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BULLETIN D’INFORMATION DU CENTRE DE DOCUMENTATION DE RECHERCHE ET D’EXPÉRIMENTATIONS SUR LES POLLUTIONS ACCIDENTELLES DES EAUX Bulletin d’information du Cedre Accident de l’Erika : interventions à terre Dossier : accident du Ievoli Sun N° 14 - 2 e semestre 2000

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BULLETIN D’INFORMATION DU CENTRE DE DOCUMENTATION DE RECHERCHEET D’EXPÉRIMENTATIONS SUR LES POLLUTIONS ACCIDENTELLES DES EAUX

Bulletin d’information duCedre

Accident de l’Erika : interventions à terre

Dossier : accident du Ievoli Sun

N° 14 - 2e semestre 2000

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SOMMAIRE

2 H B U L L E T I N D ’ I N F O R M AT I O N D U C E D R E N ° 14 , 2 è m e S E M E S T R E 2 0 0 0

ÉDITORIALMonsieur Thuau 3Préfet délégué, Zone de Défense Ouest

DOSSIERNaufrage du Ievoli Sun 4Michel Girin, Christophe Rousseau - Cedre

INTERVENTION Accident de l’Erika : interventions à terre 8Samuel André, Christophe Rousseau - Cedre

Accident de l’Erika : l’intervention de la Communauté Européenne 23Guido Ferraro - Unité de Protection Civile - Commission Européenne

Le Sycopol et la pollution de l’Erika : une année 2000 bien remplie 24Gilbert Parcollet - Sycopol

INTERNATIONALRéunion des membres du MOIG et des correspondants du REMPECTunisie : opération Blanche en Mer 25

INFORMATIONLa journée d’information du Cedre 2000 26Formations 2001 27Publications / Guide de reconnaissance des sites pollués 27Les nouveaux membres de l’équipe du Cedre 27

Photos de couverture : Erika : une forte mobilisation lors des premiers arrivagesLe naufrage du Ievoli Sun (en vignette)

Bulletin d’Information du CedreEnvironnement et techniques de lutte antipollution

N° 14 - 2e Semestre 2000Publication semestrielle du Cedre,Rue Alain ColasBP 20413 - F29604 BREST CEDEXTél. 02 98 33 10 10Fax. 02 98 44 91 38International : Tél. +33 2 98 33 10 10Fax.+33 2 98 44 91 38E-mail : [email protected] Internet : http://www.ifremer.fr/cedre

Directeur de la publication : Michel Girin

Rédacteur en chef : Christophe Rousseau

Crédit photographique :Julien Fortin : couverture, p 14 ; MarineNationale : couverture (vignette), pp 4, 6 ;SBFM : p 11 (Caudan) ; Yves Gladu : p 12 ; Photo Chanu : p 24 (chantier Bataille) ;IPIECA : p 25 (opération blanche) ;Foselev/SIS : p 24 (chantier Le Croisic) ; Cedre : pp 6 (UIISC), 7, 8, 9, 11, 13, 15, 16,17, 18, 19, 20, 22, 23, 24, 25, 26, 27

Impression : ICA, Société Nouvelle

Ont collaboré à ce numéro :Arnaud Bonté, Annie Tygréat

ISSN : 1247-603XDépôt légal : 1er semestre 2001

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ÉDITORIAL

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Monsieur Rémi Thuau, Préfet délégué,

Zone de Défense Ouest

L’année 2000 a été marquée, sur le littoral Atlantique, par les conséquencesdu naufrage de l’Erika survenu le 12 décembre 1999 : la lutte contre la pol-lution et le retour, autant que possible, de nos côtes à leur état initial ont été undéfi qui a mobilisé toutes les énergies. Le premier objectif était de restituer desplages propres avant la saison estivale : il a été atteint. Le second était le net-toyage dans les zones les plus difficiles d’accès afin d’éliminer les résidus deproduits pétroliers susceptibles, en étant périodiquement remobilisés, de remet-tre en cause le nettoyage déjà effectué : ce travail est bien avancé, mais se pour-suit encore 18 mois après la catastrophe.Ce vaste chantier a mobilisé d’énormes moyens matériels et humains. Mais il aaussi été l’occasion d’un travail en équipe dont il faut souligner ici la qualité.Au sein du dispositif mis en place par l’Etat avec les collectivités locales, et leconcours de tous les autres acteurs (TotalFinaElf, les associations, les bénévoles,les CDD), le Cedre a joué pleinement son rôle, un rôle essentiel de sensibilisa-tion, d’information et de conseil.Investi d’une mission de coordination de l’allocation des moyens publics et pri-vés nécessaires pour mener ces chantiers, le Préfet de Zone de Défense Ouest aconstamment bénéficié de la part du Cedre, pendant cette période cruciale, d’u-ne collaboration active et enrichissante : les éléments d’appréciation à caractè-res scientifique et technique qu’il a fournis ont constitué autant d’aides pré-cieuses à la décision. Le prolongement de cette collaboration sous forme d’unretour d’expérience approfondi n’était pas le moins essentiel, en raison de larécurrence de ce genre d’événement. On l’a malheureusement éprouvé de nou-veau avec le naufrage du Ievoli Sun dans la Manche en octobre 2000. Lors d’événements tels que ceux que je viens de mentionner, un partenariatétroit, et le plus immédiat possible, de tous les acteurs permet la prise en comp-te de tous les aspects du problème à traiter, et constitue donc d’évidence ungage d’efficacité. Ce partenariat doit se poursuivre dans l’après-crise. Nousavons déjà, je pense, tiré ensemble beaucoup de leçons des événements vécusl’année dernière. Il faut en conserver une mémoire active, en la mettant auservice d’un effort renouvelé de prévention, de préparation et de formation.

Rémi Thuau,Préfet délégué pour la sécurité et la défense

auprès du Préfet de la Zone de Défense Ouest

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DOSSIER

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Naufrage du “Ievoli Sun”Les Casquets (Manche)31 octobre 2000 Michel Girin, Christophe Rousseau, Cedre

Le lundi 30 octobre 2000 à 4h30, le CROSS

Corsen reçoit un appel de détresse d'un chimiquier bat-

tant pavillon italien, le Ievoli Sun. Il se trouve à

45 nautiques au nord de l'île de Batz,

avec un équipage de 14 person-

nes. Il vient de Fawley

(Royaume-Uni) et fait rou-

te vers B a r c e l o n e

av e c 6 000 tonnes de

produits chimiques à

bord. Le capitaine

signale une voie

d'eau dans son dou-

ble-fond, sur l'avant.

Le Préfet maritime de

l 'Atlantique envoie

l'Abeille Flandre, préposi-

tionnée à Ouessant, porter

assistance au navire. Un équipage

de Super Frelon et une équipe d'évalua-

tion sont rappelés pour intervention. Sur zone à 8h05,

ils constatent l’état grave du navire et procèdent à l’hé-

litreuillage de l’équipage. L'opération est achevée avec

un plein succès à 9h20. A 12h00 le Préfet maritime

déclenche le plan POLMAR-Mer. En arrivant, l'AbeilleFlandre découvre une pollution sur l'avant du navire.

Compte tenu des conditions météo-océa-

niques, le risque d'un échouement et

d'une pollution majeure sur le lit-

toral des Côtes d'Armor

apparaît rapidement com-

me une évidence.

Après analyse des

options possibles,

une équipe est héli-

treuillée à bord du

Ievoli Sun et passe

une remorque à l'A-beille Flandre. Le

remorquage commence à

17h15, route à 4 nœuds

au Nord-Est, la seule possible

compte tenu des conditions

météorologiques et de la situation du

navire. Le 31 octobre, à 9h00, aux deux tiers du che-

min vers l'abri du Cotentin, le Ievoli Sun sombre à 9

nautiques au nord des Casquets, 12 d'Aurigny et 20

du cap de la Hague, par 70 m de fond.

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DOSSIER

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CIRCONSTANCES

En quelques heures, la situation a chan-gé de mains. C'est maintenant le Pré-fet maritime de la Manche et de la Merdu Nord quiprend la condui-te des opérationscôté français. Ilsait, depuis le 30octobre en fin dejournée, que lenavire a 160 ton-nes de fuel lourdet 40 tonnes dediesel en soute etque sa cargaisonse compose de3 998 tonnes destyrène, de 1 027tonnes de MéthylEthyl Cétone(MEC) et de 996tonnes d'AlcoolIso Propylique(IPA). Compte tenu du risque potentielde pollution atmosphérique généré parla présence de styrène dans la cargai-son et de pollution de l'eau par le fuelde soute, des missions de surveillanceaérienne et nautique sont immédiate-ment lancées à l'aide de navires et d'aé-ronefs français et britanniques. La cir-culation maritime est modifiée. Lespremières observations ne laissent appa-raître que quelques nappes.

ORGANISATION DES

OPÉRATIONS

Le bateau a coulé dans les eaux inter-nationales, à lalimite entre leseaux françaises,britanniques etanglo-normandes.Immédiatement,dans le cadre duManche Plan, lesautorités anglai-ses envoient plu-sieurs représen-tants de laMaritime andCoastal Agency(MCA) à Cher-bourg où le Préfet maritime a activéson PC POLMAR. De son côté, le Pré-fet de la Manche déclenche le planPOLMAR-Terre le mardi 31 octobre à19h00. Il établit le PC POLMAR ras-semblant l’ensemble des services à laPréfecture de Saint-Lô.

La Zone de Défense Ouest, coordinateurPOLMAR-Terre, a ouvert à son tour, le1er novembre, une cellule Ievoli Sun dansson PC zonal de Rennes, toujours opéra-tionnel sur la pollution de l’Erika.

CARACTÉRISTIQUES ET

COMPORTEMENT DES

PRODUITS

Le styrène est un composé de base uti-lisé dans la fabrication des polymèreset copolymères (polystyrène, ABS, caout-chouc synthétique, résines, polyesters,alkyles styrènes, résines échangeusesd'ions…) et en synthèse organique. C’estun produit très volatil et explosif enmélange avec l’air. Pendant sontransport, sa stabilité est assurée par l’a-jout d’inhibiteur de polymérisation. Ses

vapeurs, plus lourdes que l’air, sont clas-sées irritantes pour les yeux et les pou-mons. Son seuil de détection olfactiveest de 0,4 ppm. Selon MARPOL (clas-sification créée par l’OMI), ce produitentre dans la catégorie B : substancesqui sont bioaccumulées et dont la per-sistance est de l’ordre d’une semaineou inférieure à une semaine,

ou qui sont susceptibles d’altérer lesaliments d’origine marine, ou qui sontmodérément toxiques pour la vie aqua-tique. En eau de mer, son seuil de toxi-cité immédiate varie entre 2 et 100

mg/l selon les organismes encause. Le risque porterait doncessentiellement sur le panacheformé par l’évaporation du pro-duit en cas de déversement mas-sif.

L’Alcool Iso Propylique (IPA)est utilisé dans la synthèse dessolvants (peintures, vernis), l’ex-traction des huiles essentielles,la purification de produitspharmaceutiques, la déshydra-tation du sucre, de l’amidon, duplatine, en synthèse organiqueet dans les antigels. C’est unproduit stable très inflammableet très volatil. Il f lotte et semélange à l’eau. Il est classé IIIselon MARPOL : substance pra-

tiquement non toxique pour la vie aqua-tique, pas de bioaccumulation dans lesol ou en milieu aqueux, décomposi-tion photochimique dans l’air. Lesrisques de toxicité présentés par l’IPApour l’homme et l’environnement sontdonc très faibles. Le risque porte plu-tôt sur l’incendie-explosion en cas dedégagement massif dans l’air.

La Méthyl Ethyl Cétone (MEC) est uti-lisée dans la synthèse des solvants (pein-tures, colles), comme solvants d'extrac-tion (papiers, déparaffinage des huiles)et en synthèse organique. C’est un pro-duit stable très volatil et explosif en

mélange avec l’air.Ses vapeurs, pluslourdes que l’air etd’odeur agréable,sont perceptibles àune concentrationde 2 ppm. SelonMARPOL, ce pro-duit est classé IIIcomme l’IPA.

COMITÉ D’EXPERTS

Début novembre, les comités d’expertsmobilisés par le Ministère de l’Aména-gement du Territoire et de l’Environ-nement (MATE) et, à Rennes, par le Pré-fet délégué à la Zone de Défense

* IFO : Intermediate Fuel Oil -180 cSt à 50°C

Quantité (en tonnes)

3 998

1 027

996

Propriétaire

Shell Hollande

Exxon Royaume-Uni

Esso Chemical Belgique

Provenance

RotterdamPays-Bas

FawleyRoyaume-Uni

RotterdamPays-Bas

Destination

Berre France

Gênes Italie

BarceloneEspagne

Nom du produit chi-mique

Styrène

Méthyl Ethyl Cétone(MEC)

Alcool Iso Propylique(IPA)

IEVOLI SUN ex GENNARO IEVOLIESERCIZIO CANTIERI-VIAREGGIO (Italie) 1989Chimiquier à ballasts séparés7 308 tonnes16 cuves et 2 slops-tanks en acier inox115 m6,29 mWARTSILA VASA - 4080 chevaux7 130 m3

160 tonnes d’IFO 180*40 tonnesItalienMarnaviRINAStandard Steamship Owners’

NomConstructionTypePort en lourdCiternesLongueurTirant d’eauMoteurCapacité commercialeSoutesDiesel marinePavillonPropriétaireSociété de classificationP&I club

CARGAISON

NAVIRE

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DOSSIER

Ouest, ont précisé les caractéristiquesdu risque présenté par le styrène et lesmesures à prendre pour assurer la pro-tection des intervenants et, le caséchéant, des populations littorales (encas d’inhalation de vapeurs de styrèneou de consommation de produits de lamer ayant absorbé du styrène).

A l’initiative du comité national d’ex-perts mis en place par le Ministère del’Aménagement du Territoire et de l’En-vironnement, plusieurs expériences ontété engagées dans les installations duCedre pour étudier le comportementdu styrène à la surface de l’eau, lesrisques de polymérisation dans le navi-re et la contamination, en cas de fuite,de produits halieutiques (crabes, mou-les et huîtres) avec analyses par le labo-ratoire municipal de Rouen et testsolfactifs par l’IPSN (Institut de Protec-tion et de Sûreté Nucléaire).

OBSERVATIONS ET MESURES

En mer, outre les actions de police dela navigation et de protection des navi-gateurs, la Marine nationale a coor-donné, en coopération étroite avec lesautorités et les moyens britanniques,des opérations de détection et de mesu-re des polluants. Une surveillance régu-lière des abords de l’épave a été assu-rée à l’aide de ses moyens aéronautiques(avions et hélicoptères), de ceux desdouanes et des garde-côtes anglais, afinde détecter d’éventuelles traces de pol-luants en surface.

Avec ces moyens et ceux des Affaires mari-times, des prélèvements d’air et d’eau ontété régulièrement effectués au profit ducomité d’experts de la Zone de DéfenseOuest. La plupart des prélèvements ont étéanalysés par le Laboratoire d’Analyses,de Surveillance et d’Expertise de la

Formule

Code danger

Aspect à 20°C

Densité relative

Point d’éclair

Solubilité

C6H5 - CH = CH2

N° UN : 2055 - Classe IMDG : 3.3

Liquide incolore à jaune pâle

Eau : 0,906 - Air : 3,6

+ 31°C

280 mg/l à 20°C

(CH3)2 - CH -OH

N° UN : 1219 - Classe IMDG : 3.2

Liquide mobile incolore

Eau : 0,785 - Air : 2,67

+ 12°C

Soluble en toute proportion dansl’eau

CH3COC2H5

N° UN : 1193 - Classe IMDG : 3.2

Liquide incolore, odeur d’acétone

Eau : 0,81 - Air : 4,4

- 6 à - 4°C

Très soluble dans l’eau : 353 g/l à0°C

STYRÈNE, STYRÈNE MONOMÈRE ALCOOL ISO PROPYLIQUE MÉTHYL ÉTHYL CÉTONE

Marine (LASEM) de Cherbourg. A terreet sur Aurigny, durant les premières semai-nes, les marins-pompiers de Marseilleet une Unité d’Instruction et d’Inter-vention de la Sécurité Civile (UIISC) ontété placés sous l’autorité du Préfet dela Manche pour réaliser un réseau dedétection des vapeurs de styrène dansl’atmosphère, dont les mesures se sonttoujours révélées négatives.

De son côté, l’IFREMER a égalementmis en place un réseau de surveillancede la qualité du milieu marin en analy-sant l’eau et la matière vivante.

L’ÉPAVE

L’épave a été localisée et reconnue, le1er novembre, par le sonar puis le PoissonAuto Propulsé (PAP) du chasseur demines Céphée de la Marine Nationale.Cette reconnaissance a permis de savoirque le chimiquier était entier et qu’ilétait couché sur son flanc gauche. Le8 novembre , l e Northern Prince ,

financé par les assureurs du proprié-taire du Ievoli Sun dans le cadre desresponsabilités de l’armateur, intervientavec un robot sous-marin pour effec-tuer une reconnaissance complète del’épave. Il est soutenu par le navire spé-cialisé allemand Neuwerk, mobilisé parles autorités françaises dans le cadre del’Accord de Bonn, qui assure une sur-veillance d’une éventuelle contamina-tion de la zone pendant l’opération.

Un laboratoire mobile de

l’UIISC

Le Ievoli Sun

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DOSSIER

On Monday, 30 October 2000, at 4:30 a.m., the Ievoli Sun, a che-mical tanker flying the Italian flag sent a distress call. It was 45 nau-tical miles north of Batz island, with a crew of 14, en route fromFawley (UK), heading for Barcelona with 3 998 tonnes of styrenemonomer, 1 027 tonnes of Methyl Ethyl Ketone (MEK) and 996 ton-nes of Iso Propylic Alcohol (IPA). Towed by the Abeille Flandre inrough sea the ship finally sank on 31 October, at 9:00 a.m., 9 nau-tical miles north of Casquets, in international waters, in 70 metreswater depth. Following the Manche Plan, the English authoritiesimmediately sent representatives of the Maritime and Coastal Agen-cy (MCA) to Cherbourg where French authorities had activated the

POLMAR Plan. Committees of experts were mobilised by the Minis-tère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement and theZone de Défense Ouest. Survey of the shipwreck, detection operationsand sampling and analysis were set up. International cooperationworked very rapidly in the framework of the Manche Plan, the BonnAgreement and the European Commission. After an approval byFrench and British authorities, the shipowner and its P&I Clubcontracted Smit Tak Cie, on 10 April 2001 to proceed with the treat-ment of the Ievoli Sun cargo. This began on 2 May by the controlledrelease of MEK then IPA, followed by the pumping of styrene and hea-vy fuel oil , to be finished by end of May 2001.

ABSTRACT

Par la suite, cette surveillance de l’épa-ve sera maintenue par la Préfecturemaritime de la Manche et de la Mer duNord, tandis que le Secrétariat Généralde la Mer pilotera un dialogue appro-fondi entre experts nationaux et expertsde l’armateur sur les solutions tech-niques de traitement du risque repré-senté par cette épave. Après accord desautorités anglaises et françaises, l’ar-mateur et son P&I Club ont passé uncontrat avec Smit Tak Cie, le 10 avril2001, en vue d’intervenir sur la cargai-son du Ievoli Sun. Le navire spécialiséSmit Pionneer, accompagné du navirede soutien Banckert, est arrivé sur sitele 12 avril et a débuté les opérations derepérage des citernes, de pose desplaques de fixation nécessaires à l’éva-cuation des produits. Les essais et adap-tations des robots sous-marins, sous lecontrôle de la Préfecture maritime, com-mencent le 2 mai. Le largage contrôléde la Méthy Ethyl Cétone, puis de l’Al-cool Isopropylique s’est achevé le 7mai, sans conséquence mesurable pourl’environnement.

CONCLUSION

Un an après l’Erika, l’accident duIevoli Sun est là pour nous rappelerque les pollutions par hydrocarburesdues à des pétroliers ne sont pas lesseuls dangers qui menacent nos côtes.

En termes de sécurité humaine, de pol-lution du milieu marin, les chimiquierspeuvent représenter un danger bienplus important, par les produits qu’ilstransportent, sans oublier leur fuel desoute.

De plus, cet accident a montré une foisencore les limites des connaissances enmatière : • de comportement des produits chi-

miques déversés dans l’eau de merou retenus dans les citernes d’unnavire au fond ;

• de leur impact potentiel sur la floreet la faune marines.

Dans ce cas encore, les aspects environ-nementaux et économiques seront liés.

Tests olfactifs sur tourteaux

Dispositif expérimental

Tests de comportement

Echantillonnages depuis le

Neuwerk

Les opérations de pompage du styrènecommencées le 13 mai ont abouti avecsuccès le 27 mai à la récupération de 3012 m3 restant dans le navire et serontsuivies de celles du fuel lourd qui s’a-chèveront fin mai 2001.

COOPÉRATION

INTERNATIONALE

La coopération internationale a trèsrapidement et très efficacement fonc-tionné lors de l’accident du Ievoli Sun.

Le Manche Plan a été mis en oeuvre avecnos partenaires britanniques, qui ont étéétroitement associés à toutes les phasesde l’opération. Le Neuwerk allemand aété mobilisé dans le cadre de l’Accordde Bonn. Des échanges permanents d’in-formations ont eu lieu avec la Commis-sion Européenne. A l’initiative du gou-vernement italien, sept expertstransalpins sont venus aider leurs homo-logues français dans le cadre de la TaskForce d’intervention européenne.

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INTERVENTION

de la pointe de la Torche à l'embouchure dela Laïta (Clohars-Carnoët), sous forme deboulettes et de galettes pouvant atteindre50 cm de diamètre. Le plan POLMAR-Terreest déclenché ce même jour par le Pré-fet. Le 26, une reconnaissance par héli-coptère n'indique pas de fortes

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Accident de l’Erika, Interventions à terreSamuel André, Christophe Rousseau, Cedre

avec la collaboration de Laurent Bouineau, Gérard Cariou, Arnaud Guéna, Laure Guichard, CatherineJuhel, Loïc Kerambrun, Frank Laruelle, Bernard Le Guen et Pierre Richard - Cedre

Le 12 décembre 1999, le pétrolier Erika se brise en deux à une trentaine de milles au sud de la poin-

te de Penmarc’h et laisse échapper une partie de sa cargaison de fuel lourd n°2. Partant de ce point,

les nappes dérivent vers le sud du golfe de Gasgogne et viennent finalement polluer les départements

du Finistère, du Morbihan, de la Loire-Atlantique et de la Vendée.

Décrire en quelques pages une opération aussi gigantesque et aussi longue que le nettoyage du litto-

ral pollué par le pétrole de l’Erika est une gageure. Toutes les actions n’y sont pas décrites, tous les

acteurs n’y sont pas mentionnés. L’ archive de l’Erika, en cours de rédaction, si elle ne prétend pas à

l’exhaustivité, sera tout du moins plus détaillée que cet aperçu. Nous engageons donc les lecteurs dési-

reux de plus d’informations à consulter notre site internet (http://www.ifremer.fr/cedre) où les éléments

de cette archive seront publiés, dès leur rédaction achevée.

LE FINISTÈRE

LA MOBILISATION(DÉCEMBRE - JANVIER)

Les premières traces de pollution atteignentla côte sud du département le 24 décembre,

Le PCF (Poste de CommandementFixe) est le centre décisionnel préfec-toral. Il a pour missions de centrali-ser les informations, de coordonnerles opérations de nettoyage (évalua-tion des besoins, répartition desmoyens, hébergement...), d’assurer lesopérations de communication.

Le PCA (Poste de CommandementAvancé), implanté au coeur des sec-teurs touchés par la pollution, est char-gé d’appliquer les décisions straté-giques du PCF. Il rend compte desactions menées sur le terrain et faitconnaître les besoins en matériel etpersonnel.

Le PCO ( Poste de CommandementOpérationnel) est un échelon opéra-tionnel intermédiaire entre le PCF etle PCA.

LES PCF, PCO ET PCA

Barques polluées à Doëlan-sur-Mer

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INTERVENTION

accumulations d'hydrocarbures le long dulittoral. Le 27 décembre, un survol cons-tate des galettes éparses sur tout l'archipeldes Glénans ainsi que deux nappes, l'unede 150 mètres de diamètre, l'autre de 300 x80 mètres. Le 29 décembre, un autre sur-vol montre aux Glénans une pollution carac-térisée par quelques plaques dans la lais-se de haute mer (île de Saint-Nicolas)et des éléments de végétation souillés(île de Penfret).

Afin d'éviter l'intrusion d'hydrocarburesdans les cours d'eau, des barrages flottantssont positionnés le 25 décembre à l'em-bouchure du Merrien, le 26 sur l'Aven, le27 sur le Belon, le 28 à Doëlan, le 29 àBrigneau et le 30 à Loctudy. Un dernierbarrage vient compléter le dispositif le 10janvier à Port-la-Forêt.

L’ORGANISATION

Suite au déclenchement du plan POL-MAR-Terre le 24 décembre, le Poste deCommandement Fixe (PCF) est activé àQuimper, dans les locaux de la Préfecture.Deux Postes de Commandement Avancés(PCA) sont implantés à Concarneau et Pont-l'Abbé le 26 décembre.

LES MOYENS HUMAINS

Le 28 décembre, 52 sapeurs-pompiers dudépartement interviennent sur les plagessouillées pour débuter le nettoyage grossier.Le 29 décembre, 48 militaires viennent lesépauler. Le maximum de personnel estprésent le 30 décembre : 150 person-nes sont en activité sur les chantiers duFinistère (hors personnel communal, DDEet bénévoles). Les effectifs décroissent ensui-te progressivement du fait de la faiblessedes nouveaux arrivages au cours du moisde janvier.

LES MOYENS MATÉRIELS

Des barrages flottants sont installés en prio-rité dans les abers abritant des activitésconchylicoles afin de protéger la ressource.Ce travail est assuré par le personnel de laDDE, avec l'appui de bateaux de pêcheursprofessionnels et de la SNSM. Leur main-tenance est réalisée à partir d'embarcationslégères de type vedette et demande desefforts constants car le matériel est soumisà des conditions hydrodynamiques parti-culièrement défavorables.

Rochers pollués à Clohars-Carnoët

Le port du Guilvinec constitue la pré-occupation majeure pour les responsa-bles du secteur de Pont-l'Abbé lors destous premiers jours de la marée noire.Le but est alors de le conserver opéra-tionnel pour la vente à la criée, de façonà ce que les pêcheurs puissent poursui-vre leur activité en période de fêtes.

La société TotalFinaElf prend en chargeles opérations de nettoyage sur l'ensem-ble du littoral de la commune de Moë-lan-sur-Mer et sur la partie rocheuse deClohars-Carnoët. Les opérations débu-tent dès le mois de janvier et vont s'ins-crire dans la durée puisque des chantierssont toujours activés au mois de septem-bre.

LE CONSEIL TECHNIQUE ET ENVI-RONNEMENTAL

Un comité de suivi se réunit pour la pre-mière fois le 15 février, sous la présidencedu Préfet du Finistère. Cette réunion estl'occasion de faire le rappel des moyensopérationnels mis en œuvre depuis ledébut de la pollution, le bilan écologiqueet le point sur les indemnisations. Deuxautres réunions ont lieu les 2 et 29 juin.

Afin de préparer au mieux les opérationsde nettoyage fin, en définissant les tech-niques les mieux appropriées, les sitespollués font l'objet d'expertises. Lespremières visites ont lieu à partir

de la mi-janvier et sont réalisées parle Cedre, la DIREN, les experts duFIPOL et les responsables des PCA.

LE SAUVETAGE DE LA SAISON TOURISTIQUE (FÉVRIER - JUIN)

LE CHOIX DES SITES PRIORITAIRES

Les arrivages de polluant sur l'ensemble dela côte sud du Finistère, en février,entraînent une révision des priorités d'ac-tions initialement définies.

Les opérations de nettoyage sont program-mées en priorité sur les plages susceptiblesd'accueillir des touristes pendant l'été.

L'ÉVOLUTION DES CHANTIERS ETDES EFFECTIFS

Les effectifs augmentent à nouveau à par-tir du début de février car les efforts doi-vent être repris pour traiter la deuxièmevague de pollution. Ils se stabilisent à 60personnes de mi-février à fin mars, pério-de à laquelle un niveau supérieur estatteint avec environ 100 personnes à piedd'œuvre. Cette seconde augmentation estdue à l'intervention de personnesemployées en contrat à durée détermi-née par les communes sur les fondsPOLMAR (baptisés CDD POLMAR) et

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ne reflète pas forcément de nouveaux arri-vages massifs d'hydrocarbures.

LE NETTOYAGE FIN

La phase de nettoyage fin, et notammentle ramassage d'hydrocarbures en haut deplages, commence à la fin du mois de mars.Elle est menée parallèlement aux actionsde nettoyage des substrats durs à l'aide denettoyeurs haute-pression et eau chaude.

Quelques essais de cribleuses de plage sonttentés de façon ponctuelle mais sans appor-ter les résultats escomptés, aggravant mêmedans certains cas la situation en frag-mentant les boulettes. L'essentiel dunettoyage fin sur le sable est donc réalisémanuellement.

Les réceptions des chantiers privés sur lescommunes de Clohars-Carnoët et Moëlan-sur-Mer, financés par TotalFinaElf, com-mencent dans le courant du mois de juin.

Tous ces efforts permettent l'ouverture de

L’ÉVOLUTION DESCHANTIERS

La plus grosse phase de nettoyagepassée, les secteurs à traiter ne cons-tituent plus un linéaire élevé et neprésentent pas de quantités de pol-luant importantes.

Les barrages en place continuentd'être entretenus et ceux qui sontrelevés sont prêts à être déployés rapi-dement.

LES TRAVAUX D’AUTOMNE(DEPUIS SEPTEMBRE)

Les travaux automnaux concer-nent les zones où la pollution rési-duelle n'est pas encore traitée etsont réalisés par des personnes enCDD POLMAR.

A partir du mois de septembre,les chantiers activés se concentrentsur les zones rocheuses difficilesd'accès des communes de Moë-lan-sur-Mer et Clohars-Carnoët, etoccupent 21 CDD. Ils se termi-nent entre le 19 septembre et le4 octobre.

Les 15 CDD présents à la mi-octo-bre sont employés par la commune deConcarneau pour traiter les rochers duCabellou. Ce chantier s’achève à lafin du mois de novembre. Du 27 novem-bre au 15 décembre, la commune de Tré-gunc fait intervenir sur son secteur 14CDD.

D'autre part, les communes de Tréguncet Fouesnant recrutent 5 CDD chacune,pour une durée de deux semaines à par-tir du 15 janvier 2001, afin de nettoyerles zones rocheuses et végétalisées restantà traiter.

Au 24 novembre 2000, l'ensemble desbarrages flottants est démonté et trans-féré au centre POLMAR de Brest.

LE BILAN DE LA LUTTE

LE LINÉAIRE TOUCHÉ

Le secteur de Concarneau, et notammentsa partie est, a été plus touché que le sec-teur de Pont-l'Abbé qui a souffert dans unemoindre mesure des arrivages de polluant.

toutes les zones de baignade au public, auvu des résultats d'analyses de sable et d'eaueffectuées par la DDASS à la fin du moisde juin.

LES TRAVAUX D’ÉTÉ (JUILLET - AOÛT)

LA RÉDUCTION DES EFFECTIFS

La saison estivale se traduit par une dimi-nution des effectifs et par un allègementdu dispositif POLMAR.

La section de militaires en action depuis le22 février est désengagée le 29 juin. A cecis'ajoute l'arrêt de l'intervention des sapeurs-pompiers du département. Les mois dejuillet et d'août ne voient donc plus que l'in-tervention des personnes en CDD (150mois sont alloués sur le département). Leurnombre varie entre 25 et 33 pendant la pre-mière quinzaine de juillet et passe ensuiteà 59 jusqu'à la fin du mois d'août.

INTERVENTION

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Carte de localisation géographique des principaux sites mentionnés

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LE MORBIHAN

LA MOBILISATION(DÉCEMBRE - FÉVRIER)

Le 24 décembre 1999 à 15 heures, leplan POLMAR-Terre est déclenché par

la Préfecture duMorbihan. La ges-tion de la crisedémarre dans l'ur-gence : les premiè-res plaques d'hy-drocarbures'échouent à Belle-Ile ce même jour.Une reconnaissan-ce de pollution surl'île fait état deplaques en mer, àl'entrée de plu-sieurs sites. Au lar-ge de Groix et dePloemeur, des nap-pes sont égalementrepérées. Le 25décembre, à Belle-

Ile, des plaques et des nappes sontsignalées sur les côtes ouest et sud; les îles de Groix (sud), Hoëdic (sud-ouest) sont touchées. Sur le conti-nent, de l'embouchure de la Laïta à lapresqu'île de Quiberon, les premiersarrivages de polluant sont constatés.

INTERVENTION

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Chantier de nettoyage grossier à Belle-Ile-en-Mer

La pose d'un barrage flottant de 4 km,à l'entrée de la rivière de Pénerf, estdemandée aussitôt ; ce secteur ostréicoleparaît en effet très menacé en raison desa proximité avec la Loire-Atlantique,déjà fortement touchée. Cette mesurepermettra d'épargner les établissementsostréicoles en interceptant plusieurs ton-nes d'hydrocarbures.

L’ORGANISATION

Dans le Morbihan, le Poste de Com-mandement Fixe (PCF) joue aussi lerôle du Poste de CommandementOpérationnel (PCO). Il est mis enplace à la Préfecture de Vannes dèsle déclenchement du Plan POLMAR.Le 25 décembre, 3 PCA sont activés: Belle-Ile, Groix et Quiberon. Le26 décembre, un PCA est ouvert àHoëdic.

La gravité de la situation s'accentuedans la nuit du 25 au 26 décembreavec la tempête qui entraîne deséchouages considérables. Le 26décembre, la pollution s’est généra-lisée à l'île de Houat et à la partiesud du département (de Sarzeau àPénerf). Le 27 décembre, le sud-estdu département, de Damgan à Pénes-tin, est touché à son tour.

LA GESTION DES DÉCHETS

Les déchets collectés du 3 au 27 janvier 2000ont été transférés sur le site de stockageintermédiaire de Caudan (Morbihan)

avant leur expédition en Loire-Atlan-

tique dans les sites de stockage lourd.Ces déchets représentent une quantitéde 1 390 m3. Le site de Caudan n'a plusété utilisé pour les déchets du Finistèreaprès le 27 janvier et a été fermé le 3février. Au 4 mai 2001, la quantité totaledes déchets était de 3 000 tonnes.

Le site de stockage intermédiaire de Caudan (Morbihan)

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Le 27 décembre, les PCA de Fort Blo-qué, Etel, Sarzeau et Muzillac sontétablis. Le 28 décembre, avec la miseen place d'un PCA à Houat, le dispo-sitif complet est installé pour l'en-semble des sites pollués. Dans le cad-re d'opérations ponctuelles denettoyage, 2 autres PCA serontouverts : le PC de Carnac, le 13 jan-vier, et le PC “Golfe”, le 3 février.Leur gestion est assurée par lessapeurs-pompiers et les personnelsdes services de l'Equipement.

LES MOYENS HUMAINS

Les effectifs POLMAR sont déployésdès le déclenchement du dispositifPOLMAR. Un contingent de 103hommes de l'UIISC est réparti entre Bel-le-Ile et Ploemeur dès le 25 décemb-re. Le 26 décembre, une compagniemilitaire de 95 hommes est mobiliséesur Quiberon. Les sapeurs-pompiersdépartementaux, opérationnels pourcertains depuis le 24 décembre, obtien-nent le renfort d'une colonne départe-mentale et de 3 colonnes Zone deDéfense Ouest (1 Centre, 1 Loire-Atlantique, 1 Poitou-Charentes), soit310 hommes affectés dans le Mor-bihan pour le 27 décembre, auxquels serajoutent des personnels des services del'Equipement répartis sur tous lesPC. En dehors des effectifs déployés parle dispositif POLMAR, le personneltechnique

de la plupart des communes tou-chées par la pollution est mis àcontribution, avec des effectifs pou-vant aller jusqu'à 140 personnes parjour et par PC.

Les bénévoles aff luent également,dès les premiers jours, et se mobili-sent en nombre jusqu'à mi-janvier.Dès le 28 décembre 1999, en parte-nariat avec la Préfecture, le Conseilgénéral met en place une cellule degestion pour les orienter. Le 30 déc-embre, plus de 1 500 bénévoles sontrépartis sur les différents PC, prin-cipalement entre les îles (Belle-Ile,Hoëdic) et le continent (de Ploe-meur à Quiberon). Belle-Ile conti-nuera d’en accueillir plus de 150 jus-qu'à la f in mars.

LE NETTOYAGE GROSSIER

Les actions entreprises au début des opé-rations comprennent essentiellement leramassage manuel, le grattage et leramassage mécanique des polluants. Cenettoyage grossier est non seulementindispensable avant l'utilisation d'enginsde dépollution f ine (cribleuses, net-toyeurs haute-pression), mais il permetégalement d'éviter la reprise des pol-luants par la mer. Parallèlement au nettoyage grossier, unplan de nettoyage systématique est éla-boré, dès le 13 janvier, afin d'intervenirsur les sites d'accès difficile et d'adapterles techniques de nettoyage

à l'état d'avancement des chantiers.

Des GRoupes d'Interventions en MilieuPérilleux (GRIMP) des sapeurs-pompierssont sollicités, le 20 janvier, par la Pré-fecture et sont af fectés, dès le 2février, au nettoyage de secteurs dif-ficiles sur Quiberon.

TotalFinaElf s'engage à intervenir sur lecontinent (à Etel) et sur les secteurs prio-ritaires des îles ainsi que sur certains sitesdifficiles d'accès, comme les grottes, falai-ses ou failles. Bien que peu fréquentéspar les touristes, ces derniers sites récla-ment une technicité particulière, deséquipements adaptés et nécessitent doncl'intervention d'équipes spécialisées (cor-distes). Ces chantiers vont durer plu-sieurs mois.

LE SAUVETAGE DE LA SAISON TOURISTIQUE (MARS - JUIN)

LES CHANTIERS

Un point de situation, établi le 24 marssuite à une réunion de la celluled ' évaluation environnementale,indique que la phase de nettoyage lourdest presque terminée, seuls quelquessites d'accès difficile restent concernés.Les travaux les plus importants

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INTERVENTION

Traitement d’une nappe immergée à Belle-Ile-en-Mer - © Yves Gladu

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INTERVENTION

qui restent à entreprendre fin mars concer-nent les îles. A Belle-Ile, une reconnais-sance de la pollution dénombre encore26 secteurs fortement souillés à traiterrapidement pour éviter les reprises par lamer.

LES SITES PRIORITAIRES

Dès le mois de mars, une des préoccupa-tions majeures du département est de sau-ver la saison touristique. Suivant cet objec-tif, les actions menées sur le terrain seconcentrent majoritairement sur les sitesjugés prioritaires par les communes : pla-ges et sites touristiques.

LE NETTOYAGE FIN

Le lavage des rochers à l'aide de nettoyeurshaute-pression, largement pratiqué, dès lami-janvier, par certains PC (Quiberon, FortBloqué et Hoëdic), se généralise.

Des opérations de criblage et de tamisa-ge sont entreprises sur les plages, dès mars.

L’OUVERTURE DES PLAGES

Le 30 mars, la Direction Générale de laSanté transmet, à toutes les Préfecturesconcernées, des instructions relatives à l'é-tat sanitaire des plages.

Il est alors demandé au Préfet de faireappel à la Direction Départementale desAffaires Sanitaires et Sociales (DDASS)pour évaluer l'état des plages du dépar-tement selon différents critères. Cesinstructions sont modifiées le 30 mai parune circulaire qui réduit à deux catégo-ries l'évaluation des sites touchés :1) état sanitaire satisfaisant ;2) état sanitaire non satisfaisant.

Avant l'été, les 153 plages touchées dansle Morbihan sont ouvertes avec l'accordde la DDASS, les deux dernières étantpassées en état sanitaire satisfaisant le30 juin 2000.

LES TRAVAUX D’ÉTÉ (JUILLET - AOUT)

Dans certaines communes, le maintiendes chantiers est incompatible avec la sai-son touristique. Certains PCA se met-tent en veille et les renforts POLMARsubissent une baisse sensible pendant l'é-té. L'activité de dépollution est réduite,voire interrompue, sur certains sec-teurs. U n e s e c t i o n m i l i t a i r e

et une section UIISC sont toutefois main-tenues sur Belle-Ile. Les sapeurs-pom-piers morbihannais et les équipes de ren-fort sont démobilisés fin juin.

Dans le cadre du dispositif estival, la créa-tion du Groupe d'Intervention RapidePOLMAR (GIRP) permet d'assurer uneveille continue sur le littoral. Constituéd'une quinzaine de sapeurs-pompiers, leGIRP est chargé de vérifier les alertesd'arrivages et d'effectuer des interven-tions de dépollution ponctuelles en casde besoin.

Les chantiers TotalFinaElf sont toujours acti-vés sur les îles de Groix, Hoëdic et Belle-Ile ainsi que sur Saint-Gildas-de-Rhuys.

Accès aux criques par encordement à Belle-Ile-en-Mer

Les CDD POLMAR sont chargés d'as-surer la propreté des plages touristiques,ils interviennent également sur les espa-ces végétalisés.

LA REPRISE D’AUTOMNE

LE DÉSENGAGEMENT PROGRESSIF DESRENFORTS POLMAR

A la fin de la saison estivale, le Mor-bihan, comme les autres départements,subit un désengagement progressif deseffectifs POLMAR, les moyens disponi-bles sont nettement inférieurs aux effec-tifs demandés par les communes.L'UIISC se retire du département

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Néanmoins, les équipes GRIMP des pom-piers continuent d'intervenir sur plu-sieurs sites difficiles.

LE BILAN DE LA LUTTE

Le Morbihan a été largement pollué parla marée noire de l'Erika. Les caracté-ristiques du littoral touché, constitué enpartie de criques, de falaises, mais aussid'îles et de péninsules, n'ont pas facilitéla tâche des équipes de dépollution. Au15 mai 2001, plus de 350 chantiers, répar-tis sur 49 communes, ont été ouvertsdepuis le début des opérations.

LA GESTION DES DÉCHETS

Le traitement des déchets a été géré etfinancé par TotalFinaElf, la DDE prenanten charge le transfert des polluants jusqu'àDonges. Très vite, la Préfecture anticipe lasaturation du site de Donges, ouvert parTotalFinaElf, vers lequel convergeaient lesdéchets des quatre départements, etdécide l'ouverture d'un stockage tamponsur le site de Caudan. Sur les îles, desdépôts intermédiaires ont été créés parnécessité. Ces sites ont ensuite été restauréspar TotalFinaElf. Au 4 mai 2001, le totaldes déchets collectés sur le littoral du dépar-tement s'élève à 23 000 tonnes.

le 8 septembre et reviendra à Belle-Iledébut novembre jusqu'à mi-décembre.Le 11 septembre, les militaires sontdémobilisés déf initivement. Leurdépart est compensé par l'arrivée d'uneéquipe de renfort de sapeurs-pompiersqui restera jusqu'à fin mars 2001.

RECOURS AU SECTEUR PRIVÉ

Pour compenser le désengagementprogressif des renforts POLMAR, 186mois de CDD sont attribués aux com-munes en octobre, puis 105 en 2001.Consciente que cette phase de net-toyage réclame plus de technicité, laPréfecture se tourne vers les entreprisesprivées qui s'avèrent plus efficaces pource type de chantiers. Un appel d'offresvers les entreprises spécialisées est lan-cé pour Belle-Ile, Quiberon, Houat,Ploemeur. Les entreprises sélectionnéesinterviennent sur Belle-Ile à partir defévrier 2001, et sur Houat et le continentà partir d'avril 2001. Parallèlement auxchantiers financés par l'Etat, TotalFinaElfpoursuit les opérations de nettoyagesur les îles de Groix, Hoëdic et Belle-Ile,et sur le continent (St-Gildas-de-Rhuys).

LA POLLUTION ENFOUIE, LESNOUVEAUX ARRIVAGES ET LESREMOBILISATIONS

Avec les grandes marées et le retour dumauvais temps, les échouages d'hy-drocarbures et les remobilisations depolluant reprennent, recontaminantdes sites déjà nettoyés sur Ploemeur,Quiberon ou Belle-Ile.

Début octobre, ces phénomènes s'in-tensifient, en particulier sur Belle-Ile,laissant supposer la présence de nappesimmergées non repérées. Deux de cesnappes (Apothicairerie et PortBlanc/Baluden) sont prises en chargepar TotalFinaElf et traitées de septembreà décembre par des plongeurs de lasociété Laminaria.

Par ailleurs, le dégraissement des pla-ges à l'automne fait apparaître des pol-lutions enfouies sous le sable ou sousles galets, obligeant à de nouvelles opé-rations de nettoyage sur ces secteurs.

Ces nouveaux chantiers sont fréquem-ment confiés à des entreprises privéesspécialisées, notamment à Belle-Ile et àHouat.

INTERVENTION

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LA LOIRE-ATLANTIQUE

LA MOBILISATION(DÉCEMBRE - MARS)

Le plan POLMAR-Terre de Loire-Atlan-tique est déclenché par le Préfet dudépartement le 24 décembre.

Le 25 décembre, une reconnaissancedans la zone allant du Pouliguen à LaBaule n'indique pas de traces significa-tives de pollution mais fait néanmoinsétat de centaines d'oiseaux mazoutés.

C'est le 26 décembre que la pollutionfrappe la côte du département, quis'avère par la suite le plus touché. Lepolluant se présente sous la forme denappes qui recouvrent l'estran, lesrochers, les galets, ainsi que de projectionssur les falaises et les routes de bord demer du fait de la tempête qui sévit à cet-te époque. De la pointe du Castelli jus-qu'au Pouliguen, une couche visqueusede 5 à 30 cm d'épaisseur recouvre la côte.Des estimations font mention de cen-taines de tonnes entre le Pouliguen etBatz-sur-mer, chaque crique concentrant2 à 10 tonnes de polluant. Des barragesen terre sont élevés pour protéger lesmarais salants. Les huîtres des zones ostréi-coles du nord de la baie de Bourgneuf sontrelevées par les professionnels.

Des corps-morts sont installés pour lamise en place éventuelle de barrages flot-tants. Seul le port de Pornichet, le portde plaisance de la Turballe et l’étier duPouliguen, voient l’installation effectived’un barrage. Le port autonome deNantes-Saint-Nazaire déclenche sonplan Minipol, du fait des arrivagesaux abords de l'estuaire de la Loire.Des épandages de filmogène (produitlimitant l'absorption du polluant surle substrat) ont lieu mais sont ren-dus aléatoires à cause de vents de l'or-dre de 100 km/h.

Dès le 26, les équipes municipales,de Sécurité civile et des bénévoles débu-tent le ramassage. Environ 500 per-sonnes arrivent rapidement en ren-fort.

Les échouages qui ont lieu par la sui-te sont le fait de remobilisations plu-tôt que d'arrivages du large. Certai-nes nappes menaçant d'entrer dansle traict du Croisic, les principauxétiers des marais de Guérande sontprotégés par des barrages en argileou des barrages filtrants en paille.

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peu de technicité puisque le polluant estaccessible. Les rochers font l'objet d'unraclage manuel lorsque l'épaisseur de lacouche le permet.

Etant donné la viscosité élevée du pétro-le, des nappes peuvent être dégagées augrappin, à marée haute, des criques dif-ficiles d'accès et parfois remorquées avecdes canots pneumatiques vers des zonesaccessibles.

LE SAUVETAGE DE LA SAISONTOURISTIQUE (MARS - JUIN)

LE CHOIX DES SITES PRIORITAIRES

Durant les premières semaines de lamarée noire, l'effort est porté sur la zonesituée entre le Pouliguen et le Croisic,particulièrement touchée par les arrivages.Le grand nombre de petites criquesrocheuses constitue une source de pol-luant facilement remobilisable par lesmarées et il est impératif de traiter ceszones en priorité pour limiter les trans-ferts qui recontaminent les sites nettoyésou épargnés.

INTERVENTION

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LE NETTOYAGE FIN

Le nettoyage fin comprend le criblagedes plages, le nettoyage des substrats durset de la végétation. Il vient s'y ajouter letraitement des nappes enfouies par l'en-graissement des plages après les arriva-ges de polluant. Il nécessite de grosmoyens.

A partir du mois de mars, les plagessableuses sont nettoyées pour pouvoirêtre autorisées à la baignade ainsi queles substrats durs (enrochements artifi-ciels, rochers, digues et perrés).

Ce nettoyage fin débute dans le sud Loiredurant la deuxième semaine de mars.Chaque commune dispose de nettoyeurshaute-pression / haute-température, misen œuvre par les militaires pour le net-toyage des substrats durs. Des lances“Impact” sont utilisées à partir de la mi-avril. Les dernières semaines avant l'étésont consacrées au nettoyage des enro-chements situés près des plages, pour cequi concerne les chantiers POLMAR.

En nord Loire, les premiers chantiers denettoyage de l'estran rocheux débutentau mois d'avril.

Premiers arrivages et début de la lutte à terre sur le secteur nord Loire

L’ORGANISATION

Un PCF est activé à la Préfecture de Nantessuite au déclenchement du plan POLMAR.Un PCO est installé à la sous-Préfecture deSaint-Nazaire et deux PCA sont implan-tés à La Baule pour gérer les chantiers dansle secteur nord Loire et à Pornic pour lazone située au sud de l'estuaire.

LES MOYENS HUMAINS

Les effectifs intervenant sur les chantiersde dépollution montent rapidement enpuissance. A la fin décembre, 600 per-sonnes sont présentes, à la fin de janvier,elles sont 950. Durant le premier mois,les effectifs de militaires, sapeurs-pom-piers et membres de la Sécurité civile variententre ces deux valeurs. A ceux-ci s'ajoutentles bénévoles et les employés commu-naux.

LE NETTOYAGE GROSSIER

Les premiers chantiers consistent àramasser le maximum de pétroleéchoué avant qu'il ne soit repris parla mer. Il s'agit donc essentiellementde récupération mécanique et manuel-le à l'aide de pelles nécessitant

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Certaines plages de sable du nord Loirefont l'objet, en plus du criblage, de des-centes de sable en bas de plage pourséparer les plus petites boulettes dusédiment. C'est le cas des communes dePornichet, la Baule, la Turballe, Batz-sur-Meroù le linéaire à traiter est de 14 km.

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L'ÉVOLUTION DES EFFECTIFS

La phase de nettoyage fin se traduit parune augmentation rapide du personnelengagé sur les chantiers au début du moisde mars, avec l'arrivée des équipes de CDDqui viennent épauler les unités constituées.

INTERVENTION

Cette opération de grande enver-gure a lieu en deux temps :La partie terrestre est traitée suc-cessivement par une centaine depaludiers et une centaine de mili-taires, pendant la troisième semai-ne d'avril 2000, puis par 330 mili-taires, les 3 et 4 mai, selon leschéma suivant :•décapage du sable ;•collecte manuelle et/ou méca-

nique du polluant ;•criblage du sable excavé ;•évacuation.

Une zone de plus de 8 000 m2 estainsi traitée.

La partie immergée constituée dedeux zones est nettoyée entre marset avril 2001.

Le secteur central, 1 000 m2 forte-ment pollués, est traité par une pel-leteuse installée sur une barge etmunie d'un godet à tamis durantla première semaine de mars 2001,les forts coefficients de marée du9 mars constituant la date butoirpour permettre aux paludiers d'a-limenter les salines à travers desdispositifs de filtration.

La zone périphérique (2,5 ha) estdraguée du 14 mars au 16 avril2001. Le mélange de sédiment pol-lué et d'eau est refoulé dans unefosse de 5 000 m3. Les hydrocar-bures sont collectés en surface etévacués sur le site de stockage lourdd'Arceau 2. Le sédiment est remissur la plage de la Turballe en auto-lavage, après pose de filets de récu-pération si sa teneur en hydrocar-bure ne dépasse pas 1 000 ppm.L'eau est filtrée sur place et refou-lée en mer.

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LE TRAITEMENT DE LA NAPPE ENFOUIE DE PEN BRON

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Les effectifs atteignent un maximum de1 300 personnes le 27 avril et on cons-tate, après cette date, une diminutionfaible jusqu'à la fin du mois de juin oùl’essentiel des unités constituées estdémobilisé.

LES TRAVAUX D’ÉTÉ (JUILLET - AOÛT)

L’ORGANISATION DU DISPOSITIFPOLMAR

Le dispositif POLMAR est allégé pen-dant la période estivale. L’essentiel del’activité planifié par le PCA consiste enveille, maintenance et mise à niveau dela qualité des plages par les services com-munaux, les CDD POLMAR et les uni-tés constituées. Les chantiers des entre-prises privées sont également intégrésdans ce dispositif. Face à des arrivéesoccasionnelles de pollutions de faibleampleur (décrochages, goémons pollués,galettes), les unités constituées renfor-cent les services communaux et les CDDlorsque la pollution dépasse la capacitédes moyens communaux.

NATURE DES CHANTIERS ET OPÉRATEURS CONCERNÉS

Les militaires travaillent au nettoyage desenrochements de bas de falaises et pla-teaux rocheux. Les équipes de la Sécu-rité civile réalisent le mini-criblage surles plages ouvertes au public pour assu-rer le maintien d'un niveau de propretésatisfaisant, ainsi que le nettoyage desenrochements et pieds de falaises. LesCDD gérés par les communes effectuentdiverses missions en fonction de la typo-logie des sites et de l'ampleur de la pol-lution (surveillance, ramassage des petitséchouages de boulettes, décaissementdes pieds de falaise, nettoyage haute pres-sion). Les entreprises privées assurent lenettoyage des épis, enrochements, piedsde falaises et secteurs végétalisés.

L’OUVERTURE DES PLAGES

Le 11 juillet, ces efforts conduisentà déclarer en état sanitaire satisfai-sant 65 plages des 86 visitées par legroupe de visite mené par la DDASS.Au 28 juillet, 71 plages sont ouver-tes à la baignade et 15 restent dansun état non satisfaisant, dont 6 trèsdégradées.

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LE DISPOSITIF POST-ESTIVAL

Le dispositif automnal est allégé à 300personnes et, à partir du 18 septembre,les effectifs ne sont constitués que deCDD (hors chantiers privés). Au débutdu mois d'octobre, une dotation de 184mois de CDD est attribuée aux commu-nes, dont 132 en nord Loire et 52 dansle sud Loire. Une autre dotation, de 130mois de CDD en nord Loire et 156 ensud Loire, vient la compléter au mois denovembre.

Un dispositif de prêt de matériel POLMARaux communes est mis en place. Chaquecommune remplit une "demande d'ap-pui technique" (nature du chantier pré-vu et matériel demandé). Le site estensuite visité par des représentants duPCA, de la DIREN et du Cedre. Le maté-riel est débloqué et les chantiers sontmenés sous le contrôle des conducteursde travaux du PCA.

TotalFinaElf se remobilise sur cer-tains chantiers, en particulier ceuxtrès pollués, ou d’accès difficiles, dela côte sauvage du Pouliguen à Batz-sur-Mer.

L’Etat lance des appels d’offres auprèsdes sociétés spécialisées en antipollutionpour intervenir sur les zones les plus for-tement polluées où des techniques par-ticulières n’étant plus à la portée deséquipes de contractuels doivent êtreappliquées. Cinq sociétés interviennentsur le nord Loire et quatre en sud Loi-re.

INTERVENTION

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LA DÉPOLLUTION DES ENROCHE-MENTS

En automne, trois enrochements sontencore particulièrement pollués, et l'op-tion est prise de les démonter car il n'estpas possible d'éliminer le polluant enlaissant les blocs en place. Il s'agit dessites de :•Sissable (démontage, lavage sur place,

remontage) ;•Pornichet ;•Pen Bron (démontage, remontage

avec 70 000 tonnes de nouveaumatériau). Les petits blocs trèspollués sont expédiés vers Donges.Les gros blocs peu pollués sontévacués en carrière où ils sontconcassés.

LE BILAN DE LA LUTTE

LE LINÉAIRE TOUCHÉ

Avec 70 % de ses côtes polluées par lamarée noire, la Loire-Atlantique est deloin le département le plus touché. Al'intérieur du département, la situationn'est pas homogène puisque le nord Loireest plus atteint que le secteur sud. Defaçon plus précise, la zone entre le Pou-liguen et le Croisic est de 5 à 10 fois plusatteinte que le reste de la côte en termede quantité (estimation effectuée suite àun survol en hélicoptère le 28 décembre1999).

LES MARAIS SALANTS

La convergence des nappes de pétrolevers la Loire-Atlantique nécessite desactions de protection des marais salantsde Guérande et du Mès. L'intrusion d'hy-drocarbures dans ces marais aurait degraves conséquences économiques, éco-logiques et sanitaires. C'est pourquoi lespaludiers, en relation avec le dispositifPOLMAR, ferment les écluses des étiers,érigent des barrages en terre et instal-lent des barrages filtrants en paille pourstopper le pol luant , dès le 26décembre.

Le 3 mars, un Arrêté Préfectoral inter-dit la prise d'eau dans les marais salantsde Loire-Atlantique jusqu'au 31 mars.Cette interdiction est ensuite étenduependant 15 jours supplémentaires. Ladécision résulte des analyses effectuéespar la DDASS et du fait que la nappe depolluant enfouie sur la plage de Pen Bronconstitue une source de relargage d'hy-drocarbures dans les traicts.Nettoyage du port de la Turballe

Test de tamisage avant ouverture

de plage

L’ÉVOLUTION DES EFFECTIFS

La période estivale se traduit par unebrusque diminution des effectifs, qui pas-sent de 930 à 230 par la démobilisationdes militaires et des renforts de sapeurs-pompiers. La tendance est à l'accroisse-ment durant la seconde quinzaine dejuillet (400 personnes à la fin du mois),150 CDD étant recrutés. Au mois d'août, leseffectifs varient entre 290 et 400 personnes.

LA REPRISE D’AUTOMNE(DEPUIS SEPTEMBRE)

Les travaux d'automne concernent leschantiers de finition réalisés par desentreprises privées, des CDD, et les opé-rations plus lourdes telles que le trai-tement de pollutions immergées ou d'en-rochements fortement contaminés.

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INTERVENTION

RÉCAPITULATIF DES MOYENS HUMAINS ENGAGÉS SUR LES 4 DÉPARTEMENTS

Afin de donner une vision d’ensemble des moyens humains engagés, nous avons rassemblé sur un même tableau l’évolutiondes effectifs des unités constituées et des CDD POLMAR, du 2 janvier 2000 au 31 mars 2001. Cependant, ne sont pas repré-sentés sur ce graphique les bénévoles, les personnels des services déconcentrés de l’Etat (Equipement, Affaires maritimes,Affaires Sanitaires et Sociales, Office National des Forêts...), les personnels des services communaux et, enfin, les équipes dessociétés de services, sous contrats avec l’Etat et TotalFinaElf, pour mettre en oeuvre des chantiers de nettoyage du littoral. Ence qui concerne les bénévoles, les chiffres ne sont pas connus, pour les autres ils sont encore en cours de recensement.

Le 28 mai, les paludiers et le sous-Pré-fet de Saint-Nazaire signent un accordde non production de sel pour

l'année 2000, préférant sacrifier uneannée que de laisser planer un doutesur la qualité d'un produit alimentaire

haut de gamme. Il est toutefois nécessairede mettre les salines en eau pour qu'ellesne se détériorent pas sous l'effet du

dessèchement. C'est pourquoiun Arrêté est pris, le 21 mai,autorisant l'alimentation desmarais salants, si les dispositifsde filtration répondent à cer-taines prescriptions (concen-tration en hydrocarbures aro-mat iques po lycyc l iquesinférieure à 200 ng/l notam-ment).

LES DÉCHETS COLLECTÉS

Au 4 mai 2001, 144 000 tonnesde déchets ont été collectéessur le littoral du départe-ment.Dépollution des enrochements de Pen Bron

Effectifs cumulØs en hommes /jour

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(plusieurs centaines de tonnes). La pollu-tion semble ensuite se décaler vers le suddu département, puisqu'au début du moisde janvier des arrivées de plaques et degalettes sont constatées dans les secteursde Jard-sur-Mer et la Tranche-sur-Mer.

L’ORGANISATION

Le jour même du déclenchement duplan POLMAR-Terre, le PCF est activé àla Préfecture de la Roche-sur-Yon, ainsiqu'un PCO à la sous-Préfecture desSables d'Olonne qui rassemble, sous ladirection du sous-Préfet, tous les ser-vices à partir du 23 décembre. Le 5janvier, le PCF est dissout et vient ren-forcer le dispositif du PCO.

Trois premiers PCA sont activés à l'îled'Yeu, Beauvoir-sur-Mer et Saint-Jean-de-Monts le 23 décembre. En effet, l'îled'Yeu et la partie nord du départementsont les plus menacées et seront les plustouchées par les arrivages. Un quatriè-me PCA est activé à Jard-sur-Mer,

La protection du Perthuis Breton estprévue par des chaluts traînés par desbateaux de Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Le22 décembre, le navire baliseur CharlesBabin positionne les coffres d'amar-rage et livre les barrages à Port Join-ville en vue de protéger Port Join-ville et le Port de la Meule.

Au vu du risque imminent de l'arrivéedes hydrocarbures sur le littoral, le plan POLMAR-Terre est déclenché par le Pré-fet de Vendée le 22 décembre à midi.Le même jour, des premières traces depollution touchent l'île d'Yeu sousforme de galettes de 2 à 5 cm dediamètre. Des prélèvements sont effec-tués et analysés au LASEM (Labora-toire d’Analyses, de Surveillance et d’Ex-pertise de la Marine). En attendant desavoir si le polluant vient ou non de l'E-rika, l'incertitude planequant aux zones quiseront touchées dans lesjours suivants. La craintede voir la côte souillée estd'autant plus grande quetoutes les modélisationsde dérives de nappes pré-voient que le départe-ment sera touché.

Le 25, quatre barragesflottants sont installés àl'entrée des ports del'Herbaudière sur Noir-moutier et des Brochets,des Champs et du Bec aufond de la baie de Bour-gneuf.

A partir du 27 décembre, les quantitésd'hydrocarbures touchant la côte sontplus importantes, en particulier sur l’î-le de Noirmoutier et la partie conti-nentale de la baie de Bourgneuf

LA VENDÉE

LA MOBILISATION(DÉCEMBRE - JANVIER)

Le 17 décembre, une réunion des servi-ces concernés (DDAM, DDAF, DDE, DRI-RE, DDASS…), à l'initiative du sous-Pré-fet des Sables d'Olonne, permet defaire le point des risques de pollutionainsi que des moyens et de l’organisa-tion à mettre en œuvre. Le 19, le bateaubaliseur du Service maritime de la DDEpositionne deux corps-morts à l'entréedu port des Sables d'Olonne en vue del'installation d'un barrage flottant. Lesports de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, Bourge-nay et du Payré sont équipés le 20.

INTERVENTION

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Des effectifs considérables ont été engagés pour la dépollution des prés salés de la baie de Bourgneuf. Au total ce sont près de 2 500 jour-

nées de nettoyage qui y ont été consacrées en l’espace de deux mois. Sept cent cinquante personnes différentes

(95 % de sapeurs-pompiers) se sont relayées pour effectuer ce travail ingrat. L’antenne régionale des Pays de Loire du Conservatoire

Botanique National de Brest a assuré la direction technique des 15 chantiers mis en œuvre.

c) restaurés b) fauchés Les herbiers : a) pollués

Lavage d’enrochements à Moutiers

Les premiers arrivages en baie de Bourgneuf

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Il fournit, d’autre part, des cri-bleuses, des mini-cribleuses,des aspirateurs Norclean etdes nettoyeurs à pression.

LE CHOIX DES SITES PRIO-RITAIRES

La saison estivale approchant,se pose la question des priori-tés du nettoyage. Les chantiersconduits sur les digues sontinterrompus à la mi-mai pourporter les efforts sur les plagesdont le contrôle sanitaire seraassuré par la DDASS. Les pre-

mières zones à bénéficier de cette optionse situent sur l’île de Noirmoutier et la Barre-des-Monts.D'autre part, des équipes de sapeurs-pompierssont affectées sur les zones rocheuses deBrétignolles-sur-Mer et Saint-Gilles-Croix-de-Vie.

Les résultats des visites de la DDASSeffectuées du 6 au 15 juin autorisent110 plages sur 113 à la baignade. Lestrois plages non acceptées représententun linéaire d'un kilomètre sur les 120 kmdu département et sont situées sur lesîles d'Yeu et de Noirmoutier (sablepropre mais enrochements très pollués).

LE NETTOYAGE FIN

Il n'y a pas eu à proprement parlerune phase de nettoyage f in faisantsuite à une phase de nettoyage gros-sier en Vendée. En effet, le nettoya-ge f in a débuté sur certains sitesalors que d'autres faisaient toujoursl'objet d'un nettoyage grossier.

Sur les plages, principalement deNoirmoutier et du Pays de Monts, lescribleuses commencent à être utiliséesde façon généralisée, dès le mois defévrier, pour traiter la pollution rési-duelle, les petits arrivages et la pollutionenfouie. Quinze cribleuses et 24 mini-cribleuses sont mises en oeuvre.

Les communes de Saint-Hilaire-de-Riez,l'Epine, la Guérinière, la Faute-sur-Meret la Tranche-sur-Mer bénéficient de troiscribleuses prêtées par les communes deFouras, Canet-Plage et Hendaye. Ce prêta lieu dans le cadre d'une recherche describleuses détenues par des communesnon touchées par la marée noire, animéepar la Préfecture de Zone de Défense Ouest.

le 24 décembre, et un cinquiè-me, le 29 décembre, à la Tran-che-sur-Mer. Ces deux derniersfusionnent le 14 janvier.

Le dispositif est donc completà partir du 29 décembre. Ondénombre à cette date 35 chan-tiers opérationnels, dont 22dans le secteur du PCA deBeauvoir-sur-Mer.

LES MOYENS MATÉRIELS

Des barrages f lottants sontinstallés devant les sites sensi-bles (ports, étiers, parcs ostréi-coles) afin d'éviter que les hydrocarbu-res y causent de graves dommages. Au5 janvier, ce sont ainsi 4 500 mètres quisont déployés, ou prêts à l'être (posi-tionnement des corps-morts), devant lelittoral. Afin de récupérer les nappes depolluant en fond de barrage, trois bar-ges Egmopol sont acheminées dans lesports de l'Herbaudière, de Saint-Gilles-Croix-de-Vie et des Sables d'Olonne.

Les 31 décembre et 3 janvier, des opéra-tions de chalutage en mer, à l'aide defilets Seynip de la Marine nationale,permettent la collecte de 8 tonnes depolluant.

Les digues de la plupart des ports dunord du département bénéficient débutjanvier d'un épandage de produit fil-mogène. Cette substance réduit l'adhé-rence du polluant sur le substrat et faci-lite par la suite les opérations denettoyage.

Sur le littoral, des équipementslourds tels que des tractopelles, despelles mécaniques, des “dumpers”sont déployés. Ils permettent de fai-re face à une pollution importanteen certainsendroits. Lespremiers essaisde cribleusesont lieu le 3 jan-vier et donnentdes résultatssatisfaisants.

Les digues arti-ficielles et lesrochers sontnettoyés essen-tiellement à l'ai-de de moyensmanuels.

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INTERVENTION

Pollution enfouie sous sable propre

Herbiers fortement pollués

LE SAUVETAGE DE LA SAISON TOURISTIQUE (FÉVRIER - JUIN)

L’ÉVOLUTION DES CHANTIERS

De nombreux chantiers sont mis en placerapidement pour faire face à la pollutionimportante qui frappe la côte.

Parallèlement à ces chantiers, et toujoursdans le cadre du dispositif POLMAR, ontlieu des opérations de dépollution réali-sées par des entreprises privées. L’entre-prise CDES intervient sur les perrés deLa Guérinère dès le mois de mars. Lessociétés Foselev/SIS et DJET débutentleurs interventions, la deuxième semainede mai, sur l’île de Noirmoutier et auxSables d'Olonne / Château d'Olonne.

De son côté, TotalFinaElf prend finan-cièrement en charge le nettoyage finalde la corniche de Sion (réalisé par lasociété DJET), le nettoyage de l'îledu Pilier (mené par l'entreprise LeFloch Dépollution puis Bataille) et dela digue de la Parisienne.

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INTERVENTION

RÉCAPITULATIF DES DÉCHETS COLLECTÉS SUR LES 4 DÉPARTEMENTS

Le graphique ci-après retrace l’évolution des quantités de déchets acheminées vers les 4 centres de stockage lourdqui ont successivement été ouverts en Loire-Atlantique : à Donges (raffinerie Elf), Frossay-Octel, Arceau 1 (Donges-CFR) et Arceau 2. Il a été établi à partir de données fournies par TotalFinaElf, qui a pris en charge le stockage et letraitement des déchets générés par la pollution consécutive à l’accident de l’Erika.Le stockage lourd débute le 26 décembre 1999. Les courbes montrent une augmentation rapide du tonnage jusqu’àfin janvier (2 800 tonnes / jour en moyenne), puis une progression plus lente par la suite (1 500 tonnes / jour enmoyenne, sur la période allant de fin janvier à fin juin). Six semaines après le début du stockage, la moitié des déchetsétait collectée et six mois plus tard 92 %.

Sous la direction de l’Office National desForêts (ONF), les pieds de dune sontcriblés manuellement à l'aide de tamisutilisés traditionnellement en maçonne-rie, pour éviter au maximum de perturberle milieu. A la mi-mars débute une impor-tante phase de nettoyage fin sur la plagede Luzeronde (commune de Noirmoutier).

LES TRAVAUX D’ÉTÉ(JUILLET - AOÛT)

LA RÉDUCTION DES EFFECTIFS

La saison estivale se traduit par unediminution des effectifs à partir dudébut du mois de juillet. Il n'y a plus enmoyenne sur les chantiers que 4 sapeurs-pompiers, 56 CDD et une compagnie de

militaires qui intervient en baie de Bourgneufà l’aide de nettoyeurs haute-pression et eauchaude et de lances “Impact”.

L’ÉVOLUTION DU NOMBRE DECHANTIERS

Le nombre de chantiers est aussi en dimi-nution. Dans les zones de responsabili-té des PCA de Beauvoir-sur-Mer et de l'I-le d'Yeu, quelques CDD font la tournéedes plages chaque jour pour poursuivrele nettoyage fin des plages. L'essentielde l'activité estivale se cantonne doncà la baie de Bourgneuf.

Des chantiers privés sont également activéspendant cette période. La société ENCIintervient à partir du début du moisde juillet sur les digues de la baie

de Bourgneuf, tandis que la sociétéFoselev/SIS poursuit ses travaux sur lacommune de l'Epine. La société DJETtermine le nettoyage de la corniche deSion le 13 juillet.

LES TRAVAUX D’AUTOMNE

(DEPUIS SEPTEMBRE)

Les travaux d'automne concernent prin-cipalement :• la pollution enfouie sous le sédi-

ment, qui risque de réapparaîtresuite au dégraissement des plagescausé par les tempêtes ;

• les chantiers de dépollution desdigues de la baie de Bourgneuf ;

• la protection des prises d'eau ostréi-coles.

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INTERVENTION

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La question se pose également du devenirde certains herbiers à spartines de la baiede Bourgneuf, qui présentent des risquesde relargage de polluant non négligeables.

Au niveau des effectifs, aucune relèvemilitaire n'est prévue au-delà du 12 sep-tembre pour remplacer la compagnie du12ème RA, qui est intervenue sur diverschantiers en baie de Bourgneuf et a pro-cédé à la destruction des barrages nonréutilisables car trop souillés.

LE TRAITEMENT DE LA POLLUTION ENFOUIE

Une surveillance du dégraissement desplages est réalisée par différents acteurs :CDD POLMAR, ONF, Cedre, DIREN,DDASS en baie de Bourgneuf. En cas dedécouverte de pollution, un chantier estmis en œuvre. C'est ce qui a lieu sur Noir-moutier-en-l'Ile et sur la Guérinière, oùle dégraissement important met à jourdu polluant pendant la deuxième semai-ne du mois d'octobre, éliminé par l'in-tervention des CDD POLMAR.

LA DÉPOLLUTION DES DIGUES ETDES ENROCHEMENTS

Devant l’impossibilité d’obtenir un net-toyage satisfaisant de ces ouvrages, il estdécidé de lancer un programme de réfec-tion des digues de la Coutant, de la Cou-pelasse, de la Coussière , d u P a r a -c a u d ( c ommune de Bou in ) ,

deuxième semaine du mois d'octobre.Des filtres, mis au point par le Cedresont installés dans les canaux d'alimen-tation des bassins ostréicoles pour empê-cher l'intrusion de polluant qui viendraitcontaminer les coquillages.

L'ALLÉGEMENT DU DISPOSITIFPOLMAR

A partir du 2 octobre, le dispositif POL-MAR est allégé avec la suspension destravaux lourds (hormis les travaux deréfection des digues) mais permet demaintenir néanmoins un système de vigi-lance. Les PCA sont transférés vers desstructures permanentes.

LE COMITÉ DE SUIVI

La cellule d'évaluation environnemen-tale met en place à la f in du moisd'octobre un comité de suivi chargéd'organiser la vigilance sur les côtespendant la période hivernale. Animéepar le Cedre, elle a pour objectif de car-tographier précisément l'état de la pol-lution en baie de Bourgneuf pouridentifier les chantiers de nettoyageprioritaires et évaluer l 'état de lasituation au niveau de la teneur enhydrocarbures des sédiments et ledegré de contamination des coquilla-ges, dont le suivi est assuré par l’IFREMER.

LE BILAN DE LA LUTTE

LE LINÉAIRE TOUCHÉ

La quasi-totalité du littoral a été touchéepar la pollution. Toutefois, la situation aété très inégale selon les zones. La baiede Bourgneuf et l'île de Noirmoutier ontété les plus sévèrement atteintes. Lesconséquences ont été d'autant plus impor-tantes qu'une bonne part du linéaire côtierest constituée de digues et enrochements arti-ficiels particulièrement aptes à piéger le pol-luant.

LES DÉCHETS COLLECTÉS

Au 4 mai 2001, le total des déchets col-lectés se monte à 43 000 tonnes.

Sondage par des militaires aux pieds du

pont de Noirmoutier

des Rouches (commune de Beauvoir-sur-mer) et de plusieurs enrochements del’île de Noirmoutier. Les blocs démon-tés sont acheminés vers la carrièrede Saint-Paul-Mont-Penit ou versArceau selon leur taille et leur degré depollution. Parallèlement, les pieds dedigues sont nettoyés manuellement pardes CDD POLMAR ou par l’entreprisePiveteau, contractée par TotalFinaElf.

LES PRISES D'EAU

Les prises d'eau destinées aux bassinsostréicoles du secteur de la Coupelassesont rallongées de 25 mètres afin de lesdégager d'une zone fréquemment sou-mise aux remobilisations de polluantdues aux travaux et aux coups de mer.Ces travaux sont achevés durant la

Tamisage manuel sur la plage de Luzeronde à Noirmoutier-en-l’île

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INTERVENTION

Accident de l’Erika : l’intervention de laCommunauté EuropéenneGuido Ferraro,

Unité de Protection Civile - Communauté Européenne

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Depuis la mise en œuvre dans lesannées 80 de l'action de l'UnionEuropéenne en matière de lutte

contre les pollutions accidentelles, desdispositions particulières ont été prisespour aider les Etats membres à amélio-rer leur capacité d'intervention, indivi-duellement ou à travers une assistancemutuelle, lors d'incidents mettant endanger le milieu marin.

L'action communautaire, qui a bénéfi-cié jusqu'à présent des conseils d'uncomité consultatif constitué d'expertsnationaux, s'est développée dans troisdirections : des programmes de forma-tion, un système communautaire d'in-formation et le soutien à de nouvellesactions et plans en la matière. Ces initia-tives sont plus particulièrement condui-tes par l'Unité de Protection Civile de laDirection Générale de l'Environnementde la Commission Européenne.

Durant l'accident de l'Erika, l'assistancefournie par la Commission Européenneet, à travers elle, par les autres Etatsmembres, s'est révélée essentielle pourlimiter puis combattre les effets de la pol-lution sur le littoral français.

La tâche fondamentale a consisté àcoordonner l'assistance des autrespays communautaires, à la France. Enfait, l'accident de l'Erika a démontré,une fois encore, que même un payscomme la France, à l'avant-garde desétudes sur les techniques de lutte anti-pollution et doté d'une excellente

organisation, nepeut répondreseul à une pollu-tion d'une tellee n v e r g u r e .L'action commu-nautaire a permisde faciliter lesrelations entre lesEtats membres,permettant à laFrance de mettre en œuvre 11 naviresde lutte en mer, d'obtenir la mise àdisposition de 26 kilomètres de barra-ges flottants et d'équipements spéci-fiques pour le nettoyage des oiseaux.Lors de la première phase de lutte enmer, la mise à disposition par laCommission d'un agent de liaison alle-mand auprès des autorités françaisess'est révélée particulièrement utile.

De plus, la France a bénéficié de l'aidede trois experts techniques (italien,norvégien et suédois), mis à dispo-sition du Cedre par la CommissionEuropéenne pour l'aider à dépouiller etrépondre aux centaines de propositionsde matériels, produits et services qui luiont été adressées durant les premiersmois de la lutte.

Afin de faire bénéficier les autres Etatsmembres de l'expérience acquise par laFrance, la Communauté Européenne aégalement organisé, mi-janvier 2000, lavisite d'une quinzaine d'observateurseuropéens (norvégiens, allemands,néerlandais, suédois, italien et un

Les observateurs européens en visite sur les sites

représentant de l'Unité de ProtectionCivile). Lors de cette visite, les observa-teurs ont pu rencontrer les autoritésfrançaises chargées de la lutte en mer età terre et se rendre sur le terrain pourvisiter plusieurs chantiers de nettoyagesur le littoral de la Loire-Atlantiqueainsi que le site de stockage des déchetsde Donges. Ce fut pour eux l'occasion dese rendre compte de l'importance de lapollution et des moyens mis en œuvrepour y faire face.

Enfin, tout au long de l'opération,l'Unité de Protection Civile a assuréune information régulière des autresEtats membres par la diffusion defiches d'information en langue anglaise.En effet s’il est clair que la responsabi-lité de la fourniture d'information atoujours été de la compétence exclusivedes autorités françaises, la CommissionEuropéenne a garanti la parfaite circu-lation de l'information entre la Franceet les autres pays. Ce travail a notam-ment permis d'alléger la tâche des auto-rités françaises qui devaient faire face àune forte pression médiatique.

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Les membres du Syndicat nationaldes constructeurs d’équipement etdes prestataires de service contre

la pollution des eaux (Sycopol) furent lar-gement impliqués dans les opérations delutte liées à l’accident de l’Erika. Dès lami-décembre 1999 la société Le Floc’hDépollution fut associée aux opérationsde récupération conduites en mer par laMarine nationale.Le 25 décembre 1999 au matin, à la

demande et aux frais de TotalFinaElf, les4 sociétés d’intervention, Bataille, Djet,Le Floc’h Dépollution et Foselev/SIS,étaient mobilisées sur les côtes vendéen-nes pour appliquer des produits filmo-gènes fournis par Ceca et REP.L’efficacité de ce type de produit a ainsiété prouvée, mais il faudra à l’avenir l’as-socier au piègeage et à la récupérationimmédiate des hydrocarbures.

Toutefois c’est au mois de janvier 2000,avec le démarrage des premiers chan-tiers de nettoyage lourd sous la direc-tion de TotalFinaElf, que l’implicationdu Sycopol a pris sa vraie dimension.La montée en puissance s’est poursui-vie tout au long de l’année 2000, sousl’autorité des Préfectures de Loire-Atlantique, du Morbihan, de Vendée etpour le compte de TotalFinaElf, pourarriver à son plus haut niveau vers mi-

septembre. Depuis cette date leSycopol emploie plus de 450 interve-nants sur les côtes. Que l’on considèrele type de travail à effectuer (nettoyaged’éboulis et d’enrochements), ou l’ac-cessibilité des sites (îles, falaises,criques), la quasi-totalité des opérationsconfiées aux membres du Sycopol l’aété sur des chantiers difficiles, voiretrès difficiles.

Le Sycopol et la pollutionde l’Erika : une année2000 bien remplieGilbert Parcollet, Sycopol

BATAILLE Saint-Brévin les Pins - Mindin - Pornichet - Le Pouliguen (44)Ile du Pilier (85)

DJET Les Sables d’Olonne - Château d’Olonne - La Chaume -Saint Hilaire de Riez - Ile de Noirmoutier - Bouin (85) -La-Bernerie-en-Retz - Port de Pornic - Préfailles - Saint-Michel Chef-Chef - Pornic - Saint-Nazaire (44)

LE FLOC’H Moëlan - Clohars - Saint-Nicolas - Ile aux moutons (29) DÉPOLLUTION Belle-Ile en Mer - Etel - Ile de Groix - Saint-Gildas-de-Rhuys -

Ile d’Hoedic (56) - Port de la Turballe - Batz-sur-Mer - Le Pouliguen -Ile Dumet - Préfailles (44) - Iles du Pilier et de Noirmoutier (85)

FOSELEV/SIS Ile de Noirmoutier (85) Pornichet - Batz-sur-Mer - La Turballe - Piriac-sur-Mer -Mesquer - Les-Moutiers-en-Retz - Préfailles - Le Croisic -La Plaine sur Mer (44) Belle-Ile-en-Mer (56)

LE NOMBRE DE CHANTIERS TRAITÉS PAR LE SYCOPOL EST TROP IMPORTANT POUR LES

CITER TOUS MAIS, À TITRE D’EXEMPLE, VOICI LA LISTE NON EXHAUSTIVE DES SITES

SUR LESQUELLES LE SYCOPOL A TRAVAILLÉ

INTERVENTION

Chantier Le Floc’h Dépollution à La

Bernerie (44)

Chantier Bataille à l’île du Pilier (85)

© Chanu

Chantier Djet aux Moutiers-en-Retz (44)

Nettoyage haute-pression de falaises au

chantier Foselev/SIS (44)

A la fin de l’année 2000, nous constatonsque l’avancement des travaux est très cor-rect, compte tenu des difficultés rencon-trées. Les travaux en sud Loire sont termi-nés et ceux de nord Loire (Loire-Atlantique) seront terminés fin juin.Le Sycopol a démontré, lors de cettecatastrophe, ses capacités de réactionet ses possibilités d’intervention, prou-vant que, lorsqu’elles sont exploitées,les compétences des sociétés françaisesdans le domaine de la lutte contre les maréesnoires sont du plus haut niveau mondial.

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INTERNATIONAL

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Réunion des membres duMOIG et des correspondantsdu REMPEC à Malte

L e 22 septembre 2000, à 6 heu-res du matin, une collision sur-vient entre un pétrolier et un

navire de pêche, à proximité de l’entréedu port de la Goulette dans le golfe deTunis. Le navire de pêche coule maisl’équipage est récupéré sain et sauf.D’une brèche dans la coque du pétro-lier s’écoule une pollution estimée à200 t de fuel lourd. Tel est le scénariode l’exercice préparé par les autoritéstunisiennes pour tester leur “plan natio-nal d’intervention d’urgence”. Pilotéepar la Ministre de l’Environnement elle-même, cette opération fut l’occasion,pendant 2 jours, d’un déploiement demoyens de lutte en mer et à terre degrande envergure. Cet exercice fut éga-lement placé sous le signe de la coopé-ration internationale. Sous l’impulsiondu conseiller maritime de l’ambassadede France à Tunis, la France fut large-ment impliquée dans la préparation etle déroulement de l’exercice : la Marinenationale par l’envoi du BSR Chevreuilet d’un représentant de la CEPPOL, lesdouanes avec l’avion POLMAR ainsique des spécialistes de Météo-France etdu Cedre. Des experts et un navire ita-liens participèrent également à l’exerci-ce. Enfin, l’industrie pétrolière tunisien-ne et le MOIG** furent étroitementassociés à l’ensemble de l’opération.

La réunion bisannuelle des cor-respondants du REMPEC* s’esttenue à Malte du 26 au 28

octobre 2000. Au sommaire de la réuni-on on retiendra : • la révision du Protocole d’urgence ;• une présentation de la Convention

OPRC 90 ;• la coopération entre les gouverne-

ments et les industries pétrolières,chimiques et maritimes ainsi qu’avecd’autres organismes et programmesinternationaux ;

• les recommandations issues de la11ème réunion ordinaire des Partiescontractantes à la Convention deBarcelone : méthode de travail etfonctionnement du groupe de tra-vail technique méditerranéen, quisera présidé par M. Ezio Amato(Italie) pour la prochaine biennale ;

• la présentation du rapport sur la sur-veillance aérienne, préparée parM. Mauro Bellini, consultant duREMPEC ;

• la prévention de la pollution à partirdes navires de plaisance ;

• les actions relatives à la préventionde la pollution engendrée par lesnavires ;

• la révision du Système Régionald’Information (SRI) et la présenta-tion de la nouvelle base de donnéesTROCS.

En parallèle à celle du REMPEC, leMOIG** a tenu sa réunion d’autommedu 26 au 28 octobre également à Malte.Les points principaux de l’agenda de laréunion furent :

• des échanges d’information sur l’or-ganisation de la lutte antipollutionpar les pétroliers en Egypte,Palestine et Croatie ;

• un tour d’horizon des conférences,exercices et actions de formation enMéditerranée ;

• la revue du plan d’action et desmembres du MOIG et, point le plusimportant de la réunion, des discus-sions sur les futurs statuts et l’orga-nisation du secrétariat permanent duMOIG.

Profitant de la présence de nombreuxexperts internationaux, le Ministère del’Environnement maltais a organisé unexercice pratique de lutte antipollutiondans la baie de Marsaxlokk, à l’attentiondes membres du REMPEC et du MOIG.

Le debriefing de l’exercice fut animé parle Cedre, suivi d’une session spéciale surl’accident de l’Erika. Les opérations delutte, le pompage dans l’épave et le sau-vetage des oiseaux furent présentés parTotalFinaElf et le Cedre.

* REMPEC : Regional Maritime PollutionEmergency Response Centre for theMediterranean Sea (http//www.rempec.org)** MOIG : Mediterranean Oil Industry Group(http://www.ipieca.org/MOIG)

Exercice en Tunisie

Exercice pratique à Malte

Tunisie :opérationblanche en mer

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par d'autres, des relations, affirmations,interprétations, déformations (involon-taires et volontaires) qui ont été ressen-ties comme des agressions, parfois au-delà de l'acceptable. Mais en même

temps, tous ceux qui se sontimpliqués dans la communi-cation par Internet ont misen œuvre dans l'urgence desprojets dont la gestationserait restée en temps normallongue et aléatoire. L’accidentde l'Erika a donc été l'occa-sion d'un bond en avant. Unbilan de cette évolution peutmaintenant commencer,sinon dans la sérénité, dumoins dans un dialogue cons-tructif. Ce bilan va, de touteévidence, montrer que le ren-forcement de l'usage

d'Internet peut conduire en mêmetemps vers :

• plus de compréhension des outils ànotre disposition, des besoins de chacunet surtout de ce que font les autres etde ce qui compte pour eux ;

• plus d'efficacité dans ce qui est pourles uns leur mission, pour les autresleur travail, pour d'autres enfin leurdésir de participer.

Le Cedre y travaille sur :http://www.ifremer.fr/cedre.

Journée d’information du Cedre : Le poids d’Internet dans la lutte contre une pollution accidentelle

majeure

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Toutes les opinions peuvent êtreexprimées sur la “toile”, à chacunde défendre la sienne. Tel fut le

thème de la 6ème journée d’informationorganisée par le comité stratégique duCedre, le 18 octobre 2000, auCollège des Hautes Etudes del’Environnement.

A l'heure du réseau informa-tique mondial, tout habitantde la planète, pourvu qu’ilsoit connecté, peut suivre enligne l’histoire et les conflitsd’une pollution accidentellemajeure à travers les sitesInternet de ses acteurs et deses observateurs. La “toile”mondiale apparaît aujourd’-hui comme un outil essentielde la stratégie de communi-cation de ceux qui sont impliqués dansla crise. Les acteurs de la pollution ytrouvent un moyen exceptionnel de met-tre leur vérité et le détail de leursactions à la disposition du public. Lesmédias y trouvent un moyen précieuxd’attirer une clientèle bien au-delà deleur public habituel. Les groupes depression et les collectifs citoyens y expri-ment leur colère et leurs interrogationssur ce que le pouvoir et les industrielspourraient chercher à leur cacher.Certains se limitent à de la pure infor-mation. D’autres ouvrent des sites dedialogue. D’autres enfin n’hésitent pas àdétourner des documents protégés pardes copyrights, à commencer par lesmessages publicitaires.

Dans la tradition maintenant bien éta-blie de ses journées d'information, leCedre a construit celle-ci en donnant laparole à tous les acteurs concernés,pour des débats constructifs sur unequestion aussi essentielle que délicate :comment gérer sa propre communica-tion dans cette nébuleuse ? Les pré-sentations et les tables rondes ontpermis à chacun d 'expr imer ses

opinions et ses interrogations, en vue defaire naître du débat une image complè-te et claire des points d'accord et de dés-accord sur ce que chacun peut faire oune doit pas dépasser.

Internet n'est pas à lui seul la communi-cation de crise. Mais c'est un outilaujourd'hui incontournable de cettecommunication. Il constitue une oppor-tunité pour ceux qui sauront l'utiliserefficacement. Mais c'est aussi un outilavec lequel il est facile de déraper si l'onne l'utilise pas avec la plus granderigueur. Il faut donc que chacun appren-ne à le gérer, producteurs comme utili-sateurs.

La crise de l'Erika a été un choc pour tous.Chacun a trouvé dans l'usage d'Internet

INFORMATION

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La journée d’information du Cedre

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INFORMATION

B U L L E T I N D ’ I N F O R M AT I O N D U C E D R E N ° 14 , 2 è m e S E M E S T R E 2 0 0 0 H 27

• Utilisation des dispersants pour lutter contre les déversements en mer : Manuel de traitement des nappes parbateau -1987, 28p.

•Utilisation des dispersants pour lutter contre les déversements en mer : Manuel de traitement des nappes par voie aérienne 1991, 28p. Com-ment agit un dispersant ? Quand peut-on disperser ? Comment appliquer un dispersant et en quelle quantité ? Comment évaluer l’efficacité dutraitement ? Précautions d’emploi.

•Manuel pratique d’utilisation des produits absorbants flottants - 1991, 40p.Comment agissent les absorbants ? Quelles quantités doit-on employer ? Quels sont les types d’absorbants ? Comment éliminer les absorbantssouillés ? Critères de sélection. Mode d’utilisation.

•Manuel pour l’observation aérienne des pollutions pétrolières - 1993, 36p.Comment préparer la mission ? Comment se présentent les nappes d’hydrocarbures ? Comment observer une pollution ? Comment cartographier ? Comment évaluer les quantités de polluant ? Comment guider un navire opérant sur une pollution ?

•La lutte contre les pollutions marines accidentelles - Aspects opérationnels et techniques - 1995, 23p.Synthèse sur les techniques de lutte, les différents produits de traitement, le transport, le stockage et l’élimination des déchets, l’évaluation des risques et les recommandations pratiques sur les actions à entreprendre en cas d’accident.

• Conteneurs et colis perdus en mer - Guide opérationnel - 2000, 82p.Approche méthodologique en 5 phases : alerte - notifications - premières mesures ; évaluation de la situation ; prise de décision ; intervention ; suivi de l’évolution.

•Reconnaissance des sites pollués par les hydrocarbures - Guide opérationnel - 2000, 31p.Méthodologie de reconnaissance du littoral : caractéristiques de la pollution ; du site pollué ; accessibilité...

•Actes de colloques “From the Nakhodka to the Erika” - 21 Communications - 2000, 162p. exchange of experience in at-sea response to offshore oil spills by passing ships - Conference proceedings - Brest

•Le décideur face à une pollution accidentelle des eaux - Guide opérationnel - 2001, 41p.Gestion de la lutte et de la remise en état des sites et des biens affectés : qui assume, qui fait, qui paye ?

• Miniguides d’intervention et de lutte face au risque chimique : 61 guides vendus en lot ou séparément.

Contact : service documentation - Tél : 02 98 33 67 45 (ou 44)

Publications du Cedre

Les nouveaux membres de l’équipe du Cedre

Reconnaissance des sites pollués par les hydrocarbures

Après une maîtrise de chimieà l’Université de BretagneOccidentale, elle parachève saformation par un DESS “com-pétence complémentaire eninformatique” à Tours. Elledécouvre le Cedre lors d’unstage en 2000. Elle postuleavec succès au poste de web-master de notre site internet

en pleine expansion et rejoint l’équipe information-documentation en septembre 2000.

Diplômé de l’Ecole NationaleSupérieure de Chimie de Ren-nes, Julien Guyomarch fait sonservice national “scientifiquedu contingent” au Cedre denovembre 1997 à août 1998.Après quelques mois decontrat à durée déterminée, ilintègre l’équipe R&D du Ced-re en janvier 2001 où il est plus

particulièrement en charge des travaux analytiques et desétudes sur le comportement des hydrocarbures.

Ce guide a pour but deprésenter uneméthodologie

de reconnaissance dulittoral de façon àrédiger un rapportstandard, succinct etcomplet. Les différentsparamètres à prendreen compte lors d’unepollution sont exposés : carac-téristiques de la pollution(type de pétrole, localisation,

étendue, volume...),caractéristiques dusite (configuration,sensibilité écolo-gique, utilisation...) etles aspects concer-nant l’accessibilité, lapraticabilité ou encorela faisabilité du stoc-

kage. Bref, des fichestechniques très explicites quipermettront de mieux agir ensituation de crise !

Karen QuintinnnelJulien Guyomarchnel

Formations 2001 - 2002

2 001, année de transition et de retour d’expérience post-Erika, a permis une diversification et une augmenta-tion de notre offre de formations à l’antipollution. Le

programme 2002 reprendra, en l’améliorant à nouveau, celuide 2001 et proposera notamment des stages généraux ainsique des formations spécifiques “mer”, “littoral”, “portuaire” et“eaux intérieures”. Le programme 2002 sera disponible surnotre site internet à partir du 31 octobre 2001(http://www.ifremer.fr/cedre).A noter pour les formations 2001 :• le stage “lutte sur le littoral et en zone portuaire”, du

10 au 14 septembre ;• les 2 sessions du stage d’observation aérienne, du 22

au 24 octobre et du 5 au 7 novembre.

Contact : Christine Ollivier - Tél : 02 98 33 67 42

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Le Cedre est implanté sur la zone portuaire de Brest, rue Alain Colas, à proximité d�Océanopolis, à 15 mn de l�aéroport international de Brest-Guipavas et 10 mn de lagare S.N.C.F. de Brest.Cedre is located on the port of Brest, rue Alain Colas, close to Oceanopolis, 15 mn from Brest-Guipavas international airport and 10 mn from Brest railway station.

La délégation du Cedre pour la Méditerranée est installée sur la base IFREMERMéditerranée à Toulon.Cedre�s delegation for the Mediterranean Sea is located on the IFREMERMediterranean base, in Toulon.Zone Portuaire de Brégaillon - BP 330 - 83507 La Seyne/Mer CEDEXTél. + 33 (0) 4 94 30 48 78 / 87 - Fax. + 33 (0) 4 94 30 13 72

La délégation du Cedre aux Caraïbes est installée sur la Base Navale de FortSaint-Louis en MartiniqueCedre�s delegation for the Carabbian is located on the Naval base of Fort Saint-Louisin MartiniqueBase Navale, Fort Saint-Louis - BP 619 - 97261 Fort-de-France CEDEX - MartiniqueTél. 5 96 596 59 87 83 - Fax.5 96 596 59 87 83

Centre de Documentation, de Recherche et d�Expérimentations sur les Pollutions Accidentelles des EauxCentre of Documentation, Research and Experimentation on Accidental Water PollutionRue Alain Colas - BP 20413 - F 29604 BREST CEDEXNational : Tél. 02 98 33 10 10 - Fax 02 98 44 91 38 International : Tel. +33 2 98 33 10 10 - Fax +33 2 98 44 91 38E-mail : [email protected] - Internet : http://www.le-cedre.fr

AEROPORT BREST-GUIPAVASVOIE EXPRESS NORD

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PLAISANCE

PORT DECOMMERCE

GARESNCFTGV

Rue JEAN JA

URES

Rue de P

ARIS

PLACEDE

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Route de QUIMPER

ST-BRIEUC - RENNES

QUIMPERNANTES

GUIPAVAS

Bd MONTAIGNE

IAM

˘

VOIEEXPRESS SUD

NUMERO D�URGENCE CONSEIL ET ASSISTANCE - 24H/24TÉL 02 98 33 10 10POLLUTIONS ACCIDENTELLESDES EAUX PAR HYDROCARBURESOU PRODUITS CHIMIQUESEMERGENCY HOT LINEADVISORY SERVICES - 24H/24TEL. + 33 2 98 33 10 10OIL AND CHEMICALACCIDENTAL WATER POLLUTION