1991-2011 UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE

42
20 ans 1991-2011 UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE

Transcript of 1991-2011 UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE

20ans1991-2011

UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE

UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE - 20 ANS 03

ans201991-2011

UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE

UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE - 20 ANS04

éditeur UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE33 boulevard du Port

95011 Cergy-Pontoise cedex

Tél. : 01 34 25 60 00

www.u-cergy.fr

SERVICE COMMUNICATION

Directrice : FLORENCE BROUILLAUDFRANCE ROBARDET CHALARD, AMÉLIE BAILLEAU

création logo “20 ans” STÉPHANE RÉBILLON

textes & interviews VINCENT REA

crédit photos UCP, LIONEL PAGÈS, RODOLPHE ESCHER,MUSÉE DU LOUVREPortraits des présidents :

NATHALIE BAETENS

conception réalisation WWW.AGENCEBEAUREPAIRE.COM

direction artistique MARCO DORDEVIC

impression SNEL

parution

DÉCEMBRE 2011

remerciements

Pour Bernard Raoult, « la création d’une université nouvelle à Cergy-Pontoise fut une véritable aventure humaine. Les pionniers, notamment, ont fait preuve d’un dévouement et d’une audace admirables dans toutes les disciplines : je pense aux professeurs Hung The Diep en physique, Frizon de Lamotte en sciences de la Terre, Sylvain Jugé en chimie, François Gaudu et Raymonde Vatinet en droit, Alain Trannoy et Robert Gary-Bobo en économie, Bernard Mouralis et Jean Pruvost en lettres, Thierry Coulhon en mathématiques, et bien d’autres, qu’ils aient été professeurs, maîtres de conférences ou PRAG comme Thierry Beley en génie électrique, Alain Guyon en physique, Claude Cardonna en chimie, ou bien encore secrétaires ou techniciens. Que ceux que je n’ai pas cités de mémoire me pardonnent… Je voudrais aussi mentionner la directrice de la bibliothèque Marie-Françoise Massal et les secrétaires généraux, Marlène Celermajer et Jean-Pierre Guyet. Celui-ci en particulier fut un collaborateur de très haut niveau et d’une grande efficacité, avec lequel j’ai eu un réel plaisir à faire équipe, ainsi qu’avec l'agent comptable, Pierre Dumaz. L’université de Cergy-Pontoise doit beaucoup à chacun d’entre eux. »

Cet ouvrage est dédié à tous les personnels, enseignants et administratifs, qui ont travaillé et travaillent à l’université de Cergy-Pontoise ainsi qu’à tous ses étudiants d’hier, d’aujourd’hui et de demain.

UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE - 20 ANS 05

Armand Frémont RECtEUR DE L’ACADÉMIE DE VERSAILLES DE 1991 à 1998PRÉSIDENt DU CONSEIL D’ORIENtAtION DE L’UCP DE 2005 à 2009

Avant-propos

1991… Le nombre des étudiants à l’entrée des universités ne

cesse de croître. L’enseignement supérieur se démocratise : il faut

faire face. Le gouvernement décide alors de créer sept universités

nouvelles dont quatre en Île-de-France. Le choix se porte sur les villes

nouvelles. Ainsi est créée l’université de Cergy-Pontoise. Vingt ans

plus tard, elle est devenue une université riche de 15 000 étudiants,

appréciée pour son dynamisme et son sens de l’innovation.

Elle doit sa réussite à une convergence rare, l’appui jamais

démenti des collectivités territoriales : région, département, ville

nouvelle puis communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise.

Quatre présidents respectés, Bernard Raoult, René Lasserre,

Thierry Coulhon, Françoise Moulin Civil - deux scientifiques et deux

littéraires, sans fausse querelle de disciplines. Un corps enseignant

jeune, des administrateurs de la même veine… Des étudiants

appartenant à un double bassin de recrutement, très large pour les

filières professionnalisées, plus local, voire départemental, pour les

autres… Enfin, des campus bien intégrés dans la ville. L’université de

Cergy-Pontoise a répondu aux attentes de renouvellement placées

en elle. Elle devrait maintenant assurer son autonomie, élargir ses

collaborations et aller plus loin encore.

—Une université riche de 15 000 étudiants, appréciée pour son dynamisme et son sens de l’innovation.—

UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE - 20 ANS6

UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE - 20 ANS 7

UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE - 20 ANS8

UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE - 20 ANS 9

UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE - 20 ANS10

UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE - 20 ANS 11

UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE - 20 ANS12

Les différents sites de l'université de Cergy-Pontoise

Les Chênes

CERGY (95)enseignement Droit, économie et gestion, langues, lettres et sciences humainesmise en service

Tour des Chênes : 1991Les Chênes 1 : 1993Les Chênes 2 : 2001architecte Michel Rémonshon en m2 36 279étudiants (2010-2011) 6 567

Saint-Martin

PONTOISE (95)enseignement Sciences et techniques, économie et gestion, IUT, IPAGmise en service 1994architecte G. Autranshon en m2 16 656étudiants (2010-2011) 2 979

Neuville

NEUVILLE-SUR-OISE (95)enseignement Sciences et techniques, IUTmise en service 1996 à 1999architectes Henri & Bruno GaudinR. CostantiniMichel W. Kaganshon en m2 18 039étudiants (2010-2011) 1 863

Saint- ChristopheCERGY (95)enseignement Langues, IUTmise en service 1992architecte J.-M. Charpentiershon en m2 6 773étudiants (2010-2011) 501

Les Cerclades

CERGY (95)mise en service 1999architecte Ribouletshon en m2 7 199à noter Bibliothèque universitaire dont les collections sont réparties sur cinq étages. Salle de lecture de 700 places.

Cergy (IUFM)

CERGY (95)enseignement Métiers de l’éducation et de la formationintégration à l’ucp 2007shon en m2 12 324étudiants (2010-2011) 553

UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE - 20 ANS 13

Sarcelles

SARCELLES (95)enseignement IUTmise en service 1996architecte KLNshon en m2 6 996étudiants (2010-2011) 438

Argenteuil

ARGENTEUIL (95)enseignement IUTmise en service 1993architecte P. Lombardshon en m2 3 163étudiants (2010-2011) 248

Saint-Germain (IUFM)SAINT-GERMAIN- EN-LAYE (78)enseignement Métiers de l’éducation et de la formationintégration à l’ucp 2007shon en m2 14 891étudiants (2010-2011) 301

Gennevilliers

GENEVILLIERS (92)enseignement Métiers de l’éducation et de la formation, sciences et techniquesmise en service 2009architecte Jacques Ripaultshon en m2 13 505étudiants (2010-2011) 226

Antony (IUFM)

ANTONY (92)enseignement Métiers de l’éducation et de la formationintégration à l’ucp 2007shon en m2 23 196étudiants (2010-2011) 679

Étiolles (IUFM)

ÉTIOLLES (91)enseignement Métiers de l’éducation et de la formationintégration à l’ucp 2007shon en m2 19 644étudiants (2010-2011) 242

UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE - 20 ANS14

UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE - 20 ANS 15

réer quatre univer-sités dans les villes nouvelles de la région parisienne représen-tait un défi de taille. Il était question de répondre à l’afflux nouveau d’étudiants et de désengorger

Paris, conformément au plan Universités 2000, tout en participant à l’aménagement du territoire. On a demandé aux “historiques” de prendre en charge ces jeunes pousses. À Paris X et Paris XI revenait la responsabilité de la future université de Cergy-Pontoise (UCP). Cergy abritait déjà un département de génie civil dépendant de l’IUT de Ville-d’Avray, lui-même rattaché à Nan-terre. Un département de génie électrique lui fut adjoint quelques années plus tard, signant la naissance de l’IUT de Cergy-Pontoise, ins-tallé en 1991 dans la toute nouvelle Tour des Chênes. Cette même année, Paris X ouvrait une antenne de langues dans des locaux prê-tés par le conseil général. Plusieurs centaines d’étudiants se croisaient donc déjà autour d’un embryon universitaire qui était encore bien loin de ressembler à une université.

Répondant à l’appel de Jack Robert, pré-sident de l’université Paris XI, Bernard Raoult, enseignant-chercheur en physique à Orsay, se porte alors candidat pour étudier la viabilité de

l’opération. Des terrains ont été réservés et l’envi-ronnement semble propice, avec de nombreuses entreprises et quelques écoles supérieures de grande qualité comme l’ESSEC et l’ENSEA. L’at-tente des industriels locaux apparaît bien réelle et les collectivités locales se montrent particu-lièrement disposées à collaborer, conscientes de l’importance que représente une université pour le développement et le statut de l’agglomé-ration, préfecture du Val-d’Oise. Bernard Raoult donne donc un avis positif. Quelques semaines plus tard, il démarre avec deux autres collègues d’Orsay, Françoise Piquard, mathématicienne, et Pierre Figuière, chimiste, un pôle scientifique qui compte à peine une centaine d’étudiants – toujours inscrits à Orsay – en cette année 1989. Les travaux pratiques (TP) se déroulent dans les locaux de l’IUT et de l’ENSEA. Les filières langues, droit et économie sont alimentées, elles, par Nanterre. Des cours de droit sont donnés dans la salle des fêtes de Saint-Ouen-l’Aumône. Avant que la municipalité de Cergy propose comme amphi… une salle de cinéma située sous la pré-fecture. « C’est bien, lance alors Bernard Raoult, on a des étudiants, mais on n’a pas de profs, ni d’argent, ni de locaux. Allez on y va ! ».

Pour l’équipe de pionniers venue de Paris X et Paris XI, les deux années qui suivent vont être consacrées, presque nuit et jour, à monter de toutes pièces la future UCP. Et l’on retrousse ses manches sans barguigner. Le conseil général et

CHAPItRE 1

préhistoire & premiers défis(1989-1996)

C

UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE - 20 ANS16

UN ARCHI DANS LA VILLE

Spécialiste de la conception d’édifices publics – on

lui doit notamment l’ENSAM de Metz – l’architecte

Michel Rémon a imaginé et mis en scène le site des

Chênes… ce qui lui a valu, en 1994, une nomination

au prestigieux prix de l’Équerre d’Argent. Son idée

était de faire rayonner l’université sur la ville nouvelle

de Cergy. La passerelle qui mène au parvis constitue

“l’origine du regard” vers ce grand vaisseau des

Chênes 1, à l’angle des boulevards de l’Oise et du

Port. La pureté des lignes et l’emprise des ouvertures

confèrent toute son élégance à ce bâtiment devenu

emblématique de l’agglomération.

UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE - 20 ANS 17

le Syndicat d’agglomération nouvelle (SAN) sont des partenaires incomparables, notamment leurs présidents respectifs, Jean-Philippe Lachenaud et Alain Richard.

Disposant d’un personnel administratif et technique réduit au strict minimum, les ensei-gnants sont au four et au moulin. Ils doivent notamment enregistrer eux-mêmes les inscrip-tions de leurs étudiants… qui sont parfois obligés d’attendre des heures avant d’obtenir le précieux coup de tampon. « On faisait nous-mêmes notre secrétariat » sourit René Lasserre, qui rejoint ce joyeux chantier en 1994. « Tout le monde trouvait l’aventure exaltante, reprend Bernard Raoult. Et pour tout dire… assez amusante. L’ambiance était extraordinaire ; l’intérêt général passait avant tout le reste ».

La perspective d’avoir bientôt plus de postes, plus de place et de beaux locaux entre-tient chez tout le monde un enthousiasme inédit. De grands espaces pour les cours ! Des salles de TP aux paillasses immaculées ! Du matériel tout neuf et adapté ! « Cela me rappelait mon pas-sage de la Sorbonne à Orsay, trente ans plus tôt » confie aujourd’hui Bernard Raoult. « Pendant les premières années, on montait les meubles en même temps que les formations… » reprend en écho René Lasserre. Des PRAG, professeurs agré-gés détachés du secondaire, sont recrutés, une nouveauté au regard de “l’ancien système” qui ne créait que des postes d’enseignants-chercheurs. Mais monter des laboratoires de recherche en même temps que les filières d’enseignement

reste une préoccupation constante et fondamen-tale de cette jeune université.

La montée en puissance est extrêmement rapide, alimentée par l’explosion du nombre d’étudiants, caractéristique du début des années 90. À la rentrée 1991, ils sont déjà plus de 2 000, éparpillés sur la ville nouvelle, pour une soixantaine d’enseignants-chercheurs, moitié pôle scientifique, moitié pôle sciences humaines. C’est cette même année 1991 qu’est signé le décret officiel de création de l’université de Cergy-Pontoise.

Mais qui, de Nanterre ou d’Orsay, aurait le leadership ? Laquelle des deux “marraines” allait prendre l’ascendant ? Un premier administrateur provisoire, Jean-Pierre Raoult - aucun lien de parenté avec Bernard Raoult – est nommé par le ministère. Puis le directeur de l’ENSEA, Jean-Paul Watteau, lui succède… avant d’être nommé rec-teur de l’académie de Grenoble à la rentrée 1992. C’est donc finalement le “directeur du pôle scien-tifique” qui reprend les commandes. Bernard Raoult est nommé par Jack Lang, alors ministre de l’Éducation nationale, en décembre 1992. « Les moyens déployés étaient considérables, rappelle-t-il. Dans le cadre du plan Universités 2000, l’État et les collectivités locales ont investi, à part égale, près d’un milliard et demi de francs (200 millions d’euros) dans les seules construc-tions. Dès 1993, nous disposions d’un schéma directeur, que j’avais élaboré en liaison avec nos partenaires, et d’un échéancier. » Un comité de suivi se réunit tous les mois et demi environ, ce qui permet de faire sauter rapidement les blocages éventuels concernant les constructions. Piloté par le préfet du Val-d’Oise, il est composé de tous les acteurs territoriaux : les présidents Lachenaud et Richard, la maire de Cergy, Isabelle Massin, la directrice de l’Établissement public d’amé-nagement, Anne-Marie Idrac, un représentant du recteur Armand Frémont, l’administrateur de l’université et quelques collaborateurs. « Ce comité informel a joué un rôle décisif pour la réussite du

L’ambiance était extraordinaire ; l’intérêt général passait avant tout le reste.

Le 27 octobre

1993, François

Fillon, alors

ministre de

l’Enseignement

supérieur,

inaugure le site

des Chênes.

UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE - 20 ANS18

DICOS D’HIER ET D’AUJOURD’HUI

C’est en 1994 que s’est

tenue la première Journée

des dictionnaires, initiée

par le laboratoire LDI et

son éminent directeur

Jean Pruvost. Colloque

international gratuit

ponctué de tables rondes et

d’expositions, cette rencontre

du verbe et de l’esprit attire

chaque année plusieurs

centaines de passionnés.

Les thèmes changent

à chaque édition et les

conférences y sont données

par des spécialistes de

renommée internationale

ou des invités de marque.

On a pu notamment y

entendre le linguiste

Alain Rey, l’écrivain

Denis Tillinac ou encore

Hélène Carrère d’Encausse

de l’Académie Française.

développement de l’université » affirme Bernard Raoult. Dans le même temps, l’université obtient la maîtrise d’ouvrage sur certaines construc-tions, et cela aussi, c’est une grande innovation à l’époque. « Nous avons dû acquérir des compé-tences nouvelles, confie encore Bernard Raoult. Nous nous sommes faits aider par une filiale de la Caisse des Dépôts et Consignations, la SCET, et nous avons formé notre propre équipe. » Pour chaque programme, chaque bâtiment, les futurs utilisateurs sont invités à se prononcer. Les architectes s’étonnent d’abord, puis apprécient d’avoir face à eux des interlocuteurs capables de débattre passionnément autour des plans.

Livré à la fin de l’année 1992, le site des Chênes est inauguré le 27 octobre 1993 par un tout jeune ministre de l’Enseignement supé-rieur : François Fillon. Il semble presque timide lors de sa rencontre en amphi avec les étu-diants, mais dialogue longuement avec eux, aux côtés de Bernard Raoult. Imaginé par l’architecte Michel Rémon, le site des Chênes – comme on le dira plus tard – devient alors le vrai cœur de l’université de Cergy-Pontoise. Rares sont ceux qui savent encore que le site avait autrefois été réservé pour accueillir la gare de l’hypothétique

et révolutionnaire aérotrain. Le site de Neuville ouvre plus discrètement ses portes la même an-née. Une grande bagarre éclatera d’ailleurs pour savoir laquelle des deux gares – Cergy ou Neuville – aura l’insigne honneur d’accoler “Université” à son nom. Ce sera Neuville-Université, inaugurée en 1994. Un an avant Saint-Martin 1, qui rece-vra pour l’occasion la visite de François Bayrou, alors ministre de tutelle. Il y prononcera son “dis-cours de Cergy-Pontoise”, point de départ de sa réforme du premier cycle contre l’échec scolaire.

En quatre ans, l'effectif étudiant passe de 3 728 à la rentrée 1992 à 10 001 à la rentrée 1996 ! « Dans un contexte de croissance si rapide, ce qui fut le plus éprouvant au cours de mes sept années à la tête de l’UCP, avoue Bernard Raoult, ce fut la bagarre permanente avec le ministère de tutelle pour arracher la création d’emplois d’enseignants-chercheurs et de personnels administratifs et techniques, en nombre suffisant – certes il en fallait beaucoup ! Mais l’objectif fut rarement atteint, en dépit du soutien attentif du Directeur Général de l’Enseignement supérieur, Christian Forestier, sous le ministère de François Bayrou, puis de Francine Demichel sous celui de Claude Allègre. »

Le site de Saint-

Martin à Pontoise

s’est construit

en deux temps :

Saint-Martin 1

fut inauguré par

François Bayrou

(photo) en 1995.

Et c’est Gilles

de Robien qui

inaugurera

Saint-Martin 2

en 2006.

UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE - 20 ANS 19

En même temps que les bâtiments sortent de terre, l’université se construit de l’intérieur. Bernard Raoult s’attache à élaborer une gouvernance efficace. « Le décret de 1991, s’amuse-t-il aujourd’hui, revêtait un grand mérite : il n’y avait pas grand-chose dedans, ce qui laissait beaucoup de latitude ! Issu de la loi Savary de 1984, il créait un cadre assez simple : un établissement, deux pôles, des départements… Et à la tête de tout cela, un administrateur provisoire et un conseil composé d’universitaires mais aussi de représentants des collectivités territoriales et du milieu économique. On s’est organisé très librement. » Au cours de la période de régime dérogatoire, Bernard Raoult crée une commission des statuts. « Il y avait souvent à l’époque un vrai problème de gouvernance dans les universités françaises, reprend-il. La loi de 1984 avait regroupé des facultés, créant des établissements dirigés par un président élu par les trois conseils, mais qui n’avait pas toujours beaucoup de pouvoir, compte tenu des équilibres en jeu. Quant aux vice-présidents, ils étaient élus par chacun des trois conseils, sans lien particulier avec le président, d’où le risque de tensions, voire d’opposition… »

La bibliothèque

des Chênes

peut accueillir

270 lecteurs dans

un cadre propice

à l’étude.

En quatre ans, l'effectif étudiant passe de 3 728 à la rentrée 1992 à 10 001 à la rentrée 1996 !

UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE - 20 ANS20

Le site de Neuville

a été construit

en trois phases,

de 1996 à 1999.

Il abrite l’IUT,

une partie de

l’UFR sciences

et techniques et

des laboratoires

de recherche.

Sa bibliothèque

(photo en bas

à droite)

peut accueillir

204 lecteurs.

UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE - 20 ANS 21

Bernard Raoult prend alors son temps. Il étudie méthodiquement une quarantaine de statuts d’universités, s’inspirant en particulier des statuts de l’université de Saint-Étienne. « J’ai parfois pioché dans des choses qui existaient, rappelle-t-il, et surtout beaucoup discuté avec des collègues présidents à la CPU, la Conférence des présidents d’université, où les administrateurs des universités nouvelles avaient été accueillis. Rien dans la loi de 1984 n’empêchait que les vice-présidents soient proposés par le président ou l’administrateur provisoire, au vote de leur conseil respectif ». Cela lui permet au contraire de créer une équipe solidaire, capable de mettre en musique une politique cohérente. On retrouve d’ailleurs exactement cette disposition dans la récente loi LRU : une dizaine d’années plus tard, l’idée avait mûri…

Garant d’efficacité et de réactivité, le bureau apparaît comme le pivot de cette gouvernance nouvelle. À Cergy-Pontoise, il se compose du président et des trois vice-présidents des conseils, ainsi que de quatre autres “VP” élus par le conseil d’administration, eux aussi sur proposition du président. L’un d’entre eux est d’ailleurs représentant des étudiants… qu’il faut mettre – selon l’expression consacrée plus tard – “au centre du dispositif ”. Ce bureau se réunit chaque semaine et le secrétaire général, comme l’agent comptable et la directrice de la bibliothèque y participent.

Pour Bernard Raoult, le dialogue, la res-ponsabilisation des personnels et l’intérêt général doivent impérativement l’emporter sur les que-relles partisanes. Dès 1992, grâce à la souplesse du décret de création, il met en place un comité scientifique, où l’ensemble des disciplines est représenté. « Lors des toutes premières réu-nions, sourit-il, des gens qui n’avaient jamais discuté ensemble se retrouvaient face-à-face : des juristes, des scientifiques, des littéraires… Anticipant le futur conseil scientifique, ce comité fut un lieu d’échange incroyable, sur les méthodes

d’évaluation de la recherche et les valeurs des uns et des autres ». Poussant toujours plus loin sa logique de dialogue, de responsabilisation et de transparence, Bernard Raoult introduit dans les nouveaux statuts un conseil des directeurs de composantes, une instance de concertation rassemblant autour des membres du bureau les directeurs d’UFR et d’instituts (IUT, IPAG), afin, là encore, de s’informer mutuellement et d’éviter d’éventuelles querelles. Car chacun a une ten-dance naturelle à défendre son pré carré !

Enfin, deux à trois fois par an se tient un conseil d’orientation, destiné à réfléchir aux grandes lignes à un horizon de quinze ou vingt ans. Il est alors présidé par Pierre Aigrain, ancien ministre et physicien de stature internationale. Ce conseil consultatif, déjà prévu dans le décret de création des universités nouvelles avec une forte participation de membres extérieurs à l’université, a un droit de regard sur le budget et assure une vision stratégique sur les grands enjeux de développement. Disposant d’un appareillage de direction aussi performant, l’UCP est désormais parfaitement équipée pour affronter les grands défis qui l’attendent. Elle peut également compter sur des équipes jeunes et dynamiques. En 1996, ses personnels, enseignants et administratifs, ont en moyenne entre trente et quarante cinq ans. Un professeur de mathématiques a même été recruté à 27 ans !

La pluridisciplinarité apparaît dès les débuts comme un axe prioritaire. À la rentrée 1996, fin du régime dérogatoire,

l’UCP est composée de cinq UFR et de deux Instituts qui proposent déjà 100 diplômes des trois cycles, dans des filières classiques et professionnalisées. La professionnalisation s’inscrit en effet elle aussi au tableau des priorités des universités nouvelles. Car dans un contexte de crise, avec un chômage en augmentation constante, l’université ne doit plus seulement délivrer du savoir, mais former à un métier, ce qui implique un élargissement de sa mission. « La création de trois IUP, instituts universitaires professionnalisés, en génie civil, génie électrique et finances, à l’initiative de Claude Allègre, alors conseiller spécial de Lionel Jospin, fut à cet égard une excellente réponse. Malheureusement elle ne survécut pas à la mise en place du LMD – licence, master, doctorat – quelques années plus tard, dans le cadre de l’harmonisation universitaire européenne. »

Créer une équipe solidaire, capable de mettre en musique une politique cohérente.

UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE - 20 ANS22

UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE - 20 ANS 23

CHAPItRE 2

un pari sur l’avenir (1997-2004)

n cette rentrée de 1997, on peut dire que le contrat est rempli et que les fondations se ré-vèlent solides. Voilà déjà un an que le régime dérogatoire s’est effacé au pro-

fit d’un statut de droit commun. L’UCP compte 10 000 étudiants répartis dans cinq UFR et deux instituts, une large palette de formations, quinze équipes de recherche reconnues dont cinq label-lisées par le CNRS, une implantation multi-sites qui participe pleinement à la structuration de la ville nouvelle, des locaux neufs et originaux, un soutien sans faille des collectivités locales, conseil général et Syndicat d’agglomération nouvelle en tête. Tout n’était pas joué d’avance, loin de là. Financièrement, par exemple. « René Lasserre s’est beaucoup battu sur la question des moyens, reconnaît Thierry Coulhon. Il y a un moment où nous avons failli être étouffés ». Comme le précise Bernard Raoult : « En 1996, la dotation du ministère a augmenté d’un coup de 50 % et les emplois administratifs et tech-niques d’un tiers… ce qui montre bien l’ampleur des difficultés dans lesquelles nous nous débat-tions jusque-là ! ». Il a d’ailleurs parfois fallu faire preuve d’inventivité. « Les programmes de construction immobilière battaient leur plein, heureusement, poursuit-il avec un clin d’œil, et

les crédits consentis à cet effet étaient placés, apportant un complément de trésorerie ! » Men-tion spéciale à l’agent comptable de l’époque, Pierre Dumaz… un ancien du Trésor.

« Nos objectifs premiers étaient atteints, résume aujourd’hui René Lasserre, mais nous risquions la stagnation ». En effet, après le boom des années 90, la démographie estudiantine marque le pas et le nombre d’étudiants en forma-tion initiale semble même s’orienter à la baisse. Le risque pour l’UCP, c’est de voir ses ressources traditionnelles suivre le mouvement et subir une concurrence accrue d’autres établissements. Comment sortir de cette crise de croissance et relancer la machine ?

« Nous nous sommes faits les champions de la professionnalisation, rappelle René Lasserre. On a ouvert des filières pro dans toutes les dis-ciplines, avec un doublement du nombre de

ENous nous sommes faits les champions de la professionnalisation. On a ouvert des filières pro dans toutes les disciplines.

UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE - 20 ANS24

DESS et la création d’une dizaine de licences professionnelles pour prolonger les DUT et assu-rer des débouchés ». La recette est la bonne : Cergy-Pontoise enregistre une hausse de 1 250 étudiants sur les quatre années qui suivent. Et en 2000, un diplôme sur trois est professionnalisé. En outre, le contrat quadriennal 1998-2001 crée trois nouveaux seconds cycles en histoire, infor-matique et sciences de la Terre. Dans le milieu universitaire francilien, on se félicite de cette réussite, même si certains auraient préféré que les “jeunes pousses” s’en tiennent à un rôle de collège universitaire de qualité préparant de brillants élèves récupérés intra-muros pour les 2e et 3e cycles.

Mais au-delà d’une simple motivation comptable, l’équipe dirigeante de Cergy-Pontoise fait preuve d’un réel souci du suivi des conditions d’insertion des étudiants à leur arrivée sur le mar-ché du travail. « Nous avons aussi commencé à développer l’alternance, reprend René Lasserre,

en liaison avec la Chambre de Commerce et d’Industrie Val-d’Oise – Yvelines, ainsi que de grandes entreprises comme la RATP, la SNCF ou la Poste ». En 2004, toutes les filières, sans exception, proposent des formations à finalité professionnelle, soit sous forme de licences pro, soit de DESS. En parallèle, la formation continue est également mise à l’honneur avec une ouver-ture systématique aux salariés et une politique de validation des acquis professionnels.

La diversification entraîne donc un redé-marrage des effectifs, d’autant qu’au niveau du 3e cycle, la sectorisation disparaît et le recrutement devient national. « Pour devenir

Nous avons aussi commencé à développer l’alternance.

UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE - 20 ANS 25

une université de plein exercice, explique René Lasserre, il fallait impérativement développer la recherche. C’était là le grand enjeu. » Les structures mises en place par Bernard Raoult commencent à porter leurs fruits. Le volet recherche du contrat quadriennal permet de consolider les équipes et de promouvoir les meilleures en accroissant leurs moyens, tou-jours avec l’appui des collectivités territoriales. Les dotations annuelles augmentent de plus de 50 %. Sous la présidence de René Lasserre, le budget recherche s’envole : +67 % ! C’est le nerf de la guerre. C’est sur la recherche que se fonde la réputation d’une université. C’est elle seule qui permet d’attirer et de garder les meilleurs professeurs, et de passer à la vitesse supérieure. La reconnaissance par le CNRS, par exemple, est un label de qualité et en principe une source de financement… même si celui-ci se montre bien peu coopératif ; seules quelques rares UMR sont labellisées en sciences et en éco-nomie. « On aurait souhaité un meilleur soutien financier, regrette Bernard Raoult. Ils nous ont envoyé trop peu de techniciens, d’ingénieurs et de

chercheurs… » Toutefois, la loi de 1999 sur l’inno-vation arrive à point nommé. Elle entend valoriser la recherche par l’amélioration du transfert de technologie vers les entreprises et le dévelop- pement d’entreprises innovantes. Un coup de fouet pour Cergy-Pontoise qui resserre toujours plus ses liens avec le monde économique.

Une université en mouvement, puisqu’en 1997, le génie électrique est parti à Neuville pour compléter le pôle technologique. L’année précédente, le département “techniques de commercialisation” avait rejoint Sarcelles afin de désengorger le site de Saint-Christophe. L’adoption du système Apogée permet l’optimisation du service des inscriptions et de délivrance des diplômes… et le minitel vit ses dernières heures. Les services centraux déménagent et s’installent dans la Tour des Chênes, avec deux nouvelles divisions : “Ressources humaines et logistique” et “Vie de l’étudiant”. C’est aussi le premier gala de l’UCP, le 22 novembre, dans la halle Saint-Martin de Pontoise.

10 ANS DÉJÀ

En 2001, l’UCP a fêté ses

10 ans d’existence en

organisant une semaine de

rencontres institutionnelles

et de moments conviviaux

pour fédérer étudiants

et personnels. Une

manifestation regroupant

les quatre universités

nouvelles d’Île-de-France

se déroulait au Palais de

la Découverte, à Paris, en

présence de Jack Lang,

ministre de l'Éducation

nationale.

Matériaux,

intelligence

embarquée,

modélisation

mathématique,

économique et

management, culture

et transmission

des savoirs, droit et

études politiques :

tels sont les grands

axes de recherche

développés par les

22 laboratoires de

l’UCP dont 8 associés

au CNRS.

UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE - 20 ANS26

Deux ans plus tard, en octobre 1999, a lieu la première édition des Doctoriales, dont l’objectif est de favoriser la mise en place de séminaires de formation pour une meilleure insertion professionnelle des docteurs. Entre-temps, le professeur de physique Bernard Raoult a passé le témoin à son vice-président et collègue René Lasserre, professeur de langues et littératures allemandes, une alternance disciplinaire qui continuera, soulignant la diversité permanente des équipes de direction.

Le 9 novembre, l’université décerne son premier doctorat Honoris Causa à Jacques Drèze, professeur de sciences économiques à Louvain (Belgique). Et la très attendue bibliothèque des Cerclades, financée par la région Île-de-France, voit enfin le jour quelques semaines plus tard en plein centre-ville. L’informatique devient un langage naturel pour Cergy-Pontoise qui utilise très vite la fibre optique pour relier l’ensemble de ses sites. La mise à disposition des documents, et les consultations à distance entrent dans les mœurs estudiantines. Et les nouvelles technologies s’immiscent dans les formations. Une initiation aux outils des NTIC est dispensée aux étudiants en DEUG 1 de sciences et techniques. C’est l’IDST – pour Informatique et Documentation Scientifique et Technique.

« On recommençait à se sentir à l’étroit ! » souligne René Lasserre, qui monte un projet de master financier avec l’université de Californie, lance des ponts vers l’Asie, développe les échanges Erasmus, l’accueil des étudiants étrangers… et initie une conférence des directeurs des établissements supérieurs de Cergy-Pontoise, préfiguration d’un PRES, avec une dizaine d’écoles des environs dont l’ESSEC. Autant d’établissements intéressés par la mutualisation informatique offerte par le nouveau réseau Haut Débit PACRRET, imaginé à Cergy dès 1996 et officiellement mis en service en juin 2005. Et le programme de construction se poursuit. Les grands pôles étant déjà achevés,

UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE - 20 ANS 27

on se lance dans les “deuxièmes tranches”. Signé Michel Rémon, les Chênes 2 regroupe en 2001 l’ensemble des sciences humaines sur 4 500 m2, dont un grand amphi caractérisé par une structure extérieure en forme de coquille Saint-Jacques et qui sera baptisé un peu plus tard “amphi Pierre Larousse”. Les bâtiments de Saint-Martin 2 et Neuville 3 ouvriront leurs portes trois ans plus tard.

En ce début de 21e siècle, l’UCP bénéficie – comme ses consœurs – des ambitions et des moyens du plan U3M, en l’occurrence : 328 mil-lions de francs (environ 50 millions d’euros). Cette somme contribue à la création d’une Maison de la Recherche à Neuville (8 000 m2) prévue pour accueillir dix-huit équipes. Mais elle sera aussi affectée à la réalisation de la Maison des étudiants, un chantier cher au cœur de René Lasserre, qui s’est attaché à jeter les bases d’une véritable vie étudiante dans cette université sans campus. À la fin de son mandat, à l’été 2004, l’UCP était devenue à la fois une vitrine du département et un véritable agent du

développement local. Offrant des filières de for-mation complètes dans la plupart des grands domaines du savoir, elle n’avait cessé de croître et de s’ancrer fortement dans son territoire, contribuant ainsi à faire de Cergy-Pontoise une ville universitaire à part entière. Elle venait de s’engager dans la réforme LMD en devançant le calendrier du ministère. Elle bénéficiait en cela de sa souplesse et d’avantages compétitifs comme l’originalité de son offre de formation, mais aussi d’un caractère innovant, tant dans sa gestion que dans sa gouvernance. Autant de lignes de force tirées par les pionniers.

« Notre défi consiste à préserver notre co-hésion interne, déclarait le président à l’occasion des dix ans de Cergy-Pontoise, car elle a toujours été à la base de notre succès. Cette cohésion ne se décrète pas et doit être construite tous les jours. L’enthousiasme des pionniers doit être relayé par d’autres énergies ».

La suite prouvera qu’il avait raison, et que son message avait été entendu…

UNE BU “EXTRA MUROS”

L’université de Cergy-

Pontoise compte déjà quatre

bibliothèques sur les différents

sites lorsqu’est inaugurée

la bibliothèque des Cerclades,

le 3 décembre 1999. Cet

édifice de cinq étages permet

de doubler la surface totale

consacrée à la documentation

et la capacité d’accueil des

lecteurs. Sa particularité ? Elle

est située hors de l’université,

au cœur de Cergy, à deux pas

de la préfecture : un choix

stratégique d’ouverture sur

la ville. Un soin constant est

apporté à l’enrichissement du

fond documentaire. Grâce à

une amplitude horaire de

65 heures par semaine, la BU

des Cerclades a obtenu en 2010

le label NoctamBU. Et selon

une étude de l’OVE, 85 % des

étudiants s’estiment satisfaits

de leur bibliothèque.

La BU des

Cerclades

accueille non

seulement les

étudiants et les

personnels de

l’université mais

aussi des lecteurs

extérieurs. Située

en centre-ville,

elle contribue à

faire le lien avec

Cergy.

Les Chênes 2

abrite le plus

grand amphi-

théâtre de

l’université :

l’amphi Larousse,

700 places.

UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE - 20 ANS28

UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE - 20 ANS 29

ncien vice-prési-dent de Bernard R a o u l t , T h i e r r y Coulhon, professeur de mathématiques, est élu à la prési-dence face à quatre autres candidats. Il choisit une logique

de continuité par rapport à son prédécesseur René Lasserre, dont il garde la plupart des vice-présidents. Si l’existence de l’université – qui est parvenue à se faire une place en vue dans le paysage national – n’est plus remise en question, Cergy-Pontoise présente encore de fortes disparités entre ses filières. Et si cer-taines, comme les mathématiques, la géologie ou les sciences économiques, connaissent déjà une formidable réussite, d’autres croulent sous les contraintes de temps et d’effectifs. “La dunette et la salle des machines”, selon la métaphore préférée de René Lasserre. « Pour avancer là-dessus, rappelle Thierry Coulhon, il fallait d’abord que chaque groupe construise une vision claire de ses forces et de ses fai-blesses ». Dans sa politique de développement, il vise les mêmes axes que ses prédécesseurs : recherche et professionnalisation, auxquels il ajoute un maître mot martelé à l’envi : excel-lence. Et c’est dans ce but qu’il s’attachera à mettre l’ensemble des personnels en ordre de bataille.

Du côté de l’expansion immobilière, la période 2004/2005 se révèle florissante : inaugu-ration de Saint-Martin 2 par le ministre Gilles de Robien, inauguration d’Argenteuil 2, extension de Sarcelles, nouvelle “tranche” à Neuville, celle - très attendue - de la Maison des étudiants et réfec-tion du bâtiment appelé le “Jardin tropical” sur le site des Chênes. L’UCP, à l’aise dans ses nouveaux atours, en profite pour quitter définitivement les locaux du Campus, prêtés par le conseil général. Les collectivités locales poursuivent leur soutien à un niveau « largement supérieur à la normale, reconnaît Thierry Coulhon. Pour accorder ses financements, le conseil général nous demandait simplement une liste de projets dûment justifiés qu’il validait presque systématiquement. Les arbi-trages n’étaient pas toujours simples, mais ils se faisaient en interne ! ».

En 2004, la réforme LMD lancée deux ans auparavant se poursuit. Et Cergy-Pontoise met en place le niveau “M” pour master, sans douleur. Face aux défis qui s’annoncent, Thierry Coulhon remet en route le conseil d’orientation, en veilleuse depuis la disparition de Pierre Aigrain. Armand Frémont, ancien recteur et géographe réputé, le préside, et des personnalités éminentes, comme des membres de l’Académie des sciences et du Collège de France, ou de grands chefs d’entreprise, acceptent d’y participer activement. L’un des projets qui mobilise les énergies est le lancement d’un pôle de recherche

CHAPItRE 3

des ambitions nouvelles (2004-2011)

A

UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE - 20 ANS30

UNE SOLIDE FONDATION Mai 2010 : la Fondation partenariale de l’UCP voit officiellement le jour !

Outre l’université, ses membres fondateurs sont Banque Populaire Rives

de Paris, Orange, Spie Batignolles et la Communauté d’agglomération

de Cergy-Pontoise. Son objectif ? Trouver des financements permettant

de réaliser des projets-clefs pour le développement de l’université. Quatre

axes majeurs : l’accueil de chercheurs de haut niveau, le développement

de l’innovation, l’accès aux savoirs pour tous et la création de chaires

d’excellence. Un an plus tard, la Fondation a déjà réuni la somme

de 2 millions d’euros.

Le site d’Argenteuil, à l’architecture très moderne, abrite deux départements de l’IUT de Cergy-Pontoise.

UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE - 20 ANS 31

et d’enseignement supérieur (PRES). L’idée est de regrouper des établissements de Cergy-Pontoise afin de construire les bases d’une coopération scientifique dynamique et fructueuse. Mais le PRES Cergy University ne rencontre pas le succès escompté. « C’était sans doute une solution à explorer, reconnaît Thierry Coulhon, qui en dresse un bilan mitigé. L’ESSEC et les autres établissements n’ont probablement pas reçu de signaux suffisamment incitatifs pour s’engager pleinement. Nous avons fait preuve de trop d’optimisme sur ce dossier ». De fait, la mise en commun de formations et de laboratoires reste en-deçà des espérances. Enfin, à cause de son statut associatif, le PRES n’a jamais été reconnu par le ministère de tutelle.

Une autre grande affaire surgit à peu près au même moment : l’intégration des IUFM. Celui de l’académie de Versailles doit rejoindre une université de rattachement. « On a fait du surplace pendant neuf mois, se souvient Thierry Coulhon. Nanterre et Orsay s’étaient lancées dans un affrontement de géants ». À qui allait revenir la mission de prendre en charge l’IUFM ? À l’été, la résolution est proche. « Bref, reprend Thierry Coulhon, je reçois un coup de fil en plein mois d’août. C’était le recteur Alain Boissinot qui m’annonçait que Cergy-Pontoise était l’heureuse élue ! Une opportunité réellement intéressante pour une université comme la nôtre de se pencher sur la question de la formation des maîtres, notamment pour des filières comme les

lettres ». Reste que l’opération sonne comme un vrai défi. Les deux univers se connaissent mal. « Le site IUFM de Cergy était à 500 mètres de mon bureau, avoue Thierry Coulhon… et je n’y avais jamais mis les pieds ! C’était une terra incognita. » De leur côté, les collègues de l’IUFM et leurs étudiants ne cachent pas leurs angoisses et certaines difficultés à admettre la réforme. « Il fallait parvenir, reprend-il, à ce que tous ces gens se sentent comme des personnels de l’UCP, tout en gardant leur identité propre. On nous avait prédit une révolution… mais les réticences ont été vite levées. J’ai rencontré des professionnels qui étaient tout simplement dans l’attente de solutions de bon sens. Une fois de plus, le dialogue a permis de surmonter la crise annoncée ».

En 2006, élu au bureau de la CPU, Thierry Coulhon doit s’absenter deux jours par semaine, « ce qui n’empêche pas la “boîte” de tourner, rappelle-t-il. J’avais mis en place une nouvelle équipe soudée et suffisamment solide pour tenir le choc dans toutes les situations ».

LA RÉUSSITE POUR TOUS

Un petit air d’Oxford…

Le 5 février 2011, quelque

900 étudiants de l’UCP

ont participé à la seconde

remise solennelle des

diplômes. Une première

édition avait eu lieu en

2009 mais, cette fois,

plus de formations ont

participé… et les juristes

avaient même passé pour

l’occasion une toge rouge

des plus seyantes ! Les

familles étaient conviées

à fêter l’événement et la

journée s’est achevée sur

un moment fort : la remise

de bourses tremplins et de

prix “égalité des chances”

à des étudiants au

parcours remarquable.

Le site de Sarcelles, proche de Paris, abrite trois départements de l’IUT. Une extension a été inaugurée en 2011.

Une nouvelle équipe soudée et suffisamment solide pour tenir le choc dans toutes les situations.

UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE - 20 ANS32

La mise en commun se veut progressive. Les statuts du PRES sont votés en septembre 2011 par les deux universités fondatrices, et, à l’exception de l’ESSEC qui réserve sa réponse, l’ensemble des partenaires du PRES Cergy University a fait le choix de se joindre au projet qui compte également quelques prestigieux acteurs comme l’Ensav pour l’architecture, l’Ensp pour le paysage ou encore l’Ensapc côté artistique. Poussé par le souffle du Grand Emprunt, UPGO met en place une réflexion autour de grands projets communs. Parmi ceux-ci figure notamment le développement du labex Patrima, un laboratoire d’excellence pluridisciplinaire noté A+ par le jury des Investissements d’avenir ! Une autre des missions assignées à ce nouveau PRES est de travailler au développement international. « Le fait de s’unir permet d’accroître notre attractivité, constate Françoise Moulin Civil.

ont été un peu tendus, confie la présidente. Mais là encore, la communauté a suivi. La jeunesse de Cergy-Pontoise et son absence de pesanteurs idéologiques ont permis de franchir ce cap que d’autres ont longtemps jugé insurmontable. « Nous avons été accompagnés par le ministère, conclut Françoise Moulin Civil… Et nous étions parfois même en avance ! D’ailleurs, nous faisions facilement des retours sur expérience, ce qui lui permettait de mettre en avant des exemples concrets de la réussite de l’opération ». L’UCP fait donc partie des dix-huit universités pionnières qui passent à l’autonomie dès le 1er janvier 2009. La même année, elle reçoit le label “Campus innovant” sur un projet scientifique et immobilier : la Maison Internationale de la Recherche (MIR) qui entend accueillir des chercheurs étrangers et regrouper l’ensemble des masters de lettres et sciences humaines et sociales.

Une dynamique est enclenchée. Françoise Moulin Civil cherche désormais un partenariat véritable et solide pour se projeter vers l’avenir avec un maximum d’atouts. Elle décide alors de se rapprocher de l’université de Versailles- Saint-Quentin (UVSQ). « Nous avons une certaine complémentarité et des choses à nous dire, estime-t-elle. On a donc pris la décision de monter un nouveau PRES ». Son nom ? UPGO pour Université Paris Grand Ouest. Un acronyme qui sonne bien à l’international : prononcer Up & Go ! Un comité de pilotage hebdomadaire est mis en place. Il est composé des directeurs de filières et de laboratoires ainsi que des représentants des services administratifs.

L’UCP… COMME SI VOUS Y ÉTIEZ

C’est une première en France !

En février 2011, l’université

de Cergy-Pontoise a organisé

un séjour pédagogique de

découverte. Univ’d’Hiver

permet à une centaine de

lycéens de découvrir le monde

universitaire pendant quatre

jours consécutifs, pris sur

les vacances de février. Pour

le chargé de mission Égalité

des chances, il s’agit de leur

donner le goût des études

universitaires, de faciliter

le passage du secondaire

au supérieur et de prévenir

l’échec en première année.

Une initiative qui devrait être

reprise dans l’hexagone !

D’ailleurs, lorsqu’il quitte Cergy-Pontoise deux ans plus tard pour rejoindre le cabinet de Valérie Pécresse, alors ministre de l’ensei-gnement supérieur et de la recherche, tout est en ordre. « Les bonnes personnes étaient à la bonne place ».

Françoise Moulin Civil, professeur de langues et littératures espagnoles, fait partie de ces bonnes personnes. Elle aussi est élue sur un programme de continuité. « J’ai fait le tour des VP, confie-t-elle, et je leur ai dit “j’y vais si vous restez”. Une perspective d’autant plus riche que se profilait une année 2009/2010 particulièrement délicate avec l’évaluation des labos, de la formation et du pilotage, mais aussi et surtout le passage à l’autonomie, le 1er janvier 2009 ». Passage qui, comme l’intégration réussie de l’IUFM, s’inscrit au nombre des grandes fiertés de l’université de Cergy-Pontoise. Il faut dire que celui-ci avait été extrêmement bien préparé. « Outre la professionnalisation, qui fait partie de notre culture, précise Françoise Moulin Civil, nous avions déjà pris en charge un certain nombre de procédures internes. Nous avions notamment renforcé l’encadrement, les services administratifs et les ressources humaines ». La présidence organise un certain nombre de réunions pour expliquer la réforme et répondre aux inquiétudes légitimes, notamment sur la gestion de la paie, puisque l’intégralité de la masse salariale allait désormais être transférée à l’université. « Les quinze derniers jours de janvier

Nous avions notamment renforcé l’encadrement, les services administratifs et les ressources humaines.

L’UCP reçoit le label “Campus innovant” sur un projet scientifique et immobilier.

UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE - 20 ANS 33

Le musée du Louvre est un des acteurs du projet de fondation des sciences du patrimoine.

On essaie de cibler un certain nombre de partenaires potentiels : en Chine, au Japon – le partenariat Val-d’Oise - Osaka est très vivace. Mais aussi en Allemagne, Russie, Ukraine, Espagne, Grande-Bretagne et sur le continent américain. Une politique de doubles diplômes est actuellement à l’œuvre ».

Si les critères du classement de Shanghai – dans lequel figure déjà l’UVSQ – semblent un peu rudes pour la présidente, nul doute que cette association permettra une meilleure visibilité. « Pour devenir réellement incontournables, lance-t-elle en riant, c’est un Nobel qu’il nous faudrait ! ». En attendant ce moment de gloire, depuis l’automne 2009, l’UCP développe des chaires en partenariat avec le CNRS afin d’attirer les chercheurs qui publient dans des revues reconnues internationalement. C’est le cas des labos THEMA (en économie), AGM (en mathématiques) ou encore ETIS (en robotique). Et Françoise Moulin Civil ne cache pas sa fierté d’avoir eu, cette année encore, plusieurs de ses enseignants-chercheurs distingués par le prestigieux Institut Universitaire de France (IUF). Avec une particularité pour ce cru 2011 : la présence parmi eux d’un “senior”. Autant de signes qui augurent d’une prochaine décennie particulièrement brillante.

Rendez-vous dans vingt ans !…

UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE - 20 ANS34

UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE - 20 ANS 35

comment êtes-vous arrivé à cergy ? J’étais enseignant-chercheur au laboratoire de physique des solides à Orsay. En 1989, le président de l’université lance un appel. Il lui fallait trois personnes – un mathématicien, un chimiste et un physicien – pour démarrer le pôle scientifique de ce qui n’était alors que l’embryon de ce que nous connaissons aujourd’hui. J’habitais à l’époque à Conflans-Sainte-Honorine, à dix minutes de Cergy, et après avoir mené une petite étude de viabilité, je me suis porté volontaire, le défi à relever me plaisait.

quelle impression gardez-vous de ces premières années ? Celle d’une véritable aventure humaine et d’avoir changé complètement de métier ! Il fallait non seulement enseigner et faire de la recherche, mais aussi recruter des collègues, trouver de l’argent et construire des nouveaux bâtiments… Je n’ai jamais aussi peu dormi qu’à cette époque, je travaillais

cent heures par semaine ! Mais l’ambiance était extraordinaire et l’intérêt général l’emportait sur toute autre question. Une vraie solidarité.

quelle différence avec une université plus traditionnelle ?Cergy-Pontoise a été un lieu d’expérimentation incroyable grâce au cadre très souple lié au régime dérogatoire de l’université nouvelle (1991-1996). Imaginez un établissement avec à sa tête un administrateur provisoire et un conseil unique ! Nous avons eu la chance de créer les conditions d ’exerc ice de notre mét ier, de pouvoir nous organiser quasiment comme nous le souhaitions, avec une grosse prise de responsabilités et une pratique constante du dialogue. En fait, nous étions prêts pour l’autonomie dès le départ. Je pense que les universités nouvelles ont eu un rôle utile dans l’évolution de la communauté universitaire française. n

— INTERVIEW —

“Je n’ai jamais aussi peu dormi !”

ADMINISTRATEUR PROVISOIRE PUIS PRÉSIDENT DE 1992 À 1999

BERNARD RAOULT

UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE - 20 ANS36

UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE - 20 ANS 37

comment êtes-vous arrivé à cergy ? J’étais maître de conférences à Paris III et je gérais une structure indépendante : le centre d’information et de recherche sur l’Allemagne contemporaine (CIRAC). Un poste de professeur s’est libéré à Cergy-Pontoise. Mais j’étais chercheur ! Alors je suis passé prof, j’y suis allé, et avec une collègue américaniste, nous avons monté l’UFR de langues morceau par morceau. À la rentrée 1994, on avait des salles mais elles étaient vides. On montait les meubles en même temps que les formations !

quels ont été les principaux combats à mener ? Il fallait impérativement maîtriser les budgets d’enseigne-ment. Notre dotation de base étant limitée, nous n’avions que peu de titulaires, beaucoup de chargés de cours et de plus en plus de formations. Pour rester à flots et assurer notre survie, la seule solution était d’assurer la maîtrise du budget des heures complémentaires. Comment ? En centralisant la gestion, en anticipant sur le volume théo-rique et en nous livrant à d’acrobatiques ajustements,

sans pour autant étouffer la croissance des formations et des effectifs. Nous étions loin d’avoir une vision purement comptable. On créait parfois des diplômes sans même avoir les profs... Mais le combat principal a été celui de la professionnalisation : le ministère nous voyait d’un œil ambivalent multiplier les formations et les diplômes !

une spécificité de cergy… parmi tant d’autres ?Les collectivités locales ont montré dès le départ une forte volonté politique de nous appuyer. Un genre de grande coalition “à l’allemande” a vu le jour entre le socia-liste Alain Richard, président du SAN de Cergy-Pontoise et Jean-Philippe Lachenaud, le président UDF du conseil général. Elle a, par exemple, facilité le développement de nos infrastructures de recherche, de nos programmes immobiliers, et contribué à la réussite de nombre de nos projets. Résultat : l’université n’a cessé de grandir tout en s’ancrant pleinement dans son territoire et participant naturellement à son développement. Et Cergy-Pontoise est devenue une ville universitaire à part entière. n

“On montait les meubles en même temps

que les formations !”

PRÉSIDENT DE 1999 À 2004

RENÉ LASSERRE

— INTERVIEW —

UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE - 20 ANS38

UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE - 20 ANS 39

comment êtes-vous arrivé à cergy ? J’étais maître de conférences à Paris VI, je venais de passer mon habilitation à diriger des recherches et je cherchais un poste de professeur. Une collègue mathématicienne, maître de conférences à Orsay, avait été nommée pro-fesseur à l’UCP. Elle me racontait qu’elle devait tout faire… même les inscriptions des étudiants ! Je m’imaginais donc un genre de vaste chantier. Lorsque j’ai candidaté à un poste de prof, après avoir été favori dans plusieurs uni-versités de province, le seul endroit où je fus finalement classé premier, c’était là-bas. Enthousiaste ? Pas vraiment. Mes amis me disaient : « c’est une ville à l’américaine, tu ne t’adapteras jamais ». J’y ai pourtant déménagé avec ma famille. Avec mes collègues, nous avons retroussé nos manches, et j’y suis resté… seize ans, dont quatre de présidence !

quelles impressions retenez-vous de votre expérience présidentielle ? Une impression de fluidité : un niveau de conflictualité extrêmement bas, pas de haines recuites entres les

uns et les autres depuis trente ans, des mouvements étudiants mesurés et jamais violents, une communauté très peu politisée regroupant des gens de droite et de gauche autour de l’adhésion quasi-unanime à un même projet. Comparé à ce que vivaient certains homologues dans d’autres universités, le métier de président à l’UCP me paraissait plutôt facile… et puis l’expérience urbaine de Cergy valait d’être vécue.

quelles étaient vos lignes directrices ?Nous étions obsédés par le fait de bien réussir le contrat quadriennal : développer nos moyens et faire reconnaître la valeur de nos équipes. En réalité, nous souhaitions être à la fois comme les autres – une université de plein exercice reconnue du point de vue de la recherche – et différente, au moyen d’une gouvernance permettant de surmonter les blocages et d’une innovation de tous les instants. Y sommes-nous parvenus ? Je le crois. Quoi qu’il en soit, nous nous sommes bien amusés et l’université de Cergy-Pontoise, bâtie sur de solides fondations, apparaît promise à un bel avenir. n

“Comparativement, le métier de président était facile à Cergy-Pontoise!”

PRÉSIDENT DE 2004 À 2008

THIERRY COULHON

— INTERVIEW —

UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE - 20 ANS40

UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE - 20 ANS 41

comment êtes-vous arrivée à cergy ? J’étais maître de conférences à Nanterre depuis dix ans. J’ai passé mon habilitation à diriger des recherches et j’ai candidaté à Cergy-Pontoise. J’en avais l’image d’une université toute jeune et assez atypique. Mais elle avait vécu une montée en puissance dont je n’avais pas pris la mesure. À peine arrivée, en 2004, on me propose de prendre la direction adjointe de l’UFR langues ! Deux ans plus tard j’en deviens la directrice. Et je suis élue à la présidence en 2008. Ce parcours, je n’aurais jamais pu l’effectuer dans une université plus traditionnelle. Il y a ici une pratique décomplexée, sans pesanteurs historiques ni idéologiques.

quel bilan tirez-vous de ces vingts années ? Un bilan forcément positif ! Nous avons franchi avec succès des étapes décisives comme la réforme LMD, l’intégration de l’IUFM et bien sûr le passage à l’auto-nomie – qui avait été particulièrement bien préparé. Et parallèlement, nos efforts ont été reconnus et valo-risés par de nombreuses distinctions : le label “Campus

innovant” en 2009, des financements de projets par l’ANR, des enseignants-chercheurs nommés à l’IUF en catégorie junior et senior, des associations avec le CNRS, un laboratoire d’excellence commun avec l’UVSQ classé A+ dans le cadre du Grand Emprunt… Et j’en oublie, naturellement !

comment voyez-vous l’avenir de cergy-pontoise ?Des idées, ici, nous en avons toujours eu ! Pendant les vingt premières années, l’université s’est construite physiquement, quantitativement et qualitativement. Désormais nous sommes sur des projets pour les vingt ans à venir. Nous optons pour des choix durables, dans la continuité de la dynamique impulsée par mes prédécesseurs. Nous savons où nous voulons aller : vers une université de la réussite, avec des équipes très impliquées, une réelle visibilité internationale et des conditions de travail optimales pour l’ensemble de la communauté. Tout en demeurant une université de service public. n

“Nous avons franchi avec succès des étapes

décisives...”

PRÉSIDENTE DE 2008 À 2012

FRANÇOISE MOULIN CIVIL

— INTERVIEW —

UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE - 20 ANS42

GLOSSAIRE

AGM Analyse, géométrie et modélisation, laboratoire de l’UCP (UMR 8088)

BU Bibliothèque universitaire

CNRS Centre national de la recherche scientifique

CPU Conférence des présidents d’université

DEUG Diplôme d'études universitaires générales

DESS Diplôme d'études supérieures spécialisées

ENSEA École nationale supérieure de l’électronique et de ses applications, située à Cergy

ESSEC École supérieure des sciences économiques et commerciales, située à Cergy

ETIS Équipes traitement des images et du signal, laboratoire de l’UCP et de l’ENSEA (UMR 8051)

IPAG Institut de préparation à l'administration générale

IUFM Institut universitaire de formation des maîtres

IUP Institut universitaire professionnalisé

IUT Institut universitaire de technologie

LDI Lexiques, Dictionnaires, Informatique, laboratoire de l’UCP et de l’université de Paris 13 (UMR 7187)

LMD Licence – Master –Doctorat, harmonisation des cursus d'enseignement supérieur européens

Loi LRU Loi relative aux libertés et responsabilités des universités d'août 2007

MIR Maison internationale de la recherche

NTIC Nouvelles technologies de l'information et de la communication

OVE Observatoire de la vie étudiante

Paris X Université Paris Ouest Nanterre La Défense, appelée aussi Nanterre

Paris XI Université Paris Sud, appelée aussi Orsay

Plan U3M Université du 3e millénaire, plans de modernisation des universités françaises

PRES Pôle de recherche et d’enseignement supérieur

SAN Syndicat d’agglo- mération nouvelle

THEMA Théorie économique, modélisation et applications, laboratoire de l’UCP (UMR 8184)

UCP Université de Cergy-Pontoise

UFR Unité de formation et de recherche, composante d'une université créée par la loi Savary de 1984

UMR Unité mixte de recherche, associant un établissement d'enseignement supérieur ou un organisme de recherche avec le CNRS

UPGO Université du grand ouest parisien

UVSQ Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines

VP Vice-président

UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE - 20 ANS044

20ans