot, de dingue où un gag nous explose en pleine face toutes les
30 secondes, allant de l’humour crade et trash (La belle Julie en train
de vomir tripes et boyaux), de l’humour en dessous de la taille à l’hu-
mour sarcastique où les grandes entreprises Américaines (Pepsi et Dis-
ney) ne sont pas épargnées.
Mais le véritable point fort du film sont forcément les Freaks , une belle
brochette de monstres à la « L’ILE DU DOCTEUR MOREAU » tout aussi
farfelus les uns que les autres : la femme à barbe jouée par MR T, et oui vous avez bien lu, le « Barracuda » de la sé-
rie l’agence tous risques, l’homme chien (je défie quiconque pourra reconnaître d’un seul coup d’œil Keanu Reeves dans
ce rôle), l’homme chaussette mon préféré et bien d’autres dont je garde le secret pour ne pas altérer votre plaisir. Toute
cette ménagerie a été créée par le non moins excentrique SCREAMING MAD GEORGE, maquilleur entre autre de la plus
grande partouze gélatineuse de SOCIETY.
Tous les acteurs semblent vraiment s’éclater sur le tournage, Randy Quaid ( Pluie d’enfer et Indépendance day ) en tête,
avec un visage rubicond et un look très Buffalo Bill, s’amuse à faire un méchant délirant. Par contre, Alex Winter ( Ricky
Coogan ) fait trop la grimace et surjoue ( à moins que cela ne soit fait volontairement ? ). A noter également la présence de
la sublime Brooke Shields en présentatrice télé où elle vous réserve une surprise à la fin. Mais Chut !
Vous l’aurez compris, je suis un fan inconditionnel de ce film et de ce genre d’humour. Alors courez vite vous le procurer
et dites moi ce que vous en pensez !
QQQQQ
Arnaud Devilliers
18
MONSTER MAN
Adam, jeune étudiant puceau, part sur
les routes avec son ami Harley s'étant
incrusté dans le périple sans y être
invité, afin de retrouver la femme de
ses rêves et de lui déclarer son amour
avant que celle-ci ne se marie avec un
autre que lui. En chemin, ils s'arrêtent
dans des bars locaux où les habitants
n'approuvent guère le comportement
désagréable d'Harley. Peu de temps
après, ils sont attaqués par un fou fu-
rieux au visage mutilé et conduisant
un impressionnant véhicule. Ils par-
viennent à lui échapper en se réfu-
giant dans un hôtel. Là, il font la
connaissance d'une ravissante et très
sexy auto-stoppeuse, Sarah. Mais les
trois compagnons sont de nouveau la
cible de l'horrible Monster Man, bien
décidé à les éliminer…
Si le résumé vous évoque quelque
chose de connu, c’est sans doute
parce que vous avez précédemment
visionné « Massacre à la tronçon-
neuse », « Jeeper Creepers » et plus
récemment « The house of 1000 corp-
ses ». Un monstre quasi muet à la Lea-
therface en guise de grand méchant,
un véhicule qui en suit un autre pen-
dant une majeure partie du film et
pour couronner le tout, une famille de
barges comme hôtes, sont les quel-
ques ingrédients copiés ça et là sur les
long-métrages précités.
Malgré tout, le principal intérêt de
Monster Man et qui le distingue de
ses glorieux aînés en lui conférant
une atmosphère de « teenage road-
movie », est qu’il comporte des mo-
ments de franche rigolade. On pense,
à ce sujet, à la scène dans la station
essence, qui voit notre jeune puceau
en train d’essayer de déféquer dans
les toilettes jouxtant celles de leur
poursuivant, ou bien à celle où l’un de
nos héros essaie de piquer de l’es-
sence dans un camping-car mais se
trompe de réservoir, et enfin à la
scène du motel avec un chat mort
qu’un de nos deux compères endormi
et rêvassant croit être une partenaire
de sexe. Je vous épargne les détails
afin de ne pas tout dévoiler, mais vous
garantis de bons éclats de rire !
La gaudriole mise à part, de nom-
breuses imperfections viennent pour-
tant entacher le projet de Michaël Da-
vis. A ce titre, les méchants sont mal-
heureusement trop polis et pas assez
pervers pour notre victime toute dési-
gnée, j’ai nommé le jeune garçon pur
répondant au doux prénom d’Adam
(j’ignore si cela est une intention du
scénariste, mais en tout
cas c’est super bien vu
d’avoir donné ce pré-
nom à un personnage
vierge, ils sont trop
forts ces américains !).
Ce qui est dommage
car le personnage le
plus exploité est Har-
ley, le copain super
lourd qui est aussi vul-
gaire que bavard, ce
qui donne un aspect
comédie au film alors
que par moment on aimerait avoir
davantage la frousse et qu’il ferme
son clapet un peu plus en laissant un
peu de place aux autres protagonis-
tes, comme celui bien sympathique
de l’incestueux Fred, au corps tout
disloqué et complètement sous-
exploité (on le voit à peine cinq mi-
nutes dans tout le film) ! Ajoutons à
cela que le héros du film dispose
d’un arsenal de babioles plus ou
moins inutiles et dont il se sert tout
particulièrement lors de scènes de
combat final qu’on aurait aimé voir
plus sanglantes et moins burlesques !
Toutefois, ce qui dérange le plus, ce
sont certaines scènes, ficelles scéna-
ristiques utilisées, voire certains
comportements des principaux pro-
tagonistes, qui sont hyper prévisibles
car maintes fois vus et employés
dans diverses productions avec pour
exemples : la musique qui fait peur
utilisée à contre-emploi pour mettre
sur une fausse piste et le twist final
trop évident, laissant présager une
suite qu’on espère finalement plus
«jusqu’au-boutiste » !
Néanmoins, certaines choses sont
loin d’être maladroites et sont même
très inventives. Tout d’abord certai-
nes scènes à l’ambiance glauque,
comme celle où l’on voit nos joyeux
lurons se balader dans une ville où
tous les habitants ont été mutilés par
le Monster Man, sont très marquantes
par la sensation de gêne qu’elles in-
sufflent au film. A ce sujet, et si l’on
pousse un peu plus loin l’analyse
psychanalytique, on pourrait faire
19
une analogie avec ce sentiment
étrange de malaise général que l’on
éprouve en face de quelqu’un d’in-
firme ou atteint d’une maladie grave.
Ce qui est très dérangeant avouons-le,
mais remarquable quand on arrive à
le transmettre par le truchement de la
pellicule !
En outre, le grand croquemitaine au
maquillage mémorable est assez bien
réussi et il est muni d’un atout de
choc : le Monster Truck. Ce dernier,
un énorme véhicule customisé monté
sur des pneus démesurés, dispose de
larges mâchoires le faisant ressembler
à un gigantesque crocodile mécani-
que. Le voir traquer ainsi nos deux
étudiants nous rappelle un peu Pac-
Man poursuivi par les fantômes qui
essaient de le croquer ! C'est d'ailleurs
Frank Schettini, qui avait déjà collabo-
ré à la création des véhicules de Mad
Max 3, qui a réalisé le Monster Truck.
En définitive, on passe quand même
un bien bon moment devant ce petit
film mélangeant les genres (comédie,
horreur, gore, …), malgré un senti-
ment général de déjà-vu.
Réalisateur : Michael Davis
Scénario : Michael Davis
Pays : Usa
Année : 2003
Musique : John Coda
Casting : Eric Jungmann, Justin Urich, Aimée
Brooks, Michael Bailey Smith...
Genre : Tueurs Fous / Monstres
QQQQ Vincent Dumenil
SAW
Réalisateur : James Wan
Scénario : James Wan & Leigh Whannell
Pays : Usa
Année : 2004
Musique : Charlie Clouser
Casting : Leigh Whannell, Cary Elwes, Ken
Leung, Danny Glover, Dina Meyer, Karl Butters,
Paul Gutrech...
Genre : Thriller Horrifique
Depuis quelques temps les Etats-Unis nous envoient par vagues des thrillers
prétentieux, filmés par des rechapés de la publicité ou des clips musicaux. En
conséquence, des produits à la coupe épileptique, et désigné pour la généra-
tion MTV, celle-là même qui se satisfait de produits pédants (bullet-time ver-
sus montage stroboscopique) et formatés pour plaire aux masses. Et dans
cette veine surgit "Saw", en apparence une pâle copie de ce qui a déjà été
tourné et vu des milliers de fois… En apparence ?
Deux inconnus se réveillent dans une salle de bain miteuse au plus haut point.
Les murs sont faits de carrelage fendus, la tuyauterie grossière et apparente
est rouillée, et sur le sol un cadavre en train de pourrir, une arme dans la main
et un dictaphone dans l’autre. Chacun des deux protagonistes ont dans leur
poche une cassette… Ils apprennent que Adam doit survivre aux angoisses de
son co-détenu –le docteur Lawrence– tandis que celui-là doit tuer Adam avant
six heure sans quoi sa famille sera éliminée. Portés par les énigmes dissémi-
nées par leur hôte, les deux hommes vont tenter de découvrir pourquoi ils
sont là.
Cette dans cette atmosphère tendue que débute "Saw". Les deux personnages
ont été enlevés pour une raison qui leur est inconnue. Et là, forcement le ciné-
phile pourra noter la ressemblance avec "Cube", ressemblance qui va se pro-
longer jusqu’à ce que le docteur découvre qui les détient. Sans nuire nulle-
ment à l’intrigue, leur geôlier est un serial killer appelé Jiggsaw (casse-tête)
qui donne l’opportunité à ses victimes de se libérer d’elles-mêmes. Mais la
voie vers la liberté est pavée de vices, et bien souvent les détenus finissent
par mourir de leurs tentatives infructueuses. Cette explication est donnée avec
force flash-back et découpage épileptique, stylisé en clichés photographi-
ques. Encore une fois, on notera «l’inspiration» du scénariste qui s’est allègre-
ment servi dans les ingrédients de "Se7en", notamment au point de vu des cri-
mes qui, s’il n’ont aucun rapport avec les 7 pêchés capitaux, se révèlent être
de la même trempe : assez malsains.
C’est bien là que se démarque "Saw" de la pléthore de thrillers ternes servis
par un Hollywood en quête d’argent. Car "Saw" regorge de cette même atmos-
phère étouffante que "Se7en", celle des polars réussis, où le vice du tueur
transpire à chaque image. Le malaise transmis au spectateur de façon tout a
fait efficace est fort louable, pourtant "Saw" est éclopé sur différents plans.
Tout d’abord le manque d’imagination flagrante qui a conduit le scénariste à
aller piocher à droite à gauche afin de combler les trous dans son script
(notamment le final du métrage qui renvoie à une scène célèbre de "Massacre
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à la tronçonneuse"). De ce fait le film ressemble plus à
une (in)digestion d’inspirations qu’à une idée vraiment
originale; ce qui gâche le plaisir, mais ne coule pas le film
pour autant.
Le fond du film n’est pas le seul à souffrir des influences
du réalisateur, la forme est elle aussi horriblement conve-
nue. En effet James Wan utilise avec force et fracas des
moyens peu honnêtes ; lorsque la tension retombe, vient
le temps de sortir les grosses ficelles : flashes de lumière,
sur-découpage de l’image pour perdre le spectateur et
utilisation outrancière de hausses de volume. Ainsi pour
ajouter un peu d’adrénaline, le réalisateur applique
comme « fond » musical des compositions nerveuses
(tempo élevé avec une large couverture des basses) jouéss à fort volume. Encore une fois pour exciter les sens du specta-
teur, et de ces moyens éculés, le réalisateur retire une grande efficacité. A laquelle s’ajoute le dynamisme propre à la ca-
mera numérique (HD), qui, si pour les scènes d’actions, s’avère très pertinent, l’est bien moins en ce qui concerne le huis
clos qui composent 60% du film. Cependant, mention très spéciale à l’utilisation maîtrisée de l’outil numérique lorsque les
protagonistes sont plongés dans les ténèbres. La pénombre au cinéma est difficile à manier, puisque les pellicules nécessi-
tent un minimum de lumière pour être imprégnées de l’image, ce qui n’est pas le cas de la HD. N’en demeure pas moins
que le réalisateur gère avec une aisance des plus totales, ces scènes de noir où le spectateur ne fait qu’entrevoir, obligé de
deviner les choses.
Que retirer de "Saw"? Que le thriller se porte bien? Que
le réalisateur a de beau jour devant lui? A vrai dire, "Saw"
serait à la croisée des chemins, entre le bon vieux thriller
craspec et l’excès de style ("Panic Room") marqué par la
tentative de placer toutes ses inspirations à la fois. Reste
que l’intention est là, ce qui pourrait présager d’un futur
intéressant, tant pour le thriller poisseux que pour le ci-
néaste.
En outre l’usage que James Wan fait de la HD, laisse en-
tendre que le réalisateur est un joueur chevronné, l’im-
pression d’assister à la démonstration d’un jeu vidéo est
en effet récurrente, sans pour autant nuire au film. La
scène de l’appareil photo ainsi que les diverses scènes d’action, impliquent cette affirmation : le réalisateur de SAW serait
bien plus efficace aux commandes d’adaptations cinématographiques de jeux vidéos que Paul Anderson qui accumule les
immondices et s’entête à plomber des franchises riches en potentiel.
En conclusion, même si le film souffre de l’accumulation de trop nombreuses références et de l’usage d’une forme peu ori-
ginale, il n’en reste pas moins une très bonne surprise
dans le paysage cinématographique pollué par les na-
vets aseptisés dont Hollywood nous bombarde.
QQQ Colin Vettier
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LES HISTOIRES EXTRAORDINAIRES DE MARIJA
HemerocallisHemerocallisHemerocallisHemerocallis
1er JOUR
Cela vous-est-il déjà arrivé de tomber complètement, totalement fou amoureux au point que votre propre vie
ne compte plus ? D’être prêt à vous abandonner à l’étreinte de l’incarnation de vos rêves les plus enfouis, sans une
seule pensée pour votre âme ? Tout ceci au premier regard ?
L’amour n’a jamais tenu une bien grande place dans la vie de Jeremy Mornac, écrivain, 45 ans, célibataire
endurci par choix. Au moment où débute notre histoire, c’était même le cadet de ses soucis. Il était assis à son bu-
reau, une feuille blanche devant lui. Juste à côté se trouvait son précieux carnet de notes, ouvert à la page du synopsis
de son nouveau roman. Tout y était : le résumé, le profil de ses personnages, la construction, mais pas son inspiration
pour l’écrire. C’était la toute première fois en 15 ans que cela lui arrivait. Il avait 7 romans à succès à son actif, cha-
cun fini en moins d’un an, 3 adaptations au cinéma, les invitations aux salons, à la télé, aux soirées des gens impor-
tants – bref, une vie tout ce qu’il y avait de plus confortable. Et voici alors enfin la panne, la peur de la feuille blan-
che, le tarissement de la source que redoute tout créateur.
Il soupira profondément et laissa son regard se promener sur la vue au travers de la fenêtre : un jardin au ga-
zon vert brillant, épais comme une moquette, et tout au fond, une petite haie derrière laquelle se déployait la plage.
La mer était calme, d’un bleu profond mystérieux, encore trop fraîche pour s’y baigner. Le soleil brillait dans un ciel
azur taché de petits nuages cotonneux. Une légère brise remuait le feuillage dans le jardin et Jeremy ouvrit la vitre en
grand pour en profiter un peu. Il inspira profondément. Une douceur enivrante emplit ses narines. Devant la fenêtre
se trouvait un parterre d’hémérocalles, des fleurs de la famille des lys. Les corolles se déclinaient dans des tons rou-
ges, allant du vermillon au pourpre. Lorsqu’il était venu visiter la maison, l’agent immobilier lui en avait tant parlé
qu’il s’était demandé ce qui n’allait pas avec le reste de la maison. Elle lui avait parlé de leur robustesse, de leur flo-
raison ininterrompue tout au long de l’année, de leur beauté exemplaire, enfin, bref, que de choses qui ne l’intéressait
pas.
Il soupira de nouveau et se dit qu’il ferait mieux d’aller se promener dans l’air frais de cette fin de matinée.
Cela avait toujours eu un effet bénéfique sur ses pensées bloquées.
Le sable était doux et chaud. Il avança jusqu’à l’eau et laissa les vaguelettes paresseuses aller et venir sur ses
pieds nus. Il avait apporté son carnet, comme à son habitude, mais il savait bien que cette présence rectangulaire n’y
changerait rien. Il s’arrêta et fit face à la mer. L’horizon lointain ne l’avait jamais attiré. Il était mieux chez lui, avec
sa petite vie bien rangée et très gratifiante. Remarquez, quelle importance où il se trouvait, puisque son inspiration
semblait l’avoir quittée pour de bon. Tout à coup, le magnifique tableau naturel qui l’entourait lui semblait d’une lai-
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deur sans nom. Sa frustration lui donnait une subite envie de se munir d’une machette gigantesque afin de tout ré-
duire en charpie.
Il ramassa quelques cailloux et les lança aussi loin que le lui permette ses forces. Une vive douleur à l’épaule
le fit presque pleurer de rage impuissante.
2ème JOUR
Les rayons du soleil réveillèrent Jeremy tôt le lendemain matin. Il s’étira longuement – tout réveil avant 10h du
matin lui avait toujours été tout à fait insupportable, voire inutile. Mais étant donné que les fenêtres ne possédaient
pas de volets et que le soleil ne ferait que se lever davantage, il se dit que ce serait l’occasion de vérifier si sa muse
était devenue du genre matinal.
Il s’assit au bord du lit en se frottant les yeux. Quelque chose lui piquait la plante de son pied. C’était un petit
caillou.
- Mais qu’est-ce que…
De petits bouts de terre jonchaient le sol, formant une ligne droite de la porte jusqu’à son lit. Il vérifia la se-
melle de ses baskets posées par terre. Rien. Il avait dû tout semer hier soir, après sa promenade nocturne, sans s’en
rendre compte. Ca attendrait. D’abord, une douche et un bon café.
Le reste de la journée se déroula de façon identique à la précédente. Une promenade infructueuse sur la plage,
une relecture intensive de son synopsis, de ses profils de personnages, et comme la veille, rien. Le néant.
Cette fois, il tenta de noyer sa frustration dans le visionnage de quelques films plutôt corsés : A Toute Epreuve,
City On Fire et Tetsuo. Il avait découvert le cinéma asiatique depuis peu mais était tombé accro tout de suite. Il en
était au milieu du dernier lorsque des bruits de pas se firent entendre dans le couloir de l’entrée.
Il éteignit la télé et se leva. Au moment où il tournait la tête vers la porte, une femme entra. Jeremy eut l’im-
pression qu’une massue invisible venait de lui tomber sur la tête.
La première chose qu’il remarqua était le vert jade de ses grands yeux parfaits. La seconde, que sa longue robe
moulante révélait clairement sa nudité en dessous. Son regard remonta sur son visage en forme de cœur. En voyant
sa petite bouche pulpeuse et rose brillant, il ne put s’empêcher de passer la langue sur ses lèvres, comme s’il contem-
plait un fruit particulièrement appétissant. Ses cheveux lui arrivaient à la taille, épais et bouclés, d’un rouge si pro-
fond à en être presque noir. Elle était de taille moyenne et son corps était bien sûr tout à fait exquis.
Le désir foudroya Jeremy sur place. Lorsque la vision lui sourit, il sentit une aspiration au creux du ven-
tre qui lui coupa ce qu’il lui restait de son souffle.
- Bonsoir, dit-elle. Veuillez pardonner mon intrusion.
Il réussit à émettre un son qu’il espérait ressemblait à une salutation amicale.
- Je suis une voisine, continua-t-elle, je voulais juste vous souhaiter la bienvenue.
- Je… (Il se racla la gorge.) Je vous remercie. Vous prendrez bien un petit verre ?
Il se gifla mentalement. Quelle maîtrise, quelle phrase stupéfiante d’originalité, quelle – mais la belle accepta
avec un sourire des plus désarmants.
Après plusieurs secondes d’immobilité béate, il se retourna pour aller dans la cuisine et fut pris d’une soudaine
panique inexpliquée. Il regarda en sa direction. Elle était toujours là, souriante. Il savait qu’il pouvait désormais
mourir en paix.
La soirée se déroula tranquillement. Ils discutèrent de tout et de rien, assis côte à côte dans le canapé, leurs
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bras et leurs jambes se frôlant sans cesse comme mus par leur propre volonté. A chaque fois, Jeremy ressentait
comme une décharge électrique et sa vision s’obscurcissait furtivement.
Enfin, elle se leva pour partir. La maison s’écroulant autour de lui aurait été une aubaine en comparaison. Elle
lui promit cependant de revenir très vite.
Jeremy ne dormit pas beaucoup, cette nuit-là.
3ème JOUR
Après quatre heures de sommeil, il se réveilla dans un état extatique. Il se sentait en pleine forme et s’installa
immédiatement à son bureau. Il ouvrit son bloc, décapuchonna son stylo et se mit à écrire.
Deux heures plus tard, il sortit de sa transe. Il regarda le numéro de la page qu’il venait de terminer : 47. Il n’en
croyait pas ses yeux. Même avant son blocage, il n’avait jamais écrit près de 50 pages en si peu de temps. A ce
rythme-là, il aurait fini le premier jet en moins d’une semaine !
Il se sentait de nouveau invincible, fébrile. Il n’avait pas faim, alors il alla juste chercher quelques bouteilles
d’eau et se réinstalla devant ce premier résultat plus qu’encourageant.
La prochaine fois qu’il émergea, le soleil s’était couché et son estomac criait enfin famine. Il s’étira de satisfac-
tion et avec un grand sourire, il se dirigea vers la cuisine.
Elle était là, en train de découper des légumes, vêtue de la même robe pourpre révélatrice que la veille. Son
cœur s’arrêta momentanément de battre.
- Oh, bonsoir. Je ne voulais pas vous déranger dans votre travail, alors j’ai commencé à préparer le dîner. J’espère
que cela ne vous pose pas de problème ?
Qu’une créature exquise et à moitié nue s’occupe de lui sans qu’il ait demandé quoi que ce soit ? Qui a un pro-
blème ?
- J’adore les surprises, dit-il. Je peux me rendre utile ?
- Vous pouvez déboucher le vin blanc. Je l’ai mis au frais.
Il s’exécuta et leur servit un verre. Ils trinquèrent et burent les yeux dans les yeux. Jeremy sentit son âme fon-
dre et s’étaler comme du beurre sur une poêle très chaude.
Pour le dessert, Elle alla chercher des fraises et un bol de chocolat fondu. Il ne connaissait pas son prénom, il y pen-
sait seulement comme la femme de toutes les femmes, celle qui méritait qu’on la nomme au majuscule, l’ensorce-
leuse irrésistible de n’importe quel homme.
Elle prit les fraises une à une, les trempa dans le chocolat et nourrit Jeremy comme un enfant. Ils ne parlaient
pas, ils se contentaient de ce que chacun pouvait lire dans le regard de l’autre. Quand il n’y eut plus de fraises, Elle
trempa un doigt dans le chocolat et le porta à sa propre bouche. Elle ferma ses lèvres délicieuses autour et sortit le
doigt lentement. Jeremy la fixait, hypnotisé, les yeux ronds, la respiration lourde. Elle se passa le doigt humide sur
les lèvres et joua avec le bout de sa langue.
Ils passèrent sans attendre aux choses sérieuses sur le canapé. Ce fut Elle qui prit l’initiative encore une fois,
mais Jeremy n’y voyait aucun inconvénient. Les femmes entreprenantes recevaient toute son approbation.
Leurs ébats se prolongèrent jusqu’à ce que Jeremy se sente transporté dans une nouvelle dimension. Il n’avait
jamais atteint ce seuil de plaisir de sa vie, pas même le jour où Alicia était venue chez lui avec une amie…
Il ouvrit les yeux et contempla son amante béatement. Elle passait la langue partout sur son corps, remontant
doucement vers son cou. Il adorait sa façon de le mordiller. Elle prenait tout son temps. La petite douleur se mêlait
de façon exquise au sommet de son plaisir.
Jeremy aurait bien aimé prolonger leurs moments de tendresse, mais une torpeur irrésistible le submergea et il
se laissa glisser dans un sommeil sans fond.
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4ème JOUR
Lorsqu’il ouvrit les yeux, son regard tombait pile sur le cadran du réveil. 12:17 p.m. Midi passées ? Il aimait
flâner au lit mais avait quand même des limites. Il leva la tête pour jeter un coup d’œil sur le lit. Celui-ci était dans
un état impressionnant ! Par contre, il ne se souvenait pas de s’être vêtu d’un t-shirt avant de s’endormir. Il défit la
couverture enroulée autour de ses jambes et se tourna sur le côté pour se lever. Ce fut là qu’il remarqua les petites ta-
ches de sang sur l’oreiller et le haut du drap. Le mordillage se rappela immédiatement à son bon souvenir, et avec un
sourire satisfait, il porta les doigts à son cou. Une douleur sourde le fit grimacer. Sentant quelque chose de poisseux,
il regarda ses doigts. Ceux-ci étaient tachés de sang et d’une substance épaisse et laiteuse. Il les renifla, mais ne sentit
rien d’autre que l’odeur cuivrée du sang.
Il se leva et se dirigea vers la salle de bain. Lorsqu’il se vit dans la glace, il reçut un choc brutal. Il lui manquait
un bout de chair conséquent dans le creux du cou. Il eut un instant de panique puis, de nulle part, surgit la question
de comment on pouvait raisonnablement arracher un bout de chair à quelqu’un sans que la personne ne s’en rende
compte. Il palpa les bords de la plaie, mais ne ressentait qu’un léger picotement, comme si la peau avait été anesthé-
siée et que l’effet durait encore. Aurait-Elle fait cela durant son sommeil ?
Un désagréable pressentiment l’envahit et il enleva son t-shirt d’un mouvement rapide. Et recula de plusieurs
pas, manquant de tomber par terre. Tout le haut de son bras gauche n’était qu’une plaie béante, les chairs arrachées
jusqu’à l’os. Ses yeux s’écarquillèrent et il lui manqua subitement d’oxygène. Il voulut se détourner mais était inca-
pable de détacher son regard de la couleur ivoire brillant au milieu de tout ce rouge. Une violente nausée planta ses
griffes dans son estomac et il eut juste le temps de se retourner avant de vomir copieusement dans la baignoire.
Il resta à genoux jusqu’à ce qu’il eut l’impression que le cartilage soit broyé par son poids sur le carrelage. Il
pleurait, il tremblait de partout, il avait la sensation qu’un gouffre venait de s’ouvrir sous sa conscience. Une odeur
vaguement écœurante monta de la plaie, envahissant ses narines, provocant de nouveaux haut-le-cœur douloureux.
On aurait dit qu’une main de fer essorait ses intestins.
Il finit par se lever sur des jambes qui imitaient assez bien du coton. Evitant de se regarder dans la glace, il ou-
vrit l’armoire sous l’évier. Un grand nombre de paquets de gaze stérile et de bande chirurgicale l’occupait. Frisson-
nant de dégoût, il pansa ses plaies du mieux qu’il put. Il s’aspergea ensuite le visage d’eau froide. Il avait grand be-
soin de prendre une douche, mais il n’osait pas risquer de mouiller ses bandages. Il se lava devant l’évier, s’efforçant
d’éviter de penser à tout sauf à ce qu’Elle lui avait fait, et surtout à ce qui était arrivé à sa chair manquante.
Plus tard dans la journée, et malgré l’horreur découverte à son réveil, il se surprit à espérer le retour de la beau-
té fatale. Ce manque inexplicable se transforma rapidement en un tourment ravageur, dévorant son âme comme Elle
avait commencé à dévorer son corps.
Il tournait en rond dans la maison comme un lion en cage. Rien n’avait d’attrait, pas l’écriture, ni la télé ou la
lecture. Sortir se promener ? Pour aller où ? Le seul endroit où il désirait être se trouvait entre Ses bras rassurants,
sous Ses caresses expertes. Il n’avait même aucune idée d’où Elle vivait. Il n’était pas du genre à faire causette avec
d’éventuels voisins.
Jeremy sortit dans le jardin et s’installa dans une chaise longue. Une odeur enivrante flottait jusqu’à lui. Le par-
terre d’hémérocalles se trouvait à quelques mètres seulement, resplendissant de couleur et d’abondance. Il ne
connaissait rien en botanique mais dut admettre que les fleurs étaient d’une beauté incomparable. Comme Elle. Non,
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moins. Une simple plante ne pouvait décemment se mesurer à la perfection faite chair et os, une vision affolante de
courbes douces faites pour qu’on y abandonne son âme.
Il regarda sa montre. 15:36. Jusque là, Elle n’était venue qu’après la tombée de la nuit – encore quelques heu-
res à attendre…
Le livre qu’il tenta de lire finit par terre après qu’il eut recommencé la même page cinq fois. Il rentra et s’ins-
talla à son bureau. Celui-ci faillit apprendre à voler suite à l’amoncellement par terre de feuilles froissées ne conte-
nant que des demi-phrases. Il retourna dans la salle de bain mais n’osa pas défaire ses pansements. Lorsqu’il palpait
les plaies recouvertes, il ne ressentait pratiquement aucune douleur du tout. En vérifiant l’heure, il avait l’impression
que sa montre le narguait, qu’elle s’arrêtait exprès à chaque fois qu’il y jeta un coup d’œil. Il finit par l’enlever et l’é-
craser avec une chaussure comme un gros insecte métallique.
Sa frustration ne fit que s’accroître et il en était au stade des larmes de supplication lorsqu’il entendit la porte
d’entrée s’ouvrir et se refermer. La terreur l’envahit d’un seul coup. Des pas légers mais fermes descendaient le cou-
loir, comme si leur propriétaire avait l’habitude des lieux. Il retint son souffle. Et garda bien la bouche fermée pour
que son cœur ne bondisse pas à l’extérieur. Elle était enfin là, plus belle encore que la veille (était-ce même possi-
ble ?). Un léger rosissement colorait ses joues et ses yeux scintillaient tels deux émeraudes. Lorsqu’Elle lui sourit, il
sentit les braises de son désir s’enflammer et réduire en cendres toutes ses peurs, tous ses doutes, toute son appréhen-
sion.
Cette fois, ils ne perdirent pas leur temps en préliminaires gastronomiques ou en bavardage superflu. Et lors-
qu’elle commença à le mordre, il la laissa faire. Au départ, il garda les yeux fermés. Mais rapidement, la curiosité et
le plaisir de la regarder eurent raison de lui. Alors, il ouvrit les yeux. Elle était penchée sur sa cuisse et léchait une
plaie toute fraîche. Sa langue était fraîche et douce sur sa peau brûlante. Elle leva les yeux et le regarda. Il ne pouvait
rien lire dans son regard devenu vide et terne, comme si deux trous venaient de s’y creuser. Elle ouvrit grand la bou-
che et baissa la tête. La sensation des dents s’enfonçant dans sa chair était étrangement agréable, presque sensuelle. Il
gémit de plaisir. Tandis qu’elle le mordait, ses mains le caressaient divinement bien, l’emportant dans un flot de sen-
sations contradictoires, changeant à une vitesse folle – tantôt il était terrifié, ensuite exalté, puis paniqué, ou alors
malheureux – mais jamais il n’aurait voulu qu’elle arrête. Il la regardait lui arracher de petits bouts un peu partout,
des morceaux qui se détachaient plus facilement qu’il ne l’aurait cru. Cela faisait un drôle de petit bruit, comme du
papier mouillé que l’on émiette lentement.
La satisfaction de la belle était évidente à ses gémissements et sa façon de lécher ses plaies. Elle s’y appliqua
avec attention pour ne pas perdre une seule goutte du sang épais qui coulait mollement sur tout son corps. Elle sem-
blait injecter une sorte de substance anesthésiante lorsqu’elle le mordait – c’était la seule explication pour l’absence
de douleur.
Jeremy était cependant au-delà de toute question d’ordre biologique et suite au pic de jouissance, il plongea de
nouveau dans un sommeil profond.
5ème JOUR
Au réveil, il eut beaucoup de mal à sortir du lit. Ce n’était toujours pas la douleur qui l’en empêchait, mais le
grand nombre de bandages qui raidissait ses membres et rendait tout mouvement difficile.
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Il arriva à se traîner jusqu’à la salle de bain malgré tout et se contempla dans la glace. Il y avait vraiment beau-
coup de pansements. Il commença à les défaire un par un, de plus en plus exalté par la quantité de chair qui lui man-
quait. Toute sensation initiale de peur avait disparu. Ce qu’il ressentait désormais s’apparentait plus à de la fierté
qu’à autre chose. Il se sentait prêt, voire même impatient, à lui offrir jusqu’à sa dernière goutte de sang, jusqu’à la
moindre partie comestible de son corps. Ainsi, ils ne feraient véritablement plus qu’une personne – autant que ce soit
dans son corps sublime à elle.
Il ne s’était jamais laissé aller à aimer une femme assez pour s’installer avec elle. Il avait toujours refusé toute
responsabilité de ce genre et s’était convaincu avec le temps qu’il n’était pas fait pour les relations de couple. C’était
plus facile que de se regarder en face. Et voilà que la beauté physique d’une femme le poussait à lui donner jusqu’à
sa propre vie. Peut-être que durant toutes ces années de répression, sa capacité à aimer s’était concentrée en ce dévo-
rant désir de don de soi.
Son euphorie était revenue. Il aurait bien passé le reste de l’après-midi à s’admirer, mais son esprit bouillonnait d’i-
dées. Tant et si bien que jusqu’à la nuit tombée, il noircit page après page sans même plus les compter.
Lorsqu’Elle revint, il l’attendait déjà au lit.
DERNIER JOUR
13:27 p.m. Le cadran du réveil mit un certain temps à se matérialiser devant ses yeux. Il tenta de soulever la
tête mais en était incapable. Il se sentait vidé de toute sa substance vitale. Pourtant, s’il était encore conscient, c’est
qu’il devait rester quelque chose de son corps. Il tourna la tête sur le côté et se regarda.
Un sanglot désespéré lui échappa.
Elle ne l’avait pas habillé, cette fois, Elle avait juste pris soin de le panser. Et il était évident que les bandages
recouvrant ses bras et ses jambes de haut en bas n’enveloppaient que les os. Son squelette. Il n’y restait plus un seul
bout de chair ou de muscle. Il ne sortirait plus jamais du lit. Il mourrait ici, seul, ses os se désagrégeraient lentement
et ne seraient peut-être même pas retrouvés avant la fin de son bail dans 6 mois…
Jeremy se mit à sangloter plus fort, à pleurer de façon hystérique, à hurler jusqu’à ce qu’il s’endormisse d’épui-
sement.
Il revint à lui quelques heures plus tard. Il n’avait toujours pas mal là où ses plaies se terminaient et que les os
commençaient. Il ne savait même pas s’il était vraiment réveillé, tant il se sentait planer sur un autre niveau de cons-
cience. Peut-être était-ce de l’agonie à l’état pur, non-diluée, une souffrance exquise, parfaite – ou alors, son désir
pour Elle avait fini par tout remplacer à l’intérieur de lui, avait transformé l’essence de son être en une adoration
toute-puissante, une dévotion ultime, en une lumière éthérée brillant éternellement sur sa ravageuse.
Il n’avait plus aucune notion du temps. Il regardait le réveil de temps en temps mais les chiffres ne signifiaient
plus rien pour lui.
Il avait soif, aussi. Non. Il mourait de soif. Nuance. Il émit un rire frénétique qui se transforma rapidement en
hurlements sauvages à s’en déchirer les cordes vocales. Il s’évanouit de nouveau.
Lorsqu’il rouvrit les yeux, Elle était penchée sur lui. Son visage exprimait une inquiétude convenant assez aux
circonstances. Il faillit s’excuser de ne pas avoir mis son plus beau costume et préparé le dîner. Mais il ne pensait pas
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qu’elle soit vraiment d’humeur à rigoler.
Elle sourit et essora une éponge qu’Elle avait prise dans une bassine posée par terre, remplie d’eau. Elle lava
soigneusement son torse et son visage de gestes lents et sensuels. En temps normal, il aurait prié tous les dieux de
l’Univers pour que cela dure toute la nuit. Mais là, il n’avait qu’une hâte, c’était qu’elle en termine aussi vite que
possible. Il ferma les yeux et tenta de s’imaginer ailleurs, dans un autre corps, un autre temps, un autre monde…
Malgré lui, son excitation devint rapidement visible. Il serra les dents et ferma les yeux. Il entendit le petit plouf de
l’éponge qui tombait dans la bassine. Il sentit ensuite Ses mains autour de son sexe érigé. Lorsque Sa bouche se fer-
ma autour, il poussa un hurlement qui amena un évanouissement des plus bienvenus.
Lorsqu’il recouvra sa conscience malmenée, il lui manquait tout le bas-ventre. Il voulut hurler mais sa voix semblait
l’avoir désertée. Aucun son ne passa ses lèvres entrouvertes. Son visage tordu de désespoir était inondé de larmes.
Elle lui sourit et lécha les gouttes salées et chaudes de ses joues. Ensuite, Elle se pencha de nouveau sur son ventre.
Elle était sous l’emprise d’une impatience tremblante et se servait cette fois de Ses mains pour déchirer la plaie da-
vantage. Celle-ci n’était donc pas anesthésiée par la substance coulant de sa bouche.
La douleur était atroce, rien à voir avec la souffrance exquise de ses morsures. Elle semblait s’insinuer jusque
dans le moindre atome composant son corps, échaudant toutes les terminaisons nerveuses au passage comme de l’a-
cide corrosif, remontant ensuite dans son cerveau pour y exploser en un éclair blanc à intervalles réguliers. Il n’avait
plus besoin de La regarder pour voir son image dans son esprit - Son visage, Ses mains et Ses bras barbouillés de
sang noir et épais, de morceaux de chair luisant, Ses cheveux poisseux et emmêlés… Malgré sa frénésie, Elle prenait
tout son temps pour arracher la chair et la mastiquer consciencieusement avant de l’avaler. Heureusement, celui-ci
était en bonne forme physique. Elle n’avait jamais apprécié le goût ni la texture de la graisse jaunâtre.
Jeremy réussit à ouvrir les yeux une dernière fois. Il La vit comme au ralenti plonger ses deux mains dans son
ventre ouvert et en retirer ses intestins pourpres et enflés. Elle les écrasa entre ses doigts griffus et ouvrit la bouche
en grand. Lorsqu’Elle y plongea ses dents, sa terreur recouvra la voix. Sa dernière pensée fut que son hurlement du-
rait étrangement longtemps…
Lorsqu’Elle eut fini le devant, elle retourna ce qui restait de Jeremy Mornac et s’attaqua au dos. A la dernière
bouchée, Elle eut un sourire satisfait et caressa son ventre repu. Sans perdre une seconde, Elle lécha les os jusqu’à la
dernière goutte de sang. Ensuite, Elle les sépara afin de les broyer méticuleusement entre ses mâchoires puissantes.
Aux premières lueurs orangées de l’aube, Elle sortit dans le jardin et se dirigea vers les hémérocalles. Sa beauté
était encore plus resplendissante qu’avant et ses formes s’étaient visiblement arrondies. Elle se posta au milieu des
fleurs dont les corolles s’ouvrirent doucement malgré le manque de lumière. Les fleurs semblèrent prendre vie autour
d’Elle en se penchant et se languissant sous ses caresses.
- Oui, mes chéries, j’apporte votre subsistance…
Elle plia ses bras sur sa poitrine et baissa la tête. Son corps commença à s’effriter et finit par retourner à la terre
qui la composait.
Les hémérocalles avaient été nourries encore une fois.
Marija Nielsen
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LE CINEMA FANTASTIQUE ET D'HORREUR
EN FRANCE
Un dossier réalisé par : Jérémie Marchetti & Stéphane Erbisti
Aussi incroyable que cela puisse paraître, le cinéma fantastique est né en France ! Alors que les frères Lumières
filment des événements de la vie de tous les jours, un homme, George Méliès, va prendre le chemin opposé et pro-
pose aux spectateurs des mondes imaginaires, des voyages interstellaires et ce, dès 1902 avec son extraordinaire "Le
Voyage dans la Lune". Il réalisera bien d'autres films comme "Le royaume des Fées" ou bien encore "Le Voyage à
travers l'impossible" en 1904.
Une des premières incursion dans le cinéma fantastique ! Et Made in France !
Mais l'intérêt que porte la France au cinéma fantastique va vite décliner et les réalisateurs préféreront filmer des cho-
ses réelles plutôt que de faire rêver les spectateurs. La relève sera alors assurée par l'Allemagne qui nous donnera des
oeuvres comme "Le Golem", "Cauchemars et Hallucinations" ou bien encore le grandiose "Nosferatu".
Beaucoup se plaignent actuellement que le cinéma français n'excelle pas vraiment dans le fantastique ou l'horreur. Ce
qui n'est pas faux. Et pourtant, il faut savoir que certains films fantastiques français sont de véritables perles qui res-
tent essentielles encore aujourd'hui. A travers ce petit dossier, nous allons essayer de vous faire découvrir qu'il existe
un cinéma fantastique en France et que les rares incursions dans ce domaine ont néanmoins donné quelques chef-
d'oeuvre au genre ! Voici une liste (non exhaustive ) des meilleurs films du genre, classés chronologiquement à tra-
vers les grandes périodes. On s’excuse d’avance pour les titres qu’on n’a pas cité (comme Terminus ou Litan par
exemple) et on vous souhaite une bonne lecture !
LES DOSSIERS de cine horreur
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I / Du début du cinéma aux années 50 C'est donc avec George Méliès que le cinéma fantastique français nous donne ses premières œuvres phares. On peut
clairement dire que Méliès est l'inventeur de la science-fiction. Et l'inventeur des trucages au cinéma. Rien que ça !
Pour son film "Le Voyage dans la Lune", il tournera pendant trois mois, chose très rare à l'époque où les films ne dé-
passaient pas la durée de 2 à 3 minutes. Son film durera 16 minutes et peut être considéré comme la première
"superproduction" du cinéma.
* LE VOYAGE DANS LA LUNE
1902 - film français de Georges Méliès - Noir et Blanc.
Le professeur Barbenfouillis embarquent avec les membres de son club d'astrono-
mes à bord d'un obus qui va être propulsé par un canon géant vers la lune. Arrivés
sur la lune, ils sont fait prisonniers par les Sélénites et conduis au palais du Roi de
la Lune…
Un enchantement visuel extraordinaire pour un film de 1902 ! Et déjà de nom-
breux effets spéciaux comme des peintures en trompe l'œil, décors en carton-pâte.
Un film-clé pour le cinéma fantastique !
Puis le public n'aura pas grand chose à se mettre sous la dent car la France abandonne purement et simplement le ci-
néma fantastique, laissant à d'autres pays, comme l'Allemagne dans les années 20 puis les USA dans les années 30, le
soin de les abreuver en film terrifiant. On peut néanmoins citer le film de René Clair "Paris qui dort", réalisé en
1923, dans lequel un savant provoque la paralysie totale de Paris et de ses habitants avec son mystérieux rayon, et
également le très beau film de Jean Epstein réalisé en 1928, "La Chute de la Maison Usher", basé sur l'histoire
d'Edgar Poe. Epstein a réalisé un authentique film fantastique, d'une beauté baroque somptueuse, et qui renvoie aux
films expressionnistes allemand.
1928 est également l'année où un certain Luis Bunuel réalise "Un Chien andalou", célèbre film surréaliste qui
contient une des premières scènes "gores" du cinéma avec l'œil coupé au rasoir. En 1930, il réalise une autre oeuvre
surréaliste, "L'âge d'or". Jean Cocteau réalisera quand à lui "Le Sang d'un Poète" la même année.
En 1932, Carl Théodore Dreyer signe un authentique chef d'œuvre avec son "Vampyr ou l'étrange aventure de Da-
vid Gray", dans lequel il installe une ambiance déstabilisante pour le specta-
teur, avec des visions oniriques et surtout un travail sur tous les tons de gris,
conférant au film une image unique.
1942. Maurice Tourneur nous livre un grand classique du cinéma fantastique
français avec "La Main du Diable" dans lequel il nous raconte l'histoire d'un
artiste peintre qui se procure "une main" qui lui accorde ce qu'il veut, à savoir
amour et gloire. Mais les effets ne durent qu'un temps. C'est alors que Le Dia-
ble apparaît au peintre et lui annonce que s'il ne parvient pas à revendre "la
main" moitié moins que ce qu'il l'a acheté, son âme lui appartiendra…
Cette même année, Marcel Carné réalisera "Les Visiteurs du Soir", autre
grand classique du cinéma fantastique français dans lequel Le Diable envoie
deux de ses serviteurs afin d'empêcher le mariage de la fille d'un Baron avec
un chevalier. Mais l'amour sera t'il plus fort que la mort ? Dans le rôle du Dia-
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ble, Jules Berry est extraordinaire, tout comme les décors et la réalisation de Carné. Un
film merveilleux !
En 1944, Serge De Poligny réalise "La Fiancée des Ténèbres", toujours placé sous le
signe de l'onirisme et du merveilleux.
C'est en 1946 qu'un nouveau chef-d'œuvre du cinéma fantastique français apparaît sur
les écrans : La Belle et la Bête de Jean Cocteau.
* LA BELLE ET LA BÊTE
1946 - film français de Jean Cocteau - Noir et blanc.
Peintre, poète et cinéaste, Jean Cocteau se lan-
ça dans l'adaptation d'un superbe conte où une jeune fille est emprisonnée
dans le château d'un prince changé en monstre. Outre une belle distribution
(Josette Day et Jean Marais notamment), La Belle et la Bête est un film re-
gorgeant de poésie et de surréalisme via des décors majestueux et inquiétants.
Certains éléments du décors sont même " vivants " (des acteurs camouflés,
maquillés et déguisés) comme le fameux couloir au chandelier avec des
mains tenant des bougies. Le maquillage de Jean Marais est également in-
croyable avec sa tête de lion qui le rend méconnaissable. En ce sens, La Belle
et la Bête est un magnifique film fantastique comme on n'en fait plus. Du très
grand Cocteau, somptueux et magique.
Comme on le voit, la France livre surtout des œuvres "fantastiques" ou
"merveilleuses" mais ne s'intéresse guère à "l'horreur". Dans les films préci-
tés, c'est surtout de poésie, de merveilleux auquel on a droit. L'épouvante et
l'horreur sont absent des films français alors que les USA par exemple, et
bientôt l'Angleterre, ont fait de
l'épouvante un genre à part entière. Mais en 1949, Jean Faurez va inclure
des éléments horrifiques dans son film "Histoires Extraordinaires",
film à sketches basé sur quatre histoires d'Edgar Poe et contenant de
nombreux éléments relevant du "macabre".
1949 sera également l'année où Gerard Philipe interprétera le Diable ve-
nu offrir une seconde jeunesse à Michel Simon dans le film de René Clair
"La Beauté du Diable", excellente variation sur le thème de Faust.
II / DES ANNEES 50 AUX ANNEES 70
En 1950, Cocteau va à nouveau se tourner vers le fantastique onirique
avec "Orphée", toujours interprété par Jean Marais. Orphée est un très
beau film, parsemé de séquences fantastiques et poétiques.
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Il faudra ensuite attendre quasiment la fin des années 50 pour que la France
s'intéresse à nouveau au fantastique. Ce sera chose faite en 1959 avec deux
films. Jean Renoir adaptera le roman de Stevenson (Docteur Jekyll et Mister
Hyde) avec "Le Testament du Docteur Cordelier" dans lequel un savant, le
docteur Cordelier, voit sa partie sombre apparaître sous la forme de Monsieur
Opale, après avoir absorbé un sérum de son invention. Mais autant Cordelier est
un homme charmant, Opale n'est qu'une brute épaisse qui terrorise les femmes
et les enfants…
Mais la vraie révélation de l'année 1959 est sans conteste le film de Georges
Franju, le sublime "Les Yeux sans Visage", ou cette fois, on peut bien parler
"d'horreur" à la française !
* LES YEUX SANS VISAGE
1959 - film français de Georges Franju - Noir et Blanc.
Réalisateur de l'éprouvant "Le sang des Bêtes" (court métrage sur les abat-
toirs), et des superbes "La tête contre les murs" et "Judex", Georges Franju se
tente au film d'horreur avec le chef-d'œuvre qu'est "Les yeux sans visage". Le
docteur Genessier a une fille, Christiane, défigurée après un accident de voi-
ture. Ne supportant pas son état, il fait croire à son entourage qu'elle est morte.
Il décide alors de lui redonner
un visage en enlevant des jeu-
nes filles lui ressemblant et
pratique des greffes de visages, qui ratent malheureusement. La jeune
fille semble perdre espoir et sombre dans la dépression. Son fiancé
commence a avoir des doutes…
3 ans avant Blood feast, Franju utilise déjà le gore dans son film à
travers des scènes d'opération assez crues. Son film est aussi terri-
fiant grâce à une ambiance malsaine du plus bel effet. Le trio d'ac-
teurs est inoubliable : Pierre Brasseur, inquiétant à souhait, Alida val-
li qu'on reverra dans Suspiria et Inferno; quant à Edith Scob, elle
reste l'un des meilleurs point du film. Avec sa silhouette fine, son
masque blanc et sa démarche fantomatique, elle traverse le film
comme un spectre avec une grâce poétique magnifique. La scène fi-
nale reste un grand moment d'horreur mais aussi de poésie avec cette
image mémorable et surréaliste où Edith Scob s'enfonce dans la forêt,
entourée de colombes au son de la merveilleuse musique de Maurice
Jarre. Rien que pour ça , Les yeux sans visage est un chef d'ouvre du
cinéma fantastique français et pourquoi pas du cinéma tout court ?
En 1960, Cocteau, toujours lui, nous livre encore un film fantastique avec "Le Testament d'Orphée". En 1965, c'est
vers la science-fiction que se tourne la réalisation de Jean-Luc Godard avec son "Alphaville". Science-fiction tou-
jours en 1966 avec l'excellent "Farhenheit 451" de François Truffaut. Roger Vadim nous livrera également un film
de SF avec son "Barbarella" en 1968. C'est également l'année où il s'associera avec Federico Fellini afin de réaliser
ensemble "Histoires Extraordinaires", film à sketches basé à nouveau sur les écrits d'Edgar Poe.
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Les années 70 vont marquer une phase nouvelle pour le cinéma fantastique français. Tout d'abord, deux films surna-gent du lot des productions de cette année là : * LE CHARME DISCRET DE LA BOURGEOISIE
1972 - film français de Luis Bunuel - Couleurs.
Certains se demanderont qu'est ce que vient faire un film pareil dans ce dossier, sur-
tout que Bunuel n'a jamais réalisé de films fantastiques mais des films surréalistes.
Pourtant le surréalisme est rattaché directement au fantastique puisque mettant en
scène des situations sans queue ni tête, parfois franchement drôle ou franchement in-
quiétante. Accompagné évidemment d'un côté provocateur savoureux et parfois très
en avance sur son temps (voir l'œil tranché dans un chien andalou) ainsi que d'une
satire ou d'une réflexion toujours pertinente (ici la satire de la bourgeoisie). Le scéna-
rio est on n'eut peu plus simple : une groupe de bourgeois s'invite pour un repas mais
celui-ci est toujours repoussé par un événement surréaliste. Événements d'ailleurs
plutôt drôles : il y a un mort dans le restaurant, le repas est mal fixé, intrusion de per-
sonnages quelconques qui raconte une histoire. C'est d'ailleurs là le point le plus inté-
ressant, chaque histoire est basée sur le fantastique ou l'horreur : vengeance de pa-
rents fantômes qui ordonnent à leur fils de tuer le faux père, retrouvailles dans une ville fantôme avec des êtres chers
mort depuis longtemps, un commissaire sadique qui revient hanter le commissariat où il travaillait ou bien encore un
prêtre fusillant l'assassin de ses parents. Des saynètes fantastiques qui ne font qu' augmenter la qualité de ce film sur-
réaliste mémorable.
* LE LOCATAIRE
1975 - film français de Roman Polanski - Couleurs.
La trilogie des appartements maudits, composés de Rosemary’s Baby et de Répul-
sion, va pouvoir s'achever avec Le locataire. Roman Polanski incarne lui-même le
héros, un jeune employé de bureau timide et seul qui déniche un appartement dans
un immeuble assez inquiétant. Édifice rempli de personnages bigarrés et étranges qui
veulent le silence à tout prix. L'ancienne locataire de l'immeuble s'est d'ailleurs jetée
par la fenêtre pour une raison que tous le monde ignore. Tout comme Mia Farrow
dans « Rosemary’s baby » ou Catherine Deneuve dans « Répulsion », le héros va
sombrer dans la folie et devenir paranoïaque. Seulement on ne saura jamais si celui-
ci à raison ( les habitants lui veulent-ils vraiment du mal ?) ou s'il devient fou. Au
passage, le casting contient son lot d'acteurs célèbres : Isabelle Adjani, Shelley Win-
ters, Bernard Fresson, Rufus, Michel Blanc, Gerard Jugnot, Josiane Balasko, Claude
Piéplu. Polanski signe encore une ouvre terrifiante voir même traumatisante (la scène
finale est Vraiment tétanisante). Bizarre, insolite, flippant ( la musique de Philippe Sarde et la photographie de Sven
Nykvist y contribue beaucoup ), Le locataire boucle brillamment la trilogie de Polanski .
Et puis, il y a l'apparition d'un réalisateur qui va constamment oeuvrer pour le cinéma fantastique français : Jean Rol-
lin. Dès 1968, Jean Rollin se lance dans le cinéma fantastique avec "Le Viol du Vampire", dans lequel il mêle déjà
ce qui sera sa marque de fabrique, à savoir fantastique, vampire et érotisme. Il récidive en 1969 avec l'excellent "La
Vampire Nue", film où la poésie règne, où la photographie est très belle et qui provoque chez le spectateur une im-
pression étrange de voir un film différent. Passionné par la mythologie du vampire, Rollin se lance donc dans une va-
gue de films vampiriques avec "Le Frisson des Vampires - 1970" et "Requiem pour un Vampire - 1971". Il réali-
sera aussi une histoires de fantômes vengeurs avec "Les Démoniaques - 1973". Viendront ensuite des films où l'hor-
reur sera plus important comme "Levres de sang - 1974", "Les Raisins de la Mort - 1978" ou encore "Fascination -
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1979" et "La Nuit des Traquées - 1980". Il réalisera bien d’autres films
par la suite, dont le fameux Lac des Morts Vivants. On reproche souvent
aux films de Jean Rollin d'être la version filmique d'un somnifère. Il n'em-
pêche que seul Jean Rollin a osé s'aventurer dans le cinéma fantastique de
façon permanente, malgré la mauvaise réputation de ce genre par chez
nous. Les films de Rollin sont toujours baignés dans une atmosphère gothi-
que, poétique, érotique. Jean Rollin a su imposer sa touche personnelle et
ses films se reconnaissent au premier coup d'œil. D'ailleurs, les anglais lui
voue un culte particulier. Bref, n'hésitez pas à vous plonger dans son uni-
vers, il y a toujours quelque chose à en tirer.
* LA VAMPIRE NUE 1969 - film français de Jean Rollin - Couleurs.
Une jeune fille vêtue d'un
drapé orange transparent est
conduite dans un labora-
toire où on lui fait subir des
prises de sang. Parvenant à
s'échapper, la fille court
dans les rues, la nuit, et se
fait poursuivre par des
hommes portant des mas-
ques d'êtres démoniaques. Pendant sa fuite, elle rencontre Pierre, un jeune
homme mais se fait tirer dessus par les hommes et s'écroule. Les hommes
emporte la jeune fille dans un immeuble qui appartient au père de Pierre.
Celui-ci veut en savoir plus et commence à mener une enquête. Il s'intro-
duit dans l'immeuble la nuit, avec d'autres personnes qui se rendent égale-
ment à une bien étrange soirée. Là, Pierre découvre une sorte de sectes où
les membres se suicident afin d'être offerts à la jeune fille, qui n'est pas
morte malgré le coup de feu…
La Vampire Nue est un film lent, certes, même très lent, mais assez inté-
ressant de par son scénario, qui tient en haleine le spectateur, bien décidé à
savoir le secret de cette jeune femme énigmatique. Est-elle vraiment un
vampire ? Qui sont ces gens qui veulent la récupérer ? Quels motivations
animent les trois savants qui essayent de la préserver du monde extérieur ?
De nombreuses questions auxquelles Rollin apportera des réponses, et de
façon originale, sortant des sentiers battus des classiques films de vampi-
res. Comme à son habitude, l'érotisme flirte avec le fantastique et bons
nombres de ses actrices voient leurs nudités offertes aux spectateurs. Il y a
également beaucoup de poésie dans ce film et de très jolies scènes, qui en
font un spectacle à part mais qui mérite d'être vu.
III / LES ANNEES 80 - 90 On ne sait pas exactement ce qui s'est passé mais les années 80 - 90 ont
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provoqué un nouveau souffle sur le cinéma fantastique français. Des jeunes réalisateurs font leurs premières armes à
travers des films stupéfiants et vraiment différents. Une nouvelle génération en somme. Déjà en 1982, Francis Leroi,
réalisateur plutôt spécialisé dans le film érotique, voir pornographique, se lance dans une production fantastique qui
va se révéler forte intéressante : "Le Démon dans l'île".
* LE DEMON DANS L'ÎLE
1982 - film français de Francis Leroi - Couleurs.
Francis Leroi s'essaye au fantastique en 82 avec le surprenant "Le démon dans
l'île". D'abord en voyant Annie Duperey et Jean Claude Brialy en tête d'affiche
on a un peu peur, on se dit que c'est encore un stupide nanar à la française mal
joué et mal foutu. Mais le film est tout l'inverse, nous racontant l'histoire d'une
jeune femme, le docteur Gabrielle Martin, qui s'installe sur une petite île de la
Manche. Elle remarque que des appareils ménagers semblent se retourner contre
leur utilisateur et un bien étrange docteur semble lui cacher quelque chose…
Non seulement le film tient la route et évite le ridicule mais le suspense fonc-
tionne très bien. Ce n'est pas un hasard si le film reçu le prix du suspense à Avo-
riaz. Les meilleures séquences sont celles où les appareils du quotidien devien-
nent dangereux : un nounours mécanique jouant du tambour crève l'œil d'une pe-
tite fille avec sa baguette, une femme à la main coincée dans le four, une cafe-
tière explose, un rasoir bic provoque une belle entaille sur la joue d'un gars et un
couteau électrique se met à déchiqueter les mains d'un brave monsieur. Ces scè-
nes sont pourvues d'une violence hard assez éprouvante et très rare dans le ciné-
ma français. De ce point de vue là, le film n'est pas un chef d'œuvre mais une
belle réussite !
Puis c'est le débarquement en fanfare de toute une tripotée de films fantastiques made in France qui vont surgir sur les
écrans, passant de l'humour noir dérangeant au gore éclaboussant !
* BAXTER
1988 - film français de Jérôme Boivin - Couleurs.
On a toujours voulu savoir ce que pense les chiens et bien Baxter va vite vous
en enlever l'envie. Film très noir, Baxter raconte le nouveau départ que va
prendre un bull-terrier après avoir été offert à une vieille dame. Celle-ci va
commencer à sombrer dans la démence et finira par se faire tuer par Baxter qui
ne la supportait plus. Ensuite c'est un jeune couple très libéré qui va l'adopter
mais l'irruption d'un bébé le gène et il décide de noyer le nourrisson. Sans suc-
cès évidemment, il est envoyé dans une famille dont le fils, Charles, va tenter
de l'apprivoiser. Mais Charles est un enfant dérangé, une graine de nazi fasciné
par Eva Braun. Et si Baxter avait trouvé pire que lui ? Jamais ennuyeux, dé-
pourvu d'humour et baignant dans un climat malsain, Baxter est une très bonne
surprise qui sera oublié trop vite. Angoissant et envoûtant, le film réussit égale-
ment à ne jamais être pompeux ou banal... La voix de Baxter (dialogue de Jac-
ques Audiard) devient rapidement enivrante, faisant le charme certain du film.
Baxter n'a rien de son pouvoir de séduction et vous le prouvera avec cet excel-
lent film ; et comme disait le slogan de l'affiche : Méfiez vous du chien qui
pense !
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* BABY BLOOD
1989 - film français d'Alan Robak - Couleurs.
Imaginez un mélange de Elmer le remue méninges et de Rosemary's Baby !
Et bien Baby Blood c'est un peu ça mais avec beaucoup de gore, d'humour noir
et d'originalité.
Yanka est une jeune femme aux rondeurs appétissantes, travaillant dans un cir-
que. Son amant, qui est le directeur du cirque, la martyrise et ne la rend pas
heureuse. Un jour, un tigre venu d'Afrique libère un parasite qui se trouvait
dans son corps, et qui va féconder Yanka. Celle-ci s'enfuie et emménage dans
un appartement abandonné. Elle porte en elle une créature qui doit vivre de
sang et lui demande (elle peut parler en plus) de tuer des hommes pour se nour-
rir. Réticente au début, Yanka finit par accepter et commence un parcours jon-
ché de cadavres…
Ce qui est étonnant, c'est qu'on a droit ici à un film très gore et pourtant bien
français. On y trouve des apparitions de Alain Chabat, de Jean Yves Lafesse, et
même de Baxter ! On remarque même lors du générique de fin que la voix du
bébé est interprété par un certains Roger Placenta ! Les meurtres sont donc très
gore et bien craspec : tête défoncée contre un mur puis décapitée à coup de ma-
traque, couteau dans l'épaule, poignardement sauvage avec un ciseaux filmé en
vue subjective (du point de vue du ciseaux), corps explosé avec du gaz, coup d'extincteur en pleine figure... L'humour
noir est aussi bien présent comme cette scène où Yanka vole un camion de don du sang avec un pistolet en plastique
ou encore lorsqu'elle étrangle avec le fil du téléphone une mémé gâteau qui lui racontait la joie de l'accouchement. Un
film débridé et bien frappé comme on n'en voit trop peu. Jouissif, grand guignolesque et trash, LE film gore français.
* 36-15 CODE PERE-NOEL
1989 - film français de René Manzor - Couleurs.
Réalisateur du très moyen "Le passage" et du médiocre "Un amour de sorcière", René Manzor a pourtant réalisé entre
ces deux déceptions cet excellent film qu'est 36 15 code père Noël. Le héros
est un jeune garçon nommé Thomas qui habite dans un immense château avec
sa mère et son grand père. C'est la veille de Noël et le gamin se retrouve seul
avec son papy, tentant de capturer le père Noël. Mais pendant ce temps, sa
mère qui travaille dans un magasin de jouets, renvoie un faux père Noël qui a
giflé une petite fille. Cette homme, un espèce de psychopathe limite pédophile,
décide de se venger en allant persécuter Thomas et accessoirement le tuer. La
traque va être longue et violente, autant pénible et éprouvante pour le héros que
pour le spectateur…
Incroyable et angoissant, tels sont les deux adjectifs pour qualifier le film. René
Manzor signe un survival brutal et marquant, sorte de version méchante de Ma-
man j'ai raté l'avion. Le personnage du psychopathe (qui s'habille en père Noël
d'ailleurs) est une belle représentation du croque-mitaine dans toute sa splen-
deur. Le décor du film est particulièrement gigantesque donnant lieu à une am-
biance des plus fantastiques. Servant à faire l'ouverture du festival d'Avoriaz de
1990, on se demande pourquoi un tel film a eu du mal à être culte, ce qui n'est
jamais arrivé d'ailleurs et c'est bien dommage. Un survival prenant et très origi-
nal à redécouvrir d'urgence !
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* ADRENALINE, LE FILM(S) 1990 - film français de Alain Robak , Yann Piquer , John Hudson , Jean Marie Maddedu , Anita Assal , Barthélemy
Bompard et Philippe Dorison .
Adrénaline est en fait un film à sketches regroupant divers courts métrages de cette époque. Des courts surréalistes,
frappadingues, bourrés d'humour noir et d'idées folles, jugez plutôt : un pauvre type se fait arracher ses membres
mais reste toujours vivant, un homme traverse une maison remplit de piéges mortels, la tête d'un homme est frappée à
outrance comme un punching ball pour devenir une « sculpture », une voiture se révolte contre son conducteur,
une femme voit son plafond descendre petit à petit, une télé est possédée par le diable, un métro qui rend fou. Les au-
tres sont un peu faiblard (la dernière mouche, graffiti, embouteillage) et ont un intérêt restreint. Ils faut donc voir
le film pour ces sketches hallucinants qui ont de quoi surprendre le spectateur le plus endurci.
Un film de fou avec un grand F !
IV / LES ANNEES 90
Des années bien calmes pour le cinéma fantastique français qui semble prendre une pause :
* LA TRILOGIE KOUNEN : GISELE KEROZENE - VIBROBOY - LE DERNIER CHAPERON ROUGE
1989 - 1993 - 1998 - Courts métrages français de Jan Kounen
Outre Dobermann, Blueberry et sa série inachevée Capitaine X, Jan Kounen a réalisé une
trilogie de courts métrages saisissants qui déploie le talent du bonhomme. Le pre-
mier (Gisèle Kérozène) est un énorme délire durant quatre minutes où des sorcières se
poursuivent avec des balais motorisés. Entièrement tourné image par image, ce court mé-
trage qui va à fond dans le n'importe quoi recevra le prix du court métrage à Avoriaz en
1989, bien mérité. Avec Vibroboy, on passe à la vitesse supérieure avec un type jaloux et
violent se transformant en machine de guerre armée d'un marteau pilon surmonté d'un
godemiché ! Le possédé va commencer à poursuivre sa femme et son travelo de voisin,
qu'il finit par attraper pour un plan final mythique où il chante « parlez d'amour » en lui
enfonçant son arme dans la bouche. Mouvement de caméra ultra speed, humour grivois,
personnages frappés, c’est du délire ! A l'époque de sa sortie, Mad Movies répliqua sur le
film : « le bonheur tout simplement, un coup de chaussure clouté dans le cul du cinéma
français ! » et ils ont raison. Le troisième (le dernier chaperon rouge) est complètement
différent ce qui ne l'empêche pas d'être barge aussi. Revisitant de manière sanguinaire le mythe du chaperon rouge,
Kounen nous régale encore une fois. Emmanuel Béart incarne le petit chaperon dans un univers très particulier qui
n'est pas sans rappeler visuellement celui de Tim Burton. Il y a des chansons, certaines scènes sont filmées comme
des ballets mais on est loin de Disney (qui n'a jamais adapté le conte, trop cruel ?) : Le loup est romantique mais dé-
voile sa vraie nature (dangereuse) à la fin, la grand-mère est un ancien chaperon qui s'est fait mutilé les jambes par un
monstre et qui a besoin donc du dernier chaperon, le pauvre lapin se fait vider de son sang… Visuellement magnifi-
que, Le dernier chaperon rouge est une expérience unique à ne pas mettre entre toutes les mains et plus particulière-
ment celles des enfants.
* LA CLASSE DE NEIGE
1998 - film français de Claude Miller.
A première vue, La classe de neige est un drame psychologique, pourtant certains éléments fantastiques sont nom-
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breux dans ce film sur l'enfance. Un jeune garçon, Nicolas, semble avoir été traumatisé par quelque chose, oui mais
par quoi ? Celui-ci est envoyé en classe de neige mais Nicolas n'est pas un enfant comme les autres : il se focalise sur
des fantasmes morbides et violents, qui font la force du film. Enterré vivant, retrouvé déchiqueté et encore vivant
par ses parents, voyant des terroristes massacrer sa classe puis emporter les cadavres. Des visions morbides dont on
ne sort pas indemne. Vision de la nature imposante et inquiétante (on pense à Shining), ambiance glauque et mal-
saine, pas d'humour. Le film de Claude Miller est un choc qui dépeint le monde de l'enfance de manière terrifiante et
unique !. Et le lier au genre fantastique en devient presque évident.
V/ LES ANNEES 2000 : UNE NOUVELLE ERE
Gavée par les films cultes tels que Zombie, Evil Dead ou Massacre à la Tronçonneuse, la nouvelle génération est par-
ticulièrement novatrice mais aussi quelque peu décevante. La firme Bee movies est créée mais les films ne tiennent
pas leurs promesses : « Promenons nous dans les bois », « jeu d'enfant », « Brocéliande », « bloody mallory ». On
retiendra plus Requiem et Nid de Guêpes (qui sont des polars). Mais il y a quelques surprises quand même :
* FURIA
2000 - film français d’Alexandre Aja :
Avant Haute tension, Aja avait signé un excellent film d'anticipation qui n'aura pas
l'honneur du public ou de la critique (sauf L'Ecran Fantastique et Mad Movies qui
l'ont défendu). Dans un futur ravagé par la guerre et la dictature, un jeune homme
dessine sur les murs le visage d'une jeune femme malgré l'interdiction de ce genre
d'action. Un jour, il rencontre une femme semblable à lui (c'est aussi une artiste) et
tombe amoureux. Mais elle est arrêtée et doit être torturée. Une terrible révolte s'en-
gage alors pour retrouver la jeune femme.
Une oeuvre splendide, très violente, brillamment interprétée et sous estimée de sur-
croît. Très dur, le film l'est et le spectateur n'en revient pas. Une fin forcément très
émouvante et la musique magnifique de Brian May viennent s'ajouter à cela. Aja nous
prouve déjà son talent, et quel talent.
* MALEFIQUE
2002 - film français d’Eric Valette
Après des courts-métrages prometteurs, Eric Valette réalise une excellente surprise
auquel personne ne s'attendait. Le film Maléfique se déroule dans un seul lieu : la
cellule d'une prison. Dans cette cellule, quatre détenus : Carrére, un patron d'entre-
prise qui pense bien se tirer vite fait bien fait pour retrouver son fils; Lassale, un
énigmatique personnage qui a tué sa femme sur un coup de folie; Marcus, un trans-
sexuel musclé et violent et Pâquerette, un attardé mental qui bouffe tout ce qu'il
trouve. Un jour, ils trouvent un grimoire emmuré qui contient d'étranges incantations
qui pourrait peut être les aider à s’évader. Forcément Valette s'en tire très bien avec
une histoire en béton qui scotche le spectateur du début à la fin, et malgré un petit
budget les effets spéciaux réussissent à être parfaitement crédibles. Des acteurs ex-
cellents, un très bon suspense, du gore et des références évidentes (Evil Dead, les
films de prison). Le spectateur attendant un très bon film fantastique français ne peut
pas être mécontent, tout est mis en oeuvre pour son plaisir et Valette peut être fier de lui.
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* HAUTE TENSION 2002 - film français d’ Alexandre Aja. En 2002, Aja nous revient avec un film d'horreur bien gore et fort en suspense. Alex et Marie (Cecile de France et
Mawenn le Besco, parfaites) se rendent dans la maison de l'une d'elle pour réviser pendant un week-end. Mais à la
nuit tombée, un tueur (Philippe Nahon, acteur fétiche de Gaspar Noé, terrifiant) rentre dans la maison et massacre la
petite famille d’Alex, qui se fait enlevée par le psychopathe. Marie va les suivre et tenter de sauver sa meilleure
amie…
Une tension redoutable tient le spectateur pendant tout le métrage, ne lâchant jamais le spectateur. C'est très gore
(tête explosée à coup de meuble, découpage au rasoir, hache dans le ventre...), bien foutu et surtout mécham-
ment efficace. Au lieu de s'attarder sur un ersatz de Scream, Aja nous balance en pleine poire un survival ultra vio-
lent et vraiment surprenant. On peut regretter quelques incohérences et une révélation finale discutable (mais inat-
tendue et brillante).
Voici donc une excellente occasion de visionner un film d'horreur original qui nous montre que le cinéma d'horreur
français a un certain avenir devant lui et qu'il peut surprendre à tout moment.
Ce petit dossier s’achève donc avec une belle lueur d’espoir concernant notre genre préféré en France. Mais il n’au-
rait pas été complet si nous ne vous avions pas parlé du célèbre Antoine Pellissier, alias Docteur Gore. Médecin le
39
jour et réalisateur de films 100% gore la nuit, les films d’Antoine Pellis-
sier n’ont jamais connu les honneurs d’une distribution sur grand écran.
On peut par contre se procurer ses films en vidéo. Après avoir réalisé
plusieurs petits courts-métrages, Pellissier réalise d’un coup un film-
fleuve d’une durée de 2H52 en 1982 et intitulé « Les Proies du Mal ». Il
continue sur sa lancée en 1984 avec « Folies Meurtrières », film s’ins-
pirant du « Slasher-Movie ». Un film vraiment gore, avec découpage à la
tronçonneuse et tripailles en folie ! Le film reçoit les honneurs du festival
organisé par Mad Movies et obtient le prix du film le plus gore de l’an-
née !
Il réalisera ensuite « L’élue des Enfers », basé sur une histoire de posses-
sion style « L’Exorciste ».
Puis les obligations militaires, son travail et sa vie de famille font qu’il
ne réalisera plus rien jusqu’en 1995.
1995 justement. Le Docteur Gore est de retour avec « Maléficia », tou-
jours aussi sanglant. Ce film est le premier d’une trilogie dont le second
épisode « Horrificia » est actuellement en gestation et à la recherche
d’investisseurs.
Amateurs de gore, n’hésitez donc pas à vous rendre sur le site d’Antoine Pellissier pour découvrir son travail :
http://perso.wanadoo.fr/pellissier.3p/3ppp.htm THE END
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:INTERVIEW ANTOINE PELLISSIER aka DOCTEUR GORE
Antoine Pellissier, alias Docteur Gore, nous a fait le plaisir de répondre à nos ques-
tions. En route donc pour ces quelques lignes retraçant le trajet "hors normes"
d'un réalisateur convaincant et convaincu, que la passion du cinéma d'horreur
guide au quotidien depuis sa jeunesse.
**** Bonjour Antoine Pelissier, tout d'abord comment en êtes vous arrivé à réaliser des
films gore, un genre mis à l'écart parfois ?
J'ai eu deux révélations, le bal des vampires et la nuit des morts-vivants qui m'ont
marqué, ont ouvert une brèche dans mon cerveau. Depuis mon adolescence, je suis
passionné du cinéma d'horreur, de l'excès.
* A quel âge avez-vous commencé à regarder des films d'horreur?
Aux alentours de 15/16 ans, où je passais beaucoup de temps au cinéma, la vidéo
n'en étant qu'à ses prémices.
* Comment arrivez-vous à concilier votre métier et votre passion pour la réalisa-
tion?
La semaine c'est mon métier, et le week-end et la nuit ma passion domine. Cepen-
dant je mets bien la barrière entre les deux activités. Je fais également de la musi-
que, je suis batteur dans un orchestre rock, et je me consacre à ma famille.
* D'où vous vient ce surnom de docteur gore?
C'est un journaliste qui m'a cité dans un journal local de Nîmes en première
page :" Docteur Gore, médecin le jour et réalisateur de films d'horreur la nuit".
Cela date de 4 ou 5 ans, je trouvais cela bien donc je l'ai gardé pour mon image de
réalisateur mais pas de médecin (rires).
* Quels films vous ont incité à passer à la réalisation?
Hormis les deux titres cités auparavant, il y a la série des Evil Dead, Massacre à la
tronçonneuse…
* Puisez-vous des idées dans ces films?
Je suis forcément influencé par les films que je regarde, parfois je retiens le côté
gothique, parfois l'aspect stressant. Il est inévitable que je m'inspire de ces films,
même inconsciemment.
* Pourquoi ne pas avoir opté pour un genre plus subjectif que le gore, le fantastique
ou l'étrange par exemple?
J'aime l'excès, je n'aime pas trop le suggéré, je préfère le visuel. Je fais de la
"pornographie" de l'horreur. c'est un débat qui porte à discussion mais ce genre à
ses spectateurs et ils savent à quoi s'attendre, c'est ce qu'ils veulent ils en sont cons-
cients.
* Dans quelles conditions se sont déroulés vos premiers courts métrages ("Le refuge
des maudits", "Au comble de l’horreur", "Le vampire contre-attaque", "Du sang
sur la neige") ?
Je les ai réalisé à l'âge de 15/18 ans, avec une caméra super8, sans moyens. j'ai utili-
sé le système D avec mes amis et ma famille, cependant cela était passionnant à
faire.
41
* Allons-nous les découvrir un jour en vidéo?
Je ne les ai pas exploités car je les considère comme amateurs avec un grand A,
c'est du bas de gamme à mon sens bien que je ne les renie pas.
Peut-être un jour pourquoi pas…
* Avec les proies du mal, vous avez franchi une étape tant par la durée (près de 3
H) que par la violence des scènes gore, comment s'est déroulé le tournage de ce
marathon de l'horreur?
J'ai voulu réaliser quelque chose de plus concret, de plus fini. J'ai mis 2 ans et
demi pour le faire cela a été très long ( tournages les week-end, etc...) . Le scénario
a bien entendu été plus élaboré, au même titre que les costumes et les effets spé-
ciaux. Le tout a été tourné en super 8. En revoyant le film, je me rend compte de
certaines longueurs. Mais cela a été le "début" de ma carrière.
* Avez-vous été surpris par l'accueil favorable de "folies meurtrières" qui a rem-
porté plusieurs prix?
Compte tenu de la durée autorisée sur les festivals, ce film a eu un certain succès
parmi les festivals amateurs. Ce qui m'a conforté dans l'idée de continuer à réali-
ser des films gore et d'horreur. J'ai été très heureux de l'accueil des médias.
* Entre "l'Elu des Enfers" en 1985 et "Maléficia" en 1998, il s'est passé beaucoup
de temps. Vous êtes-vous heurté à des difficultés?
J'ai fait un arrêt pour des besoins de la vie quotidienne, ma famille, l'armée... etc...
mais le virus du cinéma ne m'a jamais quitté. En 1994 j'ai donc écrit le scénario de
Maléficia.
* A propos de "Maléficia" justement, les acteurs n'avaient pas d'affinités avec le
gore, comment ça s'est passé?
J'ai fait en sorte que cela reste convivial et sympathique pour ne pas les découra-
ger. Cela a été difficile malgré tout, et cela n'a pas été évident de garder les gens
principalement de par leurs activités, leur travail mais aussi parfois à cause de
scènes contraignantes.
* Les effets gores y sont d'ailleurs très réussis, à qui les doit-on?
Deux amis dont un médecin, qui est très fort dans ce domaine. Philippe, Gilles et
moi donc avons concoctés les effets ensemble. cela n'a pas été simple car certaines
scènes ont demandé beaucoup de réflexion. Il y a eu du travail de pré-production
mais aussi de l'improvisation.
* Comment ce film s'est-il retrouvé dans le catalogue Troma?
C'est une histoire un peu compliquée. En fait j'ai voulu rencontrer Loyd Kauf-
mann au festival de Cannes il y a quelques années. Je l'ai rencontré, cependant ses
assistants ont du mal faire suivre mon dossier car je n'ai pas eu de réponses.
Par la suite, ma femme a fait le marathon de New York en 2002, elle en a profité
pour ramener un dossier a Troma. Elle est tombée sur Loyd kaufman en per-
sonne, qui l'a super bien reçue. Cela a duré une heure. 8 jours après, Troma me
rappelle pour me proposer de distribuer Maléficia. Et au final s'en suivirent un an
de transactions.
* Que pensez-vous du cinéma fantastique et gore en France?
Je suis très pessimiste dans mon opinion car je pense qu'il n'y en a pas. Cela me
désespère. Il n'existe ni producteur ni réalisateur qui s'y risque. Soit-disant le
français n'aime pas ce genre de film. J'en doute un peu au vu du courrier que je
reçois. Je pense qu'il y a tout de même une filière, un créneau. Il existe beaucoup
de gens qui aiment le gore. Mes patients m'avouent parfois aimer cela et acheter
des films. Peut-être est-ce tabou? Quoiqu'il en soit je continuerai dans ma lancée!
42
* Et au niveau des festivals, ce genre à l'air d'être boudé
non?
La tendance est plutôt au suspens et à la suggestion. Le
gore semble rebuter les gens.
* Pensez-vous que cela vienne du fait d'un scénario consi-
déré comme mince justement?
J'embarque les spectateurs dans une histoire simple et
droite, je pêche un peu dans la faiblesse du scénario. Mais
c'est volontaire, c'est un spectacle. En France on préfère
les intrigues compliquées, moi j'ai toujours été pour les
choses directes. On choque forcément mais on sait très
bien ce que l'on fait, ça fait partie du genre.
* Ou en est votre prochain film "Horrificia" annoncé
comme le second volet d'une trilogie ?
La préparation est quasiment finie, j'en suis à deux ans de
préparation, il sera plus abouti que Maléficia. J'essaie de
rencontrer des producteurs ce qui n'est pas évident. En
France cela n'est pas évident parce que personne ne croit
aux films gore, il faut aller chercher des financements à
l'étranger.
* Allez-vous faire appel à des professionnels pour les effets
spéciaux sur ce tournage?
Je vais faire appel à David Scherer, avec qui j'ai énormé-
ment sympathisé. Il est ok pour assumer toute la mise en
scène des effets spéciaux. Il aura énormément de travail,
mais j'ai vu également tout ce qu'il a déjà accompli. C'est
remarquable et je suis ravi de l'avoir dans mon équipe.
* Y'a-t-il un film récent que vous avez apprécié ?
L'Armée des Morts, le remake de Zombie, bien qu'il n'at-
teigne pas des sommets fut une bonne surprise en terme
visuel.
* Finalement que conseilleriez-vous à un jeune qui décide
de se lancer dans le cinéma d'horreur?
De le faire avec passion, c'est ce qui doit primer. Il n'y a
que ça qui doit faire avancer les choses. Niveau finance-
ments cela est plus compliqué. Mais avant tout il faut com-
muniquer votre passion à d'autres pour qu'ils vous sui-
vent. Et surtout continuer quoiqu'il en soit.
Personnellement je suis autodidacte cela n'était pas mon
métier. Et bien qu'une école puisse amener de bonnes ba-
ses, je pense qu'il faut rester authentique.
* Merci Antoine Pellissier de nous avoir accordé de votre
temps. Merci à vous, je vous remercie vous et vos lecteurs, ainsi
que mes fans et les fans du cinéma d'horreur.
Questions rédigées par Gérald Giacomini.
Propos recueillis par Lionel Colnard.
43
Egérie de tout un véritable fan club pour sa prestation dans le
film culte de Tobe Hooper, ‘’Massacre à la Tronçonneuse’’,
on peux regretter que Marilyn Burns n’a pas capitalisé sur son
rôle et a très vite disparu des écrans. Comme prisonnière à
tout jamais de son premier rôle.
Marilyn Burns, originaire de Pennsylvanie (5 juillet 1956), est
l’une des Scream Queens les plus connues dans le monde, mal-
gré une très courte carrière. Une notoriété qu’elle doit donc à
Tobe Hooper, pour qui elle endosse le rôle de Sally Hardesty.
Héroïne fortement maltraitée dans le célèbre ‘’Massacre à la
Tronçonneuse’’, la belle a l’occasion de montrer qu’elle a de
la voix. Elle gagne alors ses galons de reine du ‘’Cri’’. Un pre-
mier rôle marquant qui va influer sur la suite de sa carrière.
Marilyn récidive deux ans plus tard dans un nouveau film
d’horreur, encore mis en scène par Tobe Hooper : ‘’Le croco-
dile de la mort’’. Elle se retrouve dans un hôtel tenu par un
individu qui nourrit son alligator en lui donnant en pâture ses
invités. Le film n’acquiert pas la même notoriété que ‘’Texas
Chainsaw Massacre’’, malgré son caractère très malsain égale-
ment. La suite de sa carrière est nettement moins intéressante.
On la retrouvera dans un médiocre film d’horreur, « Kiss Dad-
dy Goodbye » en 1981, puis dans un film de science-fiction,
« Future Kill », en 1985.
L’actrice renouera avec Leatherface en 1994, à l’occasion des
vingt ans du film original. Malheureusement, c’est dans le très
médiocre ‘’Massacre à la Tronçonneuse 4’’ où elle se
contente d’une brève apparition. On signalera pour compléter
sa filmographie qu’elle interprète la compagne du tueur Char-
les Manson, dans le téléfilm, ‘’Helter Skelter’’ en 1976.
La belle Marilyn n’a donc jamais vraiment eu la chance de de-
venir une actrice à part entière au vu de sa faible filmographie.
Mais pour ses admirateurs, elle restera dans leurs cœurs à tout
jamais comme étant « la fille qui hurle dans Massacre à la Tron-
çonneuse ! »
Gerald Giacomini
PIN- :UP MARILYN BURNS
FILMOGRAPHIE
1994 - The Return of the Texas Chainsaw Massacre
1985 - Future Kill
1981 - Kiss Daddy Goodbye
1977 - Eaten Alive (Le Crocodile de la Mort)
1976 - Helter Skelter (Tv)
1974 - The Texas Chainsaw Massacre
Apparition personnelle :
2000 - The Texas Chainsaw Massacre, The Shocking
Truth (Documentaire)
44
:AVORIAZ RETROSPECTIVE Annee 1973
AVORIAZ
Le festival de tous
les cauchemars Dans les années 80, un festival de ci-
néma se déroulant dans un paysage
neigeux pouvait se targuer d'être aussi
célèbre que le festival de Cannes,
même si les films proposés étaient d'un
tout autre genre que ceux se déroulant
sur la plage cannoise. Son nom : le fes-
tival d'Avoriaz. Sa spécificité : propo-
ser aux spectateurs des films fantasti-
ques, d'horreur et de science-fiction.
Un pari audacieux et insensé mais qui
se révéla vite gagnant, le festival ac-
quérant une renommée mondialement
connue ! Bienvenue dans le festival de
tous les excès, de toutes les bizarreries,
où litre de sang se conjugue au pluriel,
où les phénomènes paranormaux sont
légions et où les cauchemars des réali-
sateurs prennent vie sur pellicule.
Lieu Géographique Le festival d'Avoriaz se déroulait dans
la station de sports d'hiver d'Avoriaz,
située à 1800 mètres d'altitude, au
cœur du domaine Franco-Suisse des
Portes du Soleil. 650 km de pistes sont
disponibles pour les skieurs. L'ensem-
ble des hôtels sont recouverts de bois,
ce qui donne un aspect très original à
la station. Les voitures sont interdites.
On ne se déplace donc qu'à pied, en
traîneau ou avec des skis. C'est à Lio-
nel Chouchan que l'on doit l'idée gé-
niale de créer un Festival du Film Fan-
tastique dans la station. De tout petit
festival, Avoriaz gagne rapidement ses
galons de stars et devient l'un des ren-
dez-vous cinématographiques les plus
connus au monde.
1973 Pour ce premier festival qui se déroule
du 9 au 11 février 1973, la sélection des
huit films représente un petit panel des
différents genres du "fantastique".
Avec « La Baie Sanglante » et ses
meurtres à l’arme blanche, Mario Bava
nous livre un vrai film d’horreur, dé-
clencheur de toute une vague de films
mettant en scène des tueurs fous et
qu’on appellera Slashers Movies.
Douglas Trumbull préfère la science-
fiction à caractère écologique et pré-
sente un film intimiste, « Silent Run-
ning », dans lequel trois hommes isolés
dans un vaisseau spatial sont chargés
de préserver les derniers arbres et végé-
taux, la Terre étant totalement polluée.
Vincent Price est présent dans ce festi-
val sous son personnage du Docteur
Phibes dans le film qui porte son nom
« L’abominable Docteur Phibes » de
l’anglais Robert Fuest. Un film plutôt
réjouissant, à l’atmosphère baroque et
théâtrale, dans lequel Price liquide des
médecins responsables de la mort de sa
femme en se servant des Sept Plaies d’É-
gypte ! Original !
L’écrivain Howard Philip Lovecraft est
aussi à l’honneur avec « The Dunwich
Horror » qui nous présente un jeune
sorcier tentant de faire revenir sur Terre
les Grands Anciens. Bonne ambiance
pour ce film d’épouvante assez réussi.
On assiste également à des révoltes d’a-
nimaux et plus particulièrement de gre-
nouilles dans « Frogs » qui se révèle
plutôt moyen.
Un seul film français sera en compétition
pour cette première année de festival. Il
s’agit de « Themroc » de Claude Faral-
do, pamphlet anarchiste qui nous raconte
la révolte de Themroc, un homme qui en
a marre de son train-train quotidien. Il
s’enferme chez lui, jette ses meubles par
la fenêtre. Bientôt, c’est tous les habi-
tants de son immeuble qui suivent son
exemple et une folie générale commence
à prendre de l’ampleur...
45
Mais la révélation de ce premier festival vient d'un téléfilm
réalisé par un certain Steven Spielberg, "Duel". Sur une
trame classique, Spielberg, grâce à une maîtrise étonnante
de la mise en scène et du cadrage, fait naître le fantastique
en entourant de mystères les raisons qui poussent cet
étrange camion à s'attaquer à un pauvre automobiliste. Le
camion est-il hanté ? Y'a t'il quelqu'un au volant ? Le jury
est séduit et lui décerne le premier Grand Prix !
LE JURY :
Président : René Clément
Membres : Juan Bunuel, Robert Enrico, André Farwagi,
Docteur Ferdières, Gourmelin, René Gainville, Nelly Ka-
plan, Christopher Lee, André-Pierre Mandiargues, Alain
Robbe-Grillet, Claude Tchou.
LES FILMS EN COMPETITION :
* L'Abominable Docteur Phibes (Usa / Gb - 1971 - de Robert
Fuest)
* Les Oiseaux, Les Orphelins et les Fous (Pologne - 1969 - de
Juraj Jakubosco)
* La Baie Sanglante (Italie - 1971 - de Mario Bava)
* Duel (Usa - 1972 - de Steven Spielberg)
* The Dunwich Horror (Usa - 1970 - de Daniel Haller)
* Frogs (Usa - 1972 - de George McGowan)
* Silent Running (Usa / Gb - 1972 - de Douglas Trumbull)
* Themroc (France - 1972 - de Claude Faraldo
Hors Compétition : Aelita (Urss - 1924 - de Jakov Protazanov)
LE PALMARES :
- Grand Prix : DUEL
- Prix spécial du jury : THEMROC
- Deuxième Prix : Les Oiseaux, Les Orphelins et les Fous
- Prix d’interprétation masculine : Michel Piccoli pour Themroc
Stéphane Erbisti
46
SUEURS FROIDES 21
DISPO !!!!
54 pages
Sommaire :
*Previews : nos miran,
shaun of the dead, memo-
ries, nemesis game.Asian
Scans : ab tak chappan,
dead friend, koma, yomi-
gaeri, singles, road taken,
possessed, good lawyer's
wife, doppelganger, brea-
king news, g@me.
*Actualité dvd : la colline
à des yeux, breeders, prin-
temps été automne hiver et
printemps, anatomie de
l'enfer.
*Essentiels Shaw Bro-
thers : tigre de jade, com-
plot des clans, île de la
bête.
*Paul Naschy : furie des
vampires, empreinte de
dracula.
*Takashi Miike : shinjuku
triad society, full metal
yakuza, rainy dog, bird
people of china, andorome-
dia, blues harp, ley lines.
* Hex Trilogie.
*Ciné Kung-fu : Evil
Cult, Legend of a Fighter.
*Indie Eye : goregoyles, i
spit on your corpse, i spit
on your grave.
*Adults Only : faust, cleo-
patra.
*It's Alive ! : alyas Bat-
man and Robin.
A TELECHARGER D’ URGENCE SUR :
http://perso.wanadoo.fr/
sueurs-froides/
SOUVENEZ- . . .VOUS
GABRIEL KNIGHT 2 :
THE BEAST WITHIN
Au milieu des années 90, Sierra s’impose sur le
marché des jeux vidéo d’aventure avec des ti-
tres comme « Leisure Suit Larry », « Quest for
Glory », « King’s Quest ». Parmi l’une de
leurs séries phares, on trouve «Gabriel
Knight » qui flirte allégrement avec le fantasti-
que et le mystère.
Il y a eut d’abord un Gabriel Knight classique
dont l’action se déroulait à la Nouvelle-
Orléans. Le jeune Gabriel se trouve alors
confronté à un culte vaudou. Une histoire réus-
sie qui vaut au jeu une belle réputation. Quoi
de plus logique que d’enchaîner sur une suite ?
C’est chose faite avec un Gabriel Knight 2,
baptisé The Beast within. Un gros change-
ment est opéré par rapport au jeu précédent,
c’est l’utilisation de véritables acteurs dans des
décors photographiés. Rarement un jeu n’avait
atteint un tel réalisme et l’immersion dans la
Bavière (lieu où se déroule l’action) est très
réussie.
L’histoire en quelques mots : Gabriel se trouve
dans le château de sa famille en Allemagne,
lorsqu’il est confronté à une nouvelle enquête
sur une série de meurtres atroces qui pourraient
être liés à des loups-garous. Dans cette enquête,
il va être aidé par son assistante, la jolie Grâce
Nakimura…
En tant que joueur, on est à tour de rôle dans la
peau d’un des deux personnages (Gabriel &
Grâce). Rarement un jeu n’a atteint une telle ré-
ussite, grâce à son réalisme et son histoire très
prenante. Les éléments de l’enquête s’imbri-
quent fort logiquement. L’histoire est bien docu-
mentée et nous plonge dans une Bavière roman-
tique : le roi Ludwig 2, Richard Waggner, etc…
Un jeu digne des meilleures productions fantas-
tiques, on y trouve même quelques effets gores
et la tension monte crescendo jusqu’à la dernière
partie, où de la rapidité est demandé au joueur.
A ce jour, Gabriel Knight 2 fait toujours figure
de must dans l’aventure fantastique.
Solution : http://www.jeuxvideo.com/btajv99/etajvhtm/00103278.htm
Gérald Giacomini
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ET POUR QUELQUES NEWS DE PLUS...
* LES « TORTURED SOULS » DE CLIVE BARKER
Voici quelques semaines maintenant que Clive Barker a retour-
né aux studios Universal la première mouture corrigée du scé-
nario de « Tortured Souls ». En attendant le verdict des pro-
ducteurs, rappelons que l’histoire est directement inspirée par
les figurines que Barker a créées en collaboration avec Todd Mc
Farlane, le fameux dessinateur et « comic designer ». L’his-
toire : un homme rencontre un démon et lui échange sa femme
contre une vie meilleure. Livrée aux créatures terrifiantes d’un
monde parallèle, cette dernière va tout faire pour leur échapper
et sauver son enfant...
Barker précise que les ressemblances évidentes avec « Hellrai-
ser » ne sont que superficielles (d’ailleurs, il ne serait pas le pre-
mier réalisateur à reprendre un sujet pour en donner une autre
version). « Tortured Souls » pourrait néanmoins sonner dès
2005 le retour de Clive Barker à l’horreur sur grand écran, vi-
sant le classement « R » et prévoyant déjà une édition Dvd in-
terdite aux moins de 17 ans.
* ATMOSPHERE, ATMOSPHERE...
Le canadien fou Brian Clément, réalisateur des « Meat Market »
1 & 2, « Binge & Purge » et « Exhumed », lance avec sa pro-
duction Frontline Films le casting de son prochain métrage, «
Dead Inside », qui sera tourné près de Victoria en Colombie
Britannique. Il s’agira d’un film d’horreur « classique », affirme
Clément, davantage basé sur une atmosphère mystérieuse que
sur le gore, et entièrement dépourvue de zombie. Fin des années
40 : une équipe de détectives et de scientifiques enquête sur une
maison vraisemblablement hantée, où tous ceux qui entrent dis-
paraissent. L’un d’eux, un enfant clown, se manifeste régulière-
ment sous la forme d’un fantôme, et les visiteurs des lieux sont
tous victimes de flashes relatifs à la Seconde Guerre Mondiale,
qu’ils n’ont pourtant pas vécue… Classique, quoi !
* LES SERIALS KILLERS DANS LE SANG
Chuck Parello poursuit son exploration réaliste des tueurs en
série américains. Après « Henry : portrait of a serial killer 2 » et
« Ed Gein », « The Hillside Strangler » a écumé plusieurs fes-
tivals avant de sortir aux USA le mois dernier. Il sort en
Grande-Bretagne le 1er décembre prochain et sera disponi-
ble dès la semaine prochaine en zone 1 chez Tartan Vidéo
(aucune sortie sur grand écran n’est prévue en France). Co-
écrit avec le scénariste de « Ted Bundy », « The Hillside
Strangler » retrace l’histoire vraie de Angelo Buono et
Kenneth Bianchi, deux cousins qui assassinèrent ensemble
15 jeunes femmes de 1977 à 1979.
Autre film réaliste ayant pour su-
jet des meurtriers psychopathes,
sorti en juillet en Grande-
Bretagne et diffusé dans seule-
ment 13 salles aux États-Unis de-
puis le mois d’octobre : « The
Manson Family », de Jim Van
Bebber (Deathbeat at Dawn, My
Sweet Satan), aboutissement de
10 années de travail pour le réali-
sateur. Interdit aux moins de 18
ans pour ses scènes explicites de sexe et de violence, le
film a pour but de démystifier une icône toujours dangereu-
sement à la mode, et ce à travers les faux-vrais interviews
des anciens membres du clan Manson, entrecoupés de la
reconstitution fidèle de ce qui amena aux massacres du 9 et
10 août 1969. Un film extrême, dont la sortie en France est
prévue en janvier 2005... directement sur Dvd.
* TRONCONNEUSE AU FEMININ
La première de “Chainsaw Sally”, comédie horrifique de
Jimmyo Burril, aura lieu le mercredi 1er décembre à Balti-
more. Dans le rôle titre,
April Monique Burril
(épouse du réalisateur) in-
carne une femme qui, trau-
matisée par la vision du
meurtre de ses parents, de-
vient sérial killeuse, s’ins-
pirant des classiques des
films d’horreur pour ac-
complir ses crimes. L’im-
mense Gunnar « Leather-
face » Hansen est à l’affi-
che (dans le rôle du père
de Sally… évidemment !),
ainsi que le vénérable et
toujours pimpant Hers-
chell Gordon Lewis !
48
* FOOTBALL, GUERRE CIVILE ET ZOMBIES SS
Sujet de dingues pour un film en pleine pré-production : dans
«The Worst Case Scenario», l’animosité entre les supporters
hystériques des équipes de football hollandaises et allemandes
déclenche une nouvelle guerre en Europe de l'Ouest. Un groupe
d’amis, cherchant alors à fuir le carnage, accoste sur une île de
la mer du Nord… dont les plages ne tardent pas à se couvrir de
zombies SS. Phénomène pour le moins embêtant, et dont l’ex-
plication fera l’objet de révélations hallucinantes… Bénéficiant
d’une présentation de Brian Yuzna, «The Worst Case Scena-
rio» fait un clin d’œil évident au «Shock Waves» de Ken Wie-
derhorn, tout en s’annonçant plus cintré et beaucoup plus gore.
Le scénario et la production de départ sont de Bart Oosterhoorn
(producteur indépendant de Gorehound Canned Film) et du ré-
alisateur Richard Raaphorst, auteur d’un court métrage intitulé
«Zombie 1» et qui a déjà travaillé à la conception artistique de
«Dagon», «Faust», «Beyond Re-Animator» et «Rottweiller».
S’y sont adjoints divers producteurs américains, ainsi que le
scénariste Miguel Tajeda-Flores, dialoguiste sur «Darkness» et
scénariste de «Beyond Re-Animator». Si tout se passe bien, le
tournage aura lieu à l’été 2005. Les premières images promo-
tionnelles, qui ont servi à présenter le projet au marché du film
du Festival de Cannes et transporté Brian Yuzna d’enthou-
siasme, ont fait dire à un critique qu’il s’agissait peut-être là du
meilleur film du monde! Ruez-vous sur le site :
http://www.gorehoundinc.com/promo.html
* PLAGIAT, VOUS AVEZ DIT PLAGIAT ?
Il n’y a pas que le remake automatique dans la vie, il y a aussi la
copie non déclarée : une méthode comme une autre pour nier
l’existence de tout ce qui ne parle pas anglais. Tourné en 2003
par Julian Richards (« Silent Cry », 2002), « Last horror mo-
vie » est encore un film « live » de serial killer, filon juteux
semble-t-il. Raflant de nombreux prix dans divers festivals à
travers le monde, et présenté comme étant dans la veine de «
Henry Portrait of a Serial Killer » (même l’affiche à l’air d’un
hommage au film de John McNaughton), « Last Horror Mo-
vie » s’apprête à sortir en salle en Grande Bretagne.
* TROP HORRIBLE ? Nick Palumbo est un nom qui ne vous dira sans doute pas
grand-chose (c’est le monsieur en jean bleu à côté du barbu
très connu…). Ce jeune metteur en scène indépendant a
pourtant déjà deux films au compteur, « Nutbag » (2000) et
« Murder Set Pieces » (2004), et deux autres en pré-
production: « Nutbag 2 » et « Sinister ». Et quels films ! A
voir les trailers disponibles sur son site, le moins qu’on
puisse dire est qu’il ne s’agit pas d’un amateur. Passé par
une école de cinéma de Los Angeles qu’il a finalement
abandonnée pour investir ses fonds dans son premier film,
Nick Palumbo nage depuis son enfance dans la marmite de
« Texas Chainsaw Massacre », « Maniac », « Henry » et «
Dawn of the Dead ». Son seul intérêt dans la vie ? Les
films d’horreur, un point c’est tout. « Murder Set Pieces »,
qui sort en cette fin d’année aux USA dans un nombre ré-
duit de salles, raconte l’histoire d’un photographe devenant
serial killer. Le film, qui arbore une esthétique éblouissante
de beauté et de maîtrise, est si violent et si résolument dé-
pourvu de toute concession (tous les meurtres sont filmés, y
compris ceux des enfants) que les laboratoires chargés de
développer la pellicule 35mm ont alerté la police, intenté
une action judiciaire et refusé de continuer le travail. La
justice a finalement donné raison à Nick Palumbo, et son
film « Murder Set Pieces » s’en sort avec un inespéré NC-
17.
49
* SALES GOSSES Depuis le succès du “Sixième
Sens” de l’ineffable Shyamalan,
on s’est rappelé que les enfants
voyaient tout et entendaient tout.
Surtout les fantômes. Pour varier
le sujet sans trop décoiffer son pu-
blic, la Fox sortira le 28 janvier
2005 le « Hide and Seek » de
John Polson, déjà réalisateur du
très oubliable « Swimfan »
(2001), sorte de « Liaison Fatale »
pour ados. A l’affiche tout de
même sont réunis Robert de Niro
(un papa veuf), Elisabeth Shue (la nouvelle copine à papa) et
Dakota Fanning (la fille de papa), pour une histoire de gentille
petite fille de 9 ans «qui-a-perdu-très-tôt-sa-mère-et-va-faire-
son-deuil-d’une-façon-un-peu- spéciale», avec son copain ima-
ginaire, Charlie… Espérons que dans ce débordement d’imagi-
nation, Famke Janssen, qui joue la pédo-psychiatre de service,
ne sera pas un ectoplasme qui s’ignore. Ce serait trop dégrisant.
Quand la Troma s’occupe des enfants,
évidemment, ce n’est pas le même
genre de baby-sitting ! La firme indé-
pendante vient de lancer un appel à tou-
tes les bonnes volontés afin de restaurer
la copie de « The Children » (aka «
The Children of Ravensback »), plus
connu en France sous le titre « De si
gentils petits monstres ». Le film, qui
relate les méfaits de sales petits gamins
transformés en zombies par un nuage de gaz toxique, date de
1980 et est signé Max Kalmanowicz (qui se rendit coupable
deux ans plus tard d’un film intitulé « Dreams Come True »,
histoire d’ados amateurs de « near death experience » : un nanar
qui compte parmi les pires films de l’histoire du cinéma). La
musique est signée Harry Manfredini, connu pour avoir réalisé
les scores des « Vendredi 13 », mais aussi de « Zombie Island
Massacre » et autres « Terminal Invasion ». Si vous pensez pou-
voir aider Troma dans sa quête, rendez-vous ici : http://www.
troma.com/children/
* CHEZ NOUS AUSSI, CA SAIGNE !
Actuellement en tournage dans l'est de la France, "Opération
Néo" , un premier long métrage tourné en Dv par deux jeunes
réalisateurs fans de cinéma Antonio Rosse et Sylvain Urban, est
une comédie délirante qui parodie les derniers films fantastiques
de la décennie! Tout y passe : "Matrix", "Resident Evil",
"Freddy contre Jason", "L'Armée des morts… Passant allègre-
ment de la comédie loufoque au gore craspec, "Opération Néo"
devrait voir le jour d'ici 2006… Le talentueux David Sche-
rer participe aux effets spéciaux sanguinolents.
* « OFF SEASON » ET « SATAN HATES YOU »
Le deuxième long métrage du
réalisateur James Felix
McKenney, « The Off Sea-
son », vient de sortir aux
Etats-Unis fin octobre. A l’af-
fiche figure le grand Angus
Scrimm (le « tall man » des «
Phantasm 1, 2, 3 et 4 »),
Christina Campenella (« The
Addiction », Abel Ferrara,
1995) et Don Wood, déjà ac-
teur principal sur « Canniba-
listic ». Mc Kenney passe
cette fois à une histoire de fantômes, qui se veut toutefois
différente de toutes celles qui sont sorties récemment. Un
couple new-yorkais y quitte « la Grande Pomme » pour
l’hiver et emménage dans le studio d’une seule pièce d’un
motel minable du Maine. Le voisinage s’avère rapidement
étrange et le studio hanté, ne permettant aucune porte de
sortie…
Sur ce, James Felix McKenney travaille sur un nouveau
projet qui s’occupera cette fois de démons, avec un titre on
ne peut plus clair : « Satan Hates You ». Hommage aux
films d’épouvante à connotations religieuses des années 60,
il contiendra deux lignes narratives : celle d’un homme en
proie à ses désirs de meurtres, et celle d’une adolescente
rebelle tentant de retrouver les vraies valeurs de la vie à
l’aide d’un télévangéliste qui s’avère être un ange. Dans les
deux cas, une horde de démons tentera de les obliger à res-
ter du côté du mal. Un mélange d’humour et de morale
stricte pour lequel McKenney espère obtenir un casting
élargi et des effets spéciaux plus conséquents que dans ses
précédents films.
* LE REQUIN FRAPPE ENCORE
Certains et certaines d’entre vous le savent déjà, mais com-
ment ne pas en parler au vu de cette superbe affiche ? Une
nouvelle « requinade » est en piste pour la télévision et le
direct-to-video grâce à Regent Entertainment, récente firme
d’exploitation qui compte bien renvoyer ad patres ses
concurrents tels Nu Image en produisant des nanars de tou-
tes catégories. « BLUE DEMON » est réalisé par Dan
Grodnik, qui a déjà à son compte « Nature of the Beast »
(1995), « The Rage » (1996) et « Who is Cletis Tout? »
(2002). Cette fois, le titre du film est aussi le nom donné à
50
tons-lui un bon courage… ou un bon ratage !
* DEJA VU ? PAS SUR…
Sous une lune rouge, quatre amis en route pour fêter Hallo-
ween ont un accident de voiture, eh eh… Ils s’aventurent
alors dans une ferme isolée… ben oui. Et là, ils réveillent
sans le vouloir un vieux démon… nom d’un p’tit bon-
homme!
N’empêche, « THE ROOST », présenté par le distributeur
indépendant Glass Eye Pix, semble avoir épaté les privilé-
giés qui l’ont vu en avant-première, allant jusqu’à déclarer
à son propos qu’il s’agissait du nouveau « Evil Dead », rien
de moins. Tourné en 16mm dans le Delaware et en Penn-
sylvanie, il s’agit du premier long-métrage de Ti West, le-
quel a jusqu’à présent réalisé des courts présentés et primés
dans de nombreux festivals (« Prey », « The Wicked », «
Infested »).
* SPACE WEREWOLVES
Persistant dans le genre horreur
après “L’Exorciste: Au com-
mencement”, Renny Harlin
semble s'attacher à un projet qui
le fera aborder cette fois le
thème de la lycanthropie. Parti-
cularité saisissante du projet :
l’histoire se déroulera sur la
lune, où un groupe de travail-
leurs va tomber sur un groupe
de loups-garous particulière-
ment voraces. Certainement
plus proche (dans l’esprit) des séries B qui ont vu débuter
Harlin (« Prison », « Freddy 4 ») que des grosses machines
hollywoodiennes, « Full Moon Fever » est adapté d’un co-
mic book de Joe Casey.
* « SHE FREAK » - LE REMAKE
Tim Sullivan et son co-scénariste Chris Kobin vont prépa-
rer le remake de « She Freak » pour 2005, histoire à mons-
tres et à fantômes… Celle de Daphné, alias Lady Nocturna,
une étrange madame Irma qui convoque les esprits des
grands méchants (Jack l’Eventreur, Fu Manchu, etc...)
avant de les tuer à sa façon pour le plus grand plaisir des
badauds, qui n’y voient que trucages. Défigurée par le pro-
priétaire du cirque pour avoir rejeté ses avances, elle va de-
venir l’ange protecteur de la nouvelle petite recrue, élimi-
nant les males uns à uns…
Gerald Giacomini & Stéphane Jolivet
un projet militaro-scientifique
destiné à dresser des requins
mutants pour en faire des pa-
trouilleurs des mers et proté-
ger les eaux territoriales de
nos chers Etats-Unis. Mais
comble de surprise et de mi-
sère, le projet est saboté!
Toute la bande de néo-requins
s’échappe! Et le plus gros, le
plus fort, le plus malin, bapti-
sé « Red Dog », se dirige
droit sur le Golden Gate,
équipé ni plus ni moins d’une
bombe à neutrons… Bigre!
* JURASSIC CARNOSAUR PARK ?
John Carl Buechler, réalisateur entre autres de « Dungeonmas-
ter » (1985), « Vendredi 13 Part VII » (1988) et « Ghoulies 3 »
(1991), mais aussi créateur des effets spéciaux sur nombres de
films, dont ceux de Stuart Gordon et du prochain « Hatchet »,
va peut-être diriger le tournage de « TOTAL REX », où une
équipe de généticiens donne naissance à un Tyrannosaure qui
va faire… devinez quoi ? Facile, quand on a déjà travaillé sur «
Carnosaur 1 & 3 » (1993 & 1996), « Dinosaur Island » (1994)
ou encore « Krocodylus » (2000). Et outre la vilaine bébête, le
casting comprendra Tony« Candyman »Todd, Dee Wallace
Stone (« Hurlements » en 1981, « E.T. » en 1982, mais aussi «
Alligator 2 : The Mutation » en 1991) et Jeff Fahey (« Darkman
3 » en 1996, « Revelations » en 1999 et « Darkhunters » cette
année).
* LA SUITE QUE TOUT LE MONDE ATTEND !
La suite, la suite! Eh bien, la suite, c’est que celle de « House of
the Dead », intitulée « HOUSE
OF THE DEAD 2 », a trouvé
son réalisateur, et que le tour-
nage commence cette semaine.
Il fallait trouver quelqu’un à la
hauteur pour remplacer Uwe
Böll, mais comme tous les ré-
alisateurs contactés se sont sau-
vés en courant, Lions Gate a
fini par choisir un volontaire :
c’est tombé sur Mike Hurst, ré-
alisateur et scénariste de l’obs-
cur « New Blood » (1999), un
film d’action avec pleins de
sentiments et de gangsters, mais
aussi de la comédie « Baby
Juice Express » (2004). Souhai-
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’ . . .Y A PAS QUE LE CINEMA
L’auteur : Né à Paris, Bernard Lenteric effectua des métiers sans aucun rapport avant de deve-
nir écrivain, et même producteur de cinéma : vendeur de savonnettes, maître nageur,
joueur de poker, colleur d’affiche, ou encore danseur.
A 37 ans, il devient producteur de cinéma, et produit un drame qui lui vaut un grand
succès : Le dernier amant romantique en 1978.
Il se met à écrire l’un de ses premiers romans en 1982 : La nuit des enfants rois, qui
devint un best seller en France. Puis, La Gagne, best seller aux Etats-Unis. Il conti-
nue à écrire, toujours en mêlant la science dans ses romans. Il trempe sa plume dans
des romans d’aventures et de passion avec la trilogie de Les enfants de Salonique …
Certains de ses romans sont adaptés en téléfilm comme « Les maîtres du pain ».
En bref, un écrivain un peu touche à tout que ce soit métiers ou genre de littérature…
Peut être lui aussi un génie caché… Et il n’a pas finit de nous captiver !
Autres ouvrages : La gagne (1984) La guerre des cerveaux (1986) Substance B (1989) Les enfants de Salonique : triologie (1989 / 2001) Les maître du pain (1995) Pour connaître un court résumé de ses œuvres : http://www.livredepoche.com/Livre_De_Poche/_FindAuteurServlet?
IdAuteur=000000000455&TXT_LANGUE=francais&Idorinus=01
Quatrième de couverture : Sélectionné parmi les meilleurs romans par toute la presse, La Nuit des enfants rois se déroule à toute allure, comme un merveilleux film, d'où l'on sort ébloui. Cela se passe, une nuit, dans Central Park, à New York : sept adolescents sont sauvagement agressés, battus, certains violés. Mais ces sept-là ne sont pas comme les autres : ce sont des enfants-génies. De l'horreur, ils vont tirer contre le monde une haine froide, mathématique, éternelle. Avec leur intelligence, ils volent, ils accumulent les crimes parfaits. Car ces sept-là ne sont pas sept : ils sont un. Ils sont un seul esprit, une seule volonté. Celui qui l'a compris, Jimbo Farrar, lutte contre eux de toutes ses for-ces. A moins qu'il ne soit de leur côté... Alors, s'ils étaient huit, le monde serait à eux et ce serait la nuit, la longue nuit, La Nuit des enfants rois. L’histoire : Jimbo Farrar, un informaticien a pour meilleur ami un ordinateur nommé Fozzy. Son but est de calculé le Q.I. de tous les enfants amé-ricains, à la recherche d’enfants dont le Q.I. serait très supérieur à la moyenne. Il en trouve sept. Sept enfants âgés en moyenne de 6 ans. Pendant 10 ans, Jimbo ira les voir séparément pour apprendre à les connaître. Mais lors de leur 16 ans, ils les réunissent à New york. De là , les sept enfants connaîtront l’horreur dans Central Park : viols et agressions à arme blanches, les enfants traumatisés se retourne contre la société. A ce moment là, ils laissent leur « peau d’ange » et deviennent de « petits monstres »… L’avis : Voilà un livre de plus à avoir dans sa bibliothèque ! Une science-fiction maniée avec facilité et souplesse par Bernard Lenteric. Le sujet n’en est que plus fascinant : quoi de plus effrayant qu’une l’intelligence « pure et immense » contrôlée par des « enfants - génies ». Salis, humiliés par une société qui n’a pu en quelque sorte accepter leur différence, ces enfants ne retiennent de celle-ci qu’une haine dont ils souhaitent à tout prix se venger : vols, meur-tres parfaits. Les enfants deviennent maîtres de tout. Écrit dans les années 80, Lenteric dépeint une société où la technologie devient infernale, dangereuse et dont on perd très vite le contrôle : tel qu’aujourd’hui. Toujours d’actualité, et possible, chevauchant réalité et fiction, ce livre effraie facilement et fascine. Rédigé de façon simple, Lenteric reste crédible dans ses recherches (toujours très accès sur la science tout au long de ses écritures) et son histoire tient la route jusqu’au bout avec des péripéties captivantes, parsemée parfois d’humour et d’énigmes que le lecteur peut lui-même essayer de déchiffrer. Les personnages sont inoubliables, surtout le jeune Jimbo et son ordinateur Fozzy. Malgré parfois quelques longueurs, ce livre est un chef d’œuvre, pouvant être lu par tous, ne vieillissant pas et restant toujours aussi puissant. Un excellent livre pour les novices en lecture de science fiction. A lire absolument ! (Autre livre de l’auteur conseillé : La guerre des cerveaux ) Stéphanie Aveline
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’L ENVERS DU DECOR David Scherer, jeune spécialiste français dans le domaine des FX, dont
vous avez eu une interview dans un précédent numéro, nous fait le plai-
sir de nous offrir une nouvelle rubrique dans laquelle il va nous expli-
quer un peu le côté technique des effets-spéciaux de ses films préférés.
Pour cette première édition, ce sera l’ultra gore Haute Tension qui ou-
vre le bal !
Les maquillages spéciaux de Haute Tension sont signés du maître italien en
la matière Gianetto de Rossi, l’homme à qui l’on doit entre autre les effets
très gores des meilleurs Fulci tels que L’Au-delà ou encore L’enfer des zom-
bies…
Pour Haute Tension , l’artiste s’est chargé de visualiser les horribles meur-
tres qui jalonnent le film :
- Pour le meurtre du père, c’est en fait une transition numérique qui permet de passer de l’acteur à son mannequin, un
système de pompes placées hors champs permettant de faire gicler les litres de sang après la décapitation…
- L’égorgement : Gianetto de Rossi utilise une prothèse adaptée au cou de la comédienne et reliée elle aussi à des
systèmes de pompes à sang… La prothèse permet aussi un des effets les plus répugnants à savoir l’ouverture de la
gorge qui se fait en « live » et qui donne l’impression que l’on assiste au déchirement des chairs…
Lorsque l’actrice est allongée sur le sol, il utilise une seconde prothèse représentant cette fois-ci la gorge complète-
ment arrachée et couverte de sang… Un axe de prise de vue adapté complète l’illusion de cette vision d’horreur…
On ne peut qu’être frappé par le rendu très « organique » de ces deux effets ! L’une des grandes forces justement de
la part de Gianetto de Rossi a été de créer des effets qui correspondent parfaitement à l’esprit du film, c’est à dire très
réaliste, violent et glauque (un peu à la manière de Savini pour Maniac ).
- Gianetto de Rossi a également crée une panoplie de faux outils / armes en mousse de caoutchouc (hache, poteau
barbelé… ) servant pour les scènes à risque et moulés d’après de véritables outils… Il les utilisera aussi pour plu-
sieurs effets de blessures comme l’entaille dans le bras de Cécile de France ou le morceau de verre dans le pied, des
effets d’une efficacité exemplaire.
- Dernière grosse scène gore, le découpage dans la voiture… Un système mécanique permet de faire gicler le sang
avec une forte pression de l’outil. Cette scène fut réalisée le plus souvent avec le vrai comédien (acteur maquillé /
tronçonneuse factice plutôt que tronçonneuse / mannequin ) car dans un souci de réalisme, Gianetto de Rossi a préfé-
ré utiliser au maximum des prothèses sur les comédiens plutôt que d’avoir recours à des mannequins ou des faux
corps… Un parti pris technique un fois de plus complètement adapté au coté réaliste et viscéral du film.
Enfin un dernier effet très réussi est le maquillage du dos cicatrisé de Cecile de France, habile mélange de maquil-
lage et de prothèses de mousse de latex qui prouve que Gianetto de Rossi maîtrise aussi bien le maquillage subtil que
les effets gores…
David Scherer
E-ZINE CINE HORREUR VOLUME 4
Merci à Audrey Pimpin, Sophie Legrand, Vincent Hermann et Notari (de gauche à droite et de haut en bas)
Ces créations ont été effectués dans le cadre d’un concours d’art sur le site Ciné Horreur.