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    Couvents de la Syrie du Nord portant le nom de SimonAuthor(s): Joseph NasrallahReviewed work(s):Source: Syria, T. 49, Fasc. 1/2 (1972), pp. 127-159Published by: Institut Francais du Proche-OrientStable URL: http://www.jstor.org/stable/4197788.

    Accessed: 03/07/2012 09:47

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    Syria.

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    COUVENTS

    DE

    LA

    SYRIE DU NORD

    PORTANT

    LE NOM DE

    SIMfPON

    PAR

    Joseph

    NASRALLAH

    Les sources

    hagiographiques et

    litteraires, plus

    que

    l'e'pigraphie,

    nous

    apprennent que plusieurs

    nionasteres portaient

    le nom de

    Simeon,

    en

    dehors de celui de

    Qal'at Sim'an

    (1).

    Dans l'Anianus nous en

    connaissorns

    deux

    fondes par Sinueorn

    'Ancien,

    l'un sur la

    crete, I'autre sous ce

    premier,

    au

    pied

    de la

    montagne.

    D'apres

    Theodoret de Cyr

    (2),

    Simeon

    avait commence

    par

    vivre en

    ermite,

    habitant

    une

    petite

    grotte

    dans une

    region qui n'est

    pas

    indiquee,

    dont nous savons seulement

    qu'il

    s'y

    trouvait des

    Sarrasins, qu'elle

    etait

    desertique et

    nourrissait

    des

    lions et qu'elle

    etait

    "a

    une

    granide

    distance de

    l'Amanus.

    Corrime

    il

    avait

    fait

    un eclatant miracle et

    que

    le

    bruit qui en

    etait resulte lui

    avait

    attiret une foule

    d'Arabes

    qui

    l'incommodaient, il

    vint se

    refugier sur

    l'Amianus. Le lieu

    out il se fixa

    n'est

    pas

    indique

    non

    plus,

    mais il

    etait proche

    d'un

    village qui faisait encore partie de

    1'Antiochene et non de la Cilicie seconde.

    L"aencore

    Simeon

    accomplit

    des

    miracles,

    si

    bien

    que la ville

    entiere courut

    apres lui, pour

    lui

    demander

    la

    guerison des

    possedes, des

    fievreux ou d'autres

    malades. Importune

    de

    nouveau, il se

    rendit

    en

    pelerinage au SinaY.

    A

    son

    retour,

    il fonda sur

    l'Amanus deux

    monasteres.

    Des

    Antiochiens

    y

    inontaient

    pour recevoir

    (1)

    Nous avons

    consacr6 deux longs

    articles

    a

    ce

    couvent

    dans Parole de

    l'Orient,

    1970, fasc.

    2,

    pp.

    327-357; 1971,

    fasc.

    2, pp. 345-365. Le

    pre-

    sent

    article fait

    suite aux

    pr6c6dents et les

    complUte.

    (

    2) IIistoria

    Religiosa, cap.

    VI.

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    128

    SYRIA

    [XLIX

    la benediction

    du saint.

    Ainsi la

    mere de Theoodoret,

    de qui 1'historien

    recut

    ce

    qu'il

    rapporte

    sur cet ermite

    (1)*

    Pour

    le distinguier

    de

    Simeon Stylite,

    Theodoret

    le qualifie

    d'ancien

    (palaios).

    Ce qualificatif

    lui a 'ete garde par

    la

    tradition

    melchite.

    C'est

    ainsi

    que

    l'archidiacre

    Paul Za'im (t

    1669)

    dans son

    Histoire

    du patriarcat

    d'Antioche

    (ms.

    de

    la collection

    H.

    Zayat)

    fixe

    sa

    fete

    au

    26

    janvier

    et

    lui

    consacre

    les lignes

    suivantes:

    Le

    bienheuretux

    Simeon l'Ancien

    ((

    Il

    choisit

    et aima,

    des son jeune

    age,

    la vie

    de

    pauvrete,

    il

    habita

    dans

    uine petite

    grotte...

    puis

    partit

    vers la

    Montagne et

    pene'tra

    dans

    la caverne

    dans

    laquelle Mloise s'etait anciennement cac1ie

    (2)

    I

    revint

    ensuite

    de

    la

    Montagne

    et

    fonda

    deux rnonasteres

    ))

    (3).

    Macaire

    est plus

    prolixe

    que

    son

    fils.

    Mais

    sa predilection

    pour

    les

    details

    lui fait commettre

    des erreurs. Il

    consacre, pour

    le 26 juillet, jour

    de sa fete,

    la

    notice

    suivante

    ((26

    juillet,

    notre

    pere

    saint Simeon

    Stylite,

    pretre

    devenu higoumene

    des

    monasteres.

    Il etait

    d'un

    village situe

    a l'Est

    d'Alep,

    appele

    Deir Murran.

    Il

    enibrassa

    la

    vie

    rnonastique

    dans le Gabal

    al-Wastarni,

    a

    'Oa st

    d'Alep

    et

    "i 'Est

    de Dercos

    (4).

    I

    pratiqua

    diverses

    sortes de penitence et demeura sur une colonne tous les jours de sa vie.

    Il

    etait

    l'ami de

    Palladius

    (5), erniite

    dans la montagne

    d'Al-Amhal,

    (1) 1R6sume

    de l'H.X.

    d'apres

    A. J. FESTU-

    GIERE,

    Antioche

    pafenne

    et chretienne,

    Paris,

    1959, p.

    263.

    (2)

    Allusion

    a son voyage

    au Sinai.

    (3)

    Passage cite

    par H.

    ZAYkT,

    Adydr

    Dimasq,

    Mach., 1949,

    p. 407. Ce

    dernier est

    certainement

    dans

    l'erreur en

    faisant un m8me

    personnage

    de Simeon l'Ancien et de Simeon, higoumene

    du monastere

    pres

    de Nikerta.

    Il voit

    dans

    l'expression

    ((fonda

    deux

    monasteres

    ,

    une

    allusion

    au couvent

    de Nikerta

    et

    a

    celli

    de

    Simeon

    dans la Svrie

    Ile.

    Mie J. Lafontaine-Dosogne

    emet l'hypothese

    que

    ce saint

    est represente

    sur une eulogie

    de

    terre publiee

    par J.

    LASSUS,

    Images

    de

    stylites,

    in B.E.O.,

    t.

    Il, p.

    75,

    P1. XIX,

    n. 9. Ce

    serait

    le seul ascete

    et le seul exemple,

    en

    dehors

    des

    Simeon

    Stylites qui

    aurait

    ete

    honore

    de cette

    fa?on. D'ailleurs

    l'auteur

    n'etaye

    sa supposition

    d'aucune

    preuve

    (J. LAFONTAINE-DOSOGNE,

    Iltinraires

    archeologiques

    dans la region

    d'An-

    lioche

    Recherches

    sur le

    monashere

    et

    sur

    l'iconographie

    de S.

    Symeon Stylite

    le Jeune,

    Bruxelles,

    1967,

    p.

    177, n. 1).

    (4)

    Actuel

    DerkfIs, bourgade

    sur

    l'Oronte,

    au

    pied

    de

    Gabal Dueili,

    cf. DUSSAUD,

    Topographie,

    pp. 155-163;

    TCHALENKO,

    Villages, I, p. 94.

    ( 5)

    Reclus

    qui vivait

    a

    Imma ou

    Emma,

    aujourd'hui

    'Imm a 40

    km environ

    d'Antioche

    at

    Alep

    (cf.

    CUMONT,

    Etudes

    Syriennes,

    p.

    7;

    DUSSAUD,

    Topographie,

    pp.

    231

    sq.)

    Palladius

    etait

    lami

    de

    Simeon

    lAncien,

    cf. FESTUGIERE,

    Antioche paienne,

    pp.

    262-264,

    qui

    resume

    Theodoret

    de Cyr. Sur

    Pailadius

    cf.

    J. M. SAUGET,

    Premieres

    recherches

    sur

    l'origine

    el les caracth-

    ristiques

    des

    synaxaires

    melkites

    (XIe-XVIue

    s.),

    Bruxelles,

    1969,

    pp. 318-322.

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    1972]

    COUVENTS PORTANT LE

    NOM DE

    SIMION 129

    c'

    est-a-dire

    Gabal

    Barisa.

    C'est

    lui

    qui pria

    avec

    le

    bienheureux

    Palladius

    et

    (avec lui)

    ressuscita

    l'homme

    assassine

    par Maurice l'h'telier...

    Ce

    bienheureux Simeon, alla vers Dieu apres une vieillesse chargee de bonnes

    ceuvres.

    Sache

    qu'il y

    a

    quatre

    saints

    du

    nom

    de

    Simeon.

    Le

    premier,

    Simeon

    Stylite

    l'Alepin

    dont

    la

    fete

    tombe

    le

    ler

    septembre.

    Le

    second

    est

    Simeon

    l'Antiochien

    ou le

    Thaumaturge

    ; il

    est

    fete

    le

    24

    mai.

    Le

    troisieme

    est ce

    bienheureux

    Simeon,

    ermite dans

    le

    Gabal

    al-Wastani;

    sa

    f te

    tombe

    le 26 de

    ce

    mois

    de

    juillet.

    Ces

    trois

    bienhaureux

    sont

    tous

    stylites;

    chacun

    est

    d'urie

    ville

    differente et les

    trois ont

    vecu

    a

    iine

    epoque differente.

    Quant

    au

    quatrieme Simeon, c'est Simeon

    Salos,

    nomme

    ci-dessus, dont

    la fete est marquee au 21 juillet. C'est

    'a

    ces

    quatre bienheureux

    que fait

    allusion le

    saint

    melode dans le

    canon de

    tous les saints

    (recite)

    le

    samedi

    de la semaine

    du

    Tyrophage, dans

    une

    strophe de

    la 6e

    ode:

    ((

    Quatre

    astres brillants se

    sont leves sur

    terre,

    ce

    sont

    les

    celestes

    Simeon.

    Trois

    parmi eux

    ce

    sont les stylites

    et

    le

    quatrieme

    est

    Simeon Salos ,,

    (1).

    Cette erreur

    de

    Macaire

    peut

    trouver

    son

    origine

    dans

    certains

    calendriers melchites

    anciens,

    commnecelui du

    Vat.

    syr.

    20

    (1215

    J.-C.)

    qui mentionnent

    au

    26

    juillet

    (fol.

    21

    v)

    la

    ((memoire

    de

    Simeon, premier

    des

    stylites

    )),

    ou

    plut6t

    dans des

    synaxaires

    byzantins, grecs

    ou

    georgiens

    dont le

    patriarche

    etait

    friand

    et

    qui venerent

    le

    27

    du meme

    mois

    un

    S.

    Simeon.

    Suivant

    les

    temoins,

    la

    me'nioire se

    rapporte

    soit

    a saint

    Simeon

    l'Alepin,

    soit "a aint

    Simeon

    le

    Thaumaturge (2). Ne connaissant

    qu'une

    fAete,

    le

    ler

    septembre, pour Simeon

    l'Alepin, Macaire

    crea

    un

    troisikene

    Simeon Stylite

    dans

    la

    vie

    duquel il

    introduisit des

    elements de la Vie

    de Simeon l'Ancien.

    Cette confusion

    n'est

    pas

    particuliere

    au

    patriarche ; elle

    se retrouve

    dans

    l'hagiographie

    melchite

    ancienne. Ainsi dans sa

    Vie arabe

    de

    (1) Br.

    Mus.

    Addil.

    9965,

    fol.

    32

    v-33 r.

    (2)

    Cf.

    SAUGET, Premi&res recherches,

    pp. 42'3-

    424.

    L'auteur, i la suite de G. Garitte et

    du

    P.

    Peeters, croit cependant que

    a

    ces

    commEmo-

    raisons se rattachent probablemnent a la

    solennit6

    que S. Symeon

    stylite I'Ancien

    (I'Al6pin),

    d'apres sa Vie syriaque, avait coutume de

    c6l6brer au mois de

    juillet

    pour

    perp6tuer

    le

    souvenir

    de la

    cessation

    miraculeuse

    d'une

    s6cheresse

    D

    (GARITTE, Le

    Calendrier

    paleslino-

    gJor

    gien du

    Sinallicus 34

    (xe s.)

    (= Subsidia

    hagiographica,

    30),

    Bruxelles,

    1958, pp.

    288-289,

    citb

    in

    SAUGET,

    op. cit., p.

    424).

    9

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    130

    SYRIA [XLIX

    Palladius, 'Isa ibn

    Constantin (xe

    s.)

    fait

    rendre visite par le

    ((

    bieiiheureux

    Simeon

    de

    Gabal al-Awsat et ses disciples

    'a Palladius malade

    )).

    Plus loin,

    lors

    de la persecution de Valens, Palladius, avec

    Simeon et d'autres ermites,

    marcherent

    stir

    fdesse pour reconforter les

    chretiens

    persecutes. L'epithete

    d'an-Naqiri,

    accolbe

    au nom

    de

    Simeon l'Ancien,

    fait

    croire avec vrai-

    semblance que

    l'auteur

    et Macaire

    Za'im, apres lui,

    font

    un merne

    personnage du

    fondateur

    des deux

    monasteres

    de

    l'Amanus, compagnon

    de Palladius et

    de

    Simeon,

    dont le

    noni

    est mele a

    deux

    monasteres voisins

    de la

    Syrie Ile.

    C'est dans le

    chapitre

    III

    de l'Historia

    religios(t

    de

    Theodoret que nous

    puisons les renseignements sur la fondation des rnionasteres

    de

    Nikerta et

    de

    Simeon

    dans

    la Syrie

    Ile.

    Marcianus, d'une

    noble famille de

    Cyrrhus,

    se retira,

    apres avoir vecu

    dans la

    cour

    impe'riale,

    ati

    fond

    dti

    desert, oui

    il

    mena

    d'abord

    une

    vie

    solitaire.

    Plus

    tard

    il

    accueillit

    deux

    disciples,

    Eusebe

    et

    Agapet.

    Eusebe

    lui

    succeda

    dans

    son

    erniitage. Agapet

    fonda

    a

    Nikerta, pr'es d'Apamee,

    deux

    montasteres

    (1),

    dont

    l'un

    por-ta

    son nom

    (2),

    I'autre celui

    du

    moine Simeon

    qui y

    vecut

    cinquante

    ans. Theodoret

    note

    que vivaient ((]a"encore aujourd'hui plus de quatre cents moines athletes

    de

    la

    vertu,

    aniants

    de

    la

    piete, qui par

    leurs

    peines

    achetPerent

    le ciel.

    Or

    ceux

    qui

    ont

    etabli

    leur

    regle

    sont

    Agapet

    et

    Symeon, qui

    eux-memes

    l'avaient revue

    du

    grand

    Marcianus. Et

    de ces

    monasteres

    sont

    sortis

    bien

    d'autres lieux de

    retraite monastique )

    (3).

    L'eveque

    de

    Cyr se refugia "a

    deux

    reprises

    dans le

    monastere de

    Nikerta.

    Une

    premiere

    fois

    lorsque j

    eune

    etudiant, rompu

    "a toutes

    les

    prouesses

    verbales

    de la

    soplhistique,

    il choisit

    de

    s'ensevelir

    dans

    la solitude.

    II y passa plusieurs annees. II y revint en 449 lorsqu'il fut oblige de quitter

    sa

    charge d'eveque

    de

    Cyr.

    Si Simeon

    finit

    sa

    vie comme

    higoumene

    du

    monastere

    auquel

    son

    nom

    resta attache,

    Agapet fut

    choisi

    eveque d'Apamee

    (4).

    II succeda 'aMarcellus

    (1) Les attestations de ces couvents (lans

    la

    littkrature syriaque ont

    W

    relev6es

    par

    E.

    HONIGMANN, Historische Topographie von

    Nordsyrien in Altertum, n. 328, in Zeitschrift des

    Deutschen Palastina-Vereins, t. XLVII, p. 21.

    (

    2)

    Le

    Moni

    tou

    makariou

    Agapitou

    est

    mentionn6

    dans

    des t extes

    de

    la Collectio

    Sabballica, Ed.

    SCHWARTZ,

    1940,

    p.

    106.

    (3)

    D'apres

    FESTUGILRE, op. cit.,

    p. 252-253.

    (4)

    THf:ODORET,

    Hist.

    Ideligiosa,

    V, 27,

    1

    et

    3;

    FESTUGIfERE, Op.

    cit., pp. 253 sq.

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    1972]

    COUVENTS PORTANT LE NOM DE SIMRON

    131

    qui s'etait rendu fameux par

    la destruction du temple de Zeus de sa

    ville

    episcopale (1).

    Par suite

    de

    la proximite

    de

    la

    tombe

    du

    calife

    omayyade

    'Umar

    ibn

    'Abd

    al-'Aziz

    des

    deux

    monasteres

    de

    Nikerta

    et de

    Simeon,

    les historiens

    arabes

    ont

    seme

    la

    confusion

    quant

    "a

    'emplacement

    des

    deux couvents

    A

    la

    suite de G. Tchalenko

    (2)

    nous avons situe celui de

    Nikerta,

    a

    Qarruttiye, sur

    le

    versant meridional de

    Gabal

    Zawie, a

    6 km au

    Nord-Est

    d'Apamee

    (3).

    Le nionastere

    de

    Saint-Sine'on est a rechercher dans le meme

    sectcur.

    Qarrt-iiyve

    offre des citernes et, en surface, des traces de constructions

    anciennes. Trois chapiteaux,

    un

    aigle brise,

    une

    statue mutilee representant

    un

    personnage drape

    assis

    sur

    une

    chaise

    curule

    v

    ont ete reperes par

    P. Cannivet

    et

    M. T.

    Fortuna

    en 1965

    (4),

    lors d'une mission de

    prospection

    dans la

    region.

    Au

    Nord de

    l'agglomeration

    des

    tombes creusees

    dans le

    roc.

    Sur la

    crete

    qui

    domine au

    Nord

    le

    petit village,

    s'etend

    un

    vaste

    ensemble

    avec

    eglise,

    grands

    blatimnents

    et necropole. Signes qui denotent

    un

    ensemble

    de

    caractere

    religieux.

    Cependant

    ces deux

    archeolooues contestent

    l'identification de Nikerta avec Qarriutiye, parce que, disent-ils, Theodoret

    de

    Cyr place

    le

    nionastere a

    trois milles

    (4,500 kim) d'Apamee.

    Or

    Qarruitiye

    en

    est

    a

    8

    krm. Faisons

    rermarquerque pour Tchalenko,

    elle

    en

    est

    seulement

    a

    6 km.

    Ils

    sont

    plutOt

    d'avis

    de

    rechercher

    Nikerta

    dans une serie

    de

    sites

    rapproches, presque

    a

    deux

    tiers

    du

    chemin entre Apamee et Qarrfitiye.

    La distance de trois

    milles

    est

    ainsi

    mieux respectee,

    puisque

    les sites

    ne

    sont

    qu''a 4,500

    lkm

    d'Apamee.

    Les

    sondages operes

    leur

    ont

    permis de

    conclure "a

    'existence

    d'une

    agglomeration

    etendue

    dotee

    de

    constructions

    a caracteres religieux. Cependant ils reservent encore leur opinion et

    attendent

    pour

    se

    prononcer

    definitivement

    sur une

    etude

    methodique de

    l'ensemble

    du

    secteur

    et

    sur

    des

    sondages

    ou mieux des

    fouilles

    plus

    poussees.

    (1)

    THEODORET,

    Hisl.

    Religiosa,

    V, 21, 5-15;

    II.

    DELEHAYE,

    Saints et reliquaires d'Apamene,

    Anal. Boll., 1935, pp. 232-236.

    ( Villages,

    t.

    II, I. 101.

    (3a)

    Cf. notre article Le Couvent de Saint-

    Sim6on l'Alepin T6moignages lilttraires

    et

    jalons

    sur son hisloire, in

    Paroles de l'Orient, 1970,

    pp.

    352-354.

    (4) P. CANIVET

    et

    M. T.

    FORTUNA, Recherches

    sur

    le

    site de Nikertai,

    in

    Annales arch6ologiques

    arabes

    syriennes,

    1968,

    t.

    XVIII, p. 44.

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    7/36

    132

    SYRIA

    [XLIX

    Un couvent,

    Dair Sam'

    un

    (equivalent

    de

    Sim'an)

    etait

    situ'

    dans

    le Gabal al-'A'la,

    trois

    km au Sud-Ouest

    de

    Qalbloze

    (1).

    Son

    higotimene,

    a signe

    le

    quatri'nme

    documient

    des

    superieurs

    des monasteres inoiio-

    physites

    (2).

    L'actuiel

    DaYrSimn'n,

    hameau encore

    habite,

    jouxtant un champ

    de

    ruines

    au

    pied

    de

    Qal'at Sirnan,

    au

    Nord de

    la plaire de Qatu-fa

    se

    refere

    encore

    a

    Simeon.

    Ce

    qui

    est

    scUr

    'est

    que

    ce

    toponyme

    ne

    lui

    etait

    gtiere

    applique durant

    tout

    le

    Moyen Age, SoIn

    nom

    priniitif etail

    Telanissos.

    C'est la que

    Simeon l'Ale'pin

    s'est

    retire dans la communaute

    de

    Maris,

    fils de Bar'aton,

    apres

    avoir rompu

    en

    412 avec le couvent

    d'Heliodore,

    a Teleda.

    II y

    demeura trois ans

    avant

    de monter

    sur la montagne

    voisine

    qui

    servira

    d'assises a

    Qal'at

    Sim'an.

    Le couvent

    priniitif n'a

    pas laisse

    de

    traces

    :

    il a ete

    efface

    sans doute par

    la

    construction

    d'ui-ndes grands

    couvents

    du vIe s. C'est Telanissos qui

    reparaSt

    dans la liste

    des

    coujvents

    monophysites.

    La

    vie monastique

    y

    persista jusqu'au

    Ixe S.

    et

    peut-ctre

    meme au

    x1le

    s., puisque

    selon

    Littnian,

    des

    inscriptions

    syriaques

    non

    datees qu'on y

    a

    relevees peuveilt

    remoilter

    a cette epoque.

    L'enseinble

    monastique de Tetlanissosn'entre pas dans notre cliamp d'investigation

    puisque,

    nialgre le s6jour

    qu'y

    fit le saint,

    il

    ne porta pas

    son nom

    avant

    I'epoque

    moderne

    (3).

    Le monastere

    le plus

    imnportant

    des environs

    d'Antioche

    est celui

    de

    Simeon-du-Mont-Adminrable.

    Treize knm

    6parent

    ce site de la

    metropole

    syrienne.

    C'est sur

    les

    pentes

    de ce

    mnont,

    u monastere

    du moine Jean

    (4)

    que

    Simeon

    le

    Jeune

    (521-592)

    fit

    I'apprentissage

    de la vie de

    stylite;

    a

    l'age

    de

    vingt

    ans it l'abandonna

    pour ecliapperaux foules qui accouraientau bruit de ses miracleset s'etablit

    (1)

    Sur

    ce

    couvent

    cf. G. TCHALENKO,

    Villages

    antiques,

    t. 11,

    Paris, II, p.

    92.

    (2)

    Cf.

    notre article,

    L'Orthodoxie

    de Simeon

    stylile l'Alhpin

    et

    sa survie

    dans l'I?glise

    melchite,

    in Parole de l'Orient,

    1971, p. 359.

    ( a)

    Sur Dair-Sim'Sin,

    village

    et couvents

    cf.

    G. TCHALENKO,

    Villages antiques,

    t.

    I, pp.

    152,

    188, 205-222,

    392;

    t. 11, pp.

    92-93.

    (4) Sur ce monast6re cf.

    VAN

    DEN

    VEN,

    La

    Vie ancienne

    de S.

    SymJon

    .Slylite

    le Jeune

    (521-592),

    collection

    Subsidia Hagiographica,

    no

    32, Bruxelles,

    1962, pp. 191-200;

    P.

    PETE'ERS,

    Saini

    Thomas

    d'Amese

    el

    la

    Vie de Sainte

    MlIarthe

    dans

    Anal. Boll.,

    t. 45,

    1927,

    pp.

    282-287;

    J. MECERIAN,

    ExpJdilion

    archIologique

    dans

    l'AnliochUne

    Occidenlale,

    in

    MUSJ, 1964, t.

    XL,

    pp.

    46-58.

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    SYRIA,

    XLIX

    (1972),

    1-2

    _~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~M

    P

    W

    -Ai

    1.-

    Colonne

    du Stylite

    et cote

    sud de

    l'Octogone.

    .3~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~.A

    4"-

    ,

    _-

    '2.

    -

    Colonne

    du

    Stylite

    avec

    la

    partie

    rupestre.

    * 0

    I'

    3.

    -

    Pilier

    de

    l'Octogone. 4.

    gglise

    centrale ou

    de

    la

    Sainte-Trinite,

    vue

    vers

    l'Est.

    SAINT-SIME~ON

    DU

    MONT

    ADMIRABLE

    (Photos

    P. T.

    Bois)

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    SYRIA, XLIX

    (1972), 1-2

    5.

    gJglise

    de

    la

    Sainte-Trinite, abside vue

    de

    l'exterieur.

    6.

    Le

    martyrium

    triconique.

    Iglise de la

    Sainte

    -

    Trinit6

    7.

    -Chapiteau

    sculpte.

    8.

    -

    Dalle

    d'architrave.

    SAlNT-SIMI:ON

    DU

    MONT

    ADMIHABLE

    (Photos P. T.

    Bois)

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    10/36

    1972] COUVENTS

    PORTANT LE NOM DE SIMRON

    133

    tout

    en

    haut

    du Mont.

    Les

    disciples qui

    l'avaient entoure dains le

    premier

    monastere

    le

    suivirent

    dans son

    ascension.

    Pendant les

    dix

    premieres

    annees qui suivirent, Simeon occupa le creux d'une aiguille rocheuserem-

    placant

    la

    colonne, tandis que ses moines

    habiterent

    un

    baraquement,

    construit par

    eux-memes,

    vraisemblablement en

    moellons.

    ((Les

    conditions

    inhumaines qui

    pesaient,

    au

    sommet denude de

    la montagne, tant sur

    l'existence

    des

    moines que

    sur

    celle

    des

    pelerins et

    des

    malades

    venant

    en foule visiter Simeon,

    amenerent celnii-ci, sur une

    injonction d'en haut,

    a

    construire sur le meme

    emplacement un monastere et

    une eglise

    Le couvent de Qal'at Sim'an

    servit

    de

    mnodele.Mais

    disposant

    vrai-

    semblablement de moyens moindres que les b}atisseursqui, aides largement

    par le tresor imperial, avaient

    ceuvre

    en

    l'honneur

    de

    Simeon l'Alepin,

    les architectes

    virent moins

    grand qu'eux, tant

    au

    point de

    vue

    des

    dimen-

    sions de

    l'ensemble

    qu'a

    celui du luxe de la

    decoration. Le

    monastere

    termine

    comprenait, en

    plus d'une

    eglise

    cruciforme

    placee sous le vocable de

    la

    Sainte

    Trinite

    dont les nefs

    debouchaient sur uIi octogone

    inon couvert,

    au

    milieu duquel se dressait

    la colonne de Sime'on,des

    habitations pour

    les

    moines,

    des

    h6telleries

    pour

    les

    pelerins

    et

    diverses

    dependances,

    cuisine, boulangerie, forge,

    refectoire, niagasin

    a ble, citernes. Les travaux

    durerent

    vraisemblablement de

    541

    a 551.

    Des

    amenagements,

    telle

    la

    construction

    du niartyriuni,

    bati

    au

    Suid de

    l'eglise

    furent

    executes par

    la suite

    (apres

    la

    mort

    du sainlt, en 592).

    Si

    nous

    disposons de

    quelques

    indications

    precises, grace

    aux

    textes,

    en

    particulier aux

    biographies de Simeon

    Stylite

    et de

    sa mere, Marthe (2),

    grace

    aux

    fouilles

    (3),

    concernant les construtctions edifie;es au

    soromet du

    (1) P.

    VAN

    DEN

    VEN, Op.

    Cit.,

    p. 200.

    (C)

    cf.

    infra.

    (')

    De

    1932 a

    1939, le P.

    MWc6rian

    a entam6

    plusieurs

    campagnes

    de

    fouilles dans

    le

    site de

    Saint-Sim6on.

    Ses

    tiravaux

    ont fait

    l'objet

    de

    S

    rapports,

    dont

    trois

    pr6sent6s

    par

    Gabriel

    Millet

    dans

    les

    Comptes

    rendus de

    I'Acad6mie

    des

    Inscriptions

    et

    Belles-Lettres, 1933,

    pp. 343

    sq;

    1935, p.

    195; 1936,

    p. 205.

    Le

    rapport

    d6flnitif

    n'a pas

    encore W

    fait. Le

    P.

    Mc6rian

    6tant

    d6c6d6 en 1965, c'est son confrere, le P. M. Tallon,

    qui

    est

    charg6

    de

    sa

    publication.

    Les recherches du

    regrettO j6suite concernant

    Saint-Sim6on, sont,

    en

    dehors des

    comptes

    rendus

    signal6s plus

    haut:

    un

    expose

    dans

    les

    Actes

    du VIII Congres international

    d'Etudes

    byzantines,

    1951, II, pp. 300-302;

    Les

    Inscrip-

    tions

    du

    Mont

    Admirable,

    in

    M.U.S.J.,

    1962,

    t.

    XXXVIII,

    pp.

    297-330; Exp dition archeolo-

    gique

    dans

    l'AntiochWne

    occidentale,

    M.U.S.J.,

    1964,

    t.

    XL, pp.

    1-144.

    Ce

    dernier

    travail

    a

    paru

    dans

    la Collection

    Recherche,

    n.

    27, dirig6e par

    l'Institut de Lettres Orientales, de l'Universitb

    Saint-Joseph,

    sous le

    titre

    Exp1dition

    arch olo-

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    11/36

    134

    SYRIA [XLIX

    Mont

    Admirable, IIous

    somnies

    mal

    renseignes

    sur

    F'histoire

    du

    monastere.

    La

    biographie de

    Sineon

    nous distille quelques

    details

    sur

    la

    vie de

    la

    Communaute

    (1).

    Evagrius

    (2)

    nous eclaire en quelques lignes sur les

    relations

    de

    Sinieon

    avec le

    patriarche Gregoire d'Antioche (570-593)

    et 1'empereur Maurice

    (582-602). Simeon avait

    pr6dit un

    jour, vers

    la fitn

    de sa

    vie, que le discr6dit toinberait

    sur

    le nionastere

    apres sa mort, par

    la trahison d'un des nmoines,

    Angoulas.

    Ce

    moine

    isaurien,

    du

    vivant du

    saint,

    ne manquait aucune occasion de le

    vilipender en presence de ses

    confreres et de les agiter

    contre

    lui.

    I

    irnonta meme une cabale contre

    Simeon

    au

    sein

    de la

    Conimunaute.

    Les

    agissements

    d'Angoulas

    produisirent

    leur

    ellet peu

    de

    temps

    apres la mort

    du

    saint.

    La

    mernoire

    de celui-ci subit un

    moment

    une sorte

    d'eclipse,

    le

    prestige

    et l'influence

    duL

    Mont-Admirable

    s'en

    troivierent

    atteints. Ce

    qui expliquerait, peut-etre, pourquoi

    Jean

    Moschus,

    au moment

    de sa

    peregrination dans les monasteres

    des

    environs d'Antioche entre 603

    et

    607, prefera

    demander

    l'hospitalite

    au couvent

    de Saint-Theodose-du-

    Skopelos.

    II

    semble n'avoir eu

    aucun

    contact

    avec

    Saint-Simeon

    et

    ne

    consacre que peu de pages aux ((gestes )) du stylite

    (3).

    La Vie du saint n'a

    pas

    un mot au

    sujet

    du

    grand

    tremblement de

    giqute

    dans

    l'AntiochNne

    occidentale.

    L'1E:glise

    arm#fno-gtforgienne

    de

    Saint-

    Thomas.

    Les fouilles

    du

    P.

    Mkc6rian

    ont

    W

    reprises

    et

    complWtBes

    en 1963 par

    le Professeur

    Wachtting

    Djobadze.

    11 a

    d6ji

    donn6

    deux

    rapports

    sur ses

    travaux

    et

    un

    article:

    Vorlauflger

    Bericht iiber

    Grabungen

    und

    Untersuchungen

    in

    der

    Gegend

    von Antiochia am Orontes, dans Istanbuler

    Mitteilungen,

    t. 15,

    1965, pp.

    218-242;

    Second

    preliminary

    Report

    on

    Excavations

    in the

    Vicinity

    of Antioch-on-the-Orontes,

    dans

    Turk Arkeoloji

    Dergisi,

    t. XIII,

    2 (1964),

    pp. 32-35;

    Material

    Inscriptions

    in the

    Vicinity

    of

    Antioche-on-the-

    Orontes,

    dans

    Oriens Christianus

    t. 49,

    1965,

    pp.

    116-130 (11

    est consacr6

    aux

    inscriptions

    g6orgiennes

    de

    Ia

    r6gion)

    .Le m0me

    Professeur

    pr6pare

    un ouvrage

    d'ensemble.

    Une

    troisieme

    mission

    a Wt conduite par

    Mine Jacqueline Lafontaine-Dosogne, en 1965,

    sous

    l'6gide

    de la Fondation byzantine de

    Bruxelles et des Affaires Culturelles

    du Ministdre

    de l'lducation

    Nationale.

    Lc

    but

    essentiel

    de

    cette mission

    (tait "1I'examen des vestiges du

    monast.re de

    Saint-Sym6on

    Stylite

    et de

    la

    topographie du

    site, en relation

    6troite

    avec les

    travaux de MI. Paul Van den Ven

    sur Ia Vie

    Ancienne de cc saint o. MnieLafontaine-Dosogne

    a publiH le r6sultat de ses

    recherches dans un

    volume, Itin9raires

    arch6ologiques

    de la

    r6gion

    d'Antioche-Recherches

    sur

    le

    monastere

    et suir

    l'iconographie

    de S. Symeon Stylite le Jeune,

    Bruxelles, 1967,

    222 pages et LI planches.

    (')

    VAN DEN

    VEN,

    Op.

    cit., pp.

    108-123

    (r6sum6

    de la

    Vie).

    (2)

    Hist. eccl., V, 21; VI,

    23-214.

    (3)

    Cf.

    a

    cc

    sujet,

    VAN DEN

    VEN, op. cit.,

    pp. 96-100.

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    1972] COUVENTS PORTANT LE NOM DE SIMRON 135

    terre qui fit perir

    60 000

    personnes

    "a

    Antioche en 588

    et

    provoqua

    d'importantes destructions. ((Nous ignorons tout du sort de la Communaute

    du Mont-Admirable

    a

    la

    fin du

    Vle

    et au

    viie

    s.,

    a

    travers

    les

    grands

    evenements politiques

    et

    religieux

    qui,

    "a

    Antioche, precederent

    la

    conquete

    arabe de

    638,

    et, notamment,

    nous ne savons ce

    qu'il

    advint

    du

    rnonastere

    pendant l'occupation

    de

    la

    Syrie

    par

    les

    Perses,

    de 611

    a

    628, qui

    fut

    marquee

    par

    de cruelles vexations

    vis-a-vis

    des

    chretiens.

    Nous ne soinmes

    pas

    mieux

    renseignes

    sur

    ce

    qui

    se

    passa

    autour

    de

    la

    colonne

    de

    Simeon

    solls

    la domination arabe en

    Syrie, laquelle

    se

    prolongea jusqu''a

    la

    reprise

    du pays par Nicephore Phocas en 969 (1).), Un texte de Michel le Grand

    pourrait

    nous induire en erreur

    ((Cependant Heraclius,

    afin de

    s'opposer

    a leurs progres (les Arabes), rassenibla une armic'equ'il

    dirigea,

    contre eux

    sous le

    conmmandement

    de

    Theodorice (Theodore)

    son frere.

    Parvenue

    a

    Antioche, cette

    arm6e

    campa au village de Gousit. Dans le voisinage, se

    trouvait

    un

    stylite

    du

    nom dee

    Simeoii. Theodorice

    se rendit avec ses officiers

    aupres

    de

    lui, pour obtenir

    ses

    prieres et pour consulter

    le

    Seigneur par

    son

    intermediaire

    (.

    ePromettez-moi, leur dit-il, que si le

    Seigneur favorise

    notre entreprise, vous ferez disparaitre les adversaires du saint concile

    de

    Chalcedoine

    -

    Nous te le jurons, repondirent-ils et meme nous en

    avons regu l'ordre de l'empereur

    -

    Allez done maintenant,

    reprit le stylite,

    les

    prieres

    du

    saint concile vous accompagneront

    (2)

    >* La mention

    d'Antioche et du stylite

    Simeoni

    pourrait inciter

    a

    penser

    a

    notre saint,

    ou

    du

    moins

    a

    son monastere

    -

    et effectivement

    l'editeur

    de

    Michel a cru y

    trouver une

    reference

    a Simeon le Jeune (3). Rien ne

    permet pareille

    confusion. D'abord Gousit n'est pas

    pres

    d'Antioche.

    Barhebraeus

    qui

    rapporte le meme fait la situe egalement pres de Theoupolis dans son

    Chronicon

    Syriacum

    (4),

    mais dans son Hist.

    eccl.

    1,320,

    il

    indique sa

    veritable

    localisation

    ((

    dans le

    territoire de Honis >).Gousit, l'actuel

    Giuse,

    en arabe

    litteraire Giisia, en est, en effet

    a

    35 km

    (5).

    Barhebraeus

    en second

    lieu

    (')

    VAN DEN

    VEN

    Op. cit.,

    pp.

    914-215.

    (2) Chronique,

    edit. V.

    LANGLOIS,

    Pp.

    229-230.

    (S) Sa note 3 de

    la p. 230.

    (4i)

    Version

    arabe 6dit6e

    par le

    P.

    ISAAC

    ARMALE in

    Mach. XLIII,

    1949, p.

    469.

    (5)

    DUSSAUD, Topographie,

    pp.

    112,

    114-115;

    L.

    JALABERT et R.

    MOUTERDE, IGLS,

    t. V,

    p.

    296.

  • 7/25/2019 4197788 - Couvents de la Syrie du Nord portant le nom de Simon.pdf

    13/36

    136

    SYRIA

    [XLIX

    ne donne

    pas de prenom

    'a

    l'interlocutetur

    de Theodore,

    il

    le qualifie

    de

    ((moine stylite

    chalcedonien

    )).

    En 1006 saint

    Lazare

    le Galiziote,

    de retour

    de

    Palestine

    vers son

    pays,

    passa

    par le

    Mont-Admirable

    (1).

    Quelques

    decades plus

    tard Ibn Butlan

    (t

    2

    sept. 1066)

    (2)

    qui

    visita

    Antioche

    et ses environs en

    1049

    decrit

    ce

    qu'il

    avait vu

    dans

    une

    epitre envoyee

    a

    Abii

    l-Hasan Hilal

    ibn Hasan as-Sabe'

    (3).

    Or il dit

    du couivent

    de Saint-Simeon

    qu'il etait

    vaste comme

    la

    moitie

    de

    D5r

    al-Hilafa

    (les

    palais

    califiens de Bagdad)

    (4). Ses rentrees

    annuelles

    5'elevaient

    a

    400

    000 dinars.

    Yaqut

    (5) qui cite

    Ibn

    Buttla,

    les

    evalue de

    son

    cote

    a

    plusieurs

    quintaux

    d'or et

    d'argent.

    II ajoute que

    les voyageurs

    trouvaient

    asile dans le

    monastiere.

    L.e xe et le

    Xi0

    s.

    furent l'age

    d'or de Saint-Simeon-dui-Mont-Admirable.

    Il

    continua

    a

    etre

    un

    centre litt6raire

    actif au

    xII0

    et

    au

    X1110 s., mais

    sa

    marche fut entrecoupee

    de

    heurts et de violence,

    et sa

    vie

    eclairee

    de

    lueurs

    d'incendies.

    Le

    premier

    ecrit

    qui

    sortit du

    monastZere fut, apres

    les

    ceuvres

    de

    son fondateur

    (6),

    la

    Vie

    de

    Simeon (7).

    Tout

    donne

    a

    croire qu'elle

    ae

    (1)

    H.

    DIELEHAYE,

    Les

    saints

    stylites,

    p.

    cix.

    (2)

    Nous

    trouvons

    des divergences tr6s

    grandes

    sur

    l'ann6e de la mort

    d'Ibn

    Butlan,

    et partant

    sur

    la date de son vovage,

    entre

    les historiens

    anciens

    comme

    Ibn

    abi Usaibi'a, Ibn

    al-Qifti,

    Barh6braeus

    et

    Hagg

    tIalifa.

    Nous suivons

    celles

    arrWhies

    par J.

    SCIHACHT

    dans

    son art. Ibn Bttllan,

    E. .,

    2e 6dit., pp.

    763-764.

    lbn

    Butl5n,

    a

    la fin de

    sa vie,

    se

    fit

    moine

    et se retira dans un monastere d'Antioclhe, ii

    mourut le 2

    sept. 1066

    et fut inhum6

    dans

    1'6glise

    du

    monastcre.

    Sur Ibn Butlan

    en dehors

    de

    I'art.

    de El, cf. GRAF,

    CGAL.,

    t.

    II, pp.

    191-195.

    (3) La relation d'Ibn

    Butl5n

    a e

    incorporee

    au Kitdb

    ar-Rabi'

    de Muhammad

    b.

    Hilal,

    et

    des extraits

    importants

    en ont 6t6 conserv6s

    dans la biographic

    d'Ibn al-Qift

    et

    le Geogra-

    phisches

    Worterbuch

    de

    'AqQt

    ; ils

    ont elc

    traduits

    eni ariglais

    par G. LE STRANGE,

    Palestine

    under the Mluslims,

    370-5

    et

    de

    l'anglais

    en

    allemand par R.

    HOHRICHIT,

    Geschichte des

    ersten

    Kreuzzuges,

    Insbruck,

    1901, '242-6

    (J1.

    SCHACHT,

    art. cit.,

    p.

    764). La

    partie

    concer-

    nant

    le voyage

    entre

    Alep

    et Lattaqui6

    a

    6t6

    publiee

    en arabe

    par

    L. CHEIKHO,

    Les

    PoHtes

    arabes chretiens

    apres

    l'Islam,

    Beyrouth,

    19'27,

    pp.

    "272-277.

    (4)

    Sur

    le terme

    et 1'6tendue

    de

    DMr

    al-UjiSfa,

    cf.

    M. CANARD,

    L'histoire

    de la

    dynasfie

    des

    Hamdanides,

    pp.

    169-173.

    (5)

    Mu'jam, edit. Beyrouth, p. 517.

    (6)

    Sur

    les

    ecrits

    de

    Sim6on, cf.

    VAN

    DEN

    VEN,

    Les

    IEcrils

    de

    S. SymJon

    Stylile le

    Jeune,

    avec

    trois

    sermons

    ingdits,

    dans

    le

    Museon,

    t.

    70,

    1957,

    pp.

    1-57; La

    Vie

    ancienne

    de S.

    Symeon,

    pp.

    178-180;

    en

    note 2, VAN

    DEN VEN

    donne

    la bibliographie

    anterieure

    a ses

    travaux.

    Sur les

    versions arabes

    des fuvres

    de

    Simbon,

    cf. GRAF,

    GCAL.,

    t.

    1,

    pp.

    404-405.

    (7) Elle

    a

    e

    publiie

    dans

    l'original

    grec

    par

    P.

    VAN

    DEN

    VEN,

    La Vie ancienne

    de

    S.

    Symgon

    stylite le Jeune (521-592), t. I, pp. 1-2'24, et

  • 7/25/2019 4197788 - Couvents de la Syrie du Nord portant le nom de Simon.pdf

    14/36

    1972]

    COUVENTS PORTANT LE NOM DE

    SIMEON 137

    composee par

    un

    disciple

    et un familier du saint vers la

    fin

    du

    Vle

    s.

    Son

    identite est encore recouverte de l'anonymat. La Vie de sainte Marthe

    (t

    562

    ?)

    (1) mere de

    Simeon,

    fornie une sorte

    de

    complement

    a

    celle

    du

    stylite.

    Son auteur semble etre un moine du

    monastere

    du

    Mont-Admirable,

    ayant

    vecu

    au

    viie

    s.

    Les deux

    Vies ont e

    traduites par un moine

    getorgien

    du

    couvent dans

    la

    langue de son

    pays,

    anterieurement

    "a

    'an 950.

    Au

    xe

    s., Saint-Simeon

    etait gouverne

    par

    l'higoumiene Antoine.

    D'apres

    le

    ms. 346

    (1733 J.-C.)

    de

    la

    Bibliotheque

    Orientale de

    Beyrouth

    et la

    preface

    de la

    recension

    du

    patriarche Sylvestre des

    ecrits

    de Jean de

    Damas, Antoine

    fut d'abord moine a Mar-Saba, en Palestine, avant d'entrer dans le

    monastere de Saint-Simeon et d'en devenir le

    superieur.

    Le

    Vat. arab. 436

    qui

    transmet sa version des

    oeuvres

    du

    Damascene date de mai

    7089

    (1581

    J.-C.) ; mais iHse

    presente

    comme

    une copie

    d'un

    codex transcrit en

    379 H.

    (989

    J.-C.). Antoine

    a

    donc

    vecu

    anterieurement

    "a

    ette date et non

    au

    xnle s.

    comme l'ont

    avance

    tous

    ceux

    qui ont en "a

    'occuper

    de

    litterature

    chretienne en langue arabe.

    Cet

    auteur

    ne laissa aucune ceuvre

    originale.

    Il fut exclusivement un

    traducteur. Il choisit des ceuvres du Damascene la Dialectique, 1'Expose

    de

    la

    Foi et

    cinq autres

    traites, introduits dans

    sa version par le

    titre

    general Cinq

    traites

    sutr l'expose

    de la foi

    et

    refutation

    des

    heretiques

    contra-

    dicteurs.

    Ces cinq

    traites sont les

    suivants: Expositio et

    declaratio

    fidei,

    Contre les

    Nestoriens, Contre

    les Jacobites, Contre

    les Iconoclastes, la

    Duree

    du sejour

    de N.-S. au tornbeau

    (2).

    II traduisit

    egalement

    les

    Dialogues de

    saint

    Gregoire le Grand,

    d'apres

    la version du

    pape Zacharie

    -

    les

    Recits

    de l'abbe

    Daniel de

    Scete

    -

    des

    Enseignements recueillis

    dans les discours

    de Chrysostome, Basile, Ephrem, Nil, Carpus (?)

    -

    des Maximes de saint

    en

    version

    frangaise,

    t. 11,

    Bruxelles,

    1970. Sur

    les editions

    partielles

    faites avant celle

    de

    VAN DEN

    VEN,

    voir

    son

    introduction

    a

    l'edition

    grecque,

    pp. 11-12

    et

    BHG,

    1689.

    L'un

    des

    mss. sur

    lequel

    1'editeur a

    etabli

    son

    texte

    est le

    Ilierosolymitanus

    Sabaiticuis

    108

    (xe-xie s.)

    qui provient

    du

    monast6re

    de

    Saint-

    Sim6on.

    (1)

    8dit6e dans ACTA

    SS.

    Mai,

    t. 5,

    pp. 403-

    431,

    3e edit.,

    pp.

    399-425.

    Une Edition

    critique

    en est

    donn6e par

    VAN

    DEN

    VEN dans

    le t. 1I

    de

    La Vie

    ancienne

    de Saint

    Sym,6on le

    Jeune,

    Bruxelles,

    1970, pp.

    253-314.

    (2)

    Sur les mss.

    arabes contenant

    cette version

    cf.,

    en

    attendant la

    publication de notre

    Hisioire

    du Mouvement

    liittraire

    dans 1'1Xglise

    melchite,

    GRAF,

    GCAL, II, pp.

    43-45;

    notre

    Saint Jean

    de

    Damas,

    Harissa,

    Liban,

    1950, pp.

    181-186.

  • 7/25/2019 4197788 - Couvents de la Syrie du Nord portant le nom de Simon.pdf

    15/36

    138

    SYRIA

    [XLIX

    Athanase

    -

    les

    Dialoghismoi

    de Zozime

    - les recits pieux (Dighisis)

    de

    Paul de Monembasie. Cette ceuvre d'Antoine se trouve dans le Par.

    arab.

    276 (XIIIe

    s.). Nous

    lui devons egalement

    la traduction

    du

    commen-

    taire de

    saint

    Jean Chrysostome

    (P.G.,

    t.

    LIX)

    sur

    l'Evangile

    de

    saint

    Jean (1).

    Le niagistros

    Nicepbore

    Ouranos

    qui vivait

    Solus

    Basile

    11 (976-1025)

    et A

    qui Cedreniis

    donne

    le titre

    d'archon

    ld'Antioche,

    auteur

    d'une

    Vie

    de Simeon

    le Jeune,

    qui

    est une

    m6traphrase

    de

    la

    Vie

    ancienne,

    dut

    souvent visiter

    le

    monastere

    durant

    soIn s6jour "a

    Antioche

    (999-1006)

    (2)

    car il en donne des details dont seul est capable quelqu'un qui a vu par

    lui-meme.

    11 noua

    meme

    des relations

    avec la comniuriaute

    des moines

    (3).

    Nicon

    de la Montagne

    Noire

    (vers

    1025-debut

    du

    X11eS.)

    (4)

    ne vecut

    que

    peu

    de temps a

    Saint-Simeon.

    11

    avait

    tente de fonder

    itne

    communaute

    monacale

    pour

    laquelle

    il

    avait

    compose

    un Typicon.

    Les moines

    rl'en

    voulurent

    pas

    et se dispers'erent.

    II

    fit

    alors partie

    de

    la communaute

    de

    Saint-Simeon.

    Mais le

    4

    dec. 1084,

    Antioche

    et toute la contree

    avoisinante

    furent prises

    par

    les Seljoukides

    (5). Notre

    moine

    se

    refugia

    dans

    le

    monastiere de la Vierge 'a la Grenade, chez les Arme'niens chalcedoniens,

    les Dzatoi.

    II

    revint

    cependant

    "a

    Saint-Simeon quelque

    temps

    apr6s,

    peut-etre

    apres

    la

    prise

    d'Antioche

    par

    les Croises.

    11

    y mourut

    dans

    la

    pren1iere

    decade

    du

    xIIe

    s.

    Si nous

    ne

    pouvons

    pas

    compter

    Nicon

    parmi

    les

    ecrivains

    du

    Mont-

    (1)

    Sur

    les dbtails

    de ces versions, cf.

    GRAF,

    op. cit.,

    pp. 41-43

    et

    notre

    Histoire .

    (2)

    Sur

    le

    gouvernorat

    de Nic6phore

    cf.

    V. LAURENT,

    La chronologie des

    gouverneurs

    d'Antioche sous

    la

    domination

    byzantine,

    in

    M.U.S.J.,

    t.

    XXXVIII,

    1962,

    pp.

    235-236.

    (3)

    BHG,

    n. 1690. Elle

    a 6t6

    pubfibe

    par

    C. JANNINCK,

    Acta

    Sanctorum,

    t. V du mois

    de

    mai,

    1685,

    pp. 307-401

    ; 3e edition,

    pp.

    310-397;

    MIGNE,

    P.G., t.

    86, col.

    2987-3216.

    (4)

    GRAF,

    GCAL,

    II,

    pp.

    64-69; DOENS,

    Nicon

    de la Montagne

    Noire,

    in

    Byzantion,

    t.

    XXIV,

    1954, pp. 131-140; J.

    NASRALLAH,

    un auteur

    antiochien

    du Xle

    S.:

    Nicon de la

    Maontagne

    Noire

    (vers

    1025-dJbut

    du

    XIIe

    s.),

    P.O.C.,

    t. Xl),

    1969, pp.

    150-162;

    on

    y trouvera

    totite

    la bibliogiaphie

    concernant

    sa vie

    et

    son ceuvre.

    (5) J. LAURENT,

    Des Grecs auix

    Croisds,

    Byzantion,

    t. I,

    1924,

    pp.

    384-403.

    En

    1066,

    Af;ln,

    lieutenant

    du

    sultan

    seljoukide

    Alp-

    Arslan

    flt

    une incursion

    dans le pays

    d'Antioche

    et

    la

    Montagne

    Noire.

    Nombre

    de couvents

    et

    de villages

    furentincendi6s

    (MATTIIJEU

    D' DESSE,

    Chionique,

    trad.

    E.

    DULAURIER,

    d.ans

    Biblio-

    Whique

    islorique

    armdnienne,

    Paris,

    1858, pp.

    156-

    157).

  • 7/25/2019 4197788 - Couvents de la Syrie du Nord portant le nom de Simon.pdf

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    1972]

    COUVENTS PORTANT

    LE

    NOM DE

    SIMION

    139

    Admirable

    puisque

    l'histoire le connait sous le nom de Nicon

    de la

    Montagne

    Noire, nous trouvons cependant, dans ses ouvrages, de nombreux passages

    concernant

    le monastere.

    Ainsi

    le

    chap.

    XII de son

    Tacticon

    (1)

    est une

    epitre

    envoybe au

    epretre

    de

    1'eglise

    de

    Saint-Simeon))

    surla prise

    du

    couvent

    par

    les Turcs

    et sur la

    legon

    "a

    tirer de

    l'evenement. Le

    cha-

    pitre

    XXXV est une lettre

    envoyee par

    Nicon

    "a

    Anthime,

    patriarche

    de

    Jerusalem et

    'a

    Pierre, higoumene

    du

    monastere de

    Saint-Simeon

    sur la

    maniere

    de traiter

    les

    Dzatoi;

    le

    chap.

    XXXVI

    mentionne

    egalement

    la

    lettre

    "a

    l'higoumene

    de

    Saint-Simeon. Dans le

    chap.

    XXXVIII, adresse

    au ( pretre )) de l'eglise de Saint-Simeon, Nicon mentionne les erreurs des

    Latins et parle de la restauration dii

    couvent. Le dernier

    chap.,

    le

    XL, est

    adresse

    au

    superieur

    de

    Saint-Simeon,

    Pierre.

    Contemporain

    de Nicon est le

    moine

    Simeon,

    ((le

    premier des

    pr4tres

    du

    couvent )),

    qui

    raconte

    la

    vision

    qu'il

    eut

    en

    1032-1033.

    Le fondateur

    lui

    ayant

    apparu pour

    lui

    donner ses

    recommandations au

    sujet de

    ses

    confreres

    lesquels

    se

    laissaient

    aller

    'a

    beaucoup de

    d'sordre

    (2).

    Quoiqu'il en

    soit

    de

    la

    realite'

    de

    cette

    apparition,

    son

    objet

    est vrai. La

    decadence

    battait

    son

    plein dans le monastere, comme d'ailleurs dans tous ceux de l'Antiochene,

    a

    tel

    point que

    le

    patriarche

    d'Antioche,

    Theodose,

    s'en

    emut.

    Il

    chargea

    Nicon de

    remedier

    "a cette situation

    ; il

    lui

    demanda

    ((d'enseigner et

    de

    corriger

    ))

    les moines du

    patriarcat et de

    les

    rappeler "a

    'obeissance et

    'a la

    soumission aux

    eveques

    du

    lieu. Mal en

    prit

    au

    delegue.

    II

    subit

    des

    persecutions de

    la

    part

    de ceux

    qu'il

    avait

    charge

    de

    corriger.

    Chasse' par

    eux,

    il

    dut se

    refugier

    de

    ((monastere

    en

    monastere

    et

    de lieu en

    lieu ));

    on en vint

    jusqu'a

    incendier la

    cella

    dans

    laquelle

    il

    s'etait

    refugie. Les

    textes georgiens contemporains revelent egalement cet etat de choses.

    (1) Cet

    ouvrage se

    trouve dans le Sin.

    Graec.

    441.

    V. BENESEVIC

    n publia

    cinq chapitres

    en

    1911,

    Catalogus

    codicum mss.

    graecorum

    qui in

    monasterio Sanctae

    Catharinae in

    Monte Sina

    asservantur,

    1,

    PNtrograd, 1911.

    Analyse du

    codex, pp.

    237-246; texte

    des

    chapitres 4,

    31, 35,

    36,

    37, pp.

    561-601. It

    commenga

    en

    1917

    l'edition du texte

    int6gral.

    I1 n'eut le

    temps

    que d'en

    publier

    les quatre

    premiers chapitres,

    Taklicon

    Nikona

    Cermogorza,

    PNtrograd, 1917.

    Version

    arabe

    dans le Vat.

    arab. 76,

    fol.

    1-402.

    A.

    MAI,

    Script.

    veterum

    nova

    collectio, t.

    IV,

    Rome,

    1831,

    donne aux

    pp.

    155 sq.

    la

    traduction

    latine

    de la table des

    matieres.

    (

    2) Cette

    pi6ce

    est

    conserv6e dans le

    Sabaiticus

    108,

    fonds du

    Patriarcat de

    J6rusalem,

    fol.

    20Ov-

    201v.

    Le

    ms. date du

    xiie

    s.

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    140

    SYRIA

    [XLIX

    Michel

    (1),

    hi6romoine

    de Saint-Simeon

    (2), vivait

    i

    la meme

    epoque.

    Il

    a

    ecrit

    en

    arabe,

    I'an

    6594

    de la

    Creation

    (1085 J.-C.),

    une

    biographie

    de

    saint

    Jean

    Damas'erie.

    Elle

    a

    e-te

    publiee

    pour

    la

    premi'ere

    fois,

    en 1912,

    par

    le P.

    C.

    Bacha,

    d'apries

    le

    Vat.

    arab.

    79,

    fol.

    328

    r-339

    v,

    datant de

    620

    H.

    (1223

    J.-C.),

    un

    ms. de

    Homs

    et

    un

    autre

    de

    Kafar

    Buhum,

    transcrit en

    1646.

    Cette

    Vie,

    composee

    par Michel,

    a

    ete a

    l'origine

    de deux

    biographies

    grecques

    du

    saint.

    L'une, composee

    par

    ((

    un

    patriarche

    Jean

    ))

    qu

    on

    n

    a

    pas

    encore

    r6ussi

    a identifier.

    Serait-il

    l'hierarque

    Jean de

    Jerusalem,

    oi

    meme

    Jean

    l'Oxite

    comme

    le

    proposent

    certains

    mss

    ? La

    seconde,

    par

    le

    metropolite

    Samuel

    d'Adana.

    Cette

    derniere

    servit

    de

    base

    'a une

    traduction

    georgienne

    d'Etienne

    de

    Mtsire,

    au debut

    dii xiie

    s.

    Si

    Nicon

    mentionne

    la prise

    d'Antioche

    par

    les

    Croises (chap.

    38)

    (3),

    nous

    ne trouvons

    aucun

    indice

    dans

    ses

    ouvrages

    sur leur

    comportement

    vis-a-vis

    de la hierarchie

    locale

    et

    du

    monachisme

    indigenie.

    D'ailleurs

    il

    dut

    mourir

    dans

    la

    premiere

    decade

    du xIiC

    s. D'autres

    sources

    cependant

    nous

    renseignent

    sur l'etat

    de

    sujetion

    imposee

    par

    les

    Latins

    "a

    'Jglise

    locale.

    Le siege d'Antioche etait occupe, au moment de la prise de la ville,

    par

    Jean

    l'Oxite.

    Celui-ci

    fut d'abord

    reconnu

    par

    les

    Latins;

    il

    pourvtit

    d'eveques

    les

    petites

    villes voisines

    dont

    les sieges

    etaient

    venus

    a

    vaqtuer.

    Par la

    suite

    il

    fut

    evince par

    Bohemond

    e-t

    se retira

    a

    Constantinople.

    Un patriarche

    latin

    le

    remplaga

    en 1100.

    Cela

    dura jusqu'"a

    a

    fin

    des

    Etats

    francs.

    Les

    hierarques

    melchites

    ne

    demeurierent

    a

    Antioche

    que

    sporadiquement

    (1098-1100,

    1165-1170,

    1206-1208

    ?).

    Ils residaient

    soit

    a

    Constantinople,

    soit

    dans

    un diocese

    quelconque

    du

    patriarcat

    cecume-

    nique et 'a partir du XIIIe s. en Bithyi-ie. Le patriarche Macaire Za' in

    donne

    un temoignage

    assez

    curieux

    a ce

    sujet

    eSache...

    que

    pour

    le

    patriarcat

    d'Antioche,

    le

    patriarche

    des Francs siegeait

    dans

    une

    partie

    de

    la

    ville

    et le notre, parfois

    dans

    un

    autre

    quartier,

    parfois

    dans

    le

    couvent

    de

    l'Antiochene,

    a

    Saint-Simeon

    le

    Thaumaturge.

    It

    y

    accomplissait

    toutes

    (1) GRAF,

    GCAL,

    t. II, pp.

    69-70.

    (2)

    Cette

    qualification

    de

    Michel

    n'est

    pas

    mentionn6e

    dans

    la Vie

    arabe

    publi6e

    par

    Bacha,

    mais conserv6c dans la version g6orgienne 6dit6e

    par

    KEKEIIDZi,X:,

    Khristianskij

    Vostok,

    t.. IV,

    p.

    142.

    (3)

    A. MAT,

    Script.

    Vet.

    Nova

    Coll.,

    t. V,

    pp. 158-159.

  • 7/25/2019 4197788 - Couvents de la Syrie du Nord portant le nom de Simon.pdf

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    1972]

    COUVENTS PORTANT LE

    NOM

    DE

    SIMION

    141

    ses fonctions

    patriarcales

    sans

    empi'etenient

    (1).

    )

    Cette

    assertion

    aurait

    besoin de preuves. Surtout lorsque nous savons que dans les rares fois o"u

    le

    patriarche

    melchite

    a

    reside dans sa

    metropole,

    le

    hierarque

    latin

    ne

    manquait pas de faire des

    esclandres.

    L'assertion de

    Za'im a

    ete

    reprise

    par

    son

    successeur,

    Athanase

    Dabbas,

    dans son Histoire

    du

    Patriarcat

    d'Antioche. Cahen

    (2),

    qui

    cite ce

    dernier

    fait,

    le

    nmet sur le

    compte

    de la

    politique

    de

    conciliation de Dabb5s.

    La

    majorite

    des

    siieges

    episcopaux furent

    pourvus de

    titulaires

    latins.

    Quelques

    rares

    dioceses

    restierent aux mains

    des

    melchites.

    Quant aux

    monasteres, ((les Francs, revivifianit les couvents en partie ruin6s par

    l'invasion

    turque,

    installerent des

    moines latins

    "a a

    place ou

    'a

    cote

    de

    ceux, Grecs ou

    autres, qu'ils

    y trouvaient et les

    communautes ainsi

    creees

    acquirent

    vite

    une

    grande

    importance

    ;

    d'une

    part a

    cause de

    leur

    richesse,

    d'autre

    part en raison

    des

    contacts

    spirituels

    qui

    se

    nouerent avec

    les

    milieux

    indigienes

    correspondants

    ))

    3). Trois

    grandes

    abbayes

    benedictines

    furent

    etablies dans

    l'Antioche',ne,

    celle

    de

    Saint-Paul,

    celle

    de

    Saint-

    Georges

    et celle

    de

    Saint-Simeon. La

    prerniiere

    evinga la

    communaute.

    religieuse melchite. Les Benedictins de Saint-Georges de la Montagne

    Noire

    (Saint-Georges-de-Jubin)

    furent

    remplaces

    eux-memes par

    des

    Cisterciens en 1214

    (4).

    Le

    souvenir de

    l'abbaye de

    Saint-Simeon

    revient

    dans

    Guillaume de

    Tyr,

    lors

    du conflit

    qui

    opposa

    Raymond

    de

    Poitiers

    avec

    le

    patriarche

    Raoul de

    Domfront

    (1136-1142),

    ensuite "a

    propos d'un

    conflit fiscal

    entre

    Bohemond

    IV

    et les

    Benedictins

    au

    sujet

    d'une

    rente sur

    un

    moulin

    (5).

    Dies

    son

    election au

    patriarcat,

    Raoul

    avait

    rencontre

    des

    resistances

    parmi son clerge, notamment dans le Chapitre. Le prince Raymond, avec

    lequel

    il avait

    eu des

    denim`1s,

    en tira

    parti

    pour luli

    enjoindre

    de se

    rendre

    a

    Rome. Le

    patriarche, qui avait de

    l'entregent, reussit "a

    agner

    la

    confiance

    d'Innocent II

    et des cardinaux. II

    retourna en

    Syrie

    pour

    y

    attendre

    l'arrivee

    du

    legat

    charge

    d'une

    enquete

    "a

    on

    suLjet.

    Les

    clercs

    d'Antioche,

    appuyes

    (1)

    An-Nahla, ms.

    14

    du couvent de

    Kreini,

    pp.

    42.1-422.

    (3')

    La

    Syrie du

    Nord,

    p.

    335,

    note 21.

    (3) op. cit., p.

    323.

    (4)

    Sur ces deux

    abbayes

    cf.

    CAHEN, op.

    cit.,

    pp.

    323-324 et

    DOM

    PH.

    SCHMITZ,

    Histoire de

    l'Ordre

    de

    Saint-Benoit, t.

    I,

    1942, p.

    245.

    (6) Cf.

    REY,

    Recherches,

    p. 23.

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    142

    SYRIA

    [XLIX

    par

    le prince,

    refuserent

    de le recevoir.

    Raoul

    savait

    plier. Mis

    'a

    la porte

    par

    ((la malice de son clergc )) derriere lequel il sentait l'action du prince, il

    redouta

    le

    courroux

    de

    ce

    dernier et se

    garda

    bien

    de

    vouloir

    entrer

    de vive

    force dans

    Antioche.

    Il se

    retira dans

    une

    abbaye

    des environs.

    Invite

    par

    le

    Comte d'EIdesse,

    Jocelin II,

    le

    patriarche

    s'y

    rendit ; il

    fut regu

    avec les

    plus

    grands

    honneurs.

    Raymond

    de

    Poitiers,

    jugeant prudent

    de

    ne pas

    laisser

    faire l'union

    de ses

    adversaires,

    ceda aux instances

    des

    amis

    du

    patriarche.

    11

    consentit

    "a

    une reconciliation,

    du moins

    en

    apparence,

    et

    invita le patriarche

    'a

    regagner

    son siege.

    Sa

    rentree

    "aAntioche prit

    les

    allures d'un triomphe. Cependant l'enquete, decidee en cour de Rome,

    commenoa.

    Un premier legat

    nomme

    mourut

    (27

    mai 1139)

    avant

    d'arriver

    en

    Syrie.

    Un nouveau legat,

    Alberic

    d'Ostie, partit

    "ason tour et pre'sida

    un concile

    le 30

    nov.

    1139 dans

    l'eglise

    Saint-Pierre

    d'Antioche.

    Raoull

    fut

    accuse

    de

    simonie

    et d'incontinence,

    condamnc'

    "a

    a

    deposition

    et

    livre

    au

    prince

    d'Antioche qui

    le fit ((mout honteusement

    ))

    conduire

    au

    monastere

    de

    Saint-Simeon

    oihul fut

    jete

    dans une

    ((

    chartre

    ))

    dec.

    1139).

    Le

    malheureutx

    (fu longtemps

    tenuz

    a

    mesese

    dedenz

    cele

    prison

    )).

    Il

    finit

    par

    s'en echapper

    et se rendit "aRome

    (1)*

    Le

    26

    juillet

    1224,

    le

    pape

    Honorius

    III adressa

    un bref

    (2) au

    patriarche

    latin

    et

    au

    prieur

    des

    Templiers

    d'Antioche,

    sur

    la

    plainte

    de

    l'abbe

    et

    du

    couvent

    S.

    Symeonis

    de

    Antiochia,

    en butte

    aux exactions

    du comte

    de

    Tripoli.

    L'importance

    de Saint-Simeon

    fut

    si

    grande

    au

    temps

    des

    Francs

    que

    ceux-ci

    baptiserent

    Suwaidiya,

    Port

    Saint-Simeon.

    Les autres

    chroniqueurs

    des

    Croisades,

    s'ils

    sont amemes

    a

    parler

    du

    monastere,

    c'est

    pour

    nous

    decrire

    ses

    vicissitudes

    lors

    des luttes

    entre Croises et arme'es musulmanes

    qui

    eurent parfois

    pour

    champ

    Antioche

    et ses environs.

    C'est d'abord

    en

    1119.

    Apres

    la defaite

    de

    l'Ager sanguinis

    et

    la

    mort

    de

    Roger

    d'Antioche,

    l'armee

    victorieuse

    d'AI-Gazi,

    emir

    ortoqide

    de

    Mlardin,

    pour

    couper

    la

    (1)

    GUILLAUME

    DE

    TYR.

    Historia

    rerum

    transmarinarlum,

    XIV-XXIV;

    H.

    GROUSSET,

    Hisioire

    des Croisades,

    t.

    II,

    pp.

    41-48; FLICHE,

    Hisioire de l'Pg9ise, t. IX, 1, pp. 76-77;

    REY,

    Les

    Dignitaires,

    pp. 324,

    334,

    504.

    ( 2)

    IRdit.

    J.-B.

    PITRA, Analecla

    novissima

    Spicilegii

    Solesmensis.

    Altera contintiatio,

    t. 1,

    1885, p.

    586;

    P.

    PEETERS,

    Anal. Blolland.,

    t. 46,

    1928, p. 248, note 4.

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    1972]

    COUVENTS PORTANT

    LE NOM DE SIMRON

    143

    route au roi Baudouin

    II de

    Jerusalem,

    qui

    venait

    avec

    son armee a

    marches

    forcees, au

    secours

    de la

    Principaute,

    se dirigea

    vers Lattaquie.

    Les

    10.000 Turcomans, qui la composaient, se diviserent en plusieurs groupes,

    pour battre plus

    commodement

    la

    campagne.

    Une partie

    se dirigea vers le

    Port

    Saint-Simeon.

    Certains remonterent

    au Nord-Ouest jusqu'a la

    montagne Noire, a

    travers

    le

    Mont

    Admirable

    dont les

    couvents furent

    saccages

    et les moines massacres

    (1),

    Trente

    ans plus tard, en

    1149,

    un autre

    seigneur

    d'Antioche,

    Ravmond

    de Poitiers,

    mourait

    les armes a la main,

    vaincu

    par

    Niir

    ad-Din

    a Fons

    Murez,

    ou Fons

    Muratus

    (2).

    La

    fleur

    des barons d'Antioche avait

    peri

    avec le prince. L'Estoire d'Eracles nous montre le vainqueur chevauchant

    (tout

    a

    sa

    volonte

    ))

    a travers

    la

    Principaute,

    prenant

    les

    places

    de second

    ordre,

    brulant

    les

    bourgs, saccageant

    le

    plat pays,

    ne

    respectant

    que

    les

    citadelles trop

    fortes pour etre

    enlevees

    au

    premier

    assaut.

    D'une

    seule

    chevauchee,

    il courut jusqu''a

    Antioche, I'investit

    et la depassant avec

    son

    avant-garde, poussa

    jusqu'a

    Saint-Simeon,

    le

    port

    de

    la

    grande

    cite.

    ((

    Les

    villes

    ardoit

    qui

    estoient pres

    d'iluec,

    et

    vint

    jusqu'a

    iine abaie

    de

    Saint-

    Symeon qui

    siet

    en

    montaignes

    mout

    hautes,

    entre

    la mer et

    Antioche

    (3).

    Le meme Nuir ad-Din, depuis sa defaite de la Boquee en 1163, n'avait

    cesse

    de

    songer

    'a la

    revanche.

    11

    la

    prit pres

    de

    Harem

    (10

    aout

    1164)

    en aneantissant

    l'armee

    de

    Bohemond III.

    La route d'Antioche etait

    libre

    devant

    lui.

    Ses conseillers le

    pressaient

    d'attaquer

    la

    ville

    degarnie

    de

    defensetirs. L'Atabeg

    refusa par crainte

    des

    Byzantins

    a qui les

    Francs

    aux

    abois

    risquaient

    de livrer

    la

    citadelle.

    ((

    J'aime

    mieux,

    leur

    dit-il,

    avoir

    Bohemond pour

    voisin

    que

    le roi

    de Grecs

    ))

    (Ibn al-Atir).

    It

    se contenta

    d'envoyer

    des

    detachements

    ravager

    le

    territoire

    de

    la

    capitale

    jusqu'aux

    ports de Lattaquie et de Saint-Simeon. Michel le Syrien ajoute que les

    coureurs

    penetrerent

    au

    couvent

    grec de

    Saint-Sim'on

    et

    reduisirent

    les

    moines

    en

    captivit6

    (4).

    (1) BARIIEBRAEUS,

    Chronicon,

    p. 306 et

    R.

    GROUSSET,

    Hist.

    des Croisades,

    I, p. 562.

    (2)

    ldentifiM

    par

    DUSSAUD,

    Topographie histo-

    rique, p. 167,

    a Ma'arratha, village sur

    la route

    d'Apam6e

    a

    l'Oronte

    par El-Kefr

    et a

    l'Ouest

    de

    Belyun.

    (3)

    GuILLAUME

    DE 1TYR,

    p.

    774,

    Mitc

    in

    B. GROUSSET,Hist. des (roisades, IJ, p. 279.

    (4)

    III,

    p.

    325,

    d'apr'&s

    GROUSSE-r,

    Histoire

    des

    Croisades, 11, pp.

    459-465.

    10

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    144

    SYRIA

    [XLIX

    Malgre

    ces lueurs

    d'incendies,

    ces destructions

    partielles

    et

    ces

    massacres, le couvent se releva. II reprit en meme temps sa vie intellec-

    tuelle.

    Des voyageurs

    menie,

    venant parfois

    de la

    lointaine

    Europe

    nous

    laisserent

    quelques

    renseignements

    a son sujet.

    C'est

    d'abord Jean

    Phocas

    quii,

    au

    xiIe

    s.,

    visita

    le monastere

    et en donnia

    une

    description

    circonstanciee

    quoique

    peu

    detaillee

    (1). Le sommet

    de la

    montagne,

    dit-il,

    a ete

    taille

    profondement

    et

    I'on

    a

    pratique

    des cellutles

    (lans la paroi.

    Dans

    l'espace

    libre

    se dressait

    la colonne, egalemeint

    taillec

    dans le roc.

    A l'Est

    se voyait

    une

    belle eglise,

    oiu

    les moines passaient

    de

    longues

    veilles.

    Parmi

    les

    tombes decouvertes par le P. NIce'rian dans l'une des eglises du monastere,

    deux portaient

    une

    inscription

    dont

    l'une

    mentionne

    le

    moine

    Makarios,

    de Saifi,

    decede

    le

    3

    janvier

    1193 (2).

    La Chronique

    anonyme

    d'Idesse

    decrit

    en 1475

    des

    Seleucides

    (=

    1164

    J.-C.)

    le tresor

    du couvent grec,

    et en

    1222,

    Olivier

    de Cologne,

    visitant

    le Mont-Adrnirable,

    fait

    miention de

    ces

    livres

    liturgiques

    que possedaienit

    les

    Georgiens,

    en tout pareils

    'a

    ceux

    des Grecs,

    ainsi que

    leur

    sanctuaire,

    appel6

    chez

    les Grecs,

    le

    ((

    Boisseau

    ))(3).

    La perte des ouvrages d'un moine de Saint-Simeon, du

    XIIIe

    s., nous a

    prives

    de sources

    de premiere

    main

    sur l'histoire

    dui

    monachisme

    antiochien

    en general

    et

    la vie

    de Saint-Simeon

    en

    particulier.

    11

    s'agit

    de

    l'ceuvre

    du

    moine

    Qaisar,

    auteur

    d'une

    Risala fi

    adyrat

    rntadinat

    Anta-kia

    wa rubhaniha,

    E

    pitre sur les

    couvents

    de la ville

    d'Antioche

    et sur ses moines,

    et

    d'une

    Risala

    fi

    Dair

    Mar

    Sint'an

    al-'Amrndi

    wa

    rubhInihn,

    Epitre

    sur

    le couvent

    de Saint-Simeon

    le Stylite

    et ses

    moines.

    Le

    P.

    Sbath

    (4)

    en a

    signa1l

    des

    exemplaires

    'a Alep,

    dans la Collection

    des

    heritiers

    de R. Basile.

    Mal-

    heureuseinent

    nous avons

    appris

    que

    ce

    fonds

    a

    ete

    dilapide

    et vendu

    comme

    papier

    d'eiiballage.

    La controverse

    du moine

    simeonien

    Georges

    est assez

    celebre

    pour

    que

    (1)

    Dans Ilistoriens

    Grecs

    des Croisades,

    t.

    1,

    P.

    529.

    (

    2)

    Les

    Inscriptions

    du

    Mont

    Admirable,

    in

    M.U.S.J.,

    t.

    XXXVIII,

    1962,

    pp.

    321-324.

    (3)

    Historia Damiatina, 6dit.

    HOOGEWEG,

    Die

    Schriften

    des

    Kolner

    Domsscholas

    ters

    spaiteren

    B3ishofs

    von

    Paderborn

    und

    Kardinalbischols

    von

    S.

    Sabina

    Oliverius Tuibingen,

    1894,

    p.

    265,

    1-9,

    d'apris

    VAN

    DEN

    VEN,

    La Vie

    Ancienne,

    p. 219.

    (4)

    Al-Fihris,

    nos

    492-493.

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    22/36

    1972] COUVENTS

    PORTANT LE NOM DE

    SIMIRON

    145

    nous nous y

    arretions

    outre mesure. Son historicite semble

    'tablie

    ; elle

    ne peut etre prise pour

    une fiction ou

    un

    genre litteraire.

    Girgi ar-raheb

    as-sim'aini eut

    "a

    Alep

    en 1217

    (1),

    une controverse

    avec

    trois

    ulemas.

    La

    discussion

    eut lieu en

    presence

    du

    saiyed al-Musammar,

    frere d'al-Malek

    az-Zaher

    Gazi

    ibn Yuisuf ibn

    Ayyuib,

    roi

    d'Alep,

    du

    tenips

    du

    regne

    de

    Leon II l'Armenien,

    fils d'I3tienne.

    Sans la mention expresse,

    faite dans la

    preface

    (( du couvent

    de Saint-

    Simeon al-Bahri)) nous aurions pu penser qu'il s'agissait

    du couvent

    de

    Simeon l'Alpin.

    En effet tout

    porte

    a

    le croire la

    proximite d'Alep

    ou eut

    lieu la discussion et le but de la visite du moine theologien, it accompagnait,

    avec des

    confreres,

    l'higoumene

    du

    monastere

    venti entretenir le

    suLltan

    de

    questions

    concernant

    la

    restauration

    du couivent. Nous ne

    voyons

    pas

    l'interet que pouvait porter

    un

    prince

    musulman

    a un

    centre religieux eleve

    en dehors

    de ses

    etats,

    pour

    ne

    pas

    dire aux

    portes

    de

    la

    capitale

    de ses

    ennemis.

    Cependant

    la bienveillance

    des

    Ayxroubides

    etait suffisamment

    connue pour que

    des

    moines,

    dont

    l'Islam prinitif

    avait

    protege

    la

    vie et

    reconnu

    1'utilite. puissent

    leur tendre la main.

    A

    moins

    que

    l'higoumene

    n'ait ete pousse dans sa tentative par une demande osee de repafation

    des

    dommages

    suibis

    par

    le

    monastere

    lors de la

    campagne

    de Saladin en

    1188. Saladin en effet,

    aide de son fils

    az-Zaher, conquit

    le 29

    juillet

    1188

    Qal'at Sahyun et

    d'a utres

    places

    fortes comme

    Sugr-Bakas,

    Sermaniya,

    Burzey,

    etc. La zone

    au Sud

    d'Antioche

    une

    fois tombee

    Saladin

    passa

    ati

    nord

    de la ville

    et

    vint attaquer Darbesac,

    Bagris. Peut-etre

    qu'a

    cette

    occasion,

    des

    detachemeiits

    de son

    armee

    avaient

    pousse jusqu''a

    Saint-

    Simeon et commis

    des

    depredations

    contre le nionastere.

    La fin de la controverse rapporte quelques details interessants. I.'emir

    d'Alep

    etait

    tellement satisfait

    de la

    tournure

    prise par

    la

    joute

    theologique

    et des

    reparties pleines d''a-propos

    du

    moine

    qu'il

    lui

    accorda, a titre de

    donation

    a

    lui

    et a son

    monast6re,

    uin chargement

    de

    mulet de gros

    (I) La

    plupart des inss.

    portent la date de

    1107. Mais 1217

    indiqu6e

    par certains est la

    seule qui r6alise la

    conjonction historique

    men-

    tionn6e

    dans le sous-titre,

    c'est-&-dire ia simul-

    tan6itE

    du

    r6gne

    d'AI-Malek az-Z5her ibn Yusuf

    ibn Ayyub (1193-1217) avec celui de L6on

    11

    (1185-1219).

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    23/36

    146

    SYRIA

    [XLIX

    poissons, pris

    sur sa

    part

    dans la

    pecherie

    de

    Burzey

    (1). La

    Muga4dala

    al-anba

    6irgTi

    ar-ra3hebas-sint'ani

    a

    ete tres populaire en Orient a

    en juger

    d'apries

    le grand nombre de manuscrits qui nous la donnent (2).

    Elle a connu

    au moins deux

    editions,

    l'une anonymie "aBeyrouth et l'autre par

    les soins

    du P. P.

    Cara'li,

    a Bei-Sabab,

    une annee plus tard.

    Au

    meme

    xiiIe

    s.

    appartiennent

    deux ecrivains simeoniens,

    un

    hisLorien

    et un controversiste.

    Malheureusement

    les rares

    renseignements

    que nous

    avons sur eux sont tires

    des sous-titres

    de

    leurs ouvrages. Le premier est

    le

    rnoine Sim'a-n,

    auteur

    d'une Histoire d'Antioche la Grande

    dont Sbath

    a signale un exemplaire transcrit au xiiIe s. dans la Collection du P. Nahhas

    a Alep(3)*

    Dans

    son Synaxaire

    des

    Saints du Patriarcat

    d'Antioche, Macaire Za'im

    mentionne Gerasime, superieur

    du

    mnonastere de Saint-Simeon. I1

    luiI

    attribue ((des controverses, des homelies et

    al-Kitab

    as-Safi, ce]eibre

    pour

    (1) La citadelle de Burzey est

    situee au

    Sud

    de Sermaniya, au Nord

    et en

    face d'Apamee,

    de l'autre

    cote du marais du Gab (Cf. R.

    GROUS-

    SET,

    Hisloire des Croisades, II, p. 828). ((Le

    second (lac)

    ah quelque

    distance

    au Nord

    et

    environ quatre fois plus grand que le precedent,

    appartenait au district de Bourzey. On

    le

    denom-

    mait le lac des

    chretiens

    ))

    (ABOULFEDA,

    Geogra-

    phie, traduction par REINAUD et S.

    GUYARD,

    Paris, 1848-1883, p. 40;

    LE STRANGE,

    pp. 70

    et

    sq.) et fitter l'a reconnu dans l'actuel lac

    et-Taqa. Comme au temps

    d'Aboulfeda, ce

    lac

    constitue une p8cherie tres productive.

    Ouand

    vient

    i'hiver et que les eaux de l'Oronte se

    refroidissent, les poissons affluent en masse

    dans les eaux

    du lac plus tiedes et,

    pendant

    les

    mois de novembre et de decembre

    notamment,

    les p8cheurs du village de Sheria,

    montes

    sur

    des barques les prennent au nioyen de

    harpons

    ))

    (DUSSAUD, Topographie historique, pp. 197-198).

    (2)

    Liste dans

    GRAF,

    GCAL, t.

    II, p. 81.

    Graf

    ignore que

    cette

    mugadala

    eut

    une

    version

    et une

    edition francaise au

    xvIIIe s.

    Elle a

    pour

    titre Controverse sur la religion chr6tienne

    et celle

    des

    mahometans, entre trois docteurs

    musulmans

    et

    un

    religieux

    de

    la nation

    maronite, ouvrage

    traduit de l'arabe par M. Le Grand,

    secretaire

    interprete du roi pour

    les

    langues orientales,

    d6di6 a Mgr. le

    duc

    de Praslin. Paris, La Combe,

    1767.

    Dans l'introduction l'auteur repete

    son erreur

    du titre et y ajoute d'autres. Ii dit

    qu'il a passe

    36 ans

    hors de sa patrie. Le texte qu'il

    traduit

    d'apres

    un

    manuscrit arabe qui lui a e

    procur6

    par

    des religieux d'un

    couvent maronite est une

    controverse

    ((

    entre trois

    docteurs de la loi

    mahometane et le venerable Abbe Giorgi,

    religieux maronite (sic) du monastere de

    Mar Semeanu el Bahri )); la dispute a lieu

    devant

    uIn

    fils de Saladin, a Alep, vers 1215 de l'ere

    chr6tienne

    (612

    de

    l'hegire).

    Le

    traducteur

    ajoute: ((j'ai conserve la forme

    de

    l'original

    arabe;

    la

    dispute

    est sur le ton de la

    conver-

    sation... un

    cenobite et trois

    docteurs

    parlent;

    le

    prince devant qui se passe la dispute

    est

    l'interlocuteur... Dans la traduction j'ai

    suivi

    exactement

    mon

    original; je

    n'ai

    ajoute

    ni

    retranche rien au texte ; je pourrais

    le fournir

    a ceux qui sont verses dans la langue

    arabe

    )).

    Cependant

    le

    style de la version

    est

    trop

    61lgant

    pour que

    la

    traduction

    soit

    litterale.

    (3)

    Al-Fihris, 11, In.

    2565.

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    1972]

    COUVENTS PORTANT LE NOM

    DE SIMION 147

    ses merites et d'autres

    ceuvres

    encore >

    (D*

    Le

    patriarche

    ne donne

    aucun

    autre renseignenient, sauf que Gerasime ((mourut apres une viedllesse

    pleine

    de bonnes euvres

    )). Seul

    KitaJba`-Safi

    nous est parventu. C'est

    une apologie

    en cinq parties de la religion chretienne.

    Elle est

    encore

    inedite.

    Nous en connaissons plusieurs

    manuscrits dont le plus

    ancien

    est

    le Bodl.

    arab. chret. Urn

    49

    qui date de 1656.

    Comme

    la

    plupart

    des

    monasteres

    d'une certaine importance,

    Saint-

    Simeon

    avait un grapheion ou les moines

    consacraient uine partie

    de

    leur

    temps

    at

    la

    transcription

    des ouvrages

    de

    spiritualite

    ou de

    liturgie. Dans

    leurs colophons ces manuscrits mentionnent parfois les noms des higou-

    Imenes qui presidaient

    aux

    destinees

    du

    monastere

    au

    moment

    de l'acheve-

    ment

    du codex.

    La

    version

    arabe

    des ecrits

    de

    Nicon contient

    des indications

    interessantes

    sur

    des

    manuscrits conserves 'a Saint-Sim6on.

    Par ailleurs

    le Sabaiticus gr. 108

    (2)

    qui

    renferme les Vies

    de

    Saint Simeon

    et de sa

    mere Marthe

    (cette partie est du

    xie s.

    d'aprnes

    Erhard, du

    xe

    d'apres

    Mgr Lefort) et

    la

    vision

    du

    moine Simeon (transcrite

    au

    xIe s.)

    a appartenu

    a ce grapheion

    du

    Mont-Admirable.

    II