! Brisson - Participation Et Prédication Chez Platon

14
Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Philosophique de la France et de l'Étranger. http://www.jstor.org PARTICIPATION ET PRÉDICATION CHEZ PLATON Author(s): Luc Brisson Source: Revue Philosophique de la France et de l'Étranger, T. 181, No. 4, PLATON ( OCTOBRE-DÉCEMBRE 1991), pp. 557-569 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41096617 Accessed: 08-06-2015 22:15 UTC Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at http://www.jstor.org/page/ info/about/policies/terms.jsp JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. This content downloaded from 186.124.228.49 on Mon, 08 Jun 2015 22:15:59 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions

description

Participación segun Brisson

Transcript of ! Brisson - Participation Et Prédication Chez Platon

  • Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Philosophique dela France et de l'tranger.

    http://www.jstor.org

    PARTICIPATION ET PRDICATION CHEZ PLATON Author(s): Luc Brisson Source: Revue Philosophique de la France et de l'tranger, T. 181, No. 4, PLATON (

    OCTOBRE-DCEMBRE 1991), pp. 557-569Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/41096617Accessed: 08-06-2015 22:15 UTC

    Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at http://www.jstor.org/page/ info/about/policies/terms.jsp

    JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected].

    This content downloaded from 186.124.228.49 on Mon, 08 Jun 2015 22:15:59 UTCAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

  • PARTICIPATION ET PRDICATION CHEZ PLATON

    Dans cet article1, j'aborderai la question du rapport entre participation et prdication chez Platon, question dont l'examen permet de prendre la mesure de l'intrt et des limites d'une inter- prtation analytique de Platon2.

    1 / La Prdication ordinaire (PO) Considrons une phrase simple qui attribue une proprit un

    individu : (la) Socrate est sage. Cette phrase qui ressortit au langage ordinaire peut tre traduite dans la langue mtaphysique dont Platon semble bien avoir fait usage ds les dialogues de la priode intermdiaire (Phdon, 102 , cf. Parmnide, 128 e - 129 a, 130 e - 131 a), pour peu que, chaque proposition du langage ordinaire (LO), on fasse correspondre une proposition qui en est le rvlateur mtaphysique (RM)3, par exemple : (ib) LO (Socrate est sage)

  • 558 Luc Brisson

    De faon plus prcise, on se trouve ici en prsence d'un cas de participation d'une chose sensible (Socrate) une forme intelligible (la Sagesse).

    En fait, l'hypothse de la doctrine des Formes4 se fonde sur ce raisonnement. Si un ensemble de choses particulires - un individu qui se trouve dans l'espace et dans le temps ou un vnement spatio- temporel - prsente une qualit dtermine, il doit alors exister une Forme et une seule qui corresponde cette qualit ; et chacune des choses sensibles sus-mentionnes possde cette qualit par participation cette Forme. En termes plus gnraux, on peut dire : - les choses particulires a, 6, c, partagent la mme qualit F5,

    et par consquent - a, 6, c sont F, parce qu'ils participent la Forme F. Traduite en langage logique, cette dduction mtaphysique peut tre lue comme une prdication ordinaire :

    (le) a G F6.

    Cette proposition ne pose de problme ni sur le plan du langage ordinaire ni sur celui de la logique. Elle peut tre interprte en termes d'appartenance d'un individu une classe ; voil donc ce quoi correspond la Prdication ordinaire (PO).

    2 I La Prdication paulinienne (PP) En revanche, on trouve, dans le corpus platonicien, des phrases

    ressortissant au langage naturel, qui prsentent la mme structure grammaticale que (la), mais dont le sujet n'est ni un individu se situant dans l'espace et dans le temps, ni un vnement spatio- temporel, mais une Forme. Ce type de phrase se trouve alors conta-

    repris dans Platonic Studies (1973), Princeton, Univ. Press, 1981 (second printing with corrections), p. 270-308. Appendix I, On the interpretation of Sph., 248 d 4 - e 4, p. 309-317 ; II, More on Pauline predications in Plato , p. 318-322 ; cf. aussi The unity of the virtues in the Protagoras (abrg UVP par la suite) (1971), la section III intitule : Pauline predications in the Prota- goras , p. 252-259 ; et enfin A note on "Pauline Predications" in Plato (1974) (abrg NPP par la suite), p. 404-409.

    4. Les termes grecs eoo et iocc ont t traduits par la paraphrase forme intelligible ou par le terme Forme . Par ailleurs, pour distinguer chaque Forme de la qualit correspondante, le nom de chaque Forme commencera par une majuscule, par exemple l'Un.

    5. F est la qualit correspondant une Forme. Cf. G. Vlastos, UVP, Platonic Studies, 19812, p. 258, n. 97.

    6. G est le symbole utilis depuis Peano pour dsigner l'appartenance une classe. Sur le sens et l'usage de ce symbole dans le domaine des tudes classiques, cf. G. Vlastos, UVP, Platonic studies, 19812, p. 258, n. 97.

    This content downloaded from 186.124.228.49 on Mon, 08 Jun 2015 22:15:59 UTCAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

  • Participation et prdication chez Platon 559

    min par une ambigut que seules peuvent lever une analyse mtaphysique et une analyse logique.

    G. Vlastos voque cet gard un passage bien connu du Sophiste : Etr. - Si donc, par quelque biais7, le Mouvement en tant que tel

    participait au Repos, il n'y aurait rien de dconcertant le qualifier de stationnaire 8.

    Th et. - Ce serait mme parfaitement correct, pour peu que nous convenions que, parmi les genres, certains consentent se mler, les autres non ! (Sophiste, 256 b). Si on lude les problmes linguistiques que pose une traduction franaise de ces quelques lignes9, on peut rsumer ainsi l'ide exprime : (2a) Le mouvement est stationnaire. Cette phrase du langage ordinaire donne prise cette traduction en langage mtaphysique : (2b) LO (Le mouvement est en repos)

  • 560 Luc Brisson

    Paul explique que les tres humains qui appartiennent la classe des charitables appartiennent aussi la classe des longanimes, celle de ceux qui ne sont pas envieux et celle de ceux qui ne sont pas fanfarons.

    Cette parenthse referme, tentons de formuler l'aide de symboles logiques ces deux lectures de (2a) : (2a I) B est P0A = D/B e A, c'est--dire B est un A.

    Ce qui revient dire : B est membre de la classe des choses qui sont A. (2a II) B est PPA = D/N { (x)[(x eB)->(xe A)] }.

    Ce qui revient dire : ceci est une ncessit pour tout x, si x est un lment de la classe B, alors x est un lment de la classe A.

    La premire dfinition nous dit donc que B est un lment de la classe A. Alors que la seconde nous dit que, si quelque chose est un lment de la classe B, alors la mme chose est ncessairement un lment de la classe A. Ce que signifie (II) peut tre exprim de faon plus succincte : la classe des choses qui sont B est ncessaire- ment incluse dans la classe des choses qui sont A. (lia) B est ppA = D/N(B C A)12. Cette double analyse, mtaphysique et logique, permet de se prononcer sur la valeur de vrit ou de fausset de (2a).

    Considrons d'abord (2a II). Cette proposition est fausse ; car le Mouvement et le Repos sont des contraires. Dire de classes qu'elles sont contraires, cela revient dire qu'aucun membre de l'une ne peut tre membre de l'autre, ou que ces classes sont exclusives l'une par rapport l'autre. Par suite, dire que B et A sont des contraires, cela revient dire que, si 1) N(BC ~A) est une proposition vraie

    alors, condition que les classes B et A ne soient pas des classes vides (0), 2) N(BCA) est une proposition fausse.

    Il en va tout autrement, si on considre le sens (I). (2a I) B est POA. On ne peut plus alors tirer argument du fait que B et A sont des contraires pour dclarer que

    B e A est faux.

    12. G. Vlastos, AS, Platonic Studies, 19812, p. 274, n. 14, explique que le symbole C dnote la relation d'inclusion transitive, non symtrique, mais non antisymtrique dans une classe, que les logiciens dnotent le plus souvent par C Par ailleurs, le signe ~ indique la ngation.

    This content downloaded from 186.124.228.49 on Mon, 08 Jun 2015 22:15:59 UTCAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

  • Participation et prdication chez Platon 561

    En effet, le Mouvement est une Forme. Or, une Forme peut tre considre comme un membre de la classe des choses qui sont en Repos . Interprte comme une Prdication Ordinaire (PO), la proposition Le Mouvement est stationnaire est donc vraie.

    Que fait Vlastos13 ? Voulant traduire dans les termes de la logique de la prdication cette proposition qui se trouve dans le Sophiste de Platon (2a) Le mouvement est stationnaire

    il argumente ainsi : a) Cette proposition ne peut tre formule en termes d' apparte-

    nance une classe (class-membership) ; b) Elle doit tre formule en termes d' a inclusion d'une classe

    dans une autre (class- inclusion) ; c) Cette inclusion doit tre considre du point de vue de l'exten-

    sion (exlensionnally) .

    On peut accorder a) et b) Vlastos, mais pas c). Pourquoi ? Parce que le fait de considrer l'inclusion d'une classe dans une autre du point de vue de l'extension entrane cette consquence embar- rassante dans un contexte platonicien : pour dcrire les relations qu'entretiennent les Formes les unes avec les autres, il faut prendre en considration les relations qu'entretiennent entre elles les choses sensibles qui en participent14.

    Sur un plan ontologique, la position de Vlastos suppose que les relations entre les Formes dpendent de l'existence de certaines

    13. La meilleure discussion en ce domaine reste celle de John Malcolm, Vlastos on Pauline Predication, Phronesis, 30, 1985, p. 79-91. Je m'inspire beaucoup de cet article dans la suite.

    14. G. Vlastos est tout fait conscient de la chose, qui termine son NPP sur ces mots : L'assertion "Le Feu est chaud" par exemple doit en effet tre considre comme une assertion relative aux Formes (Feu, Chaud), et pas seulement comme une assertion relative aux choses sensibles qui leur corres- pondent. Cette assertion est cense nous dire que la Forme, Feu, entretient de toute ternit un rapport dtermin avec la Forme, Chaleur, mme si cette relation ne peut tre prcise que par l'intermdiaire du rapport qu'entre- tiennent les classes auxquelles appartiennent les choses sensibles qui en parti- cipent. En dpit de son caractre transcendantaliste marqu, la mtaphysique de Platon ne peut tablir quels rapports entretiennent entre elles une multitude de Formes qui se trouvent dans le ciel qu'en dressant une carte des rapports qu'entretiennent leurs ombres portes sur la terre. L'ironie qui s'attache au fait que les rapports mutuels qu'entretiennent ces Formes commencent ressembler des ombres de leurs ombres, cette ironie, c'est la mtaphysique de Platon qui la suscite, non une lecture "paulienne" d'une classe d'assertions avan- ces par Platon (ma traduction). J'essaierai de montrer qu'il faut renverser la dernire affirmation de Vlastos.

    RP - 19

    This content downloaded from 186.124.228.49 on Mon, 08 Jun 2015 22:15:59 UTCAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

  • 562 Luc Brisson

    relations entre les choses sensibles qui en participent ; et, sur un plan pistmologique, que les relations entre les Formes ne peuvent tre connues que par l'intermdiaire de l'apprhension de certaines relations entre les choses sensibles. Or, considre d'une faon ou de l'autre, cette position entre en conflit avec des points centraux de la doctrine de Platon, qu'il s'agisse de la doctrine de la rmi- niscence telle que dcrite dans le Phdon15 par exemple, ou de la fabrication de l'univers dans le Time1*.

    On peut mme montrer que cette position est intenable en faisant appel la logique de la prdication.

    Soit cette proposition : (3a) L'Egalit n'est pas ingale.

    En termes de pp, cela revient dire (3a I) II est ncessaire que, pour tout x, si x est gal, alors x n'est pas

    ingal.

    ou (3a II) N(#)~(E#- >- Ux), o U (unequal en anglais) signifie ingal ,

    c'est--dire (3a III) N* (Ex-+~lJx)17.

    Ce qui revient dire que, pour tout #, si x est gal, alors x n'est pas ingal. Or, chez Platon o x ne peut faire rfrence qu' une chose sensible, cette PP est videmment fausse ; toute chose sensible, en effet, est la fois gale et ingale. La seule faon de sauver la vrit de cette PP serait de dire : II est ncessaire que, pour tout #, si x est gal d'un certain point de vue, x n'est pas ingal de ce point de vue. Mais ce tribut pay la loi du tiers exclu produit un nonc d'une banalit dconcertante.

    En fait, mme si on admet que la proposition (2a) peut tre traduite en termes d'inclusion d'une classe dans une autre, rien n'oblige interprter cette inclusion en termes d'extension. Pour- quoi, en effet, ne pas adopter un autre point de vue qui correspon- drait mieux la doctrine platonicienne, celui de la comprhension ( intensionnality ) ? La mprise de Vlastos est de considrer que l'appartenance une classe et l'inclusion d'une classe dans une

    15. La perception sensible se borne dclencher le processus de la rmi- niscence qui se termine en une intuition purement intellectuelle des Formes.

    16. C'est le monde sensible qui est l'image du monde intelligible, pas l'inverse. 17. J. Malcolm, Phronesis, 30, 1976, p. 89, explique pourquoi il vaut mieux

    procder ainsi.

    This content downloaded from 186.124.228.49 on Mon, 08 Jun 2015 22:15:59 UTCAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

  • Participation et prdication chez Platon 563

    autre interprte d'un point de vue extensionnel puisent le champ des traductions possibles de la proposition du Sophiste qu'il prend pour rfrence (2a).

    Mais qu'est-ce qui a pu amener Vlastos commettre cette mprise ? Probablement, le rejet radical de l'interprtation tradi- tionnelle des Formes comme paradigmes situs dans le ciel . Or, ce rejet rend inluctable plus ou moins long terme l'assimilation des Formes des concepts 18.

    Laissons l ce problme fondamental, que nous ne pouvons qu'voquer ici, et passons un autre type de prdication.

    3 I La self- prdication19

    L'hypothse de l'existence des Formes se trouve soumise dans la premire partie du Parmnide un certain nombre d'objections. Parmi ces objections, celle que dveloppe l'argument dit du troisime homme est la plus redoutable. Aussi a-t-elle donn lieu un nombre particulirement important de travaux. L'article publi par G. Vlastos en 195420 a relanc ce mouvement21.

    Il y a de bonnes raisons de penser que l'tape cruciale de la clbre objection consiste regrouper les hommes particuliers et l'homme en soi en un mme ensemble. Voil pourquoi, selon G. Vlas-

    18. Sur cette drive de l'interprtation analytique , cf. Yvon Lafrance, Autour de Platon. Continentaux et analystes, Dionysius, 3, 1979, p. 16-37 ; et sur une lecture analytique des arguments concernant le non-tre (Sophiste, 237 b 10 - 239 a 12), Revue de Philosophie ancienne, II, 2, 1984, p. 41-76 ; on lira la rplique de John Thorp, Forms, concepts and t 'ii v, ibid., p. 77-92.

    19. Comme l'explique J. Brunschwig (n. 2, p. 122 de SPP), il parat prf- rable de conserver telle quelle cette expression introduite par G. Vlastos dans son article de 1954 (cit infra dans la note 20). Il en va de mme pour l'expres- sion self-participation .

    20. The third man argument in the Parmenides, Philosophical Review, 63, 1954, p. 319-349, reprint dans Studies in Plato's Metaphysics, ed. by R. E. Allen, London, Routledge & Kegan Paul, 1965, 231-261, avec un Addendum (1963), p. 261-263. Dans les annes qui ont suivi, G. Vlastos n'a cess de retravailler sur cette question, tenant compte, en un dbat caractris par la plus grande pro- bit intellectuelle, des observations de ses collgues et de ses lves : Plato's third man argument (Parm., 132 a 1 - b 2) : Text and logic (abrg TMA par la suite) (1969), Platonic Studies, 19812, p. 342-360 : Appendix I Recent papers on the TMA (1955-1969), p. 361-362; Appendix II The first regress argument in Prm 132 a 1 - b 2 , p. 363-365. Cf. aussi Self-Predication and Self- Participation in Platos' later period (abrg SPPL par la suite), Platonic Studies, 19812, p. 335-341.

    21. Il ne saurait tre question ici de citer tous ces titres : je me borne renvoyer aux livraisons de Lustrum que H. J. Cherniss (Lustrum, 4 et 5, 1959 et 1960) et moi-mme (Lustrum, 25, 1978 ; 30, 1983 ; 35, 1988 (les deux der- niers numros en collaboration avec H. Ioannidi)) pour l'inventaire le plus complet possible. Voir aussi 1' Appendix I de TMA cit dans la note prcdente.

    This content downloaded from 186.124.228.49 on Mon, 08 Jun 2015 22:15:59 UTCAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

  • 564 Luc Brisson

    tos, cette objection implique, titre de prmisse, l'assomption tacite laquelle il a donn le nom de self-prdication, et qu'il a formule de la faon suivante : Toute Forme peut tre prdique d'elle- mme. Ce qui revient dire que la F-t est elle-mme F.

    De faon gnrale le problme de la self-prdication se ramne la question de savoir si, chez Platon, la Forme correspondant un caractre donn ( le F en soi ) possde elle-mme le caractre F.

    Trois rponses ont t apportes cette question22. Une rponse totalement ngative, et deux rponses positives, qui en sont la contraire et la contradictoire. (SPN) Suivant la rponse totalement ngative, aucune Forme ne

    peut, selon Platon, se prdiquer d'elle-mme. Quel que soit F, la F-t n'est pas F ;

    (SPG) La rponse contraire, qui quivaut une affirmation forte, parce que gnralise, soutient que, selon Platon, toute Forme peut se prdiquer d'elle-mme. Quel que soit F, la F-t est elle-mme F ;

    (SPR) La rponse contradictoire, qui quivaut une affirmation faible, parce que restreinte, soutient que, selon Platon, il existe des Formes qui peuvent se prdiquer d'elles-mmes. Pour quelques valeurs de F, la F-t est elle-mme F.

    Selon J. Brunschwig, si l'on veut que l'Un puisse tre une23 Forme, il faut rejeter (SPN). Et pour que le Multiple puisse tre une Forme, il faut rejeter (SPG). Il ne reste donc plus que (SPR).

    Toutefois, on ne peut arriver rendre compte de (SPR), sans passer un niveau mtaphysique, c'est--dire sans poser le problme de la self-participation. Si, pour certaines valeurs de F, la forme du F est F, elle l'est, comme les autres choses qui sont F, parce qu'elle participe la Forme du F, c'est--dire, dans le cas prsent, parce qu'elle participe elle-mme. En dfinitive, la self-participation devient invitable ds lors que, comme Vlastos, on joint la (SPR) un principe de participation gnralise qui se formulerait ainsi :

    (PG) Une chose quelconque est F si et seulement si elle participe la forme du F. A cette condition, la Forme du F ne peut tre F, si elle l'est, que par participation la forme du F, c'est--dire elle-mme.

    22. Mme s'il ne m'a pas paru possible de mettre la suite de mon texte entre guillemets, je tiens rappeler que je suis de trs prs le mouvement de l'article de J. Brunschwig.

    23. Il s agit ici de l'adjectif numral (en anglais one) et non de l'article Andflni (en anglais a ou an), que j'crirai plus bas une, pour le distinguer.

    This content downloaded from 186.124.228.49 on Mon, 08 Jun 2015 22:15:59 UTCAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

  • Participation et prdication chez Platon 565

    La notion de self-participation parat incongrue bien des gards, car il semble vident que la relation de participation, dans son usage platonicien, qui recouvre par ailleurs l'usage grec ordinaire, implique la non-identit de ses termes. D'o la ncessit de formuler ce principe de non-identit :

    (NI) Si une chose participe ia forme du F, et que, de ce fait, elle possde le caractre F, elle ne peut tre cette Forme.

    Ce principe, incompatible avec la self-participation, parat attest dans de nombreux textes platoniciens, qui dcrivent le philosophe comme celui qui sait le faire respecter (cf. Rpublique, V 476 c-d).

    Par suite, nous nous trouvons confronts un ensemble de trois propositions inconsistantes. Deux quelconques de ces propositions entranent la ngation de la troisime :

    Propositions (S PR) (PG) (NI) Solutions a 0 11 b 10 1 c 110 d 111

    Ceux qui, comme A. Wedberg24, acceptent la solution (d) doivent conclure que la thorie des formes, greve d'une antinomie fonda- mentale, doit tre abandonne. Pour librer le platonisme de cette antinomie, il ne reste donc plus que les trois premires possibilits (a, , c). Mais, comme on ne peut accepter (a) qui implique une acceptation de (SPN) par ailleurs rejete, il ne reste plus que les solutions (b) et (c).

    La solution (b) ne peut tre maintenue qu'au prix d'un refus de (PG), qui soit non pas un rejet brutal, mais seulement un affai- blissement, c'est--dire en restreignant la participation au domaine des entits qui ne sont pas la Forme du F. Ce principe s'noncerait comme suit :

    (PR) Une chose distincte de la Forme du F est F si et seulement si elle participe la Forme F.

    Ce principe, qui revient rejeter la self-participation, se trouve corrobor par un passage du Phdon (100 c) et par un passage du Parmnide (158 a). L'inconvnient de cette solution, c'est qu'elle

    24. A. Wedberg, The theory of ideas (chap. 3 de Plato's Philosophy of Mathematics, Stockholm, 1955), reprint dans Plato I : Metaphysics and episte- mology, a collection of critical essays, ed. by G. Vlastos, Garden City, ny, Doubleday and Anchor, 1971 / London, MacMillan, 1972, p. 28-52.

    This content downloaded from 186.124.228.49 on Mon, 08 Jun 2015 22:15:59 UTCAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

  • 566 Luc Brisson

    laisse sans rponse apparente la question de savoir pourquoi la forme de F est F.

    Reste la solution (c) qui seule pourrait maintenir l'hypothse de la self-participation, puisqu'un amnagement de la solution (b) implique son rejet. Mais on ne trouve aucun texte platonicien qui : 1 / soutenant de manire indubitable (PG) plutt que (PR),

    contraigne admettre qu'une fois au moins Platon s'est interdit la solution (b) ;

    2 / ou qui prsente expressment et positivement un cas de self- participation.

    Constatant cet chec, J. Brunschwig s'interroge alors sur les cons- quences qu'entrane le rejet de la self-participation, notamment pour la self-prdication25.

    On peut adopter sur le sujet un point de vue purement ngatif : si, dans certains cas au moins, la Forme du F est F, et si ce qui participe la Forme du F ne peut tre identique cette Forme, ce n'est donc pas par participation la Forme du F (donc elle- mme) que la Forme du F est F. Mais alors en vertu de quoi la Forme du F est-elle F ? Avec G. Vlastos, J. Brunschwig rpond : La Forme du F est F, quand elle l'est en vertu de sa propre nature. Pour prciser cette rponse J. Brunschwig invoque la suite de G. Vlastos ce passage du Sophiste :

    Etr. - II faut donc compter la nature de l'Autre comme cinquime parmi les Formes que nous avons prleves.

    Tht. - Oui. Etr. - En outre nous affirmerons qu'elle est rpandue travers toutes.

    Chacune d'elles, en effet, est autre que le reste, non en vertu de sa propre nature, mais parce qu'elle participe la Forme de l'Autre (Sophiste, 255 e).

    L'Etranger d'Ele oppose donc une explication par la nature (disons N) et une explication par la participation (disons P). Gomme le remarque Vlastos, d'aprs la table de vrit26, une seule possi- bilit se trouve exclue : la fausset simultane de N et de P. D'o la tentation de prendre ce passage, en extrapolant, comme un indice en faveur de la self-participation. Si on passe des Formes

    25. Les consquences pour l'argument dit du troisime homme sont beau- coup moins intressantes (cf. J. Bunschwig, SPP, p. 133).

    26. C'est--dire : N P N v P V V V VF V F V V FF F

    This content downloaded from 186.124.228.49 on Mon, 08 Jun 2015 22:15:59 UTCAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

  • Participation et prdication chez Platon 567

    du Mouvement, du Repos, de l'Etre et du Mme celle de l'Autre, on pourrait penser que l'Autre ne serait autre que les autres Formes qu'en vertu d'une participation lui-mme. Vlastos rsiste cepen- dant cette tentation en faisant valoir que, si Platon avait opt pour cette solution, il aurait trouv le moyen de le dire sans qui- voque. Bref, c'est en vertu de sa propre nature, et non par self- participation que la Forme de l'Autre est autre que les autres Formes, alors que toute autre Forme est autre que les autres Formes, non en vertu de sa propre nature, mais en vertu de sa participation la Forme de l'Autre.

    Encore faut-il rpondre la question de savoir ce qu'est la nature d'une Forme. Dans plusieurs passages des Topiques ( partir de 137 b 3-13), Aristote distingue, en ce qui concerne les Formes, deux types de prdicats27. La forme du F a pour nature gnrique d'tre une28 Forme, et pour nature spcifique d'tre cette Forme, la Forme du F ; un certain nombre de ses prdicats lui appartiennent, parce qu'elle est une Forme, d'autres, parce qu'elle est cette Forme, la Forme du F. Ce qui revient dire que la Forme du F est F en tant que Forme au mme titre que la Forme du G, celle du H ou celle du J par exemple. En termes aristotliciens, on pourrait dire que la Forme du F est F par essence, eu gard sa nature de Forme, et par accident seulement, eu gard sa nature de Forme du F29.

    Considrons, la lumire de cette distinction, le prdicat autre . Suivant l'interprtation qui vient d'tre propose de Sophiste 255 e, ce prdicat appartient toutes les Formes autres que l'Autre en vertu de leur participation la Forme de l'Autre,

    27. Pour une analyse de ces passages o intervient cette distinction que les Anglo-Saxons ont qualifie de P-distinction , cf. notamment H. F. Cherniss, Aristotle's criticism of Plato and the Academy, 1944, p. 1 sq., qui analyse tous les passages des Topiques o cette diffrence intervient. Voir aussi G. E. L. Owen, Dialectic and Eristic in the treatment of the Forms, Aristotle on dialectic : the Topics, Proceedings of the third Symposium Aristotelicum, ed. by G. E. L. Owen, Oxford, Clarendon Press, 1970, p. 103-105, et G. Vlastos, The two-level paradoxes in Aristotle (1971), Platonic Studies, 19812, p. 323-334.

    28. Article indfini. Pour la distinction, cf. supra, n. 23. 29. Tout le problme tant de savoir si Platon et ses disciples ont fait usage

    de cette distinction. Ces dernires annes, la polmique a fait rage sur ce point. Je ne citerai que deux titres : The two-level paradoxes in Aristotle (abrg en TLPA par la suite) (1971), Platonic Studies, 19812, p. 323-334; qui rpond G. E. L. Owen, Dialectic and eristic in the treatment of forms, Aristotle on dialectic : the Topics [description dans la note 27], 1970, p. 103-125, dans... Avec J. Malcolm (art. cit dans la note 17), je considre qu'on pourra invoquer cette distinction pour rsoudre certains problmes relatifs la participation et la prdication chez Platon, tant et aussi longtemps qu'on n'aura pas dmontr que Platon et ses disciples n'ont pas connu et utilis cette distinction, ou qu'ils n'ont pas pu ou voulu le faire.

    This content downloaded from 186.124.228.49 on Mon, 08 Jun 2015 22:15:59 UTCAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

  • 568 Luc Brisson

    et la Forme de l'Autre en vertu de sa nature propre ; cela revient se commettre la self-prdication gnralise. Devant cette impasse, J. Brunschwig voque une autre solution, qu'il abandonne par fidlit au rejet par Vlastos de la self-participation. Cette solution consiste dire que toutes les Formes, y compris celle de l'Autre, sont autres que les autres parce que leur nature gnrique de Formes implique, entre autres prdicats outre ceux de l'unit, de l'identit soi-mme, de l'immuabilit, etc., leur distinction les unes d'avec les autres ; transpos sur un plan mtaphysique, il faut dire que leur nature gnrique de Forme implique pour elles toutes leur participation un certain nombre de Formes, celle de l'Un, du mme, du Repos, leur participation la Forme de l'Autre devenant accidentellement s'agissant de la forme de l'Autre self- participation30. D'o le rejet de cette solution.

    Mais faut-il interprter Sophiste 255 e, comme Vlastos ? Je ne le crois pas. J'ai tendance opter pour une interprtation plus simple et penser que Platon accorde la Forme de l'Autre le mme statut que celui qu'il reconnat toutes les autres Formes. Gela signifie donc que Platon admet la self-participation ? Non, si on retient la distinction faite par Aristote dans les Topiques. En vertu de cette distinction, la Forme de l'Autre, en tant que Forme de l'Autre, participe de la Forme de l'Autre, en tant que Forme de V Autre 81. Par suite, la Forme de l'Autre ne participe pas directement elle- mme, mais indirectement, parce qu'elle est une Forme et que toute Forme, en tant que Forme, participe la Forme de l'Autre. Bref, il n'y aurait chez Platon ni self-participation ni self-prdica- tion32, gnralise ou mme restreinte.

    30. A cet gard, J. Brunschwig {SPP, p. 135, n. 39) parle de quasi-sel- participation. Je pense qu'il vaut mieux en rester des positions plus tranches : l'acception ou le rejet de toute self-participation, sans restriction aucune.

    31. J. Brunschwiff, SPP, p. 135, n. 39. 32. Dans Aristotle's Criticism of Plato and the Academy, vol. I, Baltimore,

    The Johns Hopkins Univ. Press, 1944 (rimpression New York, Russell & Russell, 1962), p. 294-300 et dans The relation of the Timaeus to Plato's later dialogues (1957), Studies in Plato's metaphysics, 1965, p. 339-378, H. J. Gherniss veut dmontrer : 1) que, selon Platon, les Formes sont ce que les particuliers ont comme attributs ; et 2) que si le X en soi est x , il l'est parce qu'il est identique a? et non parce qu'il a le caractre x , en se fon- dant sur deux textes : le clbre argument de Rpublique, X 597 c, o Platon entend montrer qu'il n'y a qu'une Forme du Lit, et un passage du Parm- nide (158 a) sur la relation entre le tout et la partie. Pour une critique de cet argument, cf. G. Vlastos, SPPL (1969), dans Platonic Studies, 19812, p. 335-341, J. Brunschwig, spp, 1985, p. 125-126. Gomme j'essaierai de le montrer plus bas, je crois pour ma part qu'il n'est pas ncessaire de faire intervenir la distinction copule/identit pour apporter une solution un problme qui n'est pas d'ordre mtaphysique, mais d'ordre linguistique et, par voie de consquence, logique.

    This content downloaded from 186.124.228.49 on Mon, 08 Jun 2015 22:15:59 UTCAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

  • Participation et prdication chez Platon 569

    Toute la difficult vient de ce que, comme la mtaphysique de Platon assimile les Formes des paradigmes, ralits intelligibles dont participent les ralits sensibles qui prsentent les caractres qui entrent dans sa dfinition comme celte Forme, chaque Forme peut tre considre sous deux points de vue : 1 / Gomme une classe dont les membres sont les choses particulires

    qui en participent (en vertu de la Prdication Ordinaire) ou qui peut soit tre incluse dans une autre classe soit inclure cette autre classe (en vertu de la Prdication paulinienne) ;

    2 / Gomme une ralit individuelle qui est membre de la classe Forme (en vertu de la Prdication ordinaire).

    Or, comme on Ta vu plus haut, Vlastos rejette le second point de vue. D'o ses dboires avec le paradoxe de la self-participation et les difficults de la self-prdication.

    Bref, dans le corpus platonicien, n'interviendraient que deux types de participation : participation des choses sensibles aux formes intelligibles et participation des formes intelligibles entre elles. Et deux types de prdications suffiraient en rendre compte : la prdication interprte comme appartenance une classe et prdication interprte comme inclusion comprehensive d'une classe dans une autre. Ce dernier type de prdication permet de rendre compte de la participation des formes intelligibles entre elles, alors que la prdication interprte en termes d'appartenance une classe peut tre utilise pour dcrire la participation des choses sensibles aux formes intelligibles, et l'appartenance de chaque Forme particulire la classe Forme .

    Luc Brisson.

    NOTE COMPLMENTAIRE

    Les articles de H. Cherniss ont t repris dans Selected papers, ed. L. Taran, Leiden, Brill, 1977 ; et ceux de G. E. L. Owen dans Collected papers in Greek philosophy, ed. by M. Nussbaum, Ithaca (ny), Cornell Univ. Press, 1986. Par ailleurs, je n'ai malheureusement pu citer, dans cet article, le trs intressant ouvrage que vient de publier John Malcolm, Plato on the self-predication of Forms. Early and Middle dialogues, Oxford, Clarendon Press, 1991. Selon l'auteur, la self-prdication, absente des premiers dialogues, serait omniprsente dans les dialogues de la priode intermdiaire, o les Formes sont la fois des ralits universelles et des paradigmes.

    This content downloaded from 186.124.228.49 on Mon, 08 Jun 2015 22:15:59 UTCAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

    Article Contentsp. [557]p. 558p. 559p. 560p. 561p. 562p. 563p. 564p. 565p. 566p. 567p. 568p. 569

    Issue Table of ContentsRevue Philosophique de la France et de l'tranger, Vol. 181, No. 4 (OCTOBRE-DCEMBRE 1991) pp. 401-702Front MatterBIBLIOGRAPHIEHENRI JOLY [pp. 405-406]

    REMARQUES SUR PLATON ET LA TECHN [pp. 407-416]L'UTOPIE LGISLATIVE DE PLATON [pp. 417-428]L'ACTUALIT DE LA DIALECTIQUE DE PLATON A LA LUMIRE DE HEGEL [pp. 429-434]PLATON ET LA EINOTH TRAGIQUE [pp. 435-462]L'ARGUMENT PAR AFFINIT DANS LE PHDON [pp. 463-477] OUSIA , EIDOS ET IDEA DANS LE PHDON [pp. 479-500]PLATON ET PLOTIN SUR LA DOCTRINE DES PARTIES DE L'AUTRE [pp. 501-512]LA SIGNIFICATION DU DANS LE LYSIS . ESSAI D'INTERPRTATION ONTOLOGIQUE [pp. 513-516]LA THORIE PLATONICIENNE DE LA MOTIVATION HUMAINE [pp. 517-543]LE SYSTME IMPOSSIBLE : REMARQUES SUR L'INACHVEMENT DES DIALECTIQUES PLATONICIENNES [pp. 545-555]PARTICIPATION ET PRDICATION CHEZ PLATON [pp. 557-569]ENSEIGNER LA VERTU ? [pp. 571-589]POUVOIR ENSEIGNER LA VERTU ? [pp. 591-602]CONNAISSANCE ET RMINISCENCE DANS LE MNON [pp. 603-619]CRITIQUE DE L' ANAMNSIS Commentaire sur l'article de Mme Lesley Brown [pp. 621-625]SOCRATE PREND-IL AU SRIEUX LE PARADOXE DE MNON ? [pp. 627-641]LE PARADOXE DE MNON ET L'COLE D'OXFORD: Rponse Dominic Scott [pp. 643-658]LE PARADOXE DE MNON ET LA CONNAISSANCE DFINITIONNELLE: Rponse Dominic Scott [pp. 659-663]ANALYSES ET COMPTES RENDUSANTIQUITReview: untitled [pp. 665-666]Review: untitled [pp. 667-668]Review: untitled [pp. 668-671]Review: untitled [pp. 671-672]Review: untitled [pp. 672-675]Review: untitled [pp. 675-678]Review: untitled [pp. 678-682]Review: untitled [pp. 682-684]Review: untitled [pp. 685-685]Review: untitled [pp. 685-687]Review: untitled [pp. 687-687]Review: untitled [pp. 688-690]

    OUVRAGES DPOSS AU BUREAU DE LA REVUE (avril-juin 1991) [pp. 691-694]INFORMATIONS [pp. 695-696]Back Matter