Amphores Antiques

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L’apparition de nouveaux types d’amphores révélés par les fouilles récentes, ainsi que leur intégration à des classements typologiques de plus en plus complexes, soulignent le dynamisme de production des régions orientales et plus particulièrement proche-orientales (Cilicie, Syrie, Phénicie, Palestine).

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Manuscrit auteur, publi dans "LRCW 2. Late Roman Coarse Wares, Cooking Wares and Amphorae in the Mediterranean : Archaeology and archaeometry, Aix-en-Provence, Marseille, Arles : France (2005)"

[paru dans M. Bonifay et J.-C. Trglia (d.), LRCW 2. Late Roman Coarse Wares, Cooking Wares and Amphorae in the Mediterranean : Archaeology and Archaeometry, BAR Series, 1662 (ii), 2007, p. 611-625]

LES CENTRES DE PRODUCTION DAMPHORES EN MEDITERRANE ORIENTALE DURANT LANTIQUIT TARDIVE : QUELQUES REMARQUES Dominique PIERIUniversit Paris I Panthon-Sorbonne UMR 8167 Centre dHistoire et Civilisation de Byzance Collge de France

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Nos connaissances sur les aspects typologiques des amphores de Mditerrane orientale durant lAntiquit tardive ont en quelques annes volues dune manire spectaculaire. Ces progrs font, quaujourdhui, ces amphores sont devenues des traceurs particulirement fiables dans llaboration des squences chrono-stratigraphiques de nombreux sites mditerranens. Lapparition de nouveaux types damphores rvls par les fouilles rcentes, ainsi que leur intgration des classements typologiques de plus en plus complexes, soulignent le dynamisme de production des rgions orientales et plus particulirement proche-orientales (Cilicie, Syrie, Phnicie, Palestine). Le succs commercial que connaissent certains produits orientaux ds le dbut du Ve s., principalement le vin, largement diffus dans lensemble des rgions qui participent au grand commerce tardif, tmoigne dune rorientation des modes de production et dune conversion commerciale russie. Dfinir avec prcision les lieux de production damphores est le nouveau dfi qui est lanc aux spcialistes sintressant lorganisation des centres de productions agricoles en Orient. La tache ne semble pas aise apprhender tant les donnes sur la localisation des ateliers de fabrication damphores demeurent lacunaires, tributaires du hasard des dcouvertes archologiques. Cependant, la conjonction de plusieurs types dinformations (littraires, iconographiques, typologiques) permet de circonscrire les zones de production et dvaluer leurs implications respectives dans les mcanismes dchange et de diffusion. KEYWORDS: LATE ROMAN EASTERN AMPHORAE, LATE ROMAN AND BYZANTINE PROVINCIAL STRUCTURE, TRADE, DISTRIBUTION, WINE, KILNS. INTRODUCTION Les recherches archologiques des trente dernires annes ont mis en vidence lapport des amphores non seulement pour la datation des couches dans les fouilles mais aussi dans la dtermination et lapprciation des changes commerciaux pratiqus entre le IVe et le VIIe s. dans lensemble de la Mditerrane. Il en rsulte une parfaite constance et une uniformit dans les liens qui unissent les rgions qui participent au grand commerce. Ceci souvent dailleurs en dpit des vicissitudes et des alas politiques et militaires. Le cadre qui est aujourdhui dpeint aux regards des rsultats accumuls dpasse largement la sphre mditerranenne avec lintgration de rgions priphriques, actives dans la distribution des produits changs mais aussi au sein de la production. A ct des progrs raliss dans la connaissance des centres de production qui concernent les types damphores dsormais bien individualiss (essentiellement ceux mis en vidence par

J.A. Riley ds 1980), de nouveaux phnomnes sont dsormais galement prendre en compte comme la distinction tablir entre les conteneurs vritablement destins lexportation et ceux relevant dune production secondaire voire dans certain cas de la contrefaon. Les circuits emprunts rvlent des rseaux dchanges toujours plus complexes, remettant en cause partiellement la vision rductrice dun commerce linaire essentiellement organis selon laxe sculaire Est-Ouest. Aussi, des rgions dlaisses par la recherche se retrouvent aujourdhui au cur du systme commercial dfini par Constantinople mettant ainsi en lumire de nouvelles perspectives dinvestigations 1. LA QUESTION DES CENTRES DE PRODUCTION EN MEDITERRANE ORIENTALE Ltude des centres de production damphores de Mditerrane orientale durant lAntiquit tardive est peut-tre le dossier qui a le moins avanc et qui reste pour linstant le moins satisfaisant. Pourtant, nos connaissances sur les amphores orientales produites entre le IVe et le dbut du VIIIe s. ont beaucoup volues ces dernires annes. Il suffit pour apprcier ces avances de se rfrer aux publications des actes de colloque parus ces dernires annes (Amman 1994, Aix-en-Provence 1995, Rome 1995, Albisola 1998, Seluk 1998, Badalona 1998, Thessalonique 1999, Barcelone 2002, Athnes 2002, Aix-en-Provence 2005, Ciudad Real 2006, Thessalonique 2006). Les progrs les plus importants concernent surtout les aspects typologiques avec dune part laffinement des classements des diffrents types damphores et dautre part laugmentation du corpus des formes avec lapparition de nouvelles amphores rgulirement rvles par les fouilles rcentes menes en Orient (Fig. 1). De fait, avec ces rsultats rcents, on est aujourdhui dsormais bien loin de la clbre table typologique de John Riley qui prsentait en 1982 et pour la premire fois lensemble des sept types internationaux connus sous lappellation de Late Roman Amphoras. Les datations de ces amphores ont galement connu des progrs spectaculaires au point que ce type de matriel archologique constitue aujourdhui un vritable marqueur chronologique particulirement fiable. Enfin, ce sont les dterminations des contenus qui ont permis de donner ces emballages une nouvelle dimension conomique et surtout de permettre de corriger certaines de nos visions du commerce transmaritime durant lAntiquit tardive. Il ne fait plus de doute aujourdhui que la trs grande majorit de ces amphores de Mditerrane orientale a contenu du vin. Cette constatation se trouve appuye par la prsence de poix sur les parois internes de ces amphores comme cela a t constat frquemment lors dtudes menes sur les contextes portuaires de Carthage, Marseille, Port-Vendres ou Fos et galement sur les gisements sousmarins dpaves comme celles de Yassi Ada, de la Palud, du Dramont E, de Saint-Gervais 2, Dor D ou Giglio Porto. De plus, les nombreux tmoignages littraires prsentent galement limmense majorit des rgions orientales comme essentiellement productrices mais surtout exportatrices de vin. Aussi, la carte gnrale des zones attestes ou prsumes de production montre limplication tendue des rgions du bassin oriental de la Mditerrane dans la production du vin et galement des emballages pour le conditionner et le transporter (Fig. 2). Dans ce tableau idyllique, qui montre certes un dynamisme incontestable des programmes de recherche sur ces amphores, il y a tout de mme des zones dombre qui demeurent. Et parmi les lacunes, il y en a une, et pas des moindres, qui concerne la dtermination des origines prcises des amphores orientales tardives. Et il faut bien avouer que malgr quelques avances significatives, les structures des centres de production restent encore aujourdhui largement mconnues. Et ceci nest pas seulement valable pour les amphores orientales tardives mais galement pour une bonne part des productions cramiques de lAntiquit tardive. En effet, si les relations entre la production amphorique et celle des

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biens destins tre transports peuvent tre apprhendes, du moins globalement, on ne parvient pas encore discerner prcisment lorganisation des ateliers amphoriques. Rien ne permet de dire sil sagit de structures publiques ou prives ou bien mme de connatre les implications de lEtat, et de lEglise. Pourtant, il semble bien que lon ait affaire des structures productives assez libres et htrognes. LEgypte, par exemple, semble en effet montrer un systme largement aux mains du priv, dans lequel la fabrication des amphores est frquemment confie en location ou en grance un potier intermittent par un propritaire terrien ou par un domaine ecclsiastique (cf. documentation papyrologique). Aussi, il est frquent de rencontrer sur les amphores gyptiennes LRA 7 des tituli picti sur la panse ou des estampilles sur les bouchons voquant soit des noms propres de potiers, dexploitants agricoles ou des appellations de domaines agricoles lacs ou ecclsiastiques. Le cas des LRA 1 est tout fait rvlateur car les noms figurant parmi les inscriptions peintes sont vraisemblablement des noms ciliciens dexploitants ou de potiers mais plus rarement dexploitations agricoles. Quelques symboles et signes apposs sur les amphores permettent aussi de supposer parfois un lien entre lEglise et le mode de production (Fig. 3). Le rendement des ateliers nous est galement inconnu et il peut avoir t aussi divers que les quelques implantations de potiers retrouves jusqu prsent nous le montrent, et pour lesquelles aucune unicit de fonctionnement et dorganisation ne semble se dessiner. Cela peut aller de fours isols de dimension rduite de vritables batteries chambres de cuisson mesurant plusieurs mtres de diamtre. La chane opratoire qui permet dtre renseign sur l exploitation des matires premires, les productions associes, les traditions potires ou bien les aspects technologiques, reste largement prciser. Nos connaissances sur lenvironnement des ateliers ne sont pas assez dveloppes car rares sont les informations qui prcisent la nature de limplantation des complexes (urbains, priurbains, ruraux) et la faon dont laquelle ils sinscrivent dans un cadre rgional ou provincial (ateliers indpendants ou en association). Sur ce point, lexemple des LRA 1 est une nouvelle fois, un bon exemple du systme productif complexe tel qui se dfinit en Orient durant lAntiquit tardive. Le succs commercial de cette amphore fait quon la retrouve jusque dans les endroits les plus reculs, en Grande-Bretagne, dans les oasis du sud gyptien, et en Extrme-Orient (Mundel Mango 1996). Nous connaissons aujourdhui plusieurs sites de production de LRA 1 puisque prs dune vingtaine dateliers ont t pour lheure individualiss (Fig. 4). Ce recensement, effectu lors de prospections menes par J.Y. Empereur et Maurice Picon la fin des annes 8O na malheureusement pas t suivi de fouilles. Aussi, encore aujourdhui, on ne connat quasiment rien sur la production de ces ateliers de LRA 1 que ce soit sur les types produits ou sur leur dure de fonctionnement. Malheureusement une grande part de cette documentation est aujourdhui dtruite par les projets immobiliers et touristiques qui ont caractris lamnagement intensif des ctes mditerranennes de la Turquie depuis une quinzaine dannes. Chypre permet cependant de palier au manque de documentation puisque deux ateliers ont t rcemment fouills Chypre, lun situ Paphos et lautre Zygi, tous deux situs sur la cte mridionale chypriote (Fig. 5). Ces deux ateliers dcouverts dans les annes 90 nont t fouills que partiellement par S. Demesticha. Seuls les fours ont pu tre tudis mais lensemble du complexe reste inconnu. Il ressort au travers de ces deux tudes que ces ateliers chypriotes ont produit des amphores LRA 1B, cest dire de dernire gnration, datables de la fin du VIe s. et de la premire moiti du VIIe s. Lapparente homognit de ce type damphore aux formes hautement standardises masque cependant lhtrognit des tailles des ateliers qui se dclinent depuis le modeste atelier rural de Rhsos jusquau complexe considrable de Sleucie de Pierie (Empereur, Picon 1989). Ltendue de la zone de production, cheval sur plusieurs provinces (Cilicies I et II, Isaurie, Syrie I, Rhodes, Chypre) laisse prsumer dintrts conomiques communs qui dpassent largement le cadre de la chra, de la rgion mais aussi de la province.

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Les rares sites qui nous renseignent ne nous montrent en gnral quun aspect trs restreint des modes de production : - quelques structures de cuisson Sinope en Mer Noire pour les Ve et VIe s. (Kassab Tezgr, Tatlican 1998) [Fig. 7], - des restes de fours Chypre appartenant des ateliers secondaires ayant produit des LRA 1B durant la premire moiti du VIIe s. (Demesticha 2000, 2003 et 2005; Demesticha, Michaelides 2001), - des dpotoirs de rebus de cuisson de LRA 7 en Egypte (Dixneuf 2007), - plusieurs fabriques de LRA 4 dissmines sur une vaste zone comprise entre Gaza, Ascalon et le Nguev , ce qui dnote dune puissance de production considrable. Latelier situ au nord dAscalon en particulier fournit un exemple trs complet o la fabrique est intgre une exploitation rurale de forte dimension. Malheureusement, cet atelier, fondamental pour nos connaissances sur les modes opratoires de fabrication, na toujours pas fait lobjet dune publication exhaustive (Israel 1993a, 107; Israel 1993b, 106-107) [Figs. 8-11], - de petites units dans la rgion dAcre productrices demballages Agora M334 au Ve et durant la premire moiti du VIe s. (Reynolds 2005, 571), - quelques structures possdant encore de bonnes lvations Aqaba la fin de lpoque byzantine et spcialises dans la fabrication damphores fusiformes (Whitcomb 2001, 298) [Figs. 12-14]. Les analyses physico-chimiques pratiques restent rares, mais dans le cas des amphores de Beyrouth, elles ont permis dtablir incontestablement leur origine (Roumi et al. 2005). Par la faiblesse des informations, nous possdons donc une vision lacunaire des modes de production amphorique en Orient. Pourtant, si lon veut progresser sur ces amphores, en dpassant le cadre des aspects manufacturs, il devient maintenant ncessaire de pouvoir valuer linsertion de la production amphorique dans le tissu conomique urbain ou rural, rgional ou provincial. Dfinir donc avec prcision les lieux de production damphores est le nouveau dfi qui est lanc aux spcialistes sintressant lorganisation des centres de productions agricoles en Orient. 2. LA QUESTION DE CHYPRE ET DE SA PRODUCTION DE LRA 1 A la suite des tudes rcentes menes sur des lots de matriels provenant de grands sites de consommation (Alexandrie, Beyrouth, Apame), on constate que, dans lensemble du bassin mditerranen, la production des LRA1 se fait essentiellement du Ve s. au milieu du VIe s., le long des ctes ciliciennes, isauriennes et syriennes. Par la suite les amphores de ces rgions ne se retrouvent quen quantits anecdotiques, remplaces par des modles identiques mais fabriqus dsormais Chypre. Lextinction progressive de lamphore la plus diffuse au Ve s., et encore pendant la premire partie du VIe s., au profit dune copie conforme fabrique donc cette fois Chypre pourrait trouver une explication dans les bouleversements qua connu la CilicieIsaurie, et Antioche en particulier, ds le milieu du VIe sicle. Cette affirmation se nourrit de limportance reconnue du trafic de vin en LRA1 dans toute la Mditerrane durant le Ve s. et jusqu la premire moiti du VIe sicle. Il nest pas concevable quune rgion qui a acquis richesse et notorit grce la fabrication et la distribution une telle chelle dun produit, cesse de le commercialiser sans grave raison (Decker 2005). Et en effet, on retrouve une succession de catastrophes et dvnements dramatiques puisquau tremblement de terre majeur de 526 et aux pidmies de peste rcurrentes, font suite les

campagnes guerrires menes par les Perses Sassanides, qui finiront par prendre la ville dAntioche en 540 sous le commandement de Chosroes Ier. A lissue de cette dfaite, la ville sera dtruite, de mme que son tissu conomique et artisanal proche. Les guerres se poursuivront jusquen 562 avec dautres cits importantes assiges et dvastes, comme Edesse, Bre, Soura. Ds 572, les guerres des Perses contre lEmpire reprennent. Bien quelles soient spares par des trves, elles constituent un danger constant et donnent lieu des invasions accompagnes de prises de villes (Apame), de pillages (faubourgs dAntioche ravags) et mme de dportations. Une nouvelle confrontation eut lieu entre 602 et 629 qui conduisit linvasion par les Perses de lAsie Mineure et loccupation de la Syrie et de la Palestine durant vingt-cinq ans. Clive Foss (1977) a montr, partir de lexemple dune vingtaine de villes dAsie Mineure, limpact dsastreux de linvasion perse sur cette rgion au dbut du VIIe s., favorise par un systme politique et conomique dj trs affaibli. Selon G. Tate (1992) le nord de la Syrie est affect partir de 540-550, par une crise de type malthusien o la moindre difficult (pidmie, guerre, incident climatique, tremblement de terre, mauvais rendements agricoles) se traduit par un fort drglement du systme commercial rgional. Il en ressort un tableau contrast dans lequel la Cilicie et le nord de la Syrie sont des rgions en partie sinistres et exsangues dans la seconde moiti du VIe sicle (Morrisson et Sodini 2002). Le redploiement de la production des LRA1 Chypre, o lon observe une vritable similitude de technique tendrait montrer quil ne sagit pas de simples formes copies. Il nexiste pas de modifications notables, ce qui pourrait conduire penser que les artisans ciliciens se sont eux-mmes dplacs et continuent leur activit sur le sol chypriote. Il semblerait que la filire vinicole chypriote ait non seulement bnfici du dclin de son riche voisin, mais ait galement tir profit de la matrise technique de Ciliciens qui implantent alors peut-tre leur activit sur un territoire qui offre une bonne situation par rapport aux axes commerciaux et qui a lavantage dtre moins sujet aux perturbations que leur terre dorigine. Dans le mme temps, on note une modification des aires de distribution des LRA1. Les productions de Cilicie taient massivement exportes vers lOuest de lEmpire jusquau dbut du VIe sicle. Or avec le dclin de cette rgion, on assiste non seulement une rimplantation des zones de production mais aussi de distribution. Les ateliersrelais de Chypre semblent alors destiner essentiellement leur production plus au Sud et lEst, vers des marchs demeurs stables (Mundel Mango 1996) : la Palestine, lEgypte (Ballet 1995), lArabie Heureuse et le royaume dAksoum. Le petit caboteur chou Assarca, non loin dAdoulis, qui transportait une cargaison damphores LRA1B, LRA4B et dAqaba, pourrait tre une illustration de ce redploiement vers le Sud et lEst (Pedersen 2000). Plusieurs facteurs sont mettre en relation avec lessor conomique de Chypre partir de la fin du VIe s., au vu de la production des LRA1. Tout dabord, il convient de noter quavant cette date, on ne retrouve pratiquement pas damphores chypriotes sur les sites de consommation mditerranens. Elles font brusquement leur apparition lorsque disparaissent les LRA1B ciliciennes. Comme nous lavons soulign plus haut, le dclin conomique de la Cilicie et en particulier leffondrement dAntioche jusqualors centre conomique nvralgique, peut tre une explication convaincante. Mais il semblerait que Chypre ait galement bnfici de la position qui lui a t offerte par linstitution du Questura Exercitus de Justinien qui cre partir de 536 un poste de prfet, probablement bas Samos, charg de lapprovisionnement des armes et de la gestion de la production de cinq provinces rquisitionnes (Chypre, Carie, les gennes, Scythie, Msie II). Si cette dcision administrative et militaire ne semble pas avoir eu dincidence immdiate sur le dynamisme conomique de Chypre, en revanche, ds le dbut du VIIe s., on assiste une

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diffusion sans prcdent des LRA1 chypriotes en Mditerrane orientale mais aussi vers le limes danubien. Il est vraisemblable qu cette priode, Chypre, au travers de lannone militaire, participe activement leffort de guerre en fournissant les armes dHraclius en vin, comme en tmoigne le chargement de lpave Yassi Ada 2, dont le naufrage est dat autour de 625, et qui comprenait environ 900 amphores, destines vraisemblablement lapprovisionnement des troupes byzantines en opration contre les Perses (Van Alfen 1996, 210-213). Cette implication de Chypre dans la fourniture aux armes se retrouve galement sur de nombreux sites de garnisons frontalires, ce qui tendrait montrer que le vin transport en LRA1 fait partie des produits de consommation courante des troupes, o quelles se trouvent, comme par exemple sur les tablissements militaires dEmporio, dUpper Zohar, de Castel Iatrus, de Gradiste, dOvec, dOnhezmos, de Sacidava et de Sucidava. Olga Karagiorgou a propos rcemment un schma analogue pour les amphores sphriques LRA 2, les considrant comme des traceurs vidents du systme annonaire le long du limes danubien (Karagiorgou 2001 ; Demesticha 2005). Par ailleurs, il est intressant de noter, qu une poque o les LRA1B ne sont quasiment plus jamais originaires de Cilicie, un auteur comme Isidore de Sville y fait vraisemblablement rfrence en les nommant toujours Cilicises (tymol. XX, VI, 6), ce qui indique que, pour les occidentaux du moins, cette amphore et a fortiori son contenu, restent trs fortement connots de leur premire origine. Ceci montrerait lexistence dune vritable continuit dans la tradition de production de lemballage mais surtout du cru. Les consommateurs ne peroivent pas de diffrence notable dans le produit qui leur permettrait de le distinguer par son origine. Cet aspect vient lappui de lide selon laquelle les Ciliciens eux-mmes seraient les acteurs de cette activit conomique nouvelle pour Chypre mais inscrite dans une longue tradition pour la Cilicie. LA QUESTION DES IMITATIONS ET DES CONTREFACONS Lexistence suppose ou bien reconnue de plusieurs zones de production ayant pratiqu des imitations demballages et relevant probablement dans certains cas de la contrefaon frauduleuse soulve quelques interrogations. Limitation dun modle damphore implique que lon cherche commercialiser un produit plus ou moins comparable afin de profiter du succs commercial rencontr par loriginal. Dans le cas des crus vinaires dpoque romaine impriale, il nest pas rare de noter lexistence dimitations damphores : lexemple le plus caractristique tant le cas des amphores Dressel 2/4 dont les modles italiques ont t copis en Gaule, en Grande-Bretagne, dans la pninsule ibrique, en Afrique du Nord, en Egypte, en Asie Mineure et dans les les gennes. Durant lAntiquit tardive, les imitations concernent des productions quantitativement limites et chronologiquement bien circonscrites. Il sagit le plus souvent de quelques emballages copis trs fidlement des originaux et dissimuls dans une production locale habituelle. Lemballage qui semble-t-il, a le plus t imit est lamphore LRA 1B. Plusieurs ateliers priphriques la production normale sont aujourdhui connus et rpartis sur des zones gographiques aussi diverses que la Mer Noire, lEgypte et aussi lAfrique du Nord. En ce qui concerne lAfrique du Nord les soupons qui permettaient de supposer une production dimitations damphore LRA 1 reposaient sur un exemplaire LRA 1B conserv au Muse de Carthage et, qui paraissait assurment de facture africaine (je remercie M. Bonifay de mavoir indiqu lexistence de cette amphore). Depuis, dautres lments viennent confirmer nos soupons qui sappuient notamment sur la dcouverte dune structure de production Henchir Ech Chkaf , prs de Salakta (voir dans ce volume la prsentation de latelier par Jihen Nacef). En effet cet atelier, dont lactivit principale tait la fabrication des

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emballages africains Keay LXII C-D et Keay LXI la fin du VIe et durant la premire moiti du VIIe s., a galement produit en faible quantit un type damphore prsentant des similarits flagrantes avec les LRA1B. Lexemple de lEgypte est le plus vocateur, avec lindentification rcente de plusieurs centres de production de LRA 1B localiss pour linstant dans le Delta et dans la valle du Nil, confirmant ainsi la proposition de Holeil Ghaly (1992, 168, Fig. 16a-b) de voir sur le site de Saqqara une fabrication de copies gyptiennes de LRA 1B en pte nilotique (Fig. 15). Depuis de nouvelles zones ont t recenses grce aux prospections menes par Pascale Ballet permettant dindividualiser des imitations en ptes calcaires comme Uyun Musa dans le Sina (Ballet 2001, Fig. 9 ; Ballet et Dixneuf 2004, 70-71) et en ptes alluviales comme aux Kellia (Ballet, Rassart-Debergh et Bosson 2003, 152-1533, Pl. 23) et Baouit dans la moyenne valle du Nil (Dixneuf 2007). Il est noter que comme pour lAfrique du Nord, les imitations concernent une chronologie avance car ce sont exclusivement des modles de LRA 1B qui ont t imits, de plus appartenant des variantes gnralement dates de la premire moiti du VIIe sicle. La mer Noire constitue galement une zone o les amphores LRA 1 ont t copies. Plusieurs exemplaires complets sont conservs dans les rserves des Muses turcs du littoral mridional de la Mer Noire (Sinope, Samsun). Ils prsentent tous la pte blanchtre caractristique des exemplaires sinopens des VIe et VIIe sicles (renseignements D. Kassar Tezgor). Le phnomne dimitation en ce qui concerne les LRA 1 semble surtout frquent partir de la seconde moiti du VIe s., au moment o la production cilicienne connat un affaiblissement. Faut-il alors considrer que lexistence de pratiques lies la contrefaon est le signe dun relchement du contrle commercial imprial ? Cependant, la question des productions officielles et des imitations est une question complexe et srement prmature au vu des informations sporadiques que nous possdons actuellement. Pourtant, cet aspect de la production est important dans loptique de dfinir les vritables quantits de denres changes. Notre vision actuelle de la production amphorique dans lOrient protobyzantin pourrait connatre dans les annes venir de nouveaux dveloppements en fonction de futures dcouvertes mais aussi de nouvelles rflexions. Un de ces questionnements sera probablement lvaluation et limpact des imitations damphores. Pour lancer le dbat, ne peut-on voir dans les amphores calcaires tardives de Sinope des copies de sous-modules de LRA 1B ou dans les amphores dAqaba des imitations de LRA 7 ? BIBLIOGRAPHIE Ballet, P., 1995, Relations cramiques entre lEgypte et Chypre lpoque grco-romaine et byzantine, in Hellenistic and Roman Pottery in the Eastern Mediterranean - Advances in Scientific Studies, Acts of the II Nieborw Pottery Workshop (Nieborw, 18-20 December 1993), 163-178, Varsovie. Ballet, P., 2001, Un atelier aux sources de Mose (Uyun Musa), in Le Sina de la conqute arabe nos jours (ed. J.-M. Mouton), 37-50, Cahiers des Annales islamologiques, 21, IFAO, Le Caire. Ballet, P., Rassart-Debergh, M. et Bosson, N., 2003, Kellia II, Lermitage copte QR 195, 2. La cramique, les inscriptions, les dcors, FIFAO, 49, Institut Franais dArchologie Orientale, Le Caire.

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Acre Sinope-Demirci

Beyrouth

Aqaba

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Fig. 1. Une classification en volution : diffrents types d'amphores dont les zones de production ont t rcemment identifies.ConstantinopleLRA 3

LRA 2

LRA 1

?M 273

Aphrodisias Ephse

Argos

AntiocheM 334

BAG 1

Mer Mditerrane

BAG 2

Ptolmas Csare Scythopolis Jrusalem GazaBAG 3

AlexandrieBAG 4 BAG 5 LRA 7 LRA 4

Fig. 2. Les principaux types d'amphores protobyzantines et leurs zones de production (d'aprs Pieri 2005, fig. 107).

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Fig. 3. Amphores provenant dateliers ecclsiastiques (?). Exemples indits : 1. Amphore LRA 1 estampille dune croix pate provenant dAntinoopolis (premire moiti VIIe s.). 2. Amphore dAqaba avec titulus rouge prsentant un monogramme.

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Fig. 4. Carte des cent res de production de LRA 1 (Pieri 2005, 80, Fig. 38 ; d'aprs Empereur, Picon 1989).

Fig. 5. Carte des cent res de production de LRA 1 Chypre (Demesticha 2003, 470, Fig. 1).

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Fig. 6. Zones de production de l'Ege et de la Mer Noire (Kassab Tezgr, Lemaitre et Pieri 2003, Fig. 2).

Fig. 7. Plan du four 2 ayant produit au VIe s. des amphores pte calcaires (Kassab Tezgr et Tatlican 1998, Fig. 11).

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Fig. 8. Classification et volution ch ronologique du type LRA 4.

Fig. 9. Carte des sites de p roduction de LRA 4 (d'aprs Israel 1993, Fig. 111).

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Fig. 10. Exploitation agricole dAscalon (Israel 1993a).

Fig. 11. Four chambre double spcialis dans la production de LRA 4B (VIe s.) associ deux grands pressoirs vin (Israel 1993a).

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Fig. 12. Aqaba, emplacement des fours (Melkawi, 'Amr et Whitcomb 1994, Fig. 1).

Fig. 13. Aqaba dgageme t des , n fours I et II (Whitcomb 1994).

Fig. 14. Aqaba, fours I et II : plans et coupes stratigraphiques (Melkawi, 'Amr et Whitcomb 1994, Fig. 3).

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Fig. 15. Imitations gyptiennes de la Late Roman Amphora 1. 1: Uyun Musa (Ballet 2001, Fig. 9). 2: Kellia (Ballet, Rassart-Debergh, Bosson 2003, Pl. 23.138). 3: Baouit (Dixneuf 2007, Pl. 181.373). 4: Saqqara (Ghaly 1992, Fig. 16a-b) (ch. approx. 1:4).