21 Journée mondiale du refus de la...

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Contacts : 17 octobre 2008 Dossier pédagogique pour les Dossier pédagogique pour les collèges, lycées et associations collèges, lycées et associations ATD Quart Monde, secrétariat 17 octobre, 33 rue Bergère, 75009 Paris Internet : www .oc t17.or g - Mail : oc t17@atd-quar tmonde.or g Ce dossier, réalisé pour l'année scolaire 2008-2009, est diffusé avec le soutien du ministère de l'Éducation nationale. Il est aussi diffusé par le CIDEM, dans le cadre de parcours civiques d'éducation à la citoyenneté (www .cidem.or g ) 21 ème Journée mondiale du refus de la misère

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Contacts :

17 octobre 2008

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ATD Quart Monde, secrétariat 17 octobre, 33 rue Bergère, 75009 ParisInternet : www.oct17.org - Mail : [email protected]

Ce dossier, réalisé pour l'année scolaire 2008-2009, est diffusé avec le soutien du ministère de l'Éducation nationale.

Il est aussi diffusé par le CIDEM, dans le cadre de parcours civiquesd'éducation à la citoyenneté (www.cidem.org)

21ème Journée mondialedu refus de la misère

17 octobre 2008 – Journée mondiale du refus de la misère – Dossier pédagogique pour les collèges, lycées et associations -2/44

SSOOMMMMAAIIRREE

Ce dossier pédagogique comprend trois parties :

Partie 1 - Réfléchir à la pauvreté et à l’exclusionavec les élèves des collèges et lycées ? ......................................3 à 13(une autre version existe pour les écoles, les enfants jusque 12 ans) (10 pages)

Titre I - Origine et sens de cette journée du 17 octobre ...................................... 3 à 6

Titre II - Pourquoi, comment parler de pauvreté, de misère, d’exclusion ? ........ 7 à 11

Titre III - Témoignages d’actions de solidarité menées en lycée ...................... 12 à 13

Partie 2 - Documents pour la classe (24 pages) : ........................................14 à 39Dossier 1 : textes choisis, et questions pour les analyser, argumenter ............ 14 à 34

Dossier 2 : Quelques aspects socio-économiques de la pauvreté. ..................35 à 39

Partie 3 - Bibliographie (5 pages) ................................................................40 à 43Quelques suggestions de journaux, livres, chansons, films,adaptées selon les âges des jeunes, ou pour les enseignants et parents. ............40 à 43

Pour en savoir plus…

Ce dossier pédagogique est en ligne sur le site : www.oct17.org rubrique « ce que je peuxfaire », puis « agir avec les enfants et les jeunes ». Il peut également être commandé à l’adressesuivante : à ATD Quart Monde 107 avenue du Général Leclerc - 95480 Pierrelaye (4 € port compris).

Le Mouvement Tapori a édité pour les enfants de 7 à 12 ans une mallette pédagogique« Ensemble contre la misère, l’Amitié pour vaincre l’exclusion » qui peut être commandée à l’adressesuivante : 107 avenue du Général Leclerc 95480 Pierrelaye (25 € + 5 € de frais de port).

Un dossier destiné aux écoles, pour les enfants de moins de 12 ans, est aussi disponible sousforme imprimée (3,5 € port inclus) et peut être commandé à l’adresse suivante : Tapori 33 rue Bergère75009 Paris. Il peut aussi être téléchargé gratuitement sur le site : www.oct17.org

CE DOSSIER PÉDAGOGIQUE s’adresse aux enseignants, aux éducateurs, aux animateurs dejeunes, à la communauté éducative toute entière, pour qu’ils aident les enfants et lesjeunes à découvrir les valeurs de fraternité, de solidarité, en refusant, à leur niveau, lamisère et l’exclusion, en agissant pour que tous les enfants et jeunes soient respectés,réussissent leur scolarité et puissent ainsi trouver, demain, une place utile dans leurpays, en donnant le meilleur d’eux-mêmes.

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PPaarrttiiee 11 - RRééfflléécchhiirr àà llaa ppaauuvvrreettéé eett àà ll’’eexxcclluussiioonnaavveecc lleess ééllèèvveess ddeess ccoollllèèggeess eett llyyccééeess ??

Titre 1 - Origine et sens de cette« Journée mondiale du refus de la misère »

Le 17 octobre 1987,

des défenseurs des Droits de l’Homme et du Citoyen de tous paysse sont rassemblés sur ce parvis. Ils ont rendu hommageaux victimes de la faim, de l’ignorance et de la violence.

Ils ont affirmé leur conviction que la misère n’est pas fatale.Ils ont proclamé leur solidarité avec ceux qui luttent

à travers le monde pour la détruire.

Là où des hommes sont condamnés à vivre dans la misère,les droits de l’homme sont violés.

S’unir pour les faire respecter est un devoir sacré.Joseph Wresinski

Photo d’une célébration devant la Dalledu Trocadéro à Paris, le 17 octobre 1992

en présence de M. Pérez de Cuéllar.

Ce texte est gravé sur une dalle, scellée le 17 octobre 1987 par Joseph Wrésinski, fondateur duMouvement ATD Quart Monde, sur le parvis des droits de l’homme et du citoyen au Trocadéro àParis, en présence de 100 000 défenseurs des droits de l’homme de tous pays et de toutes conditions.

Dans l’esprit de ce premier rassemblement, le 17 octobre 1987, la Journée mondiale du refus de lamisère est d’abord une journée à l’honneur des personnes victimes de la misère.Elle doit leur permettre de s’exprimer dans la fierté et la dignité, de mieux se faire comprendre, defaire reconnaître leur refus de la misère. Elle doit être l’occasion, pour tous les citoyens, d’entendrele message de ceux qui vivent la misère, de témoigner et de s’engager avec eux. Chacun a un rôleà jouer pour que les plus exclus puissent exercer leur propre rôle de citoyens. Rompant radicalementavec les comportements d’assistance, la journée du 17 octobre peut être pour les enfants, les jeunes,les adultes qui y participent, un temps de réflexion, d’invention, de rencontre, de solidarité, un vrairendez-vous civique.

Dans sa résolution du 22 décembre 1992, l’Assemblée générale des Nations Unies a reconnu cettejournée, et invité les États, les organisations intergouvernementales et non gouvernementales àorganiser des activités nationales pour marquer la journée « en accordant l’attention voulue auxproblèmes spécifiques des personnes les plus pauvres ».Depuis 1987, seize répliques de cette dalle ont été posées dans différents pays (Allemagne, Belgique,Burkina Faso, Canada, États-Unis, France, Italie, Philippines, Portugal), invitant les populations àrefuser la misère, aux côtés des plus défavorisés. Des personnes de plus en plus nombreusesrenouvellent cet engagement, chaque 17 octobre.

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•• LLaa jjoouurrnnééee dduu rreeffuuss ddee llaa mmiissèèrree :: uunn rreennddeezz-vvoouuss cciivviiqquueeppoouurr llee rreessppeecctt ddee ll’’ééggaallee ddiiggnniittéé ddee ttoouuss

« Tant que les droits fondamentaux ne sont pas effectifs pourcertains, la démocratie est menacée et il est insuffisant de vouloirla défendre ; le seul combat à mener consiste à se rassemblerpour la faire avancer. »

Geneviève de Gaulle-Anthonioz

La pauvreté et l’exclusion ont de multiplesvisages, dans le monde et dans notre pays. Cen’est pas toujours facile de voir la misère à saporte et de la comprendre. Un rapport duConseil Economique et Social, en 1987, a misdes mots sur ces situations :

«La précarité est l’absence d’une ou plusieursdes sécurités, notamment celle de l’emploipermettant aux personnes et familles d’assumerleurs obligations professionnelles, familiales etsociales, et de jouir de leurs droitsfondamentaux. L’insécurité qui en résulte (...)conduit à la grande pauvreté quand elle affecteplusieurs domaines de l’existence, qu’elledevient persistante, qu’elle compromet leschances de réassumer ses responsabilités et dereconquérir ses droits par soi-même dans unavenir prévisible. »

Les droits fondamentaux sont liés : commentconserver son logement quand on a perdu sontravail ? Comment apprendre à l’école dans debonnes conditions sans logement décent, sansmanger à sa faim ?Notre pays a adopté en juillet 1998 une loid’orientation contre les exclusions qui prenden considération tous les domaines de la vie(logement, emploi, santé, justice, éducation etculture, protection de la famille et de l’enfance).Elle s’est donnée pour ambition de garantir lerespect de l’égale dignité de tous, par un accèseffectif à l’ensemble des droits fondamentaux.Cette loi d’orientation relative à la lutte contreles exclusions a ouvert une nouvelle étape ducombat contre la misère, en affirmant avec forceque la reconnaissance de l’égale dignité de tousest le fondement de notre vie ensemble.

La misère est un vrai scandale, qu’il s’agitd’abolir – comme l’a été l’esclavage – et non

seulement d’atténuer, de soulager provisoire-ment, ponctuellement :• Elle atteint la dignité même des personnes qui

sont humiliées, car elles ne peuvent plusassumer leurs responsabilités familiales,professionnelles ou sociales, de manièreautonome.

•Elle isole, coupe de leur communauté lespersonnes et familles qui vivent dans lamisère,

•Elle risque de devenir permanente, durable,comme le montre la situation de chômeurs delongue durée et des personnes qui dépendentdurablement de l’assistance. Tous perdentprogressivement espoir de redevenirautonomes.

C’est pourquoi le premier but de cette journéeest de rendre espoir et courage aux personnesqui, isolées, n’espèrent plus pouvoir s’en sortir.

Faire respecter cette égale dignité partout etpour tous nécessite un nouvel engagement dechacun dans tous les domaines de notre viesociale (travail, école, vie de quartier,organisations syndicales, politiques, culturelles,religieuses...). Il s’agit d’inventer concrètementensemble les moyens d’avancer vers une sociétérespectueuse de la dignité de chacun, enreconnaissant comme acteurs indispensables decette transformation sociale les personnes etfamilles qui en sont aujourd’hui les plus exclues.

Cet engagement civique permettra à chacun decontribuer, à sa mesure, au respect de l’égaledignité de tous les êtres humains et de préparer,avec la participation de tous, un avenir sansmisère.

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•• LLee 1177 ooccttoobbrree 22000077,, 2200èèmmee aannnniivveerrssaaiirree ddee llaa jjoouurrnnééee mmoonnddiiaallee dduu rreeffuuss ddee llaa mmiissèèrree

Le 17 octobre 2007, cela a fait 20 ans qu'à l'appel de JosephWresinski, fondateur d'ATD Quart Monde, 100 000 personnesdéfenseurs des droits de l'homme se sont rassemblés sur le parvisdes libertés des droits de l'Homme, au Trocadéro, à Paris.À l'occasion de cet anniversaire, ATD Quart Monde a fait de cettedate un important rendez-vous dans la lutte contre la pauvreté.

(…) En ce 17 octobre 2007dans nos têtes et dans nos cœurs se bousculent les nomsd'hommes et de femmes, d'enfants de jeunes, de famillesqui nous ont précédés, qui n'en pouvaient plus de la honte,de ces regards qui les traversaient, comme s'ils étaient transparents.Le chant qui nous porte ce soir nous unit à leur espérance.

Les voix qui nous rejoignent depuis 150 pays,à travers la Déclaration de solidarité :« Refuser la misère, un chemin vers la paix »,font apparaître dans la lumière cette chaîne de personnesqui luttent pour la justice et appellent à la fraternité.Chaîne humaine dans laquelle, vous les enfants,vous les jeunes, vous êtes devant…

Mais restons vigilants ! L'actualité nous y oblige :« Les droits de l'homme sont violés »…Les forts continuent à décider à la place des faibles,sous prétexte de les protéger….

Osons agir !Face au changement climatique…Face à la globalisation de l'économie…Dans ce monde passionné de communication…Face aux conflits qui ensanglantent la terre,osons apprendre de celles et de ceux qui, violentés par une vie insupportable,portent en eux une paix que le monde ne connaît pas,une paix bâtie à l'épreuve du pardon….

« S'unir est un devoir sacré »Donnons-nous les moyens de ce défi !Ne laissons pas le dernier mot à l'assistance et à la dépendance !…

En ce 17 octobre 2007,nous réaffirmons avec les artisans de la Déclaration Universelledes Droits de l'Homme, notre engagement pour un monde,« où chacun est libre de croire, libéré de la misère et de la terreur ».Nous réaffirmons, avec tous les acteurs de la Déclaration de Solidarité,notre responsabilité pour « un monde riche de tout son monde ».Nous réaffirmons avec les mots de Joseph Wresinski, notre passionpour « un monde où la justice et le coeur seront enfin réconciliés ».

Extraits du discours prononcé par Eugen Brand, délégué général duMouvement international ATD Quart Monde, au Trocadéro, le 17 octobre 2007.

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SSLLAAMM ((11)) dd’’AAmmii KKaarriimm

J'voulais écrire un beau texte, plein de bons sentimentsÇa parlerait d'un monde meilleur et de rassemblementDes phrases touchantes, de la douceur quelque chose de consensuelUn truc un peu abstrait, comme un joli conte de Noël...

Mais maintenant c'est mon stylo qu'a pas été d'accord,Il m'a dit que raconter la misère ça se faisait pas dans le confortQue je devais pas oublier en écrivant au chaud devant l'ordinateurQu'au bout de ma rue des gens ignoraient, la définition du mot radiateur

(...) C'est pas dans un pays lointain, pas besoin de visa ni de passeportPour découvrir l'exclusion, y a qu'à s'balader gare du NordEt observer le triste ballet qui se joue sous le panneau des départsOù se croisent sans se regarder, SDF, et voyageurs en Eurostar

(...) On est tous au fond de nos cœurs des Martin Luther King, des GandhiOn a tous la place pour recevoir la foi d'un Malcolm X ou d'un Joseph WresinskiAlors combien de temps encore avant qu'on remette les pieds sur terre ?Combien de temps avant qu'on refuse tous la misère ?

Je veux plus fermer les yeux, je veux me sentir agressé,Quand au lieu de la faire disparaître, on me parle de la faire régresser,C'est comme si on avait offert aux esclaves noirs d'en libérer 20 %Y a peut-être pas assez de prof d'histoire au sein de nos gouvernements

(...) Moi j'voulais écrire un beau texte, plein de bons sentiments,Ca parlerait d'un monde meilleur et de rassemblement,Mais pour écrire autant de courage, y a pas de mots suffisamment forts,Juste une question, pas compliquée...... mais combien de temps encore ?

Trocadéro le 17 octobre 2007,extraits du journal Feuille de Route de novembre 2007

(1) Slam : art d'expression populaire oral, qui se pratique dans les lieux publics sous forme de rencontres et dejoutes oratoires.

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Titre 2 - Pourquoi et comment parler de pauvreté,de misère, d'exclusion, en classe ?

C’est une question à laquelle il n’est pas facile de répondre, pour plusieurs raisons :Historiquement, c’est une réalité assez mal connue, car elle a surtout été étudiée de l’extérieur, lespersonnes vivant ces situations n'ayant que très rarement la possibilité d'exprimer, de décrire elles-mêmes leur situation.Vue de l'extérieur, la pauvreté est surtout décrite en termes de manques, sous un angle essentiellementmatériel.Quelle différence existe-t-il entre pauvreté et misère (ou grande pauvreté) ? Vivre modestement peutêtre un choix de pauvreté, volontaire, et cela n’a alors rien de dégradant.« La misère commence là où sévit la honte », disait le fondateur d’ATD Quart Monde, ayant lui-même vécu dans la grande pauvreté. Si certaines personnes, par exemple des personnes qui viventdans la rue, peuvent donner l’impression de se résigner, d’accepter ce mode de vie, chacun peutcependant percevoir qu’il s’agit là d’une véritable atteinte à leur dignité. C’est aussi une atteinte à ladignité des autres êtres humains, au même titre que l’esclavage, réduisant des hommes à unehumiliation extrême, une atteinte à leur dignité. Cette atteinte touche tous les hommes, les uns étantréduits à la misère, les autres tolérant cette misère à leurs côtés.

Bien appréhender ces réalités qu’on appelle pauvreté, misère, n’est donc pas facile : elles sontdures pour ceux qui les vivent, mais sont aussi dures à regarder ! D’autant que très peu de personnespeuvent se croire totalement à l’abri de la misère : les maladies, les catastrophes - naturelles ou non -les conflits et les guerres, les dégradations de l’environnement, nous l’apprennent, si on se donne lapeine de regarder ce qui se passe autour de nous.

Ceci ne veut pourtant pas dire que nous serions tous égaux face au risque de se retrouver un jourdans le dénuement le plus total, de se sentir complètement rejeté. Les inégalités ne sont pas répartiesau hasard, elles sont aussi le résultat de l’organisation économique et politique, elles peuvent êtreplus ou moins tolérées, ou au contraire combattues par l’organisation communautaire, politique,sociale, religieuse des pays ou des groupes, à toutes les échelles.La pauvreté dans le monde n’est pas qu’une question « humanitaire », elle concerne aussi et surtoutl’organisation politique et économique des sociétés et les valeurs qui les fondent.

•• PPrroovvooqquueerr uunnee rreecchheerrcchhee eett uunn cchhaannggeemmeenntt ddee rreeggaarrdd……Dans un esprit de travail volontaire, coopératif, cette recherche pour s’intéresser à la pauvreté

depuis l’école, depuis sa classe, est une excellente occasion pour encourager l’initiative des élèves.C’est pourquoi il nous semble beaucoup plus intéressant de ne pas proposer trop vite les réponses etexplications, mais plutôt d’éveiller leur curiosité.

Pour les jeunes des collèges et lycées, il s’agit de les inviter progressivement à s’intéresser aumonde dans lequel nous vivons ? Pourquoi y a-t-il tant d’écart de richesses entre certains pays, ditsdéveloppés, et d’autres ? Combattre la grande pauvreté, cela implique sans doute de mieux répartirles richesses produites, mais n’est sans doute pas suffisant, car cela ne peut pas se réduire à prendreà ceux qui ont trop pour donner à ceux qui n’ont pas assez. C’est aussi permettre à chacun d’apportersa contribution, pour ne pas réduire certaines personnes ou groupes à la dépendance, à l’assistance.Toute personne a une valeur, a des qualités, qu’il s’agit de repérer, de mettre en valeur. Il s’agit dechercher à quelle place, dans une classe, un groupe, une entreprise, chacun pourra donner de lui-même, et avoir ainsi la fierté d’apporter sa pierre à la communauté.

Ainsi, cette recherche sur la grande pauvreté - qui ne semble pas d’emblée quelque chose defacile à travailler, y compris dans une classe - peut devenir un élément fondamental d’une véritableformation à la citoyenneté, en s’attachant à développer ce que chacun peut comprendre par lui-même, en lien avec ce qu’il vit concrètement. C’est donc la connaissance du monde dans lequelnous vivons, l’esprit critique et le sens des responsabilités qu’il s'agit d'encourager.

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UUnnee ddééffiinniittiioonn ddee llaa ggrraannddee ppaauuvvrreettéé ::

Pour la première fois, en février 1987, le Conseil économique et social donne une définition de lapauvreté en France, dans son rapport intitulé :

« Grande pauvreté et précarité économique et sociale »

La pauvreté est ainsi définie en référence aux droits fondamentaux ; le lien entre les différentesprécarités, leur cumul éventuel et leur durée permettent une approche plus juste de la réalité, et doncune meilleure définition des politiques de lutte contre la grande pauvreté.

On est d’autant plus pauvre que les manques sont nombreux, touchent plusieurs domaines en mêmetemps. Ces domaines concernent les six droits fondamentaux, dont le respect est une condition pourvivre dignement :

1. les moyens convenables d’existence, en priorité par l’emploi et la formation,

2. le logement,

3. la promotion de la santé et l’accès aux soins,

4. le droit de vivre en famille,

5. l’accès à une égale justice,

6. l’éducation et la culture.

Combattre la grande pauvreté et l’exclusion nécessite donc de garantir l’accès simultané à tous cesdroits fondamentaux.

Mais on « tombe » rarement dans la grande pauvreté par hasard, ceux qui vivent dans la misère ontle plus souvent une longue histoire derrière eux, qui remonte parfois à plusieurs générations.D’où la nécessité de concevoir aussi les moyens de combattre la grande pauvreté et l’exclusiondans la durée.

La précarité est l’absence d’une ou plusieurs des sécurités, notamment celle del’emploi, permettant aux personnes et familles d’assumer leurs obligationsprofessionnelles, familiales et sociales, et de jouir de leurs droits fondamentaux.L’insécurité qui en résulte peut être plus ou moins étendue et avoir desconséquences plus ou moins graves et définitives. Elle conduit à la grandepauvreté quand elle affecte plusieurs domaines de l’existence, qu’elle devientpersistante, qu’elle compromet les chances de réassumer ses responsabilités et dereconquérir ses droits par soi-même, dans un avenir prévisible. [...]

Les propositions (de ce rapport du CES) intéressent directement la populationactuellement en grande pauvreté ou menacée par elle, composée par despersonnes en âge de travailler, mais le plus souvent sans travail, sans qualificationet sans sécurité de ressources minima. Sont pris en compte les parents, les enfantset les jeunes, mais aussi la cellule familiale en tant que telle.

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Quelques repères :Il nous semble important de tenir compte de plusieurs orientations pour mener à bien un travail dedécouverte de la pauvreté :1. Prendre la réalité dans toutes ses dimensions : la misère est sans doute matérielle, mais elle est

aussi une réalité culturelle, et elle implique aussi les relations aux autres, des mécanismesd’exclusion. Lutter contre la misère et l’exclusion ne peut se limiter à soulager ses effets par uneaide financière ; il faut agir aussi sur les causes, culturelles, pour que les personnes retrouvent leurautonomie : « Apprendre à pêcher, plutôt que donner du poisson », dit un proverbe chinois.

2. Ne pas se contenter d’un regard extérieur : il nous semble essentiel de chercher à connaître ce quedisent et font les personnes qui vivent la pauvreté, pour les associer d’emblée aux recherches desolutions.

3. Ne pas se contenter de rechercher une connaissance lointaine, à l’autre bout du monde. Celaréduirait la possibilité que la prise de conscience débouche sur des engagements concrets. Lamisère existe aussi à notre porte. Cela n'interdit pas, évidemment, de s'intéresser aussi à ce qui sevit à travers le monde.

4. Provoquer à un changement de regard : face à la misère, la réaction spontanée est de vouloir aider,assister, comme on l’a fait récemment avec les victimes du Tsunami. Combattre vraiment la misèreet l’exclusion, cela ne peut pas se réduire à une aide, cela doit viser aussi la participation, laréintégration de ceux qui risquent l’exclusion comme des acteurs, des personnes utiles, quicontribuent au développement de leur pays, notamment par un travail reconnu.

5. Agir dans la durée, ne pas se contenter de solutions ponctuelles.

Pour plus d’informations : quelques pistes de recherches :Par internet, notamment, les élèves de collèges et lycées peuvent mener eux-mêmes une recherchepour prendre conscience de ce qu’est la pauvreté, la misère, l’exclusion sociale, en France ou mêmedans le monde. Voici quelques pistes, non exhaustives :

L’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale :www.cohesionsociale.gouv.fr/presse/breves/rapport-observatoire-national-pauvrete-exclusion-sociale-2003-est-paru-736.html

Voir aussi le Rapport n°4 du Conseil pour l’Emploi, les Revenus et la Cohésion sociale (CERC)intitulé « les enfants pauvres en France », Janvier 2004 :www.cerc.gouv.fr/rapports/rapport4cerc.pdf ou son résumé, en 6 pages :

Statistiques de l’INSEE :www.insee.fr/fr/ffc/accueil_ffc.asp - www.cerc.gouv.fr/rapports/sixpages.pdf

Dossier sur la grande pauvreté et la réussite scolaire sur le site « Eduscol » :www.eduscol.education.fr/D0115/default.htm

D’autres sites associatifs existent, il suffit de taper les noms des associations pour obtenir leur adresseinternet et mener une recherche, trouver leur manière de présenter la pauvreté.

Quelques sites associatifs : www.emmaus-international.org - www.secours-catholique.asso.fr -www.secourspopulaire.asso.fr - www.ccfd.asso.fr

Les sites des organisations internationales www.unicef.org et www.unicef-irc.org/cgi-bin/unicef/Lunga.sql?ProductID=467 qui traite de la pauvreté des enfants en perspective: Vued’ensemble du bien-être des enfants dans les pays riches (rapport 2007)

Ceux de certains médias, peuvent aussi apporter des informations utiles. Par exemple, Le Mondediplomatique donne des informations sur la pauvreté dans le monde :www.monde-diplomatique.fr/cartes/pauvreteindimdv51

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Donner la parole à ceux qui vivent la grande pauvreté :

La pauvreté peut être définie en termes économiques, politiques ou encore sociologiques.Mais parce que les chiffres ne disent rien des souffrances, les meilleures définitions de lapauvreté sont celles des personnes qui vivent dans les difficultés.

Témoignages : « La pauvreté, c’est… »

On ne veut plus être pauvres

« La pauvreté, c’est pas seulement dans les poches, c’est dans la tête. »

« La misère, c’est quand tu ne sais pas comment fonctionne le monde, un peu commesi tu étais hors du monde. »

« La pauvreté, c’est avoir les mêmes rêves que tout le monde pour l’avenir, maisaucun moyen de les réaliser sur terre. »

« La pauvreté, c’est devoir mieux me comporter avec mes gosses que quiconque,parce que quelqu’un m’observe. »

« La pauvreté, c’est marcher partout, tout le temps, par tous les temps. »

« La pauvreté, c’est être traité comme rien, moins que rien, et l’accepter. »

« Héberger quelqu’un, c’est interdit. Mais les familles disent souvent : on ne peut paslaisser un chien dehors, on ne laisse personne dehors ! »

« La pauvreté, c’est garder ses secrets, devoir dire des mensonges et faire semblant. »

« La pauvreté, c’est avoir besoin d’aide, mais avoir trop peur d’être jugée commeune mère incapable pour la demander. »

« La pauvreté, c’est raconter toute ma vie, encore et encore, simplement pour obtenirce à quoi j’ai droit. »

« La pauvreté, c’est que chacun pense avoir le droit de dire son opinion à mon sujet,simple-ment parce que je demande un peu d’aide. »

« La pauvreté, c’est ne pas avoir une seule personne à qui parler qui ne soit payéepour m’écouter. »

« Dans le fait d’être pauvre, le pire, c’est de regarder la vie passer et de ne jamaisêtre dedans. C’est difficile, car même si on fait des efforts pour être dedans, on n’yarrive pas. On ne veut pas de nous. »

« Le plus dur, quand on est pauvre, ce n’est pas de ne pas avoir de sous, c’est de nepas être reconnu, c’est de ne pas avoir de place dans la société. »

(Extrait du journal « Résistances », publié à l’occasion du 17 octobre 2004)

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Cette présentation de la pauvreté, de lamisère, telle qu’elle est ressentie par ceuxqui la vivent, montre à l’évidence que leurperception est très différente de celle qued’autres peuvent avoir, de l’extérieur.

La grande pauvreté n’est pas seulement unequestion de manques matériels, de privations,elle s’exprime aussi par d’autres sentiments :« Nous sommes perçus comme des êtresdifférents. Nous nous sentons nous-mêmesdifférents. Porter les vêtements des autres, offrirdes jouets d’occasion à ses enfants, ne paspouvoir leur donner d’argent de poche... »

Si certains peuvent accepter, voire mêmechoisir d’être pauvre (choix philosophique oureligieux), personne ne peut choisir d’être dansla misère, car c’est la dignité même de lapersonne qui est alors atteinte, bafouée.L’attente, l’aspiration de celui qui connaît lamisère, est de se sentir respecté par les autres.Etre respecté, ce n’est pas seulement être aidé,assisté, c’est être reconnu utile, capabled’apporter quelque chose aux autres.

Une expression caractéristique de la plusgrande misère est de se sentir « bon à rien ».C’est par exemple ce que ressentent des parentsauxquels on retire leurs enfants, à cause de lamisère dans laquelle ils vivent. Cela est ressenticomme la négation de leur capacité à élevereux-mêmes leurs enfants, d’être considéréscomme de vrais parents, qui aiment leursenfants, malgré la misère que toute la famille vitensemble.

C’est pourtant une aspiration essentielle desfamilles qui vivent la misère : « Que nos enfantsne vivent pas la misère que nous avons vécue».

La honte, le regard des autres, font que lespersonnes qui vivent la grande pauvretéressentent de la part des autres un jugement :« S’ils sont dans la misère, c’est parce qu’ils leveulent bien ! »Ceci conduit souvent à un très grand isolementdes plus défavorisés, qui compro-met gravementleurs espoirs de s’en sortir.

Dans le contexte du collège ou du lycée, denombreux signes, matériels ou culturels,peuvent retenir l’attention de l’enseignant : leshabits, le comportement avec l’argent, lanourriture, les questions d’hygiène, de santé,mais aussi le langage, l’isolement. Les relationsque les enfants ont entre eux sont aussi dessignes à observer, qui révèlent la plus grandefragilité de certains : les moqueries et insultesrévèlent souvent des situations d’exclusion. Unjeune qui se fait humilier par d’autres, à l’école,sera de plus perturbé dans son travail scolaire.

Le jeune a besoin de ressentir un respectenvers son milieu et sa famille. Certes, lapremière demande des parents est quel’enseignant « ne fasse pas de différences ». Cecine doit pas empêcher l’enseignant de prêter uneattention particulière à chacun. Cette attentionlui permettra d’apprendre du jeune ce que celui-ci vit, ressent à l’école, monde qui peut être trèsdifférent de son milieu familial.

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Titre 3 - Témoignages d'actions de solidaritémenées en lycée

Au collège Louis Aragon de Mably (environs de Roanne), les droits de l'homme sont unematière vivante. La place située aux abords porte ce nom et, chaque jour, les élèves y côtoient laplaque portant le message de la dalle du Trocadéro souhaitée par la municipalité pour valoriser lamobilisation de l'établissement lors du dernier 17 octobre. Pour l'inauguration, le 17 décembre 2007, les 470 élèves ont entendu leur proviseur évoquer « undroit fondamental de l'homme, celui de vivre dans la dignité ».

Dans ce collège où le soutien en situation de handicap physique par leurs camarades s'organisespontanément, on essaie d'avoir « un regard différent sur la différence ».

Avec 70 % des élèves issus de familles en grande précarité, la lutte contre l'exclusion n'est pas dela théorie. Même si « c'est délicat d'en parler », témoigne Madame P. enseignante en lettres. « Ondonne à ces jeunes l'occasion d'avoir une réflexion sur les problèmes de société qui les concernent.C'est notre rôle », explique Madame V. qui a consacré, en section d'UPI (1), près d'une douzaine deséances à cette sensibilisation au refus de la misère : travail sur internet, réflexion en rédactioncollective d'une poésie d'après le texte d'Eluard « Liberté ».

« Ces ado qui vivent au quotidien la souffrance ont une révolte intérieure. Ils ne sont pas du toutblasés et ont été valorisés par la cérémonie », affirme l'enseignante. « Ils m'ont surpris par leurimplication. La citoyenneté ne s'apprend pas que dans les livres. On a exprimé la lutte contre lamisère avec du beau », ajoute Monsieur B. de SEGPA. Et Monsieur R. proviseur d'ajouter : « Nousavons le souci de la réussite de tous. Beaucoup de nos élèves ont besoin que leur présence à l'écolefasse sens. Nous saisissons ces occasions pour leur ouvrir l'esprit, en essayant que ce soit pour euxdes moments agréables. Nous voulons en faire des citoyens éclairés capables d'analyses, de critiqueset leur permettre de voir qu'ensemble on est plus fort, on peut convaincre »

Dans la rueA la tribune de l'ONUAux oreilles des Présidents

Je crie ton nom...

Dans l'enfer de mon corpsOù mon esprit n'est pas d'accordDans la haine d'être dehors

Je crie ton nom...

Dans la démolition de ma maisonDans les gravats de mes illusionsBulldozers obus de guerreDestruction

Je crie ton nom...

Dans les restos de mon cœurDans les restos de l'honneurSur la table bien garnie

Je crie ton nom...

Sur mon cahier d'écolierDans les classes d'exclusionSur les bancs de l'humiliation

Je crie ton nom...

Et ce jour du 17 octobre Je suis là pour te détruireAutant que tu détruis la vieJe suis né pour te repousserPour te combattre

PAUVRETÉ

Texte écrit par Ophélie, Kevin, Morgan, élèves en 3ème UPI. D'après un poème de Paul Eluard : Liberté.

(1) (Unité pédagogique d'intégration).

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« Etre utiles » au lycée Pasteur de la Grand Combe près d'Alès

« Ça me transporte la foi que ces jeunes mettent dans leurs projets. Ils s'investissent dans desassociations sur des sujets très lourds. Ils prennent tout en pleine figure avec une énorme envie depasser le message aux autres, de manière interactive. Nous, enseignants, ça nous aide dans notrepratique et ainsi on forme des gens actifs », se réjouit Madame L., sous-directrice du lycée privéprofessionnel Pasteur de La Grand Combe, près d'Alés. Dans cette ancienne région minière éprouvéepar le chômage, un BAC professionnel a été ouvert il y a deux ans, seul de sa spécialité dans le Gard.Ce BAC « Services de proximité et vie locale » est adapté aux demandes des collectivités publiqueset des associations dans deux domaines : l'aide et le soutien à l'intégration et la médiation au cœurd'espaces ouverts au public. Les élèves sont donc sensibilisés à toutes les manifestations à destinationde publics en difficulté : semaine contre le racisme, téléthon, journée contre le sida et, bien sûr,Journée mondiale du refus de la misère.

Deux élèves ont été épaulées dans le cadre de leur stage d'école par le groupe local d'Atd QuartMonde, trois semaines l'an dernier, six cette année. En 2007, Camille a étudié des documents duMouvement et participé à une bibliothèque de rue (1) avec des familles du voyage semi-nomades. Ence moment, elle réfléchit sur un projet d'infrastructure souple et itinérante pour continuer les lecturesen cas d'intempéries. Prescillia, elle, s'est engagée en 2007 dans un réseau santé et une radio. Investieégalement en bibliothèque de rue, elle doit, en plus, soutenir une personne en recherche de logementainsi que des clandestins pour la régularisation de leurs contrats de travail et de leurs papiers. A 20et 18 ans, les voilà confrontées en direct à la lutte contre l'exclusion, avec un intense sentimentd'être "utiles". Le 17 octobre 2007, organisatrices de la journée au lycée, elles ont communiqué leurenthousiasme à leurs camarades. Faire comprendre que « les associations fonctionnent en réseau » etdévelopper l'idée que le travail social consistera de plus en plus à « aider les gens à monter desprojets » ; voilà ce qui motive leur accompagnateur d'ATD Quart Monde, Joël P. Cet ex-enseignantapprécie la démarche menée à Pasteur : considérer l'élève comme un citoyen.

(1) échange avec des enfants autour du livre dans leur quartier

Lycée Jean Monnet de Franconville :Tout un établissement sensibilisé à l'extrême pauvreté

Depuis 2005, Madame D. professeur de Français a eu l'idée de travailler à partir de programmesde seconde sur « l'Altérité ». Partie de livre « Grâce et dénuement » d'A.Ferney, elle élargit son projetà l'extrême pauvreté avec trois collègues. Elle fait visionner à sa classe le film « Dites-leur que nousnous sommes battus » et reçoit toute une matinée Bernard Jarhling qui présente son livre « Pierred'homme ». C'est le choc pour ses 32 élèves de 15-16 ans sauf pour E. qui peut enfin parler à sescamarades de sa famille, des gens du voyage sédentarisés.

Forte de son succès, Madame D. voit plus large l'année suivante : une journée entière, le 20 mars2007, avec cinq associations, 44 enseignants concernés et 600 élèves sur le thème « La misère est-elle une fatalité ? ». Les jeunes présentent sur des panneaux leurs travaux consacrés à ce thème etB.Jarhling revient avec G.Lecointe, un autre militant Quart Monde. Nouvelle richesse des échanges :« On ne dialogue pas avec sa télé », commente Madame D. ; pour qui ces face à face valent tous lesreportages. A la rentrée 2007, retour au micro-projet : la réalisation de banderoles pour participer àla Journée mondiale du refus de la misère, le 17 octobre. Parmi les productions ce texte : « (...) C'esten rencontrant des étrangers, des inconnus … qu'on forme un couple, une famille, un groupe, unenation… On est tous l'étranger de quelqu'un. Mais on est aussi tous citoyens du monde ! ». Si mesélèves réussissent au Bac, bien sûr je suis contente. Mais si j'arrive à en faire des citoyens, c'estencore mieux », témoigne leur professeur de Français devenue depuis, alliée d'ATD Quart Monde.

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PPaarrttiiee 22 - DDooccuummeennttss ppoouurr llaa ccllaassssee

Cette partie propose aux enseignants des collèges et lycées des outils leur permettant demener à bien avec leurs élèves une réflexion sur le problème de la grande pauvreté et del'exclusion, dans le cadre de travaux de préférence interdisciplinaires.

Cette partie comporte deux dossiers :

Dossier 1 - Textes choisis et questions

Ensemble de textes suivis d'une première série de questions (analyse ciblée des différentstextes, test de connaissances) s'adressant particulièrement aux collégiens. La 2ème série dequestions (argumentation) concerne essentiellement les jeunes de lycée.

Texte 1 : À la gloire du Quart Monde de tous les temps (J.Wresinski)Texte 2 : La pauvreté et les droits de l'homme pendant la Révolution françaiseTexte 3 : « Frère » poème de Serge Ntamack (Cameroun)Texte 4 : « J'ai un rêve » (M.L.King)Texte 5 : Discours sur la misère (V.Hugo, 9 juillet 1849)Texte 6 : Repenser les droits de l'homme (J.Wresinski)Texte 7 : Le cheval d'orgueil (P.J.Hélias)Texte 8 : Le secret de l'espérance (G.de Gaulle-Anthonioz) Texte 9 : « Je continue la lutte » (N.Mandela)Texte 10 : Le savoir le plus profond (E.Morin)Texte 11 : Pierre d'homme (B.Jarhlïng)Texte 12 : « Etre pauvre c'est vivre en dehors de la société »Texte 13 : « Les droits de l'homme sont violés » (P.Bouchet)Texte 14 : L'Epine sous les roses (J.M.Defromont)Questions : Analyse, argumentationTestez vos connaissances

Dossier 2 - Quelques aspects socio-économiques de la pauvretéen France et en Europe

1/ Peut-on définir la pauvreté ?2/ Revenus et taux de pauvreté3/ Caractéristiques des populations pauvres4/ Devenir scolaire des enfants pauvres5/ La pauvreté en Europe

(Pour les plus jeunes, un autre dossier pédagogique adapté aux enfants jusqu'à 12 ans, sur lesens du 17 octobre, est réalisé par Tapori et se trouve aussi, comme ce présent dossier, sur lesite du 17 octobre à www.oct17.org, dans la rubrique « agir avec les enfants et les jeunes »).

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SSttrroopphheess àà llaa ggllooiirree dduu QQuuaarrtt MMoonnddee ddee ttoouuss lleess tteemmppssMillions et millions d’enfants, de femmes et de pèresqui sont morts de misère et de faim,dont nous sommes les héritiers.Vous qui étiez des vivants,ce n’est pas votre mort que j’évoque aujourd’huien ce parvis des libertés, des droits de l’homme et du citoyen.C’est de votre vie dont je témoigne.

Je témoigne de vous , mèresdont les enfants condamnés à la misère,sont de trop en ce monde.

Je témoigne de vos enfantstordus par les douleurs de la faim,n’ayant plus de sourire,voulant encore aimer.

Je témoigne de ces millions de jeunesqui, sans raison de croire, ni d’exister,cherchent en vain un aveniren ce monde insensé.

Je témoigne de vous, pauvres de tous les temps,et encore aujourd’hui,happés par les chemins,fuyant de lieux en lieux, méprisés et honnis.

Travailleurs sans métier,écrasés en tout temps par le labeur.Travailleurs dont les mains, en ces jours,ne servent plus à rien.

Millions d’hommes, de femmes et d’enfants,dont les coeurs à grands coupsbattent encore pour lutter,dont l’esprit se révolte contre l’injuste sortqui leur fut imposé,dont le courage exige le droità l’inestimable dignité.

Je témoigne de vous, enfants, femmes et hommesqui ne voulez pas maudire,mais aimer et prier, travailler et vous unirpour que naisse une terre solidaire.une terre, notre terre,où tout homme aurait mis le meilleur de lui-mêmeavant que de mourir.

Je témoigne de vous, hommes, femmes et enfantsdont le renom est désormais gravépar le cœur, la main et l’outilsur le marbre de ce parvis des libertés.Je témoigne de vous, pour que les hommes, enfin,tiennent raison à l’hommeet refusent à jamais, de la misère, la fatalité.

Père Joseph Wresinski, fondateur du Mouvement ATD Quart Monde,le 17 octobre 1987, sur le parvis des libertés et des droits de l’homme, à Paris.

Fiche 1

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Au printemps de l'année 1789, Dufourny de Villiers,qui jouera un rôle important durant la révolutionfrançaise (il appartiendra notamment au groupefondateur du Club des Droits de l'Homme, le Clubdes Cordeliers), s'indigne contre l'exclusion des pluspauvres au sein des Assemblées de districts de Paris,réunies en vue de rédiger les Cahiers de Doléanceset d'élire les électeurs représentants des trois Ordres,le Clergé, la Noblesse et le Tiers-état. Le 25 avril1789, il publie un pamphlet « Cahiers du Quatrièmedu Quatrième ordre, celui des pauvres journaliers,des infirmes, des indigents, l'ordre sacré desinfortunés » afin qu'ils soient reconnus comme devéritables citoyens. Le 26 août 1789, l'assembléeconstituante vote la Déclaration des Droits del'homme. dont l'art 1 stipule que « les hommesnaissent libres et égaux en droit » mais dans lapratique de la vie politique qui se met en place, lesplus pauvres continuent à être exclus. Notre premièreconstitution, la Constitution de 1791 distingue lescitoyens passifs (ceux qui ne payent pas l'équivalentde trois journées de travail d'imposition) et lescitoyens actifs.

• Dufourny deVilliers,le 25 avril 1789« (...) Je ne deman-derai pas seulementpourquoi il y a tantde malheureux, maispourquoi ils nesont pas considé-rés chez nouscomme des hom-mes, comme desfrères, commedes Français...Pourquoi cette

classe immense dejournaliers, de salariés, de gens non gagés,

sur lesquels portent toutes les révolutionsphysiques, toutes révolutions politiques, cetteclasse qui a tant de représentations à faire, lesseuls qu'on pût peut-être appeler du nom tropvéritable, mais avilissant et proscrit dedoléances, est-elle rejetée au sein de la Nation ?Pourquoi n'a-t-elle pas de Représentantspropres ? Pourquoi cet Ordre qui aux yeux de lagrandeur et de l'opulence, n'est que le dernier,le quatrième des Ordres, mais qui aux yeux del'humanité, aux yeux de la vertu comme auxyeux de la religion, est le premier des ordres,l'Ordre sacré des Infortunés ; pourquoi dis-je cet

Ordre, qui n'ayant rien, paye plus, proportion-nellement, que tous les autres, est le seul qui,conformément aux anciens usages tyranniquesdes siècles ignorants et barbares, ne soit pasappelé à l'Assemblée Nationale, et envers lequelle mépris est, j'ose le dire, égal à l'injustice ?... »Extraits de Cahiers du quatrième ordre (1) celui des pauvresjournaliers, des Infirmes, des Indigents, l’ordre sacré desInfortunés.

Il est question du droit à la subsistance

• En 1790, La Rochefoucauld Liancourt pré-sident du comité de mendicité affirmait :« On a toujours pensé à faire la charité aux pau-vres, et jamais à faire valoir les droits de l'hom-me pauvre sur la société et ceux de la sociétésur lui. L'organisation de l'assistance doit êtreprévue dans la constitution. La bienfaisancepublique n'est pas une vertu compatissante, elleest un devoir, elle est la justice. Là où existe uneclasse d'hommes sans subsistance, là existe laviolation des droits de l'humanité. »

Il est question du droit à l'éducation pour les enfants,au travail , au secours pour ceux qui ne peuventtravailler à cause de l'invalidité ou la vieillesse.

• Barère au nom du comité de Salut publicaffirmait devant la Convention le 22 mai 1794le droit des pauvres à la « bienfaisance nationa-le »

« Oui, je parle de leurs droits, parce que dans unedémocratie... tout doit tendre à élever le citoyenau-dessus du premier besoin par le travail s'il estvalide, par l'éducation s'il est enfant, par lesecours s'il est invalide ou dans la vieillesse. »Citations extraites du rapport grande pauvreté et précaritééconomique et sociale du Conseil économique et social defévrier 1987.

Quant aux droits civils et politiques, si après le coupde force du 10 août 1792 et la chute du Roi, il n'y aplus de distinction entre les citoyens, elle sera réta-blie en 1795, il faudra encore longtemps avant desupprimer « le suffrage censitaire » pour le suffrageuniversel qui n'est encore que masculin.

Fiche 2

LLaa ppaauuvvrreettéé eett lleess ddrrooiittss ddee ll''hhoommmmee aauu mmoommeennttddee llaa RRéévvoolluuttiioonn ffrraannççaaiissee

(1) Le mot Quart Monde fait référence aux expressions Quatrièmeordre et Tiers Monde signifiant que les plus pauvres du mondeentier aspirent à être reconnus comme des citoyens à part entière,et que leur cause doit être entendue. Le Mouvement créé en 1957par le Père Joseph Wresinski, devient alors ATD Quart Monde.

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F R È R E

Ton frère c’est moiTon frère a la peau noireTon frère a la peau jauneTon frère a la peau blanche

Ton frère c’est moiTon frère aux yeux brunsTon frère aux yeux bleuxTon frère aux yeux noirsTon frère aux yeux verts

Ton frère c’est moiTon frère abandonné dans les taudisTon frère qui se meurt dans la rueTon frère que tu pourchasses dans le klaxon des guerresTon frère c’est moiCe frère que tu rejettes et méprises

Serge Ntamack (Cameroun)Correspondant du Forum permanent (1) ATD Quart Monde

(1) Forum permanent : réseau d’amis d’ATD qui luttent contre la misère dans leurpropre pays et par des moyens locaux.

Fiche 3

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« J’ai un rêve » – « I have a dream »

Le 28 août 1963, à Washington, Martin LutherKing, en présence de 250 000 personnes mani-festant en faveur des droits civiques, prononce son plus célèbre discours en grande partieimprovisé.

(...) Je rêve que, un jour, notre pays se lèveraet vivra pleinement la véritable réalité de soncredo : « Nous tenons ces vérités pour évidentespar elles-mêmes que tous les hommes sont crééségaux »

Je rêve que, un jour, sur les rouges collinesde Géorgie, les fils des anciens esclaves et les filsdes anciens propriétaires d’esclaves pourronts’asseoir ensemble à la table de la fraternité.

Je rêve que, un jour, l’État du Mississipi lui-même, tout brûlant des feux de l’oppression, setransformera en oasis de liberté et de justice.

Je rêve que mes quatre petits-enfants vivront un jour dans unpays où on ne les jugera pas à la couleur de leur peau mais à lanature de leur caractère.

Je fais aujourd’hui un rêve !

Je rêve que, un jour, même en Alabama où le racisme estvicieux… un jour, justement en Alabama, les petits garçons et lespetites filles noirs, les petits garçons et les petites filles blancs,pourront tous se prendre par la main comme frères et sœurs.

(...) Telle est notre espérance. Telle est la foi que je remporteraidans le Sud. Avec une telle foi nous serons capables de distinguer,dans des montagnes de désespoir, un caillou d’espérance.

Extraits de l’Autobiographie de Martin Luther King . Textes réunis par Clayborne Carson.(Traduction et notes de Marc Saporta et Michèle Truchan-Saporta).

Bayard éditions 2000, réédité en 2008, disponible en libraire.

Fiche 4

Martin Luther King

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(...) Il faut profiterdu silence imposéaux passions anar-chiques pour don-ner la parole auxintérêts populaires.Il faut profiter del’ordre reconquispour relever letravail, pour créersur une vasteéchelle la pré-voyance sociale ;pour substituer àl’aumône qui

dégrade, l’assistance qui fortifie. (...)

Donner à cette assemblée pour objet principall’étude du sort des classes souffrantes, c’est-à-dire le grand et obscur problème posé parFévrier, environner cette étude de solennité, tirerde cette étude approfondie toutes lesaméliorations pratiques et possibles : substituerune grande et unique commission de l’assistanceet de la prévoyance publique à toutes lescommissions secondaires qui ne voient que ledétail et auxquelles l’ensemble échappe ; placercette commission très haut, de manière à cequ’on l’aperçoive du pays tout entier ; réunir leslumières éparses, les expériences disséminées,les efforts divergents, les dévouements, lesdocuments, les recherches partielles, lesenquêtes locales, toutes les bonnes volontés entravail, et leur créer ici un centre, un centre oùaboutiront toutes les idées et d’où rayonneronttoutes les solutions ; faire sortir pièce par pièce,

loi à loi, mais avec ensemble, avec maturité, destravaux de la législature actuelle le codecoordonné et complet, le grand code chrétiende la prévoyance et de l’assistance publique (...).Il y a des détresses très-vives, très-vraies, très-poignantes, très-guérissables. Il y a enfin, et ceciest tout à fait propre à notre temps, il y a cetteattitude nouvelle donnée à l’homme par nosrévolutions, qui ont constaté si hautement etplacé si haut la dignité humaine et la souverai-neté populaire, de sorte que l’homme du peupleaujourd’hui souffre avec le sentiment double etcontradictoire de sa misère résultant du fait etde sa grandeur résultant du droit (...).

Je ne suis pas, Messieurs, de ceux qui croientqu’on peut supprimer la souffrance en cemonde, la souffrance est une loi divine, mais jesuis de ceux qui pensent et qui affirment qu’onpeut détruire la misère.

Remarquez-le bien, Messieurs, je ne dis pasdiminuer, amoindrir, limiter, circonscrire, je disdétruire. La misère est une maladie du corpssocial comme la lèpre était une maladie ducorps humain; la misère peut disparaître commela lèpre a disparu. Détruire la misère ! oui, celaest possible. Les législateurs et les gouvernantsdoivent y songer sans cesse ; car, en pareillematière, tant que le possible n’est pas le fait, ledevoir n’est pas rempli.La misère, Messieurs, j’aborde ici le vif de laquestion, voulez-vous savoir où elle en est, lamisère? Voulez-vous savoir jusqu’où elle peutaller, jusqu’où elle va, je ne dis pas en Irlande,je ne dis pas au Moyen-âge, je dis en France, jedis à Paris, et au temps où nous vivons ? (...)

Fiche 5 . . .

«« DDiissccoouurrss ssuurr llaa mmiissèèrree »»,,Victor Hugo à l’Assemblée législative, le 9 juillet 1849

Au lendemain de la révolution de 1848, M. de Melun avait proposé à l’Assemblée législative,de « nommer dans les bureaux une commission de trente membres, pour préparer etexaminer les lois relatives à la prévoyance et à l’assistance publique. » Le rapport sur cetteproposition fut déposé à la séance du 23 juin 1849.La discussion de cette proposition, le 9 juillet suivant, s’ouvre par le discours de soutien deVictor Hugo dont voici quelques extraits (La proposition de M. de Melun fut votée à l’unanimité.) :

Victor Hugo

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Voici donc ces faits :

Il y dans Paris, dans ces faubourgs de Paris quele vent de l’émeute soulevait naguère siaisément, il y a des rues, des maisons, descloaques où des familles, des familles entières,vivent pêle-mêle, hommes, femmes, jeunesfilles, enfants, n’ayant pour lits, n’ayant pourcouvertures, j’ai presque dit pour vêtements, quedes monceaux infects de chiffons enfermentation, ramassés dans la fange du coin desbornes, espèce de fumier des villes, où descréatures humaines s’enfouissent toutes vivantespour échapper au froid de l’hiver. Voilà un fait.En voici d’autres : ces jours derniers, un homme,mon Dieu, un malheureux homme de lettres, carla misère n’épargne pas plus les professionslibérales que les professions manuelles, unmalheureux est mort de faim, mort de faim à lalettre et l’on a constaté, après sa mort, qu’iln’avait pas mangé depuis six jours. Voulez-vousquelque chose de plus douloureux encore ? Lemois passé, pendant la recrudescence ducholéra, on a trouvé une mère et ses quatreenfants qui cherchaient leur nourriture dans lesdébris immondes et pestilentiels des charniersde Mont-faucon !

Eh bien, Messieurs, je dis que ce sont là deschoses qui ne doivent pas être ; je dis que lasociété doit dépenser toute sa force, toute sasollicitude, toute son intelligence, toute savolonté, pour que de telles choses ne soient pas !je dis que de tels faits dans un pays civilisé,engagent la conscience de la société toutentière ; que je m’en sens, moi qui parle,

complice et solidaire (...). Je voudrais que cetteassemblée, majorité et minorité, n’importe, je neconnais pas, moi de majorité et de minorité ende telles questions ; je voudrais que cetteassemblée n’eût qu’une seule âme pourmarcher, à ce but sublime, l’abolition de lamisère !Et, Messieurs, je ne m’adresse pas seulement àvotre générosité, je m’adresse à ce qu’il y de plussérieux dans le sentiment politique d’uneassemblée de législateurs ! Et, à ce sujet, undernier mot : je terminerai là.

(...) Vous n’avez rien fait tant que le peuplesouffre ! Vous n’avez rien fait tant qu’il y a au-dessous de vous le peuple qui désespère ! Vousn’avez rien fait tant que ceux qui sont dans laforce de l’âge et qui travaillent peuvent être sanspain ! tant que ceux qui sont vieux et qui onttravaillé peuvent être sans asile! tant que l’usuredévore nos campagnes, tant qu’on meurt de faimdans nos villes (...).

Vous le voyez, Messieurs, je le répète en termi-nant, ce n’est pas seulement à votre générositéque je m’adresse, c’est à votre sagesse, et je vousconjure d’y réfléchir. Messieurs, songez-y, c’estl’anarchie qui ouvre les abîmes, mais c’est lamisère qui les creuse. Vous avez fait des loiscontre l’anarchie, faites maintenant des loiscontre la misère !

Victor Hugo.Extraits de « Le droit et la loi, et autres textes citoyens »

(Éd. 10-18).

. . . suite Fiche 5

Quelques années après avoir prononcé ce discours devant l’Assemblée législative, VictorHugo, sur l’invitation de l’économiste Adolphe Blanqui, se rend dans les quartiers populairesde Lille. À son retour, il prépare un discours pour l’Assemblée, que d’ailleurs il ne prononcerapas. Toutefois, cette expérience qui a profondément bouleversé Victor Hugo, lui inspireradeux ans plus tard un poème : « Un jour je descendis dans les caves de Lille... » (« JoyeuseVie », les Châtiments livre III, 9, Jersey 1853).

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(...) L’exclusion existe donc, à travers lesâges et sous toutes les latitudes. Partout, noussemblons retrouver le même mépris, le mêmerejet des plus pauvres à qui paraît être niée leurcondition d’homme, puisque aussi bien, il n’estjamais question d’eux dans nos discours sur lasociété, sur la démocratie, sur la justice, la paixet le développement. La souffrance ainsi infligée– de cela, nous sommes témoins à travers lemonde – est indicible et ce n’est pas d’êtreinfligée inconsciemment dans bien des cas quila rend plus supportable. C’est de voir s’étendrecette souffrance en même temps que ledéveloppement, en même temps que le soucides droits de l’homme… Puisque par notrepartage de vie dans les zones de misère, noussommes témoins, peut-être plus que d’autres quel’exclusion infligée aux plus pauvres est la piredes souffrances. C’est eux-mêmes qui nous ledisent tous les jours et nous obligent à le répéter: ce n’est pas d’avoir faim ou de ne pas savoirlire, ce n’est pas de ne pas avoir de quoi fairevivre et s’épanouir sa famille, ce n’est même pasde ne pas avoir de travail qui est le pire desmalheurs de l’homme. Le pire des malheurs estde s’en savoir privé par mépris, tenu à l’écart dupartage, littéralement traité comme hors-la-loi,parce qu’on ne connaît pas en vous un êtrehumain, sujet de droits, digne de partage et departicipations.

L’homme dont les droits et libertés sontbafoués, mais qui peut se dire qu’il est victimed’une injustice, qu’il est un homme malgré tout,est à plaindre, certes, mais il n’a pas touché lefond de sa souffrance. L’homme du QuartMonde, lui, touche le fond, car comme le disaitune mère de famille d’une cité sous-prolétarienne aux environs de Paris, « ce n’estpas qu’il ne connaît pas ses droits, il ne saitmême pas qu’il a des droits ». En parlant d’unde ses voisins, décédé récemment, elle ditencore : « Il avait eu tellement peu de droits danssa vie qu’à la fin, il n’en demandait plus aucun.Il ne demandait rien, quoi, il n’avait plus rien àdemander ». Cet homme nous l’avons connu.Nous avons fait un bout de route ensemble et,chemin faisant, il avait, pour la première fois desa vie, obtenu un emploi décent et découvert la

Sécurité sociale. Et ses voisins, hommes etfemmes du Quart Monde qui se trompent bienmoins dans les mots que certains ne le pensent,ses voisins disaient de lui : « Il a retrouvé sadignité, il a revécu. »

Aux familles du Quart Monde, auxtravailleurs sous-prolétaires, on a tellement faitsentir qu’ils ne valaient rien, qu’ils n’étaient rien,qu’ils ne pensent même pas être des victimes.On leur a trop dit qu’ils étaient coupables, moinsque des hommes en somme. Et ne pas se savoirhomme, c’est ne pas pouvoir vivre. Quand lesfamilles des cités dépotoirs disent que « ce n’estpas une vie », leurs mots disent bien ce qu’ellesveulent dire. C’est d’avoir une existence qui n’estpas une vie, qui fait naître une questioninsoutenable que nous avons entendue danstoutes les langues, sur tous les continents :« Sommes-nous donc des chiens, pour avoir àvivre ainsi ? » (...)

Joseph Wresinski, le 18 octobre 1980.

Fiche 6

Repenser les droits de l’homme

Extrait de l'introduction faite au premier cercle de pensée« Quart Monde et société » tenu à Pierrelayerassemblant une quarantaine de juristes, philosophes,alliés et volontaires (Refuser la misère , une penséepolitique née de l'action) éditions du Cerf/éditions/QuartMonde septembre 2007).

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Le Cheval d’orgueilPierre Jakez Hélias

« Quand on est pauvre mon fils, il faut avoir de l’honneur »... Ainsi parlait à l’auteur son grand-père,l’humble paysan Alain Le Goff qui n’avait d’autre terre que celle qu’il emportait aux semelles de sessabots de bois. Pierre Jakez Hélias se souvient de son enfance en pays bigouden tout en racontantminutieusement comment on y vivait au début du 20ème siècle.

Dehors, je vois s’approcher lentement un grand diable d’homme maigre, curieuse-ment vêtu d’un pantalon de marin de l’État et d’un chupeen de drap qui a été bleu avantsa naissance, mais si usé qu’il n’en reste plus qu’une trame grisâtre... Derrière lui s’avan-cent, plus lentement encore, comme si elles avaient peur ou honte, une femme et troisfillettes dont la plus grande doit avoir autour de sept ans. La plus petite est encore enbonnet, les deux autres sont habillées comme la mère de lourdes robes rapiécées qui leurtombent sur les sabots, de corselets sans velours ni couleurs et de coiffes basses en toilebrunie. La mère donne la main à ses deux aînées tandis que la benjamine s’accrochedésespérément à son tablier de coton. Propres dans leurs haillons autant qu’on peut l’êt-re mais visiblement tombées sous une mauvaise planète. Elles s’arrêtent au milieu de laroute et, immobiles, sans un mot, elles regardent vers la porte de notre maison. Déjà lepère est arrivé près du seuil et voilà qu’il ôte son chapeau. Je sais que les hommes n’ôtentleur chapeau qu’à l’église et devant les morts. À se découvrir la tête dehors, il n’y a queles mendiants.

Celui-ci a les cheveux couleur de poussière. Il est trop gris pour qu’on puisse dis-tinguer ses traits dans le gris de l’hiver. J’écrase mon nez contre la vitre pour savoir ce quise passe. Et je vois le bras de ma mère qui se tend, la main fermée. L’homme avance lasienne, la paume ouverte. Au même moment, la femme et les trois fillettes baissent la têteet font le signe de croix... Et là-dessus ma mère à moi qui est rentrée sans bruit, m’attrapeà bras-le-corps, m’arrache de la fenêtre et me secoue d’importance en me demandant sije n’ai pas honte. Je m’en vais avaler mes larmes derrière la maison. Qu’ai-je fait de mal,Jésus !

Le soir autour du chaudron de bouillie, mes parents parlent des mendiants enverslesquels je me suis mal conduit, paraît-il. J’apprends que ce sont des gens de l’autre can-ton, vers le sud. Le père et la mère vont en journée. Le mois dernier, le feu a pris dansleur maison, et tout a brûlé, y compris l’armoire où étaient les quatre sous de papier. Lavache elle-même a péri dans la crèche. Il y a seulement cinq enfants, c’est encore unechance. Deux enfants de neuf ans et deux ans ont été engagés comme pâtres pour le prixde leur pain. Le reste de la famille est parti mendier sur les routes du pays Bigouden,comptant sur la charité des bonnes âmes pour rester en vie en attendant d’avoir de nou-veau un toit sur la tête. C’est dur de tendre la main, même au nom de la Trinité, quandon a toujours vécu honorablement du travail de ses bras. Et c’est pourquoi je devais, moi,m’abstenir de les regarder pendant que ma mère donnait quelque chose. Le plus dur àsupporter, quand on est tombé dans la misère, c’est le regard des gens. Je n’aurais pas dûmonter sur l’appui de la fenêtre pour montrer mon nez, même écrasé contre la vitre.Mon père trouve que je m’en suis tiré à bon compte, je méritais le festin du bâton. AlainLe Goff soupire : « Il ne pouvait pas savoir, dit-il. C’est la première fois qu’il voit ça. ».

Pierre Jakez HéliasExtrait du « Cheval d’orgueil », de Pierre Jakez Hélias,

aux Éditions Plon collection Terre humaine

Fiche 7

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(...) Lorsque pour la première fois, je suisentrée dans ce grand bidonville, au boutd’un chemin de boue, sans lumière, j’aipensé au camp, l’autre celui de RavensbrückBien sûr il n’y avait pas de miradors, pas desentinelles SS, pas d’enceinte barbelée etélectrifiée, mais ce paysage de toits bas etondulés d’où montaient quelques fuméesgrises était un lieu à part, séparé de la vie. Etses habitants portaient sur leur visage, cettemarque de détresse que je connaissais bienet qui avait sans doute été la mienne.

A sa demande, une famille avait ouvert laporte de son « igloo » au père Joseph, quim’avait présentée. Dans la pénombre, j’avaisrencontré le regard triste et las du père quiavait avancé deux caisses pour nous faireasseoir. La maman était apparue au fond dela pièce portant un tout petit bébé. Elle étaitjeune, belle malgré ses cheveux épars.D’autres enfants, quatre, cinq, entraient,sortaient, comme dans un jeu, tendant leursmenottes au père Joseph pour recevoir desbonbons qu’il tirait de la poche de sasoutane. Il faisait vraiment très froid, plusqu’au dehors, et j’avais entendu avec stupeurle père Joseph demander pour nous un café.Comment était-ce possible, dans undénuement pareil ? Les gosses avaientdisparu, puis étaient revenus assez vite,apportant qui deux verres, qui du café et dusucre, tandis que l’eau chauffait. Nous avonsbu notre café à la lueur d’une bougie fichéedans une bouteille. Le père Joseph était

silencieux, attentif à ce que disaient lesparents : il faudrait trouver un travail pourobtenir un logement ; on ne serait pas sisouvent malades – un des enfants était denouveau à l’hôpital – ; les petits iraient àl’école si on habitait moins loin et que lamaman puisse les laver, laver leurs habits etsurtout les faire sécher. Malgré tout ilsgardaient l’espérance, et ce bébé était sibeau, si gentil ; pour lui la vie allait changer,c’était sûr.

(...) Le pire, c’est de ne rien pouvoirdonner, avait dit le père Joseph, et qu’on nevous demande plus rien. (...)

(...) ... Château de France - tel est le nomdu lieu-dit où s’est implanté ce bidonville,sous l’impulsion de l’Abbé Pierre. Avec desfonds récoltés, il avait acheté pour « pascher » ce terrain marécageux et insalubre.Sous des tentes de l’armée américained’abord, remplacées plus tard par les« igloos », une population très diverse s’étaitrassemblée. (...) Des bonnes volontés semanifestaient épisodiquement pour apporterdes vêtements, presque toujours usagés, quis’accumulaient dans les baraques, ou de lanourriture : un jour, des camions de bananesqui avaient ravi tout le monde, au début, etqu’on avait mangées à satiété, crues, cuites,jusqu’à ce que les derniers cageots aient finipar pourrir dans les coins ! Dès le départ,des volontaires se sont manifestés. (...) Lepère Joseph ne refuse personne, passe son

Fiche 8 . . .

LLee sseeccrreett ddee ll’’EEssppéérraanncceeGeneviève de Gaulle-Anthonioz

Geneviève de Gaulle Anthonioz (1920-2002), ancienne résistante,raconte sa rencontre avec le père Joseph Wresinski et sa découvertedu camp des sans-logis de Noisy-le-Grand durant l’hiver 1960. Ellenous livre ainsi 34 années de son combat à la présidence d’ATDQuart Monde-France auprès de ceux qui lui ont fait découvrir le« secret de l’Espérance ».

Extrait :

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temps à coordonner, à expliquer. Ainsi destravaux ont quelque peu assaini le camp,comblé des mares sales et boueuses. Ainsiont été construits la chapelle dont JeanBazaine a créé les vitraux, et le foyerféminin, devenu lieu essentiel ; et encore unjardin d’enfants, une fois incendié, puisreconstruit, et une bibliothèque bien fourniegrâce à cette amie qui m’a fait connaître lepère Joseph : Mme de Brancion, âgée etpercluse de rhumatismes, vient chaquesemaine avec Mlle Lucile Sumpt, uneancienne assistante sociale. (…) L’une etl’autre prennent tôt le matin la métro puisdeux autobus pour venir tenir labibliothèque, les bras chargés de livres, debeaux livres qu’elle mendient autour d’elles.

Tandis que se succèdent au camp deNoisy des personnes de bonne volonté etdes associations apportant qui desvêtements, qui de la nourriture, qui la forcede leurs bras, ces deux femmes continuentd’assurer leurs humbles et fidèles services.(...) « Quelle idée saugrenue, entendentsouvent dire ces dames, que d’apporter deslivres à des gens qui manquent de tout etvivent dans la boue ! » A Ravensbrück, nousavions découvert qu’un livre était plusprécieux que le pain. De tels rappro-chements m’aident peu à peu à prendre unpeu conscience du projet conçu par le pèreJoseph : ceux que la misère détruit peuvent

seuls nous apprendre ce qu’ils voudraientvivre, il faut donc être très attentifs à leursaspirations profondes. (...)

(…) 9 Juillet 1998 (...) Bon, c’est terminé.La loi d’orientation de lutte contre lesexclusions est votée.

(…) Une fois encore, je revois ces témoinssilencieux et si éloquents du Quart Monde,pendant les séances du Conseil économiqueet social, se succédant dans les tribunes duSénat et de l’Assemblée nationale avec leurinlassable patience. Ils ont tout surmontépour témoigner : leurs humiliations, leurpeine à trouver les mots pour dire la vie, leurvie. Ils ont répondu aux enquêtes, pris lemicro dans les universités populaires, ontrencontré des élus, des maires, des notables.Maintenant, ils vont rentrer dans leurcaravane, leur taudis, leur quartier, avec uneiintense interrogation : « Qu’est-ce que la loiva changer ? Serons-nous pris en compte ?Et les enfants ? Quel sera leur avenir ? »

Une aube apparaît. Elle est encore biengrise. Mais le jour se lèvera. Il ne faut pasperdre l’espérance.

Geneviève de Gaulle-Anthonioz« Le secret de l’Espérance », 2001

(Éd. Fayard/Éd. Quart Monde)

. . . suite Fiche 8

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JJee ccoonnttiinnuuee llaa lluutttteeNelson Mandela

(...) Tout comme Amnesty International, je lutte pour lajustice et les droits humains depuis de longues années. Je mesuis maintenant retiré de la vie publique, mais tant que l’in-justice et l’inégalité perdureront, aucun d’entre nous ne pour-ra prendre de repos. (...) Comme l’esclavage ou l’apartheid,la pauvreté n’est pas naturelle. Ce sont les hommes quicréent la pauvreté et la tolèrent, et ce sont les hommes qui lavaincront. Vaincre la pauvreté n’est pas un geste de chari-té. C’est un acte de justice. Il s’agit de protéger les droits

humains fondamentaux. Toute personne, partout dans le monde, a le droit de vivredans la dignité, libre de toute crainte et de toute oppression, libérée de la faim et dela soif, et libre de s’exprimer et de s’associer comme elle l’entend.

Cependant, à l’aube de ce nouveau siècle, des millions de personnes sont toujoursprisonnières, esclaves et enchaînées. La pauvreté massive et les inégalités sont de ter-ribles fléaux de notre temps, à une époque où le monde s’enorgueillit des avancéesformidables réalisées dans les domaines de la science, de la technologie, de l’indus-trie, de l’accumulation de richesses. Tant que la pauvreté persistera, il ne saurait yavoir de véritable liberté.

Les populations pauvres sont celles qui ont le moins accès au pouvoir en vue dedéterminer les politiques à venir, en vue de déterminer leur avenir. Mais elles ontdroit à une voix. On ne doit pas les faire asseoir en silence tandis que le « développe-ment » se produit autour d’elles, à leurs dépens. Un véritable développement estimpossible sans la participation des personnes concernées.

(...) J’ai parlé auparavant de la nécessité d’un « tournant ». (...) Si tous les militantsdes droits humains à travers le monde croient cela et agissent sur cette base et s’ilsarrivent à amener d’autres personnes à croire en cela, nous aurons alors atteint cetournant dont je parlais.

Traduction-adaptation des propos tenus par Nelson Mandela,(Prix Nobel de la paix en 1993,

ancien président de la République d’Afrique du Sud de 1994 à 1999) à l’occasion de sa distinction comme Ambassadeur de la conscience

par Amnesty International(Le Monde, le 8/11/2006).

Fiche 9

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LLee SSAAVVOOIIRR llee pplluuss pprrooffoonnddEdgar Morin

Notre civilisation arrache des gens à une pauvreté digne de les jeterdans la misère des bidonvilles urbains. La mondialisation crée ici et làdes zones de prospérité en créant des classes moyennes, et des zonesencore plus vastes de misère avec les mégapoles, les bidonvilles. Que cesoit à Clichy-sous-bois, à Rio ou ailleurs, c’est un problème decivilisation. Actuellement, la science, la technique, l’économie et le profitvont ensemble, et créent un processus qui, à mon avis, conduit la planètevers la catastrophe. Il manque la régulation internationale ; l’économiese déchaîne. De plus notre civilisation a détruit des anciennes solidaritéset créé une machine de solidarité anonyme. Quand une personne tombedans la rue, les gens continuent leur chemin en se disant que c’est auSAMU ou à la police de s’en occuper. Cette mentalité strictementindividualiste a progressé. La fraternité inscrite sur nos monuments estabsente. Il faudrait créer des institutions qui la revitalisent.

Le savoir profond, à mon avis, vient de l’exclusion. Le problème del’exclusion est un problème très profond et ceux qui le vivent le plusprofondément ce sont les plus pauvres et les plus exclus. Partir de cetteexpérience, c’est fondamental, et cette expérience doit se transformer enconscience. Je dirais même qu’elle doit humaniser. Mais il est toujourspossible que, comme disait Victor Hugo, l’opprimé d’hier deviennel’oppresseur de demain. C’est pour cela que l’idée d’association estimportante : des « miséreux » associés avec d’autres qui ne le sont pasmais les comprennent. C’est grâce à cela que l’on peut arriver à cetteconscience qui peut changer les choses. Et les « miséreux » nonseulement ont un savoir, mais doivent bénéficier des droits humains. Lespouvoirs publics doivent créer les conditions qui tendent à supprimer lamisère.

Edgar Morin, sociologue et philosopheJournal Résistances n°4, octobre 2007 (p. 16),

édité par ATD Quart Monde.

Fiche 10

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« ...Ma mère avait honte que je fasse laferraille. En plus on n’avait pas d’assurance, pasde sécurité sociale, rien. Souvent, dans lecamp, c’était la boue. A l’arrêt du bus, avec unchiffon ou de l’herbe, on essuyait le plus grossur nos chaussures.

Dans le car, c’était courant qu’une fois assisune personne se lève après nous avoir auscultésdu regard, de la tête aux pieds.

(...) Leur diagnostic : vulgaires et chaussuressales. Ils savaient d’où on venait. Ils s’écartaient... Souvent on continuait jusqu’à la portede Vincennes. Ce jour-là, je suis descendu àBry-sur -Marne. Pour avoir une chance d’êtrepris, il valait mieux être seul à se présenter.

Première usine, je demande s’il y a del’embauche. « Non ». Toute la matinée danscette zone industrielle, je vais d’une entrepriseà l’autre. Partout la même réponse : « Vous êtestrop jeune. À la rigueur on peut vous prendrecomme apprenti ». Apprenti, ça nem’intéressait pas, ça ne payait pas assez. Ilfallait vraiment que je ramène de l’argent pourma famille. Je savais bien que pour avoir unmétier, il fallait étudier plusieurs années. Maison ne peut pas apprendre avec l’estomacvide...

L’après-midi je continue mes recherches. Àl’entrée d’une serrurerie industrielle, je vois unécriteau : « Embauche ». Je demande à unedame assise derrière un bureau si c’est bien làqu’il faut s’adresser pour la place. Elle mesourit gentiment.– Oui, on cherche un manœuvre.Tout de suite elle me demande mes papiers. Jene sais plus ce que je lui montre, mais c’est unpapier avec mon adresse. Elle lit tout haut,comme pour vérifier :– 116 rue Jules Ferry ?Elle lève la tête vers moi.– C’est bien votre adresse ?Son expression a changé. Son sourire a disparu ;D’un ton froid, elle ajoute :– C’est le camp de l’abbé Pierre, çà.– Vous connaissez ?Embarrassée, elle commence à bafouiller.

– Je regrette... on vient juste d’embaucherquelqu’un... Je ne peux pas vous prendre...Je comprends tout de suite...En sortant, écoeuré, je crache sur la porte. Jevois encore cette femme et son gentil souriredevenu soudain un masque de haine...

Me voilà une fois de plus sans travail.

(...) C’est par mes frères que j’ai pu êtreembauché comme apprenti... J’ai eu la chancede rencontrer un compagnon maçon, du Berry,qui m’a appris à monter des parpaings, desbriques, un peu de pierres taillées... Je merappelle il me disait : « une pierre, c’est commeune femme, si tu sais la toucher, elle devientbelle ». Avec les pauvres, c’est pareil, si vousles sortez du trou, ils trouveront leur place...

(...) Combien sont-ils encore, aujourd’hui, àendurer l’inhumain ? Comme eux, commevous, je veux être humain jusqu’au bout. Avant,rongé par la haine, je ne l’étais plus. Si je lesuis redevenu, c’est parce que j’ai compris queje ne suis pas seul. Je sais que le combat qu’onmène est loin d’être gagné. Je sais aussi quebeaucoup d’hommes et de femmes ne lelâcheront jamais... »

Bernard Järhrling,Extraits de « Pierre d’homme », collection Racine, éditions Quart Monde.

Réfugié avec sa mère allemande dans la France de l’après-guerre, Bernard Järhrling a 14 ans en 1955,quand on le dépose avec les siens au « camp des sans-logis » de Noisy-le-Grand près de Paris. Danscet enfer humain où la haine pousse comme une mauvaise herbe, l’adolescent révolté voit enl’aumônier du camp, le père Joseph Wresinski, la seule figure paternelle...

Fiche 11

PPIIEERRRREE DD’’HHOOMMMMEEBernard Järhling

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Etre pauvre, c ’est vivre en dehors de la société

Être dans la pauvreté, est-ce uniquement vivre avec très peu d’argent ?

Bien sûr, c’est d’abord une question d’argent. On doit compter centimepar centime. Seule au RMI, avec mes enfants qui passent souvent à lamaison et sont dans une situation encore un peu compliquée, je vis avec380 euros par mois. Ma priorité, c’est de payer mon loyer, les facturescourantes, pour ne pas avoir de dettes et plonger encore plus bas. A côtéde l’alimentation, il y a l’entretien du logement, les imprévus qui fonttomber dans des creux. Il y a la santé, le fait de devoir se soigner attendrepour se soigner car de moins en moins de médicaments sont pris encharge. Avoir un budget serré, c’est aussi ne pas avoir accès à des loisirsqui font partie de la vie ordinaire des autres. Être pauvre, pour moi, c’estsurtout cela : vivre à côté, en dehors de la société.

Lorsqu’on parle des pauvres, comment réagissez-vous ?

Je n’ai pas de problème avec le regard des autres. Cette situation, je nel’ai pas choisie. Mais c’est vrai : on juge trop facilement les personnes.On revient trop sur le passé des familles. Tout le monde aujourd’hui, suiteà une maladie, à un licenciement, peut plonger dans la pauvreté. Cequ’il faut, c’est regarder la valeur de la personne. En lui redonnant sadignité, sa confiance, tout le reste revient. Or, tous les jours, on nousrappelle qu’on n’est pas comme les autres. On est montré du doigt,rabaissé. « Je ne sais plus rien faire », me disent des voisines. Certainesont accumulé tellement de soucis qu’elles en oublient les gestes les plussimples. En plus, on est trop poussé à l’assistanat. Or, faire à ma place,c’est grave.

Que faites-vous pour soutenir d’autres personnes en difficulté ?J’ai été femme-relais (1) et je reste attentive à la vie de mon quartier.J’essaie de rassurer, d’indiquer à quelle porte il faut frapper. On n’est pasdes magiciennes, mais la confiance et le respect déclenchent l’écoute,qui se transforme en action.

Interview d’Emilienne Kaci, Militante d’ATD Quart Monde à Nancy.Alternatives économiques, N° 256 bis, mars 2007.

(1) habitantes d’un quartier, elles créent un lien social et servent de médiatrice dans les institutions.

Fiche 12

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« La misère est une violation des droits de l’hom-me » : ce n’est pas une simple formule, maisd’abord une réalité vécue par ceux et celles quidoivent faire face à la grande pauvreté. C’est uneévidence quand on connaît les situations deceux qui n’ont pas de travail et de logementdignes, d’accès à l’éducation et la culture, à laprotection de la santé...Pourtant, cette évidence n’est pas reconnuedepuis longtemps, et elle ne l’est pas encore partous, en France et dans le monde. Il faut rompredéfinitivement avec une tradition séculaire quiconsidérait trop souvent que la pauvreté étaitune fatalité sociale (« il y aura toujours des pau-vres ») ou parfois même culpabilisait les pauvresen les rendant responsables de leur condition(« ils ne font rien pour s’en sortir »). Celaimplique un triple changement, à la fois éthique,juridique, civique.

Un changement éthiqueSur le plan éthique, le devoir d’assistance auxmalheureux est certes aussi ancien que les gran-des religions et il a pu donner naissance à desinstitutions charitables remarquables. Mais celarelevait d’une obligation purement morale à lacharge des plus favorisés qui voulaient bien s’ysoumettre. Ce n’était pas un droit pour les per-sonnes pauvres. C’est la Déclaration universelle des droits del’homme, adoptée en 1948, qui a expressémentlié dans son préambule « la reconnaissance dela dignité de tous les membres de la famillehumaine » à celle de leurs « droits égaux etinaliénables », afin que tous les êtres humainssoient « libérés de la terreur et de la misère ».D’où, sur le plan juridique l’énoncé de droits« fondamentaux », aujourd’hui reconnus.« Fondamentaux » parce que fondés sur l’égaledignité de tout être humain. Ils sont dus à tous,non seulement dans le domaine civil et poli-tique, mais aussi dans le domaine économique,sociale et culturel. Ainsi l’article 25 de laDéclaration universelle des droits de l’homme :« Toute personne a droit à un niveau de vie suf-fisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceuxde sa famille… ». En France, l’article 1er de laloi contre les exclusions de 1998 énumère sixdroits fondamentaux, dans les domaines del’emploi, du logement, de la protection de la

santé, de la justice, de l’éducation, la formationet la culture, et de la protection de la famille etde l’enfance.

Un combat juridique et civiqueMais il y a loin des droits « déclarés », mêmedans un texte solennel, aux droits effectivementappliqués. Les faits sont là dans toute leur cruau-té. Plus d’un demi-siècle après l’adoption de laDéclaration universelle des droits de l’homme,la grande pauvreté n’a nulle part disparu et s’estmême accrue dans certaines régions du monde.Des programmes de lutte pour réduire la pau-vreté ont certes été conçus mais, outre l’insuffi-sance des moyens matériels qui y sont affectés,ils continuent pour l’essentiel à relever del’esprit d’assistance et de charité d’État. C’estdonc à juste titre et au plein sens du mot, qu’ondoit voir dans la persistance de la misère uneviolation des droits fondamentaux de tout êtrehumain, proclamés mais non pleinement appli-qués.Dès lors, c’est sur le plan civique que doit êtremenée, partout et pour tous, la lutte pour assu-rer le respect effectif des droits élémentairesoutrageusement violés, en combattant l’indiffé-rence et la résignation. Car ce ne sont pas lestextes qui font désormais défaut, en Francecomme sur le plan international, mais la volon-té de les promouvoir et d’en garantir l’applica-tion. A chacun d’en prendre conscience et deprendre part, aux côtés des pauvres eux-mêmes,à la longue lutte pour la dignité de tous.

Paul Bouchet,ancien président de la Commission nationale

consultative des droits de l’homme,ancien président d’ATD Quart Monde

Journal Résistances n° 2, octobre 2005, (p. 16)

L’article 1er de la loi d’orientation contre les exclusions(1998) est rédigé comme suit :« La lutte contre les exclusions est un impératif nationalfondé sur le respect de l’égale dignité de tous les êtreshumains et une priorité de l’ensemble des politiquespubliques de la nation.La présente loi tend à garantir sur l’ensemble du territoirel’accès effectif de tous aux droits fondamentaux dans lesdomaines de l’emploi, du logement, de la protection de lasanté, de la justice, de l’éducation, de la formation et de laculture, de la protection de la famille et de l’enfance... »

Fiche 13

Les droits de l’homme sont violésPaul Bouchet

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Sandrine me pose un gobelet bien chaud dans une main, un sucre dans l’autre, fière de se souvenirde mes manies pour prendre le café qu’elle ne boit pas elle-même. Elle essuie vigoureusementla table du petit bungalow transformé pour l’heure en jardin d’enfants. Ils sont quatre, cinq ?Entre zéro et deux ans, à gambader, pleurnicher, dormir, grignoter autour de nous, gardés parCatherine, grand-mère de trente-huit ans et Sandrine, sa voisine, toujours disposée à accueillirles visiteurs.

Longs cheveux lisses, sourcils épilés, peau blanche hormis le bout jauni de quelques doigts, dansla fumée qui voile son regard, comme si le bruit ne l’atteignait pas, Catherine scrute sa mémoire.- Le jour de l’assignation, non, on n’était pas en colère. On a cherché notre respiration, oui, soupiré.Les bras nous en sont tombés parce qu’on ne s’y attendait pas, mais il n’y a pas eu de colère. Lacolère, elle est venue au tribunal, quand l’autre avocat a parlé de nous. C’est pas tant ce qu’ildisait que la façon dont il le disait.- Auprès de cet avocat, on est des pourritures. Qu’on soit avec nos enfants au bord de la route, ilen a rien à secouer !- La colère, d’où elle vient ? Elle sort de l’estomac, une boule dans l’estomac... Non... Je ne saispas. Par exemple, un début d’après-midi, à la sous-préfecture. A l’état civil, pas de monde. J’avancejusqu’au guichet, une femme très aimable. « Bonjour madame (forcément toujours très polie) jeviens faire un renouvellement de carte d’identité. » La mienne, je l’avais depuis la naissance deSteeve, en avril 85. Celle en carton, marron. « Vous avez les papiers? » Je lui donne tout ce que j’ai. Pas de quittances de loyer,évidemment. « Je vis en caravane, c’est pour ça que j’en ai pas. »Alors elle m’explique qu’il faut faire un carnet de circulation et, dèsque je l’aurai obtenu, j’aurais droit à une carte, avec SDF dessus.Tout simplement. Là je me suis fâchée.C’est du ventre que ça part, oui, du ventre. Puis le feu monte auxjoues. Rouge. Je voulais une pièce d’identité, pas de sa carte avecSDF dessus. Moi, en colère, j’ai pas des belles phrases comme vous,mais que des injures ! On m’a jetée comme un chien.Il y a parfois aussi des colères qui font rire. Aux services techniques,quand j’ai fait la demande pour la pose de la boîte EDF, une nana àl’accueil m’a regardée de très haut en demandant mon adresse. Bon.Je lui ai dit: « 60, chemin du Bois de l’Epine » et elle m’a répondu :« Vous avez déjà vu un numéro de rue dans un champ de carottes ? »C’était royal ! Je suis partie dans un éclat de rire pour toute lajournée. Des fois, c’est tellement énorme !Elle prononce haine - norme et elle en rit encore.

Jean-Michel Defromont.Extraits de « l’Épine sur les roses »,

2006, (p. 47 à 51),Éditions ATD Quart Monde.

D’où vient la colère ?Jean-Michel Defromont

Envoyés sur les roses, expulsés après trente ans de résidence sur la commune, c’est comme partout, lesort des voyageurs du Bois de l’Épine. Peu importe qu’ils n’aient pas de permis, ni même d’autos par-fois, et que leur habitation n’ait plus de roues. « Au nom du peuple français », par une justice étran-ge, les voilà jetés dans le ravin de l’errance, l’avenir de leurs enfants aux orties.Pour garder une trace qu’aucun bulldozer ne pourra effacer, ces familles, ensemble avec Jean-MichelDefromont, volontaire-permanent d’ATD Quart Monde nous racontent ce qui arrive, quand, selon lesmots de Joseph Wresinski, « notre hâte d’imposer un ordre nous fait oublier l’homme ».

Fiche 14

Texte 1 :• Dans quel contexte ces paroles ont-elles été

prononcées ?• Que vous inspirent-elles ?

Texte 2 :• Pourquoi Dufourny de Villiers dit-il en par-

lant des gens du « Quatrième ordre »,« qu'ils ne sont pas considérés chez nouscomme des hommes » ?

Texte 3 :• Quelles sont les mille facettes du frère qu'on

rejette ?

Texte 4 :• En quoi peut-on dire que le combat de

Martin Luther King en faveur des Droitsciviques est un combat universel ?

Texte 5 :• En quoi Victor Hugo est-il un visionnaire ?

Texte 6 :• Quelle est la pire des souffrances infligées

aux plus pauvres ?• Comment une existence peut-elle n'être pas

une vie ?

Texte 7 :• Quelle est la faute de Pierre ?• De quoi aurait-il dû s'abstenir ?

Texte 8 :• Quelles formes d'aides sont dénoncées dans

ce texte ?• A quels droits cette famille n'a-t-elle pas

accès ?• « Le pire c'est de ne rien pouvoir donner » :

commentez.• Pourquoi Geneviève de Gaulle dit-elle :

« Nous avions découvert qu'un livre étaitplus précieux que le pain » ?

Texte 9 :• Commentez les phrases :

« vaincre la pauvreté…justice ».« un véritable développement…personnesconcernées ».

Texte 10 :• Quel est ce « savoir profond » dont parle

Edgar Morin ?• A quelles conditions peut-il changer les

choses ?

Texte 11 :• En quoi la situation vécue par l'auteur est-

elle toujours d'actualité ?• En quoi nos regards et nos paroles peuvent-

elles blesser ou redonner de la dignité ?

Texte 12 :• Pourquoi E.Kaci dit-elle : « On n'est pas

comme les autres... »

Texte 13 :• Enumérez les 6 droits fondamentaux et dites

dans quel texte de loi ils sont mentionnéspour la première fois ?

• En quoi la Déclaration universelle était-ellenovatrice par rapport à la déclaration desdroits de l'Homme et du citoyen de 1789 ?

• Que signifie le mot DIGNITE ? A quelle dateet dans quel document est-il énoncé pour lapremière fois ?

Texte 14 :• Expliquez les phrases en caractères gras.• A quels droits cette famille n'a t-elle pas

accès ?

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Fiche 15

QUESTIONS

17 octobre 2008 – Journée mondiale du refus de la misère – Dossier pédagogique pour les collèges, lycées et associations -32/44

POUR ALLER PLUS LOIN !...

• « Des programmes de lutte pour réduire la pauvreté ont certes été conçus, mais… ilscontinuent pour l'essentiel à relever de l'esprit d'assistance et de charité d'Etat » (texte 10):Qu'en pensez-vous ?

• « Tant que les droits fondamentaux ne sont pas effectifs pour certains, la démocratie estmenacée » (Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Feuille de Route février 2002) : Commentez.

• Que signifie cette phrase de Martin Luther King « Nous avons permis que la pauvredevienne invisible ».

• « Tous les hommes sont frères » : commentez et illustrez à l'aide des textes précédentscette phrase de Gandhi.

• Dans quelle mesure peut-on dire que les droits de l'Homme ont progressé en France etdans le monde ? Votre argumentation pourra s'appuyer sur les grands auteurs et les grandstextes.

• « Les pauvres nous le disent souvent : ce n'est pas d'avoir faim, ce n'est même pas d'êtresans travail qui est le pire malheur de l'homme. Le pire des malheurs est de vous savoircompté pour nul au point où même vos souffrances sont ignorées... » (Joseph Wresisnki).

• En quoi la lutte contre la pauvreté s'est-elle améliorée depuis la fin du 18 ème siècle ?

• La misère est-elle une fatalité ?

• Ce n'est pas tellement de nourriture, de vêtements qu'avaient besoin tous ces gens, maisde dignité, de ne plus dépendre du bon vouloir de autres (Joseph Wresinski à propos dubidonville de Noisy le Grand (Seine St Denis) : Commentez.

• Quelle réponse, à votre avis, la société peut-elle donner aux problèmes posés par ledéveloppement actuel de l'exclusion ?

• Le droit à la culture est à réaliser en même temps que les sécurités matérielles les plusélémentaires que représentent le toit, la santé, le revenu… (Joseph Wresinski) :Commentez.

• En quoi la notion de "droit" vient-elle appuyer la nécessité d'éradiquer la grandepauvreté ? (Dufourny de Villiers, V.Hugo, la déclaration universelle de 1948, la loi contreles exclusions…)

• Suggestion : demander aux élèves de se mettre dans la peau d'un député à l'AssembléeNationale qui ferait un discours sur les problèmes de la grande pauvreté en France

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TESTEZ VOS CONNAISSANCES

1) Faites correspondre la date aux événements

• La conférence de San Francisco a adopté la charte des Nations Unies : ..novembre 1950• Signature de la Convention européenne des droits de l'homme : ......................juin 1945• Abolition de l'esclavage en France : ........................................................décembre 1948• Déclaration universelle des droits de l'Homme : ..............................................avril 1848• Convention internationale des droits de l'enfant: ............................................juillet 1998• Vote de la loi contre les exclusions par le Parlement français :............22 décembre 1992• L'Assemblée générale de l'ONU a reconnu le 17 octobre

« Journée mondiale du refus de la misère » : ..........................................................1957• Création du Mouvement ATD Quart Monde : ....................................20 novembre 1989

2) Entourez la bonne réponse

• Qui a évoqué le sort du 4ème ordre en 1789 ?: Robespierre, Danton, Dufourny de Villiers ?• Qui a dit au Sommet mondial pour le développement social de Copenhague en 1995 :

« La misère est le nouveau visage de l'apartheid » : Perez de Cuellar, Nelson Mandela,l'Abbé Pierre

• Qui a eu le Prix Nobel de la paix en 1964: Mandela, Martin Luther King, René Cassin?• Quel député est à l'origine de l'abolition de l'esclavage en France: Abraham Lincoln,

Victor Schoelcher, Victor Hugo ?• Qui a présenté au Conseil économique et social le rapport « Grande pauvreté et précarité

économique et sociale » en février 1987: Geneviève de Gaulle-Anthonioz, l'Abbé Pierre,Joseph Wresinski ?

• Qui a dit dans un célèbre discours: « Substituer à l'aumône qui dégrade l'assistance quifortifie » : Jaurès, Victor Hugo, Gandhi ?

• Qui a dit : « Je rêve qu'un jour … les fils d'anciens esclaves et les fils de propriétairesd'esclaves pourront s'asseoir ensemble à la table de la fraternité » ?: don Helder Camara,Martin Luther King, Abraham Lincoln ?

3) Vrai ou faux ?

• Le 4ème ordre c'est le « peuple des infortunés, des indigents... »• Le mot dignité figure dans l'article 1er de la déclaration des droits de l'homme et du

citoyen.• Joseph Wresinski arrive au camp de Noisy le Grand durant l'hiver1954.• Le 17 octobre 1987 a été inaugurée une dalle en « l'honneur des victimes de la misère »

sur le parvis des droits de l'homme, au Trocadéro à Paris .• « Ce jour-là je suis entré dans le malheur » a dit Joseph Wresinski en évoquant le jour où

il est arrivé dans le camp de Noisy-le Grand.

17 octobre 2008 – Journée mondiale du refus de la misère – Dossier pédagogique pour les collèges, lycées et associations -34/44

REPONSES

1) Faites correspondre la date aux événements

• La conférence de San Francisco a adopté la charte des Nations Unies: ..................1945• Signature de la Convention européenne des droits de l'homme: ............novembre 1950• Abolition de l'esclavage en France: ..................................................................avril 1848• Déclaration universelle des droits de l'Homme: ......................................décembre 1948• Convention internationale des droits de l'enfant: ..............................20 novembre 1989• Vote de la loi contre les exclusions par le Parlement français: ......................juillet 1998• L'Assemblée générale de l'ONU a reconnu le ..............................................17 octobre

Journée mondiale du refus de la misère: ............................................22 décembre 1992• Création du Mouvement ATD Quart Monde: ..........................................................1957

2) Entourez la bonne réponse

• Qui a évoqué le sort du 4ème ordre en 1789 ?: Dufourny de Villiers.• Qui a dit au Sommet mondial pour le développement social de Copenhague en 1995:

« La misère est le nouveau visage de l'apartheid »: Nelson Mandela.• Qui a eu le Prix Nobel de la paix en 1964: Martin Luther King.• Quel député est à l'origine de l'abolition de l'esclavage en France, Victor Schoelcher.• Qui a présenté au Conseil économique et social le rapport « Grande pauvreté et précarité

économique et sociale » en février 1987 : Joseph Wresinski.• Qui a dit dans un célèbre discours: « Substituer à l'aumône qui dégrade l'assistance qui

fortifie »: Victor Hugo.• Qui a dit : « Je rêve qu'un jour... les fils d'anciens esclaves et les fils de propriétaires

d'esclaves pourront s'asseoir ensemble à la table de la fraternité: Martin Luther King.

3) Vrai ou faux ?

• Le 4ème ordre c'est le « peuple des infortunés, des indigents... »" : Vrai.• Le mot dignité figure dans l'article 1er de la déclaration des droits de l'homme et du

citoyen : Faux.• Joseph Wresinski arrive au camp de Noisy le Grand durant l'hiver1954 : Faux.• Le 17 octobre 1987 a été inaugurée une dalle en " l'honneur des victimes de la misère

sur le parvis des droits de l'Homme, au Trocadéro à Paris : Vrai.• « Ce jour-là je suis entré dans le malheur » a dit Joseph Wresinski en évoquant le jour où

il est arrivé dans le camp de Noisy-le Grand : Vrai.

Édité par ATD Quart Monde, le 17 octobre 2007

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DOSSIER 2 - Quelques aspects socio-économiquesde la pauvreté en France et en Europe

1/ PEUT-ON DEFINIR LA PAUVRETÉ ?

A/ Mesures de la pauvreté(Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale 2005-2006)

La mesure des phénomènes de pauvreté et d'exclusion sociale est tributaire des définitions retenues.Or il n'existe pas de définition unique et consensuelle de la pauvreté, que ce soit parmi leséconomistes, les sociologues ou les responsables administratifs et politiques, compte tenu de sesmultiples dimensions. La seule définition « officielle » est celle retenue par l'Union européenne, quiconsidère comme pauvres « les personnes dont les ressources matérielles, culturelles et sociales sontsi faibles qu'elles sont exclues des modes de vie minimaux acceptables dans l'État membre où ellesvivent (1). »

Cette définition, bien que peu opérationnelle, fait apparaître trois éléments importants pour la mesurede la pauvreté :– la définition de la pauvreté est conventionnelle: le choix d'une définition de la pauvreté est un

acte politique et, au moins implicitement, normatif, qui consiste à identifier, au sein d'unepopulation totale formée d'un continuum d'individus, une population « pauvre », sur la base decritères reposant sur de multiples choix, qu'ils résultent de représentations sociales ou deconsidérations techniques ;

– la pauvreté est un phénomène relatif, puisque définie en fonction des « modes de vie minimauxacceptables », par essence variables dans l'espace et dans le temps; c'est une approche en termesd'inégalités de répartition des ressources : sont considérées comme pauvres les personnes dont leniveau de ressources est sensiblement inférieur à celui de la population dans son ensemble; ilexiste d'autres approches (pauvreté absolue) qui cherchent à cerner les personnes qui ne peuventcouvrir un certain nombre de besoins jugés « fondamentaux » et universellement partagés ;

– la pauvreté est un phénomène multidimensionnel et ne saurait se réduire à l'absence ou à laprivation de ressources monétaires : ce sont l'ensemble des conditions de vie d'un ménage quidoivent être considérées pour évaluer les situations de pauvreté, ce qui implique de s'intéresser àd'autres dimensions du bien-être que les seules ressources monétaires ; on observe alors, pourchacune des dimensions étudiées (logement, santé, éducation...), l'existence de populationsdéfavorisées, les populations pauvres se caractérisant par le cumul de difficultés dans plusieurs deces domaines.

B/ La pauvreté en Europe

La riche Europe est loin d'avoir éradiqué la pauvreté : 15 % de la population dispose d'un revenuinférieur à 60 % du revenu médian.(1). Mais les disparités sont grandes entre la France et les paysnordiques d'une part et les pays du Sud, l'Irlande et le Royaume-Uni.

(1) Seuil de pauvreté utilisé pour les comparaisons européennes, le revenu médian étant celui qui sépare la population en deux, la moitié recevant moinsque ce revenu, l'autre plus (distinct d'une moyenne ").

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2/ REVENUS ET TAUX DE PAUVRETÉ

A/ Seuils de pauvreté

B/ Taux de pauvreté et nombre de personnes pauvres de 1970 à 2005

C/ Évolution du niveau de vie moyen entre 1996 et 2003 selon les niveaux de revenus (en %)

en euros 2005 par mois

1970 1975 1979 1984 1990 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2002rétropolée*

2003 2004 2005

seuil à60%

439 551 636 660 705 720 719 733 749 764 781 799 805 805 803 817euros

constant2005 Seuil

à50%

365 460 530 550 587 600 599 611 624 637 651 666 671 671 669 681

seuilà60%

73 140 234 412 542 628 635 652 670 695 722 752 758 774 788 817euros

courants seuilà50%

61 117 195 343 452 524 529 543 558 579 602 627 632 645 657 681

Champ : individus des ménages dont le revenu déclaré au fisc est positif ou nul et dont la personne de référence n'est pas étudiante Source : enquêtes revenus fiscaux 1970, 1975, 1979, 1984, 1990 et de 1996 à 2004, Insee-DGI

Années Seuil à 60% Seuil à 50%

Taux de pauvreté Nb de personnespauvres (milliers )

Taux de pauvreté Nb de personnespauvres (milliers )

1970 17,9 8 649 12,0 5 785

1975 16,6 8 491 10,2 5 194

1979 14,2 7 454 8,3 4 359

1984 13,5 7 235 7,7 4 154

1990 13,8 7 848 6,6 3 751

1996 13,5 7 628 7,2 4 089

2000 12,7 7 328 6,5 3 742

2001 12,4 7 167 6,1 3557

2002 12,2 7 147 6,0 3 493

2002 rétropolée * 12,0 6 976 5,9 3 431

2003 12,0 7 015 6,3 3 694

2004 11,7 6 867 6,2 3 635

2005 12,1 7 136 6,3 3 733

Note: L'ERF 2002 rétropolée correspond, avec les enquêtes 2003 et 2005, au début d'une nouvelle série de statistiques sur lesrevenus, s'appuyant sur les résultats annuels du recensement de la population. Cette nouvelle série prend par ailleurs en compte lesrevenus soumis à prélèvements libératoires.Champ : individus des ménages dont le revenu déclaré au f isc est positif ou nul et dont la personne de référence n'est pas étudiante.Source : enquêtes revenus fiscaux 1970, 1975, 1979, 1984, 1990 et de 1996 à 2004, Insee-DGI

10 % de personnes les plus modestes (1° décile) + 20,6

10 % de personnes les plus aisées (10° décile) + 16 %

Niveaux de revenus intermédiaires (2° au 9° décile) + 13,0 %

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3/ CARACTERISTIQUES DES POPULATIONS PAUVRES

Proportion d'individus pauvres selon le type de ménage

Taux de pauvreté (en %)Individus appartenant à des …..

Seuil à 60% Seuil à 50%

Ménages dont la personne de référence a moins de 65 ans 12,7 7,1 - Personnes seules 17,4 12,5Hommes vivant seuls inactifs 27,9 20,6

Hommes vivant seuls actifs 15,6 11,5

Femmes vivant seules inactives 27,5 19,7

Femmes vivant seules actives 13,5 9,1

- Familles monoparentales 27,2 14,8

Pères 15,4 8,6

Mères inactives 53,6 28,9

Mères actives 22,2 12,1

- Couples 10,3 5,5

Couples d'inactifs avec ou sans enfant 18,2 11,5

Homme inactif - femme active avec ou sans enfant 23,5 16,3

Homme actif - femme inactive sans enfant 11,7 5,8

Homme actif - femme inactive avec un enfant 13,5 6,6

Homme actif - femme inactive avec deux enfants 13,1 5,5

Homme actif - femme inactive avec trois enfants ou plus 20,8 8,3

Couples d'actifs sans enfant 5,1 3,4

Couples d'actifs avec un enfant 5,9 3,1

Couples d'actifs avec deux enfants 5,9 3,0

Couples d'actifs avec trois enfants ou plus 10,5 4,8

- Ménages complexes 18,0 8,0

Ménages dont la personne de référence a 65 ans et plus 9,1 2,9

Personnes seules 13,0 6,0

Couples 6,7 0,9

Ensemble des individus 12,1 6,3

Source : Insee-DGI, enquête revenus fiscaux 2005

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4/ DEVENIR SCOLAIRE DES ENFANTS PAUVRES

TABLEAU 1 – Répartition des jeunes selon leur «risque» de pauvreté (cumul plus ou moinsimportant de facteurs de pauvreté)

Groupe (1) Nombre de jeunes % de jeunes

Groupe 1 (risque ++) 2 069 13,7

Groupe 2 (risque +) 3 132 20,7

Groupe 3 (risque –) 3 068 20,3

Groupe 4 (risque – –) 6 877 45,4

Ensemble 15 146 100,0

(1) Le groupe 1 (13,7 % des jeunes) vise à approcher la population des enfants pauvres. Les jeunes classés dans les autresgroupes ont a priori un risque plus faible d’appartenir à une famille pauvre.

TABLEAU 2 – Situation scolaire des jeunes en 2001–2002

En % Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3 Groupe 4 Ensemble2nd cycle général et technologique : 32,8 43,9 55,2 76,9 59,8

Terminale 17,0 24,9 32,3 50,2 36,9

– terminale générale 10,8 17,1 22,9 42,5 29,1

– terminale technologique 6,2 7,8 9,5 7,7 7,9

Première 13,2 17,2 20,6 24,2 20,6

– première générale 4,4 6,4 7,7 13,2 9,5

– première technologique 8,8 10,8 12,9 11,0 11,0

Seconde 2,6 1,8 2,3 2,5 2,4

2nd cycle professionnel : 42,8 41,1 36,6 19,0 30,3

1ère professionnelle 6,4 6,2 5,4 3,0 4,6

Préparation d’un BEP 27,6 25,5 22,1 12,0 18,9

– année terminale 23,3 20,9 17,9 9,2 15,2

– autre 4,3 4,7 4,3 2,7 3,7

Préparation d’un CAP 7,9 8,5 8,3 3,6 6,1

– année terminale 6,2 6,3 6,5 2,9 4,8

– autre 1,7 2,1 1,9 0,7 1,4

Autre classe professionnelle 0,9 0,9 0,8 0,4 0,7

1er cycle 0,4 0,1 0,2 0,0 0,1

Sortis du système scolaire : 24,1 14,9 8,0 4,0 9,7

Après une terminale CAP ou BEP 8,3 6,4 4,2 1,8 4,1

Après la troisième 12,2 7,4 3,3 2,0 4,7

Avant la troisième 3,6 1,1 0,6 0,3 1,0

Ensemble 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0

Source : Education et formation n° 70, décembre 2004.

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5/ LA PAUVRETÉ EN EUROPE

Lors des Conseils européens de Lisbonne et de Nice en 2000, les États-membres de l'Unioneuropéenne (alors à 15) se sont engagés à lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale. Comment seprésente la pauvreté au sein de l'Union ?

A/ Les formes de la pauvreté

B/ Indicateurs de pauvreté et dépenses de protection sociale (hors pensionset maladie)

PISTES DE REFLEXION :1. L'évaluation de la pauvreté.2. La pauvreté est une notion relative. Etudier son évolution dans le temps. Comparer entre les diffé-

rents pays européens.3. Les caractéristiques des populations les plus touchées par la pauvreté.4. Étudier le lien entre le risque de pauvreté des enfants et leur situation scolaire.

Pasd’eau

chaudeen %

Pas deWC

intérieur en %

Revenu médianpar unité de

consommation*

Revenu du 1°décile

*

Seuil depauvreté, 60%

du revenumédian

Poids del’alimentation

dans le budgeten %

France 2 2 14 472 7 075 22,5

Espagne 4 2 25,0

Portugal 17 10 7 138 2 139 24,0

Pologne 30 16 3 667 1 948 39,6

Russie urbaine 23 17 3 260 1 424 53,1

Roumanie 47 33 1 663 873 59,0

Source INSEE, Economie et statistique, décembre 2005.*: valeur en euros en « parité de pouvoir d’achat », en tenant compte du coût de la vie dans chaque pays

Taux de pauvreté en % de la population (1)Pays Dépenses de protection

sociale en % du PIB Avant redistribution Après redistribution

Belgique 10 23 11

Danemark 15 21 6

Allemagne 8 18 12

Grèce 6 45 44

Espagne 6,5 45 39

France 9,5 23 12

Irlande 8 41 31

Italie 4 33 30

Luxembourg 8 8 2

Pays-Bas 11,5 22 10

Autriche 8 16 7

Portugal 7 55 52

Royaume-Uni 10 31 17

UE 13 pays 8 28 20

Source: Eurostat 1996(1): seuil à 60% du revenu médian.

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Bandes dessinées

Cours, Bong-guBiyun Biyung Jun. Editions Kana, 2005, 12€50Bong-gu et sa mère ont quitté leur village pourretrouver le père parti chercher du travail à Séoul. Unmendiant et sa petite fille les aident dans leurrecherche. Une bande dessinée coréenne pleined'humanité.

Paris-TrottoirMichel Constant, Michel VandamEditions Casterman, 1999, 9€50Chaque jour, Monsieur Charles entonne des chansonsdans le métro en échange d'une pièce. Chaque nuit,il s'endort sur le trottoir glacé. Destins croisés,d'ailleurs et de nulle part.

Sans famille1 : Mère Barberin2 : La Troupe du Signor Vitalis3 : Le cygneYann Dégruel. Editions Delcourt, 2004-2005, 8€90.Une bonne adaptation en BD du roman d'HectorMalot au graphisme moderne et coloré qui transcritbien l'émotion et l'ambiance du récit.

CD

Chanter contre la misère (Livre + CD)Mango-Jeunessse, Editions Quart Monde, 2004, 23€

Un livre/CD comprenant une dizaine de chansons etleur texte, illustré par des enfants Tapori et préfacépar Yann Arthus-Bertrand.

Fictions

Attention fragilesMarie-Sabine Roger. Seuil Jeunesse 2000, 9€95Une femme et son enfant sous des cartons, unétudiant aveugle suicidaire. L'hiver rend la vie encoreplus difficile mais chacun va rencontrer quelqu'unqui l'aide à s'en sortir.

L'amiYaël HassanEditions Casterman, 2003 (Romans Junior), 6€50.Samir et Pierre vivent en foyer ; ils sont "frères à lavieet à la mort" jusqu'au jour où Samir est placé dansune famille d'accueil. Qu'en sera-t-il de leur amitié ?

La boîte à musiqueJean-Michel DefromontEditions Quart Monde, 1998, réédition, 8€

Ce roman, bâti à partir du témoignage de milliersd'enfants, introduit le lecteur dans l'intimité d'unefamille très pauvre.

Derrière la gare, il y a la merJulia Richter. La Joie de lire, 2003, 9€20A 9 ans, Nono en sait déjà long sur la violence et lasurvie. Pourtant, perdre en une nuit sa maman et samaison, c'est trop, même pour un petit garçoncourageux. Seul au monde, Nono erre dans la ville,avec pour seule lumière son rêve : voir la mer.D'étranges compagnons de route vont l'aider à yparvenir, mais en retour il devra donner ce qu'il a deplus précieux.(Présentation de l'éditeur)

EsclavePascal Maret.Milan, 2003 (Poche Junior Aventures), 5€

Fin XVIIIe, Ana, une Africaine de 10 ans, est venduecomme esclave au Vénézuela. Pour recouvrer laliberté, il lui faudra toute sa soif de s'instruire etbeaucoup de détermination. Une aventureromanesque très instructive sur la condition desesclaves en Amérique du Sud.

FatiJean Michel Defromont.Editions Quart Monde, 2003, 10€

De Ti Paradis à la cité des Myosotis, ce roman croisele destin d'hommes et de femmes que tout sépare etnous fait découvrir comment l'amitié peut permettreaux plus démunis de sortir de la fatalité de la misère.

La gare de Rachid LycéePascal Garnier. Syros Jeunesse, 2000, à paraître enPoche, 7€50Rachid, algérien d'origine mais sans attache avec sonpays, est balayeur dans une gare parisienne. Le jouroù on lui annonce son licenciement, tout s'écrouleautour de lui.

La grève des bâttuAminata Sow Fall. Le Serpent à Plumes, 2001,réédition, 6€90Et si le peuple des exclus refusait l'aumônechichement distribuée ? Mais se mettre debout n'estpas si facile… Une fable sénégalaise, cinglante etdrôle.

Histoire de la poule et de l'œufJosé Luandino Vieira. Ecole des Loisirs, 2002, 8€

Dans un bidonville d'Angola une poule pond unoeuf. Qui a le droit de le prendre? Une parabolepleined'humour et de malice.

PPaarrttiiee 33 - BBiibblliiooggrraapphhiieeLes livres des Éditions Quart Monde sont disponibles à :

www.editionsquartmonde.org

Collège Lycée Collège & Lycée

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L'île de mon pèreBrigitte Peskine. J'ai lu, UNICEF, 2003, 4€50Ce récit très émouvant, complété par un commentairede l'UNICEF, dénonce un épisode tragique de notrehistoire récente : en France dans les années 1960, denombreux enfants ont été déportés de l'île de laRéunion pour être placés quasiment comme esclavesdans des fermes ou illégalement adoptés. Un enfantva retrouver son père disparu après avoir fait resurgirson passé…

Je serai cascadeur CollègeDetty Verreydt. Editions Quart Monde, 2002, 8€

L'histoire d'une amitié entre deux enfants de milieuxtrès différents, bousculée par l'incompréhension et lerejet des autres. Une fiction à la fois tendre et dure.

MaestroXavier-Laurent Petit. Ecole des Loisirs, 2005, 9€50Dans une ville soumise à un dictateur et à sa police,des enfants abandonnés survivent durement etrencontrent un vieux musicien, riche et célèbre quirentre dans son pays.

Minuit-cinqMalika Ferdjoukh. Ecole des Loisirs, 2002, 7€50Une bande d'enfants misérables hante les rues dePrague le soir de Noël. Ils mènent une enquête pleinede dangers face à la méchanceté humaine avant deretrouver l'espoir auprès d'une troupe de théâtreambulant qui leur offre un magnifique réveillon sousles étoiles …

Moi, Félix, 10 ans, sans-papiersMarc CantinMilan, 2000 (Milan Poche Junior), 4€50Décidés à fuir la misère en Côte d'Ivoire, Félix et safamille s'embarquent clandestinement sur unpaquebot. Resté seul, Félix doit lutter en France poursa survie. Il se heurte au racisme mais aussi à lacompassion. Roman réaliste et palpitant pour entrerdans l'univers des clandestins en France.

Nuria la nomadeJean-Jacques Marembert, Jacques Ferrandez (ill.)Syros Jeunesse, 2004 (Les uns les autres), 7€50A cause de la guerre qui ravage son pays, Nuria, issued'une tribu nomade, doit fuir vers un camp deréfugiés. Quand retrouvera-t-elle sa vie d'antan ?

P'tite mèreDominique Sampiero, Monike Czarnieck (ill.)Rue du Monde, 2002 (Roman du monde), 10€50Laetitia, p'tite mère de 6 ans, nous décrit à sa manièreson quotidien, les difficultés, le froid, l'électricitécoupée, la faim, la honte mais aussi l'amour etl'espoir. Un récit sensible d'une grande justesse.

Le prince esclave LycéeOlaudah Equiano. Rageot, 2003, 7€30.L'autobiographie, écrite en 1789, d'un fils de roiafricain qui , enlevé par des trafiquants d'esclaves,finira, après maintes péripéties, par recouvrer laliberté.

SéraphineMarie DesplechinEcole des loisirs (Medium), 2005, 9€

Paris, 1885. Séraphine, 13 ans, travaille chez Jeanne,pour qui elle finit les chemises. Mais elle veut

changer de vie et changer le monde, pour en chasserla misère. A sa manière et avec l'aide de ceux quil'entourent, elle parviendra à ses fins.(extrait de laprésentation de l'éditeur)

La source interditeFrançoise Vgochukwu, Edicef, 2001, 3€10Grâce à l'amitié des enfants, deux tribus du Nigeriaarrivent à partager l'eau d'une source.

Le squat résisteFranck Pavloff. Syros, 1996 (Souris Noire), 4€90La mère Noëlle et ses cinq enfants, nourris deNutella, écoliers en pointillés, squattent une usinedésaffectée jusqu'au jour où les gendarmes arriventpour les déloger.

Le thé aux huit trésorsAnne Thiollier. Hachette Jeunesse, 2002, 4€50Yu-mei, onze ans, qui vit à Pékin avec sa grand-mère,rencontre par hasard Brin d'herbe, un orphelin trèspauvre. Prélude à une amitié source d'aventures.

Le trésor des O'BrienMichael Morpurgo, William Geldart (ill.)Gallimard, 1999 (Folio Jeunesse), 5€90En 1847, le long périple de deux enfants qui fuient lafamine en Irlande pour rejoindre leur père enCalifornie.

Zohra l'insoumiseMichel Leydier. Flammarion, 2004 (Castor Poche), 6€

Zohra, 14 ans, quitte le Maroc pour suivre une tantequi l'emmène chercher du travail en France. Le travailse révèle un nouvel esclavage : enfermée, privée deses papiers, Zohra se révolte.

Témoignages

AbdouKaren StornelliEditions Quart Monde, 2008 (En un mot), 2€

Au Burkina Faso, Abdou, enfant malade et trop tôtséparé de sa mère et de la Côte d'Ivoire qui l'a vugrandir, raconte la mer et les poissons, dessine, coud,rit avec ses amis, mais cherche désespérément saplace dans sa famille. Ce livre témoigne de ce petitMossi au milieu des Peuls et de tous ceux qui l'ontaimé.

Caroline CollègeAnne-Marie ToussaintEditions Quart Monde, 2004 (En un mot), 2€

Un témoignage sur la vie d'une fillette et sa familledans une grande précarité, qui montre que l'entraideet le partage permettent de combattre injustices etinégalités sociales.

Ceux des baraquements LycéeMarcel Le Hir, Editions Quart Monde, 2005, 15€

Témoignage d'un homme qui a vécu dans la grandepauvreté et souhaite transmettre un extraordinairemessage d'espoir pour tous ceux qui connaissent lamisère.

17 octobre 2008 – Journée mondiale du refus de la misère – Dossier pédagogique pour les collèges, lycées et associations -42/44

Derrière les rideaux blancsHélène MonierEditions Quart Monde, 2007, (En un mot), 2€

Pendant cinq ans, Hélène Monier fait la lenteconnaissance d'une famille dont les parents viventcachés « derrière les rideaux blancs » de leurcaravane, loin de tout droit, de toute aide qui ne soitquémandée et, surtout, sans leurs enfants, placésd'office des années auparavant.

L'épine sur les roses Jean-Michel Defromont, 2006, Editions QuartMonde, (En un mot), 2€

Dans la boue d'un terrain de voyageurs, immobilesdepuis 30 ans, ils sont expulsés « au nom du peuplefrançais » sous prétexte qu'ils occupent illégalementune « zone naturelle »...

ÉvaNathalie GendreEditions Quart Monde, 2005 (En un mot), 2€

À partir du colportage de livres à domicile fait parune volontaire du mouvement Atd Quart Monde, Évaet sa famille, isolées par la misère, découvrent larichesse de la rencontre et de l'amitié.

GermaineMaryvonne CaillauxEditions Quart Monde, 2002 (En un mot), 2€

L'histoire vraie d'une famille africaine-américaine dela Nouvelle-Orléans, qui montre qu'une rencontreconstruite à partir de la confiance et de l'espérancepeut ouvrir une voie vers l'avenir.

Le journal de Ma Yan Pierre Haski (présentation)Hachette Jeunesse, 2002 (Histoires de vies), 4€50Journal authentique d'une écolière chinoise dont lasoif de connaissances, la joie de vivre, la lucidité etla malice brillent à chaque page malgré la misère, lafaim, et le froid.

Kiffe kiffe demainFaïza Guène, Hachette, 2004, 16€

Doria a quinze ans et vit seule avec sa mère dans unecité de Livry-Gargan depuis que son père est rentréau Maroc. Elle nous décrit sa vie et son quartier. Unroman plein de sève et d'humour.

Mon coeur est dans ce caillouNoldi Christen, Christine Lesueur (ill.)Editions Quart Monde, 1999, 9€

Sept histoires illustrées, en 4 langues - français,espagnol, anglais, allemand - nous emmènent à larencontre des enfants du monde qui tentent deconstruire un monde plus juste.

Pierre d'hommeBernard JährlingEditions Quart Monde, 2004 (Racines), 13€

L'auteur nous décrit son arrivée et celle des siens, en1955, au camp des sans-logis de Noisy-le-Grand.

Documents

17 octobre. Voix et voies du refus de la misèreCidem - 2007 - 1,50 €« Repères pour éduquer » est une collection qui vise

à donner les repères essentiels et l'envie d'aller plusloin sur un sujet en lien avec le civisme aujourd'hui.Ce numéro, consacré au 20ème anniversaire de laJournée mondiale du refus de la misère, préfacé parPierre Saglio, président d'ATD Quart Monde France,et Marion Navelet, militante, a pour objectif dedonner les informations essentielles pour mieuxcomprendre le contexte et les enjeux de cettejournée.

C'est trop cher. Pourquoi la pauvreté ?Anne De La Roche Saint André, Brigitte Ventrillon,Béatrice Alemagna (ill.) Autrement jeunesse, 2002(Autrement junior), 7€95.Un document conçu pour sensibiliser les lecteurs de9-13 ans aux problèmes de société, leur fairecomprendre qu'ils ont un rôle à jouer et les aider àformer leur propre jugement, avec des repères précis,comme la loi.

Ces ouvriers aux dents de laitSigrid Baffert. Syros Jeunesse, 2001 (J'accuse), 7€503 récits avec des enfants d'hier et d'aujourd'huicontraints au travail forcé dans le tissage ou le textile,qui racontent les galères, la fatigue mais aussi ladébrouille et l'espoir. Avec un dossier sur le travaildes enfants dans le monde.

Combattre l'exclusionDamien-Guillaume Audollent, Daniel Fayard. Milan,1999 (Les Essentiels), 5€50A partir de l'expérience du mouvement ATD QuartMonde, cet ouvrage synthétique montre comment lecombat contre l'exclusion dont les plus défavoriséssont les premiers acteurs, peut et doit s'inscrire dansles politiques publiques et mobiliser tous les citoyensautour de la reconnaissance des droits de l'homme etde l'égale dignité de tous.

L'économie solidaire. Prendre sa vie en mainJacques Prades, Bernadette Costa-Prades. Milan(Les essentiels), 2005, 5€50Un petit livre clair qui, après avoir défini l'économiesolidaire, décrit en deux pages chacune des actionset chacun des organismes qui, dans ce cadre desolidarité, luttent en France comme à l'étrangercontre l'exclusion sociale

L'exclusion en FranceMadeleine Mouget-Renault (dir.), 10€

Publications de l'Ecole moderne française (PEMF),1999 (Regards sur le monde)L'engrenage de la pauvreté : des témoignages sur lemonde des exclus, leur histoire, leur lutte quotidiennecontre la misère, leurs déceptions et leurs espoirs.

Le grand livre des droits de l'enfantAlain Serres, PEF (ill.).Rue du Monde, 2000, réédition, 22€5014 dossiers très documentés et mis à jour sur lasituation des enfants dans le monde (santé, école,famille, racisme, etc.) avec des témoignages et desillustrations éloquents.

Joseph Wresinski - Non à la misèreCaroline Glorion. Actes Sud junior, 2008, 7,50 €La collection Ceux qui ont dit non, édité par Actessud junior présente des récits de vie de grandesfigures qui ont eu un jour le courage de se révolterpour faire triompher la liberté ou la justice. Complétépar un dossier documentaire et un dossier photo

17 octobre 2008 – Journée mondiale du refus de la misère – Dossier pédagogique pour les collèges, lycées et associations -43/44

La pauvreté : combattre l'inacceptableClaude Faber. Milan, 2004 (Les Essentiels Junior), 6€

Ce documentaire de 40 pages en couleurs proposeune approche claire et bien documentée desdimensions historiques, sociales et humaines de lapauvreté ainsi que des actions menées par lespouvoirs publics et par les associations pourcombattre ce fléau.

Viens chez moi, j'habite dehorsElsie, Jalan, 2004, 24€

Elsie dessine les sans-abri qui se retrouvent à « LaMoquette », un lieu d'accueil et d'échange au coeurde Paris, ouvert à tous.

Vidéos

Ça commence aujourd'huiBertrand tavernier, 1999, 114 minutes.Daniel, directeur d'une école maternelle près deValenciennes, est confronté à la misère des familles,aux carences des aides sociales et continue malgrétout d'enseigner la joie et l'espoir à ses petits élèves.

Geneviève de Gaulle-Anthonioz - Le chemin del'EspéranceUn film de Claire Jeanteur, 2007 - 26 mnCe documentaire nous offre un portrait sensible deGeneviève de Gaulle-Anthonioz. Membres d'ATD etcompagnes de déportation témoignent ici de sonengagement indéfectible contre « la destruction dece qui constitue un être humain : sa dignité. »

Le Grand MalentenduFilm de Dominique Delattre Production la Cathode,CNC, documentaire de 52 mnAbsentéisme, échec scolaire, violence. Pourquoil'école d'un côté, les parents de l'autre s'en rejettentla responsabilité ? Trois établissements, suivis pendantun an, ont vécu et surmonté ces difficultés

Joseph Wresinski - 50 ans de combat contre lamisèreCaroline Glorion et Gérard Lemoine, 2007, 52 mnCe documentaire, diffusé sur France Télévision les 16et 17 octobre derniers, a fait découvrir au grandpublic le parcours du Père Joseph et, plus largement,l'histoire d'ATD Quart Monde.

Lady BirdKen Loach, 1994, 102 mnMaggie a eu quatre enfants de quatre pères différents.Comment reconstruire sa vie lorsqu'on est entre lesmains de l'administration et des services sociaux, en1994 en Grande Bretagne ?

Quand des voix se rencontrentCaroline Glorion, 21 mn, 15€, Editions Quart MondeUn samedi par mois, quarante personnes avec desréalités de vie bien différentes se retrouvent autourd'un chef de choeur et d'une pianiste pour chanterensemble. Au fil des années, les participants ont demoins en moins peur de ne pas y arriver. Le regardchange sur soi et les autres..

Enseignants

Revues Quart MondeElles abordent des questions de société telles que lesvivent ceux que la misère fait taire, ceux qui, à leurscôtés, cherchent à comprendre et agir, ceux quiveulent porter ces questions au coeur de leurprofession et de leurs recherches.155 : Élèves aujourd'hui, citoyens demain,183 : Le 17 octobre, un pacte pour l'avenir185 : Apprendre : le désir et le droit193 : La prison, au-delà des murs194 : Parcours d'engagements195 : Vivre en sécurité196 : Vieillir197 : Habiter avec les autres ?198 : Littérature et misère : quelles rencontres ?199 : Forger la mémoire d'un avenir commun200 : Le refus de la misère a-t-il pris corps ?201 : Le travail décent : un droit ?202 : le 17 octobre, pour vivre ensemble demain203 : Etre connu et reconnu204 : Héritages. L'actualité de Joseph Wresinski205-206 : Droits de l'homme : « Nous avons trouvéun chemin... »Pour en savoir plus : www.revuequartmonde.org

Le croisement des pratiques : Quand le QuartMonde et les professionnels se forment ensembleEditions Quart Monde, 2002, 11€

Comment concilier les logiques institutionnelles etcelles de la personne ? Comment améliorer la relationentre professionnels et personnes en situation depauvreté ?L'école devant la grande pauvreté : changer deregard sur le quart monde.Claude Pair, Hachette, 1998, 21€80Le partenariat entre l'école et les familles pauvres estla seule voie possible pour la réussite scolaire de leursenfants, mais il est encore largement à inventer.La misère hors la loiPaul Bouchet, Textuel, 2000, 18€50Une conversation avec l'ancien président d'Atd QuartMonde qui explique comment la misère est lanouvelle limite de la démocratie.Les pauvres et leur histoire : de Jean Valjean àl'abbé PierrePierre Pierrard, le Centurion, 2005, 23€

A travers des portraits des humbles et des anonymes,l'auteur écrit une autre histoire de la pauvreté : plushumaine et plus juste, plus près des réalités.Ecole, demandez le programmePhilippe Meirieu, le café pédagogique, 2006, 12,50€

L'auteur nous partage ses questions sur l'avenir del'école : Cinq chantiers sont définis : la maîtrise de lalangue, identifier et enseigner ce que nul ne peutignorer, éviter l'orientation par l'échec dans les voiesprofessionnelles, retrouver la confiance dans l'écolede la républiqu.e... On retiendra ses questions sur lespièges du « socle commun des connaissances et decompétences », la suppression des ZEP (zonesd'éducation prioritaires), la diversification du collègesans briser l'hétérogénéité de son recrutement,l'ouverture de l'école aux parents, l'obligation derésultats liée à la liberté pédagogique pour lesenseignants...

© Mouvement ATD Quart Monde - année 2008-2009