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Doudou Dine a t, de 2002 2008, rapporteurspcial des questions lies au racisme la

Commission des droits de lHomme lONU.Son intervention appelle la prise de conscience : leracisme reprend des forces grce, notamment, cer-tains intellectuels tenants de la thorie du choc descivilisations. Et pour changer de voie, il faut promou-voir le vivre ensemble. Extraits de son intervention,le 27 septembre 2010, lors de la sance douverture deluniversit dt Au-del du dveloppement IV.

la vitalit Du racisme auJourDhui

En ce moment Washington, au FMI, des hommes

gris aux penses grises laborent les voies conomi-ques et matrielles de notre monde. Pour changer devoie, il va falloir largir le champ et sortir de lcono-mique et du nancier.En France, on voit une ethnie expulse, des crispa-tions identitaires, des hommes politiques promouvantdes voies racistes. On voit la destruction du vivreensemble et ce par les mmes acteurs que ceux de lavoie conomique.Dans le monde, on voit des partis politiques promou-vant des plates-formes racistes gagner des lections,

des gouvernements et des intellectuels lgitimant cespartis. Un prix Nobel1 a dit que le quotient intellectueldes Africains tait infrieur. Un chercheur franais du

CNRS 2 vient de publier une tude disant que les tradi-tions culturelles africaines les rendaient moins aptes

sintgrer. Rappelons que cette tude a t prcdepar les propos du journaliste ric Zemmour dfendantlide quil y a plus de criminels noirs et arabes. Cespropos tant ensuite lgitims par des scienti ques.Ce retour du paradigme racial est trs grave car il estmis en uvre dans les politiques sociales et conomi-ques. Et, derrire ces dveloppements politiques, il y aun travail intellectuel instrumentalis. Quelle rponsedonnons-nous ces dveloppements intellectuels aux-quels sajoute le surgissement de la question religieuse ?Ce surgissement a deux dimensions : linstrumenta-

lisation du religieux accompagne de lutilisation dela violence et, en mme temps, le dveloppement dudogmatisme sculier qui rend suspecte toute utilisationdes valeurs dune religion.

une thorie Dangereuse

De plus, un amalgame se fait entre les facteurs de race,de culture et de religion, fonds de commerce des tenantsdun con it inluctable comme Samuel Huntington etbien dautres. Cette thorie est capte par les politiquescar, en clivant, elle fait gagner des voix. Promue par

les mdias, elle se banalise. Le voisin daujourdhuidevient lennemi de demain. Je ne noircis pas dlib-rment le tableau. Il y a une vitalit du gnocide : tous

Doudou Dine

Le racismeen terrain fertile

Selon Doudou Dine, le racisme est engraisspar les thoriciens du choc des civilisations.

Par Anh-Galle Truong Photos Nomie Pinganaud

au-del du dveloppement

1. le gnticien J mesW tson, codcouvreurde aDN et Nobe demdecine en 1962, d nsune interview p rue e14 octobre 2007 d ns eSunday Times .2. Hugues l gr nge,le Dni des cu tures , 2010.

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les dix vingt ans, un groupe est limin (Rwanda,Srebrenica). Cette violence est lgitime non seulementpar les anciennes thories (hirarchie des races) maispar de nouvelles visions du monde comme celle ducon it des civilisations. Il faut faire trs attention lamanire dont cette ide se rpand. Il faut voir commentlimmigr est apprhend, quelle place on lui donne, quel prix on lui accorde lintgration. En France, on luifait faire un strip-tease. Il doit laisser la frontire saculture, sa religion et mme son ethnie et cest nu quildoit se revtir du manteau de la Rpublique. Et ainsi ilsera heureux pour lternit. On ne peut pas parler dechanger de voie sans tenir compte de ces dynamiquesprofondes qui sont loin dtre abstraites. []

penser plusieurs voies

Je veux vous alerter : il faut reconqurir le fond in-tellectuel et celui de lanalyse politique. Changer devoie est important mais il faut savoir que dautressen chargent avec plus de moyens. Et, il faut penserplusieurs voies. Je nirai par un proverbe africain :Dans la fort, quand les branches se querellent, lesracines sembrassent. Les branches sont lexpression

c omment changer de voie, commentagir, alors que nous ne pouvonsmme pas comprendre un systme aussicomplexe que notre monde ? Paul Cilliersenseigne la dconstruction, lthique etla logique en philosophie lUniversitde Stellenbosch en Afrique du Sud. Ilpropose, pour agir, dadopter une attitudeprovisoire, transgressive, ironique et cra-tive. Extrait de son intervention lors ducercle r exif sur le d thique.Nous ne pouvons pas totalement com-

prendre les systmes complexes. En effet,pour en parler, il nous faut rduire cettecomplexit et donc luder des composants.Mais comme la structure complexe nestpas linaire, ces composants liminspeuvent avoir un rle important. Les peti-tes causes peuvent avoir de grands effets.Nous sommes donc entours de possibili-ts inconnues qui pourraient modi er cesystme simpli . Notre connaissance ducomplexe est donc limite, sans pouvoirrien y faire. Et nous navons pas de positionthique pour nous guider.

une stratgie pour laction

Jai, dans ce contexte, une stratgie ra-dicale pour laction, obligeant agir, quipourrait sappliquer au monde et lhuma-nit. Elle contient quatre lments.Une attitude critique doit en principetre provisoire, pouvoir tre revue. Celapermet de la dfendre et de lexpliquer.Il faut tre prt changer dattitude si lecontexte change. Voyez comme les hom-mes politiques et les scienti ques ont dumal reconnatre leurs erreurs.Lattitude doit tre transgressive , remettreen question et non renforcer lexistant. Sinous voulons changer de voie, les condi-tions de cette transformation ne doiventpas tre dictes par les structures depouvoir (qui ont intrt rsister cettetransformation). Il ne faut pas avoir peur detransgresser. Il faudrait constamment tre

PAuL CILLIERS

Agir dans lincertitude

visible de la diversit culturelle, religieuse, sociale.Pousses par le vent mauvais de lidologie ou descirconstances politiques, elles peuvent se quereller. Onne trouve pas de solution en coupant ces branches maisen allant vers les racines qui sembrassent. Les raci-nes reprsentent lintangible, les valeurs universelles.Cest sur le tronc, la socit, quon peut travailler ensinspirant toujours des racines pour que les branchesne se querellent plus. Lobjectif nest pas de combattrele racisme, qui nest quune tape, mais de promouvoirle vivre ensemble. n

transgressif pour toujours transformer.Je trouve le prsent un peu ennuyeux,il y a eu par le pass des attitudes plustransgressives. Pourtant, il y a de latransgression disponible. Rien que dansLibert, Egalit, Fraternit On peuttransgresser en dsirant se librer desinstitutions nancires, en agissant pourtre conomiquement gaux. Et la frater-nit ? Tous nos liens sont des contrats. Ilfaut du mordant.Troisime lment : lironie . Il ne fautrien prendre trop au srieux, surtoutsoi-mme.Et, en n, il faut donner un rle central la crativit . Nous devons imaginerdiffrents futurs sans tre emprisonnsdans le prsent. Lesthtique doit treentrelace avec lthique, la politique etle scienti que. Sinon, nous serons pluspauvres. Penser la complexit, cestregarder toutes les connaissances eninteraction sans en laisser une mergerplus que les autres. Comme on ne peutpas tout calculer, il faut suppler le calculpar limagination.

Des citoyens pas Des habitantsLors du lance ent de luni ersit dt Au-del dud eloppe ent Iv : changer de oie, Edgar morintait aux cts de Sgolne Royal, prsident de laRgion Poitou-Charentes, et dAlain Claeys, dput-

aire de Poitiers. Il a dit son attache ent lide departicipation : Cest celle qui permet de redonnerune vitalit civique ceux qui, sils ne lont pas, ne

sont plus des citoyens, ce sont des habitants. Si onparticipe on rede ient citoyen. Et par l e onentre dans un circuit absolu ent ncessaire, celui dela rsurrection des solidarits. consulter sur upt .uni -poitiers.fr